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ARGUMENT 

St. Paul écrivit cette épître, comme on a lieu de le croire, l’an 61 de notre Seigneur, étant prisonnier à Rome et il l’adressa aux Hébreux, c’est-à-dire aux Juifs qui s’étaient faits chrétiens. Son but : de les affermir dans la profession de l’Évangile et dans la sainteté et d’empêcher qu’ils n’en fussent détournés par l’attachement qu’ils auraient pu conserver pour la religion et le culte des Juifs, par les persécutions que les chrétiens enduraient et par la séduction du péché. Pour cet effet, il montre que Jésus-Christ est plus grand que Moïse, que l’Évangile est plus excellent que la loi et que les cérémonies et les sacrifices de la loi avaient eu leur accomplissement en Jésus-Christ et étaient par conséquent abolis par sa venue et son sacrifice. C’est ce que l’Apôtre traite dans les dix premiers chapitres. Dans les trois derniers, il exhorte, les Hébreux à la persévérance dans la foi, à la patience dans les afflictions et aux plus importants devoirs de la piété. 

Chapitres :  Chapitre I.  Chapitre II.  Chapitre III.  Chapitre IV.   Chapitre V.  Chapitre VI  Chapitre VII.  Chapitre VIII.   Chapitre IX. Chapitre X.   Chapitre XI. Chapitre XII.   Chapitre XIII. Livres du Nouveau Testament.

CHAPITRE I.

St. Paul enseigne que Dieu s’était fait connaître aux hommes par Jésus-Christ d’une manière plus parfaite qu’il n’avait fait auparavant. Il prouve l’excellence de l’Évangile par la dignité infinie de Jésus-Christ le fils de Dieu, il montre qu’il avait été élevé dans le Ciel à une gloire suprême et qu’il est au-dessus des anges et il établit la divinité de sa personne. 

1 Dieu ayant autrefois parlé à nos pères en divers temps et en diverses manières, par les prophètes,

2 nous a parlé en ces derniers temps par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses ; par lequel aussi il a fait le monde ;

3 et qui étant la splendeur de sa gloire et l’image empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, après avoir fait par lui-même la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les lieux très hauts ;

4 ayant été fait d’autant plus grand que les anges, qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur.

5 Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ? Et dans un autre endroit : Je serai son Père, et il sera mon Fils ?

6 Et encore, quand il introduit dans le monde son Fils premier-né, il dit : Que tous les anges de Dieu l’adorent.

7 A l’égard des anges, il dit : Il fait des vents ses anges, et des flammes de feu ses ministres.

8 Mais à l’égard du Fils, il dit : O Dieu, ton trône demeure aux siècles des siècles, et le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité.

9 Tu as aimé la justice, et tu as haï l’iniquité ; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tous tes semblables.

10 Et dans un autre endroit : C’est toi, Seigneur, qui as fondé la terre dès le commencement, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains.

11 Ils périront, mais tu subsistes toujours ; ils vieilliront tous comme un vêtement ;

12 tu les plieras comme un habit, et ils seront changés ; mais toi, tu es toujours le même ; et tes années ne finiront point.

13 Et auquel des anges a-t-il jamais dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour ton marchepied ?

14 Ne sont-ils pas tous des esprits destinés à servir, et qui sont envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent avoir l’héritage du salut ? 

REFLEXIONS

La première vérité que St. Paul enseigne dans cette épître est que Jésus-Christ n’est pas un simple homme ou seulement un grand prophète, ni même un ange, mais qu’il est infiniment au-dessus des prophètes et des anges, étant le propre fils de Dieu, que c’est par lui que le monde a été créé, que Dieu l’a fait asseoir à sa droite et que c’est lui que tous les anges adorent comme leur maître.

Puisque Saint Paul établit d’abord cette doctrine de la divinité de notre Seigneur et que c’est par là qu’il prouve l’excellence de la religion chrétienne, il paraît clairement que c’est là une doctrine que tous les chrétiens doivent croire et sur laquelle toute la religion est fondée.

II. Ce que St. Paul dit ici : que Dieu nous a parlé dans les derniers tems par son fils nous engage à louer Dieu de ce que nous avons l’avantage de vivre sous la plus parfaite de toutes les dispensations et dans les temps heureux de l’Évangile.

III. Puisque Dieu nous a fait connaître sa volonté par son propre fils et qu’il s’est manifesté à nous d’une manière plus claire qu’il n’avait fait auparavant, nous sommes dans une obligation indispensable de profiter des avantages de l’alliance de sa grâce et de surpasser en sainteté ceux qui ont vécu avant la venue de Jésus-Christ.

Enfin, la considération de la divinité de notre Seigneur et de la suprême puissance où il est élevé dans le Ciel doit nous porter à l’adorer, à mettre notre espérance en lui et à obéir à l’Évangile qu’il nous a fait annoncer et c’est ce que St. Paul fait voir dans le chapitre suivant.

CHAPITRE II.

St. Paul exhorte les Hébreux à demeurer fermes dans la profession de l’Évangile qui avait été annoncé par Jésus-Christ et par les apôtres et confirmé par les dons du Saint-Esprit. Il montre pour cet effet que, quoi que Jésus ait été un homme et qu’il s’était abaissé jusqu’à la mort, toutes choses lui sont soumises et que Dieu l’a élevé à la gloire céleste après ses souffrances. Il fait voir, enfin, que Dieu a voulu que notre Seigneur prît notre nature et qu’il souffrît afin qu’il pût racheter les hommes de la puissance du diable et de la mort et afin que les fidèles apprissent par son exemple à ne pas craindre les afflictions. 

1 C’est pourquoi il nous faut faire une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne les laissions écouler.

2 Car si la parole, qui a été annoncée par les anges, a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste punition ;

3 comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut, qui, ayant été premièrement annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’avaient appris de lui ?

4 Dieu même appuyant leur témoignage par des prodiges et des miracles, par divers effets de sa puissance et par les dons du Saint-Esprit, qu’il a distribués selon sa volonté.

5 Car il n’a point soumis aux anges le monde à venir dont nous parlons.

6 Et quelqu’un a rendu ce témoignage dans un endroit de l’Ecriture, disant : Qu’est-ce de l’homme, que tu te souviennes de lui, et du fils de l’homme, que tu en prennes soin ?

7 Tu l’as fait un peu inférieur aux anges ; tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; et tu l’as établi sur les ouvrages de tes mains ;

8 Tu as mis toutes choses sous ses pieds. Or, Dieu lui ayant assujetti toutes choses, il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti ; cependant, nous ne voyons point encore maintenant que toutes choses lui soient assujetties.

9 Mais nous voyons couronné de gloire et d’honneur ce Jésus, qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, par la mort qu’il a soufferte, afin que par la grâce de Dieu il souffrît la mort pour tous.

10 Car il était convenable que celui pour qui et par qui sont toutes choses, voulant amener plusieurs enfants à la gloire, consacrât l’auteur de leur salut par les souffrances.

11 Car, et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d’un ; c’est pourquoi il n’a point honte de les appeler ses frères,

12 disant : J’annoncerai ton nom à mes frères ; je te louerai au milieu de l’assemblée.

13 Il dit encore : Je me confierai en lui. Et ailleurs : Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés.

14 Puis donc que ces enfants participent à la chair et au sang, il y a aussi de même participé, afin que par la mort il détruisît celui qui avait l’empire de la mort, c’est-à-dire, le diable ;

15 et qu’il en délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude.

16 Car il n’a pas pris les anges, mais il a pris la postérité d’Abraham.

17 C’est pourquoi il a fallu qu’il fût semblable en toutes choses à ses frères ; afin qu’il fût un souverain Sacrificateur, miséricordieux, et fidèle dans tout ce qu’il fallait faire auprès de Dieu, pour expier les péchés du peuple.

18 Car, ayant souffert lui-même et ayant été tenté, il peut aussi secourir ceux qui sont tentés. 

REFLEXIONS

Saint Paul nous apprend ici en premier lieu que, puisque l’Évangile a été annoncé par Jésus-Christ et par les apôtres et confirmé par les dons du Saint-Esprit, nous avons des preuves incontestables de la divinité de la doctrine chrétienne et qu’ainsi nous serons entièrement inexcusables et que nous n’échapperons pas à la vengeance de Dieu si nous négligeons ce grand salut qui nous est offert et si nous ne nous  attachons pas à l’Évangile par une profession ouverte de la vérité et par une obéissance sincère.

II. La considération de la gloire et de la puissance dont Jésus-Christ a été revêtu après son humiliation et sa mort nous apprend que les souffrances auxquelles les fidèles sont exposés n’empêcheront pas qu’ils ne parviennent à la gloire, la volonté de Dieu ayant été de les y conduire par la même voie que Jésus-Christ y est parvenu.

III. Nous devons considérer que le fils de Dieu s’est fait homme et qu’il a été moindre que les anges pendant un temps afin que, par un effet de la bonté de Dieu, il pût mourir pour tous les hommes, faire l’expiation de leurs péchés et détruire l’empire du diable et de la mort.

Cette doctrine doit nous remplir de joie et d’une ferme confiance en Dieu par Jésus-Christ, elle nous engage aussi très fortement à vivre comme ses rachetés et à fuite le péché, puisqu’autrement nous retomberions sous la puissance du diable et de la mort d’où notre Seigneur était venu nous délivrer. 

CHAPITRE III.

L’Apôtre fait deux choses dans ce chapitre : I. Il fait voir premièrement, que Jésus-Christ était beaucoup au-dessus de Moïse, puisque Moïse n’a été que le serviteur dans la maison de Dieu, au lieu que Jésus-Christ, comme fils, est le Seigneur et le Maître. II. Il exhorte les Hébreux à obéir à l’Évangile et à ne pas imiter les Israélites qui furent exclus du pays de Canaan et qui moururent dans le désert à cause de leur rébellion et de leur incrédulité,

1 C’est pourquoi, mes frères, qui êtes saints et qui avez part à la vocation céleste, considérez bien Jésus-Christ, qui est l’apôtre et le souverain Sacrificateur de la foi que nous professons ;

2 qui est fidèle à celui qui l’a établi, comme Moïse aussi l’avait été dans toute sa maison.

3 Car il a été digne d’une gloire d’autant plus grande que celle de Moïse, que celui qui a bâti la maison est plus considérable que la maison même.

4 Car il n’y a point de maison qui n’ait été bâtie par quelqu’un ; or, celui qui a bâti toutes ces choses, c’est Dieu.

5 Et pour ce qui est de Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme un serviteur, pour publier ce qu’il devait dire ;

6 mais Christ, comme Fils, est établi sur sa propre maison, et c’est nous qui sommes sa maison, pourvu que nous conservions jusqu’à la fin la ferme confiance et l’espérance dont nous nous glorifions.

7 C’est pourquoi, comme dit le Saint-Esprit : Si vous entendez aujourd’hui sa voix,

8 n’endurcissez point vos cœurs, comme il arriva lorsqu’on m’irrita au jour de la tentation dans le désert,

9 où vos pères me tentèrent et m’éprouvèrent, et virent mes œuvres pendant quarante ans.

10 C’est pourquoi je fus indigné contre cette génération, et je dis : Leur cœur s’égare toujours, et ils n’ont point connu mes voies.

11 Aussi jurai-je ceci dans ma colère : Si jamais ils entrent dans mon repos.

12 Mes frères, prenez garde qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un cœur mauvais et incrédule, qui vous fasse abandonner le Dieu vivant.

13 Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, pendant qu’il est dit : Aujourd’hui ; de peur que quelqu’un de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché.

14 Car nous avons été faits participants de Christ, pourvu que nous conservions jusqu’à la fin ce qui nous soutient dès le commencement.

15 Pendant qu’il est dit : Si vous entendez aujourd’hui sa voix, n’endurcissez point vos cœurs, comme il arriva lorsqu’on l’irrita.

16 Car quelques-uns de ceux qui l’entendirent, l’irritèrent ; non pas pourtant tous ceux qui sortirent d’Egypte sous la conduite de Moïse.

17 Mais contre qui Dieu fut-il indigné pendant quarante ans ? Ne fut-ce pas contre ceux qui péchèrent, dont les corps tombèrent morts dans le désert ?

18 Et qui sont ceux à qui Dieu jura qu’ils n’entreraient point dans son repos, si ce n’est ceux qui s’étaient rebellés ?

19 Nous voyons donc qu’ils n’y purent entrer à cause de leur incrédulité. 

REFLEXIONS

Ce que Saint Paul dit dans ce chapitre de l’excellence de la personne et du ministère de Jésus-Christ par-dessus la personne et le ministère de Moïse nous met devant les yeux,

II. Nous avons à considérer ici que les anciens Israélites, pour avoir été rebelles et incrédules lorsque Moïse leur faisait entendre la voix de Dieu, moururent dans le désert et que Dieu jura qu’ils n’entreraient point dans le repos qui était préparé dans le pays de Canaan pour le peuple d’Israël.

C’est ainsi que Dieu a résolu d’exclure du repos céleste ceux dont le cœur s’égare et qui l’irritent par leur rébellion et par leur endurcissement. Cela nous presse fortement d’être attentifs et soumis à la voix de l’évangile et de profiter du temps de la grâce comme St. Paul nous le présente par cette grave exhortation :

Si vous entendez aujourd’hui la voix de Dieu, n’endurcissez point vos cœurs. Prenez garde qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un cœur mauvais et incrédule qui vous fasse abandonner le Dieu vivant, mais exhortez-vous les uns les autres pendant que ce jour et ce temps de la grâce dure, de peur que quelqu’un de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché. 

CHAPITRE IV.

St. Paul continue à montrer que, comme les Israélites rebelles n’entrèrent pas dans le pays de Canaan, les chrétiens incrédules n’entreront point dans le Ciel. Il remarque pour cet effet que ce que David dit dans les Psaumes du repos de Dieu, ne doit pas tant s’entendre du pays de Canaan, comme du vrai repos, qui consiste dans la possession du salut que Jésus-Christ nous a acquis.

Il conclut de là que nous devons tâcher d’entrer dans ce repos. Il déclare que les incrédules n’éviteront point les menaces que la parole de Dieu leur dénonce, puisque cette parole est vivante, divine et véritable. Enfin, pour engager les Hébreux à la persévérance dans la profession chrétienne et à la confiance dans les afflictions, il leur représente que nous avons en Jésus-Christ un sacrificateur qui est élevé dans le Ciel et qui outre cela, ayant souffert lui-même, est disposé à avoir pitié de nos faiblesses et à nous aider dans tous nos besoins.

1 Craignons donc que quelqu’un d’entre vous, venant à négliger la promesse d’entrer dans son repos, ne s’en trouve exclu.

2 Car elle nous a été annoncée aussi bien qu’à eux ; mais cette parole ne leur servit de rien, parce que ceux qui l’ouïrent, n’y ajoutèrent point de foi.

3 Pour nous qui avons cru, nous entrerons dans le repos, suivant ce qu’il a dit : C’est pourquoi j’ai juré dans ma colère : Si jamais ils entrent dans mon repos ; et cela longtemps après avoir achevé l’ouvrage de la création du monde.

4 Car l’Ecriture parle ainsi en quelque endroit, touchant le septième jour : Dieu se reposa le septième jour, après avoir achevé tous ses ouvrages.

5 Et encore dans cet autre endroit : S’ils entrent dans mon repos.

6 Puis donc que quelques-uns doivent y entrer, et que ceux à qui il avait été premièrement annoncé, n’y entrèrent pas, à cause de leur incrédulité ;

7 il détermine de nouveau un certain jour, par ce mot : Aujourd’hui, disant par David, si longtemps après, comme il a été dit ci-devant : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez point vos cœurs.

8 Car si Josué les eût introduits dans le repos, Dieu ne parlerait pas après cela d’un autre jour.

9 Il reste donc encore un repos pour le peuple de Dieu.

10 Car celui qui est entré dans son repos, se repose après ses œuvres, comme Dieu se reposa après avoir achevé les siennes.

11 Efforçons-nous donc d’entrer dans ce repos, de peur que quelqu’un de nous ne tombe dans une semblable rébellion.

12 Car la parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants ; elle atteint jusqu’au fond de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et elle juge des pensées et des intentions du cœur ;

13 et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de celui auquel nous devons rendre compte.

14 Puis donc que nous avons un grand et souverain Sacrificateur, Jésus, le Fils de Dieu, qui est entré dans les cieux, demeurons fermes dans notre profession.

15 Car nous n’avons pas un souverain Sacrificateur qui ne puisse compatir à nos infirmités, puisqu’il a été tenté de même que nous en toutes choses, si l’on en excepte le péché.

16 Allons donc avec confiance au trône de grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans le temps convenable.

REFLEXIONS

Nous apprenons dans ce chapitre :

Premièrement que ceux qui méprisent et qui négligent les promesses de l’Évangile s’en trouveront privés et que la parole de Dieu ne sert de rien lorsqu’elle n’est pas accompagnée de la foi en ceux qui l’entendent, ainsi tous ceux à qui cette parole et ces promesses sont annoncées doivent prendre garde à les recevoir avec obéissance de foi.

II. St. Paul nous enseigne qu’il y a un repos que Jésus-Christ nous a acquis et qui est beaucoup plus excellent que celui qui était promis au peuple d’Israël dans la terre de Canaan et que, tout de même que les Israélites ne purent entrer dans ce pays-là à cause de leur incrédulité et de leur rébellion, ceux qui désobéissent à Jésus-Christ et qui méprisent son Évangile seront privés du repos éternel.

La conséquence que St. Paul veut que nous tirions de là : c’est de faire tous nos efforts pour entrer dans ce repos, de peur que nous ne tombions dans une semblable rébellion.

III. Pour nous engager à ce devoir, L’Apôtre nous représente que la parole de Dieu est vivante et véritable, que les menaces de l’Évangile sont très certaines, qu’elles s’exécuterons infailliblement et que nous ne saurions échapper à celui à qui nous devons rendre compte, vu que toutes choses sont nues et découvertes devant lui.

Enfin, puisque nous savons que Jésus, notre grand sacrificateur est entré dans le Ciel après avoir été lui-même éprouvé comme nous en toutes choses, excepté dans le péché, et qu’il est avec cela miséricordieux et plein de bonté, nous avons les plus puissants motifs à demeurer fermes dans la profession que nous faisons de croire en lui, à nous confier en ses promesses et à nous approcher avec confiance du trône de la grâce afin d’y obtenir miséricorde et d’y trouver grâce pour être secourus dans tous nos besoins

CHAPITRE V.

St. Paul, voulant traiter du sacerdoce de notre Seigneur, montre, en premier lieu, que Jésus-Christ a été appelé de Dieu à la charge de sacrificateur, ce qu’il prouve par deux oracles tirés du livre des Psaumes, et surtout par celui où il est dit que le Messie devait être sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Il dit ensuite que Jésus-Christ a fait les fonctions de sacrificateur lorsqu’il a souffert la mort pour le salut des hommes. Enfin, étant sur le point de parler du sacerdoce de notre Seigneur et du rapport qu’il y avait entre lui et Melchisédec, il reproche aux Hébreux le peu de progrès qu’ils avaient fait dans la connaissance des mystères de la religion qu’il allait leur expliquer. 

1 Tout souverain sacrificateur donc étant pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes dans les choses qui regardent Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices pour les péchés,

2 étant en état d’avoir compassion de ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, puisque lui-même est environné de faiblesse.

3 Et c’est à cause de cela qu’il doit offrir des sacrifices pour ses péchés, aussi bien que pour ceux du peuple.

4 Or, personne ne peut s’attribuer cette dignité, que celui qui y est appelé de Dieu, comme Aaron.

5 Aussi Christ ne s’est point attribué la gloire d’être souverain Sacrificateur, mais il l’a reçue de celui qui lui a dit : C’est toi qui es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui.

6 Comme il dit aussi dans un autre endroit : Tu es Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.

7 C’est ce Jésus qui pendant les jours de sa chair, ayant offert avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui le pouvait délivrer de la mort, fut exaucé et délivré de ce qu’il craignait.

8 Quoiqu’il fût Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes,

9 et étant consacré, il est devenu l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent,

10 Dieu l’ayant déclaré souverain Sacrificateur, selon l’ordre de Melchisédec.

11 Sur quoi nous avons beaucoup de choses à dire, qui sont difficiles à expliquer, à cause que vous êtes devenus négligents à écouter.

12 Car au lieu que vous devriez être maîtres depuis longtemps, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers éléments de la parole de Dieu ; et vous êtes dans un tel état, que vous avez plutôt besoin de lait, que d’une viande solide.

13 Or, celui qui ne se nourrit que de lait, ne saurait comprendre la parole de la justice, car il est encore enfant.

14 Mais la nourriture solide est pour les hommes faits ; savoir, pour ceux qui s’y étant accoutumés, ont l’esprit exercé à discerner le bien et le mal. 

REFLEXIONS

Nous recueillons de ce chapitre :

I. Que Jésus-Christ a été établi de Dieu pour être notre sacrificateur et qu’en cette qualité il s’est offert en sacrifice pour les péchés des hommes. Cela nous engage à regarder Jésus-Christ comme celui qui nous a acquis le salut et qui nous a rendu Dieu favorable, mais cela doit aussi nous convaincre de l’obligation où nous sommes de nous soumettre à l’Évangile par une vraie obéissance, puisque, comme St. Paul le dit : Jésus-Christ n’est devenu l’auteur du salut éternel que pour ceux qui lui obéissent.

II. La seconde réflexion regarde les souffrances de Jésus-Christ. L’Apôtre les décrit en disant : que notre Seigneur ayant offert des prières à Dieu dans le temps de sa passion avec cris et avec larmes, a été exaucé et qu’il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes.

St. Paul disait cela non seulement pour montrer que Jésus-Christ a fait sur la terre, les fonctions de sacrificateur, mais aussi pour consoler les fidèles affligés et persécutés.

Les enfants de Dieu peuvent reconnaître, par ce qui est arrivé à notre Seigneur, que, s’ils sont dans la souffrance, ils ressemblent en cela à leur Sauveur, que Dieu leur envoie ces afflictions afin de leur apprendre à obéir, à être patients et à l’invoquer avec plus d’ardeur et qu’il ne manquera pas de les exaucer et de les délivrer lorsqu’ils lui présenteront leurs prières dans leurs besoins.

III. Nous devons considérer que si L’Apôtre reprochait aux Hébreux d’être peu avancés dans la connaissance et d’avoir encore besoin qu’on leur enseignât les rudiments du christianisme, il nous serait bien plus honteux que l’on nous fît avec justice de semblables reproches, vu le temps qu’il y a qu’on travaille à nous instruire. Ainsi nous devons nous exciter de plus en plus à acquérir de nouvelles lumières et à faire tous les jours des progrès dans les connaissances de la religion. 

CHAPITRE VI.

St. Paul dit aux Hébreux que son dessein n’était pas de leur enseigner les premiers rudiments de la religion, mais qu’il voulait leur proposer des doctrines plus sublimes en leur parlant du rapport qu’il y avait entre Jésus-Christ et Melchisédec et les anciens sacrificateurs. II. Pour les exciter à s’avancer dans la connaissance des ministères de l’Évangile, il leur met devant les yeux le malheur de ceux qui négligent de s’affermir dans la foi, qui méprisent les lumières et les grâces qu’ils ont reçues de Dieu et qui ne portent pas les fruits qu’il attend d’eux, c’est qu’ils viennent enfin à abandonner Jésus-Christ et la vérité. III. Il fait connaître aux Hébreux qu’il ne leur parlait ainsi que pour réveiller leur zèle, puisque du reste il était persuadé qu’ils ne s’exposeraient pas à un tel malheur. IV. Enfin, pour fortifier leur foi, il leur représente la fermeté des promesses de Dieu par l’exemple d’Abraham et la certitude de l’espérance que l’entrée de Jésus-Christ dans le Ciel donne aux fidèles.

 1 C’est pourquoi, laissant les premiers principes de la doctrine de Christ, tendons à la perfection, ne posant pas de nouveau le fondement, savoir, la repentance des œuvres mortes, et la foi en Dieu ;

2 la doctrine des baptêmes, l’imposition des mains, la résurrection des morts, et le jugement éternel ;

3 et c’est ce que nous ferons, si Dieu le permet.

4 Car il est impossible que ceux qui ont été une fois illuminés, qui ont goûté le don céleste, qui ont été faits participants du Saint-Esprit ;

5 et qui ont goûté la bonne parole de Dieu, et les puissances du siècle à venir ;

6 s’ils retombent, soient renouvelés à la repentance, puisqu’autant qu’il est en eux, ils crucifient de nouveau le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie.

7 Car la terre qui est souvent abreuvée de la pluie qui tombe sur elle, et qui produit des herbes propres pour l’usage de ceux qui la cultivent, reçoit la bénédiction de Dieu.

8 Mais celle qui ne produit que des épines et des chardons, est abandonnée et près d’être maudite, et sa fin est d’être brûlée.

9 Or, nous attendons de vous, mes bien-aimés, de meilleures choses, et plus convenables au salut quoique nous parlions ainsi.

10 Car Dieu n’est pas injuste, pour oublier vos bonnes œuvres et le travail de la charité que vous avez fait paraître pour son nom, ayant assisté les saints, et les assistant encore.

11 Mais nous désirons que chacun de vous fasse voir la même ardeur jusqu’à la fin, pour l’accomplissement de votre espérance ;

12 afin que vous ne vous relâchiez point, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et par la patience, sont devenus les héritiers des promesses.

13 Car lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand, il jura par lui-même,

14 et il lui dit : Certainement je te bénirai abondamment, et je multiplierai merveilleusement ta postérité.

15 Et ainsi Abraham ayant attendu avec patience, obtint ce qui lui avait été promis.

16 Car comme les hommes jurent par celui qui est plus grand qu'eux, et que le serment fait pour confirmer une chose, termine tous leurs différends ;

17 de même, Dieu voulant montrer encore mieux aux héritiers de la promesse la fermeté immuable de sa résolution, il y fit intervenir le serment ;

18 afin que par ces deux choses, qui sont invariables, et dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous eussions une ferme consolation ; nous qui avons notre recours à retenir fortement l’espérance qui nous est proposée ;

19 laquelle nous retenons comme une ancre ferme et assurée de notre âme, et qui pénètre jusqu’au dedans du voile,

20 où Jésus est entré pour nous comme notre précurseur, ayant été fait souverain Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec. 

REFLEXIONS

On doit faire une grande attention aux premiers versets de ce chapitre, puisque St. Paul y marque quels sont les articles fondamentaux de la religion, savoir :

Ainsi, ce sont là les doctrines que nous devons tous croire fermement et sans lesquelles il n’y peut avoir de salut.

II. L’Apôtre nous apprend qu’il ne suffit cependant pas de connaître ces doctrines-là, mais que les chrétiens doivent tendre à une plus grande perfection et joindre à la connaissance des vérités essentielles celle des autres doctrines qui servent à éclaircir la religion et à confirmer la foi. St. Paul fait même comprendre que, quand on néglige de s’avancer dans la connaissance, on se met en danger de perdre le goût pour les vérités de la religion, de renoncer à la foi et de tomber dans l’incrédulité.

III. Nous voyons ici que ceux qui, après avoir été éclairés et avoir reçu et goûté la bonne parole de Dieu et le don céleste, viennent à abandonner la vérité et la piété ne sauraient se repentir que très difficilement et que persévérant dans cet état, il faut qu’ils y périssent.

Cela doit nous donner une extrême crainte de pécher contre nos lumières, de mépriser la parole de Dieu et de résister à l’opération et à l’attrait de sa grâce, de peur que nous n’encourions la malédiction que St. Paul dénonce à ceux qui abusent des grâces du Ciel, ce qu’il représente sous l’image d’une terre qui reçoit souvent la pluie et la culture et qui ne produit que des épines et des chardons, laquelle à cause de cela est maudite et destinée à être brûlée.

Enfin, ceux qui croient à l’Évangile et qui montrent la sincérité de leur foi par leur patience et par leur charité doivent considérer pour leur consolation et pour leur encouragement ce que l’Apôtre dit ici, que Dieu n’est point injuste pour oublier leur travail, que ses promesses sont immuables puisqu’elles ont été faites avec serment et confirmées outre cela par l’exaltation de Jésus-Christ dans la gloire céleste où il est entré comme notre précurseur. C’est là l’espérance des fidèles qui, comme une ancre sûre et ferme, pénètre jusque dans le Ciel et les rend inébranlables au milieu des tentations et des afflictions auxquelles ils sont exposés. 

CHAPITRE VII.

St. Paul montre dans ce chapitre l’excellence du sacerdoce de Jésus-Christ par cette considération qu’il est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Pour cet effet il remarque que Melchisédec était sacrificateur d’une autre manière que les sacrificateurs Juifs, ce qui paraît parce qu’il était roi et parce que l’Écriture ne rapporte point sa généalogie et qu’elle ne dit pas qu’il y ait eu des prédécesseurs, ni de successeurs après sa mort, en quoi il a été le type de Jésus-Christ qui vit d’une vie immortelle après sa résurrection et qui est notre seul et unique sacrificateur. L’Apôtre ajoute que Melchisédec était au-dessus d’Abraham, ce patriarche lui ayant donné la dîme du butin. Il remarque, outre cela, que Jésus-Christ n’était pas de la famille d’Aaron de laquelle les sacrificateurs juifs étaient pris. Et que Dieu avait promis avec serment que le sacerdoce selon l’ordre de Melchisédec serait éternel. Par toutes ses considérations, St. Paul veut prouver que le sacerdoce du Messie était d’une toute autre nature que celui des sacrificateurs Juifs, qu’il devait être roi et sacrificateur tout ensemble et seul sacrificateur, que son sacrifice a dû être unique et très parfait et que, par conséquent, le sacerdoce lévitique devait être aboli. Sur la fin du chapitre, l’Apôtre montre que Jésus-Christ était au-dessus des sacrificateurs Juifs par sa parfaite sainteté.

1 C’est ce Melchisédec, roi de Salem, et sacrificateur du Dieu souverain, qui vint au-devant d’Abraham, lorsqu’il revenait de la défaite des rois, et qui le bénit ;

2 à qui aussi Abraham donna la dîme de tout le butin, et dont le nom signifie premièrement, roi de justice, et qui était aussi roi de Salem, c’est-à-dire, roi de paix,

3 sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie ; étant ainsi semblable au Fils de Dieu, il demeure sacrificateur pour toujours.

4 Considérez donc combien grand était celui à qui Abraham le patriarche lui-même donna la dîme du butin.

5 A l’égard de ceux de la tribu de Lévi qui parviennent à la sacrificature, ils ont bien un ordre, selon la loi, de prendre la dîme du peuple, c’est-à-dire, de leurs frères, quoiqu'ils soient tous issus d’Abraham ;

6 mais celui qui n’était pas de la même famille qu’eux, reçut d’Abraham la dîme, et bénit celui à qui les promesses avaient été faites.

7 Or, sans contredit, celui qui bénit est plus grand que celui qui est béni.

8 Et ici ce sont des hommes mortels qui prennent les dîmes ; mais là l’Ecriture rend témoignage que celui qui les prend, est vivant.

9 Et pour ainsi dire, Lévi même, qui reçoit les dîmes, les a payées en la personne d’Abraham ;

10 car il était encore dans Abraham son aïeul, lorsque Melchisédec alla au-devant de lui.

11 Si donc on eût pu arriver à la perfection par le sacerdoce lévitique, touchant lequel le peuple avait reçu une loi, qu’était-il besoin qu’il s’élevât un autre sacrificateur, qui fût nommé selon l’ordre de Melchisédec, et non pas selon l’ordre d’Aaron ?

12 Car le sacerdoce étant changé, il est nécessaire qu’il y ait aussi un changement de loi.

13 En effet, celui de qui ces choses sont dites, est d’une autre tribu de laquelle personne n’a assisté à l’autel.

14 Car il est évident que notre Seigneur est sorti de la tribu de Juda, à laquelle Moïse n’a point attribué le sacerdoce.

15 Cela est encore plus manifeste, en ce qu’il s’élève un autre sacrificateur semblable à Melchisédec ;

16 qui n’a point été établi par la loi d’une ordonnance charnelle, mais par la puissance d’une vie qui ne doit point finir,

17 selon cette déclaration de l’Ecriture : Tu es Sacrificateur éternellement selon l’ordre de Melchisédec.

18 Ainsi l’ancienne loi a été abolie à cause de sa faiblesse et de son inutilité ;

19 parce que la loi n’a rien amené à la perfection ; mais une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu, a été mise en sa place.

20 Et même, ce n’a point été sans serment ; car les autres sacrificateurs ont été établis sans serment ;

21 mais celui-ci l’a été avec serment, par celui qui lui a dit : Le Seigneur l’a juré, et il ne s’en repentira point ; tu es Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.

22 Ainsi Jésus a été fait garant d’une alliance d’autant plus excellente.

23 A l’égard des sacrificateurs, il y en a eu plusieurs qui se sont succédé, parce que la mort les empêchait de subsister toujours.

24 Mais celui-ci, parce qu’il subsiste éternellement, a aussi un sacerdoce qui ne passe point à d’autres.

25 Et c’est aussi pour cela qu’il peut toujours sauver ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux.

26 Car il nous était convenable d’avoir un tel souverain Sacrificateur, qui fût saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé au-dessus des cieux ;

27 qui n’eût pas besoin, comme les autres souverains sacrificateurs, d’offrir tous les jours des sacrifices, premièrement pour ses propres péchés, et ensuite pour ceux du peuple ; car il a fait cela une seule fois en s’offrant lui-même.

28 Car la loi établit pour souverains sacrificateurs des hommes faibles ; mais la parole du serment qui a été fait après la loi, établit le Fils, et le consacre pour toujours.

REFLEXIONS

La principale réflexion qu’il faut faire sur tout ce chapitre, c’est de reconnaître et d’admirer la sagesse infinie de Dieu qui avait si bien marqué dans les anciens oracles ce que le Messie devait être, comme St. Paul le fait voir, en montrant, avec tant d’évidence et tant de force par la loi même et par le Vieux Testament, que le service et le sacerdoce lévitique devaient être abolis par le sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ.

Cela doit nous convaincre puissamment de la vérité de l’Évangile et nous inciter à sonder et à méditer les Écritures et les oracles des prophètes où l’on trouve de si belles preuves de la divinité de la doctrine chrétienne.

Et puisque tout ce chapitre tend à nous instruire de la perfection et de l’efficace du sacrifice de Jésus-Christ, nous ne pouvons pas douter que nous ne trouvions en lui tout ce qui est nécessaire pour obtenir le pardon de nos péchés, pour purifier nos âmes et qu’ayant pour notre sacrificateur et pour notre Roi celui qui est parfaitement saint et élevés au-dessus des cieux, il ne puisse sauver parfaitement tous ceux qui s’approchent de Dieu par lui. 

CHAPITRE VIII.

L’Apôtre fait deux choses : I. Il continue à montrer que Jésus-Christ était au-dessus des sacrificateurs Juifs, par cet endroit, qu’ayant été élevé au ciel, il est ministre et sacrificateur du sanctuaire céleste, au lieu que les anciens sacrificateurs n’étaient ministres que du sanctuaire qui était sur la terre. II. Il montre dans la même vue que Dieu avait prédit par le prophète Jérémie que l’alliance qu’il avait traitée autrefois avec le peuple d’Israël serait abolie et qu’il en traiterait une plus excellente avec les hommes dans laquelle il leur pardonnerait leurs péchés et les sanctifierait par son esprit.

1 L’abrégé des choses que nous avons dites, c’est que nous avons un tel souverain Sacrificateur, qui est assis à la droite du trône de la majesté de Dieu dans les cieux ;

2 et qui est ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, que le Seigneur a dressé, et non pas un homme.

3 Car tout souverain sacrificateur est établi pour offrir à Dieu des dons et des sacrifices ; c’est pourquoi il a été nécessaire que celui-ci eût aussi quelque chose à offrir.

4 Car s’il était sur la terre, il ne serait pas même sacrificateur, puisqu’il y a encore des sacrificateurs, qui offrent les dons selon la loi ;

5 et qui font un service qui n’est qu’une image et une ombre des choses célestes, selon l’ordre que Dieu donna à Moïse, lorsqu’il devait dresser le tabernacle : Prends garde, lui dit-il, à faire tout selon le modèle qui t’a été montré sur la montagne.

6 Mais notre souverain Sacrificateur a obtenu un ministère d’autant plus excellent, qu’il est Médiateur d’une alliance plus excellente, et qui a été établie sur de meilleures promesses ;

7 car s’il n’y eût rien eu de défectueux dans la première, il n’y aurait pas eu lieu d’en établir une seconde.

8 Aussi Dieu dit-il aux Juifs, en leur faisant des reproches : Les jours viendront que je traiterai une alliance nouvelle avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda ;

9 non comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, lorsque je les pris par la main, pour les retirer du pays d’Egypte ; car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance, et je les ai rejetés, dit le Seigneur.

10 Mais, voici l’alliance que je traiterai avec la maison d’Israël, en ces jours-là, dit le Seigneur ; je mettrai mes lois dans leur esprit, et les graverai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ;

11 et aucun d’eux n’enseignera plus son prochain ni son frère en lui disant : Connais le Seigneur ; car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux.

12 Parce que je leur pardonnerai leurs injustices, et que je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités.

13 En parlant d’une alliance nouvelle, il déclara vieille la première ; or, ce qui est devenu ancien et vieux est près d’être aboli.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous engage à faire ces trois réflexions :

La première, que nous avons un grand sacrificateur qui est assis dans les Cieux à la droite de la majesté divine. Cette entrée de Jésus-Christ dans le Ciel est ce qu’il y a de plus propre pour nous convaincre pleinement de la perfection et de l’efficace de son sacrifice et pour nous assurer aussi qu’il a acquis à tous les fidèles le droit à la gloire céleste et qu’il les y élèvera un jour. La deuxième réflexion concerne le privilège que nous avons d’être reçu dans la nouvelle alliance que Dieu avait promis de traiter avec les hommes dans les temps du Messie. Ce doit être là pour nous un sujet continuel de reconnaissance et d’actions de grâces.

En troisième lieu, puisque le but que Dieu s’est proposé dans cette alliance a été de mettre ses lois dans nos cœurs, de nous remplir tous de sa connaissance et de sa crainte et de nous pardonner nos péchés, nous devons reconnaître que cette alliance nous deviendra inutile à moins que nous ne répondions de notre côté aux desseins de Dieu et que nous ne nous acquittions fidèlement des devoirs auxquels elle nous engage. C’est ce que nous apprend l’exemple des Juifs qui n’observèrent pas l’alliance du Seigneur et qui furent rejetés à cause de cela.

Enfin, puisque Dieu avait promis qu’il mettrait lui-même ses lois dans nos cœurs et dans nos entendements, nous devons le prier que, selon ses promesses, il nous augmente de plus en plus sa connaissance et qu’il imprime sa crainte et son amour dans nos cœurs par l’efficace de sa grâce, en sorte que nous soyons son vrai peuple et qu’il soit aussi toujours notre Dieu. 

CHAPITRE IX.

St. Paul fait une description de l’ancien tabernacle et du service qui s’y faisait et il remarque principalement que le souverain sacrificateur entrait une fois l’an seulement dans le lieu très saint, ce qui faisait voir que le chemin du Ciel n’était pas encore ouvert aux hommes. Il montre après cela que les sacrifices et les diverses cérémonies des Juifs étaient des figures de ce qui devait arriver un jour et en particulier que l’entrée du souverain sacrificateur dans le lieu très saint marquait que Jésus-Christ entrerait dans le Ciel par son propre sang et qu’il nous obtiendrait par ce moyen une rédemption éternelle, son sang ayant une vertu pour sanctifier les hommes que celui des victimes légales n’avaient pas. L’Apôtre ajoute que, comme l’ancienne alliance avait été confirmée par le sang des victimes, la nouvelle, qui est plus excellente, l’a été par le sang de Jésus-Christ. Il conclut de tout cela que le sacrifice de notre Seigneur est parfait et d’une vertu infinie, qu’il ne doit pas être réitéré et que Jésus-Christ étant mort une fois, il n’y a plus à attendre, sinon qu’il vienne au dernier jour pour introduire les fidèles dans sa gloire. 

 1 La première alliance avait donc aussi des ordonnances touchant le service divin, et un sanctuaire terrestre.

2 Car, quand le tabernacle fut dressé, il y avait dans la première partie le chandelier, la table et les pains de proposition ; et cette partie s’appelait le lieu saint.

3 Et au-delà du second voile était la partie du tabernacle appelé le lieu très saint ;

4 où il y avait un encensoir d’or et l’arche d’alliance, toute couverte d’or, dans laquelle était une urne d’or, où était la manne, la verge d’Aaron, qui avait fleuri, et les tables de l’alliance.

5 Et sur cette arche étaient les chérubins de la gloire, qui couvraient le propitiatoire ; de quoi il n’est pas besoin de parler présentement en détail.

6 Or, ces choses étant ainsi disposées, les sacrificateurs entrent bien tous les jours dans la première partie du tabernacle, pour y faire le service ;

7 mais le seul souverain sacrificateur entre dans la seconde partie, une fois l’année ; non sans y porter du sang, qu’il offre pour ses péchés et pour ceux du peuple ;

8 le Saint-Esprit montrant par-là, que le chemin du lieu très saint n’avait pas encore été ouvert, pendant que le premier tabernacle subsistait ; ce qui était une figure pour ce temps-là ;

9 pendant lequel on offrait des dons et des sacrifices, qui ne pouvaient pas purifier la conscience de celui qui faisait le service ;

10 lequel ne consistait qu’en des viandes et des breuvages, en diverses ablutions, et en des cérémonies charnelles, qui n’avaient été imposées que jusqu’au temps que tout cela devait être réformé.

11 Mais Christ, le souverain sacrificateur des biens à venir, ayant passé par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’a point été fait de main, c’est-à-dire, qui n’a pas été construit par les hommes,

12 est entré une seule fois dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, nous ayant obtenu une rédemption éternelle.

13 Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre de la génisse, dont on fait aspersion, purifie ceux qui sont souillés, à l’égard de la pureté du corps ;

14 combien plus le sang de Christ, qui par l’Esprit éternel, s’est offert à Dieu, soi-même, sans aucune tache, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant !

15 C’est pourquoi il est le médiateur d’un nouveau testament, afin que, la mort intervenant pour l’expiation des péchés commis sous le premier testament, ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis.

16 Car où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne ;

17 parce qu’un testament n’a son effet qu’après la mort du testateur, n’ayant point de force tant qu’il est en vie.

18 C’est pourquoi aussi, le premier testament ne fut point établi sans effusion de sang.

19 Car, après que Moïse eut prononcé à tout le peuple tous les commandements de la loi, il prit le sang des veaux et des boucs, avec de l’eau et de la laine teinte en écarlate, et de l’hysope, et il en fit aspersion sur le livre même et sur tout le peuple,

20 disant : Ceci est le sang du testament que Dieu a ordonné en votre faveur.

21 Puis, il fit de même aspersion du sang sur le tabernacle et sur tous les vaisseaux qui servaient au culte divin.

22 Et selon la loi, presque toutes choses sont purifiées par le sang, et sans effusion de sang il ne se fait point de rémission des péchés.

23 Il a donc fallu que les choses qui représentaient celles qui sont dans le ciel, fussent purifiées de cette manière, mais que les célestes fussent purifiées par des sacrifices plus excellents.

24 Car Christ n’est point entré dans le sanctuaire fait de la main des hommes, et qui n’était que la figure du véritable ; mais il est entré dans le ciel même pour comparaître maintenant pour nous, devant la face de Dieu.

25 Ce n’est pas qu’il s’offre plusieurs fois soi-même, comme le souverain sacrificateur entre dans le lieu très saint, chaque année, avec d’autre sang que le sien.

26 Autrement, il aurait fallu qu’il eût souffert plusieurs fois depuis la création du monde ; mais à présent, dans la consommation des siècles, il a paru une fois pour abolir le péché, s’étant offert lui-même en sacrifice.

27 Et comme il est ordonné que tous les hommes meurent une fois, après quoi suit le jugement ;

28 de même aussi Christ, ayant été offert une fois pour ôter les péchés de plusieurs, paraîtra une seconde fois sans péché à ceux qui l’attendent pour obtenir le salut.

REFLEXIONS

La comparaison que St. Paul fait entre les sacrificateurs de la loi et Jésus-Christ tend principalement à nous instruire de l’efficace de sa mort et son sacrifice. Nous voyons ici que le sang de Jésus-Christ a une vertu que les sacrifices de la loi n’avaient point, en ce qu’il a ouvert le Ciel où notre Seigneur est entré pour nous, aussi bien que pour lui, ce qui nous élève aux plus glorieuses espérances.

Mais St. Paul nous apprend aussi que ce sang doit nous sanctifier : et purifier notre conscience des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant, par où nous voyons que le sacrifice de Jésus-Christ nous impose la nécessité de travailler à notre sanctification et qu’il nous met en état de le faire.

Il faut méditer dans les mêmes vues ce qui est dit dans ce chapitre que l’alliance de l’Évangile a été confirmée par le sang et par la mort du fils de Dieu. Dès là, cette alliance est ferme et immuable en tout ce qu’elle contient, les devoirs qu’elle prescrit sont tous à fait inviolables et sacrés et ses menaces, de même que ses promesses, s’exécuteront infailliblement.

Enfin, si le sacrifice de Jésus-Christ est unique et ne peut plus être réitéré et s’il ne reste plus rien, sinon qu’il revienne au dernier jour pour sauver ceux qui l’attendent en vivant dans la piété, il s’ensuit de là qu’il n’y a qu’un seul moyen et qu’un seul temps pour obtenir le salut. Ce seul moyen, c’est de profiter de la grâce qui nous est présentée en Jésus-Christ et ce seul temps, c’est le temps de cette vie, puisqu’il est ordonné aux hommes de mourir une fois et qu’après la mort suit le jugement.

CHAPITRE X.

St. Paul fait voir que les sacrifices de la loi n’avaient point la vertu d’expier les péchés des hommes, ni de les purifier et qu’il n’y a que le sacrifice de Jésus-Christ et l’oblation qu’il a faite une seule fois de son corps par la volonté de Dieu qui ait pu produire cet effet. Ayant ainsi achevé de prouver l’imperfection des sacrifices des Juifs et la perfection de celui de notre Seigneur, il exhorte les Hébreux à s’approcher de Dieu avec confiance et à persévérer dans la profession de la religion chrétienne et dans les pratiques des bonnes œuvres. Il menace des peines les plus terribles ceux qui, après avoir reçu la connaissance de l’Évangile, tomberont dans la désobéissance et dans l’apostasie. Et de peur que les persécutions n’ébranlassent la foi des chrétiens et ne les fissent douter de la vérité des promesses de Dieu, il les exhorte à souffrir avec la même constance qu’ils avaient fait jusqu’alors et à attendre patiemment et avec une foi ferme l’accomplissement de ces promesses.

1 Or, la loi n’ayant que l’ombre des biens à venir, et non la vraie image des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu’on offre continuellement chaque année, sanctifier parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu.

2 Autrement on aurait cessé de les offrir, parce que ceux qui faisaient ce service, étant une fois purifiés, n’auraient plus eu leur conscience chargée de péché.

3 Mais il se fait chaque année, dans ces sacrifices, une nouvelle commémoration des péchés.

4 Car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés.

5 C’est pourquoi, Christ entrant dans le monde, dit : Tu n’as point voulu de sacrifice ni d’offrande, mais tu m’as formé un corps.

6 Tu n’as point pris plaisir aux holocaustes, ni aux sacrifices pour le péché.

7 Alors j’ai dit : Me voici ; je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté, comme il est écrit de moi dans le Livre.

8 Ayant dit auparavant : Tu n’as point voulu de sacrifice, ni d’offrande, ni d’holocaustes, ni d’oblations pour le péché, et tu n’y as point pris plaisir (qui sont les choses qu’on offre selon la loi) ; il ajoute ensuite : Me voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté.

9 Il abolit le premier, pour établir le second.

10 Et c’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés, savoir, par l’oblation du corps de Jésus-Christ, laquelle a été faite une seule fois.

11 Tout sacrificateur donc assiste chaque jour, faisant le service, et offrant plusieurs fois les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais ôter les péchés ;

12 mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu,

13 attendant ce qui reste encore, qui est que ses ennemis soient réduits à lui servir de marchepied.

14 Car, par une seule oblation il a amené pour toujours à la perfection ceux qui sont sanctifiés.

15 Et c’est ce que le Saint-Esprit déclare aussi ; car après avoir dit :

16 Voici l’alliance que je ferai avec eux, quand ces jours-là seront arrivés, dit le Seigneur ; je mettrai mes lois dans leurs cœurs, et je les écrirai dans leurs entendements ; il ajoute :

17 Et je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités.

18 Or, où la rémission des péchés est accordée, il n’est plus besoin d’oblation pour le péché.

19 Puis donc, mes frères, que nous avons, par le sang de Jésus, la liberté d’entrer dans les lieux saints,

20 par le chemin nouveau qui mène à la vie, lequel il nous a frayé à travers le voile, qui est sa propre chair ;

21 et puisque nous avons un grand Sacrificateur établi sur la maison de Dieu ;

22 approchons-nous de lui avec un cœur sincère, avec une confiance pleine et parfaite, ayant les cœurs purifiés des souillures d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure.

23 Retenons constamment la profession de notre espérance, sans varier ; car celui qui a fait les promesses est fidèle ;

24 et prenons garde les uns aux autres, pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres ;

25 n’abandonnant point nos assemblées, comme quelques-uns ont coutume de faire ; mais exhortons-nous les uns les autres, et cela d’autant plus que vous voyez approcher le jour.

26 Car si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés ;

27 et il n’y a plus rien à attendre qu’un jugement terrible et un feu ardent, qui doit dévorer les adversaires.

28 Si quelqu’un avait violé la loi de Moïse, il mourait sans miséricorde, sur le témoignage de deux ou trois personnes ;

29 combien plus grand croyez-vous que doive être le supplice dont sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et tenu pour une chose profane le sang de l’alliance, par lequel il avait été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce !

30 Car nous connaissons celui qui a dit : C’est à moi qu’appartient la vengeance ; je le rendrai, dit le Seigneur. Et ailleurs : Le Seigneur jugera son peuple.

31 C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.

32 Rappelez dans votre mémoire les premiers temps, auxquels, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances ;

33 quand d’un côté, vous avez été exposés, à la vue de tout le monde, à des opprobres et à des persécutions, et que de l’autre, vous avez pris part aux maux de ceux qui étaient ainsi traités.

34 Car vous avez aussi compati à mes liens, et vous avez souffert avec joie qu’on vous ravît vos biens, sachant que vous en avez dans les cieux de plus excellents, et qui sont permanents.

35 N’abandonnez donc pas votre confiance, qui doit avoir une si grande récompense.

36 Car vous avez besoin de patience, afin qu’après avoir fait la volonté de Dieu, vous remportiez l’effet de sa promesse.

37 Car encore un peu de temps, et celui qui doit venir, viendra, et il ne tardera point.

38 Or, le juste vivra par la foi ; mais si quelqu’un se retire, mon âme ne prend point de plaisir en lui.

39 Pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour périr ; mais nous sommes de ceux qui gardent la foi pour sauver leur âme.

REFLEXIONS

La première partie de ce chapitre nous instruit de la perfection du sacrifice de Jésus-Christ et de ses fruits. St. Paul y enseigne que nos péchés ont été expiés par l’oblation que Jésus-Christ a faite de son corps sur la croix et qu’après s’être offert en sacrifice pour les péchés des hommes, il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Outre cela, l’Apôtre nous fait considérer ce sacrifice de notre Seigneur comme un effet de sa soumission à la volonté de son père et de son amour envers nous.

Ce sont là des considérations qui doivent nous persuader que l’ouvrage de notre rédemption est pleinement accompli, nous inspirer un ardent amour pour ce sauveur charitable et nous engager à nous soumettre aussi en toutes choses à la volonté de Dieu.

La seconde partie de ce chapitre nous donne ces quatre instructions.

I. La première, que, puisque Jésus-Christ nous a acquis par sa mort et par son ascension la liberté d’entrer dans le Ciel, nous pouvons nous approcher de Dieu avec une pleine confiance, pourvu que nous le fassions avec un cœur pur et nettoyé des souillures du péché.

II. La seconde, que nous devons persévérer dans la profession publique de notre foi et nous exciter continuellement les uns les autres à la piété, à la charité et à toutes sortes de bonnes œuvres.

III. La troisième, que, quoique l’Évangile soit une alliance de grâce, il menace des peines les plus effroyables ceux qui l’auront violée. St. Paul dit sur ce sujet que les supplices que l’Évangile dénonce à ceux qui auront méprisé le sang du fils de Dieu et outragé son esprit seront infiniment plus rigoureux que ceux qu’on faisait souffrir aux Juifs qui avaient violé la loi de Moïse et qu’il ne reste plus de sacrifice pour les chrétiens rebelles et apostats, mais qu’il n’y a pour eux que l’attente formidable du jugement et que c’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.

IV. St. Paul nous enseigne ici qu’il ne faut pas que les chrétiens perdent jamais courage dans les persécutions, qu’ils doivent même souffrir avec joie la perte de leurs biens et les afflictions les plus fâcheuses pour Jésus-Christ lorsqu’ils y ont été appelés, puisqu’ils trouveront infailliblement auprès de Dieu une grande récompense et qu’après avoir fait sa volonté, ils recevront l’effet de ses promesses.

CHAPITRE XI.

L’Apôtre, pour affermir la foi des Hébreux contre les persécutions, leur propose l’exemple des patriarches et des anciens fidèles, lesquels par leur foi et par leur confiance aux promesses de Dieu, lui avaient été agréables et avaient surmonté les épreuves les plus dures. C’est dans cette vue qu’il parle de la nature de la foi et de ses effets merveilleux et il allègue l’exemple d’Abel, d’Énoch, de Noé, d’Abraham et de Sara. Il y ajoute celui d’Isaac, de Jacob et de Joseph, lesquels, par les bénédictions qu’ils donnèrent à leurs enfants et par ce qu’ils dirent avant leur mort, montrèrent qu’ils étaient persuadés que les promesses de Dieu s’accompliraient. Il parle ensuite de Moïse, de la sortie d’Égypte et de la conquête du pays de Canaan et enfin des juges, de Samuel, du roi David et de plusieurs prophètes et martyrs qui, soutenus par leur foi, avaient fait les plus grandes merveilles et avaient souffert avec constance toutes sortes de tourments et même la mort. 

1 Or, la foi est une vive représentation des choses qu’on espère, et une démonstration de celles qu’on ne voit point.

2 Car par elle les anciens ont obtenu un bon témoignage.

3 C’est par la foi que nous savons que le monde a été fait par la parole de Dieu ; en sorte que les choses qui se voient n’ont pas été faites de choses qui parussent.

4 C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et qu’il obtint le témoignage d’être juste, Dieu rendant un bon témoignage à ses offrandes ; et quoique mort, il parle encore par elle.

5 C’est par la foi qu’Hénoc fut enlevé pour ne point mourir, et il ne parut plus, parce que Dieu l’avait enlevé ; car avant que d’être enlevé, il avait obtenu le témoignage d’être agréable à Dieu.

6 Or, il est impossible de lui être agréable sans la foi ; car il faut que celui qui s’approche de Dieu, croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent.

7 C’est par la foi que Noé, ayant été divinement averti des choses qu’on ne voyait point encore, craignit, et bâtit l’arche pour sauver sa famille ; et par cette arche il condamna le monde, et fut fait héritier de la justice qui s’obtient par la foi.

8 C’est par la foi qu’Abraham, étant appelé, obéit, pour venir au pays qu’il devait recevoir pour héritage ; et il partit, ne sachant où il allait.

9 C’est par la foi, qu’il demeura comme étranger dans la terre qui lui avait été promise, habitant sous des tentes, aussi bien qu’Isaac et Jacob, qui étaient héritiers avec lui de la même promesse.

10 Car il attendait la cité qui a des fondements, et de laquelle Dieu est l’architecte et le fondateur.

11 C’est aussi par la foi que Sara reçut la vertu de concevoir et qu’elle enfanta, étant hors d’âge d’avoir des enfants, parce qu’elle crut que celui qui le lui avait promis était fidèle.

12 C’est pourquoi il est né d’un seul homme, et qui était déjà affaibli par l’âge, une multitude aussi nombreuse que les étoiles du ciel, et que le sable innombrable qui est au bord de la mer.

13 Tous ceux-là sont morts dans la foi, sans avoir reçu les choses qui leur avaient été promises, mais les ayant vues de loin, crues, et embrassées, et ayant fait profession d’être étrangers et voyageurs sur la terre.

14 Car ceux qui parlent ainsi, montrent clairement qu’ils cherchent leur patrie.

15 En effet, s’ils eussent eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils avaient assez de temps pour y retourner ;

16 mais ils en désiraient une meilleure, qui est la céleste ; c’est pourquoi Dieu ne dédaigne pas de s’appeler leur Dieu, car il leur avait préparé une cité.

17 C’est par la foi qu’Abraham offrit Isaac, lorsqu’il fut éprouvé, et que celui qui avait reçu les promesses, offrit son fils unique ;

18 à l’égard duquel il avait été dit : C’est en Isaac que ta postérité sera appelée de ton nom ;

19 ayant pensé en lui-même, que Dieu pouvait ressusciter Isaac des morts ; aussi le recouvra-t-il par une espèce de résurrection.

20 C’est par la foi qu’Isaac donna à Jacob et Esaü une bénédiction qui regardait l’avenir.

21 C’est par la foi, que Jacob mourant bénit les deux fils de Joseph, et adora, étant appuyé sur le haut de son bâton.

22 C’est par la foi, que Joseph mourant parla de la sortie des enfants d’Israël, et qu’il donna des ordres touchant ses os.

23 C’est par la foi que Moïse, étant né, fut caché pendant trois mois par son père et sa mère, parce qu’ils voyaient que c’était un bel enfant ; et ils ne craignirent point l’édit du roi.

24 C’est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça à la qualité de fils de la fille de Pharaon ;

25 choisissant plutôt d’être affligé avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un peu de temps des délices du péché ;

26 et regardant l’opprobre de Christ comme des richesses plus grandes que les trésors de l’Egypte, parce qu’il avait en vue la rémunération.

27 C’est par la foi qu’il quitta l’Egypte, sans craindre la colère du roi ; car il demeura ferme, comme voyant celui qui est invisible.

28 C’est par la foi qu’il célébra la Pâque et qu’il fit l’aspersion du sang, afin que le destructeur qui tuait les premiers-nés, ne touchât point ceux des Israélites.

29 C’est par la foi, qu’ils passèrent par la mer Rouge comme par un lieu sec ; ce que les Egyptiens ayant voulu tenter, ils furent submergés.

30 C’est par la foi que les murailles de Jérico tombèrent, après qu’on en eut fait le tour pendant sept jours.

31 C’est par la foi que Rahab l’hôtelière ne périt point avec les incrédules, parce qu’elle reçut les espions et les mit en sûreté.

32 Et que dirai-je encore ? Car le temps me manquerait, si je voulais parler de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephthé, de David, de Samuel, et des prophètes ;

33 qui, par la foi, ont conquis des royaumes, ont exercé la justice, ont obtenu l’effet des promesses, ont fermé la gueule des lions,

34 ont éteint la force du feu, ont échappé au tranchant des épées, ont été guéris de leurs maladies, ont été vaillants dans la guerre, ont mis en fuite des armées ennemies.

35 Des femmes ont recouvré par la résurrection leurs enfants morts ; d’autres ont été cruellement tourmentés, refusant d’être délivrés, afin d’obtenir une meilleure résurrection ;

36 d’autres ont été éprouvés par les moqueries et les fouets ; d’autres, par les liens et par la prison ;

37 ils ont été lapidés, ils ont été sciés, ils ont été mis à toutes sortes d’épreuves, ils sont morts par le tranchant de l’épée, ils ont été errants çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, destitués de tout, affligés, maltraités ;

38 eux dont le monde n’était pas digne ; ils ont erré dans les déserts et dans les montagnes, se cachant dans les cavernes et les antres de la terre.

39 Et tous ceux-là ayant obtenu un bon témoignage par leur foi, n’ont point reçu ce qui leur avait été promis ;

40 Dieu ayant pourvu quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous. 

REFLEXIONS

Ce chapitre nous instruit de la nature de la foi et de ses effets.

I. St. Paul nous y enseigne que la foi est une vive et ferme persuasion des choses que Dieu nous a promises et qu’elle nous fait regarder ces choses-là comme présentes quoique nous ne les voyions pas encore. Il ajoute qu’elle consiste à croire qu’il y a un Dieu qui récompense ceux qui le servent et à qui il est impossible d’être agréable sans cette foi-là.

II. L’Apôtre nous met devant les yeux les merveilleux effets de la foi par les exemples d’Abel, d’Énoch, de Noé, des patriarches, des prophètes, des personnes illustres et des Saints qui ont vécu avant Jésus-Christ.

Ce qu’on doit recueillir en général de tous ces exemples, c’est :

I. Que dès le commencement du monde et dans tous les temps il y a eu des Saints qui ont cru en Dieu, qui ont espéré en ses promesses et qui ont montré la sincérité de leur foi en lui obéissant, même dans les choses les plus difficiles,

II. Que la foi a toujours été nécessaire et que personne n’a jamais été agréable à Dieu et n’a pas eu part à son approbation que par la foi,

III. Que cette vraie foi a aussi toujours produit ces trois effets principaux, savoir : la confiance aux promesses de Dieu, l’obéissance à ses commandements et la constance dans les afflictions.

C’est ce qu’on voit en particulier dans le patriarche Abraham, qui donna des preuves si illustres de sa foi en sortant de son pays et en offrant son fils Isaac en sacrifice et qui, de même que ses fils, vécut sur la terre comme un étranger et un voyageur, attendant une meilleure vie en cherchant sa patrie dans le Ciel.

C’est ce qu’on remarque encore dans la conduite de Moïse qui aima mieux souffrir avec le peuple de Dieu que de jouir des avantages qui lui étaient offerts dans l’Égypte, aussi bien que dans l’admirable constance que les anciens martyrs ont fait paraître en souffrant la persécution et les supplices les plus cruels.

Tous ces exemples doivent animer extraordinairement notre foi, nous remplir de courage et de zèle et nous engager à obéir au Seigneur en toutes choses et même à tout souffrir pour lui. Et si nous considérons, comme St. Paul le dit sur la fin de ce chapitre, que nous avons des avantages que ceux qui vivaient avant la venue de Jésus-Christ n’avaient pas, nous nous sentirons encore plus obligés de marcher sur les traces de ces grands serviteurs de Dieu, afin que, les imitant dans leur foi, nous arrivions comme eux à la perfection et au salut.

CHAPITRE XII.

St. Paul exhorte les Hébreux à imiter l’exemple des fidèles du Vieux Testament qu’il leur avait mis devant les yeux dans le chapitre précédent et surtout celui de Jésus-Christ et à endurer les afflictions avec constances. I. Il leur fait remarquer aussi que les afflictions sont un effet et une marque de l’amour de Dieu et qu’il en revient de grands avantages aux fidèles et il les encourage par ces considérations à souffrir patiemment la persécution. Il les exhorte à la sainteté et à la persévérance dans la foi et il les avertit d’éviter tout ce qui pourrait leur faire perdre la grâce de Dieu et de ne se pas laisser séduire par la sensualité. Après cela, il compare la manière dont la loi avait été publiée sur le mont Sinaï avec la manière dont l’Évangile avait été annoncé et par là il veut montrer combien la punition de ceux qui auront méprisé la voix de Jésus-Christ et violé l’alliance de la grâce sera rigoureuse.

1 Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetant tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe aisément, poursuivons constamment la course qui nous est proposée,

2 regardant à Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était proposée, a souffert la croix, méprisant l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu.

3 C’est pourquoi, considérez bien celui qui a souffert une si grande contradiction des pécheurs, afin que vous ne vous abattiez pas en perdant courage.

4 Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang, en combattant contre le péché ;

5 et vous avez oublié l’exhortation qui vous dit, comme à des enfants de Dieu : Mon enfant, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds point courage, lorsqu’il te reprend ;

6 car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de ses verges tous ceux qu’il reconnaît pour ses enfants.

7 Si vous souffrez le châtiment, Dieu vous traite comme ses enfants ; car quel est l’enfant que son père ne châtie pas ?

8 Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous les autres ont part, vous êtes donc des bâtards, et non des enfants légitimes.

9 Et puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous avons eu du respect pour eux, ne serons-nous pas beaucoup plus soumis au Père des esprits, pour avoir la vie ?

10 Car quant à nos pères, ils nous châtiaient pour un peu de temps, comme ils le trouvaient bon ; mais Dieu nous châtie pour notre profit, afin de nous rendre participants de sa sainteté.

11 Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse, et non pas de joie ; mais il produit ensuite un fruit paisible de justice à ceux qui ont été ainsi exercés.

12 Fortifiez donc vos mains qui sont affaiblies, et vos genoux qui sont relâchés ;

13 et faites à vos pieds un chemin droit, afin que ce qui cloche ne se dévoie pas tout à fait, mais que plutôt il se rétablisse.

14 Recherchez la paix avec tout le monde, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur ;

15 prenant garde que personne ne se prive de la grâce de Dieu ; et que quelque racine d’amertume poussant en haut, ne vous trouble, et que plusieurs n’en soient infectés.

16 Qu’il n’y ait point d’impur, ni de profane comme Esaü, qui, pour un mets, vendit son droit d’aînesse.

17 Car vous savez que même après cela, voulant hériter la bénédiction de son père, il fut rejeté, car il ne put trouver le moyen de le faire changer de résolution, quoiqu’il le demandât avec larmes.

18 Car vous ne vous êtes pas approchés de la montagne qu’on pouvait toucher avec la main, ni du feu brûlant, ni de la nuée épaisse, ni de l’obscurité, ni de la tempête,

19 ni du bruit de la trompette, ni de la voix qui parlait, et qui était telle que ceux qui l’entendirent, prièrent que la parole ne leur fût plus adressée.

20 Car ils ne pouvaient supporter ce qui était ordonné, que si même une bête touchait la montagne, elle serait lapidée ou percée d’un dard.

21 Et ce qui paraissait était si terrible, que Moïse même dit : Je suis effrayé et tout tremblant.

22 Mais vous êtes venus à la montagne de Sion, à la cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste, aux milliers d’anges ;

23 à l’assemblée et à l’Église des premiers-nés, qui sont écrits dans les cieux ; à Dieu qui est le juge de tous ; aux esprits des justes qui sont parvenus à la perfection ;

24 et à Jésus, le Médiateur de la nouvelle alliance, et au sang de l’aspersion, qui prononce de meilleures choses que celui d’Abel.

25 Prenez garde de ne pas mépriser celui qui vous parle ; car si ceux qui méprisaient celui qui parlait de la part de Dieu sur la terre, ne sont point échappés, nous serons punis beaucoup plus, si nous nous détournons de celui qui nous parle des cieux ;

26 de qui la voix ébranla alors la terre, et qui maintenant a fait cette promesse : Encore une fois, j’ébranlerai non-seulement la terre, mais aussi le ciel.

27 Or, ces mots : Encore une fois, marquent l’abolition des choses muables, comme n’ayant été faites que pour faire place à celles qui sont immuables et qui subsisteront toujours.

28 C’est pourquoi, embrassant le royaume qui ne peut être ébranlé, conservons la grâce par laquelle nous puissions servir Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec respect et avec crainte ;

29 car notre Dieu est aussi un feu consumant. 

REFLEXIONS

L’Apôtre nous apprend ici premièrement que l’exemple des fidèles et des Saints qui se sont autrefois rendus agréables à Dieu par leur foi, par leur patience et par leur obéissance, a beaucoup de force pour nous inciter à ces mêmes devoirs, surtout puisque Dieu nous a accordé plus de lumières et plus de grâces qu’à eux et que nous avons, outre cela, devant les yeux l’exemple de Jésus-Christ, l’auteur et le consommateur de notre foi.

II. St. Paul nous instruit sur les afflictions et quoique ce qu’il dit regarde proprement les persécutions que l’on souffre pour l’Évangile, on peut l’appliquer à toutes les afflictions en général, puisqu’il est toujours vrai que Dieu nous châtie par un effet de son amour afin de nous rendre participants de sa sainteté et que les afflictions produisent de très salutaires effets en ceux qui les reçoivent comme il faut.

Cela nous engage à ces deux devoirs :

L’un, de ne nous laisser jamais aller au découragement et au murmure dans les maux, mais de les souffrir patiemment et même avec joie, de quelque nature qu’ils soient, puisque c’est Dieu notre Père qui nous les envoie et qu’il ne le fait que pour notre bien,

L’autre devoir est de répondre aux vues que Dieu se propose en nous dispensant les afflictions, d’en faire un bon usage et de les rapporter à notre correction et à notre avancement dans la sainteté.

III. Nous voyons dans ce chapitre que nous sommes indispensablement obligés de vivre dans la paix et dans l’étude de la sanctification et que sans cela il est impossible que nous voyions jamais le Seigneur.

I. L’Apôtre nous avertit de travailler à nous conserver dans la grâce de Dieu et de prendre garde pour cet effet qu’il n’y ait en nous quelque principe d’incrédulité et de rébellion qui nous la fasse perdre et il nous montre par l’exemple d’Ésaü qu’il importe surtout d’éviter la sensualité et de ne pas préférer les vains et frivoles avantages du monde aux biens éternels que Dieu nous promet, de peur que nous ne soyons privés de la bénédiction de notre Père céleste.

II. Enfin, la comparaison que l’Apôtre fait ici entre la loi et l’Évangile nous présente ces deux réflexions :

III. Que nous vivons sous une alliance beaucoup plus excellente que les Israélites et que nous sommes par-là étroitement obligés de la bien garder. C’est dans cette vue que St. Paul nous représente que nous sommes membres de l’église chrétienne, que l’Évangile a été annoncé par le propre fils de Dieu et confirmé par son sang et que Dieu nous appelle à posséder une gloire infinie dans le Ciel avec les anges et tous les saints ;

IV. Que, quoique l’Évangile n’ait été pas été publié avec un appareil aussi formidable que la loi le fut autrefois sur le mont Sinaï et que nous vivions sous une dispensation de la grâce et de miséricorde, ceux qui méprisent la voix du fils de Dieu ont à craindre des peines beaucoup plus sévères que celles qui étaient dénoncées aux Israélites. C’est la vérité que St. Paul exprime en ces termes : Si ceux qui méprisaient celui qui parlait de la part de Dieu sur la terre ne sont pas échappés, nous échapperons beaucoup moins si nous nous détournons de celui qui parle du Ciel. C’est pourquoi embrassant le royaume qui ne peut être ébranlé, conservons la grâce, afin que nous servions Dieu avec respect et avec crainte et d’une manière que nous lui soyons agréables, car notre Dieu est aussi un feu consumant.

CHAPITRE XIII.

Dans ce dernier chapitre, l’Apôtre exhorte les Hébreux à la charité, à la chasteté, au contentement d’esprit et à la confiance en Dieu. Il leur recommande de se souvenir de leurs conducteurs et de ne se point laisser détourner de la pure doctrine qu’il leur avait enseignée, ni par ceux qui voulait retenir les sacrifices et les cérémonies de la loi mosaïque, ni par la crainte de la persécution. Il leur prescrit les vrais sacrifices des chrétiens, qui sont les louanges de Dieu et l’exercice de la charité, il leur ordonne d’être soumis à leurs pasteurs. Enfin, il leur demande leurs prières et il en fait lui-même pour leur sanctification. 

1 Que l’amour fraternel demeure en vous.

2 N’oubliez point l’hospitalité, car c’est par elle que quelques-uns ont logé des anges sans le savoir.

3 Souvenez-vous de ceux qui sont dans les liens, comme si vous y étiez avec eux ; et de ceux qui sont maltraités, comme étant vous-mêmes du même corps.

4 Le mariage est honorable entre tous, et le lit sans souillure ; mais Dieu jugera les fornicateurs et les adultères.

5 Que vos mœurs soient sans avarice, étant contents de ce que vous avez ; car Dieu lui-même a dit : Je ne te laisserai point, je ne t’abandonnerai point.

6 De sorte que nous pouvons dire avec confiance : Le Seigneur est mon aide, et je ne craindrai point ce que l’homme pourrait me faire.

7 Souvenez-vous de vos conducteurs, qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et imitez leur foi, considérant quelle, a été l’issue de leur vie.

8 Jésus-Christ est le même, hier et aujourd’hui, et le sera éternellement.

9 Ne vous laissez point entraîner par des doctrines diverses et étrangères ; car il vaut mieux affermir son cœur par la grâce que par les viandes, qui n’ont servi de rien à ceux qui s’y sont attachés.

10 Nous avons un autel, duquel ceux qui servent au tabernacle n’ont pas le pouvoir de manger.

11 Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur, pour l’expiation du péché, sont brûlés hors du camp.

12 C’est aussi pour cela que Jésus, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte.

13 Sortons donc hors du camp pour aller à lui, en portant son opprobre.

14 Car nous n’avons point ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir.

15 Offrons donc par lui sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire, le fruit des lèvres qui confessent son nom.

16 N’oubliez pas aussi d’exercer la charité, et de faire part de vos biens ; car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices.

17 Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme devant en rendre compte, afin que ce qu’ils font, ils le fassent avec joie, et non en gémissant ; car cela ne vous serait point avantageux.

18 Priez pour nous ; car nous sommes assurés que nous avons une bonne conscience, désirant de nous bien conduire en toutes choses.

19 Et je vous prie avec d’autant plus d’instance de le faire, afin que je vous sois plutôt rendu.

20 Le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus-Christ, par le sang de l’alliance éternelle,

21 vous rende accomplis en toutes sortes de bonnes œuvres, pour faire sa volonté, faisant lui-même en vous ce qui lui est agréable, par Jésus-Christ, auquel soit gloire aux siècles des siècles. Amen.

22 Au reste, mes frères, je vous prie de prendre en bonne part ces paroles d’exhortation ; car je vous ai écrit en peu de mots.

23 Vous savez que notre frère Timothée est délivré ; s’il vient bientôt, je vous irai voir avec lui.

24 Saluez tous vos conducteurs, et tous les saints. Ceux d’Italie vous saluent.

25 La grâce soit avec vous tous. Amen. 

REFLEXIONS

Les devoirs qui sont prescrits dans ce chapitre sont les suivants :

I. De nous aimer les uns les autres comme frères, d’exercer la charité et l’hospitalité et d’avoir soin surtout de ceux qui souffrent persécution pour l’Évangile,

II. De vivre dans la chasteté, soit que nous soyons mariés, soit que nous ne le soyons pas et d’avoir en horreur toute impureté, nous souvenant que Dieu jugera un jour les personnes qui s’adonnent à ce péché-là,

III. De fuir l’avarice, d’être content de notre état et de nous reposer toujours sur la providence de Dieu,

IV. De regarder les choses du monde et ce qui flatte les désirs de la chair de la même manière que St. Paul voulait que les chrétiens regardassent les cérémonies de la loi et de nous souvenir que la qualité des chrétiens et la foi en Jésus-Christ crucifié nous appellent à porter notre croix et à vivre en ce monde comme des personnes : qui n’ont point ici-bas de cité permanente, mais qui cherchent celle qui est à venir.

V. Ce chapitre nous apprend à ne jamais négliger le devoir de l’action de grâce et de la louange de Dieu, non plus que celui de la charité et de l’aumône, puisque ce sont des sacrifices très agréables à Dieu.

VI. St. Paul recommande aux chrétiens, à son ordinaire, de se souvenir de leurs pasteurs, de leur obéir et de leur être soumis comme à ceux qui veillent pour leurs âmes et de prier continuellement pour eux.

Enfin, il conclut ces exhortations et cette épître par cette prière qu’il fait en faveur des Hébreux et que nous devons tous faire pour nous-mêmes et les uns pour les autres : que le Dieu de paix veuille vous rendre accomplis en toutes sortes de bonnes œuvres, pour faire sa volonté ; et qu’il fasse lui-même en vous ce qui lui agréable par Jésus-Christ auquel soit la gloire aux siècles des siècles, amen ! 

Écrite d’Italie aux Hébreux, et portée par Timothée.