SECONDE EPITRE DE PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS

ARGUMENT

La seconde épître aux Corinthiens fut écrite environ l’an 56 de notre Seigneur. Le but principal de Saint Paul dans cette épître est de soutenir son ministère contre ceux qui le décriaient parmi les Corinthiens. 

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CHAPITRE I

St. Paul, après la salutation, parle des persécutions qu’il avait souffertes en Asie dans la ville d’Éphèse et dont Dieu l’avait délivré par une espèce de miracle.

Il dit ensuite aux Corinthiens que s’il n’était pas allé les voir comme il le leur avait promis, cela ne venait pas de légèreté ou d’inconstance, ni de défaut d’affection pour eux, mais qu’il avait différé son voyage pour n’être pas obligé de les censurer et de les châtier à cause des désordres qu’il y avait dans leur église. 

1 Paul, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, et Timothée, notre frère, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe.

2 La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ.

3 Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation ;

4 qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation dont Dieu nous console nous-mêmes, nous puissions aussi consoler les autres, dans quelque affliction qu’ils se trouvent.

5 Car, comme les souffrances de Christ abondent en nous, notre consolation abonde aussi par Christ.

6 Ainsi, soit que nous soyons affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut, qui s’avance en souffrant les mêmes maux que nous souffrons aussi ; soit que nous soyons consolés, c’est aussi pour votre consolation et pour votre salut.

7 Et l’espérance que nous avons de vous est ferme, sachant que, comme vous avez part aux souffrances, vous aurez aussi part à la consolation.

8 Car, mes frères, nous ne voulons pas que vous ignoriez l’affliction qui nous est survenue en Asie, et dont nous avons été accablés excessivement, et au-dessus de nos forces, en sorte que nous avons été dans une extrême perplexité, même pour notre vie.

9 Et nous nous regardions nous-mêmes comme étant condamnés à la mort, afin que nous n’eussions point de confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts ;

10 qui nous a délivrés d’un si grand danger de mort, et qui nous en délivre ; et nous avons cette espérance en lui, qu’il nous délivrera encore dans la suite ;

11 étant aussi aidés par vous et par les prières que vous ferez pour nous, afin que, plusieurs personnes ayant contribué à nous faire obtenir cette faveur, plusieurs aussi en rendent grâces pour nous.

12 Car ce qui fait notre gloire, c’est le témoignage que notre conscience nous rend, que nous nous sommes conduits dans le monde, et surtout à votre égard, en simplicité et en sincérité devant Dieu, non point avec une sagesse charnelle, mais avec la grâce de Dieu.

13 Car nous ne vous écrivons rien ici que ce que vous avez lu, et que vous avez reconnu, et j’espère que vous le reconnaîtrez jusqu’à la fin ;

14 de même que vous avez aussi reconnu en quelque sorte que nous sommes votre gloire, comme vous serez aussi la nôtre au jour du Seigneur Jésus.

15 C’est dans cette confiance, et afin que vous reçussiez une double grâce, que j’avais résolu d’aller premièrement vous voir,

16 et de passer chez vous, en allant en Macédoine ; puis, de revenir de Macédoine chez vous, d’où vous m’auriez fait conduire en Judée.

17 Ayant donc eu ce dessein, l’ai-je formé par légèreté, ou les résolutions que je prends, les prends-je selon la chair, de sorte qu’il y ait eu en moi, oui, oui ; et puis, non, non ?

18 Dieu, qui est véritable, m’est témoin qu’il n’y a point eu de oui et de non dans mes paroles.

19 Car Jésus-Christ, le Fils de Dieu, que nous avons prêché parmi vous, moi et Silvain, et Timothée, n’a point été oui et non ; mais il a toujours été oui en lui.

20 Car autant qu’il y a de promesses de Dieu, elles sont oui en lui, et Amen en lui, afin que Dieu soit glorifié par nous.

21 Or, celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu,

22 qui nous a aussi marqués de son sceau, et nous a donné dans nos cœurs les arrhes de son Esprit.

23 Or, je prends Dieu à témoin sur mon âme, que ç’a été pour vous épargner, que je ne suis point encore allé à Corinthe.

24 Non que nous dominions sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie, puisque vous demeurez fermes dans la foi. 

REFLEXIONS

Saint Paul parle dès l’entrée de cette Epitre de ses souffrances aussi bien que de l’assistance et des consolations qu’il avait éprouvées. De là il faut recueillir

I. Que si les fidèles sont quelques fois exposés à de grands dangers et à des afflictions extrêmes, Dieu les console et les fortifie dans cet état et qu’il les en tire heureusement,

II. Que ces afflictions produisent par là des effets très salutaires, non seulement pour la consolation de ceux qui sont affligés, mais aussi pour l’édification de leurs frères, puisque ceux qui ont ainsi souffert sont plus propres à consoler et à encourager ceux qui se trouvent engagés dans quelque affliction que ce soit.

III. Comme Saint Paul souhaitait d’être toujours aidé par les prières des Corinthiens, nous devons aussi reconnaître que les prières mutuelles des fidèles sont un puissant secours pour obtenir de Dieu les délivrances, les consolations et toutes les grâces qui nous sont nécessaires.

La seconde partie de ce chapitre nous fait remarquer deux choses dans la conduite de Saint Paul, savoir :

I. La sincérité avec laquelle il s’était toujours conduit, particulièrement envers les Corinthiens

II. Et en second lieu sa douceur et sa prudence qui paraissent en ce qu’il avait différé d’aller les voir afin de les épargner.

Voilà quel doit être le caractère des ministres du Seigneur. Servant un maître qui est la vérité et la charité même, ils doivent d’un côté fuir tout ce qui sent la légèreté et l’inconstance parlant et agissant toujours avec sincérité et avec candeur afin de se rendre par-là approuvés devant Dieu et devant les hommes et de l’autre épargner les pécheurs autant qu’ils le peuvent, leur donner le temps de se corriger et n’employer la sévérité que lorsque cela est absolument nécessaire et qu’ils ne peuvent s’en dispenser. 

CHAPITRE II

St. Paul dit encore aux Corinthiens que s’avait été pour les épargner et pour n’avoir pas lui-même de la tristesse en les reprenant de leurs désordres qu’il n’était pas allé à Corinthe et il leur ordonne de recevoir à la paix de l’église cet incestueux qui avait été excommunié et dont il leur avait parlé dans l’épitre précédente, mais qui s’était repenti. Il les informe ensuite de quelques voyages qu’il avait faits et il leur parle à cette occasion de l’efficace et des fruits de son ministère. 

1 J’avais donc résolu en moi-même de ne point retourner vers vous pour vous donner de la tristesse.

2 Car si je vous affligeais, qui est-ce qui me donnerait de la joie, sinon celui que j’aurais moi-même affligé ?

3 Et je vous ai écrit ceci, afin que quand je serai arrivé, je ne reçoive pas de la tristesse de ceux qui devraient me donner de la joie ; car j’ai cette confiance en vous tous, que vous faites tous votre joie de la mienne.

4 Je vous écrivis alors, dans une grande affliction et le cœur serré de douleur, avec beaucoup de larmes ; non pour vous affliger, mais pour vous faire connaître l’affection toute particulière que j’ai pour vous.

5 Que si quelqu’un a été cause de cette tristesse, ce n’est pas moi seul qu’il a affligé, mais c’est vous tous en quelque manière ; ce que je dis, pour ne pas vous trop charger.

6 C’est assez pour cet homme-là, d’avoir subi la correction qui lui a été faite par plusieurs ;

7 de sorte que vous devez plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une trop grande tristesse.

8 C’est pourquoi je vous prie de lui donner des preuves de votre charité.

9 C’est pour cela aussi que je vous ai écrit, afin d’éprouver et de connaître si vous êtes obéissants en toutes choses.

10 Celui donc à qui vous pardonnez, je lui pardonne aussi ; car pour moi, si j’ai pardonné, je l’ai fait pour l’amour de vous, en la présence de Christ ;

11 afin que Satan n’ait pas le dessus sur nous ; car nous n’ignorons pas ses desseins.

12 Au reste, étant venu à Troas pour prêcher l’évangile de Christ, quoique le Seigneur m’y eût ouvert une porte,

13 je n’eus point l’esprit en repos, parce que je n’y trouvai pas Tite mon frère ; c’est pourquoi, ayant pris congé d’eux, je vins en Macédoine.

14 Or, grâces à Dieu qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous l’odeur de sa connaissance en tous lieux.

15 Car nous sommes la bonne odeur de Christ devant Dieu, à l’égard de ceux qui sont sauvés et à l’égard de ceux qui périssent ;

16 à ceux-ci, une odeur mortelle, qui leur donne la mort ; et à ceux-là, une odeur vivifiante, qui leur donne la vie. Et qui est suffisant pour ces choses ?

17 Car nous ne falsifions point la parole de Dieu, comme plusieurs font ; mais nous parlons avec sincérité, comme de la part de Dieu, et en la présence de Dieu, en Jésus-Christ.

REFLEXIONS

Saint Paul fait voir dans ce chapitre une extrême tendresse pour les Corinthiens et même beaucoup de charité pour un grand pécheur qu’il avait livré à satan et qui était venu à repentance. Ces sentiments affectueux et pleins de bonté que St. Paul fait paraître doivent servir de modèle aux pasteurs et leur inspirer un tendre amour pour leurs troupeaux et en particulier pour les plus grands pécheurs.

C’est un grand sujet de tristesse pour les ministres du Seigneur lorsqu’ils sont obligés d’user de sévérité et ils n’ont pas de plus grande joie que lorsqu’ils voient les pécheurs revenir de leurs égarements. L’Apôtre, après avoir censuré l’église de Corinthe de ce qu’elle n’avait pas excommunié l’incestueux et après l’avoir excommunié lui-même, il ordonne qu’on le reçoive et qu’on lui pardonne puisqu’il avait profité de ce châtiment.

C’est là le juste tempérament de sévérité et de douceur que les pasteurs doivent observer dans l’exercice de la discipline, ne tolérant pas les pécheurs scandaleux et les retranchant de la communion de l’église et étant aussi toujours prêts à les recevoir avec cordialité et avec joie dès qu’ils s’humilient et que l’on voit en eux des marques suffisantes d’amendement.

Les actions de grâces que Saint Paul rend à Dieu pour les glorieux succès de son ministère sont une preuve de son humilité aussi bien que de son grand zèle.

Les vrais ministres de Jésus-Christ n’ont point de plus grande joie que quand ils peuvent répandre la connaissance de Dieu, mais ils attribuent toujours à Dieu seul et à l’efficace de sa grâce tous les heureux succès qu’ils ont.

III. Les derniers versets de ce chapitre nous apprennent que la prédication de l’Évangile ne produit pas toujours le même effet en toutes sortes de personnes. Elle est aux uns

Une odeur mortelle,

C’est-à-dire une occasion de condamnation puisque rejetant cet Évangile ils deviennent plus méchants et qu’ils aggravent leur peine, mais elle est aux autres

Une odeur vivifiante,

C’est-à-dire un moyen efficace qui les conduit à la vie spirituelle et au salut. 

CHAPITRE III

Saint Paul représente aux Corinthiens que leur conversion à la religion chrétienne était une preuve suffisante de sa vocation et qu’il n’avait pas besoin d’autre recommandation auprès d’eux que du témoignage de leur conscience et des dons du Saint-Esprit desquels ils avaient été enrichis, mais il reconnait en même temps que l’efficace de son ministère venait de Dieu seul.

Il fait voir après cela que le ministère de l’Évangile est beaucoup plus excellent que celui de la loi, puisque celui-ci était imparfait, incapable de donner de la vie et ne devait pas toujours durer, au lieu que celui de l’Évangile est spirituel, vivifiant et éternel. D’où St. Paul conclut que ceux qui s’attachent aux cérémonies et à la loi de Moïse demeuraient dans l’ignorance et dans la misère et qu’il n’y a que ceux qui s’attachent à l’Évangile qui soient véritablement éclairés et qui jouissaient de la liberté et de la gloire des enfants de Dieu. L’Apôtre dit tout cela pour se défendre contre certains docteurs qui lui étaient opposés et qui faisaient paraître un grand zèle pour la loi de Moïse.

1 Commencerons-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes, ou avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation auprès de vous, ou de lettres de recommandation de votre part auprès des autres ?

2 Vous êtes vous-mêmes notre lettre de recommandation, écrite dans nos cœurs, et qui est connue et lue par tous les hommes ;

3 car il est évident que vous êtes la lettre de Christ, qui a été écrite par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont vos cœurs.

4 Or, c’est par Jésus-Christ que nous avons une telle confiance en Dieu.

5 Ce n’est pas que nous soyons capables de penser quelque chose de nous-mêmes comme de nous-mêmes ; mais notre capacité vient de Dieu,

6 qui nous a aussi rendus capables d’être ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie.

7 Que si le ministère de mort, qui a été écrit et gravé sur des pierres, a été si glorieux que les enfants d’Israël ne pouvaient regarder fixement le visage de Moïse, à cause de l’éclat de son visage, bien que cet éclat dût s’évanouir ;

8 combien le ministère de l’Esprit ne sera-t-il pas plus glorieux ?

9 Car, si le ministère de condamnation a été glorieux, le ministère de la justice le surpasse de beaucoup en gloire.

10 Et même, ce premier ministère, qui a été si glorieux, ne l’a point été en comparaison du second, qui le surpasse de beaucoup en gloire.

11 Car, si ce qui devait prendre fin a été glorieux, ce qui doit toujours subsister l’est bien davantage.

12 Ayant donc une telle espérance, nous parlons avec une grande liberté.

13 Et nous ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, afin que les enfants d’Israël ne vissent point la fin d’un éclat qui devait disparaître.

14 Mais leurs esprits ont été endurcis jusqu’à présent, parce que ce voile, qui n’est ôté que par Jésus-Christ, demeure lorsqu’on lit le Vieux Testament.

15 Et ce voile demeure même jusqu’à aujourd’hui sur leur cœur, lorsqu’on leur lit Moïse.

16 Mais quand ils se convertiront au Seigneur, le voile sera ôté.

17 Or, le Seigneur est cet Esprit-là ; et où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.

18 Ainsi nous tous qui contemplons comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, à visage découvert, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur.

 REFLEXIONS

Ce chapitre nous enseigne :

I. Que ce qui fait la véritable gloire les ministres de Jésus-Christ et ce qui les rend recommandables devant Dieu et devant les hommes, ce sont les fruits de leur prédication et la part qu’ils ont à l’amour et à l’affection des chrétiens.

II. Qu’ils ne doivent point présumer d’eux-mêmes, ni s’attribuer les succès de leur ministère, mais que l’honneur en est dû à Dieu seul.

III. Que l’Évangile est beaucoup plus excellent que la loi et le ministère de cet Évangile infiniment plus glorieux que celui de Moïse, puisque la doctrine chrétienne nous donne une connaissance bien plus parfaite de la volonté de Dieu par Jésus-Christ et qu’elle nous fait avoir part à la vraie liberté et à la gloire du Seigneur lui-même en nous sanctifiant et en produisant en nous une ferme et glorieuse espérance de l’immortalité. D’où il s’en suit que s’il y a des personnes qui ne croient pas, cela vient de leur aveuglement volontaire, qu’il faut estimer cet Évangile par-dessus toutes choses et que tant ceux qui l’annoncent que ceux qui en font profession doivent le faire avec sincérité, ouvertement et sans en avoir honte, ainsi que Saint Paul le fera voir dans le chapitre suivant.

CHAPITRE IV

L’Apôtre continue à parler du courage et de la sincérité avec laquelle il avait annoncé la doctrine de l’Évangile, mais il remarque qu’il y avait des incrédules qui rejetaient cette doctrine et qui fermaient volontairement les yeux à cette divine lumière qui devait les éclairer.

Il dit ensuite que, lui et les autres ministres de Jésus-Christ étant des hommes faibles, l’efficace de leur prédication ne venait point d’eux-mêmes, mais elle ne procédait que de Dieu. Il parle des persécutions et des maux extrêmes dont il était accablé et il dit que la foi en Jésus-Christ, l’espérance de la résurrection et l’attente ferme de la gloire éternelle faisaient qu’il ne perdait point courage, mais qu’il souffrait tous ces maux avec constance et même avec joie. 

1 C’est pourquoi, ayant ce ministère par la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons point courage ;

2 mais nous avons rejeté loin de nous les choses honteuses qu’on cache ; ne nous conduisant point avec artifice, et n’altérant point la parole de Dieu, mais nous rendant recommandables à la conscience de tous les hommes devant Dieu, par la manifestation de la vérité.

3 Que si notre évangile est encore couvert, il est couvert à ceux qui périssent,

4 savoir, aux incrédules, dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l’esprit, afin qu’ils ne fussent pas éclairés par la lumière du glorieux évangile de Christ, qui est l’image de Dieu.

5 Car nous ne nous prêchons point nous-mêmes, mais nous prêchons Jésus-Christ, le Seigneur ; et pour nous, nous sommes vos serviteurs, pour l’amour de Jésus.

6 Car Dieu, qui a dit que la lumière sortît des ténèbres, a répandu sa lumière dans nos cœurs, afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu, en la présence de Jésus-Christ.

7 Mais nous avons ce trésor dans des vaisseaux de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous.

8 Nous sommes pressés de toutes les manières, mais nous ne sommes pas réduits à l’extrémité ; nous sommes en perplexité, mais nous ne sommes pas sans espérance ;

9 nous sommes persécutés, mais nous ne sommes pas abandonnés ; nous sommes abattus, mais nous ne sommes pas entièrement perdus ;

10 nous portons toujours, partout, dans notre corps, la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps.

11 Car, tandis que nous vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle ;

12 de sorte que la mort agit en nous, et la vie en vous.

13 Et comme nous avons un même esprit de foi, selon qu’il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ; nous croyons aussi, et c’est pour cela que nous parlons ;

14 étant persuadés que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi par Jésus, et nous fera paraître en sa présence avec vous.

15 Car toutes choses sont pour vous, afin que cette grâce se répandant de tous côtés, elle abonde à la gloire de Dieu, par les actions de grâces que plusieurs lui en rendront.

16 C’est pourquoi nous ne perdons point courage ; mais si notre homme extérieur se détruit, l’intérieur se renouvelle de jour en jour ;

17 car notre légère affliction du temps présent produit en nous le poids éternel d’une gloire infiniment excellente ;

18 ainsi, nous ne regardons point aux choses visibles, mais aux invisibles ; car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles.

REFLEXIONS

Les réflexions que l’on doit faire ici sont :

I. Que les ministres de Jésus-Christ doivent fuir la dissimulation, s’éloigner de tout artifice et de tout déguisement et parler toujours franchement et sincèrement comme en la présence de Dieu, cherchant uniquement à manifester la vérité dans la conscience de tous les hommes.

II. Que s’il se trouve des gens qui ne soient pas éclairés et sanctifiés par la lumière de l’Évangile et qui demeurent dans l’incrédulité, cela n’arrive que par leur faute et parce qu’ils sont aveuglés par l’amour du monde.

III. Que les serviteurs de Dieu et tous les chrétiens doivent supporter avec courage les afflictions les plus rudes, surtout lorsqu’elles servent à l’édification de l’église, puisqu’ils savent qu’après avoir eu part aux souffrances de Jésus-Christ, ils auront part à sa résurrection, à sa vie et à sa gloire.

IV. Que les afflictions de cette vie ne peuvent nuire qu’au corps, mais qu’elles donnent à l’âme une nouvelle force et une nouvelle vie, qu’elles sont avec cela légères et d’une courte durée et qu’enfin elles produisent en nous une gloire infiniment excellente. Mais pour en tirer ces avantages et pour ne se point laisser abattre, il faut juger des afflictions par les lumières de la foi en regardant non pas aux choses visibles qui ne sont que pour un temps, mais aux choses invisibles qui sont éternelles. 

CHAPITRE V

L’Apôtre continuant le discours qu’il avait commencé touchant les afflictions qu’il endurait et la consolation que lui donnait l’espérance de la résurrection et d’une meilleure vie, parle du bonheur dont les fidèles jouiront après leur mort et il dit que la considération de ce bonheur, aussi bien que celle du jugement dernier, faisait qu’il désirait avec ardeur de sortir de ce monde pour être avec le Seigneur et que dans cette attente, il souffrait courageusement les afflictions et travaillait à se rendre agréable à Dieu en s’acquittant fidèlement de son devoir.

Il revient après cela à parler de son ministère et il dit qu’il n’avait d’autre but que d’amener les hommes à la foi et que ce n’était que par là qu’il prétendait soutenir la gloire de son Apostolat contre ses adversaires. Il ajoute que la charité de Jésus-Christ, qui est mort pour tous les hommes, le pressait fortement à ne vivre que pour l’édification des fidèles.

Enfin il déclare qu’il n’avait aucun égard aux choses extérieures, tels qu’étaient les avantages que les Juifs avaient eu par-dessus les païens et dont ils se glorifiaient et que comme Dieu avait réuni ces deux peuples en se réconciliant tous les hommes par Jésus-Christ, il ne se proposait d’autre but dans les fonctions de sa charge que de conduire tous les hommes à Dieu et de les rendre de nouvelles créatures.

 1 Car nous savons que si notre demeure terrestre dans cette tente est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui vient de Dieu, une maison éternelle, qui n’a point été faite par la main des hommes.

2 Et c’est à cause de cela que nous gémissons, désirant avec ardeur d’être revêtus de notre demeure céleste ;

3 si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus.

4 Car nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons comme sous un poids, parce que nous souhaitons, non d’être dépouillés, mais d’être revêtus, afin que ce qu’il y a de mortel soit absorbé par la vie.

5 Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a aussi donné pour arrhes son Esprit.

6 Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons que pendant que nous habitons dans ce corps, nous sommes éloignés du Seigneur.

7 Car c’est par la foi que nous marchons et non par la vue.

8 Mais nous sommes remplis de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps, pour être avec le Seigneur.

9 C’est pourquoi aussi, nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous en sortions.

10 Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son propre corps.

11 Sachant donc quelle est la crainte qu’on doit avoir du Seigneur, nous tâchons d’en persuader les hommes ; et Dieu nous connaît, et je crois que vous nous connaissez aussi dans vos consciences.

12 Nous disons ceci, non pour nous faire valoir auprès de vous, mais pour vous donner occasion de vous glorifier à notre sujet, afin que vous puissiez répondre à ceux qui se glorifient de ce qui est extérieur, et non pas de ce qui est dans le cœur.

13 Car, soit que nous soyons ravis en extase, c’est pour Dieu ; soit que nous soyons de sens rassis, c’est pour vous.

14 Car la charité de Christ nous presse, étant persuadés que si un est mort pour tous, tous donc sont morts ;

15 et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.

16 C’est pourquoi, dès maintenant, nous ne connaissons plus personne selon la chair ; même si nous avons connu Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus de cette manière.

17 Si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.

18 Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ, et qui nous a confié le ministère de cette réconciliation.

19 Car Dieu a reconcilié le monde avec soi-même, par Christ, en n’imputant point aux hommes leurs péchés ; et il a mis en nous la parole de la réconciliation.

20 Nous faisons donc la fonction d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; et nous vous supplions au nom de Christ, que vous soyez réconciliés avec Dieu.

21 Car celui qui n’avait point connu le péché, il l’a traité, à cause de nous, comme un pécheur, afin que nous devinssions justes devant Dieu par lui. 

REFLEXIONS

Ce chapitre contient des instructions très consolantes et très salutaires :

Nous y voyons premièrement que les fidèles savent et croient avec une pleine certitude que si leur corps est détruit par la mort, il y a pour eux un autre état plus heureux et une gloire éternelle qui les attend et que lorsqu’ils ont quitté ce corps, ils sont avec le Seigneur. C’est cette douce et glorieuse espérance qui les soutient dans leurs afflictions et dans leurs combats et qui les anime continuellement à une vie sainte.

II. Saint Paul nous enseigne dans ce chapitre : qu’il y a un jugement où nous devons tous paraître et où chacun recevra selon le bien ou le mal qu’il aura fait et il marque quel est l’usage qu’il faut faire de cette doctrine : c’est de vivre dans la crainte du Seigneur, de s’étudier à lui être agréable en tout temps et d’inspirer les mêmes sentiments aux autres hommes. L’Apôtre nous propose un autre motif bien pressant à nous acquitter de ces justes devoirs lorsqu’il dit que la grande charité que Jésus-Christ nous a marquée en mourant pour notre salut nous presse très fortement, si nous l’avons bien sentie, à ne vivre plus pour nous-mêmes et à employer toute notre vie pour l’édification de nos frères et pour la gloire de celui qui est mort et ressuscité pour nous.

III. Enfin, puisque le but du ministère de l’Évangile a été, comme St. Paul nous l’apprend ici, de rendre les hommes de nouvelles créatures et de les réconcilier avec Dieu par Jésus-Christ, tous ceux qui prétendent être chrétiens doivent faire un très grand cas de cet Évangile, profiter avec empressement de ce moyen que Dieu leur présente pour être réconciliés avec lui et travailler à se détacher de plus en plus du monde et des choses sensibles pour devenir des hommes nouveaux par la régénération et par une étude constante de la sainteté.

CHAPITRE VI

Ce chapitre a deux parties :

I. L’Apôtre dit qu’il s’était attaché à s’acquitter de son ministère avec intégrité, avec zèle, avec charité et avec patience, et cela au milieu des afflictions et des opprobres par où il est passé et il conjure les Corinthiens de répondre de leur côté à ce grand zèle et à cet amour ardent dont il était animé en leur faveur.

II. Il les exhorte à imiter son zèle et sa sincérité en faisant une profession pure du christianisme et il leur recommande surtout de n’avoir aucun commerce avec les idolâtres, soit en s’unissant avec eux par le mariage, soit en assistant à leur culte et à leurs fêtes et de s’adonner à la pureté du corps et de l’esprit.

 1 Puis donc que nous travaillons avec le Seigneur, nous vous prions que ce ne soit pas en vain que vous ayez reçu la grâce de Dieu.

2 Car il est dit : Je t’ai exaucé dans le temps favorable, et je t’ai secouru au jour du salut. Voici maintenant ce temps favorable ; voici maintenant ce jour du salut.

3 Nous ne donnons aucun scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit point blâmé.

4 Mais nous nous rendons recommandables en toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande patience dans les afflictions, dans les douleurs, dans les maux extrêmes ;

5 Dans les blessures, dans les prisons, au milieu des séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes ;

6 par la pureté, par la connaissance, par un esprit patient, par la douceur, par le Saint-Esprit, par une charité sincère ;

7 par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de la justice, comme de celles que l’on tient de la droite et de la gauche ;

8 parmi l’honneur et l’ignominie ; parmi la mauvaise et la bonne réputation ;

9 étant regardés comme des séducteurs, quoique nous soyons connus, comme mourants, et cependant nous vivons encore ; comme châtiés, mais nous n’en mourons pas ;

10 comme affligés, et cependant toujours dans la joie ; comme pauvres, et cependant enrichissant plusieurs ; comme n’ayant rien, et cependant possédant toutes choses.

11 Ô Corinthiens ! notre bouche s’est ouverte pour vous, notre cœur s’est élargi.

12 Vous n’êtes point à l’étroit au dedans de nous ; mais vos entrailles se sont rétrécies pour nous.

13 Or, pour nous rendre la pareille (je vous parle comme à mes enfants), élargissez aussi votre cœur.

14 Ne vous unissez point avec les infidèles ; car qu’y a-t-il de commun entre la justice et l’iniquité ? et quelle union y a-t-il entre la lumière et les ténèbres ?

15 Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou qu’est-ce que le fidèle a de commun avec l’infidèle ?

16 Et quel rapport y a-t-il du temple de Dieu avec les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.

17 C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et vous en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez point à ce qui est impur, et je vous recevrai ;

18 je serai votre père, et vous serez mes fils et mes filles, dit le Seigneur tout-puissant.

REFLEXIONS

Nous trouvons dans ce chapitre une description remarquable des vertus qui doivent se rencontrer dans les ministres de l’Évangile.

I. St. Paul leur apprend, par son exemple, à s’acquitter fidèlement de leur charge, à se conduire d’une manière qu’ils ne donnent aucun scandale et que leur ministère ne soit pas déshonoré et à se rendre recommandables par la pureté de leur vie, par une profession franche et ouverte de la vérité, par une charité parfaite, par la douceur, par l’humilité et par la patience dans les afflictions. Ce sont là les vertus qui font la gloire des ministres du Seigneur et qui donnent une grande efficace à l’Évangile qu’ils annoncent.

II. On voit ici en second lieu que, si les pasteurs doivent être entièrement dévoués à l’église et animés d’un amour tendre pour leurs troupeaux, les troupeaux doivent leur rendre la pareille et les aimer aussi tendrement au Seigneur.

III. Comme St. Paul défendait aux Corinthiens de se mêler avec les idolâtres, il n’est pas permis non plus aux chrétiens de s’unir avec les hommes charnels et de joindre à la profession de l’Évangile une vie mondaine. Il n’y peut avoir à cet égard aucun accord de la justice avec l’iniquité, ni de la lumière avec les ténèbres. Ainsi, nous devons fuir le commerce des mondains, nous séparer d’eux afin de ne point participer à leurs péchés et travailler à nous purifier de toutes souillures du corps et de l’esprit et à achever notre sanctification dans la crainte de Dieu. C’est à quoi nous engage la considération des grandes et excellentes promesses que le Seigneur nous a faites d’être notre Dieu et notre Père et de nous regarder comme son peuple, ses enfants et ses héritiers. 

CHAPITRE VII

St. Paul exhorte les Corinthiens à avoir pour lui la même affection dont il était rempli pour eux. Il leur marque combien il avait été réjoui d’apprendre par Tite l’effet que l’épître qu’il leur avait écrite avait produit sur eux par rapport à l’incestueux qu’il y avait dans leur église, ce qui lui donne l’occasion de parler de la nature et des effets de la vraie repentance. 

1 Ayant donc, mes bien-aimés, de telles promesses, nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu.

2 Recevez-nous, nous n’avons fait tort à personne ; nous n’avons corrompu personne ; nous n’avons trompé personne.

3 Je ne dis pas ceci pour vous condamner ; car j’ai dit ci-devant que vous êtes dans nos cœurs, pour mourir et pour vivre ensemble.

4 Je vous parle avec beaucoup de confiance ; j’ai tout sujet de me glorifier de vous ; je suis rempli de consolation ; je suis comblé de joie dans toutes nos afflictions.

5 Car, depuis que nous sommes arrivés en Macédoine, nous n’avons eu aucun repos, mais nous avons été affligés en toutes manières, ayant eu des combats au dehors, et des craintes au dedans.

6 Mais Dieu, qui console ceux qui sont abattus, nous a consolés par l’arrivée de Tite ;

7 et non-seulement par son arrivée, mais aussi par la consolation qu’il a reçue de vous, nous ayant raconté votre grand désir, vos larmes, votre zèle pour moi ; en sorte que ma joie en a été augmentée.

8 Car quoique je vous aie contristés par ma lettre, je ne m’en repens plus, bien que je m’en fusse d’abord repenti, parce que je vois que cette lettre ne vous a donné de la tristesse que pour un peu de temps.

9 Présentement je me réjouis, non de ce que vous avez été contristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la repentance ; car vous avez été contristés selon Dieu, en sorte que vous n’avez reçu de notre part aucun préjudice.

10 Car la tristesse qui est selon Dieu produit une repentance qui conduit au salut, et dont on ne se repent jamais ; au lieu que la tristesse du monde produit la mort.

11 En effet, cette tristesse que vous avez eue selon Dieu, quel empressement n’a-t-elle pas produit en vous ? Quelles excuses, quelle indignation, quelle crainte, quel désir, quel zèle, quelle punition ? Vous avez montré à tous égards que vous étiez purs dans cette affaire.

12 Ainsi, quand je vous ai écrit, ce n’a pas été seulement à cause de celui qui a fait l’injure, ni à cause de celui à qui elle a été faite, mais pour vous faire connaître à tous le soin que nous prenons de vous devant Dieu.

13 C’est pourquoi votre consolation nous a consolés ; mais nous avons eu encore plus de joie de celle que vous avez donnée à Tite, en réjouissant son esprit ;

14 et si je me suis glorifié de vous devant lui en quelque chose, je n’en ai point eu de confusion ; mais comme nous avons toujours parlé selon la vérité, aussi ce que nous avons dit à Tite, en nous glorifiant de vous, s’est trouvé véritable.

15 Aussi quand il se souvient de l’obéissance que vous lui avez tous rendue, et comment vous l’avez reçu avec crainte et respect, son affection pour vous en devient plus grande.

16 Je me réjouis donc de ce qu’en toutes choses je puis me confier en vous. 

REFLEXIONS

Il faut faire sur ce chapitre les considérations suivantes :

I. La première, qu’il doit y avoir entre les pasteurs et les troupeaux une grande affection et une tendresse réciproque telle qu’était celle que St. Paul avait pour les Corinthiens et qu’il souhaitait qu’ils eussent aussi pour lui.

II La manière dont les Corinthiens avaient reçu Tite et l’effet que les censures de Saint Paul avaient produites sur eux nous enseignent que les églises doivent recevoir avec amour et avec confiance les fidèles ministres du Seigneur et se soumettre à leurs corrections et à leurs remontrances.

III. La grande joie dont Saint Paul fut rempli lorsque Tite l’eut informé de l’heureux état de l’église de Corinthe montre que la plus douce satisfaction que les pasteurs puissent goûter est de voir le fruit de leur ministère et les marques de l’affection de leurs troupeaux. IV. Enfin, ce chapitre nous instruit sur la nature de la vraie repentance. St. Paul dit qu’il y a une tristesse selon le monde, c’est celle qui ne nait que de l’amour du monde et les considérations temporelles et qui n’est suivie d’aucun changement salutaire, cette tristesse ne produit que la mort, au lieu que la tristesse selon Dieu est suivie d’une paix et d’une consolation très douce et qu’elle produit des effets tout à fait avantageux, puisqu’elle remplit ceux qui en sont touchés d’une vive douleur et d’une juste indignation contre eux-mêmes, qu’elle leur inspire de la crainte et du zèle et qu’elle les porte à réparer par tous les moyens possibles le mal qu’ils ont faits. 

CHAPITRE VIII

L’Apôtre informe les Corinthiens de la libéralité que les églises de Macédoine avaient exercée dans une collecte qu’on faisait en faveur des églises de la Judée. Il les exhorte à imiter cet exemple et à achever cette collecte qui avait commencé l’année précédente et il leur dit qu’il leur envoyait pour cela Tite et une autre personne qui était apparemment Saint Luc. 

1 Au reste, mes frères, nous voulons que vous sachiez la grâce que Dieu a faite aux Eglises de Macédoine ;

2 C’est qu’ayant été éprouvés par plusieurs afflictions, ils ont été remplis de joie, et que dans leur profonde pauvreté, ils ont répandu avec abondance les richesses de leur libéralité.

3 Car je leur rends ce témoignage, qu’ils ont donné volontairement, selon leur pouvoir, et même au-delà de leur pouvoir,

4 Nous priant très instamment de recevoir les aumônes et la contribution qu’ils avaient faites pour les saints.

5 Et ils n’ont pas seulement fait ce que nous avions espéré d’eux, mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, et ensuite à nous, selon la volonté de Dieu ;

6 ce qui nous a fait prier Tite, que comme il avait commencé parmi vous cette œuvre de charité, il allât l’achever.

7 C’est pourquoi, comme vous abondez en toutes choses, dans la foi, dans la parole, dans la connaissance, en toutes sortes de soins, et dans l’amour que vous avez pour nous, faites-en sorte que vous abondiez aussi dans cette œuvre de charité.

8 Je ne le dis point par commandement, mais je le dis pour éprouver par l’empressement des autres la sincérité de votre charité.

9 Car vous savez quelle a été la charité de notre Seigneur Jésus-Christ qui, étant riche, s’est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches.

10 C’est donc un conseil que je vous donne sur cette affaire, car cela vous convient, à vous qui non-seulement avez commencé de le faire, mais qui en aviez eu le dessein dès l’année précédente.

11 Achevez donc maintenant ce que vous avez commencé, afin que comme la promptitude de la bonne volonté y a été, vous l’exécutiez aussi selon vos moyens.

12 Car, pourvu que la promptitude de la bonne volonté y soit, on est agréable à Dieu, selon ce qu’on a, et non selon ce qu’on n’a pas.

13 Je ne veux pas que pour soulager les autres, vous soyez surchargés ; mais je veux qu’il y ait de l’égalité.

14 Que votre abondance supplée donc présentement à leur indigence, afin que leur abondance supplée aussi à votre indigence, et qu’ainsi il y ait de l’égalité,

15 selon qu’il est écrit : Celui qui avait recueilli beaucoup de manne, n’en profitait pas davantage, et celui qui en avait recueilli peu, n’en manquait pas.

16 Je rends grâces à Dieu de ce qu’il a mis la même affection pour vous dans le cœur de Tite ;

17 de ce qu’il a reçu agréablement mon exhortation, et de ce qu’il est parti, avec un plus grand empressement et de son bon gré, pour aller vous voir.

18 Nous avons aussi envoyé avec lui ce frère qui s’est rendu célèbre dans toutes les Eglises par l’Evangile ;

19 et non-seulement cela ; mais il a été choisi, par les suffrages des Eglises, pour nous accompagner dans le voyage, et pour porter les aumônes que nous administrons à la gloire du Seigneur même, et afin de répondre à l’ardeur de votre zèle.

20 Nous l’avons fait, pour n’être point blâmés dans l’administration qui nous est confiée de ces aumônes abondantes ;

21 ayant soin de faire ce qui est bon, non-seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes.

22 Nous avons aussi envoyé avec eux un de nos frères, dont nous avons éprouvé l’affection en plusieurs rencontres, et qui en aura encore plus en celle-ci, à cause de la grande confiance qu’il a en vous.

23 Pour ce qui est de Tite, il est mon compagnon, et il travaille avec moi pour vous ; et à l’égard de nos autres frères qui l’accompagnent, ils sont les envoyés des Eglises, et la gloire de Christ.

24 Donnez-leur donc, en présence des Eglises, des preuves de votre charité, et faites voir que c’est avec sujet que nous nous glorifions de vous. 

REFLEXIONS

Ce chapitre contient diverses instructions sur l’aumône.

I. La première est que les chrétiens sont obligés d’exercer la charité toutes les fois que l’occasion s’en présente et qu’ils peuvent le faire, surtout quand il s’agit d’assister leurs frères. St. Paul dit sur ce sujet que les personnes qui se sont données elles-mêmes à Dieu et qui ont bien connu et bien senti la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ s’acquittent toujours avec plaisir de ce devoir.

II. L’exemple de la grande charité et du zèle des églises de Macédoine que St. Paul propose aux Corinthiens fait voir que ceux qui exercent la charité font un très grand bien, puisqu’ils ne soulagent pas seulement les nécessiteux, mais qu’outre cela ils sont en bon exemple à toute l’église et qu’ils incitent les autres à les imiter.

III. La troisième instruction est que, dans les œuvres de la charité, Dieu a surtout égard à la promptitude et à la bonne volonté avec laquelle on donne.

IV. La quatrième que la charité doit être faite dans une juste proportion, en sorte que chacun contribue selon son pouvoir et que les uns ne soient pas plus chargés que les autres. Il paraît aussi de ce que St. Paul dit sur ce sujet qu’il est juste que ceux qui ont été assistés assistent les autres à leur tour.

V. Enfin, les grandes précautions que St. Paul apportait dans la distribution des collectes pour que personne ne pût le blâmer et le soin qu’il avait de les faire remettre à des gens fidèles et approuvées montrent qu’il faut administrer la charité avec une grande intégrité et beaucoup de prudence et que ceux qui ont les aumônes des fidèles entre les mains doivent les dispenser d’une manière qu’ils ne donnent lieu à aucun reproche, ni même, s’il se peut, à aucun soupçon.

CHAPITRE IX

St. Paul continue à exhorter les Corinthiens à assister les églises de la Judée et à le faire libéralement et volontairement. Et pour les engager à ce devoir, il leur propose la bénédiction que les personnes charitables ont à attendre de Dieu et les bons effets que l’exercice de la charité produit pour la gloire de Dieu et pour l’édification de l’église. 

1 Il serait superflu de vous écrire plus au long, au sujet de l’assistance qu’on destine aux saints.

2 Car je sais quelle est la promptitude de votre affection ; ce qui me donne sujet de me louer de vous auprès des Macédoniens, à qui j’ai dit que l’Achaïe est toute prête dès l’année passée ; en sorte que votre zèle a excité celui de plusieurs.

3 Cependant, je vous ai envoyé nos frères, afin qu’il paraisse que ce n’est pas sans sujet que je me suis glorifié de vous à cet égard, et que vous soyez prêts, comme j’ai dit que vous l’étiez ;

4 de peur que, si les Macédoniens qui viendront avec moi ne vous trouvaient pas prêts, cela ne tournât à notre confusion, pour ne pas dire à la vôtre, après nous être loués de vous avec tant de confiance.

5 C’est pourquoi j’ai cru qu’il était nécessaire de prier nos frères de vous aller trouver avant moi, et d’achever de préparer la libéralité que vous avez promise, afin qu’elle soit prête comme une libéralité, et non comme un fruit de l’avarice.

6 Au reste, je vous avertis que celui qui sème peu moissonnera peu, et que celui qui sème abondamment moissonnera abondamment.

7 Que chacun donne selon qu’il l’a résolu en son cœur, non à regret, ni par contrainte ; car Dieu aime celui qui donne gaiement.

8 Et Dieu est tout-puissant pour vous combler de toutes sortes de grâces, afin qu’ayant toujours tout ce qui vous est nécessaire, vous ayez abondamment de quoi faire toutes sortes de bonnes œuvres ;

9 selon qu’il est écrit : Il a répandu, il a donné aux pauvres ; sa justice demeure éternellement.

10 Que celui donc qui fournit la semence au semeur, veuille aussi vous donner du pain pour manger et multiplier ce que vous avez semé, et augmenter les fruits de votre justice ;

11 afin que vous soyez enrichis en toute manière, pour faire toutes sortes de libéralités, et qu’ainsi nous ayons sujet de rendre des actions de grâces à Dieu.

12 Car l’administration de cette offrande ne pourvoira pas seulement aux besoins des saints, mais elle abondera aussi par les actions de grâces que plusieurs rendront à Dieu ;

13 A la vue des preuves de votre assistance envers les Saints, ils glorifieront Dieu, de la soumission que vous faites profession d’avoir pour l’évangile de Christ, et de la libéralité sincère dont vous usez envers eux, et envers tous les autres ;

14 et ils prieront pour vous, vous aimant affectueusement, à cause de l’excellente grâce que Dieu vous a faite.

15 Or, grâces soient rendues à Dieu de son don ineffable. 

REFLEXIONS

Ce chapitre traite de l’aumône et de la charité, de même que le précédent et Paul y marque particulièrement trois choses sur ce sujet, savoir la manière dont on doit faire la charité, la récompense des gens charitables et les bons effets que la charité produit.

I. Sur la manière, St. Paul dit que pour plaire à Dieu il faut donner autant qu’on le peut, avec abondance, avec joie et de bon cœur, parce que : Dieu aime celui qui donne gaiement.

II. Les promesses qu’il fait aux Corinthiens ne nous permettent pas de douter que Dieu ne récompense les personnes bienfaisantes et charitables, même par des bénédictions temporelles en multipliant leurs biens, en sorte qu’elles ont toujours, non seulement ce qui leur est nécessaire, mais aussi de quoi assister ceux qui sont dans l’indigence.

III. Nous devons bien considérer les bons effets que la charité produit, elle réjouit les Saints, elle console les affligés et les engage à louer Dieu, elle édifie l’église, elle fait que plusieurs, voyant la libéralité des fidèles, glorifient le Saint nom de Dieu, prient pour les personnes charitables et sont portées à les imiter, ce qui tourne à un plus grand avancement de la religion et de la piété.

Ces considérations doivent inciter fortement tous les chrétiens à la charité et c’est particulièrement à ceux à qui Dieu a donné du bien de profiter de ce que Saint Paul dit dans ce chapitre et dans le précédent.

CHAPITRE X

La vue de St. Paul dans ce chapitre et dans les suivants est de se défendre contre ceux qui tâchaient de diminuer son autorité parmi les Corinthiens et de le rendre méprisable. C’est dans ce dessein qu’il parle premièrement de la puissance spirituelle que Dieu lui avait donnée et de l’usage qu’il en faisait pour l’édification de l’église. Ensuite il dit qu’il n’était point rempli d’orgueil comme ceux qui parlaient mal de lui, qu’il ne prétendait point s’ingérer dans les travaux des autres, ni de s’attribuer la gloire, mais qu’il se contentait de la mesure de la grâce que Dieu lui avait départie et qu’au reste il espérait que, comme il avait annoncé le premier l’Évangile à Corinthe, il irait encore le prêcher dans des lieux plus éloignés où il n’avait pas encore été annoncé.

1 Au reste, je vous prie, moi Paul, par la douceur et par la bonté de Christ, moi, qui parais méprisable quand je suis avec vous, mais qui suis plein de hardiesse envers vous, quand je suis absent.

2 Je vous prie, dis-je, que quand je serai présent, je ne sois pas obligé de me servir avec confiance de cette hardiesse, avec laquelle j’ai dessein d’agir contre certaines personnes qui nous regardent comme si nous nous conduisions selon la chair.

3 Car, quoique nous vivions dans la chair, nous ne combattons point selon la chair.

4 Et les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes par la vertu de Dieu pour renverser les forteresses,

5 et détruire tous les conseils et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et pour amener captives toutes les pensées, et les soumettre à l’obéissance de Christ ;

6 étant prêts à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance aura été accomplie.

7 Regardez-vous les choses selon l’apparence ? Si quelqu’un se persuade qu’il appartient à Christ, qu’il pense aussi en lui-même, que comme il appartient à Christ, nous lui appartenons aussi.

8 Et quand même je me glorifierais de quelque chose de plus, à cause de la puissance que le Seigneur nous a donnée pour l’édification, et non pour votre destruction, je n’en recevrais point de confusion,

9 afin qu’on ne croit pas que je veuille vous intimider par mes lettres.

10 Car ses lettres, dit-on, sont à la vérité graves et fortes ; mais la présence de son corps est faible, et sa parole est méprisable.

11 Que celui qui parle ainsi, considère que tels que nous sommes en paroles, dans nos lettres, étant absents, tels aussi nous sommes par nos actions, étant présents.

12 Car nous n’oserions nous mettre au rang de certaines personnes, qui se louent eux-mêmes, ni nous comparer à eux. Mais ils ne considèrent pas qu’ils se mesurent eux-mêmes par eux-mêmes, et qu’ils se comparent eux-mêmes avec eux-mêmes.

13 Mais, pour nous, nous ne nous glorifions point outre mesure ; mais nous nous glorifions de ce que, selon la mesure du partage que Dieu nous a assigné, nous sommes parvenus jusqu’à vous.

14 Car nous ne nous étendons pas plus que nous ne devons, comme si nous n’étions pas parvenus jusqu’à vous, puisque nous y sommes parvenus en prêchant l’évangile de Christ.

15 Nous ne nous glorifions point outre mesure, c’est-à-dire, dans le travail des autres ; mais nous espérons que votre foi étant augmentée, nous nous étendrons beaucoup plus loin, selon le partage qui nous est assigné,

16 en prêchant l’évangile dans les pays qui sont au-delà du vôtre, sans nous glorifier de ce qui a déjà été fait dans le partage des autres.

17 Que celui donc qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.

18 Car ce n’est pas celui qui se recommande soi-même, qui est approuvé, mais c’est celui que le Seigneur recommande.

REFLEXIONS

Le soin que Saint Paul prend de se justifier et de se défendre contre ceux qui le blâmaient et ce qu’il dit de son autorité et de la puissance spirituelle que Dieu lui avait donnée fait voir qu’on peut soutenir son innocence, pourvu qu’on le fasse avec modération et dans de bonnes vues.

Cela montre en particulier que bien que les serviteurs de Dieu doivent être entièrement éloignés de l’orgueil, il leur est pourtant permis et qu’ils y sont même obligés de soutenir l’honneur de leur ministère et de se servir de l’autorité qu’ils ont reçue de Jésus-Christ, conformément à ses intentions, résistant avec fermeté à tous ceux qui veulent empêcher l’édification de l’église et se proposant pour but, non leur propre gloire ou leurs intérêts, mais d’avancer le règne de Dieu, de détruire tout ce qui s’oppose  à sa connaissance et d’amener les pensées des hommes à l’obéissance de Jésus-Christ.

Cela nous apprend aussi que les chrétiens doivent avoir leurs pasteurs en révérence et se soumettre à eux puisque leur charge vient aussi de Jésus-Christ et que, quoi qu’ils soient inférieurs aux apôtres, le Seigneur les a établis pour conduire son église.

Enfin, la manière dont Saint Paul parle de lui-même et les réflexions qu’il fait sur l’orgueil de ces docteurs qui lui étaient opposés nous doit faire reconnaître que l’humilité est le caractère des vrais ministres de Jésus-Christ, qu’ils doivent se renfermer dans les bornes de leur vocation et dans les fonctions auxquelles ils sont appelés er que c’est un très grand malheur pour l’église quand les ministres sont animés d’un esprit d’orgueil, de présomption, d’envie et de jalousie et qu’ils causent de la division et du trouble.

CHAPITRE XI

St. Paul dit aux corinthiens : I. Que le grand amour qu’il avait pour eux et la crainte qu’ils ne se laissassent séduire par ceux qui travaillaient à l’abaisser le contraignait à leur parler, quoique malgré lui, des avantages dont Dieu l’avait enrichi et de ce qu’il avait fait pour eux. II. Il les fait souvenir qu’il leur avait annoncé l’Évangile sans rien recevoir d’eux afin d’ôter tout prétexte aux faux apôtres qui n’en usaient pas comme lui. III. Il montre qu’il pouvait se glorifier d’être au-dessus de ces faux docteurs qui étaient Juifs et cela par ses grands travaux et par ses souffrances dont il fait un dénombrement très remarquable. 

1 Plût à Dieu que vous supportassiez un peu mon imprudence ! mais, je vous prie, supportez-moi.

2 Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai engagés à un seul Époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge chaste.

3 Mais je crains que, comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, vos esprits ne se laissent corrompre, se détournant de la simplicité qui est en Christ.

4 Car s’il venait quelqu’un qui vous prêchât un autre Jésus que celui que nous vous avons prêché, ou un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le souffririez fort bien ;

5 Mais j’estime que je n’ai été en rien inférieur aux plus excellents apôtres.

6 Que si je suis comme un homme du commun à l’égard du langage, je ne le suis pas à l’égard de la connaissance ; mais nous nous sommes fait connaître parmi vous à tous égards et en toutes choses.

7 Ai-je donc mal fait de m’abaisser moi-même, afin que vous fussiez élevés, vous ayant annoncé gratuitement l’évangile de Dieu ?

8 J’ai dépouillé les autres Églises, en recevant d’elles de quoi m’entretenir, pour vous servir.

9 Et lorsque je me suis trouvé dans le besoin parmi vous, je n’ai été à charge à personne ; car les frères qui étaient venus de Macédoine, ont suppléé à ce qui me manquait ; et je me suis gardé de vous être à charge en quoi que ce fût, et je m’en garderai encore.

10 J’atteste la vérité de Christ, laquelle est en moi, que ce sujet que j’ai de me glorifier dans toute l’Achaïe, ne me sera point ôté.

11 Pourquoi ? Est-ce parce que je ne vous aime pas ? Dieu le sait.

12 Mais ce que j’en fais, et que je ferai encore, c’est afin d’ôter tout prétexte à ceux qui ne cherchent que des prétextes, et afin qu’il se trouve qu’ils n’ont aucun avantage sur nous dans les choses dont ils se vantent.

13 Car ces sortes de faux apôtres sont des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres de Christ.

14 Et il ne faut pas s’en étonner, car Satan même se déguise en ange de lumière.

15 Il n’est donc pas surprenant si ses ministres se déguisent aussi en ministres de la justice, mais leur fin sera telle que leurs œuvres.

16 Je le dis encore : Que personne ne me regarde comme un imprudent ; sinon supportez mon imprudence, afin que je me glorifie aussi un peu.

17 Ce que je dis dans cette confiance avec laquelle je me glorifie, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme par imprudence.

18 Puisque plusieurs se glorifient selon la chair, je me glorifierai aussi.

19 Car vous souffrez sans peine les imprudents, parce que vous êtes sages.

20 Même, si quelqu’un vous assujettit, si quelqu’un vous mange, si quelqu’un prend ce qui est à vous,  si quelqu’un vous frappe au visage, vous le souffrez.

21 J’ai honte de le dire, on nous regarde comme si nous n’avions aucun pouvoir ; mais de quelque chose que quelqu’un ose se vanter (je parle en imprudent), j’ose aussi m’en vanter.

22 Sont-ils Hébreux ? je le suis aussi. Sont-ils Israélites ? je le suis aussi. Sont-ils de la postérité d’Abraham ? j’en suis aussi.

23 Sont-ils ministres de Christ (je parle en imprudent) ? je le suis plus qu’eux ; j’ai souffert plus de travaux qu’eux, plus de blessures, plus de prisons ; j’ai été plusieurs fois en danger de mort ;

24 j’ai reçu des Juifs cinq fois quarante coups de fouet moins un ;

25 J’ai été battu de verges trois fois ; j’ai été lapidé une fois ; j’ai fait naufrage trois fois ; j’ai passé un jour et une nuit dans le profond de la mer ;

26 j’ai été souvent en voyage ; j’ai été en danger sur les rivières, en danger de la part des voleurs, en danger parmi ceux de ma nation, en danger parmi les Gentils, en danger dans les déserts, en danger sur la mer, en danger parmi les faux frères ;

27 dans les peines, dans les travaux, dans les veilles, dans la faim, dans la soif, dans les jeûnes, dans le froid, dans la nudité.

28 Outre les choses qui me viennent du dehors, je suis comme assiégé tous les jours par les soucis que me donnent toutes les Églises.

29 Quelqu’un est-il affligé, que je n’en sois aussi affligé ? Quelqu’un est-il scandalisé, que je n’en sois aussi comme brûlé ?

30 S’il faut se glorifier, je me glorifierai de ce qui regarde mes afflictions.

31 Dieu qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point.

32 A Damas, celui qui en était gouverneur pour le roi Arétas, faisait faire la garde dans la ville des Damascéniens, voulant se saisir de moi ;

33 mais on me descendit de la muraille par une fenêtre, dans une corbeille, et j’échappai ainsi de ses mains.

 REFLEXIONS

Ce qu’on remarque en général dans ce chapitre, c’est que Saint Paul y soutient l’honneur de son apostolat, mais d’une manière extrêmement humble et que, s’il parle avantageusement de soi-même, les adoucissements et les excuses qu’il apporte montrent assez qu’il était contraint d’en user ainsi. De là on doit conclure qu’il faut toujours parler de soi-même avec une grande modestie et qu’en particulier cette humilité et cette modestie conviennent aux ministres de Jésus-Christ, mais qu’ils peuvent pourtant défendre leur innocence et leur ministère lorsque cela est nécessaire pour l’édification publique.

II. La crainte que Saint Paul avait que les Corinthiens ne se laissassent détourner de la pureté et de la simplicité de l’Évangile par de faux docteurs et ce qu’il dit que les ministres de satan se transforment en anges de lumière avertit les chrétiens d’être sur leurs gardes, de bien discerner les doctrines et ceux qui les enseignent et de ne pas se laisser surprendre par de fausses apparences de piété et de zèle.

III. On voit ici que Saint Paul n’avait rien voulu recevoir des Corinthiens quoiqu’il les aimât et qu’il fût aimé d’eux. Il en usa de la sorte pour ne donner aucun prétexte à ceux qui cherchaient à le rendre suspect et pour montrer qu’il ne ressemblait pas aux faux docteurs qui le décriaient et qui étaient dans le fond des mercenaires. Ce caractère de prudence et de désintéressement doit se rencontrer dans tous les pasteurs et c’est ce qui donne un grand poids à leur ministère et à toutes leurs fonctions.

IV. On doit bien considérer le récit que l’Apôtre fait ici de ses grandes souffrances et de tant de dangers et de persécutions par où il avait passé et dont Dieu l’avait tiré. C’est là une belle preuve de son zèle, de sa sincérité et de la vérité de la doctrine qu’il annonçait. Cela montre aussi que les souffrances ne doivent point étonner les chrétiens et surtout les serviteurs de Jésus-Christ.

V. Enfin, St. Paul fait connaître qu’outre les souffrances qu’il endurait en sa personne, il était continuellement en souci pour les églises du Seigneur et qu’il n’arrivait aucun mal à l’église ou à quelqu’un des fidèles qu’il n’en fût affligé et comme brûlé. Tous les vrais pasteurs sont animés du même esprit, les devoirs de leur ministère, le soin des âmes et les divers besoins de leurs troupeaux les occupent et les inquiètent jour et nuit et ils sont sensibles à ce qui regarde l’édification de l’église plus qu’à tout autre chose.

CHAPITRE XII

Saint Paul continuant à parler des avantages qui le distinguaient, des autres ministres fait le récit de son ravissement au Ciel, mais il le fait avec beaucoup d’humilité et de modestie. Après cela il dit aux Corinthiens qu’il irait bientôt vers eux et comme il ne leur avait pas été à charge par le passé, il ne serait point encore. Il leur témoigne une extrême tendresse et il déclare qu’il ne leur avait écrit comme il venait de le faire que pour leur édification et afin qu’il ne fût pas obligé de les traiter avec sévérité lorsqu’il irait à Corinthe.

 1 Certainement il ne me convient pas de me vanter, car j’en viendrai jusqu’aux visions et aux révélations du Seigneur.

2 Je connais un homme en Christ, qui fut ravi jusqu’au troisième ciel, il y a plus de quatorze ans (si ce fut en corps, je ne sais ; si ce fut sans son corps, je ne sais ; Dieu le sait),

3 et je sais que cet homme (si ce fut en son corps, ou si ce fut sans son corps, je ne sais, Dieu le sait),

4 fut ravi dans le paradis, et y entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas possible à l’homme d’exprimer.

5 Je puis me glorifier d’être cet homme-là ; mais pour ce qui est de moi, je ne me glorifierai que de mes afflictions.

6 Si je voulais me glorifier, je ne serais point imprudent, car je ne dirais que la vérité ; mais je m’en abstiens, afin que personne ne m’estime au-dessus de ce qu’il voit en moi, ou de ce qu’il m’entend dire.

7 Et de peur que je ne m’élevasse trop, à cause de l’excellence de mes révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan, pour me souffleter, et pour m’empêcher de m’élever.

8 Trois fois j’ai prié le Seigneur, que cet ange de Satan se retirât de moi.

9 Mais il m’a dit : Ma grâce te suffit ; car ma force s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc plus volontiers dans mes faiblesses, afin que la force de Christ habite en moi.

10 C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les opprobres, dans les misères, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes pour Christ ; car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.

11 J’ai été imprudent en me vantant ; c’est vous qui m’y avez contraint, car c’était à vous à parler avantageusement de moi, vu que je n’ai été inférieur en rien aux plus excellents apôtres, quoique je ne sois rien.

12 Aussi les preuves de mon apostolat ont-elles éclaté parmi vous par une patience à toute épreuve, par des prodiges, par des merveilles et par des miracles.

13 Car, en quoi avez-vous été inférieurs aux autres Eglises, sinon en ce que je ne vous ai point été à charge ; pardonnez-moi ce tort que je vous ai fait.

14 Voici pour la troisième fois que je suis prêt à vous aller voir ; et je ne vous serai point à charge, car ce n’est pas vos biens que je cherche, c’est vous-mêmes ; aussi n’est-ce pas aux enfants à amasser du bien pour leurs pères ; mais c’est aux pères à en amasser pour leurs enfants.

15 Et pour moi je dépenserai très volontiers pour vous tout ce que j’ai, et je me donnerai encore moi-même pour vos âmes ; quoique, vous aimant avec tant d’affection, je sois moins aimé.

16 On dira peut-être que, si je ne vous ai point été à charge, c’est qu’étant un homme artificieux, j’ai voulu user de finesse pour vous surprendre.

17 Mais ai-je tiré du profit de vous par quelqu’un de ceux que je vous ai envoyés ?

18 J’ai prié Tite d’aller vous voir, et j’ai envoyé un de nos frères avec lui. Tite a-t-il tiré du profit de vous ? N’avons-nous pas agi par le même esprit ? n’avons-nous pas marché sur les mêmes traces ?

19 Pensez-vous que nous voulions encore nous justifier auprès de vous ? Nous parlons devant Dieu en Christ ; et tout cela, mes très chers frères, pour votre édification.

20 Car je crains qu’à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que vous aussi ne me trouviez pas tel que vous voudriez, et qu’il n’y ait parmi vous des contestations, des jalousies, des animosités, des dissensions, des médisances, des rapports, de l’orgueil et des troubles ;

21 et qu’étant retourné vers vous, mon Dieu ne m’humilie, et que je ne sois en pleurs au sujet de plusieurs, qui ayant péché ci-devant, ne se sont point amendés de l’impureté, de la fornication et des impudicités qu’ils ont commises.

 REFLEXIONS

Le ravissement de Saint Paul dont il est parlé dans ce chapitre a été un privilège tout à fait glorieux pour cet Apôtre et qui prouve que sa vocation était divine et en même temps qu’il y a une vie et une gloire éternelle réservée dans le Ciel pour les fidèles. La manière dont St. Paul rapporte ce ravissement et les excuses dont il se sert en faisant ce récit montrent qu’il peut nous être permis de parler des grâces que Dieu nous a accordées, mais il ne faut le faire que lorsque cela est nécessaire pour la gloire de Dieu et toujours avec un humble sentiment de notre indignité et nullement pour nous vanter ou pour nous élever.

Cet Apôtre dit que Dieu avait mis une écharde en sa chair, c’est-à-dire en son corps, afin qu’il ne s’élevât pas à cause des révélations qu’il avait eues lorsqu’il fut ravi dans le paradis et qu’un mauvais ange le faisait souffrir par la permission de Dieu. Cela nous montre qu’il est dangereux qu’on ne s’élève quand on a quelque avantage considérable et qu’il est nécessaire que Dieu envoie, même aux plus Saints, des afflictions et des sujets de mortification pour les contenir dans l’humilité. Saint Paul nous apprend qu’il avait prié instamment pour être délivré de cette affliction, mais que le Seigneur ne lui accorda pas sa demande et qu’il dit : Ma grâce te suffit.

Dieu ne manque jamais d’accorder les grâces qui regardent les besoins de l’âme et du salut à ceux qui les lui demandent, mais il n’exauce pas toujours les prières qui tendent à obtenir la délivrance des maux du corps. Alors sa grâce qui donne la force de les endurer doit nous suffire et il ne nous laisse dans la souffrance qu’afin de faire voir d’autant mieux sa vertu dans notre faiblesse.

Enfin, Saint Paul marque ici l’affection tendre et paternelle dont il était animé envers les Corinthiens. Il n’avait en vue que de les édifier, il était prêt à donner sa vie pour eux et il craignait même d’être obligé de traiter avec sévérité ceux qui ne s’étaient pas amendés.

Tels sont les sentiments des fidèles pasteurs, ils aiment tendrement leurs troupeaux, ils se dévouent entièrement à leur édification et c’est toujours un sujet de douleur pour eux de se voir contraints d’employer la rigueur des censures contre ceux qui donnent du scandale et qui sont incorrigibles. 

CHAPITRE XIII

L’Apôtre avertit encore une fois les Corinthiens qu’il irait les voir, qu’il n’épargnerait point ceux qui ne se seraient pas amendés et que, puisque quelques-uns d’entre eux semblaient douter de son autorité, il leur ferait sentir par l’expérience et par les effets que, comme Jésus-Christ quoi qu’il eût été un homme faible régnait par la puissance de Dieu, lui aussi, quoiqu’on le regardât comme un homme infirme et même méprisable, avait pourtant reçu la puissance et l’autorité d’un apôtre de Jésus-Christ. Il les exhorte à s’examiner eux-mêmes et à se corriger et il leur dit qu’il ne souhaitait rien tant que de les trouver dans un bon état afin qu’il ne fût pas contraint d’user de sévérité envers eux, dût-on même révoquer en doute sa qualité d’apôtre. Il finit par une exhortation générale à l’amendement et à la paix et par des vœux.

 1 Voici la troisième fois que je suis prêt à vous aller voir. Sur le rapport de deux ou trois témoins toute affaire sera décidée.

2 J’ai déjà dit, et je le dis encore pour la seconde fois, comme si j’étais présent, et maintenant étant absent, je l’écris à ceux qui ont péché ci-devant, et à tous les autres, que si je retourne chez vous, je n’épargnerai personne ;

3 puisque vous cherchez une preuve que Christ parle par moi, lui qui n’est point faible à votre égard, mais qui est puissant au milieu de vous.

4 Car encore qu’il ait été crucifié selon la faiblesse de la chair, toutefois, il est vivant par la puissance de Dieu ; et nous de même, nous sommes aussi faibles comme lui, mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu au milieu de vous.

5 Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes ; ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous ? à moins que, peut-être, vous ne fussiez réprouvés.

6 Mais j’espère que vous reconnaîtrez que pour nous, nous ne sommes point réprouvés.

7 Et je prie Dieu que vous ne fassiez aucun mal ; non pour nous attirer de l’approbation, mais afin que vous fassiez ce qui est bon, dussions-nous être désapprouvés nous-mêmes.

8 Car nous n’avons aucune puissance contre la vérité, nous n’en avons que pour la vérité.

9 Et nous avons de la joie, lorsque nous sommes dans la faiblesse, pourvu que vous soyez forts ; et ce que nous demandons à Dieu, c’est votre parfait affermissement.

10 C’est pourquoi j’écris ces choses étant absent, afin que lorsque je serai présent, je ne sois pas obligé d’user de sévérité, selon la puissance que le Seigneur m’a donnée pour édifier, et non pour détruire.

11 Au reste, mes frères, soyez joyeux ; tendez à la perfection ; consolez-vous ; ayez un même sentiment ; vivez en paix ; et le Dieu de charité et de paix sera avec vous.

12 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Tous les saints vous saluent.

13 La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous. Amen. 

REFLEXIONS

On doit remarquer dans ce chapitre le zèle et en même temps la douceur, la charité et l’humilité de St. Paul. Cet Apôtre était résolu à ne pas épargner ceux qui seraient incorrigibles, cependant il souhaitait qu’ils s’amendassent et qu’il ne se vît pas obligé de se servir contre eux de la puissance qu’il avait reçue de Jésus-Christ en qualité d’Apôtre.

À l’imitation de St. Paul, les ministres de Jésus-Christ doivent être animés d’un esprit de charité et d’humilité, se servir autant qu’ils le peuvent de la douceur plutôt que de la rigueur et cependant ne pas épargner les pécheurs endurcis lorsque la nécessité le demande. Il paraît aussi de là qu’il est plus louable et plus agréable à Dieu que les chrétiens fassent leur devoir d’eux-mêmes et volontairement que s’il fallait employer les menaces ou les censures de l’église pour les y engager.

St. Paul conclut cette épître en exhortant les Corinthiens à la joie spirituelle, à l’amendement et à la paix par ces paroles : Au reste mes frères, soyez dans la joie, tendez à la perfection, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.

C’est là l’état auquel tous les chrétiens doivent aspirer et dans lequel ils doivent s’affermir de plus en plus et c’est aussi le moyen d’avoir part à l’amour de Dieu, à sa paix et aux effets de sa miséricorde en Jésus-Christ notre Seigneur. 

La seconde épître aux Corinthiens a été écrite de Philippes de Macédoine, et portée par Tite et Luc.