EPITRE DE PAUL APÔTRE AUX ROMAINS

ARGUMENT 

L’Epître aux Romains fut écrite environ l’an 57 de notre Seigneur. Elle a été mise à la tête des autres épîtres à cause de l’importance des choses qu’elle contient et à cause de la dignité de la ville de Rome. Le but de cette épître est de faire savoir que ce n’est que par l’Évangile et par la foi en Jésus-Christ que les hommes pouvaient être sauvés, que la circoncision et les œuvres de la loi de Moïse ne donnaient en cela aucun avantage aux Juifs par-dessus les païens, qu’il ne fallait pas assujettir les païens qui embrassaient l’Évangile à être circoncis et à observer les cérémonies de la loi comme le prétendaient certains Juifs convertis au christianisme et que Dieu avait pu appeler les Gentils et les recevoir dans son alliance, ce qui avait aussi été prédit par les prophètes.

C’est là ce qui est enseigné dans les onze premiers chapitres de cette épître. Dans les cinq derniers, Saint Paul exhorte les Romains aux principaux devoirs de la vie chrétienne et surtout à la charité, au support et à la paix, parce que les divisions qu’il y avait alors entre les Juifs et les païens convertis troublaient la paix de l’église. 

 Chapitres:  Chapitre I.   Chapitre II.   Chapitre III.   Chapitre IV.   Chapitre V.  Chapitre VI   Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX.  Chapitre X.  Chapitre XI. Chapitre XII.   Chapitre XIII.   Chapitre XIV.   Chapitre XV.   Chapitre XVI. Livres du Nouveau Testament 

CHAPITRE I.

St. Paul fait deux choses : I. Il salue les fidèles de Rome et il leur marque la joie qu’il ressentait en entendant parler de leur foi et le grand désir qu’il avait d’aller les voir. II. Il commence à montrer que tous les hommes étant pécheurs, ils n’avaient pu être sauvés que par Jésus-Christ et pour cet effet il fait voir d’abord que quoi que Dieu se fût fait connaître aux païens par les œuvres de la création, ils ne l’avaient pas servi et qu’ils étaient tombés dans l’idolâtrie et dans toutes sortes de dérèglements. 

1 Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’évangile de Dieu,

2 qu’il avait promis auparavant par ses prophètes, dans les saintes Ecritures,

3 touchant son Fils, qui est né de la race de David, selon la chair,

4 et qui, selon l’esprit de sainteté, a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa résurrection d’entre les morts, savoir, Jésus-Christ notre Seigneur,

5 par lequel nous avons reçu la grâce et la charge d’apôtre, afin d’amener tous les Gentils à l’obéissance de la foi en son nom ;

6 du nombre desquels vous êtes aussi, vous qui avez été appelés par Jésus-Christ ;

7 à vous tous qui êtes à Rome, bien-aimés de Dieu, appelés et saints ; la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par notre Seigneur Jésus-Christ.

8 Avant toutes choses, je rends grâces au sujet de vous tous à mon Dieu, par Jésus-Christ, de ce que votre foi est célèbre par tout le monde.

9 Car Dieu, que je sers en mon esprit dans l’évangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous,

10 lui demandant toujours dans mes prières, que, si c’est sa volonté, je puisse enfin trouver quelque occasion favorable de vous aller voir ;

11 car je souhaite fort de vous voir, pour vous faire part de quelque don spirituel, afin que vous soyez affermis ;

12 c’est-à-dire, afin qu’étant parmi vous, nous nous consolions ensemble par la foi qui nous est commune, à vous et à moi.

13 Or, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez que j’ai souvent formé le dessein de vous aller voir, afin de recueillir quelque fruit parmi vous, comme parmi les autres nations ; mais j’en ai été empêché jusqu’à présent.

14 Je me dois aux Grecs et aux barbares, aux savants et aux ignorants.

15 Ainsi, autant qu’il dépend de moi, je suis prêt à vous annoncer aussi l’évangile, à vous qui êtes à Rome.

16 Car je n’ai point honte de l’évangile de Christ, puisque c’est la puissance de Dieu, pour le salut de tous ceux qui croient, premièrement des Juifs, et ensuite des Grecs.

17 Car c’est dans cet évangile que la justice de Dieu est révélée de foi en foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi.

18 Car la colère de Dieu se déclare du ciel contre toute l’impiété et l’injustice des hommes, qui suppriment la vérité injustement ;

19 parce que ce qu’on peut connaître de Dieu a été manifesté parmi eux, Dieu le leur ayant manifesté.

20 Car les perfections invisibles de Dieu, savoir, sa puissance éternelle, et sa divinité, se voient comme à l’œil depuis la création du monde, quand on considère ses ouvrages ; de sorte qu’ils sont inexcusables ;

21 parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur destitué d’intelligence a été rempli de ténèbres.

22 Se disant sages, ils sont devenus fous ;

23 et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en des images qui représentent l’homme corruptible, et des oiseaux, et des bêtes à quatre pieds, et des reptiles.

24 C’est pourquoi aussi, Dieu les a livrés aux convoitises de leurs cœurs et à l’impureté, en sorte qu’ils ont déshonoré eux-mêmes leurs propres corps ;

25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en des choses fausses, et qui ont adoré et servi la créature, au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen.

26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes ; car les femmes parmi eux ont changé l’usage naturel en un autre qui est contre nature.

27 De même aussi, les hommes, laissant l’usage naturel de la femme, ont été embrasés dans leur convoitise les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes la récompense qui était due à leur égarement.

28 Car, comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, aussi Dieu les a livrés à un esprit dépravé, pour commettre des choses qu’il n’est pas permis de faire.

29 Ils sont remplis de toute injustice, d’impureté, de méchanceté, d’avarice, de malice ; pleins d’envie, de meurtres, de querelles, de tromperies, et de malignité ;

30 rapporteurs, médisants, ennemis de Dieu, outrageux, orgueilleux, vains, inventeurs de méchancetés, désobéissants à leurs pères et à leurs mères ;

31 sans intelligence, sans foi, sans affection naturelle, implacables, sans compassion ;

32 Qui, bien qu’ils aient connu que le droit de Dieu est, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort, ne les commettent pas seulement, mais approuvent encore ceux qui les commettent.

REFLEXIONS

On voit dès l’entrée de cette Epitre l’amour de St. Paul pour les Romains, le désir qu’il avait de contribuer à leur édification et le zèle dont il était animé pour aller annoncer l’Évangile en tous lieux et à toutes sortes de personnes et même dans la ville de Rome.

Tous les chrétiens, mais particulièrement les ministres de l’Évangile doivent imiter St. Paul à cet égard, aimer tendrement l’église de Jésus-Christ et les fidèles, prier continuellement pour eux, procurer leur édification de tout leur pouvoir et n’avoir jamais honte de la vérité, ni de la piété.

I. Nous voyons ici que, bien que Dieu se fût révélé aux païens par les œuvres de la création et de la providence, ils ne l’avaient pas glorifié, qu’ils s’étaient abandonnés à toutes sortes de péchés et que les peuples même où les sciences et les arts fleurissaient étaient tombés dans l’idolâtrie la plus honteuse et la plus indigne de l’homme, par où ils avaient attiré sur eux la colère du Ciel. Si les païens étaient en cela coupables et inexcusables, comme St. Paul le déclare, nous le serions beaucoup plus si Dieu s’étant fait connaître à nous, non seulement par les œuvres de la nature, mais par sa parole, nous ne l’honorions pas comme nous le devons. III. Ce que St. Paul dit dans ce chapitre des deux principaux péchés des païens qui étaient l’idolâtrie et les débordements affreux où ils étaient tombés à l’égard de l’impureté, nous montre en quel état nous serions si Dieu ne nous avait pas éclairés des lumières de l’Évangile et dans quelles horreurs l’impureté et la sensualité peuvent entraîner les hommes.

II. Enfin, l’Apôtre fait dans ce chapitre le tableau des vices et des mœurs des païens en disant qu’ils étaient remplis de souillure, d’avarice, d’injustice et toutes sortes de passions et de péchés et que, quoiqu’ils sussent que ceux qui faisaient ces choses étaient dignes de mort, ils ne laissaient pas de les commettre. Il faut avouer à la honte des chrétiens que c’est là le tableau de la vie et des mœurs d’un grand nombre d’entre eux. Mais nous devons aussi conclure de là que ceux qui, ayant connu beaucoup mieux que les païens le droit de Dieu et sa volonté les imitent dans leurs dérèglements, éprouveront ce qu’il y a de plus terrible dans sa vengeance. 

CHAPITRE II.

St. Paul ayant montré dans le chapitre précédent que les païens étaient pécheurs, prouve dans celui-ci que les Juifs qui condamnaient les païens l’étaient aussi et même qu’abusant de leurs lumières et de la bonté de Dieu, ils étaient bien plus coupables que les païens qui n’avaient que la loi de la nature et de la conscience, d’où il s’ensuit que les Juifs ne pouvaient pas prétendre être justifiés devant Dieu par les œuvres et qu’ils n’avaient pas plus droit au salut que les Gentils.

Et parce que les Juifs se glorifiaient d’avoir la loi de Dieu et la circoncision qui était une marque de son alliance, l’Apôtre leur déclare que tous ces avantages extérieurs qui les distinguaient des païens leurs devenaient inutiles et ne les rendaient pas plus agréables à Dieu pendant qu’ils n’observaient pas sa loi. 

1 Toi donc, ô homme, qui que tu sois, qui condamnes les autres, tu es inexcusable ; car en condamnant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui les condamnes, tu fais les mêmes choses.

2 Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité, contre ceux qui commettent de telles choses.

3 Et penses-tu, ô homme, qui condamnes ceux qui commettent de telles choses, et qui les commets, que tu puisses éviter le jugement de Dieu ?

4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance.

5 Mais par ton endurcissement et par ton cœur impénitent tu t’amasses la colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu,

6 Qui rendra à chacun selon ses œuvres ;

7 savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ;

8 mais l’indignation et la colère seront sur ceux qui sont contentieux et rebelles à la vérité, et qui obéissent à l’injustice.

9 L’affliction et l’angoisse seront sur tout homme qui fait le mal ; sur le Juif premièrement, puis aussi sur le Grec ;

10 mais la gloire, l’honneur et la paix seront pour tout homme qui fait le bien ; premièrement pour le Juif ; et puis aussi pour le Grec ;

11 car Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes.

12 Tous ceux qui auront péché sans avoir eu la loi, périront aussi sans être jugés par la loi ; et tous ceux qui auront péché ayant la loi, seront jugés par la loi ;

13 car ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi, qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui observent la loi, qui seront justifiés.

14 Or, quand les Gentils, qui n’ont point la loi, font naturellement les choses qui sont selon la loi, n’ayant point la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes.

15 Ils font voir que ce qui est prescrit par la loi est écrit dans leurs cœurs, puisque leur conscience leur rend témoignage, et que leurs pensées les accusent ou les défendent ;

16 ce qui arrivera au jour auquel Dieu jugera les actions secrètes des hommes, par Jésus-Christ, selon mon évangile.

17 Toi donc, qui portes le nom de Juif, qui te reposes sur la loi, qui te glorifies en Dieu,

18 qui connais sa volonté, et qui sais discerner ce qui est contraire, étant instruit par la loi,

19 qui crois être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres,

20 le docteur des ignorants, le maître des simples, ayant la règle de la science et de la vérité dans la loi ;

21 toi, dis-je, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi, qui prêches qu’on ne doit pas dérober, tu dérobes !

22 Toi, qui dis qu’on ne doit pas commettre adultère, tu commets adultère ! Toi, qui as en abomination les idoles, tu commets des sacrilèges !

23 Toi, qui te glorifies dans la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi !

24 Car le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les Gentils, comme cela est écrit.

25 Il est vrai que la circoncision est utile, si tu observes la loi ; mais si tu es transgresseur de la loi, avec ta circoncision tu deviens incirconcis.

26 Si donc l’incirconcis garde les commandements de la loi, ne sera-t-il pas réputé circoncis, quoiqu’il soit incirconcis ?

27 Et si celui qui est incirconcis de naissance accomplit la loi, il te condamnera, toi qui, avec la lettre de la loi et la circoncision, es transgresseur de la loi.

28 Car celui-là n’est pas Juif, qui ne l’est qu’au dehors, et la circoncision n’est pas celle qui se fait extérieurement dans la chair ;

29 mais celui-là est Juif, qui l’est au dedans, et la circoncision est celle du cœur, qui se fait selon l’esprit, et non selon la lettre ; et ce Juif ne tire pas sa louange des hommes, mais il la tire de Dieu. 

REFLEXIONS

Le but de ce chapitre est en général de montrer que les Juifs étaient coupables devant Dieu aussi bien et même beaucoup plus que les païens et qu’ainsi ils ne pouvaient être justifiés, ni sauvés que par Jésus-Christ. De tout ce que St. Paul dit là-dessus, nous devons tirer ces instructions :

I. Que ceux qui condamnent le péché dans les autres et qui commettent cependant les mêmes péchés seront inexcusables et qu’ils n’échapperont point au jugement de Dieu ;

II. Que si Dieu use d’un grand support envers les pécheurs, il le fait pour les appeler à la repentance et que ceux qui abusent de ce support attirent sur eux les plus terribles effets de sa colère ;

III. Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;

IV. Qu’au jour du jugement les hommes seront jugés selon le degré de connaissance qu’ils auront eu, que les païens le seront par la loi de la nature, mais que la punition de ceux qui auront péché contre la loi que Dieu a donnée dans sa parole sera beaucoup plus rigoureuse, par où nous pouvons voir à quoi doivent s’attendre les chrétiens qui pèchent contre les lumières de l’Évangile.

Enfin, St. Paul fait voir que c’était en vain que les Juifs se vantaient d’être plus éclairés que les païens et d’avoir la circoncision, il leur reproche de transgresser la loi de Dieu d’une manière encore plus criminelle et d’être cause que le nom de Dieu était blasphémé parmi les Gentils et il conclut de là que la circoncision et les autres privilèges dont ils jouissaient ne leur servaient de rien et qu’ils seraient traités comme s’ils étaient païens et incirconcis.

Ce que St. Paul dit avec tant de force sur ce sujet contre les Juifs nous enseigne qu’il ne faut pas se glorifier de connaître la volonté de Dieu, de vivre dans son alliance et d’en avoir les signes extérieurs à moins qu’on ne fasse cette volonté et que le vrai chrétien n’est pas celui qui ne l’est qu’en dehors, mais que celui-là seulement sera réputé chrétien qui l’est intérieurement et dans le cœur et qui est loué et approuvé, non par les hommes, mais par le Seigneur lui-même. 

CHAPITRE III.

St. Paul fait voir trois choses dans ce chapitre : I. Que les Juifs avaient de grands avantages par-dessus les païens, que s’ils n’avaient pas cru en Jésus-Christ, cela n’empêchait pas que Dieu ne fût toujours fidèle dans ses promesses et qu’ils ne fussent punis avec justice et qu’au reste, quoique l’incrédulité des Juifs servît à manifester sa justice, la vérité et la bonté de Dieu, ils ne laisseraient pas d’être entièrement inexcusables. II. St. Paul prouve par des passages du Vieux Testament que les Juifs étaient coupables de la violation de la loi de Dieu et il remarque que ces passages ne regardaient que les Juifs. III. Il conclut de là que les Juifs n’avaient pu être justifié par la loi de Moïse et qu’ils ne pouvaient l’être, non plus que les païens, que par la foi en Jésus-Christ et il dit que cette doctrine, bien loin d’être opposée à la loi, l’établissait au contraire plus fortement. 

1 Quelle est donc la prérogative du Juif, ou quelle est l’utilité de la circoncision ?

2 Elle est grande en toute manière, surtout en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés.

3 Car quoi ? Si quelques-uns d’entre eux n’ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ?

4 A Dieu ne plaise ! Mais que Dieu soit reconnu véritable, et tout homme menteur, selon qu’il est écrit : Que tu sois trouvé juste dans tes paroles, et que tu gagnes ta cause lorsqu’on juge de toi.

5 Que si notre injustice fait paraître la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu n’est-il pas injuste quand il punit ? Je parle comme les hommes.

6 Loin de nous cette pensée ! Si cela était, comment Dieu jugerait-il le monde ?

7 Mais, dira-t-on, si la vérité de Dieu reçoit une plus grande gloire par mon infidélité, pourquoi suis-je encore condamné comme pécheur ?

8 Et que ne faisons-nous du mal, afin qu’il en arrive du bien ? comme quelques-uns, qui nous calomnient, assurent que nous le disons ; gens dont la condamnation est juste.

9 Quoi donc ? sommes-nous préférables aux Gentils ? Nullement ; car nous avons déjà fait voir que tous les hommes, tant les Juifs que les Grecs, sont assujettis au péché,

10 selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, non pas même un seul.

11 Il n’y a personne qui ait de l’intelligence ; il n’y en a point qui cherche Dieu.

12 Ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus ; il n’y en a point qui fasse le bien, non pas même un seul.

13 Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se sont servis de leurs langues pour tromper ; il y a un venin d’aspic sous leurs lèvres.

14 Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume.

15 Ils ont les pieds légers pour répandre le sang.

16 La désolation et la ruine sont dans leurs voies.

17 Ils n’ont point connu le chemin de la paix.

18 La crainte de Dieu n’est point devant leurs yeux.

19 Or, nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que tous aient la bouche fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu.

20 C’est pourquoi personne ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, car c’est la loi qui donne la connaissance du péché.

21 Mais maintenant, la justice de Dieu a été manifestée sans la loi, la loi et les prophètes lui rendant témoignage ;

22 la justice, dis-je, de Dieu, qui est par la foi en Jésus-Christ, en tous ceux et sur tous ceux qui croient ; car il n’y a point de distinction, puisque tous ont péché, et sont privés de la gloire de Dieu,

23 et qu’ils sont justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ,

24 que Dieu avait destiné pour être une victime propitiatoire par la foi en son sang, afin de faire paraître sa justice par le pardon des péchés commis auparavant, pendant le temps de la patience de Dieu ;

25 afin, dis-je, de faire paraître sa justice dans le temps présent, en sorte qu’on reconnaisse qu’il est juste, et qu’il justifie celui qui a la foi en Jésus.

26 Où est donc le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Est-ce par la loi des œuvres ? Non ; mais c’est par la loi de la foi.

27 Nous concluons donc que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi.

28 Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Oui, il l’est aussi des Gentils ;

29 car il y a un seul Dieu, qui justifiera les circoncis par la foi, et les incirconcis aussi par la foi.

30 Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Dieu nous en garde ! Au contraire, nous établissons la loi. 

REFLEXIONS

La doctrine que St. Paul enseigne dans tout ce chapitre et qu’il a dessein d’établir est que, puisque les Juifs étaient engagés dans le péché et dans la condamnation aussi bien que les païens, ils ne pouvaient prétendre être justifiés par la loi de Moïse et qu’il n’y avait pour les uns et pour les autres qu’une seule voie de justification, savoir la foi en Jésus-Christ qui a expié les péchés de tous les hommes.

Outre cette doctrine qui est capitale dans la religion chrétienne, ce chapitre contient ces trois instructions particulières.

La première, que comme les privilèges des Juifs ne leur servirent de rien à cause de leur incrédulité, les avantages que Dieu nous a accordés à nous, qui sommes chrétiens, nous deviendront inutiles si nous en abusons et ne nous garantirons point de son jugement.

La seconde que l’incrédulité et l’ingratitude des hommes n’empêchent pas que Dieu ne soit toujours juste quand il les punit, que même cette incrédulité sert à faire voir que Dieu est bon, juste et véritable, mais que cependant il ne faut pas croire que Dieu ne puisse condamner les pécheurs avec justice sous prétexte que le péché sert à la manifestation de sa gloire, puisque si cela arrive, ce n’est que par accident, le but et l’intention des pécheurs n’étant pas d’avancer cette gloire, mais seulement de satisfaire leurs passions. Ce que l’Apôtre dit sur ce sujet nous montre aussi qu’il ne faut jamais faire du mal, quand même il en pourrait arriver du bien.

Enfin, il paraît des derniers versets de ce chapitre que le dessein de Saint Paul, dans ce qu’il enseigne ici, n’a point été d’abolir la loi et de la rendre inutile et qu’on ne doit point en conclure qu’il soit permis aux chrétiens de la violer et de demeurer dans le péché, qu’au contraire la doctrine de la justification par la foi est dans le fond la même que celle de la loi et des prophètes et que bien loin que cette doctrine dispense les hommes des devoirs de la sainteté, elle les y porte très efficacement comme l’Apôtre le fait voir dans les chapitre suivants.

CHAPITRE IV.

L’Apôtre prouve dans ce chapitre, par l’exemple du patriarche Abraham que les hommes sont justifiés par la foi et non par la circoncision ou par les œuvres de la loi de Moïse. Il remarque dans cette vue que la justification consiste dans le pardon des péchés et qu’Abraham fut justifié par la foi et qu’il reçut les promesses de Dieu longtemps avant qu’il fût circoncis.

Après quoi il représente quelle avait été la vertu et l’efficace de la foi d’Abraham et il conclut que tous ceux qui croient en Jésus-Christ, mort et ressuscité, seraient justifiés par la foi, comme Abraham l’avait été par la sienne. 

1 Quel avantage dirons-nous donc qu’Abraham, notre père selon la chair, a obtenu ?

2 Car si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non pas devant Dieu.

3 Car que dit l’Ecriture ? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice.

4 Or, la récompense qu’on donne à celui qui travaille est regardée, non comme une grâce, mais comme une chose qui lui est due.

5 Mais à l’égard de celui qui n’a point travaillé, mais qui croit en celui qui justifie le pécheur, sa foi lui est imputée à justice.

6 C’est aussi de cette manière que David exprime le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres, quand il dit :

7 Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts !

8 Heureux est l’homme à qui le Seigneur n’aura point imputé son péché !

9 Ce bonheur donc, est-il seulement pour ceux qui sont circoncis ? Ou est-il aussi pour les incirconcis ? car nous disons que la foi d’Abraham lui fut imputée à justice.

10 Mais quand lui a-t-elle été imputée ? Est-ce après qu’il a été circoncis, ou lorsqu’il ne l’était pas ? Ce n’a point été après qu’il eut reçu la circoncision, mais ç’a été avant qu’il l’eût reçue.

11 Puis il reçut le signe de la circoncision, comme un sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi, avant que d’être circoncis ; afin qu’il fût le père de tous ceux qui croient et qui ne sont pas circoncis, et que la justice leur fût aussi imputée ;

12 et afin qu’il fût aussi le père de ceux qui sont circoncis, savoir, de ceux qui ne sont point simplement circoncis, mais qui suivent les traces de la foi que notre père Abraham a eue avant que d’être circoncis.

13 En effet, la promesse d’avoir le monde pour héritage, n’a pas été faite à Abraham ou à sa postérité, par la loi, mais elle lui a été faite par la justice de la foi ;

14 car si ceux qui sont de la loi sont les héritiers, la foi est anéantie, et la promesse est vaine.

15 Car la loi produit la colère, parce qu’il n’y a point de transgression où il n’y a point de loi.

16 C’est donc par la foi que nous sommes héritiers, afin que ce soit par grâce, et afin que la promesse soit assurée à toute la postérité d’Abraham, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui imite la foi d’Abraham, qui est père de nous tous ;

17 selon qu’il est écrit : Je t’ai établi pour être père de plusieurs nations ; qui est, dis-je, notre père devant Dieu, auquel il avait cru, et qui fait revivre les morts, et appelle les choses qui ne sont point, comme si elles étaient.

18 Et Abraham, espérant contre tout sujet d’espérer, crut qu’il deviendrait le père de plusieurs nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité.

19 Et comme il n’était pas faible dans la foi, il n’eut point d’égard à ce que son corps était déjà amorti, puisqu’il avait près de cent ans, ni à ce que Sara n’était plus en âge d’avoir des enfants ;

20 et il n’eut point de doute ni de défiance sur la promesse de Dieu, mais il fut fortifié par sa foi, et par là il donna gloire à Dieu,

21 Etant pleinement persuadé que celui qui le lui avait promis était aussi puissant pour l’accomplir.

22 C’est pourquoi aussi cela lui fut imputé à justice.

23 Or, ce n’est pas seulement pour lui qu’il est écrit que cela lui avait été imputé à justice,

24 mais c’est aussi pour nous, à qui il sera aussi imputé ; pour nous, dis-je, qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur,

25 lequel a été livré pour nos offenses, et qui est ressuscité pour notre justification. 

REFLEXIONS

Saint Paul enseigne dans ce chapitre d’une manière tout-à-fait claire ce que c’est que la justification et comment on peut y avoir part.

Il montre premièrement que la justification et la béatitude de l’homme pécheur consiste dans le pardon des péchés que Dieu accorde aux hommes par un effet de sa miséricorde et il fait voir ensuite que cette grâce s’obtient par la foi en Jésus-Christ et non par les œuvres de la loi de Moïse. C’est ce qu’il prouve très clairement en remarquant qu’Abraham avait été justifié par la foi et que les promesses avaient été faites à sa postérité plusieurs années avant qu’il fût circoncis. D’où il suit évidemment que ce n’était pas la circoncision, mais que c’était la foi qui l’avait rendu agréable à Dieu, qu’ainsi la circoncision n’était pas nécessaire pour être sauvé et que tous ceux qui imiteraient la foi de ce patriarche seraient réputés les enfants de sa postérité et justifiés comme lui.

Mais la manière dont l’Apôtre parle de la foi d’Abraham et de ses effets prouve aussi invinciblement qu’il est impossible d’être justifié et d’obtenir le salut si l’on ne croit pas comme Abraham crut et si   la foi en Dieu et en ses promesses n’est pas efficace et agissante pour nous porter à tout attendre de lui, à espérer fermement ce qu’il nous a promis et à lui obéir même dans les choses les plus difficiles comme le dit ce Saint patriarche. C’est là une doctrine très importante que tous les chrétiens doivent bien comprendre et bien retenir et qui doit servir de règle non seulement à leurs sentiments, mais aussi à leur conduite. 

CHAPITRE V.

Ce chapitre a trois parties : I. St. Paul y décrit les fruits de la justification et les admirables effets que la foi et la persuasion de l’amour de Dieu produisent dans les fidèles, même au milieu des afflictions et des persécutions. II. Il représente la grandeur de cet amour que Dieu a témoigné aux hommes en donnant son fils à la mort pour eux. III. Il montre que Jésus-Christ est seul la source de tous ces précieux avantages. Dans cette vue il compare Jésus-Christ avec Adam et il fait voir que si Adam avait assujetti tous les hommes sans exception au péché et à la mort, même ceux qui avaient vécu avant Moïse et à qui Dieu n’avait pas donné une loi expresse et révélée comme à Adam. À plus forte raison doit-on croire que la miséricorde de Dieu se répandrait sur tous les hommes par Jésus-Christ. D’où St. Paul conclut que notre Seigneur est l’auteur du salut et de la vie pour tous ceux qui croient véritablement en lui.

1 Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ,

2 qui nous a aussi fait avoir accès par la foi, à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu.

3 Et non-seulement cela, mais nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience,

4 et la patience produit l’épreuve, et l’épreuve produit l’espérance.

5 Or, l’espérance ne confond point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs, par le Saint-Esprit qui nous a été donné.

6 Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ est mort en son temps, pour nous qui étions des méchants.

7 Car, à peine arrive-t-il que quelqu’un voulût mourir pour un homme de bien ; mais encore pourrait-il être que quelqu’un se résoudrait à mourir pour un bienfaiteur.

8 Mais Dieu fait éclater son amour envers nous, en ce que, lorsque nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous.

9 Etant donc maintenant justifiés par son sang, à plus forte raison serons-nous garantis par lui de la colère de Dieu.

10 Car si, lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, combien plutôt, étant déjà réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ?

11 Non-seulement cela ; mais nous nous glorifions même en Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ ; par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation.

12 C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, de même aussi la mort est passée sur tous les hommes, parce que tous ont péché.

13 Car jusqu’à la loi le péché a été dans le monde ; or, le péché n’est point imputé, quand il n’y a point de loi.

14 Mais la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient point péché par une transgression semblable à celle d'Adam, qui était la figure de celui qui devait venir.

15 Mais il n’en est pas du don de la grâce de Dieu, comme du péché. Car, si par le péché d’un seul plusieurs sont morts, combien plus la grâce de Dieu, et le don qu’il nous a fait en sa grâce d’un seul homme, qui est Jésus-Christ, se répandront-ils abondamment sur plusieurs.

16 Et il n’en est pas de ce don, comme de ce qui est arrivé par un seul homme qui a péché ; car le jugement de condamnation vient d’un seul péché ; mais le don de la grâce nous justifie de plusieurs péchés.

17 Car, si par le péché d’un seul homme la mort a régné par ce seul homme, combien plus ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils dans la vie par un seul, savoir, par Jésus-Christ.

18 Comme donc c’est par un seul péché que la condamnation est venue sur tous les hommes, de même c’est par une seule justice que tous les hommes recevront la justification qui donne la vie.

19 Car, comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs ; ainsi par l’obéissance d’un seul plusieurs seront rendus justes.

20 Or, la loi est survenue pour faire abonder le péché ; mais où le péché a abondé, la grâce y a surabondé ;

21 afin que comme le péché a régné pour donner la mort, ainsi la grâce régnât par la justice, pour donner la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur. 

REFLEXIONS

Nous devons reconnaître par la lecture de ce chapitre :

I. Combien l’état des vrais fidèles est heureux, puisqu’étant justifiés par la foi, ils ont une persuasion si ferme et un sentiment si vif et si doux de l’amour de Dieu et qu’ils se réjouissent continuellement dans l’attente de la gloire du Ciel, même au milieu des plus grandes afflictions. II. Il faut bien méditer ce qui est dit ici de ce grand amour que Dieu a témoigné aux hommes pécheurs en livrant son fils à la mort pour eux et dont il est surtout animé en faveur de ceux qui sont reconciliés avec lui et qui croient sincèrement à l’Évangile. Nous trouvons dans cette considération de puissants motifs à la reconnaissance et elle est aussi très propre à remplir les fidèles de consolation et à les affermir dans l’amour de Dieu.

III. La comparaison que Saint Paul fait dans ce chapitre entre Adam et Jésus-Christ tend à montrer que notre Seigneur est venu délivrer les hommes du péché et de la mort à laquelle ils étaient tous sujet par la chute d’Adam. Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.

Mais nous devons reconnaître par cela même qu’il n’y a que ceux qui ont part à la justice et à la vie de Jésus-Christ qui puissent obtenir le salut et que ceux qui ne reçoivent pas ce grand sauveur par une véritable foi et qui imitent Adam dans sa désobéissance demeurent dans la condamnation et dans la mort. 

CHAPITRE VI.

Le dessein de Saint Paul dans ce chapitre est de montrer qu’en enseignant, comme il venait de faire, que les hommes sont justifiés par la foi en Jésus-Christ et que la grâce de Dieu avait abondé, même sur les plus grands pécheurs, cette doctrine n’autorisait en aucune façon les chrétiens à demeurer dans le péché, mais qu’au contraire elle les en retirait puissamment et que le baptême les engageait à vivre dans la sainteté.

Il fait voir dans la même vue que tant s’en faut qu’il nous soit permis de pécher parce que nous ne sommes plus sous la loi mais que nous sommes sous la grâce, la grâce nous retire de la servitude et de l’esclavage du péché pour nous rendre esclave de Dieu, c’est-à-dire pour nous consacrer entièrement à son service.

 1 Que dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ?

2 Dieu nous en garde ! car nous qui sommes morts au péché, comment y vivrions-nous encore ?

3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ?

4 Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort, par le baptême, afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie nouvelle.

5 Car, si nous avons été faits une même plante avec lui, par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection ;

6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, et que nous ne fussions plus asservis au péché.

7 Car celui qui est mort, est affranchi du péché.

8 Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui,

9 Sachant que Christ, étant ressuscité des morts, ne meurt plus, et que la mort n’a plus de pouvoir sur lui.

10 Car s’il est mort, il est mort une seule fois pour le péché ; mais maintenant qu’il est vivant, il est vivant pour Dieu.

11 Vous aussi, mettez-vous bien dans l’esprit que vous êtes morts au péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.

12 Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises ;

13 et ne livrez point vos membres au péché, pour servir d’instruments d’iniquité ; mais donnez-vous à Dieu, comme étant devenus vivants, de morts que vous étiez, et consacrez vos membres à Dieu, pour être des instruments de justice.

14 Car le péché n’aura point de domination sur vous, parce que vous n’êtes point sous la loi, mais sous la grâce.

15 Quoi donc, pécherons-nous, parce que nous ne sommes point sous la loi, mais sous la grâce ? Dieu nous en garde !

16 Ne savez-vous pas bien que quand vous vous rendez esclaves de quelqu’un pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance pour la justice ?

17 Mais grâces à Dieu, de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de tout votre cœur, en vous conformant à la doctrine qui vous a été donnée pour règle.

18 Ayant donc été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice.

19 Je parle suivant l’usage des hommes, pour m’accommoder à votre faiblesse. Comme donc vous avez livré vos membres pour servir à l’impureté et à l’injustice, et pour commettre l’iniquité, donnez aussi maintenant vos membres pour servir à la justice dans la sainteté.

20 Car, lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice.

21 Quel fruit tiriez-vous donc alors des choses dont vous avez honte présentement ? Car leur fin est la mort.

22 Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ;

23 car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur. 

REFLEXIONS

La doctrine qui est contenue dans ce chapitre doit être bien considérée. Elle revient à ceci :

I. Que nous ne devons pas croire que parce que la grâce de Jésus-Christ s’est répandue sur les hommes qui étaient engagés dans une grande corruption, il nous soit permis de vivre dans le péché ;

II. Que, bien loin de là, le baptême que nous avons reçu et la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité nous obligent de la manière la plus forte à renoncer au péché et à mener une vie spirituelle et semblable à celle de notre Seigneur ;

III. Que ce serait une chose bien indigne de notre vocation et de notre état de chrétien si le péché régnait en nous et si nous nous laissions entraîner par les désirs déréglés de la chair, mais que nous devons plutôt nous attacher à Dieu, ne vivre que pour lui et employer nos corps et nos âmes à sa gloire et à son service. ;

IV. Que c’est abuser de la doctrine de la grâce et faire un grand outrage à Jésus-Christ et à l’Évangile de s’imaginer que l’on peut pécher sans rien craindre sous prétexte que nous ne sommes plus sous la loi, mais que nous sommes sous la grâce, qu’au contraire l’effet que la grâce doit produire et le but pour lequel elle nous a été donnée est de nous affranchir de l’esclavage honteux du péché pour nous soumettre et nous assujettir entièrement à Dieu et à la justice et nous faire porter les fruits de la sainteté afin que nous obtenions la vie éternelle.

Ce sont là des vérités tout à fait importantes et ce chapitre où elles sont contenues doit être lu et médité avec un soin particulier. 

CHAPITRE VII.

L’Apôtre, avait enseigné dans le chapitre qui précédé que quoi que les chrétiens ne soient plus sous la loi, mais qu’ils sont sous la grâce, il ne leur est en aucune façon permis de vivre dans le péché, il confirme encore cette doctrine dans ce chapitre.  Il y fait voir : I. Que comme une femme a la liberté de se remarier après la mort de son mari, les chrétiens avaient pu quitter la loi de Moïse pour s’attacher à l’Évangile et qu’ils n’avaient été affranchis de la loi que pour être assujettis à Jésus-Christ qui les appelle et qui les forme à la vraie sainteté. II. Il montre ensuite que ce changement leur était très avantageux, puisque par ce moyen ils étaient en état de porter des fruits de justice et de servir Dieu dans un esprit nouveau. Pour mieux expliquer sa pensée, il dit que la loi était sainte et bonne en elle-même, qu’elle n’était point la cause du péché, mais qu’elle n’avait pas la même efficace que l’Évangile a pour sanctifier les hommes et pour les affranchir de leur corruption. C’est dans ce dessein que l’apôtre représente en sa personne l’état d’un homme qui vit sous la loi et qui est assujetti au péché et à la mort et qu’il rend grâce à Dieu de ce qu’il a été délivré de cet état-là par Jésus-Christ notre Seigneur.

 1 Ne savez-vous pas, mes frères (car je parle à des personnes qui connaissent la loi), que la loi n’a de pouvoir sur l’homme que pendant qu’il est en vie ?

2 Car une femme qui est sous la puissance d’un mari, est liée par la loi à son mari, tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari.

3 Si donc, durant la vie de son mari, elle épouse un autre homme, elle sera appelée adultère ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de cette loi, en sorte qu’alors elle n’est point adultère, si elle épouse un autre mari.

4 Ainsi, mes frères, vous êtes aussi morts à l’égard de la loi, par le corps de Christ, pour être à un autre, savoir, à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu.

5 Car quand nous étions dans la chair, les passions des péchés qui s’excitent par la loi, agissaient dans nos membres et produisaient des fruits pour la mort.

6 Mais maintenant, nous sommes délivrés de la loi, étant morts à celle sous laquelle nous étions retenus, afin que nous servions Dieu dans un esprit nouveau, et non point selon la lettre, qui a vieilli.

7 Que dirons-nous donc ? La loi est-elle la cause du péché ? Dieu nous en garde ! Au contraire, je n’ai connu le péché que par la loi ; car je n’eusse point connu la convoitise, si la loi n’eût dit : Tu ne convoiteras point.

8 Mais le péché, ayant pris occasion du commandement, a produit en moi toute sorte de convoitise ; car sans la loi le péché est mort.

9 Car autrefois que j’étais sans loi, je vivais ; mais quand le commandement est venu, le péché a repris la vie,

10 et moi, je suis mort ; de sorte qu’il s’est trouvé que le commandement, qui m’était donné pour avoir la vie, m’a donné la mort.

11 Car le péché, prenant occasion du commandement, m’a séduit, et m’a fait mourir par le commandement même.

12 La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon.

13 Ce qui est bon m’a-t-il donc donné la mort ? Nullement ; mais le péché, pour paraître péché, m’a causé la mort par une chose qui était bonne, en sorte que le péché a pris de nouvelles forces par le commandement.

14 Car nous savons que la loi est spirituelle ; mais je suis charnel, vendu au péché.

15 Car je n’approuve point ce que je fais, parce que je ne fais point ce que je voudrais faire, mais je fais ce que je hais.

16 Or, si je fais ce que je ne voudrais pas faire, je reconnais par-là que la loi est bonne.

17 Ce n’est donc plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.

18 Car je sais que le bien n’habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair, parce que j’ai bien la volonté de faire ce qui est bon ; mais je ne trouve pas le moyen de l’accomplir.

19 Car je ne fais pas le bien que je voudrais faire ; mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire.

20 Que si je fais ce que je ne voudrais pas faire, ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.

21 Je trouve donc cette loi en moi : c’est que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.

22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur ;

23 mais je vois une autre loi dans mes membres, qui combat contre la loi de mon esprit, et qui me rend captif sous la loi du péché, qui est dans mes membres.

24 Misérable que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ?

25 Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. Je sers donc moi-même, de l’esprit, à la loi de Dieu, mais de la chair, à la loi du péché. 

REFLEXIONS

C’est ici un chapitre qui doit être bien entendu et dont il ne faut pas abuser.

Le dessein de St. Paul est d’y enseigner que la doctrine de la grâce tend à sanctifier les hommes, comme il l’avait établi dans le chapitre précédent. Ainsi quand il parle d’un homme charnel vendu au péché en qui il n’y a aucun bien, qui est esclave de la loi du péché, qui ne fait pas le bien qu’il approuve et fait le mal qu’il désapprouve, il ne faut pas croire qu’il ait voulu parler d’un homme régénéré et d’un chrétien en qui l’esprit de Jésus-Christ habite. Car l’Apôtre dit dans ce même chapitre que les chrétiens sont délivrés de cet état de péché et de condamnation afin qu’ils portent des fruits pour Dieu et qu’ils le servent dans un esprit nouveau et il enseigne dans le chapitre suivant que les fidèles ne sont plus sous l’esclavage de la chair et du péché et qu’ils ont été affranchis par Jésus-Christ notre Seigneur.

Mais Saint Paul a voulu représenter en sa personne, par une manière de parler figurée et qui lui est ordinaire, l’état d’un homme qui est sous la loi et qui, n’ayant pas la foi et l’esprit de Jésus-Christ, est esclave de ses passions. La doctrine de l’Apôtre revient donc à ceci que la loi n’avait pas la même vertu que l’Évangile a pour délivrer les hommes de leur corruption et pour les  sanctifier, d’où il suit que bien loin que la doctrine de la justification par la foi leur donne la liberté de pécher, elle tend à les rendre saints et à les délivrer de la servitude des passions et qu’ainsi ceux qui sont encore engagés dans cette servitude et en qui les désirs de la chair règnent n’ont pas une véritable foi et n’appartiennent point à Jésus-Christ.

CHAPITRE VIII.

St. Paul continue à montrer que les chrétiens ne sont plus assujettis à la condamnation et au péché comme ceux qui sont sous la loi et qu’ils se conduisent non par les mouvements de la chair, mais par ceux de l’esprit de Dieu. Et de là il conclut que les fidèles étaient dans une obligation indispensable de renoncer aux désirs de la chair et de vivre selon l’esprit comme étant des enfants de Dieu et les héritiers de son royaume.

Et parce qu’on aurait pu croire que les chrétiens n’étaient pas réconciliés avec Dieu puisqu’ils étaient exposés aux persécutions, l’Apôtre fait voir que ces persécutions n’empêchent pas qu’ils n’eussent part à l’amour de Dieu. C’est ce qu’il exprime en disant que toutes les créatures, c’est-à-dire les fidèles, souffraient de grands maux mais qu’ils attendaient cependant avec une ferme espérance la manifestation de la gloire des enfants de Dieu.

Saint Paul ajoute que Dieu les soutenait par son esprit dans leurs souffrances, qu’il exauçait leurs prières et que les afflictions, bien loin de leur nuire, contribuaient à leur bonheur, Dieu ayant arrêté que les fidèles parviendraient à la gloire par les souffrances comme Jésus-Christ.

De tout cela, l’Apôtre il conclut que le bonheur des élus de Dieu est assuré et que, Dieu leur ayant donné son propre fils qui est mort et ressuscité, et qui intercède pour eux dans le Ciel, il n’y a aucune créature, ni aucuns maux qui puissent les empêcher de parvenir à la félicité éternelle. 

1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent, non selon la chair, mais selon l’esprit ;

2 parce que la loi de l’esprit de vie qui est en Jésus-Christ, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort.

3 Car ce qui était impossible à la loi, à cause qu’elle était faible dans la chair, Dieu l’a fait, en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle des hommes pécheurs, et pour le péché, et il a condamné le péché dans la chair ;

4 afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit.

5 Car ceux qui sont conduits par la chair, s’affectionnent aux choses de la chair ; mais ceux qui sont conduits par l’esprit, s’affectionnent aux choses de l’esprit.

6 Car l’affection de la chair donne la mort ; mais l’affection de l’esprit produit la vie et la paix ;

7 parce que l’affection de la chair est ennemie de Dieu ; car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; et aussi elle ne le peut.

8 C’est pourquoi ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu.

9 Or, vous n’êtes point dans la chair, mais vous êtes dans l’esprit, s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a point l’Esprit de Christ, il n’est point à lui.

10 Et si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vivant à cause de la justice.

11 Si donc l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts, habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous.

12 Ainsi, mes frères, nous ne sommes point redevables à la chair, pour vivre selon la chair.

13 Car, si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous mortifiez les œuvres du corps, vous vivrez.

14 Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, sont enfants de Dieu.

15 Ainsi vous n’avez point reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, c’est-à-dire, Père.

16 C’est ce même Esprit qui rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu.

17 Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers, dis-je, de Dieu, et cohéritiers de Christ ; si toutefois nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui.

18 Car j’estime qu’il n’y a point de proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir, qui doit être manifestée en nous.

19 Aussi les créatures attendent-elles, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés ;

20 car ce n’est pas volontairement que les créatures sont assujetties à la vanité, mais c’est à cause de celui qui les y a assujetties.

21 Et elles espèrent qu’elles seront aussi délivrées de la servitude de la corruption, pour être dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu.

22 Car nous savons que toutes les créatures ensemble soupirent, et sont comme en travail jusqu’à maintenant ;

23 et non-seulement elles, mais nous aussi, qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous-mêmes, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, savoir, la rédemption de notre corps.

24 Car nous ne sommes sauvés qu’en espérance. Or, quand on voit ce qu’on avait espéré, ce n’est plus espérance ; car comment espérerait-on ce qu’on voit ?

25 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons point, c’est que nous l’attendons avec patience.

26 Et même aussi l’Esprit nous soulage dans nos faiblesses ; car nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des soupirs qui ne se peuvent exprimer.

27 Mais celui qui sonde les cœurs, connaît quelle est l’affection de l’Esprit, lorsqu’il prie pour les saints, selon la volonté de Dieu.

28 Or, nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, savoir, à ceux qui sont appelés, selon le dessein qu’il en avait formé.

29 Car ceux qu’il avait auparavant connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils ; afin qu’il soit le premier-né entre plusieurs frères ;

30 et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.

31 Que dirons-nous donc à tout cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?

32 Lui, qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ?

33 Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu est celui qui les justifie.

34 Qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et qui, de plus, est ressuscité, qui est assis à la droite de Dieu, et qui intercède même pour nous.

35 Qui nous séparera de l’amour de Christ ? Sera-ce l’affliction, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ?

36 Selon qu’il est écrit : Nous sommes livrés à la mort tous les jours à cause de toi, et on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie.

37 Au contraire, dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs, par celui qui nous a aimés.

38 Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir,

39 Ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre créature, ne nous pourra séparer de l’amour que Dieu nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur. 

REFLEXIONS

Les instructions que la première partie de ce chapitre nous donne sont :

I. Que l’état des vrais fidèles est très heureux puisqu’il n’y a plus de condamnation pour eux et qu’ils sont affranchis du péché et de la mort par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ et par l’efficace de son esprit ;

II. Que la vraie et la plus sûre marque à laquelle on reconnait ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, c’est qu’ils ne vivent pas selon la chair, mais qu’ils en mortifient les désirs, qu’ils sont affectionnés aux choses spirituelles et qu’ils suivent les mouvements de l’esprit de Dieu dans toute leur conduite ;

III. Qu’ainsi les chrétiens doivent s’étudier à une vie sainte, que ceux qui vivent dans le péché n’ont point l’esprit de Jésus-Christ, qu’ils ne peuvent plaire à Dieu et qu’ils demeurent engagés dans la mort, mais que ceux qui travaillent à mortifier les passions du corps ont part à la vie spirituelle et à l’héritage que Dieu réserve à tous ses enfants.

La seconde partie de ce chapitre nous enseigne

I. Que les afflictions et les maux de cette vie ne sont point à comparer avec la gloire céleste et que tant s’en faut que ces maux empêchent le bonheur des enfants de Dieu, qu’au contraire ils y contribuent et qu’en général toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ;

II. Que les fidèles et ceux que Dieu aime le plus soupirent et gémissent en attendant cette grande gloire qui leur est destinée, qu’ils passent même quelquefois par de grandes épreuves, mais que cependant Dieu les soutient et les console dans leurs combats par son esprit et qu’il se sert des afflictions mêmes pour les conduire à la gloire et pour les rendre conforme à Jésus-Christ.

III. L’Apôtre nous assure que Dieu glorifiera infailliblement tous ses élus, que ,leur ayant donné son fils, il n’est pas possible qu’il ne leur accorde tout ce qui leur est nécessaire, que la mort de Jésus-Christ, sa résurrection, son entrée dans le Ciel et son intercession les remplissent d’une ferme confiance au milieu des plus grands maux et qu’il n’y a aucune créature, ni dans le ciel, ni sur la terre qui puisse les séparer de l’amour de Dieu.

Ces considérations sont très propres pour soutenir et pour consoler les fidèles dans leurs afflictions, pour les remplir de joie et d’espérance et pour les affermir de plus en plus dans l’amour de Dieu et dans la piété. 

CHAPITRE IX.

L’Apôtre ayant enseigné que les païens avaient part à la grâce de Dieu aussi bien que les Juifs, répond à ce qu’on aurait pu lui opposer qu’il s’ensuivait de sa doctrine que les Juifs, qui étaient le peuple que Dieu avait élu, étaient exclus de ses promesses et que les Gentils, qui ne descendaient pas d’Abraham, étaient devenus le peuple de Dieu. Il déclare sur cela :

I. Qu’il aimait tendrement les Juifs jusque-là qu’il voudrait se dévouer à la mort et être traité comme le dernier des hommes si cela pouvait contribuer à leur salut.

II. Il montre après cela que tous ceux qui descendent d’Abraham ne sont pas regardés comme sa postérité, ni compris dans l’alliance divine. C’est ce qu’il fait voir par l’exemple d’Isaac que Dieu choisi plutôt qu’Ismaël qui était aussi fils d’Abraham et par l’exemple de Jacob qui fut choisi préférablement à Ésaü, quoique tous deux eussent le même père et la même mère et qu’ils fussent jumeaux.

Saint Paul établit ensuite que Dieu peut recevoir dans son alliance et élire pour le salut ceux qu’il trouve à propos et que les hommes n’ont aucun sujet de s’en plaindre puisqu’il est libre dans la distribution de ses grâces et qu’il ne fait rien, même à l’égard des méchants, qu’avec justice et avec bonté, usant d’un grand support envers eux et ne les rejetant qu’à cause de leur endurcissement.

Enfin, il conclut de tout ce qu’il avait dit que Dieu avait pu appeler les païens au salut, ce qu’il confirme dans les oracles des prophètes qui avaient clairement prédit la vocation des Gentils et la réjection des Juifs. 

1 Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, et ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit,

2 que j’ai une grande tristesse, et un continuel tourment dans le cœur.

3 Car je désirerais moi-même d’être anathème à cause de Jésus-Christ, pour mes frères, qui sont mes parents selon la chair ;

4 qui sont Israélites, à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, l’établissement de la loi, le service divin et les promesses ;

5 qui descendent des pères, et de qui est sorti, selon la chair, Christ, qui est Dieu au-dessus de toutes choses, béni éternellement. Amen.

6 Cependant il n’est pas possible que la parole de Dieu soit anéantie ; car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas pour cela d’Israël ;

7 et pour être la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : C’est en Isaac que ta postérité sera appelée de ton nom ;

8 c’est-à-dire, que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu ; mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité d’Abraham.

9 Car, voici les termes de la promesse : Je reviendrai en cette même saison, et Sara aura un fils.

10 Et non-seulement cela ; mais la même chose arriva aussi à Rébecca, quand elle eut conçu en une fois deux enfants d’Isaac, notre père.

11 Car, avant que les enfants fussent nés, et qu’ils eussent fait ni bien ni mal, afin que ce que Dieu avait arrêté par le choix qu’il avait fait, demeurât ferme ;

12 non à cause des œuvres, mais par la volonté de celui qui appelle, il lui fut dit : L’aîné sera assujetti au plus jeune.

13 C’est ainsi qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü.

14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l’injustice en Dieu ? Nullement.

15 Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à celui à qui je ferai miséricorde ; et j’aurai pitié de celui de qui j’aurai pitié.

16 Cela ne vient donc point ni de celui qui veut, ni de celui qui court ; mais de Dieu qui fait miséricorde.

17 Car l’Ecriture dit, touchant Pharaon : C’est pour cela que je t’ai fait subsister, afin de faire voir en toi ma puissance, et afin que mon nom soit célébré par toute la terre.

18 Il fait donc miséricorde à qui il veut, et il endurcit celui qu’il veut.

19 Mais tu me diras : Pourquoi se plaint-il encore ? Car qui est-ce qui peut résister à sa volonté ?

20 Mais plutôt, toi, homme, qui es-tu, pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ?

21 Un potier n’a-t-il pas le pouvoir de faire, d’une même masse de terre, un vaisseau pour des usages honorables, et un autre vaisseau pour des usages vils ?

22 Et qu’y a-t-il à dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience les vaisseaux de colère, disposés à la perdition ?

23 Et pour faire connaître les richesses de sa gloire dans les vaisseaux de miséricorde, qu’il a préparés pour la gloire,

24 et qu’il a aussi appelés, savoir, nous, non-seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les Gentils,

25 Selon qu’il le dit en Osée : J’appellerai mon peuple, celui qui n’était point mon peuple, et la bien-aimée, celle qui n’était point la bien-aimée ;

26 et il arrivera que dans le lieu où il leur avait été dit : Vous n’êtes point mon peuple, là même ils seront appelés les enfants du Dieu vivant.

27 Aussi Esaïe s’écrie-t-il à l’égard d’Israël : Quand le nombre des enfants d’Israël égalerait le sable de la mer, il n’y en aura qu’un petit reste de sauvé.

28 Car le Seigneur va achever et décider la chose avec justice ; le Seigneur va faire une grande diminution sur la terre.

29 Et comme Esaïe avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées ne nous eût laissé quelque reste de notre race, nous serions devenus comme Sodome, et nous aurions été semblables à Gomorrhe.

30 Que dirons-nous donc ? C’est que les Gentils, qui ne cherchaient point la justice, sont parvenus à la justice, je dis la justice qui est par la foi ;

31 et qu’Israël, qui cherchait la loi de la justice, n’est point parvenu à la loi de la justice.

32 Pourquoi ? Parce qu’ils ne l’ont point cherchée par la foi, mais par les œuvres de la loi ; car ils ont heurté contre la pierre d’achoppement ;

33 selon qu’il est écrit : Voici, je mets en Sion la pierre d’achoppement et la pierre de scandale ; mais quiconque croira en lui, ne sera point confus. 

REFLEXIONS

L’abrégé et la substance de ce chapitre est que Dieu, qui est le maître de toutes choses et avec cela parfaitement juste et souverainement bon, peut faire part de ses grâces à ceux qu’il trouve à propos, sans que les hommes aient aucun sujet de s’en plaindre et qu’ainsi il a pu destiner le salut aux païens aussi bien qu’aux Juifs et même rejeter justement les Juifs incrédules comme les prophètes l’avaient expressément prédit.

Cette doctrine nous engage à louer la miséricorde du Seigneur qui a bien voulu nous appeler à son alliance, nous qui étions païens d’origine, et à reconnaître que si nous sommes élus pour le salut, c’est à la seule grâce de Dieu que nous en sommes redevables.

Nous devons considérer après cela que, comme tous ceux qui descendaient d’Abraham n’avaient pas part aux promesses de Dieu et que même les Juifs à qui ces promesses avaient été faites furent rejetés, nonobstant les privilèges de leur vocation pour n’avoir pas cru en Jésus-Christ, aussi les avantages de l’alliance divine ne nous serviront de rien si nous ne répondons pas à la bonté du Seigneur envers nous et si nous nous excluons nous-mêmes du salut par notre ingratitude et par notre incrédulité.

CHAPITRE X.

I. Saint Paul continue à parler de la réjection des Juifs et de la vocation des Gentils. Il fait paraître une tendre affection pour les Juifs, il leur rend même témoignage qu’ils avaient la plupart du zèle pour Dieu, mais il dit qu’ils avaient rejeté l’Évangile parce qu’ils cherchaient leur justice dans la loi de Moïse, ne comprenant pas que la loi les conduisait à Jésus-Christ.

II. Il fait voir ensuite par les paroles de Moïse que la foi est un moyen beaucoup plus facile d’être justifié devant Dieu que la loi ne l’était et que ce moyen d’obtenir le salut consiste à croire de cœur en Jésus-Christ et à faire une profession publique de sa doctrine.

III. Il dit que ce salut était offert à tous les hommes par la prédication de l’Évangile et il prouve par les prophètes et en particulier par les oracles de Moïse et d’Ésaïe que les païens devaient être appelés et que les Juifs devaient être rejetés à cause de leur endurcissement et de leur incrédulité. 

1 Mes frères, le souhait de mon cœur, et la prière que je fais à Dieu pour les Israélites, c’est qu’ils soient sauvés.

2 Car je leur rends ce témoignage, qu’ils ont du zèle pour Dieu ; mais ce zèle est sans connaissance ;

3 parce que, ne connaissant point la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne sont point soumis à la justice de Dieu.

4 Car Christ est la fin de la loi, pour justifier tous ceux qui croient.

5 En effet, Moïse décrit la justice qui est par la loi, en disant, que l’homme qui fera ces choses vivra par elles.

6 Mais la justice qui est par la foi parle ainsi : Ne dis point en ton cœur : Qui montera au ciel ? C’est vouloir en faire descendre Christ ;

7 ou, qui descendra dans l’abîme ? C’est rappeler Christ d’entre les morts.

8 Mais que dit-elle ? La parole est proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. C’est là la parole de la foi que nous prêchons ;

9 car, si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé ;

10 parce qu’on croit du cœur, pour obtenir la justice, et que l’on fait confession de la bouche, pour obtenir le salut.

11 Car l’Ecriture dit : Quiconque croit en lui, ne sera point confus.

12 Ainsi il n’y a point de distinction entre le Juif et le Grec, parce qu’ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent.

13 Car quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé.

14 Mais comment invoqueront-ils celui auquel ils n’ont point cru ? Et comment croiront-ils en celui duquel ils n’ont point ouï parler ? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a quelqu’un qui le leur prêche ?

15 Et comment le prêchera-t-on, s’il n’y en a pas qui soient envoyés ? selon ce qui est écrit : Que les pieds de ceux qui annoncent la paix sont beaux, de ceux, dis-je, qui annoncent de bonnes nouvelles !

16 Mais tous n’ont pas obéi à l’évangile ; car Esaïe dit : Seigneur, qui a cru à notre prédication ?

17 La foi vient donc de ce qu’on entend ; et ce qu’on entend, vient de la parole de Dieu.

18 Mais je demande, ne l’ont-ils point entendue ? Au contraire, la voix de ceux qui l’ont prêchée, est allée par toute la terre, et leurs paroles se sont fait entendre jusqu’aux extrémités du monde.

19 Je demande encore : Israël n’en a-t-il point eu de connaissance ? Moïse a dit le premier : Je vous provoquerai à la jalousie par un peuple qui n’est pas mon peuple ; je vous exciterai à l’indignation par une nation privée d’intelligence.

20 Et Esaïe parle encore plus hardiment, et dit : J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient point, et je me suis manifesté clairement à ceux qui ne s’informaient point de moi.

21 Mais à l’égard d’Israël, il dit : J’ai tout le jour étendu mes mains vers un peuple rebelle et contredisant. 

REFLEXIONS

Nous apprenons ici :

I. Qu’il n’y a point de moyen de parvenir au salut que celui qui nous est présenté en Jésus-Christ et que ceux qui cherchent d’autres moyens que celui-là ne sauraient être sauvés ;

II. Que la voie que l’Évangile prescrit pour être justifié n’a rien qui soit au-dessus de nos forces et qui ne soit même très facile et qu’ainsi nous sommes inexcusables si nous ne prévalons pas d’un si précieux avantage.

III. Saint Paul nous apprend dans ce chapitre que tous ceux qui croient en Jésus-Christ du cœur et qui le confessent de leur bouche seront sauvés, ce qui fait voir qu’une foi sincère et une profession publique de l’Évangile sont d’une absolue nécessité pour le salut.

IV. L’Apôtre nous enseigne de plus que Dieu a voulu que sa grâce fût offerte à tous les hommes par l’Évangile, que la foi se produit par la prédication de la parole de Dieu et qu’afin que cette parole soit entendue, il faut qu’il y ait des personnes qui soient envoyées pour l’annoncer. Par là nous devons reconnaître la nécessité de la prédication de l’Évangile et le cas qu’on doit faire de la parole de Dieu et du ministère évangélique.

Enfin, nous voyons dans ce chapitre que la vocation des Gentils et l’incrédulité des Juifs avaient été formellement prédites.

Ce qu’il y a à considérer là-dessus, c’est :

  • D’un côté que Dieu avait prévu et prédit longtemps à l’avance ce qui devait arriver un jour tant aux Juifs qu’aux païens, ce qui prouve d’une manière invincible qu’il y a une providence qui conduit toute chose et que la religion chrétienne est d’une origine céleste,
  • D’un autre côté cela nous avertit que les chrétiens qui n’obéissent pas à l’Évangile et qui sont rebelles à la vocation divine seront privés du salut comme les Juifs le furent autrefois et que même la punition de ces chrétiens sera beaucoup plus. 

CHAPITRE XI.

Saint Paul, après avoir parlé de la réjection des Juifs demande si Dieu avait rejeté entièrement ce peuple qu’il avait choisi ? Il répond à cela deux choses.

L’une, que tous les Juifs n’étaient pas rejetés et que, comme du temps d’Élie, il y avait encore un grand nombre d’adorateur du vrai Dieu dans le royaume d’Israël, il y avait aussi plusieurs Juifs qui avaient cru en Jésus-Christ et qui croiraient encore, mais que le reste de cette nation était demeurée dans l’incrédulité selon les oracles des prophètes.

L’autre chose que Saint Paul répond, c’est que les Juifs n’étaient pas rejetés pour toujours, qu’ils ne l’étaient que pour un temps et que leur chute avait donné occasion à la vocation des païens, mais qu’un jour ils rentreraient dans l’alliance de Dieu.

Ensuite, l’Apôtre exhorte les Gentils à profiter de la bonté de Dieu envers eux et de sa sévérité envers les juifs, de peur que, s’ils s’élevaient par orgueil et s’ils devenaient incrédules, ils ne fussent aussi retranchés. C’est dans cette vue qu’il se sert de la comparaison de l’olivier sauvage qui aurait été enté sur un olivier franc, voulant marquer par cet olivier sauvage les Gentils et par l’olivier franc les Juifs.

Enfin, il prédit ouvertement la conversion des Juifs, il la prouve par les prophètes et il conclut cette matière en adorant la sagesse et la miséricorde de Dieu qui paraissent dans la conduite qu’il a tenu  envers les païens et envers les Juifs et dans ce qui doit encore arriver aux uns et aux autres avant la fin du monde. 

1 Je demande donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Nullement ; car je suis moi-même Israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin.

2 Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu auparavant. Ne savez-vous pas ce que l’Ecriture rapporte d’Elie, comme il fit à Dieu cette plainte contre Israël :

3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, et ils ont démoli tes autels ; et je suis demeuré seul, et ils cherchent à m’ôter la vie.

4 Mais qu’est-ce que Dieu lui répondit ? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n’ont point fléchi le genou devant Bahal.

5 Il y en a donc aussi en ce temps qui ont été réservés, selon l’élection de la grâce.

6 Que si c’est par la grâce, ce n’est plus par les œuvres ; autrement, la grâce ne serait plus une grâce ; et si c’est par les œuvres, ce n’est plus par la grâce ; autrement, les œuvres ne seraient plus des œuvres.

7 Que dirons-nous donc ? C’est qu’Israël n’a point obtenu ce qu’il cherchait, mais les élus l’ont obtenu, et les autres ont été endurcis ;

8 selon qu’il est écrit : Dieu leur a donné un esprit d’étourdissement ; des yeux pour ne point voir, et des oreilles pour ne point entendre jusqu’à ce jour.

9 Et David dit : Que leur table leur devienne un filet et un piège ; qu’elle les fasse tomber ; et cela pour leur rétribution ;

10 que leurs yeux soient obscurcis pour ne point voir ; et fais que leur dos soit continuellement courbé.

11 Je demande donc : Ont-ils tellement bronché qu’ils soient tombés pour toujours ? A Dieu ne plaise ! Mais le salut a été annoncé aux Gentils par leur chute, afin de les exciter à la jalousie.

12 Or, si leur chute a fait la richesse du monde, et leur réduction à un petit nombre, la richesse des Gentils, que ne fera pas la conversion de ce peuple entier ?

13 Car c’est à vous, Gentils, que je parle, parce qu’étant l’apôtre des Gentils, je rends mon ministère glorieux,

14 pour donner, si je puis, de l’émulation à ceux qui sont de mon sang, et pour en sauver quelques-uns.

15 Car, si leur réjection est la réconciliation du monde, que sera leur rappel, sinon une résurrection d’entre les morts ?

16 Or, si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi.

17 Que si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, as été enté en leur place, et as été fait participant de la racine et du suc de l’olivier,

18 Ne t’élève pas contre les branches ; que si tu t’élèves, sache que ce n’est pas toi qui portes la racine, mais que c’est la racine qui te porte.

19 Tu diras : Les branches ont été retranchées, afin que j’y fusse enté.

20 Cela est vrai ; elles ont été retranchées à cause de leur incrédulité ; et toi, tu subsistes par la foi ; ne t’élève point par orgueil, mais crains.

21 Car si Dieu n’a point épargné les branches naturelles, prends garde qu’il ne t’épargne pas non plus.

22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu ; sa sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés, et sa bonté envers toi, pourvu que tu persévères dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché.

23 Et quant à ceux-là, s’ils ne persévèrent pas dans leur incrédulité, ils seront encore entés ; car Dieu a le pouvoir de les enter de nouveau.

24 Car, si tu as été coupé de l’olivier qui, de sa nature, était sauvage, et si, contre l’ordre de la nature, tu as été enté sur l’olivier franc ; combien plutôt les branches naturelles seront-elles entées sur leur propre olivier ?

25 Car, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne présumiez de vous-mêmes ; c’est que, si une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, ce n’est que jusqu’à ce que toute la multitude des Gentils soit entrée dans l’Eglise ;

26 et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : Le libérateur viendra, de Sion, et il éloignera de Jacob toute impiété.

27 Et c’est là l’alliance que je ferai avec eux, lorsque j’effacerai leurs péchés.

28 Il est vrai qu’ils sont encore ennemis par rapport à l’évangile, à cause de vous ; mais à l’égard de l’élection, ils sont aimés à cause de leurs pères ;

29 car les dons et la vocation de Dieu sont irrévocables.

30 Et comme vous avez été autrefois rebelles à Dieu, et que maintenant vous avez obtenu miséricorde par la rébellion de ceux-ci :

31 De même, ils ont été maintenant rebelles, afin qu’à l’occasion de la miséricorde qui vous a été faite, ils obtiennent aussi miséricorde.

32 Car Dieu les a tous renfermés dans la rébellion, pour faire miséricorde à tous.

33 O profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables, et que ses voies sont incompréhensibles !

34 Car qui est-ce qui a connu la pensée du Seigneur, ou, qui a été son conseiller ?

35 Ou, qui lui a donné quelque chose le premier, et il lui sera rendu ?

36 Car toutes choses sont de lui, et par lui, et pour lui : à lui soit la gloire dans tous les siècles. Amen.

 REFLEXIONS

La réflexion générale qu’il faut faire sur tout ce chapitre c’est que Dieu n’avait pas rejeté entièrement les Juifs, puisque le temps doit venir auquel cette nation se convertira toute entière. Cela prouve la vérité des promesses de Dieu et confirme bien fortement la vérité de la religion et de la divinité de l’Écriture Sainte.

À cette considération générale il faut ajouter ces quatre réflexions particulières.

I. La première que comme du temps des apôtres et du temps d’Élie il y avait eu des fidèles parmi les Juifs et les Israélites, Dieu a aussi toujours des élus, même au milieu de la plus grande corruption.

II. Saint Paul marque l’usage que nous devons faire de la doctrine qu’il a enseignée dans cette épitre touchant la réjection des Juifs et la vocation des Gentils, c’est qu’elle doit nous donner de la crainte, nous inspirer des sentiments d’humilité et de reconnaissance à nous qui descendons des Païens et nous engager à profiter de la bonté de Dieu et à persévérer dans la foi, de peur qu’il ne nous arrive de perdre le droit que nous avons à sa grâce et au salut. III. Ce chapitre contient une prédiction très remarquable qui nous apprend qu’un jour la nation des Juifs embrassera l’Évangile et que tous les autres peuples entreront dans l’église. La divinité de l’Écriture et l’accomplissement des autres prédictions des prophètes doivent nous persuader de la certitude de ce grand et heureux événement. On peut même voir que Dieu veut rappeler un jour la nation des Juifs et qu’il la réserve pour cela, puisque cette nation subsiste toujours, quoiqu’elle soit dispersée par tout le monde depuis tant de siècles.

Ainsi nous devons attendre avec foi et avec joie l’accomplissement de cette prédiction, prier pour la venue du règne de Dieu et pour la conversion des Juifs et avoir toujours pour ce peuple, que Dieu aime encore une tendre compassion et une vraie charité.

Enfin, quand nous considérons cette conduite de Dieu, tant envers les païens qu’envers les Juifs et comment il se propose de les réunir tous un jour dans son église, cela doit nous inciter à adorer les voies du Seigneur, à célébrer sa miséricorde et sa sagesse et à dire avec St. Paul : Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables et ses voies incompréhensibles ! Toutes choses sont de lui, par lui et pour lui. À lui soit la gloire éternellement, amen !

CHAPITRE XII.

Après que Saint Paul a montré que les Gentils avaient été appelés au salut par un effet de la grande miséricorde de Dieu, il parle dans le reste de cette épître des devoirs de la vie chrétienne et particulièrement de la charité et de la paix. Dans ce chapitre il fait trois choses : I. Il exhorte les fidèles à se consacrer au service de Dieu et à renoncer au monde. II. Il recommande aux chrétiens et surtout à ceux qui avaient quelque charge et quelque vocation dans l’église ou des dons qui les distinguaient des autres, d’exercer ces vocations et d’employer ces dons pour l’édification publique. III. Il les exhorte surtout à la charité, il marque les principaux devoirs de cette vertu tant par rapport à la conduite que les chrétiens devaient tenir entre eux que par rapport à la manière dont ils devaient en user envers ceux qui les persécutaient et qui ne les aimaient pas.

 1 Je vous exhorte donc, mes frères, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable.

2 Et ne vous conformez point au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, afin que vous éprouviez que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite.

3 Or, j’avertis chacun de vous, par la grâce qui m’a été donnée, de n’avoir pas d’eux-mêmes une plus haute opinion qu’ils ne doivent, mais d’avoir des sentiments modestes, selon la mesure de la foi que Dieu a départie à chacun.

4 Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas une même fonction,

5 ainsi nous, quoique nous soyons plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ ; et nous sommes chacun en particulier les membres les uns des autres.

6 C’est pourquoi, puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée, que celui qui a le don de prophétie, l’exerce selon la mesure de la foi qu’il a reçue ;

7 que celui qui est appelé au ministère, s’attache à son ministère ; que celui qui a le don d’enseigner, s’applique à l’instruction ;

8 que celui qui est chargé d’exhorter, exhorte ; que celui qui distribue les aumônes, le fasse avec simplicité ; que celui qui préside, le fasse avec soin ; que celui qui exerce les œuvres de miséricorde, s’en acquitte avec joie.

9 Que la charité soit sincère. Ayez le mal en horreur, et attachez-vous fortement au bien.

10 Aimez-vous réciproquement d’une affection tendre et fraternelle ; prévenez-vous les uns les autres par honneur ;

11 ne soyez point paresseux à vous employer pour autrui. Soyez fervents d’esprit ; servez le Seigneur.

12 Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans l’affliction, persévérants dans la prière.

13 Prenez part aux nécessités des saints ; empressez-vous à exercer l’hospitalité.

14 Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez-les, et ne les maudissez point.

15 Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent.

16 Ayez les mêmes sentiments entre vous ; n’aspirez point aux choses relevées, mais marchez avec les humbles ; ne présumez pas de vous-mêmes.

17 Ne rendez à personne le mal pour le mal ; attachez-vous aux choses honnêtes devant tous les hommes.

18 S’il se peut faire, et autant qu’il dépend de vous, ayez la paix avec tous les hommes.

19 Ne vous vengez point vous-mêmes, mes bien-aimés, mais donnez lieu à la colère ; car il est écrit : C’est à moi que la vengeance appartient ; je le rendrai, dit le Seigneur.

20 Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela, tu lui amasseras des charbons de feu sur la tête.

21 Ne te laisse point surmonter par le mal ; mais surmonte le mal par le bien. 

REFLEXIONS

Saint Paul, après avoir traité de la justification et de la vocation des Gentils, parle dans ce chapitre et dans les suivants, des devoirs de la morale chrétienne, nous apprend en général que le but de l’Évangile est la pratique de la sainteté et des bonnes œuvres et que c’est surtout l’effet que doit produire la doctrine de notre rédemption et la considération de la grande miséricorde que Dieu nous a témoignée en son fils.

Ce chapitre nous donne outre cela ces trois leçons :

I. La première que la vraie piété et le vrai service que Dieu demande de nous consiste à nous consacrer tout entier à lui, à renoncer au monde, à ne point nous conformer aux mondains dans leur manière de vivre et à être renouvelés dans notre esprit par une entière conformité à la volonté de Dieu.

II. La seconde, qu’étant tous membres du corps de Christ qui est l’église chrétienne, chacun de nous doit rapporter les dons qu’il a reçus à l’utilité de ses frères, c’est ce que doivent faire surtout ceux qui sont appelés à quelque emploi dans l’église, en s’en acquittant avec zèle et avec intégrité.

III. La troisième que la charité est le plus important de nos devoirs et qu’elle les renferme tous. L’Apôtre spécifie ici les principaux devoirs auxquels la charité engage les chrétiens.

C’est premièrement de s’aimer sincèrement les uns les autres, de se rendre mutuellement toutes sortes de bons offices, de prendre part aux biens et aux maux qui arrivent à leurs frères, de consoler et d’assister ceux qui sont dans la souffrance et de vivre entre eux dans un esprit de paix, d’union et d’humilité.

Après cela, la charité règle notre conduite à l’égard de ceux qui ne nous aiment pas ou qui nous font du mal. Elle nous oblige à les aimer, à les bénir, à tâcher d’avoir la paix avec eux, à nous abstenir de la vengeance et à rendre le bien pour le mal qu’on nous a fait.

Ce sont là les devoirs les plus essentiels de la religion que nous professons et nous ne sommes chrétiens qu’autant que nous nous attachons à les pratiquer. 

CHAPITRE XIII.

Saint Paul parle dans ce chapitre :

I. Du devoir envers les puissances supérieures. II. De l’amour du prochain qui est l’abrégé de la loi de Dieu. III. Il montre que les chrétiens doivent vivre dans une grande sainteté et surtout dans la sobriété et dans la chasteté, puisque Dieu les a tirés des ténèbres de l’ignorance et qu’il les a éclairés de la lumière de l’Évangile. 

1 Que toute personne soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu ; et les puissances qui subsistent ont été établies de Dieu.

2 C’est pourquoi, celui qui s’oppose à la puissance, s’oppose à l’ordre que Dieu a établi ; et ceux qui s’y opposent, attireront la condamnation sur eux-mêmes.

3 Car les princes ne sont pas à craindre lorsqu’on ne fait que de bonnes actions ; ils le sont seulement lorsqu’on en fait de mauvaises. Veux-tu donc ne point craindre les puissances ? Fais bien, et tu en seras loué.

4 Car le prince est le ministre de Dieu, pour ton bien ; mais si tu fais mal, crains, parce qu’il ne porte point l’épée en vain ; car il est ministre de Dieu, et vengeur pour punir celui qui fait mal.

5 C’est pourquoi il est nécessaire d’être soumis, non-seulement par la crainte de la punition, mais aussi à cause de la conscience.

6 C’est aussi pour cela que vous payez les tributs, parce qu’ils sont les ministres de Dieu, qui s’appliquent sans cesse à leur emploi.

7 Rendez donc à chacun ce qui lui est dû ; le tribut, à qui vous devez le tribut ; les impôts, à qui vous devez les impôts ; la crainte, à qui vous devez la crainte ; l’honneur, à qui vous devez l’honneur.

8 Ne soyez redevables à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres, a accompli la loi.

9 Car ce qui est dit : Tu ne commettras point adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; tu ne convoiteras point ; et s’il y a quelque autre commandement, tout est compris sommairement dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

10 La charité ne fait point de mal au prochain ; la charité est donc l’accomplissement de la loi.

11 Et vous devez faire cela, vu le temps où nous sommes ; car c’est ici l’heure de nous réveiller du sommeil, puisque le salut est maintenant plus près de nous, que lorsque nous avons cru.

12 La nuit est passée, et le jour est approché ; rejetons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière.

13 Marchons honnêtement comme de jour, et non dans les débauches et dans l’ivrognerie, dans la luxure et dans les impudicités, dans les querelles et dans l’envie ;

14 mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour satisfaire ses convoitises.  

REFLEXIONS

Les trois parties de ce chapitre nous donnent ces trois instructions :

I. La première que les rois, les princes et les magistrats sont établis de la part de Dieu, que c’est Dieu qui leur a donné l’autorité de gouverner les peuples et de punir ceux qui troublent la société et qu’ainsi chacun est obligé en conscience de se soumettre aux puissances, de leur être fidèle et de leur rendre tout ce qui leur est dû.

II. La seconde instruction est que l’amour du prochain est l’abrégé de toute la loi, ce qui nous apprend que la charité tient un rang très considérable entre les devoirs du christianisme et que le vrai moyen d’accomplir ce que la loi commande, c’est de revêtir un esprit de paix, de douceur et de support et d’aimer sincèrement notre prochain.

III. Saint Paul nous enseigne ici que, puisque les ténèbres de l’ignorance dans laquelle les hommes vivaient autrefois sont passées et que la lumière de l’Évangile nous éclaire, nous devons nous éloigner de la sensualité, de la dissolution, de l’impureté et de tous les désirs de la chair et vivre dans la tempérance et dans une grande chasteté, conformant ainsi notre vie à celle de notre Seigneur et à ses divins préceptes.

Pour nous animer à l’observation de ces saintes maximes, nous devons nous représenter l’heureux état où Dieu nous a mis et penser que le temps d’obtenir le salut approche afin que notre principale étude soit de travailler à en être rendus participants par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ. 

CHAPITRE XIV.

Pour entendre ce chapitre, il faut savoir qu’il y avait du temps de St. Paul des chrétiens qui, ayant été Juifs et n’étant pas assez instruits, se faisaient un scrupule de manger de certaines viandes et observaient la distinction de certains jours à la manière des Juifs. Saint Paul montre comment on devait se conduire envers ces gens-là qui étaient faibles dans la foi. Il dit qu’il fallait les supporter et éviter d’entrer en contestation avec eux, puisque ceux qui étaient dans des sentiments différents sur ces points-là suivaient chacun les mouvements de leur conscience et pour le reste, ils croyaient en Jésus-Christ et avaient part à sa grâce.

Pour confirmer cette doctrine, il représente que les chrétiens ne vivant tous que pour le Seigneur qui seul a une entière autorité sur eux, ils devaient rapporter toutes les actions de leur vie à l’édification et à la gloire de Dieu et qu’il n’appartient à personne de condamner les autres, mais que chacun rendra compte pour soi-même au Seigneur.

III. Il montre que ceux qui étaient éclairés et instruits de la liberté chrétienne ne devaient pas abuser de cette liberté, ni scandaliser les faibles qui faisaient scrupule de manger de certaines viandes.

IV. Enfin il dit que l’esprit du christianisme est un esprit de paix et de support, que c’était un très grand péché que de condamner son prochain, de le décourager et de lui donner du scandale et qu’au reste chacun devait s’abstenir de ce qu’il croyait être défendu et même des choses sur lesquelles il était en doute, puisque tout ce qui se fait sans foi et sans l’approbation de la conscience est un péché. 

1 Quant à celui qui est faible dans la foi, recevez-le avec bonté, sans contestations et sans disputes.

2 L’un croit qu’on peut manger de tout ; et celui qui est faible dans la foi, ne mange que des herbes.

3 Que celui qui mange de tout, ne méprise pas celui qui ne mange que des herbes ; et que celui qui ne mange que des herbes, ne condamne pas celui qui mange de tout ; car Dieu l’a pris à lui.

4 Qui es-tu, toi, qui condamnes le serviteur d’autrui ? S’il se tient ferme, ou s’il tombe, c’est à son maître de le juger ; mais il sera affermi, car Dieu est puissant pour l’affermir.

5 L’un met de la différence entre un jour et un autre ; l’autre juge que tous les jours sont égaux ; que chacun agisse selon qu’il est pleinement persuadé dans son esprit.

6 Celui qui observe les jours, les observe, ayant égard au Seigneur ; et celui qui ne les observe pas, ne les observe pas, ayant aussi égard au Seigneur ; celui qui mange de tout, mange, ayant égard au Seigneur, car il en rend grâces à Dieu ; et celui qui ne mange pas de tout, ne mange pas, ayant égard au Seigneur ; et il en rend aussi grâces à Dieu.

7 En effet, aucun de nous ne vit pour soi-même, et aucun de nous ne meurt pour soi-même.

8 Car, soit que nous vivions, nous vivons pour le Seigneur ; soit que nous mourions, nous mourons pour le Seigneur ; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur ;

9 car c’est pour cela que Christ est mort, et qu’il est ressuscité, et a repris la vie, afin qu’il dominât sur les morts et sur les vivants.

10 Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Christ.

11 Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, que tout genou fléchira devant moi, et que toute langue donnera gloire à Dieu.

12 Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même.

13 Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais jugez plutôt qu’il ne faut donner aucune occasion de chute, ni aucun scandale à votre frère.

14 Je sais, et je suis persuadé par le Seigneur Jésus, qu’il n’y a point d’aliment qui soit souillé par soi-même ; mais celui qui croit qu’une chose est souillée, elle est souillée pour lui.

15 Mais si, en mangeant de quelque viande, tu affliges ton frère, tu ne te conduis plus selon la charité. Ne fais pas périr, par ton aliment, une personne pour qui Christ est mort.

16 Que ce que vous faites de bon, ne soit donc point blâmé.

17 Car le royaume de Dieu ne consiste point dans le manger, ni dans le boire, mais dans la justice, dans la paix, et dans la joie par le Saint-Esprit.

18 Celui qui sert Jésus-Christ de cette manière est agréable à Dieu, et il est approuvé des hommes.

19 Recherchons donc les choses qui vont à la paix, et à nous édifier les uns les autres.

20 Ne détruis point l’œuvre de Dieu pour une viande. Il est vrai que toutes les choses sont nettes ; mais il y a du péché pour celui qui donne du scandale en mangeant.

21 Il vaut mieux ne manger point de chair, ne boire point de vin, et s’abstenir de tout ce qui peut faire tomber ton frère, ou le scandaliser, ou l’affaiblir.

22 As-tu la foi que tu peux manger de tout? garde-la en toi-même devant Dieu. Heureux celui qui ne se condamne point soi-même en ce qu’il approuve !

23 Mais celui qui doute s’il est permis de manger d’une viande, est condamné s’il en mange, car il n’en mange point avec foi ; or, tout ce que l’on ne fait pas avec foi, est un péché. 

REFLEXIONS

Le précis de la doctrine que Saint Paul enseigne dans ce chapitre c’est :

Que les chrétiens sont obligés de se supporter mutuellement, que ceux qui ont plus de lumières que les autres doivent ménager ceux qui sont faibles ou moins instruits, ne les point mépriser et ne rien faire qui puisse les affliger ou les scandaliser, que même il faut s’abstenir des choses indifférentes et permises lorsqu’on prévoit que quelqu’un pourrait en prendre matière de scandale. Ce sont là des maximes de charité et de support dont on ne doit jamais se départir et c’est de l’observation de ces maximes que dépend surtout l’avancement de la gloire de Dieu, la paix de l’église et notre salut mutuel. Nous recueillons encore d’ici que les contestations et les disputes nuisent extrêmement à l’édification de l’église et qu’ainsi on les doit éviter autant qu’il est possible.

Il faut outre cela faire une attention particulière à ce que St. Paul établit dans tout ce chapitre et principalement sur la fin, savoir : que chacun doit avoir de grands égards pour sa conscience et que : tout ce qui ne se fait pas avec foi est un péché.

Cela nous apprend que ceux qui agissent contre leur conscience ou même font une chose sans être assurée qu’elle est permise se rendent très coupable devant Dieu, quand même cette chose-là serait innocente. Ainsi pour plaire au Seigneur et pour avoir la conscience tranquille, nous devons travailler premièrement à la bien éclairer et à nous bien instruire de notre devoir et après cela agir conformément à ce qu’elle nous prescrit et nous conduire avec tant de prudence que nous ne troublions jamais la paix et que nous ne donnions aucun scandale à personne.

CHAPITRE XV

L’Apôtre continue à exhorter les Romains à la charité et au support envers ceux qui sont faibles dans la foi, leur proposant pour cet effet l’exemple de Jésus-Christ et il prie Dieu qu’il leur donne ces sentiments de paix et de charité.

Pour les leur inspirer, il leur représente que Jésus-Christ avait été envoyé pour réunir les Juifs et les Gentils dans son église selon que cela avait été prédit par les anciens oracles, par où il veut montrer qu’il n’y devait avoir aucune division entre eux.

Il parle dans ces mêmes vues de son ministère et des fruits admirables de sa prédication parmi les Gentils et en divers lieux du monde.

Enfin, il dit aux Romains qu’il était dans le dessein d’aller les voir après qu’il aurait fait un voyage à Jérusalem au sujet d’une collecte qui se faisait pour les chrétiens de ce lieu-là, il se recommande à leurs prières et il fait des vœux pour eux.

1 Nous devons donc, nous qui sommes plus forts, supporter les infirmités des faibles, et non pas chercher notre propre satisfaction.

2 Que chacun de nous donc ait de la condescendance pour son prochain, et cela pour le bien et pour l’édification ;

3 car aussi, Christ n’a point cherché sa propre satisfaction ; mais au contraire, selon ce qui est écrit de lui : Les outrages de ceux qui t’ont outragé, sont tombés sur moi.

4 Or, toutes les choses qui ont été écrites autrefois, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que les Ecritures nous donnent, nous retenions notre espérance.

5 Que le Dieu de patience et de consolation vous fasse donc la grâce d’avoir, les uns et les autres, un même sentiment selon Jésus-Christ :

6 Afin que, d’un même cœur et d’une même bouche, vous glorifiiez le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ !

7 C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres avec bonté, comme Christ nous a reçus pour la gloire de Dieu.

8 Je dis donc que Jésus-Christ a été ministre parmi les Juifs, pour montrer la fidélité de Dieu, et pour accomplir les promesses faites aux pères ;

9 Et afin que les Gentils glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : C’est pour cela que je te louerai parmi les Gentils, et que je chanterai des cantiques à ton nom.

10 Il est dit encore : Gentils, réjouissez-vous avec son peuple.

11 Et encore : Nations, louez toutes le Seigneur, et vous, tous les peuples, célébrez-le.

12 Esaïe dit aussi : Il sortira de la racine de Jessé un rejeton pour gouverner les Gentils ; les Gentils espéreront en lui.

13 Que le Dieu d’espérance vous remplisse donc de toute sorte de joie et de paix dans la foi, afin que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit.

14 Or, mes frères, j’ai cette persuasion de vous, que vous êtes pleins de charité, remplis de toute sorte de connaissance, et que vous êtes en état de vous exhorter les uns les autres.

15 Cependant, mes frères, je n’ai pas laissé de vous écrire plus librement, pour vous remettre ces choses en mémoire, selon la grâce qui m’a été donnée de Dieu,

16 pour être ministre de Jésus-Christ parmi les Gentils, exerçant les saintes fonctions de l’évangile de Dieu, afin que l’oblation que je lui fais des Gentils lui soit agréable, étant sanctifiée par le Saint-Esprit.

17 J’ai donc sujet de me glorifier en Jésus-Christ, dans les choses qui regardent Dieu.

18 Car je n’oserais dire qu’il y ait quelque chose que Jésus-Christ n’ait pas fait par moi, pour amener les Gentils à son obéissance, par la parole et par les œuvres ;

19 par la vertu des miracles et des prodiges ; par la puissance de l’Esprit de Dieu ; de sorte que j’ai répandu l’évangile de Christ depuis Jérusalem et les lieux voisins jusqu’à l’Illyrie.

20 Et cela de manière que j’ai pris à tâche d’annoncer l’évangile où l’on n’avait point encore parlé de Jésus-Christ, afin de ne pas bâtir sur le fondement qu’un autre aurait posé ;

21 selon qu’il est écrit : Ceux à qui il n’avait point été annoncé, le verront, et ceux qui n’en avaient point ouï parler, l’entendront.

22 C’est aussi ce qui m’a souvent empêché d’aller vous voir.

23 Mais, comme à présent je n’ai plus rien qui m’arrête dans ce pays-ci, et que depuis plusieurs années j’ai un grand désir d’aller vers vous,

24 j’irai chez vous quand je ferai le voyage d’Espagne ; car j’espère que je vous verrai en passant, et que vous m'y conduirez, après que j’aurai contenté en partie le désir que j’ai d’être avec vous.

25 Mais présentement je vais à Jérusalem, pour y porter des aumônes aux saints.

26 Car ceux de Macédoine et d’Achaïe ont bien voulu faire une contribution pour les pauvres d’entre les saints qui sont à Jérusalem.

27 Ils l’ont ainsi trouvé bon ; et aussi leur étaient-ils redevables ; car si les Gentils ont eu part aux biens spirituels des Juifs, ils doivent aussi leur faire part de leurs biens temporels.

28 Après donc que j’aurai fait cela, et que je leur aurai remis fidèlement ce fruit de la charité des Gentils, je passerai par vos quartiers, en allant en Espagne.

29 Et je suis persuadé que, lorsque je viendrai chez vous, j’y viendrai avec une grande abondance des bénédictions de l’évangile de Christ.

30 Je vous conjure donc, mes frères, par notre Seigneur Jésus-Christ, et par la charité de l’Esprit, de combattre avec moi dans les prières que vous ferez à Dieu pour moi.

31 Afin que je sois délivré des incrédules qui sont en Judée, et que l’assistance que je porte à Jérusalem soit agréable aux saints ;

32 en sorte que j’arrive chez vous avec joie, si c’est la volonté de Dieu, et que je me console avec vous.

33 Que le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen. 

REFLEXIONS

Nous apprenons d’ici en premier lieu que ceux qui sont avancés dans la connaissance et dans la piété doivent se conduire avec beaucoup de condescendance et de charité envers ceux qui le sont moins et imiter en cela la douceur et la grande bonté de notre Seigneur Jésus-Christ.

I. Saint Paul a marqué le but de cette épître aux Romains et de sa doctrine en disant que Jésus-Christ est venu pour sauver non seulement les Juifs, mais aussi les Gentils et pour accomplir par ce moyen les promesses que Dieu avait faites aux anciens pères par les prophètes. C’est là une vérité que nous devons méditer pour l’affermissement de notre foi et pour nous exciter à la reconnaissance envers Dieu.

III. Nous devons bien considérer ce que Saint Paul dit dans ce chapitre de ses voyages, de ses travaux, du succès merveilleux de son ministère et de tant d’églises qu’il a fondées en divers pays du monde, aussi bien que du dessein qu’il avait d’aller à Rome et dans d’autres lieux. Tout cela doit nous faire reconnaître son le grand zèle de cet Apôtre, sa parfaite charité et surtout la puissance de Dieu et la vertu toute divine de l’Évangile qui paraissent d’une manière si sensible dans les miracles dont la prédication de St. Paul était accompagnée et dans les fruits surprenants qu’elle produisait. C’est là aussi un exemple que les ministres de Jésus-Christ doivent imiter autant qu’ils en sont capables en travaillant sans relâche à l’établissement du règne de Dieu.

Enfin, l’ardeur avec laquelle St. Paul se recommande aux prières des chrétiens de Rome nous montre que les ministres de Jésus-Christ ont un grand besoin d’être assistés par les prières de l’église et que l’un des principaux devoirs des chrétiens est de prier pour leurs conducteurs spirituels, comme c’est aussi le devoir des pasteurs de faire des prières continuelles pour leurs troupeaux. 

CHAPITRE XVI.

Ce chapitre contient : I. Les salutations que Saint Paul fait à divers chrétiens de Rome, tant en son nom qu’au nom des ministres du Seigneur et des fidèles qui étaient à Corinthe avec lui. II. Des exhortations à se donner garde de ceux qui causaient des troubles dans l’église et qui y enseignaient de fausses doctrines. III. Les vœux et les prières que l’Apôtre fait en faveur des Romains. 

1 Je vous recommande notre sœur Phébé, diaconesse de l’Eglise de Cenchrée ;

2 Afin que vous la receviez pour l’amour du Seigneur, et d’une manière digne des saints ; et que vous l’assistiez dans toutes les choses où elle pourrait avoir besoin de vous ; car elle a reçu chez elle plusieurs personnes, et moi en particulier.

3 Saluez Priscille et Aquilas, qui ont travaillé avec moi pour Jésus-Christ,

4 Et qui ont exposé leur vie pour la mienne ; auxquels je ne rends pas grâces moi seul, mais aussi toutes les Eglises des Gentils.

5 Saluez aussi l’Eglise qui est dans leur maison. Saluez Epaïnète qui m’est fort cher, et qui est les prémices de ceux de l’Achaïe qui ont cru en Jésus-Christ.

6 Saluez Marie, qui a pris beaucoup de peine pour nous.

7 Saluez Andronique et Junias, mes parents, qui ont été prisonniers avec moi, qui sont considérables parmi les apôtres, et qui même ont cru en Jésus-Christ avant moi.

8 Saluez Amplias, mon bien-aimé en notre Seigneur.

9 Saluez Urbain, compagnon de nos travaux dans le service de Jésus-Christ, et Stachys, qui m’est très cher.

10 Saluez Appelles, qui est reconnu fidèle à Jésus-Christ. Saluez ceux de la maison d’Aristobule.

11 Saluez Hérodion, mon parent. Saluez ceux de la maison de Narcisse qui croient en notre Seigneur.

12 Saluez Tryphène et Tryphose, qui travaillent pour le Seigneur. Saluez Perside qui m’est très chère, et qui a beaucoup travaillé pour le Seigneur.

13 Saluez Rufus, élu du Seigneur, et sa mère, que je regarde comme la mienne.

14 Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermas, Patrobas, Hermès, et les frères qui sont avec eux.

15 Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, et Olympe, et tous les saints qui sont avec eux.

16 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Les Eglises de Jésus-Christ vous saluent.

17 Au reste, je vous exhorte, mes frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et à vous éloigner d’eux.

18 Car ces sortes de gens ne servent point notre Seigneur Jésus-Christ, mais ils servent leur propre ventre ; et par des paroles douces et flatteuses ils séduisent l’esprit des simples.

19 Votre obéissance est connue de tout le monde ; je m’en réjouis donc à cause de vous, mais je souhaite que vous soyez prudents à l’égard du bien, et simples à l’égard du mal.

20 Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. Amen.

21 Timothée, qui est le compagnon de mes travaux, et Lucius, et Jason, et Sosipater, mes parents, vous saluent.

22 Je vous salue au Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette épître.

23 Gaïus, chez qui je loge, et chez qui toute l’Eglise s’assemble, vous salue. Eraste, le trésorier de la ville, et Quartus, notre frère, vous saluent.

24 La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.

25 A celui qui peut vous affermir dans l’évangile que j’annonce, et que Jésus-Christ a prêché, suivant la révélation qui a été faite du mystère caché pendant plusieurs siècles,

26 mais qui est présentement manifesté par les écrits des prophètes, selon l’ordre du Dieu éternel, et publié à toutes les nations, afin qu’elles obéissent à la foi ;

27 à Dieu seul sage soit rendue la gloire dans tous les siècles, par Jésus-Christ. Amen. 

REFLEXIONS

Il y a deux réflexions à faire sur les salutations qui sont contenue dans ce chapitre :

I. L’une que l’Évangile avait déjà fait alors des progrès considérables à Rome et qu’il y avait dans cette ville-là un bon nombre de personnes qui faisaient profession de la religion chrétienne.

II. L’autre réflexion regarde la charité de St. Paul et l’amour qu’il portait à toute l’église de Rome et particulièrement aux fidèles qui sont ici nommés.

Tel est l’esprit dont les vrais chrétiens sont animés. Ils s’aiment cordialement, ils sont unis étroitement entre eux et ils prient les uns pour les autres quand même ils seraient dans des lieux différents et éloignés. Mais ils chérissent particulièrement les personnes qui se distinguent par leur zèle et par leur piété.

Saint Paul nous enseigne après cela dans ce chapitre comment on doit se conduire envers ceux qui enseignent des erreurs ou qui forment des partis et des sectes dans l’église. C’est qu’il faut se donner garde de ces gens-là, les éviter et se tenir toujours attaché à la pure doctrine de l’Évangile et aux fidèles docteurs qui l’annoncent. Enfin, nous devons joindre nos actions de grâces à celles que Saint Paul rend à Dieu sur la fin de cette épître et le bénir : de ce qu’il a manifesté par Jésus-Christ le mystère de la vocation des Gentils et de la rédemption des hommes qui avait été caché dans les temps précédents et de ce qu’il a fait pour prêcher son Évangile à toutes les nations afin qu’elles obéissent à la foi. À ce grand Dieu seul sage soit la gloire à jamais par Jésus-Christ. Amen !

 Écrite de Corinthe aux Romains, par Phébè, diaconesse de l’Église de Cenchrée.