LE PREMIER LIVRE DES ROIS

ARGUMENT

Le premier livre des rois contient l’histoire du règne de Salomon fils de David et celle des rois de Juda et de ceux d’Israël, jusqu’à la fin du règne de Josaphat, roi de Juda, et d’Achab, roi des dix tribus, ce qui renferme l’histoire de cent et dix-sept ans.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV. CHAPITRE V. CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII. CHAPITRE VIII. CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.  CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I

David étant vieux épouse Abisag. Adonija son fils veut se faire roi, mais David, en ayant été averti par Bath-scébah et par le prophète Nathan, fait oindre Salomon et le fait proclamer roi. Adonija l’ayant su, sa faction fut dissipée et Salomon lui pardonna à condition qu’il demeurerait à l’avenir dans le devoir.

1 Or, le roi David devint vieux et avancé en âge, et quoiqu’on le couvrît d’habits, il ne pouvait pourtant se réchauffer.

2 Ses serviteurs donc lui dirent : Qu’on cherche au roi, notre seigneur, une jeune fille vierge qui se tienne devant le roi et qui en ait soin, et qu’elle dorme en son sein, afin que le roi, notre seigneur, se réchauffe.

3 On chercha donc, dans toutes les contrées d’Israël, une fille qui fût belle ; et on trouva Abisag Sçunamite, qu’on amena au roi.

4 Et cette jeune fille était fort belle, et elle avait soin du roi et le servait ; cependant le roi ne la connut point.

5 Alors Adonija, fils de Hagguith, s’éleva, disant : Je régnerai. Et il s’établit des chariots, et des cavaliers, et cinquante hommes qui couraient devant lui.

6 Mais le roi son père ne voulait point lui donner de chagrin pendant sa vie, ni lui dire : Pourquoi agis-tu ainsi ? Il était aussi de fort belle taille, et sa mère l’avait enfanté après Absçalom.

7 Et il communiqua ses affaires à Joab, fils de Tsérujah, et au sacrificateur Abiathar, qui furent de son parti.

8 Mais le sacrificateur Tsadok et Bénaja, fils de Jéhojadah, et Nathan le prophète, et Scimhi, et Réhi, et les hommes vaillants de David n’étaient point du parti d’Adonija.

9 Et Adonija tua des brebis et des bœufs et des bêtes grasses auprès de la pierre de Zohéleth, qui était près de la fontaine de Roguel ; et il convia tous ses frères, les fils du roi, et tous ceux de Juda, qui étaient au service du roi.

10 Mais il ne convia point Nathan le prophète, ni Bénaja, ni les hommes vaillants de l’armée, ni Salomon son frère.

11 Alors Nathan parla à Bath-scébah, mère de Salomon, et lui dit : N’as-tu pas appris qu’Adonija, fils de Hagguith, a été fait roi, sans que David, notre seigneur, le sache ?

12 Maintenant donc, viens que je te donne un conseil, je te prie, et sauve ta vie et la vie de ton fils Salomon.

13 Va te présenter au roi David, et dis-lui : Mon seigneur, n’as-tu pas fait ce serment à ta servante, disant : Ton fils Salomon régnera après moi, et ce sera celui qui sera assis sur mon trône ? Pourquoi donc Adonija a-t-il été fait roi ?

14 Et pendant que tu seras encore là, et que tu parleras avec le roi, je viendrai après toi, et je continuerai le discours que tu auras commencé.

15 Bath-scébah donc vint vers le roi, dans sa chambre ; or, le roi était fort vieux, et Abisag Sçunamite le servait.

16 Et Bath-scébah se baissa profondément, et se prosterna devant le roi ; et le roi lui dit : Qu’as-tu ?

17 Et elle lui répondit : Mon seigneur, tu as juré par l’Éternel ton Dieu à ta servante, et tu as dit : Certainement ton fils Salomon régnera après moi, et il sera assis sur mon trône.

18 Mais maintenant, voici, Adonija a été fait roi, et tu n’en sais rien, ô roi, mon seigneur ;

19 il a même tué des bœufs, des bêtes grasses et des brebis en grand nombre, et il a convié tous les fils du roi, avec Abiathar le sacrificateur, et Joab, chef de l’armée ; mais il n’a point invité ton serviteur Salomon.

20 Or, pour ce qui est de toi, ô roi, mon seigneur, les yeux de tout Israël sont sur toi, afin que tu leur déclares qui doit être assis sur le trône du roi, mon seigneur, après lui.

21 Et il arrivera qu’aussitôt que le roi, mon seigneur, se sera endormi avec ses pères, nous serons tenus pour coupables, moi et mon fils Salomon.

22 Elle parlait encore avec le roi, lorsque Nathan le prophète vint.

23 Et on le fit savoir au roi, disant : Voici Nathan le prophète. Puis Nathan se présenta devant le roi, et se prosterna devant lui sur son visage, en terre.

24 Et Nathan dit : O roi, mon seigneur, as-tu dit : Adonija régnera après moi, et sera assis sur mon trône ?

25 Car il est descendu aujourd’hui, et il a tué des bœufs, des bêtes grasses et des brebis en grand nombre, et il a convié tous les fils du roi, et les chefs de l’armée, et le sacrificateur Abiathar ; et voilà, ils mangent et boivent devant lui, et ils ont dit : Vive le roi Adonija !

26 Mais il n’a point convié ni ton serviteur, ni le sacrificateur Tsadok, ni Bénaja, fils de Jéhojadah, ni Salomon ton serviteur.

27 Ceci aurait-il été fait par le roi, mon seigneur, sans que tu eusses fait savoir à ton serviteur qui est celui qui doit être assis sur le trône du roi, mon seigneur, après lui ?

28 Et le roi David répondit, et dit : Appelez-moi Bath-scébah ; et elle se présenta devant le roi, et se tint devant lui.

29 Alors le roi jura, et dit : L’Éternel, qui m’a délivré de toute affliction, est vivant,

30 Que comme je t’ai juré par l’Éternel, le Dieu d’Israël, disant : Certainement ton fils Salomon régnera après moi, et sera assis sur mon trône en ma place, je le ferai ainsi aujourd’hui.

31 Alors Bath-scébah se baissa profondément sur son visage en terre, et se prosterna devant le roi, et dit : Que le roi David, mon seigneur, vive à jamais.

32 Et le roi David dit : Appelez-moi Tsadok le sacrificateur, et Nathan le prophète, et Bénaja, fils de Jéhojadah ; et ils se présentèrent devant le roi.

33 Et le roi leur dit : Prenez avec vous les officiers de votre seigneur, et faites monter mon fils Salomon sur ma mule, et faites-le descendre vers Guihon ;

34 Et que Tsadok le sacrificateur, et Nathan le prophète l’oignent en ce lieu-là pour roi sur Israël ; puis vous sonnerez de la trompette, et vous direz : Vive le roi Salomon !

35 Et vous monterez après lui, et il viendra et s’assiéra sur mon trône, et régnera en ma place ; car j’ai ordonné qu’il soit conducteur d’Israël et de Juda.

36 Alors Bénaja, fils de Jéhojadah, répondit au roi, et dit : Amen. Que l’Éternel, le Dieu du roi, mon seigneur, l’ordonne ainsi.

37 Comme l’Éternel a été avec le roi, mon seigneur, qu’il soit de même avec Salomon, et qu’il élève son trône plus que le trône du roi David, mon seigneur.

38 Alors Tsadok le sacrificateur descendit avec Nathan le prophète, Bénaja, fils de Jéhojadah, et les Kéréthiens et les Péléthiens, et ils firent monter Salomon sur la mule du roi David, et ils le menèrent à Guihon.

39 Et Tsadok le sacrificateur prit une corne pleine d’huile du tabernacle, et oignit Salomon ; puis on sonna de la trompette, et tout le peuple dit : Vive le roi Salomon !

40 Et tout le monde monta après lui, et le peuple jouait des flûtes, et donnait toutes les marques d’une fort grande joie, et la terre retentissait des cris qu’ils faisaient.

41 Or, Adonija et tous les conviés qui étaient avec lui, entendirent ce bruit, comme ils achevaient de manger. Joab aussi ouï le son de la trompette, et dit : Que veut dire ce bruit de la ville qui est ainsi émue ?

42 Lorsqu’il parlait encore, voici, Jonathan, fils d’Abiathar le sacrificateur, arriva. Et Adonija lui dit : Entre, car tu es un vaillant homme, et tu apporteras de bonnes nouvelles.

43 Mais Jonathan répondit, et dit à Adonija : Certainement, le roi David, notre seigneur, a établi roi Salomon.

44 Et le roi a envoyé avec lui Tsadok le sacrificateur, Nathan le prophète, Bénaja, fils de Jéhojadah, et les Kéréthiens et les Péléthiens, et ils l’ont fait monter sur la mule du roi ;

45 et Tsadok le sacrificateur, Nathan le prophète l’ont oint pour roi à Guihon, d’où ils sont remontés avec joie, ce qui a ému toute la ville ; c’est là le bruit que vous avez entendu.

46 Salomon même s’est assis sur le trône du royaume.

47 Et même les officiers du roi sont venus pour bénir le roi David, notre seigneur, disant : Que Dieu rende le nom de Salomon plus grand que ton nom, et qu’il élève son trône plus que ton trône. Et le roi s’est prosterné sur le lit.

48 Qui plus est, le roi a dit ainsi : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui a fait aujourd’hui asseoir sur mon trône un homme que mes propres yeux voient.

49 Alors tous les conviés qui étaient avec Adonija furent dans un grand trouble, et se levèrent, et chacun alla son chemin.

50 Et Adonija, craignant Salomon, se leva et s’en alla, et saisit les cornes de l’autel.

51 Et on le rapporta à Salomon, en disant : Voilà Adonija qui a peur du roi Salomon ; et voilà, il a saisi les cornes de l’autel, et il a dit : Que le roi Salomon me jure aujourd’hui qu’il ne fera pas mourir son serviteur par l’épée.

52 Et Salomon dit : Si à l’avenir il se conduit en homme de bien, il ne tombera pas un seul de ses cheveux en terre ; mais s’il se trouve du mal en lui, il mourra.

53 Alors le roi Salomon envoya vers Adonija, et on le ramena de l’autel, et il vint se prosterner devant le roi Salomon. Et Salomon lui dit : Va-t’en en ta maison.

REFLEXIONS

L’entreprise d’Adonija qui voulut se faire roi fut un sujet d’affliction pour David. Cependant la providence permit que cela arrivât pendant que David vivait encore afin qu’il pût dissiper le parti d’Adonija et que Salomon fût établi roi suivant les promesses que Dieu avait faites. Ainsi l’orgueil et l’ambition d’Adonija et la conspiration qu’il forma ne servirent qu’à hâter l’élévation de Salomon et qu’à lui assurer le royaume.

C’est ici un de ces exemples qui prouvent que Dieu abaisse les orgueilleux et qu’il les confond ordinairement par leur propre orgueil. On voit aussi par-là que rien ne saurait empêcher l’exécution des desseins de la providence, que tout ce que les hommes entreprennent pour les traverser ne sert qu’à les avancer et que les entreprises criminelles tournent à la confusion de ceux qui en sont les auteurs.

La clémence dont Salomon usa envers Adonija en lui pardonnant doit être attribuée à la bonté de Salomon et à l’amour que David conservait pour Adonija nonobstant son crime.

Les grands doivent aussi user de clémence et pardonner ce qu’on peut avoir fait contre eux autant que cela est possible et que la tranquillité publique le peut permettre et nous devons tous en général être portés à la douceur et pardonner avec plaisir à ceux qui nous ont offensés.

CHAPITRE II

Le roi David étant près de sa fin exhorte Salomon à craindre Dieu. Il lui ordonne de faire mourir Joab à cause des meurtres et des crimes qu’il avait commis, d’avoir soin de la famille de Barzillaï qui l’avait assisté lors de la conjuration d’Absçalom et de punir Sçimhi. David meurt et après sa mort, Salomon régna en sa place. Il fit mourir Adonija son frère, Joab    et Sçimhi et il relégua le sacrificateur Abiathar.

1 Le temps de la mort de David approchant, il donna ce commandement à son fils Salomon, et lui dit :

2 Je m’en vais par le chemin de toute la terre : fortifie-toi et sois un homme courageux ;

3 et observe ce que l’Éternel ton Dieu veut que tu gardes, en marchant dans ses voies, et en gardant ses statuts, ses commandements, ses ordonnances et ses témoignages, selon ce qui est écrit dans la loi de Moïse, afin que tu réussisses dans tout ce que tu entreprendras ;

4 et que l’Éternel confirme la parole qu’il m’a donnée, disant : Si tes fils prennent garde à leur voie, pour marcher devant moi dans la vérité, de tout leur cœur et de toute leur âme, il ne te manquera point de successeur qui soit assis sur le trône d’Israël.

5 Au reste, tu sais ce que m’a fait Joab, fils de Tsérujah, et ce qu’il a fait aux deux chefs des armées d’Israël, savoir, à Abner, fils de Ner, et à Hamasa, fils de Jéther, qu’il a tués, ayant répandu durant la paix le sang qu’on répand en temps de guerre, et ayant ensanglanté, de ce sang qu’on répand en temps de guerre, la ceinture qu’il avait sur ses reins, et les souliers qu’il avait aux pieds ;

6 tu en useras donc selon ta sagesse, et tu ne laisseras point descendre ses cheveux blancs en paix dans le sépulcre.

7 Mais tu feras du bien aux enfants de Barzillaï Galaadite, et ils seront du nombre de ceux qui mangent à ta table, parce qu’ils sont ainsi venus vers moi, lorsque je fuyais de devant Absçalom ton frère.

8 Voilà de plus, tu as avec toi Scimhi, fils de Guéra, fils de Jémini, de Bahurim, qui prononça contre moi des malédictions atroces le jour que je m’en allais à Mahanajim ; mais il descendit au-devant de moi vers le Jourdain, et je lui jurai par l’Eternel, et je lui dis : Je ne te ferai point mourir par l’épée.

9 Maintenant donc, tu ne le laisseras point impuni ; car tu es sage pour savoir ce que tu lui devras faire ; mais tu feras descendre ses cheveux blancs par une mort violente dans le sépulcre.

10 Ainsi David s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli dans la ville de David.

11 Et le temps que David régna sur Israël, fut de quarante ans. Il régna sept ans à Hébron, et trente-trois ans à Jérusalem.

12 Et Salomon s’assit sur le trône de David son père, et son royaume fut fort affermi.

13 Alors Adonija, fils de Hagguith, vint vers Bath-scébah, mère de Salomon. Et elle lui dit : Viens-tu à bonne intention ? Et il répondit : Je viens à bonne intention.

14 Puis il dit : J’ai un mot à te dire. Elle répondit : Parle.

15 Et il dit : Tu sais bien que le royaume m’appartenait, et que tout Israël s’attendait que je régnerais ; mais le royaume a été transporté, et il est échu à mon frère, parce que l’Eternel le lui a donné.

16 Maintenant donc, j’ai à te demander une grâce ; ne me la refuse point. Et elle lui répondit : Parle.

17 Et il dit : Je te prie, dis au roi Salomon (car il ne te refusera rien) qu’il me donne Abisag Sçunamite pour femme.

18 Bath-scébah répondit : Je le veux ; je parlerai pour toi au roi.

19 Ainsi Bath-scébah vint vers le roi Salomon, afin de lui parler pour Adonija. Et le roi se leva pour aller au-devant de Bath-scébah, et se prosterna devant elle, puis il s’assit sur son trône, et fit mettre un siège à sa mère, et elle s’assit à la main droite du roi,

20 et dit : J’ai à te faire une petite demande ; ne me la refuse point. Et le roi lui répondit : Fais-la, ma mère ; car je ne te la refuserai point.

21 Et elle dit : Qu’on donne Abisag Sçunamite à Adonija, ton frère, pour femme.

22 Mais le roi Salomon répondit à sa mère, et dit : Pourquoi demandes-tu Abisag Sçunamite pour Adonija ? Demande plutôt le royaume pour lui, parce qu’il est mon frère aîné ; demande-le pour lui, pour Abiathar le sacrificateur, et pour Joab, fils de Tsérujah.

23 Alors le roi Salomon jura par l’Eternel, disant : Que Dieu me traite dans toute sa rigueur, si Adonija n’a dit cette parole contre sa propre vie.

24 Car, maintenant l’Eternel est vivant, qui m’a établi et m’a fait asseoir sur le trône de David mon père, et qui a établi ma maison comme il l’avait dit, que certainement Adonija sera mis à mort aujourd’hui.

25 Et le roi Salomon ayant donné la commission à Bénaja, fils de Jéhojadah, de tuer Adonija, Bénaja se jeta sur lui, et Adonija mourut.

26 Puis le roi dit à Abiathar sacrificateur : Va-t’en à Hanathoth dans ta possession, car tu mérites la mort ; toutefois je ne te ferai point mourir aujourd’hui, parce que tu as porté l’arche du Seigneur l’Éternel devant David mon père, et parce que tu as eu part à toutes les afflictions de mon père.

27 Ainsi Salomon chassa Abiathar, afin qu’il ne fût plus sacrificateur de l’Éternel, et cela pour accomplir la parole de l’Éternel qu’il avait prononcée à Scilo contre la maison d’Héli.

28 Cette nouvelle étant venue jusqu’à Joab, (qui s’était révolté pour suivre Adonija, bien qu’il ne se fût point révolté pour suivre Absçalom), il s’enfuit dans le tabernacle de l’Éternel, et il saisit les cornes de l’autel.

29 Et on le rapporta au roi Salomon, et on lui dit que Joab s’était enfui au tabernacle de l’Éternel, et que même il était auprès de l’autel. Et Salomon envoya Bénaja, fils de Jéhojadah, et lui dit : Va, jette-toi sur lui.

30 Bénaja donc entra au tabernacle de l’Éternel, et dit à Joab : Ainsi a dit le roi : Sors de là. Et il répondit : Non ; mais je mourrai ici. Et Bénaja le rapporta au roi, et dit : Joab m’a parlé ainsi, et il m’a ainsi répondu.

31 Et le roi lui dit : Fais comme il t’a dit, et jette-toi sur lui et l’ensevelis ; et tu ôteras de dessus moi et de dessus la maison de mon père, le sang que Joab a répandu sans cause.

32 Et l’Éternel fera retomber sur sa tête le sang qu’il a répandu ; car il s’est jeté sur deux hommes plus gens de bien et meilleurs que lui, et il les a tués avec l’épée, sans que David mon père en sût rien ; sur Abner, fils de Ner, chef de l’armée d’Israël, et sur Hamasa, fils de Jéther, chef de l’armée de Juda.

33 Et le sang de ces gens-là retombera sur la tête de Joab, et sur la tête de sa postérité à toujours ; mais il y aura paix de la part de l’Éternel à toujours, pour David, pour sa postérité, pour sa maison et pour son trône.

34 Bénaja donc, fils de Jéhojadah, monta et se jeta sur lui, et le tua, et on l’ensevelit dans sa maison au désert.

35 Alors le roi établit Bénaja, fils de Jéhojadah, sur l’armée, en la place de Joab ; le roi établit aussi Tsadok sacrificateur en la place d’Abiathar.

36 Puis le roi envoya appeler Scimhi et lui dit : Bâtis-toi une maison à Jérusalem, et demeures-y, et n’en sors point, pour aller d’un côté ni d’un autre.

37 Car sache que le jour que tu en sortiras, et que tu passeras le torrent de Cédron, tu mourras sans rémission ; ton sang sera sur ta tête.

38 Et Scimhi répondit au roi : Cette parole est bonne ; ton serviteur fera tout ce que le roi, mon seigneur, a dit. Ainsi Scimhi demeura à Jérusalem plusieurs jours.

39 Mais il arriva qu’au bout de trois ans deux serviteurs de Scimhi s’enfuirent vers Akis, fils de Mahacah, roi de Gath ; et on le rapporta à Scimhi, disant : Voilà, tes serviteurs sont à Gath.

40 Alors Scimhi se leva et bâta son âne, et s’en alla à Gath vers Akis, pour chercher ses serviteurs. Ainsi Scimhi s’en alla, et ramena ses serviteurs de Gath.

41 Et on rapporta à Salomon que Scimhi était allé de Jérusalem à Gath, et qu’il était de retour.

42 Et le roi envoya appeler Scimhi et lui dit : Ne t’avais-je pas fait jurer par l’Éternel, et ne t’avais-je pas protesté, disant : Sache certainement que le jour que tu sortiras, et que tu iras ici où là, tu mourras sans rémission ? et ne me répondis-tu pas : La parole que j’ai entendue est bonne.

43 Pourquoi donc n’as-tu pas gardé le serment que tu as fait par l’Éternel, et le commandement que je t’avais fait ?

44 Le roi dit encore à Scimhi : Tu sais tout le mal que tu as fait à David mon père, et tu en es convaincu dans ton cœur ; c’est pourquoi l’Éternel a fait retomber ta méchanceté sur ta tête.

45 Mais le roi Salomon sera béni, et le trône de David sera affermi devant l’Eternel à jamais.

46 Et le roi donna l’ordre à Bénaja, fils de Jéhojadah, qui sortit et se jeta sur Scimhi ; et Scimhi mourut. Et le royaume fut affermi entre les mains de Salomon.

REFLEXIONS

Les exhortations à la crainte de Dieu que David adressa à Salomon avant que de mourir sont une preuve de sa piété et de sa tendresse pour son fils. À son exemple, les pères doivent recommander sur toutes choses la crainte du Seigneur à leurs enfants pendant qu’ils sont avec eux et avant que de quitter le monde. C’est là le vrai moyen de faire reposer la bénédiction de Dieu sur les familles.

Il faut remarquer sur les ordres que David donna à Salomon touchant Joab et Scimhi que David n’était pas vindicatif, ni sanguinaire, mais il était obligé d’instruire son fils et de pourvoir à la sûreté du royaume. Mais il recommanda les enfants de Barzillaï à Salomon par un principe de cette reconnaissance que l’on doit toujours conserver pour ceux qui nous ont fait du bien et pour leur postérité.

Salomon commença son règne en punissant Adonija, Joab, Abiathar et Scimhi. Il fit mourir Adonija avec justice, lui ayant déjà pardonné une fois, mais Adonija continuait dans le dessein de s’élever au trône. Il avait un parti pour lui, le grand sacrificateur Abiathar et Joab général de l’armée étant dans ses intérêts et il cherchait à fortifier son parti en épousant Abisag qui avait été femme de David son père, ce qui était d’ailleurs un dessein criminel.

Salomon ne fit pas mourir le sacrificateur Abiathar, mais il se contenta de l’exiler. Il en usa ainsi par égard pour le caractère d’Abiathar et parce qu’il était attaché à David son père. Ce fut là un acte de justice et de prudence, mais la providence accomplit ainsi les menaces qui avaient été faites autrefois contre la famille d’Héli de laquelle Abiathar était.

Pour ce qui est de Joab à qui Salomon fit ôter   la vie, il méritait la mort à cause des crimes qu’il avait commis en tuant Abner, Absçalom et Hamasa et parce qu’il venait de se révolter contre David en entrant dans la conspiration d’Adonija.

À l’égard de Scimhi, Salomon lui avait d’abord accordé la vie à condition qu’il ne sortirait pas de Jérusalem, la prudence voulant qu’il prît cette précaution contre un homme qui devait lui être suspect, mais Scimhi ayant violé le serment qu’il avait fait et étant sorti de Jérusalem, sans doute dans de mauvais desseins, il fut condamné à mort justement.

Les princes sont quelques fois obligés, quoique contre leur inclinaison, de faire des exemples de sévérité et d’ôter la vie à ceux qui troublent la tranquillité publique et les hommes injustes, séditieux et sanguinaires, tels qu’étaient Adonija, Abiathar, Joab et Acimhi, reçoivent enfin la peine qu’ils ont méritée par leurs crimes.

CHAPITRE III

Le roi Salomon épouse la fille de Pharaon roi d’Égypte. Il va à Gabaon où le tabernacle était pour y offrir un sacrifice solennel. Dieu lui apparaît dans ce lieu-là et lui permet de lui demander ce qu’il voudrait. Salomon lui ayant demandé la sagesse plutôt que les richesses, Dieu lui accorda l’un et l’autre, et ce prince donna dès lors des marques de la sagesse extraordinaire qu’il avait reçue du Ciel dans le jugement qu’il rendit sur le différent que deux femmes avaient au sujet de leurs enfants.

1 Or Salomon s’allia avec Pharaon, roi d’Egypte ; et il épousa la fille de Pharaon qu’il amena dans la ville de David jusqu’à ce qu’il eût achevé de bâtir sa maison, et la maison de l’Eternel, et la muraille qu’il faisait faire tout autour de Jérusalem.

2 Le peuple sacrifiait seulement dans les hauts lieux, parce que jusqu’alors on n’avait point bâti de maison au nom de l’Eternel.

3 Et Salomon aima l’Eternel, et il se conduisit selon les ordonnances de David son père ; mais il sacrifiait dans les hauts lieux et y faisait des parfums.

4 Le roi donc s’en alla à Gabaon pour y sacrifier, car c’était le plus considérable des hauts lieux, et Salomon offrit mille holocaustes sur l’autel qui était là.

5 Et l’Eternel apparut à Salomon à Gabaon en songe de nuit, et Dieu lui dit : Demande-moi ce que tu veux que je te donne.

6 Et Salomon répondit : Tu as eu une grande bienveillance pour ton serviteur David mon père, selon qu’il a marché en ta présence dans la vérité, dans la justice et dans la droiture de son cœur devant toi, et tu as toujours eu pour lui cette grande bienveillance, et tu lui as donné un fils, qui est assis sur son trône, comme il paraît aujourd’hui.

7 Et maintenant, ô Eternel mon Dieu, tu as fait régner ton serviteur en la place de David mon père, et je ne suis qu’un jeune garçon qui ne sait point comment il faut se conduire.

8 Et ton serviteur est au milieu du peuple que tu as choisi, qui est un grand peuple qui ne se peut compter ni nombrer à cause de sa multitude.

9 Donne donc à ton serviteur un cœur intelligent pour juger ton peuple et pour discerner entre le bien et le mal ; car qui pourrait juger ton peuple qui est en si grand nombre ?

10 Et ces discours plurent à l’Eternel, de ce que Salomon lui avait fait cette demande.

11 Et Dieu lui dit : Parce que tu m’as fait cette demande, et que tu n’as demandé ni une longue vie, ni des richesses, ni la mort de tes ennemis, mais que tu as demandé de l’intelligence pour rendre la justice,

12 voici, j’ai fait selon ta parole, je t’ai donné un cœur sage et intelligent, de sorte qu’il n’y en a point eu de pareil avant toi, et il n’y en aura point après toi qui te soit semblable.

13 Et même, je t’ai donné ce que tu n’as point demandé, savoir les richesses et la gloire ; de sorte qu’entre les rois il n’y en a point eu qui soit tel que tu seras, pendant tous les jours de ta vie.

14 Et si tu marches dans mes voies, pour garder mes ordonnances et mes commandements, comme David ton père y a marché, je prolongerai aussi tes jours.

15 Alors Salomon se réveilla, et voilà le songe. Puis il vint à Jérusalem, et se tint devant l’arche de l’alliance de l’Eternel, et il offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités, et fit un festin à tous ses serviteurs.

16 Alors deux femmes débauchées vinrent vers le roi, et se présentèrent devant lui.

17 Et l’une de ces femmes-là dit : Hélas ! mon seigneur, nous demeurions, cette femme-là et moi, dans une même maison, et j’ai accouché chez elle dans cette maison-là.

18 Le troisième jour après mon accouchement, cette femme a aussi accouché, et nous étions ensemble ; il n’y avait aucun étranger avec nous dans cette maison-là, nous y étions seules nous deux.

19 Or, le fils de cette femme est mort pendant la nuit, parce qu’elle s’était couchée sur lui.

20 Mais elle s’est levée à minuit, et elle a pris mon fils, que j’avais près de moi, pendant que ta servante dormait, et elle l’a couché dans son sein, et elle a couché son fils mort dans mon sein.

21 Et m’étant levée le matin pour allaiter mon fils, j’ai trouvé qu’il était mort ; mais l’ayant considéré avec attention le matin, j’ai trouvé que ce n’était point mon fils que j’avais enfanté.

22 Et l’autre femme répondit : Cela n’est point ; mais celui qui vit est mon fils, et celui qui est mort est ton fils. Mais l’autre dit : Cela n’est point ; mais celui qui est mort est ton fils, et celui qui vit est mon fils. C’est ainsi qu’elles parlaient devant le roi.

23 Et le roi dit : Celle-ci dit : Mon fils vit, et celui qui est mort est ton fils, et celle-là dit : Cela n’est point, mais celui qui est mort est ton fils, et celui qui vit est mon fils.

24 Alors le roi dit : Apportez-moi une épée ; et on apporta une épée devant le roi.

25 Et le roi dit : Partagez en deux l’enfant qui vit, et donnez-en la moitié à l’une, et la moitié à l’autre.

26 Alors la femme dont le fils vivait, dit au roi (car ses entrailles furent émues de compassion envers son fils) : Hélas ! mon seigneur, qu’on donne à celle-ci l’enfant qui vit, et qu’on se garde bien de le faire mourir. Mais l’autre dit : Il ne sera ni à moi ni à toi ; qu’on le partage.

27 Alors le roi répondit, et dit : Donnez à celle-ci l’enfant qui vit, et qu’on se garde de le faire mourir ; celle-ci est la mère.

28 Et tout Israël ayant su le jugement qu’avait donné le roi, ils craignirent le roi, car ils reconnurent qu’il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice.

REFLEXIONS

Dieu accorda une faveur particulière au roi Salomon lorsqu’il lui permit de lui demander tout ce qu’il souhaiterait et Salomon marqua beaucoup de sagesse et de piété en demandant à Dieu la prudence dont il avait besoin pour bien gouverner le peuple, plutôt que la gloire et les richesses. Cette demande fut si agréable à Dieu qu’il accorda à ce prince une sagesse extraordinaire et avec cela des richesses et une gloire qui surpassait celle des plus grands rois.

Ceci apprend premièrement aux princes et aux magistrats, qu’étant établis pour le bien des peuples, ils doivent surtout travailler à obtenir la prudence et l’intégrité dont ils ont besoin et faire consister leur gloire non dans la puissance et dans les richesses, mais dans l’exercice de la justice, et dans un bon gouvernement.

Et nous devons tous apprendre d’ici que ce que nous devons rechercher et demander à Dieu avant toutes choses c’est la véritable sagesse qui consiste à le craindre et les dons de son Esprit qui nous sont nécessaires pour cela.

La manière dont Dieu reçut la prière de Salomon prouve que Dieu fait toujours part de ces dons-là à ceux qui les lui demandent et qu’outre cela il leur accorde souvent des bénédictions temporelles quoi qu’ils ne les lui demandent pas. C’est ce que Jésus-Christ nous enseigne par ces paroles : Cherchez premièrement le règne de Dieu et sa justice et toutes les autres choses vous seront ajoutées par-dessus. Au reste, on reconnut dès lors, par le jugement que Salomon rendit entre ces deux femmes qui se présentèrent devant lui, qu’il était doué d’une sagesse extraordinaire et l’on peut voir par-là que si la fin de vie de Salomon avait répondu à de si beaux commencements, il aurait été parfaitement heureux.

CHAPITRE IV

On voit dans ce chapitre :

I. qui étaient les principaux officiers du roi Salomon.

II. On y voit ensuite l’étendue de sa domination, ses richesses, l’abondance et la paix dont ses sujets jouissaient, sa sagesse, la connaissance qu’il avait dans les choses naturelles et la grande réputation où il était dans les pays étrangers.

1 Le roi Salomon fut donc roi sur tout Israël.

2 Et ceux-ci étaient les principaux seigneurs de sa cour : Hazarja, fils du sacrificateur Tsadok ;

3 Elihoreph et Ahija, enfants de Scisça, étaient secrétaires ; Jéhosçaphat, fils d’Ahilud, était commis sur les registres ;

4 Bénaja, fils de Jéhojadah, avait la charge de l’armée ; et Tsadok et Abiathar étaient les sacrificateurs ;

5 Hazarja, fils de Nathan, avait la charge de ceux qui étaient commis sur les vivres ; et Zabul, fils de Nathan, était le principal officier et le favori du roi ;

6 et Ahisçar était le grand-maître de la maison ; et Adoniram, fils de Habda, était commis sur les tributs.

7 Or, Salomon avait douze commissaires sur tout Israël, qui faisaient les provisions du roi et de sa maison ; et chacun, pendant un mois de l’année, avait soin de la pourvoir de vivres.

8 Et ce sont ici leurs noms : le fils de Hur était commis sur la montagne d’Ephraïm ;

9 le fils de Déker sur Makath, sur Sçahalbim, sur Beth-scémès, et sur Elon de Beth-hanan ;

10 le fils de Hésed sur Arubboth ; et il avait Soco et tout le pays de Hépher ;

11 le fils d’Abinadab avait toute la contrée de Dor ; il eut Taphath, fille de Salomon, pour femme ;

12 Bahana, fils d’Ahilud, avait Tahanac, et Méguiddo, et tout le pays de Beth-scéan qui était vers le chemin tirant vers Tsarthan au-dessus de Jizréhel, depuis Beth-scéan jusqu’à Abel-méhola, et jusqu’au-delà de Jokméham ;

13 le fils de Guéber était commis sur Ramoth de Galaad, et il avait les bourgs de Jaïr, fils de Manassé, qui étaient en Galaad ; il avait aussi toute la contrée d’Argob, qui était en Basçan, soixante grandes villes fortes et garnies de barres d’airain ;

14 Ahinadab, fils de Hiddo, était commis sur Mahanajim ;

15 Ahimahats sur Nephthali ; et il prit aussi Bascémath, fille de Salomon, pour sa femme ;

16 Bahana, fils de Cusçaï, était commis sur Ascer et sur Haloth ;

17 Jéhosçaphat, fils de Paruah, sur Issacar ;

18 Scimhi, fils d’Ela, sur Benjamin ;

19 Guéber, fils d’Urie, sur le pays de Galaad, qui est du pays de Sihon, roi des Amorrhéens, et de Hog, roi de Basçan ; et il était seul commis sur ce pays-là.

20 Juda et Israël étaient comme le sable qui est sur le bord de la mer, tant ils étaient en grand nombre ; ils mangeaient et buvaient et ils se réjouissaient.

21 Et Salomon dominait sur tous les royaumes, depuis le fleuve d’Euphrate jusqu’au pays des Philistins, et jusqu’à la frontière d’Egypte ; ils lui apportaient des présents, et ils lui furent assujettis tout le temps de sa vie.

22 Or, les vivres de Salomon, chaque jour, étaient trente cores de fine farine, et soixante cores d’autre farine,

23 Dix bœufs gras, et vingt bœufs des pâturages, et cent moutons, sans les cerfs, les daims, les buffles et la volaille engraissée.

24 Et il dominait sur tous les pays de deçà le fleuve, depuis Tiphsah jusqu’à Gaza, savoir sur tous les rois qui étaient de deçà le fleuve ; et il avait la paix avec ceux qui étaient autour de lui de tous côtés ;

25 et Juda et Israël habitaient en assurance, chacun sous sa vigne et sous son figuier ; depuis Dan jusqu’à Béer-scébah, pendant toute la vie de Salomon.

26 Salomon avait aussi quatre mille places à tenir des chevaux, et douze mille hommes de cheval.

27 Or, ces commis-là pourvoyaient de vivres le roi Salomon, et tous ceux qui s’approchaient de la table du roi Salomon, chacun dans son mois ; et ils ne le laissaient manquer de rien.

28 Ils faisaient aussi venir de l’orge et de la paille pour les chevaux, et pour les genets, au lieu où ils étaient, chacun selon sa charge.

29 Et Dieu donna de la sagesse à Salomon, et une fort grande intelligence, et une étendue d’esprit en aussi grande abondance que celle du sable qui est sur le bord de la mer.

30 Et la sagesse de Salomon surpassait la sagesse de tous les Orientaux, et toute la sagesse des Egyptiens.

31 Il était même plus sage qu’aucun homme ; plus qu’Ethan Ezrahite, qu’Héman, que Calcol, et que Dardah, les fils de Mahol ; et sa réputation se répandit parmi toutes les nations de tous côtés.

32 Il prononça trois mille paraboles, et fit cinq mille cantiques.

33 Il a aussi parlé des arbres, depuis le cèdre qui est au Liban jusqu’à l’hysope qui sort de la muraille ; il a encore parlé des bêtes, des oiseaux, des reptiles et des poissons.

34 Et il venait des gens de tous les peuples pour entendre la sagesse de Salomon, et de la part de tous les rois de la terre, qui avaient entendu parler de sa sagesse.

REFLEXIONS

Il paraît de ce chapitre que Dieu éleva Salomon à une très grande gloire en lui accordant des richesses et une puissance qui le distinguaient des plus grands princes et avec une sagesse, une prudence et des connaissances qui le mettaient au-dessus des hommes les plus sages qu’il y eut au monde. Ce fut ainsi que Dieu accomplit les promesses qu’il avait faites à David de lui donner un fils dont le règne serait très glorieux et qu’il voulut récompenser la piété de Salomon lui-même et l’attachement qu’il avait alors pour son service. Outre cela, Dieu accorda cette puissance et cette abondance à Salomon afin qu’il fût en état de bâtir le temple de Jérusalem et d’établir le service divin.  Cependant il faut se souvenir que ces grandes richesses et ces grâces que Salomon avait reçues lui furent avantageuses pendant qu’il s’en servit comme il faut, mais que dès qu’il en abusa, elles lui tournèrent en piège et en ruine. Cela nous montre combien la possession des richesses est dangereuse et combien nous devons craindre d’abuser des grâces et des dons du Seigneur.

CHAPITRE V

Hiram roi de Tyr et Salomon s’envoient réciproquement des ambassadeurs. Salomon lève un grand nombre d’ouvriers pour bâtir le temple et il obtient du roi Hiram des ouvriers et des matériaux pour le même sujet.

1 Et Hiram, roi de Tyr, envoya ses serviteurs vers Salomon, ayant appris qu’on l’avait oint pour roi à la place de son père ; car Hiram avait toujours aimé David.

2 Et Salomon envoya vers Hiram, pour lui dire :

3 Tu sais que David mon père n’a pu bâtir une maison au nom de l’Éternel son Dieu, à cause des guerres que lui ont faites ses ennemis qui l’environnaient, jusqu’à ce que l’Éternel les ait mis sous ses pieds.

4 Et maintenant l’Éternel mon Dieu m’a donné du repos de toutes parts, et je n’ai point d’ennemis, ni de mauvaise rencontre.

5 Voici donc, j’ai résolu de bâtir une maison au nom de l’Éternel mon Dieu, selon que l’Éternel en a parlé à David mon père, disant : Ton fils que je mettrai en ta place sur ton trône, sera celui qui bâtira une maison à mon nom.

6 C’est pourquoi commande maintenant qu’on coupe des cèdres du Liban ; que mes serviteurs soient avec tes serviteurs, et je te donnerai pour tes serviteurs la récompense que tu me diras ; car tu sais qu’il n’y a personne entre nous qui sache couper le bois comme les Sidoniens.

7 Et quand Hiram eut entendu les paroles de Salomon, il en eut une fort grande joie, et il dit : Béni soit aujourd’hui l’Éternel, qui a donné à David un fils sage, pour être roi sur ce grand peuple.

8 Hiram donc envoya vers Salomon, pour lui dire : J’ai entendu ce que tu m’as mandé. Quant au bois de cèdre et au bois de sapin, je ferai tout ce que tu voudras.

9 Mes serviteurs les transporteront depuis le Liban jusqu’à la mer, puis je les ferai mettre sur la mer par radeaux jusqu’au lieu que tu m’auras marqué, et je les ferai délivrer là ; tu les y prendras, et de ton côté tu me satisferas en fournissant de vivres ma maison.

10 Hiram donc donna du bois de cèdre et du bois de sapin à Salomon, autant qu’il en voulut.

11 Et Salomon donnait à Hiram vingt mille cores de froment, pour la nourriture de sa maison, et vingt cores d’huile très pure. Salomon en donnait autant à Hiram chaque année.

12 L’Éternel donna donc de la sagesse à Salomon, comme il lui en avait parlé. Et il y eut paix entre Hiram et Salomon, et ils traitèrent alliance ensemble.

13 Le roi Salomon fit aussi une levée de gens sur tout Israël, et la levée fut de trente mille hommes.

14 Et il en envoyait dix mille au Liban chaque mois, tour à tour ; ils étaient un mois au Liban, et deux mois dans leur maison ; et Adoniram était commis sur cette levée.

15 Salomon avait aussi soixante et dix mille hommes qui portaient les fardeaux, et quatre-vingt mille qui coupaient le bois sur la montagne,

16 Sans les chefs des commis de Salomon, qui avaient la charge de l’ouvrage, au nombre de trois mille trois cents, et qui commandaient le peuple qui travaillait.

17 Et on amena, par le commandement du roi, de grandes pierres, et des pierres de prix, pour faire le fondement du temple ; elles étaient toutes taillées.

18 Et les maçons de Salomon, et les maçons d’Hiram, et les tailleurs de pierre taillèrent et préparèrent le bois et les pierres pour bâtir le temple.

REFLEXIONS

On voit par ce chapitre qu’aussitôt que Salomon fut sur le trône, il entreprit de bâtir le temple selon le projet et l’ordre que David son père lui en avait donné avant que de mourir et que Dieu, pour faciliter l’exécution de ce pieux dessein, lui rendit le roi de Tyr favorable.

Rien n’est plus louable dans un prince, qui a l’avantage de connaître Dieu, que de prendre ainsi à cœur ce qui concerne la religion et Dieu de son côté bénit aussi les desseins qui vont à l’avancement de sa gloire et les fait heureusement réussir.

CHAPITRE VI

Salomon commence à bâtir le temple l’an quatrième de son règne et ce bâtiment fut achevé au bout de sept ans. 

1 Il arriva, quatre cent quatre-vingts ans après que les enfants d’Israël furent sortis du pays d’Egypte, la quatrième année que Salomon régnait sur Israël, au mois de Ziv, qui est le second mois, que Salomon bâtit une maison à l’Éternel.

2 Et la maison que le roi Salomon bâtit à l’Éternel avait soixante coudées de long, vingt de large, et trente coudées de haut.

3 Le portique qui était devant le temple de la maison, avait vingt coudées de long, qui répondait à la largeur de la maison ; et il avait dix coudées de large sur le devant de la maison.

4 Il fit aussi des fenêtres à la maison, larges en dedans, et étroites par dehors.

5 Et il bâtit, joignant la muraille de la maison, des étages de chambres l’une sur l’autre tout autour, appuyés contre les murailles de la maison, tout autour du temple et de l’oracle ; ainsi il fit des chambres tout autour.

6 La largeur de l’étage d’en bas était de cinq coudées ; la largeur de celui du milieu était de six coudées, et la largeur du troisième était de sept coudées ; car il avait fait des rétrécissements en la maison par dehors, afin que la charpente n’entrât pas dans les murailles de la maison.

7 Or, en bâtissant la maison, on la bâtit de pierres qu’on avait amenées toutes telles qu’elles devaient être ; de sorte qu’en bâtissant la maison, on n’entendit ni marteau, ni hache, ni aucun outil de fer.

8 L’entrée des chambres du milieu était au côté droit de la maison ; et on montait par une vis aux chambres du milieu, et de celles du milieu à celles du troisième étage.

9 Il bâtit donc la maison, et il l’acheva, et il couvrit la maison de lambris en voûte, et de poutres de cèdre.

10 Et il bâtit les étages, joignant toute la maison, chacun de cinq coudées de haut, et ils tenaient à la maison par le moyen des bois de cèdre.

11 Alors la parole de l’Eternel fut adressée à Salomon, disant :

12 Quant à cette maison que tu bâtis, si tu marches dans mes statuts, et si tu fais mes ordonnances, et si tu gardes tous mes commandements, en y marchant, je ratifierai avec toi la parole que j’ai dite à David ton père.

13 Et j’habiterai au milieu des enfants d’Israël, et je n’abandonnerai point mon peuple d’Israël.

14 Ainsi Salomon bâtit la maison, et il l’acheva.

15 Il lambrissa les murailles de la maison par dedans, de planches de cèdre, depuis le sol de la maison jusqu’à la voûte lambrissée ; il les couvrit de bois par dedans, et il couvrit le sol de la maison de planches de sapin.

16 Il lambrissa aussi l’espace de vingt coudées de planches de cèdre au fond de la maison, depuis le sol jusqu’au haut des murailles, et il lambrissa cet espace au dedans pour l’oracle, savoir, le lieu très saint.

17 Mais la maison, savoir, le temple de devant, était de quarante coudées ;

18 et les planches de cèdre, qui étaient pour le dedans de la maison, étaient entaillées de boutons de fleurs épanouies, relevées en bosse ; tout le dedans était de cèdre, on n’y voyait pas une pierre.

19 Il plaça aussi l'oracle au dedans de la maison vers le fond, pour y mettre l’arche de l’alliance de l’Eternel.

20 Et l’oracle avait par devant vingt coudées de long, vingt coudées de large, et vingt coudées de haut, et on le couvrit de fin or ; on en couvrit aussi l’autel qui était de cèdre.

21 Salomon donc couvrit la maison de fin or, depuis l’entre-deux jusqu’au fond ; et il fit passer un voile avec des chaînes d’or au-devant de l’oracle, qu’il couvrit d’or.

22 Ainsi il couvrit entièrement d’or toute la maison ; il couvrit aussi d’or tout l’autel qui était pour l’oracle.

23 Et il fit des chérubins de bois d’olivier dans l’oracle, qui avaient chacun dix coudées de haut.

24 L’une des ailes d’un des chérubins avait cinq coudées, et l’autre aile du même chérubin avait aussi cinq coudées ; depuis le bout d’une aile jusqu’au bout de l’autre aile il y avait dix coudées.

25 Ainsi l’autre chérubin était aussi de dix coudées. Les deux chérubins étaient d’une même mesure, et taillés l’un comme l’autre.

26 La hauteur d’un chérubin était de dix coudées, et l’autre chérubin avait aussi la même hauteur.

27 Et il mit les chérubins au dedans de la maison vers le fond ; et on étendit les ailes des chérubins, de sorte que l’aile de l’un touchait une muraille, et l’aile de l’autre chérubin touchait l’autre muraille ; et leurs autres ailes se venaient joindre au milieu de la maison, et l’une des ailes touchait l’autre.

28 Et il couvrit d’or les chérubins.

29 Et il entailla toutes les murailles de la maison, tout autour, de sculptures bien profondes, de chérubins, et de palmes, et de boutons de fleurs épanouies, tant en dedans qu’en dehors.

30 Il couvrit aussi d’or le pavé de la maison, tant en dedans qu’en dehors.

31 Et il fit à l’entrée de l’oracle une porte à deux battants, de bois d’olivier, dont les linteaux et les jambages étaient de cinq membrures.

32 Il fit donc une porte à deux battants de bois d’olivier, et entailla sur elle des moulures de chérubins, de palmes et de boutons de fleurs épanouies, et il les couvrit d’or, étendant l’or sur les chérubins et sur les palmes.

33 Il fit aussi à l’entrée du temple des poteaux de bois d’olivier, de quatre membrures,

34 et une porte à deux battants de bois de sapin ; les deux pièces d’un des battants étaient brisées, et les deux pièces de l’autre battant étaient aussi brisées.

35 Et il y entailla des chérubins, des palmes et des boutons de fleurs épanouies, et il les couvrit d’or, qui était fort proprement appliqué sur les moulures.

36 Il bâtit aussi le parvis de dedans de trois rangées de pierres de taille, et d’une rangée de poutres de cèdre.

37 La quatrième année, au mois de Ziv, les fondements de la maison de l’Éternel furent posés.

38 Et l’onzième année, au mois de Bul, qui est le huitième mois, la maison fut achevée avec toutes ses appartenances et tous ses meubles ; il mit sept ans à la bâtir.


CHAPITRE VII

Salomon bâtit la maison du parc du Liban, et celui de la reine son épouse et fait faire divers ouvrages pour le temple et pour le service divin.

1 Salomon bâtit aussi sa maison, et il l’acheva toute en treize ans.

2 Il bâtit aussi la maison du parc du Liban, de cent coudées de long, de cinquante coudées de large, et de trente coudées de haut, avec quatre rangées de colonnes de cèdre, et il y avait sur les colonnes des poutres de cèdre.

3 Il y avait aussi un couvert de bois de cèdre par-dessus les chambres, qui était sur quarante-cinq colonnes, chaque rang en avait quinze.

4 Et il y avait trois rangées de fenêtres, et une fenêtre répondait à l’autre en trois endroits.

5 Et toutes les portes et tous les poteaux étaient carrés avec les fenêtres ; et une fenêtre répondait à l’autre vis-à-vis en trois endroits.

6 Il fit aussi un portique de colonnes, de cinquante coudées de long, et de trente coudées de large, et ce portique était au-devant des colonnes de la maison, de sorte que les colonnes et les poutres étaient au-devant d’elle.

7 Il fit aussi un portique pour le trône où il rendait justice, qu’on appelait le portique du jugement, et on le couvrit de cèdre, depuis un bout du sol jusqu’à l’autre.

8 Et dans la maison où il demeurait, il y avait un autre parvis au dedans du portique, qui était du même ouvrage. Et Salomon fit à la fille de Pharaon, qu’il avait épousée, une maison bâtie comme ce portique.

9 Toutes ces choses étaient de pierres de prix, de la même mesure que les pierres de taille, sciées avec une scie en dedans et en dehors, et depuis le fond jusqu’aux corniches, et par dehors jusqu’au grand parvis.

10 Le fondement aussi était de pierres de prix, de grandes pierres, des pierres de dix coudées, et des pierres de huit coudées.

11 Et par-dessus il y avait des pierres rares, de la même mesure que les pierres de taille, et du cèdre.

12 Et le grand parvis avait aussi tout à l’entour trois rangées de pierres de taille, et une rangée de poutres de cèdre, comme le parvis de dedans la maison de l’Éternel, et le portique de la maison.

13 Or, le roi Salomon avait fait venir de Tyr, Hiram,

14 qui était fils d’une femme veuve de la tribu de Nephthali, dont le père était Tyrien, qui travaillait en cuivre. Cet homme était fort expert, intelligent et savant pour faire toutes sortes d’ouvrages d’airain ; et il vint vers le roi Salomon, et il fit tout son ouvrage.

15 Il fondit deux colonnes d’airain ; la hauteur de chaque colonne était de dix-huit coudées ; et un réseau de douze coudées environnait chaque colonne.

16 Il fit aussi deux chapiteaux d’airain fondu, pour mettre sur le haut des colonnes ; la hauteur de l’un des chapiteaux était de cinq coudées, et la hauteur de l’autre chapiteau était aussi de cinq coudées.

17 Il y avait des entrelassures en forme de rets de filets, entortillés en façon de chaînes, pour les chapiteaux qui étaient sur le sommet des colonnes, sept pour l’un des chapiteaux, et sept pour l’autre.

18 Et il fit les colonnes avec deux rangs de pommes de grenade sur un rets tout autour, pour couvrir l’un des chapiteaux qui était sur le sommet d’une des colonnes ; et il fit la même chose pour l’autre chapiteau.

19 Et les chapiteaux qui étaient au haut des colonnes, étaient faits en façon de fleurs de lis, de quatre coudées, pour mettre au portique.

20 Or, les chapiteaux étaient sur les deux colonnes, et même au-dessus, depuis l’endroit du ventre qui était au-delà du rets. Il y avait aussi deux cents pommes de grenade, disposées par rang tout autour sur le second chapiteau.

21 Il dressa donc les colonnes au portique du temple, et il en posa l’une à main droite, et la nomma Jakin ; et il dressa l’autre à main gauche, et la nomma Boaz.

22 Et on mit sur le chapiteau des colonnes l’ouvrage qui était fait en façon de fleurs de lis. Ainsi l’ouvrage des colonnes fut achevé.

23 Il fit aussi une mer de fonte, qui avait dix coudées d’un bord à l’autre ; elle était ronde tout autour, de cinq coudées de haut ; et un cordon de trente coudées l’environnait tout autour.

24 Or, au-dessous de son bord il y avait des figures de relief tout autour, qui l’environnaient, dix à chaque coudée, qui environnaient la mer tout autour ; il y avait deux rangées de ces figures de relief, qui avaient été aussi jetées en fonte.

25 Et elle était posée sur douze bœufs dont trois regardaient le septentrion, trois regardaient l’occident, trois regardaient le midi, et trois regardaient l’orient. La mer était sur le dos de ces bœufs, dont tout le derrière du corps était tourné en dedans.

26 Son épaisseur était d’une paume, et son bord était comme le bord d’une coupe ouvragée de fleurs de lis, et elle contenait deux mille baths.

27 Il fit aussi dix soubassements d’airain, ayant chacun quatre coudées de long, et quatre coudées de large, et trois coudées de haut.

28 Or, l’ouvrage de chaque soubassement était de cette manière : c’est qu’ils avaient des châssis qui étaient entre les jointures.

29 Et sur ces châssis, qui étaient entre les jointures, il y avait des figures de lions, de bœufs et de chérubins. Et au-dessus des jointures, il y avait un bassin sur le haut ; et au-dessous des figures de lions et de bœufs, il y avait des corniches faites en penchant.

30 Et chaque soubassement avait aussi quatre roues d’airain, avec des planches d’airain ; et il y avait aux quatre angles des épaulières, qui se rendaient au-dessus du cuvier au-delà de toutes les corniches.

31 Or, l’ouverture du cuvier, depuis le dedans du chapiteau en haut, était d’une coudée, mais l’ouverture du chapiteau était ronde, de la façon du bassin, et elle était d’une coudée et demie ; et même sur les châssis de cette ouverture il y avait des gravures ; ces ouvertures aussi avaient des châssis carrés, et non pas ronds.

32 Et les quatre roues étaient au-dessous des châssis ; et les essieux des roues tenaient au soubassement. Chaque roue était haute d’une coudée et demie.

33 Et la façon des roues était selon la façon des roues de chariot. Leurs essieux, leurs jantes, leurs moyeux, et leurs rayons étaient tous de fonte.

34 Il y avait aussi quatre épaulières aux quatre angles de chaque soubassement, qui en étaient tirées.

35 Il y avait aussi au sommet de chaque soubassement une demi-coudée de hauteur, qui était ronde tout autour, de sorte que chaque soubassement avait à son sommet ses tenons et ses châssis, qui en étaient tirés.

36 Ensuite on grava les planches des tenons et des châssis de chaque soubassement, de figures de chérubins, de lions et de palmes, selon le plan de chaque tenon, de chaque châssis, et de chaque corniche tout autour.

37 Il fit les dix soubassements de cette même manière, ayant tous une même fonte, une même mesure, et une même sculpture.

38 Il fit aussi dix cuviers d’airain dont chacun contenait quarante baths, et chaque cuvier était de quatre coudées ; chaque cuvier était sur chacun des dix soubassements.

39 Et on mit cinq soubassements au côté droit du temple, et cinq au côté gauche du temple, et on mit la mer au côté droit du temple, tirant vers l’orient du côté du midi.

40 Ainsi Hiram fit des cuviers, et des racloirs, et des bassins ; et il acheva de faire tout l’ouvrage qu’il faisait au roi Salomon pour le temple de l’Eternel ;

41 savoir, des colonnes, et les deux bassins des chapiteaux, qui étaient sur le sommet des colonnes ; et deux réseaux pour couvrir les deux bassins qui étaient sur le sommet des colonnes ;

42 et quatre cents pommes de grenade pour les deux réseaux, de sorte qu’il y avait deux rangées de pommes de grenade pour chaque réseau, pour couvrir les deux bassins des chapiteaux qui étaient sur les colonnes ;

43 dix soubassements, et dix cuviers pour mettre sur les soubassements ;

44 et une mer, et douze bœufs sous la mer ;

45 Et des chaudrons, et des racloirs, et des bassins ; tous ces vaisseaux, que Hiram fit au roi Salomon pour le temple de l’Eternel, étaient d’airain poli.

46 Le roi les fit fondre dans la plaine du Jourdain, dans une terre grasse, entre Succoth et Tsartan.

47 Et Salomon ne pesa pas un de ces vaisseaux, parce qu’ils étaient en trop grand nombre, et on ne rechercha point le poids du cuivre.

48 Salomon fit aussi tous les ustensiles qui appartenaient au temple de l’Eternel, savoir, l’autel d’or, et les tables d’or sur lesquelles étaient les pains de proposition ;

49 et cinq chandeliers de fin or à main droite, et cinq à main gauche devant l’oracle, et les fleurs, et les lampes, et les mouchettes d’or ;

50 et les coupes, les serpes, les bassins, les tasses et les encensoirs de fin or. Les gonds même des portes de la maison de dedans, savoir, du temple, étaient d’or.

51 Ainsi tout l’ouvrage que le roi Salomon fit pour la maison de l’Eternel, fut achevé. Puis il fit apporter ce que David son père avait consacré, l’argent et l’or, et les vaisseaux qu’il mit dans les trésors de la maison de l’Eternel.

REFLEXIONS

Sur les Chapitres VI & VII

Aussitôt que Salomon se vit élevé et affermi sur le trône, il bâtit un temple à Jérusalem conformément aux ordres de David son père et à la volonté de Dieu lui-même. Il le fit construire avec beaucoup de magnificence, employant à cela les richesses immenses que Dieu lui avait accordées et il n’épargna rien de tout ce qui pouvait rendre ce temple respectable et vénérable à ses sujets et à tous les peuples voisins. En quoi il donna des preuves du zèle dont il était alors animé. Dieu lui fit aussi connaître que ce qu’il avait fait lui était agréable et que, pourvu que lui et son peuple lui fussent inviolablement attachés, il serait toujours leur Dieu et leur protecteur. Mais ce prince et ses sujets étant tombés dans la désobéissance, ce lieu sacré fut livré aux peuples idolâtres et enfin il fut entièrement détruit.

Au reste, la disposition du temple de Salomon pour ce qui est de ses parties principales du parvis, du lieu saint et du lieu très saint et des meubles qui y furent placés était la même que celle du tabernacle que Moïse avait fait construire dans le désert, comme on le voit dans le chapitre XL de l’Exode.

CHAPITRE VIII 

I. Le roi Salomon fait transporter dans le temple l’arche de l’alliance et les vaisseaux sacrés qui avaient été jusqu’alors dans le tabernacle que David son père avait fait dresser à Jérusalem. Il offre des sacrifices et Dieu donne des marques de sa présence.

II. Il fait la dédicace du temple par une prière dans laquelle il bénit Dieu de ce qu’il avait heureusement exécuté le dessein qu’il avait eu de lui bâtir une maison et il le prie d’exaucer les prières qui lui seraient adressées dans ce lieu-là par toutes sortes de personnes.

III. Enfin après avoir achevé sa prière, il offre un sacrifice solennel, il rend grâce à Dieu et il renvoie le peuple.

1 Alors Salomon fit assembler devant lui à Jérusalem les anciens d’Israël, et tous les chefs des tribus, les principaux des pères des enfants d’Israël, pour transporter l’arche de l’alliance de l’Eternel de la ville de David, qui était Sion.

2 Et tous ceux d’Israël furent assemblés auprès du roi Salomon, au mois d’Ethanim, qui est le septième mois au jour de la fête.

3 Tous les anciens d’Israël donc vinrent, et les sacrificateurs portèrent l’arche.

4 Ainsi on transporta l’arche de l’Eternel, et le tabernacle d’assignation et tous les saints vaisseaux qui étaient au tabernacle ; les sacrificateurs et les Lévites les emportèrent.

5 Or, le roi Salomon et toute l’assemblée d’Israël qui s’était assemblée auprès de lui, étaient ensemble devant l’arche, et ils sacrifiaient du gros et du menu bétail en si grand nombre qu’on ne le pouvait ni nombrer ni compter.

6 Et les sacrificateurs portèrent l’arche de l’alliance de l’Éternel en son lieu, dans l’oracle de la maison, au lieu très saint, sous les ailes des chérubins.

7 Car les chérubins étendaient les ailes sur le lieu où devait être l’arche, et les chérubins couvraient l’arche et ses barres par-dessus.

8 Et ils retirèrent les barres en dedans, de sorte que les extrémités des barres se voyaient du lieu saint sur le devant de l’oracle ; mais elles ne se voyaient point en dehors ; et elles sont demeurées là jusqu’à ce jour.

9 Il n’y avait dans l’arche que les deux tables de pierre que Moïse y avait mises à Horeb, quand l’Éternel traita alliance avec les enfants d’Israël, lorsqu’ils sortirent du pays d’Égypte.

10 Or, il arriva que comme les sacrificateurs sortaient du lieu saint, une nuée remplit la maison de l’Éternel.

11 De sorte que les sacrificateurs ne se pouvaient tenir debout pour faire le service, à cause de la nuée ; car la gloire de l’Éternel avait rempli la maison de l’Éternel.

12 Alors Salomon dit : L’Éternel a dit qu’il habiterait dans l’obscurité.

13 J’ai achevé de bâtir une maison pour ta demeure, et un domicile arrêté, afin que tu y habites toujours.

14 Et le roi tournant son visage, bénit toute l’assemblée d’Israël, car toute l’assemblée d’Israël se tenait là debout.

15 Et il dit : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui a parlé de sa bouche à David mon père, et qui, par sa puissance, a aussi accompli ce qu’il avait promis en disant :

16 Depuis le jour que je retirai mon peuple d’Israël hors d’Égypte, je n’ai choisi aucune ville entre toutes les tribus d’Israël pour y bâtir une maison, afin que mon nom y fût établi : mais j’ai choisi David, afin qu’il fût établi sur mon peuple d’Israël.

17 Et David mon père avait dessein de bâtir une maison au nom de l’Éternel, le Dieu d’Israël.

18 Mais l’Éternel dit à David mon père : Quand tu as eu dessein de bâtir une maison à mon nom, tu as bien fait d’avoir formé ce dessein.

19 Néanmoins, tu ne bâtiras point cette maison ; mais ton fils, qui sortira de toi, sera celui qui bâtira cette maison à mon nom.

20 L’Éternel donc a accompli la parole qu’il avait prononcée, et j’ai succédé à David mon père, et je me suis assis sur le trône d’Israël, comme l’Éternel en a parlé, et j’ai bâti cette maison au nom de l’Éternel le Dieu d’Israël.

21 Et j’ai établi ici un lieu à l’arche où est l’alliance de l’Éternel, qu’il a traitée avec nos pères quand il les retira hors du pays d’Égypte.

22 Ensuite Salomon se tint devant l’autel de l’Éternel, en la présence de toute l’assemblée d’Israël, et tenant ses mains étendues vers les cieux, il dit :

23 Ô Éternel, Dieu d’Israël, il n’y a point de Dieu semblable à toi dans les cieux en haut, ni sur la terre en bas ; c’est toi qui gardes l’alliance et la miséricorde envers tes serviteurs qui marchent devant ta face de tout leur cœur ;

24 qui as gardé fidèlement à ton serviteur David mon père ce que tu lui avais promis, et en effet, tes mains ont accompli ce que ta bouche lui avait prononcé, comme il paraît aujourd’hui.

25 Maintenant donc, ô Éternel, Dieu d’Israël, tiens à ton serviteur David mon père ce que tu lui as promis, disant : Tu ne manqueras point de successeur qui soit assis sur le trône d’Israël, pourvu seulement que tes fils prennent garde à leur voie, pour marcher devant ma face comme tu y as marché.

26 Et maintenant, ô Dieu d’Israël, je te prie que la parole que tu as prononcée à ton serviteur David mon père, soit ratifiée.

27 Mais serait-il vrai que Dieu habitât sur la terre ? Voilà, les cieux, et même les cieux des cieux ne le peuvent contenir ; combien moins cette maison que j’ai bâtie ?

28 Toutefois, ô Éternel mon Dieu, aie égard à la prière de ton serviteur et à sa supplication, pour entendre le cri et la prière que ton serviteur t’adresse aujourd’hui ;

29 c’est que tes yeux soient ouverts jour et nuit sur cette maison, qui est le lieu dont tu as dit : Mon nom sera là pour exaucer la prière que ton serviteur fait en ce lieu.

30 Exauce donc la supplication de ton serviteur et de ton peuple d’Israël, quand ils te prieront en ce lieu ; exauce-les au lieu de ta demeure, dans les cieux ; exauce et pardonne.

31 Quand quelqu’un aura péché contre son prochain, et qu’on lui aura déféré le serment pour le faire jurer, et que le serment aura été prêté devant ton autel, dans cette maison ;

32 exauce-les, toi, des cieux, exécute ce que portera l’imprécation du serment, et juge tes serviteurs en condamnant le méchant, et en lui rendant selon qu’il aura fait, et en justifiant le juste, et en lui rendant selon sa justice.

33 Quand ton peuple d’Israël aura été battu par l’ennemi, parce qu’ils auront péché contre toi ; si ensuite ils se retournent vers toi, en réclamant ton nom, et en te faisant des prières et des supplications dans cette maison ;

34 exauce-les, toi, des cieux, et pardonne le péché de ton peuple d’Israël, et ramène-les dans la terre que tu as donnée à leurs pères.

35 Quand les cieux seront fermés, et qu’il n’y aura point de pluie, parce que ceux d’Israël auront péché contre toi ; s’ils te font des prières en ce lieu, s’ils réclament ton nom, et s’ils se détournent de leurs péchés, parce que tu les auras affligés ;

36 exauce-les, toi, des cieux, et pardonne le péché de tes serviteurs et de ton peuple d’Israël, après que tu leur auras enseigné le bon chemin par lequel ils doivent marcher, et donne-leur de la pluie sur la terre que tu as donnée à ton peuple pour son héritage.

37 Quand il y aura de la famine au pays, ou de la mortalité ; quand il y aura de la brûlure, de la nielle, des sauterelles et des vermisseaux, même quand les ennemis les assiégeront jusque dans leur propre pays, ou qu’il y aura quelque plaie, ou quelque maladie ;

38 quelque prière et quelque supplication que te fasse quelque homme que ce soit de tout ton peuple d’Israël, selon qu’ils auront connu chacun la plaie de son cœur, et que chacun aura étendu ses mains vers cette maison ;

39 alors exauce-les des cieux, du domicile arrêté de ta demeure ; pardonne, et agis, et rends à chacun selon toutes ses œuvres, parce que tu auras connu son cœur ; car tu es le seul qui connaisses le cœur de tous les hommes ;

40 afin qu’ils te craignent tout le temps qu’ils vivront sur la terre que tu as donnée à nos pères.

41 Écoute aussi l’étranger qui ne sera pas de ton peuple d’Israël, mais qui sera venu d’un pays éloigné pour l’amour de ton nom.

42 (Car on entendra parler de ton nom qui est grand, et de ta main forte et de ton bras étendu.) Quand donc il sera venu, et qu’il te priera dans cette maison,

43 exauce-le des cieux, du domicile arrêté de ta demeure, et fais tout ce que cet étranger t’aura prié de faire, afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom, pour te craindre, comme ton peuple d’Israël, et pour connaître que ton nom est invoqué sur cette maison que j’ai bâtie.

44 Quand ton peuple sera sorti en guerre contre son ennemi, par le chemin par lequel tu l’auras envoyé ; s’ils prient l’Éternel en regardant vers cette ville que tu as choisie, et vers cette maison que j’ai bâtie en ton nom ;

45 alors exauce des cieux leur prière et leur supplication, et soutiens leur droit.

46 Quand ils auront péché contre toi (car il n’y a point d’homme qui ne pèche), et qu’étant en colère contre eux, tu les auras livrés entre les mains de leurs ennemis, et que ceux qui les auront pris, les auront menés captifs en pays ennemi, soit loin, soit près ;

47 si dans le pays où ils auront été menés captifs, ils reviennent à eux-mêmes, et si, se repentant, ils prient au pays de ceux qui les auront emmenés captifs, disant : Nous avons péché, nous avons fait iniquité, et nous avons agi perfidement ;

48 s’ils retournent à toi de tout leur cœur et de toute leur âme dans le pays de leurs ennemis qui les auront emmenés captifs, et s’ils t’adressent leurs prières, en regardant vers leur pays que tu as donné à leurs pères, vers cette ville que tu as choisie, et vers cette maison que j’ai bâtie à ton nom ;

49 alors exauce des cieux, du domicile arrêté de ta demeure, leur prière et leur supplication, et maintiens leur droit ;

50 et pardonne à ton peuple qui aura péché contre toi, pardonne-leur tous les crimes qu’ils auront commis contre toi, et fais que ceux qui les auront emmenés captifs aient pitié d’eux, et qu’ils en aient compassion

51 (car ils sont ton peuple et ton héritage, que tu as tiré hors d’Égypte, du milieu d’un fourneau de fer).

52 Que tes yeux soient ouverts à la prière de ton serviteur et à la supplication de ton peuple d’Israël, pour les exaucer dans tout ce qu’ils te demanderont en criant à toi.

53 Car tu les as séparés pour toi d’entre tous les peuples de la terre, afin qu’ils fussent ton héritage, comme tu en as parlé par Moïse ton serviteur, quand tu retiras nos pères hors d’Égypte, ô Seigneur Éternel !

54 Or, sitôt que Salomon eut achevé de faire toute cette prière et cette supplication à l’Éternel, il se leva de devant l’autel de l’Éternel ; ainsi il n’était plus à genoux, mais il avait encore les mains étendues vers les cieux ;

55 et il se tint debout, et il bénit toute l’assemblée d’Israël à haute voix, disant :

56 Béni soit l’Éternel qui a donné du repos à son peuple d’Israël, comme il en avait parlé. Il n’est pas tombé à terre un seul mot de toutes les bonnes paroles qu’il avait prononcées par Moïse son serviteur.

57 Que l’Éternel notre Dieu soit avec nous, comme il a été avec nos pères, et qu’il ne nous abandonne point, et qu’il ne nous délaisse point ;

58 mais qu’il incline notre cœur vers lui, afin que nous marchions dans toutes ses voies, et que nous gardions ses commandements, ses statuts, et ses ordonnances qu’il a prescrites à nos pères ;

59 et que mes paroles, par lesquelles j’ai prié l’Éternel, soient présentes devant l’Éternel notre Dieu, jour et nuit, afin qu’il soutienne le droit de son serviteur, et le droit de son peuple d’Israël, selon qu’il en aura besoin chaque jour ;

60 afin que tous les peuples de la terre connaissent que c’est l’Éternel qui est Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre ;

61 et que votre cœur soit droit envers l’Éternel votre Dieu, pour marcher dans ses statuts, et garder ses commandements, comme aujourd’hui.

62 Et le roi et tout Israël avec lui offraient des sacrifices devant l’Éternel.

63 Et Salomon sacrifia, dans un sacrifice de prospérités qu’il fit à l’Éternel, vingt et deux mille taureaux, et cent et vingt mille brebis. Ainsi le roi et tous les enfants d’Israël dédièrent la maison de l’Éternel.

64 En ce jour-là, le roi consacra le milieu du parvis, qui était devant la maison de l’Éternel ; car il offrait là les holocaustes, et les gâteaux, et les graisses des sacrifices de prospérités ; parce que l’autel d’airain qui était devant l’Éternel était trop petit pour contenir les holocaustes et les gâteaux, et les graisses des sacrifices de prospérités.

65 En ce temps-là, Salomon célébra une fête solennelle, et tout Israël avec lui. Il y avait une grande assemblée, qui était venue depuis qu’on entre en Hamath jusqu’au torrent d’Égypte, devant l’Éternel notre Dieu ; cela dura sept jours, et sept autres jours, c’est-à-dire, quatorze jours.

66 Et au huitième jour, il renvoya le peuple, et ils bénirent le roi ; après cela, ils s’en allèrent dans leurs tentes, en se réjouissant, et ayant le cœur plein de joie à cause de tout le bien que l’Éternel avait fait à David son serviteur, et à Israël son peuple.

REFLEXIONS

La dédicace que Salomon fit du temple et la prière qu’il adressa à Dieu est une belle preuve de l’ardente piété dont ce prince était alors rempli. L’on voit qu’il avait des sentiments très purs sur la religion, qu’il regardait le temple comme un lieu où Dieu serait présent, mais où il ne serait pourtant pas renfermé et qui serait destiné principalement à la prière et non à un culte purement extérieur et corporel.

Ce qui nous apprend que Dieu n’habite pas dans les temples bâtis par les hommes, qu’il remplit les Cieux et la terre et qu’ainsi il doit être invoqué partout en esprit et en vérité. Cependant, quand il y a des lieux qui sont destinés à son service, il faut avoir en révérence ces lieux-là. Surtout il faut les regarder comme des maisons d’oraison, ainsi qu’était le temple de Jérusalem, selon que notre Seigneur le dit dans l’Évangile.

L’on doit après cela bien considérer les divers articles de la prière de Salomon. Il demanda à Dieu qu’il lui plût d’exaucer toutes les supplications qui lui seraient présentées dans le temple par les Israélites dans leurs divers besoins et même par les étrangers.

De là nous devons recueillir que tout ce qui arrive dans le monde procède de Dieu, que les guerres, la famine, la mortalité et les autres fléaux sont dispensés aux hommes par la providence lorsqu’ils offensent Dieu par leurs péchés, que le remède à ces maux est de recourir à Dieu par la prière, par la confession des péchés et par une vraie repentance et que Dieu est toujours prêt à exaucer et à délivrer ceux qui l’invoquent dans leurs nécessités et qui se convertissent à lui de tout leur cœur.

On voit enfin ici avec combien de ferveur et de joie Salomon rendait grâces à Dieu et implorait sa bénédiction en faveur de tout son peuple.

Nous devons nous joindre à lui dans l’un et dans l’autre de ces devoirs en louant Dieu pour tous ses bienfaits et principalement pour ses grâces spirituelles et en le priant surtout avec ardeur qu’il tourne nos cœurs vers lui afin que nous gardions ses commandements avec fidélité et avec persévérance.

CHAPITRE IX

Dieu apparait de nouveau à Salomon qui lui rend grâces et implore sa bénédiction sur tout le peuple. Dieu donne de nouvelles marques de sa présence par le feu qui tomba du Ciel sur les sacrifices et par la nuée qui remplit le temple. Dieu promet à Salomon d’habiter dans le temple et d’affermir son règne si lui et le peuple lui obéissaient, le menaçant au contraire de détruire les Israélites et le temple même s’ils abandonnaient son service. Salomon donne des villes au roi de Tyr en récompense de l’or et des matériaux que ce prince lui avait fourni, il bâtit des villes et des forteresses et rend divers peuples tributaires. Il donne des emplois aux Israélites ses sujets. Il loge la reine son épouse dans le palais qu’il lui avait fait bâtir. Il offre des sacrifices à Dieu et il envoie une flotte dans le pays d’Ophir.

1 Après que Salomon eut achevé de bâtir la maison de l’Éternel, et la maison royale, et tout ce que Salomon avait pris plaisir et avait souhaité de faire ;

2 l’Éternel lui apparut pour la seconde fois, comme il lui avait apparu à Gabaon.

3 Et l’Éternel lui dit : J’ai exaucé ta prière et la supplication que tu as faite devant moi ; j’ai sanctifié cette maison que tu as bâtie pour y mettre mon nom pour toujours, et mes yeux et mon cœur seront toujours là.

4 Pour toi, si tu marches devant moi, comme David ton père a marché, dans l’intégrité et dans la droiture de ton cœur, en faisant tout ce que je t’ai commandé, et si tu gardes mes statuts et mes ordonnances ;

5 alors j’affermirai le trône de ton royaume sur Israël à jamais, comme j’en ai parlé à David ton père, disant : Il ne te manquera point de successeur qui soit sur le trône d’Israël.

6 Mais si vous vous détournez de moi, vous et vos fils, et que vous ne gardiez pas mes commandements et mes statuts que je vous ai proposés, mais que vous vous en alliez, et que vous serviez d’autres dieux, et que vous vous prosterniez devant eux ;

7 Je retrancherai Israël de dessus la terre que je leur ai donnée, et je rejetterai loin de moi cette maison que j’ai consacrée à mon nom, et Israël sera la raillerie et la fable de tous les peuples.

8 Et pour ce qui est de cette maison qui aura été haut élevée, quiconque passera près d’elle sera étonné, et sifflera, et on dira : Pourquoi l’Éternel a-t-il ainsi traité ce pays et cette maison ?

9 Et on répondra : Parce qu’ils ont abandonné l’Éternel leur Dieu, qui avait tiré leurs pères hors du pays d’Égypte, et qu’ils se sont attachés à d’autres dieux, qu’ils se sont prosternés devant eux, et qu’ils les ont servis ; c’est pour cela que l’Éternel a fait venir sur eux tout ce mal.

10 Or, il arriva qu’au bout des vingt ans, pendant lesquels Salomon bâtit les deux maisons, la maison de l’Éternel et la maison royale,

11 Hiram, roi de Tyr, ayant fait amener à Salomon du bois de cèdre, du bois de sapin et de l’or, autant qu’il en avait voulu, le roi Salomon donna à Hiram vingt villes au pays de Galilée.

12 Et Hiram sortit de Tyr pour voir les villes que Salomon lui avait données, qui ne lui plurent point ;

13 Et il dit : Quelles villes m’as-tu données, mon frère ? Et il les appela le pays de Cabul, et elles ont conservé ce nom jusqu’à ce jour.

14 Hiram avait aussi envoyé au roi cent vingt talents d’or.

15 Et la raison pour laquelle le roi Salomon imposa un tribut, fut pour bâtir la maison de l’Éternel, et sa maison, et Millo, et la muraille de Jérusalem, et Hatsor, et Méguiddo, et Guézer.

16 Car Pharaon, roi d’Égypte, était monté et avait pris Guézer, et l’avait brûlé, et il avait tué les Cananéens qui habitaient dans cette ville ; mais il la donna pour dot à sa fille, femme de Salomon.

17 Salomon donc bâtit Guézer, et Beth-horon la basse ;

18 et Bahalath, et Tadmor, au désert du pays ;

19 et toutes les villes de munitions que Salomon eut, et les villes où il tenait ses chariots, et les villes où il tenait ses gens de cheval, et tout ce qu’il plut à Salomon de bâtir à Jérusalem et au Liban, et dans tout le pays de sa domination.

20 Et pour ce qui est des peuples qui étaient restés des Amorrhéens, des Héthiens, des Phérésiens, des Héviens, et des Jébusiens, qui n’étaient point des enfants d’Israël ;

21 savoir, de leurs descendants qui étaient demeurés après eux au pays, et que les enfants d’Israël n’avaient pu détruire à la façon de l’interdit, Salomon les rendit tributaires et les asservit jusqu’à ce jour.

22 Mais Salomon ne souffrit point qu’aucun des enfants d’Israël fût asservi ; mais ils étaient gens de guerre, et ses officiers et ses principaux chefs, et ses capitaines, et chefs de ses chariots, et de sa cavalerie.

23 Il y en avait aussi cinq cent cinquante qui étaient les principaux chefs de ceux qui étaient établis sur l’ouvrage de Salomon, qui avaient l’intendance sur le peuple qui faisait son ouvrage.

24 Or, la fille de Pharaon monta de la cité de David dans la maison que Salomon lui avait bâtie ; et ce fut alors qu’il bâtit Millo.

25 Et Salomon offrit, trois fois l’année, des holocaustes et des sacrifices de prospérités, sur l’autel qu’il avait bâti à l’Éternel ; et il faisait des parfums sur celui qui était devant l’Éternel, après avoir achevé sa maison.

26 Le roi Salomon équipa aussi une flotte à Hetsjon-Guéber, qui était près d’Eloth, sur le rivage de la mer Rouge, au pays d’Edom.

27 Et Hiram envoya de ses serviteurs, gens de mer et qui entendaient la marine, pour être avec les serviteurs de Salomon dans cette flotte.

28 Et ils vinrent à Ophir ; et ils prirent de là quatre cent et vingt talents d’or ; et ils les apportèrent au roi Salomon.

REFLEXIONS

La seconde apparition dans laquelle Dieu réitéra à Salomon les assurances de sa faveur moyennant que lui et son peuple lui fussent obéissants et le menaça de sa colère s’il leur arrivait de l’abandonner fait voir que Dieu ne néglige rien pour s’attacher les hommes et pour les affermir dans le bien.

Il est toujours prêt à les combler de ses grâces lorsqu’ils le craignent, mais il les en prive lorsqu’ils l’offensent et qu’ils deviennent infidèles.

C’est aussi ce qui arriva aux Israélites qui, ayant irrité le Seigneur par leurs péchés, éprouvèrent la vérité des menaces qui sont contenues dans ce chapitre.

I. Salomon voulut pourvoir à la sûreté de son royaume et au bonheur de ses sujets, ce qui est un soin non seulement légitime, mais nécessaire dans un bon prince. Il marqua aussi un grand zèle pour la religion et pour le service divin, ce qui est encore plus digne des princes que Dieu a honoré de sa connaissance.

On voit enfin dans ce chapitre que Dieu bénit les desseins de Salomon, qu’il affermit et qu’il étendit sa domination en lui assujettissant les peuples voisins et qu’il augmenta ses revenus et ses richesses. Voilà comment Dieu fit prospérer ce prince pendant qu’il demeurait attaché à son devoir et c’est ainsi que Dieu est toujours disposé à bénir les bons rois et généralement tous ceux qui le craignent et qui le servent avec fidélité.

CHAPITRE X

Ce chapitre contient deux choses : 

I. L’arrivée de la reine de Scéba qui vint à Jérusalem pour voir et pour entendre le roi Salomon.

II. Une description des richesses de Salomon, de son trône, de sa vaisselle, de ses chariots, des péages qu’on lui payait et de l’abondance dont ses sujets jouissaient.

1 La reine de Scéba ayant entendu la réputation de Salomon, et du nom de l’Éternel, le vint éprouver par des questions obscures.

2 Et elle entra dans Jérusalem avec un fort grand train, et avec des chameaux qui portaient des choses aromatiques et une grande quantité d’or et de pierres précieuses ; et étant venue vers Salomon, elle lui parla de tout ce qu’elle avait dans le cœur.

3 Et Salomon lui expliqua tout ce qu’elle lui proposa ; il n’y eut rien que le roi n’entendît, et qu’il ne lui expliquât.

4 Alors la reine de Scéba voyant toute la sagesse de Salomon, et la maison qu’il avait bâtie,

5 et les mets de sa table, le logement de ses serviteurs, l’ordre du service de ses officiers, leurs vêtements, ses échansons, et les holocaustes qu’il offrait dans la maison de l’Éternel, elle fut toute hors d’elle-même.

6 Et elle dit au roi : Ce que j’ai appris dans mon pays de ton état et de ta sagesse, est véritable.

7 Et je n’ai point cru ce qu’on en disait, jusqu’à ce que je sois venue, et que mes yeux l’aient vu ; et voici, on ne m’en avait point rapporté la moitié ; ta sagesse et le bien que je vois surpassent ce que j’avais appris de ta renommée.

8 Oh ! qu’heureux sont tes gens ! Oh ! qu’heureux sont tes serviteurs qui assistent continuellement devant toi, et qui écoutent ta sagesse !

9 Béni soit l’Éternel ton Dieu qui t’a eu pour agréable, pour te mettre sur le trône d’Israël, parce que l’Éternel a aimé Israël pour toujours, et qu’il t’a établi roi, afin de rendre le droit et la justice.

10 Et elle donna au roi six vingts talents d’or, et une grande quantité de choses aromatiques, avec des pierres précieuses. Il ne vint jamais depuis une si grande abondance de choses aromatiques que la reine de Scéba en donna au roi Salomon.

11 La flotte d’Hiram, qui avait apporté de l’or d’Ophir, apporta aussi, en fort grande abondance, du bois d’Almugghim, et des pierres précieuses.

12 Et le roi fît des barrières de ce bois d’Almugghim, pour la maison de l’Eternel, et pour la maison royale, et des harpes, et des lyres pour les chantres. Il n’était point venu de ce bois d’Almugghim, et on n’en avait point vu jusqu’à ce jour-là.

13 Et le roi Salomon donna à la reine de Scéba tout ce qu’elle souhaita et qu’elle lui demanda, outre ce qu’il lui donna selon qu’un roi tel que Salomon en avait le pouvoir. Et elle s’en retourna, et s’en revint en son pays avec ses serviteurs.

14 Le poids de l’or qui revenait à Salomon chaque année, était de six cent soixante et six talents d’or ;

15 sans ce qui lui revenait des facteurs des marchands en gros, et de la marchandise de ceux qui vendaient en détail, et de tous les rois d’Arabie, et des gouverneurs de ce pays-là.

16 Le roi Salomon fit aussi deux cents boucliers d’or, étendus au marteau, employant six cents pièces d’or pour chaque bouclier ;

17 et trois cents boucliers d’or plus petits, étendus au marteau, employant trois livres d’or pour chaque bouclier ; et le roi les mit dans la maison du parc du Liban.

18 Le roi fit aussi un grand trône d’ivoire, qu’il couvrit de fin or.

19 Ce trône avait six degrés, et le haut du trône était rond par derrière, et il y avait des accoudoirs de côté et d’autre du siège, et deux lions étaient auprès des accoudoirs.

20 Il y avait aussi douze lions sur les six degrés du trône de côté et d’autre. Il ne s’en est point fait de pareils dans tous les royaumes.

21 Et toute la vaisselle du buffet du roi Salomon était d’or ; et toute la vaisselle de la maison du parc du Liban était de fin or ; il n’y en avait point d’argent ; l’argent n’était point estimé pendant la vie de Salomon.

22 Car le roi avait sur la mer la flotte de Tarsis, avec la flotte de Hiram ; et tous les trois ans une fois la flotte de Tarsis venait, qui apportait de l’or, de l’argent, des éléphants, des singes et des paons.

23 Ainsi le roi Salomon fut plus grand que tous les rois de ces pays-là, tant en richesses qu’en sagesse ;

24 et tous les habitants de ces pays désiraient de voir le visage de Salomon, pour écouter la sagesse que Dieu lui avait mise dans le cœur ;

25 et chacun lui apportait chaque année son présent, des vases d’argent, des vases d’or, des habits, des armes, des choses aromatiques, des chevaux et des mulets.

26 Salomon fit aussi amas de chariots et de gens de cheval ; de sorte qu’il avait mille et quatre cents chariots, et douze mille hommes de cheval, qu’il fit conduire dans les villes où il tenait ses chariots, et auprès du roi à Jérusalem.

27 Et le roi fit que l’argent était aussi commun à Jérusalem que les pierres, et les cèdres que les figuiers sauvages qui sont par les plaines, tant il y en avait.

28 Pour ce qui est du péage qui appartenait à Salomon de la traite des chevaux qu’on tirait d’Egypte, et du fil, les fermiers du roi se payaient en fil ;

29 mais chaque chariot remontait et sortait d’Egypte pour six cents pièces d’argent, et chaque cheval pour cent cinquante ; ainsi on en tirait, par le moyen de ces fermiers, pour tous les rois des Héthiens et pour les rois de Syrie.

REFLEXIONS

Il y a ces deux considérations principales à faire sur le voyage de la reine de Scéba qui vint à Jérusalem, y étant attirée par ce qu’elle avait ouï de la magnificence et de la sagesse du roi Salomon.

L’une, que ce voyage servit, non seulement à augmenter la gloire et la réputation de ce prince, mais aussi à inspirer à la reine de Scéba et à ceux qui l’accompagnaient un grand respect pour le vrai Dieu qui était adoré à Jérusalem. Il paraît par ce que cette princesse dit au roi Salomon qu’elle s’en retourna dans son pays, pénétrée de ces sentiments, puisqu’elle reconnut que c’était Dieu qui avait donné à Salomon toute cette sagesse et toute cette gloire et qui l’avait établi roi sur le peuple d’Israël.

L’autre réflexion est celle que notre Seigneur fait dans l’Évangile, où il dit que cette reine, qui vint d’un pays éloigné pour entendre la sagesse de Salomon, s’élèvera en jugement contre nous et nous condamnera si nous ne profitons pas des divines instructions de celui qui est plus grand que Salomon et dont la sagesse aussi bien que la gloire surpasse infiniment celle de ce prince des Hébreux.

Pour ce qui est de la magnificence de ce roi et de ses grandes richesses dont on lit la description dans ce chapitre, il faut considérer

I. Que Dieu, en lui accordant ces avantages, accomplit les promesses qu’il lui avait faites de lui donner avec la sagesse, des richesses et une gloire qui le mettraient au-dessus des autres rois.

II. On doit faire attention au jugement que Salomon fait lui-même de cette gloire dans le livre de l’Ecclésiaste : J’ai été, dit-il, roi à Jérusalem, je me suis agrandi et élevé par-dessus tous ceux qui avaient été avant moi, je me suis fait des choses magnifiques, je me suis bâti des maisons, je me suis amassé de l’or, de l’argent et des choses précieuses, j’ai recherché les délices, enfin je n’ai rien refusé à mes yeux de tout ce qu’ils ont demandé. Mais ayant considéré tout ce travail auquel je m’étais occupé, j’ai reconnu que tout cela était vanité et tourment d’esprit. 

Ajoutons à cela que la possession de ces avantages n’est pas seulement vaine, mais qu’elle est aussi dangereuse.

Les hommes se corrompent facilement au milieu de l’abondance et de la paix et ce fut ce qui arriva au roi Salomon comme on le voit dans le chapitre suivant.

Nous devons donc donner à cet égard des bornes à nos désirs et nous reposer au reste sur la providence qui nous fournira toujours ce qui est nécessaire pour cette vie et qui revêt les fleurs des champs plus magnifiquement que Salomon ne l’était dans toute sa gloire, comme Jésus-Christ le dit dans l’Évangile.

CHAPITRE XI

Le roi Salomon abandonne Dieu dans sa vieillesse. Il se laisse entraîner dans l’idolâtrie par ses femmes et il fait tomber le peuple d’Israël dans le même péché.

Dieu en étant irrité lui déclare qu’il ôterait une partie de son royaume à son fils et même il suscita dès lors contre lui Hadad, Rezon et Jéroboam.

Un prophète prédit à ce dernier qu’il règnerait sur dix tribus d’Israël, ce qui fit que Jéroboam se retira en Égypte où il demeura jusqu’à la mort de Salomon.

1 Or, le roi Salomon aima plusieurs femmes étrangères, outre la fille de Pharaon, savoir, des Moabites, des Hammonites, des Iduméennes, des Sidoniennes et des Héthiennes ;

2 d’entre les nations dont l’Eternel avait dit aux enfants d’Israël : Vous n’irez point vers elles, et elles ne viendront point vers vous ; car certainement, elles détourneraient votre cœur pour suivre leurs dieux. Salomon s’attacha à elles avec passion.

3 Il eut donc sept cents femmes princesses, et trois cents concubines ; et ses femmes détournèrent son cœur.

4 Car il arriva, dans le temps de la vieillesse de Salomon, que ses femmes détournèrent son cœur pour suivre d’autres dieux ; et son cœur ne fut point droit devant l’Éternel son Dieu, comme le cœur de David son père.

5 Et Salomon suivit Hasçtoreth, dieu des Sidoniens, et Milcom, qui était l’idole des Hammonites.

6 Ainsi Salomon fit ce qui déplaisait à l’Éternel, et il ne persévéra point à suivre l’Éternel, comme David son père.

7 Alors Salomon bâtit un lieu haut à Kémos, l’idole des Moabites, sur la montagne qui est vis-à-vis de Jérusalem ; et à Molec, l’idole des enfants de Hammon.

8 Il en fit de même pour toutes ses femmes étrangères, qui faisaient des encensements, et qui sacrifiaient à leurs dieux.

9 C’est pourquoi l’Éternel fut indigné contre Salomon, parce qu’il avait détourné son cœur de l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui lui était apparu deux fois,

10 et qui même lui avait donné un commandement exprès là-dessus, savoir, qu’il ne suivît point d’autres dieux ; mais il ne garda point ce que l’Éternel lui avait commandé.

11 Et l’Éternel dit à Salomon : Puisque tu as ainsi agi, et que tu n’as pas gardé mon alliance et mes ordonnances que je t’avais données, je déchirerai certainement le royaume, afin qu’il ne soit plus à toi, et je le donnerai à ton serviteur.

12 Toutefois pour l’amour de David ton père, je ne le ferai point pendant ta vie ; mais je déchirerai le royaume d’entre les mains de ton fils.

13 Néanmoins, je ne déchirerai pas tout le royaume ; j’en donnerai une tribu à ton fils pour l’amour de David mon serviteur, pour l’amour de Jérusalem que j’ai choisie.

14 L’Éternel donc suscita un ennemi à Salomon, savoir, Hadad, Iduméen, qui était de la race royale d’Edom.

15 Car dans le temps que David fut en Edom, lorsque Joab, chef de l’armée, monta pour ensevelir ceux qui avaient été tués, comme il tuait tous les mâles d’Edom,

16 (Car Joab demeura là six mois avec tout Israël, jusqu’à ce qu’il eût exterminé tous les mâles d’Edom,)

17 Hadad s’enfuit avec quelques Iduméens des serviteurs de son père, pour se retirer en Égypte. Or, Hadad était fort jeune.

18 Et quand ils furent partis de Madian, ils vinrent à Paran ; et ils prirent avec eux des gens de Paran, et se retirèrent en Égypte vers Pharaon, roi d’Égypte, qui lui donna une maison et lui assigna de quoi se nourrir, et qui lui donna aussi une terre.

19 Et Hadad fut fort dans les bonnes grâces de Pharaon, de sorte qu’il lui fit épouser la sœur de sa femme, la sœur de la reine Tachpénès.

20 Et la sœur de Tachpénès lui enfanta son fils Guénubath, que Tachpénès sevra dans la maison de Pharaon. Ainsi Guénubath était de la maison de Pharaon parmi les fils de Pharaon.

21 Or, quand Hadad eut appris en Égypte que David s’était endormi avec ses pères, et que Joab, chef de l’armée, était mort, il dit à Pharaon : Donne-moi mon congé, et je m’en irai en mon pays.

22 Et Pharaon lui répondit : Mais de quoi as-tu besoin, étant avec moi, pour demander ainsi de t’en aller en ton pays ? Et il lui dit : Je n’ai besoin de rien ; mais cependant, donne-moi mon congé.

23 Dieu suscita aussi un autre ennemi à Salomon, savoir, Rézon, fils d’Eljadah, qui s’était enfui d’avec son seigneur Hadadhézer, roi de Tsoba ;

24 et qui assembla des gens contre lui, et fut chef de quelques bandes, lorsque David les défit, et ils s’en allèrent à Damas, et y habitèrent et y régnèrent.

25 Rézon fut donc ennemi d’Israël, tout le temps de Salomon, outre le mal que fit Hadad ; et il donna du chagrin à Israël, et il régna sur la Syrie.

26 Jéroboam aussi, fils de Nébat, Ephratien, de Tséréda, dont la mère s’appelait Tséruha, femme veuve, qui était serviteur de Salomon, se souleva encore contre le roi.

27 Et voici l’occasion pour laquelle il se souleva contre le roi : lorsque Salomon bâtissait Millo, et qu’il comblait le creux de la ville de David son père,

28 Jéroboam, qui était un homme fort et vaillant, s’y trouva ; et Salomon voyant ce jeune homme qui travaillait, le commit sur tout le tribut de la maison de Joseph.

29 Or, il arriva en même temps que Jéroboam étant sorti de Jérusalem, Ahija Scilonite, prophète, le trouva dans le chemin, qui était vêtu d’une robe neuve, et ils étaient eux deux tout seuls dans les champs.

30 Et Ahija prit la robe neuve qui était sur lui, et la déchira en douze pièces ;

31 et il dit à Jéroboam : Prends-en pour toi dix pièces ; car ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Voici, je m’en vais déchirer le royaume d’entre les mains de Salomon, et je t’en donnerai dix tribus.

32 Mais il en aura une tribu pour l’amour de David mon serviteur, et pour l’amour de Jérusalem, qui est la ville que j’ai choisie d’entre toutes les tribus d’Israël ;

33 parce qu’ils m’ont abandonné, et qu’ils se sont prosternés devant Hasçtoreth, le dieu des Sidoniens, et devant Kémos, le dieu de Moab, et devant Milcom, le dieu des enfants de Hammon, et qu’ils n’ont point marché dans mes voies, pour faire ce qui est droit devant moi, et pour garder mes statuts et mes ordonnances, comme avait fait David, père de Salomon.

34 Toutefois, je n’ôterai rien de ce royaume d’entre ses mains, et pendant tout le temps qu’il vivra, je le maintiendrai prince, pour l’amour de David mon serviteur que j’ai choisi, et qui a gardé mes commandements et mes statuts.

35 Mais j’ôterai le royaume d’entre les mains de son fils, et je t’en donnerai dix tribus ;

36 et j’en donnerai une tribu à son fils, afin que David mon serviteur ait toujours une lampe devant moi à Jérusalem, qui est la ville que j’ai choisie pour y mettre mon nom.

37 Je te prendrai donc, et tu régneras sur tout ce que ton âme souhaitera ; et tu seras roi sur Israël.

38 Et il arrivera que si tu m’obéis dans tout ce que je te commanderai, et que tu marches dans mes voies, et que tu fasses tout ce qui est droit devant moi, en gardant mes statuts et mes commandements, comme a fait David mon serviteur, je serai avec toi, et j’établirai ta maison, qui sera stable, comme j’ai établi celle de David, et je te donnerai Israël.

39 Ainsi j’affligerai la postérité de David à cause de cela, mais non pour toujours.

40 Et Salomon chercha de faire mourir Jéroboam ; mais Jéroboam se leva et s’enfuit en Égypte vers Scisçak, roi d’Égypte ; et il demeura en Égypte jusqu’à la mort de Salomon.

41 Pour ce qui est du reste des actions de Salomon, savoir, tout ce qu’il a fait, et sa sagesse, cela n’est-il pas écrit au livre des actions de Salomon ?

42 Or, le temps que Salomon régna dans Jérusalem sur tout Israël, fut de quarante ans.

43 Ainsi Salomon s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli dans la ville de David son père ; et Roboam son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

Les réflexions qu’il faut faire ici regardent le péché de Salomon et la punition de ce péché.

Sur le péché de Salomon nous devons considérer que ce prince que Dieu avait comblé de ses grâces, qui avait été si sage dans sa jeunesse et qui avait fait la dédicace du temple de Jérusalem avec tant de dévotion et de zèle abandonna Dieu et devint idolâtre dans sa vieillesse. Il bâtit des temples aux idoles que ses femmes adoraient, il y servit de faux dieux et il entraîna ses sujets dans le même péché.

Si le plus sage de tous les hommes est tombé dans un si grand égarement, il n’y a personne qui ne doive être sur ses gardes. Ceux-là même qui ont reçu des grâces particulières de Dieu doivent profiter de cet exemple et reconnaître que, nonobstant tous ces avantages, on peut tomber dans les plus grands désordres et se corrompre entièrement. Surtout ceux à qui Dieu a donné des sentiments de piété et de vertu dans leur jeunesse doivent les conserver précieusement de peur qu’il ne leur arrive de les perdre et d’abandonner Dieu tout à fait.

Il faut encore remarquer que Salomon se corrompit au milieu des plaisirs et de la gloire qui l’environnaient. Mais il pécha principalement en épousant plusieurs femmes qui étaient avec cela étrangères et idolâtres, ce que Dieu avait expressément défendu aux rois du peuple d’Israël. Ce furent ces femmes qui le séduisirent et qui l’entraînèrent dans l’idolâtrie.

C’est ici un grand exemple qui montre que l’abondance et les plaisirs séduisent facilement les hommes, que le plus dangereux de tous les attraits est celui de la volupté et que les femmes qui n’ont pas la vertu et la religion peuvent engager dans toutes sortes de désordres les hommes qui ont de l’attachement pour elles.

On voit en second lieu que le Seigneur, indigné de ce que Salomon l’avait ainsi abandonné, et de ce qu’il avait fait tomber le peuple dans l’idolâtrie, lui suscita pendant sa vie divers ennemis et qu’il ôta même à son fils une grande partie de son royaume pour le donner à Jéroboam.

La punition suit de près les péchés que l’on commet contre Dieu, mais il est surtout offensé par l’ingratitude et par l’infidélité de ceux qui, après avoir bien commencé, se détournent de son obéissance. Il les prive de ses grâces, il leur ôte les avantages qu’il leur avait accordés et il les fait être des exemples de sa vengeance.

Au reste, Salomon n’introduisit pas seulement l’idolâtrie, mais il la laissa subsister pendant qu’il vécut, en sorte qu’elle continua sous le règne de Roboam son fils, comme cela se voit dans la suite de ce livre. Ainsi Salomon ne répara pas le grand péché qu’il avait commis. On peut aussi reconnaître par cette histoire et par ce que le prophète Ahija dit à Jéroboam, que c’est Dieu qui élève et qui abaisse les rois, qui dispose des royaumes et qui les donne à qui il lui plaît.

CHAPITRE XII

On voit ici trois choses :

I. Comment et à quelle occasion dix tributs d’Israël se révoltèrent de l’obéissance à Roboam fils de Salomon et prirent Jéroboam pour leur roi.

II. Que Roboam voulant faire la guerre aux dix tribus révoltées, Dieu lui fit défendre d’exécuter ce dessein.

III. Jéroboam craignant que ses sujets ne rentrassent dans l’obéissance à Roboam lorsqu’ils iraient sacrifier à Jérusalem établit un faux culte dans son royaume en faisant deux veaux d’or qu’il plaça à Dan et à Bethel et qu’il fit adorer sous le nom du vrai Dieu. 

1 Et Roboam vint à Sichem, parce que tout Israël était venu à Sichem pour l’établir roi.

2 Or, il arriva que quand Jéroboam, fils de Nébat, qui était encore en Égypte, où il s’était enfui de devant le roi Salomon, l’eut appris, il se tint encore en Égypte.

3 Mais on l’envoya appeler. Ainsi Jéroboam et toute l’assemblée d’Israël vinrent et parlèrent à Roboam, disant :

4 Ton père a mis sur nous un pesant joug ; mais toi, allège maintenant cette rude servitude de ton père, et ce pesant joug qu’il nous a imposé, et nous te servirons.

5 Et il leur répondit : Allez-vous-en, et dans trois jours retournez vers moi. Ainsi le peuple s’en alla.

6 Et le roi Roboam consulta les vieillards, qui avaient été auprès de Salomon son père, pendant sa vie, et il leur dit : Quelle réponse me conseillez-vous de faire à ce peuple ?

7 Et ils lui répondirent, disant : Si aujourd’hui tu as de la complaisance pour ce peuple, que tu leur cèdes et que tu leur répondes avec douceur, ils seront toujours tes serviteurs.

8 Mais il ne suivit pas le conseil que les vieillards lui avaient donné, et il consulta les jeunes gens qui avaient été nourris avec lui, et qui étaient auprès de lui ;

9 et il leur dit : Que me conseillez-vous de répondre à ce peuple qui m’a parlé, et qui m’a dit : Allége le joug que ton père a mis sur nous ?

10 Alors les jeunes gens qui avaient été nourris avec lui, lui parlèrent, et lui dirent : Tu parleras ainsi à ce peuple qui t’est venu dire : Ton père a mis sur nous un pesant joug, mais toi, allége-le ; tu leur parleras ainsi : Ce qui est le plus petit en moi, est plus gros que les reins de mon père.

11 Or, mon père a imposé sur vous un pesant joug ; mais moi, je rendrai votre joug encore plus pesant. Mon père vous a châtiés avec des fouets ; mais moi, je vous châtierai avec des fouets garnis de pointes.

12 Trois jours après, Jéroboam, avec tout le peuple, vint vers Roboam, selon que le roi leur avait dit : Retournez vers moi dans trois jours.

13 Mais le roi répondit durement au peuple, contre le conseil que les vieillards lui avaient donné ;

14 et il leur parla selon que les jeunes gens lui avaient conseillé, et il leur dit : Mon père a mis sur vous un pesant joug ; mais moi, je rendrai votre joug encore plus pesant. Mon père vous a châtiés avec des fouets ; mais moi, je vous châtierai avec des fouets garnis de pointes.

15 Le roi donc n’écouta point le peuple ; car cela était ainsi dispensé par l’Éternel, pour ratifier la parole qu’il avait prononcée par le ministère d’Àhija Scilonite à Jéroboam, fils de Nébat.

16 Et quand tout Israël eut vu que le roi ne les avait point écoutés, le peuple fit cette réponse au roi, disant : Quelle part avons-nous avec David ? Nous n’avons point d’héritage avec le fils d’Isaï. Israël, retire-toi dans tes tentes ; maintenant, David, pourvois à ta maison. Ainsi Israël s’en alla dans ses tentes.

17 Mais pour ce qui est des enfants d’Israël qui habitaient dans les villes de Juda, Roboam régna sur eux.

18 Alors le roi Roboam envoya Adoram, qui était commis sur les tributs ; mais tout Israël l’assomma de pierres, et il mourut. Et le roi Roboam se hâta de monter sur un chariot, pour s’enfuir à Jérusalem.

19 Ainsi Israël se rebella contre la maison de David, jusqu’à ce jour.

20 Et il arriva qu’aussitôt que tout Israël eut appris que Jéroboam était de retour, ils l’envoyèrent appeler dans l’assemblée, et ils l’établirent roi sur tout Israël. Et aucune tribu ne suivit la maison de David, que la seule tribu de Juda.

21 Et Roboam vint a Jérusalem, et assembla toute la maison de Juda et la tribu de Benjamin, savoir, cent quatre-vingt mille hommes choisis et faits à la guerre, pour combattre contre la maison d’Israël, pour réduire le royaume sous l’obéissance de Roboam, fils de Salomon.

22 Mais la parole de Dieu fut adressée à Scémahja, homme de Dieu, disant :

23 Parle à Roboam, fils de Salomon, roi de Juda, et à toute la maison de Juda et de Benjamin, et au reste du peuple, et dis-leur :

24 Ainsi a dit l’Éternel : Vous ne monterez point, et vous ne combattrez point contre vos frères, les enfants d’Israël. Retournez-vous-en, chacun dans sa maison ; car ceci a été fait par moi. Et ils obéirent à la parole de l’Éternel, et ils s’en retournèrent et s’en allèrent, selon la parole de l’Éternel.

25 Or, Jéroboam bâtit Sichem en la montagne d’Ephraïm, et il y habita ; puis il sortit de là, et bâtit Pénuel ;

26 et Jéroboam dit en soi-même : Maintenant le royaume pourrait bien retourner à la maison de David.

27 Si ce peuple monte pour faire des sacrifices dans la maison de l’Éternel à Jérusalem, le cœur de ce peuple se tournera vers son seigneur Roboam, roi de Juda, et ils me tueront, et ils retourneront à Roboam, roi de Juda.

28 Et le roi ayant pris conseil, fit deux veaux d’or, et dit au peuple : Ce vous est trop de peine de monter à Jérusalem ; voici tes dieux, ô Israël, qui t’ont fait monter hors du pays d’Égypte.

29 Et il en mit un à Beth-el, et il mit l’autre à Dan.

30 Et cela fut une occasion de péché ; car le peuple allait même jusqu’à Dan, pour se prosterner devant l’un des veaux.

31 Il fit aussi des maisons dans les hauts lieux, et il établit des sacrificateurs pris d’entre le peuple, et qui n’étaient point des enfants de Lévi.

32 Jéroboam ordonna aussi une fête solennelle au huitième mois, le quinzième jour du mois, à l’imitation de la fête solennelle qu’on célébrait en Juda, et il offrait sur un autel. Il en fit de même à Beth-el, sacrifiant aux veaux qu’il avait faits, et il établit à Beth-el des sacrificateurs des hauts lieux qu’il y avait faits.

33 Et le quinzième jour du huitième mois, savoir, au mois qu’il avait imaginé dans son cœur, il offrit sur l’autel qu’il avait fait à Beth-el, et il y célébra une fête solennelle aux enfants d’Israël, et il monta sur l’autel pour y faire des encensements.

REFLEXIONS

Ce chapitre contient le récit d’un événement remarquable, ce fut le partage du royaume de Roboam fils de Salomon en deux royaumes dont l’un fut celui de Juda qui demeura sous l’obéissance de Roboam et l’autre fut celui des dix tribus qui se révoltèrent et dont Jéroboam fut roi. Ce fut ainsi que Dieu punit la postérité de Salomon selon que le prophète Ahija l’avait déclaré après que ce prince se fut détourné du culte de Dieu pour servir les idoles.

Et comme Roboam perdit une partie de son royaume pour avoir suivi les conseils violents des jeunes gens plutôt que les sages avis des vieillards, on voit par-là que les princes ne doivent jamais user de trop de rigueur envers les peuples et qu’il est dangereux d’écouter des conseils violents ou qui flattent nos passions et qui nous sont donnés par des personnes qui manquent de prudence et d’expérience tels que sont d’ordinaire les jeunes gens.

La défense que Dieu fit à Roboam et à ses sujets par le prophète Scémahja de faire la guerre à ceux des dix tribus montre que la volonté de Dieu était que le royaume d’Israël subsistât et demeurât séparé de celui de Juda. Outre cela, Dieu ne permit pas qu’on fit alors la guerre à Jéroboam parce que ce prince ne l’avait pas encore offensé par l’idolâtrie et parce que ses sujets étaient les frères de ceux de Juda.

Cela montre qu’on ne doit pas prendre facilement les armes contre des personnes avec qui l’on est uni, surtout par la religion.

Enfin, comme Roboam et ses sujets se désistèrent de leur entreprise dès que le prophète leur eut fait connaître la volonté de Dieu, nous devons aussi nous soumettre à tout ce que Dieu nous ordonne et ne jamais résister à la providence lorsque nous voyons que Dieu trouve à propos de nous châtier.

Il faut cependant considérer ici l’aveuglement et l’ingratitude de Jéroboam qui, ne se fiant point aux promesses de Dieu lui avait faites de conserver le royaume à sa famille s’il lui était fidèle et craignant que ses sujets ne l’abandonnent s’ils allaient sacrifier à Jérusalem, établit, par une fausse politique, un culte idolâtre dans ses états, par où il causa la ruine de sa famille et enfin celle du royaume des dix tribus. C’est ainsi que les hommes, au lieu de se confier en Dieu et de se reposer sur lui en faisant leur devoir, cherchent leur sûreté dans des mauvais moyens qu’une fausse prudence leur suggère et attirent ordinairement par-là sur eux les maux qu’ils voulaient éviter.

Il importe encore de remarquer sur cette histoire que, quoique l’intention de Jéroboam et de ses sujets ne fût pas d’adorer de faux dieux et qu’ils ne regardassent pas ces deux veaux d’or comme des divinités, mais qu’ils prétendaient seulement adorer le vrai Dieu sous la figure de ces veaux, l’Écriture dit qu’ils commirent une véritable idolâtrie.

Il s’ensuit de là que, pour être idolâtre, il n’est pas nécessaire d’avoir intention de servir de fausses divinités, mais qu’on se rend coupables de ce crime dès qu’on sert Dieu sous quelque image que ce soit et dès qu’on s’écarte de ce qu’il a prescrit à cet égard dans sa loi d’une manière si expresse.

CHAPITRE XIII

I. Un prophète vient de Juda à Bethel, il prédit que l’autel que Jéroboam venait d’y élever serait détruit par un roi de la famille de David nommé Josias et il confirme sa prédiction par deux miracles.

II. Ce même prophète est tué par un lion pour avoir mangé à Beth-el chez un autre prophète contre la défense de Dieu.

1 Un homme de Dieu vint de Juda à Beth-el avec la parole de l’Éternel, comme Jéroboam se tenait auprès de l’autel pour y faire des encensements,

2 Et il cria contre l’autel, selon la parole de l’Éternel, et il dit : Autel, autel, ainsi a dit l’Éternel : Voici, un fils naîtra à la maison de David, qui s’appellera Josias ; il immolera sur toi les sacrificateurs des hauts lieux qui font des encensements sur toi, et on brûlera sur toi les os des hommes.

3 Et il proposa ce jour-là même un miracle, disant : C’est ici le miracle dont l’Éternel a parlé : Voici, l’autel se fendra maintenant, et la cendre qui est dessus sera répandue.

4 Or, il arriva qu’aussitôt que le roi eut entendu la parole que l’homme de Dieu avait prononcée à haute voix contre l’autel de Beth-el, Jéroboam étendit sa main de dessus l’autel, disant : Saisissez-le. Et la main qu’il étendit contre le prophète devint sèche et il ne la put retirer à soi.

5 L’autel aussi se fendit, et la cendre qui était dessus fut répandue, conformément au miracle que l’homme de Dieu avait prédit, selon la parole de l’Éternel.

6 Et le roi prit la parole, et dit à l’homme de Dieu : Je te prie de supplier l’Éternel ton Dieu, et de prier pour moi, afin que ma main soit rétablie. Et l’homme de Dieu supplia l’Éternel, et la main du roi fut rétablie, et elle fut comme auparavant.

7 Alors le roi dit à l’homme de Dieu : Entre avec moi dans la maison, et dînes-y, et je te ferai un présent.

8 Mais l’homme de Dieu répondit au roi : Quand tu me donnerais la moitié de ta maison, je n’entrerais pas chez toi, et je ne mangerais pas du pain, ni ne boirais de l’eau dans ce lieu.

9 Car il m’a été ainsi commandé par l’Eternel, qui m’a dit : Tu n’y mangeras point de pain, et tu n’y boiras point d’eau, et tu ne retourneras point par le même chemin par lequel tu y seras allé.

10 Il s’en alla donc par un autre chemin, et ne retourna point par le chemin par lequel il était venu à Beth-el.

11 Or, il y avait un certain vieux prophète qui demeurait à Beth-el, à qui son fils vint raconter toutes les choses que l’homme de Dieu avait faites ce jour-là à Beth-el, et les paroles qu’il avait dites au roi, et les enfants de ce prophète les rapportèrent à leur père ;

12 et leur père leur dit : Par quel chemin s’en est-il allé ? Or, ses enfants avaient vu le chemin par lequel l’homme de Dieu, qui était venu de Juda, s’en était allé.

13 Et il dit à ses fils : Sellez-moi mon âne : et ils le sellèrent ; puis il monta dessus.

14 Et il s’en alla après l’homme de Dieu ; et il le trouva assis sous un chêne, et il lui dit : Es-tu l’homme de Dieu qui est venu de Juda ? Et il lui répondit : C’est moi.

15 Alors il lui dit : Viens avec moi à la maison, et y mange du pain.

16 Mais il répondit : Je ne puis retourner avec toi, ni entrer chez toi, et je ne mangerai point de pain, ni ne boirai point d’eau avec toi dans ce lieu ;

17 car il m’a été dit de la part de l’Eternel : Tu n’y mangeras point de pain, et tu n’y boiras point d’eau, et tu ne retourneras point par le chemin par lequel tu y seras allé.

18 Et il lui dit : Et moi, je suis aussi prophète comme toi ; et un ange m’a parlé de la part de l’Eternel, et m’a dit : Ramène-le avec toi dans ta maison, et qu’il mange du pain, et boive de l’eau ; mais il lui mentait.

19 Il s’en retourna donc avec lui et il mangea du pain, et but de l’eau dans sa maison.

20 Et il arriva que comme ils étaient assis à table, la parole de l’Eternel fut adressée au prophète qui l’avait ramené.

21 Et il cria à l’homme de Dieu qui était venu de Juda, disant : Ainsi a dit l’Eternel : Parce que tu as été rebelle au commandement de l’Eternel, et que tu n’as point gardé le commandement que l’Eternel ton Dieu t’avait fait,

22 mais que tu t’en es retourné, et que tu as mangé du pain, et bu de l’eau dans le lieu dont l’Eternel t’avait dit : N’y mange point de pain, et n’y bois point d’eau ; ton corps n’entrera point dans le sépulcre de tes pères.

23 Après qu’il eut mangé du pain, et qu’il eut bu, le vieux prophète fit seller un âne au prophète qu’il avait ramené.

24 Puis ce prophète s’en alla, et un lion le trouva dans le chemin, et le tua, et son corps était étendu par terre dans le chemin, et l’âne se tenait auprès du corps ; le lion se tenait aussi auprès du corps.

25 Et voici, quelques passants virent le corps étendu par terre dans le chemin, et le lion qui se tenait auprès du corps ; et ils vinrent le dire dans la ville où ce vieux prophète demeurait.

26 Et le prophète qui avait ramené du chemin l’homme de Dieu, l’ayant appris, dit : C’est l’homme de Dieu qui a été rebelle au commandement de l’Eternel ; c’est pourquoi l’Eternel l’a livré au lion qui l’aura déchiré après l’avoir tué, selon la parole que l’Eternel lui avait dite.

27 Et il parla à ses fils, disant : Sellez-moi mon âne ; et ils le lui sellèrent.

28 Et il alla et trouva le corps de l’homme de Dieu étendu par terre dans le chemin, et l’âne et le lion qui se tenaient auprès du corps ; le lion n’avait point mangé le corps, et n’avait point déchiré l’âne.

29 Alors le prophète leva le corps de l’homme de Dieu et le mit sur l’âne, et le ramena. Et ce vieux prophète revint dans la ville pour en faire le deuil et l’ensevelir.

30 Et il mit le corps de ce prophète dans son sépulcre, et ils pleurèrent sur lui, en disant : Hélas ! mon frère !

31 Et il arriva qu’après qu’il l’eut enseveli, il parla à ses fils, et leur dit : Quand je serai mort, ensevelissez-moi dans le sépulcre où est enseveli l’homme de Dieu, et mettez mes os auprès de lui.

32 Car ce qu’il a prononcé à haute voix, selon la parole de l’Éternel, contre l’autel qui est à Beth-el, et contre toutes les maisons des hauts lieux qui sont dans les villes de Samarie, arrivera infailliblement.

33 Néanmoins, Jéroboam ne se détourna point de sa mauvaise voie ; mais il revint à faire des sacrificateurs des hauts lieux, pris d’entre le peuple. Quiconque le voulait se consacrait, et était du nombre des sacrificateurs des hauts lieux.

34 Et cela augmenta tellement le péché de la maison de Jéroboam, qu’elle fut effacée et exterminée de dessus la terre.

REFLEXIONS

C’est une chose remarquable que dès que le faux culte de Jéroboam fut établi et dans le temps que ce prince offrait sur l’autel de Beth-el, un prophète y vint de Juda, lequel prédit que cet autel serait détruit par un roi de la race de David nommé Josias. Cette prédiction fut confirmée sur le champ par deux miracles : l’autel se fendit et le roi ayant étendu sa main pour faire saisir le prophète elle devint sèche et immobile et elle fut ensuite guérie à la prière de ce prophète-là. Ces miracles arrivèrent pour faire voir aux Israélites des dix tribus que le culte que Jéroboam leur roi venait d’établir à Beth-el était odieux au Seigneur et que quoi que Dieu eût permis qu’ils se révoltassent contre Roboam, petit-fils de David, cependant la postérité de David subsisterait toujours.

Au reste, la prédiction que le prophète venu de Juda fit est très expresse. Le roi qui devait détruire l’autel de Beth-el y est nommé et cette prédiction s’accomplit au bout d’environ trois cent cinquante ans lorsque le roi Josias démolit cet autel, comme cela se voit dans II Rois XXIII. La défense que Dieu avait fait à ce prophète de manger à Beth-el, montrait que Dieu regardait ce lieu-là comme souillé, et à cause de l’idolâtrie qui s’y exerçait. La mort de ce même prophète qui fut tué par un lion pour avoir mangé à Beth-el chez un autre prophète tendait au même but. Et afin qu’il parût plus clairement que c’était Dieu qui avait envoyé ce lion, Dieu ne permit pas que cette bête féroce touchât au corps du prophète après l’avoir tué, non plus qu’à l’âne sur lequel le prophète était monté. Cet événement surprenant, dont tous ceux qui passèrent par cet endroit furent témoins, arriva non seulement pour punir ce prophète de sa désobéissance, mais aussi et principalement afin que ce miracle joint à ceux qui avaient précédé fit voir aux Israélites que ce prophète avait été envoyé de Dieu et que tout ce qu’il avait prédit s’accomplirait infailliblement. Ce fut aussi ce que le prophète de Beth-el reconnut.

Enfin, ce qui arriva à ce prophète qui fut tué par un lion pour avoir désobéi à ce que Dieu lui avait   si expressément ordonné et pour s’être laissé séduire par le prophète de Beth-el montre qu’il ne peut jamais nous être permis de violer les commandements de Dieu et que quand il nous a fait connaître sa volonté, nous sommes inexcusables si nous nous en éloignons sous quelque prétexte que ce soit et si nous nous laissons séduire par ceux qui voudraient nous détourner de notre devoir.

CHAPITRE XIV

Jéroboam, roi d’Israël, ayant un fils malade, envoie la reine, sa femme, pour demander au prophète Ahija si cette maladie était mortelle. Le prophète lui prédit la mort de son fils et la destruction de toute la famille de Jéroboam et cela à cause que ce prince avait établi l’idolâtrie parmi les Israélites. Roboam et ses sujets deviennent idolâtres et Dieu, pour les châtier, fait venir Sisac, roi d’Égypte, qui prit les trésors du temple de Jérusalem et emporta un grand butin. Roboam meurt ayant régné 17 ans et Abija, son fils, lui succéda.

1 En ce temps-là, Abija, fils de Jéroboam, devint malade.

2 Et Jéroboam dit à sa femme : Lève-toi maintenant, et déguise-toi, qu’on ne connaisse point que tu es la femme de Jéroboam, et va-t’en à Scilo ; voilà, Ahija le prophète y est ; ce fut lui qui me dit que je serais roi sur ce peuple.

3 Et prends en ta main dix pains, et des gâteaux, et un vaisseau plein de miel, et entre chez lui ; il te déclarera ce qui doit arriver à ce jeune garçon.

4 La femme de Jéroboam fit donc ainsi ; car elle se leva et s’en alla à Scilo, et elle entra dans la maison d’Ahija. Or, Ahija ne pouvait voir, parce que ses yeux étaient obscurcis à cause de sa vieillesse.

5 Et l’Éternel dit à Ahija : Voilà la femme de Jéroboam qui vient pour s’enquérir de toi touchant son fils, parce qu’il est malade. Tu lui diras telles et telles choses. Quand elle entrera, elle fera semblant d’être quelque autre.

6 Aussitôt donc qu’Ahija eut entendu le bruit de ses pieds, comme elle était à la porte, il dit : Entre, femme de Jéroboam ; pourquoi fais-tu semblant d’être quelque autre ? Je suis chargé de t’annoncer des choses dures.

7 Va, dis à Jéroboam : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Parce que je t’ai élevé du milieu du peuple, et que je t’ai établi pour conducteur de mon peuple d’Israël ;

8 et que j’ai déchiré le royaume de la maison de David, et que je te l’ai donné, mais que tu n’as point été comme David mon serviteur, qui a gardé mes commandements et qui a marché après moi de tout son cœur, ne faisant que ce qui est droit devant moi ;

9 et que faisant ce que tu as fait, tu as fait plus de mal que tous ceux qui ont été avant toi ; que tu t’en es allé, et que tu t’es fait d’autres dieux, et des images de fonte, pour m’irriter, et que tu m’as jeté derrière ton dos ;

10 parce que tu as fait ces choses, voici, je m’en vais faire venir du mal sur la maison de Jéroboam, et je retrancherai ce qui appartient à Jéroboam, jusqu’à un seul homme, tant ce qui est serré que ce qui est abandonné en Israël ; et je raclerai la maison de Jéroboam comme on racle le fumier, tant qu’il n’en reste plus.

11 Celui qui appartient à Jéroboam, qui mourra dans la ville, sera mangé par les chiens, et celui qui mourra aux champs sera mangé par les oiseaux des cieux ; car l’Éternel a parlé.

12 Toi donc lève-toi et va-t’en dans ta maison ; aussitôt que tes pieds entreront dans la ville, l’enfant mourra.

13 Et tout Israël mènera deuil sur lui et l’ensevelira ; car lui seul, de ce qui appartient à Jéroboam, entrera au sépulcre, parce que l’Éternel, le Dieu d’Israël, a trouvé quelque chose de bon en lui seul de toute la maison de Jéroboam.

14 Et l’Éternel s’établira un roi sur Israël, qui en ce jour-là retranchera la maison de Jéroboam. Et quoi ? Même dans peu.

15 Et l’Éternel frappera Israël, comme quand le roseau est agité dans l’eau ; et il arrachera Israël de dessus cette bonne terre qu’il a donnée à leurs pères, et il les dispersera au-delà du fleuve, parce qu’ils ont fait leurs bocages, irritant l’Éternel.

16 Et l’Éternel abandonnera Israël à cause des péchés de Jéroboam, par lesquels il a péché, et par lesquels il a fait pécher Israël.

17 Alors la femme de Jéroboam se leva, et s’en alla, et vint à Tirtsa ; et comme elle mettait le pied sur le seuil de la maison, le jeune garçon mourut ;

18 et on l’ensevelit, et tout Israël mena deuil sur lui, selon la parole que l’Éternel avait prononcée par son serviteur Ahija le prophète.

19 Quant au reste des actions de Jéroboam, comment il a fait la guerre et comment il a régné, voilà, toutes ces choses sont écrites dans le livre des Chroniques des rois d’Israël.

20 Or, le temps que régna Jéroboam, fut de vingt-deux ans ; puis il s’endormit avec ses pères, et Nadab son fils régna en sa place.

21 Et Roboam, fils de Salomon, régnait en Juda ; il avait quarante et un ans quand il commença à régner, et il régna dix-sept ans à Jérusalem qui est la ville que l’Éternel avait choisie d’entre toutes les tribus d’Israël, pour y mettre son nom. Sa mère s’appelait Nahama, et elle était Hammonite.

22 Et Juda aussi fit ce qui est mauvais devant l’Éternel ; et par les péchés qu’ils commirent ils émurent sa jalousie, plus que leurs pères n’avaient fait dans tout ce qu’ils avaient fait.

23 Car ils se bâtirent aussi des hauts lieux, et des images, et des bocages sur toutes les hautes collines, et sous tous les arbres verts.

24 Il y avait même au pays des gens qui se prostituaient, et ils firent toutes les abominations des nations que l’Éternel avait chassées devant les enfants d’Israël.

25 Or, il arriva que, la cinquième année du roi Roboam, Sçisçak, roi d’Égypte, monta contre Jérusalem ;

26 et il prit les trésors de la maison de l’Éternel, et les trésors de la maison royale, et même il prit tout ; il prit aussi tous les boucliers d’or que Salomon avait faits.

27 Et le roi Roboam fit des boucliers d’airain à la place de ceux-là, et les mit entre les mains des capitaines des archers, qui gardaient la porte de la maison du roi.

28 Et quand le roi entrait dans la maison de l’Éternel, les archers les portaient ; puis ils les rapportaient dans la chambre des archers.

29 Le reste des actions de Roboam, et tout ce qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ?

30 Or, il y eut toujours guerre entre Roboam et Jéroboam.

31 Et Roboam s’endormit avec ses pères ; et il fut enseveli avec eux dans la ville de David ; sa mère s’appelait Nahama, et elle était Hammonite, et Abijam son fils régna à sa place.

REFLEXIONS

La première observation qu’il faut faire sur ce chapitre c’est que le roi Jéroboam, voulant consulter le prophète Ahija sur l’issue qu’aurait la maladie de son fils, ordonna à la reine sa femme de ne pas dire qui elle était. Il en usa de la sorte, parce que se sentant coupable d’idolâtrie, il n’osait pas se donner à connaître. Mais Dieu dit à Ahija que c’était la femme de Jéroboam qui venait le voir, ce qui dut la frapper extraordinairement et ce prophète lui déclara par l’ordre de Dieu que non seulement ce jeune prince mourrait, mais que toute la famille de Jéroboam serait exterminée et cela parce que ce roi, que Dieu avait élevé sur le trône, l’avait irrité par son idolâtrie. Ainsi ce même prophète, qui avait prédit à Jéroboam qu’il règnerait et qui lui avait promis que s’il servait Dieu fidèlement Dieu le bénirait et conserverait le royaume à sa postérité, lui annonça la mort de son fils et l’entière ruine de sa famille. Cela devait apprendre à Jéroboam et à tous ses sujets combien le service des idoles qu’ils avaient introduit était désagréable au Seigneur. Toutes ces menaces s’accomplirent. Le fils de Jéroboam mourut dans le temps et au moment même qu’Ahija l’avait marqué et quelque temps après toute la famille de ce roi fut détruite.

C’est ainsi que Dieu punit ceux qui oublient ses grâces et leur devoir et qui sont les auteurs des scandales et de l’impiété.

Il y a une particularité tout à fait remarquable dans cette histoire. Le prophète dit à la femme de Jéroboam que Dieu retirerait du monde leur fils qui était malade parce que c’était le seul de toute la famille de ce roi en qui Dieu eût trouvé quelque chose de bon.

Lorsque Dieu ôte du monde des jeunes gens en qui il a mis de bonnes dispositions, il le fait parce qu’il les aime. Par là il met leur innocence à couvert des tentations auxquelles ils seraient exposés et il les préserve aussi des malheurs dans lesquels ils se trouveraient enveloppés s’ils vivaient plus longtemps.

Sur la seconde partie de ce chapitre, il faut considérer que Roboam roi de Juda, au lieu de profiter du châtiment que Dieu lui avait envoyé en permettant que dix tribus se révoltassent de son obéissance, autorisa l’idolâtrie qui avait déjà été établie par Salomon son père et avec cela l’impureté et toutes sortes de débordements.

C’est ce que font ordinairement les hommes. Ils ne profitent, ni des châtiments de Dieu, ni de son support.

Et c’est par là qu’ils s’attirent de nouveaux malheurs comme cela arriva à Roboam et à ses sujets. Ils furent attaqués par le roi d’Égypte qui emporta les richesses et tout ce qu’il y avait de plus précieux dans le temple et dans le palais de Roboam. Cela devait apprendre à ce prince et à son peuple que s’ils continuaient à offenser Dieu, il les abandonnerait enfin et qu’il livrerait le temple et la ville de Jérusalem aux infidèles et aux étrangers.

CHAPITRE XV

I. Abijam, fils de Roboam,Roi de Juda, règne trois ans et continue dans les péchés et dans l’idolâtrie de son père.

II. Après lui, Asa son fils monta sur le trône et régna quarante et un ans. Ce prince ôta le culte des idoles. Étant attaqué par Bahasça roi d’Israël, il appela Benhadad roi de Syrie à son secours. Il eut pour successeur Josaphat son fils.

III. Nadad, second roi d’Israël, fils de Jéroboam, règne douze ans. Bahasça conspire contre lui, il le tue et il règne en sa place.

1 La dix-huitième année du roi Jéroboam, fils de Nébat, Abijam commença à régner sur Juda.

2 Et il régna trois ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Mahaca et elle était fille d’Abisçalom.

3 Il marcha dans tous les péchés que son père avait commis avant lui ; et son cœur ne fut point droit devant l’Éternel son Dieu, comme l’avait été le cœur de David son père.

4 Mais, pour l’amour de David, l’Éternel son Dieu lui donna une lampe dans Jérusalem, suscitant son fils après lui, et faisant subsister Jérusalem ;

5 parce que David avait fait ce qui est droit devant l’Eternel, et que, pendant toute sa vie il ne s’était point détourné de tout ce qu’il lui avait commandé, excepté dans l’affaire d’Urie le Héthien.

6 Or, il y eut toujours guerre entre Roboam et Jéroboam, pendant que Roboam vécut.

7 Le reste des actions d’Abijam, et même tout ce qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois de Juda ? Il y eut aussi guerre entre Abijam et Jéroboam.

8 Ainsi Abijam s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit dans la ville de David ; et Asa, son fils, régna en sa place.

9 La vingtième année de Jéroboam, roi d’Israël, Asa commença à régner sur Juda.

10 Et il régna quarante et un ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Mahaca, et elle était fille d’Abisçalom.

11 Et Asa fit ce qui est droit devant l’Eternel, comme David son père avait fait.

12 Car il abolit du pays ceux qui se prostituaient, et il ôta tous les dieux infâmes que ses pères avaient faits.

13 Et même il déposa sa mère Mahaca, afin qu’elle ne fût plus régente, parce qu’elle avait fait une idole pour un bocage. Et Asa mit en pièces le marmouset qu’elle avait fait, et le brûla, près du torrent de Cédron.

14 Toutefois, les hauts lieux ne furent point ôtés ; néanmoins, le cœur d’Asa fut droit devant l’Eternel, tout le temps de sa vie ;

15 et il remit dans la maison de l’Eternel les choses qui avaient été consacrées par son père, avec ce qu’il lui avait aussi consacré, l’argent, l’or et les vaisseaux.

16 Or, il y eut guerre entre Asa et Bahasça, roi d’Israël, tout le temps de leur vie.

17 Car Bahasça, roi d’Israël, monta contre Juda, et bâtit Rama, afin de ne laisser sortir ni entrer aucun homme vers Asa, roi de Juda.

18 Et Asa prit tout l’argent et l’or qui était demeuré dans les trésors de l’Eternel et les trésors de la maison royale, et il les donna à ses serviteurs ; et le roi Asa les envoya vers Ben-Hadad, fils de Tabrimon, fils de Hezjon, roi de Syrie, qui habitait à Damas, pour lui dire :

19 Il y a alliance entre moi et toi, et entre mon père et le tien ; voici, je t’envoie un présent en argent et en or ; va, romps l’alliance que tu as avec Bahasça, roi d’Israël, afin qu’il se retire de moi.

20 Et Ben-Hadad fit ce que le roi Asa souhaitait, et il envoya les capitaines de l’armée qu’il avait contre les villes d’Israël, et il frappa Hijon, Dan, Abel-Beth-mahaca et tout le pays de Kinnéroth, qui était joignant tout le pays de Nephthali.

21 Et aussitôt que Bahasça eut appris cela, il cessa de bâtir Rama ; et il demeurait à Tirtsa.

22 Alors le roi Asa fit publier par tout Juda, que tous, sans excepter personne, eussent à emporter les pierres et le bois de Rama, que Bahasça faisait bâtir ; et le roi Asa en bâtit Guébah de Benjamin et Mitspa.

23 Le reste de toutes les actions d’Asa, et toute sa valeur, et tout ce qu’il a fait, et les villes qu’il a bâties, toutes ces choses ne sont-elles pas écrites au livre des Chroniques des rois de Juda ? Au reste, au temps de sa vieillesse il fut malade des pieds.

24 Et Asa s’endormit avec ses pères, avec lesquels il fut enseveli dans la ville de David son père ; et Josaphat, son fils, régna en sa place.

25 Or, Nadab, fils de Jéroboam, avait commencé à régner sur Israël la seconde année d’Asa roi de Juda, et il régna deux ans sur Israël.

26 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Eternel, et il suivit le train de son père, et le péché par lequel il avait fait pécher Israël.

27 Et Bahasça, fils d’Ahija, de la tribu d’Issacar, fit une conspiration contre lui, et il le battit à Guibbéthon, qui était aux Philistins, lorsque Nadab et tout Israël assiégeaient Guibbéthon.

28 Bahasça donc le fit mourir, la troisième année d’Asa, roi de Juda, et il régna en sa place.

29 Et aussitôt qu’il vint à régner, il tua toute la maison de Jéroboam, et il ne laissa aucune âme vivante de la race de Jéroboam, qu’il n’exterminât, selon la parole de l’Éternel, qu’il avait prononcée par son serviteur Ahija Scilonite ;

30 à cause des péchés de Jéroboam, par lesquels il avait péché, et par lesquels il avait fait pécher Israël, et à cause du péché par lequel il avait irrité l’Éternel, le Dieu d’Israël.

31 Le reste des actions de Nadab, tout ce, dis-je, qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

32 Or, il y eut guerre entre Asa et Bahasça, roi d’Israël, tout le temps de leur vie.

33 La troisième année d’Asa, roi de Juda, Bahasça, fils d’Ahija, commença à régner sur tout Israël, à Tirtsa ; et il régna vingt-quatre ans.

34 Il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, et il suivit le train de Jéroboam, et son péché par lequel il avait fait pécher Israël.

REFLEXIONS

Il paraît de l’histoire d’Abija qu’il ne profita pas des malheurs de Roboam son père et qu’il l’imita dans ses péchés, mais que cependant Dieu à cause des promesses qu’il avait faites à David donna un fils pour successeur à Abija et ne détruisit pas Jérusalem. Dieu accorde souvent des grâces à des gens qui en sont indignes et il épargne quelques fois des enfants impies à cause de la piété de leurs pères.

Pour ce qui est d’Asa roi de Juda, il donna des marques de sa piété en travaillant à abolir l’idolâtrie qui avait été établie par Salomon et Roboam ses prédécesseurs. En quoi il a laissé aux princes un exemple qui doit les inciter à retrancher l’impiété de leurs états et à y faire fleurir le vrai service de Dieu. Mais Asa pécha lorsqu’étant attaqué par le roi d’Israël il eut recours au roi de Syrie pour se garantir. On voit par le chapitre XVI du deuxième livre ces chroniques que cela déplut à Dieu et que la fin du règne d’Asa ne répondit pas à ses commencements.

Lorsque des personnes qui ont des sentiments de piété ne sont pas sur leurs gardes, elles s’écartent facilement de leur devoir et se privent des effets de la protection du Seigneur.

Ce qu’il y a à observer sur le règne de Nadab second roi d’Israël, c’est, qu’ayant suivi l’impiété et l’idolâtrie de son père, il ne régna que deux ans et qu’il périt misérablement ayant été tué par Bahasça. Ce fut là un juste jugement de Dieu sur la famille de Jéroboam. Ce prince, qui avait établi un culte idolâtre dans le royaume des dix tribus, fut puni en la personne de son fils comme Salomon qui avait commis un semblable péché l’avait été en la personne du sien, savoir Roboam. Mais il y eut cette différence que Dieu conserva la famille de Salomon sur le trône au lieu que celle de Jéroboam fut éteinte, Bahasça ayant exterminé toute la maison de ce prince sans laisser personne en vie selon que le prophète Ahija l’avait prédit. Cette malédiction si sensible, qui tomba sur la famille de Jéroboam, montrait bien clairement aux Israélites combien Dieu avait en horreur l’idolâtrie que Jéroboam avait introduite et que la famille de David devait toujours subsister.

Dieu fait une sévère vengeance de ceux qui sont cause que l’impiété règne, leur gloire ne dure pas longtemps, la colère de Dieu les poursuit et elle s’attache même souvent à leur postérité.

CHAPITRE XVI

Ce chapitre comprend l’histoire de quatre rois d’Israël qui régnèrent du temps d’Asa, roi de Juda, savoir de Bahasça, d’Ela, de Zimri et de Homri. Le prophète Jéhu déclara à Bahasça troisième roi d’Israël que Dieu exterminerait sa maison à cause de son idolâtrie et ce prince mourut ayant régné vingt-quatre ans. Ela son fils en régna deux et fut le quatrième roi d’Israël. Zimri, qui fut le cinquième le tua et fit périr toute la maison de Bahasça, mais il ne régna que sept jours et le peuple s’étant soulevé contre lui, il se brûla dans son palais. Après sa mort, Tibni et Homri se disputèrent la royauté, mais Homri l’emporta et fut le sixième roi. Il bâtit Samarie qui fut depuis la capitale du royaume d’Israël et il régna douze ans. Tous ces rois furent idolâtres.  Homri étant mort, Achab son fils lui succéda qui fut plus impie que tous ses prédécesseurs et qui épousa Jézabel fille du roi des Sidoniens.

1 Alors la parole de l’Éternel fut adressée à Jéhu, fils de Hanani, contre Bahasça, pour lui dire :

2 Parce que je t’ai élevé de la poudre, et que je t’ai établi conducteur de mon peuple d’Israël, et que tu as suivi le train de Jéroboam, et que tu as fait pécher mon peuple d’Israël, pour m’irriter par leurs péchés,

3 voici, je m’en vais exterminer Bahasça et sa maison ; et je mettrai ta maison dans l’état où j’ai mis la maison de Jéroboam, fils de Nébat.

4 Celui de la race de Bahasça qui mourra dans la ville, sera mangé par les chiens ; et celui qui lui appartiendra, et qui mourra dans les champs, sera mangé par les oiseaux des cieux.

5 Le reste des actions de Bahasça, et ce qu’il a fait, et sa valeur, ces choses ne sont-elles pas écrites au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

6 Ainsi Bahasça s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli à Tirtsa ; et Ela, son fils régna en sa place.

7 L’Éternel avait aussi parlé par Jéhu, fils de Hanani le prophète, contre Bahasça et contre sa maison, à cause de tout le mal qu’il avait fait devant l’Éternel, en l’irritant par l’œuvre de ses mains, lui dénonçant qu’il en serait comme de la maison de Jéroboam, et même, parce qu’il l’avait détruite.

8 L’année vingt-sixième d’Asa, roi de Juda, Ela, fils de Bahasça, commença à régner sur Israël, et il régna deux ans à Tirtsa.

9 Et Zimri son serviteur, capitaine de la moitié des chariots, fit une conspiration contre Ela, lorsqu’il était à Tirtsa, buvant et s’enivrant dans la maison d’Artsa, son maître d’hôtel à Tirtsa.

10 Zimri donc vint, le frappa, et le tua, la vingt et septième année d’Asa, roi de Juda ; et il régna en sa place.

11 Dès qu’il fut roi, et sitôt qu’il fut assis sur son trône, il extermina toute la maison de Bahasça ; il n’en laissa pas un, ni homme, ni bête, ni de ses parents, ni de ses amis.

12 Ainsi Zimri extermina toute la maison de Bahasça, selon la parole que l’Éternel avait prononcée contre Bahasça, par Jéhu le prophète ;

13 à cause de tous les péchés de Bahasça, et des péchés d’Ela son fils, par lesquels ils avaient péché et par lesquels ils avaient fait pécher Israël, irritant l’Éternel, le Dieu d’Israël, par leurs idoles.

14 Le reste des actions d’Ela, tout ce, dis-je, qu’il a fait, n’est-il pas écrit au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

15 La vingt-septième année d’Asa, roi de Juda, Zimri régna sept jours à Tirtsa. Or, le peuple était campé contre Guibbéthon qui appartenait aux Philistins.

16 Et le peuple qui était là campé entendit qu’on disait : Zimri a fait une conspiration, et même il a tué le roi, et ce jour-là même tout Israël établit dans le camp pour roi Homri, capitaine de l’armée d’Israël.

17 Et Homri et tout Israël montèrent de Guibbéthon, et ils assiégèrent Tirtsa.

18 Mais dès que Zimri eut vu que la ville était prise, il entra dans le palais de la maison royale, et il brûla sur lui la maison royale et mourut ;

19 à cause des péchés par lesquels il avait péché, en faisant ce qui est mauvais devant l’Éternel, en suivant le train de Jéroboam et le péché par lequel il avait fait pécher Israël.

20 Le reste des actions de Zimri, et la conspiration qu’il fit, ces choses-là ne sont-elles pas écrites au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

21 Alors le peuple d’Israël se divisa en deux parties, car la moitié du peuple suivait Tibni, fils de Guinath, pour le faire roi, et l’autre moitié suivait Homri.

22 Mais le peuple qui suivait Homri fut plus fort que le peuple qui suivait Tibni, fils de Guinath ; et Tibni mourut, et Homri régna.

23 La trente et unième année d’Asa, roi de Juda, Homri commença à régner sur Israël, et il régna douze ans ; il régna six ans à Tirtsa.

24 Puis il acheta de Scémer la montagne de Samarie, deux talents d’argent ; et il bâtit une ville sur cette montagne-là ; et il nomma la ville qu’il bâtit du nom de Scémer qui avait été seigneur de la montagne de Samarie.

25 Et Homri fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, et fit pis que tous ceux qui avaient été avant lui.

26 Car il suivit tout le train de Jéroboam, fils de Nébat, et le péché par lequel il avait fait pécher Israël, pour irriter l’Éternel, le Dieu d’Israël, par leurs idoles.

27 Le reste des actions de Homri, tout ce qu’il a fait et ses exploits, ne sont-ils pas écrits au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

28 Ainsi Homri s’endormit avec ses pères, et fut enseveli à Samarie, et Achab, son fils, régna en sa place.

29 Achab, fils de Homri, commença à régner sur Israël la trente-huitième année d’Asa, roi de Juda. Et Achab, fils de Homri, régna sur Israël, à Samarie, vingt-deux ans.

30 Et Achab, fils de Homri, fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, plus que tous ceux qui avaient été avant lui.

31 Et comme s’il eût été peu de chose de continuer dans les péchés de Jéroboam, fils de Nébat, il prit encore pour femme Jézabel, fille d’Ethbahal, roi des Sidoniens, et il s’en alla et servit Bahal, et se prosterna devant lui ;

32 et il dressa un autel à Bahal, dans un temple de Bahal, qu’il fit bâtir à Samarie.

33 Et Achab fit un bocage. Et Achab fit encore pis que tous les rois d’Israël qui avaient été avant lui, pour irriter l’Éternel, le Dieu d’Israël.

34 En son temps, Hiel de Beth-el bâtit Jérico, qu’il fonda sur Abiram son aîné, et il posa ses portes sur Ségub son puîné, selon la parole que l’Éternel avait prononcée par Josué, fils de Nun.

REFLEXIONS

On remarque dans ce chapitre que Bahasça, après avoir exterminé tous les descendants de Jéroboam par l’ordre de Dieu, fut lui-même rejeté du Seigneur à cause de son idolâtrie et que sa famille fut détruite comme celle de Jéroboam l’avait été et comme le prophète Jéhu le lui avait déclaré. Ela son fils ne régna que deux ans et il fut tué par Zimri qui fit aussi mourir tous ceux qui descendaient de Bahasça sans en laisser un seul de reste. Ensuite ce Zimri par le moyen de qui Dieu avait accompli les menaces qu’il avait faites contre Bahasça fit une fin digne du crime qu’il avait commis en tuant son roi et se donna la mort à lui-même. Il eut pour successeur Homri prince idolâtre et après Homri régna Achab qui surpassa en impiété tous ceux qui avaient été avant lui.

On voit bien clairement dans l’histoire de tous ces rois d’Israël que la vengeance divine poursuit les méchants et particulièrement les mauvais princes. Après que Dieu s’est servi d’eux pour faire justice et pour exécuter les arrêts de la providence, il les ôte du monde et les détruit même les uns par les autres. Mais il faut surtout remarquer que tous ces rois, nonobstant les avertissements que Dieu leur donnait et les exemples qu’ils avaient devant les yeux, continuaient à l’offenser et s’obstinaient à conserver l’idolâtrie dans leur royaume par des raisons de politique et d’une fausse prudence.

Quand les hommes ne consultent que leur passion et leur intérêt et que les considérations du monde prévalent sur eux, il n’y a rien qui puisse vaincre leur obstination, les avertissements les plus exprès et les exemples les plus sensibles de la justice divine deviennent inutiles à leur égard et c’est par là qu’ils engagent enfin le Seigneur à les rejeter et à les abandonner entièrement.

CHAPITRE XVII

L’histoire du prophète Élie, qui vécut sous le règne d’Achab, roi d’Israël, commence dans ce chapitre où il y a quatre choses à remarquer :

I. Élie prédit à Achab une sécheresse de trois ans et demi qui fut suivie d’une grande famine.

II. Dieu nourrit Élie près du torrent de Kérith d’une manière miraculeuse. III. Il le nourrit à Sarepta, près de Sidon, chez une veuve dont ce prophète multiplia la farine et l’huile. IV. Élie ressuscite le fils de cette veuve.

1 Alors Elie Tisçbite, l’un de ceux qui s’étaient habitués à Galaad, dit à Achab : L’Éternel, le Dieu d’Israël, en la présence duquel j’assiste, est vivant, que pendant ces années-ci, il n’y aura ni rosée, ni pluie, sinon à ma parole.

2 Puis la parole de l’Éternel fut adressée à Elie, disant :

3 Va-t’en d’ici, et tourne-toi vers l’orient, et cache-toi au torrent de Kérith, qui est vis-à-vis du Jourdain.

4 Tu boiras du torrent, et j’ai commandé aux corbeaux de t’y nourrir.

5 Il partit donc, et fit selon la parole de l’Eternel ; il s’en alla, et demeura au torrent de Kérith, qui est vis-à-vis du Jourdain.

6 Et les corbeaux lui apportaient du pain et de la chair le matin, et du pain et de la chair le soir ; et il buvait du torrent.

7 Mais il arriva qu’au bout de quelques jours le torrent tarit, parce qu’il n’y avait point eu de pluie au pays.

8 Alors la parole de l’Eternel lui fut adressée, disant :

9 Lève-toi, et va-t’en à Sarepta, qui est auprès de Sidon, et demeure là. Voici, j’ai commandé là à une femme veuve de t’y nourrir.

10 Il se leva donc, et s'en alla à Sarepta ; et comme il fut arrivé à la porte de la ville, il vit là une femme veuve qui amassait du bois, et il l’appela, et lui dit : Je te prie, prends-moi un peu d’eau dans un vaisseau, et que je boive.

11 Et elle s’en alla pour en prendre ; et il la rappela et lui dit : Je te prie, prends en ta main une bouchée de pain pour moi.

12 Mais elle répondit : L’Eternel ton Dieu est vivant, que je n’ai aucun gâteau ; je n’ai que plein ma main de farine dans une cruche, et un peu d’huile dans une fiole ; et voici, j’amasse deux bûches, puis je m’en irai, et je l’apprêterai pour moi et pour mon fils, et nous le mangerons, et après nous mourrons.

13 Et Elie lui dit : Ne crains point, va, fais comme tu dis ; toutefois, fais-m’en premièrement un petit gâteau, et apporte-le-moi ; et après tu en feras pour toi et pour ton fils.

14 Car ainsi a dit l’Eternel, le Dieu d’Israël : La farine qui est dans la cruche ne manquera point, et l’huile qui est dans la fiole ne finira point, jusqu’à ce que l’Eternel donne de la pluie sur la terre.

15 Elle s’en alla donc, et fit comme Elie avait dit ; et elle en mangea, avec lui et sa famille, plusieurs jours.

16 La farine de la cruche ne manqua point, et l’huile de la fiole ne finit point, selon la parole que l’Eternel avait prononcée par Elie.

17 Après ces choses il arriva que le fils de la femme, qui était la maîtresse de la maison, devint malade ; et la maladie fut si forte, qu’il expira.

18 Et elle dit à Elie : Qu’y a-t-il entre moi et toi, homme de Dieu ? Es-tu venu chez moi pour renouveler la mémoire de mon iniquité et pour faire mourir mon fils ?

19 Et il lui dit : Donne-moi ton fils ; et il le prit du sein de cette femme, et le porta dans une chambre haute où il demeurait, et il le coucha sur son lit.

20 Puis il cria à l’Eternel, et dit : Eternel mon Dieu, as-tu aussi affligé cette veuve, avec laquelle je demeure, que tu lui aies fait mourir son fils ?

21 Et il s’étendit tout de son long sur l’enfant par trois fois ; et il cria à l’Eternel, et dit : Eternel mon Dieu, je te prie que l’âme de cet enfant rentre en lui.

22 Alors l’Eternel exauça la voix d’Elie ; et l’âme de l’enfant rentra en lui, et il recouvra la vie.

23 Et Elie prit l’enfant, et le fit descendre de la chambre haute dans la maison, et le donna à sa mère, et lui dit : Regarde, ton fils vit.

24 Alors la femme dit à Elie : Je connais maintenant que tu es un homme de Dieu, et que la parole de l’Eternel qui est dans ta bouche, est véritable.

REFLEXIONS

L’histoire d’Élie doit être lue et méditée avec soin puisque ça été l’un des plus grands prophètes qu’il y ait jamais eu en Israël et qui ait été le plus illustre par son grand zèle et par les actions extraordinaires et miraculeuses de sa vie.

Il faut remarquer en général sur cette histoire que Dieu, par un effet de sa bonté, suscita Élie dans le royaume des dix tribus où l’idolâtrie régnait et dans le temps qu’Achab, qui était un très méchant roi, allait introduire une idolâtrie encore plus abominable que celle des Rois ses prédécesseurs. Nous voyons par-là que dans le temps que les Israélites s’éloignaient de plus en plus de Dieu, il employait des moyens plus efficaces pour les rappeler. Cette sécheresse extraordinaire et cette famine qui affligèrent le royaume d’Israël en ce temps-là pendant trois ans et demi et dont les historiens profanes font aussi mention tendaient au même but. Le Seigneur voulut par-là châtier ce peuple qui était engagé dans l’idolâtrie et le disposer à écouter ce qu’Élie leur dirait de sa part pour les ramener à leur devoir. Et Dieu voulut que cette sécheresse fut dénoncée au roi Achab par le prophète Élie pour apprendre à ce roi et à tous les Israélites qu’elle venait de Dieu.

La manière miraculeuse dont Élie fut nourri près du torrent de Kérith et ensuite chez une veuve dont la farine et l’huile furent multipliées est une preuve du soin que Dieu avait de son prophète.

C’est aussi un exemple où l’on peut voir que Dieu dans les temps fâcheux, pourvoit aux besoins de ceux qui le craignent et qu’il les rassasie dans la famine comme l’Écriture le dit ailleurs. Notre Seigneur remarque sur cette histoire qu’Élie fut envoyé à Sarepta vers une femme qui était étrangère plutôt que dans le pays d’Israël parce que les Israélites n’étaient pas dignes que Dieu fit ces miracles en leur faveur. Et par là Jésus-Christ voulait apprendre aux habitants de Nazareth que Dieu n’a pas accoutumé de faire part de ses grâces à ceux qui ne sont pas disposés à en profiter.

Enfin, nous voyons dans ce chapitre qu’Élie ressuscita le fils de cette veuve chez qui il logeait. C’était là un miracle dont on n’avait point encore vu d’exemple et qui devait faire regarder Élie comme le prophète du Seigneur et le remplir lui-même d’une grande confiance dans les temps fâcheux où il vivait. Cette résurrection du fils de la veuve de Sarepta est aussi une image et une preuve de la résurrection des morts dont Dieu a voulu donner de temps en temps des exemples aux Juifs pour les affermir dans la croyance et dans l’attente d’une autre vie.  

CHAPITRE XVIII

Dieu ordonne à Élie de dire au roi Achab que la famine et la sécheresse allaient finir et ce prophète fait avertir le roi de sa venue par Abdias intendant de sa maison qui était un homme craignant Dieu.

Élie se présente devant ce prince et lui reproche son idolâtrie.

Il fait assembler tout le peuple et les prophètes de bahal sur le mont Carmel, il fait voir par un miracle que bahal n’était qu’une idole et après avoir ainsi confondu ces faux prophètes, il les fait tous mettre à mort. Après cela, Dieu envoie de la pluie et la famine cessa.  

1 Plusieurs jours après, la parole de l’Eternel fut adressée à Elie, la troisième année, disant : Va, montre-toi à Achab, et je donnerai de la pluie sur la terre.

2 Elie donc s’en alla pour se montrer à Achab. Or, il y avait une grande famine dans Samarie.

3 Et Achab avait appelé Abdias, son maître d’hôtel. (Or, Abdias craignait fort l’Eternel ;

4 car, quand Jézabel exterminait les prophètes de l’Eternel, Abdias prit cent prophètes et les cacha, cinquante dans une caverne, et cinquante dans une autre, et il les y nourrit de pain et d’eau.)

5 Et Achab avait dit à Abdias : Va par le pays, vers toutes les fontaines et vers tous les torrents ; peut-être que nous trouverons de l’herbe et que nous sauverons la vie aux chevaux et aux mulets, et nous ne dépeuplerons pas le pays de bêtes.

6 Et ils partagèrent entre eux le pays, afin d’aller partout. Achab allait à part par un chemin ; et Abdias allait séparément par un autre chemin.

7 Et comme Abdias était en chemin, voilà, Elie le rencontra, et il le reconnut, et il tomba sur son visage, et dit : N’es-tu pas mon seigneur Elie ?

8 Et il lui répondit : C’est moi ; va, dis à ton seigneur : Voici Elie.

9 Et Abdias dit : Quel péché ai-je fait, que tu livres ton serviteur entre les mains d’Achab, pour me faire mourir ?

10 L’Éternel ton Dieu est vivant, qu’il n’y a point de nation, ni de royaume, où mon seigneur n’ait envoyé pour te chercher ; et on a répondu : Il n’y est point ; même il a fait jurer le royaume et la nation pour découvrir si l’on ne te pourrait point trouver.

11 Et maintenant tu dis : Va, et dis à ton seigneur : Voici Elie.

12 Et il arrivera que quand je serai parti d’avec toi, l’Esprit de l’Éternel te transportera en quelque lieu que je ne saurai point ; et je viendrai vers Achab pour lui déclarer ce que tu m’as dit ; et ne te trouvant point, il me tuera. Or, ton serviteur craint l’Éternel dès sa jeunesse.

13 N’a-t-on point dit à mon seigneur ce que je fis, quand Jézabel faisait tuer les prophètes de l’Éternel ; comment j’en cachai cent, cinquante dans une caverne et cinquante dans une autre, et comment je les y nourris de pain et d’eau ?

14 Et maintenant, tu dis : Va, et dis à ton seigneur : Voici Elie ; et il me tuera.

15 Mais Elie lui répondit : L’Éternel des armées, devant lequel je suis, est vivant, que certainement je me montrerai aujourd’hui à Achab.

16 Abdias donc s’en alla pour rencontrer Achab, et lui fit entendre ce qu’il avait vu ; et Achab alla au-devant d’Elie.

17 Et aussitôt qu’Achab eut vu Elie, il lui dit : N’es-tu pas celui qui trouble Israël ?

18 Mais Elie répondit : Je n’ai point troublé Israël ; mais c’est toi et la maison de ton père, en ce que vous avez abandonné les commandements de l’Éternel, et que vous avez marché après les Bahalims.

19 Mais maintenant envoie et fais assembler vers moi tout Israël sur la montagne de Carmel, avec les quatre cent cinquante prophètes de Bahal, et les quatre cents prophètes des bocages, qui mangent à la table de Jézabel.

20 Ainsi Achab envoya vers tous les enfants d’Israël, et il assembla ces prophètes-là sur la montagne de Carmel.

21 Puis Elie s’approcha de tout le peuple, et dit : Jusqu’à quand boiterez-vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, suivez-le, mais si c’est Bahal, suivez-le. Et le peuple ne lui répondit pas un mot.

22 Alors Elie dit au peuple : Je suis demeuré seul prophète de l’Éternel ; et les prophètes de Bahal sont au nombre de quatre cent cinquante.

23 Qu’on nous donne deux veaux, qu’ils en choisissent un pour eux, qu’ils le mettent en pièces, et le mettent sur du bois, mais qu’ils n’y mettent point de feu ; et je préparerai l’autre veau, et je le mettrai sur du bois, et je n’y mettrai point de feu ;

24 et invoquez le nom de vos dieux ; et moi, j’invoquerai le nom de l’Éternel. Et que le Dieu qui répondra par le feu soit reconnu pour Dieu. Et tout le peuple répondit et dit : C’est bien dit.

25 Et Elie dit aux prophètes de Bahal : Choisissez un veau, et préparez-le les premiers ; car vous êtes en plus grand nombre ; et invoquez le nom de vos dieux ; mais n’y mettez point de feu.

26 Ils prirent donc un veau qu’on leur donna, et ils le préparèrent et ils invoquèrent le nom de Bahal depuis le matin jusqu’à midi, disant : Bahal, exauce-nous ; mais il n’y avait ni voix ni réponse ; et ils sautaient par-dessus l’autel qu’on avait fait.

27 Et sur le midi Elie se moquait d’eux, et disait : Criez à haute voix, car il est dieu ; mais il pense à quelque chose, ou il est après quelque affaire, ou il est en voyage ; peut-être qu’il dort, et il s’éveillera.

28 Ils criaient donc à haute voix, et il se faisaient des incisions avec des couteaux et des lancettes, selon leur coutume jusqu’à ce que le sang coulât sur eux.

29 Et lorsque le midi fut passé, et qu’ils eurent fait les prophètes jusqu’au temps qu’on offre l’oblation du soir, sans qu’il y eût ni voix ni réponse, ni aucune apparence qu’on eût égard à ce qu’ils faisaient,

30 alors Elie dit à tout le peuple : Approchez-vous de moi ; et tout le peuple s’approcha de lui, et il répara l’autel de l’Éternel, qui était démoli.

31 Puis Elie prit douze pierres, selon le nombre des tribus des enfants de Jacob, auquel la parole de l’Éternel avait été adressée, en lui disant : Israël sera ton nom.

32 Et il bâtit de ces pierres un autel au nom de l’Éternel ; puis il fit un canal, de la capacité de deux sacs de semence autour de l’autel ;

33 et il rangea le bois, et mit le veau en pièces, et le mit sur le bois.

34 Et il dit : Emplissez quatre cruches d’eau, et versez-les sur l’holocauste, et sur le bois. Puis il dit : Faites-le encore pour la deuxième fois ; et ils le firent pour la deuxième fois. Il dit encore : Faites-le encore pour la troisième fois ; et ils le firent pour la troisième fois ;

35 de sorte que les eaux allaient autour de l’autel ; et même il remplit le canal d’eau.

36 Et au temps qu’on offre l’oblation, Elie le prophète s’approcha et dit : Ô Éternel, Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël ! qu’on connaisse aujourd’hui que tu es Dieu en Israël, et que je suis ton serviteur, et que j’ai fait toutes ces choses selon ta parole.

37 Exauce-moi, Éternel, exauce-moi ; et que ce peuple connaisse que tu es l’Éternel Dieu, et que tu convertisses leur cœur.

38 Alors le feu de l’Éternel tomba, et il consuma l’holocauste et le bois, et les pierres, et la poudre, et il huma toute l’eau qui était au canal.

39 Et tout le peuple voyant cela, tomba sur son visage, et dit : c’est l’Éternel qui est Dieu, c’est l’Éternel qui est Dieu.

40 Et Elie leur dit : Saisissez les prophètes de Bahal, qu’il n’en échappe pas un. Ils les saisirent donc, et Elie les fit descendre au torrent de Kisçon, et il les fit égorger là.

41 Puis Elie dit à Achab : Monte, mange, et bois, car on entend le bruit d’une grande pluie.

42 Ainsi Achab monta pour manger et pour boire ; et Elie monta sur le haut de Carmel, et, se penchant contre terre, il mit son visage entre ses genoux.

43 Et il dit à son serviteur : Monte maintenant, et regarde vers la mer. Il monta donc, et regarda, et dit : Il n’y a rien. Et il lui dit : Retourne par sept fois.

44 À la septième fois, il dit : Voilà une petite nuée, comme la paume de la main d’un homme, qui monte de la mer. Alors il lui dit : Monte, et dis à Achab : Attelle ton chariot et descends, que la pluie ne te surprenne.

45 Et il arriva que les cieux s’obscurcirent de nuées de tous côtés, et que le vent s’éleva, et il y eut une grande pluie. Alors Achab monta sur son chariot, et vint à Jizréhel.

46 Et la main de l’Éternel fut sur Elie ; et s’étant ceint les reins, il courut devant Achab, jusqu’à l’entrée de Jizréhel.

REFLEXIONS

Il y a diverses considérations à faire sur ce chapitre :

I. La première que Dieu, voulant faire cesser la sécheresse et la famine qui affligeaient le royaume d’Israël, voulut que, comme c’était Élie qui avait annoncé la sécheresse, ce fût aussi lui qui promit de la pluie afin d’apprendre à Achab et à tout son royaume qu’il n’y avait point d’autre Dieu que l’Éternel dont ce prophète était le ministre.

II. L’on doit faire attention à la piété d’Abdias maître d’hôtel du roi qui, vivant dans une cour impie et sous un prince idolâtre qui faisait mourir les prophètes du Seigneur, cacha et nourrit cent de ces prophètes et marqua tant de respect pour Élie. Cet exemple montre que dans les temps et dans les lieux les plus corrompus il y a toujours quelques gens de bien et cette belle action d’Abdias doit apprendre aux grands à aimer la religion et à protéger ceux qui en sont les vrais ministres.

III. Il faut remarquer le zèle et le courage avec lequel Élie reprocha à Achab son idolâtrie et son impiété sans craindre la colère de ce roi qui était irrité contre lui. Mais Dieu, qui inspira à Élie cette résolution, retint la malice d’Achab et le disposa même à faire ce qu’Élie lui demanda et à assembler les prophètes de bahal et ceux de Jézabel sur le mont Carmel.

IV. Le moyen qu’Élie proposa pour faire voir que bahal n’était qu’une idole marque une grande foi dans Élie et qu’il était assuré que Dieu l’exaucerait.

V. Ce prophète fit un miracle bien remarquable lorsqu’en présence d’Achab et des Israélites il fit descendre le feu du Ciel sur son sacrifice, ce que les faux prophètes n’avaient pu faire avec toutes leurs prières et leurs cérémonies superstitieuses. Il parut alors clairement que bahal n’était qu’une idole et que ceux qui étaient les ministres n’étaient que des imposteurs. L’effet que ce miracle produisit, fut aussi très remarquable, puisque tout le peuple s’écria : C’est l’Éternel qui est Dieu et que l’on fit alors mourir par le commandement d’Élie les prophètes de bahal.

Au reste, Élie, en ordonnant que l’on mit à mort ces faux prophètes, ne fit que suivre ce qui était prescrit dans la loi où Dieu commandait expressément que l’on fit mourir tous ceux qui entraîneraient le peuple à l’idolâtrie.

Ce qu’Élie disait aux Israélites : Jusques à quand boiterez-vous de deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, suivez-le et si c’est bahal, suivez-le, mérite une singulière attention.

Comme Dieu ne pouvait souffrir la tiédeur des Israélites qui étaient partagés entre son service et le service des idoles, il ne veut point non plus un amour partagé entre lui et le monde.

Enfin, on voit que Dieu, par un effet de sa bonté envers son peuple envoya de la pluie, mais il ne le fit qu’après que le peuple eut donné des marques publiques de sa repentance. Et ce fut à la parole d’Élie que la pluie vint comme ç’avait été à sa parole que le Ciel avait été fermé si longtemps. Toute cette suite de merveille étaient destinées à retirer les dix tribus du culte des idoles et à conserver dans ce royaume-là la connaissance du vrai Dieu qui autrement y aurait été presqu’entièrement éteinte sous le règne d’Achab.

L’apôtre St. Jacques fait une réflexion particulière sur ce qu’Élie ferma et ouvrit le ciel par ses prières lorsqu’il dit au chapitre V de son épître : La prière du juste faite avec zèle est d’une grande efficace. Élie était un homme sujet aux mêmes affections que nous et cependant il pria qu’il ne plût point et il ne plut point sur la terre pendant trois ans et demi. Et il pria de nouveau et le ciel donna de la pluie et la terre produisit son fruit. 

CHAPITRE XIX

La reine Jézabel, femme du roi Achab, voulant faire mourir Élie, il s’enfuit dans un désert mais Dieu lui envoya un ange qui le consola et lui donna de la nourriture, après quoi il marcha quarante jours et quarante nuits et arriva à la montagne de Horeb.

Le Seigneur lui apparut en ce lieu-là et lui fit connaître qu’il n’était pas resté le seul prophète du vrai Dieu et qu’il y avait encore en Israël plusieurs personnes qui n’adoraient pas l’idole bahal.

Il lui ordonna d’oindre Hazaël pour roi de Syrie, Jéhu pour roi d’Israël et Élisée pour être prophète. 

1 Or, Achab rapporta à Jézabel tout ce qu’avait fait Elie et comment il avait entièrement tué par l’épée tous les prophètes.

2 Et Jézabel envoya un messager vers Elie, pour lui dire : Que les dieux me traitent avec la dernière rigueur, si demain à cette heure je ne te mets dans le même état que l’un d’eux.

3 Et Elie voyant cela, se leva, et s’en alla comme son cœur le lui disait, et s’en vint à Béer-scébah, qui est de la tribu, de Juda, et laissa là son serviteur.

4 Mais il s’en alla au désert ; et il fit une journée de chemin, et étant venu, il s’assit sous un genêt, et il demanda que Dieu retirât son âme, et il dit : C’est assez, ô Éternel, prends maintenant mon âme ; car je ne suis pas meilleur que mes pères.

5 Puis il se coucha, et s’endormit sous ce genêt ; et voici, un ange le toucha et lui dit : Lève-toi, mange.

6 Et il regarda, et voici à son chevet un gâteau cuit aux charbons, et une bouteille d’eau ; il en mangea donc et but, et se recoucha.

7 Et l’ange de l’Éternel retourna pour la seconde fois, et le toucha, et dit : Lève-toi, mange ; car le chemin est trop grand pour toi.

8 Il se leva donc, et mangea, et but ; et avec la force que lui donna ce repas, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu.

9 Et là il entra dans une caverne, et il y passa la nuit. Ensuite la parole de l’Éternel lui fut adressée, et l’Éternel lui dit : Que fais-tu ici, Elie ?

10 Et il répondit : J’ai été extrêmement ému à jalousie pour l’Éternel, le Dieu des armées, parce que les enfants d’Israël ont abandonné ton alliance ; ils ont démoli tes autels, et ils ont tué tes prophètes avec l’épée ; et je suis demeuré moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter.

11 Et il lui dit : Sors et tiens-toi sur la montagne devant l’Éternel ; et voici, l’Éternel passait, et un grand vent et très impétueux, qui fendait les montagnes et brisait les rochers, allait devant l’Éternel ; mais l’Éternel n’était point dans ce vent. Après le vent il se fit un tremblement ; mais l’Éternel n’était point dans ce tremblement.

12 Après le tremblement venait un feu ; mais l’Éternel n’était point dans ce feu. Après le feu on entendait un son doux et subtil.

13 Et il arriva que sitôt qu’Elie l’eut entendu, il enveloppa son visage de son manteau, et sortit, et se tint à l’entrée de la caverne, et voici, une voix lui fut adressée, et lui dit : Que fais-tu ici, Elie ?

14 Et il répondit : J’ai été extrêmement ému à jalousie pour l’Éternel, le Dieu des armées, parce que les enfants d’Israël ont abandonné ton alliance ; ils ont démoli tes autels, et ils ont tué tes prophètes avec l’épée, et je suis demeuré moi seul, et ils cherchent ma vie pour me l’ôter.

15 Mais l’Éternel lui dit : Va, retourne-t’en par ton chemin du désert à Damas ; et quand tu y seras entré, tu oindras Hazaël pour roi sur la Syrie ;

16 Tu oindras aussi Jéhu, fils de Nimsci, pour roi sur Israël, et tu oindras Elisée, fils de Sçaphat, qui est d’Abel-méhola, pour prophète en ta place.

17 Et il arrivera que quiconque échappera de l’épée de Hazaël, sera mis à mort par Jéhu ; et quiconque échappera de l’épée de Jéhu, sera mis à mort par Elisée.

18 Mais je me suis réservé sept mille hommes de reste en Israël, savoir, tous ceux qui n’ont point fléchi leurs genoux devant Bahal, et dont la bouche ne l’a point baisé.

19 Elie donc partit de là, et il trouva Elisée, fils de Sçaphat, qui labourait, ayant douze couples de bœufs devant lui. Et il était avec la douzième. Quand Elie eut passé vers lui, il jeta son manteau sur lui.

20 Et Elisée laissa ses bœufs, et courut après Elie, et dit : Je te prie que je prenne congé de mon père et de ma mère ; et puis je te suivrai. Et il lui dit : Va, et reviens ; car que t’ai-je fait ?

21 Il s’en retourna donc d’avec lui, et il prit un couple de bœufs, et les sacrifia ; et de l’attelage des bœufs il en bouillit la chair, et la donna au peuple ; et ils mangèrent. Puis il se leva, et suivit Elie, et il le servait.

REFLEXIONS

On voit ici premièrement que la reine Jézabel jura la mort d’Élie au lieu d’être touchée des miracles qu’il avait faits en confondant les sacrificateurs de bahal sur le mont Carmel et en faisant venir la pluie après cette grande sécheresse qui avait duré si longtemps. Cette résolution marque une malice et un endurcissement inconcevable. Mais quand les impies sont parvenus à un certain degré de méchanceté, ils s’obstinent de plus en plus et ce qui devait fléchir leur cœur et les humilier ne fait que les irriter davantage.

II. La douleur que ressentit alors le prophète Élie et la prière qu’il fit à Dieu de le retirer du monde marquent son grand zèle quoiqu’on y voie pourtant quelque infirmité.

Tous ceux qui aiment Dieu véritablement sont animés du même zèle et rien ne les afflige plus vivement et ne leur rend la vie plus amère que quand ils voient l’impiété régner parmi les hommes.

III. Dieu pour adoucir l’affliction d’Élie et pour le fortifier lui envoya un ange et il le fit subsister miraculeusement pendant quarante jours par le moyen d’un seul repas, même il voulut bien apparaître   à lui dans une vision et le consoler en l’assurant qu’il s’était réservé sept mille personnes dans le royaume d’Israël, lesquels n’avaient pas adoré bahal.

Voilà qui montre que Dieu aime et console ceux qui s’affligent pour les intérêts de sa gloire, qu’il ne faut jamais perdre courage dans les temps fâcheux et qu’au milieu de la plus grande corruption il y a toujours un reste d’élus qui servent Dieu avec pureté. C’est la remarque que St. Paul fait sur cette histoire au chapitre XI de l’épitre aux Romains.

Enfin, Dieu commanda à Élie d’oindre Hazaël pour être roi de Syrie, Jéhu pour roi sur Israël et Élisée pour être prophète à sa place. Ces trois personnes furent choisies de Dieu pour exécuter ses jugements sur la maison d’Achab ainsi que la suite de cette histoire nous l’apprend. Puisque Dieu donnait des rois aux Israélites des dix tribus et qu’il y suscitait des prophètes revêtus de dons extraordinaires tels qu’étaient Élie et Élisée, il paraît qu’il prenait soin de ce peuple et qu’il ne l’avait pas abandonné. On voit même par ce qu’Élie fit en oignant Hazaël pour être roi de Syrie que Dieu donnait des rois quand il le trouvait à propos aux peuples voisins et que les prophètes du Seigneur étaient respectés parmi ces peuples. D’où nous recueillons que c’est Dieu qui ôte et établit les rois comme c’est aussi lui qui suscite à son église des prophètes et des docteurs à la place de ceux qu’il retire de ce monde.

CHAPITRE XX

Ben-hadad, roi de Syrie, fait la guerre à Achab roi d’Israël.

Un prophète prédit à Achab que Dieu le délivrerait par un petit nombre de personnes, ce qui arriva.

Ensuite Ben-hadad ayant attaqué Achab une seconde fois, il fut encore vaincu et réduit à demander la paix et la vie, ce qu’Achab lui accorda et même il traita alliance avec lui, de quoi il fut repris par un prophète.

1 Alors Ben-Hadad, roi de Syrie, assembla toute son armée, et il y avait trente-deux rois avec lui, avec ses chevaux, et ses chariots ; puis il monta, et il assiégea Samarie, et combattit contre elle ;

2 et il envoya des députés à Achab, roi d’Israël, dans la ville ;

3 et il lui fit dire : Ainsi a dit Ben-Hadad : Ton argent et ton or est à moi, et tes femmes aussi et tes beaux enfants sont à moi.

4 Et le roi d’Israël répondit, et dit : Mon seigneur, je suis à toi, comme tu le dis, et tout ce que j’ai.

5 Les députés retournèrent encore, et dirent : Ainsi a dit expressément Ben-Hadad : Puisque je t’ai envoyé dire : Donne-moi ton argent et ton or, ta femme et tes enfants,

6 certainement, demain en ce même temps j’enverrai mes serviteurs chez toi, qui fouilleront ta maison, et les maisons de tes serviteurs, et se saisiront de tout ce que tu prends plaisir à voir, et l’emporteront.

7 Alors le roi d’Israël appela tous les anciens du pays, et dit : Considérez, je vous prie, et voyez que cet homme ne cherche que du mal ; car il avait envoyé vers moi pour avoir mes femmes, mes enfants, mon argent, et mon or, et je ne lui avais rien refusé.

8 Et tous les anciens et tout le peuple lui dirent : Ne l’écoute point, et n’acquiesce point à sa demande.

9 Il répondit donc aux députés de Ben-Hadad : Dites au roi, mon seigneur : Je ferai tout ce que tu envoyas dire la première fois à ton serviteur ; mais je ne pourrais faire ce que tu demandes à présent. Et les députés s’en allèrent, et lui rapportèrent cette réponse.

10 Alors Ben-Hadad renvoya vers lui, disant : Que les dieux me traitent avec la dernière rigueur, si la poudre de Samarie suffit pour remplir le creux de la main de ceux du peuple qui me suivent.

11 Mais le roi d’Israël répondit, et dit : Dites-lui : Que celui qui se revêt des armes, ne se glorifie pas comme celui qui les quitte.

12 Et il arriva qu’aussitôt que Ben-Hadad eut entendu cette réponse (il buvait alors dans les tentes avec les rois), il dit à ses serviteurs : Rangez-vous en bataille ; et ils se rangèrent en bataille contre la ville.

13 Alors voici un prophète qui vint vers Achab, roi d’Israël, et dit : Ainsi a dit l’Eternel : N’as-tu pas vu cette grande multitude ? Voilà, je vais la livrer aujourd’hui entre tes mains, et tu sauras que je suis l’Eternel.

14 Et Achab dit : Par qui ? Et il répondit : Ainsi a dit l’Eternel : Par les valets des gouverneurs des provinces. Et il dit : Qui est-ce qui commencera le combat ? Et il lui répondit : Toi.

15 Alors il fit le dénombrement des valets des gouverneurs des provinces, qui furent deux cent trente et deux. Après eux il fit le dénombrement de tout le peuple, de tous les enfants d’Israël, et ils étaient sept mille.

16 Et ils sortirent en plein midi, lorsque Ben-Hadad buvait, s’enivrant dans les tentes, lui et les trente-deux rois qui étaient venus à son secours.

17 Les valets donc des gouverneurs des provinces sortirent les premiers ; et Ben-Hadad envoya quelques personnes qui le lui rapportèrent, disant : Il est sorti des gens de Samarie.

18 Et il dit : Soit qu’ils soient sortis pour la paix, soit qu’ils soient sortis pour faire la guerre, saisissez-les tout vifs.

19 Les valets donc des gouverneurs des provinces sortirent de la ville, et l’armée qui était après eux ;

20 et chacun d’eux frappa son homme, de sorte que les Syriens s’enfuirent, et Israël les poursuivit ; et Ben-Hadad, roi de Syrie, se sauva sur un cheval, et les cavaliers en firent de même.

21 Et le roi d’Israël sortit, et frappa les chevaux et les chariots, de sorte qu’il frappa les Syriens d’une grande défaite.

22 Ensuite le prophète vint vers le roi d’Israël, et lui dit : Va, fortifie-toi, et considère, et prends garde à ce que tu auras à faire ; car l’an révolu, le roi de Syrie montera contre toi.

23 Et les serviteurs du roi de Syrie lui dirent : Leurs dieux sont des dieux de montagne ; c’est pourquoi ils ont été plus forts que nous, mais combattons contre eux dans la campagne ; certainement nous serons plus forts qu’eux.

24 Fais donc ceci : ôte chacun de ces rois de leur poste, et mets en leur place des capitaines ;

25 puis lève une armée semblable à celle que tu as perdue, et autant de chevaux, et autant de chariots, et nous combattrons contre eux dans la campagne ; et tu verras si nous ne sommes pas plus forts qu’eux. Et il écouta ce qu’ils lui dirent, et fit ainsi.

26 Ainsi, un an après, Ben-Hadad fit le dénombrement des Syriens, et monta à Aphek pour combattre contre Israël.

27 Et on fit aussi le dénombrement des enfants d’Israël ; et s’étant fournis de vivres, ils marchèrent contre les Syriens. Les enfants d’Israël campèrent vis-à-vis d’eux, et ils ne paraissaient pas plus que deux troupeaux de chèvres ; mais les Syriens remplissaient la terre.

28 Alors l’homme de Dieu vint, et parla au roi d’Israël, et lui dit : Ainsi a dit l’Éternel : Parce que les Syriens ont dit : L’Éternel est dieu des montagnes, mais il n’est point dieu des vallées, je livrerai entre tes mains toute cette grande multitude, et vous saurez que je suis l’Éternel.

29 Sept jours durant ils demeurèrent campés les uns vis-à-vis des autres ; mais au septième jour ils en vinrent aux mains, et les enfants d’Israël battirent cent mille hommes de pied des Syriens en un jour ;

30 et le reste s’enfuit dans la ville d’Aphek, où la muraille tomba sur vingt-sept mille hommes qui étaient demeurés de reste ; et Ben-Hadad s’enfuit, et entra dans la ville ; et se cacha dans le cabinet d’une chambre.

31 Et ses serviteurs lui dirent : Voici maintenant, nous avons appris que les rois de la maison d’Israël sont des rois doux ; maintenant donc, mettons des sacs sur nos reins et des cordes à nos têtes, et sortons vers le roi d’Israël ; peut-être qu’il te sauvera la vie.

32 Ils se ceignirent donc de sacs autour de leurs reins, et de cordes autour de leurs têtes, et vinrent vers le roi d’Israël, et dirent : Ton serviteur Ben-Hadad dit : Je te prie que je vive. Et il répondit : Vit-il encore ? Il est mon frère.

33 Et ces gens tirèrent de là un bon augure, et ils se hâtèrent de savoir précisément s’ils auraient de lui ce qu’ils prétendaient ; et ils dirent : Ben-Hadad est-il ton frère ? Et il répondit : Allez, et l’amenez. Ben-Hadad donc sortit vers lui, et Achab le fit monter sur son chariot.

34 Et Ben-Hadad lui dit : Je rendrai les villes que mon père avait prises à ton père, et tu te feras des places dans Damas comme mon père avait fait dans Samarie. Et moi, répondit Achab, je te renverrai avec ce traité. Il fit donc un traité avec lui et le laissa aller.

35 Alors quelqu’un d’entre les fils des prophètes dit à son compagnon, par l’ordre de l’Éternel : Frappe-moi, je te prie ; mais il refusa de le frapper.

36 Et il lui dit : Parce que tu n’as point obéi à la parole de l’Éternel, voilà, tu vas te séparer de moi, et un lion te tuera. Quand il se fut séparé d’avec lui, un lion le trouva et le tua.

37 Puis il trouva un autre homme et lui dit : Frappe-moi, je te prie. Et cet homme-là ne manqua pas à le frapper, et il le blessa.

38 Après cela, le prophète s’en alla et s’arrêta, attendant le roi sur le chemin, et se déguisa ayant un bandeau sur les yeux.

39 Et comme le roi passait, il cria vers le roi et dit : Ton serviteur était allé au milieu du combat ; et voilà, quelqu’un, se retirant, m’a amené un homme, et m’a dit : Garde cet homme, et s’il vient à s’échapper, ta vie en répondra, ou tu en paieras un talent d’argent.

40 Et il est arrivé que, comme ton serviteur faisait quelques affaires çà et là, cet homme-là ne s’est point trouvé. Et le roi d’Israël lui répondit : Telle est ta condamnation ; et tu en as décidé.

41 Alors cet homme ôta promptement le bandeau de dessus ses yeux, et le roi d’Israël reconnut qu’il était d’entre les prophètes.

42 Et ce prophète lui dit : Ainsi a dit l’Éternel : Parce que tu as laissé aller d’entre tes mains l’homme que j’avais condamné à l’interdit, ta vie répondra pour la sienne, et ton peuple pour son peuple.

43 Mais le roi d’Israël se retira dans sa maison tout chagrin et indigné, et vint à Samarie.

REFLEXIONS

Il faut considérer ici que quoi qu’Achab fût un roi idolâtre et méchant, Dieu lui accorda par deux fois la victoire sur les Syriens. Dieu le fit pour punir l’orgueil de Ben-hadad et des Syriens parce qu’ils avaient attaqué Achab d’une manière injuste et surtout parce qu’ils avaient blasphémé contre le Dieu d’Israël en disant que l’Éternel était un Dieu des montagnes et non un Dieu des vallées. Par là aussi Dieu voulait donner à Achab des marques de sa bonté et de son support et lui apprendre et à tout son peuple combien ils avaient de tort de continuer dans leur idolâtrie et de ne pas adorer Dieu seul qui déployait ainsi sa puissance en leur faveur. Et afin qu’ils ne doutassent pas que c’était Dieu qui leur donnait la victoire, un prophète du Seigneur la promit à Achab et lui dit qu’elle serait remportée par un petit nombre de personnes. Cette histoire fait voir que Dieu confond les superbes, qu’il punit ceux qui attaquent les autres injustement et qu’il donne des marques de sa bonté même aux plus grands pécheurs pour les inviter à la repentance. Au reste Dieu fit reprendre Achab par un prophète d’avoir épargné Ben-hadad et fait alliance avec lui parce que Dieu voulait se servir d’Achab pour ôter du monde Ben-hadad qui était un prince fier et injuste et pour abaisser l’orgueil et la puissance des Syriens. 

CHAPITRE XXI

Un homme nommé Naboth ayant refusé de vendre sa vigne au roi Achab, la reine Jézabel le fit lapider sur la déposition de deux faux témoins.

Mais Élie par l’ordre de Dieu alla reprocher à Achab ce crime et toutes ses impiétés, il dénonça que sa maison serait exterminée et que les chiens lècheraient son sang et mangeraient Jézabel sa femme.

Achab effrayé de ces menaces s’humilia, ce qui fit que Dieu dit qu’il ne les exécuterait qu’après sa mort.

1 Il arriva après ces choses, que Naboth Jizréhélite ayant une vigne, qui était à Jizréhel, près du palais d’Achab, roi de Samarie,

2 Achab parla à Naboth, disant : Donne-moi ta vigne, afin que j’en fasse un jardin de verdure ; car elle est proche de ma maison, et au lieu de cette vigne je t’en donnerai une meilleure ; ou, si cela t’accommode mieux, je te donnerai de l’argent autant qu’elle vaut.

3 Mais Naboth répondit à Achab : Que l’Éternel me garde de te donner l’héritage de mes pères !

4 Et Achab vint en sa maison tout chagrin et indigné pour la parole que lui avait dite Naboth Jizréhélite, disant : Je ne te donnerai point l’héritage de mes pères ; et il se coucha sur son lit, et tourna son visage, et ne mangea rien.

5 Alors Jézabel sa femme entra vers lui, et lui dit : D’où vient que ton esprit est si triste ? Et pourquoi ne manges-tu rien ?

6 Et il lui répondit : Parce que j’ai parlé à Naboth Jizréhélite, et je lui ai dit : Donne-moi ta vigne pour de l’argent ; ou s’il te plaît, je te donnerai une autre vigne au lieu de celle-là ; et il m’a dit : Je ne te donnerai point ma vigne.

7 Alors Jézabel sa femme lui dit : Serais-tu maintenant roi sur Israël ? Lève-toi, mange quelque viande, et que ton cœur se réjouisse ; je te donnerai la vigne de Naboth Jizréhélite.

8 Et elle écrivit des lettres au nom d’Achab, et les scella de son sceau, et envoya ces lettres aux anciens et aux magistrats qui étaient dans la ville de Naboth et qui y habitaient avec lui ;

9 et elle écrivit dans ces lettres ce qui suit : Publiez un jeûne, et faites tenir Naboth à la tête du peuple ;

10 et faites tenir deux scélérats vis-à-vis de lui, et qu’ils témoignent contre lui, disant : Tu as blasphémé contre Dieu et le roi. Ensuite vous le mènerez dehors, et vous le lapiderez, et qu’il meure.

11 Et les gens de la ville de Naboth, savoir, les anciens et les magistrats qui habitaient dans sa ville, firent comme Jézabel leur avait mandé, et selon qu’il était écrit dans les lettres qu’elle leur avait envoyées.

12 Car ils publièrent un jeûne, et firent tenir Naboth à la tête du peuple.

13 Et deux scélérats entrèrent, qui se tinrent vis-à-vis de lui, et ces scélérats témoignèrent contre Naboth, en la présence du peuple, disant : Naboth a blasphémé contre Dieu et le roi. Puis ils le menèrent hors de la ville et l’assommèrent de pierres, de sorte qu’il mourut.

14 Après cela ils envoyèrent vers Jézabel, pour lui dire : Naboth a été lapidé, et il est mort.

15 Et il arriva qu’aussitôt que Jézabel eut entendu que Naboth avait été lapidé, et qu’il était mort, elle dit à Achab : Lève-toi, mets-toi en possession de la vigne de Naboth Jizréhélite, qui avait refusé de te la donner pour de l’argent ; car Naboth n’est plus en vie, mais il est mort.

16 Ainsi dès qu’Achab eut entendu que Naboth était mort, il se leva pour descendre dans la vigne de Naboth Jizréhélite, et pour s’en mettre en possession.

17 Alors la parole de l’Eternel fut adressée à Elie Tisçbite, disant :

18 Lève-toi, descends au-devant d’Achab, roi d’Israël, qui est à Samarie ; voilà, il est dans la vigne de Naboth, où il est descendu pour s’en mettre en possession.

19 Et tu lui parleras, et lui diras : Ainsi a dit l’Eternel : N’as-tu pas tué, et même, ne t’es-tu pas mis en possession ? Puis tu lui parleras ainsi, et tu diras : Ainsi a dit l'Eternel : Comme les chiens ont léché le sang de Naboth, les chiens lécheront aussi ton propre sang.

20 Et Achab dit à Elie : M’as-tu trouvé, mon ennemi ? Mais il lui répondit : Oui, je t’ai trouvé, parce que tu t’es vendu pour faire ce qui déplaît à l’Eternel.

21 Voici, je vais faire venir du mal sur toi, et je t’exterminerai entièrement, et je retrancherai ce qui appartient à Achab, jusqu’à un seul homme, tant ce qui est serré que ce qui est abandonné en Israël ;

22 et je mettrai ta maison dans le même état que j’ai mis la maison de Jéroboam, fils de Nébat, et la maison de Bahasça, fils d’Ahija ; à cause du péché par lequel tu m’as irrité et as fait pécher Israël.

23 L’Eternel parla aussi contre Jézabel, disant : Des chiens mangeront Jézabel près du rempart de Jizréhel.

24 Celui qui appartient à Achab, qui mourra dans la ville, sera mangé par les chiens ; et celui qui mourra aux champs, sera mangé par les oiseaux des cieux.

25 En effet, il n’y avait point eu de roi semblable à Achab, qui se fût vendu pour faire ce qui est mauvais devant l’Eternel, selon que sa femme Jézabel l’induisait.

26 De sorte qu’il se rendit fort abominable, allant après les dieux infâmes, comme avaient fait les Amorrhéens que l’Eternel avait chassés de devant les enfants d’Israël.

27 Et il arriva qu’aussitôt qu’Achab eut entendu ces paroles, il déchira ses vêtements, et mit un sac sur sa chair, et jeûna, et il était couché, enveloppé d’un sac, et il se traînait en marchant.

28 Et la parole de l’Eternel fut adressée à Elie Tisçbite, disant :

29 N’as-tu pas vu qu’Achab s’est humilié devant moi ? Parce qu’il s’est humilié devant moi, je ne ferai point venir ce mal en son temps ; ce sera dans les jours de son fils que je ferai venir ce mal sur sa maison. 

REFLEXIONS

Voici une histoire sur laquelle il faut faire de sérieuses réflexions :

I. Nous devons reconnaître premièrement, en considérant les crimes que le roi Achab commit pour acquérir la vigne de Naboth, que l’on ne doit jamais désirer le bien d’autrui et que ce désir, qui est déjà criminel en lui-même, peut avoir de funestes suites et porter à de très grands péchés. Achab était d’autant plus coupable que ce qu’il exigeait de Nabot était contraire à la loi de Dieu qui voulait que les héritages fussent conservés dans les familles.

II. Le moyen dont la reine Jézabel se servit pour faire périr Naboth, en le faisant accuser par de faux témoins d’avoir blasphémé, marque une insigne méchanceté et la dernière impiété, mais on a encore plus d’horreur de voir qu’il se trouvât des faux témoins qui se laissèrent subordonner et des juges qui condamnèrent cet innocent.

Mais comme il y a toujours eu des princes injustes, il s’est aussi toujours trouvé des personnes capables de tout faire pour leur agréer.

III. Quoi que ce fût Jézabel qui donna les ordres pour faire mourir Naboth, Achab était aussi coupable de ce meurtre, non seulement parce qu’il y avait donné occasion, mais parce qu’il consentit aux conseils pernicieux de sa femme et qu’après la mort de Naboth il prit possession de sa vigne.

Celui qui consent à un crime et qui veut en tirer du profit, est aussi coupable que celui qui l’ordonne ou qui le commet.

IV. Élie alla dénoncer les terribles jugements de Dieu au roi Achab et cela dans le temps que ce prince allait se mettre en possession de la vigne de Naboth.

On voit par-là que la punition suit de près les grands crimes et surtout la violence, l’injustice et l’effusion du sang et que la possession des biens que l’on acquiert par des voies criminelles est rarement longue et heureuse.

V. La description qui est faite dans ce chapitre de l’extrême impiété d’Achab et ce qui est dit : Qu’il n’y avait point eu de roi semblable à lui qui se fut vendu pour faire ce qui déplait à Dieu et pour l’irriter justifie les menaces que Dieu lui fit dénoncer et doit nous donner une grande crainte de tomber dans le dernier degré de la méchanceté.

Cependant, il est dit sur la fin de cette histoire qu’Achab effrayé des menaces d’Élie s’humilia, qu’il jeûna et qu’il se couvrit d’un sac et que Dieu le voyant humilié dit à Élie qu’il différerait l’exécution de ses menaces jusqu’après la mort de ce prince. Cette particularité est bien remarquable.

Voici un exemple de l’infinie bonté dont Dieu est animé envers les plus grands pécheurs lorsqu’ils s’humilient. Nous devons penser sur cela que si la repentance d’Achab apaisa le Seigneur pour un temps parce qu’il avait quelque sincérité, quoi qu’elle ne fût pas de durée, l’on doit croire beaucoup plus que ceux qui se repentent de tout leur cœur et qui persévèrent dans la repentance obtiendront infailliblement de la miséricorde divine le pardon de leurs péchés. 

CHAPITRE XXII

Josaphat, quatrième roi de Juda, se joint avec Achab, roi d’Israël, pour faire la guerre aux Syriens, mais il voulut premièrement s’informer de la volonté de Dieu. Sur quoi le prophète Michée ayant été consulté, il prédit que Dieu ne bénirait pas cette entreprise quoi que quatre cents faux prophètes promissent un succès heureux à Achab. Ce prince, irrité contre Michée, le fit mettre en prison et livra bataille aux Syriens, mais il fut tué dans le combat et Josaphat fut en danger d’y perdre aussi la vie. On voit sur la fin de ce chapitre une histoire abrégée du règne de Josaphat qui fut un roi pieux et de celui d’Achasia huitième roi d’Israël.

1 On demeura trois ans sans qu’il y eût guerre entre la Syrie et Israël.

2 Puis, la troisième année, Josaphat, roi de Juda, étant descendu vers le roi d’Israël,

3 le roi d’Israël dit à ses serviteurs : Ne savez-vous pas bien que Ramoth de Galaad nous appartient ; et nous ne nous mettons point en devoir pour la retirer d’entre les mains du roi de Syrie ?

4 Et il dit à Josaphat : Ne viendras-tu pas avec moi à la guerre contre Ramoth de Galaad ? Et Josaphat répondit au roi d’Israël : Dispose de moi comme de toi, et de mon peuple comme de ton peuple, et de mes chevaux comme de tes chevaux.

5 Mais Josaphat dit au roi d’Israël : Je te prie qu’aujourd’hui tu t’informes de la parole de l'Eternel.

6 Et le roi d’Israël assembla environ quatre cents prophètes, auxquels il dit : Irai-je à la guerre contre Ramoth de Galaad, ou m’en désisterai-je ? Et ils répondirent : Monte ; car le Seigneur la livrera entre les mains du roi.

7 Mais Josaphat dit : N’y a-t-il point ici encore quelque prophète de l’Eternel, afin que nous nous enquérions de lui ?

8 Et le roi d’Israël dit à Josaphat : Il y a encore un homme par qui on peut consulter l’Eternel ; mais je le hais ; car il ne me prophétise rien de bon, mais seulement du mal, quand il est question de moi ; c’est Michée, fils de Jimla. Et Josaphat répondit : Que le roi ne parle point ainsi.

9 Alors le roi d’Israël appela un officier, auquel il dit : Fais venir en diligence Michée, fils de Jimla.

10 Or, le roi d’Israël et Josaphat, roi de Juda, étaient assis chacun sur son trône, revêtus de leurs habits, dans la place vers l’entrée de la porte de Samarie ; et tous les prophètes prophétisaient en leur présence.

11 Alors Tsidkija, fils de Kénahana, s’étant fait des cornes de fer, dit : Ainsi a dit l’Éternel : Avec ces cornes tu heurteras les Syriens jusqu’à les détruire.

12 Et tous les prophètes prophétisaient de même, disant : Monte à Ramoth de Galaad, et tu seras heureux, et l’Éternel la livrera entre les mains du roi.

13 Or, le messager qui était allé appeler Michée, lui parla et lui dit : Voici, maintenant les prophètes prédisent tous d’une voix du bien au roi ; je te prie que ta parole soit semblable à celle de chacun d’eux, et prédis-lui du bien.

14 Mais Michée lui répondit : L’Éternel est vivant, que je dirai ce que l’Éternel me dira.

15 Il vint donc vers le roi, et le roi lui dit : Michée, irons-nous à la guerre contre Ramoth de Galaad, ou nous en désisterons-nous ? Et il lui répondit : Monte ; tu seras heureux, et l’Éternel la livrera entre les mains du roi.

16 Et le roi lui dit : Jusqu’à combien de fois te conjurerai-je, afin que tu ne me dises que la vérité au nom de l’Éternel ?

17 Et il répondit : J’ai vu tout Israël dispersé par les montagnes, comme un troupeau de brebis qui n’a point de pasteur ; et l’Éternel dit : Ces gens-ci sont sans seigneur ; que chacun s’en retourne dans sa maison en paix.

18 Alors le roi d’Israël dit à Josaphat : Ne t’ai-je pas bien dit qu’il ne prédit rien de bon quand il s’agit de moi, mais seulement du mal ?

19 Et Michée lui dit : C’est pourquoi, écoute la parole de l’Éternel ; j’ai vu l’Éternel assis sur son trône, et toute l’armée des cieux qui se tenait devant lui, à sa droite et à sa gauche.

20 Et l’Éternel a dit : Qui est-ce qui séduira Achab, afin qu’il monte et qu’il périsse à Ramoth de Galaad ? L’un disait d’une façon, et l’autre d’une autre.

21 Alors un esprit s’avança et se tint devant l’Éternel, et dit : Je le séduirai. Et l’Éternel lui dit : Comment ?

22 Et il répondit : Je sortirai, et je serai un esprit menteur dans la bouche de tous ses prophètes. Et l’Éternel dit : Tu le séduiras, et même tu en viendras à bout. Sors et fais comme tu dis.

23 Maintenant donc, voici, l’Éternel a mis un esprit menteur dans la bouche de tous tes prophètes ; mais l’Éternel a prononcé du mal contre toi.

24 Alors Tsidkija, fils de Kénahana, s’approcha et frappa Michée sur la joue, et dit : Par où l’Esprit de l’Éternel m’a-t-il quitté pour te parler ?

25 Et Michée répondit : Voici, tu le verras dans ce jour-là que tu iras de chambre en chambre pour te cacher.

26 Alors le roi d’Israël dit : Qu’on prenne Michée et qu’on le mène vers Amon, capitaine de la ville, et vers Joas, fils du roi.

27 Et qu’on leur dise : Ainsi a dit le roi : Mettez cet homme en prison, et qu’on ne lui donne à manger que très peu de pain, et très peu d’eau à boire, jusqu’à ce que je revienne en paix.

28 Et Michée répondit : Si jamais tu retournes en paix, l’Éternel n’aura point parlé par moi. Il dit encore : Ecoutez ceci, peuples, tous tant que vous êtes ici.

29 Le roi d’Israël donc monta avec Josaphat, roi de Juda, contre Ramoth de Galaad.

30 Et le roi d’Israël dit à Josaphat : Que je me déguise, et que j’aille au combat ; mais toi, revêts-toi de tes habits. Le roi d’Israël donc se déguisa, et vint au combat.

31 Or, le roi des Syriens avait commandé aux trente-deux capitaines de ses chariots, disant : Vous ne combattrez contre qui que ce soit, ni petit ni grand, sinon contre le roi d’Israël seul.

32 Il arriva donc que, dès que les capitaines des chariots eurent vu Josaphat, ils dirent : C’est certainement le roi d’Israël. Et ils se détournèrent vers lui pour combattre contre lui ; mais Josaphat s’écria.

33 Et aussitôt que les capitaines des chariots eurent vu que ce n’était pas le roi d’Israël, ils se détournèrent de lui.

34 Alors quelqu’un tira de son arc de toute sa force, et frappa le roi d’Israël entre les jointures de la cuirasse. Et le roi dit à son cocher : Détourne-toi et mène-moi hors du camp ; car on m’a fort blessé.

35 Et en ce jour-là le combat se renforça, et le roi d’Israël fut retenu dans son chariot vis-à-vis des Syriens, et il mourut sur le soir, et le sang de la plaie coulait dans le chariot.

36 Et sitôt que le soleil fut couché, on fit crier par le camp, disant : Que chacun se retire dans sa ville, et chacun dans son pays.

37 Le roi mourut donc, et il fut porté à Samarie, et y fut enseveli.

38 Et on lava le chariot dans le vivier de Samarie, et les chiens léchèrent son sang, comme aussi quand on lava ses armes, selon la parole que l’Éternel avait prononcée.

39 Le reste des actions d’Achab, tout ce qu’il a fait, et même la maison d’ivoire qu’il bâtit, et toutes les villes qu’il bâtit ; toutes ces choses ne sont-elles pas écrites au livre des Chroniques des rois d’Israël ?

40 Ainsi Achab s’endormit avec ses pères, et Achazia son fils régna en sa place.

41 Or, Josaphat, fils d’Asa, avait commencé à régner sur Juda, l’année quatrième d’Achab, roi d’Israël.

42 Et Josaphat était âgé de trente-cinq ans quand il commença à régner, et il régna vingt-cinq ans à Jérusalem. Le nom de sa mère était Hazuba, fille de Scilhi.

43 Et il suivit entièrement la voie d’Asa son père, et il ne s’en détourna point, faisant tout ce qui est droit devant l’Éternel.

44 Toutefois, les hauts lieux ne furent point ôtés ; le peuple y sacrifiait encore et y faisait des encensements.

45 Josaphat fit aussi la paix avec le roi d’Israël.

46 Le reste des actions de Josaphat, les exploits qu’il fit, et les guerres qu’il eut, ne sont-elles pas écrites au livre des Chroniques des rois de Juda ?

47 Quant au reste de ceux qui s’étaient prostitués, qui étaient demeurés du temps d’Asa son père, il les extermina du pays.

48 Il n’y avait point alors de roi dans l’Idumée ; mais le gouverneur était vice-roi.

49 Josaphat équipa une flotte pour Tarsis, afin d’aller querir de l’or à Ophir ; mais elle n’y alla point, parce que les navires furent brisés à Hetsjon-Guéber.

50 Alors Achazia, fils d’Achab, dit à Josaphat : Que mes serviteurs aillent sur les navires avec les tiens ; mais Josaphat ne le voulut pas.

51 Et Josaphat s’endormit avec ses pères, et fut enseveli avec eux dans la ville de David son père ; et Joram son fils régna en sa place.

52 Achazia, fils d’Achab, commença à régner sur Israël à Samarie l’année dix-septième de Josaphat, roi de Juda ; et il régna deux ans sur Israël.

53 Et il fit ce qui déplaît à l’Éternel, et suivit le train de son père, et le train de sa mère, et le train de Jéroboam, fils de Nébat, qui avait fait pécher Israël.

54 Il servit Bahal, et se prosterna devant lui, et il irrita l’Éternel, le Dieu d’Israël, comme avait fait son père.

REFLEXIONS

Le mauvais succès qu’eut l’union de Josaphat avec l’impie Achab montre qu’on ne saurait trop éviter de s’unir avec les méchants si l’on ne veut pas être enveloppé dans les malheurs qui tombent sur eux.

Josaphat marqua de la piété en voulant qu’on appelât un prophète du Seigneur avant que de s’engager dans le combat contre le roi de Syrie, mais il fit une grande faute, en ce qu’au lieu de suivre les conseils de Michée, il ne laissa pas d’aller à cette guerre. C’est bien fait de s’informer de la volonté de Dieu, mais il ne sert à rien de la connaître si on ne la suit pas.

Il est remarqué dans cette histoire que le roi Achab ajouta foi aux faux prophètes qui lui promettaient la victoire plutôt qu’à Michée qui lui parlait de la part du Seigneur.

Les hommes aiment la plupart être flatté et ils s’irritent contre ceux qui leur parlent sincèrement, mais Dieu livre à leur aveuglement ceux qui en usent de la sorte.

Ce fut ce qui arriva à Achab, Dieu le voyant obstiné permit qu’il fût séduit par les faux prophètes, mais il ne leur inspira pas un esprit menteur et il ne fut pas la cause de l’endurcissement de ce roi. L’événement vérifia au reste la prédiction de Michée. Achab fut tué, les chiens léchèrent son sang comme le prophète Élie l’avait prédit et Josaphat aurait perdu la vie dans le combat si Dieu ne l’eut préservé.

Telle est d’ordinaire l’issue des desseins où l’on s’engage contre la volonté de Dieu.

On recueille enfin dans ce chapitre que Josaphat était un prince religieux puisqu’il bannit autant qu’il lui fut possible l’idolâtrie et l’impureté de son royaume. Il n’en fut pas de même d’Achazia, roi d’Israël, aussi ne tarda-t-il pas à éprouver la vengeance céleste comme cela se voit dans la suite de cette histoire.