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- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
La seconde épître aux Corinthiens fut écrite environ l’an 56 de notre Seigneur. Le but principal de Saint Paul dans cette épître est de soutenir son ministère contre ceux qui le décriaient parmi les Corinthiens.
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St. Paul, après la salutation, parle des persécutions qu’il avait souffertes en Asie dans la ville d’Éphèse et dont Dieu l’avait délivré par une espèce de miracle.
Il dit ensuite aux Corinthiens que s’il n’était pas allé les voir comme il le leur avait promis, cela ne venait pas de légèreté ou d’inconstance, ni de défaut d’affection pour eux, mais qu’il avait différé son voyage pour n’être pas obligé de les censurer et de les châtier à cause des désordres qu’il y avait dans leur église.
1 Paul, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, et Timothée, notre frère, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe.
2 La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ.
3 Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation ;
4 qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation dont Dieu nous console nous-mêmes, nous puissions aussi consoler les autres, dans quelque affliction qu’ils se trouvent.
5 Car, comme les souffrances de Christ abondent en nous, notre consolation abonde aussi par Christ.
6 Ainsi, soit que nous soyons affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut, qui s’avance en souffrant les mêmes maux que nous souffrons aussi ; soit que nous soyons consolés, c’est aussi pour votre consolation et pour votre salut.
7 Et l’espérance que nous avons de vous est ferme, sachant que, comme vous avez part aux souffrances, vous aurez aussi part à la consolation.
8 Car, mes frères, nous ne voulons pas que vous ignoriez l’affliction qui nous est survenue en Asie, et dont nous avons été accablés excessivement, et au-dessus de nos forces, en sorte que nous avons été dans une extrême perplexité, même pour notre vie.
9 Et nous nous regardions nous-mêmes comme étant condamnés à la mort, afin que nous n’eussions point de confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts ;
10 qui nous a délivrés d’un si grand danger de mort, et qui nous en délivre ; et nous avons cette espérance en lui, qu’il nous délivrera encore dans la suite ;
11 étant aussi aidés par vous et par les prières que vous ferez pour nous, afin que, plusieurs personnes ayant contribué à nous faire obtenir cette faveur, plusieurs aussi en rendent grâces pour nous.
12 Car ce qui fait notre gloire, c’est le témoignage que notre conscience nous rend, que nous nous sommes conduits dans le monde, et surtout à votre égard, en simplicité et en sincérité devant Dieu, non point avec une sagesse charnelle, mais avec la grâce de Dieu.
13 Car nous ne vous écrivons rien ici que ce que vous avez lu, et que vous avez reconnu, et j’espère que vous le reconnaîtrez jusqu’à la fin ;
14 de même que vous avez aussi reconnu en quelque sorte que nous sommes votre gloire, comme vous serez aussi la nôtre au jour du Seigneur Jésus.
15 C’est dans cette confiance, et afin que vous reçussiez une double grâce, que j’avais résolu d’aller premièrement vous voir,
16 et de passer chez vous, en allant en Macédoine ; puis, de revenir de Macédoine chez vous, d’où vous m’auriez fait conduire en Judée.
17 Ayant donc eu ce dessein, l’ai-je formé par légèreté, ou les résolutions que je prends, les prends-je selon la chair, de sorte qu’il y ait eu en moi, oui, oui ; et puis, non, non ?
18 Dieu, qui est véritable, m’est témoin qu’il n’y a point eu de oui et de non dans mes paroles.
19 Car Jésus-Christ, le Fils de Dieu, que nous avons prêché parmi vous, moi et Silvain, et Timothée, n’a point été oui et non ; mais il a toujours été oui en lui.
20 Car autant qu’il y a de promesses de Dieu, elles sont oui en lui, et Amen en lui, afin que Dieu soit glorifié par nous.
21 Or, celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu,
22 qui nous a aussi marqués de son sceau, et nous a donné dans nos cœurs les arrhes de son Esprit.
23 Or, je prends Dieu à témoin sur mon âme, que ç’a été pour vous épargner, que je ne suis point encore allé à Corinthe.
24 Non que nous dominions sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie, puisque vous demeurez fermes dans la foi.
REFLEXIONS
Saint Paul parle dès l’entrée de cette Epitre de ses souffrances aussi bien que de l’assistance et des consolations qu’il avait éprouvées. De là il faut recueillir
I. Que si les fidèles sont quelques fois exposés à de grands dangers et à des afflictions extrêmes, Dieu les console et les fortifie dans cet état et qu’il les en tire heureusement,
II. Que ces afflictions produisent par là des effets très salutaires, non seulement pour la consolation de ceux qui sont affligés, mais aussi pour l’édification de leurs frères, puisque ceux qui ont ainsi souffert sont plus propres à consoler et à encourager ceux qui se trouvent engagés dans quelque affliction que ce soit.
III. Comme Saint Paul souhaitait d’être toujours aidé par les prières des Corinthiens, nous devons aussi reconnaître que les prières mutuelles des fidèles sont un puissant secours pour obtenir de Dieu les délivrances, les consolations et toutes les grâces qui nous sont nécessaires.
La seconde partie de ce chapitre nous fait remarquer deux choses dans la conduite de Saint Paul, savoir :
I. La sincérité avec laquelle il s’était toujours conduit, particulièrement envers les Corinthiens
II. Et en second lieu sa douceur et sa prudence qui paraissent en ce qu’il avait différé d’aller les voir afin de les épargner.
Voilà quel doit être le caractère des ministres du Seigneur. Servant un maître qui est la vérité et la charité même, ils doivent d’un côté fuir tout ce qui sent la légèreté et l’inconstance parlant et agissant toujours avec sincérité et avec candeur afin de se rendre par-là approuvés devant Dieu et devant les hommes et de l’autre épargner les pécheurs autant qu’ils le peuvent, leur donner le temps de se corriger et n’employer la sévérité que lorsque cela est absolument nécessaire et qu’ils ne peuvent s’en dispenser.
St. Paul dit encore aux Corinthiens que s’avait été pour les épargner et pour n’avoir pas lui-même de la tristesse en les reprenant de leurs désordres qu’il n’était pas allé à Corinthe et il leur ordonne de recevoir à la paix de l’église cet incestueux qui avait été excommunié et dont il leur avait parlé dans l’épitre précédente, mais qui s’était repenti. Il les informe ensuite de quelques voyages qu’il avait faits et il leur parle à cette occasion de l’efficace et des fruits de son ministère.
1 J’avais donc résolu en moi-même de ne point retourner vers vous pour vous donner de la tristesse.
2 Car si je vous affligeais, qui est-ce qui me donnerait de la joie, sinon celui que j’aurais moi-même affligé ?
3 Et je vous ai écrit ceci, afin que quand je serai arrivé, je ne reçoive pas de la tristesse de ceux qui devraient me donner de la joie ; car j’ai cette confiance en vous tous, que vous faites tous votre joie de la mienne.
4 Je vous écrivis alors, dans une grande affliction et le cœur serré de douleur, avec beaucoup de larmes ; non pour vous affliger, mais pour vous faire connaître l’affection toute particulière que j’ai pour vous.
5 Que si quelqu’un a été cause de cette tristesse, ce n’est pas moi seul qu’il a affligé, mais c’est vous tous en quelque manière ; ce que je dis, pour ne pas vous trop charger.
6 C’est assez pour cet homme-là, d’avoir subi la correction qui lui a été faite par plusieurs ;
7 de sorte que vous devez plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une trop grande tristesse.
8 C’est pourquoi je vous prie de lui donner des preuves de votre charité.
9 C’est pour cela aussi que je vous ai écrit, afin d’éprouver et de connaître si vous êtes obéissants en toutes choses.
10 Celui donc à qui vous pardonnez, je lui pardonne aussi ; car pour moi, si j’ai pardonné, je l’ai fait pour l’amour de vous, en la présence de Christ ;
11 afin que Satan n’ait pas le dessus sur nous ; car nous n’ignorons pas ses desseins.
12 Au reste, étant venu à Troas pour prêcher l’évangile de Christ, quoique le Seigneur m’y eût ouvert une porte,
13 je n’eus point l’esprit en repos, parce que je n’y trouvai pas Tite mon frère ; c’est pourquoi, ayant pris congé d’eux, je vins en Macédoine.
14 Or, grâces à Dieu qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous l’odeur de sa connaissance en tous lieux.
15 Car nous sommes la bonne odeur de Christ devant Dieu, à l’égard de ceux qui sont sauvés et à l’égard de ceux qui périssent ;
16 à ceux-ci, une odeur mortelle, qui leur donne la mort ; et à ceux-là, une odeur vivifiante, qui leur donne la vie. Et qui est suffisant pour ces choses ?
17 Car nous ne falsifions point la parole de Dieu, comme plusieurs font ; mais nous parlons avec sincérité, comme de la part de Dieu, et en la présence de Dieu, en Jésus-Christ.
REFLEXIONS
Saint Paul fait voir dans ce chapitre une extrême tendresse pour les Corinthiens et même beaucoup de charité pour un grand pécheur qu’il avait livré à satan et qui était venu à repentance. Ces sentiments affectueux et pleins de bonté que St. Paul fait paraître doivent servir de modèle aux pasteurs et leur inspirer un tendre amour pour leurs troupeaux et en particulier pour les plus grands pécheurs.
C’est un grand sujet de tristesse pour les ministres du Seigneur lorsqu’ils sont obligés d’user de sévérité et ils n’ont pas de plus grande joie que lorsqu’ils voient les pécheurs revenir de leurs égarements. L’Apôtre, après avoir censuré l’église de Corinthe de ce qu’elle n’avait pas excommunié l’incestueux et après l’avoir excommunié lui-même, il ordonne qu’on le reçoive et qu’on lui pardonne puisqu’il avait profité de ce châtiment.
C’est là le juste tempérament de sévérité et de douceur que les pasteurs doivent observer dans l’exercice de la discipline, ne tolérant pas les pécheurs scandaleux et les retranchant de la communion de l’église et étant aussi toujours prêts à les recevoir avec cordialité et avec joie dès qu’ils s’humilient et que l’on voit en eux des marques suffisantes d’amendement.
Les actions de grâces que Saint Paul rend à Dieu pour les glorieux succès de son ministère sont une preuve de son humilité aussi bien que de son grand zèle.
Les vrais ministres de Jésus-Christ n’ont point de plus grande joie que quand ils peuvent répandre la connaissance de Dieu, mais ils attribuent toujours à Dieu seul et à l’efficace de sa grâce tous les heureux succès qu’ils ont.
III. Les derniers versets de ce chapitre nous apprennent que la prédication de l’Évangile ne produit pas toujours le même effet en toutes sortes de personnes. Elle est aux uns
Une odeur mortelle,
C’est-à-dire une occasion de condamnation puisque rejetant cet Évangile ils deviennent plus méchants et qu’ils aggravent leur peine, mais elle est aux autres
Une odeur vivifiante,
C’est-à-dire un moyen efficace qui les conduit à la vie spirituelle et au salut.
Saint Paul représente aux Corinthiens que leur conversion à la religion chrétienne était une preuve suffisante de sa vocation et qu’il n’avait pas besoin d’autre recommandation auprès d’eux que du témoignage de leur conscience et des dons du Saint-Esprit desquels ils avaient été enrichis, mais il reconnait en même temps que l’efficace de son ministère venait de Dieu seul.
Il fait voir après cela que le ministère de l’Évangile est beaucoup plus excellent que celui de la loi, puisque celui-ci était imparfait, incapable de donner de la vie et ne devait pas toujours durer, au lieu que celui de l’Évangile est spirituel, vivifiant et éternel. D’où St. Paul conclut que ceux qui s’attachent aux cérémonies et à la loi de Moïse demeuraient dans l’ignorance et dans la misère et qu’il n’y a que ceux qui s’attachent à l’Évangile qui soient véritablement éclairés et qui jouissaient de la liberté et de la gloire des enfants de Dieu. L’Apôtre dit tout cela pour se défendre contre certains docteurs qui lui étaient opposés et qui faisaient paraître un grand zèle pour la loi de Moïse.
1 Commencerons-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes, ou avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation auprès de vous, ou de lettres de recommandation de votre part auprès des autres ?
2 Vous êtes vous-mêmes notre lettre de recommandation, écrite dans nos cœurs, et qui est connue et lue par tous les hommes ;
3 car il est évident que vous êtes la lettre de Christ, qui a été écrite par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont vos cœurs.
4 Or, c’est par Jésus-Christ que nous avons une telle confiance en Dieu.
5 Ce n’est pas que nous soyons capables de penser quelque chose de nous-mêmes comme de nous-mêmes ; mais notre capacité vient de Dieu,
6 qui nous a aussi rendus capables d’être ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie.
7 Que si le ministère de mort, qui a été écrit et gravé sur des pierres, a été si glorieux que les enfants d’Israël ne pouvaient regarder fixement le visage de Moïse, à cause de l’éclat de son visage, bien que cet éclat dût s’évanouir ;
8 combien le ministère de l’Esprit ne sera-t-il pas plus glorieux ?
9 Car, si le ministère de condamnation a été glorieux, le ministère de la justice le surpasse de beaucoup en gloire.
10 Et même, ce premier ministère, qui a été si glorieux, ne l’a point été en comparaison du second, qui le surpasse de beaucoup en gloire.
11 Car, si ce qui devait prendre fin a été glorieux, ce qui doit toujours subsister l’est bien davantage.
12 Ayant donc une telle espérance, nous parlons avec une grande liberté.
13 Et nous ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, afin que les enfants d’Israël ne vissent point la fin d’un éclat qui devait disparaître.
14 Mais leurs esprits ont été endurcis jusqu’à présent, parce que ce voile, qui n’est ôté que par Jésus-Christ, demeure lorsqu’on lit le Vieux Testament.
15 Et ce voile demeure même jusqu’à aujourd’hui sur leur cœur, lorsqu’on leur lit Moïse.
16 Mais quand ils se convertiront au Seigneur, le voile sera ôté.
17 Or, le Seigneur est cet Esprit-là ; et où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.
18 Ainsi nous tous qui contemplons comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, à visage découvert, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous enseigne :
I. Que ce qui fait la véritable gloire les ministres de Jésus-Christ et ce qui les rend recommandables devant Dieu et devant les hommes, ce sont les fruits de leur prédication et la part qu’ils ont à l’amour et à l’affection des chrétiens.
II. Qu’ils ne doivent point présumer d’eux-mêmes, ni s’attribuer les succès de leur ministère, mais que l’honneur en est dû à Dieu seul.
III. Que l’Évangile est beaucoup plus excellent que la loi et le ministère de cet Évangile infiniment plus glorieux que celui de Moïse, puisque la doctrine chrétienne nous donne une connaissance bien plus parfaite de la volonté de Dieu par Jésus-Christ et qu’elle nous fait avoir part à la vraie liberté et à la gloire du Seigneur lui-même en nous sanctifiant et en produisant en nous une ferme et glorieuse espérance de l’immortalité. D’où il s’en suit que s’il y a des personnes qui ne croient pas, cela vient de leur aveuglement volontaire, qu’il faut estimer cet Évangile par-dessus toutes choses et que tant ceux qui l’annoncent que ceux qui en font profession doivent le faire avec sincérité, ouvertement et sans en avoir honte, ainsi que Saint Paul le fera voir dans le chapitre suivant.
L’Apôtre continue à parler du courage et de la sincérité avec laquelle il avait annoncé la doctrine de l’Évangile, mais il remarque qu’il y avait des incrédules qui rejetaient cette doctrine et qui fermaient volontairement les yeux à cette divine lumière qui devait les éclairer.
Il dit ensuite que, lui et les autres ministres de Jésus-Christ étant des hommes faibles, l’efficace de leur prédication ne venait point d’eux-mêmes, mais elle ne procédait que de Dieu. Il parle des persécutions et des maux extrêmes dont il était accablé et il dit que la foi en Jésus-Christ, l’espérance de la résurrection et l’attente ferme de la gloire éternelle faisaient qu’il ne perdait point courage, mais qu’il souffrait tous ces maux avec constance et même avec joie.
1 C’est pourquoi, ayant ce ministère par la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons point courage ;
2 mais nous avons rejeté loin de nous les choses honteuses qu’on cache ; ne nous conduisant point avec artifice, et n’altérant point la parole de Dieu, mais nous rendant recommandables à la conscience de tous les hommes devant Dieu, par la manifestation de la vérité.
3 Que si notre évangile est encore couvert, il est couvert à ceux qui périssent,
4 savoir, aux incrédules, dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l’esprit, afin qu’ils ne fussent pas éclairés par la lumière du glorieux évangile de Christ, qui est l’image de Dieu.
5 Car nous ne nous prêchons point nous-mêmes, mais nous prêchons Jésus-Christ, le Seigneur ; et pour nous, nous sommes vos serviteurs, pour l’amour de Jésus.
6 Car Dieu, qui a dit que la lumière sortît des ténèbres, a répandu sa lumière dans nos cœurs, afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu, en la présence de Jésus-Christ.
7 Mais nous avons ce trésor dans des vaisseaux de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous.
8 Nous sommes pressés de toutes les manières, mais nous ne sommes pas réduits à l’extrémité ; nous sommes en perplexité, mais nous ne sommes pas sans espérance ;
9 nous sommes persécutés, mais nous ne sommes pas abandonnés ; nous sommes abattus, mais nous ne sommes pas entièrement perdus ;
10 nous portons toujours, partout, dans notre corps, la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps.
11 Car, tandis que nous vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle ;
12 de sorte que la mort agit en nous, et la vie en vous.
13 Et comme nous avons un même esprit de foi, selon qu’il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ; nous croyons aussi, et c’est pour cela que nous parlons ;
14 étant persuadés que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi par Jésus, et nous fera paraître en sa présence avec vous.
15 Car toutes choses sont pour vous, afin que cette grâce se répandant de tous côtés, elle abonde à la gloire de Dieu, par les actions de grâces que plusieurs lui en rendront.
16 C’est pourquoi nous ne perdons point courage ; mais si notre homme extérieur se détruit, l’intérieur se renouvelle de jour en jour ;
17 car notre légère affliction du temps présent produit en nous le poids éternel d’une gloire infiniment excellente ;
18 ainsi, nous ne regardons point aux choses visibles, mais aux invisibles ; car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles.
REFLEXIONS
Les réflexions que l’on doit faire ici sont :
I. Que les ministres de Jésus-Christ doivent fuir la dissimulation, s’éloigner de tout artifice et de tout déguisement et parler toujours franchement et sincèrement comme en la présence de Dieu, cherchant uniquement à manifester la vérité dans la conscience de tous les hommes.
II. Que s’il se trouve des gens qui ne soient pas éclairés et sanctifiés par la lumière de l’Évangile et qui demeurent dans l’incrédulité, cela n’arrive que par leur faute et parce qu’ils sont aveuglés par l’amour du monde.
III. Que les serviteurs de Dieu et tous les chrétiens doivent supporter avec courage les afflictions les plus rudes, surtout lorsqu’elles servent à l’édification de l’église, puisqu’ils savent qu’après avoir eu part aux souffrances de Jésus-Christ, ils auront part à sa résurrection, à sa vie et à sa gloire.
IV. Que les afflictions de cette vie ne peuvent nuire qu’au corps, mais qu’elles donnent à l’âme une nouvelle force et une nouvelle vie, qu’elles sont avec cela légères et d’une courte durée et qu’enfin elles produisent en nous une gloire infiniment excellente. Mais pour en tirer ces avantages et pour ne se point laisser abattre, il faut juger des afflictions par les lumières de la foi en regardant non pas aux choses visibles qui ne sont que pour un temps, mais aux choses invisibles qui sont éternelles.
L’Apôtre continuant le discours qu’il avait commencé touchant les afflictions qu’il endurait et la consolation que lui donnait l’espérance de la résurrection et d’une meilleure vie, parle du bonheur dont les fidèles jouiront après leur mort et il dit que la considération de ce bonheur, aussi bien que celle du jugement dernier, faisait qu’il désirait avec ardeur de sortir de ce monde pour être avec le Seigneur et que dans cette attente, il souffrait courageusement les afflictions et travaillait à se rendre agréable à Dieu en s’acquittant fidèlement de son devoir.
Il revient après cela à parler de son ministère et il dit qu’il n’avait d’autre but que d’amener les hommes à la foi et que ce n’était que par là qu’il prétendait soutenir la gloire de son Apostolat contre ses adversaires. Il ajoute que la charité de Jésus-Christ, qui est mort pour tous les hommes, le pressait fortement à ne vivre que pour l’édification des fidèles.
Enfin il déclare qu’il n’avait aucun égard aux choses extérieures, tels qu’étaient les avantages que les Juifs avaient eu par-dessus les païens et dont ils se glorifiaient et que comme Dieu avait réuni ces deux peuples en se réconciliant tous les hommes par Jésus-Christ, il ne se proposait d’autre but dans les fonctions de sa charge que de conduire tous les hommes à Dieu et de les rendre de nouvelles créatures.
1 Car nous savons que si notre demeure terrestre dans cette tente est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui vient de Dieu, une maison éternelle, qui n’a point été faite par la main des hommes.
2 Et c’est à cause de cela que nous gémissons, désirant avec ardeur d’être revêtus de notre demeure céleste ;
3 si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus.
4 Car nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons comme sous un poids, parce que nous souhaitons, non d’être dépouillés, mais d’être revêtus, afin que ce qu’il y a de mortel soit absorbé par la vie.
5 Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a aussi donné pour arrhes son Esprit.
6 Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons que pendant que nous habitons dans ce corps, nous sommes éloignés du Seigneur.
7 Car c’est par la foi que nous marchons et non par la vue.
8 Mais nous sommes remplis de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps, pour être avec le Seigneur.
9 C’est pourquoi aussi, nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous en sortions.
10 Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son propre corps.
11 Sachant donc quelle est la crainte qu’on doit avoir du Seigneur, nous tâchons d’en persuader les hommes ; et Dieu nous connaît, et je crois que vous nous connaissez aussi dans vos consciences.
12 Nous disons ceci, non pour nous faire valoir auprès de vous, mais pour vous donner occasion de vous glorifier à notre sujet, afin que vous puissiez répondre à ceux qui se glorifient de ce qui est extérieur, et non pas de ce qui est dans le cœur.
13 Car, soit que nous soyons ravis en extase, c’est pour Dieu ; soit que nous soyons de sens rassis, c’est pour vous.
14 Car la charité de Christ nous presse, étant persuadés que si un est mort pour tous, tous donc sont morts ;
15 et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.
16 C’est pourquoi, dès maintenant, nous ne connaissons plus personne selon la chair ; même si nous avons connu Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus de cette manière.
17 Si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
18 Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ, et qui nous a confié le ministère de cette réconciliation.
19 Car Dieu a reconcilié le monde avec soi-même, par Christ, en n’imputant point aux hommes leurs péchés ; et il a mis en nous la parole de la réconciliation.
20 Nous faisons donc la fonction d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; et nous vous supplions au nom de Christ, que vous soyez réconciliés avec Dieu.
21 Car celui qui n’avait point connu le péché, il l’a traité, à cause de nous, comme un pécheur, afin que nous devinssions justes devant Dieu par lui.
REFLEXIONS
Ce chapitre contient des instructions très consolantes et très salutaires :
Nous y voyons premièrement que les fidèles savent et croient avec une pleine certitude que si leur corps est détruit par la mort, il y a pour eux un autre état plus heureux et une gloire éternelle qui les attend et que lorsqu’ils ont quitté ce corps, ils sont avec le Seigneur. C’est cette douce et glorieuse espérance qui les soutient dans leurs afflictions et dans leurs combats et qui les anime continuellement à une vie sainte.
II. Saint Paul nous enseigne dans ce chapitre : qu’il y a un jugement où nous devons tous paraître et où chacun recevra selon le bien ou le mal qu’il aura fait et il marque quel est l’usage qu’il faut faire de cette doctrine : c’est de vivre dans la crainte du Seigneur, de s’étudier à lui être agréable en tout temps et d’inspirer les mêmes sentiments aux autres hommes. L’Apôtre nous propose un autre motif bien pressant à nous acquitter de ces justes devoirs lorsqu’il dit que la grande charité que Jésus-Christ nous a marquée en mourant pour notre salut nous presse très fortement, si nous l’avons bien sentie, à ne vivre plus pour nous-mêmes et à employer toute notre vie pour l’édification de nos frères et pour la gloire de celui qui est mort et ressuscité pour nous.
III. Enfin, puisque le but du ministère de l’Évangile a été, comme St. Paul nous l’apprend ici, de rendre les hommes de nouvelles créatures et de les réconcilier avec Dieu par Jésus-Christ, tous ceux qui prétendent être chrétiens doivent faire un très grand cas de cet Évangile, profiter avec empressement de ce moyen que Dieu leur présente pour être réconciliés avec lui et travailler à se détacher de plus en plus du monde et des choses sensibles pour devenir des hommes nouveaux par la régénération et par une étude constante de la sainteté.
Ce chapitre a deux parties :
I. L’Apôtre dit qu’il s’était attaché à s’acquitter de son ministère avec intégrité, avec zèle, avec charité et avec patience, et cela au milieu des afflictions et des opprobres par où il est passé et il conjure les Corinthiens de répondre de leur côté à ce grand zèle et à cet amour ardent dont il était animé en leur faveur.
II. Il les exhorte à imiter son zèle et sa sincérité en faisant une profession pure du christianisme et il leur recommande surtout de n’avoir aucun commerce avec les idolâtres, soit en s’unissant avec eux par le mariage, soit en assistant à leur culte et à leurs fêtes et de s’adonner à la pureté du corps et de l’esprit.
1 Puis donc que nous travaillons avec le Seigneur, nous vous prions que ce ne soit pas en vain que vous ayez reçu la grâce de Dieu.
2 Car il est dit : Je t’ai exaucé dans le temps favorable, et je t’ai secouru au jour du salut. Voici maintenant ce temps favorable ; voici maintenant ce jour du salut.
3 Nous ne donnons aucun scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit point blâmé.
4 Mais nous nous rendons recommandables en toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande patience dans les afflictions, dans les douleurs, dans les maux extrêmes ;
5 Dans les blessures, dans les prisons, au milieu des séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes ;
6 par la pureté, par la connaissance, par un esprit patient, par la douceur, par le Saint-Esprit, par une charité sincère ;
7 par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de la justice, comme de celles que l’on tient de la droite et de la gauche ;
8 parmi l’honneur et l’ignominie ; parmi la mauvaise et la bonne réputation ;
9 étant regardés comme des séducteurs, quoique nous soyons connus, comme mourants, et cependant nous vivons encore ; comme châtiés, mais nous n’en mourons pas ;
10 comme affligés, et cependant toujours dans la joie ; comme pauvres, et cependant enrichissant plusieurs ; comme n’ayant rien, et cependant possédant toutes choses.
11 Ô Corinthiens ! notre bouche s’est ouverte pour vous, notre cœur s’est élargi.
12 Vous n’êtes point à l’étroit au dedans de nous ; mais vos entrailles se sont rétrécies pour nous.
13 Or, pour nous rendre la pareille (je vous parle comme à mes enfants), élargissez aussi votre cœur.
14 Ne vous unissez point avec les infidèles ; car qu’y a-t-il de commun entre la justice et l’iniquité ? et quelle union y a-t-il entre la lumière et les ténèbres ?
15 Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou qu’est-ce que le fidèle a de commun avec l’infidèle ?
16 Et quel rapport y a-t-il du temple de Dieu avec les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
17 C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et vous en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez point à ce qui est impur, et je vous recevrai ;
18 je serai votre père, et vous serez mes fils et mes filles, dit le Seigneur tout-puissant.
REFLEXIONS
Nous trouvons dans ce chapitre une description remarquable des vertus qui doivent se rencontrer dans les ministres de l’Évangile.
I. St. Paul leur apprend, par son exemple, à s’acquitter fidèlement de leur charge, à se conduire d’une manière qu’ils ne donnent aucun scandale et que leur ministère ne soit pas déshonoré et à se rendre recommandables par la pureté de leur vie, par une profession franche et ouverte de la vérité, par une charité parfaite, par la douceur, par l’humilité et par la patience dans les afflictions. Ce sont là les vertus qui font la gloire des ministres du Seigneur et qui donnent une grande efficace à l’Évangile qu’ils annoncent.
II. On voit ici en second lieu que, si les pasteurs doivent être entièrement dévoués à l’église et animés d’un amour tendre pour leurs troupeaux, les troupeaux doivent leur rendre la pareille et les aimer aussi tendrement au Seigneur.
III. Comme St. Paul défendait aux Corinthiens de se mêler avec les idolâtres, il n’est pas permis non plus aux chrétiens de s’unir avec les hommes charnels et de joindre à la profession de l’Évangile une vie mondaine. Il n’y peut avoir à cet égard aucun accord de la justice avec l’iniquité, ni de la lumière avec les ténèbres. Ainsi, nous devons fuir le commerce des mondains, nous séparer d’eux afin de ne point participer à leurs péchés et travailler à nous purifier de toutes souillures du corps et de l’esprit et à achever notre sanctification dans la crainte de Dieu. C’est à quoi nous engage la considération des grandes et excellentes promesses que le Seigneur nous a faites d’être notre Dieu et notre Père et de nous regarder comme son peuple, ses enfants et ses héritiers.
St. Paul exhorte les Corinthiens à avoir pour lui la même affection dont il était rempli pour eux. Il leur marque combien il avait été réjoui d’apprendre par Tite l’effet que l’épître qu’il leur avait écrite avait produit sur eux par rapport à l’incestueux qu’il y avait dans leur église, ce qui lui donne l’occasion de parler de la nature et des effets de la vraie repentance.
1 Ayant donc, mes bien-aimés, de telles promesses, nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu.
2 Recevez-nous, nous n’avons fait tort à personne ; nous n’avons corrompu personne ; nous n’avons trompé personne.
3 Je ne dis pas ceci pour vous condamner ; car j’ai dit ci-devant que vous êtes dans nos cœurs, pour mourir et pour vivre ensemble.
4 Je vous parle avec beaucoup de confiance ; j’ai tout sujet de me glorifier de vous ; je suis rempli de consolation ; je suis comblé de joie dans toutes nos afflictions.
5 Car, depuis que nous sommes arrivés en Macédoine, nous n’avons eu aucun repos, mais nous avons été affligés en toutes manières, ayant eu des combats au dehors, et des craintes au dedans.
6 Mais Dieu, qui console ceux qui sont abattus, nous a consolés par l’arrivée de Tite ;
7 et non-seulement par son arrivée, mais aussi par la consolation qu’il a reçue de vous, nous ayant raconté votre grand désir, vos larmes, votre zèle pour moi ; en sorte que ma joie en a été augmentée.
8 Car quoique je vous aie contristés par ma lettre, je ne m’en repens plus, bien que je m’en fusse d’abord repenti, parce que je vois que cette lettre ne vous a donné de la tristesse que pour un peu de temps.
9 Présentement je me réjouis, non de ce que vous avez été contristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la repentance ; car vous avez été contristés selon Dieu, en sorte que vous n’avez reçu de notre part aucun préjudice.
10 Car la tristesse qui est selon Dieu produit une repentance qui conduit au salut, et dont on ne se repent jamais ; au lieu que la tristesse du monde produit la mort.
11 En effet, cette tristesse que vous avez eue selon Dieu, quel empressement n’a-t-elle pas produit en vous ? Quelles excuses, quelle indignation, quelle crainte, quel désir, quel zèle, quelle punition ? Vous avez montré à tous égards que vous étiez purs dans cette affaire.
12 Ainsi, quand je vous ai écrit, ce n’a pas été seulement à cause de celui qui a fait l’injure, ni à cause de celui à qui elle a été faite, mais pour vous faire connaître à tous le soin que nous prenons de vous devant Dieu.
13 C’est pourquoi votre consolation nous a consolés ; mais nous avons eu encore plus de joie de celle que vous avez donnée à Tite, en réjouissant son esprit ;
14 et si je me suis glorifié de vous devant lui en quelque chose, je n’en ai point eu de confusion ; mais comme nous avons toujours parlé selon la vérité, aussi ce que nous avons dit à Tite, en nous glorifiant de vous, s’est trouvé véritable.
15 Aussi quand il se souvient de l’obéissance que vous lui avez tous rendue, et comment vous l’avez reçu avec crainte et respect, son affection pour vous en devient plus grande.
16 Je me réjouis donc de ce qu’en toutes choses je puis me confier en vous.
REFLEXIONS
Il faut faire sur ce chapitre les considérations suivantes :
I. La première, qu’il doit y avoir entre les pasteurs et les troupeaux une grande affection et une tendresse réciproque telle qu’était celle que St. Paul avait pour les Corinthiens et qu’il souhaitait qu’ils eussent aussi pour lui.
II La manière dont les Corinthiens avaient reçu Tite et l’effet que les censures de Saint Paul avaient produites sur eux nous enseignent que les églises doivent recevoir avec amour et avec confiance les fidèles ministres du Seigneur et se soumettre à leurs corrections et à leurs remontrances.
III. La grande joie dont Saint Paul fut rempli lorsque Tite l’eut informé de l’heureux état de l’église de Corinthe montre que la plus douce satisfaction que les pasteurs puissent goûter est de voir le fruit de leur ministère et les marques de l’affection de leurs troupeaux. IV. Enfin, ce chapitre nous instruit sur la nature de la vraie repentance. St. Paul dit qu’il y a une tristesse selon le monde, c’est celle qui ne nait que de l’amour du monde et les considérations temporelles et qui n’est suivie d’aucun changement salutaire, cette tristesse ne produit que la mort, au lieu que la tristesse selon Dieu est suivie d’une paix et d’une consolation très douce et qu’elle produit des effets tout à fait avantageux, puisqu’elle remplit ceux qui en sont touchés d’une vive douleur et d’une juste indignation contre eux-mêmes, qu’elle leur inspire de la crainte et du zèle et qu’elle les porte à réparer par tous les moyens possibles le mal qu’ils ont faits.
L’Apôtre informe les Corinthiens de la libéralité que les églises de Macédoine avaient exercée dans une collecte qu’on faisait en faveur des églises de la Judée. Il les exhorte à imiter cet exemple et à achever cette collecte qui avait commencé l’année précédente et il leur dit qu’il leur envoyait pour cela Tite et une autre personne qui était apparemment Saint Luc.
1 Au reste, mes frères, nous voulons que vous sachiez la grâce que Dieu a faite aux Eglises de Macédoine ;
2 C’est qu’ayant été éprouvés par plusieurs afflictions, ils ont été remplis de joie, et que dans leur profonde pauvreté, ils ont répandu avec abondance les richesses de leur libéralité.
3 Car je leur rends ce témoignage, qu’ils ont donné volontairement, selon leur pouvoir, et même au-delà de leur pouvoir,
4 Nous priant très instamment de recevoir les aumônes et la contribution qu’ils avaient faites pour les saints.
5 Et ils n’ont pas seulement fait ce que nous avions espéré d’eux, mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, et ensuite à nous, selon la volonté de Dieu ;
6 ce qui nous a fait prier Tite, que comme il avait commencé parmi vous cette œuvre de charité, il allât l’achever.
7 C’est pourquoi, comme vous abondez en toutes choses, dans la foi, dans la parole, dans la connaissance, en toutes sortes de soins, et dans l’amour que vous avez pour nous, faites-en sorte que vous abondiez aussi dans cette œuvre de charité.
8 Je ne le dis point par commandement, mais je le dis pour éprouver par l’empressement des autres la sincérité de votre charité.
9 Car vous savez quelle a été la charité de notre Seigneur Jésus-Christ qui, étant riche, s’est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches.
10 C’est donc un conseil que je vous donne sur cette affaire, car cela vous convient, à vous qui non-seulement avez commencé de le faire, mais qui en aviez eu le dessein dès l’année précédente.
11 Achevez donc maintenant ce que vous avez commencé, afin que comme la promptitude de la bonne volonté y a été, vous l’exécutiez aussi selon vos moyens.
12 Car, pourvu que la promptitude de la bonne volonté y soit, on est agréable à Dieu, selon ce qu’on a, et non selon ce qu’on n’a pas.
13 Je ne veux pas que pour soulager les autres, vous soyez surchargés ; mais je veux qu’il y ait de l’égalité.
14 Que votre abondance supplée donc présentement à leur indigence, afin que leur abondance supplée aussi à votre indigence, et qu’ainsi il y ait de l’égalité,
15 selon qu’il est écrit : Celui qui avait recueilli beaucoup de manne, n’en profitait pas davantage, et celui qui en avait recueilli peu, n’en manquait pas.
16 Je rends grâces à Dieu de ce qu’il a mis la même affection pour vous dans le cœur de Tite ;
17 de ce qu’il a reçu agréablement mon exhortation, et de ce qu’il est parti, avec un plus grand empressement et de son bon gré, pour aller vous voir.
18 Nous avons aussi envoyé avec lui ce frère qui s’est rendu célèbre dans toutes les Eglises par l’Evangile ;
19 et non-seulement cela ; mais il a été choisi, par les suffrages des Eglises, pour nous accompagner dans le voyage, et pour porter les aumônes que nous administrons à la gloire du Seigneur même, et afin de répondre à l’ardeur de votre zèle.
20 Nous l’avons fait, pour n’être point blâmés dans l’administration qui nous est confiée de ces aumônes abondantes ;
21 ayant soin de faire ce qui est bon, non-seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes.
22 Nous avons aussi envoyé avec eux un de nos frères, dont nous avons éprouvé l’affection en plusieurs rencontres, et qui en aura encore plus en celle-ci, à cause de la grande confiance qu’il a en vous.
23 Pour ce qui est de Tite, il est mon compagnon, et il travaille avec moi pour vous ; et à l’égard de nos autres frères qui l’accompagnent, ils sont les envoyés des Eglises, et la gloire de Christ.
24 Donnez-leur donc, en présence des Eglises, des preuves de votre charité, et faites voir que c’est avec sujet que nous nous glorifions de vous.
REFLEXIONS
Ce chapitre contient diverses instructions sur l’aumône.
I. La première est que les chrétiens sont obligés d’exercer la charité toutes les fois que l’occasion s’en présente et qu’ils peuvent le faire, surtout quand il s’agit d’assister leurs frères. St. Paul dit sur ce sujet que les personnes qui se sont données elles-mêmes à Dieu et qui ont bien connu et bien senti la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ s’acquittent toujours avec plaisir de ce devoir.
II. L’exemple de la grande charité et du zèle des églises de Macédoine que St. Paul propose aux Corinthiens fait voir que ceux qui exercent la charité font un très grand bien, puisqu’ils ne soulagent pas seulement les nécessiteux, mais qu’outre cela ils sont en bon exemple à toute l’église et qu’ils incitent les autres à les imiter.
III. La troisième instruction est que, dans les œuvres de la charité, Dieu a surtout égard à la promptitude et à la bonne volonté avec laquelle on donne.
IV. La quatrième que la charité doit être faite dans une juste proportion, en sorte que chacun contribue selon son pouvoir et que les uns ne soient pas plus chargés que les autres. Il paraît aussi de ce que St. Paul dit sur ce sujet qu’il est juste que ceux qui ont été assistés assistent les autres à leur tour.
V. Enfin, les grandes précautions que St. Paul apportait dans la distribution des collectes pour que personne ne pût le blâmer et le soin qu’il avait de les faire remettre à des gens fidèles et approuvées montrent qu’il faut administrer la charité avec une grande intégrité et beaucoup de prudence et que ceux qui ont les aumônes des fidèles entre les mains doivent les dispenser d’une manière qu’ils ne donnent lieu à aucun reproche, ni même, s’il se peut, à aucun soupçon.
St. Paul continue à exhorter les Corinthiens à assister les églises de la Judée et à le faire libéralement et volontairement. Et pour les engager à ce devoir, il leur propose la bénédiction que les personnes charitables ont à attendre de Dieu et les bons effets que l’exercice de la charité produit pour la gloire de Dieu et pour l’édification de l’église.
1 Il serait superflu de vous écrire plus au long, au sujet de l’assistance qu’on destine aux saints.
2 Car je sais quelle est la promptitude de votre affection ; ce qui me donne sujet de me louer de vous auprès des Macédoniens, à qui j’ai dit que l’Achaïe est toute prête dès l’année passée ; en sorte que votre zèle a excité celui de plusieurs.
3 Cependant, je vous ai envoyé nos frères, afin qu’il paraisse que ce n’est pas sans sujet que je me suis glorifié de vous à cet égard, et que vous soyez prêts, comme j’ai dit que vous l’étiez ;
4 de peur que, si les Macédoniens qui viendront avec moi ne vous trouvaient pas prêts, cela ne tournât à notre confusion, pour ne pas dire à la vôtre, après nous être loués de vous avec tant de confiance.
5 C’est pourquoi j’ai cru qu’il était nécessaire de prier nos frères de vous aller trouver avant moi, et d’achever de préparer la libéralité que vous avez promise, afin qu’elle soit prête comme une libéralité, et non comme un fruit de l’avarice.
6 Au reste, je vous avertis que celui qui sème peu moissonnera peu, et que celui qui sème abondamment moissonnera abondamment.
7 Que chacun donne selon qu’il l’a résolu en son cœur, non à regret, ni par contrainte ; car Dieu aime celui qui donne gaiement.
8 Et Dieu est tout-puissant pour vous combler de toutes sortes de grâces, afin qu’ayant toujours tout ce qui vous est nécessaire, vous ayez abondamment de quoi faire toutes sortes de bonnes œuvres ;
9 selon qu’il est écrit : Il a répandu, il a donné aux pauvres ; sa justice demeure éternellement.
10 Que celui donc qui fournit la semence au semeur, veuille aussi vous donner du pain pour manger et multiplier ce que vous avez semé, et augmenter les fruits de votre justice ;
11 afin que vous soyez enrichis en toute manière, pour faire toutes sortes de libéralités, et qu’ainsi nous ayons sujet de rendre des actions de grâces à Dieu.
12 Car l’administration de cette offrande ne pourvoira pas seulement aux besoins des saints, mais elle abondera aussi par les actions de grâces que plusieurs rendront à Dieu ;
13 A la vue des preuves de votre assistance envers les Saints, ils glorifieront Dieu, de la soumission que vous faites profession d’avoir pour l’évangile de Christ, et de la libéralité sincère dont vous usez envers eux, et envers tous les autres ;
14 et ils prieront pour vous, vous aimant affectueusement, à cause de l’excellente grâce que Dieu vous a faite.
15 Or, grâces soient rendues à Dieu de son don ineffable.
REFLEXIONS
Ce chapitre traite de l’aumône et de la charité, de même que le précédent et Paul y marque particulièrement trois choses sur ce sujet, savoir la manière dont on doit faire la charité, la récompense des gens charitables et les bons effets que la charité produit.
I. Sur la manière, St. Paul dit que pour plaire à Dieu il faut donner autant qu’on le peut, avec abondance, avec joie et de bon cœur, parce que : Dieu aime celui qui donne gaiement.
II. Les promesses qu’il fait aux Corinthiens ne nous permettent pas de douter que Dieu ne récompense les personnes bienfaisantes et charitables, même par des bénédictions temporelles en multipliant leurs biens, en sorte qu’elles ont toujours, non seulement ce qui leur est nécessaire, mais aussi de quoi assister ceux qui sont dans l’indigence.
III. Nous devons bien considérer les bons effets que la charité produit, elle réjouit les Saints, elle console les affligés et les engage à louer Dieu, elle édifie l’église, elle fait que plusieurs, voyant la libéralité des fidèles, glorifient le Saint nom de Dieu, prient pour les personnes charitables et sont portées à les imiter, ce qui tourne à un plus grand avancement de la religion et de la piété.
Ces considérations doivent inciter fortement tous les chrétiens à la charité et c’est particulièrement à ceux à qui Dieu a donné du bien de profiter de ce que Saint Paul dit dans ce chapitre et dans le précédent.
La vue de St. Paul dans ce chapitre et dans les suivants est de se défendre contre ceux qui tâchaient de diminuer son autorité parmi les Corinthiens et de le rendre méprisable. C’est dans ce dessein qu’il parle premièrement de la puissance spirituelle que Dieu lui avait donnée et de l’usage qu’il en faisait pour l’édification de l’église. Ensuite il dit qu’il n’était point rempli d’orgueil comme ceux qui parlaient mal de lui, qu’il ne prétendait point s’ingérer dans les travaux des autres, ni de s’attribuer la gloire, mais qu’il se contentait de la mesure de la grâce que Dieu lui avait départie et qu’au reste il espérait que, comme il avait annoncé le premier l’Évangile à Corinthe, il irait encore le prêcher dans des lieux plus éloignés où il n’avait pas encore été annoncé.
1 Au reste, je vous prie, moi Paul, par la douceur et par la bonté de Christ, moi, qui parais méprisable quand je suis avec vous, mais qui suis plein de hardiesse envers vous, quand je suis absent.
2 Je vous prie, dis-je, que quand je serai présent, je ne sois pas obligé de me servir avec confiance de cette hardiesse, avec laquelle j’ai dessein d’agir contre certaines personnes qui nous regardent comme si nous nous conduisions selon la chair.
3 Car, quoique nous vivions dans la chair, nous ne combattons point selon la chair.
4 Et les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes par la vertu de Dieu pour renverser les forteresses,
5 et détruire tous les conseils et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et pour amener captives toutes les pensées, et les soumettre à l’obéissance de Christ ;
6 étant prêts à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance aura été accomplie.
7 Regardez-vous les choses selon l’apparence ? Si quelqu’un se persuade qu’il appartient à Christ, qu’il pense aussi en lui-même, que comme il appartient à Christ, nous lui appartenons aussi.
8 Et quand même je me glorifierais de quelque chose de plus, à cause de la puissance que le Seigneur nous a donnée pour l’édification, et non pour votre destruction, je n’en recevrais point de confusion,
9 afin qu’on ne croit pas que je veuille vous intimider par mes lettres.
10 Car ses lettres, dit-on, sont à la vérité graves et fortes ; mais la présence de son corps est faible, et sa parole est méprisable.
11 Que celui qui parle ainsi, considère que tels que nous sommes en paroles, dans nos lettres, étant absents, tels aussi nous sommes par nos actions, étant présents.
12 Car nous n’oserions nous mettre au rang de certaines personnes, qui se louent eux-mêmes, ni nous comparer à eux. Mais ils ne considèrent pas qu’ils se mesurent eux-mêmes par eux-mêmes, et qu’ils se comparent eux-mêmes avec eux-mêmes.
13 Mais, pour nous, nous ne nous glorifions point outre mesure ; mais nous nous glorifions de ce que, selon la mesure du partage que Dieu nous a assigné, nous sommes parvenus jusqu’à vous.
14 Car nous ne nous étendons pas plus que nous ne devons, comme si nous n’étions pas parvenus jusqu’à vous, puisque nous y sommes parvenus en prêchant l’évangile de Christ.
15 Nous ne nous glorifions point outre mesure, c’est-à-dire, dans le travail des autres ; mais nous espérons que votre foi étant augmentée, nous nous étendrons beaucoup plus loin, selon le partage qui nous est assigné,
16 en prêchant l’évangile dans les pays qui sont au-delà du vôtre, sans nous glorifier de ce qui a déjà été fait dans le partage des autres.
17 Que celui donc qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
18 Car ce n’est pas celui qui se recommande soi-même, qui est approuvé, mais c’est celui que le Seigneur recommande.
REFLEXIONS
Le soin que Saint Paul prend de se justifier et de se défendre contre ceux qui le blâmaient et ce qu’il dit de son autorité et de la puissance spirituelle que Dieu lui avait donnée fait voir qu’on peut soutenir son innocence, pourvu qu’on le fasse avec modération et dans de bonnes vues.
Cela montre en particulier que bien que les serviteurs de Dieu doivent être entièrement éloignés de l’orgueil, il leur est pourtant permis et qu’ils y sont même obligés de soutenir l’honneur de leur ministère et de se servir de l’autorité qu’ils ont reçue de Jésus-Christ, conformément à ses intentions, résistant avec fermeté à tous ceux qui veulent empêcher l’édification de l’église et se proposant pour but, non leur propre gloire ou leurs intérêts, mais d’avancer le règne de Dieu, de détruire tout ce qui s’oppose à sa connaissance et d’amener les pensées des hommes à l’obéissance de Jésus-Christ.
Cela nous apprend aussi que les chrétiens doivent avoir leurs pasteurs en révérence et se soumettre à eux puisque leur charge vient aussi de Jésus-Christ et que, quoi qu’ils soient inférieurs aux apôtres, le Seigneur les a établis pour conduire son église.
Enfin, la manière dont Saint Paul parle de lui-même et les réflexions qu’il fait sur l’orgueil de ces docteurs qui lui étaient opposés nous doit faire reconnaître que l’humilité est le caractère des vrais ministres de Jésus-Christ, qu’ils doivent se renfermer dans les bornes de leur vocation et dans les fonctions auxquelles ils sont appelés er que c’est un très grand malheur pour l’église quand les ministres sont animés d’un esprit d’orgueil, de présomption, d’envie et de jalousie et qu’ils causent de la division et du trouble.
St. Paul dit aux corinthiens : I. Que le grand amour qu’il avait pour eux et la crainte qu’ils ne se laissassent séduire par ceux qui travaillaient à l’abaisser le contraignait à leur parler, quoique malgré lui, des avantages dont Dieu l’avait enrichi et de ce qu’il avait fait pour eux. II. Il les fait souvenir qu’il leur avait annoncé l’Évangile sans rien recevoir d’eux afin d’ôter tout prétexte aux faux apôtres qui n’en usaient pas comme lui. III. Il montre qu’il pouvait se glorifier d’être au-dessus de ces faux docteurs qui étaient Juifs et cela par ses grands travaux et par ses souffrances dont il fait un dénombrement très remarquable.
1 Plût à Dieu que vous supportassiez un peu mon imprudence ! mais, je vous prie, supportez-moi.
2 Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai engagés à un seul Époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge chaste.
3 Mais je crains que, comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, vos esprits ne se laissent corrompre, se détournant de la simplicité qui est en Christ.
4 Car s’il venait quelqu’un qui vous prêchât un autre Jésus que celui que nous vous avons prêché, ou un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le souffririez fort bien ;
5 Mais j’estime que je n’ai été en rien inférieur aux plus excellents apôtres.
6 Que si je suis comme un homme du commun à l’égard du langage, je ne le suis pas à l’égard de la connaissance ; mais nous nous sommes fait connaître parmi vous à tous égards et en toutes choses.
7 Ai-je donc mal fait de m’abaisser moi-même, afin que vous fussiez élevés, vous ayant annoncé gratuitement l’évangile de Dieu ?
8 J’ai dépouillé les autres Églises, en recevant d’elles de quoi m’entretenir, pour vous servir.
9 Et lorsque je me suis trouvé dans le besoin parmi vous, je n’ai été à charge à personne ; car les frères qui étaient venus de Macédoine, ont suppléé à ce qui me manquait ; et je me suis gardé de vous être à charge en quoi que ce fût, et je m’en garderai encore.
10 J’atteste la vérité de Christ, laquelle est en moi, que ce sujet que j’ai de me glorifier dans toute l’Achaïe, ne me sera point ôté.
11 Pourquoi ? Est-ce parce que je ne vous aime pas ? Dieu le sait.
12 Mais ce que j’en fais, et que je ferai encore, c’est afin d’ôter tout prétexte à ceux qui ne cherchent que des prétextes, et afin qu’il se trouve qu’ils n’ont aucun avantage sur nous dans les choses dont ils se vantent.
13 Car ces sortes de faux apôtres sont des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres de Christ.
14 Et il ne faut pas s’en étonner, car Satan même se déguise en ange de lumière.
15 Il n’est donc pas surprenant si ses ministres se déguisent aussi en ministres de la justice, mais leur fin sera telle que leurs œuvres.
16 Je le dis encore : Que personne ne me regarde comme un imprudent ; sinon supportez mon imprudence, afin que je me glorifie aussi un peu.
17 Ce que je dis dans cette confiance avec laquelle je me glorifie, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme par imprudence.
18 Puisque plusieurs se glorifient selon la chair, je me glorifierai aussi.
19 Car vous souffrez sans peine les imprudents, parce que vous êtes sages.
20 Même, si quelqu’un vous assujettit, si quelqu’un vous mange, si quelqu’un prend ce qui est à vous, si quelqu’un vous frappe au visage, vous le souffrez.
21 J’ai honte de le dire, on nous regarde comme si nous n’avions aucun pouvoir ; mais de quelque chose que quelqu’un ose se vanter (je parle en imprudent), j’ose aussi m’en vanter.
22 Sont-ils Hébreux ? je le suis aussi. Sont-ils Israélites ? je le suis aussi. Sont-ils de la postérité d’Abraham ? j’en suis aussi.
23 Sont-ils ministres de Christ (je parle en imprudent) ? je le suis plus qu’eux ; j’ai souffert plus de travaux qu’eux, plus de blessures, plus de prisons ; j’ai été plusieurs fois en danger de mort ;
24 j’ai reçu des Juifs cinq fois quarante coups de fouet moins un ;
25 J’ai été battu de verges trois fois ; j’ai été lapidé une fois ; j’ai fait naufrage trois fois ; j’ai passé un jour et une nuit dans le profond de la mer ;
26 j’ai été souvent en voyage ; j’ai été en danger sur les rivières, en danger de la part des voleurs, en danger parmi ceux de ma nation, en danger parmi les Gentils, en danger dans les déserts, en danger sur la mer, en danger parmi les faux frères ;
27 dans les peines, dans les travaux, dans les veilles, dans la faim, dans la soif, dans les jeûnes, dans le froid, dans la nudité.
28 Outre les choses qui me viennent du dehors, je suis comme assiégé tous les jours par les soucis que me donnent toutes les Églises.
29 Quelqu’un est-il affligé, que je n’en sois aussi affligé ? Quelqu’un est-il scandalisé, que je n’en sois aussi comme brûlé ?
30 S’il faut se glorifier, je me glorifierai de ce qui regarde mes afflictions.
31 Dieu qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point.
32 A Damas, celui qui en était gouverneur pour le roi Arétas, faisait faire la garde dans la ville des Damascéniens, voulant se saisir de moi ;
33 mais on me descendit de la muraille par une fenêtre, dans une corbeille, et j’échappai ainsi de ses mains.
REFLEXIONS
Ce qu’on remarque en général dans ce chapitre, c’est que Saint Paul y soutient l’honneur de son apostolat, mais d’une manière extrêmement humble et que, s’il parle avantageusement de soi-même, les adoucissements et les excuses qu’il apporte montrent assez qu’il était contraint d’en user ainsi. De là on doit conclure qu’il faut toujours parler de soi-même avec une grande modestie et qu’en particulier cette humilité et cette modestie conviennent aux ministres de Jésus-Christ, mais qu’ils peuvent pourtant défendre leur innocence et leur ministère lorsque cela est nécessaire pour l’édification publique.
II. La crainte que Saint Paul avait que les Corinthiens ne se laissassent détourner de la pureté et de la simplicité de l’Évangile par de faux docteurs et ce qu’il dit que les ministres de satan se transforment en anges de lumière avertit les chrétiens d’être sur leurs gardes, de bien discerner les doctrines et ceux qui les enseignent et de ne pas se laisser surprendre par de fausses apparences de piété et de zèle.
III. On voit ici que Saint Paul n’avait rien voulu recevoir des Corinthiens quoiqu’il les aimât et qu’il fût aimé d’eux. Il en usa de la sorte pour ne donner aucun prétexte à ceux qui cherchaient à le rendre suspect et pour montrer qu’il ne ressemblait pas aux faux docteurs qui le décriaient et qui étaient dans le fond des mercenaires. Ce caractère de prudence et de désintéressement doit se rencontrer dans tous les pasteurs et c’est ce qui donne un grand poids à leur ministère et à toutes leurs fonctions.
IV. On doit bien considérer le récit que l’Apôtre fait ici de ses grandes souffrances et de tant de dangers et de persécutions par où il avait passé et dont Dieu l’avait tiré. C’est là une belle preuve de son zèle, de sa sincérité et de la vérité de la doctrine qu’il annonçait. Cela montre aussi que les souffrances ne doivent point étonner les chrétiens et surtout les serviteurs de Jésus-Christ.
V. Enfin, St. Paul fait connaître qu’outre les souffrances qu’il endurait en sa personne, il était continuellement en souci pour les églises du Seigneur et qu’il n’arrivait aucun mal à l’église ou à quelqu’un des fidèles qu’il n’en fût affligé et comme brûlé. Tous les vrais pasteurs sont animés du même esprit, les devoirs de leur ministère, le soin des âmes et les divers besoins de leurs troupeaux les occupent et les inquiètent jour et nuit et ils sont sensibles à ce qui regarde l’édification de l’église plus qu’à tout autre chose.
Saint Paul continuant à parler des avantages qui le distinguaient, des autres ministres fait le récit de son ravissement au Ciel, mais il le fait avec beaucoup d’humilité et de modestie. Après cela il dit aux Corinthiens qu’il irait bientôt vers eux et comme il ne leur avait pas été à charge par le passé, il ne serait point encore. Il leur témoigne une extrême tendresse et il déclare qu’il ne leur avait écrit comme il venait de le faire que pour leur édification et afin qu’il ne fût pas obligé de les traiter avec sévérité lorsqu’il irait à Corinthe.
1 Certainement il ne me convient pas de me vanter, car j’en viendrai jusqu’aux visions et aux révélations du Seigneur.
2 Je connais un homme en Christ, qui fut ravi jusqu’au troisième ciel, il y a plus de quatorze ans (si ce fut en corps, je ne sais ; si ce fut sans son corps, je ne sais ; Dieu le sait),
3 et je sais que cet homme (si ce fut en son corps, ou si ce fut sans son corps, je ne sais, Dieu le sait),
4 fut ravi dans le paradis, et y entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas possible à l’homme d’exprimer.
5 Je puis me glorifier d’être cet homme-là ; mais pour ce qui est de moi, je ne me glorifierai que de mes afflictions.
6 Si je voulais me glorifier, je ne serais point imprudent, car je ne dirais que la vérité ; mais je m’en abstiens, afin que personne ne m’estime au-dessus de ce qu’il voit en moi, ou de ce qu’il m’entend dire.
7 Et de peur que je ne m’élevasse trop, à cause de l’excellence de mes révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan, pour me souffleter, et pour m’empêcher de m’élever.
8 Trois fois j’ai prié le Seigneur, que cet ange de Satan se retirât de moi.
9 Mais il m’a dit : Ma grâce te suffit ; car ma force s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc plus volontiers dans mes faiblesses, afin que la force de Christ habite en moi.
10 C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les opprobres, dans les misères, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes pour Christ ; car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.
11 J’ai été imprudent en me vantant ; c’est vous qui m’y avez contraint, car c’était à vous à parler avantageusement de moi, vu que je n’ai été inférieur en rien aux plus excellents apôtres, quoique je ne sois rien.
12 Aussi les preuves de mon apostolat ont-elles éclaté parmi vous par une patience à toute épreuve, par des prodiges, par des merveilles et par des miracles.
13 Car, en quoi avez-vous été inférieurs aux autres Eglises, sinon en ce que je ne vous ai point été à charge ; pardonnez-moi ce tort que je vous ai fait.
14 Voici pour la troisième fois que je suis prêt à vous aller voir ; et je ne vous serai point à charge, car ce n’est pas vos biens que je cherche, c’est vous-mêmes ; aussi n’est-ce pas aux enfants à amasser du bien pour leurs pères ; mais c’est aux pères à en amasser pour leurs enfants.
15 Et pour moi je dépenserai très volontiers pour vous tout ce que j’ai, et je me donnerai encore moi-même pour vos âmes ; quoique, vous aimant avec tant d’affection, je sois moins aimé.
16 On dira peut-être que, si je ne vous ai point été à charge, c’est qu’étant un homme artificieux, j’ai voulu user de finesse pour vous surprendre.
17 Mais ai-je tiré du profit de vous par quelqu’un de ceux que je vous ai envoyés ?
18 J’ai prié Tite d’aller vous voir, et j’ai envoyé un de nos frères avec lui. Tite a-t-il tiré du profit de vous ? N’avons-nous pas agi par le même esprit ? n’avons-nous pas marché sur les mêmes traces ?
19 Pensez-vous que nous voulions encore nous justifier auprès de vous ? Nous parlons devant Dieu en Christ ; et tout cela, mes très chers frères, pour votre édification.
20 Car je crains qu’à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que vous aussi ne me trouviez pas tel que vous voudriez, et qu’il n’y ait parmi vous des contestations, des jalousies, des animosités, des dissensions, des médisances, des rapports, de l’orgueil et des troubles ;
21 et qu’étant retourné vers vous, mon Dieu ne m’humilie, et que je ne sois en pleurs au sujet de plusieurs, qui ayant péché ci-devant, ne se sont point amendés de l’impureté, de la fornication et des impudicités qu’ils ont commises.
REFLEXIONS
Le ravissement de Saint Paul dont il est parlé dans ce chapitre a été un privilège tout à fait glorieux pour cet Apôtre et qui prouve que sa vocation était divine et en même temps qu’il y a une vie et une gloire éternelle réservée dans le Ciel pour les fidèles. La manière dont St. Paul rapporte ce ravissement et les excuses dont il se sert en faisant ce récit montrent qu’il peut nous être permis de parler des grâces que Dieu nous a accordées, mais il ne faut le faire que lorsque cela est nécessaire pour la gloire de Dieu et toujours avec un humble sentiment de notre indignité et nullement pour nous vanter ou pour nous élever.
Cet Apôtre dit que Dieu avait mis une écharde en sa chair, c’est-à-dire en son corps, afin qu’il ne s’élevât pas à cause des révélations qu’il avait eues lorsqu’il fut ravi dans le paradis et qu’un mauvais ange le faisait souffrir par la permission de Dieu. Cela nous montre qu’il est dangereux qu’on ne s’élève quand on a quelque avantage considérable et qu’il est nécessaire que Dieu envoie, même aux plus Saints, des afflictions et des sujets de mortification pour les contenir dans l’humilité. Saint Paul nous apprend qu’il avait prié instamment pour être délivré de cette affliction, mais que le Seigneur ne lui accorda pas sa demande et qu’il dit : Ma grâce te suffit.
Dieu ne manque jamais d’accorder les grâces qui regardent les besoins de l’âme et du salut à ceux qui les lui demandent, mais il n’exauce pas toujours les prières qui tendent à obtenir la délivrance des maux du corps. Alors sa grâce qui donne la force de les endurer doit nous suffire et il ne nous laisse dans la souffrance qu’afin de faire voir d’autant mieux sa vertu dans notre faiblesse.
Enfin, Saint Paul marque ici l’affection tendre et paternelle dont il était animé envers les Corinthiens. Il n’avait en vue que de les édifier, il était prêt à donner sa vie pour eux et il craignait même d’être obligé de traiter avec sévérité ceux qui ne s’étaient pas amendés.
Tels sont les sentiments des fidèles pasteurs, ils aiment tendrement leurs troupeaux, ils se dévouent entièrement à leur édification et c’est toujours un sujet de douleur pour eux de se voir contraints d’employer la rigueur des censures contre ceux qui donnent du scandale et qui sont incorrigibles.
L’Apôtre avertit encore une fois les Corinthiens qu’il irait les voir, qu’il n’épargnerait point ceux qui ne se seraient pas amendés et que, puisque quelques-uns d’entre eux semblaient douter de son autorité, il leur ferait sentir par l’expérience et par les effets que, comme Jésus-Christ quoi qu’il eût été un homme faible régnait par la puissance de Dieu, lui aussi, quoiqu’on le regardât comme un homme infirme et même méprisable, avait pourtant reçu la puissance et l’autorité d’un apôtre de Jésus-Christ. Il les exhorte à s’examiner eux-mêmes et à se corriger et il leur dit qu’il ne souhaitait rien tant que de les trouver dans un bon état afin qu’il ne fût pas contraint d’user de sévérité envers eux, dût-on même révoquer en doute sa qualité d’apôtre. Il finit par une exhortation générale à l’amendement et à la paix et par des vœux.
1 Voici la troisième fois que je suis prêt à vous aller voir. Sur le rapport de deux ou trois témoins toute affaire sera décidée.
2 J’ai déjà dit, et je le dis encore pour la seconde fois, comme si j’étais présent, et maintenant étant absent, je l’écris à ceux qui ont péché ci-devant, et à tous les autres, que si je retourne chez vous, je n’épargnerai personne ;
3 puisque vous cherchez une preuve que Christ parle par moi, lui qui n’est point faible à votre égard, mais qui est puissant au milieu de vous.
4 Car encore qu’il ait été crucifié selon la faiblesse de la chair, toutefois, il est vivant par la puissance de Dieu ; et nous de même, nous sommes aussi faibles comme lui, mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu au milieu de vous.
5 Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes ; ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous ? à moins que, peut-être, vous ne fussiez réprouvés.
6 Mais j’espère que vous reconnaîtrez que pour nous, nous ne sommes point réprouvés.
7 Et je prie Dieu que vous ne fassiez aucun mal ; non pour nous attirer de l’approbation, mais afin que vous fassiez ce qui est bon, dussions-nous être désapprouvés nous-mêmes.
8 Car nous n’avons aucune puissance contre la vérité, nous n’en avons que pour la vérité.
9 Et nous avons de la joie, lorsque nous sommes dans la faiblesse, pourvu que vous soyez forts ; et ce que nous demandons à Dieu, c’est votre parfait affermissement.
10 C’est pourquoi j’écris ces choses étant absent, afin que lorsque je serai présent, je ne sois pas obligé d’user de sévérité, selon la puissance que le Seigneur m’a donnée pour édifier, et non pour détruire.
11 Au reste, mes frères, soyez joyeux ; tendez à la perfection ; consolez-vous ; ayez un même sentiment ; vivez en paix ; et le Dieu de charité et de paix sera avec vous.
12 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Tous les saints vous saluent.
13 La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous. Amen.
REFLEXIONS
On doit remarquer dans ce chapitre le zèle et en même temps la douceur, la charité et l’humilité de St. Paul. Cet Apôtre était résolu à ne pas épargner ceux qui seraient incorrigibles, cependant il souhaitait qu’ils s’amendassent et qu’il ne se vît pas obligé de se servir contre eux de la puissance qu’il avait reçue de Jésus-Christ en qualité d’Apôtre.
À l’imitation de St. Paul, les ministres de Jésus-Christ doivent être animés d’un esprit de charité et d’humilité, se servir autant qu’ils le peuvent de la douceur plutôt que de la rigueur et cependant ne pas épargner les pécheurs endurcis lorsque la nécessité le demande. Il paraît aussi de là qu’il est plus louable et plus agréable à Dieu que les chrétiens fassent leur devoir d’eux-mêmes et volontairement que s’il fallait employer les menaces ou les censures de l’église pour les y engager.
St. Paul conclut cette épître en exhortant les Corinthiens à la joie spirituelle, à l’amendement et à la paix par ces paroles : Au reste mes frères, soyez dans la joie, tendez à la perfection, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.
C’est là l’état auquel tous les chrétiens doivent aspirer et dans lequel ils doivent s’affermir de plus en plus et c’est aussi le moyen d’avoir part à l’amour de Dieu, à sa paix et aux effets de sa miséricorde en Jésus-Christ notre Seigneur.
La seconde épître aux Corinthiens a été écrite de Philippes de Macédoine, et portée par Tite et Luc.
- Détails
- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
Cette épître fut écrite environ l’an 56 de Jésus-Christ. Saint Paul y donne plusieurs instructions tant sur les défauts et sur les désordres qu’il y avait dans l’église de Corinthe et particulièrement sur les divisions qui y régnaient que sur divers articles importants de la religion.
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L’Apôtre commence par des salutations, par des actions de grâce et par des vœux.
Ensuite il reprend les Corinthiens de ce qu’ils étaient divisés entre eux au sujet des ministres qui leur avaient annoncé l’Évangile et de ce qu’ils s’attachaient les uns à Saint Pierre, les autres à Apollos ou à lui-même et il leur fait voir qu’ayant été baptisé au nom de Jésus-Christ et non pas en celui d’aucun des Apôtres, ils ne devaient s’attacher qu’à Jésus-Christ seul.
Et parce que plusieurs s’efforçaient de rendre St. Paul méprisable, cet Apôtre dit que sa prédication n’avait point été accompagnée de la sagesse et de l’éloquence mondaine, mais qu’il avait prêché d’une manière fort simple et conforme à la nature de l’Évangile, qui est la doctrine de la croix, Dieu ayant trouvé à propos dans son infinie sagesse de sauver les hommes par un moyen faible en apparence et qui paraît une folie aux mondains et aux incrédules, savoir par Jésus-Christ crucifié, et d’appeler au salut les personnes qui étaient les moins considérables dans le monde.
1 Paul, appelé par la volonté de Dieu à être apôtre de Jésus-Christ, et Sosthène notre frère :
2 A l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés par Jésus-Christ, qui sont appelés saints, avec tous ceux qui invoquent, en quelque lieu que ce soit, le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est leur Seigneur et le nôtre :
3 Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu, notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !
4 Je rends grâces continuellement à mon Dieu pour vous, à cause de la grâce de Dieu qui vous a été donnée par Jésus-Christ,
5 de ce que vous avez été enrichis par lui en toutes choses, dans la parole et dans la connaissance ;
6 le témoignage de Jésus-Christ ayant été ainsi confirmé parmi vous ;
7 de sorte qu’il ne vous manque aucun don ; en attendant la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ.
8 Dieu vous affermira aussi jusqu’à la fin, pour être irrépréhensibles au jour de notre Seigneur Jésus-Christ.
9 Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ, notre Sauveur, est fidèle.
10 Or, je vous prie, mes frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de tenir tous, le même langage, et qu’il n’y ait point de divisions parmi vous, mais que vous soyez bien unis dans une même pensée, et dans un même sentiment.
11 Car, mes frères, j’ai été informé par ceux de la maison de Chloé, qu’il y a des contestations entre vous.
12 Voici ce que je veux dire ; c’est que parmi vous, l’un dit : Pour moi, je suis disciple de Paul ; l’autre : Et moi, je le suis d’Apollos ; un autre : Et moi, je le suis de Céphas ; et un autre : Et moi, je le suis de Christ.
13 Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou avez-vous été baptisés au nom de Paul ?
14 Je rends grâces à Dieu de ce que je n’ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaïus ;
15 afin que personne ne dise que j’ai baptisé en mon nom.
16 J’ai bien baptisé aussi la famille de Stéphanas ; du reste, je ne sais si j’ai baptisé quelque autre personne.
17 Car ce n’est pas pour baptiser que Jésus-Christ m’a envoyé, mais c’est pour annoncer l’évangile, non avec des discours de la sagesse humaine, de peur que la croix de Christ ne soit rendue inutile.
18 Car la prédication de la croix est une folie à ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance de Dieu.
19 Car il est écrit : J’abolirai la sagesse des sages, et j’anéantirai la science des intelligents.
20 Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le docteur profond de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas fait voir que la sagesse de ce monde n’était qu’une folie ?
21 Car, puisque par cette sagesse le monde n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver par la folie que nous prêchons, ceux qui croiraient.
22 Les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse.
23 Mais pour nous, nous prêchons Christ crucifié, qui est un scandale aux Juifs, et une folie aux Grecs ;
24 mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ;
25 car la folie de Dieu est plus sage que les hommes ; et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.
26 Considérez, mes frères, qui vous êtes, vous que Dieu a appelés ; il n’y a pas parmi vous beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
27 Mais Dieu a choisi les choses folles du monde, pour confondre les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde, pour confondre les fortes ;
28 et Dieu a choisi les choses vils du monde, et les plus méprisées, même celles qui ne sont point, pour anéantir celles qui sont ;
29 afin que personne ne se glorifie devant lui.
30 Or, c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, qui nous a été fait de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ;
31 Afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
REFLEXIONS
Ce que St. Paul dit à l’entrée de cette épître et les vœux qu’il fait pour les Corinthiens nous enseignent que la perfection des chrétiens consiste à être enrichis de toutes sortes de dons spirituels, tellement qu’ils soient trouvés irrépréhensibles à la venue de Jésus-Christ. C’est à quoi ils doivent tous travailler et ce qu’ils doivent aussi se souhaiter les uns aux autres.
II. Les censures que Saint Paul adresse aux Corinthiens sur les partis qui régnaient parmi eux nous montrent qu’il n’y a rien qui nuise plus à l’église que les divisions et les schismes, surtout ceux qui se forment pour des sujets qui concernent la religion, que les chrétiens ne doivent jamais se dire les disciples et les sectateurs d’aucun homme ou docteur quel qu’il soit et que les ministres de l’Évangile, bien loin de donner lieu à ces divisions et de les entretenir, doivent, à l’exemple de Saint Paul, les empêcher de tout leur pouvoir et être toujours animés d’un esprit de paix et d’humilité, cherchant uniquement la gloire de leur maître et l’édification de l’église qui ne s’avance que par l’union et la concorde.
III. Il paraît de ce chapitre que le but de la prédication des ministres de l’Évangile étant d’annoncer Jésus-Christ crucifié, ils doivent prêcher et enseigner avec une grande simplicité sans rechercher la sagesse et l’éloquence du siècle qui ne sont que folie devant Dieu.
IV. On voit ici que ceux que Dieu avait appelés en ce temps-là à la profession de l’Évangile n’avaient rien qui les distinguât dans le monde et que ce fût cependant par leur moyen que Dieu établît son règne d’une manière glorieuse. Cela doit nous apprendre à ne pas estimer les richesses, la noblesse, la puissance et ces autres avantages temporels qui ne donnent aucun droit à la grâce de Dieu et qui sont souvent un obstacle à la foi.
Enfin, puisque la doctrine de l’Évangile et en particulier la croix de Jésus-Christ est le moyen que Dieu a choisi par un effet de sa sagesse et de sa bonté pour sauver les hommes, nous devons nous attacher uniquement à Jésus-Christ qui nous a été donné de Dieu pour nous communiquer la sagesse, la justice et la sainteté et pour nous conduire au salut et à la vie éternelle.
Ce chapitre a trois parties. Saint Paul dit : I. Qu’il avait prêché l’Évangile à Corinthe avec beaucoup de simplicité. II. Que cependant, quoi que sa doctrine fût simple, elle ne laissait pas d’être sublime et d’une origine céleste et divine. III. Il conclut de là que cette doctrine, étant spirituelle et céleste, elle devait être annoncée d’une manière simple et que s’il y avait des gens qui la rejetaient, cela venait de ce que c’était des hommes charnels et attachés aux choses de la terre.
1 Pour moi, mes frères, quand je suis venu parmi vous, je n’y suis point venu pour vous annoncer le témoignage de Dieu avec des discours éloquents, ou avec une sagesse humaine.
2 Car je n’ai pas jugé que je dusse savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.
3 J’ai été moi-même parmi vous dans la faiblesse, dans la crainte, et dans un grand tremblement.
4 Et ma parole et ma prédication n’a point consisté dans des discours pathétiques de la sagesse humaine ; mais dans une démonstration d’esprit et de puissance ;
5 afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.
6 Or, nous prêchons la sagesse entre les parfaits, une sagesse, dis-je, non de ce monde, ni des princes de ce monde, qui vont être anéantis ;
7 mais nous prêchons la sagesse de Dieu, qui était un mystère, c’est-à-dire une chose cachée, que Dieu avait destinée avant les siècles, pour notre gloire,
8 et qu’aucun des princes de ce monde n’a connue ; car s’ils l’eussent connue, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire.
9 Mais, comme il est écrit : Ce sont des choses que l’œil n’avait point vues, que l’oreille n’avait point entendues, et qui n’étaient point venues dans l’esprit de l’homme, et que Dieu avait préparées à ceux qui l’aiment.
10 Mais Dieu nous les a révélées par son Esprit ; car l’Esprit sonde toutes choses, même ce qu’il y a de plus profond en Dieu.
11 Car, qui est-ce qui connaît ce qui est en l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme, qui est en lui ? De même aussi, personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu.
12 Or, nous n’avons pas reçu l’esprit de ce monde ; mais nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu ;
13 lesquelles aussi nous annonçons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne le Saint-Esprit, accommodant les choses spirituelles à ceux qui sont spirituels.
14 Or, l’homme animal ne comprend point les choses qui sont de l’Esprit de Dieu ; car elles lui paraissent une folie ; et il ne les peut entendre, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.
15 Mais l’homme spirituel juge de toutes choses, et personne ne peut juger de lui.
16 Car qui a connu la pensée du Seigneur, pour le pouvoir instruire ? Mais nous avons connu la pensée de Christ.
REFLEXIONS
Les ministres de Jésus-Christ et tous les chrétiens doivent apprendre de ce chapitre :
I. Que la vaine éloquence et la fausse sagesse des gens du monde ne doivent point être mêlées avec la prédication de l’Évangile.
II. Que la doctrine de l’Évangile, quoique fort simple, est la plus sublime et la plus parfaite qui ait jamais été annoncée, qu’elle est infiniment élevée au-dessus de tout ce que les hommes les plus éclairés auraient jamais pu découvrir puisqu’elle enseigne des choses qu’aucun œil n’avait jamais vues, qu’aucune oreille n’avait jamais ouïes et qui n’étaient jamais venues dans l’esprit d’aucun homme, mais qui nous ont été révélées par l’esprit de Dieu. Il suit de là que la révélation divine était absolument nécessaire pour le salut et que ce n’est que par elle que nous pouvons y parvenir et qu’ainsi nous devons estimer la doctrine de l’Évangile par-dessus toute chose. L’Apôtre veut aussi faire voir par-là que ceux qui annoncent cette doctrine ne doivent jamais se départir de la simplicité chrétienne et que l’Évangile n’a pas besoin de l’éloquence du siècle pour se soutenir.
III. St. Paul nous donne une instruction très importante lorsqu’il dit que l’homme animal ne reçoit point les choses qui sont de l’esprit de Dieu et qu’elles lui paraissent même une folie.
Cela nous apprend que s’il y a des gens qui ne comprennent et ne goûtent point la doctrine de Jésus-Christ, cela vient de ce que ce sont des hommes charnels, remplis de préjugés et attachés à la terre. Cette doctrine étant toute spirituelle, elle ne peut être reçue que par des hommes spirituels et pour en sentir l’efficace, il faut être dégagé de l’amour du monde et se laisser conduire par l’esprit de Dieu.
Saint Paul fait quatre choses dans ce chapitre : I. Il dit qu’il n’avait enseigné aux Corinthiens que les premiers fondements du christianisme à cause de l’état de faiblesse où ils étaient et il leur reproche d’être encore dans cet état-là vu les divisions qu’il y avait parmi eux à l’occasion des ministres qui leur avaient prêché l’Évangile. II. Pour faire cesser ces divisions, il dit que les ministres ne sont que des instruments en la main de Dieu pour le salut des hommes et que tout le fruit de leur ministère vient de Dieu seul. III. Il ajoute dans le même but qu’il avait posé le fondement comme un sage architecte, c’est-à-dire qu’il avait le premier annoncé l’Évangile aux Corinthiens et que ceux qui l’annonçaient après lui devaient prendre garde à ne prêcher que des doctrines véritables et utiles, qu’il appelle de l’or, de l’argent et des pierres précieuses et non des doctrines incertaines et inutiles, lesquelles il compare à du bois, à du foin ou à du chaume et il dit que ceux qui annonçaient ces doctrines inutiles perdraient le fruit de leur travail, que cependant s’ils avaient conservé le fondement de la doctrine chrétienne, ils seraient sauvés par une grâce particulière comme en passant par le feu. Enfin, Saint Paul déclare que l’église, étant le temple de Dieu et sa maison, Dieu détruira ceux qui empêchent l’édification de l’église en enseignant des doctrines dangereuses, en y excitant des divisions ou en quelque autre manière et que les Corinthiens ne devaient mettre leur gloire qu’en Dieu seul et non dans ceux qui leur annonçaient l’Évangile puisque les apôtres et les autres ministres n’étaient établis que pour leur utilité et pour la gloire de Dieu.
1 Pour moi, mes frères, je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais je vous ai parlé comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ.
2 Je vous ai donné du lait à boire, et je ne vous ai point donné de la viande, car vous n’étiez pas en état de la supporter ; et même présentement, vous ne le pouvez pas encore, parce que vous êtes encore charnels.
3 Car, puisqu’il y a parmi vous de l’envie, des dissensions et des partis, n’êtes-vous pas charnels, et ne vous conduisez-vous pas à la manière des hommes ?
4 Car quand l’un dit : Pour moi, je suis disciple de Paul ; et l’autre : Pour moi, je le suis d’Apollos ; n’êtes-vous pas charnels ?
5 Qu’est donc Paul, et qu’est Apollos, sinon des ministres par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun d’eux ?
6 J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a donné l’accroissement.
7 C’est pourquoi celui qui plante n’est rien, ni celui qui arrose ; mais c’est Dieu Seul est tout, lui qui donne l’accroissement.
8 Mais celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail.
9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu ; vous êtes le champ que Dieu cultive, l’édifice de Dieu.
10 J’ai posé le fondement, comme fait un sage architecte, selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, et un autre bâtit dessus ; mais que chacun prenne garde comme il bâtit dessus.
11 Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été posé, qui est Jésus-Christ.
12 Que si quelqu’un bâtit sur ce fondement, de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, ou du bois, du foin, du chaume ;
13 l’ouvrage de chacun sera manifesté, car le jour le fera connaître, parce qu’il sera découvert par le feu, et le feu éprouvera l’ouvrage de chacun.
14 Si l’ouvrage de quelqu’un, qui aura bâti sur le fondement, subsiste, il en recevra la récompense.
15 Si l’ouvrage de quelqu’un brûle, il perdra le fruit de son travail ; mais pour lui, il échappera, toutefois comme au travers du feu.
16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?
17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint ; et vous êtes ce temple.
18 Que personne ne s’abuse soi-même. Si quelqu’un d’entre vous pense être sage en ce monde, qu’il devienne fou, pour devenir sage ;
19 car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu ; aussi est-il écrit : C’est lui qui surprend les sages dans leurs finesses.
20 Et ailleurs : Le Seigneur connaît que les pensées des sages ne sont que vanité.
21 Que personne donc ne mette sa gloire dans les hommes, car toutes choses sont à vous ;
22 soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir ; toutes choses sont à vous, et vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu.
REFLEXIONS
Les quatre parties de ce chapitre nous donnent ces quatre instructions :
I. Que les ministres de Jésus-Christ doivent proposer la doctrine chrétienne avec prudence et accommoder leurs instructions à la portée de ceux qu’ils enseignent.
II. Ce que Saint Paul dit : qu’il avait planté, qu’Apollos avait arrosé, mais que Dieu avait donné l’accroissement marque d’un côté que le ministère des pasteurs est très nécessaire et que c’est un moyen que Dieu a trouvé à propos d’employer pour l’édification de l’église et de l’autre que l’efficace de leur prédication doit être attribuée à Dieu seul.
III. La troisième instruction est qu’il est d’une grande importance que l’on retienne dans l’église le fondement d’une bonne et sainte doctrine et qu’outre cela on n’y annonce que des doctrines utiles et édifiantes et qu’ainsi les ministres doivent bien prendre garde qu’il ne leur arrive jamais de mêler avec les vérités essentielles de la religion des choses vaines, incertaines ou peu utiles, de peur de perdre en cela le fruit de leur travail et de retarder l’édification. Ce que Saint Paul représentait aux Corinthiens en leur disant : qu’ils étaient le temple de Dieu et que si quelqu’un détruisait ce temple, Dieu le détruirait doit faire reconnaître à tous les chrétiens et surtout à ceux qui ont charge dans l’église avec combien de soin ils doivent en procurer l’édification et éviter tout ce qui pourrait y causer du scandale et du trouble.
IV. Enfin, l’Apôtre nous montre qu’au lieu de prendre occasion du ministère de l’Évangile de se diviser, les fidèles doivent rapporter cette sainte charge, de même que les autres avantages spirituels dont ils jouissent et généralement toutes choses à la gloire de Dieu et à leur salut et que c’est là le grand but qu’ils doivent toujours se proposer.
Le dessein de Saint Paul est de remédier aux dissensions qu’il y avait dans l’église de Corinthe à l’occasion des ministres qui y avaient prêché l’Évangile de Jésus-Christ. Dans cette vue, il fait trois choses : I. Il dit que les Corinthiens devaient avoir des sentiments de respect pour les ministres du Seigneur, mais que ce n’étaient point à eux de préférer certains ministres à d’autres, que quoiqu’il exerçât sa charge en bonne conscience, il ne s’estimait pas plus que ses collègues, que tout ce que les ministres ont de dons vient de Dieu et que c’est à Dieu seul et non à aucun homme de juger de leur fidélité. II. Et comme les persécutions auxquelles l’apôtre était exposé, encore plus que les autres ministres de l’Évangile, donnaient occasion à plusieurs de le mépriser, il parle des maux qu’il endurait et il témoigne qu’il les souffrait avec patience et même qu’il en faisait gloire. Par où il veut engager les Corinthiens à avoir pour lui les sentiments qu’ils devaient et à l’imiter dans sa patience, dans sa douceur et dans son humilité. III. Il les avertit qu’il irait bientôt les voir et il les menace de se servir de la puissance que Dieu lui avait donnée pour faire cesser les désordres qu’il y avait dans leur église et pour châtier ceux qui en étaient les auteurs.
1 Que chacun donc nous regarde comme des serviteurs de Jésus-Christ et des dispensateurs des mystères de Dieu.
2 Mais au reste, ce qu’on demande dans les dispensateurs, c’est que chacun d’eux soit trouvé fidèle.
3 Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ou par aucun jugement d’homme ; et je ne me juge point aussi moi-même.
4 Car je ne me sens coupable de rien ; mais pour cela, je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge, c’est le Seigneur.
5 C’est pourquoi ne jugez point avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui mettra en évidence les choses cachées dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs ; et alors Dieu donnera à chacun sa louange.
6 Or, mes frères, j’ai tourné ce que je viens de vous dire, sur moi et sur Apollos, à cause de vous, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas penser autrement que ce que je viens de vous écrire ; de peur que vous ne vous enfliez l’un contre l’autre.
7 Car de qui vient la différence entre toi et un autre ? Et qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifies-tu, comme si tu ne l’avais point reçu ?
8 Vous êtes déjà rassasiés, vous êtes déjà enrichis, vous êtes devenus rois sans nous ; et plût à Dieu que vous régnassiez, afin que nous régnassions aussi avec vous !
9 Car je pense que Dieu nous a exposés, nous qui sommes les derniers des apôtres, comme des gens dévoués à la mort, nous faisant servir de spectacle au monde, aux anges et aux hommes.
10 Nous sommes fous à cause de Christ, mais vous êtes sages en Christ ; nous sommes faibles, et vous êtes forts ; vous êtes dans l’honneur, et nous sommes dans le mépris.
11 Jusqu’à présent nous souffrons la faim et la soif, et nous sommes nus ; on nous frappe au visage, et nous sommes errants de tous côtés ;
12 nous nous fatiguons en travaillant de nos propres mains ; on dit du mal de nous, et nous bénissons ; nous sommes persécutés, et nous le souffrons ;
13 on nous dit des injures, et nous prions ; nous sommes jusqu’à présent comme les balayures du monde, et comme le rebut de toute la terre.
14 Je n’écris point ces choses pour vous faire honte ; mais je vous avertis comme mes chers enfants.
15 Car, quand vous auriez dix mille maîtres en Jésus-Christ, néanmoins, vous n’avez pas plusieurs pères ; car c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ, par l’évangile.
16 Je vous prie donc d’être mes imitateurs.
17 C’est pour cela que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon fils bien-aimé, et fidèle en notre Seigneur ; il vous fera ressouvenir de mes voies en Christ, et de quelle manière j’enseigne partout dans toutes les églises.
18 Or, quelques-uns se sont enflés, comme si je ne devais plus vous aller voir.
19 Mais j’irai bientôt vous voir, si le Seigneur le veut, et je connaîtrai, non quelle est la parole, mais quelle est la vertu de ceux qui sont enflés.
20 Car le règne de Dieu consiste, non en paroles, mais en vertu.
21 Lequel aimez-vous mieux, que j’aille à vous avec la verge, ou avec charité, et dans un esprit de douceur ?
REFLEXIONS
I. On voit ici en premier lieu quels sentiments il faut avoir des vrais ministres de Jésus-Christ. On doit les estimer et les avoir en révérence sans pourtant leur attribuer ce qui n’appartient qu’à Dieu et sans s’attacher aux uns pour mépriser les autres.
II. La manière dont Saint Paul parle des jugements différents qu’on pouvait faire de lui nous apprend qu’à la vérité il ne doit pas nous être indifférent qu’on juge bien ou mal de nous, mais que cependant nous ne devons pas nous arrêter au jugement des hommes, que c’est à Dieu seul à juger de notre fidélité et que ce sera lui qui mettra en évidence les choses cachées et les pensées des cœurs et qui rendra à chacun la louange qui lui est due.
III. L’Apôtre nous enseigne que tout ce que nous avons de dons et d’avantages vient de Dieu, que nous n’en possédons aucun que nous n’ayons reçu de lui et qu’ainsi au lieu de nous en glorifier, la gloire est due à Dieu seul.
IV. On voit dans la description que Saint Paul fait de ses souffrances que les vrais chrétiens et principalement les fidèles serviteurs de Dieu peuvent être exposés à toutes sortes de misères et d’opprobres. Mais l’exemple de cet Apôtre montre que ceux qui sont ainsi affligés, bien loin de se croire malheureux dans cet état et de se laisser aller à l’impatience et à des désirs de vengeance, doivent souffrir tous ces maux avec résignation et même avec joie pour l’édification de l’église, prier pour ceux qui leur font du mal et se mettre du reste peu en peine de la haine et du mépris du monde, pourvu qu’ils aient l’approbation de Dieu et de leur conscience.
Les derniers versets de ce chapitre font voir que Saint Paul aimait tendrement les Corinthiens, que ce n’était qu’à regret qu’il les menaçait de les châtier et qu’il n’avait en vue que leur édification. C’est aussi là l’esprit dont tous les vrais ministres du Seigneur sont animés.
Saint Paul censure les Corinthiens de ce qu’ils souffraient parmi eux un homme coupable d’inceste et il le livre à satan, c’est-à-dire à être affligé en son corps par satan, ce qui était une punition extraordinaire que les apôtres avaient le pouvoir d’infliger. Il leur représente par la similitude du levain qu’il est très dangereux de souffrir dans l’église ceux qui vivent d’une manière scandaleuse puisqu’ils infectent et qu’ils corrompent les autres. Enfin, il ordonne aux Corinthiens de retrancher du milieu d’eux par l’excommunication les impurs et tous ceux qui vivaient dans le dérèglement et de ne pas les regarder comme frères et comme membre de l’église.
1 On entend dire de toutes parts qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et une telle impudicité, que même parmi les Gentils on n’entend parler de rien de semblable ; c’est que quelqu’un d’entre vous entretient la femme de son père.
2 Et vous êtes enflés d’orgueil, et vous n’avez pas, au contraire, été dans l’affliction, afin que celui qui a commis cette action, fût retranché du milieu de vous ?
3 Pour moi, étant absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, de livrer celui qui a commis une telle action ;
4 (vous et mon esprit étant assemblés au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, avec la puissance de notre Seigneur Jésus-Christ),
5 de livrer, dis-je, un tel homme à Satan, pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus.
6 Vous n’avez pas sujet de vous glorifier. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ?
7 Otez donc le vieux levain, afin que vous deveniez une nouvelle pâte, comme vous devez être sans levain ; car Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous.
8 C’est pourquoi, célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la méchanceté ; mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.
9 Je vous ai écrit dans ma lettre de n’avoir aucune communication avec les impudiques ;
10 mais non pas absolument avec les impudiques de ce monde, ou avec les avares, ou avec les ravisseurs, ou avec les idolâtres ; autrement, il vous faudrait sortir du monde ;
11 mais quand je vous écris de ne vous point mêler avec eux, cela veut dire que, si quelqu’un qui se nomme frère, est impudique, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur, vous ne mangiez pas même avec un tel homme.
12 Car, qu’ai-je à faire de juger ceux qui sont dehors ? N’est-ce pas à vous de juger ceux qui sont dedans ?
13 Mais Dieu juge ceux qui sont dehors. Otez donc le méchant du milieu de vous.
REFLEXIONS
Ce chapitre contient une doctrine très importante. Nous y voyons quelle est la nécessité de la discipline de l’église et surtout de cette partie de la discipline qui consiste dans l’excommunication.
Saint Paul reprend les Corinthiens de ce qu’ils n’avaient pas ôté de leur église un incestueux qu’il y avait parmi eux. Il dit que quand des personnes, qui se disent chrétiens, tombent dans des péchés qui déshonorent la religion de Jésus-Christ, toute l’église doit être dans la tristesse, qu’elle ne doit point les souffrir dans son sein mais qu’elle doit les retrancher de sa communion. Il déclare de la manière la plus expresse que l’on ne doit point reconnaître pour frères et pour chrétiens les impurs, les injustes, les médisants, les ivrognes, ni les autres pécheurs scandaleux et qu’il n’est pas permis d’avoir un commerce familier avec ces gens-là. C’est la loi de Jésus-Christ. C’est ce que les Saints apôtres ont commandé de sa part et l’ordre qu’il a établi dans toutes les églises du monde pour l’honneur de la religion chrétienne, pour le salut des pécheurs eux-mêmes et pour empêcher que leur mauvais exemple ne corrompe les autres membres de l’église et c’est aussi ce que les premiers chrétiens ont religieusement observé.
Par là on peut reconnaître que l’église n’est point gouvernée aujourd’hui comme elle le devrait être. Cependant le devoir de tous les chrétiens est de s’éloigner autant qu’il leur est possible du commerce des méchants et de se distinguer d’eux par une vie saine et exemplaire et, pour ce qui est des pécheurs qu’on laisse vivre dans la communion extérieure de l’église quoiqu’ils dussent en être ôtés, il faut se souvenir que Jésus-Christ ne les reconnait point pour ses membres et qu’ils n’éviteront pas la punition que mérite leur hypocrisie et leur impiété.
L’Apôtre reprend les Corinthiens de ce qu’ils avaient recours aux juges et aux magistrats païens pour terminer leurs procès. II. Il dit à cette occasion que ceux qui faisaient tort au prochain par l’injustice n’entreront pas dans le Ciel, non plus que les impurs et les autres pécheurs qu’il nomme. III. Il exhorte les Corinthiens à avoir égard à l’édification du prochain dans l’usage des choses indifférentes et permises, mais surtout à fuir l’impureté, montrant par diverses considérations qu’elle n’est pas du nombre des choses indifférentes, mais qu’elle est mauvaise par elle-même et tout-à-fait incompatible avec la profession de la religion chrétienne.
1 Quand quelqu’un d’entre vous a un différend avec un autre, ose-t-il l’appeler en jugement devant les infidèles plutôt que devant les saints ?
2 Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? et si vous jugez le monde, êtes-vous indignes de juger des moindres choses ?
3 Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Combien plus pouvons-nous juger des choses de cette vie.
4 Si donc vous avez des différends pour les choses de cette vie, prenez plutôt pour juges ceux qui sont les moins considérés dans l’Eglise.
5 Je le dis pour vous faire honte : N’y a-t-il donc point de sages parmi vous, non pas même un seul, qui puisse juger entre ses frères ?
6 Mais un frère a des procès contre son frère, et cela devant les infidèles.
7 C’est déjà un défaut parmi vous d’avoir des procès les uns contre les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu’on vous fasse tort ? Pourquoi n’endurez-vous pas plutôt quelque perte ?
8 Mais c’est vous-mêmes qui faites tort et qui causez du dommage aux autres, et à vos frères mêmes !
9 Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ?
10 Ne vous abusez point : ni les impurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables, ni les larrons, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs, n’hériteront point le royaume de Dieu.
11 Cependant vous étiez tels, quelques-uns de vous ; mais vous en avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu.
12 Il m’est permis d’user de toutes choses, mais il n’est pas toujours bon de le faire ; il m’est permis d’user de toutes choses, mais je ne me rendrai esclave de rien.
13 Les viandes sont pour le ventre, et le ventre pour les viandes ; mais Dieu détruira l’un et l’autre. Mais le corps n’est point pour l’impudicité ; il est pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps.
14 Car Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
15 Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Jésus-Christ ? Oterai-je donc les membres de Jésus-Christ pour en faire les membres d’une prostituée ? Dieu m’en garde !
16 Ne savez-vous pas que celui qui s’unit à une prostituée devient un même corps avec elle ? Car il est dit : Les deux seront une seule chair.
17 Mais celui qui est uni au Seigneur devient un même esprit avec lui.
18 Fuyez la fornication. Quelque péché que l’homme commette, il est hors du corps ; mais celui qui commet la fornication pèche contre son propre corps.
19 Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui est en vous, et qui vous a été donné de Dieu, et que vous n’êtes point à vous-mêmes ?
20 Car vous avez été achetés à un grand prix ; glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit, qui appartiennent à Dieu.
REFLEXIONS
Les réflexions qu’il faut faire sur ce chapitre sont ces quatre :
I. Que les chrétiens étant frères doivent éviter les procès autant qu’il leur est possible et tâcher de terminer leurs difficultés à l’amiable et que s’ils ont recours aux juges, il faut que ce soit toujours dans un esprit de justice et d’équité, avec modération et douceur et sans donner aucun scandale.
II. Que ceux qui font tort à autrui, soit par des procès injustes, soit en quelque autre manière, non plus que les impurs, les larrons et les autres pécheurs ne posséderont point le royaume de Dieu. Sur quoi il faut remarquer que quelques-uns des Corinthiens avaient vécu dans ces crimes-là du temps qu’ils étaient païens, mais qu’ils y avaient renoncé et que Dieu les en avait retirés en les appelant à la religion chrétienne et en les nettoyant de leurs péchés par le sang de Jésus-Christ et par la grâce du Saint-Esprit. Ce qui nous apprend que cette sainte religion ne laisse pas les hommes dans leurs souillures, mais qu’elle tend à les purifier et à les sanctifier et qu’elle leur fournit les moyens et les forces nécessaires pour cela.
III. La troisième instruction concerne l’impureté. Saint Paul montre dans ce chapitre que ce péché sépare de la communion de Jésus-Christ ceux qui le commettent et fait qu’ils ne sont plus ses membres, que les impurs sont un grand outrage à notre Sauveur, qu’ils déshonorent leur propre corps qui devrait être le temple du Saint-Esprit et qu’ils se privent de cet Esprit saint.
IV. Enfin, il déclare que, puisque nous avons été rachetés par le précieux sang de Jésus-Christ, nos corps appartiennent à Dieu aussi bien que nos âmes et qu’ainsi nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais que nous devons glorifier Dieu et par nos corps et par nos esprits.
Toutes ces considérations sont extrêmement fortes et, puisque Saint Paul allègue tant de raisons pour détourner les chrétiens de l’impureté, on voit par-là que ce péché est très grand, que nous devons l’avoir en horreur et nous étudier à tous égards à une vie pure et sainte.
St. Paul répond dans ce chapitre à quelques questions que les Corinthiens lui avaient proposées touchant le mariage : I. Il en marque l’institution et les devoirs. II. Il dit qu’il y a de l’avantage à ne point se marier, mais que cependant les chrétiens ont la liberté de le faire. III. Il exhorte les personnes mariées à ne se pas séparer et il montre quel était à cet égard le devoir des hommes et des femmes qui étaient mariée à des païens. IV. Il ordonne à tous les chrétiens de demeurer chacun dans leur vocation et dans l’état où la providence les avait mis et d’y vivre selon la volonté de Dieu. Enfin, il parle des vierges et de ceux qui vivaient dans le célibat aussi bien que des veuves et il dit que l’état de ces personnes-là était plus heureux, principalement dans ces temps-là qui étaient des temps de persécution, mais que cependant ils avaient la liberté de se marier.
1 Pour ce qui est des choses dont vous m’avez écrit, il est bon à l’homme de ne toucher point de femme.
2 Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.
3 Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit ; et que la femme en use de même envers son mari.
4 La femme n’est point maîtresse de son propre corps, mais c’est le mari ; de même aussi, le mari n’est point maître de son propre corps, mais c’est la femme.
5 Ne vous privez point l’un l’autre de ce que vous vous devez, si ce n’est d’un consentement mutuel, et pour un temps, afin de vaquer au jeûne et à l’oraison ; mais après cela, retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence.
6 Or, je dis ceci par conseil, et non pas par commandement ;
7 car je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun a reçu de Dieu son don particulier, l’un d’une manière et l’autre d’une autre.
8 Je dis donc à ceux qui ne sont point mariés, et aux veuves, qu’il leur est avantageux de demeurer comme moi.
9 Mais s’ils ne peuvent pas garder la continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.
10 Quant à ceux qui sont mariés, ce que je leur ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, c’est que la femme ne soit point séparée de son mari ;
11 et si elle en est séparée, qu’elle demeure sans se marier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari, et que le mari de même ne quitte point sa femme.
12 Mais pour ce qui est des autres, ce n’est pas le Seigneur, mais c’est moi qui leur dis : Si quelque frère a une femme qui ne soit pas du nombre des fidèles, et qu’elle consente à demeurer avec lui, qu’il ne la quitte point.
13 Et si quelque femme a un mari qui ne soit pas du nombre des fidèles, et qu’il consente à demeurer avec elle, qu’elle ne le quitte point ;
14 car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle ; et la femme infidèle est sanctifiée par le mari fidèle ; autrement, vos enfants seraient impurs, au lieu qu’ils sont saints.
15 Que si l’infidèle se sépare, qu’il se sépare ; car le frère et la sœur ne sont plus assujettis en ce cas ; mais Dieu nous a appelés à la paix ;
16 car, que sais-tu, femme, si tu ne sauveras point ton mari ? Ou que sais-tu, mari, si tu ne sauveras point ta femme ?
17 Mais que chacun suive l’état que Dieu lui a donné en partage, et dans lequel le Seigneur l’a appelé. C’est là ce que j’ordonne dans toutes les Eglises.
18 Quelqu’un a-t-il été appelé à la foi étant circoncis ? qu’il demeure circoncis. Quelqu’un a-t-il été appelé étant incirconcis ? qu’il ne se fasse pas circoncire.
19 Être circoncis n’est rien ; être incirconcis n’est rien non plus ; mais l’observation des commandements de Dieu est tout.
20 Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il a été appelé.
21 As-tu été appelé étant esclave ? ne t’en fais point de peine ; mais aussi si tu peux être mis en liberté, profites-en.
22 Car l’esclave qui est appelé par le Seigneur est l’affranchi du Seigneur ; de même aussi, celui qui est appelé étant libre, est l’esclave de Christ.
23 Vous avez été achetés par prix ; ne devenez point esclaves des hommes.
24 Mes frères, que chacun demeure devant Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé.
25 Pour ce qui est des vierges, je n’ai point reçu de commandement du Seigneur ; mais je vous donne un conseil, comme ayant eu part à la miséricorde du Seigneur, pour lui être fidèle.
26 J’estime donc qu’il est avantageux à chacun, à cause des afflictions présentes, de demeurer comme il est.
27 Es-tu lié avec une femme ? ne cherche point à t’en séparer. N’es-tu pas lié avec une femme ? ne cherche point de femme.
28 Si pourtant tu te maries, tu ne pèches point ; et si une vierge se marie, elle ne pèche point ; mais ces personnes auront des afflictions dans la chair ; or, je voudrais vous les épargner.
29 Mais voici ce que je dis, mes frères, c’est que le temps est court désormais. Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient point ;
30 Ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient point ; ceux qui sont dans la joie, comme s’ils n’étaient point dans la joie ; ceux qui achètent comme s’ils ne possédaient rien ;
31 et ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient point ; car la figure de ce monde passe.
32 Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n’est pas marié s’occupe des choses qui regardent le Seigneur, cherchant à plaire au Seigneur ;
33 Mais celui qui est marié s’occupe des choses du monde, cherchant à plaire à sa femme.
34 Il y a cette différence entre la femme mariée et la vierge, que celle qui n’est pas mariée, s’occupe des choses qui regardent le Seigneur, pour être sainte de corps et d’esprit ; mais celle qui est mariée s’occupe des choses du monde, pour plaire à son mari.
35 Je vous dis ceci pour votre bien, et non pour vous tendre un piège, mais pour vous porter à ce qui est honnête et propre à vous attacher au service du Seigneur sans distraction.
36 Mais si quelqu’un croit qu’il ne soit pas honorable que sa fille passe la fleur de son âge sans être mariée, et qu’il faille qu’elle le soit, il peut faire ce qu’il voudra, il ne pèche point ; que les filles, dans ce cas, se marient.
37 Mais celui qui, n’étant contraint par aucune nécessité, et étant entièrement maître de faire ce qu’il voudra, a pris une ferme résolution en lui-même de garder sa fille, fait bien.
38 C’est pourquoi celui qui marie sa fille fait bien, mais celui qui ne la marie pas fait mieux.
39 La femme est liée avec son mari par la loi tout le temps qu’il est en vie ; mais si son mari meurt, elle est libre de se remarier à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur.
40 Toutefois, elle sera plus heureuse, selon mon sentiment, si elle demeure comme elle est. Or, je crois que j’ai aussi l’esprit de Dieu.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous enseigne :
I. Que le mariage est un état saint et honorable, mais que le devoir des chrétiens est d’y vivre dans l’union et dans la concorde, dans la pureté et dans la chasteté aussi bien que dans la piété en vaquant au jeûne et à la prière.
II. Que quoi que l’état de ceux qui ne se marient pas soit plus heureux, chacun à la liberté de le faire, qu’en cela on doit se conduire selon qu’on se sent appelé à vivre dans le mariage ou dans le célibat, mais que ceux qui ne sont pas mariés doivent vivre dans une grande pureté et dans la continence.
III. Que les maris et les femmes ne doivent point se séparer les uns des autres, mais qu’au contraire ils sont obligés de vivre ensemble dans la paix et de s’édifier en travaillant à leur salut mutuel.
IV. Que Dieu ayant voulu qu’il y eût divers états et diverses conditions dans le monde, chacun doit demeurer dans la vocation où il se trouve, pourvu qu’elle soit légitime et s’acquitter fidèlement de tous les devoirs auxquels cette vocation l’engage, sans chercher à s’en tirer par de mauvais moyens.
V. Que les personnes qui ne se marient pas ont des avantages particuliers pourvu qu’elles soient chastes, puisqu’elles peuvent servir Dieu avec moins de distraction et que dans le temps de persécution elles sont plus libres et mieux en état de s’acquitter de leur devoir, mais que soit qu’on se marie, soit que l’on vive dans le célibat, on doit être pur, tant du corps que du cœur.
VI. Une autre instruction très salutaire que l’Apôtre nous donne ici et qui peut être appliquée à tous les temps et à toutes sortes de personnes, c’est que notre vie est courte, que notre état en ce monde est incertain et que les choses d’ici-bas sont passagères et vaines, qu’ainsi nous ne devons pas y mettre notre cœur, mais qu’il faut posséder toutes choses comme si nous ne les possédions point, que ceux qui pleurent doivent être comme s’ils ne pleuraient point, que ceux qui sont dans la joie comme s’ils n’étaient pas dans la joie et ceux qui jouissent des choses du monde comme s’ils n’en jouissaient pas, puisque la figure de ce monde passe.
St. Paul examine une question sur laquelle les Corinthiens l’avaient consulté, savoir s’il était permis aux chrétiens de manger des viandes qui avaient été sacrifiées aux idoles et d’assister aux festins que les païens faisaient dans les temples des faux dieux. Il dit sur cela que les chrétiens savaient qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que les idoles étaient des choses mortes et vaines qui ne pouvaient rendre souillées les viandes qui leur avaient été offertes et qu’ainsi il était permis de manger de toutes sortes de viandes.
Cependant, l’Apôtre ajoute que tous n’avaient pas le même degré de connaissance sur ce sujet. C’est pourquoi il avertit les chrétiens les plus éclairés de ne pas abuser de la liberté qu’ils avaient à cet égard de peur, qu’en mangeant des choses sacrifiées aux idoles, ils ne donnassent du scandale à ces chrétiens faibles et qu’ils ne les engageassent à pécher en mangeant contre leur conscience et même à tomber dans l’idolâtrie.
1 A l’égard des choses qui ont été sacrifiées aux idoles, nous savons que nous avons tous assez de connaissance là-dessus ; mais la connaissance enfle, au lieu que la charité édifie.
2 Et si quelqu’un présume de savoir quelque chose, il n’a encore rien connu comme il faut le connaître.
3 Mais si quelqu’un aime Dieu, Dieu est connu de lui.
4 Pour ce qui est donc de manger des choses sacrifiées aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu.
5 Car, quoiqu’il y en ait, soit dans le ciel, soit sur la terre, qui sont appelés dieux, comme, en effet, il y a plusieurs dieux et plusieurs seigneurs ;
6 toutefois, nous n’avons qu’un seul Dieu, qui est le Père, duquel procèdent toutes choses, et nous sommes pour lui ; et un seul Seigneur Jésus-Christ, par lequel sont toutes choses, et nous sommes par lui.
7 Mais tous n’ont pas cette connaissance ; car quelques-uns, dans l’opinion qu’ils ont encore de l’idole, mangent une chose comme sacrifiée à l’idole ; et leur conscience étant faible, elle en est souillée.
8 A la vérité, la viande ne nous rend pas agréables à Dieu ; car si nous mangeons, il ne nous en revient aucun avantage, et si nous ne mangeons pas, nous n’en recevons aucun préjudice.
9 Mais prenez garde que cette liberté que vous avez, ne soit en quelque manière en scandale à ceux qui sont faibles.
10 Car, si quelqu’un d’eux te voit, toi qui as de la connaissance, assis à table dans le temple des idoles, la conscience de celui qui est faible ne sera-t-elle pas déterminée à manger de ce qui est sacrifié à l’idole ?
11 Et ainsi, ton frère qui est faible, pour lequel Christ est mort, périra par ta connaissance.
12 Or, quand vous péchez ainsi contre vos frères, et que vous blessez leur conscience qui est faible, vous péchez contre Christ.
13 C’est pourquoi, si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair, pour ne pas donner du scandale à mon frère.
REFLEXIONS
Quoi que nous n’ayons pas besoin qu’on nous instruise aujourd’hui sur l’usage des choses sacrifiées aux idoles, puisque l’idolâtrie païenne est abolie, et que nous savons tous qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que les idoles ne sont rien, cela n’empêche pas que la doctrine que St. Paul établit dans ce chapitre ne soit d’un usage général. Il nous enseigne que tous les chrétiens, et surtout ceux qui sont le mieux instruits, doivent avoir bien des égards pour ceux qui le sont moins et éviter soigneusement de leur donner du scandale.
L’Apôtre nous apprend de plus que l’on peut scandaliser le prochain, non seulement en faisant ce qui est criminel, mais aussi en faisant des choses permises. Ainsi il faut se conduire avec beaucoup de circonspection et de prudence dans l’usage de ces choses-là et ne pas toujours faire ce qui est permis.
Il nous montre enfin que c’est un très grand péché que de scandaliser qui que ce soit, puisque par là on peut être l’auteur de la perdition du prochain et se rendre extrêmement coupable contre Jésus-Christ lui-même.
Ces maximes sont d’un très grand usage et nous devons nous les proposer continuellement afin de ne rien faire, pas même les choses permises, par où nous puissions offenser Dieu, blesser notre conscience et faire tomber notre prochain dans le péché.
Le dessein de St. Paul dans ce chapitre est de confirmer par son exemple ce qu’il avait enseigné dans le chapitre précédent, savoir que l’on doit s’abstenir des choses permises lorsqu’on peut avancer par ce moyen l’édification du prochain. Dans cette vue il fait trois choses : I. Il dit qu’il avait le droit et la liberté en sa qualité d’Apôtre de tirer un salaire pour son entretien. II. Il ajoute qu’il ne s’était point prévalu de ce droit, mais qu’il avait usé d’une grande condescendance envers toutes sortes de personnes, s’accommodant aux scrupules des faibles, de peur de leur donner de l’éloignement pour l’Évangile. III. Il exhorte les Corinthiens à l’imiter en cela et à renoncer aux choses permises lorsque l’édification du prochain et leur propre salut le demandait et il leur propose pour cet effet l’exemple de ceux qui combattaient autrefois dans les jeux publics de la Grèce et qui vivaient dans une grande continence, s’abstenant de tout ce qui était contraire au genre de vie qu’ils avaient embrassé.
1 Ne suis-je pas apôtre ? Ne suis-je pas libre ? N’ai-je pas vu Jésus-Christ notre Seigneur ? N’êtes-vous pas mon ouvrage en notre Seigneur ?
2 Si je ne suis pas apôtre pour les autres, je le suis au moins pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat en notre Seigneur.
3 C’est là ma défense contre ceux qui me condamnent.
4 N’avons-nous pas le droit de vous demander à manger et à boire ?
5 N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme d’entre nos sœurs, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ?
6 Ou, n’y a-t-il que moi seul et Barnabas, qui n’ayons pas le droit de ne point travailler ?
7 Qui est-ce qui va à la guerre à ses propres dépens ? Qui est-ce qui plante une vigne, et qui n’en mange pas du fruit ? Ou, qui est-ce qui paît un troupeau, et qui ne mange pas du lait du troupeau ?
8 Dis-je ceci seulement selon la coutume des hommes ? La loi ne le dit-elle pas aussi ?
9 Car il est écrit dans la loi de Moïse : Tu n’emmuselleras point le bœuf qui foule le grain. Est-ce que Dieu se met en peine des bœufs ?
10 Ne dit-il point ces choses principalement pour nous ? Oui, elles sont écrites pour nous ; car celui qui laboure, doit labourer dans l’espérance de recueillir ; et celui qui foule le grain, doit le fouler avec espérance d’y avoir part.
11 Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une si grande chose que nous moissonnions de vos biens corporels ?
12 Si d’autres usent de ce droit sur vous, pourquoi n’en userions-nous pas plutôt ? Cependant, nous n’en avons point usé, mais nous souffrons tout, afin de n’apporter aucun obstacle à l’évangile de Christ.
13 Ne savez-vous pas que ceux qui font le service sacré, mangent des choses sacrées, et que ceux qui servent à l’autel, participent à ce qui est offert sur l’autel ?
14 De même aussi, le Seigneur a ordonné que ceux qui annoncent l’évangile, vivent de l’évangile.
15 Mais pour moi, je n’ai usé d’aucun de ces droits, et je n’écris point ceci, afin qu’on en use ainsi envers moi ; car j’aimerais mieux mourir, que si quelqu’un m’ôtait ce sujet de gloire ;
16 car si je prêche l’évangile, je n’ai pas sujet de m’en glorifier, parce que la nécessité m’en est imposée ; et malheur à moi, si je ne prêche pas l’évangile !
17 Que si je le fais volontairement, j’en recevrai la récompense ; mais si je le fais à regret, la dispensation ne laisse pas de m’en être commise.
18 Quelle récompense ai-je donc ? C’est qu’en prêchant l’évangile, j’annonce l’évangile de Christ sans qu’il en coûte rien, et sans me prévaloir du droit que l’évangile me donne.
19 Car, quoique je sois libre à l’égard de tous, je me suis assujetti à tous, afin de gagner plus de personnes.
20 J’ai été comme Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme si j’eusse été sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi ;
21 Avec ceux qui sont sans loi comme si j’eusse été sans loi (quoique je ne sois point sans loi, à l’égard de Dieu, puisque je suis sous la loi de Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi.
22 J’ai été avec les faibles, comme si j’eusse été faible, afin de gagner les faibles ; je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver au moins quelques-uns.
23 Et je fais tout cela à cause de l’évangile, afin d’avoir part aux biens qu’il promet.
24 Ne savez-vous pas que quand on court dans la lice, tous courent, mais qu’il n’y en a qu’un qui remporte le prix ? Courez de manière que vous le remportiez.
25 Tout homme qui combat, s’abstient de tout ; et ces gens-là le font, pour avoir une couronne corruptible ; mais nous le faisons pour en avoir une incorruptible.
26 Je cours donc, non à l’aventure ; je frappe, mais non pas en l’air ;
27 mais je traite durement mon corps, et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même rejeté.
REFLEXIONS
Le but général de ce chapitre est de nous apprendre qu’il ne faut pas toujours faire ce qui est permis et ce que l’on aurait droit de faire, mais que l’on doit s’en abstenir lorsque la gloire de Dieu et le salut du prochain l’exigent et qu’il est du devoir des chrétiens de s’accommoder autant qu’ils le peuvent à toutes sortes de personnes, d’avoir toujours égard à l’édification des autres et principalement à celle des faibles afin de les attirer à la foi.
Outre cette doctrine générale, qui est d’un grand usage, nous avons ici quelques instructions particulières dont les principales sont ces trois.
I. Que les églises sont obligées par la loi divine et par le commandement de Jésus-Christ de pourvoir à l’entretien et à la subsistance des pasteurs et de leurs familles ;
II. Que les ministres de l’Évangile doivent, à l’imitation de Saint Paul, se conduire avec beaucoup de prudence et de charité, n’ayant pas égard à leur intérêt particulier, mais s’accommodant à la faiblesse des hommes et tâchant par toutes sortes de moyens de gagner à Jésus-Christ le plus de personnes qu’ils pourront ;
III. Que l’on ne saurait remplir les devoirs et la vocation de chrétien à moins que l’on ne vive dans une grande tempérance, que pour cela il faut mortifier le corps, le réduire en servitude par la sobriété, la continence et le travail, fuir l’oisiveté, la mollesse et ce qui flatte trop la chair et suivre un genre de vie conforme aux préceptes de l’Évangile et à l’exemple de Jésus-Christ et des apôtres, afin que par ce moyen on puisse obtenir la glorieuse récompense qui n’est destinée qu’à ceux qui se seront acquittés de ces devoirs.
L’Apôtre, continuant la matière qu’il avait traitée dans les deux chapitres précédents touchant l’usage des viandes sacrifiées aux idoles, représente aux Corinthiens que quoique les anciens Israélites fussent le peuple de Dieu et qu’ils eussent des avantages semblables à ceux dont les chrétiens jouissent, ils avaient été entraînés dans l’idolâtrie et dans l’impureté en assistant aux banquets des idolâtres et que, par leur sensualité et leurs fréquentes rebellions, ils avaient attiré sur eux les jugements de Dieu. Il propose ces exemples aux Corinthiens et surtout à ceux qui se croyaient les plus affermis et les plus éclairés pour les empêcher de se rencontrer aux fêtes et aux repas des idolâtres, de peur de s’exposer à la tentation et de tomber dans l’idolâtrie.
II. Il ajoute, pour confirmer cela, que l’usage de la sainte cène où les chrétiens participent tous ensemble au sacrifice de Jésus-Christ en buvant de la coupe sacrée et en mangeant tous d’un même pain, ne leur permettait pas d’assister aux festins que les païens célébraient en l’honneur des idoles puisque ce serait participer à leurs sacrifices et avoir communion avec les démons et les idolâtres, ce qui ne pourrait qu’attirer la vengeance divine.
III. Il dit que les chrétiens pouvaient acheter et manger de toutes sortes de viande et même manger dans les maisons particulières de tout ce qui leur serait présenté, à moins qu’on ne leur dise que ces viandes avaient été sacrifiées aux idoles, auquel cas ils devaient s’en abstenir, non qu’il y eût du péché à en manger, mais de peur de donner du scandale à ceux qui les avaient avertis. Il conclut cette matière en donnant pour règle aux Corinthiens de regarder en toute chose à la gloire de Dieu et à l’édification du prochain.
1 Mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, et qu’ils ont tous passé au travers de la mer ;
2 et qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer ;
3 et qu’ils ont tous mangé de la même viande spirituelle ;
4 et qu’ils ont tous bu du même breuvage spirituel ; car ils buvaient de l’eau du rocher spirituel qui les suivait ; et ce rocher était Christ ;
5 mais Dieu n’a point mis son affection en la plupart d’entre eux ; car ils tombèrent morts dans le désert.
6 Or, ces choses ont été des exemples pour nous, afin que nous ne désirions point de mauvaises choses, comme ils en désirèrent ;
7 et que vous ne deveniez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux, selon qu’il est écrit : Le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ensuite ils se levèrent pour danser ;
8 et que nous ne commettions point de fornication, comme quelques-uns d’eux en commirent ; et il y en eut vingt-trois mille qui périrent en un même jour ;
9 et que nous ne tentions point Christ, comme quelques-uns d’eux le tentèrent ; et ils périrent par les serpents ;
10 et que vous ne murmuriez point, comme quelques-uns d’eux murmurèrent ; et ils périrent par l’ange exterminateur.
11 Toutes ces choses leur arrivaient pour servir de figures ; et elles sont écrites pour nous instruire, nous qui sommes parvenus aux derniers temps.
12 C’est pourquoi, que celui qui croit être debout, prenne garde qu’il ne tombe.
13 Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été une tentation humaine. Dieu est fidèle, qui ne permettra point que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il vous en donnera aussi l’issue, de sorte que vous la puissiez supporter.
14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie.
15 Je vous parle comme à des personnes intelligentes ; jugez vous-mêmes de ce que je dis.
16 La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ ?
17 Comme il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, ne faisons qu’un seul corps ; car nous participons tous au même pain.
18 Voyez l’Israël selon la chair ; ceux qui mangent des victimes n’ont-ils pas communion avec l’autel ?
19 Que dis-je donc ? que l’idole soit quelque chose ? ou, que ce qui est sacrifié à l’idole soit quelque chose ? Non.
20 Mais je dis que ce que les Gentils sacrifient, ils le sacrifient aux démons, et non pas à Dieu. Or, je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons.
21 Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons.
22 Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ?
23 Il m’est permis d’user de toutes choses, mais il n’est pas toujours bon de le faire ; il m’est permis d’user de toutes choses, mais je ne me rendrai esclave de rien.
24 Que personne ne cherche son avantage particulier, mais que chacun cherche aussi celui d’autrui.
25 Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie, sans vous en informer par un scrupule de conscience ;
26 car la terre, et tout ce qu’elle contient, est au Seigneur.
27 Si quelqu’un des infidèles vous convie à manger, et que vous y vouliez aller, mangez de tout ce qui sera mis devant vous, sans vous en informer pour la conscience.
28 Mais si quelqu’un vous dit : Cela a été sacrifié aux idoles, n’en mangez point, à cause de celui qui vous en a averti, et à cause de la conscience ; car la terre, et tout ce qu’elle contient, est au Seigneur.
29 Or, je dis la conscience, non point la tienne, mais celle de l’autre ; car, pourquoi ma liberté serait-elle condamnée par la conscience d’un autre ?
30 Et si j’en suis participant par la grâce, pourquoi suis-je blâmé pour une chose dont je rends grâces ?
31 Soit donc que vous mangiez ou que vous buviez, ou que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu.
32 Conduisez-vous de sorte que vous ne donniez aucun scandale, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Eglise de Dieu ;
33 comme je m’accommode aussi à tous en toutes choses, ne cherchant point ma propre utilité, mais celle de plusieurs, afin qu’ils soient sauvés.
REFLEXIONS
La lecture de ce chapitre nous oblige à considérer :
I. Que si les anciens Juifs ont été punis avec tant de sévérité pour avoir abusé des grâces que Dieu leur avait accordées, nous le serons beaucoup plus rigoureusement si nous abusons de celles que nous avons reçues, puisqu’elles sont infiniment plus excellentes.
II. L’exemple des Israélites qui, en assistant aux festins des idolâtres, tombèrent dans l’impureté et dans l’idolâtrie et la vengeance que Dieu en fit nous avertit, comme le dit Saint Paul, d’éviter les occasions de péché et en particulier de nous éloigner de la sensualité et de l’impureté, ces désordres exposant aux jugements de Dieu ceux qui s’y laissent entraîner.
III. Il faut considérer que si Saint Paul dit que les chrétiens ne pouvaient pas participer à la table du Seigneur et manger de ce qui avait été sacrifié aux idoles, la participation à ce Saint sacrement n’est pas moins incompatible avec une conduite charnelle et corrompue et que la commémoration publique et solennelle que nous faisons du sacrifice de notre sauveur dans l’eucharistie nous oblige indispensablement à une vie pure et sainte.
IV. Nous devons bien retenir cette maxime générale que dans toutes nos actions et même dans celles qui sont indifférentes et permises, il faut toujours avoir pour but la gloire de Dieu et l’édification du prochain, comme Saint Paul le marque par cette règle qu’il nous donne : Soit que vous mangiez, soit que vous buviez ou que vous fassiez quelque autre chose, faites toutes choses à la gloire de Dieu.
Ce chapitre dans lequel Saint Paul reprend les Corinthiens des désordres qui se commettaient dans leurs assemblées religieuses à deux parties.
I. Dans la première, il prescrit la manière dont les hommes et les femmes devaient assister dans l’église, sur quoi il avait sans doute été consulté par les Corinthiens. Il ordonne que les hommes aient la tête découverte lorsqu’ils parlaient des choses divines, mais il veut que les femmes se couvrent la tête et ce qu’il dit à cet égard est fondé sur ce que la bienséance voulait que les femmes ne parussent pas en public sans être voilée, ce qui était aussi de ce temps-là l’usage des Juifs et de plusieurs autres peuples.
II. Dans la seconde partie, il censure les Corinthiens de l’irrévérence et de la confusion avec laquelle ils célébraient la sainte Cène et pour les engager à corriger ces abus, il rapporte l’institution de ce sacrement, il marque l’usage qu’on doit en faire et il dit aux Corinthiens que c’était pour les punir de la manière dont ils y participaient que plusieurs d’entre eux étaient affligés par des maladies et que même quelques-uns étaient morts.
1 Soyez mes imitateurs, comme je le suis aussi de Christ.
2 Mes frères, je vous loue de ce que vous vous souvenez de tout ce qui vient de moi, et de ce que vous retenez mes instructions, telles que je vous les ai données.
3 Mais je veux que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, et que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ.
4 Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte, déshonore son chef.
5 Mais toute femme qui prie ou qui prophétise sans avoir la tête couverte, déshonore son chef ; car c’est la même chose que si elle était rasée.
6 Que si la femme n’a point la tête couverte, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Mais s’il n’est pas honnête à une femme d’avoir les cheveux coupés, ou d’être rasée, elle doit donc avoir la tête couverte.
7 Pour ce qui est de l’homme, il ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l’homme.
8 En effet, l’homme n’a pas été pris de la femme, mais la femme a été prise de l’homme ;
9 et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme a été créée pour l’homme.
10 C’est pourquoi, la femme, à cause des anges, doit avoir sur sa tête une marque de la puissance sous laquelle elle est.
11 Toutefois, l’homme n’est point sans la femme, ni la femme sans l’homme, en notre Seigneur.
12 Car comme la femme a été prise de l’homme, aussi l’homme naît de la femme ; et tout vient de Dieu.
13 Jugez-en vous-mêmes ; est-il de la bienséance qu’une femme prie Dieu sans avoir la tête couverte ?
14 La nature même ne vous apprend-elle pas qu’il est honteux à l’homme de porter de longs cheveux ;
15 et que si la femme porte les cheveux longs, cela lui est honorable, parce que les cheveux lui ont été donnés pour lui servir comme de voile ?
16 Que s’il y a quelqu’un qui se plaise à contester, nous n’avons pas cette coutume, ni les églises de Dieu non plus.
17 Or, en ce que je vais vous dire, je ne vous loue point ; c’est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour empirer.
18 Car, premièrement, j’apprends que lorsque vous vous assemblez dans l’église, il y a des divisions parmi vous ; et j’en crois une partie ;
19 car il faut qu’il y ait même des schismes parmi vous, afin que ceux d’entre vous qui sont dignes d’être approuvés, soient reconnus.
20 Lors donc que vous vous assemblez tous dans un même lieu, ce que vous faîtes, ce n’est pas manger la cène du Seigneur ;
21 car, lorsqu’on vient à manger, chacun se hâte de prendre son souper particulier ; en sorte que l’un a faim, et l’autre est rassasié.
22 N’avez-vous pas des maisons pour manger et pour boire ? Ou méprisez-vous l’Eglise de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont pas de quoi manger ? Que vous dirai-je ? Je ne vous loue point en cela.
23 Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, la nuit qu’il fut livré, prit du pain ;
24 et ayant rendu grâces, il le rompit, et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
25 De même aussi, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez.
26 Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
27 C’est pourquoi, quiconque mangera de ce pain, ou boira de la coupe du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur.
28 Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ;
29 car celui qui en mange et qui en boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant point le corps du Seigneur.
30 C’est pour cela qu’il y a parmi vous plusieurs infirmes et malades, et que plusieurs sont morts.
31 Car si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions point jugés.
32 Mais quand nous sommes ainsi jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons point condamnés avec le monde.
33 C’est pourquoi mes frères, quand vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres.
34 Que si quelqu’un a faim, qu’il mange dans sa maison, afin que vous ne vous assembliez point pour votre condamnation. A l’égard des autres choses, j’en ordonnerai quand je serai arrivé chez vous.
REFLEXIONS
Les avertissements que Saint Paul donnait aux Corinthiens sur ce qui se passait dans leurs assemblées nous apprennent que l’ordre, la gravité et la bienséance doivent être observées dans les assemblées des églises et qu’en particulier les femmes doivent y paraître avec respect et d’une manière qui marque la soumission, l’humilité et la modestie qui conviennent à leur sexe.
Nous devons faire après cela les réflexions les plus sérieuses sur ce que Saint Paul dit ici de la sainte Cène et de son usage. Il parait dans ce chapitre :
I. Que ce Saint sacrement est une institution solennelle de notre divin rédempteur et que du temps de Saint Paul il était célébré dans les églises chrétiennes ;
II. Que le but pour lequel Jésus-Christ l’a établi a été que l’on annonçât la mémoire de sa mort jusqu’à ce qu’il revienne au dernier jour ;
III. Que l’on doit participer à l’eucharistie avec une grande révérence, s’éprouvant soi-même avant de s’y présenter et se mettre dans un état où l’on puisse être approuvé de Dieu et des hommes et que ceux qui ne le sont pas et qui y participent indignement se rendent coupables d’un mépris très criminel contre Jésus-Christ lui-même et mangent et boivent leur condamnation.
Enfin, il est à remarquer que Dieu punissait du temps des apôtres l’abus de la sainte Cène par des maladies et par la mort. Par où il a fait connaître bien clairement que ce sacrement est une cérémonie toute sainte et qu’il ne laissera pas impunie l’irrévérence de ceux qui le profanent par un usage téméraire et hypocrite.
La vue de Saint Paul dans ce chapitre est d’instruire les Corinthiens sur les dons du Saint-Esprit et sur l’usage qu’il faut en faire et d’empêcher qu’il n’y eût des divisions dans l’église à ce sujet. Dans ce dessein il fait deux choses.
I. Il leur fait remarquer que, depuis qu’ils avaient renoncé à l’idolâtrie, Dieu avait répandu sur eux les dons du Saint-Esprit, que Dieu accordait aux ministres de l’église et même à plusieurs fidèles de ce temps-là divers dons extraordinaires, comme le don d’instruire, celui de guérir les maladies, celui de parler et d’interpréter diverses langues, celui de la prophétie et d’autres semblables. Il remarque que tous ces dons venaient d’une même source, mais qu’ils étaient différents en sorte que tous ceux qui avaient reçu l’esprit de Dieu ne possédaient pas les mêmes dons, ni dans la même mesure.
II. Il montre que, ces dons procédant tous du même esprit et que les fidèles ne composant tous ensemble qu’un seul corps, ils devaient employer les divers dons de Dieu à l’utilité des autres et à l’édification de l’église. C’est ce qu’il éclaircit par la comparaison du corps humain en remarquant que, quoi que tous les membres n’aient pas les mêmes fonctions, ni la même dignité, ils ne laissaient pas d’être tous nécessaires et de contribuer au bien du corps. Par-là St. Paul veut faire voir aux Corinthiens qu’il ne fallait pas que ces dons du Saint-Esprit qui leur avaient été accordés pour leur utilité commune, et pour les unir les uns avec les autres, servissent à les diviser.
1 Pour ce qui est des dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l’ignorance sur ce sujet.
2 Vous savez que vous étiez Gentils, entraînés vers les idoles muettes, selon qu’on vous menait.
3 C’est pourquoi je vous déclare qu’aucune personne qui parle par l’Esprit de Dieu, ne dit que Jésus est anathème, et que personne ne peut dire que Jésus est le Seigneur, si ce n’est par le Saint-Esprit.
4 Or, il y a bien diversité de dons, mais il n’y a qu’un même Esprit.
5 Il y a aussi diversité de ministères, mais il n’y a qu’un même Seigneur.
6 Il y a aussi diversité d’opérations, mais il n’y a qu’un même Dieu, qui opère toutes choses en tous.
7 Mais l’esprit qui se manifeste dans chacun lui est donné pour l’utilité commune.
8 Car la parole de sagesse est donnée à l’un par l’Esprit ; la parole de science est donnée à l’autre par ce même Esprit ;
9 un autre reçoit la foi par ce même Esprit ; un autre reçoit du même Esprit le don de guérir les malades ;
10 un autre, les opérations des miracles ; un autre, la prophétie ; un autre, le discernement des esprits ; un autre, la diversité des langues ; et un autre, le don d’interpréter les langues.
11 Mais c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît.
12 Car comme le corps n’est qu’un, quoiqu’il ait plusieurs membres, et que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, ne forment qu’un corps, il en est de même de Christ.
13 Car nous avons été baptisés dans un même Esprit, pour n’être qu’un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés d’un même Esprit.
14 Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais c’en est plusieurs.
15 Si le pied disait : Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps ; ne serait-il pourtant pas du corps ?
16 Et si l’oreille disait : Parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis pas du corps ; ne serait-elle pourtant pas du corps ?
17 Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout ouïe, où serait l’odorat ?
18 Mais Dieu a mis les membres, et chacun d’eux dans le corps, comme il lui a plu.
19 Que s’ils n’étaient tous qu’un seul membre, où serait le corps ?
20 Il y a donc plusieurs membres ; mais il n’y a qu’un seul corps.
21 Et l’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni aussi la tête aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous.
22 Mais bien loin de cela, les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont les plus nécessaires.
23 Et ceux que nous estimons les moins honorables dans le corps, sont ceux auxquels nous faisons le plus d’honneur en les couvrant ; de sorte que ceux qui sont les moins honnêtes, sont les plus honorés ;
24 au lieu que ceux qui sont honnêtes, n’en ont pas besoin ; mais Dieu a tellement disposé le corps, qu’il a donné plus d’honneur à celui qui en manquait ;
25 afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un soin mutuel les uns des autres.
26 Aussi, lorsqu’un des membres souffre, tous les autres membres souffrent avec lui ; et lorsqu’un des membres est honoré, tous les autres membres en ont de la joie.
27 Or, vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun en particulier.
28 Et Dieu a établi dans l’Église, premièrement les apôtres, secondement les prophètes, en troisième lieu les docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses langues.
29 Tous sont-ils apôtres ? Tous sont-ils prophètes ? Tous sont-ils docteurs ? Tous ont-ils le don des miracles ?
30 Tous ont-ils le don de guérir les malades ? Tous parlent-ils diverses langues ? Tous interprètent-ils ?
31 Mais désirez avec ardeur des dons plus utiles ; et je vais vous montrer la voie la plus excellente.
REFLEXIONS
Pour profiter de cette lecture, il faut remarquer :
I. Que les dons miraculeux qu’il y avait autrefois dans l’église étaient une preuve incontestable de la divinité de la religion chrétienne et un moyen très efficace dont Dieu se servit dans le commencement du christianisme pour affermir les chrétiens dans la foi et surtout pour y amener les Juifs et les païens.
Au reste, quoi que ces dons extraordinaires ne se voient pas aujourd’hui, il paraît de ce chapitre que Dieu les accordait aux chrétiens du temps des apôtres, puisque Saint Paul parle de ces dons-là comme d’une chose qui était alors connue de tout le monde et qui était même fort commune dans l’église.
II. Nous devons appliquer aux dons ordinaires de l’esprit de Dieu ce que Saint Paul dit des dons miraculeux et apprendre d’ici que tous les dons et toutes les grâces spirituelles viennent du Saint-Esprit, que Dieu les accorde aux hommes dans un degré différent tant pour leur propre salut que pour le bien de leurs frères. Et que comme nous ne composons tous ensemble qu’un même corps, nous devons aussi rapporter tous les dons que nous avons reçus au même but qui est l’utilité et l’édification de l’église et vivre entre nous dans une parfaite union, nous contentant chacun de nous de la mesure de la grâce qu’il a plu Dieu de nous départir et la possédant avec humilité.
Enfin, St Paul marque qu’il y a des dons plus excellents et plus salutaires que les dons miraculeux, savoir ceux de la vraie foi et de la charité dont il sera parlé dans le chapitre suivant. Ainsi, ce sont principalement ces dons-là que nous devons rechercher avec toute l’ardeur dont nous sommes capables.
Saint Paul, après avoir parlé des dons miraculeux, enseigne que ces dons, quelque excellents qu’ils soient ne servent de rien sans la charité. Ensuite il décrit la nature et les caractères de cette vertu, il montre qu’elle bannit les divisions, la jalousie, l’orgueil, l’irritation, les soupçons et ils dit cela parce que ces défauts-là régnaient parmi les Corinthiens. Enfin, il prouve que la charité est la principale des vertus, par cette considération, que les dons miraculeux ne devaient pas toujours durer dans l’église, au lieu que la charité y doit régner à jamais et qu’elle aura même lieu dans le Ciel.
1 Quand même je parlerais toutes les langues des hommes, et même des anges ; si je n’ai point la charité, je ne suis que comme l’airain qui résonne, ou comme une cymbale qui retentit.
2 Et quand même j’aurais le don de prophétie, et que je connaîtrais tous les mystères et la science de toutes choses ; et quand même j’aurais toute la foi jusqu’à transporter les montagnes ; si je n’ai point la charité, je ne suis rien.
3 Et quand même je distribuerais tout mon bien pour la nourriture des pauvres, et que même je livrerais mon corps pour être brûlé ; si je n’ai point la charité, cela ne me sert de rien.
4 La charité est patiente ; elle est pleine de bonté ; la charité n’est point envieuse ; la charité n’est point insolente ; elle ne s’enfle point d’orgueil ;
5 elle n’est point malhonnête ; elle ne cherche point son intérêt ; elle ne s’aigrit point ; elle ne soupçonne point le mal ;
6 elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité ;
7 elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.
8 La charité ne périt jamais ; pour ce qui est des prophéties, elles seront abolies, et le don des langues cessera, et la connaissance sera anéantie ;
9 car nous ne connaissons qu’imparfaitement, et nous ne prophétisons qu’imparfaitement ;
10 mais quand la perfection sera venue, alors, ce qui est imparfait sera aboli.
11 Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je jugeais comme un enfant, je pensais comme un enfant ; mais lorsque je suis devenu homme, j’ai quitté ce qui tenait de l’enfant.
12 Nous voyons présentement confusément et comme dans un miroir, mais alors nous verrons face à face ; présentement je connais imparfaitement, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.
13 Maintenant donc, ces trois vertus demeurent : la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande est la charité.
REFLEXIONS
Ce chapitre qui traite de la charité doit être sans cesse médité par les chrétiens.
Saint Paul y marque l’excellence et la nature de cette vertu. Il en montre l’excellence par ces deux considérations :
I. L’une que si on n’a pas la charité, c’est-à-dire si l’on n’aime pas véritablement son prochain et si l’on n’est pas animé d’un esprit de paix, d’union et de douceur, tous les autres dons, même les plus excellents, tels qu’étaient le don des langues et celui de faire des miracles, sont inutiles et qu’on n’est rien devant Dieu.
II. L’autre, que les dons miraculeux devaient cesser au lieu que la charité est une vertu qui subsistera toujours et qui sera notre bonheur et notre perfection dans le Ciel comme elle le fait sur la terre.
Après cela l’Apôtre nous apprend dans ce chapitre quelle est la nature de la charité. Il dit que les personnes en qui cette vertu se trouve ne sont ni envieuses, ni hautaines, ni soupçonneuses, ni intéressées, ni aigres, ni querelleuses, mais qu’elles sont patientes, douces, paisibles, qu’elles jugent charitablement du prochain, qu’elles font du bien et qu’elles supportent tout. Cette description que St. Paul fait des caractères de la charité et des divers effets qu’elle produit marque d’une manière bien claire qu’elle comprend toutes les autres vertus et qu’ainsi le vrai moyen de s’acquitter de tous les devoirs du christianisme est de s’attacher à la charité.
Saint Paul continue à parler des dons miraculeux et en particulier du don de parler diverses langues et il dit qu’entre tous les dons spirituels que Dieu accordait à certaines personnes en particulier, celui de la prophétie, c’est-à-dire le don d’enseigner, d’expliquer les Écritures et d’exhorter, était le plus utile pour l’édification de l’église. Il confirme cela en remarquant qu’il était inutile et même absurde de parler des langues étrangères si l’on n’était pas entendu de ceux en présence de qui on parlait. Il ordonne ensuite que ceux qui parlaient ces langues ou qui avaient quelque révélation le fissent avec ordre et l’un après l’autre et qu’il y eût toujours quelqu’un pour interpréter ce qu’ils disaient. Il prescrit de plus que les femmes gardent le silence dans l’église et que tout s’y fasse avec bienséance et avec ordre.
1 Etudiez-vous donc à la charité ; désirez aussi avec ardeur les dons spirituels, mais surtout celui de prophétiser.
2 Car celui qui parle une langue inconnue, ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, puisque personne ne l’entend et qu’il prononce des mystères en son esprit.
3 Mais celui qui prophétise, édifie, exhorte et console les hommes par ses paroles.
4 Celui qui parle une langue inconnue, s’édifie soi-même ; mais celui qui prophétise, édifie l’Eglise.
5 Je souhaite bien que vous parliez tous diverses langues ; mais je souhaite encore plus que vous prophétisiez ; car celui qui prophétise est préférable à celui qui parle des langues étrangères, à moins qu’il ne les interprète, afin que l’Eglise en reçoive de l’édification.
6 En effet, mes frères, si je venais parmi vous en parlant des langues inconnues, à quoi vous serais-je utile, si je ne vous faisais pas entendre par la révélation, par la connaissance, par la prophétie, ou par l’instruction, ce que je vous dirais ?
7 Il en est comme des choses inanimées qui rendent un son, soit une flûte, soit une harpe. Si elles ne forment point des tons distincts, comment connaîtra-t-on ce qui est joué sur la flûte ou sur la harpe ?
8 Et si la trompette ne rend qu’un son confus, qui est-ce qui se préparera au combat ?
9 De même, si les paroles que vous prononcez dans votre langue ne sont pas entendues, comment saura-t-on ce que vous dites ? car vous parlerez en l’air.
10 Combien de sortes de mots n’y a-t-il pas dans le monde ? Et y en a-t-il aucun qui ne signifie quelque chose ?
11 Si donc je ne sais ce que ces mots signifient, je serai barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera barbare pour moi.
12 Ainsi, puisque vous désirez avec ardeur les dons spirituels, cherchez à en avoir abondamment pour l’édification de l’Eglise.
13 C’est pourquoi, que celui qui parle une langue inconnue, prie en sorte qu’il interprète ce qu’il dit.
14 Car, si je prie dans une langue inconnue, mon esprit prie, mais l’intelligence que j’en ai est sans fruit.
15 Que ferai-je donc ? Je prierai dans mon esprit, mais je prierai aussi d’une manière qu’on m’entende. Je chanterai dans mon esprit, mais je chanterai aussi d’une manière qu’on m'entende.
16 Autrement, si tu bénis Dieu seulement en esprit, comment celui qui est du simple peuple répondra-t-il Amen à ton action de grâces, puisqu’il n’entend pas ce que tu dis ?
17 Il est vrai que tes actions de grâces sont bonnes ; mais un autre n’en est pas édifié.
18 Je rends grâces à mon Dieu, de ce que je parle plus de langues que vous tous ;
19 mais j’aimerais mieux prononcer dans l’Eglise cinq paroles en me faisant entendre, afin d’instruire ainsi les autres, que dix mille paroles dans une langue inconnue.
20 Mes frères, ne soyez pas des enfants en intelligence ; mais soyez des enfants à l’égard de la malice ; et pour ce qui est de l’intelligence, soyez des hommes faits.
21 Il est écrit dans la loi : Je parlerai à ce peuple par des gens d’une autre langue, et par des lèvres étrangères, de sorte qu’ils ne m’entendront point, dit le Seigneur.
22 C’est pourquoi les langues étrangères sont un signe, non pour ceux qui croient, mais pour les infidèles ; au lieu que la prophétie est un signe, non pour les infidèles, mais pour ceux qui croient.
23 Si donc toute l’Eglise est assemblée en un même lieu, et que tous parlent des langues étrangères, et que des gens du commun peuple, ou des infidèles y entrent, ne diront-ils pas que vous avez perdu le sens ?
24 Mais si tous prophétisent, et qu’il y entre quelque infidèle, ou quelqu’un du commun peuple, il sera convaincu par tous, il sera jugé par tous.
25 Et ainsi les secrets de son cœur seront manifestés, de sorte qu’il se prosternera la face en terre, il adorera Dieu, et il publiera que Dieu est véritablement parmi vous.
26 Que faut-il donc faire, mes frères ? Lorsque vous vous assemblez, quelqu’un de vous a-t-il un cantique, a-t-il une instruction, a-t-il à parler une langue étrangère, a-t-il une révélation, a-t-il une interprétation ? Que tout se fasse pour l’édification.
27 S’il y en a qui parlent une langue inconnue, qu’il n’y en ait que deux ou trois, au plus, qui parlent, et cela l’un après l’autre ; et qu’il y en ait un qui interprète.
28 Que s’il n’y a point d’interprète, que celui qui parle se taise dans l’Église, et qu’il parle à lui-même et à Dieu.
29 Qu’il n’y ait aussi que deux ou trois prophètes qui parlent, et que les autres en jugent.
30 Et si un autre de ceux qui sont assis, a une révélation, que le premier se taise.
31 Car vous pouvez tous prophétiser l’un après l’autre, afin que tous apprennent, et que tous soient exhortés.
32 Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ;
33 car Dieu n’est point un Dieu de confusion, mais un Dieu de paix, comme on le voit dans toutes les Églises des saints.
34 Que vos femmes se taisent dans les Églises, parce qu’il ne leur est pas permis d’y parler ; mais elles doivent être soumises, comme aussi la loi le dit.
35 Que si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris dans la maison ; car il n’est pas bienséant aux femmes de parler dans l’Église.
36 Est-ce de vous que la parole de Dieu est venue, ou n’est-elle parvenue qu’à vous seuls ?
37 Si quelqu’un croit être prophète, ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont des commandements du Seigneur.
38 Et si quelqu’un le veut ignorer, qu’il l’ignore.
39 C’est pourquoi, mes frères, désirez avec ardeur de prophétiser, et n’empêchez point de parler les langues étrangères.
40 Que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre.
REFLEXIONS
Quoique le don de parler divers langues ait cessé dans l’église et qu’il n’y ait pas aujourd’hui des révélations comme il y en avait du temps des apôtres, nous pouvons recueillir de ce chapitre des instructions importantes :
I. Que ces dons extraordinaires étaient, comme St. Paul le dit ici, une forte preuve de la vérité de l’Évangile ;
II. Que quelque excellent que fut le don des langues, il n’était pas salutaire, à moins qu’on ne le rapportât à l’instruction et à l’édification de toute l’église qui est le grand but que l’on doit toujours se proposer dans la religion.
III. Surtout, St. Paul nous apprend ici qu’il est de la dernière importance et d’une absolue nécessité de donner au peuple une connaissance claire des vérités que Dieu nous a révélées et d’expliquer pour cet effet l’Écriture sainte familièrement et intelligiblement, qu’ainsi la lecture de l’Écriture, les exhortations, les prières, les Psaumes, la célébration du service divin et généralement tout ce qui se dit dans l’église doit se faire dans un langue que le commun peuple entende et d’une manière claire, simple et accommodée à la portée de tout le monde.
Enfin, il faut faire une grande attention à ce que St. Paul établit dans tout ce chapitre et en particulier sur la fin en disant que Dieu n’est pas un Dieu de confusion et de désordre, mais qu’il est un Dieu d’ordre et de paix et que toutes choses doivent se faire dans l’église avec bienséance, avec ordre et avec gravité. Il parait de là que ce qui concerne l’extérieur de la religion et du service divin n’est pas une chose indifférente et que l’intention de Dieu est que l’ordre, la bienséance et l’uniformité soient observées dans toutes les églises chrétiennes.
St. Paul prouve dans ce chapitre la résurrection des morts contre certaines personnes qui la niaient. Pour cet effet, il établit premièrement que notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité, ce qu’il prouve par le témoignage des apôtres et de plusieurs autres personnes. Ensuite il conclut de là que les morts ressusciteront, ce qu’il éclaircit et confirme par quelques autres raisons.
1 Je veux aussi, mes frères, vous faire souvenir de l’évangile que je vous ai annoncé, et que vous avez reçu, dans lequel vous persévérez,
2 et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain.
3 Or, je vous ai enseigné, avant toutes choses, ce que j’avais aussi reçu, savoir, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ;
4 et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures ;
5 et qu’il a été vu de Céphas, ensuite des douze apôtres ;
6 qu’après cela, il a été vu de plus de cinq cents frères, en une seule fois, dont la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts.
7 Depuis il se fit voir à Jacques, et ensuite à tous les apôtres ;
8 et après tous, il m’est aussi apparu comme à un avorton.
9 Car je suis le moindre des apôtres, et je ne suis même pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu.
10 Mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ; et la grâce qu’il m’a faite n’a point été vaine ; mais j’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous ; non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.
11 Soit donc moi, soit eux, c’est là ce que nous prêchons, et ce que vous avez cru.
12 Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité, comment quelques-uns d’entre vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection ?
13 Car s’il n’y a point de résurrection, Christ aussi n’est point ressuscité.
14 Et si Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi est vaine aussi.
15 Et même il se trouverait que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu ; car nous avons rendu ce témoignage de Dieu qu’il a ressuscité Christ, lequel il n’a point ressuscité, si les morts ne ressuscitent point.
16 Car si les morts ne ressuscitent point, Christ n’est point non plus ressuscité.
17 Et si Christ n’est point ressuscité, votre foi est vaine, et vous êtes encore dans vos péchés.
18 Ceux donc aussi qui sont morts en Christ, sont péris.
19 Si nous n’avons d’espérance en Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus misérables de tous les hommes.
20 Mais maintenant, Christ est ressuscité, et il est devenu les prémices de ceux qui sont morts.
21 Car, puisque la mort est venue par un homme, la résurrection des morts est venue aussi par un homme.
22 Car, comme tous meurent par Adam, de même tous revivront par Christ ;
23 mais chacun en son propre rang ; Christ est les prémices, ensuite ceux qui lui appartiennent ressusciteront à son avènement.
24 Après cela viendra la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, et qu’il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance ;
25 car il doit régner jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds.
26 L’ennemi qui sera détruit le dernier, c’est la mort ;
27 car Dieu a mis toutes choses sous ses pieds. Or, quand il est dit que toutes choses lui sont assujetties, il est évident que celui qui lui a assujetti toutes choses, est excepté.
28 Et quand toutes choses lui auront été assujetties, alors aussi le Fils même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.
29 De plus, que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si absolument les morts ne ressuscitent point ? Pourquoi aussi sont-ils baptisés pour les morts ?
30 Et pourquoi nous-mêmes sommes-nous à toute heure en péril ?
31 Je suis tous les jours exposé à la mort ; je vous le proteste par le sujet que j’ai de me glorifier de vous en Jésus-Christ notre Seigneur.
32 Si j’ai combattu contre les bêtes à Ephèse dans des vues humaines, quel avantage m’en revient-il, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons et buvons ; car demain nous mourrons.
33 Ne vous abusez point ; les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs.
34 Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez point ; car il y en a parmi vous qui sont sans connaissance de Dieu ; je vous le dis à votre honte.
REFLEXIONS
Ce chapitre est un excellent traité où la doctrine de la résurrection est clairement expliquée. Saint Paul y enseigne : I. Que toute la religion chrétienne est fondée sur la résurrection de Jésus-Christ et que cette résurrection est un fait certain et indubitable qui a été attesté par les apôtres dont le témoignage ne peut être révoqué en doute ; II. Il montre que les morts ressusciteront infailliblement et les preuves qu’il en allègue sont les suivantes :
- Que si les morts ne ressuscitaient pas, Jésus-Christ ne serait pas ressuscité et que notre foi serait vaine,
- Que les fidèles qui sont morts au Seigneur seraient péris pour toujours,
- Que les chrétiens seraient les plus misérables de tous les hommes puisqu’ils étaient sujets à la persécution,
- Et que le mal qu’Adam nous a fait en nous assujettissant à la mort ne serait pas réparé.
Il dit encore que si Jésus-Christ ne détruisait pas, en nous ressuscitant, la mort qui est le dernier de nos ennemis, il ne règnerait pas pleinement sur toutes choses et qu’enfin s’il n’y avait point de résurrection, ce serait une grande folie aux chrétiens de s’exposer volontairement à tous les maux qu’ils souffraient.
Toutes ces considérations font voir qu’il est très certain que les morts ressusciteront au dernier jour. Nous devons rendre grâce à Dieu de ce que l’espérance de notre résurrection est établie sur des fondements aussi solides et travailler au reste à nous affermir toujours davantage dans cette espérance en prenant garde, comme St. Paul nous y exhorte, que les discours et les exemples des impies et des profanes n’ébranlent notre foi, et étudions-nous à vivre saintement et en nous éloignant du péché.
CHAPITRE XV VERSETS 35 A 58.
St. Paul, après avoir prouvé la résurrection, fait voir que, quoi que nos corps soient détruits par la mort, ils doivent un jour être rétablit en vie, mais il remarque qu’alors ils ne seront plus corruptibles, faibles et mortels comme ils le sont maintenant, mais qu’ils seront incorruptibles, immortels et glorieux. C’est ce qu’il explique par la comparaison du grain que l’on sème et par quelques autres images. Il parle après cela du changement qui se fera en ceux qui seront en vie au jour de la résurrection, et il conclut en marquant les sentiments de joie et de piété que la croyance de cette doctrine doit inspirer aux chrétiens.
35 Mais quelqu’un dira : Comment ressusciteront les morts, et avec quel corps viendront-ils ?
36 Insensé, ce que tu sèmes ne prend point vie, s’il ne meurt auparavant.
37 Et à l’égard de ce que tu sèmes, tu ne sèmes pas le même corps qui doit naître, mais le simple grain, comme il se rencontre, soit de blé, soit de quelque autre semence.
38 Mais Dieu lui donne le corps comme il lui plaît, et à chaque semence le corps qui lui est propre.
39 Toute sorte de chair n’est pas la même chair ; mais autre est la chair des hommes, et autre la chair des bêtes ; autre celle des poissons, et autre celle des oiseaux.
40 Il y a aussi des corps célestes, et des corps terrestres ; mais autre est l’éclat des corps célestes, et autre est celui des terrestres ;
41 autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, et autre l’éclat des étoiles ; car l’éclat d’une étoile est différent de l’éclat d’une autre étoile.
42 Il en sera aussi de même à la résurrection. Le corps est semé corruptible, il ressuscitera incorruptible ;
43 il est semé méprisable, il ressuscitera glorieux ; il est semé infirme, il ressuscitera plein de force ;
44 il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel ; il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel ;
45 suivant qu’il est écrit : Le premier homme, Adam, a été fait avec une âme vivante ; mais le dernier Adam est un Esprit vivifiant.
46 Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier ; c’est ce qui est animal ; et ce qui est spirituel vient après.
47 Le premier homme étant de la terre, est terrestre, et le second homme, qui est le Seigneur, est du ciel.
48 Tel qu’est celui qui est terrestre, tels sont aussi les terrestres ; et tel qu’est le céleste, tels seront aussi les célestes.
49 Et comme nous avons porté l’image de celui qui est terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste.
50 Voici donc ce que je dis, mes frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et que la corruption ne possédera point l’incorruptibilité.
51 Voici un mystère que je vous dis ; c’est que nous ne serons pas tous morts, mais nous serons tous changés ;
52 en un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons changés.
53 Car il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l’immortalité.
54 Et quand ce corps corruptible aura été revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura été revêtu de l’immortalité, alors cette parole de l’Ecriture sera accomplie : La mort est engloutie pour toujours.
55 O mort, où est ton aiguillon ? O sépulcre, où est ta victoire ?
56 Or, l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi.
57 Mais grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ.
58 C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur.
REFLEXIONS
Le but de ce que St. Paul nous enseigne ici est de nous apprendre que quoique la mort détruise nos corps et les réduise en poudre, ils ne laisseront pas de ressusciter par un effet de la toute-puissance de notre Seigneur et que ces corps ressuscités seront incorruptibles et glorieux, en sorte que les fidèles seront alors semblables à Jésus-Christ.
L’Apôtre nous apprend outre cela que ceux qui vivront à la fin du monde seront changés subitement et qu’ainsi tous les fidèles deviendront immortels.
L’attente de cette grande gloire à laquelle nous sommes destinés doit nous remplir d’espérance et de joie, dissiper pleinement les frayeurs de la mort et nous faire dire avec Saint Paul : Où est, ô mort, ton aiguillon. Où est, ô sépulcre, ta victoire ! Grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ !
Mais l’espérance de cette résurrection de nos corps nous oblige aussi à les conserver dans une grande pureté et à pratiquer constamment tous les devoirs du christianisme comme l’Apôtre nous y exhorte par ces paroles qui marquent l’usage auquel nous devons rapporter cette doctrine : Soyez toujours fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur.
I. L’Apôtre exhorte les Corinthiens à contribuer pour une collecte que l’on faisait en faveur des églises de la Judée. II. Il leur promet de les aller voir dans peu de temps. III. Il leur recommande Timothée et quelques autres personnes. IV. Il finit par des salutations et par des vœux et en déclarant que ceux qui n’aimaient pas sincèrement Jésus-Christ étaient sous le jugement de Dieu et que l’on ne devait point les regarder comme membres de l’église.
1 A l’égard de la collecte qui se fait pour les saints, usez-en de la manière que je l’ai ordonné dans les églises de Galatie.
2 C’est que, chaque premier jour de la semaine, chacun de vous mette à part chez soi, et rassemble ce qu’il pourra, selon sa prospérité, afin qu’on n'attende pas que je sois arrivé pour faire les collectes.
3 Et lorsque je serai arrivé chez vous, j’enverrai avec des lettres ceux que vous aurez approuvés, pour porter votre libéralité à Jérusalem.
4 Et si la chose mérite que j’y aille moi-même, ils viendront avec moi.
5 Au reste, j’irai chez vous, après que j’aurai passé par la Macédoine ; car je passerai par la Macédoine ;
6 et peut-être que je ferai quelque séjour chez vous, ou même que j’y passerai l’hiver, afin que vous me conduisiez partout où j’irai.
7 Car je ne veux pas, cette fois, vous voir seulement en passant : mais j’espère de demeurer quelque temps avec vous, si le Seigneur le permet.
8 Cependant je demeurerai à Ephèse jusqu’à la Pentecôte ;
9 car une grande porte m’y est ouverte, avec espérance de succès ; mais il y a beaucoup d’adversaires.
10 Si Timothée va chez vous, ayez soin qu’il soit en sûreté parmi vous, car il travaille à l’œuvre du Seigneur comme moi-même.
11 Que personne donc ne le méprise, et reconduisez-le en paix, afin qu’il vienne me trouver, car je l’attends avec nos frères.
12 Pour ce qui est d’Apollos, notre frère, je l’ai fort prié d’aller vous voir avec nos frères ; mais il n’a pas voulu y aller maintenant ; toutefois il y ira quand il en trouvera l’occasion.
13 Veillez, demeurez fermes dans la foi, agissez courageusement, fortifiez-vous ;
14 que tout ce que vous faites se fasse avec charité.
15 Or, mes frères, vous connaissez la famille de Stéphanas ; vous savez qu’elle est les prémices de l’Achaïe, et qu’ils se sont dévoués au service des saints.
16 Je vous prie d’avoir du respect pour des personnes de ce caractère, et pour tous ceux qui les aident et qui travaillent avec eux.
17 J’ai beaucoup de joie de l’arrivée de Stéphanas, de Fortunat et d’Achaïque, parce qu’ils ont suppléé à votre absence.
18 Car ils ont consolé mon esprit et le vôtre. Ayez donc des égards pour de telles personnes.
19 Les Églises d’Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l’Église qui est dans leur maison, vous saluent avec beaucoup d’affection en notre Seigneur.
20 Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser.
21 Je vous salue, moi Paul, de ma propre main.
22 Si quelqu’un n’aime point le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha !
23 La grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec vous.
24 Mon amour est avec vous tous en Jésus-Christ. Amen.
REFLEXIONS
Ce qu’il faut remarquer dans la première partie de ce chapitre, ce sont les exhortations que St. Paul adresse aux Corinthiens pour les engager à assister les églises de la Judée en faveur desquelles on faisait une collecte et l’ordre qu’il leur donne de mettre quelque chose à part pour cela tous les premiers jours de la semaine.
On voit par-là :
I. Que chacun doit exercer la charité selon son pouvoir dans les occasions qui s’en présentent et en second lieu que le premier jour de la semaine, savoir le dimanche, était consacré de ce temps-là aux œuvres de piété et de charité.
II. La manière dont Saint Paul recommande Timothée et quelques autres serviteurs de Dieu zélés et pieux nous apprend que les chrétiens doivent avoir en révérence les vrais ministres de Jésus-Christ qui se sont dévoués à son service et se soumettre à eux.
III. Les salutations qu’on lit sur la fin de cette épître marquent qu’il doit avoir entre les églises et les chrétiens de tous les lieux une communion très étroite qui les porte à s’aimer affectueusement les uns les autres et que les devoirs des ministres du Seigneur est de prier sans cesse pour tous les fidèles, leur souhaitant l’augmentation de la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ.
Enfin, l’anathème que Saint Paul prononce contre tous ceux qui n’aiment pas sincèrement le Seigneur mérite toute notre attention. L’Apôtre leur dénonce la malédiction divine et il ne veut pas qu’on les regarde comme des chrétiens. Cela marque clairement que l’église ne doit pas souffrir dans sa communion les profanes et les scandaleux et que tous ceux qui n’ont pas un vrai amour pour notre Sauveur et qui violent ouvertement ses saints commandements ne lui appartiennent en aucune manière et qu’ils sont sous la malédiction de Dieu.
La première épître aux Corinthiens a été écrite de Philippes, et portée par Stéphanas, Fortunat, Achaïque, et Timothée.
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- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
St. Luc raconte dans ce livre comment la religion chrétienne s’établit après l’ascension de Jésus-Christ, premièrement à Jérusalem et ensuite en divers autres lieux par le moyen des apôtres et principalement par le ministère de Saint Pierre et de Saint Paul. Cette histoire comprend le temps qui s’est écoulé depuis l’ascension de Jésus-Christ jusqu’au premier emprisonnement de St. Paul à Rome, ce qui fait l’espace d’environ vingt-huit ans.
Chapitres Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI. Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Chapitre XVII. Chapitre XVIII. Chapitre XIX. Chapitre XX. Chapitre XXI. Chapitre XXII. Chapitre XXIII. Chapitre XXIV. Chapitre XXV. Chapitre XXVI. Chapitre XXVII. Chapitre XXVIII. Livres du Nouveau Testament.
Dans le premier chapitre, Saint Luc rapporte deux choses : I. L’ascension de notre Seigneur. II. L’établissement de Saint Matthias dans la charge d’apôtre.
1 J’ai parlé dans mon premier livre, ô Théophile, de toutes les choses que Jésus a faites et a enseignées,
2 Jusqu’au jour qu’il fut élevé dans le ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis ;
3 auxquels aussi, après qu’il eut souffert, il se montra lui-même vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se faisant voir à eux pendant quarante jours, et leur parlant de ce qui regarde le royaume de Dieu.
4 Et les ayant assemblés, il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d’y attendre la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez ouïe de moi.
5 Car Jean a baptisé d’eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit dans peu de jours.
6 Eux donc, étant assemblés, lui demandèrent : Seigneur, sera-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ?
7 Mais il leur dit : Ce n’est pas à vous de savoir les temps ou les moments dont le Père a réservé la disposition à sa propre puissance.
8 Mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit, qui descendra sur vous ; et vous me servirez de témoins, tant à Jérusalem que dans toute la Judée, et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.
9 Et après qu’il eut dit ces paroles, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée l’emporta de devant leurs yeux.
10 Et comme ils avaient les yeux attachés au ciel pendant qu’il y montait, deux hommes se présentèrent devant eux en vêtements blancs,
11 Et leur dirent : Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé d’avec vous dans le ciel, en reviendra de la même manière que vous l’y avez vu monter.
12 Alors ils s’en retournèrent à Jérusalem, de la montagne qu’on appelle des Oliviers, qui est près de Jérusalem, l’espace du chemin d'un sabbat.
13 Et quand ils furent arrivés, ils montèrent dans une chambre haute, où demeuraient Pierre, Jacques, Jean, André, Philippe, Thomas, Barthélemi, Matthieu. Jacques, fils d’Alphée, Simon Zélote, et Jude, frère de Jacques.
14 Tous ceux-là persévéraient d’un commun accord dans la prière et dans l’oraison, avec les femmes, et Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.
15 En ces jours-là Pierre se leva au milieu des disciples, qui étaient assemblés au nombre d’environ cent vingt personnes, et il leur dit :
16 Mes frères, il fallait que ce que le Saint-Esprit a prédit dans l’Ecriture, par la bouche de David, touchant Judas, qui a été le conducteur de ceux qui ont pris Jésus, fût accompli.
17 Car il était de notre nombre, et il avait eu sa part à ce ministère.
18 Mais, après avoir acquis un champ, du salaire de son crime, il s’est précipité, il a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles ont été répandues ;
19 ce qui a été si connu de tous les habitants de Jérusalem, que ce champ-là a été appelé en leur propre langue, Haceldama, c’est-à-dire, le champ du sang.
20 Aussi est-il écrit dans le livre des psaumes : Que sa demeure devienne déserte, et qu’il n’y ait personne qui l’habite ; et : Qu’un autre prenne sa charge.
21 Il faut donc que de ceux qui ont été avec nous pendant tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu parmi nous,
22 depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour que le Seigneur a été enlevé d’avec nous, il y en ait un qui soit témoin avec nous de sa résurrection.
23 Alors ils en présentèrent deux : Joseph, appelé Barsabas, surnommé Juste, et Matthias.
24 Et priant, ils dirent : Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, montre-nous lequel de ces deux tu as choisi ;
25 afin qu’il ait part au ministère et à l’apostolat que Judas a abandonné pour s’en aller en son lieu.
26 Et ils jetèrent le sort sur eux ; et le sort tomba sur Matthias, qui, d’un commun accord, fut mis au rang des onze apôtres.
REFLEXIONS
La première partie de ce chapitre nous apprend que notre Seigneur, étant ressuscité, demeura pendant quarante jours sur la terre pour persuader d’autant mieux les apôtres de la vérité de sa résurrection et pour leur donner les instructions qui leur étaient nécessaires. Au bout de ces quarante jours, il fut élevé au Ciel en leur présence parce qu’ils devaient être tous témoins de cet événement et des anges leur apparurent alors qui les assurèrent que Jésus était monté au Ciel et qu’il en reviendrait au dernier jour. Nous avons en cela des preuves très convaincantes de l’ascension de Jésus-Christ et de la certitude de son dernier retour. Ces vérités étant attestées par le témoignage des apôtres, par celui des anges aussi bien que par des effets merveilleux qui suivirent l’élévation de Jésus-Christ dans la gloire céleste. Notre Seigneur étant ainsi monté au Ciel, tous les hommes doivent reconnaître qu’il a une souveraine puissance sur toutes choses et que son règne est spirituel et céleste. Cela doit aussi nous engager à avoir sans cesse nos pensées et nos désirs élevés vers ce séjour glorieux où notre Seigneur est à la droite de Dieu son Père et où il nous prépare des demeures éternelles et à vivre une pratique continuelle de la piété en attendant son retour.
Dans la seconde partie de ce chapitre, il y a deux choses principales à remarquer :
L’une que les assemblées religieuses sont autorisées par l’exemple des apôtres et des premiers disciples de Jésus-Christ, lesquels, après que notre Seigneur fut monté au Ciel, étaient ordinairement assemblés pour vaquer à la prière et à l’oraison.
L’autre que, comme Jésus avait choisi douze apôtres, l’un des premiers soins de St. Pierre et de ses collègues fut d’établir un apôtre à la place de Judas, que pour cet effet ils présentèrent deux hommes qui avaient été les témoins de la vie et de la résurrection de Jésus-Christ, mais qu’ils jetèrent le sort sur eux et qu’ils prièrent le Seigneur de montrer lequel des deux il avait élu, parce que les apôtres devaient être choisis immédiatement par Jésus-Christ lui-même.
Saint Luc rapporte quatre choses dans ce chapitre : I. Comment les apôtres reçurent le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte. II. Le discours que Saint Pierre fit aux Juifs ce jour-là. III. L’effet de ce discours qui fut la conversion de trois milles personnes. IV. L’état où était alors l’église de Jérusalem.
1 Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous d’un accord dans un même lieu.
2 Alors il se fit tout à coup un bruit qui venait du ciel, comme le bruit d’un vent qui souffle avec impétuosité ; et il remplit toute la maison où ils étaient.
3 Et ils virent paraître des langues séparées les unes des autres, qui étaient comme de feu, et qui se posèrent sur chacun d’eux.
4 Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils commencèrent à parler des langues étrangères, selon que l’Esprit les faisait parler.
5 Or, il y avait alors à Jérusalem des Juifs craignant Dieu, de toutes les nations qui sont sous le ciel.
6 Après donc que le bruit s’en fut répandu, il s’assembla une multitude de gens, qui furent tout étonnés de ce que chacun d’eux les entendait parler en sa propre langue.
7 Et ils en étaient tous hors d’eux-mêmes et dans l’admiration, se disant les uns aux autres : Ces gens-là qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ?
8 Comment donc les entendons-nous parler chacun la propre langue du pays où nous sommes nés ?
9 Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont et l’Asie,
10 la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, les quartiers de la Libye qui est près de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome ;
11 tant Juifs que Prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler en nos langues des choses magnifiques de Dieu.
12 Ils étaient donc tous étonnés, et ne savaient que penser, se disant l’un à l’autre : Que veut dire ceci ?
13 Et les autres, se moquant, disaient : C’est qu’ils sont pleins de vin doux.
14 Mais Pierre, se présentant avec les onze, éleva sa voix, et leur dit : Hommes Juifs, et vous tous qui habitez à Jérusalem, sachez ceci, et écoutez avec attention mes paroles :
15 Ces gens-ci ne sont point ivres, comme vous le pensez, puisqu’il n’est encore que la troisième heure du jour.
16 Mais c’est ici ce qui a été prédit par le prophète Joël :
17 Il arrivera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils prophétiseront, et vos filles aussi ; vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes.
18 Et dans ces jours-là, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront ;
19 et je ferai des prodiges en haut dans le ciel, et des signes en bas sur la terre, du sang et du feu, et une vapeur de fumée ;
20 le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que le grand et illustre jour du Seigneur vienne ;
21 et il arrivera que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.
22 Hommes Israélites, écoutez ceci : Jésus le Nazarien, homme approuvé de Dieu parmi vous par les effets de sa puissance, par les merveilles et par les miracles que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ;
23 ce Jésus ayant été livré par la volonté déterminée et selon la prescience de Dieu, vous l’avez pris, et vous l’avez fait mourir par les mains des méchants, l’ayant attaché à la croix.
24 Mais Dieu l’a ressuscité, ayant rompu les liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il y fût retenu.
25 Car David dit de lui : Je voyais toujours le Seigneur devant moi, parce qu’il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé.
26 C’est pour cela que mon cœur s’est réjoui, et que ma langue a fait éclater sa joie, et même ma chair reposera dans l’espérance ;
27 parce que tu ne me laisseras point dans le sépulcre, et tu ne permettras point que ton Saint sente la corruption.
28 Tu m’as fait connaître le chemin de la vie : tu me rempliras de joie en me faisant voir ta face.
29 Mes frères, je puis bien vous dire avec assurance, touchant le patriarche David, qu’il est mort, et qu’il a été enseveli, et que son sépulcre est encore aujourd’hui parmi nous.
30 Mais étant prophète, et sachant que Dieu lui avait promis avec serment qu’il ferait naître le Christ de sa postérité selon la chair, pour le faire asseoir sur son trône ;
31 prévoyant cela, il a parlé de la résurrection du Christ, disant, qu’il n’a point été laissé dans le sépulcre, et que sa chair n’a point senti la corruption.
32 Dieu a ressuscité ce Jésus ; et nous en sommes tous témoins.
33 Après donc qu’il a été élevé par la droite de Dieu, et qu’il a reçu de son Père le Saint-Esprit qui avait été promis, il a répandu ce que vous voyez et que vous entendez maintenant.
34 Car David n’est point monté au ciel, mais il a dit lui-même : L’Eternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite,
35 jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied.
36 Que toute la maison d’Israël sache donc certainement que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié.
37 Ayant ouï ces choses, ils furent touchés de componction en leur cœur, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ?
38 Et Pierre leur dit : Convertissez-vous ; et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour obtenir la rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit.
39 Car la promesse a été faite à vous et à vos enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera.
40 Et il les pressait par plusieurs autres discours, et les exhortait, en leur disant : Sauvez-vous du milieu de cette race perverse.
41 Ceux donc qui reçurent de bon cœur sa parole, furent baptisés ; et il y eut environ trois mille personnes qui furent ajoutées ce jour-là à l’Eglise.
42 Or, ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et dans les prières.
43 Et tout le monde avait de la crainte, et il se faisait beaucoup de miracles et de prodiges par les apôtres.
44 Et tous ceux qui croyaient, étaient ensemble dans un même lieu, et avaient toutes choses communes ;
45 ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon le besoin que chacun en avait.
46 Et ils étaient tous les jours assidus au temple d’un commun accord ; et rompant le pain de maison en maison, ils prenaient leurs repas avec joie et simplicité de cœur ;
47 louant Dieu, et étant agréables à tout le peuple ; et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’Eglise des gens pour être sauvés.
REFLEXIONS
Il faut remarquer en premier lieu sur ce chapitre que Jésus-Christ, en faisant descendre le Saint-Esprit sur les apôtres, accomplit les promesses qu’il leur avait faites de leur envoyer cet Esprit après son départ et qu’il leur donna en cela des preuves certaines et indubitables de son élévation au Ciel. Il leur communiqua le don de parler toutes sortes de langues pour leur montrer qu’ils devaient annoncer l’Évangile à tous les peuples du monde et pour les mettre en état de le faire. Et cette merveille arriva un jour solennel et en présence d’une grande multitude de personnes qui étaient venues à Jérusalem de divers pays étrangers, afin que le bruit de cet événement miraculeux se répandît de tous côtés et que cela servit à faire recevoir la prédication des apôtres.
II. Le but de ce discours que St. Pierre fit aux Juifs était de leur apprendre que ce qui venait d’arriver avait été prédit par le prophète Joël, que ce Jésus qu’ils avaient crucifié était ressuscité, que Dieu l’avait élevé au Ciel, que c’était lui qui venait de répandre sur les apôtres le don de parler diverses langues et que tous les hommes devaient le regarder comme le Messie et comme leur Seigneur et leur Roi. C’est aussi là la substance de l’Évangile et ce qu’il faut croire touchant Jésus-Christ.
III. La conversion de ces trois mille Juifs qui reçurent le baptême en ce jour-là fut une preuve admirable de l’efficace de la prédication de Saint Pierre et leur exemple nous montre qu’une vive componction de cœur et une humble docilité qui dispose le pécheur à suivre tout ce qu’il plaira à Dieu de lui prescrire est le caractère des vrais pénitents et le sûr moyen de s’amender et d’entrer dans les voies du salut.
IV. Enfin, on doit faire l’attention la plus sérieuse à ce que Saint Luc rapporte dans ce chapitre de la piété de ces premiers chrétiens, de leur assiduité à la prière, à la célébration de l’eucharistie et aux autres exercices religieux, de l’union admirable qu’il y avait entre eux, de leur charité et en général de l’innocence et de la simplicité de leurs mœurs. À tous ces égards, ces anciens fidèles qui composaient l’église de Jérusalem doivent servir de modèle à toutes les églises et à apprendre aux chrétiens de tous les temps à être zélés et assidus à la prière et à toutes les parties du service divin, à vivre dans la paix et dans la concorde, à pratiquer les œuvres de charité et à se rendre agréable à Dieu et aux hommes par des mœurs pures et par la sainteté de leur conduite.
Ce chapitre contient : Le récit d’un miracle que Saint Pierre fit en guérissant un homme perclus de ses membres. Ce que cet apôtre dit aux Juifs pour leur apprendre que ce miracle avait été fait au nom de Jésus-Christ.
1 Quelques jours après, Pierre et Jean montaient ensemble au temple à l’heure de la prière, qui était la neuvième du jour.
2 Et il y avait un homme qui était impotent dès sa naissance, qu’on portait, et qu’on mettait tous les jours à la porte du temple appelée la belle porte, pour demander l’aumône à ceux qui entraient dans le temple.
3 Cet homme, voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, les pria de lui donner l’aumône.
4 Mais Pierre et Jean ayant les yeux arrêtés sur lui, Pierre lui dit : Regarde-nous.
5 Et il les regardait attentivement, s’attendant à recevoir quelque chose d’eux.
6 Alors Pierre lui dit : Je n’ai ni argent, ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne ; au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche.
7 Et l’ayant pris par la main droite, il le leva ; et à l'instant les plantes et les chevilles de ses pieds devinrent fermes ;
8 et il se leva debout en sautant, il marcha, et il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu.
9 Et tout le peuple le vit qui marchait et qui louait Dieu.
10 Et ils reconnurent que c’était celui-là même qui était à la belle porte du temple, pour demander l’aumône ; et ils furent remplis d’admiration et d’étonnement de ce qui lui était arrivé.
11 Et comme l’impotent qui avait été guéri, tenait par la main Pierre et Jean, tout le peuple étonné courut à eux au portique qu'on appelle de Salomon.
12 Mais Pierre, voyant cela, dit au peuple : Hommes Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de ceci ? ou pourquoi avez-vous les yeux arrêtés sur nous, comme si c’était par notre propre puissance, ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ?
13 Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son Fils Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, quoiqu’il jugeât qu’il devait être relâché.
14 Mais vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accordât un meurtrier ;
15 et vous avez fait mourir le Prince de la vie, que Dieu a ressuscité des morts : de quoi nous sommes témoins.
16 C’est par la foi en son nom, que son nom a raffermi cet homme que vous voyez et que vous connaissez ; et c’est la foi que nous avons en lui qui a opéré dans cet homme cette parfaite guérison en présence de vous tous.
17 Et maintenant, mes frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, aussi bien que vos conducteurs.
18 Mais c’est ainsi que Dieu a accompli ce qu’il avait prédit par la bouche de tous ses prophètes, que le Christ devait souffrir.
19 Amendez-vous donc et vous convertissez, afin que vos péchés soient effacés.
20 Quand les temps du rafraîchissement seront venus de la part du Seigneur, et qu’il aura envoyé Jésus-Christ, qui vous a été annoncé auparavant,
21 lequel il faut que le ciel contienne jusqu’au temps du rétablissement de toutes les choses, dont Dieu a parlé par la bouche de tous ses saints prophètes, dès le commencement.
22 Car Moïse a dit à nos pères : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera, d’entre vos frères, un prophète comme moi, écoutez-le en tout ce qu’il vous dira.
23 Et quiconque n’écoutera pas ce prophète, sera exterminé du milieu de son peuple.
24 Tous les prophètes qui ont parlé depuis Samuel, et ceux qui l’ont suivi, ont aussi prédit ces jours-ci.
25 Vous êtes les enfants des prophètes, et de l’alliance que Dieu a traitée avec nos pères, en disant à Abraham : Toutes les familles de la terre seront bénies en ta postérité.
26 C’est pour vous premièrement que Dieu, ayant suscité son Fils Jésus, l'a envoyé pour vous bénir, en retirant chacun de vous de vos iniquités.
REFLEXIONS
L’histoire de la guérison de cet homme qui était perclus montre qu’aussitôt après l’ascension de notre Seigneur, les apôtres firent voir aux yeux de tous les Juifs par des miracles éclatants que Jésus-Christ était élevé au Ciel et qu’il leur avait donné le pouvoir de faire des miracles semblables aux siens. Ce fut par ce moyen que l’Évangile continua à faire de grands progrès dans la ville de Jérusalem, tout le peuple ayant été rempli d’admiration à la vue de cette guérison miraculeuse.
II. On doit remarquer après cela dans le discours de St. Pierre le zèle et la hardiesse avec laquelle cet apôtre reprocha aux Juifs le crime qu’ils avaient commis en crucifiant Jésus-Christ et leur déclara ouvertement que ce Jésus était le Messie dont tous les prophètes avaient prédit la venue. C’est ainsi qu’il faut toujours confesser le nom de notre Seigneur et rendre un témoignage authentique à la vérité.
III. On voit ici que bien que les Juifs eussent crucifié le fils de Dieu, Pierre ne laissa pas de les exhorter à la repentance et qu’il leur promet que leurs péchés seraient effacés pourvu qu’ils se convertissent et qu’ils ne s’obstinassent pas dans leur incrédulité. D’où nous devons recueillir que le retour à la grâce de Dieu est ouvert à tous ceux qui se repentent et qui s’amendent, quelques coupables qu’ils soient.
IV. Enfin, Saint Pierre nous apprend que Jésus est ce grand prophète dont Moïse avait parlé et duquel Dieu a dit : qu’on doit l’écouter en tout ce qu’il dira et que ceux qui refuseront de l’écouter seront retranchés de son peuple.
C’est cela même que Saint Pierre marque dans le dernier verset de ce chapitre en disant : que Dieu a envoyé son fils Jésus pour nous bénir en nous retirant chacun de nous de nos péchés.
Le but de l’envoi du fils de Dieu a donc été de retirer les hommes de leurs vices et ce n’est que par là qu’ils peuvent avoir part à la bénédiction que ce grand Sauveur a apportée au monde.
Saint Luc rapporte : I. L’emprisonnement de St. Pierre et de St. Jean. II. Leur comparution devant le conseil des Juifs, et ce qui s’y passa. III. Une prière qu’ils firent à Dieu après qu’on leur eut défendu avec de sévères menaces de plus parler au nom de Jésus-Christ. IV. L’état de l’église de Jérusalem et surtout de l’admirable charité qui y régnait.
1 Mais comme Pierre et Jean parlaient au peuple, les sacrificateurs, le capitaine du temple et les sadducéens survinrent,
2 étant fort en peine de ce qu’ils enseignaient le peuple, et de ce qu’ils annonçaient la résurrection des morts au nom de Jésus.
3 Et s’étant saisis d’eux, ils les mirent en prison jusqu’au lendemain, parce qu’il était déjà tard.
4 Cependant, plusieurs de ceux qui avaient entendu la parole, crurent, et le nombre de ces personnes fut d’environ cinq mille.
5 Mais il arriva, le lendemain, que les chefs du peuple, les sénateurs et les scribes s’assemblèrent à Jérusalem,
6 Avec Anne, le souverain sacrificateur, Caïphe, Jean, Alexandre et tous ceux qui étaient de la race sacerdotale ;
7 et ayant fait paraître au milieu d’eux Pierre et Jean, ils leur dirent : Par quel pouvoir, ou au nom de qui avez-vous fait ceci ?
8 Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : Chefs du peuple, et vous, sénateurs d’Israël,
9 puisque nous sommes aujourd’hui recherchés pour avoir fait du bien à un homme impotent, afin de savoir par quel moyen il a été guéri ;
10 sachez, vous tous, et tout le peuple d’Israël, que c’est au nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts ; c’est par lui que cet homme se présente guéri devant vous.
11 C’est cette pierre qui a été rejetée par vous qui bâtissez, qui a été faite la principale pierre de l’angle.
12 Et il n’y a point de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés.
13 Eux voyant la hardiesse de Pierre et de Jean, et sachant que c’étaient des hommes sans lettres et du commun peuple, ils étaient dans l’étonnement, et ils reconnaissaient qu’ils avaient été avec Jésus.
14 Et voyant que l’homme qui avait été guéri était présent avec eux, ils n’avaient rien à opposer.
15 Alors leur ayant commandé de sortir du conseil, ils consultèrent entre eux,
16 disant : Que ferons-nous à ces gens-ci ? car c’est une chose connue à tous les habitants de Jérusalem, qu’ils ont fait un miracle ; cela est évident, et nous ne pouvons pas le nier.
17 Mais afin que cela ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur, avec de grandes menaces, de parler à qui que ce soit en ce nom-là.
18 Et les ayant rappelés, ils leur défendirent absolument de parler, ni d’enseigner en aucune manière au nom de Jésus.
19 Mais Pierre et Jean leur répondirent : Jugez vous-mêmes s’il est juste devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu.
20 Car pour nous, nous ne pouvons pas ne point parler des choses que nous avons vues et que nous avons entendues.
21 Ils les renvoyèrent donc avec de grandes menaces, ne trouvant pas le moyen de les punir à cause du peuple ; parce que tous glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé.
22 Car l’homme sur qui cette miraculeuse guérison avait été faite, avait plus de quarante ans.
23 Après qu’on les eut laissés aller, ils vinrent vers leurs frères, et leur racontèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les sénateurs leur avaient dit.
24 Ce qu’ayant entendu, ils élevèrent tous d’un accord leur voix à Dieu, et dirent : Seigneur, tu es le Dieu qui a fait le ciel, la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont ;
25 et qui a dit par la bouche de David ton serviteur : Pourquoi les nations se sont-elles émues, et pourquoi les peuples ont-ils projeté des choses vaines ?
26 Les rois de la terre se sont soulevés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et contre son Oint.
27 Car en effet, Hérode et Ponce-Pilate, avec les Gentils et le peuple d’Israël, se sont assemblés contre ton saint Fils Jésus, que tu as oint,
28 Pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient auparavant déterminé devoir être faites.
29 Maintenant donc, Seigneur, regarde à leurs menaces, et donne à tes serviteurs d’annoncer ta parole avec une pleine hardiesse ;
30 en étendant ta main, afin qu’il se fasse des guérisons, des miracles et des merveilles par le nom de ton Saint Fils Jésus.
31 Lorsqu’ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ; et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse.
32 Or, la multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme ; et personne ne disait que ce qu’il possédait fût à lui en particulier ; mais toutes choses étaient communes entre eux.
33 Et les apôtres rendaient témoignage, avec beaucoup de force, de la résurrection du Seigneur Jésus ; et il y avait une grande grâce sur eux tous.
34 Car il n’y avait personne parmi eux qui fût dans l’indigence ; parce que tous ceux qui possédaient des fonds de terre, ou des maisons, les vendaient, et apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu.
35 Ils le mettaient aux pieds des apôtres ; et on le distribuait à chacun selon qu’il en avait besoin.
36 Ainsi Joses, surnommé par les apôtres Barnabas, c’est-à-dire fils de consolation, qui était lévite et originaire de Chypre,
37 ayant un fonds de terre, le vendit, et en apporta le prix, et le mit aux pieds des apôtres.
REFLEXIONS
On voit premièrement dans ce chapitre l’accomplissement de ce que Jésus-Christ avait prédit aux apôtres, savoir qu’ils seraient mis en prison et menés devant les magistrats à cause de lui, mais on remarque aussi que les rigueurs qu’on exerçait contre eux n’ébranlaient point leur confiance et que le nombre de chrétiens croissait chaque jour nonobstant les oppositions des Juifs.
II. Les apôtres paraissant devant le conseil y parlèrent avec sainte hardiesse et avec tant de force que leurs ennemis en étaient étonnés et qu’ils n’avaient rien à leur opposer. C’est là un effet de la vertu divine dont les apôtres étaient revêtus et des promesses que Jésus-Christ leur avaient faites de les fortifier et de leur donner une sagesse à laquelle personne ne pourrait résister.
III. St. Pierre et St. Jean firent encore paraître leur zèle lorsque le magistrat leur ayant défendu de plus annoncer l’Évangile, ils répondirent : qu’il n’était pas juste d’obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu.
Cette généreuse résolution des apôtres montre qu’il n’y a rien au monde qui doive nous empêcher d’obéir à Dieu et qu’en particulier les ministres du Seigneur, qui par des égards mondains ou par la crainte des hommes n’osent pas dire et faire tout ce que Dieu leur commande, sont des lâches et des prévaricateurs.
IV. On voit dans l’ardente prière que les apôtres présentèrent à Dieu pour implorer son secours, le courage et la confiance dont ils étaient animés. Et les marques que Dieu leur donna de sa présence et de sa faveur en faisant trembler le lieu où ils étaient assemblés les assurèrent que Dieu agréait et exauçait leur prière et qu’il les couvrirait de sa protection. On a toujours un secours puissant et une ressource sûre dans la prière lorsqu’on craint Dieu et qu’on n’a en vue que sa gloire. Dieu ne manque jamais d’exaucer ceux qui l’invoquent ainsi et quand on défend sa cause, on doit se mettre peu en peine des vains efforts des hommes.
V. Ce qui est dit sur la fin de ce chapitre de l’union qu’il y avait entre les fidèles de Jérusalem et de l’usage qu’ils faisaient de leurs biens fait voir que l’esprit du christianisme est un esprit de paix et de concorde, que les vrais chrétiens ne sont qu’un cœur et qu’une âme et qu’ils exercent avec plaisir et libéralement la charité envers les nécessiteux.
St Luc fait l’histoire du péché d’Ananias et de Saphira et de la punition que Dieu en fit. II. Il parle ensuite des miracles des apôtres et des progrès merveilleux que l’Évangile faisait à Jérusalem. III. Les apôtres sont mis en prison une seconde fois, mais Dieu les en délivre par un ange et ils continuent à annoncer l’Évangile. IV. Ils paraissent encore devant le conseil qui les condamne à être fouettés et qui leur défend de plus parler de Jésus-Christ et de sa doctrine.
1 Mais un certain homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une possession ;
2 et il retint une partie du prix, du consentement de sa femme, et il en apporta le reste, et le mit aux pieds des apôtres.
3 Mais Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan s’est-il emparé de ton cœur, pour te faire mentir au Saint-Esprit, et détourner une partie du prix de ce fonds de terre ?
4 Si tu l’eusses gardé, ne te demeurait-il pas ? et l’ayant vendu, n’était-il pas en ton pouvoir d’en garder le prix ? Comment cela a-t-il pu entrer dans ton cœur ? Ce n’est pas aux hommes que tu as menti, mais c’est à Dieu.
5 Ananias, à l’ouïe de ces paroles, tomba, et rendit l’esprit ; ce qui causa une grande crainte à tous ceux qui en entendirent parler.
6 Et quelques jeunes gens se levant, le prirent, l’emportèrent, et l’ensevelirent.
7 Environ trois heures après, sa femme ne sachant rien de ce qui était arrivé, entra.
8 Et Pierre prenant la parole, lui dit : Dis-moi, avez-vous vendu le fonds de terre autant ? Et elle dit : Oui, nous l’avons vendu autant.
9 Alors Pierre lui dit : Pourquoi vous êtes-vous accordés ensemble pour tenter l’Esprit du Seigneur ? Voilà, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t’emporteront.
10 Au même instant elle tomba à ses pieds et rendit l’esprit. Et ces jeunes gens étant entrés, ils la trouvèrent morte, et ils l’emportèrent, et l’ensevelirent auprès de son mari.
11 Cela donna une grande crainte à toute l’Eglise et à tous ceux qui en entendirent parler.
12 Et il se faisait beaucoup de miracles et de prodiges parmi le peuple, par le moyen des apôtres, et ils étaient tous d’un accord dans le portique de Salomon.
13 Et aucun des autres n’osait se joindre à eux, mais le peuple leur donnait de grandes louanges.
14 Et la multitude de ceux qui croyaient au Seigneur, tant des hommes que des femmes, s’augmentait de plus en plus ;
15 jusque-là qu’on apportait les malades dans les rues, et on les mettait sur des lits et sur des couchettes, afin que quand Pierre viendrait à passer, son ombre du moins en couvrît quelques-uns.
16 Le peuple des villes voisines venait aussi en foule à Jérusalem ; et on y apportait les malades, et ceux qui étaient tourmentés par les esprits immondes, et tous étaient guéris.
17 Alors le souverain sacrificateur et tous ceux qui étaient avec lui, lesquels étaient de la secte des sadducéens, se levèrent et furent remplis d’envie.
18 Et ils se saisirent des apôtres, et les mirent dans la prison publique.
19 Mais un ange du Seigneur ouvrit, pendant la nuit, les portes de la prison, et les ayant fait sortir, il leur dit :
20 Allez, et vous présentant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette doctrine de la vie.
21 Ce qu’ayant ouï, ils entrèrent, dès le point du jour, dans le temple, et ils y enseignaient. Cependant le souverain sacrificateur étant arrivé, et ceux qui étaient avec lui, ils assemblèrent le conseil et tous les sénateurs du peuple d’Israël ; et ils envoyèrent à la prison pour faire amener les apôtres.
22 Mais les sergents y étant allés, ils ne les trouvèrent point dans la prison ; ainsi ils s’en retournèrent, et firent leur rapport,
23 Disant : Nous avons trouvé la prison bien fermée, et les gardes dehors, devant les portes ; mais l’ayant ouverte, nous n’avons trouvé personne dedans.
24 Le souverain sacrificateur, le capitaine du temple et les principaux sacrificateurs, ayant ouï cela, furent fort en peine au sujet des apôtres, ne sachant ce qui arriverait de tout cela.
25 Mais quelqu’un survint, qui leur fit ce rapport : Voilà ces gens que vous aviez mis en prison, qui sont dans le temple, et qui enseignent le peuple.
26 Alors le capitaine du temple, avec les huissiers, s’en alla, et il les amena, mais sans violence ; car ils craignaient d’être lapidés par le peuple.
27 Et les ayant amenés, ils les présentèrent au conseil. Et le souverain sacrificateur les interrogea, et leur dit :
28 Ne vous avons-nous pas défendu expressément d’enseigner en ce nom-là ? et vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme.
29 Mais Pierre et les autres apôtres répondirent : Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir, le pendant au bois.
31 C’est lui que Dieu a élevé à sa droite, pour être le Prince et le Sauveur, afin de donner à Israël la repentance et la rémission des péchés.
32 Et nous lui sommes témoins de ces choses, aussi bien que le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent.
33 Eux entendant cela, grinçaient les dents, et ils délibéraient de les faire mourir.
34 Mais un Pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi, honoré de tout le peuple, se levant dans le conseil, commanda qu’on fît retirer les apôtres pour un peu de temps.
35 Et il leur dit : Hommes Israélites, prenez garde à ce que vous avez à faire à l’égard de ces gens.
36 Car il y a quelque temps que Theudas s’éleva, se disant être quelque chose ; auquel un nombre d’environ quatre cents hommes se joignit ; mais il fut tué, et tous ceux qui l’avaient cru furent dissipés et réduits à rien.
37 Après lui, s’éleva Judas le Galiléen, du temps du dénombrement, et il attira à lui un grand peuple ; mais il périt aussi, et tous ceux qui le crurent furent dispersés.
38 Je vous dis donc maintenant : Ne poursuivez plus ces gens-là, mais laissez-les en repos ; car si ce dessein est un ouvrage des hommes, il se détruira de lui-même ;
39 mais s’il vient de Dieu, vous ne pouvez le détruire, et prenez garde qu’il ne se trouve que vous avez fait la guerre à Dieu. Et ils furent de son avis.
40 Et ils firent rentrer les apôtres ; et après les avoir fait fouetter, ils leur défendirent de parler au nom de Jésus ; et ils les laissèrent aller.
41 Ils sortirent donc de devant le conseil, remplis de joie d’avoir été trouvés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus.
42 Et ils ne cessaient tous les jours d’enseigner et d’annoncer Jésus-Christ, dans le temple et de maison en maison.
REFLEXIONS
Il y a trois réflexions à faire sur l’histoire d’Ananias.
I. La première, que Dieu frappa de mort cet homme et sa femme pour avoir menti à St. Pierre, afin de donner de la crainte à tous les membres de l’église, de soutenir l’autorité des apôtres dans les commencement de la prédication de l’Évangile et de faire voir la divinité de la doctrine qu’ils annonçaient.
II. La seconde, que Dieu connait les cœurs et les choses cachées, que quand même on pourrait tromper les hommes, on ne saurait le tromper et que ceux qui mentent aux hommes et en particulier à leurs conducteurs spirituels dans des occasions où l’on est obligé de dire la vérité, mentent à Dieu et s’exposent à sa vengeance.
III. La troisième, que c’est un très grand péché d’user de mensonge et de tromperie dans l’exercice de la charité. On est libre de donner ou de ne pas donner, mais quand on a consacré une chose à Dieu et à des usages de charité, il n’est pas permis de la reprendre, ni même d’en retenir la moindre partie.
Ce que St. Luc dit des miracles surprenants que les apôtres faisaient, de l’accroissement merveilleux de l’église de Jérusalem aussi bien que de l’amour et du respect que tout le monde avait pour les chrétiens est tout à fait remarquable. C’étaient là des preuves authentiques de la divinité de la doctrine chrétienne et de son efficace. Et puisque ces progrès de l’Évangile étaient le fruit, non seulement des miracles des apôtres, mais aussi de l’union qui régnait parmi les fidèles et de l’innocence de leurs mœurs, on voit par-là combien la bonne vie des chrétiens contribue à rendre la religion de Jésus-Christ honorable et à l’établir dans le monde.
Les apôtres furent emprisonnés pour la seconde fois en ce temps-là, mais Dieu leur fit ouvrir miraculeusement les portes de la prison par un ange. Cette nouvelle marque de la protection de Dieu devait les remplir d’assurance et faire voir à leurs ennemis que c’était en vain qu’ils s’opposaient à la prédication de l’Évangile. Après que les apôtres furent sortis de prison, ils allèrent enseigner dans le temple, nonobstant les défenses qui leur avaient été faites et étant appelés pour cela devant le conseil, ils y parlèrent avec beaucoup de sagesse et de fermeté en déclarant : qu’il fallait plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes.
Ce courage et ce zèle des apôtres nous apprennent qu’il faut toujours suivre les mouvements de sa conscience sans s’effrayer des menaces des hommes et que les ordres où les défenses des magistrats ne doivent jamais nous arrêter quand il s’agit d’obéir à Dieu et de faire ce qu’il commande.
Il faut remarquer ensuite que le conseil étant irrité contre les apôtres voulait les faire mourir, mais que Dieu se servit des sages avis de Gamaliel pour les garantir du danger qui les menaçait. La manière dont ce sénateur parla dans le conseil doit nous faire reconnaitre que les avis modérés et pieux doivent être suivis, qu’il ne faut jamais rien faire par passion et par un zèle inconsidéré, surtout en matière de religion, que les entreprises dont Dieu n’est pas l’auteur se dissipent tôt ou tard d’elles-mêmes, mais que celles qui viennent de lui s’accomplissent infailliblement, malgré l’opposition des hommes et que ceux qui s’y opposent font la guerre à Dieu.
Enfin, l’on voit ici que les apôtres ayant été condamnés à être fouettés se réjouirent d’avoir eu l’honneur de souffrir cet opprobre pour Jésus-Christ et qu’ils continuèrent à prêcher l’Évangile. C’est ainsi qu’il faut souffrir constamment et même avec joie les maux auxquels on pourrait être exposés en faisant son devoir et s’en acquitter toujours avec persévérance.
Ce chapitre a deux parties : I. On lit dans la première l’établissement des diacres dont la charge était d’administrer les aumônes de l’église, et dans la seconde comment St. Étienne fut accusé devant le conseil des Juifs.
1 En ce temps-là, comme les disciples se multipliaient, il s’éleva un murmure des Grecs contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour.
2 C’est pourquoi les douze apôtres, ayant convoqué la multitude des disciples, leur dirent : Il n’est pas raisonnable que nous laissions la prédication de la parole de Dieu, pour servir aux tables.
3 Choisissez donc, frères, sept hommes d’entre vous, de qui l’on ait un bon témoignage, et qui soient pleins du Saint-Esprit et de sagesse, afin que nous leur commettions cet emploi.
4 Et pour nous, nous continuerons à vaquer à la prière et au ministère de la parole.
5 Cette proposition plut à toute l’assemblée ; et ils élurent Etienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit, Philippe et Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte antiochien ;
6 et ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains.
7 Et la parole de Dieu se répandait, et le nombre des disciples se multipliait fort à Jérusalem. Il y avait même un grand nombre de sacrificateurs qui obéissaient à la foi.
8 Or, Etienne, plein de foi et de force, faisait de grands prodiges et de grands miracles parmi le peuple.
9 Mais quelques-uns de la synagogue, qu’on appelle la synagogue des affranchis, et de celle des Cyrénéens, des Alexandrins, et de ceux de Cilicie et d’Asie, s’élevèrent et disputaient contre Etienne.
10 Et ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait.
11 Alors ils subornèrent des hommes, pour dire : Nous lui avons ouï proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu.
12 Et ils émurent le peuple, et les sénateurs, et les Scribes ; et se jetant sur lui, ils le saisirent par force et l’emmenèrent au conseil ;
13 Et ils produisirent de faux témoins, qui disaient : Cet homme-ci ne cesse de proférer des paroles blasphématoires contre ce saint lieu et contre la loi.
14 Car nous lui avons ouï dire que ce Jésus de Nazareth détruira ce lieu, et changera les ordonnances que Moïse nous a données.
15 Et comme tous ceux qui étaient assis au conseil avaient les yeux arrêtés sur lui, son visage leur parut semblable à celui d’un ange.
REFLEXIONS
On voit dans ce chapitre l’institution de la charge des diacres qui furent établis par les apôtres pour dispenser les charités des fidèles. Quoi que cette charge soit aujourd’hui abolie dans la plupart des églises chrétiennes par la faute des hommes et par le désordre qui y règne à divers égards, elle ne laisse pas d’être une institution divine et très utile pour l’édification de l’église.
II. Puisque Dieu voulut que l’administration des aumônes fut confiée à des gens sages et remplis du Saint-Esprit, il parait de là que la charité est un devoir très important, que les aumônes des fidèles doivent être distribuées avec beaucoup de prudence et de sagesse, que, pour cet effet, l’église doit commettre des gens intègres et craignant Dieu qui soient chargés de ce soin et qu’en général on ne doit mettre dans les charges ecclésiastiques que des personnes qui aient un bon témoignage et qui soient d’une probité reconnue.
III. L’on voit ici que St. Étienne, l’un des sept diacres qui était illustre par sa foi, par son zèle et par les miracles qu’il faisait ne tarda pas à éprouver la haine des Juifs. Il fut accusé d’être un ennemi de Dieu et de la loi de Moïse et amené devant le conseil pour y être condamné. Mais il y parut avec une sainte hardiesse et d’une manière qui étonna les juges.
C’est de tout temps que les gens de bien ont été exposés à la haine des méchants et à leurs calomnies, mais l’injustice et la violence dont on use contre eux ne les empêchent jamais de s’acquitter courageusement de leur devoir et de satisfaire aux engagements de leur vocation et de leur conscience.
Ce chapitre contient premièrement le discours que St. Étienne fit devant le conseil des Juifs. II. Le récit de son martyre et de sa mort.
1 Alors le souverain sacrificateur dit à Etienne : Ces choses sont-elles ainsi ?
2 Et Etienne dit : Mes frères et mes pères, écoutez-moi. Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il demeurât à Carran ;
3 et il lui dit : Sors de ton pays et de ta parenté et viens dans le pays que je te montrerai.
4 Alors, étant sorti du pays des Chaldéens, il vint demeurer à Carran. De là, après que son père fut mort, Dieu le fit passer dans ce pays que vous habitez maintenant,
5 où il ne lui donna aucun fonds, non pas même un pied de terre ; mais il lui promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, lorsqu’il n’avait point encore d’enfant.
6 Et Dieu lui parla ainsi : Ta postérité habitera dans une terre étrangère pendant quatre cents ans ; et on la réduira en servitude, et on la maltraitera.
7 Mais je jugerai la nation qui les aura asservis, dit le Seigneur, et après cela ils sortiront, et me serviront en ce lieu-ci.
8 Puis il lui donna l’alliance de la circoncision ; et ensuite Abraham eut pour fils Isaac, qu’il circoncit le huitième jour, et Isaac eut Jacob, et Jacob les douze patriarches.
9 Et les patriarches, étant émus d’envie, vendirent Joseph pour être mené en Égypte ; mais Dieu fut avec lui.
10 Il le délivra de toutes ses afflictions, et, par la sagesse qu’il lui donna, il le rendit agréable à Pharaon, roi d’Égypte, qui l’établit gouverneur d’Égypte et de toute sa maison.
11 Alors il arriva une famine dans tout le pays d’Égypte, et en Canaan, et une grande misère, en sorte que nos pères ne pouvaient trouver des vivres.
12 Mais Jacob, ayant appris qu’il y avait du blé en Égypte, y envoya nos pères une première fois.
13 Et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères, et Pharaon sut quelle était l’extraction de Joseph.
14 Alors Joseph envoya quérir Jacob son père, et toute sa famille, qui consistait en soixante et quinze personnes.
15 Jacob donc descendit en Égypte et y mourut, lui et nos pères,
16 Qui furent transportés en Sichem, et mis dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent, des fils d’Hémor de Sichem.
17 Mais, comme le temps approchait, auquel devait s’accomplir la promesse que Dieu avait faite avec serment à Abraham, le peuple s’accrut et se multiplia beaucoup en Égypte,
18 Jusqu’à ce qu’il vint un autre roi en Égypte, qui n’avait point connu Joseph.
19 Ce roi, usant d’artifice contre notre nation, traita durement nos pères, jusqu’à leur faire exposer leurs enfants, afin d’en faire périr la race.
20 En ce temps-là Moïse naquit, qui était parfaitement beau, et qui fut nourri trois mois dans la maison de son père.
21 Ensuite, ayant été exposé, la fille de Pharaon le fit emporter, et le fit élever comme son fils.
22 Et Moïse fut instruit dans toutes les sciences des Égyptiens ; et il était puissant en paroles et en œuvres.
23 Mais quand il eut atteint l’âge de quarante ans, la pensée lui vint d’aller visiter ses frères, les enfants d’Israël.
24 Et voyant qu’on en maltraitait un sans sujet, il prit sa défense, et vengea celui qui était outragé, en tuant l’Égyptien.
25 Or, il croyait que ses frères comprendraient que Dieu les voulait délivrer par son moyen ; mais ils ne le comprirent point.
26 Le lendemain, il en vit quelques-uns d’eux qui se battaient, et il tâcha de les mettre d’accord, en leur disant : Ô hommes, vous êtes frères ; pourquoi vous maltraitez-vous l’un l’autre ?
27 Mais celui qui maltraitait son prochain, repoussa Moïse, en lui disant : Qui t’a établi prince et juge sur nous ?
28 Veux-tu me tuer, comme tu tuas hier l’Égyptien ?
29 A cette parole Moïse s’enfuit, et il demeura comme étranger au pays de Madian, où il eut deux fils.
30 Quarante ans après, l’ange du Seigneur lui apparut au désert de la montagne de Sina, dans la flamme d’un buisson qui était en feu.
31 Et quand Moïse le vit, il fut étonné de ce qu’il voyait ; et comme il s’approchait pour considérer ce que c’était, la voix du Seigneur lui fut adressée,
32 Qui lui dit : Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. Et Moïse, tout tremblant, n’osait considérer ce que c’était.
33 Alors le Seigneur lui dit : Ôte les souliers de tes pieds ; car le lieu où tu es est une terre sainte.
34 J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai entendu leur gémissement, et je suis descendu pour les délivrer. Viens donc maintenant, et je t’enverrai en Egypte.
35 Ce Moïse qu’ils avaient rejeté, en disant : Qui t’a établi prince et juge ? c’est celui que Dieu envoya pour prince et pour libérateur, sous la conduite de l’ange qui lui était apparu dans le buisson.
36 C’est celui qui les tira de là, en faisant des prodiges et des miracles en Egypte, dans la mer Rouge, et au désert, pendant quarante ans.
37 C’est ce Moïse qui a dit aux enfants d’Israël : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera un prophète comme moi, d’entre vos frères ; écoutez-le.
38 C’est lui qui, lorsque le peuple fut assemblé au désert, s’entretenait avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sina, c’est lui qui fut avec nos pères et qui a reçu des paroles de vie pour nous les donner.
39 Nos pères ne voulurent point lui obéir, mais ils le rejetèrent, et retournèrent de leur cœur en Egypte,
40 Disant à Aaron : Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ; car pour ce Moïse qui nous a tirés du pays d’Egypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé.
41 Alors ils firent un veau d'or, et ils offrirent des sacrifices à l’idole, et se réjouirent dans les ouvrages de leurs mains.
42 C’est pourquoi Dieu se détourna d’eux, et les abandonna à servir l’armée du ciel, comme il est écrit dans le livre des prophètes, : Maison d’Israël, est-ce à moi que vous avez offert des victimes et des sacrifices durant quarante ans au désert ?
43 Vous avez porté le tabernacle de Moloch, et l’astre de votre dieu Remphan, qui sont des figures que vous avez faites pour les adorer ; c’est pourquoi je vous transporterai au delà de Babylone.
44 Le tabernacle du témoignage a été avec nos pères au désert, comme l’avait ordonné celui qui avait dit à Moïse de le faire selon le modèle qu’il avait vu.
45 Et nos pères, l'ayant reçu, l’emportèrent, sous la conduite de Josué, au pays qui était possédé par les nations que Dieu chassa de devant nos pères, jusqu’aux jours de David,
46 qui trouva grâce devant Dieu, et qui lui demanda qu’il pût bâtir une demeure au Dieu de Jacob.
47 Et Salomon lui bâtit un temple.
48 Mais le Très-Haut n’habite point dans des temples faits par la main des hommes, comme le prophète le dit :
49 Le ciel est mon trône, et la terre est mon marchepied. Quelle maison me bâtiriez-vous, dit le Seigneur, ou quel serait le lieu de mon repos ?
50 Ma main n’a-t-elle pas fait toutes ces choses ?
51 Gens de cou raide, et incirconcis de cœur et d’oreilles, vous vous opposez toujours au Saint-Esprit ; vous êtes tels que vos pères.
52 Quel est le prophète que vos pères n’aient pas persécuté ? Ils ont même tué ceux qui ont prédit l’avènement du Juste, que vous avez livré, et dont vous avez été les meurtriers ;
53 Vous qui avez reçu la loi par le ministère des anges, et qui ne l’avez point gardée.
54 Entendant ces choses, ils étaient transportés de rage dans leurs cœurs, et ils grinçaient les dents contre lui.
55 Mais Etienne, étant rempli du Saint-Esprit, et ayant les yeux attachés au ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus qui était à la droite de Dieu ;
56 et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme qui est à la droite de Dieu.
57 Alors ils poussèrent de grands cris, ils se bouchèrent les oreilles, et ils se jetèrent tous ensemble sur lui ;
58 Et l’ayant traîné hors de la ville, ils le lapidèrent, et les témoins mirent leurs habits aux pieds d’un jeune homme nommé Saul.
59 Et pendant qu’ils lapidaient Etienne, il priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit.
60 Puis s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit.
REFLEXIONS
Le but du discours que St. Étienne fit devant le conseil était de faire voir :
I. Qu’il n’était pas un ennemi de Dieu et de la loi comme on l’en accusait, mais qu’il adorait le Dieu d’Abraham et des patriarches ;
II. Que Jésus était le Messie qui devait naître de la postérité d’Abraham et dont Moïse et les prophètes avaient marqué la venue ;
III. Que l’alliance de Dieu et son service n’étaient pas attachés à la nation des Juifs, ni au temple de Jérusalem, non plus qu’au service cérémoniel que Moïse avait prescrit ;
IV. Que les Juifs avaient été de tout temps rebelles à Dieu, qu’ils avaient rejeté et persécuté les prophètes et qu’ainsi il n’était pas surprenant qu’ils eussent rejeté Jésus-Christ et qu’ils persécutassent ses serviteurs.
On remarque dans tout ce discours de St. Étienne le grand zèle dont il était animé et la sainte liberté avec laquelle il reprocha aux Juifs leur endurcissement, quoi qu’il vît bien qu’en parlant ainsi il s’exposait à leur fureur et au danger de perdre la vie. Les Juifs transportés de rage condamnèrent ce fidèle serviteur de Dieu à être lapidé, mais Dieu lui fit voir pour l’encourager les Cieux ouverts et Jésus-Christ assis à sa droite, après quoi St. Étienne souffrit cette mort cruelle avec constance en invoquant le Seigneur Jésus jusqu’au dernier soupir et en priant pour ceux qui le faisaient mourir.
Cette mort du premier martyr de l’Église apprend à tous les chrétiens à souffrir courageusement tous les maux que la profession de la verité peut attirer sur eux et même la mort s’ils y étaient appelés, à pardonner à ceux qui leur font le plus mal et à prier pour eux.
On voit encore dans ce récit combien la mort des vrais fidèles est douce et de quelles consolations elle est accompagnée, ce qui doit nous animer fortement à la piété, afin qu’à notre dernière heure, nous puissions aussi remettre notre esprit entre les mains du Seigneur Jésus-Christ et nous endormir paisiblement dans l’espérance d’une meilleure vie.
St. Luc rapporte ici : I. La persécution qui s’éleva contre l’église de Jérusalem après la mort de St. Étienne. II. Comment St. Philippe prêcha l’Évangile à Samarie. III. L’histoire de la conversion d’un seigneur étranger qui était trésorier de Candace, reine d’Éthiopie.
1 Or, Saul avait consenti à la mort d’Etienne ; et en ce temps-là, il s’éleva une grande persécution contre l’Eglise de Jérusalem ; et tous les fidèles, excepté les apôtres, furent dispersés par les quartiers de la Judée et de la Samarie.
2 Et quelques hommes pieux emportèrent Etienne pour l’ensevelir, et ils firent un grand deuil sur lui.
3 Mais Saul ravageait l’Eglise, entrant dans les maisons ; et traînant par la force les hommes et les femmes, il les faisait mettre en prison.
4 Ceux donc qui furent dispersés, allaient de lieu en lieu, et ils annonçaient la parole de Dieu.
5 Philippe donc, étant descendu à la ville de Samarie, leur prêcha Christ.
6 Et le peuple était attentif, d’un commun accord, à ce que Philippe disait, en écoutant, et en voyant les miracles qu’il faisait.
7 Car les esprits immondes sortaient de plusieurs qui en étaient possédés, en jetant de grands cris ; et beaucoup de paralytiques et d’impotents furent guéris.
8 Ce qui causa une grande joie dans cette ville.
9 Or, il y avait auparavant, dans la même ville, un homme nommé Simon, qui exerçait la magie et remplissait d’étonnement le peuple de Samarie, se faisant passer pour un grand personnage.
10 Tous lui étaient attachés, depuis le plus petit jusqu’au plus grand ; et ils disaient : Celui-ci est la grande puissance de Dieu.
11 Et ils étaient attachés à lui, parce que depuis longtemps il leur avait renversé l’esprit par ses enchantements.
12 Mais quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait ce qui concerne le royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ, ils furent baptisés, tant les hommes que les femmes.
13 Et Simon lui-même crut aussi, et après avoir été baptisé, il ne quittait point Philippe ; et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il était tout hors de lui-même.
14 Cependant, les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que ceux de Samarie avaient reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean,
15 qui, y étant descendus, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit.
16 Car il n’était point encore descendu sur aucun d’eux ; mais ils avaient été seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus.
17 Alors les apôtres leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.
18 Mais Simon voyant que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent, et leur dit :
19 Donnez-moi aussi ce pouvoir, que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent le Saint-Esprit.
20 Mais Pierre lui dit : Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait avec de l’argent.
21 Tu n’as point de part, ni rien à prétendre en cette affaire ; car ton cœur n'est pas droit devant Dieu.
22 Repens-toi donc de cette méchanceté, et prie Dieu, afin que, s’il est possible, cette pensée de ton cœur te soit pardonnée.
23 Car je vois que tu es dans un fiel très amer, et dans les liens de l’iniquité.
24 Alors Simon répondit, et leur dit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit.
25 Eux donc, après avoir ainsi rendu témoignage à la parole du Seigneur, et l’avoir annoncée, retournèrent à Jérusalem, et prêchèrent l’évangile en plusieurs bourgs des Samaritains.
26 Et un ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Lève toi et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza la déserte.
27 Et il se leva, et s’en alla. Or, un Ethiopien, eunuque, qui était un puissant seigneur a la cour de Candace, reine d’Ethiopie, surintendant de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer Dieu.
28 Comme il s’en retournait, étant assis dans son chariot, il lisait le prophète Esaïe.
29 Alors l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi, et joins ce chariot.
30 Et Philippe accourut, et entendit qu’il lisait le prophète Esaïe ; et il lui dit : Entends-tu bien ce que tu lis ?
31 Il lui répondit : Et comment le pourrais-je entendre, si quelqu’un ne me guide ? Et il pria Philippe de monter, et de s’asseoir auprès de lui.
32 Or, le passage de l’Ecriture qu’il lisait, était celui-ci : Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; et de même qu’un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche.
33 Sa condamnation a été levée dans son abaissement. Mais qui pourra compter sa durée ? Car sa vie a été retranchée de la terre.
34 Alors l’eunuque prit la parole et dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ? Est-ce de lui-même, ou de quelque autre ?
35 Là-dessus, Philippe, prenant la parole, et commençant par cet endroit de l'Ecriture, il lui annonça Jésus.
36 Et comme ils allaient par le chemin, ils arrivèrent à un endroit où il y avait de l’eau ; et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ?
37 Et Philippe lui dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela t’est permis. Et l’eunuque, répondant, dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.
38 Et il commanda qu’on arrêtât le chariot ; et ils descendirent tous deux dans l’eau, Philippe et l’eunuque ; et Philippe le baptisa.
39 Et quand ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus, et il continua son chemin plein de joie.
40 Mais Philippe se trouva dans Azot ; et il annonça l'évangile par toutes les villes où il passa, jusqu’à ce qu’il vint à Césarée.
REFLEXIONS
Il faut remarquer sur ce chapitre que la mort de St Étienne et la persécution qui fut suscitée contre l’église de Jérusalem tournèrent à l’avancement de l’Évangile, puisque les fidèles qui furent dispersés annoncèrent en divers lieux la parole de Dieu. Voilà comment les persécutions, que les premiers ennemis de l’église excitèrent contre elle, servirent à étendre davantage la religion de Jésus-Christ.
II. Ce qu’on lit ici de la créance que le peuple de Samarie donnait à Simon le magicien fait voir que les personnes qui ne connaissent pas la vérité se laissent aisément séduire par des imposteurs. Mais le changement qui arriva dans cette ville après que Philippe y eut annoncé l’Évangile montre que la vérité triomphe de l’erreur et du mensonge. St Luc remarque que Simon lui-même se fit baptiser et qu’il était tout ravi de voir les miracles que Philippe faisait. Cet exemple prouve que les méchants sont quelquefois touchés de l’excellence de l’Évangile et qu’ils en embrassent même la profession, mais ne le faisant pas par de bons motifs, leur conversion n’est pas sincère. Sur ce qui est ajouté que Simon offrit de l’argent à St. Pierre pour obtenir le don de communiquer le Saint-Esprit et de faire des miracles et que St. Pierre, rempli d’indignation lui dénonça le jugement de Dieu, il faut remarquer que c’est une impiété détestable de faire servir la religion à l’avarice ou à l’ambition et de prétendre acheter ou vendre les choses saintes en quelque manière que cela se fasse. Cependant, St. Pierre exhorta Simon à se repentir et Simon effrayé pria les apôtres d’intercéder pour lui auprès de Dieu. Cela nous apprend qu’il ne faut jamais abandonner entièrement les plus grands pécheurs, ni leur refuser le secours de nos exhortations et de nos prières.
III. Dieu appela en ce temps-là un officier de la reine Candace à la foi en Jésus-Christ afin de montrer que l’Évangile serait bientôt annoncé à tous les peuples et afin de répandre par le moyen de cet homme la vraie religion dans l’Éthiopie. Ce seigneur, qui était du nombre des prosélytes païens qui avaient renoncé à l’idolâtrie, venait adorer le vrai Dieu à Jérusalem et il était occupé à la lecture des livres sacrés lorsque Dieu lui adressa Philippe pour l’instruire. On voit par-là que la providence prend un soin particulier de ceux qui ont de bonnes intentions et que Dieu accorde une nouvelle mesure de ses grâces à ceux qui font un bon usage de celles qu’ils ont déjà reçues et qui cherchent sincèrement la vérité. Le désir que cet officier fit paraître d’entendre le sens du passage d’Ésaïe qu’il lisait et la docilité avec laquelle il écouta Philippe montrent que chacun doit travailler à s’instruire des vérités du salut, tant par soi-même que par le secours d’autrui et qu’on ne doit pas négliger les instructions des ministres que Dieu a établis. L’officier ayant ouï Philippe souhaita d’être baptisé et après qu’il eût fait une profession ouverte de la foi, il reçût le baptême. C’est ainsi qu’en usent ceux qui aiment la vérité aussitôt qu’elle est connue, ils en embrassent la profession et ils ne renvoient jamais à s’acquitter de leur devoir.
IV. Enfin, comme ce seigneur après avoir été baptisé s’en retourna plein de joie dans son pays, il faut aussi que nous estimions par-dessus toutes choses le bonheur que nous avons de croire en Jésus-Christ et que l’avantage d’être de son église fasse toute notre consolation et toute notre joie.
C’est ici l’histoire de la conversion de Paul.
1 Cependant, Saul ne respirant toujours que menace et que carnage contre les disciples du Seigneur, s’adressa au souverain sacrificateur,
2 Et il lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que s'il trouvait quelques personnes de cette secte, hommes ou femmes, il les amenât liés à Jérusalem.
3 Et comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout d’un coup une lumière venant du ciel resplendit comme un éclair autour de lui.
4 Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
5 Et il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus que tu persécutes ; il te serait dur de regimber contre les aiguillons.
6 Alors, tout tremblant et effrayé, il dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et entre dans la ville, et là on te dira ce qu’il faut que tu fasses.
7 Or, les hommes qui faisaient le voyage avec lui s’arrêtèrent tout épouvantés, entendant bien une voix, mais ne voyant personne.
8 Et Saul se leva de terre, et ayant ouvert les yeux, il ne voyait personne, de sorte qu’ils le conduisirent par la main, et le menèrent à Damas,
9 Où il fut trois jours, sans voir, et sans manger ni boire.
10 Il y avait alors à Damas un disciple, nommé Ananias, à qui le Seigneur dit dans une vision : Ananias. Et il répondit : Me voici, Seigneur.
11 Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et t’en va dans la rue qu’on appelle la rue droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car il est présentement en prières.
12 (Au même temps, Saul vit en vision un homme, nommé Ananias, qui entrait et qui lui imposait les mains, afin qu’il recouvrât la vue.)
13 Ananias répondit : Seigneur, j’ai ouï dire à plusieurs personnes combien cet homme a fait de maux à tes Saints dans Jérusalem.
14 Il est même ici, avec pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom.
15 Mais le Seigneur lui dit ; Va ; car cet homme est un instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les Gentils, devant les rois, et devant les enfants d’Israël ;
16 et je lui montrerai combien il faudra qu’il souffre pour mon nom.
17 Ananias donc s’en alla, et étant entré dans la maison, il lui imposa les mains, et lui dit : Saul mon frère, le Seigneur Jésus, qui t’est apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé afin que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli du Saint-Esprit.
18 Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles, et à l’instant il recouvra la vue ; puis il se leva, et fut baptisé.
19 Et ayant mangé, il reprit ses forces. Et Saul fut quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas.
20 Et il prêcha incontinent dans les synagogues, que Christ était le Fils de Dieu.
21 Et tous ceux qui l’entendaient étaient hors d’eux-mêmes et disaient : N’est-ce pas là celui qui persécutait dans Jérusalem ceux qui invoquaient ce nom, et qui est venu ici exprès, afin de les emmener liés aux principaux sacrificateurs ?
22 Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et il confondait les Juifs qui habitaient à Damas, démontrant que Jésus était le Christ.
REFLEXIONS
On doit faire une grande attention à cette histoire et y considérer en premier lieu que St. Paul, qui fut un si excellent Apôtre, était avant sa conversion et dans le temps qu’il était encore Juif un ennemi déclaré de la religion de Jésus-Christ et un ardent persécuteur des chrétiens. Cet Apôtre nous dit lui-même sur cela que Dieu l’appela dans cet état afin de donner en sa personne un exemple illustre de sa miséricorde envers les pécheurs. Cependant il faut se souvenir que si Saul persécutait l’église, il le faisait par ignorance et par un faux zèle, croyant même faire une chose agréable à Dieu, mais qu’il était du reste d’une vie irréprochable. Quand on ne pèche pas par malice et par un effet de corruption du cœur, mais par ignorance et par la force des préjugés, on peut en revenir plus facilement et avoir part à la miséricorde de Dieu.
II. Le moyen dont le Seigneur se servit pour convertir Saul est remarquable. Dans le temps qu’il allait à Damas pour persécuter les chrétiens, Jésus-Christ l’arrêta près de cette ville par une apparition qui le rempli de frayeur. Il lui parla des Cieux, il le renversa par terre et il le frappa d’aveuglement. Notre Seigneur en usa ainsi parce que dans les dispositions où Saul était, il fallait quelque chose d’extrêmement fort pour vaincre ses préjugés et pour le rendre docile.
C’est ainsi que Dieu, par un effet de sa bonté et de sa sagesse, emploie les moyens les plus propres pour retirer les pécheurs de leurs égarements.
III. Ces paroles : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? marquent que Jésus-Christ regarde ce que l’on fait contre ses membres et contre son église comme s’il était fait contre lui-même et ce que Saul répondit en disant : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? exprime les sentiments d’humilité et de docilité qui se rencontrent dans les pécheurs qui sont salutairement touchés. Ils obéissent sans délai à la vocation céleste, ils s’abandonnent entièrement à Dieu et ils sont prêts à suivre tous les conseils qu’il leur donne.
IV. Il faut remarquer que Dieu après avoir mis Saul en état d’écouter et de recevoir ce qui lui serait dit le renvoya à Ananias pour apprendre de lui ce qu’il devait faire et que cependant il prépara Ananias par une vision à aller voir Saul et à l’instruire. C’est ainsi que Dieu disposait les choses avec une grande sagesse pour achever l’ouvrage de la conversion de Saul.
V. Enfin, Saul après avoir été en jeûne et en prière pendant trois jours, recouvra la vue, il fut instruit et baptisé par Ananias et incontinent après il commença à prêcher l’Évangile dans les synagogues des Juifs. L’on doit admirer la puissance et la bonté de Dieu dans cet événement qui fut si salutaire à Paul et si avantageux à toute l’église et ce grand et prompt changement qui se fit dans cet apôtre fait voir que ceux qui sont véritablement convertis changent entièrement de sentiments et de conduite et qu’ils donnent de marques publiques et certaines de la sincérité de leur repentance.
CHAPITRE IX, VERSETS 23 A 43
Saul, après sa conversion, étant persécuté par les Juifs à Damas, s’en va à Jérusalem d’où la persécution l’oblige encore à se retirer pour aller à Césarée et de là à Tarse. St. Luc rapporte ensuite lieu l’heureux état des églises de la Judée et des lieux voisins, et enfin, le miracle de la guérison d’Énée et celui de la résurrection de Tabitha.
23 Quelque temps après, les Juifs délibérèrent de faire mourir Saul.
24 Mais il fut averti de leur complot. Or, ils gardaient les portes de la ville jour et nuit, pour le faire mourir.
25 Mais les disciples, le prenant pendant la nuit, le descendirent par la muraille, dans une corbeille.
26 Et quand Saul fut arrivé à Jérusalem, il tâchait de se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût un disciple.
27 Mais Barnabas le prit et le mena aux apôtres, et leur raconta comment le Seigneur lui était apparu sur le chemin et lui avait parlé ; et comment il avait parlé ouvertement à Damas au nom de Jésus.
28 Ainsi il allait et venait avec eux dans Jérusalem.
29 Et parlant avec hardiesse au nom du Seigneur Jésus, il parlait et disputait avec les Grecs ; mais ils tâchaient de lui ôter la vie.
30 Ce que les frères ayant découvert, ils le menèrent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse.
31 Cependant les Eglises étaient en paix par toute la Judée, la Galilée et la Samarie, étant édifiées et marchant dans la crainte du Seigneur, et elles étaient multipliées par la consolation du Saint-Esprit.
32 Il arriva, comme Pierre les visitait toutes, qu’il vint aussi vers les saints qui demeuraient à Lydde.
33 Et il y trouva un homme, nommé Enée, qui était couché dans un petit lit depuis huit ans, et qui était paralytique.
34 Et Pierre lui dit : Enée, Jésus, qui est le Christ, te guérit : lève-toi, et accommode ton lit. Et incontinent il se leva.
35 Et tous ceux qui demeuraient à Lydde et à Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur.
36 Il y avait aussi à Joppe une certaine femme qui était des disciples, nommée Tabitha, c’est-à-dire, en grec, Dorcas, laquelle était remplie de bonnes œuvres, et qui faisait beaucoup d’aumônes.
37 Elle tomba malade en ce temps-là, et elle mourut. Et après l’avoir lavée, ils la mirent dans une chambre haute.
38 Et comme Lydde était près de Joppe, les disciples ayant appris que Pierre y était, ils envoyèrent vers lui deux hommes, pour le prier de venir chez eux sans tarder.
39 Pierre donc se leva, et s’en alla avec eux. Et lorsqu’il fut arrivé, ils le menèrent à la chambre haute ; et toutes les veuves se présentèrent à lui en pleurant, et en lui montrant combien Dorcas faisait de robes et d’habits lorsqu’elle était avec elles.
40 Et Pierre, après les avoir tous fait sortir, se mit à genoux et pria, puis se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi. Et elle ouvrit les yeux, et ayant vu Pierre, elle s’assit.
41 Et Pierre lui donnant la main, la leva ; et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur présenta vivante.
42 Cela fut connu de toute la ville de Joppe ; et plusieurs crurent au Seigneur.
43 Et Pierre demeura plusieurs jours à Joppe, chez un certain Simon, corroyeur.
REFLEXIONS
Il faut considérer ici :
I. Qu’aussitôt que St. Paul eut été converti et eut commencé à annoncer l’Évangile il fut persécuté par les Juifs. Dieu voulut par-là éprouver la fidélité de cet apôtre et lui apprendre à souffrir pour Jésus-Christ. Voilà ce qui arrive ordinairement à ceux qui prennent la résolution de suivre le Seigneur et de vivre dans la piété, ils ressentent les effets de la haine du monde et ils sont exposés à des traverses, mais ces oppositions ne les étonnent point comme elles n’étonnèrent pas St. Paul qui, malgré la fureur des Juifs, continua à annoncer l’Évangile, même dans la ville de Jérusalem.
II. Ce que St. Luc dit de l’heureux état des églises de la Judée, de la Galilée et de la Samarie nous présente ces deux réflexions.
L’une, que, si Dieu permet que l’église soit persécutée, il lui donne aussi du relâche.
L’autre, que, ce qui rend les églises heureuses et florissantes, c’est quand elles marchent dans la crainte du Seigneur et que les dons du Saint-Esprit s’y multiplient.
III. Les deux miracles qui sont récités sur la fin de ce chapitre prouvent que les apôtres faisaient des miracles semblables à ceux que notre Seigneur avait faits pendant qu’il était au monde, ce qui contribuait à la conversion d’un grand nombre de personnes. Nous avons dans l’histoire de la maladie et de la mort de Tabitha un bel exemple qui doit inciter tous les chrétiens et principalement les personnes de son sexe à la piété et aux œuvres de la charité et la résurrection de cette femme doit être considérée comme une récompense que Dieu voulut accorder à sa foi et comme une preuve qui doit nous confirmer dans la croyance de la résurrection et dans l’espérance de la vie éternelle.
Ce chapitre contient l’histoire de la conversion du centenier Corneille à la religion chrétienne. Cet homme était païen de naissance, mais il adorait le vrai Dieu.
1 Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centenier d’une compagnie de la légion appelée Italique.
2 Il était religieux et craignant Dieu, lui et toute sa famille, faisant aussi beaucoup d’aumônes au peuple, et priant Dieu continuellement.
3 Il vit clairement dans une vision, environ la neuvième heure du jour, un ange de Dieu qui vint à lui, et lui dit : Corneille !
4 Et Corneille, ayant les yeux attachés sur lui, et tout effrayé, dit : Qu’y a-t-il, Seigneur ? Et l’ange lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées en mémoire devant Dieu.
5 Envoie donc présentement des gens à Joppe, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre.
6 Il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a sa maison près de la mer ; c’est lui qui te dira ce qu’il faut que tu fasses.
7 Quand l’ange qui parlait à Corneille se fut retiré, il appela deux de ses domestiques et un soldat craignant Dieu, d’entre ceux qui se tenaient près de lui.
8 Et leur ayant tout raconté, il les envoya à Joppe.
9 Le lendemain, comme ils étaient en chemin, et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le haut de la maison, environ la sixième heure, pour prier.
10 Et ayant faim, il voulut prendre son repas ; et comme on le lui apprêtait, il lui survint un ravissement d’esprit.
11 Il vit le ciel ouvert, et un vaisseau qui descendait sur lui comme une grande nappe, liée par les quatre coins, et qui s’abaissait sur la terre ;
12 Dans lequel il y avait de toutes sortes d’animaux terrestres à quatre pieds, et de bêtes sauvages, de reptiles, et d’oiseaux du ciel.
13 Et il y eut une voix qui lui dit : Pierre, lève-toi, tue, et mange.
14 Mais Pierre répondit : Non, Seigneur : car je n’ai jamais rien mangé d’impur ou de souillé.
15 La voix lui parlant encore pour la seconde fois, lui dit : Ne regarde pas comme souillé ce que Dieu a purifié.
16 Et cela arriva par trois fois ; après quoi le vaisseau fut retiré dans le ciel.
17 Comme Pierre était en peine de ce que pouvait signifier cette vision qu’il avait eue, les hommes envoyés de la part de Corneille, s’étant informés de la maison de Simon, arrivèrent à la porte.
18 Et ayant appelé quelqu’un, ils demandèrent si Simon, surnommé Pierre, était logé là ?
19 Et comme Pierre pensait à la vision qu’il avait eue, l’Esprit lui dit : Voilà trois hommes qui te demandent.
20 C’est pourquoi, lève-toi et descends, et t’en vas avec eux, sans en faire difficulté ; car c’est moi qui les ai envoyés.
21 Pierre étant donc descendu vers ces hommes qui lui étaient envoyés de la part de Corneille, il leur dit : Me voici, je suis celui que vous cherchez ; pour quel sujet êtes-vous venus ?
22 Ils lui dirent : Corneille, centenier, homme juste et craignant Dieu, et à qui toute la nation des Juifs rend un bon témoignage, a été averti de Dieu par un saint ange, de te faire venir dans sa maison, pour entendre ce que tu lui diras.
23 Pierre les ayant donc fait entrer, les logea ; et le lendemain il s’en alla avec eux, et quelques-uns des frères de Joppe l’accompagnèrent.
24 Le jour suivant ils entrèrent à Césarée. Or, Corneille les attendait avec ses parents et ses plus intimes amis, qu’il avait assemblés chez lui.
25 Et comme Pierre entrait, Corneille alla au-devant de lui, et se jetant à ses pieds, il l’adora.
26 Mais Pierre le releva, lui disant : Lève-toi ; je ne suis qu’un homme, non plus que toi.
27 Et s’entretenant avec lui, il entra, et trouva plusieurs personnes qui étaient là assemblées.
28 Et il leur dit : Vous savez qu’il n’est pas permis à un Juif d’avoir aucune liaison avec un étranger, ni d’aller chez lui ; mais Dieu m’a fait voir que je ne devais appeler aucun homme souillé ou impur.
29 C’est pourquoi, ayant été appelé, je suis venu sans aucune difficulté. Je vous demande donc pour quel sujet vous m’avez fait venir ?
30 Alors Corneille lui dit : Il y a maintenant quatre jours que j’étais en jeûne et en prières dans ma maison à la neuvième heure, et tout d’un coup un homme, vêtu d’un habit resplendissant, se présenta devant moi,
31 Et me dit : Corneille, ta prière est exaucée, et Dieu s’est souvenu de tes aumônes.
32 Envoie donc à Joppe, et fais venir Simon, surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer ; quand il sera venu, il te parlera.
33 C’est pourquoi j’ai incontinent envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Nous voici donc tous maintenant présents devant Dieu, pour entendre ce que Dieu t’a commandé de nous dire.
34 Alors Pierre prenant la parole, dit : En vérité, je reconnais que Dieu n’a point d’égard à l’apparence des personnes ;
35 mais qu’en toute nation, celui qui le craint et qui s’adonne à la justice, lui est agréable.
36 C’est ce qu’il a fait entendre aux enfants d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus-Christ qui est le Seigneur de tous.
37 Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, et qui a commencé par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché ;
38 comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de puissance Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu, en faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable ; parce que Dieu était avec lui.
39 Et nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites, tant au pays des Juifs qu’à Jérusalem. Cependant ils l’ont fait mourir, le pendant au bois.
40 Mais Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et il a voulu qu’il se fît voir,
41 non à tout le peuple, mais aux témoins qui avaient été auparavant choisis de Dieu ; à nous qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il a été ressuscité des morts.
42 Et il nous a commandé de prêcher au peuple, et d’attester que c’est lui qui est établi de Dieu pour être le juge des vivants et des morts.
43 Tous les prophètes rendent de lui ce témoignage, que quiconque croira en lui, recevra la rémission de ses péchés par son nom.
44 Comme Pierre tenait encore ce discours, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient ce qu’il disait.
45 Et tous les fidèles circoncis, qui étaient venus avec Pierre, furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les Gentils.
46 Car ils les entendaient parler diverses langues, et glorifier Dieu.
47 Alors Pierre prit la parole et dit : Quelqu’un pourrait-il empêcher qu’on ne baptise ceux qui ont reçu le Saint-Esprit, aussi bien que nous ?
48 Et il commanda qu’on les baptisât au nom du Seigneur. Après cela ils le prièrent de demeurer quelques jours avec eux.
REFLEXIONS
Cette histoire a été rédigée par écrit pour nous apprendre de quelle manière l’Évangile commença d’être annoncé aux païens. Il faut admirer ici les voies dont la providence se servit pour la conversion de Corneille. Dieu lui envoya un ange pour lui dire de faire venir St. Pierre et dans ce même temps, il disposait cet apôtre à aller chez Corneille, ce qu’il n’aurait pas fait si Dieu ne lui eût fait connaître qu’il n’y avait point d’homme qu’il fallût regarder comme souillé et que l’Évangile devait être annoncé aux païens aussi bien qu’aux Juifs. C’est à quoi tendait la vision de ce vaisseau dans lequel il y avait des bêtes dont la loi défendait aux Juifs de manger.
II. Il est à remarquer que Corneille, quoi qu’engagé dans la profession des armes, était un homme dévot, charitable et craignant Dieu. À cause de cela, Dieu lui envoya un ange pour l’assurer qu’il s’était souvenu de ses prières et de ses aumônes et il l’amena à la connaissance de Jésus-Christ par le moyen de St. Pierre. On voit par-là que les œuvres de charité et de piété sont très agréables à Dieu et qu’il accorde de nouvelles lumières et de nouvelles grâces à ceux qui ont le cœur bon, qui l’invoquent et qui le craignent.
III. Le discours que St. Pierre fit chez Corneille renferme la substance de la doctrine que les apôtres prêchaient, savoir que Dieu avait envoyé son fils pour annoncer le salut aux Juifs, que les Juifs l’avaient fait mourir, mais qu’il était ressuscité et qu’il devait être le juge des vivants et des morts. Ce sont là les vérités les plus importantes de la religion et qui doivent être reçues par tous les chrétiens. Elles tendent à nous apprendre que la foi en Jésus-Christ et la sainteté de la vie sont l’unique moyen d’être sauvé et c’est ce qui est surtout marqué par ces paroles de Saint Pierre : Que Dieu n’a point d’égard à l’apparence des personnes, mais qu’en tout nation, celui qui le craint et qui fait ce qui est juste lui est agréable et que quiconque croit en Jésus-Christ recevra la rémission des péchés par son nom.
IV. L’attention, la soumission et l’obéissance avec laquelle Corneille et tous ceux de sa maison écoutèrent St. Pierre doit nous apprendre à recevoir la parole de Dieu avec les mêmes dispositions quand elle nous est annoncée.
V. Dans le temps que l’apôtre parlait à Corneille, le Saint-Esprit descendit sur ceux qui l’écoutaient et ils reçurent le don de parler diverses langues. Dieu en faisant alors en faveur des païens une merveille semblable à celle qu’il avait faite en envoyant le Saint-Esprit aux apôtres le jour de la Pentecôte marquait de la manière la plus claire qu’il voulait aussi faire part de sa grâce aux Gentils et c’est ce qui nous oblige, nous qui étions autrefois païens, à rendre grâce à Dieu de ce qu’il voulut ainsi recevoir dans son alliance ces peuples idolâtres et répandre son Esprit et sa grâce sur eux aussi bien que sur les Juifs.
Ce chapitre a deux parties : I. Les Juifs de Jérusalem qui s’étaient convertis à la religion chrétienne ayant trouvé mauvais que St. Pierre fut allé chez Corneille qui était païen, cet apôtre les informa de la manière dont Dieu lui avait fait connaître qu’il devait annoncer l’Évangile à Corneille et du succès de sa prédication, de quoi les chrétiens de Jérusalem eurent une grande joie. II. St. Luc rapporte comment l’Évangile se répandit en divers lieux et particulièrement à Antioche, il parle aussi d’un prophète nommé Agabus qui prédit une famine.
1 Les apôtres et les frères qui étaient en Judée, apprirent que les Gentils avaient aussi reçu la parole de Dieu.
2 Et lorsque Pierre fut de retour à Jérusalem, les fidèles circoncis disputaient contre lui,
3 et lui disaient : Tu es entré chez des incirconcis, et tu as mangé avec eux.
4 Mais Pierre commença à leur raconter par ordre ce qui s’était passé, et leur dit :
5 J’étais en prière dans la ville de Joppe, lorsqu’étant ravi en extase, j’eus une vision : je vis descendre du ciel un vaisseau comme une grande nappe, liée par les quatre coins, et qui vint jusqu’à moi.
6 Et l’ayant considéré avec attention, j’y vis des animaux terrestres à quatre pieds, des bêtes sauvages, des reptiles et des oiseaux du ciel.
7 J’entendis aussi une voix qui me dit : Pierre, lève-toi, tue, et mange.
8 Et je répondis : Non, Seigneur ; car jamais rien d’impur ni de souillé n’entra dans ma bouche.
9 La voix me parla du ciel une seconde fois, et me dit : Ne regarde pas comme souillé ce que Dieu a purifié.
10 Et cela se fit jusqu’à trois fois, après quoi tout fut retiré dans le ciel.
11 Au même instant, trois hommes, qui m’avaient été envoyés de Césarée, se présentèrent à la porte de la maison où j’étais.
12 Et l’Esprit me dit que j’allasse avec eux, sans en faire aucune difficulté. Ces six de nos frères, que voilà, vinrent aussi avec moi, et nous entrâmes dans la maison de cet homme,
13 qui nous raconta comment il avait vu un ange dans sa maison, qui s’était présenté à lui, et lui avait dit : Envoie des gens à Joppe, et fais venir Simon, surnommé Pierre,
14 qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison.
15 Et comme j’eus commencé à leur parler, le Saint-Esprit descendit sur eux, ainsi qu’il était aussi descendu sur nous au commencement.
16 Alors je me souvins de cette parole du Seigneur : Jean a baptisé d’eau ; mais vous serez baptisés du Saint-Esprit.
17 Puis donc que Dieu leur a donné le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour m’opposer à Dieu ?
18 Alors, ayant entendu ces choses, ils s’apaisèrent et glorifièrent Dieu, en disant : Dieu a donc aussi donné aux Gentils même la repentance, afin qu’ils aient la vie.
19 Pour ce qui est de ceux qui avaient été dispersés par la persécution arrivée à l’occasion d’Etienne, ils passèrent jusqu’en Phénicie, en Chypre et à Antioche, n’annonçant la parole à personne qu’aux Juifs seulement.
20 Mais quelques-uns d’entre eux, qui étaient de Chypre et de Cyrène, étant entrés dans Antioche, parlèrent aux Grecs, leur annonçant le Seigneur Jésus.
21 Et la main du Seigneur était avec eux, de sorte qu’il y en eut un grand nombre qui crurent et se convertirent au Seigneur.
22 Or, le bruit en vint jusqu’à l’Eglise de Jérusalem ; c’est pourquoi ils envoyèrent Barnabas pour passer jusqu’à Antioche ;
23 qui y étant arrivé, et ayant vu la grâce de Dieu, se réjouit, et les exhorta tous à demeurer attachés au Seigneur avec un cœur ferme.
24 Car c’était un homme de bien, plein du Saint-Esprit et de foi, et une grande multitude se joignit au Seigneur.
25 Barnabas s’en alla ensuite à Tarse, pour chercher Saul.
26 Et l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche ; et pendant toute une année, ils s’y assemblèrent avec l’Eglise, et instruisirent un grand peuple, de sorte que ce fut à Antioche que les disciples commencèrent à être nommés Chrétiens.
27 En ce temps-là, quelques prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche.
28 Et l’un d’eux, nommé Agabus, se leva, et prédit par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine par toute la terre ; ce qui arriva en effet sous l’empereur Claude.
29 Et les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon son pouvoir, quelques secours aux frères qui demeuraient en Judée.
30 Ce qu’ils firent aussi, l’envoyant aux anciens par les mains de Barnabas et de Saul.
REFLEXIONS
La première partie de ce chapitre nous apprend que les chrétiens de Jérusalem se scandalisèrent d’abord de ce que St. Pierre avait été chez Corneille, parce qu’il n’était pas permis aux Juifs d’aller chez les païens et d’avoir un commerce familier avec eux. Mais quand ils eurent appris que cet apôtre y était allé par l’ordre de Dieu et que même le Saint-Esprit avait été donné à Corneille et à ceux qui étaient avec lui, ils s’apaisèrent et ils se réjouirent de ce que Dieu appelait aussi les Gentils au salut et à la vie.
Jamais il ne faut être jaloux des grâces que Dieu fait aux autres, au contraire, nous devons nous en réjouir, surtout lorsqu’il les appelle à la repentance et au salut.
Au reste, cet heureux événement qui causa tant de joie aux fidèles de Jérusalem et qui leur fit dire : Dieu a donc aussi donné la repentance aux Gentils afin qu’ils aient la vie !
Doit aussi faire à jamais la matière de notre joie et de nos louanges puisqu’il nous regarde directement.
Il y a trois considérations à faire sur la seconde partie de ce chapitre :
I. La première, que la dispersion de l’église de Jérusalem et la persécution qu’on avait suscitée contre les chrétiens contribua à répandre l’Évangile en divers lieux et à établir plusieurs belles églises et particulièrement l’église d’Antioche où les disciples de Jésus-Christ commencèrent à être appelé chrétiens.
II. La deuxième, que ces églises furent fondées et entretenues par le ministère de Barnabas, de St. Paul et des autres personnes qui s’employèrent à leur édification. Cela montre que le ministère des serviteurs de Dieu est d’une grande utilité dans l’église, pourvu qu’il soit exercé par des personnes qui soient gens de bien et remplis de foi et de Saint-Esprit, tels qu’étaient ceux dont St. Luc parle.
III La prédiction que fit Agabus d’une famine qui devait arriver montre que Dieu, outre le pouvoir de faire des miracles accordait en ces temps-là à ses serviteurs le don de prédire l’avenir et qu’il n’arrive rien dans le monde que par la providence et par la volonté de Dieu. Et la résolution que les chrétiens prirent de faire une collecte pour leurs frères qui étaient en Judée est un exemple qui doit nous inciter à secourir les personnes qui se trouvent dans la nécessité et surtout ceux qui sont nos frères et les membres de Jésus-Christ et même à prévenir leurs besoins.
St. Luc récite trois choses dans ce chapitre. I. Le martyre de St. Jacques frère de St Jean. II. L’emprisonnement de St. Pierre et sa délivrance miraculeuse. III. La mort du roi Hérode qui mourut frappé par un ange.
1 En ce même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques-uns de l’Eglise.
2 Il fit mourir par l'épée Jacques, frère de Jean ;
3 et voyant que cela était agréable aux Juifs, il fit aussi arrêter Pierre.
4 C’était pendant les jours des pains sans levain. L’ayant donc fait arrêter, il le fit mettre en prison, et le donna à garder à quatre bandes, de quatre soldats chacune, dans le dessein de l’exposer au supplice devant le peuple, après la fête de Pâque.
5 Pierre était donc gardé dans la prison ; mais l’Eglise faisait sans cesse des prières à Dieu pour lui.
6 Et la nuit de devant le jour qu’Hérode devait l’envoyer au supplice, Pierre dormait entre deux soldats, étant lié de deux chaînes ; et les gardes qui étaient devant la porte gardaient la prison.
7 Et un ange du Seigneur survint tout à coup, une lumière resplendit dans la prison, et l’ange, poussant Pierre par le côté, l’éveilla, et lui dit : Lève-toi promptement. Et les chaînes tombèrent de ses mains.
8 Et l’ange lui dit : Ceins-toi, et attache tes souliers ; ce qu’il fit. Puis l’ange ajouta : Mets ta robe et suis-moi.
9 Et Pierre étant sorti, le suivait sans savoir que ce que l’ange faisait se fît réellement, mais il croyait qu’il avait une vision.
10 Et quand ils eurent passé la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer, qui conduit à la ville, et la porte s’ouvrit à eux d’elle-même ; et étant sortis, ils allèrent le long d’une rue, et aussitôt l’ange se retira d'avec lui.
11 Alors Pierre, étant revenu à soi, dit : Je reconnais maintenant véritablement que le Seigneur a envoyé son ange, et qu’il m’a délivré de la main d’Hérode, et de tout ce que le peuple juif attendait.
12 Et après y avoir réfléchi, il alla à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où plusieurs personnes étaient assemblées et faisaient des prières.
13 Quand il eut frappé à la porte du vestibule, une servante, nommée Rhode, vint pour savoir qui c’était.
14 Et ayant reconnu la voix de Pierre, de la joie quelle eut, elle n’ouvrit point la porte ; mais elle courut annoncer que Pierre était devant la porte.
15 Et ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle assurait que la chose était ainsi ; et eux disaient : C’est son ange.
16 Cependant, Pierre continuait à frapper, et quand ils eurent ouvert, ils le virent et furent ravis hors d’eux-mêmes.
17 Mais lui, leur ayant fait signe de la main de faire silence, leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de la prison ; et il leur dit : Faites savoir ceci à Jacques et à nos frères ; après quoi il sortit, et s’en alla à un autre lieu.
18 Quand il fut jour, il y eut un grand trouble parmi les soldats, pour savoir ce que Pierre était devenu.
19 Et Hérode, l’ayant fait chercher sans qu’on le pût trouver, il fit faire le procès aux gardes, et il commanda qu’on les menât au supplice. Puis il descendit de Judée à Césarée, où il s’arrêta.
20 Or, Hérode avait dessein de faire la guerre aux Tyriens et aux Sidoniens. Mais ils vinrent le trouver d’un commun accord, et ayant gagné Blaste, qui était chambellan, ils demandèrent la paix, parce que leur pays tirait sa subsistance de celui du roi.
21 Hérode donc, leur ayant donné jour pour leur parler, se revêtit de ses habits royaux, s’assit sur son trône, et les harangua.
22 Et le peuple s’écria : Voix d’un Dieu, et non point d’un homme !
23 Et à l’instant un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné gloire à Dieu, et il mourut, rongé des vers.
24 Mais la parole du Seigneur faisait de grands progrès, et se répandait de plus en plus.
25 Et Barnabas et Saul, après s’être acquittés de leur ministère, revinrent de Jérusalem, ayant aussi pris avec eux Jean, surnommé Marc.
REFLEXIONS
On voit d’abord dans ce chapitre que l’apôtre St. Jacques de même que St. Étienne scella la vérité de l’Évangile par son sang et qu’ainsi la religion chrétienne s’est établie par les souffrances de ceux qui l’annonçaient, ce qui en fait voir la vérité et la divinité.
II. Dieu qui avait permis que St. Jacques fût mis à mort permit aussi que le roi Hérode mit St. Pierre en prison, mais le Seigneur délivra miraculeusement cet apôtre en envoyant un ange qui lui ouvrit les portes de la prison et le mis en liberté. Cette merveilleuse délivrance nous donne lieu de reconnaître que si Dieu souffre quelques fois que les méchants exécutent leurs desseins, il ne leur permet pas toujours de faire tout le mal qu’ils avaient résolu et qu’il veille pour ses fidèles serviteurs. Mais on voit aussi en cela combien la prière a d’efficace puisque l’église de Jérusalem obtint la délivrance de St. Pierre par les prières qu’elle fit à Dieu.
III. La mort du roi Hérode, qui fut rongé de vers pour punition de son orgueil, est digne d’attention. Cet événement, qui est aussi rapporté par Josephe, historien juif, montre que Dieu confond les orgueilleux, que les persécuteurs de l’église font d’ordinaire une fin funeste et que les princes cruels et superbes reçoivent tôt ou tard la peine due à leur méchanceté.
Paul et Barnabas vont d’Antioche à Chypre et de là à Paphos où St. Paul frappe d’aveuglement un imposteur juif et où il convertit à la foi le proconsul Serge Paul qui était le premier magistrat de cette île. Après cela, St. Paul, étant arrivé à Antioche de Pisidie, fait un discours aux Juifs de cette ville-là dans lequel il leur montre que Dieu, selon les promesses qu’il avait faites à leurs pères avait envoyé Jésus-Christ, que ce Jésus qui avait été crucifié était ressuscité et que tous ceux qui croiraient en lui obtiendraient le salut. Plusieurs, tant Juifs que Gentils, ayant cru à la prédication de St. Paul, les Juifs s’irritèrent contre lui et le firent même chasser avec Barnabas, mais ces apôtres leur déclarèrent que puisqu’ils rejetaient l’Évangile, ils l’annonceraient aux païens, et ils se retirèrent.
1 Il y avait dans l’Eglise d’Antioche quelques prophètes et docteurs, savoir, Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius le Cyrénéen, Manahem, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul.
2 Comme donc ils vaquaient au service du Seigneur, et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés.
3 Après donc qu’ils eurent jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les firent partir.
4 Eux donc, étant envoyés par le Saint-Esprit, descendirent à Séleucie, où ils s’embarquèrent pour aller en Chypre.
5 Et lorsqu’ils furent arrivés à Salamine, ils annoncèrent la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs, et ils avaient Jean avec eux, pour les aider.
6 Ayant ensuite traversé l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain Juif, magicien et faux prophète, nommé Barjésu,
7 qui était avec le proconsul Serge Paul, homme sage et prudent. Celui-ci, ayant fait appeler Barnabas et Saul, désirait d’entendre la parole de Dieu.
8 Mais Elymas, c’est-à-dire le magicien, car c’est ce que signifie ce nom, leur résistait, tâchant de détourner le proconsul de la foi.
9 Mais Saul, qui est aussi appelé Paul, étant rempli du Saint-Esprit, ayant les yeux fixés sur lui, lui dit :
10 O homme, rempli de toute sorte de fraude et de méchanceté, enfant du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu point de pervertir les voies du Seigneur, qui sont droites ?
11 C’est pourquoi, voici, dès maintenant la main du Seigneur sera sur toi, et tu seras aveugle, sans voir le soleil, jusqu’à un certain temps. Et à l’instant l’obscurité et les ténèbres tombèrent sur lui ; et tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main.
12 Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant rempli d’admiration pour la doctrine du Seigneur.
13 Et quand Paul et ceux qui étaient avec lui, furent partis de Paphos, ils vinrent à Perge en Pamphylie. Mais Jean, s’étant séparé d’eux, s’en retourna à Jérusalem.
14 Pour eux, étant partis de Perge, ils vinrent à Antioche de Pisidie ; et étant entrés dans la synagogue, au jour du sabbat, ils s’assirent.
15 Et après la lecture de la loi et des prophètes, les principaux de la synagogue leur envoyèrent dire : Hommes frères, si vous avez quelque exhortation à faire au peuple, faites-la.
16 Alors Paul s’étant levé, et ayant fait signe de la main qu’on fît silence, il dit : Hommes Israélites, et vous qui craignez Dieu, écoutez.
17 Le Dieu de ce peuple d’Israël choisit nos pères, et rendit ce peuple illustre, lorsqu’ils demeuraient dans le pays d’Egypte, et il les en fit sortir à bras élevé.
18 Et il supporta leur conduite dans le désert, l’espace d’environ quarante ans.
19 Et ayant détruit sept nations au pays de Canaan, il leur distribua leur pays par le sort.
20 Et environ quatre cent cinquante ans après cela, il leur donna des juges, jusqu'au prophète Samuel.
21 Et ensuite ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Kis, de la tribu de Benjamin, et ainsi se passèrent quarante ans.
22 Et Dieu l’ayant ôté, il leur suscita David pour roi, à qui aussi il rendit témoignage, en disant : J’ai trouvé David, fils de Jessé, un homme selon mon cœur, qui exécutera toutes mes volontés.
23 C’est de sa postérité que Dieu a suscité Jésus, selon sa promesse, pour être le Sauveur d’Israël.
24 Avant qu’il parût, Jean avait prêché le baptême de repentance à tout le peuple d’Israël.
25 Et lorsque Jean achevait sa course, il disait : Qui pensez-vous que je sois ? Je ne suis pas le Christ ; mais il en vient un après moi, dont je ne suis pas digne de délier les souliers de ses pieds.
26 C’est à vous, mes frères, qui êtes de la race d’Abraham, et à ceux d’entre vous qui craignent Dieu, que cette parole de salut est adressée.
27 Car les habitants de Jérusalem et leurs magistrats, n’ayant point reconnu Jésus, ont accompli, en le condamnant, les paroles des prophètes, qui se lisent chaque jour de sabbat.
28 Et bien qu’ils ne trouvassent rien en lui qui fût digne de mort, ils demandèrent à Pilate de le faire mourir.
29 Et après qu’ils eurent accompli tout ce qui avait été écrit de lui, on l'ôta du bois, et on le mit dans le sépulcre.
30 Mais Dieu l’a ressuscité des morts.
31 Et il a été vu, pendant plusieurs jours, de ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, qui sont ses témoins devant le peuple.
32 Et nous aussi, nous vous annonçons qu’à l’égard de la promesse qui avait été faite à nos pères,
33 Dieu l’a accomplie pour nous qui sommes leurs enfants, lorsqu’il a suscité Jésus ; comme il est écrit dans le second psaume : Tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui.
34 Et pour montrer qu’il l’a ressuscité des morts, pour ne devoir plus retourner au sépulcre, il a parlé ainsi : Je vous tiendrai fidèlement les promesses sacrées que j’ai faites à David.
35 C’est pourquoi il dit aussi dans un autre endroit : Tu ne permettras point que ton Saint sente la corruption ;
36 car pour David, après avoir servi en son temps aux desseins de Dieu, il est mort, et a été mis avec ses pères, et il a senti la corruption ;
37 mais celui que Dieu a ressuscité, n’a point senti la corruption.
38 Sachez donc, mes frères, que c’est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée ;
39 et que c’est par lui que tous ceux qui croient sont justifiés de toutes les choses dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse.
40 Prenez donc garde qu’il ne vous arrive ce qui a été dit dans les prophètes :
41 Voyez, vous qui me méprisez, et soyez étonnés, et pâlissez d’effroi ; car je vais faire une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croirez point, si quelqu’un vous la raconte.
42 Après qu’ils furent sortis de la synagogue des Juifs, les Gentils les prièrent de leur annoncer les mêmes choses le sabbat suivant.
43 Et quand l’assemblée fut séparée, plusieurs Juifs et prosélytes, craignant Dieu, suivirent Paul et Barnabas, qui les exhortèrent à persévérer dans la grâce de Dieu.
44 Le sabbat suivant, presque toute la ville s’assembla pour entendre la parole de Dieu.
45 Mais les Juifs, voyant la foule, furent remplis d’envie, et s’opposaient à ce que Paul disait, en contredisant et en blasphémant.
46 Alors Paul et Barnabas leur dirent hardiment : C’était bien à vous les premiers qu’il fallait annoncer la parole de Dieu, mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les Gentils.
47 Car le Seigneur nous l’a ainsi commandé quand il a dit : Je t’ai établi pour être la lumière des Gentils, afin que tu sois leur salut jusqu’aux extrémités de la terre.
48 Les Gentils, entendant cela, s’en réjouissaient, et donnaient gloire à la parole du Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle, crurent.
49 Ainsi la parole du Seigneur se répandait par tout le pays.
50 Mais les Juifs animèrent quelques femmes dévotes et de qualité, et les principaux de la ville, et ils excitèrent une persécution contre Paul et Barnabas, et les chassèrent de leur pays.
51 Mais Paul et Barnabas, ayant secoué la poudre de leurs pieds contre eux, allèrent à Icone.
52 Cependant, les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit.
REFLEXIONS
Saint Luc rapporte au commencement de ce chapitre que Paul et Barnabas étant allés en divers lieux de l’Asie et de la Grèce par l’ordre du Saint-Esprit et après que les prophètes et les ministres de l’église d’Antioche eurent prié et jeûné, ils annoncèrent l’Évangile dans tous ces lieux-là avec succès. Ce sont là des marques de la divinité de leur vocation, mais nous en avons surtout une preuve remarquable dans la conversion du gouverneur de Paphos et dans la punition miraculeuse d’Elymas qui voulait détourner ce gouverneur d’embrasser la religion chrétienne. On voit en ces deux hommes, dont l’un crut à la prédication de St. Paul et l’autre s’y opposait de toutes ses forces, que si la parole de Dieu sauve ceux qui la reçoivent, elle condamnera ceux qu’elle ne convertit pas et que ceux qui s’opposent à la vérité et qui détournent les autres de la foi et de la piété attirent sur eux les jugements de Dieu les plus sévères.
Le discours que St. Paul fit dans la synagogue d’Antioche est un abrégé de la doctrine chrétienne. Cet apôtre y montre aux Juifs que Jésus est né de la race de David et que c’est lui qui est le Messie promis, ce qu’il prouve par le témoignage de Jean-Baptiste et par les prédictions des prophètes. Il leur déclare ensuite que ce Jésus qu’on avait crucifié à Jérusalem était ressuscité conformément aux oracles du Vieux Testament. Enfin, il leur apprend que le but de la venue de Jésus-Christ a été d’obtenir aux hommes la rémission de leurs péchés, qu’ainsi tous ceux qui croiraient en lui seraient justifiés, mais que ceux qui le rejetteraient seraient exclus du salut.
Puisque c’est là la substance de la religion chrétienne, nous y devons faire une sérieuse et continuelle attention et reconnaître par-là que ce n’est que par le moyen de la foi en Jésus-Christ et par l’obéissance à l’Évangile que nous pouvons être sauvés.
Pour ce qui est de l’effet que produisit la prédication de St. Paul, St. Luc nous apprend que plusieurs la reçurent, mais que le plus grand nombre des Juifs s’obstinèrent dans leur incrédulité, ce qui fit que cet apôtre leur déclara qu’il allait se tourner vers les Gentils.
La doctrine de l’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes.
Paul et Barnabas prêchent à Icône. De là ils vont à Lystre où, ayant guéri un impotent, les habitants de ce lieu-là les prirent pour des dieux, ce qui donna à St. Paul de les exhorter à renoncer à l’idolâtrie. Peu après cet apôtre fut lapidé par le peuple de cette ville que les Juifs avaient soulevé, mais Dieu lui ayant conservé la vie, il s’en alla en d’autres lieux et il revint à Antioche.
1 Paul et Barnabas étant arrivés à Icone, ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et ils parlèrent de telle sorte qu’il y eut une grande multitude de Juifs et de Grecs qui crurent.
2 Mais les Juifs incrédules excitèrent et irritèrent les esprits des Gentils contre les frères.
3 Paul et Barnabas demeurèrent cependant là assez longtemps, parlant hardiment du Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, en faisant par leurs mains des prodiges et des miracles.
4 Mais le peuple de la ville fut partagé ; et les uns étaient pour les Juifs, et les autres pour les apôtres.
5 Et comme il se fit une émeute des Gentils et des Juifs, avec leurs principaux chefs, pour outrager les apôtres et pour les lapider,
6 eux l’ayant appris, s’enfuirent aux villes de Lycaonie, savoir, à Lystre et à Derbe, et au pays d’alentour ;
7 et ils y annoncèrent l’évangile.
8 Il y avait à Lystre un homme impotent de ses jambes, qui était assis ; il était perclus dès sa naissance, et il n’avait jamais marché.
9 Il entendit parler Paul, qui, ayant arrêté les yeux sur lui, et voyant qu’il avait la foi pour être guéri,
10 Dit à haute voix : Lève-toi, et tiens-toi droit sur tes pieds. Et il se leva en sautant, et il marcha.
11 Et le peuple, ayant vu ce que Paul avait fait, s’écria, et dit en langue lycaonienne : Des dieux, ayant pris une forme humaine, sont descendus vers nous.
12 Et ils appelaient Barnabas, Jupiter, et Paul, Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole.
13 Et même le sacrificateur de Jupiter, qui était à l’entrée de leur ville, vint avec des taureaux et des couronnes, et voulait leur sacrifier avec la multitude.
14 Mais les apôtres, Barnabas et Paul, l’ayant appris, déchirèrent leurs vêtements, et se jetèrent au milieu de la foule en s’écriant,
15 et disant : Hommes, pourquoi faites-vous cela ? Nous ne sommes que des hommes, sujets aux mêmes infirmités que vous ; et nous vous annonçons, qu’en quittant ces choses vaines, vous vous convertissiez au Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre et la mer, et toutes les choses qui y sont ;
16 qui dans les temps passés a laissé marcher toutes les nations dans leurs voies.
17 Quoiqu’il n’ait point cessé de donner des témoignages de ce qu’il est, en nous faisant du bien, en nous envoyant les pluies du ciel, et les saisons fertiles, en nous donnant la nourriture avec abondance, et en remplissant nos cœurs de joie.
18 Et en disant cela, à peine purent-ils empêcher le peuple de leur sacrifier.
19 Alors, quelques Juifs survinrent d’Antioche et d’Icone, qui gagnèrent le peuple, en sorte qu’ayant lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort.
20 Mais les disciples s’étant assemblés autour de lui, il se leva et rentra dans la ville, et le lendemain il s’en alla avec Barnabas à Derbe.
21 Et après avoir annoncé l’évangile dans cette ville-là, et y avoir fait plusieurs disciples, ils retournèrent à Lystre, à Icone et à Antioche ;
22 fortifiant l’esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et leur représentant que c’est par plusieurs afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.
23 Et après avoir prié et jeûné, ils établirent des anciens dans chaque Église, et ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru.
24 Puis, ayant traversé la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie.
25 Et ayant annoncé la parole à Perge, ils descendirent à Attalie.
26 Et de là ils s’embarquèrent pour Antioche, d’où ils étaient partis, après avoir été recommandés à la grâce de Dieu, pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie.
27 Et quand ils furent arrivés et qu’ils eurent assemblé l’Église, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites par eux, et comment il avait ouvert aux Gentils la porte de la foi.
28 Et ils demeurèrent là longtemps avec les disciples.
REFLEXIONS
On voit ici en général que les apôtres ont exercés leur ministère avec un grand zèle et au milieu des persécutions et que St. Paul en particulier a éprouvé partout la fureur des Juifs puisqu’il fut en danger d’être lapidé à Icone avec Barnabas et qu’ensuite on le lapida à Lystre et qu’il fut même laissé pour mort. Mais on remarque aussi que Dieu garantissait les apôtres dans les périls continuels auxquels ils étaient exposés, qu’il faisait par leur moyen des miracles surprenant et que s’ils avaient le déplaisir de voir les Juifs s’opposer à eux, ils avaient d’un autre côté la consolation d’amener plusieurs païens à la foi.
II. St. Paul fit paraître un zèle admirable lorsqu’après qu’il eût guéri un impotent, les habitants de Lystre le prirent lui et Barnabas pour des dieux et qu’ils voulurent leur rendre des honneurs divins.
Ceux qui craignent Dieu et qui ont un vrai zèle ne cherchent jamais leur propre gloire et leur grand but est que Dieu seul soit glorifié et que les hommes le connaissent et l’adorent.
III. Le discours que St. Paul fit aux Lycaoniens qui étaient des peuples idolâtres nous enseigne que Dieu s’est fait connaître de tout temps aux hommes par les œuvres de la nature et de la providence et qu’il leur a toujours donné des témoignages de sa bonté.
Sur quoi nous devons considérer que si les bienfaits que Dieu accorde aux hommes dans la nature doivent les engager à l’aimer et à le servir, nous y sommes beaucoup plus obligés, nous à qui il s’est révélé par l’Évangile et à qui il a donné des témoignages si convainquant de son amour en envoyant Jésus-Christ au monde.
St. Luc remarque sur la fin de ce chapitre que les apôtres avaient un soin particulier d’aller en divers lieux pour exhorter les chrétiens et surtout pour établir des pasteurs en chaque église. Cette conduite des apôtres montre que les fidèles ont toujours besoin d’être instruits et exhortés, qu’en particulier le ministère de pasteur est tout-à-fait nécessaire et que la volonté de Dieu est que partout où il y a des chrétiens il y ait des ministres pour enseigner, pour exhorter et pour conduite l’église.
Une dispute s’étant élevée dans l’église d’Antioche sur ce que quelques Juifs qui s’étaient fait chrétiens soutenaient que les païens qui se convertissaient à la religion chrétienne devaient être circoncit comme les Juifs et garder les cérémonies de la loi de Moïse, Paul et Barnabas furent envoyés à Jérusalem pour consulter les apôtres sur cette question-là. Les apôtres étant assemblés déclarèrent que les païens n’étaient pas obligés d’observer la circoncision et les cérémonies de la loi et qu’ils suffisait qu’ils crussent en Jésus-Christ, qu’ils obéissent à l’Évangile et qu’ils s’abstinssent de ce qui pourrait les entraîner dans l’idolâtrie. C’est ce que les apôtres firent savoir à l’église d’Antioche par une lettre qui fut portée par Paul et Barnabas.Après quoi ces deux serviteurs de Dieu allèrent en d’autres pays pour y annoncer l’Évangile.
1 Or, quelques-uns qui étaient venus de Judée, enseignaient les frères, et leur disaient : Si vous n’êtes circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés.
2 Sur quoi une grande contestation et une dispute s’étant élevée entre Paul et Barnabas et eux, il fut résolu que Paul et Barnabas, avec quelques-uns d’entre eux, monteraient à Jérusalem, pour consulter les apôtres et les anciens sur cette question.
3 Etant donc envoyés de la part de l’Église, ils traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils ; et ils donnèrent une grande joie à tous les frères.
4 Et étant arrivés à Jérusalem, ils furent bien reçus par l’Église, par les apôtres et par les anciens, et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites par eux.
5 Mais, dirent-ils, quelques-uns de la secte des Pharisiens, qui ont cru, se sont élevés, disant, qu’il fallait circoncire les Gentils, et leur ordonner de garder la loi de Moïse.
6 Alors, les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire.
7 Et après une grande dispute, Pierre se leva, et leur dit : Mes frères, vous savez qu’il y a longtemps que Dieu m’a choisi d’entre nous, afin que les Gentils entendissent par ma bouche la parole de l’évangile, et qu’ils crussent.
8 Et Dieu qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur donnant le Saint-Esprit aussi bien qu’à nous.
9 Et il n’a point fait de différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi.
10 Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ?
11 Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, de même qu’eux.
12 Alors, toute l’assemblée se tut, et ils écoutaient Barnabas et Paul, qui leur racontaient quels miracles et quelles merveilles Dieu avait faits par eux parmi les Gentils.
13 Et après qu’ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole, et dit : Mes frères, écoutez-moi :
14 Simon a recité comment Dieu a commencé de visiter les Gentils, pour en faire un peuple consacré à son nom.
15 Et c’est à quoi les paroles des prophètes s’accordent, selon qu’il est écrit :
16 Après cela, je reviendrai, et je rebâtirai le tabernacle de David, qui est tombé ; je réparerai ses ruines, et je le redresserai ;
17 afin que le reste des hommes, et toutes les nations parmi lesquelles mon nom est invoqué, cherchent le Seigneur ; c’est ce que dit le Seigneur, qui a fait toutes ces choses.
18 Toutes les œuvres de Dieu lui sont connues de toute éternité.
19 C’est pourquoi j’estime qu’il ne faut point inquiéter ceux d’entre les Gentils qui se convertissent à Dieu ;
20 mais qu’il faut leur écrire de s’abstenir des souillures des idoles, de la fornication, des choses étouffées et du sang.
21 Car, pour ce qui est de Moïse, il y a depuis plusieurs siècles, des gens qui le prêchent dans les synagogues, où on le lit tous les jours de sabbat.
22 Alors, les apôtres et les anciens, avec toute l’Eglise, jugèrent à propos d’envoyer à Antioche des personnes choisies d’entre eux, avec Paul et Barnabas, savoir, Jude, surnommé Barsabas, et Silas, qui étaient des principaux d’entre les frères ;
23 en écrivant par eux en ces termes : Les apôtres, les anciens et les frères, à nos frères d’entre les Gentils qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut.
24 Comme nous avons appris que quelques-uns qui sont partis d’entre nous, vous ont troublés par leurs discours, et ont ébranlé vos âmes, en disant qu’il faut être circoncis et garder la loi ; de quoi nous ne leur avions donné aucun ordre ;
25 nous avons été d’avis, après nous être assemblés d’un commun accord, de vous envoyer des personnes choisies, avec nos chers frères Barnabas et Paul,
26 qui sont des hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ.
27 Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous feront aussi entendre les mêmes choses de bouche :
28 C’est qu’il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous, de ne vous point imposer d’autre charge que ces choses qui sont nécessaires ;
29 savoir, que vous vous absteniez de ce qui a été sacrifié aux idoles, du sang, des choses étouffées, et de la fornication ; desquelles choses vous ferez bien de vous garder. Adieu.
30 Ayant donc été envoyés, ils vinrent à Antioche ; et ayant assemblé la multitude des fidèles, ils leur rendirent cette lettre.
31 Et après qu’elle eut été lue, ils se réjouirent de la consolation qu’elle leur donna.
32 Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent et fortifièrent aussi les frères par plusieurs discours.
33 Et après qu’ils eurent demeuré là quelque temps, les frères les renvoyèrent en paix vers les apôtres.
34 Toutefois, Silas jugea à propos de demeurer à Antioche.
35 Et Paul et Barnabas y demeurèrent aussi, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la parole du Seigneur.
36 Quelques jours après, Paul dit à Barnabas : Retournons visiter nos frères, par toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont.
37 Et Barnabas était d’avis de prendre avec eux Jean, surnommé Marc.
38 Mais il ne semblait pas raisonnable à Paul de prendre avec eux celui qui les avait quittés en Pamphylie, et qui ne les avait pas accompagnés dans l’œuvre de leur ministère.
39 Il y eut donc entre eux une contestation, en sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre, et que Barnabas, ayant pris Marc avec lui, s’embarqua pour aller en Chypre.
40 Mais Paul, ayant choisi Silas, partit, après avoir été recommandé à la grâce de Dieu par les frères ;
41 et il traversa la Syrie et la Cilicie, confirmant les Eglises.
REFLEXIONS
C’est ici un chapitre qui mérite une attention particulière.
La doctrine de la justification y est parfaitement éclaircie et ce qui y est dit sert à l’intelligence des endroits du Nouveau Testament où cette doctrine est traitée. Il faut se souvenir en premier lieu que la question qui fut proposée n’était pas de savoir si les païens pour être sauvés devaient garder les commandements de Jésus-Christ, et faire des bonnes œuvres, personne ne doutait alors de cette vérité là et il n’y avait aucune dispute là-dessus. Mais la question était si les païens devaient se soumettre à la circoncision et aux cérémonies de la loi de Moïse comme certains Juifs convertis à la foi chrétienne le prétendaient.
Après cela, il faut remarquer que les apôtres décidèrent deux choses sur cette question-là.
La première qu’il ne fallait point obliger les païens qui se convertissaient à être circoncis et à pratiquer les cérémonies des Juifs, mais qu’il suffisait pour le salut qu’ils crussent sincèrement en Jésus-Christ.
C’est ce que les apôtres prouvent :
I. Parce que Dieu avait répandu son Esprit sur les païens aussi bien que sur les Juifs et qu’il leur avait donné la foi.
II. Par la nature même des cérémonies mosaïques et enfin par les oracles des prophètes.
C’est aussi la doctrine que St. Paul établit dans ses épîtres où il enseigne : que nous sommes justifiés par la foi en Jésus-Christ, sans les œuvres de la loi.
L’autre chose que les apôtres déclarèrent fut que les païens doivent cependant s’abstenir de ce qui avait été sacrifié aux idoles, du sang, des choses étouffées et de la fornication. La raison de cette défense était que l’usage de ces viandes, de même que l’impureté faisaient une partie du culte et des festins idolâtres des païens et qu’ainsi, si les chrétiens ne s’étaient pas abstenus de ces choses-là, cela aurait pu les entraîner dans l’idolâtrie, scandaliser les Juifs et confirmer les païens dans leur fausse religion.
Il parait donc clairement d’ici que les apôtres n’ont point dispensé les hommes de la loi morale, mais qu’ils ne les ont dispensés que de la loi des cérémonies et que même en enseignant que nous sommes justifiés par la foi, ils ont établi de la manière la plus forte la nécessité des bonnes œuvres puisque la foi ne peut être sincère si elle ne produit l’étude de la sainteté et l’obéissance à l’Évangile.
Pour ce qui est de la séparation de Saint Barnabas d’avec Saint Paul dont il est fait mention sur la fin de ce chapitre, on y voit à la vérité quelque différence de sentiments entre ces deux excellents serviteurs de Dieu, mais cela ne les désunit point et ne les empêcha pas d’aller toujours à leur devoir et de travailler sans relâche à l’avancement du règne de Jésus-Christ.
Saint Paul appelle Timothée au ministère et après avoir été en divers lieux, il va dans la Macédoine et il arrive dans la ville de Philippes où il prêche l’Évangile et où une femme nommée Lydie embrasse la religion chrétienne. Pendant que St Paul était à Philippes, il se fit une émeute contre lui parce qu’il avait délivré une servante d’un mauvais esprit dont elle était possédée, il fut fouetté avec Silas et mis en prison, mais Dieu les délivra miraculeusement, le geôlier fut converti à la foi et les magistrats de Philippe prièrent St. Paul et Silas de se retirer après leur avoir fait des excuses du mauvais traitement qu’ils avaient reçu.
1 Paul arriva à Derbe et à Lystre, et il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d’une femme Juive fidèle, mais d’un père Grec ;
2 et comme les frères qui étaient à Lystre et à Icone, lui rendaient un bon témoignage,
3 Paul voulut qu’il l’accompagnât ; et l’ayant pris avec lui, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient en ces lieux-là ; car tous savaient que son père était Grec.
4 Et comme ils allaient de ville en ville, ils recommandaient aux fidèles de garder les ordonnances qui avaient été établies par les apôtres et par les anciens de Jérusalem.
5 Ainsi, les Eglises étaient confirmées dans la foi, et elles croissaient en nombre de jour en jour.
6 Puis, ayant traversé la Phrygie et la Galatie, le Saint-Esprit leur défendit d’annoncer la Parole en Asie.
7 Et étant venus en Mysie, ils se disposaient à aller en Bithynie ; mais l’Esprit ne le leur permit pas.
8 Ils traversèrent ensuite la Mysie, et descendirent à Troas.
9 Et Paul eut une vision pendant la nuit : un homme macédonien se présenta devant lui, et le pria, disant : Passe en Macédoine et viens nous secourir.
10 Aussitôt qu’il eut vu cette vision, nous nous disposâmes à passer en Macédoine, concluant de là que le Seigneur nous y rappelait, pour leur annoncer l’Evangile.
11 Etant donc partis de Troas, nous tirâmes droit vers Samothrace, et le lendemain à Néapolis ;
12 et de là à Philippes, qui est la première ville de ce quartier de la Macédoine, et une colonie romaine ; et nous y séjournâmes quelques jours.
13 Le jour du sabbat nous sortîmes de la ville ; et nous allâmes près de la rivière, où l’on avait accoutumé de faire la prière, et nous étant assis, nous parlions aux femmes qui s’y étaient assemblées.
14 Et une certaine femme nommée Lydie, de la ville de Thyatire, marchande de pourpre, qui craignait Dieu, nous écouta ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour faire attention aux choses que Paul disait.
15 Et quand elle eut été baptisée avec sa famille, elle nous fit cette prière : Si vous m’avez crue fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et y demeurez ; et elle nous y obligea.
16 Or, un jour que nous allions à la prière, une servante qui avait un esprit de Python, et qui apportait un grand profit à ses maîtres en devinant, nous rencontra.
17 Elle nous suivait, Paul et nous, en criant : Ces hommes sont des serviteurs du Dieu très haut, et ils vous annoncent la voie du salut.
18 Elle fit cela pendant plusieurs jours ; mais Paul, en étant importuné, se retourna, et dit à l’esprit : Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette fille. Et il en sortit au même instant.
19 Mais ses maîtres, voyant qu’ils avaient perdu l’espérance de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent à la place publique, devant les magistrats.
20 Et ils les présentèrent aux magistrats, et leur dirent : Ces hommes-ci, qui sont Juifs, troublent notre ville ;
21 et ils enseignent une manière de vivre qu’il ne nous est pas permis de recevoir, ni de suivre, à nous qui sommes Romains.
22 Et le peuple en foule s’éleva contre eux, et les magistrats, ayant fait déchirer leurs robes, ordonnèrent qu’ils fussent battus de verges.
23 Et après qu’on leur eut donné plusieurs coups, ils les firent mettre en prison ; et ils ordonnèrent au geôlier de les garder sûrement.
24 Ayant reçu cet ordre, il les mit au fond de la prison, et leur serra les pieds dans des entraves.
25 Sur le minuit, Paul et Silas, étant en prières, chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les entendaient.
26 Et tout d’un coup il se fit un grand tremblement de terre, en sorte que les fondements de la prison en furent ébranlés, et en même temps toutes les portes furent ouvertes, et les liens de tous les prisonniers furent rompus.
27 Alors le geôlier, étant réveillé, et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée, et allait se tuer, croyant que les prisonniers s’étaient sauvés.
28 Mais Paul lui cria à haute voix : Ne te fais point de mal ; nous sommes tous ici.
29 Alors le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra promptement, et tout tremblant il se jeta aux pieds de Paul et de Silas.
30 Et les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?
31 Ils lui dirent : Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé, toi et ta famille.
32 Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui étaient dans sa maison.
33 Et les ayant pris à cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies ; et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens.
34 Et les ayant menés dans son logement, il leur fit servir à manger ; et il se réjouit de ce qu’il avait cru en Dieu, avec toute sa famille.
35 Le jour étant venu, les magistrats envoyèrent des sergents, pour dire au geôlier : Laisse aller ces gens-là.
36 Aussitôt le geôlier rapporta ces paroles à Paul, et lui dit : Les magistrats ont envoyé dire qu’on vous laissât aller ; sortez donc maintenant, et vous en allez en paix.
37 Mais Paul dit aux sergents : Après nous avoir battus de verges publiquement, sans forme de jugement, nous qui sommes Romains, ils nous ont mis en prison ; et maintenant ils nous font sortir en secret ; il n’en sera pas ainsi ; mais qu’ils viennent eux-mêmes, et nous mettent en liberté.
38 Et les sergents rapportèrent cela aux magistrats, qui eurent peur, ayant appris qu’ils étaient Romains.
39 C’est pourquoi ils vinrent vers eux, et leur firent des excuses, et les ayant mis hors de la prison, ils les prièrent de se retirer de la ville.
40 Et eux, étant sortis de la prison, entrèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les consolèrent, et ensuite ils partirent.
REFLEXIONS
Il y a deux choses à remarquer sur la vocation de Timothée au saint ministère.
I. La première, que Timothée, qui fut un si grand serviteur de Dieu, avait été élevé dans la piété et que bien qu’il fût jeune, tout le monde lui rendait un bon témoignage, par où l’on voit qu’il ne faut établir dans le ministère que des personnes qui craignent Dieu dès leur jeunesse et qui aient le témoignage d’une bonne et sainte vie.
II. La seconde, que St. Paul, qui condamnait la circoncision lorsqu’on voulait l’imposer aux païens, comme un devoir nécessaire, fit pourtant circoncire Timothée par des raison de prudence, de peur que les Juifs ne rejetassent son ministère sous prétexte qu’il était né d’un père païen. C’est là un exemple de condescendance et de charité qui nous apprend que dans les choses indifférentes il faut s’accommoder autant qu’il est possible aux personnes faibles, éviter ce qui pourrait les scandaliser et avoir toujours égard à ce qui peut le plus contribuer à la paix et à l’édification de l’église.
III. Sur ce que Saint Luc dit que le Saint-Esprit ne permit pas à Saint Paul d’aller en Asie et qu’il fut averti par une vision d’aller annoncer l’Évangile dans la Macédoine, nous devons considérer que c’était Dieu qui conduisait les apôtres dans les lieux où ils pouvaient faire le plus de fruit et où leur présence était la plus nécessaire. Dieu ne trouve pas toujours à propos que l’Évangile soit prêché en toutes sortes de lieux, mais il le fait annoncer à certains peuples plutôt qu’à d’autres pour de justes raisons.
IV. Saint Luc rapporte qu’une femme nommée Lydie écouta Saint Paul et que Dieu ouvrit le cœur de cette femme pour croire ce que cet apôtre disait. Cela nous montre que la foi se produit par l’ouïe de la parole de Dieu et par l’efficace de la grâce qui ouvre le cœur et le fléchi.
V. Saint Paul ayant délivré une servante qui était possédée d’un mauvais esprit, les maîtres de cette servante au lieu d’être touché de ce miracle, soulevèrent le magistrat contre lui parce qu’ils perdaient le profit qu’elle leur apportait en devinant. Cela fait voir combien l’intérêt a de pouvoir pour exciter les passions des hommes et pour les empêcher de connaître et de recevoir la vérité. Saint Paul et Silas furent fouettés et emprisonnés par ordre du magistrat de Philippes, mais ils firent paraître une constance admirable en souffrant cette peine et cette ignominie et en chantant les louanges de Dieu dans la prison.
C’est ainsi que les chrétiens reçoivent non seulement avec patience, mais même avec joie les maux auxquels ils sont exposés pour Jésus-Christ. Dieu ouvrit par un tremblement de terre les portes de la prison où Paul et Silas étaient renfermés et ils eurent même la joie de convertir le geôlier. Cela marquait bien sensiblement que Dieu protégeait ses fidèles serviteurs et tout ce que l’on faisait contre les apôtres tournait à la gloire de Dieu, à l’avancement de l’Évangile et à leur plus grande consolation.
Enfin on doit remarquer que Saint Paul allégua qu’il était bourgeois de Rome pour obliger les magistrats de la ville de Philippes à reconnaître le tort qu’ils avaient eu de l’avoir fait fouetter et emprisonner lui et Silas sans aucune forme de jugement. Il en usa ainsi pour faire voir son innocence et pour l’honneur de l’Évangile qu’il annonçait. Du reste, il parait par cela même que St. Paul ne craignait point les souffrances puisque s’il eût d’abord dit qu’il était bourgeois de Rome, il aurait évité le fouet et la prison. Ainsi l’on voit qu’il joignait une grande prudence à une patience admirable et à une profonde humilité.
St. Paul et Silas annoncent l’Évangile avec succès à Thessalonique, mais les Juifs ayant soulevés le magistrat et le peuple de cette ville contre eux, ils vont à Bérée et y convertissent plusieurs personnes. Y étant encore persécutés par les Juifs, St. Paul se retira de Bérée et s’en alla à Athènes qui était une ville célèbre de la Grèce. Il y annonça l’Évangile et il y convertit quelques personnes.
1 Paul et Silas, ayant passé par Amphipolis et par Apollinie, vinrent à Thessalonique, où il y avait une synagogue de Juifs.
2 Et Paul, selon sa coutume, entra vers eux, et il les entretint des Ecritures, pendant trois jours de sabbat,
3 leur découvrant et leur faisant voir qu’il avait fallu que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât des morts ; et ce Christ, leur disait-il, est Jésus que je vous annonce.
4 Et quelques-uns d’entre eux crurent, et se joignirent à Paul et à Silas, comme aussi une grande multitude de Grecs craignant Dieu, et plusieurs femmes de qualité.
5 Mais les Juifs incrédules, étant émus d’envie, prirent avec eux quelques hommes méchants et fainéants ; et ayant excité un tumulte, ils troublèrent toute la ville, et faisant violence à la maison de Jason, ils cherchaient Paul et Silas, pour les mener vers le peuple.
6 Mais ne les y ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats de la ville, en criant : Ces gens, qui ont troublé tout le monde, sont aussi venus ici.
7 Et Jason les a reçus chez lui ; et ils sont tous rebelles aux ordonnances de César, en disant qu’il y a un autre roi, qu’ils nomment Jésus.
8 Il émurent donc la populace, et même les magistrats de la ville, qui les écoutèrent.
9 Mais ayant reçu caution de Jason et des autres, ils les laissèrent aller.
10 Et incontinent les frères firent partir de nuit Paul et Silas, pour aller à Bérée, où étant arrivés, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.
11 Ceux-ci eurent des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, et ils reçurent la parole avec beaucoup de promptitude, examinant tous les jours les Écritures, pour savoir si ce qu’on leur disait y était conforme.
12 Plusieurs donc d’entre eux crurent, et des femmes grecques de qualité, et des hommes en assez grand nombre.
13 Mais, quand les Juifs de Thessalonique surent que la parole de Dieu était annoncée à Bérée par Paul, ils y vinrent et émurent le peuple.
14 Et aussitôt les frères en firent sortir Paul, comme pour aller du côté de la mer ; mais Silas et Timothée demeurèrent encore à Bérée.
15 Et ceux qui s’étaient chargés de mettre Paul en sûreté, le menèrent jusqu’à Athènes, et après avoir reçu ordre de lui de dire à Silas et à Timothée de venir le trouver au plus tôt, ils partirent.
16 Pendant que Paul les attendait à Athènes, il avait le cœur outré, en voyant cette ville toute plongée dans l’idolâtrie.
17 Il s’entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et avec ceux qui craignaient Dieu, et tous les jours en la place avec ceux qui s’y rencontraient.
18 Et quelques philosophes épicuriens et stoïciens conférèrent avec lui ; et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? Et les autres disaient : Il semble qu’il annonce des divinités étrangères ; c’était parce qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection.
19 Et l’ayant pris, ils le menèrent à l’aréopage, en lui disant : Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu annonces ?
20 Car nous t’entendons dire certaines choses fort étranges ; nous voudrions donc bien savoir ce que c’est.
21 Or, tous les Athéniens et les étrangers qui demeuraient à Athènes, ne s’occupaient qu’à dire et à écouter quelque nouvelle.
22 Alors Paul, se tenant au milieu de l’aréopage, dit : Hommes athéniens, je remarque qu’en toutes choses vous êtes, pour ainsi dire, dévots jusqu’à l’excès.
23 Car en passant et en regardant vos divinités, j’ai trouvé même un autel sur lequel il y a cette inscription : AU DIEU INCONNU. Celui donc que vous honorez sans le connaître, c’est celui que je vous annonce.
24 Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans les temples bâtis par la main des hommes.
25 Il n’est point servi par les mains des hommes, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses.
26 Il a fait naître d’un seul sang tout le genre humain, pour habiter sur toute l’étendue de la terre, ayant déterminé les temps précis et les bornes de leur habitation ;
27 afin qu’ils cherchent le Seigneur, et qu’ils puissent comme le toucher de la main et le trouver, quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous.
28 Car c’est par lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être ; selon que quelques-uns de vos poètes ont dit, que nous sommes aussi la race de Dieu.
29 Etant donc la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, ou à de l’argent, ou à de la pierre taillée par l’art et l’industrie des hommes.
30 Dieu donc, ayant laissé passer ces temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils se convertissent ;
31 parce qu’il a arrêté un jour, auquel il doit juger le monde avec justice, par l’Homme qu’il a établi pour cela, de quoi il a donné à tous les hommes une preuve certaine, en le ressuscitant des morts.
32 Et quand ils entendirent parler de la résurrection des morts, les uns s’en moquèrent, et les autres dirent : Nous t’entendrons là-dessus une autre fois.
33 Ainsi Paul sortit du milieu d’eux.
34 Il y en eut cependant quelques-uns qui se joignirent à lui, et qui crurent ; entre lesquels était Denis, juge de l’Aréopage, et une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux.
REFLEXIONS
L’arrivée de Saint Paul et de Silas à Thessalonique et à Bérée, leur prédication dans ces deux villes et la sédition que les Juifs excitèrent contre eux nous montrent que St. Paul ne se relâchait point, que les Juifs qui étaient les plus ardents ennemis de l’Évangile le persécutaient en tous lieux, mais qu’il avait aussi la consolation de gagner partout des âmes à Jésus-Christ.
II. Ce qui est dit ici à la louange des fidèles de Bérée est remarquable, c’est qu’ils reçurent promptement la parole de Dieu et qu’ils examinaient les saintes Écritures pour voir si ce que St. Paul leur annonçait y était conforme. Nous devons apprendre de là qu’il faut recevoir la vérité avec docilité et avec promptitude et en même temps avec connaissance et discernement et que tous les chrétiens ont le droit d’examiner par la parole de Dieu la doctrine qu’on leur annonce afin de ne rien croire qui ne s’accorde avec cette divine parole qui est l’unique règle de la foi et de se soumettre avec obéissance à tout ce qui y est conforme.
III. On remarque dans ce chapitre le grand zèle de St. Paul. Affligé de voir la ville d’Athènes engagée dans l’idolâtrie, il prit la résolution d’y annoncer l’Évangile et, étant prié par quelques philosophes de les informer de la doctrine qu’il enseignait, il ne fit point difficulté de leur parler de la vraie religion.
À l’imitation de St. Paul, nous devons être vivement touché lorsque nous voyons les hommes engagés dans l’erreur et dans l’égarement et profiter de toutes les occasions qui se présentent de les en retirer.
On découvre, dans le discours que St. Paul fit aux Athéniens, d’un côté la sagesse et la prudence de cet Apôtre qui prit occasion des superstitions mêmes où ils étaient engagés, de leur parler du vrai Dieu et de l’autre, l’évidence et la force avec laquelle il leur fit voir par les raisons les plus convaincantes et par le témoignage de leurs propres poètes qu’il y a un Dieu tout puissant et tout bon qui a créé toutes choses et que c’est une folie extrême et le dernier égarement de servir des idoles d’or, d’argent ou de pierre comme faisaient les païens. Ce discours de St. Paul renferme les principaux articles de la religion, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, créateur et conservateur du monde, que ce Dieu n’est pas loin de chacun de nous, qu’il n’a point besoin de notre service, ni d’aucune chose puisqu’il nous donne à tous la vie, le mouvement et l’être. Mais nous devons surtout faire attention à ces paroles qui sont l’abrégé de la doctrine et des devoirs de l’Évangile : Que Dieu fait annoncer maintenant à tous les hommes en tous lieux qu’ils se convertissent et qu’il y a un jour auquel il doit juger le monde par notre Seigneur Jésus-Christ.
Ces vérités que St. Paul enseigna autrefois dans une ville idolâtre sont celles que nous faisons profession de croire, mais elles ne peuvent nous devenir salutaires qu’autant qu’elles nous portent à servir Dieu, à le craindre et à obéir à l’Évangile.
Enfin, le discours de St. Paul fut suivi de la conversion de quelques personnes, mais la plupart de ceux qui l’avaient ouï demeurèrent dans l’incrédulité et même il y en eut qui se moquèrent de la doctrine de cet Apôtre. C’est ainsi que la prédication de la parole de Dieu opère la conversion des uns pendant que les autres la rejettent avec fierté et mépris.
St. Paul demeure à Corinthe un an et demi, il y convertit un grand nombre de personnes et il y est accusé par les Juifs devant le magistrat. De là il s’en alla à Éphèse, à Jérusalem, à Antioche et en d’autres lieux pour visiter les églises et les confirmer dans la foi. Sur la fin de ce chapitre, Il est parlé d’Apollos qui était un ministre de l’Évangile, illustre par son zèle et par ses grands dons.
1 Après cela, Paul étant parti d’Athènes, vint à Corinthe.
2 Et y ayant trouvé un Juif, nommé Aquilas, originaire du Pont, qui était nouvellement venu d’Italie avec Priscille sa femme, parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome, il s’adressa à eux.
3 Et comme il était du même métier qu’eux, il demeura chez eux, et y travaillait ; et leur métier était de faire des tentes.
4 Il discourait dans la synagogue, tous les jours de sabbat, et il persuadait les Juifs et les Grecs.
5 Quand Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul, étant pressé en son esprit, rendait témoignage aux Juifs que Jésus était le CHRIST.
6 Mais, comme ils s’opposaient à lui, et qu’ils blasphémaient, il secoua ses habits et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ; j’en suis net ; dès à présent je m’en irai vers les Gentils.
7 Et étant sorti de là, il entra chez un homme, nommé Juste, craignant Dieu, et dont la maison tenait à la synagogue.
8 Et Crispe, chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison ; et plusieurs autres Corinthiens, ayant ouï Paul, crurent aussi, et furent baptisés.
9 Et le Seigneur dit à Paul, durant la nuit, en vision : Ne crains point, mais parle, et ne te tais point ;
10 car je suis avec toi, et personne ne mettra les mains sur toi, pour te faire du mal ; car j’ai un grand peuple dans cette ville.
11 Il y demeura donc un an et demi, enseignant parmi eux la parole de Dieu.
12 Mais lorsque Gallion était proconsul d’Achaïe, les Juifs s’élevèrent d’un commun accord contre Paul, et l’amenèrent au tribunal,
13 en disant : Celui-ci veut persuader aux hommes de servir Dieu d'une manière contraire à la loi.
14 Et comme Paul allait ouvrir la bouche pour parler, Gallion dit aux Juifs : S’il s’agissait, ô Juifs, de quelque injustice ou de quelque crime, je vous écouterais patiemment, autant qu’il serait raisonnable ;
15 mais s’il est question de disputes de mots, et de noms, et de votre loi, vous y pourvoirez vous-mêmes, car je ne veux point être juge de ces choses.
16 Et il les fit retirer du tribunal.
17 Alors tous les Grecs, ayant saisi Sosthène, chef de la synagogue, le battaient devant le tribunal, et Gallion ne s’en mettait point en peine.
18 Quand Paul eut encore demeuré là assez longtemps, il prit congé des frères, et s’embarqua pour aller en Syrie, avec Priscille et Aquilas, s’étant fait auparavant couper les cheveux à Cenchrée, à cause d’un vœu.
19 Puis il arriva à Ephèse, et il les y laissa ; et étant entré dans la synagogue, il conféra avec les Juifs,
20 qui le prièrent de demeurer plus longtemps avec eux ; mais il n’y consentit pas.
21 Et il prit congé d’eux, en leur disant : Il faut absolument que je fasse la fête prochaine à Jérusalem ; mais je reviendrai vous voir, s’il plaît à Dieu ; et ainsi il partit d’Ephèse.
22 Et étant débarqué à Césarée, il monta à Jérusalem, et après avoir salué l’Eglise, il descendit à Antioche.
23 Et y ayant fait quelque séjour, il en partit, et parcourut de suite la Galatie et la Phrygie, fortifiant tous les disciples.
24 En ce temps-là, un Juif, nommé Apollos, natif d’Alexandrie, homme éloquent et puissant dans les Ecritures, arriva à Ephèse.
25 Il était en quelque sorte instruit dans la voie du Seigneur ; il parlait avec ferveur d’esprit, et enseignait soigneusement ce qui regardait le Seigneur, bien qu’il n’eût connaissance que du baptême de Jean.
26 Il commença donc à parler hardiment dans la synagogue. Et quand Aquilas et Priscille l’eurent ouï, ils le prirent avec eux, et l’instruisirent plus exactement de la voie de Dieu.
27 Et comme il voulut passer en Achaïe, les frères qui l’y avaient exhorté, écrivirent aux disciples de le recevoir. Quand il fut arrivé, il servit beaucoup, par la grâce de Dieu, à ceux qui avaient cru.
28 Car il convainquait publiquement les Juifs, avec une grande force, prouvant par les Ecritures que Jésus était le Christ.
REFLEXIONS
Dans ce que Saint Luc rapporte du séjour que Saint Paul fit à Corinthe, nous avons à remarquer l’ardeur avec laquelle cet Apôtre travaillait partout à l’avancement du règne de Jésus-Christ, son désintéressement et sa prudence qui paraissaient en ce qu’il aima mieux travailler de ses mains pour subsister que de vivre aux dépends de l’église, les travers que les Juifs lui suscitèrent et enfin la protection dont Dieu le couvrit et la consolation qu’il eut de convertir un grand peuple dans cette ville là et d’y fonder une très belle église. Voilà comment la religion chrétienne s’établissait de plus en plus par la prédication des apôtres et malgré les oppositions des Juifs et des autres ennemis de la vérité.
II. divers voyages de Saint Paul qui sont rapportés dans ce chapitre font voir qu’il était continuellement occupé aux fonctions de sa charge et qu’il travaillait avec une application infatigable à l’édification des églises. C’est ainsi que tous les vrais et sincères chrétiens, mais particulièrement les fidèles ministres de Jésus-Christ, s’emploient de toutes leurs forces pour la gloire de Dieu et pour le salut des hommes et qu’ils y consacrent avec plaisir tout leur temps et toute leur vie.
III. Le témoignage avantageux que Saint Luc rend à Apollos et la manière dont il parle de son zèle, de son éloquence, de ses grands dons et des fruits admirables de son ministère, doit nous faire reconnaître que Dieu accorde une grâce très précieuse aux églises lorsqu’il envoie des docteurs et des ministres zélés, habiles dans les divines Écritures et revêtus des talents et des dons nécessaires pour instruire et pour édifier et cela doit aussi nous engager à prier Dieu qu’il en suscite toujours de semblables.
Saint Paul annonce l’Évangile dans la vile d’Éphèse et il y fait plusieurs miracles. Certains Juifs voulant chasser les esprits malins au nom de Jésus sont maltraités par ceux qui étaient possédés de ces esprits. Plusieurs personnes qui s’étaient adonnées à la magie se convertissent et donnent des marques publiques de leur repentance. Saint Luc ajoute l’histoire d’une sédition qui fut excitée contre St. Paul par un orfèvre nommé Démétrius. Cet homme gagnait beaucoup en vendant de petits temples en argent qui étaient faits sur le modèle d’un temple fameux qu’il y avait à Éphèse et qui était consacré à une déesse des païens nommée Diane. Comme il vit que St. Paul en prêchant contre l’idolâtrie lui faisait perdre tout son profit, il souleva le peuple contre lui, mais cette émeute fut apaisée par le greffier de la ville.
1 Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les provinces supérieures de l’Asie mineure, vint à Ephèse ; où, ayant trouvé quelques disciples, il leur dit :
2 Avez-vous reçu le Saint-Esprit, lorsque vous avez cru ? Mais ils lui répondirent : Nous n’avons pas même ouï dire qu’il y ait un Saint-Esprit.
3 Et il leur dit : De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? Ils répondirent : Du baptême de Jean.
4 Alors Paul leur dit : Il est vrai que Jean a baptisé du baptême de la repentance, en disant au peuple qu’ils devaient croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire, en Jésus, qui est le CHRIST.
5 Ce qu’ayant ouï, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus.
6 Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ils parlaient diverses langues et prophétisaient.
7 Et tous ces hommes-là étaient environ douze.
8 Puis il entra dans la synagogue, et il y parla avec hardiesse pendant trois mois, discourant, pour leur persuader ce qui regarde le royaume de Dieu.
9 Mais, comme quelques-uns s’endurcissaient, et étaient incrédules, décriant la voie du Seigneur devant la multitude, il se retira, et sépara les disciples d’avec eux, enseignant tous les jours dans l’école d’un nommé Tyrannus.
10 Et cela continua durant deux ans, de sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie, tant Juifs que Grecs, entendirent la parole du Seigneur Jésus.
11 Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul ;
12 en sorte qu’on portait même sur les malades les mouchoirs et les linges qui avaient touché son corps ; et ils étaient guéris de leurs maladies, et les malins esprits sortaient.
13 Alors quelques-uns des exorcistes Juifs, qui couraient de lieu en lieu, entreprirent d’invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui étaient possédés des malins esprits, en disant : Nous vous conjurons par Jésus que Paul prêche.
14 Ceux qui faisaient cela, étaient sept, et fils de Scéva, Juif, l’un des principaux sacrificateurs.
15 Mais le malin esprit leur répondit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?
16 Et l’homme qui était possédé de cet esprit malin, se jeta sur eux, et s’en étant rendu maître, il les maltraita si fort qu’ils s’enfuirent de la maison tout nus et blessés.
17 Ce qui ayant été connu de tous les Juifs et de tous les Grecs qui demeuraient à Ephèse, ils furent tous saisis de crainte ; et le nom du Seigneur Jésus était glorifié.
18 Et plusieurs de ceux qui avaient cru, venaient confesser et déclarer ce qu’ils avaient fait.
19 Il y en eut aussi beaucoup de ceux qui avaient exercé des arts curieux, qui apportèrent leurs livres, et les brûlèrent devant tout le monde ; et quand on en eut supputé le prix, on trouva qu’il montait à cinquante mille deniers d’argent.
20 Ainsi la parole du Seigneur se répandait, et devenait de plus en plus efficace.
21 Après cela, Paul se proposa, par un mouvement de l’Esprit, de passer par la Macédoine et par l’Achaïe, et d’aller à Jérusalem, disant : Lorsque j’aurai été là, il faut aussi que je voie Rome.
22 Et ayant envoyé en Macédoine deux de ceux qui le servaient dans le ministère, savoir, Timothée et Eraste, il demeura encore quelque temps en Asie.
23 Mais il arriva en ce temps-là un grand trouble à l’occasion de la doctrine du Seigneur.
24 Car un orfèvre, nommé Démétrius, qui faisait de petits temples d’argent de Diane, et qui donnait beaucoup à gagner aux ouvriers de ce métier,
25 Les assembla avec d’autres qui travaillaient à ces sortes d’ouvrages, et leur dit : O hommes, vous savez que tout notre gain vient de cet ouvrage ;
26 et, cependant, vous voyez et vous entendez dire, que non-seulement à Ephèse, mais presque par toute l’Asie, ce Paul, par ses persuasions, a détourné du culte des dieux un grand nombre de personnes, en disant que les dieux qui sont faits par les mains des hommes, ne sont pas des dieux.
27 Il n’y a pas seulement du danger pour nous que notre métier ne soit décrié, mais il est même à craindre que le temple de la grande Diane ne tombe dans le mépris, et que sa majesté, que toute l’Asie et tout le monde révère, ne s’anéantisse aussi.
28 Ayant entendu cela, ils furent tous transportés de colère, et ils s’écrièrent : Grande est la Diane des Ephésiens !
29 Et toute la ville fut remplie de confusion ; et ils coururent tous ensemble avec fureur au théâtre, et enlevèrent Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul.
30 Sur quoi Paul voulut se présenter devant le peuple ; mais les disciples ne le lui permirent pas.
31 Quelques-uns aussi des Asiarques, qui étaient ses amis, l’envoyèrent prier de ne point se présenter au théâtre.
32 Cependant, les uns criaient d’une manière, et les autres d’une autre ; car l’assemblée était tumultueuse, et plusieurs ne savaient même pas pourquoi ils s’étaient assemblés.
33 Alors Alexandre fut tiré de la foule par les Juifs qui le poussaient devant eux ; et Alexandre faisant signe de la main, voulait parler au peuple pour leur défense.
34 Mais, dès qu’ils eurent reconnu qu’il était Juif, ils s’écrièrent tout d’une voix, durant près de deux heures : Grande est la Diane des Ephésiens !
35 Alors le greffier, ayant apaisé le peuple, dit : Ô Ephésiens, et qui est l’homme qui ne sache que la ville des Ephésiens est dédiée au service de la grande déesse Diane, et à son image descendue de Jupiter ?
36 Cela étant donc incontestable, vous devez vous apaiser, et ne rien faire avec précipitation.
37 Car ces gens que vous avez amenés ici, ne sont ni sacrilèges, ni coupables de blasphème contre votre déesse.
38 Que si Démétrius et les ouvriers qui sont avec lui ont quelque plainte à faire contre quelqu’un, on tient la cour, et il y a des proconsuls ; qu’ils s’y fassent appeler les uns les autres.
39 Et si vous avez quelque autre affaire à proposer, on pourra la décider dans une assemblée légitime.
40 Car nous sommes en danger d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, ne pouvant alléguer aucune raison, pour justifier ce concours de peuple. Et quand il eut dit cela, il congédia l’assemblée.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous met devant les yeux la continuation des merveilleux succès du ministère de St. Paul. Il baptisa à Éphèse certains disciples qui jusqu’alors n’avaient été instruits que dans la doctrine de Jean Baptiste et aussitôt qu’ils eurent été baptisés au nom de Jésus-Christ et que St. Paul leur eut imposé les mains, ils reçurent les dons miraculeux du Saint-Esprit. Il y convertit outre cela un grand peuple malgré les oppositions des Juifs, il y fit des miracles surprenants et plusieurs personnes qui avaient été adonnées à la magie renoncèrent à leur superstition et à leur impiété. C’est ainsi que cet Apôtre établissait partout le règne de Jésus-Christ et détruisait celui du diable.
II. Ce qui arriva à ces exorcistes juifs qui, pensant chasser les démons au nom de Jésus, furent maltraités par ceux qui étaient possédés de ces esprits malins, tendait à montrer aux Juifs et à tout le monde qu’il n’y avait que les apôtres et ceux qui croyaient en Jésus-Christ qui pussent véritablement faire des miracles et commander aux démons.
La vertu divine de la religion de notre Seigneur ne se manifeste que par les gens de bien, mais il n’appartient pas aux méchants et aux hypocrites de prendre le nom du Seigneur dans leur bouche.
III. Saint Luc rapporte que plusieurs habitants d’Éphèse, touchés par la prédication de Saint Paul, vinrent confesser leurs péchés et qu’ils y en eu qui étant adonnés à la magie et aux arts illicites aimèrent mieux brûler publiquement leurs livres qui traitaient de ces arts-là que de les vendre, quoiqu’ils en eussent pu tirer des sommes très considérables.
Cet exemple est remarquable, il nous apprend que les vrais pénitents ne font point de difficulté de confesser leurs fautes, de donner des marques publiques de leur repentance et de renoncer à tout ce qui a été pour eux ou qui pourrai être pour les autres une occasion de péché et de scandale, quelque précieux et quelque cher qu’il leur pût être et quelque profit qu’ils pussent en tirer.
Ce qu’il y a principalement à remarquer sur la sédition qui s’émut à Éphèse contre St. Paul, c’est qu’elle fut excitée par des ouvriers qui craignaient que si l’on cessait d’adorer les idoles, leur métier ne fut décrié et que leur gain ne diminuât et que ces gens-là pour animer le peuple se servirent d’un prétexte de religion et de zèle pour la déesse Diane. Rien n’a plus de force sur l’esprit des hommes que l’amour du gain, c’est ce qui allume le plus leur passion, ils ne peuvent souffrir la vérité lorsqu’elle est contraire à leurs intérêts et ils couvrent cet intérêt, lorsqu’ils le peuvent, d’un zèle apparent pour la religion. Au reste, ce tumulte qui s’était excité fut apaisé, quoi qu’avec peine, par le greffier de la ville et par ce moyen Saint Paul fut préservé du danger qui le menaçait. Cette histoire fait voir que les émeutes et les séditions sont très dangereuses, qu’ainsi l’on doit éviter tout ce qui pourrait les exciter et que les gens sages doivent les prévenir et les apaiser par tous les moyens possibles.
Saint Paul part d’Éphèse et se rend à Troas où il annonce l’Évangile aux chrétiens de cette ville-là et il ressuscite un mort. De là il s’en va à Millet, où ayant fait venir les pasteurs de l’église d’Éphèse, il leur adresse, une grave exhortation, après quoi il prend congé d’eux.
1 Après que le tumulte fut apaisé, Paul fit venir les disciples, et ayant pris congé d’eux, il partit pour aller en Macédoine.
2 Et quand il eut parcouru ces quartiers-là, et qu’il eut fait plusieurs exhortations aux fidèles, il vint en Grèce.
3 Quand il y eut demeuré trois mois, les Juifs lui ayant dressé des embûches, lorsqu’il devait s’embarquer pour aller en Syrie, on fut d’avis qu’il s’en retournât par la Macédoine.
4 Et il fut accompagné jusqu’en Asie par Sopater de Bérée, par Aristarque et Second de Thessalonique, par Gaïus de Derbe, par Timothée, et aussi par Tychique et Trophime, qui étaient d’Asie.
5 Ceux-ci, étant allés devant, nous attendirent à Troas.
6 Mais pour nous, après les jours des pains sans levain, nous nous embarquâmes à Philippes, et dans cinq jours nous les joignîmes à Troas, où nous demeurâmes sept jours.
7 Et le premier jour de la semaine, les disciples étant assemblés pour rompre le pain, Paul, devant partir le lendemain, leur fit un discours qu’il étendit jusqu’à minuit.
8 Or, il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute où ils étaient assemblés.
9 Et un jeune homme, nommé Eutyche, qui était assis sur une fenêtre, fut accablé d’un profond sommeil, pendant le long discours de Paul, et s’étant endormi, il tomba du troisième étage en bas, et fut levé mort.
10 Mais Paul étant descendu, se pencha sur lui, et l’ayant embrassé, il leur dit : Ne vous troublez point, car son âme est en lui.
11 Et étant remonté, et ayant rompu le pain et mangé, il parla longtemps jusqu’au point du jour, après quoi il partit.
12 Or, on ramena le jeune homme vivant, de quoi ils furent extrêmement consolés.
13 Pour nous, étant montés sur un vaisseau, nous fîmes voile vers Asson, où nous devions reprendre Paul ; car il l’avait ainsi ordonné, parce qu’il voulait faire le chemin à pied.
14 Quand donc il nous eut rejoints à Asson, nous le prîmes avec nous et nous vînmes à Mitylène.
15 Puis, étant partis de là, nous arrivâmes le lendemain vis-à-vis de Chio. Le jour suivant, nous abordâmes à Samos, et nous étant arrêtés à Trogylle, le jour d’après, nous vînmes à Milet.
16 Car Paul avait résolu de passer Ephèse sans y débarquer, pour ne pas s’arrêter en Asie, parce qu’il se hâtait d’être le jour de la Pentecôte à Jérusalem, s’il lui était possible.
17 Mais il envoya de Milet à Ephèse, pour faire venir les pasteurs de cette Eglise.
18 Et lorsqu’ils furent venus vers lui, il leur dit : Vous savez de quelle manière je me suis toujours conduit avec vous, depuis le premier jour que je suis entré en Asie ;
19 servant le Seigneur avec toute humilité, avec beaucoup de larmes, et parmi les épreuves qui me sont survenues par les embûches des Juifs ;
20 et que je ne vous ai rien caché des choses qui vous étaient utiles, et n’ai pas manqué de vous les annoncer et de vous en instruire, et en public, et de maison en maison ;
21 prêchant tant aux Juifs qu’aux Grecs, la repentance envers Dieu, et la foi en Jésus-Christ notre Seigneur.
22 Et maintenant étant lié par l’Esprit, je m’en vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m’y doit arriver ;
23 si ce n’est que le Saint-Esprit m’avertit de ville en ville, que des liens et des afflictions m’attendent.
24 Mais je ne me mets en peine de rien, et ma vie ne m’est point précieuse, pourvu que j’achève avec joie ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, pour rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu.
25 Et maintenant, je sais qu’aucun de vous tous, parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, ne verra plus mon visage.
26 C’est pourquoi je proteste aujourd’hui devant vous, que je suis net du sang de vous tous.
27 Car je n’ai point évité de vous annoncer tout le dessein de Dieu.
28 Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise de Dieu, qu’il a acquise par son propre sang.
29 Car je sais qu’après mon départ, il entrera parmi vous des loups ravissants, qui n’épargneront point le troupeau ;
30 Et que d’entre vous-mêmes il se lèvera des gens qui annonceront des choses pernicieuses, afin d’attirer les disciples après eux.
31 C’est pourquoi veillez, en vous souvenant que durant trois ans, je n’ai cessé, nuit et jour, d’avertir chacun de vous avec larmes.
32 Et maintenant, mes frères, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, lequel peut vous édifier encore et vous donner l’héritage avec tous les saints.
33 Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne.
34 Et vous savez vous-mêmes que ces mains ont fourni à tout ce qui m’était nécessaire, et à ceux qui étaient avec moi.
35 Je vous ai montré en toutes choses, que c’est ainsi, qu’en travaillant, il faut s’accommoder aux faibles, et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même, qu'il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.
36 Quand il eut dit cela, il se mit à genoux, et pria avec eux tous.
37 Alors tous fondirent en larmes, et se jetant au cou de Paul, ils le baisaient,
38 étant principalement affligés de ce qu'il avait dit, qu'ils ne verraient plus son visage. Et ils le conduisirent jusqu'au vaisseau.
REFLEXIONS
Ce qu’il y a à observer ici, c’est :
I. Que Saint Paul étant arrivé à Troas, il se rendit dans le lieu où les chrétiens de cette ville-là étaient assemblés le premier jour de la semaine pour rompre le pain, c’est-à-dire pour célébrer la Sainte-Cène et qu’il étendit son discours bien avant dans la nuit. D’ici nous recueillons que les apôtres et les premiers chrétiens s’assemblaient pour servir Dieu et pour s’édifier, que le jour du dimanche était destiné à cela, qu’on célébrait la Sainte-Cène dans ces assemblées et qu’on y faisait des discours pour instruire et pour exhorter les fidèles et qu’ainsi ces pratiques sont aussi anciennes que le christianisme et d’institution divine.
II. Saint Paul rendit la vie à un jeune homme qui était tombé du haut de la maison où les fidèles étaient assemblés. Ce fut là un miracle tout à fait remarquable qui dût consoler les chrétiens de Troas et les affermir puissamment dans la religion de Jésus-Christ.
Mais ce qui doit surtout être considéré dans ce chapitre, c’est le discours que Saint Paul fit aux pasteurs d’Éphèse avant que de les quitter. On y remarque son intégrité, son zèle et son désintéressement dans l’exercice de son ministère, sa constance dans les afflictions, sa grande piété, le soin qu’il avait eu, pendant trois ans, d’exhorter et d’enseigner les fidèles d’Éphèse, tant en public que par les maisons et la résolution ferme où il était de servir le Seigneur jusqu’à la fin et même de donner sa vie avec joie pour l’Évangile. On y voit encore les graves et touchantes exhortations qu’il adressa aux pasteurs de l’église d’Éphèse et les vœux ardents et tendres par lesquels il les recommanda à Dieu, eux et tout le troupeau sur lequel ils étaient établis. Les ministres de l’Évangile doivent apprendre d’ici à s’acquitter fidèlement de leur charge, à en remplir tous les devoirs avec zèle et avec sincérité, à veiller soigneusement sur les troupeaux du Seigneur, à prendre garde qu’il ne s’y glisse de fausses doctrines ou des scandales, à ne jamais rien taire de ce qui peut être utile à ceux qui sont commis à leurs soins et à les avertir, non seulement en public, mais aussi en particulier. Ils doivent encore, à l’exemple de Saint Paul souffrir patiemment les traverses auxquelles ils sont exposés, prier continuellement pour leurs troupeaux et enfin, n’avoir point d’égard à eux-mêmes, à leur intérêt particulier, ni même à leur propre vie, pourvu qu’ils aient la joie d’achever leur course et de s’acquitter fidèlement du ministère qu’ils ont reçu du Seigneur Jésus.
Ce que Saint Paul dit dans cette occasion apprend aussi à tous les chrétiens que la charge du St. ministère est de la dernière importance, que Dieu accorde une grande grâce aux églises lorsqu’il leur envoie de fidèles ministres et que, quand les pasteurs se sont acquittés de leur devoir, ils ne seront pas responsables du salut de ceux qui périront.
Les larmes que les pasteurs et les chrétiens d’Éphèse répandirent en se séparant de Saint Paul montrent à quel point ils le chérissaient et par là on voit bien combien l’amour qui unit les pasteurs avec leurs troupeaux est tendre et combien les chrétiens doivent craindre d’être privés du ministère des fidèles serviteurs de Dieu.
Saint Paul étant parti de Milet arrive à Tyr et de là à Césarée où un prophète l’avertit qu’il serait emprisonné à Jérusalem et livrés aux païens. Cette prédiction n’étonna point St. Paul, il témoigna qu’il ne craignait, ni les liens, ni la mort et il partit pour Jérusalem.
Y étant arrivé, il entra dans le temple avec quatre personnes qui avaient fait le vœu de naziréat pour observer ce que la loi de Moïse prescrivait en pareil cas, il fit cela par avis de l’Apôtre St. Jacques et des anciens de l’eglise de Jerusalem afin de montrer qu’il n’était pas ennemi de la loi, comme on l’en accusait. Cependant, les Juifs ne laissèrent pas d’exciter une sédition contre lui et ils lui auraient ôté la vie si le capitaine des gardes du temple ne l’eût délivré de leurs mains.
1 Nous étant donc embarqués, après nous être séparés d’eux, nous vînmes droit à Cos, et le jour suivant à Rhodes, et de là à Patara.
2 Et ayant trouvé un vaisseau qui passait en Phénicie, nous montâmes dessus et nous partîmes.
3 Puis, ayant découvert l’île de Chypre, et l’ayant laissée à gauche, nous fîmes route vers la Syrie, et nous abordâmes à Tyr, parce que le vaisseau devait y laisser sa charge.
4 Et ayant trouvé des disciples, nous y demeurâmes sept jours. Ils disaient par l’Esprit à Paul, qu’il ne montât point à Jérusalem.
5 Mais ces jours étant passés, nous partîmes de Tyr, et ils nous accompagnèrent tous, avec leurs femmes et leurs enfants, jusque hors de la ville, où, nous étant mis à genoux sur le rivage, nous fîmes la prière.
6 Et après nous être embrassés, nous montâmes sur le vaisseau ; et ils retournèrent chez eux.
7 Ainsi, continuant notre navigation, de Tyr nous abordâmes à Ptolémaïde, et après avoir salué les frères, nous demeurâmes un jour avec eux.
8 Le lendemain, Paul et nous qui étions avec lui, étant partis de là, nous vînmes à Césarée ; et étant entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, qui était l’un des sept diacres, nous logeâmes chez lui.
9 Il avait quatre filles vierges, qui prophétisaient.
10 Comme nous demeurâmes là plusieurs jours, il y vint de Judée un prophète nommé Agabus,
11 Qui, nous étant venu voir, prit la ceinture de Paul, et s’en liant les mains et les pieds, il dit : Voici ce que dit le Saint-Esprit : C’est ainsi que les Juifs lieront dans Jérusalem l’homme à qui est cette ceinture ; et ils le livreront entre les mains des Gentils.
12 Et quand nous eûmes entendu cela, nous priâmes Paul, tant nous que ceux du lieu, de ne point monter à Jérusalem.
13 Mais Paul répondit : Que faites-vous en pleurant et m’attendrissant le cœur ? Car pour moi, je suis prêt, non-seulement d’être lié, mais même de mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus.
14 Ainsi, n’ayant pu le persuader, nous ne le pressâmes pas davantage et nous dîmes : Que la volonté du Seigneur soit faite.
15 Quelques jours après, nous étant préparés pour partir, nous montâmes à Jérusalem.
16 Et quelques-uns des disciples vinrent aussi de Césarée avec nous, amenant avec eux un certain Mnason, qui était de l’île de Chypre, ancien disciple, chez qui nous devions loger.
17 Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.
18 Et le lendemain, Paul vint avec nous chez Jacques ; et tous les anciens s’y assemblèrent.
19 Et après les avoir embrassés, il leur raconta en détail tout ce que Dieu avait fait parmi les Gentils, par son ministère.
20 Ce qu’ayant ouï, ils glorifièrent le Seigneur, et ils lui dirent : Frère, tu vois combien il y a de milliers de Juifs qui ont cru, et ils sont tous zélés pour la loi.
21 Or, ils ont été informés que tu enseignes à tous les Juifs qui sont parmi les Gentils de renoncer à Moïse, en leur disant qu’ils ne doivent pas circoncire leurs enfants, ni vivre selon les cérémonies de la loi.
22 Que faut-il donc faire ? Il faut absolument assembler toute la multitude ; car ils entendront dire que tu es arrivé.
23 Fais donc ce que nous allons te dire : Nous avons quatre hommes qui ont fait un vœu ;
24 prends-les avec toi, purifie-toi avec eux, et contribue à la dépense avec eux, afin qu’ils se rasent la tête, et que tous sachent qu’il n’est rien de tout ce qu’ils ont ouï dire de toi, mais que tu continues à garder la loi.
25 Quant aux Gentils qui ont cru, nous leur avons écrit que nous avions jugé qu’ils ne devaient rien observer de semblable, mais qu’ils devaient seulement se garder de ce qui est sacrifié aux idoles, du sang, des choses étouffées et de la fornication.
26 Alors, Paul, ayant pris ces hommes avec lui, et s’étant purifié avec eux, entra dans le temple le jour suivant, déclarant les jours auxquels la purification s’accomplirait, et quand l’offrande devait être présentée pour chacun d’eux.
27 Et comme les sept jours allaient s’accomplir, les Juifs d’Asie, l’ayant vu dans le temple, émurent toute la multitude, et se saisirent de lui,
28 en criant : Hommes Israélites, aidez-nous. Voici cet homme qui prêche partout, à tout le monde, contre la nation, contre la loi, et contre ce lieu ; il a même encore amené des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu.
29 Car ils avaient vu auparavant dans la ville Trophime d’Ephèse avec lui, et ils croyaient que Paul l’avait mené dans le temple.
30 Et toute la ville fut émue, et il se fit un concours de peuple ; et ayant saisi Paul, ils le traînèrent hors du temple ; et incontinent les portes en furent fermées.
31 Mais, comme ils cherchaient à le tuer, le bruit vint au tribun de la compagnie qui gardait le temple, que toute la ville de Jérusalem était en trouble.
32 A l’instant il prit des soldats et des centeniers avec lui, et courut à eux ; et voyant le tribun et les soldats, ils cessèrent de battre Paul.
33 Alors le tribun s’approcha, et se saisit de lui, et commanda qu’on le liât de deux chaînes ; puis il demanda qui il était, et ce qu’il avait fait.
34 Les uns criaient d’une manière, et les autres d’une autre, dans la foule ; et comme il n’en pouvait rien apprendre de certain, à cause du tumulte, il commanda qu’on le menât dans la forteresse.
35 Et quand Paul fut sur les degrés, il fut porté par les soldats, à cause de la violence de la populace.
36 Car une foule de peuple le suivait, en criant : Ôte-le du monde.
37 Comme Paul était sur le point d’entrer dans la forteresse, il dit au tribun : M’est-il permis de te dire quelque chose ? Et il répondit : Tu sais donc parler grec ?
38 N es-tu point cet Égyptien, qui ces jours passés a excité une sédition, et mené avec lui au désert quatre mille brigands ?
39 Paul lui dit : Je suis Juif, de Tarse, citoyen de cette ville célèbre de Cilicie ; je te prie, permets-moi de parler au peuple.
40 Et quand il le lui eut permis, Paul se tenant sur les degrés fit signe de la main au peuple ; et après qu’on eut fait un grand silence, il leur parla en langue hébraïque, et leur dit :
REFLEXIONS
La prédiction d’Agabus qui avertit Saint Paul qu’on le ferait prisonnier à Jérusalem montre qu’il n’arriverait rien à cet Apôtre que par la volonté de Dieu et que c’était le Seigneur qui l’exposait à ces persécutions et qu’il voulait qu’il fût livré aux païens et ensuite conduit à Rome afin qu’il rendît témoignage à l’Évangile en tous lieux.
La belle résolution que St. Paul fit paraître, lorsque les fidèles le conjurant avec larmes de ne pas aller à Jérusalem, et qu’il déclara qu’il était prêt, non seulement à d’être lié, mais de souffrir la mort pour le nom de Jésus, marque que ce fidèle serviteur de Dieu était entièrement dévoué à Jésus-Christ et que rien n’était capable d’ébranler sa constance. Ce sont là les sentiments dont tous les chrétiens, mais particulièrement les ministres du Seigneur doivent être animés. Et comme les chrétiens de Césarée, voyant la résolution de Saint Paul ne s’opposèrent plus à son voyage, mais se résignèrent à tout ce qu’il plairait à Dieu d’ordonner, nous devons aussi nous soumettre à tout ce que Dieu veut et sacrifier nos inclinaisons les plus chères à sa volonté aussitôt qu’il nous la manifeste. Ce que Saint Paul fit lorsqu’il alla dans le temple de Jérusalem et qu’il se purifia suivant l’usage des Juifs était une action de prudence et de charité qui tendait à leur montrer qu’on l’accusait à tort d’avoir du mépris pour leur religion. Cette sage conduite de St. Paul nous apprend à nous accommoder autant que nous le pouvons, surtout dans les choses indifférentes, à ceux qui sont prévenus contre nous et à ne rien négliger pour les faire revenir de leurs préjugés. On voit pourtant que, nonobstant ce que Saint Paul avait pensé faire pour s’accommoder aux Juifs, Ils se soulevèrent contre lui jusque-là qu’ils voulurent lui ôter la vie. Voilà l’effet ordinaire de la prévention et de la passion, elle aveugle tellement ceux qui en sont possédés qu’il n’y a rien qui soit capable de les désabuser.
Enfin, il est à remarquer que la providence délivra St. Paul de la fureur des Juifs par le moyen du tribun et qu’elle se servit cependant de ce que cet Apôtre avait fait par égard pour les Juifs, pour le faire arrêter par ces Juifs mêmes et pour le livrer entre les mains des païens comme le prophète Agabus le lui avait prédit à Césarée. C’est ainsi que Dieu fait garantir ceux qui le servent et que ce que les hommes pensent faire contre eux ne sert qu’à accomplir les desseins de la providence.
C’est ici un discours dans lequel St. Paul, pour se justifier de ce que les Juifs l’accusaient d’être ennemi de leur nation et de leur loi, fait l’histoire de sa vie et de sa conversion. Mais les Juifs continuant à demander qu’on le fit mourir, le tribun ordonna qu’on lui donnât la question en le fouettant, ce qui ne fut pourtant pas exécuté parce que cet Apôtre dit qu’il était bourgeois de Rome, mais il fut renvoyé à paraître devant le conseil des Juifs.
1 Mes frères et mes pères, écoutez-moi dans ce que j’ai à vous dire maintenant pour ma défense.
2 Et quand ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils firent encore plus de silence. Alors il dit :
3 Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, mais élevé dans cette ville aux pieds de Gamaliel, ayant été instruit dans la manière la plus exacte de garder la loi de nos pères, étant zélé pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui.
4 J’ai persécuté cette secte jusqu’à la mort, liant et mettant dans les prisons tant les hommes que les femmes,
5 comme le souverain sacrificateur m’en est témoin, et toute l’assemblée des anciens ; car ayant pris des lettres d’eux pour les frères, j’allai à Damas, pour amener aussi liés à Jérusalem ceux qui étaient là, afin qu’ils fussent punis.
6 Or, il arriva, comme j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas, environ midi, que tout à coup une grande lumière, venant du ciel, resplendit autour de moi.
7 Et étant tombé par terre, j’entendis une voix qui me dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?
8 Et je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes.
9 Or, ceux qui étaient avec moi, virent bien la lumière, et ils en furent effrayés ; mais ils n’entendirent point la voix de celui qui me parlait.
10 Alors je dis : Seigneur, que ferai-je ? Et le Seigneur me répondit : Lève-toi, et t’en va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire.
11 Et comme je ne voyais goutte, à cause du grand éclat de cette lumière, ceux qui étaient avec moi, me menèrent par la main, et je vins à Damas.
12 Or, un certain homme, religieux selon la loi, nommé Ananias, de qui tous les Juifs qui demeuraient à Damas rendaient bon témoignage, vint vers moi ;
13 et s’étant approché de moi, il me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Et au même instant je le vis.
14 Et il me dit : Le Dieu de nos pères t’a destiné pour connaître sa volonté, pour voir le Juste, et pour entendre les paroles de sa bouche.
15 Car tu lui serviras de témoin devant tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues.
16 Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, et sois baptisé et lavé de tes péchés, après avoir invoqué le nom du Seigneur.
17 Depuis, il arriva qu’étant retourné à Jérusalem, comme je priais dans le temple, je fus ravi en extase ;
18 et je vis Jésus, qui me disait : Hâte-toi, et pars promptement de Jérusalem ; car ils ne recevront point le témoignage que tu leur rendras de moi.
19 Et je dis : Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais fouetter dans les synagogues ceux qui croyaient en toi.
20 Et lorsque le sang d’Etienne, ton martyr, fut répandu, j’étais aussi présent, je consentais à sa mort, et je gardais les vêtements de ceux qui le faisaient mourir.
21 Mais il me dit : Va-t’en ; car je t’enverrai bien loin vers les Gentils.
22 Les Juifs l’écoutèrent jusqu’à ce mot ; mais alors ils élevèrent leurs voix, disant : Ote du monde un tel homme ; car il n’est pas juste de le laisser vivre.
23 Et comme ils criaient, et qu’ils secouaient leurs habits, et faisaient voler la poussière en l’air,
24 le tribun commanda qu’il fût mené dans la forteresse, et ordonna qu’on lui donnât la question par le fouet, afin de savoir pour quel sujet ils criaient ainsi contre lui.
25 Mais quand ils l’eurent lié avec des courroies, Paul dit au centenier qui était présent : Vous est-il permis de fouetter un citoyen romain, sans qu’il soit condamné ?
26 Ce que le centenier ayant entendu, il en alla avertir le tribun, et lui dit : Prends garde à ce que tu feras ; car cet homme est citoyen romain.
27 Et le tribun vint à Paul, et lui dit : Dis-moi, es-tu citoyen romain ? Et il répondit : Oui, je le suis.
28 Le tribun lui dit : J’ai acquis cette bourgeoisie pour une grande somme d’argent. Et moi, lui dit Paul, je le suis par ma naissance.
29 Et ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent aussitôt d’auprès de lui ; et le tribun craignit aussi quand il sut que Paul était citoyen romain, parce qu’il l’avait fait lier.
30 Le lendemain, voulant savoir au vrai pour quel sujet il était accusé des Juifs, il le fit délier, et ayant ordonné que les principaux sacrificateurs et tout le conseil s’assemblassent, il amena Paul, et le présenta devant eux.
REFLEXIONS
Le dessein de St. Paul dans le discours qui est ici rapporté était de montrer aux Juifs qu’ils avaient tort de le regarder comme l’ennemi de leur religion, que bien loin de là il avait lui-même un grand zèle pour cette religion dans laquelle il avait été élevé à Jérusalem, jusque-là qu’il était autrefois le plus ardent persécuteur des chrétiens et que s’il avait embrassé la religion de Jésus-Christ et s’il l’annonçait partout, il le faisait pour obéir à la vocation que le Seigneur lui avait adressée du Ciel. Cette conduite de Saint Paul envers les Juifs marque qu’il tâchait de se justifier et de les apaiser, mais qu’il ne dissimulait pourtant pas sa croyance.
Il faut toujours parler et agir avec douceur et prudence, surtout lorsqu’on a à faire à des personnes prévenues, mais en même temps avec courage et avec fermeté, sans jamais user de déguisement et sans que la crainte nous fasse supprimer la vérité.
L’irritation et la fureur dans laquelle les Juifs entrèrent lorsque St. Paul dit que le Seigneur l’avait envoyé vers les Gentils montre que la principale cause de la haine qu’ils lui portaient c’était l’aversion qu’ils avaient contre les païens, ce procédé des Juifs fait aussi voir que rien n’est capable de ramener et d’apaiser des gens qui sont fortement prévenus.
Enfin, St. Paul étant sur le point d’être mis à la question et fouetté jugea à propos de se faire prévaloir cette fois-là de sa qualité de bourgeois de Rome, pour éviter cette peine, ce qu’il n’avait pas fait dans une autre occasion. Il en usa de la sorte parce que c’était là un moyen légitime de se garantir de la violence et de l’injustice qu’on lui aurait faite. De là on peut conclure qu’il est permis de se servir de son droit et d’employer toutes les voies justes et raisonnables pour se défendre quand on est en danger d’être opprimé ou d’être traité injustement.
Ce chapitre a deux parties : On y voit premièrement comment St. Paul parut devant le conseil des Juifs. I. Le récit d’une conspiration que quelques Juifs firent pour ôter la vie à cet apôtre et la manière dont il en fut préservé.
1 Paul, ayant les yeux arrêtés sur le conseil, parla ainsi : Mes frères, j’ai vécu jusqu’à présent devant Dieu en toute bonne conscience.
2 Sur cela, le souverain sacrificateur Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui, de le frapper sur le visage.
3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ; car tu es assis pour me juger selon la loi ; et en transgressant la loi, tu commandes qu’on me frappe.
4 Et ceux qui étaient présents, lui dirent : Injuries-tu ainsi le souverain sacrificateur de Dieu ?
5 Paul leur répondit : Mes frères, je ne savais pas que ce fût le souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne maudiras point le prince de ton peuple.
6 Et Paul sachant qu’une partie de ceux qui étaient là étaient Sadducéens, et l’autre Pharisiens, il s’écria devant le conseil : Mes frères, je suis Pharisien, fils de Pharisien ; je suis tiré en cause pour l’espérance et la résurrection des morts.
7 Et quand il eut dit cela, il s’émut une dissension entre les Pharisiens et les Sadducéens ; et l’assemblée fut divisée.
8 Car les Sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, ni d’ange, ni d’Esprit ; mais les Pharisiens reconnaissent l’un et l’autre.
9 Et il se fit un grand bruit. Et les Scribes du parti des Pharisiens se levèrent, et ils disputaient contre les autres, disant : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme ; mais si un esprit ou un ange lui a parlé, ne combattons point contre Dieu.
10 Et comme le tumulte s’augmentait, le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens-là, commanda que les soldats descendissent, pour l’enlever du milieu d’eux, et le ramener dans la forteresse.
11 La nuit suivante, le Seigneur s’apparut à lui et lui dit : Paul, aie bon courage ; car comme tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage à Rome.
12 Lorsqu’il fut jour, quelques Juifs s’assemblèrent, et firent vœu avec des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire qu’ils n’eussent tué Paul.
13 Ils étaient plus de quarante qui avaient fait cette conjuration.
14 Et ils s’adressèrent aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs, et leur dirent : Nous avons fait vœu, avec des imprécations contre nous-mêmes, de ne rien manger que nous n’ayons tué Paul.
15 Vous donc, faites maintenant savoir au tribun, de la part du conseil, qu’il le fasse amener demain devant vous, comme si vous vouliez vous informer plus exactement de son affaire ; et nous serons prêts pour le tuer avant qu’il arrive.
16 Mais le fils de la sœur de Paul, ayant entendu ce complot, vint, et entra dans la forteresse, et en donna avis à Paul.
17 Et Paul, ayant appelé un des centeniers, lui dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui rapporter.
18 Il le prit donc, et le mena vers le tribun, et lui dit : Paul, qui est prisonnier, m’a appelé et m’a prié de t’amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire.
19 Et le tribun, le prenant par la main, et l’ayant tiré à part, lui demanda : Qu’as-tu à me déclarer ?
20 Ce jeune homme lui dit : Les Juifs ont résolu de te prier d’envoyer demain Paul au conseil, sous prétexte de s’informer plus exactement de son affaire.
21 Mais ne les crois point ; car plus de quarante d’entre eux lui dressent des embûches, et ont fait vœu, avec des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire, qu’ils ne l’aient tué ; et maintenant ils sont tous prêts, attendant ta réponse.
22 Le tribun renvoya ce jeune homme, après lui avoir défendu de dire à personne qu’il lui eût donné cet avis.
23 Et ayant appelé deux centeniers, il leur dit : Tenez prêts deux cents soldats, soixante et dix cavaliers et deux cents archers, pour aller jusqu’à Césarée dès la troisième heure de la nuit ;
24 et qu’il y ait des montures prêtes, afin qu’ayant fait monter Paul, ils le mènent sûrement au gouverneur Félix.
25 Et il lui écrivit une lettre, en ces termes :
26 Claude Lysias, au très excellent gouverneur Félix, salut !
27 Les Juifs s’étant saisis de cet homme, et étant sur le point de le tuer, je suis survenu avec la garnison, et je l’ai tiré de leurs mains, ayant appris qu’il était citoyen romain.
28 Et voulant savoir de quoi ils l’accusaient, je le menai dans leur conseil,
29 où j’ai trouvé qu’il était accusé sur des questions de leur loi, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui méritât la mort, ni même la prison.
30 Et ayant été averti des embûches que les Juifs lui avaient dressées, je te l’ai aussitôt envoyé, ayant fait savoir à ses accusateurs de dire devant toi ce qu’ils ont à proposer contre lui. Adieu.
31 Les soldats donc, selon l’ordre qu’ils avaient reçu, prirent Paul, et le menèrent de nuit à Antipatris.
32 Et le lendemain, ayant laissé les cavaliers pour aller avec lui, ils s’en retournèrent à la forteresse.
33 Etant arrivés à Césarée, et ayant rendu la lettre au gouverneur, ils lui présentèrent aussi Paul.
34 Et quand le gouverneur l’eut lue, il lui demanda de quelle province il était ; et ayant appris qu’il était de Cilicie,
35 il lui dit : Je t’entendrai quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna qu’on le gardât dans le palais d’Hérode.
REFLEXIONS
Il faut faire quatre réflexions sur ce chapitre :
I. La première que St. Paul étant frappé injustement par l’ordre du souverain sacrificateur Ananias, il lui dénonça le jugement de Dieu, mais qu’il marquât cependant le respect qu’il avait pour le caractère d’Ananias lorsqu’on l’eut averti que celui qui l’avait fait ainsi frapper était le souverain sacrificateur, ce qu’il n’avait pas su d’abord.
L’instruction que cela nous donne est qu’il faut parler avec respect de nos supérieurs, mais aussi que Dieu punira les juges injustes et ceux qui abusent de leur autorité.
II. St. Paul mit la division entre les pharisiens et les sadducéens en disant qu’il était exposé en jugement parce qu’il croyait la résurrection des morts. Il en usa ainsi par prudence afin de ne pas être opprimé par les Juifs et pour montrer qu’en annonçant l’Évangile il enseignait ce que les Juifs et les pharisiens eux-mêmes croyaient touchant la résurrection.
III. Dieu apparut de nuit à Saint Paul et lui dit de ne rien craindre et de se disposer à aller lui rendre témoignage à Rome. Cela était nécessaire pour soutenir cet Apôtre au milieu des traverses que les Juifs lui suscitaient, pour l’instruire des desseins de la providence et pour l’encourager à faire partout une profession publique de la vérité.
IV. Quarante Juifs firent en ce temps-là une conjuration pour tuer St. Paul, mais il fut préservé de ce danger par le moyen d’un jeune garçon, son neveu, qui avertit le tribun de ce complot. On voit en cela jusqu’où allait la fureur des Juifs et à quels excès la haine, jointe au faux zèle de religion, est capable de porter les hommes. On y remarque aussi combien il est dangereux d’agir par passion et de faire des vœux et des serments téméraires.
Enfin, l’on doit admirer dans cet événement les moyens dont la providence se sert pour préserver les innocents et les gens de bien des dangers qui les menacent.
St. Paul étant accusé par les Juifs devant le gouverneur Félix rend raison de sa conduite et de sa foi. Ensuite Félix ayant souhaité d’entendre St. Paul, cet Apôtre parla en sa présence des devoirs de la justice et de la continence et du jugement dernier d’une manière qui le rempli de frayeur. Cependant St. Paul demeura prisonnier à Césarée pendant deux ans.
1 Cinq jours après, Ananias, le souverain sacrificateur, descendit à Césarée, avec des sénateurs et un certain orateur, nommé Tertulle, qui comparurent devant le gouverneur contre Paul.
2 Et Paul ayant été appelé, Tertulle commença à l’accuser, et il dit :
3 Très excellent Félix, nous reconnaissons en toutes rencontres, en tous lieux, et avec toutes sortes d’actions de grâces, que nous jouissons d’une grande paix, par ton moyen et par les règlements que tu as établis pour ce peuple, selon ta prudence.
4 Mais, pour ne pas t’arrêter plus longtemps, je te prie d’écouter, avec ton équité ordinaire, ce que nous avons à te dire en peu de mots :
5 C’est que nous avons trouvé cet homme, qui est une peste publique, qui excite des séditions parmi tous les Juifs, par tout le monde, et qui est le chef de la secte des Nazaréens.
6 Il a même attenté de profaner le temple, de sorte que nous l’avions saisi, et nous voulions le juger selon notre loi.
7 Mais le tribun Lysias, étant survenu, nous l’ôta des mains avec grande violence,
8 Ordonnant que ses accusateurs vinssent devant toi. Tu pourras, en en prenant information, savoir de lui la vérité de toutes les choses dont nous l’accusons.
9 Ce que les Juifs confirmèrent, en disant que les choses étaient ainsi.
10 Mais Paul, après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, répondit : Sachant que tu es juge de cette nation depuis plusieurs années, je parle pour ma défense avec plus de confiance.
11 Tu peux savoir qu’il n’y a pas plus de douze jours que je suis monté à Jérusalem pour adorer Dieu.
12 Ils ne m’ont point trouvé disputant avec personne dans le temple, ni attroupant le peuple dans les synagogues, ou dans la ville ;
13 et ils ne sauraient prouver les choses dont ils m’accusent maintenant.
14 Or, je t’avoue bien ceci, que, conformément à la voie qu’ils appellent secte, je sers le Dieu de mes pères, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes ;
15 ayant cette espérance en Dieu, que la résurrection des morts, tant des justes que des injustes, qu’ils attendent aussi eux-mêmes, arrivera.
16 C’est pourquoi aussi je travaille à avoir toujours la conscience sans reproche, devant Dieu et devant les hommes.
17 Or, après plusieurs années d’absence, je suis venu pour faire des aumônes à ma nation et pour présenter des offrandes.
18 Et comme je vaquais à cela, certains Juifs d’Asie m’ont trouvé purifié dans le temple, sans attroupement et sans tumulte.
19 Ils devaient eux-mêmes comparaître devant toi et m’accuser, s’ils avaient quelque chose à dire contre moi.
20 Mais que ceux-ci même déclarent s’ils m’ont trouvé coupable de quelque chose, lorsque j’ai paru devant le conseil ;
21 à moins que ce ne soit de cette seule parole que j’ai dite hautement, étant au milieu d’eux : Je suis aujourd’hui tiré en cause pour la résurrection des morts.
22 Félix, ayant ouï cela, les remit à une autre fois, en disant : Après que je me serai plus exactement informé de cette secte, et que le tribun Lysias sera descendu, je prendrai connaissance de votre affaire.
23 Et il commanda à un centenier de garder Paul, mais en le tenant moins resserré, et sans empêcher aucun des siens de le servir ou de le visiter.
24 Quelques jours après, Félix vint avec Drusille sa femme, qui était Juive, et il envoya querir Paul, et il l’entendit parler de la foi en Christ.
25 Et comme Paul parlait de la justice, de la continence et du jugement à venir, Félix, effrayé, lui dit : Va-t’en, pour cette fois, et quand j’aurai la commodité, je te rappellerai.
26 Il espérait aussi que Paul lui donnerait de l’argent, afin qu’il le mît en liberté ; c’est pourquoi il l’envoyait querir souvent, et s’entretenait avec lui.
27 Deux ans s’étant passés, Félix eut pour successeur Portius Festus ; et voulant faire plaisir aux Juifs, il laissa Paul en prison.
REFLEXIONS
Il faut remarquer sur ce chapitre que :
I. St. Paul, étant accusé très injustement par les Juifs devant le gouverneur Félix, il se défendit par un discours plein de force et de gravité dans lequel en se justifiant des accusations dont on le chargeait et en niant ce que les Juifs lui imputaient faussement il fait pourtant une confession ouverte de sa croyance et de la doctrine qu’il enseignait.
Voilà une conduite pleine de sincérité et de zèle qui nous montre que jamais la crainte ne doit nous fermer la bouche lorsque nous sommes appelés à confesser la vérité.
II. C’est une chose remarquable que l’Apôtre, rendant raison de sa foi et de sa conduite devant Félix, dit qu’il croyait et qu’il enseignait ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes et particulièrement la résurrection des morts, tant des bons que des méchants.
On voit par ce que St. Paul dit sur ce sujet quel rang la doctrine de la résurrection tient dans la religion chrétienne et l’effet que cette doctrine doit produire sur ceux qui font profession de la croire, c’est de les faire vivre dans la pureté de la conscience devant Dieu et devant les hommes.
On doit faire enfin une grande attention à la frayeur que Félix ressentit lorsque St. Paul lui parla de la justice, de la continence et du dernier jugement et à l’endurcissement de ce gouverneur païen qui se sentant recadré en sa conscience parce qu’il était coupable d’injustice, d’impureté et de divers autres crimes, ne voulut pas que l’Apôtre continuât de parler.
On voit ici la force de la parole de Dieu et l’effet que les vérités de l’Évangile et en particulier la doctrine du jugement universel produisent même sur les méchants. On y voit d’un autre côté comment les pécheurs résistent cette parole et aux mouvements de leur propre conscience.
Ainsi la conduite de Félix nous avertit de ne pas endurcir nos cœurs et de ne jamais renvoyer notre conversion lorsque Dieu nous fait entendre sa voix et que nous nous sentons touchés. La méchanceté de ce gouverneur paraît encore en ce qu’il laissa Saint Paul en prison pendant deux ans. Il en usa ainsi, non qu’il le crût coupable, mais parce qu’il espérait de tirer de lui de l’argent. Voilà comment l’avarice et les égards pour les hommes font commettre de grandes injustices et empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité.
Les Juifs prient Festus, qui avait succédé à Félix dans le gouvernement de la Judée, d’envoyer St. Paul de Césarée où il était prisonnier depuis deux ans à Jérusalem, leur dessein était de le tuer en chemin, mais Festus ne leur accorda pas leur demande et leur dit qu’ils pouvaient venir l’accuser à Césarée, ce qu’ils firent. Sur cela St. Paul dit qu’il en appelait à l’empereur et Festus résolut de l’envoyer à Rome. En ce temps-là, le roi Agrippa étant arrivé à Césarée et ayant ouï parler de St. Paul, il souhaita de le voir et de l’entendre.
1 Festus étant arrivé dans la province, monta trois jours après, de Césarée à Jérusalem.
2 Et le souverain sacrificateur, et les premiers d’entre les Juifs, comparurent devant lui contre Paul ;
3 et ils lui demandaient, comme une grâce, qu’il le fît venir à Jérusalem, lui ayant dressé des embûches pour le tuer en chemin.
4 Mais Festus répondit que Paul était bien gardé à Césarée, et qu’il devait y aller bientôt lui-même.
5 Que ceux d’entre vous, dit-il, qui le peuvent faire, y descendent avec moi, et si cet homme a commis quelque crime, qu’ils l’accusent.
6 Festus n’ayant demeuré parmi eux que dix jours, il descendit à Césarée, et le lendemain, étant assis sur le tribunal, il commanda qu’on amenât Paul.
7 Quand on l’eut amené, les Juifs qui étaient descendus de Jérusalem se mirent autour du tribunal, chargeant Paul de plusieurs grands crimes qu’ils ne pouvaient prouver.
8 Paul disait pour sa défense : Je n’ai rien fait, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César.
9 Mais Festus, voulant faire plaisir aux Juifs, répondit à Paul, et lui dit : Veux-tu monter à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses devant moi ?
10 Et Paul dit : Je comparais devant le tribunal de César, où il faut que je sois jugé ; je n’ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais bien.
11 Que si je leur ai fait quelque tort, ou si j’ai commis quelque crime digne de mort, je ne refuse pas de mourir ; mais s’il n’est rien des choses dont ils m’accusent, personne ne peut me livrer à eux ; j’en appelle à César.
12 Alors Festus, après en avoir conféré avec son conseil, répondit : tu en as appelé à César, tu iras à César.
13 Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice arrivèrent à Césarée, pour saluer Festus.
14 Et comme ils y demeurèrent plusieurs jours, Festus informa le roi de l’affaire de Paul, en lui disant : Il y a ici un homme que Félix a laissé prisonnier.
15 Les principaux sacrificateurs et les anciens des Juifs le vinrent accuser devant moi, lorsque j’étais à Jérusalem, demandant sa condamnation.
16 Mais je leur répondis que ce n’était pas la coutume des Romains de livrer qui que ce soit, pour le faire mourir, avant que celui qui est accusé ait ses accusateurs présents, et qu’il ait la liberté de se justifier du crime dont on l’accuse.
17 Après donc qu’ils furent venus ici, je m’assis sans aucun délai, dès le lendemain, sur le tribunal, et je commandai qu’on amenât cet homme.
18 Ses accusateurs étaient présents ; mais ils n’alléguèrent aucun des crimes dont je pensais qu’ils l’accuseraient.
19 Ils avaient seulement quelques disputes avec lui touchant leur superstition, et touchant un certain Jésus mort, que Paul assurait être vivant.
20 Ne sachant donc que prononcer sur cela, je lui demandai s’il voulait aller à Jérusalem, et être jugé sur ces choses.
21 Mais Paul en ayant appelé, et demandant que sa cause fût réservée à la connaissance de l’empereur, j’ai ordonné qu’on le gardât jusqu’à ce que je l’envoyasse à César.
22 Sur quoi Agrippa dit à Festus : Je voudrais bien aussi entendre cet homme. Demain, lui dit-il, tu l’entendras.
23 Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent avec grande pompe, et étant entrés dans le lieu de l’audience, avec les tribuns et les principaux de la ville, Paul fut amené par l’ordre de Festus.
24 Alors Festus dit : Roi Agrippa, et vous tous qui êtes ici présents avec nous, vous voyez cet homme, contre lequel toute la multitude des Juifs m’est venue solliciter, tant à Jérusalem qu’ici, ne cessant de crier qu’il ne fallait pas le laisser vivre.
25 Mais ayant trouvé qu’il n’avait rien fait qui fût digne de mort, et lui-même ayant appelé à l’empereur, j’ai résolu de l’y envoyer.
26 Mais comme je n’ai rien de certain à en écrire à l’empereur, je l’ai fait venir en votre présence, et principalement devant toi, roi Agrippa, afin qu’étant mieux informé, je sache ce que j’en dois écrire.
27 Car il ne me semble pas raisonnable d’envoyer un prisonnier, sans marquer de quoi on l’accuse.
REFLEXIONS
Les réflexions qu’il faut faire ici sont :
I. Premièrement que les Juifs ayant comploté pour tuer Saint Paul par une noire trahison, Dieu ne permit pas qu’ils exécutassent leur dessein cruel et injuste, en quoi nous devons reconnaître la protection dont Dieu couvre ses fidèles serviteurs.
II. Que Saint Paul étant accusé par les Juifs devant Festus, il continua à soutenir qu’il était innocent et demanda d’être envoyé à l’empereur. Ce procédé de l’Apôtre montre qu’un chrétien peut, lorsqu’il est accusé injustement, avoir recours aux tribunaux et se servir de tous les moyens légitimes de défense que la providence lui présente.
III. Il faut considérer que Dieu disposait ainsi les choses, non seulement afin que St. Paul ne tombât pas entre les mains des Juifs, mais aussi afin qu’il eût occasion d’aller à Rome et d’annoncer l’Évangile dans cette grande ville, selon que notre Seigneur le lui avait prédit.
IV. La conduite que Festus tint envers Saint Paul montre que ce gouverneur, quoi que païen, avait plus de droiture et d’équité que les Juifs et même les sacrificateurs et les magistrats de Jérusalem n’en avaient. Enfin, Saint Luc rapporte que le roi Agrippa étant venu en ce temps-là à Césarée souhaita de voir et d’entendre St. Paul. Ce fut là une occasion que la providence fournit à cet Apôtre de parler en présence de ce prince et d’un grand nombre de personnes considérables, ce qui tourna à la justification de St. Paul et de la doctrine qu’il annonçait comme cela se voit dans le chapitre suivant.
St. Paul parlant en présence du roi Agrippa, de Bérénice, du gouverneur Festus et d’un grand nombre d’officiers et de personnes de distinction, fait l’histoire de sa vie, de sa conversion et de la manière dont il avait exercé son ministère jusqu’alors.
Il fut interrompu par Festus qui le traita d’insensé et le roi Agrippa témoigna d’être ébranlé par son discours.
Enfin, ce prince, le gouverneur et tous ceux qui étaient présents reconnurent l’innocence de St. Paul, mais il fut résolu que, puisqu’il en avait appelé à l’empereur, on l’enverrait à Rome.
1 Alors Agrippa dit à Paul : Il t’est permis de parler pour toi-même. Paul donc ayant étendu la main, parla ainsi pour sa défense :
2 Roi Agrippa, je m’estime heureux de ce que je dois me défendre aujourd’hui devant toi de toutes les choses dont les Juifs m’accusent ;
3 et surtout, parce que je sais que tu as une pleine connaissance de toutes les coutumes des Juifs, et de toutes les questions qu’ils ont entre eux ; c’est pourquoi je te supplie de m’écouter avec patience.
4 Pour ce qui est de la vie que j’ai menée, dès le commencement de ma jeunesse, parmi ceux de ma nation, dans Jérusalem, elle est connue de tous les Juifs.
5 Car ils savent, il y a longtemps, s’ils veulent en rendre témoignage, que j’ai vécu Pharisien, selon cette secte, qui est la plus exacte de notre religion.
6 Et maintenant je parais en jugement, à cause de l’espérance que j’ai en la promesse que Dieu a faite à nos pères ;
7 à l’accomplissement de laquelle nos douze tribus, qui servent Dieu continuellement nuit et jour, espèrent de parvenir. C’est à cause de cette espérance, ô roi Agrippa, que je suis accusé par les Juifs.
8 Quoi ! jugez-vous incroyable que Dieu ressuscite les morts ?
9 Il est vrai que pour moi, j’avais cru qu’il n’y avait rien que je ne dusse faire contre le nom de Jésus de Nazareth.
10 C’est aussi ce que j’ai fait dans Jérusalem ; car j’ai mis en prison plusieurs des saints, en ayant reçu le pouvoir des principaux sacrificateurs ; et lorsqu’on les faisait mourir, j’y donnais mon suffrage.
11 Souvent même, dans toutes les synagogues, je les contraignais de blasphémer en les punissant ; et étant transporté d’une extrême rage contre eux, je les persécutais jusque dans les villes étrangères.
12 Et comme j’allais aussi à Damas, dans ce dessein, avec un pouvoir et une commission des principaux sacrificateurs,
13 Je vis, ô roi, étant en chemin, en plein midi, une lumière qui venait du ciel, plus éclatante que celle du soleil, et qui resplendit autour de moi et de ceux qui m’accompagnaient.
14 Et étant tous tombés par terre, j’entendis une voix qui me parla, et qui me dit, en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il te serait dur de regimber contre les aiguillons.
15 Alors je dis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me répondit : Je suis Jésus que tu persécutes.
16 Mais lève-toi, et te tiens sur tes pieds, car je te suis apparu pour t’établir ministre et témoin, tant des choses que tu as vues, que de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai encore,
17 En te délivrant de ce peuple et des Gentils, vers lesquels je t’envoie maintenant,
18 Pour ouvrir leurs yeux, et les faire passer des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, afin que par la foi qu’ils auront en moi, ils reçoivent la rémission de leurs péchés, et qu’ils aient part à l’héritage des saints.
19 Ainsi, ô roi Agrippa, je ne résistai point à la vision céleste ;
20 mais je prêchai premièrement à ceux de Damas, et ensuite à Jérusalem, et par toute la Judée, et aux Gentils, qu’ils se repentissent, et qu’ils se convertissent à Dieu, en faisant des œuvres convenables à la repentance.
21 C’est là le sujet pour lequel les Juifs, m’ayant pris dans le temple, ont tâché de me tuer.
22 Mais, ayant été secouru par l’aide de Dieu, j’ai subsisté jusqu’à aujourd’hui, rendant témoignage de Jésus aux petits et aux grands, et ne disant autre chose que ce que les prophètes et Moïse ont prédit devoir arriver ;
23 savoir, que le Christ devait souffrir, et qu’étant ressuscité le premier d’entre les morts, il devait annoncer la lumière à ce peuple et aux Gentils.
24 Comme il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit à haute voix : Tu as perdu le sens, Paul, ton grand savoir te met hors du sens.
25 Et Paul dit : Je n’ai point perdu le sens, très excellent Festus ; mais ce que je dis est vrai et de bon sens.
26 Car le roi est bien informé de ces choses ; c’est pourquoi je lui parle avec hardiesse, parce que je suis persuadé qu’il n’ignore rien de ce que je dis ; car ces choses ne se sont pas passées en cachette.
27 Roi Agrippa, ne crois-tu pas aux prophètes ? Je sais que tu y crois.
28 Et Agrippa répondit à Paul : Il s’en faut peu que tu ne me persuades d’être chrétien.
29 Paul lui dit : Plût à Dieu qu’il s’en fallût peu, et même qu’il ne s’en fallût rien du tout, que non-seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, ne devinssiez tels que je suis, à la réserve de ces liens !
30 Paul ayant dit cela, le roi se leva, et le gouverneur, et Bérénice, et ceux qui étaient assis avec eux.
31 Et s’étant retirés à part, ils dirent entre eux : Cet homme n’a rien fait qui soit digne de la mort, ni même de la prison.
32 Et Agrippa dit à Festus : Cet homme pouvait être renvoyé absous, s’il n’eût point appelé à César.
REFLEXIONS
Dans le discours que Saint Paul fit en présence du roi Agrippa pour rendre raison de la conduite qu’il avait eue avant et après sa conversion, on découvre un caractère de sagesse et de modération et en même temps d’ingéniosité, de fermeté et de courage qui marque bien clairement l’innocence et le zèle de ce grand Apôtre. La manière douce et respectueuse, mais aussi franche et sincère dont il parla dans cette occasion doit nous apprendre à répondre toujours comme Saint Pierre nous y exhorte avec douceur et modestie à tous ceux qui nous demandent raison de l’espérance qui est en nous et à ne jamais taire, ni dissimuler la vérité.
On doit remarquer en second lieu sur ce discours que, si Saint Paul avait persécuté l’église avant sa conversion, il l’avait fait par ignorance et croyant bien faire, mais que du reste sa vie avait été sans reproche et qu’après que le Seigneur l’eut appelé, il le servit avec un grand zèle. Ce qu’il faut observer sur cela, c’est que, lorsqu’on a péché par ignorance, il est plus facile d’obtenir le pardon de ses fautes et de s’en relever, que Dieu se fait connaître tôt ou tard à ceux qui ont le cœur bon et que dès qu’il nous appelle, nous devons suivre notre vocation et lui obéir.
III. Nous voyons dans le jugement que Festus fit de Saint Paul en le traitant d’insensé que les choses les plus graves paraissent une folie aux mondains et la réponse sage et respectueuse que Saint Paul fit à Festus nous donne un bel exemple de modération et de fermeté.
IV. Saint Luc rapporte une particularité remarquable : C’est que le roi Agrippa entendant parler St. Paul lui dit : Peu s’en faut que tu ne me persuades d’être chrétien.
À quoi l’Apôtre répondit en souhaitant que ce prince et tous ceux qui étaient présents devinssent chrétiens en effet. Sur cela on doit remarquer qu’Agrippa faisait profession de la religion des Juifs et qu’il croyait aux prophètes, ce qui fit qu’il trouva de la vraisemblance dans le discours de l’Apôtre, mais cette impression ne fut pas salutaire puisque ce roi ne se soucia pas de s’instruire plus avant.
Il est inutile d’être un peu touché de la parole de Dieu et d’être chrétien à demi et à peu près, il faut le devenir tout-à-fait et de tout son cœur.
Enfin, le roi Agrippa et le gouverneur Festus après avoir entendu St. Paul et examiné les accusations que l’on formait contre lui jugèrent qu’il était innocent et ils l’auraient même renvoyé absous s’il n’en eût pas appelé à l’empereur. Par ce moyen, cet Apôtre fut justifié et si on l’envoya à Rome, il n’y fut pas envoyé comme un criminel, ce qui aurait été un obstacle à la prédication de l’Évangile qu’il devait annoncer dans cette ville-là. Ainsi St. Paul éprouva dans cette occasion une protection particulière de Dieu et le Seigneur accomplit en sa faveur la promesse qu’il avait faite aux apôtres lorsqu’il leur disait : qu’ils seraient menés devant les gouverneurs pour lui rendre témoignage, mais qu’il les assisterait par son esprit et qu’il leur mettrait dans la bouche ce qu’ils auraient à dire pour leur défense.
Ce chapitre contient le récit du voyage que St. Paul fit par mer, de Césarée à Rome, où l’on doit principalement remarquer qu’il fut en danger de périr, le vaisseau sur lequel il était ayant fait naufrage.
1 Après qu’il eut été résolu que nous irions par mer en Italie, ils remirent Paul et quelques autres prisonniers à un nommé Jules, centenier d'une compagnie de la légion appelée Auguste ;
2 et étant montés sur un vaisseau d’Adramite, nous partîmes, prenant notre route vers les côtes d’Asie ; Aristarque, Macédonien de Thessalonique, étant avec nous.
3 Le jour suivant, nous arrivâmes à Sidon ; et Jules, traitant Paul avec humanité, lui permit d’aller voir ses amis, afin qu’ils eussent soin de lui.
4 Puis étant partis de là, nous passâmes sous l’île de Chypre, parce que les vents étaient contraires.
5 Et après avoir traversé la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes à Myre, ville de Lycie,
6 où le centenier trouva un vaisseau d’Alexandrie, qui allait en Italie, sur lequel il nous fit monter.
7 Et comme pendant plusieurs jours nous avancions fort peu, et que nous n’étions arrivés qu’avec peine vis-à-vis de Gnide, parce que le vent ne nous permettait pas d’aller droit, nous passâmes au-dessous de l’île de Crète, vers Salmone ;
8 et la côtoyant avec difficulté, nous abordâmes un lieu appelé Beaux-Ports, près duquel est la ville de Lasée.
9 Comme il s’était écoulé beaucoup de temps, et que la navigation devenait dangereuse, puisque le temps du jeûne était déjà passé, Paul les avertit,
10 et leur dit : Je vois que la navigation sera fâcheuse, et qu’il y a un grand danger, non-seulement pour le vaisseau et pour sa charge, mais aussi pour nos personnes.
11 Mais le centenier ajoutait plus de foi au pilote et au maître du vaisseau qu’à ce que Paul disait.
12 Et comme le port n’était pas propre pour hiverner, la plupart furent d’avis de partir de là, pour tâcher de gagner Phénice, qui est un port de Crète, qui regarde le vent d’Afrique et le couchant septentrional, afin d’y passer l’hiver.
13 Alors le vent du midi commençant à souffler doucement, ils crurent être venus à bout de leur dessein, et étant partis, ils côtoyèrent de plus près l’île de Crète.
14 Mais un peu après il se leva un vent impétueux, qu’on appelle Euroclydon, qui nous écartait de l'île.
15 Ainsi le vaisseau étant emporté par la violence de la tempête, et ne pouvant résister, nous nous laissâmes aller au gré du vent ;
16 et ayant été poussés au-dessous d’une petite île appelée Clauda, nous eûmes bien de la peine d’être maîtres de la chaloupe.
17 Mais l’ayant tirée à nous, les matelots mirent en usage toutes sortes de moyens, liant le vaisseau par-dessous avec des cordes ; et comme ils craignaient d’être jetés sur des bancs de sable, ils abaissèrent le mât, et se laissèrent emporter par le vent.
18 Comme nous étions fortement battus de la tempête, le jour suivant ils jetèrent une partie de la charge du vaisseau dans la mer.
19 Le troisième jour, nous jetâmes de nos propres mains les agrès de rechange du vaisseau.
20 Pendant plusieurs jours, ni le soleil, ni les étoiles ne parurent point, et la tempête était toujours si violente que nous perdîmes toute espérance de nous sauver.
21 Et comme il y avait longtemps qu’on n’avait mangé, Paul se leva au milieu d’eux, et leur dit : Certes, il fallait me croire, et ne pas partir de Crète, et nous aurions évité cette tempête et cette perte.
22 Mais je vous exhorte maintenant à prendre courage, car aucun de vous ne perdra la vie, et il n’y aura de perte que celle du vaisseau.
23 Car un ange de Dieu, à qui je suis et que je sers, m'est apparu cette nuit, et m’a dit :
24 Paul, ne crains point ; il faut que tu comparaisses devant César ; et même, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi.
25 C’est pourquoi, mes amis, prenez courage ; car j’ai cette confiance en Dieu, que la chose arrivera de la manière qu’il m’a été dit.
26 Mais il faut que nous soyons jetés sur quelque île.
27 La quatorzième nuit étant venue, comme nous étions jetés çà et là dans la mer Adriatique, les matelots, vers le minuit, estimèrent qu’ils approchaient de quelque terre.
28 Et ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; puis étant passés un peu plus loin, ils la jetèrent encore, et ils trouvèrent quinze brasses.
29 Alors, craignant de donner contre quelque écueil, ayant jeté quatre ancres de la poupe, ils attendaient que le jour vînt.
30 Mais comme les matelots cherchaient à se sauver du vaisseau, et qu’ils mettaient la chaloupe à la mer, sous prétexte de jeter les ancres du côté de la proue,
31 Paul dit aux centeniers et aux soldats : Si ces gens ne demeurent dans le vaisseau, vous ne sauriez-vous sauver.
32 Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe, et la laissèrent tomber.
33 Et en attendant que le jour vînt, Paul les exhorta tous à prendre de la nourriture, en leur disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous êtes sans manger, et que vous n’avez rien pris, en attendant que le temps change.
34 Je vous exhorte donc à prendre de la nourriture, car cela est nécessaire pour votre conservation ; et il ne tombera pas un cheveu de la tête d’aucun de vous.
35 Ayant dit cela, il prit du pain, et rendit grâce à Dieu en présence de tous ; et l’ayant rompu, il se mit à manger.
36 Alors tous les autres, ayant pris courage, mangèrent aussi.
37 Or, nous étions en tout, dans le vaisseau, deux cent soixante et seize personnes.
38 Et quand ils eurent mangé suffisamment, ils allégèrent le vaisseau en jetant le blé dans la mer.
39 Le jour étant venu, ils ne reconnaissaient point la terre, mais ayant aperçu un golfe qui avait un rivage, ils résolurent d’y faire échouer le vaisseau, s’ils pouvaient.
40 Ayant donc retiré les ancres, ils abandonnèrent le vaisseau à la mer, lâchant en même temps les attaches du gouvernail ; et ayant mis au vent la voile de l’artimon, ils tâchaient de gagner le rivage.
41 Mais étant tombés dans un endroit qui avait la mer des deux côtés, le vaisseau y échoua, et la proue y étant engagée, demeurait immobile, pendant que la poupe se rompait par la violence des vagues.
42 Alors les soldats furent d’avis de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’eux, s’étant sauvé à la nage, ne s’enfuît.
43 Mais le centenier, voulant sauver Paul, les détourna de ce dessein, et ordonna que ceux qui savaient nager se jetassent dans l’eau les premiers, et se sauvassent à terre ;
44 et que les autres se missent, les uns sur des planches, et les autres sur quelques pièces du vaisseau. Ainsi tous se sauvèrent à terre.
REFLEXIONS
Cette histoire nous présente quatre réflexions :
I. La première regarde les dangers continuels auxquels St. Paul était exposé. Après avoir échappé à la fureur des Juifs, il manqua de périr sur la mer en allant à Rome et outre cela d’être tué par les soldats.
II. La seconde, que Dieu, qui l’avait garanti jusque alors, le préserva de l’un et de l’autre de ces dangers et qu’ainsi rien ne peut nuire à ceux que Dieu favorise de sa protection et qui le servent fidèlement.
III. La troisième que Dieu ne sauva pas seulement la vie à St. Paul, mais qu’à cause de lui il garantit tous ceux qui étaient dans le vaisseau, en sorte que quoi qu’ils fissent naufrage, il n’en périt pas un seul.
Cette merveilleuse délivrance que St. Paul leur avait prédite dût leur faire reconnaître que cet Apôtre était un vrai serviteur de Dieu. Elle nous apprend aussi que c’est toujours un grand avantage d’être dans la compagnie des gens de bien et qu’à cause d’eux, Dieu épargne souvent les autres et leur accorde des délivrances et des grâces très considérables.
Il faut remarquer enfin, que quoi que Dieu eût promis par un ange à St. Paul qu’aucun de ceux qui étaient embarqués avec lui ne périrait, cet Apôtre leur dit pourtant que si les matelots ne demeuraient dans le vaisseau on ne pourrait se sauver. Les promesses que Dieu nous a faites n’empêchent pas qu’il ne faille se servir des moyens que la prudence prescrit et qu’il a lui-même établis et jamais la confiance en Dieu ne doit être accompagnée de témérité ni de négligence.
St Paul ayant fait naufrage sur les côtes de l’île de Malte, il y séjourna trois mois et il y fit divers miracles. Il en partit ensuite et il arriva à Rome.
1 Après s’être ainsi sauvés, ils reconnurent que l’île s’appelait Malte.
2 Et les barbares nous traitaient avec beaucoup d’humanité ; car ils allumèrent un grand feu, et ils nous reçurent tous chez eux, à cause de la pluie qui tombait sur nous, et du froid.
3 Alors Paul ayant ramassé quelque quantité de sarments, et les ayant mis au feu, une vipère en sortit à cause de la chaleur, et s’attacha à sa main.
4 Et quand les barbares virent cette bête qui pendait à sa main, ils se dirent les uns aux autres : Assurément, cet homme est un meurtrier, puisque, après qu’il a été sauvé de la mer, la vengeance ne permet pas qu’il vive.
5 Mais lui, ayant secoué la vipère dans le feu, n’en reçut aucun mal.
6 Les barbares s’attendaient qu’il enflerait, ou qu’il tomberait mort subitement ; mais, après avoir attendu longtemps, lorsqu’ils virent qu’il ne lui en arrivait aucun mal, ils changèrent de sentiment, et dirent que c’était un dieu.
7 Il y avait dans cet endroit-là des terres qui appartenaient au plus considérable de l’île, nommé Publius, qui nous reçut et nous logea fort affectueusement durant trois jours.
8 Et il se rencontra que le père de Publius était au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie. Paul l’alla voir ; et ayant prié, il lui imposa les mains, et le guérit.
9 Cela étant arrivé, tous ceux de l’île qui étaient malades, vinrent à lui, et ils furent guéris.
10 Ils nous firent aussi de grands honneurs, et, à notre départ, ils nous pourvurent de ce qui nous était nécessaire.
11 Trois mois après, nous partîmes sur un vaisseau d’Alexandrie, qui avait passé l’hiver dans l’île, et qui portait pour enseigne Castor et Pollux.
12 Et étant arrivés à Syracuse, nous y demeurâmes trois jours.
13 De là, en côtoyant la Sicile, nous arrivâmes à Rhège. Et un jour après, le vent du midi s’étant levé, nous vînmes en deux jours à Pouzzoles,
14 où ayant trouvé des frères, ils nous prièrent de demeurer avec eux sept jours ; et ensuite nous partîmes pour Rome.
15 Et les frères qui y étaient, ayant appris de nos nouvelles, vinrent au-devant de nous jusqu’au marché d’Appius et aux trois hôtelleries ; et Paul les voyant, rendit grâces à Dieu, et prit courage.
16 Quand nous fûmes arrivés à Rome, le centenier mit les prisonniers entre les mains du préfet du prétoire ; mais à l’égard de Paul, il lui permit de demeurer en son particulier, avec un soldat qui le gardait.
17 Trois jours après, Paul assembla les principaux des Juifs ; et quand ils furent venus, il leur dit : Mes frères, quoique je n’eusse rien commis contre le peuple, ni contre les coutumes de nos pères, toutefois j’ai été fait prisonnier à Jérusalem, et mis entre les mains des Romains,
18 Qui, après m’avoir examiné, voulaient me relâcher, parce que je n’avais rien fait qui méritât la mort.
19 Mais les Juifs s’y opposant, j’ai été contraint d’en appeler à César, sans que j’aie dessein néanmoins d’accuser ma nation.
20 C’est pour ce sujet que je vous ai appelés, pour vous voir et pour vous parler ; car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je suis lié de cette chaîne.
21 Et ils lui répondirent : Nous n’avons point reçu de lettres de Judée sur ton sujet ; et il n’est venu aucun de nos frères qui ait rapporté ou dit aucun mal de toi.
22 Néanmoins nous voudrions bien apprendre de toi quels sont tes sentiments ; car à l’égard de cette secte, nous savons qu’on s’y oppose partout.
23 Lui ayant assigné un jour, plusieurs vinrent le trouver dans son logis ; et depuis le matin jusqu’au soir, il leur annonçait le règne de Dieu, confirmant ce qu’il disait par divers témoignages, et tâchant de leur persuader par la loi de Moïse et par les prophètes ce qui regarde Jésus.
24 Les uns furent persuadés de ce qu’il disait ; mais les autres ne crurent point.
25 Et comme ils n’étaient pas d’accord entre eux, ils se retirèrent, après que Paul leur eut dit cette parole : C’est avec raison que le Saint-Esprit a parlé à nos pères par Esaïe le prophète, et a dit :
26 Va vers ce peuple, et dis-lui : Vous écouterez de vos oreilles, et vous n’entendrez point ; et en voyant vous verrez, et vous n’apercevrez point.
27 Car le cœur de ce peuple est appesanti ; ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.
28 Sachez donc que le salut de Dieu est envoyé aux Gentils, et qu’ils l’écouteront.
29 Et quand il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent, ayant de grandes contestations entre eux.
30 Mais Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée, où il recevait tous ceux qui le venaient voir ;
31 prêchant le règne de Dieu, et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus-Christ, avec toute liberté et sans aucun empêchement.
REFLEXIONS
L’humanité avec laquelle les habitants de l’île de Malte reçurent Saint Paul et ceux qui avaient fait naufrage avec lui doit apprendre aux chrétiens à exercer l’hospitalité et à assister avec cordialité les malheureux.
Le jugement que les gens de cette île firent de St. Paul lorsqu’il fût mordu d’une vipère montre que les hommes et même les peuples barbares ont toujours cru que la vengeance céleste ne laisse pas les crimes impunis, ce qui est une vérité certaine. Cependant, l’exemple de St. Paul prouve que ce serait un jugement téméraire de croire que tous ceux à qui il arrive quelque malheur soient poursuivis par la justice divine. L’opinion que les habitants de Malte eurent de St. Paul le prenant pour un dieu lorsqu’ils virent qu’il ne lui arrivait aucun mal doit être considéré comme un effet de l’ignorance de ces peuples idolâtres, mais nous devons reconnaître par ce miracle aussi bien que par la guérison du père de Publius et des autres malades de cette île l’accomplissement de cette promesse que Jésus-Christ avait faite aux apôtres : Ils chasseront des serpents, quand ils auront bu quelque breuvage mortel il ne leur nuira point, ils imposeront les mains sur les malades et ils se porteront bien.
Enfin St. Paul étant arrivé à Rome vit non seulement les chrétiens qu’il y avait dans cette grande ville, mais aussi les Juifs. Il les informa des raisons qu’il avait eues de faire le voyage de Rome et d’en appeler à l’empereur. Il parla de leur nation et des Juifs de Jérusalem avec toute sorte de modération. Il tâcha ensuite de les porter à croire en Jésus-Christ et enfin voyant que plusieurs d’entre eux demeuraient dans l’incrédulité, il leur déclara que vu leur endurcissement il annoncerait l’Évangile aux Gentils.
Cette conduite sage et pleine de charité montre qu’on ne doit rien négliger pour édifier tout le monde et pour ramener ceux qui sont prévenus contre la vérité et que si après cela il y a des gens qui demeurent obstinés, ils n’ont aucune excuse.
C’est ici que fini l’histoire de St. Luc et le livre des Actes des Apôtres.
Il faut savoir au reste que St. Paul fut prisonnier à Rome deux ans, que durant ce temps-là il écrivit diverses épîtres qui ont été conservées dans le Nouveau Testament, qu’au bout de deux ans il fut délivré et fit divers voyages et qu’étant revenu à Rome environ cinq ans après il y souffrit le martyre et eu la tête tranchée sous l’empire de Néron.
- Détails
- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
L’Epître aux Romains fut écrite environ l’an 57 de notre Seigneur. Elle a été mise à la tête des autres épîtres à cause de l’importance des choses qu’elle contient et à cause de la dignité de la ville de Rome. Le but de cette épître est de faire savoir que ce n’est que par l’Évangile et par la foi en Jésus-Christ que les hommes pouvaient être sauvés, que la circoncision et les œuvres de la loi de Moïse ne donnaient en cela aucun avantage aux Juifs par-dessus les païens, qu’il ne fallait pas assujettir les païens qui embrassaient l’Évangile à être circoncis et à observer les cérémonies de la loi comme le prétendaient certains Juifs convertis au christianisme et que Dieu avait pu appeler les Gentils et les recevoir dans son alliance, ce qui avait aussi été prédit par les prophètes.
C’est là ce qui est enseigné dans les onze premiers chapitres de cette épître. Dans les cinq derniers, Saint Paul exhorte les Romains aux principaux devoirs de la vie chrétienne et surtout à la charité, au support et à la paix, parce que les divisions qu’il y avait alors entre les Juifs et les païens convertis troublaient la paix de l’église.
Chapitres: Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Livres du Nouveau Testament
St. Paul fait deux choses : I. Il salue les fidèles de Rome et il leur marque la joie qu’il ressentait en entendant parler de leur foi et le grand désir qu’il avait d’aller les voir. II. Il commence à montrer que tous les hommes étant pécheurs, ils n’avaient pu être sauvés que par Jésus-Christ et pour cet effet il fait voir d’abord que quoi que Dieu se fût fait connaître aux païens par les œuvres de la création, ils ne l’avaient pas servi et qu’ils étaient tombés dans l’idolâtrie et dans toutes sortes de dérèglements.
1 Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’évangile de Dieu,
2 qu’il avait promis auparavant par ses prophètes, dans les saintes Ecritures,
3 touchant son Fils, qui est né de la race de David, selon la chair,
4 et qui, selon l’esprit de sainteté, a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa résurrection d’entre les morts, savoir, Jésus-Christ notre Seigneur,
5 par lequel nous avons reçu la grâce et la charge d’apôtre, afin d’amener tous les Gentils à l’obéissance de la foi en son nom ;
6 du nombre desquels vous êtes aussi, vous qui avez été appelés par Jésus-Christ ;
7 à vous tous qui êtes à Rome, bien-aimés de Dieu, appelés et saints ; la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par notre Seigneur Jésus-Christ.
8 Avant toutes choses, je rends grâces au sujet de vous tous à mon Dieu, par Jésus-Christ, de ce que votre foi est célèbre par tout le monde.
9 Car Dieu, que je sers en mon esprit dans l’évangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous,
10 lui demandant toujours dans mes prières, que, si c’est sa volonté, je puisse enfin trouver quelque occasion favorable de vous aller voir ;
11 car je souhaite fort de vous voir, pour vous faire part de quelque don spirituel, afin que vous soyez affermis ;
12 c’est-à-dire, afin qu’étant parmi vous, nous nous consolions ensemble par la foi qui nous est commune, à vous et à moi.
13 Or, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez que j’ai souvent formé le dessein de vous aller voir, afin de recueillir quelque fruit parmi vous, comme parmi les autres nations ; mais j’en ai été empêché jusqu’à présent.
14 Je me dois aux Grecs et aux barbares, aux savants et aux ignorants.
15 Ainsi, autant qu’il dépend de moi, je suis prêt à vous annoncer aussi l’évangile, à vous qui êtes à Rome.
16 Car je n’ai point honte de l’évangile de Christ, puisque c’est la puissance de Dieu, pour le salut de tous ceux qui croient, premièrement des Juifs, et ensuite des Grecs.
17 Car c’est dans cet évangile que la justice de Dieu est révélée de foi en foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi.
18 Car la colère de Dieu se déclare du ciel contre toute l’impiété et l’injustice des hommes, qui suppriment la vérité injustement ;
19 parce que ce qu’on peut connaître de Dieu a été manifesté parmi eux, Dieu le leur ayant manifesté.
20 Car les perfections invisibles de Dieu, savoir, sa puissance éternelle, et sa divinité, se voient comme à l’œil depuis la création du monde, quand on considère ses ouvrages ; de sorte qu’ils sont inexcusables ;
21 parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur destitué d’intelligence a été rempli de ténèbres.
22 Se disant sages, ils sont devenus fous ;
23 et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en des images qui représentent l’homme corruptible, et des oiseaux, et des bêtes à quatre pieds, et des reptiles.
24 C’est pourquoi aussi, Dieu les a livrés aux convoitises de leurs cœurs et à l’impureté, en sorte qu’ils ont déshonoré eux-mêmes leurs propres corps ;
25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en des choses fausses, et qui ont adoré et servi la créature, au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen.
26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes ; car les femmes parmi eux ont changé l’usage naturel en un autre qui est contre nature.
27 De même aussi, les hommes, laissant l’usage naturel de la femme, ont été embrasés dans leur convoitise les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes la récompense qui était due à leur égarement.
28 Car, comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, aussi Dieu les a livrés à un esprit dépravé, pour commettre des choses qu’il n’est pas permis de faire.
29 Ils sont remplis de toute injustice, d’impureté, de méchanceté, d’avarice, de malice ; pleins d’envie, de meurtres, de querelles, de tromperies, et de malignité ;
30 rapporteurs, médisants, ennemis de Dieu, outrageux, orgueilleux, vains, inventeurs de méchancetés, désobéissants à leurs pères et à leurs mères ;
31 sans intelligence, sans foi, sans affection naturelle, implacables, sans compassion ;
32 Qui, bien qu’ils aient connu que le droit de Dieu est, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort, ne les commettent pas seulement, mais approuvent encore ceux qui les commettent.
REFLEXIONS
On voit dès l’entrée de cette Epitre l’amour de St. Paul pour les Romains, le désir qu’il avait de contribuer à leur édification et le zèle dont il était animé pour aller annoncer l’Évangile en tous lieux et à toutes sortes de personnes et même dans la ville de Rome.
Tous les chrétiens, mais particulièrement les ministres de l’Évangile doivent imiter St. Paul à cet égard, aimer tendrement l’église de Jésus-Christ et les fidèles, prier continuellement pour eux, procurer leur édification de tout leur pouvoir et n’avoir jamais honte de la vérité, ni de la piété.
I. Nous voyons ici que, bien que Dieu se fût révélé aux païens par les œuvres de la création et de la providence, ils ne l’avaient pas glorifié, qu’ils s’étaient abandonnés à toutes sortes de péchés et que les peuples même où les sciences et les arts fleurissaient étaient tombés dans l’idolâtrie la plus honteuse et la plus indigne de l’homme, par où ils avaient attiré sur eux la colère du Ciel. Si les païens étaient en cela coupables et inexcusables, comme St. Paul le déclare, nous le serions beaucoup plus si Dieu s’étant fait connaître à nous, non seulement par les œuvres de la nature, mais par sa parole, nous ne l’honorions pas comme nous le devons. III. Ce que St. Paul dit dans ce chapitre des deux principaux péchés des païens qui étaient l’idolâtrie et les débordements affreux où ils étaient tombés à l’égard de l’impureté, nous montre en quel état nous serions si Dieu ne nous avait pas éclairés des lumières de l’Évangile et dans quelles horreurs l’impureté et la sensualité peuvent entraîner les hommes.
II. Enfin, l’Apôtre fait dans ce chapitre le tableau des vices et des mœurs des païens en disant qu’ils étaient remplis de souillure, d’avarice, d’injustice et toutes sortes de passions et de péchés et que, quoiqu’ils sussent que ceux qui faisaient ces choses étaient dignes de mort, ils ne laissaient pas de les commettre. Il faut avouer à la honte des chrétiens que c’est là le tableau de la vie et des mœurs d’un grand nombre d’entre eux. Mais nous devons aussi conclure de là que ceux qui, ayant connu beaucoup mieux que les païens le droit de Dieu et sa volonté les imitent dans leurs dérèglements, éprouveront ce qu’il y a de plus terrible dans sa vengeance.
St. Paul ayant montré dans le chapitre précédent que les païens étaient pécheurs, prouve dans celui-ci que les Juifs qui condamnaient les païens l’étaient aussi et même qu’abusant de leurs lumières et de la bonté de Dieu, ils étaient bien plus coupables que les païens qui n’avaient que la loi de la nature et de la conscience, d’où il s’ensuit que les Juifs ne pouvaient pas prétendre être justifiés devant Dieu par les œuvres et qu’ils n’avaient pas plus droit au salut que les Gentils.
Et parce que les Juifs se glorifiaient d’avoir la loi de Dieu et la circoncision qui était une marque de son alliance, l’Apôtre leur déclare que tous ces avantages extérieurs qui les distinguaient des païens leurs devenaient inutiles et ne les rendaient pas plus agréables à Dieu pendant qu’ils n’observaient pas sa loi.
1 Toi donc, ô homme, qui que tu sois, qui condamnes les autres, tu es inexcusable ; car en condamnant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui les condamnes, tu fais les mêmes choses.
2 Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité, contre ceux qui commettent de telles choses.
3 Et penses-tu, ô homme, qui condamnes ceux qui commettent de telles choses, et qui les commets, que tu puisses éviter le jugement de Dieu ?
4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance.
5 Mais par ton endurcissement et par ton cœur impénitent tu t’amasses la colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu,
6 Qui rendra à chacun selon ses œuvres ;
7 savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ;
8 mais l’indignation et la colère seront sur ceux qui sont contentieux et rebelles à la vérité, et qui obéissent à l’injustice.
9 L’affliction et l’angoisse seront sur tout homme qui fait le mal ; sur le Juif premièrement, puis aussi sur le Grec ;
10 mais la gloire, l’honneur et la paix seront pour tout homme qui fait le bien ; premièrement pour le Juif ; et puis aussi pour le Grec ;
11 car Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes.
12 Tous ceux qui auront péché sans avoir eu la loi, périront aussi sans être jugés par la loi ; et tous ceux qui auront péché ayant la loi, seront jugés par la loi ;
13 car ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi, qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui observent la loi, qui seront justifiés.
14 Or, quand les Gentils, qui n’ont point la loi, font naturellement les choses qui sont selon la loi, n’ayant point la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes.
15 Ils font voir que ce qui est prescrit par la loi est écrit dans leurs cœurs, puisque leur conscience leur rend témoignage, et que leurs pensées les accusent ou les défendent ;
16 ce qui arrivera au jour auquel Dieu jugera les actions secrètes des hommes, par Jésus-Christ, selon mon évangile.
17 Toi donc, qui portes le nom de Juif, qui te reposes sur la loi, qui te glorifies en Dieu,
18 qui connais sa volonté, et qui sais discerner ce qui est contraire, étant instruit par la loi,
19 qui crois être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres,
20 le docteur des ignorants, le maître des simples, ayant la règle de la science et de la vérité dans la loi ;
21 toi, dis-je, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi, qui prêches qu’on ne doit pas dérober, tu dérobes !
22 Toi, qui dis qu’on ne doit pas commettre adultère, tu commets adultère ! Toi, qui as en abomination les idoles, tu commets des sacrilèges !
23 Toi, qui te glorifies dans la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi !
24 Car le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les Gentils, comme cela est écrit.
25 Il est vrai que la circoncision est utile, si tu observes la loi ; mais si tu es transgresseur de la loi, avec ta circoncision tu deviens incirconcis.
26 Si donc l’incirconcis garde les commandements de la loi, ne sera-t-il pas réputé circoncis, quoiqu’il soit incirconcis ?
27 Et si celui qui est incirconcis de naissance accomplit la loi, il te condamnera, toi qui, avec la lettre de la loi et la circoncision, es transgresseur de la loi.
28 Car celui-là n’est pas Juif, qui ne l’est qu’au dehors, et la circoncision n’est pas celle qui se fait extérieurement dans la chair ;
29 mais celui-là est Juif, qui l’est au dedans, et la circoncision est celle du cœur, qui se fait selon l’esprit, et non selon la lettre ; et ce Juif ne tire pas sa louange des hommes, mais il la tire de Dieu.
REFLEXIONS
Le but de ce chapitre est en général de montrer que les Juifs étaient coupables devant Dieu aussi bien et même beaucoup plus que les païens et qu’ainsi ils ne pouvaient être justifiés, ni sauvés que par Jésus-Christ. De tout ce que St. Paul dit là-dessus, nous devons tirer ces instructions :
I. Que ceux qui condamnent le péché dans les autres et qui commettent cependant les mêmes péchés seront inexcusables et qu’ils n’échapperont point au jugement de Dieu ;
II. Que si Dieu use d’un grand support envers les pécheurs, il le fait pour les appeler à la repentance et que ceux qui abusent de ce support attirent sur eux les plus terribles effets de sa colère ;
III. Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;
IV. Qu’au jour du jugement les hommes seront jugés selon le degré de connaissance qu’ils auront eu, que les païens le seront par la loi de la nature, mais que la punition de ceux qui auront péché contre la loi que Dieu a donnée dans sa parole sera beaucoup plus rigoureuse, par où nous pouvons voir à quoi doivent s’attendre les chrétiens qui pèchent contre les lumières de l’Évangile.
Enfin, St. Paul fait voir que c’était en vain que les Juifs se vantaient d’être plus éclairés que les païens et d’avoir la circoncision, il leur reproche de transgresser la loi de Dieu d’une manière encore plus criminelle et d’être cause que le nom de Dieu était blasphémé parmi les Gentils et il conclut de là que la circoncision et les autres privilèges dont ils jouissaient ne leur servaient de rien et qu’ils seraient traités comme s’ils étaient païens et incirconcis.
Ce que St. Paul dit avec tant de force sur ce sujet contre les Juifs nous enseigne qu’il ne faut pas se glorifier de connaître la volonté de Dieu, de vivre dans son alliance et d’en avoir les signes extérieurs à moins qu’on ne fasse cette volonté et que le vrai chrétien n’est pas celui qui ne l’est qu’en dehors, mais que celui-là seulement sera réputé chrétien qui l’est intérieurement et dans le cœur et qui est loué et approuvé, non par les hommes, mais par le Seigneur lui-même.
St. Paul fait voir trois choses dans ce chapitre : I. Que les Juifs avaient de grands avantages par-dessus les païens, que s’ils n’avaient pas cru en Jésus-Christ, cela n’empêchait pas que Dieu ne fût toujours fidèle dans ses promesses et qu’ils ne fussent punis avec justice et qu’au reste, quoique l’incrédulité des Juifs servît à manifester sa justice, la vérité et la bonté de Dieu, ils ne laisseraient pas d’être entièrement inexcusables. II. St. Paul prouve par des passages du Vieux Testament que les Juifs étaient coupables de la violation de la loi de Dieu et il remarque que ces passages ne regardaient que les Juifs. III. Il conclut de là que les Juifs n’avaient pu être justifié par la loi de Moïse et qu’ils ne pouvaient l’être, non plus que les païens, que par la foi en Jésus-Christ et il dit que cette doctrine, bien loin d’être opposée à la loi, l’établissait au contraire plus fortement.
1 Quelle est donc la prérogative du Juif, ou quelle est l’utilité de la circoncision ?
2 Elle est grande en toute manière, surtout en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés.
3 Car quoi ? Si quelques-uns d’entre eux n’ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ?
4 A Dieu ne plaise ! Mais que Dieu soit reconnu véritable, et tout homme menteur, selon qu’il est écrit : Que tu sois trouvé juste dans tes paroles, et que tu gagnes ta cause lorsqu’on juge de toi.
5 Que si notre injustice fait paraître la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu n’est-il pas injuste quand il punit ? Je parle comme les hommes.
6 Loin de nous cette pensée ! Si cela était, comment Dieu jugerait-il le monde ?
7 Mais, dira-t-on, si la vérité de Dieu reçoit une plus grande gloire par mon infidélité, pourquoi suis-je encore condamné comme pécheur ?
8 Et que ne faisons-nous du mal, afin qu’il en arrive du bien ? comme quelques-uns, qui nous calomnient, assurent que nous le disons ; gens dont la condamnation est juste.
9 Quoi donc ? sommes-nous préférables aux Gentils ? Nullement ; car nous avons déjà fait voir que tous les hommes, tant les Juifs que les Grecs, sont assujettis au péché,
10 selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, non pas même un seul.
11 Il n’y a personne qui ait de l’intelligence ; il n’y en a point qui cherche Dieu.
12 Ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus ; il n’y en a point qui fasse le bien, non pas même un seul.
13 Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se sont servis de leurs langues pour tromper ; il y a un venin d’aspic sous leurs lèvres.
14 Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume.
15 Ils ont les pieds légers pour répandre le sang.
16 La désolation et la ruine sont dans leurs voies.
17 Ils n’ont point connu le chemin de la paix.
18 La crainte de Dieu n’est point devant leurs yeux.
19 Or, nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que tous aient la bouche fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu.
20 C’est pourquoi personne ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, car c’est la loi qui donne la connaissance du péché.
21 Mais maintenant, la justice de Dieu a été manifestée sans la loi, la loi et les prophètes lui rendant témoignage ;
22 la justice, dis-je, de Dieu, qui est par la foi en Jésus-Christ, en tous ceux et sur tous ceux qui croient ; car il n’y a point de distinction, puisque tous ont péché, et sont privés de la gloire de Dieu,
23 et qu’ils sont justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ,
24 que Dieu avait destiné pour être une victime propitiatoire par la foi en son sang, afin de faire paraître sa justice par le pardon des péchés commis auparavant, pendant le temps de la patience de Dieu ;
25 afin, dis-je, de faire paraître sa justice dans le temps présent, en sorte qu’on reconnaisse qu’il est juste, et qu’il justifie celui qui a la foi en Jésus.
26 Où est donc le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Est-ce par la loi des œuvres ? Non ; mais c’est par la loi de la foi.
27 Nous concluons donc que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi.
28 Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Oui, il l’est aussi des Gentils ;
29 car il y a un seul Dieu, qui justifiera les circoncis par la foi, et les incirconcis aussi par la foi.
30 Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Dieu nous en garde ! Au contraire, nous établissons la loi.
REFLEXIONS
La doctrine que St. Paul enseigne dans tout ce chapitre et qu’il a dessein d’établir est que, puisque les Juifs étaient engagés dans le péché et dans la condamnation aussi bien que les païens, ils ne pouvaient prétendre être justifiés par la loi de Moïse et qu’il n’y avait pour les uns et pour les autres qu’une seule voie de justification, savoir la foi en Jésus-Christ qui a expié les péchés de tous les hommes.
Outre cette doctrine qui est capitale dans la religion chrétienne, ce chapitre contient ces trois instructions particulières.
La première, que comme les privilèges des Juifs ne leur servirent de rien à cause de leur incrédulité, les avantages que Dieu nous a accordés à nous, qui sommes chrétiens, nous deviendront inutiles si nous en abusons et ne nous garantirons point de son jugement.
La seconde que l’incrédulité et l’ingratitude des hommes n’empêchent pas que Dieu ne soit toujours juste quand il les punit, que même cette incrédulité sert à faire voir que Dieu est bon, juste et véritable, mais que cependant il ne faut pas croire que Dieu ne puisse condamner les pécheurs avec justice sous prétexte que le péché sert à la manifestation de sa gloire, puisque si cela arrive, ce n’est que par accident, le but et l’intention des pécheurs n’étant pas d’avancer cette gloire, mais seulement de satisfaire leurs passions. Ce que l’Apôtre dit sur ce sujet nous montre aussi qu’il ne faut jamais faire du mal, quand même il en pourrait arriver du bien.
Enfin, il paraît des derniers versets de ce chapitre que le dessein de Saint Paul, dans ce qu’il enseigne ici, n’a point été d’abolir la loi et de la rendre inutile et qu’on ne doit point en conclure qu’il soit permis aux chrétiens de la violer et de demeurer dans le péché, qu’au contraire la doctrine de la justification par la foi est dans le fond la même que celle de la loi et des prophètes et que bien loin que cette doctrine dispense les hommes des devoirs de la sainteté, elle les y porte très efficacement comme l’Apôtre le fait voir dans les chapitre suivants.
L’Apôtre prouve dans ce chapitre, par l’exemple du patriarche Abraham que les hommes sont justifiés par la foi et non par la circoncision ou par les œuvres de la loi de Moïse. Il remarque dans cette vue que la justification consiste dans le pardon des péchés et qu’Abraham fut justifié par la foi et qu’il reçut les promesses de Dieu longtemps avant qu’il fût circoncis.
Après quoi il représente quelle avait été la vertu et l’efficace de la foi d’Abraham et il conclut que tous ceux qui croient en Jésus-Christ, mort et ressuscité, seraient justifiés par la foi, comme Abraham l’avait été par la sienne.
1 Quel avantage dirons-nous donc qu’Abraham, notre père selon la chair, a obtenu ?
2 Car si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non pas devant Dieu.
3 Car que dit l’Ecriture ? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice.
4 Or, la récompense qu’on donne à celui qui travaille est regardée, non comme une grâce, mais comme une chose qui lui est due.
5 Mais à l’égard de celui qui n’a point travaillé, mais qui croit en celui qui justifie le pécheur, sa foi lui est imputée à justice.
6 C’est aussi de cette manière que David exprime le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres, quand il dit :
7 Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts !
8 Heureux est l’homme à qui le Seigneur n’aura point imputé son péché !
9 Ce bonheur donc, est-il seulement pour ceux qui sont circoncis ? Ou est-il aussi pour les incirconcis ? car nous disons que la foi d’Abraham lui fut imputée à justice.
10 Mais quand lui a-t-elle été imputée ? Est-ce après qu’il a été circoncis, ou lorsqu’il ne l’était pas ? Ce n’a point été après qu’il eut reçu la circoncision, mais ç’a été avant qu’il l’eût reçue.
11 Puis il reçut le signe de la circoncision, comme un sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi, avant que d’être circoncis ; afin qu’il fût le père de tous ceux qui croient et qui ne sont pas circoncis, et que la justice leur fût aussi imputée ;
12 et afin qu’il fût aussi le père de ceux qui sont circoncis, savoir, de ceux qui ne sont point simplement circoncis, mais qui suivent les traces de la foi que notre père Abraham a eue avant que d’être circoncis.
13 En effet, la promesse d’avoir le monde pour héritage, n’a pas été faite à Abraham ou à sa postérité, par la loi, mais elle lui a été faite par la justice de la foi ;
14 car si ceux qui sont de la loi sont les héritiers, la foi est anéantie, et la promesse est vaine.
15 Car la loi produit la colère, parce qu’il n’y a point de transgression où il n’y a point de loi.
16 C’est donc par la foi que nous sommes héritiers, afin que ce soit par grâce, et afin que la promesse soit assurée à toute la postérité d’Abraham, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui imite la foi d’Abraham, qui est père de nous tous ;
17 selon qu’il est écrit : Je t’ai établi pour être père de plusieurs nations ; qui est, dis-je, notre père devant Dieu, auquel il avait cru, et qui fait revivre les morts, et appelle les choses qui ne sont point, comme si elles étaient.
18 Et Abraham, espérant contre tout sujet d’espérer, crut qu’il deviendrait le père de plusieurs nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité.
19 Et comme il n’était pas faible dans la foi, il n’eut point d’égard à ce que son corps était déjà amorti, puisqu’il avait près de cent ans, ni à ce que Sara n’était plus en âge d’avoir des enfants ;
20 et il n’eut point de doute ni de défiance sur la promesse de Dieu, mais il fut fortifié par sa foi, et par là il donna gloire à Dieu,
21 Etant pleinement persuadé que celui qui le lui avait promis était aussi puissant pour l’accomplir.
22 C’est pourquoi aussi cela lui fut imputé à justice.
23 Or, ce n’est pas seulement pour lui qu’il est écrit que cela lui avait été imputé à justice,
24 mais c’est aussi pour nous, à qui il sera aussi imputé ; pour nous, dis-je, qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur,
25 lequel a été livré pour nos offenses, et qui est ressuscité pour notre justification.
REFLEXIONS
Saint Paul enseigne dans ce chapitre d’une manière tout-à-fait claire ce que c’est que la justification et comment on peut y avoir part.
Il montre premièrement que la justification et la béatitude de l’homme pécheur consiste dans le pardon des péchés que Dieu accorde aux hommes par un effet de sa miséricorde et il fait voir ensuite que cette grâce s’obtient par la foi en Jésus-Christ et non par les œuvres de la loi de Moïse. C’est ce qu’il prouve très clairement en remarquant qu’Abraham avait été justifié par la foi et que les promesses avaient été faites à sa postérité plusieurs années avant qu’il fût circoncis. D’où il suit évidemment que ce n’était pas la circoncision, mais que c’était la foi qui l’avait rendu agréable à Dieu, qu’ainsi la circoncision n’était pas nécessaire pour être sauvé et que tous ceux qui imiteraient la foi de ce patriarche seraient réputés les enfants de sa postérité et justifiés comme lui.
Mais la manière dont l’Apôtre parle de la foi d’Abraham et de ses effets prouve aussi invinciblement qu’il est impossible d’être justifié et d’obtenir le salut si l’on ne croit pas comme Abraham crut et si la foi en Dieu et en ses promesses n’est pas efficace et agissante pour nous porter à tout attendre de lui, à espérer fermement ce qu’il nous a promis et à lui obéir même dans les choses les plus difficiles comme le dit ce Saint patriarche. C’est là une doctrine très importante que tous les chrétiens doivent bien comprendre et bien retenir et qui doit servir de règle non seulement à leurs sentiments, mais aussi à leur conduite.
Ce chapitre a trois parties : I. St. Paul y décrit les fruits de la justification et les admirables effets que la foi et la persuasion de l’amour de Dieu produisent dans les fidèles, même au milieu des afflictions et des persécutions. II. Il représente la grandeur de cet amour que Dieu a témoigné aux hommes en donnant son fils à la mort pour eux. III. Il montre que Jésus-Christ est seul la source de tous ces précieux avantages. Dans cette vue il compare Jésus-Christ avec Adam et il fait voir que si Adam avait assujetti tous les hommes sans exception au péché et à la mort, même ceux qui avaient vécu avant Moïse et à qui Dieu n’avait pas donné une loi expresse et révélée comme à Adam. À plus forte raison doit-on croire que la miséricorde de Dieu se répandrait sur tous les hommes par Jésus-Christ. D’où St. Paul conclut que notre Seigneur est l’auteur du salut et de la vie pour tous ceux qui croient véritablement en lui.
1 Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ,
2 qui nous a aussi fait avoir accès par la foi, à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu.
3 Et non-seulement cela, mais nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience,
4 et la patience produit l’épreuve, et l’épreuve produit l’espérance.
5 Or, l’espérance ne confond point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs, par le Saint-Esprit qui nous a été donné.
6 Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ est mort en son temps, pour nous qui étions des méchants.
7 Car, à peine arrive-t-il que quelqu’un voulût mourir pour un homme de bien ; mais encore pourrait-il être que quelqu’un se résoudrait à mourir pour un bienfaiteur.
8 Mais Dieu fait éclater son amour envers nous, en ce que, lorsque nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous.
9 Etant donc maintenant justifiés par son sang, à plus forte raison serons-nous garantis par lui de la colère de Dieu.
10 Car si, lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, combien plutôt, étant déjà réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ?
11 Non-seulement cela ; mais nous nous glorifions même en Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ ; par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation.
12 C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, de même aussi la mort est passée sur tous les hommes, parce que tous ont péché.
13 Car jusqu’à la loi le péché a été dans le monde ; or, le péché n’est point imputé, quand il n’y a point de loi.
14 Mais la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient point péché par une transgression semblable à celle d'Adam, qui était la figure de celui qui devait venir.
15 Mais il n’en est pas du don de la grâce de Dieu, comme du péché. Car, si par le péché d’un seul plusieurs sont morts, combien plus la grâce de Dieu, et le don qu’il nous a fait en sa grâce d’un seul homme, qui est Jésus-Christ, se répandront-ils abondamment sur plusieurs.
16 Et il n’en est pas de ce don, comme de ce qui est arrivé par un seul homme qui a péché ; car le jugement de condamnation vient d’un seul péché ; mais le don de la grâce nous justifie de plusieurs péchés.
17 Car, si par le péché d’un seul homme la mort a régné par ce seul homme, combien plus ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils dans la vie par un seul, savoir, par Jésus-Christ.
18 Comme donc c’est par un seul péché que la condamnation est venue sur tous les hommes, de même c’est par une seule justice que tous les hommes recevront la justification qui donne la vie.
19 Car, comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs ; ainsi par l’obéissance d’un seul plusieurs seront rendus justes.
20 Or, la loi est survenue pour faire abonder le péché ; mais où le péché a abondé, la grâce y a surabondé ;
21 afin que comme le péché a régné pour donner la mort, ainsi la grâce régnât par la justice, pour donner la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur.
REFLEXIONS
Nous devons reconnaître par la lecture de ce chapitre :
I. Combien l’état des vrais fidèles est heureux, puisqu’étant justifiés par la foi, ils ont une persuasion si ferme et un sentiment si vif et si doux de l’amour de Dieu et qu’ils se réjouissent continuellement dans l’attente de la gloire du Ciel, même au milieu des plus grandes afflictions. II. Il faut bien méditer ce qui est dit ici de ce grand amour que Dieu a témoigné aux hommes pécheurs en livrant son fils à la mort pour eux et dont il est surtout animé en faveur de ceux qui sont reconciliés avec lui et qui croient sincèrement à l’Évangile. Nous trouvons dans cette considération de puissants motifs à la reconnaissance et elle est aussi très propre à remplir les fidèles de consolation et à les affermir dans l’amour de Dieu.
III. La comparaison que Saint Paul fait dans ce chapitre entre Adam et Jésus-Christ tend à montrer que notre Seigneur est venu délivrer les hommes du péché et de la mort à laquelle ils étaient tous sujet par la chute d’Adam. Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.
Mais nous devons reconnaître par cela même qu’il n’y a que ceux qui ont part à la justice et à la vie de Jésus-Christ qui puissent obtenir le salut et que ceux qui ne reçoivent pas ce grand sauveur par une véritable foi et qui imitent Adam dans sa désobéissance demeurent dans la condamnation et dans la mort.
Le dessein de Saint Paul dans ce chapitre est de montrer qu’en enseignant, comme il venait de faire, que les hommes sont justifiés par la foi en Jésus-Christ et que la grâce de Dieu avait abondé, même sur les plus grands pécheurs, cette doctrine n’autorisait en aucune façon les chrétiens à demeurer dans le péché, mais qu’au contraire elle les en retirait puissamment et que le baptême les engageait à vivre dans la sainteté.
Il fait voir dans la même vue que tant s’en faut qu’il nous soit permis de pécher parce que nous ne sommes plus sous la loi mais que nous sommes sous la grâce, la grâce nous retire de la servitude et de l’esclavage du péché pour nous rendre esclave de Dieu, c’est-à-dire pour nous consacrer entièrement à son service.
1 Que dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ?
2 Dieu nous en garde ! car nous qui sommes morts au péché, comment y vivrions-nous encore ?
3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ?
4 Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort, par le baptême, afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie nouvelle.
5 Car, si nous avons été faits une même plante avec lui, par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection ;
6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, et que nous ne fussions plus asservis au péché.
7 Car celui qui est mort, est affranchi du péché.
8 Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui,
9 Sachant que Christ, étant ressuscité des morts, ne meurt plus, et que la mort n’a plus de pouvoir sur lui.
10 Car s’il est mort, il est mort une seule fois pour le péché ; mais maintenant qu’il est vivant, il est vivant pour Dieu.
11 Vous aussi, mettez-vous bien dans l’esprit que vous êtes morts au péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.
12 Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises ;
13 et ne livrez point vos membres au péché, pour servir d’instruments d’iniquité ; mais donnez-vous à Dieu, comme étant devenus vivants, de morts que vous étiez, et consacrez vos membres à Dieu, pour être des instruments de justice.
14 Car le péché n’aura point de domination sur vous, parce que vous n’êtes point sous la loi, mais sous la grâce.
15 Quoi donc, pécherons-nous, parce que nous ne sommes point sous la loi, mais sous la grâce ? Dieu nous en garde !
16 Ne savez-vous pas bien que quand vous vous rendez esclaves de quelqu’un pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance pour la justice ?
17 Mais grâces à Dieu, de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de tout votre cœur, en vous conformant à la doctrine qui vous a été donnée pour règle.
18 Ayant donc été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice.
19 Je parle suivant l’usage des hommes, pour m’accommoder à votre faiblesse. Comme donc vous avez livré vos membres pour servir à l’impureté et à l’injustice, et pour commettre l’iniquité, donnez aussi maintenant vos membres pour servir à la justice dans la sainteté.
20 Car, lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice.
21 Quel fruit tiriez-vous donc alors des choses dont vous avez honte présentement ? Car leur fin est la mort.
22 Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ;
23 car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur.
REFLEXIONS
La doctrine qui est contenue dans ce chapitre doit être bien considérée. Elle revient à ceci :
I. Que nous ne devons pas croire que parce que la grâce de Jésus-Christ s’est répandue sur les hommes qui étaient engagés dans une grande corruption, il nous soit permis de vivre dans le péché ;
II. Que, bien loin de là, le baptême que nous avons reçu et la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité nous obligent de la manière la plus forte à renoncer au péché et à mener une vie spirituelle et semblable à celle de notre Seigneur ;
III. Que ce serait une chose bien indigne de notre vocation et de notre état de chrétien si le péché régnait en nous et si nous nous laissions entraîner par les désirs déréglés de la chair, mais que nous devons plutôt nous attacher à Dieu, ne vivre que pour lui et employer nos corps et nos âmes à sa gloire et à son service. ;
IV. Que c’est abuser de la doctrine de la grâce et faire un grand outrage à Jésus-Christ et à l’Évangile de s’imaginer que l’on peut pécher sans rien craindre sous prétexte que nous ne sommes plus sous la loi, mais que nous sommes sous la grâce, qu’au contraire l’effet que la grâce doit produire et le but pour lequel elle nous a été donnée est de nous affranchir de l’esclavage honteux du péché pour nous soumettre et nous assujettir entièrement à Dieu et à la justice et nous faire porter les fruits de la sainteté afin que nous obtenions la vie éternelle.
Ce sont là des vérités tout à fait importantes et ce chapitre où elles sont contenues doit être lu et médité avec un soin particulier.
L’Apôtre, avait enseigné dans le chapitre qui précédé que quoi que les chrétiens ne soient plus sous la loi, mais qu’ils sont sous la grâce, il ne leur est en aucune façon permis de vivre dans le péché, il confirme encore cette doctrine dans ce chapitre. Il y fait voir : I. Que comme une femme a la liberté de se remarier après la mort de son mari, les chrétiens avaient pu quitter la loi de Moïse pour s’attacher à l’Évangile et qu’ils n’avaient été affranchis de la loi que pour être assujettis à Jésus-Christ qui les appelle et qui les forme à la vraie sainteté. II. Il montre ensuite que ce changement leur était très avantageux, puisque par ce moyen ils étaient en état de porter des fruits de justice et de servir Dieu dans un esprit nouveau. Pour mieux expliquer sa pensée, il dit que la loi était sainte et bonne en elle-même, qu’elle n’était point la cause du péché, mais qu’elle n’avait pas la même efficace que l’Évangile a pour sanctifier les hommes et pour les affranchir de leur corruption. C’est dans ce dessein que l’apôtre représente en sa personne l’état d’un homme qui vit sous la loi et qui est assujetti au péché et à la mort et qu’il rend grâce à Dieu de ce qu’il a été délivré de cet état-là par Jésus-Christ notre Seigneur.
1 Ne savez-vous pas, mes frères (car je parle à des personnes qui connaissent la loi), que la loi n’a de pouvoir sur l’homme que pendant qu’il est en vie ?
2 Car une femme qui est sous la puissance d’un mari, est liée par la loi à son mari, tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari.
3 Si donc, durant la vie de son mari, elle épouse un autre homme, elle sera appelée adultère ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de cette loi, en sorte qu’alors elle n’est point adultère, si elle épouse un autre mari.
4 Ainsi, mes frères, vous êtes aussi morts à l’égard de la loi, par le corps de Christ, pour être à un autre, savoir, à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu.
5 Car quand nous étions dans la chair, les passions des péchés qui s’excitent par la loi, agissaient dans nos membres et produisaient des fruits pour la mort.
6 Mais maintenant, nous sommes délivrés de la loi, étant morts à celle sous laquelle nous étions retenus, afin que nous servions Dieu dans un esprit nouveau, et non point selon la lettre, qui a vieilli.
7 Que dirons-nous donc ? La loi est-elle la cause du péché ? Dieu nous en garde ! Au contraire, je n’ai connu le péché que par la loi ; car je n’eusse point connu la convoitise, si la loi n’eût dit : Tu ne convoiteras point.
8 Mais le péché, ayant pris occasion du commandement, a produit en moi toute sorte de convoitise ; car sans la loi le péché est mort.
9 Car autrefois que j’étais sans loi, je vivais ; mais quand le commandement est venu, le péché a repris la vie,
10 et moi, je suis mort ; de sorte qu’il s’est trouvé que le commandement, qui m’était donné pour avoir la vie, m’a donné la mort.
11 Car le péché, prenant occasion du commandement, m’a séduit, et m’a fait mourir par le commandement même.
12 La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon.
13 Ce qui est bon m’a-t-il donc donné la mort ? Nullement ; mais le péché, pour paraître péché, m’a causé la mort par une chose qui était bonne, en sorte que le péché a pris de nouvelles forces par le commandement.
14 Car nous savons que la loi est spirituelle ; mais je suis charnel, vendu au péché.
15 Car je n’approuve point ce que je fais, parce que je ne fais point ce que je voudrais faire, mais je fais ce que je hais.
16 Or, si je fais ce que je ne voudrais pas faire, je reconnais par-là que la loi est bonne.
17 Ce n’est donc plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.
18 Car je sais que le bien n’habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair, parce que j’ai bien la volonté de faire ce qui est bon ; mais je ne trouve pas le moyen de l’accomplir.
19 Car je ne fais pas le bien que je voudrais faire ; mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire.
20 Que si je fais ce que je ne voudrais pas faire, ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.
21 Je trouve donc cette loi en moi : c’est que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.
22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur ;
23 mais je vois une autre loi dans mes membres, qui combat contre la loi de mon esprit, et qui me rend captif sous la loi du péché, qui est dans mes membres.
24 Misérable que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ?
25 Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. Je sers donc moi-même, de l’esprit, à la loi de Dieu, mais de la chair, à la loi du péché.
REFLEXIONS
C’est ici un chapitre qui doit être bien entendu et dont il ne faut pas abuser.
Le dessein de St. Paul est d’y enseigner que la doctrine de la grâce tend à sanctifier les hommes, comme il l’avait établi dans le chapitre précédent. Ainsi quand il parle d’un homme charnel vendu au péché en qui il n’y a aucun bien, qui est esclave de la loi du péché, qui ne fait pas le bien qu’il approuve et fait le mal qu’il désapprouve, il ne faut pas croire qu’il ait voulu parler d’un homme régénéré et d’un chrétien en qui l’esprit de Jésus-Christ habite. Car l’Apôtre dit dans ce même chapitre que les chrétiens sont délivrés de cet état de péché et de condamnation afin qu’ils portent des fruits pour Dieu et qu’ils le servent dans un esprit nouveau et il enseigne dans le chapitre suivant que les fidèles ne sont plus sous l’esclavage de la chair et du péché et qu’ils ont été affranchis par Jésus-Christ notre Seigneur.
Mais Saint Paul a voulu représenter en sa personne, par une manière de parler figurée et qui lui est ordinaire, l’état d’un homme qui est sous la loi et qui, n’ayant pas la foi et l’esprit de Jésus-Christ, est esclave de ses passions. La doctrine de l’Apôtre revient donc à ceci que la loi n’avait pas la même vertu que l’Évangile a pour délivrer les hommes de leur corruption et pour les sanctifier, d’où il suit que bien loin que la doctrine de la justification par la foi leur donne la liberté de pécher, elle tend à les rendre saints et à les délivrer de la servitude des passions et qu’ainsi ceux qui sont encore engagés dans cette servitude et en qui les désirs de la chair règnent n’ont pas une véritable foi et n’appartiennent point à Jésus-Christ.
St. Paul continue à montrer que les chrétiens ne sont plus assujettis à la condamnation et au péché comme ceux qui sont sous la loi et qu’ils se conduisent non par les mouvements de la chair, mais par ceux de l’esprit de Dieu. Et de là il conclut que les fidèles étaient dans une obligation indispensable de renoncer aux désirs de la chair et de vivre selon l’esprit comme étant des enfants de Dieu et les héritiers de son royaume.
Et parce qu’on aurait pu croire que les chrétiens n’étaient pas réconciliés avec Dieu puisqu’ils étaient exposés aux persécutions, l’Apôtre fait voir que ces persécutions n’empêchent pas qu’ils n’eussent part à l’amour de Dieu. C’est ce qu’il exprime en disant que toutes les créatures, c’est-à-dire les fidèles, souffraient de grands maux mais qu’ils attendaient cependant avec une ferme espérance la manifestation de la gloire des enfants de Dieu.
Saint Paul ajoute que Dieu les soutenait par son esprit dans leurs souffrances, qu’il exauçait leurs prières et que les afflictions, bien loin de leur nuire, contribuaient à leur bonheur, Dieu ayant arrêté que les fidèles parviendraient à la gloire par les souffrances comme Jésus-Christ.
De tout cela, l’Apôtre il conclut que le bonheur des élus de Dieu est assuré et que, Dieu leur ayant donné son propre fils qui est mort et ressuscité, et qui intercède pour eux dans le Ciel, il n’y a aucune créature, ni aucuns maux qui puissent les empêcher de parvenir à la félicité éternelle.
1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent, non selon la chair, mais selon l’esprit ;
2 parce que la loi de l’esprit de vie qui est en Jésus-Christ, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort.
3 Car ce qui était impossible à la loi, à cause qu’elle était faible dans la chair, Dieu l’a fait, en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle des hommes pécheurs, et pour le péché, et il a condamné le péché dans la chair ;
4 afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit.
5 Car ceux qui sont conduits par la chair, s’affectionnent aux choses de la chair ; mais ceux qui sont conduits par l’esprit, s’affectionnent aux choses de l’esprit.
6 Car l’affection de la chair donne la mort ; mais l’affection de l’esprit produit la vie et la paix ;
7 parce que l’affection de la chair est ennemie de Dieu ; car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; et aussi elle ne le peut.
8 C’est pourquoi ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu.
9 Or, vous n’êtes point dans la chair, mais vous êtes dans l’esprit, s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a point l’Esprit de Christ, il n’est point à lui.
10 Et si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vivant à cause de la justice.
11 Si donc l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts, habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous.
12 Ainsi, mes frères, nous ne sommes point redevables à la chair, pour vivre selon la chair.
13 Car, si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous mortifiez les œuvres du corps, vous vivrez.
14 Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, sont enfants de Dieu.
15 Ainsi vous n’avez point reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, c’est-à-dire, Père.
16 C’est ce même Esprit qui rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu.
17 Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers, dis-je, de Dieu, et cohéritiers de Christ ; si toutefois nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui.
18 Car j’estime qu’il n’y a point de proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir, qui doit être manifestée en nous.
19 Aussi les créatures attendent-elles, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés ;
20 car ce n’est pas volontairement que les créatures sont assujetties à la vanité, mais c’est à cause de celui qui les y a assujetties.
21 Et elles espèrent qu’elles seront aussi délivrées de la servitude de la corruption, pour être dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu.
22 Car nous savons que toutes les créatures ensemble soupirent, et sont comme en travail jusqu’à maintenant ;
23 et non-seulement elles, mais nous aussi, qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous-mêmes, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, savoir, la rédemption de notre corps.
24 Car nous ne sommes sauvés qu’en espérance. Or, quand on voit ce qu’on avait espéré, ce n’est plus espérance ; car comment espérerait-on ce qu’on voit ?
25 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons point, c’est que nous l’attendons avec patience.
26 Et même aussi l’Esprit nous soulage dans nos faiblesses ; car nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des soupirs qui ne se peuvent exprimer.
27 Mais celui qui sonde les cœurs, connaît quelle est l’affection de l’Esprit, lorsqu’il prie pour les saints, selon la volonté de Dieu.
28 Or, nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, savoir, à ceux qui sont appelés, selon le dessein qu’il en avait formé.
29 Car ceux qu’il avait auparavant connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils ; afin qu’il soit le premier-né entre plusieurs frères ;
30 et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
31 Que dirons-nous donc à tout cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
32 Lui, qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ?
33 Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu est celui qui les justifie.
34 Qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et qui, de plus, est ressuscité, qui est assis à la droite de Dieu, et qui intercède même pour nous.
35 Qui nous séparera de l’amour de Christ ? Sera-ce l’affliction, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ?
36 Selon qu’il est écrit : Nous sommes livrés à la mort tous les jours à cause de toi, et on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie.
37 Au contraire, dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs, par celui qui nous a aimés.
38 Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir,
39 Ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre créature, ne nous pourra séparer de l’amour que Dieu nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur.
REFLEXIONS
Les instructions que la première partie de ce chapitre nous donne sont :
I. Que l’état des vrais fidèles est très heureux puisqu’il n’y a plus de condamnation pour eux et qu’ils sont affranchis du péché et de la mort par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ et par l’efficace de son esprit ;
II. Que la vraie et la plus sûre marque à laquelle on reconnait ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, c’est qu’ils ne vivent pas selon la chair, mais qu’ils en mortifient les désirs, qu’ils sont affectionnés aux choses spirituelles et qu’ils suivent les mouvements de l’esprit de Dieu dans toute leur conduite ;
III. Qu’ainsi les chrétiens doivent s’étudier à une vie sainte, que ceux qui vivent dans le péché n’ont point l’esprit de Jésus-Christ, qu’ils ne peuvent plaire à Dieu et qu’ils demeurent engagés dans la mort, mais que ceux qui travaillent à mortifier les passions du corps ont part à la vie spirituelle et à l’héritage que Dieu réserve à tous ses enfants.
La seconde partie de ce chapitre nous enseigne
I. Que les afflictions et les maux de cette vie ne sont point à comparer avec la gloire céleste et que tant s’en faut que ces maux empêchent le bonheur des enfants de Dieu, qu’au contraire ils y contribuent et qu’en général toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ;
II. Que les fidèles et ceux que Dieu aime le plus soupirent et gémissent en attendant cette grande gloire qui leur est destinée, qu’ils passent même quelquefois par de grandes épreuves, mais que cependant Dieu les soutient et les console dans leurs combats par son esprit et qu’il se sert des afflictions mêmes pour les conduire à la gloire et pour les rendre conforme à Jésus-Christ.
III. L’Apôtre nous assure que Dieu glorifiera infailliblement tous ses élus, que ,leur ayant donné son fils, il n’est pas possible qu’il ne leur accorde tout ce qui leur est nécessaire, que la mort de Jésus-Christ, sa résurrection, son entrée dans le Ciel et son intercession les remplissent d’une ferme confiance au milieu des plus grands maux et qu’il n’y a aucune créature, ni dans le ciel, ni sur la terre qui puisse les séparer de l’amour de Dieu.
Ces considérations sont très propres pour soutenir et pour consoler les fidèles dans leurs afflictions, pour les remplir de joie et d’espérance et pour les affermir de plus en plus dans l’amour de Dieu et dans la piété.
L’Apôtre ayant enseigné que les païens avaient part à la grâce de Dieu aussi bien que les Juifs, répond à ce qu’on aurait pu lui opposer qu’il s’ensuivait de sa doctrine que les Juifs, qui étaient le peuple que Dieu avait élu, étaient exclus de ses promesses et que les Gentils, qui ne descendaient pas d’Abraham, étaient devenus le peuple de Dieu. Il déclare sur cela :
I. Qu’il aimait tendrement les Juifs jusque-là qu’il voudrait se dévouer à la mort et être traité comme le dernier des hommes si cela pouvait contribuer à leur salut.
II. Il montre après cela que tous ceux qui descendent d’Abraham ne sont pas regardés comme sa postérité, ni compris dans l’alliance divine. C’est ce qu’il fait voir par l’exemple d’Isaac que Dieu choisi plutôt qu’Ismaël qui était aussi fils d’Abraham et par l’exemple de Jacob qui fut choisi préférablement à Ésaü, quoique tous deux eussent le même père et la même mère et qu’ils fussent jumeaux.
Saint Paul établit ensuite que Dieu peut recevoir dans son alliance et élire pour le salut ceux qu’il trouve à propos et que les hommes n’ont aucun sujet de s’en plaindre puisqu’il est libre dans la distribution de ses grâces et qu’il ne fait rien, même à l’égard des méchants, qu’avec justice et avec bonté, usant d’un grand support envers eux et ne les rejetant qu’à cause de leur endurcissement.
Enfin, il conclut de tout ce qu’il avait dit que Dieu avait pu appeler les païens au salut, ce qu’il confirme dans les oracles des prophètes qui avaient clairement prédit la vocation des Gentils et la réjection des Juifs.
1 Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, et ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit,
2 que j’ai une grande tristesse, et un continuel tourment dans le cœur.
3 Car je désirerais moi-même d’être anathème à cause de Jésus-Christ, pour mes frères, qui sont mes parents selon la chair ;
4 qui sont Israélites, à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, l’établissement de la loi, le service divin et les promesses ;
5 qui descendent des pères, et de qui est sorti, selon la chair, Christ, qui est Dieu au-dessus de toutes choses, béni éternellement. Amen.
6 Cependant il n’est pas possible que la parole de Dieu soit anéantie ; car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas pour cela d’Israël ;
7 et pour être la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : C’est en Isaac que ta postérité sera appelée de ton nom ;
8 c’est-à-dire, que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu ; mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité d’Abraham.
9 Car, voici les termes de la promesse : Je reviendrai en cette même saison, et Sara aura un fils.
10 Et non-seulement cela ; mais la même chose arriva aussi à Rébecca, quand elle eut conçu en une fois deux enfants d’Isaac, notre père.
11 Car, avant que les enfants fussent nés, et qu’ils eussent fait ni bien ni mal, afin que ce que Dieu avait arrêté par le choix qu’il avait fait, demeurât ferme ;
12 non à cause des œuvres, mais par la volonté de celui qui appelle, il lui fut dit : L’aîné sera assujetti au plus jeune.
13 C’est ainsi qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü.
14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l’injustice en Dieu ? Nullement.
15 Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à celui à qui je ferai miséricorde ; et j’aurai pitié de celui de qui j’aurai pitié.
16 Cela ne vient donc point ni de celui qui veut, ni de celui qui court ; mais de Dieu qui fait miséricorde.
17 Car l’Ecriture dit, touchant Pharaon : C’est pour cela que je t’ai fait subsister, afin de faire voir en toi ma puissance, et afin que mon nom soit célébré par toute la terre.
18 Il fait donc miséricorde à qui il veut, et il endurcit celui qu’il veut.
19 Mais tu me diras : Pourquoi se plaint-il encore ? Car qui est-ce qui peut résister à sa volonté ?
20 Mais plutôt, toi, homme, qui es-tu, pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ?
21 Un potier n’a-t-il pas le pouvoir de faire, d’une même masse de terre, un vaisseau pour des usages honorables, et un autre vaisseau pour des usages vils ?
22 Et qu’y a-t-il à dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience les vaisseaux de colère, disposés à la perdition ?
23 Et pour faire connaître les richesses de sa gloire dans les vaisseaux de miséricorde, qu’il a préparés pour la gloire,
24 et qu’il a aussi appelés, savoir, nous, non-seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les Gentils,
25 Selon qu’il le dit en Osée : J’appellerai mon peuple, celui qui n’était point mon peuple, et la bien-aimée, celle qui n’était point la bien-aimée ;
26 et il arrivera que dans le lieu où il leur avait été dit : Vous n’êtes point mon peuple, là même ils seront appelés les enfants du Dieu vivant.
27 Aussi Esaïe s’écrie-t-il à l’égard d’Israël : Quand le nombre des enfants d’Israël égalerait le sable de la mer, il n’y en aura qu’un petit reste de sauvé.
28 Car le Seigneur va achever et décider la chose avec justice ; le Seigneur va faire une grande diminution sur la terre.
29 Et comme Esaïe avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées ne nous eût laissé quelque reste de notre race, nous serions devenus comme Sodome, et nous aurions été semblables à Gomorrhe.
30 Que dirons-nous donc ? C’est que les Gentils, qui ne cherchaient point la justice, sont parvenus à la justice, je dis la justice qui est par la foi ;
31 et qu’Israël, qui cherchait la loi de la justice, n’est point parvenu à la loi de la justice.
32 Pourquoi ? Parce qu’ils ne l’ont point cherchée par la foi, mais par les œuvres de la loi ; car ils ont heurté contre la pierre d’achoppement ;
33 selon qu’il est écrit : Voici, je mets en Sion la pierre d’achoppement et la pierre de scandale ; mais quiconque croira en lui, ne sera point confus.
REFLEXIONS
L’abrégé et la substance de ce chapitre est que Dieu, qui est le maître de toutes choses et avec cela parfaitement juste et souverainement bon, peut faire part de ses grâces à ceux qu’il trouve à propos, sans que les hommes aient aucun sujet de s’en plaindre et qu’ainsi il a pu destiner le salut aux païens aussi bien qu’aux Juifs et même rejeter justement les Juifs incrédules comme les prophètes l’avaient expressément prédit.
Cette doctrine nous engage à louer la miséricorde du Seigneur qui a bien voulu nous appeler à son alliance, nous qui étions païens d’origine, et à reconnaître que si nous sommes élus pour le salut, c’est à la seule grâce de Dieu que nous en sommes redevables.
Nous devons considérer après cela que, comme tous ceux qui descendaient d’Abraham n’avaient pas part aux promesses de Dieu et que même les Juifs à qui ces promesses avaient été faites furent rejetés, nonobstant les privilèges de leur vocation pour n’avoir pas cru en Jésus-Christ, aussi les avantages de l’alliance divine ne nous serviront de rien si nous ne répondons pas à la bonté du Seigneur envers nous et si nous nous excluons nous-mêmes du salut par notre ingratitude et par notre incrédulité.
I. Saint Paul continue à parler de la réjection des Juifs et de la vocation des Gentils. Il fait paraître une tendre affection pour les Juifs, il leur rend même témoignage qu’ils avaient la plupart du zèle pour Dieu, mais il dit qu’ils avaient rejeté l’Évangile parce qu’ils cherchaient leur justice dans la loi de Moïse, ne comprenant pas que la loi les conduisait à Jésus-Christ.
II. Il fait voir ensuite par les paroles de Moïse que la foi est un moyen beaucoup plus facile d’être justifié devant Dieu que la loi ne l’était et que ce moyen d’obtenir le salut consiste à croire de cœur en Jésus-Christ et à faire une profession publique de sa doctrine.
III. Il dit que ce salut était offert à tous les hommes par la prédication de l’Évangile et il prouve par les prophètes et en particulier par les oracles de Moïse et d’Ésaïe que les païens devaient être appelés et que les Juifs devaient être rejetés à cause de leur endurcissement et de leur incrédulité.
1 Mes frères, le souhait de mon cœur, et la prière que je fais à Dieu pour les Israélites, c’est qu’ils soient sauvés.
2 Car je leur rends ce témoignage, qu’ils ont du zèle pour Dieu ; mais ce zèle est sans connaissance ;
3 parce que, ne connaissant point la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne sont point soumis à la justice de Dieu.
4 Car Christ est la fin de la loi, pour justifier tous ceux qui croient.
5 En effet, Moïse décrit la justice qui est par la loi, en disant, que l’homme qui fera ces choses vivra par elles.
6 Mais la justice qui est par la foi parle ainsi : Ne dis point en ton cœur : Qui montera au ciel ? C’est vouloir en faire descendre Christ ;
7 ou, qui descendra dans l’abîme ? C’est rappeler Christ d’entre les morts.
8 Mais que dit-elle ? La parole est proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. C’est là la parole de la foi que nous prêchons ;
9 car, si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé ;
10 parce qu’on croit du cœur, pour obtenir la justice, et que l’on fait confession de la bouche, pour obtenir le salut.
11 Car l’Ecriture dit : Quiconque croit en lui, ne sera point confus.
12 Ainsi il n’y a point de distinction entre le Juif et le Grec, parce qu’ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent.
13 Car quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé.
14 Mais comment invoqueront-ils celui auquel ils n’ont point cru ? Et comment croiront-ils en celui duquel ils n’ont point ouï parler ? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a quelqu’un qui le leur prêche ?
15 Et comment le prêchera-t-on, s’il n’y en a pas qui soient envoyés ? selon ce qui est écrit : Que les pieds de ceux qui annoncent la paix sont beaux, de ceux, dis-je, qui annoncent de bonnes nouvelles !
16 Mais tous n’ont pas obéi à l’évangile ; car Esaïe dit : Seigneur, qui a cru à notre prédication ?
17 La foi vient donc de ce qu’on entend ; et ce qu’on entend, vient de la parole de Dieu.
18 Mais je demande, ne l’ont-ils point entendue ? Au contraire, la voix de ceux qui l’ont prêchée, est allée par toute la terre, et leurs paroles se sont fait entendre jusqu’aux extrémités du monde.
19 Je demande encore : Israël n’en a-t-il point eu de connaissance ? Moïse a dit le premier : Je vous provoquerai à la jalousie par un peuple qui n’est pas mon peuple ; je vous exciterai à l’indignation par une nation privée d’intelligence.
20 Et Esaïe parle encore plus hardiment, et dit : J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient point, et je me suis manifesté clairement à ceux qui ne s’informaient point de moi.
21 Mais à l’égard d’Israël, il dit : J’ai tout le jour étendu mes mains vers un peuple rebelle et contredisant.
REFLEXIONS
Nous apprenons ici :
I. Qu’il n’y a point de moyen de parvenir au salut que celui qui nous est présenté en Jésus-Christ et que ceux qui cherchent d’autres moyens que celui-là ne sauraient être sauvés ;
II. Que la voie que l’Évangile prescrit pour être justifié n’a rien qui soit au-dessus de nos forces et qui ne soit même très facile et qu’ainsi nous sommes inexcusables si nous ne prévalons pas d’un si précieux avantage.
III. Saint Paul nous apprend dans ce chapitre que tous ceux qui croient en Jésus-Christ du cœur et qui le confessent de leur bouche seront sauvés, ce qui fait voir qu’une foi sincère et une profession publique de l’Évangile sont d’une absolue nécessité pour le salut.
IV. L’Apôtre nous enseigne de plus que Dieu a voulu que sa grâce fût offerte à tous les hommes par l’Évangile, que la foi se produit par la prédication de la parole de Dieu et qu’afin que cette parole soit entendue, il faut qu’il y ait des personnes qui soient envoyées pour l’annoncer. Par là nous devons reconnaître la nécessité de la prédication de l’Évangile et le cas qu’on doit faire de la parole de Dieu et du ministère évangélique.
Enfin, nous voyons dans ce chapitre que la vocation des Gentils et l’incrédulité des Juifs avaient été formellement prédites.
Ce qu’il y a à considérer là-dessus, c’est :
- D’un côté que Dieu avait prévu et prédit longtemps à l’avance ce qui devait arriver un jour tant aux Juifs qu’aux païens, ce qui prouve d’une manière invincible qu’il y a une providence qui conduit toute chose et que la religion chrétienne est d’une origine céleste,
- D’un autre côté cela nous avertit que les chrétiens qui n’obéissent pas à l’Évangile et qui sont rebelles à la vocation divine seront privés du salut comme les Juifs le furent autrefois et que même la punition de ces chrétiens sera beaucoup plus.
Saint Paul, après avoir parlé de la réjection des Juifs demande si Dieu avait rejeté entièrement ce peuple qu’il avait choisi ? Il répond à cela deux choses.
L’une, que tous les Juifs n’étaient pas rejetés et que, comme du temps d’Élie, il y avait encore un grand nombre d’adorateur du vrai Dieu dans le royaume d’Israël, il y avait aussi plusieurs Juifs qui avaient cru en Jésus-Christ et qui croiraient encore, mais que le reste de cette nation était demeurée dans l’incrédulité selon les oracles des prophètes.
L’autre chose que Saint Paul répond, c’est que les Juifs n’étaient pas rejetés pour toujours, qu’ils ne l’étaient que pour un temps et que leur chute avait donné occasion à la vocation des païens, mais qu’un jour ils rentreraient dans l’alliance de Dieu.
Ensuite, l’Apôtre exhorte les Gentils à profiter de la bonté de Dieu envers eux et de sa sévérité envers les juifs, de peur que, s’ils s’élevaient par orgueil et s’ils devenaient incrédules, ils ne fussent aussi retranchés. C’est dans cette vue qu’il se sert de la comparaison de l’olivier sauvage qui aurait été enté sur un olivier franc, voulant marquer par cet olivier sauvage les Gentils et par l’olivier franc les Juifs.
Enfin, il prédit ouvertement la conversion des Juifs, il la prouve par les prophètes et il conclut cette matière en adorant la sagesse et la miséricorde de Dieu qui paraissent dans la conduite qu’il a tenu envers les païens et envers les Juifs et dans ce qui doit encore arriver aux uns et aux autres avant la fin du monde.
1 Je demande donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Nullement ; car je suis moi-même Israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin.
2 Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu auparavant. Ne savez-vous pas ce que l’Ecriture rapporte d’Elie, comme il fit à Dieu cette plainte contre Israël :
3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, et ils ont démoli tes autels ; et je suis demeuré seul, et ils cherchent à m’ôter la vie.
4 Mais qu’est-ce que Dieu lui répondit ? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n’ont point fléchi le genou devant Bahal.
5 Il y en a donc aussi en ce temps qui ont été réservés, selon l’élection de la grâce.
6 Que si c’est par la grâce, ce n’est plus par les œuvres ; autrement, la grâce ne serait plus une grâce ; et si c’est par les œuvres, ce n’est plus par la grâce ; autrement, les œuvres ne seraient plus des œuvres.
7 Que dirons-nous donc ? C’est qu’Israël n’a point obtenu ce qu’il cherchait, mais les élus l’ont obtenu, et les autres ont été endurcis ;
8 selon qu’il est écrit : Dieu leur a donné un esprit d’étourdissement ; des yeux pour ne point voir, et des oreilles pour ne point entendre jusqu’à ce jour.
9 Et David dit : Que leur table leur devienne un filet et un piège ; qu’elle les fasse tomber ; et cela pour leur rétribution ;
10 que leurs yeux soient obscurcis pour ne point voir ; et fais que leur dos soit continuellement courbé.
11 Je demande donc : Ont-ils tellement bronché qu’ils soient tombés pour toujours ? A Dieu ne plaise ! Mais le salut a été annoncé aux Gentils par leur chute, afin de les exciter à la jalousie.
12 Or, si leur chute a fait la richesse du monde, et leur réduction à un petit nombre, la richesse des Gentils, que ne fera pas la conversion de ce peuple entier ?
13 Car c’est à vous, Gentils, que je parle, parce qu’étant l’apôtre des Gentils, je rends mon ministère glorieux,
14 pour donner, si je puis, de l’émulation à ceux qui sont de mon sang, et pour en sauver quelques-uns.
15 Car, si leur réjection est la réconciliation du monde, que sera leur rappel, sinon une résurrection d’entre les morts ?
16 Or, si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi.
17 Que si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, as été enté en leur place, et as été fait participant de la racine et du suc de l’olivier,
18 Ne t’élève pas contre les branches ; que si tu t’élèves, sache que ce n’est pas toi qui portes la racine, mais que c’est la racine qui te porte.
19 Tu diras : Les branches ont été retranchées, afin que j’y fusse enté.
20 Cela est vrai ; elles ont été retranchées à cause de leur incrédulité ; et toi, tu subsistes par la foi ; ne t’élève point par orgueil, mais crains.
21 Car si Dieu n’a point épargné les branches naturelles, prends garde qu’il ne t’épargne pas non plus.
22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu ; sa sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés, et sa bonté envers toi, pourvu que tu persévères dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché.
23 Et quant à ceux-là, s’ils ne persévèrent pas dans leur incrédulité, ils seront encore entés ; car Dieu a le pouvoir de les enter de nouveau.
24 Car, si tu as été coupé de l’olivier qui, de sa nature, était sauvage, et si, contre l’ordre de la nature, tu as été enté sur l’olivier franc ; combien plutôt les branches naturelles seront-elles entées sur leur propre olivier ?
25 Car, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne présumiez de vous-mêmes ; c’est que, si une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, ce n’est que jusqu’à ce que toute la multitude des Gentils soit entrée dans l’Eglise ;
26 et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : Le libérateur viendra, de Sion, et il éloignera de Jacob toute impiété.
27 Et c’est là l’alliance que je ferai avec eux, lorsque j’effacerai leurs péchés.
28 Il est vrai qu’ils sont encore ennemis par rapport à l’évangile, à cause de vous ; mais à l’égard de l’élection, ils sont aimés à cause de leurs pères ;
29 car les dons et la vocation de Dieu sont irrévocables.
30 Et comme vous avez été autrefois rebelles à Dieu, et que maintenant vous avez obtenu miséricorde par la rébellion de ceux-ci :
31 De même, ils ont été maintenant rebelles, afin qu’à l’occasion de la miséricorde qui vous a été faite, ils obtiennent aussi miséricorde.
32 Car Dieu les a tous renfermés dans la rébellion, pour faire miséricorde à tous.
33 O profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables, et que ses voies sont incompréhensibles !
34 Car qui est-ce qui a connu la pensée du Seigneur, ou, qui a été son conseiller ?
35 Ou, qui lui a donné quelque chose le premier, et il lui sera rendu ?
36 Car toutes choses sont de lui, et par lui, et pour lui : à lui soit la gloire dans tous les siècles. Amen.
REFLEXIONS
La réflexion générale qu’il faut faire sur tout ce chapitre c’est que Dieu n’avait pas rejeté entièrement les Juifs, puisque le temps doit venir auquel cette nation se convertira toute entière. Cela prouve la vérité des promesses de Dieu et confirme bien fortement la vérité de la religion et de la divinité de l’Écriture Sainte.
À cette considération générale il faut ajouter ces quatre réflexions particulières.
I. La première que comme du temps des apôtres et du temps d’Élie il y avait eu des fidèles parmi les Juifs et les Israélites, Dieu a aussi toujours des élus, même au milieu de la plus grande corruption.
II. Saint Paul marque l’usage que nous devons faire de la doctrine qu’il a enseignée dans cette épitre touchant la réjection des Juifs et la vocation des Gentils, c’est qu’elle doit nous donner de la crainte, nous inspirer des sentiments d’humilité et de reconnaissance à nous qui descendons des Païens et nous engager à profiter de la bonté de Dieu et à persévérer dans la foi, de peur qu’il ne nous arrive de perdre le droit que nous avons à sa grâce et au salut. III. Ce chapitre contient une prédiction très remarquable qui nous apprend qu’un jour la nation des Juifs embrassera l’Évangile et que tous les autres peuples entreront dans l’église. La divinité de l’Écriture et l’accomplissement des autres prédictions des prophètes doivent nous persuader de la certitude de ce grand et heureux événement. On peut même voir que Dieu veut rappeler un jour la nation des Juifs et qu’il la réserve pour cela, puisque cette nation subsiste toujours, quoiqu’elle soit dispersée par tout le monde depuis tant de siècles.
Ainsi nous devons attendre avec foi et avec joie l’accomplissement de cette prédiction, prier pour la venue du règne de Dieu et pour la conversion des Juifs et avoir toujours pour ce peuple, que Dieu aime encore une tendre compassion et une vraie charité.
Enfin, quand nous considérons cette conduite de Dieu, tant envers les païens qu’envers les Juifs et comment il se propose de les réunir tous un jour dans son église, cela doit nous inciter à adorer les voies du Seigneur, à célébrer sa miséricorde et sa sagesse et à dire avec St. Paul : Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables et ses voies incompréhensibles ! Toutes choses sont de lui, par lui et pour lui. À lui soit la gloire éternellement, amen !
Après que Saint Paul a montré que les Gentils avaient été appelés au salut par un effet de la grande miséricorde de Dieu, il parle dans le reste de cette épître des devoirs de la vie chrétienne et particulièrement de la charité et de la paix. Dans ce chapitre il fait trois choses : I. Il exhorte les fidèles à se consacrer au service de Dieu et à renoncer au monde. II. Il recommande aux chrétiens et surtout à ceux qui avaient quelque charge et quelque vocation dans l’église ou des dons qui les distinguaient des autres, d’exercer ces vocations et d’employer ces dons pour l’édification publique. III. Il les exhorte surtout à la charité, il marque les principaux devoirs de cette vertu tant par rapport à la conduite que les chrétiens devaient tenir entre eux que par rapport à la manière dont ils devaient en user envers ceux qui les persécutaient et qui ne les aimaient pas.
1 Je vous exhorte donc, mes frères, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable.
2 Et ne vous conformez point au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, afin que vous éprouviez que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite.
3 Or, j’avertis chacun de vous, par la grâce qui m’a été donnée, de n’avoir pas d’eux-mêmes une plus haute opinion qu’ils ne doivent, mais d’avoir des sentiments modestes, selon la mesure de la foi que Dieu a départie à chacun.
4 Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas une même fonction,
5 ainsi nous, quoique nous soyons plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ ; et nous sommes chacun en particulier les membres les uns des autres.
6 C’est pourquoi, puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée, que celui qui a le don de prophétie, l’exerce selon la mesure de la foi qu’il a reçue ;
7 que celui qui est appelé au ministère, s’attache à son ministère ; que celui qui a le don d’enseigner, s’applique à l’instruction ;
8 que celui qui est chargé d’exhorter, exhorte ; que celui qui distribue les aumônes, le fasse avec simplicité ; que celui qui préside, le fasse avec soin ; que celui qui exerce les œuvres de miséricorde, s’en acquitte avec joie.
9 Que la charité soit sincère. Ayez le mal en horreur, et attachez-vous fortement au bien.
10 Aimez-vous réciproquement d’une affection tendre et fraternelle ; prévenez-vous les uns les autres par honneur ;
11 ne soyez point paresseux à vous employer pour autrui. Soyez fervents d’esprit ; servez le Seigneur.
12 Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans l’affliction, persévérants dans la prière.
13 Prenez part aux nécessités des saints ; empressez-vous à exercer l’hospitalité.
14 Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez-les, et ne les maudissez point.
15 Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent.
16 Ayez les mêmes sentiments entre vous ; n’aspirez point aux choses relevées, mais marchez avec les humbles ; ne présumez pas de vous-mêmes.
17 Ne rendez à personne le mal pour le mal ; attachez-vous aux choses honnêtes devant tous les hommes.
18 S’il se peut faire, et autant qu’il dépend de vous, ayez la paix avec tous les hommes.
19 Ne vous vengez point vous-mêmes, mes bien-aimés, mais donnez lieu à la colère ; car il est écrit : C’est à moi que la vengeance appartient ; je le rendrai, dit le Seigneur.
20 Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela, tu lui amasseras des charbons de feu sur la tête.
21 Ne te laisse point surmonter par le mal ; mais surmonte le mal par le bien.
REFLEXIONS
Saint Paul, après avoir traité de la justification et de la vocation des Gentils, parle dans ce chapitre et dans les suivants, des devoirs de la morale chrétienne, nous apprend en général que le but de l’Évangile est la pratique de la sainteté et des bonnes œuvres et que c’est surtout l’effet que doit produire la doctrine de notre rédemption et la considération de la grande miséricorde que Dieu nous a témoignée en son fils.
Ce chapitre nous donne outre cela ces trois leçons :
I. La première que la vraie piété et le vrai service que Dieu demande de nous consiste à nous consacrer tout entier à lui, à renoncer au monde, à ne point nous conformer aux mondains dans leur manière de vivre et à être renouvelés dans notre esprit par une entière conformité à la volonté de Dieu.
II. La seconde, qu’étant tous membres du corps de Christ qui est l’église chrétienne, chacun de nous doit rapporter les dons qu’il a reçus à l’utilité de ses frères, c’est ce que doivent faire surtout ceux qui sont appelés à quelque emploi dans l’église, en s’en acquittant avec zèle et avec intégrité.
III. La troisième que la charité est le plus important de nos devoirs et qu’elle les renferme tous. L’Apôtre spécifie ici les principaux devoirs auxquels la charité engage les chrétiens.
C’est premièrement de s’aimer sincèrement les uns les autres, de se rendre mutuellement toutes sortes de bons offices, de prendre part aux biens et aux maux qui arrivent à leurs frères, de consoler et d’assister ceux qui sont dans la souffrance et de vivre entre eux dans un esprit de paix, d’union et d’humilité.
Après cela, la charité règle notre conduite à l’égard de ceux qui ne nous aiment pas ou qui nous font du mal. Elle nous oblige à les aimer, à les bénir, à tâcher d’avoir la paix avec eux, à nous abstenir de la vengeance et à rendre le bien pour le mal qu’on nous a fait.
Ce sont là les devoirs les plus essentiels de la religion que nous professons et nous ne sommes chrétiens qu’autant que nous nous attachons à les pratiquer.
Saint Paul parle dans ce chapitre :
I. Du devoir envers les puissances supérieures. II. De l’amour du prochain qui est l’abrégé de la loi de Dieu. III. Il montre que les chrétiens doivent vivre dans une grande sainteté et surtout dans la sobriété et dans la chasteté, puisque Dieu les a tirés des ténèbres de l’ignorance et qu’il les a éclairés de la lumière de l’Évangile.
1 Que toute personne soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu ; et les puissances qui subsistent ont été établies de Dieu.
2 C’est pourquoi, celui qui s’oppose à la puissance, s’oppose à l’ordre que Dieu a établi ; et ceux qui s’y opposent, attireront la condamnation sur eux-mêmes.
3 Car les princes ne sont pas à craindre lorsqu’on ne fait que de bonnes actions ; ils le sont seulement lorsqu’on en fait de mauvaises. Veux-tu donc ne point craindre les puissances ? Fais bien, et tu en seras loué.
4 Car le prince est le ministre de Dieu, pour ton bien ; mais si tu fais mal, crains, parce qu’il ne porte point l’épée en vain ; car il est ministre de Dieu, et vengeur pour punir celui qui fait mal.
5 C’est pourquoi il est nécessaire d’être soumis, non-seulement par la crainte de la punition, mais aussi à cause de la conscience.
6 C’est aussi pour cela que vous payez les tributs, parce qu’ils sont les ministres de Dieu, qui s’appliquent sans cesse à leur emploi.
7 Rendez donc à chacun ce qui lui est dû ; le tribut, à qui vous devez le tribut ; les impôts, à qui vous devez les impôts ; la crainte, à qui vous devez la crainte ; l’honneur, à qui vous devez l’honneur.
8 Ne soyez redevables à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres, a accompli la loi.
9 Car ce qui est dit : Tu ne commettras point adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; tu ne convoiteras point ; et s’il y a quelque autre commandement, tout est compris sommairement dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
10 La charité ne fait point de mal au prochain ; la charité est donc l’accomplissement de la loi.
11 Et vous devez faire cela, vu le temps où nous sommes ; car c’est ici l’heure de nous réveiller du sommeil, puisque le salut est maintenant plus près de nous, que lorsque nous avons cru.
12 La nuit est passée, et le jour est approché ; rejetons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière.
13 Marchons honnêtement comme de jour, et non dans les débauches et dans l’ivrognerie, dans la luxure et dans les impudicités, dans les querelles et dans l’envie ;
14 mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour satisfaire ses convoitises.
REFLEXIONS
Les trois parties de ce chapitre nous donnent ces trois instructions :
I. La première que les rois, les princes et les magistrats sont établis de la part de Dieu, que c’est Dieu qui leur a donné l’autorité de gouverner les peuples et de punir ceux qui troublent la société et qu’ainsi chacun est obligé en conscience de se soumettre aux puissances, de leur être fidèle et de leur rendre tout ce qui leur est dû.
II. La seconde instruction est que l’amour du prochain est l’abrégé de toute la loi, ce qui nous apprend que la charité tient un rang très considérable entre les devoirs du christianisme et que le vrai moyen d’accomplir ce que la loi commande, c’est de revêtir un esprit de paix, de douceur et de support et d’aimer sincèrement notre prochain.
III. Saint Paul nous enseigne ici que, puisque les ténèbres de l’ignorance dans laquelle les hommes vivaient autrefois sont passées et que la lumière de l’Évangile nous éclaire, nous devons nous éloigner de la sensualité, de la dissolution, de l’impureté et de tous les désirs de la chair et vivre dans la tempérance et dans une grande chasteté, conformant ainsi notre vie à celle de notre Seigneur et à ses divins préceptes.
Pour nous animer à l’observation de ces saintes maximes, nous devons nous représenter l’heureux état où Dieu nous a mis et penser que le temps d’obtenir le salut approche afin que notre principale étude soit de travailler à en être rendus participants par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ.
Pour entendre ce chapitre, il faut savoir qu’il y avait du temps de St. Paul des chrétiens qui, ayant été Juifs et n’étant pas assez instruits, se faisaient un scrupule de manger de certaines viandes et observaient la distinction de certains jours à la manière des Juifs. Saint Paul montre comment on devait se conduire envers ces gens-là qui étaient faibles dans la foi. Il dit qu’il fallait les supporter et éviter d’entrer en contestation avec eux, puisque ceux qui étaient dans des sentiments différents sur ces points-là suivaient chacun les mouvements de leur conscience et pour le reste, ils croyaient en Jésus-Christ et avaient part à sa grâce.
Pour confirmer cette doctrine, il représente que les chrétiens ne vivant tous que pour le Seigneur qui seul a une entière autorité sur eux, ils devaient rapporter toutes les actions de leur vie à l’édification et à la gloire de Dieu et qu’il n’appartient à personne de condamner les autres, mais que chacun rendra compte pour soi-même au Seigneur.
III. Il montre que ceux qui étaient éclairés et instruits de la liberté chrétienne ne devaient pas abuser de cette liberté, ni scandaliser les faibles qui faisaient scrupule de manger de certaines viandes.
IV. Enfin il dit que l’esprit du christianisme est un esprit de paix et de support, que c’était un très grand péché que de condamner son prochain, de le décourager et de lui donner du scandale et qu’au reste chacun devait s’abstenir de ce qu’il croyait être défendu et même des choses sur lesquelles il était en doute, puisque tout ce qui se fait sans foi et sans l’approbation de la conscience est un péché.
1 Quant à celui qui est faible dans la foi, recevez-le avec bonté, sans contestations et sans disputes.
2 L’un croit qu’on peut manger de tout ; et celui qui est faible dans la foi, ne mange que des herbes.
3 Que celui qui mange de tout, ne méprise pas celui qui ne mange que des herbes ; et que celui qui ne mange que des herbes, ne condamne pas celui qui mange de tout ; car Dieu l’a pris à lui.
4 Qui es-tu, toi, qui condamnes le serviteur d’autrui ? S’il se tient ferme, ou s’il tombe, c’est à son maître de le juger ; mais il sera affermi, car Dieu est puissant pour l’affermir.
5 L’un met de la différence entre un jour et un autre ; l’autre juge que tous les jours sont égaux ; que chacun agisse selon qu’il est pleinement persuadé dans son esprit.
6 Celui qui observe les jours, les observe, ayant égard au Seigneur ; et celui qui ne les observe pas, ne les observe pas, ayant aussi égard au Seigneur ; celui qui mange de tout, mange, ayant égard au Seigneur, car il en rend grâces à Dieu ; et celui qui ne mange pas de tout, ne mange pas, ayant égard au Seigneur ; et il en rend aussi grâces à Dieu.
7 En effet, aucun de nous ne vit pour soi-même, et aucun de nous ne meurt pour soi-même.
8 Car, soit que nous vivions, nous vivons pour le Seigneur ; soit que nous mourions, nous mourons pour le Seigneur ; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur ;
9 car c’est pour cela que Christ est mort, et qu’il est ressuscité, et a repris la vie, afin qu’il dominât sur les morts et sur les vivants.
10 Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Christ.
11 Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, que tout genou fléchira devant moi, et que toute langue donnera gloire à Dieu.
12 Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même.
13 Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais jugez plutôt qu’il ne faut donner aucune occasion de chute, ni aucun scandale à votre frère.
14 Je sais, et je suis persuadé par le Seigneur Jésus, qu’il n’y a point d’aliment qui soit souillé par soi-même ; mais celui qui croit qu’une chose est souillée, elle est souillée pour lui.
15 Mais si, en mangeant de quelque viande, tu affliges ton frère, tu ne te conduis plus selon la charité. Ne fais pas périr, par ton aliment, une personne pour qui Christ est mort.
16 Que ce que vous faites de bon, ne soit donc point blâmé.
17 Car le royaume de Dieu ne consiste point dans le manger, ni dans le boire, mais dans la justice, dans la paix, et dans la joie par le Saint-Esprit.
18 Celui qui sert Jésus-Christ de cette manière est agréable à Dieu, et il est approuvé des hommes.
19 Recherchons donc les choses qui vont à la paix, et à nous édifier les uns les autres.
20 Ne détruis point l’œuvre de Dieu pour une viande. Il est vrai que toutes les choses sont nettes ; mais il y a du péché pour celui qui donne du scandale en mangeant.
21 Il vaut mieux ne manger point de chair, ne boire point de vin, et s’abstenir de tout ce qui peut faire tomber ton frère, ou le scandaliser, ou l’affaiblir.
22 As-tu la foi que tu peux manger de tout? garde-la en toi-même devant Dieu. Heureux celui qui ne se condamne point soi-même en ce qu’il approuve !
23 Mais celui qui doute s’il est permis de manger d’une viande, est condamné s’il en mange, car il n’en mange point avec foi ; or, tout ce que l’on ne fait pas avec foi, est un péché.
REFLEXIONS
Le précis de la doctrine que Saint Paul enseigne dans ce chapitre c’est :
Que les chrétiens sont obligés de se supporter mutuellement, que ceux qui ont plus de lumières que les autres doivent ménager ceux qui sont faibles ou moins instruits, ne les point mépriser et ne rien faire qui puisse les affliger ou les scandaliser, que même il faut s’abstenir des choses indifférentes et permises lorsqu’on prévoit que quelqu’un pourrait en prendre matière de scandale. Ce sont là des maximes de charité et de support dont on ne doit jamais se départir et c’est de l’observation de ces maximes que dépend surtout l’avancement de la gloire de Dieu, la paix de l’église et notre salut mutuel. Nous recueillons encore d’ici que les contestations et les disputes nuisent extrêmement à l’édification de l’église et qu’ainsi on les doit éviter autant qu’il est possible.
Il faut outre cela faire une attention particulière à ce que St. Paul établit dans tout ce chapitre et principalement sur la fin, savoir : que chacun doit avoir de grands égards pour sa conscience et que : tout ce qui ne se fait pas avec foi est un péché.
Cela nous apprend que ceux qui agissent contre leur conscience ou même font une chose sans être assurée qu’elle est permise se rendent très coupable devant Dieu, quand même cette chose-là serait innocente. Ainsi pour plaire au Seigneur et pour avoir la conscience tranquille, nous devons travailler premièrement à la bien éclairer et à nous bien instruire de notre devoir et après cela agir conformément à ce qu’elle nous prescrit et nous conduire avec tant de prudence que nous ne troublions jamais la paix et que nous ne donnions aucun scandale à personne.
L’Apôtre continue à exhorter les Romains à la charité et au support envers ceux qui sont faibles dans la foi, leur proposant pour cet effet l’exemple de Jésus-Christ et il prie Dieu qu’il leur donne ces sentiments de paix et de charité.
Pour les leur inspirer, il leur représente que Jésus-Christ avait été envoyé pour réunir les Juifs et les Gentils dans son église selon que cela avait été prédit par les anciens oracles, par où il veut montrer qu’il n’y devait avoir aucune division entre eux.
Il parle dans ces mêmes vues de son ministère et des fruits admirables de sa prédication parmi les Gentils et en divers lieux du monde.
Enfin, il dit aux Romains qu’il était dans le dessein d’aller les voir après qu’il aurait fait un voyage à Jérusalem au sujet d’une collecte qui se faisait pour les chrétiens de ce lieu-là, il se recommande à leurs prières et il fait des vœux pour eux.
1 Nous devons donc, nous qui sommes plus forts, supporter les infirmités des faibles, et non pas chercher notre propre satisfaction.
2 Que chacun de nous donc ait de la condescendance pour son prochain, et cela pour le bien et pour l’édification ;
3 car aussi, Christ n’a point cherché sa propre satisfaction ; mais au contraire, selon ce qui est écrit de lui : Les outrages de ceux qui t’ont outragé, sont tombés sur moi.
4 Or, toutes les choses qui ont été écrites autrefois, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que les Ecritures nous donnent, nous retenions notre espérance.
5 Que le Dieu de patience et de consolation vous fasse donc la grâce d’avoir, les uns et les autres, un même sentiment selon Jésus-Christ :
6 Afin que, d’un même cœur et d’une même bouche, vous glorifiiez le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ !
7 C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres avec bonté, comme Christ nous a reçus pour la gloire de Dieu.
8 Je dis donc que Jésus-Christ a été ministre parmi les Juifs, pour montrer la fidélité de Dieu, et pour accomplir les promesses faites aux pères ;
9 Et afin que les Gentils glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : C’est pour cela que je te louerai parmi les Gentils, et que je chanterai des cantiques à ton nom.
10 Il est dit encore : Gentils, réjouissez-vous avec son peuple.
11 Et encore : Nations, louez toutes le Seigneur, et vous, tous les peuples, célébrez-le.
12 Esaïe dit aussi : Il sortira de la racine de Jessé un rejeton pour gouverner les Gentils ; les Gentils espéreront en lui.
13 Que le Dieu d’espérance vous remplisse donc de toute sorte de joie et de paix dans la foi, afin que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit.
14 Or, mes frères, j’ai cette persuasion de vous, que vous êtes pleins de charité, remplis de toute sorte de connaissance, et que vous êtes en état de vous exhorter les uns les autres.
15 Cependant, mes frères, je n’ai pas laissé de vous écrire plus librement, pour vous remettre ces choses en mémoire, selon la grâce qui m’a été donnée de Dieu,
16 pour être ministre de Jésus-Christ parmi les Gentils, exerçant les saintes fonctions de l’évangile de Dieu, afin que l’oblation que je lui fais des Gentils lui soit agréable, étant sanctifiée par le Saint-Esprit.
17 J’ai donc sujet de me glorifier en Jésus-Christ, dans les choses qui regardent Dieu.
18 Car je n’oserais dire qu’il y ait quelque chose que Jésus-Christ n’ait pas fait par moi, pour amener les Gentils à son obéissance, par la parole et par les œuvres ;
19 par la vertu des miracles et des prodiges ; par la puissance de l’Esprit de Dieu ; de sorte que j’ai répandu l’évangile de Christ depuis Jérusalem et les lieux voisins jusqu’à l’Illyrie.
20 Et cela de manière que j’ai pris à tâche d’annoncer l’évangile où l’on n’avait point encore parlé de Jésus-Christ, afin de ne pas bâtir sur le fondement qu’un autre aurait posé ;
21 selon qu’il est écrit : Ceux à qui il n’avait point été annoncé, le verront, et ceux qui n’en avaient point ouï parler, l’entendront.
22 C’est aussi ce qui m’a souvent empêché d’aller vous voir.
23 Mais, comme à présent je n’ai plus rien qui m’arrête dans ce pays-ci, et que depuis plusieurs années j’ai un grand désir d’aller vers vous,
24 j’irai chez vous quand je ferai le voyage d’Espagne ; car j’espère que je vous verrai en passant, et que vous m'y conduirez, après que j’aurai contenté en partie le désir que j’ai d’être avec vous.
25 Mais présentement je vais à Jérusalem, pour y porter des aumônes aux saints.
26 Car ceux de Macédoine et d’Achaïe ont bien voulu faire une contribution pour les pauvres d’entre les saints qui sont à Jérusalem.
27 Ils l’ont ainsi trouvé bon ; et aussi leur étaient-ils redevables ; car si les Gentils ont eu part aux biens spirituels des Juifs, ils doivent aussi leur faire part de leurs biens temporels.
28 Après donc que j’aurai fait cela, et que je leur aurai remis fidèlement ce fruit de la charité des Gentils, je passerai par vos quartiers, en allant en Espagne.
29 Et je suis persuadé que, lorsque je viendrai chez vous, j’y viendrai avec une grande abondance des bénédictions de l’évangile de Christ.
30 Je vous conjure donc, mes frères, par notre Seigneur Jésus-Christ, et par la charité de l’Esprit, de combattre avec moi dans les prières que vous ferez à Dieu pour moi.
31 Afin que je sois délivré des incrédules qui sont en Judée, et que l’assistance que je porte à Jérusalem soit agréable aux saints ;
32 en sorte que j’arrive chez vous avec joie, si c’est la volonté de Dieu, et que je me console avec vous.
33 Que le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen.
REFLEXIONS
Nous apprenons d’ici en premier lieu que ceux qui sont avancés dans la connaissance et dans la piété doivent se conduire avec beaucoup de condescendance et de charité envers ceux qui le sont moins et imiter en cela la douceur et la grande bonté de notre Seigneur Jésus-Christ.
I. Saint Paul a marqué le but de cette épître aux Romains et de sa doctrine en disant que Jésus-Christ est venu pour sauver non seulement les Juifs, mais aussi les Gentils et pour accomplir par ce moyen les promesses que Dieu avait faites aux anciens pères par les prophètes. C’est là une vérité que nous devons méditer pour l’affermissement de notre foi et pour nous exciter à la reconnaissance envers Dieu.
III. Nous devons bien considérer ce que Saint Paul dit dans ce chapitre de ses voyages, de ses travaux, du succès merveilleux de son ministère et de tant d’églises qu’il a fondées en divers pays du monde, aussi bien que du dessein qu’il avait d’aller à Rome et dans d’autres lieux. Tout cela doit nous faire reconnaître son le grand zèle de cet Apôtre, sa parfaite charité et surtout la puissance de Dieu et la vertu toute divine de l’Évangile qui paraissent d’une manière si sensible dans les miracles dont la prédication de St. Paul était accompagnée et dans les fruits surprenants qu’elle produisait. C’est là aussi un exemple que les ministres de Jésus-Christ doivent imiter autant qu’ils en sont capables en travaillant sans relâche à l’établissement du règne de Dieu.
Enfin, l’ardeur avec laquelle St. Paul se recommande aux prières des chrétiens de Rome nous montre que les ministres de Jésus-Christ ont un grand besoin d’être assistés par les prières de l’église et que l’un des principaux devoirs des chrétiens est de prier pour leurs conducteurs spirituels, comme c’est aussi le devoir des pasteurs de faire des prières continuelles pour leurs troupeaux.
Ce chapitre contient : I. Les salutations que Saint Paul fait à divers chrétiens de Rome, tant en son nom qu’au nom des ministres du Seigneur et des fidèles qui étaient à Corinthe avec lui. II. Des exhortations à se donner garde de ceux qui causaient des troubles dans l’église et qui y enseignaient de fausses doctrines. III. Les vœux et les prières que l’Apôtre fait en faveur des Romains.
1 Je vous recommande notre sœur Phébé, diaconesse de l’Eglise de Cenchrée ;
2 Afin que vous la receviez pour l’amour du Seigneur, et d’une manière digne des saints ; et que vous l’assistiez dans toutes les choses où elle pourrait avoir besoin de vous ; car elle a reçu chez elle plusieurs personnes, et moi en particulier.
3 Saluez Priscille et Aquilas, qui ont travaillé avec moi pour Jésus-Christ,
4 Et qui ont exposé leur vie pour la mienne ; auxquels je ne rends pas grâces moi seul, mais aussi toutes les Eglises des Gentils.
5 Saluez aussi l’Eglise qui est dans leur maison. Saluez Epaïnète qui m’est fort cher, et qui est les prémices de ceux de l’Achaïe qui ont cru en Jésus-Christ.
6 Saluez Marie, qui a pris beaucoup de peine pour nous.
7 Saluez Andronique et Junias, mes parents, qui ont été prisonniers avec moi, qui sont considérables parmi les apôtres, et qui même ont cru en Jésus-Christ avant moi.
8 Saluez Amplias, mon bien-aimé en notre Seigneur.
9 Saluez Urbain, compagnon de nos travaux dans le service de Jésus-Christ, et Stachys, qui m’est très cher.
10 Saluez Appelles, qui est reconnu fidèle à Jésus-Christ. Saluez ceux de la maison d’Aristobule.
11 Saluez Hérodion, mon parent. Saluez ceux de la maison de Narcisse qui croient en notre Seigneur.
12 Saluez Tryphène et Tryphose, qui travaillent pour le Seigneur. Saluez Perside qui m’est très chère, et qui a beaucoup travaillé pour le Seigneur.
13 Saluez Rufus, élu du Seigneur, et sa mère, que je regarde comme la mienne.
14 Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermas, Patrobas, Hermès, et les frères qui sont avec eux.
15 Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, et Olympe, et tous les saints qui sont avec eux.
16 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Les Eglises de Jésus-Christ vous saluent.
17 Au reste, je vous exhorte, mes frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et à vous éloigner d’eux.
18 Car ces sortes de gens ne servent point notre Seigneur Jésus-Christ, mais ils servent leur propre ventre ; et par des paroles douces et flatteuses ils séduisent l’esprit des simples.
19 Votre obéissance est connue de tout le monde ; je m’en réjouis donc à cause de vous, mais je souhaite que vous soyez prudents à l’égard du bien, et simples à l’égard du mal.
20 Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. Amen.
21 Timothée, qui est le compagnon de mes travaux, et Lucius, et Jason, et Sosipater, mes parents, vous saluent.
22 Je vous salue au Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette épître.
23 Gaïus, chez qui je loge, et chez qui toute l’Eglise s’assemble, vous salue. Eraste, le trésorier de la ville, et Quartus, notre frère, vous saluent.
24 La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.
25 A celui qui peut vous affermir dans l’évangile que j’annonce, et que Jésus-Christ a prêché, suivant la révélation qui a été faite du mystère caché pendant plusieurs siècles,
26 mais qui est présentement manifesté par les écrits des prophètes, selon l’ordre du Dieu éternel, et publié à toutes les nations, afin qu’elles obéissent à la foi ;
27 à Dieu seul sage soit rendue la gloire dans tous les siècles, par Jésus-Christ. Amen.
REFLEXIONS
Il y a deux réflexions à faire sur les salutations qui sont contenue dans ce chapitre :
I. L’une que l’Évangile avait déjà fait alors des progrès considérables à Rome et qu’il y avait dans cette ville-là un bon nombre de personnes qui faisaient profession de la religion chrétienne.
II. L’autre réflexion regarde la charité de St. Paul et l’amour qu’il portait à toute l’église de Rome et particulièrement aux fidèles qui sont ici nommés.
Tel est l’esprit dont les vrais chrétiens sont animés. Ils s’aiment cordialement, ils sont unis étroitement entre eux et ils prient les uns pour les autres quand même ils seraient dans des lieux différents et éloignés. Mais ils chérissent particulièrement les personnes qui se distinguent par leur zèle et par leur piété.
Saint Paul nous enseigne après cela dans ce chapitre comment on doit se conduire envers ceux qui enseignent des erreurs ou qui forment des partis et des sectes dans l’église. C’est qu’il faut se donner garde de ces gens-là, les éviter et se tenir toujours attaché à la pure doctrine de l’Évangile et aux fidèles docteurs qui l’annoncent. Enfin, nous devons joindre nos actions de grâces à celles que Saint Paul rend à Dieu sur la fin de cette épître et le bénir : de ce qu’il a manifesté par Jésus-Christ le mystère de la vocation des Gentils et de la rédemption des hommes qui avait été caché dans les temps précédents et de ce qu’il a fait pour prêcher son Évangile à toutes les nations afin qu’elles obéissent à la foi. À ce grand Dieu seul sage soit la gloire à jamais par Jésus-Christ. Amen !
Écrite de Corinthe aux Romains, par Phébè, diaconesse de l’Église de Cenchrée.
- Détails
- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
Cet Évangile a été écrit environ vingt ans après l’ascension de Jésus-Christ, par Saint Luc qui fut disciple et compagnon de Saint Paul et qui le suivit dans ses voyages.
Chapitres : Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI. Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Chapitre XVII. Chapitre XVIII. Chapitre XIX. Chapitre XX. Chapitre XXI. Chapitre XXII. Chapitre XXIII. Chapitre XXIV. Livres du Nouveau Testament.
Un ange annonce à Zacharie la naissance de Jean-Baptiste, et six mois après, le même, annonce à la Sainte Vierge celle de notre Seigneur.
1 Plusieurs ayant entrepris d’écrire l’histoire des choses dont la vérité a été connue parmi nous avec une entière certitude ;
2 Selon que nous les ont apprises ceux qui les ont vues eux-mêmes dès le commencement, et qui ont été les ministres de la Parole ;
3 J’ai cru aussi, très excellent Théophile, que je devais te les écrire par ordre, après m’en être exactement informé dès leur origine ;
4 Afin que tu reconnaisses la certitude des choses dont tu as été instruit.
5 Au temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un sacrificateur nommé Zacharie, du rang d’Abia ; sa femme était de la race d’Aaron, et elle s’appelait Elisabeth.
6 Ils étaient tous deux justes devant Dieu, et ils suivaient tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur, d’une manière irrépréhensible.
7 Ils n’avaient point d’enfants, parce qu’Elisabeth était stérile, et qu’ils étaient tous deux avancés en âge.
8 Or, il arriva que Zacharie faisant les fonctions de sacrificateur devant Dieu, dans le rang de sa famille,
9 il lui échut par sort, selon la coutume établie parmi les sacrificateurs, d’entrer dans le temple du Seigneur, pour y offrir les parfums.
10 Et toute la multitude du peuple était dehors en prières, à l’heure qu’on offrait les parfums.
11 Alors un ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout au côté droit de l’autel des parfums.
12 Et Zacharie, le voyant, en fut troublé, et la frayeur le saisit.
13 Mais l’ange lui dit : Zacharie, ne crains point, car ta prière est exaucée, et Elisabeth ta femme t’enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.
14 Il sera pour toi un sujet de joie et de ravissement, et plusieurs se réjouiront de sa naissance.
15 Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni cervoise, et il sera rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère.
16 Il convertira plusieurs des enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu ;
17 Et il marchera devant lui dans l’esprit et dans la vertu d’Elie, pour tourner les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé.
18 Et Zacharie dit à l’ange : À quoi connaîtrai-je cela ? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.
19 Et l’ange lui répondit : Je suis Gabriel qui assiste devant Dieu ; et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer ces bonnes nouvelles.
20 Et voici, tu vas devenir muet, et tu ne pourras parler jusqu’au jour que ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles qui s’accompliront en leur temps.
21 Cependant, le peuple attendait Zacharie, et s’étonnait de ce qu’il tardait si longtemps dans le temple.
22 Et quand il fut sorti, il ne pouvait leur parler, et ils connurent qu’il avait eu quelque vision dans le temple, parce qu’il le leur faisait entendre par des signes, et il demeura muet.
23 Et lorsque les jours de son ministère furent achevés, il s’en alla en sa maison.
24 Quelque temps après, Elisabeth sa femme conçut ; et elle se cacha durant cinq mois, et disait :
25 C’est là ce que le Seigneur a fait en ma faveur, lorsqu’il a jeté les yeux sur moi, pour ôter l’opprobre où j’étais parmi les hommes.
26 Or, au sixième mois, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,
27 A une vierge fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David ; et cette vierge s’appelait Marie.
28 Et l’ange, étant entré dans le lieu où elle était, lui dit : Je te salue, toi qui es reçue en grâce ; le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes.
29 Et ayant vu l’ange, elle fut troublée de son discours, et elle pensait en elle-même ce que pouvait être cette salutation.
30 Alors l’ange lui dit : Marie, ne crains point, car tu as trouvé grâce devant Dieu.
31 Et tu concevras et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom de JESUS.
32 Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père.
33 Il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et il n’y aura point de fin à son règne.
34 Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ?
35 Et l’ange lui répondit : Le Saint-Esprit surviendra en toi, et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé le Fils de Dieu.
36 Et voilà, Elisabeth ta cousine a aussi conçu un fils en sa vieillesse ; et c’est ici le sixième mois de la grossesse de celle qui était appelée stérile.
37 Car rien n'est impossible à Dieu.
38 Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il m’arrive selon que tu m’as dit. Alors l’ange se retira d’avec elle.
REFLEXIONS
Ce qu’il y a à observer sur la première partie de la lecture regarde la naissance de Jean-Baptiste et son ministère.
Sur sa naissance, il est à remarquer qu’elle eut quelque chose d’extraordinaire et de surnaturel. Il naquit d’un père avancé en âge et d’une mère âgée et stérile. Dieu fit annoncer cette naissance par un ange et Zacharie qui ne pouvait la croire en fut assuré par un miracle que Dieu fit en le rendant muet. Tout cela tendait à faire voir que Jean-Baptiste serait un homme extraordinaire et envoyé de Dieu. Cette naissance était aussi une image et un prélude de celle de Jésus-Christ qui devait être encore plus miraculeuse, puisqu’il devait naître d’une vierge.
Pour ce qui est du ministère de Jean-Baptiste, il faut bien considérer ce que l’ange dit à Zacharie pour l’instruire de ce que son fils devait être un jour. Il lui annonça que son fils serait rempli du Saint-Esprit, qu’il irait devant le Seigneur, que comme un autre Élie, il ramènerait les hommes à Dieu et à la vie des justes, par l’austérité de sa vie, par son autorité, par son grand zèle et par la force de ses exhortations et qu’il les préparerait ainsi à recevoir le Messie dont il était le précurseur.
Recueillons de là cette instruction importante que le dessein de Dieu, en envoyant Jean-Baptiste et ensuite Jésus-Christ, a été de convertir les hommes, de les retirer de leurs péchés et d’en faire un peuple saint et adonné aux bonnes œuvres.
Dans ce que l’ange dit à la bienheureuse vierge lorsqu’il lui annonça qu’elle serait la mère de Jésus-Christ, nous avons principalement à remarquer ces deux choses.
L’une que le corps de notre Seigneur fut formé de la substance de la vierge par la vertu du Saint-Esprit et l’autre que ce Jésus qui devait naître de Marie serait le fils de Dieu, qu’on le verrait élevé à une très grande gloire et qu’il régnerait éternellement.
Ces paroles de l’ange nous enseignent donc que la naissance de Jésus-Christ a été miraculeuse et toute sainte, qu’il a véritablement pris notre nature, qu’il a été un homme semblable à nous, mais parfaitement saint et séparé des pécheurs.
Il est à remarquer enfin que la Sainte vierge eut d’abord de la peine à croire ce que l’ange vint lui annoncer, mais qu’après l’avoir entendu, elle ne douta pas que ce que Dieu lui avait dit n’arrivât. C’était là une preuve de sa foi et de sa piété et c’est ainsi que nous devons ajouter foi aux promesses que Dieu nous fait dans sa parole, étant pleinement persuadés qu’il ne manquera jamais de puissance et de moyens pour les accomplir, quelque difficulté que nous voyions dans leur exécution.
CHAPITRE I VERSET 39 A 80.
Saint Luc rapporte :
I. La visite que la Sainte vierge fît à Élisabeth, et le cantique qu’elle prononça dans cette occasion.
II. La naissance de Jean-Baptiste et le cantique de Zacharie son père.
39 Alors Marie se leva, et s’en alla en diligence au pays des montagnes, dans une ville de la tribu de Juda.
40 Et étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Elisabeth.
41 Et aussitôt qu’Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, le petit enfant tressaillit dans son sein, et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit.
42 Et élevant sa voix, elle s’écria : Tu es bénie entre les femmes, et le fruit que tu portes est béni.
43 Et d’où me vient ceci, que la mère de mon Seigneur vienne me visiter ?
44 Car la voix de ta salutation n’a pas plutôt frappé mes oreilles, que le petit enfant a tressailli de joie dans mon sein.
45 Et heureuse est celle qui a cru ; car les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.
46 Alors Marie dit : Mon âme magnifié le Seigneur ;
47 et mon esprit se réjouit en Dieu, qui est mon Sauveur ;
48 parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante. Et voici que désormais tous les âges m’appelleront bienheureuse.
49 Car le Tout-Puissant m’a fait de grandes choses ; son nom est saint ;
50 et sa miséricorde est d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
51 Il a déployé avec puissance la force de son bras ; il a dissipé les desseins que les orgueilleux formaient dans leur cœur ;
52 il a détrôné les puissants, il a élevé les petits ;
53 il a rempli de biens ceux qui avaient faim, et il a renvoyé les riches à vide ;
54 se souvenant de sa miséricorde, il a pris en sa protection Israël son serviteur ;
55 comme il en avait parlé à nos pères ; à Abraham et à sa postérité pour toujours.
56 Et Marie demeura avec elle environ trois mois ; puis elle s’en retourna en sa maison.
57 Cependant le terme d’Elisabeth étant venu, elle enfanta un fils.
58 Et ses voisins et ses parents, ayant appris que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde en sa faveur, s’en réjouissaient avec elle.
59 Et étant venus le huitième jour pour circoncire le petit enfant, ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père.
60 Mais sa mère prit la parole et dit : Non, mais il sera nommé Jean.
61 Ils lui dirent : Il n’y a personne dans ta parenté qui soit appelé de ce nom.
62 Alors ils firent signe à son père de marquer comment il voulait qu’il fût nommé.
63 Et Zacharie ayant demandé des tablettes, il écrivit : Jean est son nom ; et ils en furent tous surpris.
64 A l’instant sa bouche s’ouvrit, sa langue fut déliée, et il parlait en bénissant Dieu.
65 Et tous leurs voisins furent remplis de crainte, et toutes ces choses se divulguèrent par tout le pays des montagnes de Judée.
66 Et tous ceux qui les entendirent, les conservèrent dans leur cœur, et disaient : Que sera-ce de ce petit enfant ? Et la main du Seigneur était avec lui.
67 Alors Zacharie son père fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa et dit :
68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple.
69 Et de ce qu’il nous a suscité un puissant Sauveur, dans la maison de David son serviteur ;
70 Comme il en avait parlé par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été depuis longtemps ;
71 que nous serions délivrés de nos ennemis, et de la main de tous ceux qui nous haïssent ;
72 pour exercer sa miséricorde envers nos pères, et se souvenir de sa sainte alliance ;
73 selon le serment qu’il avait fait à Abraham notre père,
74 de nous accorder, qu’après avoir été délivrés de la main de nos ennemis, nous le servirions sans crainte,
75 dans la sainteté et dans la justice, en sa présence, tous les jours de notre vie.
76 Et toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Souverain ; car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour lui préparer ses voies,
77 et pour donner la connaissance du salut à son peuple, par la rémission de leurs péchés,
78 par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles le soleil levant nous a visités d’en haut ;
79 pour éclairer ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, et pour conduire nos pas dans le chemin de la paix.
80 Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit ; et il demeura dans les déserts jusqu’au jour qu’il devait être manifesté à Israël.
REFLEXIONS
Il faut considérer sur cette lecture :
I. Que la Sainte vierge ayant été avertie par l’ange Gabriel qu’Elizabeth sa cousine était aussi enceinte par un miracle, elle alla incontinent la voir et qu’elle fut de plus en plus confirmée par ce moyen dans la croyance où elle était que le Messie naîtrait d’elle selon que Dieu lui avait fait dire.
Mais ce qui doit principalement être remarqué, c’est le cantique que Marie prononça alors. On voit dans ce cantique la reconnaissance et la joie dont elle était transportée, dans le sentiment de la grâce que Dieu lui avait faite de la choisir pour être la mère du Messie. On y découvre sa profonde humilité et en même temps sa foi et la ferme persuasion qu’elle avait que Dieu allait racheter son peuple et accomplir les promesses qu’il avait faites d’envoyer le Rédempteur.
Ceci nous engage à honorer la mémoire de la Sainte vierge et à célébrer son bonheur selon ce qu’elle le dit elle-même, à imiter sa piété, sa foi et ses autres vertus, à nous abaisser comme elle devant Dieu dans le sentiment de ses grâces et de notre indignité et surtout à louer Dieu de ce qu’il a envoyé au monde Jésus-Christ son fils notre sauveur selon les promesses qu’il en avait faites autrefois par les prophètes.
Pour ce qui est de la naissance de Jean-Baptiste, elle fut accompagnée de diverses circonstances très remarquables. Zacharie son père recouvra alors la parole par un miracle et le bruit de cette naissance se répandit de tous côtés, en sorte que chacun attendait avec impatience ce que serait un jour cet enfant.
Tous ces événements furent dispensés par la providence afin de préparer les Juifs à regarder Jean-Baptiste comme un homme envoyé de Dieu, à recevoir sa prédication et à croire au témoignage qu’il devait rendre à Jésus-Christ.
Enfin, dans le cantique que Zacharie prononça par l’inspiration du Saint-Esprit, on doit remarquer ces trois choses :
I. Sa joie, sa reconnaissance et les actions de grâce qu’il rendit à Dieu de ce que ce temps était venu auquel il délivrerait son peuple.
II. Zacharie fait voir ici une foi admirable. Quoi que le Messie ne fût pas encore né, il est pourtant fermement persuadé qu’il allait être manifesté et que le fils qui venait de lui naître serait son précurseur.
III. Enfin, Zacharie marque dans ce cantique le but de la venue de Jésus-Christ par ces mots : Après avoir été délivrés de nos ennemis, nous servirons Dieu sans crainte dans la sainteté et dans la justice tous les jours de notre vie.
Nous devons comme Zacharie, et même beaucoup plus que lui, bénir Dieu de ce qu’il nous a sauvé par Jésus-Christ et célébrer sa miséricorde aussi bien que sa fidélité et la vérité de ses promesses.
Et puisque notre Seigneur est venu pour nous consacrer au service de Dieu, il est de notre devoir de répondre au dessein de sa venue en servant Dieu fidèlement et en vivant dans la sainteté et dans la justice pendant tout le temps de notre vie.
C’est ici l’histoire de la naissance de Jésus-Christ.
1 En ce temps-là on publia un édit de la part de César Auguste, pour faire un dénombrement des habitants de toute la terre.
2 Ce dénombrement se fit avant que Quirinus fût gouverneur de Syrie.
3 Ainsi tous allaient pour être enregistrés, chacun dans sa ville.
4 Joseph aussi monta de Galilée en Judée, savoir, de la ville de Nazareth à la ville de David, nommée Bethléhem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David ;
5 Pour être enregistré avec Marie son épouse, qui était enceinte.
6 Et pendant qu’ils étaient-là, le temps auquel elle devait accoucher arriva.
7 Et elle mit au monde son fils premier-né, et elle l’emmaillotta, et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie.
8 Or, il y avait dans la même contrée des bergers qui couchaient aux champs, et qui y gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit.
9 Et tout à coup un ange du Seigneur se présenta à eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux, et ils furent saisis d’une grande peur.
10 Alors l’ange leur dit : N’ayez point de peur ; car je vous annonce une grande joie, qui sera pour tout le peuple :
11 C’est qu'aujourd’hui, dans la ville de David, le Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur, vous est né.
12 Et vous le reconnaîtrez à ceci, c’est que vous trouverez le petit enfant emmaillotté et couché dans une crèche.
13 Et au même instant il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant :
14 Gloire soit à Dieu, au plus haut des cieux ; paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes !
15 Et après que les anges se furent retirés d’avec eux dans le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : Allons jusqu’à Bethléhem, et voyons ce qui y est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître.
16 Ils y allèrent donc en diligence, et ils trouvèrent Marie, et Joseph, et le petit enfant, qui était couché dans la crèche.
17 Et l’ayant vu, ils publièrent ce qui leur avait été dit touchant ce petit enfant.
18 Et tous ceux qui les entendirent, étaient dans l’admiration de ce que les bergers leur disaient.
19 Et Marie conservait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur.
20 Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit.
REFLEXIONS
La première considération qu’il faut faire sur l’histoire de la naissance de notre Seigneur c’est que, le Messie devant naître à Bethléem suivant les prophéties, la providence y conduisit la Sainte vierge, de la Galilée où elle demeurait dans le temps qu’elle était prête à accoucher et cela par le moyen d’un édit de l’empereur auguste qui avait ordonné qu’on fit un dénombrement de tous ses sujets et que chacun se rendit pour cet effet dans la ville d’où il était originaire.
II. La seconde réflexion est que notre Seigneur naquît dans la bassesse et dans un état de pauvreté, étant né dans une écurie et ayant été couché dans une crèche. Dieu voulait faire connaître par-là, à l’avance, que Jésus-Christ ne vivrait et ne règnerait pas dans la gloire et la pompe, que son règne serait tout spirituel et que l’humilité et la pauvreté seraient son caractère.
III. Ce fut pour les mêmes raisons que cette naissance fut premièrement annoncée à des bergers qui étaient des gens simples et d’une condition obscure et non à des personnes riches et distinguées dans le monde.
En tout cela, les chrétiens ont de grandes leçons d’humilité. Il faut cependant remarquer que la naissance de Jésus fut rendue illustre par l’apparition des anges et par le cantique qu’ils firent entendre dans les airs.
Enfin, Dieu voulut que les bergers allassent à Bethléem pour voir l’enfant Jésus et pour informer la Sainte vierge de tout ce qu’ils avaient vu et entendu de merveilleux et qu’ensuite ils le publiassent partout afin que cela servit à exciter l’attente des Juifs et à les disposer à recevoir Jésus-Christ.
Toutes ces circonstances de la nativité de notre Seigneur doivent fortifier notre foi et nous remplir de consolation et de joie. Nous devons surtout joindre nos louanges à celles des bergers et des anges et bénir Dieu avec eux de ce que le Sauveur nous est né et de ce que par ce moyen la paix a été donnée à la terre et que la bonne volonté de Dieu envers les hommes a été si clairement manifestée.
CHAPITRE II VERSETS 21 A 52
Saint Luc rapporte la circoncision de Jésus-Christ, sa présentation au temple et les actions de grâces que Siméon et Anne la prophétesse rendirent alors à Dieu.
Il récite ensuite comment Jésus-Christ, âgé de douze ans, fut trouvé dans le temple au milieu des docteurs.
21 Quand les huit jours furent accomplis pour circoncire l’enfant, il fut appelé JESUS, qui est le nom qui lui avait été donné par l'ange, avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.
22 Et les jours qu’elle devait se purifier, selon la loi de Moïse, étant accomplis, ils portèrent l’enfant à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur,
23 (selon qu’il est écrit dans la loi : Que tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur)
24 et pour offrir le sacrifice prescrit aussi dans la loi, savoir, une paire de tourterelles, ou deux pigeonneaux.
25 Il y avait à Jérusalem un homme qui s’appelait Siméon ; cet homme était juste et craignant Dieu ; il attendait la consolation d’Israël ; et le Saint-Esprit était sur lui.
26 Et il avait été averti divinement par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait point, qu’auparavant il n’eût vu le Christ du Seigneur.
27 Il vint au temple par un mouvement de l’Esprit ; et comme le père et la mère apportaient le petit enfant Jésus, pour faire à son égard ce qui était en usage selon la loi,
28 il le prit entre ses bras, et bénit Dieu, et dit :
29 Seigneur, tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix, selon ta parole ;
30 car mes yeux ont vu ton salut,
31 que tu as préparé pour être présenté à tous les peuples,
32 pour être la lumière qui doit éclairer les nations, et la gloire de ton peuple d’Israël.
33 Et Joseph et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui.
34 Et Siméon les bénit, et dit à Marie sa mère : Voici, cet enfant est mis pour être une occasion de chute et de relèvement à plusieurs en Israël, et pour être en butte à la contradiction ;
35 En sorte que les pensées du cœur de plusieurs seront découvertes ; et même une épée te transpercera l’âme.
36 Il y avait aussi Anne la prophétesse, fille de Phanuel, de la tribu d’Ascer ; elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu avec son mari sept ans, depuis qu’elle l’avait épousé étant vierge.
37 Elle était veuve, âgée d’environ quatre-vingt-quatre ans, et elle ne sortait point du temple, servant Dieu nuit et jour en jeûnes et en prières.
38 Etant donc survenue en ce même instant, elle louait aussi le Seigneur, et elle parlait de Jésus à tous ceux de Jérusalem qui attendaient la délivrance d’Israël.
39 Et après qu’ils eurent accompli tout ce qui est ordonné par la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, qui était leur ville.
40 Cependant l’enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était sur lui.
41 Or, son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem, à la fête de Pâque.
42 Et quand il eut atteint l’âge de douze ans, ils montèrent à Jérusalem, selon la coutume de la fête.
43 Lorsque les jours de la fête furent achevés, comme ils s’en retournaient, l’enfant Jésus demeura dans Jérusalem ; et Joseph et sa mère ne s’en aperçurent point.
44 Mais pensant qu’il était en la compagnie de ceux qui faisaient le voyage avec eux, ils marchèrent une journée, et ils le cherchèrent parmi leurs parents, et ceux de leur connaissance ;
45 Et ne le trouvant point, ils retournèrent à Jérusalem pour l’y chercher.
46 Et au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et leur faisant des questions.
47 Et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de sa sagesse et de ses réponses.
48 Quand Joseph et Marie le virent, ils furent étonnés, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi as-tu ainsi agi avec nous ? Voilà ton père et moi qui te cherchions, étant fort en peine.
49 Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être occupé aux affaires de mon Père ?
50 Mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait.
51 Il s’en alla ensuite avec eux, et vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses dans son cœur.
52 Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes.
REFLEXIONS
Il faut remarquer en premier lieu ce qui est dit ici de la circoncision de Jésus-Christ, de sa présentation au temple, de la purification de la vierge et de l’offrande qu’elle fit selon la coutume. Dieu voulut que toutes ces choses fussent observées après que notre Seigneur fut né, parce qu’elles étaient prescrites par la Loi et afin qu’il n’y eût rien en lui d’où les Juifs pussent prendre avec raison occasion de le rejeter.
II. La grande joie que Siméon et Anne la prophétesse témoignèrent alors et les louanges qu’ils rendirent publiquement à Dieu sont une preuve de leur foi et de leur zèle. Surtout cela marque que la naissance de Jésus-Christ est l’événement le plus heureux et le plus salutaire qui soit jamais arrivé et qu’ainsi elle doit faire à jamais la matière de notre joie et de nos actions de grâce, d’autant plus que ce que Siméon avait dit dans son cantique a été accompli et que nous sommes de ces gentils dont le Messie devait être le salut et la lumière.
III. Ce que Siméon dit à la Sainte vierge de la gloire de son fils aussi bien que des contradictions et des souffrances auxquelles il serait exposé tendait à lui faire connaître que le règne de Jésus ne serait pas un règne temporel et à la préparer à le voir rejeté par les Juifs et mis à mort. Pour nous, nous devons apprendre de là que Jésus-Christ devait être reçu par les uns et rejeté par les autres et que si sa venue est salutaire à ceux qui le reçoivent avec foi, elle est une occasion de scandale et de ruine pour les incrédules.
IV. Ce qui arriva à Jésus-Christ à l’âge de douze ans lorsqu’il fut trouvé au temple au milieu des docteurs est la seule circonstance qui soit venue à notre connaissance de l’histoire de sa vie depuis sa naissance et son retour d’Égypte jusqu’au commencement de son ministère. Cette particularité a été conservée parce qu’elle montre qu’on voyait en lui dès sa première jeunesse des lumières, une sagesse et un zèle extraordinaire qui faisaient voir qu’il serait un jour revêtu de l’esprit de Dieu dans une mesure riche et abondante. Et par là Dieu voulait commencer à le faire connaître aux Juifs et les disposer à profiter de son ministère lorsqu’il l’exercerait au milieu d’eux.
Ce chapitre comprend trois choses :
La prédication de Jean-Baptiste. Le baptême de Jésus-Christ et sa généalogie.
1 La quinzième année de l’empire de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant tétrarque de la Galilée, Philippe son frère, tétrarque de l’Iturée et de la province de la Trachonite, et Lysanias, tétrarque d’Abylène,
2 Anne et Caïphe étant souverains sacrificateurs, la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert.
3 Et il vint dans tout le pays qui est aux environs du Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés ;
4 selon qu’il est écrit au livre des paroles du prophète Esaïe : La voix de celui qui crie dans le désert, est : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers.
5 Toute vallée sera comblée, et toute montagne et toute colline sera abaissée, les chemins tortus seront redressés, et les chemins raboteux seront aplanis ;
6 Et toute chair verra le salut de Dieu.
7 Il disait donc au peuple qui venait pour être baptisé par lui : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?
8 Faites donc des fruits convenables à la repentance ; et ne dites point en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abraham.
9 Or, la cognée est déjà mise à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu.
10 Alors le peuple lui demanda : Que ferons-nous donc ?
11 Il leur répondit : Que celui qui a deux habits en donne à celui qui n’en a point ; et que celui qui a de quoi manger en fasse de même.
12 Il vint aussi des péagers pour être baptisés ; et ils lui dirent : Maître, que ferons-nous ?
13 Et il leur dit : N’exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné.
14 Les gens de guerre lui demandèrent aussi : Et nous, que ferons-nous ? Il leur dit : N’usez point de violence ni de tromperie envers personne, mais contentez-vous de votre paie.
15 Et comme le peuple était dans l’attente, et que tous pensaient en eux-mêmes si Jean ne serait point le Christ ;
16 Jean prit la parole et leur dit à tous : Pour moi, je vous baptise d’eau ; mais il en vient un autre qui est plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers ; c’est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.
17 Il a son van dans ses mains, il nettoiera parfaitement son aire, et il amassera le froment dans son grenier ; mais il brûlera entièrement la balle, au feu qui ne s’éteint point.
18 Il adressait encore plusieurs autres exhortations au peuple, en lui annonçant l’Evangile.
19 Mais Hérode le tétrarque, ayant été repris par Jean, au sujet d’Hérodias, femme de Philippe son frère, et de toutes les méchantes actions qu’il avait faites,
20 ajouta encore à toutes les autres celle de faire mourir Jean en prison.
21 Or, comme tout le peuple se faisait baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit,
22 Et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe ; et il vint une voix du ciel, qui dit : Tu es mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
23 Et Jésus était alors âgé d’environ trente ans, et il était, comme on le croyait, fils de Joseph, fils d’Héli,
24 fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Janna, fils de Joseph,
25 fils de Matthathie, fils d’Amos, fils de Nahum, fils d’Héli, fils de Naggé,
26 fils de Maath, fils de Matthathie, fils de Semeï, fils de Joseph, fils de Juda,
27 fils de Johanna, fils de Rhésa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de Néri,
28 fils de Melchi, fils d’Addi, fils de Cosam, fils d’Elmodam, fils de Her,
29 fils de José, fils d’Eliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi,
30 fils de Siméon, fils de Juda fils de Joseph, fils de Jonan, fils d’Eliakim,
31 fils de Méléa, fils de Maïnan, fils de Matthata, fils de Nathan, fils de David,
32 fils de Jessé, fils d’Obed, fils de Booz, fils de Salmon, fils de Naasson,
33 fils d’Aminadab, fils d’Aram, fils d’Esrom, fils de Pharez, fils de Juda,
34 fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham, fils de Tharé, fils de Nachor,
35 fils de Sarug, fils de Ragaü, fils de Phaleg, fils de Héber, fils de Sala,
36 fils de Caïnan, fils d’Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamech,
37 fils de Mathusala, fils d’Hénoch, fils de Jared, fils de Malaléel, fils de Caïnan,
38 fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, qui fut créé de Dieu.
REFLEXIONS
Saint Luc nous apprend ici premièrement qu’avant que notre Seigneur parût, Jean-Baptiste fut envoyé, selon que les prophètes l’avaient prédit, pour préparer les Juifs à le recevoir. C’est ce qu’il fit en prêchant la repentance, en exhortant le peuple à croire en celui qui viendrait dans peu de temps après lui, en baptisant ceux qui recevaient sa doctrine et en dénonçant aux Juifs incrédules et impénitents que, quoiqu’ils fussent des enfants d’Abraham, ils n’éviteraient pas la colère à venir et que des pierres même Dieu susciterait d’autres enfants à Abraham, ce qui signifiait que les païens seraient appelés à leur place.
Tout cela tendait à faire comprendre aux Juifs que le règne du Messie allait être manifesté, mais que ce serait un règne tout spirituel et du Ciel et non un règne de la terre, comme ils l’avaient cru et que personne n’aurait part aux avantages de ce règne que ceux qui s’adonneraient à la sainteté et à la vertu.
Ces instructions nous regardent aussi bien que les Juifs, elles font voir que, sans l’amendement, on ne saurait être disciple de Jésus-Christ et qu’il ne reçoit dans son Église et dans son royaume que ceux qui font des fruits convenables à la repentance.
Jean-Baptiste déclare, outre cela, qu’il ne sert de rien d’appartenir à l’alliance de Dieu et de marquer même au dehors quelque zèle, mais qu’il faut montrer par les effets et par les œuvres la sincérité de sa foi et que les impénitents, non plus que les hypocrites n’échapperont pas à la vengeance divine.
L’exemple de ceux qui allaient écouter Jean-Baptiste et qui lui demandaient ses conseils nous instruit aussi de notre devoir. Le caractère des vrais pénitents est de confesser franchement leurs péchés, de rechercher les instructions dont ils ont besoin et de les suivre avec docilité.
Outre cela, les divers conseils que Jean-Baptiste donnait au peuple, aux péagers et aux soldats nous montrent que chacun de nous doit s’acquitter fidèlement des devoirs de sa vocation et éviter les péchés et les tentations dans lesquelles elle peut nous engager et qu’en particulier il faut exercer la charité et renoncer à l’avarice, à l’injustice, à la violence et à la tromperie.
Ce qu’il faut considérer sur le baptême de Jésus-Christ, c’est que Dieu voulut qu’il fût baptisé par Jean-Baptiste et que dans cette occasion le Saint-Esprit descendit sur lui et qu’on entendit une voix du Ciel afin que Jean-Baptiste lui-même, les Juifs et tous les hommes regardassent notre Seigneur comme le fils de Dieu et celui auquel il faut obéir.
Quant à la généalogie de Jésus-Christ que Saint Luc rapporte, il faut savoir qu’elle est différente de celle de St. Matthieu parce que St. Matthieu rapporte la généalogie de Joseph, l’époux de la Sainte vierge par Salomon, fils du roi David, au lieu que Saint Luc fait celle de la vierge par Nathan, aussi fils de David. Jésus passait pour fils de Joseph et il était tel selon la loi, mais il descendait d’Héli et il était son fils, c’est-à-dire son petit-fils par Marie sa mère qui était fille d’Héli. Mais ces deux généalogies s’accordent en ce qu’elles font descendre notre seigneur du roi David et du patriarche Abraham, ce qui est un des caractères auquel on devait reconnaître le Messie.
Saint Luc fait ici l’histoire du jeûne et de la tentation de notre Seigneur et il rapporte de quelle manière il commença à exercer son ministère dans la Galilée.
1 Jésus, étant plein du Saint-Esprit, revint des bords du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit dans le désert.
2 Et là il fut tenté par le diable pendant quarante jours, et il ne mangea rien durant ces jours-là ; mais après qu’ils furent passés, il eut faim.
3 Alors le diable lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, commande à cette pierre qu’elle devienne du pain.
4 Et Jésus lui répondit : Il est écrit que l’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu.
5 Ensuite le diable le mena sur une haute montagne, et lui fit voir en un moment tous les royaumes du monde ;
6 Et le diable lui dit : Je te donnerai toute, la puissance de ces royaumes et leur gloire ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.
7 Si donc tu te prosternes devant moi, toutes ces choses seront à toi.
8 Mais Jésus lui répondit : Retire-toi de moi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
9 Il le mena aussi à Jérusalem, et le mit sur le haut du temple, et lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ;
10 car il est écrit qu’il ordonnera à ses anges d’avoir soin de toi, pour te garder ;
11 et qu’ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre.
12 Mais Jésus lui répondit : Il est dit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.
13 Et le diable ayant achevé toute la tentation, se retira de lui pour un temps.
14 Et Jésus s’en retourna en Galilée par le mouvement de l’Esprit, et sa réputation courut dans tout le pays d’alentour.
15 Car il enseignait dans leurs synagogues, et il était honoré de tout le monde.
REFLEXIONS
Le jeûne de Jésus-Christ fut pour lui une préparation à l’exercice de son ministère, en quoi il ressembla à Moïse qui avait jeûné quarante jours lorsque Dieu lui donna ses Lois sur le mont Sinaï. Si Jésus-Christ a voulu jeûner, lui qui n’avait pas besoin de le faire pour se mortifier, nous ne devons pas négliger une pratique aussi utile que celle-là, nous à qui l’abstinence et la mortification sont si nécessaires.
II. Il faut savoir que quand il est dit que le diable tenta Jésus-Christ, cela signifie qu’il voulut éprouver si Jésus était le fils de Dieu et Dieu permit que notre Seigneur fût ainsi tenté avant que de commencer à prêcher l’Évangile et à faire des miracles afin que le diable, étant convaincu que Jésus était véritablement le fils de Dieu, il reconnut sa puissance et que les démons obéissent aux ordres de notre Seigneur lorsque dans la suite il les chasserait de ceux qui en était possédés. Le but de cette tentation était donc de montrer que Jésus-Christ était le fils de Dieu et qu’il venait au monde pour détruire le règne du diable.
À cette condition générale il faut en ajouter deux particulières :
L’une que nous devons résister aux tentations et surtout ne nous laisser jamais tenter par la défiance du secours de Dieu ou par une présomption téméraire ou par l’amour de la gloire et des biens du monde.
L’autre considération regarde le moyen de résister aux tentations. La retraite de Jésus-Christ dans le désert, son jeûne et la manière dont il repoussa les assauts du démon nous enseignent que la retraite, le jeûne, la prière et la parole de Dieu sont les moyens les plus efficaces pour vaincre les tentations et pour rendre inutiles tous les efforts des ennemis de notre salut.
CHAPITRE IV VERSET 16 A 44.
Notre Seigneur se trouvant à Nazareth un jour se sabbat dans la synagogue, il y lut un oracle d’Ésaïe qui marquait que Dieu enverrait le Messie et qu’il le remplirait de son Esprit pour annoncer aux hommes les bonnes nouvelles du salut et il dit que cet oracle etait accompli en sa personne. Il reprocha ensuite aux habitants de cette ville-là leur incrédulité, ce qui les irrita tellement qu’ils voulurent le précipiter du haut d’une montagne, mais il échappa à leur fureur.
Il se rendit de là à Capernaüm où il guérit un homme possédé du démon, la belle-mère de Saint pierre, et plusieurs autres malades. Il parcourut ensuite la Galilée en faisant des miracles et en prêchant l’Évangile.
16 Et Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé ; et il entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour lire.
17 Et on lui présenta le livre du prophète Esaïe ; et ayant ouvert le livre, il trouva l’endroit où il était écrit :
18 L’Esprit du Seigneur est sur moi, c’est pourquoi il m’a oint ; il m’a envoyé pour annoncer l’Evangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé ;
19 pour publier la liberté aux captifs, et le recouvrement de la vue aux aveugles ; pour renvoyer libres ceux qui sont dans l’oppression, et pour publier l’année favorable du Seigneur.
20 Et ayant replié le livre, et l’ayant rendu au ministre, il s’assit ; et les yeux de tous ceux qui étaient dans la synagogue étaient arrêtés sur lui.
21 Alors il commença à leur dire : Cette parole de l’Ecriture est accomplie aujourd’hui, et vous l’entendez.
22 Tous lui rendaient témoignage, et admiraient les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche, et ils disaient : N’est-ce pas là le fils de Joseph ?
23 Et il leur dit : Vous me direz sans doute ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même ; fais aussi ici, dans ta patrie, tout ce que nous avons ouï dire que tu as fait à Capernaüm.
24 Mais je vous assure, ajouta-t-il, que nul prophète n’est reçu dans sa patrie.
25 Je vous dis en vérité, qu’il y avait plusieurs veuves en Israël au temps d’Elie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois, tellement qu’il y eut une grande famine par tout le pays.
26 Néanmoins Elie ne fut envoyé chez aucune d’elles ; mais il fut envoyé chez une femme veuve de Sarepta, dans le pays de Sidon.
27 Il y avait aussi plusieurs lépreux en Israël, au temps d’Elisée le prophète ; toutefois aucun d’eux ne fut guéri ; le seul Naaman, qui était Syrien, le fut.
28 Et tous ceux qui étaient dans la synagogue furent remplis de colère en entendant ces choses.
29 Et s’étant levés, ils le mirent hors de la ville, et le menèrent jusqu’au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, pour le précipiter.
30 Mais il passa par le milieu d’eux, et s’en alla.
31 Et il descendit à Capernaüm, qui était une ville de Galilée, où il les enseignait les jours de sabbat.
32 Et ils étaient étonnés de sa doctrine ; car il parlait avec autorité.
33 Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé d’un esprit immonde, qui s’écria à haute voix :
34 Ah ! qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es ; tu es le Saint de Dieu.
35 Et Jésus le menaçant, lui dit : Tais-toi et sors de cet homme. Et le démon, après l’avoir jeté au milieu de l’assemblée, sortit de lui sans lui faire aucun mal.
36 Et ils en furent tous épouvantés, et ils disaient entre eux : Qu’est-ce que ceci ? Il commande avec autorité et avec puissance aux esprits immondes, et ils sortent !
37 Et sa réputation se répandit dans tous les quartiers du pays d’alentour.
38 Jésus étant sorti de la synagogue, entra dans la maison de Simon ; la belle-mère de Simon avait une fièvre violente, et ils le prièrent de la guérir.
39 S’étant donc approché d’elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta ; et incontinent elle se leva et les servit.
40 Quand le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades de diverses maladies les lui amenèrent ; et il les guérit en imposant les mains à chacun d’eux.
41 Les démons sortaient aussi du corps de plusieurs, criant : Tu es le Christ, le Fils de Dieu ; mais il les censurait, et il ne leur permettait pas de dire qu’ils sussent qu’il était le Christ.
42 Et dès que le jour parut, il sortit et alla dans un lieu désert, et une multitude de gens qui le cherchaient, vinrent au lieu où il était, et ils voulaient le retenir, afin qu’il ne les quittât pas.
43 Mais il leur dit : Il faut que j’annonce aussi le règne de Dieu aux autres villes ; car c’est pour cela que j’ai été envoyé.
44 Et il prêchait dans les synagogues de la Galilée.
REFLEXIONS
Voici quel était le sens et le but du discours que Jésus-Christ fit dans la synagogue de Nazareth.
C’était premièrement de montrer que, puisqu’il était revêtu des dons du Saint-Esprit et qu’il annonçait aux hommes l’heureuse nouvelle du salut, l’oracle d’Ésaïe qui est rapporté dans ce chapitre trouvait son accomplissement en lui.
II. Il voulait faire comprendre aux habitants de cette ville, parmi lesquels il avait été élevé, que leur incrédulité était cause qu’il ne faisait pas parmi eux les mêmes miracles qu’il avait fait ailleurs ; tout de même qu’autrefois les prophètes Élie et Elizée avaient fait des miracles en faveur des étrangers, plutôt qu’en faveur de ceux de leur nations.
Par là nous pouvons voir que ceux qui ont le plus d’occasion et de moyens de connaître la vérité sont souvent ceux qui en profitent le mois. Mais cela montre aussi que Dieu prive de sa grâce et de sa présence salutaire ceux qui s’en rendent indignes.
La résolution que les habitants de Nazareth prirent de précipiter Jésus-Christ est une nouvelle preuve de cette incrédulité qu’il leur avait reprochée et de leur ingratitude. C’est ainsi que les pécheurs s’irritent contre ceux qui leur disent la vérité et qui leur reprochent leurs vices. Cependant Jésus-Christ donna une marque de sa puissance infinie en échappant à la fureur de ces malheureux qui voulaient lui ôter la vie.
Enfin, les divers miracles dont nous avons le récit sur la fin de ce chapitre et par lesquels notre Seigneur commença à se faire connaître dans la Galilée et le soin qu’il eut de parcourir les villes de ce pays-là en annonçant l’Évangile sont des preuves sensibles de son grand zèle, de sa puissance sans borne, de la charité dont il était animé envers les hommes et de la divinité de sa doctrine.
Saint Luc fait le récit :
I. D’une pêche miraculeuse que notre Seigneur fit faire à Saint Pierre . II. De la guérison d’un lépreux. III. De celle d’un paralytique. IV. Il rapporte la vocation de Lévi qui était apôtre de Saint Matthieu ; et ce que Jésus répondit à ceux qui trouvaient mauvais qu’il mangeât avec les pécheurs et que ses disciples ne jeûnassent pas comme ceux de Jean-Baptiste.
1 Comme Jésus était sur le bord du lac de Génézareth, il était pressé par la foule qui se jetait sur lui pour entendre la parole de Dieu.
2 Et ayant vu deux barques au bord du lac, dont les pêcheurs étaient descendus et lavaient leurs filets, il monta dans l’une de ces barques, qui était à Simon ;
3 Et il le pria de s’éloigner un peu du rivage ; et s’étant assis, il enseignait le peuple de dessus la barque.
4 Et quand il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher.
5 Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre ; toutefois, sur ta parole, je jetterai le filet.
6 Ce qu’ayant fait, ils prirent une si grande quantité de poissons, que leur filet se rompait.
7 De sorte qu’ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient dans l’autre barque, de venir leur aider ; ils y vinrent, et ils remplirent les deux barques, tellement qu’elles s’enfonçaient.
8 Simon Pierre, ayant vu cela, se jeta aux pieds de Jésus et lui dit : Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur.
9 Car la frayeur l’avait saisi, et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche des poissons qu’ils avaient faite ; de même que Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient compagnons de Simon.
10 Alors Jésus dit à Simon : N’aie point de peur, désormais tu seras pêcheur d’hommes vivants.
11 Et ayant ramené leurs barques à bord, ils abandonnèrent tout et le suivirent.
12 Comme Jésus était dans une ville de la Galilée, un homme tout couvert de lèpre, l’ayant vu, se jeta à terre sur son visage, et le pria, disant : Seigneur, si tu le veux, tu peux me nettoyer.
13 Et Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : Je le veux, sois nettoyé. Et au même instant la lèpre le quitta.
14 Et Jésus lui défendit de le dire à personne ; mais va, lui dit-il, montre-toi au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a commandé, afin que cela leur serve de témoignage.
15 Et sa réputation se répandait de plus en plus, et une foule de gens s’assemblaient pour l’entendre, et pour être guéris de leurs maladies.
16 Mais il se tenait retiré dans les déserts, et il priait.
17 Or, un jour qu’il enseignait et que des Pharisiens et des docteurs de la loi, qui étaient venus de tous les bourgs de la Galilée, et de la Judée, et de Jérusalem, étaient là assis, la puissance du Seigneur agissait pour guérir les malades.
18 Alors il survint des gens qui portaient sur un lit un homme perclus, et ils cherchaient à le faire entrer dans la maison, et à le mettre devant Jésus.
19 Et ne sachant par où le faire entrer, à cause de la foule, ils montèrent sur la maison, et le dévalèrent par les tuiles avec son lit, au milieu de l’assemblée, devant Jésus,
20 Qui, ayant vu leur foi, lui dit : O homme, tes péchés te sont pardonnés.
21 Alors les Scribes et les Pharisiens commencèrent à raisonner et à dire : Qui est celui-ci, qui prononce des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ?
22 Mais Jésus, connaissant leurs pensées, prit la parole et leur dit : Quel raisonnement faites-vous dans vos cœurs ?
23 Lequel est le plus aisé, ou de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, et marche ?
24 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre l’autorité de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, je te le dis, emporte ton lit, et t’en va à ta maison.
25 Et à l’instant ce paralytique se leva en leur présence ; il emporta le lit sur lequel il avait été couché, et s’en alla à sa maison, donnant gloire à Dieu.
26 Et ils furent tous saisis d’étonnement, et ils glorifiaient Dieu ; ils furent remplis de crainte, et ils disaient : Certainement, nous avons vu aujourd’hui des choses qu’on n’eût jamais attendues.
27 Après cela il sortit, et il vit un péager nommé Lévi, assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suis-moi.
28 Et lui, quittant tout, se leva et le suivit.
29 Et Lévi lui fit un grand festin dans sa maison, où il se trouva une grande assemblée de péagers et d’autres personnes qui étaient à table avec eux.
30 Et ceux d’entre eux qui étaient Scribes et Pharisiens murmuraient et disaient à ses disciples : Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec des péagers et des gens de mauvaise vie ?
31 Et Jésus, prenant la parole, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais ce sont ceux qui se portent mal.
32 Je suis venu pour appeler à la repentance, non les justes, mais les pécheurs.
33 Ils lui dirent aussi : Pourquoi les disciples de Jean jeûnent-ils souvent et font-ils des prières, de même que ceux des Pharisiens, au lieu que les tiens mangent et boivent ?
34 Il leur dit : Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’époux, pendant que l’époux est avec eux ?
35 Mais les jours viendront que l’époux leur sera ôté ; ils jeûneront en ces jours-là.
36 Il leur dit aussi une similitude : Personne ne met une pièce d’un habit neuf à un vieux habit ; autrement, ce qui est neuf déchirerait, et la pièce du drap neuf ne convient point au vieux.
37 Personne aussi ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement, le vin nouveau romprait les vaisseaux, et se répandrait, et les vaisseaux seraient perdus.
38 Mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs, et ainsi tous les deux se conservent.
39 Et il n’y a personne qui, buvant du vin vieux, veuille aussitôt du nouveau ; car, dit-il, le vieux est meilleur.
REFLEXIONS
On doit admirer la sagesse de Jésus-Christ aussi bien que sa puissance dans la pêche miraculeuse dont nous avons ici l’histoire. Il fit ce miracle pour confirmer Saint Pierre et quelques-uns de ses collègues dans leur vocation à la charge d’apôtre et pour les assurer que leur ministère produirait de grands fruits. Ce miracle dût faire d’autant plus d’impression sur eux que notre Seigneur l’ayant fait dans une chose qui regardait leur profession, puisqu’ils étaient pêcheurs, ils sentirent mieux la grandeur de cette merveille. Ce fut aussi l’effet qu’elle produisit sur Saint Pierre qui, saisi d’admiration et de crainte à la vue de tout ce qui était arrivé, abandonna tout dès lors pour suivre notre Seigneur, ce que St. Jacques et St. Jean firent aussi.
Dans l’histoire du lépreux, on remarque que ce fut par sa foi et par ses prières qu’il obtint sa guérison et que notre Seigneur le renvoya au sacrificateur et lui ordonna de présenter ce qui était prescrit par la Loi de Moïse en pareil cas. Il en usa ainsi pour faire voir d’autant mieux aux sacrificateurs la certitude du miracle qu’il venait de faire et pour montrer qu’il observait tout ce que Dieu avait commandé dans sa Loi.
Il y a ceci de particulier dans l’histoire du paralytique que Jésus-Christ, avec la santé du corps, lui accorda le pardon de ses péchés et qu’il déclara qu’il avait le pouvoir de le faire. Nous devons reconnaitre par-là que Jésus-Christ a une souveraine autorité sur tous les hommes. Et comme ce fut la foi de ceux qui présentèrent ce paralytique à notre Seigneur qui l’engagea à le guérir, cela nous montre que la foi est d’une grande vertu. Celui qui veut ressentir les effets de la grâce de Dieu doit avoir de la confiance et de toutes les grâces celle qui est la plus nécessaire et que l’on obtient le plus sûrement de Jésus-Christ, c’est le pardon et la délivrance des péchés.
La vocation de St. Matthieu, qui était péager ou receveur des impôts, fait voir que notre Seigneur se choisit des apôtres et des disciples parmi des personnes qui étaient regardées avec aversion par les Juifs, comme les péagers. À l’exemple de St. Matthieu qui quitta son emploi dès que Jésus l’appela, il faut suivre la vocation divine aussitôt qu’elle nous est adressée et renoncer sans hésiter à tout ce qui pourrait y être un obstacle.
Ce que Jésus-Christ dit aux pharisiens qui s’offensaient de le voir dans la compagnie des pécheurs nous enseigne que le salut des pécheurs a été le but de sa venue au monde, mais qu’ils ne peuvent être sauvés sans la repentance, que ceux qui sont animés de l’esprit de Jésus-Christ ont une grande joie lorsque Dieu ramène des pécheurs de leurs égarements et qu’ils recherchent avec empressement les occasions de les en retirer.
Enfin, il faut savoir que si notre Seigneur n’obligeait pas ses disciples à jeûner comme les disciples de Jean-Baptiste, on ne doit pas croire que Jésus-Christ et Jean-Baptiste fussent d’un sentiment différent sur le jeûne ou que ces jeûnes que les disciples de Jean-Baptiste pouvaient bien observer fussent au-dessus des forces de notre Seigneur. La différence qu’il y avait à cet égard venait uniquement de ce que Jésus-Christ fréquentait toutes sortes de personnes sans distinction et dans toutes les occasions qui se présentaient, au lieu que Jean-Baptiste menait une vie retirée. Mais cependant le Seigneur déclare qu’après son départ, ses disciples seraient appelés non seulement au jeûne, mais à de grandes souffrances et que s’il ne les appelait pas encore à souffrir, c’était pour ménager leur faiblesse. De là nous devons recueillir que tant s’en faut que Jésus-Christ condamne le jeûne et une vie mortifiée et qu’il permette à ses disciples de chercher les plaisirs ou de satisfaire leurs sens, il les appelle au contraire à vivre dans la sobriété, dans la mortification et à porter leur croix.
Notre Seigneur justifie ses disciples qui étaient blâmés d’avoir arraché et mangé des épis de blé un jour de sabbat ; il guérit un homme qui avait une main sèche, et il établit les douze apôtres.
1 Il arriva, au jour du sabbat appelé second-premier, que, Jésus passant par des blés, ses disciples arrachaient des épis, et, les froissant entre leurs mains, ils en mangeaient.
2 Et quelques-uns des Pharisiens leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu’il n’est pas permis de faire les jours de sabbat ?
3 Alors Jésus, prenant la parole, leur dit : N’avez-vous donc pas lu ce que fit David, lorsque lui et ceux qui étaient avec lui furent pressés de la faim ;
4 Comment il entra dans la maison de Dieu, et prit les pains de proposition, et en mangea, et en donna même à ceux qui étaient avec lui, bien qu’il ne fût permis qu’aux seuls sacrificateurs d’en manger ?
5 Et il leur dit : Le Fils de l’homme est maître même du sabbat.
6 Il arriva aussi, un autre jour de sabbat, qu’il entra dans la synagogue, et qu’il y enseignait ; et il y avait là un homme duquel la main droite était sèche.
7 Or, les Scribes et les Pharisiens l’observaient, pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat, afin de trouver un sujet de l’accuser.
8 Mais comme il connaissait leurs pensées, il dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi, et tiens-toi là au milieu. Et lui, s’étant levé, se tint debout.
9 Jésus leur dit ensuite : Je vous demanderai une chose : Est-il permis, dans les jours de sabbat, de faire du bien, ou de faire du mal, de sauver une personne, ou de la laisser périr ?
10 Et ayant regardé tous ceux qui étaient autour de lui, il dit à cet homme : Etends ta main. Et il le fit, et sa main devint saine comme l’autre.
11 Et ils en furent remplis de fureur, et ils s’entretenaient ensemble de ce qu’ils pourraient faire à Jésus.
12 En ce temps-là, Jésus alla sur une montagne pour prier ; et il passa toute la nuit à prier Dieu.
13 Et dès que le jour fut venu, il appela ses disciples ; et il en choisit douze d’entre eux, qu’il nomma apôtres,
14 Savoir, Simon, qu’il nomma aussi Pierre, et André son frère, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemi,
15 Matthieu et Thomas, Jacques, fils d’Alphée, et Simon, appelé le Zélé,
16 Jude, frère de Jacques, et Judas Iscariot, qui fut celui qui le trahit.
17 Etant ensuite descendu avec eux, il s’arrêta dans une plaine avec la troupe de ses disciples, et une grande multitude de peuple de toute la Judée et de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon, qui étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies.
18 Ceux qui étaient tourmentés des esprits immondes étaient aussi guéris.
19 Et toute la multitude tâchait de le toucher, parce qu’il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous.
REFLEXIONS
La réflexion que nous devons faire sur ce que notre Seigneur dit aux pharisiens qui se scandalisaient de ce que ses disciples avaient arraché des épis de blé en un jour de sabbat et de ce qu’il avait guéri lui-même en pareil jour un homme qui avait la main sèche, c’est que les hypocrites et ceux que l’envie possède sont prompts à condamner les autres, ils blâment ce qui est innocent et permis et même quelquefois des actions nécessaires et louables et pendant qu’ils manquent aux devoirs les plus essentiels, qui sont toujours ceux de la piété et de la charité, ils sont scrupuleux dans les choses de petite importance. Nous devons donc apprendre d’ici à nous éloigner de l’hypocrisie, de la superstition et des jugements téméraires et à nous attacher toujours à ce que la religion a de plus important et à une piété solide, éclairée et accompagnée de charité. Cela nous montre de plus qu’il ne faut jamais omettre des œuvres saintes et nécessaires sous prétexte qu’il se trouve des personnes qui en jugent mal et que l’appréhension de scandaliser des gens mal disposés ne doit jamais nous empêcher de faire notre devoir.
C’est une chose bien remarquable que notre Seigneur, avant que de choisir et d’appeler les douze Apôtres, se retira sur une montagne et y passa toute la nuit à prier Dieu. Il nous donne en cela un bel exemple et une grande leçon de défiance de nous-même et de nos propres lumières. En sorte que nous n’entreprenions jamais rien d’important, sans avoir auparavant implorer le secours et la direction de l’esprit de Dieu. C’est ce que doivent surtout religieusement observer ceux qui sont appelés à conférer à d’autres le ministère de l’Evangile. Et à donner des pasteurs aux Eglises. Observons outre cela sur la vocation des Apôtres, c’est que ces Saints hommes que le Seigneur choisit pour être dépositaires de sa grâce et pour convertir le monde étaient des personnes simples et peu considérables. Ainsi l’on voit dans ce choix la vertu toute puissante de Jésus-Christ qui les revêtit des dons nécessaires pour un tel emploi et la divinité de sa doctrine.
La mémoire de ces premiers ministres de l’Évangile doit être précieuse parmi les chrétiens, nous devons louer Dieu des grandes choses qu’il a faites par leur moyen, recevoir la doctrine qu’ils ont enseignée et qui est contenue dans leurs écrits et pratiquer les saints commandements qu’il nous a laissés en qualité d’apôtres de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ auquel l’obéissance, la louange et la gloire doit être rendue aux siècles des siècles. Amen.
CHAPITRE VI 20 A 49.
C’est ici un discours de notre Seigneur dans lequel il parle de ce qui fait le bonheur ou le malheur des hommes, de la charité, du soin qu’on doit avoir de conserver la paix, de l’amour pour ses ennemis, des jugements téméraires et de quelques autres devoirs. Et il conclut ce discours en montrant par une similitude qu’il ne sert de rien d’écouter sa parole si on ne fait pas ce qu’elle nous commande.
20 Alors Jésus, levant les yeux vers ses disciples, il leur dit : Vous êtes bienheureux, vous pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous.
21 Vous êtes bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Vous êtes bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous serez dans la joie.
22 Vous serez bienheureux, lorsque les hommes vous haïront, qu’ils vous retrancheront de leurs synagogues, qu’ils vous diront des outrages et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’homme.
23 Réjouissez-vous en ce temps-là, et tressaillez de joie ; car voilà que votre récompense sera grande dans le ciel, et c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.
24 Mais malheur à vous, riches, parce que vous avez déjà reçu votre consolation.
25 Malheur à vous qui êtes rassasiés, parce que vous aurez faim. Malheur à vous qui riez maintenant ; car vous vous lamenterez, et vous pleurerez.
26 Malheur à vous, lorsque tous les hommes diront du bien de vous ; car leurs pères en faisaient de même des faux prophètes.
27 Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent ;
28 Bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui vous outragent ;
29 Et à celui qui te frappe à une joue, présente-lui aussi l’autre ; et si quelqu’un t’ôte ton manteau, ne l’empêche point de prendre aussi l’habit de dessous.
30 Donne à tout homme qui te demande, et si quelqu’un t’ôte ce qui est à toi, ne le redemande pas.
31 Et ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur aussi de même.
32 Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie aiment aussi ceux qui les aiment.
33 Et si vous ne faites du bien qu’à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie font la même chose.
34 Et si vous ne prêtez qu’à ceux de qui vous espérez de recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie, prêtent aussi aux gens de mauvaise vie, afin d’en recevoir la pareille.
35 C’est pourquoi aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans en rien espérer, et votre récompense sera grande, et vous serez les enfants du Très-Haut, parce qu’il est bon envers les ingrats et les méchants.
36 Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux.
37 De plus, ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; pardonnez, et on vous pardonnera ;
38 donnez, et on vous donnera ; on vous donnera dans le sein une bonne mesure, pressée et secouée, et qui se répandra par-dessus ; car on vous mesurera de la mesure dont vous vous servez envers les autres.
39 Il leur disait aussi une parabole : Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans la fosse ?
40 Le disciple n’est point au-dessus de son maître ; mais tout disciple accompli sera comme son maître.
41 De plus, pourquoi regardes-tu une paille qui est dans l’œil de ton frère, et tu ne t’aperçois pas d’une poutre qui est dans ton propre œil ?
42 Ou, comment peux-tu dire à ton frère : Mon frère, souffre que j’ôte la paille qui est dans ton œil ; toi qui ne vois pas une poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors, tu verras comment tu ôteras la paille qui est dans l’œil de ton frère.
43 L’arbre qui produit de mauvais fruit n’est pas bon ; et l’arbre qui produit de bon fruit n’est pas mauvais.
44 Car chaque arbre se connaît par son propre fruit. On ne cueille pas des figues sur les épines, et on ne cueille pas des raisins sur un buisson.
45 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.
46 Mais pourquoi m’appelez-vous : Seigneur, Seigneur ; tandis que vous ne faites pas ce que je dis ?
47 Je vous montrerai à qui ressemble tout homme qui écoute mes paroles, et qui les met en pratique :
48 Il est semblable à un homme qui bâtit une maison, et qui ayant foui et creusé profondément, en a posé le fondement sur le roc ; et quand il est survenu un débordement d’eaux, le torrent a donné avec violence contre cette maison, mais il ne l’a pu ébranler, parce qu’elle était fondée sur le roc.
49 Mais celui qui écoute mes paroles, et qui ne les met pas en pratique, est semblable à un homme qui a bâti sa maison sur la terre sans fondement, contre laquelle le torrent a donné avec violence, et aussitôt elle est tombée, et la ruine de cette maison-là a été grande.
REFLEXIONS
Voici un discours qui renferme plusieurs belles instructions :
I. La première, que ceux qui sont pauvres, affligés, méprisés et persécutés et qui avec cela sont humbles, patients et pieux sont les vrais disciples de Jésus-Christ, qu’ils seront heureux en ce monde et en l’autre et qu’au contraire, ceux que l’on croit les plus heureux parce qu’ils vivent dans l’abondance et dans la joie et que le monde les aime et les estime sont très misérables.
II. La seconde instruction est que nous devons aimer tous les hommes, même ceux qui ne nous aiment pas, leur rendre le bien pour le mal et souffrir plutôt quelque injure ou quelque tort que de nous venger ou que d’avoir des disputes et des procès. Jésus-Christ nous dit encore sur ce sujet que si nous n’aimons que ceux qui nous aiment, nous ne valons pas mieux que les païens, mais que nous devons être miséricordieux et faire du bien à chacun afin de ressembler à notre Père céleste qui est bon envers les méchants et les ingrats.
III. Notre Seigneur défend les jugements téméraires et il dit que c’est une hypocrisie insigne que d’examiner et de censurer les défauts d’autrui pendant qu’on ne se corrige pas de ses propres défauts qui sont souvent plus grands que ceux des autres.
IV. La quatrième instruction est renfermée dans ces paroles : Que l’arbre se connait par son fruit et que c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.
Cela veut dire que les hommes montrent par leur conduite et par leurs discours ce qu’ils sont et que si nous voulons que nos actions et nos paroles soient bien réglées, nous devons purifier notre cœur.
Enfin, Jésus-Christ déclare de la manière la plus forte et la plus expresse qu’il ne reconnait point pour ses disciples ceux qui l’appellent leur Seigneur et qui ne font pas ce qu’il commande. Il montre par la comparaison d’une maison bâtie sur le roc ou sur le sable qu’il n’y a rien qui puisse ébranler ceux qui joignent à la connaissance de l’Évangile la pratique de leurs devoirs au lieu que ceux qui se contentent d’écouter sa parole et qui ne font pas ce qu’elle ordonne ne sauraient résister aux tentations, ni parvenir au salut. Ce sont là les divines règles de la morale de Jésus-Christ, nous devons les avoir sans cesse devant les yeux et les faire servir à notre avancement dans la piété.
I. Jésus-Christ guérit le serviteur d’un capitaine païen ;
II. Il ressuscite le fils d’une femme veuve de la ville de Naïn ;
III. Et il répond aux disciples de Jean-Baptiste qui étaient venus lui demander s’il était le Messie.
1 Après que Jésus eut achevé tous ces discours devant le peuple qui l’écoutait, il entra dans Capernaüm.
2 Et il y avait là un centenier dont le serviteur, qui lui était fort cher, était malade, et s’en allait mourir.
3 Et le centenier ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui des anciens des Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur.
4 Étant donc venus vers Jésus, ils le prièrent instamment, disant, qu’il était digne qu’on lui accordât cela.
5 Car, disaient-ils, il aime notre nation, et c’est lui qui nous a fait bâtir la synagogue.
6 Jésus donc s’en alla avec eux. Et comme déjà il n’était plus guère loin de la maison, le centenier envoya vers lui de ses amis, lui dire : Seigneur, ne t’incommode point ; car je ne mérite pas que tu entres dans ma maison.
7 C’est pourquoi aussi je ne me suis pas jugé digne d’aller vers toi ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.
8 Car, quoique je ne sois qu’un homme soumis à la puissance d’autrui, j’ai sous moi des soldats ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais ceci, et il le fait.
9 Ce que Jésus ayant entendu, il l’admira, et se tournant, il dit à la troupe qui le suivait : Je vous dis que je n’ai pas trouvé une si grande foi, non pas même en Israël.
10 Et quand ceux qui avaient été envoyés furent de retour à la maison, ils trouvèrent le serviteur qui avait été malade, se portant bien.
11 Le jour suivant, Jésus allait à une ville appelée Naïn, et plusieurs de ses disciples et une grande troupe allaient avec lui.
12 Et comme il approchait de la porte de la ville, il arriva qu’on portait en terre un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve, et il y avait avec elle un grand nombre de gens de la ville.
13 Et le Seigneur l’ayant vue, il fut touché de compassion pour elle, et il lui dit : Ne pleure point.
14 Et s’étant approché, il toucha la bière, et ceux qui la portaient s’arrêtèrent ; et il dit : Jeune homme, je te le dis : Lève-toi.
15 Et celui qui était mort s’assit et commença à parler. Et il le rendit à sa mère.
16 Et la crainte les saisit tous, et ils glorifièrent Dieu, en disant : Un grand prophète s’est élevé parmi nous, et Dieu a visité son peuple.
17 Et le bruit de ce miracle se répandit par toute la Judée, et dans tout le pays d’alentour.
18 Or, toutes ces choses furent rapportées à Jean par ses disciples.
19 Et Jean appela deux de ses disciples, et les envoya vers Jésus, pour lui dire : Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?
20 Ces hommes donc, étant venus vers Jésus, lui dirent : Jean-Baptiste nous a envoyés vers toi, pour te dire : Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?
21 (Or, à cette même heure, Jésus guérit plusieurs personnes de leurs maladies, de leurs infirmités et des malins esprits, et il rendit la vue à plusieurs aveugles.)
22 Puis il répondit aux disciples de Jean : Allez et rapportez à Jean ce que vous avez vu et entendu ; que les aveugles recouvrent la vue, que les boiteux marchent, que les lépreux sont nettoyés, que les sourds entendent, que les morts ressuscitent, que l’évangile est annoncé aux pauvres.
23 Et il ajouta : heureux est celui qui ne se scandalisera pas de moi.
REFLEXIONS
Dans la guérison du serviteur du centenier, on doit remarquer d’un côté l’humilité de cet officier, qui, étant païen de naissance, ne se croyait pas digne que Jésus-Christ entrât chez lui et de l’autre, la grandeur de sa foi qui paraît en ce qu’il était persuadé que notre Seigneur, quoi qu’absent, pouvait guérir son serviteur par une seule parole. L’éloge distingué que notre Seigneur fit de la foi de ce centenier en disant qu’il n’avait pas trouvé parmi les Juifs une foi semblable à la sienne et le miracle qu’il voulut bien faire en sa faveur font voir que rien ne lui est plus agréable que la foi et l’humilité et qu’une foi vive et un profond sentiment de notre indignité sont le sûr moyen d’obtenir de lui les effets de sa miséricorde.
L’autre miracle que notre Seigneur fit en ressuscitant le fils d’une veuve de Naïn est un événement où le pouvoir de Jésus-Christ paraît d’une manière encore plus éclatante, de même que sa bonté et la compassion qu’il avait des personnes affligées.
Ainsi nous avons dans cette histoire des motifs bien forts à la confiance, elle doit surtout nous remplir de consolation et nous persuader pleinement que notre Seigneur, ayant ressuscité en diverses occasions des personnes mortes, il a le pouvoir de nous rendre la vie après notre mort et qu’il le fera infailliblement au dernier jour selon ses promesses.
III. La réponse que Jésus-Christ fit aux disciples de Jean-Baptiste est remarquable. Étant interrogé s’il était le Messie, il ne leur répondit pas directement, mais il se contenta de faire des miracles en leur présence, ce qui montrait plus clairement qu’on devait le regarder comme le Messie que s’il eût dit ouvertement qu’il l’était. On voit dans cette conduite de notre Seigneur une sagesse admirable puisqu’en ne prenant pas la qualité de Messie, ce qu’il a toujours évité de faire publiquement, il faisait cependant tout ce qu’il y avait de plus propre pour convaincre les hommes qu’il était ce grand rédempteur que Dieu avait promis d’envoyer et que les Juifs attendaient.
CHAPITRE VII VERSETS 24 A 50
Notre Seigneur parle de Jean-Baptiste et il décrit la nature et l’excellence de son ministère.
Il se plaint que le plus grand nombre des Juifs et surtout les pharisiens et les docteurs de la Loi avaient rejeté le ministère de Jean-Baptiste et le sien.
Étant à table chez un pharisien, il pardonne à une femme pécheresse.
24 Quand ceux que Jean avait envoyés furent partis, Jésus se mit à parler de Jean au peuple, et leur dit : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Etait-ce un roseau agité du vent ?
25 Mais encore, qu’êtes-vous allés voir ? Etait-ce un homme vêtu d’habits précieux ? Voilà, ceux qui sont magnifiquement vêtus, et qui vivent dans les délices, sont dans les maisons des rois.
26 Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.
27 C’est celui de qui il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, qui préparera le chemin devant toi.
28 Car je vous dis qu’entre ceux qui sont nés de femme, il n’y a point de prophète plus grand que Jean-Baptiste ; et cependant, celui qui est le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui.
29 Et tout le peuple qui l’a entendu, et même les péagers, ont justifié Dieu, ayant reçu le baptême de Jean.
30 Mais les Pharisiens et les docteurs de la loi, ne s’étant pas fait baptiser par lui, ont rejeté le dessein de Dieu à leur égard.
31 Alors le Seigneur dit : A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui ressemblent-ils ?
32 Ils ressemblent aux enfants qui sont assis dans une place, et qui crient les uns aux autres, et disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous nous sommes lamentés, et vous n’avez point pleuré.
33 Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant point de pain, et ne buvant point de vin ; et vous avez dit : Il a un démon.
34 Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous avez dit : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des péagers et des gens de mauvaise vie.
35 Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.
36 Un Pharisien ayant prié Jésus de manger chez lui, il entra dans la maison du Pharisien, et il se mit à table.
37 Et une femme de la ville, qui avait été de mauvaise vie, ayant su qu’il était à table dans la maison du Pharisien, elle y apporta un vase d’albâtre, plein d’une huile odoriférante.
38 Et se tenant derrière, aux pieds de Jésus, elle se mit à pleurer ; elle lui arrosait les pieds de ses larmes, et les essuyait avec ses cheveux ; elle lui baisait les pieds, et elle les oignait avec cette huile.
39 Le Pharisien, qui l’avait convié, voyant cela, dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait sans doute qui est cette femme qui le touche, et qu’elle est de mauvaise vie.
40 Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Et il dit : Maître, dis-le.
41 Un créancier avait deux débiteurs, dont l’un lui devait cinq cents deniers et l’autre cinquante.
42 Et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur quitta à tous deux leur dette. Dis-moi donc lequel des deux l’aimera le plus ?
43 Simon lui répondit : J’estime que c’est celui à qui il a le plus quitté. Jésus lui dit : Tu as fort bien jugé.
44 Alors se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour me laver les pieds ; mais elle a arrosé mes pieds de larmes, et les a essuyés avec ses cheveux.
45 Tu ne m’as point donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a cessé de me baiser les pieds.
46 Tu n’as point oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds d’une huile odoriférante.
47 C’est pourquoi je te dis que ses péchés, qui sont en grand nombre, lui sont pardonnés ; et c’est à cause de cela qu’elle a beaucoup aimé ; mais celui à qui on pardonne moins, aime moins.
48 Puis il dit à la femme : Tes péchés te sont pardonnés.
49 Et ceux qui étaient à table avec lui se prirent à dire entre eux : Qui est celui-ci, qui même pardonne les péchés ?
50 Mais il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée ; va-t’en en paix.
REFLEXIONS
Le sens de ce que Jésus-Christ disait aux Juifs touchant le ministère de Jean-Baptiste était que tout de même qu’ils n’avaient pas vu en Jean-Baptiste un homme qui parût avec la pompe qui accompagne les ministres des rois de la terre, mais seulement un grand prophète, aussi ils ne devaient pas s’étonner de le voir lui-même dans la bassesse, ni le rejeter à cause de cela. Par où il voulait leur faire comprendre que le règne du Messie n’aurait rien de charnel, ni de mondain et les obliger à s’arrêter uniquement à ce qu’il y avait de spirituel et de divin dans sa doctrine.
II. Jésus-Christ dit dans cette occasion que, quelque grand que fût Jean-Baptiste, le moindre du royaume de Dieu, c’est-à-dire de ses vrais disciples, serait plus grand que lui. Notre Seigneur parlait ainsi parce que les chrétiens connaissent bien mieux le Messie et les raisons de sa venue que Jean-Baptiste ne les connaissait. Ces paroles qui nous instruisent de nos avantages doivent nous inciter à y répondre et à nous en rendre dignes.
III. On voit ici que les personnes qui étaient les plus méprisées et les plus décriées parmi les Juifs furent touchés des exhortations de Jean-Baptiste et de celles de notre Seigneur, mais que les pharisiens et ceux qui paraissaient les plus éclairés avaient rejeté ces exhortations, disant que la vie de Jean-Baptiste était trop austère et trouvant que celle de Jésus-Christ était trop relâchée, parce qu’il se rencontrait souvent avec les pécheurs. Cet exemple montre que les personnes qui ont le cœur mal disposé trouvent à redire à tout, avec quelque précaution qu’on se conduise, on ne saurait éviter d’être condamné par ces gens-là, mais ceux qui ont le cœur bon profitent avec empressement des moyens que Dieu leur présente pour leur édification et pour leur salut.
IV. L’histoire de la pécheresse est tout-à-fait remarquable. Elle nous instruit de la nature vraie repentance et de son efficace :
I. On voit dans cette femme pénitente le modèle de cette profonde humilité avec laquelle les grands pécheurs doivent déplorer leurs égarements et de cette vive douleur qui pénètre l’âme, qui paraît au dehors par la confession, par les larmes et par toutes les marques d’une sincère componction et d’une confusion salutaire et qui produit un entier renoncement au péché.
II. On remarque ici avec quelle bonté le Sauveur du monde reçoit les vrais pénitents et leur pardonne leurs fautes. Ce qu’il dit au pharisien qui croyait que Jésus n’était pas un prophète, puisqu’il souffrait que la pécheresse s’approchât de lui et lui baisât les pieds, tendait à lui faire connaître qu’il savait bien ce que cette femme était, mais qu’il ne rejetait pas les grands pécheurs lorsqu’il les voyait véritablement repentants et que l’on ne devait pas non plus les rejeter, ni les mépriser.
Il faut enfin faire une attention particulière à ces paroles de notre Seigneur : que celui à qui il est beaucoup pardonné l’aimera davantage.
Il nous apprend par-là que ceux à qui Dieu a pardonné de grands péchés doivent l’aimer avec plus d’ardeur et même qu’ils peuvent parvenir à un degré considérable de sainteté. C’est là une doctrine bien propre à encourager les pécheurs et qui doit les animer à l’amour de Dieu et à l’étude de la sainteté et des bonnes œuvres.
Cette partie du chapitre VIII de Saint Luc renferme trois choses :
I. La parabole de la semence,
II. la déclaration que notre Seigneur fait que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses plus proches parents,
III Le miracle qu’il fit en apaisant une tempête.
1 Depuis ce temps-là, Jésus allait de ville en ville, et de village en village, prêchant et annonçant le royaume de Dieu ; et les douze apôtres étaient avec lui.
2 Il y avait aussi avec lui quelques femmes qui avaient été délivrées des malins esprits et de leurs maladies ; savoir, Marie qu’on appelait Magdelaine, de laquelle il était sorti sept démons ;
3 et Jeanne, femme de Chuzas, intendant d’Hérode, et Suzanne et plusieurs autres, qui l’assistaient de leurs biens.
4 Et comme une grande foule de peuple s’assemblait, et que plusieurs venaient à lui de toutes les villes, il leur dit en parabole :
5 Un semeur sortit pour semer, et en semant, une partie du grain tomba le long du chemin, et elle fut foulée, et les oiseaux du ciel la mangèrent toute ;
6 et l’autre partie tomba sur un endroit pierreux ; et quand elle fut levée, elle sécha, à cause qu’elle n’avait point d’humidité ;
7 et l’autre partie tomba parmi les épines, et les épines levèrent avec le grain, et l’étouffèrent ;
8 Et l’autre partie tomba dans une bonne terre ; et étant levée, elle rendit du fruit cent pour un. En disant ces choses, il criait : Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende !
9 Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole.
10 Et il répondit : Il vous est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais il n’en est parlé aux autres qu’en paraboles, de sorte qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point.
11 Voici donc ce que cette parabole signifie : La semence, c’est la parole de Dieu ;
12 ceux qui la reçoivent le long du chemin, ce sont ceux qui l’écoutent ; mais le diable vient, qui ôte cette parole de leur cœur, de peur qu’en croyant, ils ne soient sauvés ;
13 ceux qui la reçoivent dans des endroits pierreux, ce sont ceux qui ayant ouï la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine, et ils ne croient que pour un temps ; et quand la tentation survient, ils se retirent ;
14 et ce qui est tombé parmi les épines, sont ceux qui ont entendu la parole, mais qui, s’en allant, la laissent étouffer par les inquiétudes, par les richesses et par les voluptés de cette vie, de sorte qu’ils ne portent point de fruit qui vienne à maturité ;
15 mais ce qui est tombé dans une bonne terre, ce sont ceux qui, ayant ouï la parole avec un cœur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance.
16 Personne, après avoir allumé une chandelle, ne la couvre d’un vaisseau, ni ne la met sous le lit ; mais il la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.
17 Car il n’y a rien de secret qui ne doive être manifesté, ni rien de caché qui ne doive être connu et venir en évidence.
18 Prenez donc garde de quelle manière vous écoutez ; car on donnera à celui qui a déjà, mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il croit avoir.
19 Alors sa mère et ses frères vinrent le trouver ; mais ils ne pouvaient l’aborder à cause de la foule.
20 Et on vint lui dire : Ta mère et tes frères sont là dehors, qui désirent de te voir.
21 Mais il répondit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.
22 Il arriva un jour qu’il entra dans une barque avec ses disciples, et il leur dit : Passons de l’autre côté du lac ; et ils partirent.
23 Et comme ils voguaient, il s’endormit : et un vent impétueux s’éleva sur le lac, la barque s’emplissait d’eau, et ils étaient en danger.
24 Alors ils vinrent vers lui, et ils le réveillèrent en lui disant : Maître, maître, nous périssons. Mais lui, étant réveillé, parla avec autorité au vent et à la tempête, qui s’apaisèrent, et il se fit un grand calme.
25 Alors il leur dit : Où est votre foi ? Et eux, saisis de crainte et d’admiration, disaient entre eux : Mais qui est celui-ci, qu’il commande même aux vents et à l'eau, et ils lui obéissent.
REFLEXIONS
Le dessein de Jésus-Christ dans la parabole de la semence était d’apprendre à ceux qui l’écoutaient que tous les hommes ne reçoivent pas la parole de Dieu de la même manière.
La semence qui tombe auprès d’un chemin représente les personnes qui sont entièrement endurcies et qui ne reçoivent du tout point cette parole.
Par la semence qui tombe parmi les pierres, notre Seigneur décrit l’état de ceux sur qui la parole fait quelque impression, qui la goûtent d’abord et la reçoivent avec joie, mais qui, n’étant pas bien affermis, ne persévèrent pas et succombent aux tentations.
La semence qui tombe parmi les épines nous met devant les yeux l’état de ces auditeurs en qui l’Évangile ne produit pas son effet parce que leur cœur est occupé par l’amour des richesses et des voluptés et possédés par les soins de cette vie.
Mais par la semence qui est reçue dans un bon champ et qui y produit beaucoup de fruit, notre Seigneur marque l’effet que la parole produit sur ceux qui la reçoivent dans un cœur honnête et bon et qui en rapportent les fruits avec persévérance.
C’est ici une similitude à laquelle nous devons faire une sérieuse et continuelle attention. Jésus-Christ en la proposant a voulu nous engager, comme il le dit lui-même, à prendre garde à la manière dont nous écoutons la parole de Dieu et à nous bien examiner pour voir si nous en faisons un bon usage. C’est à quoi nous oblige encore la déclaration que notre Seigneur fit lorsqu’on lui vint dire que sa mère et ses proches parents demandaient à lui parler. Nous devons voir par ce qu’il dit alors que ce qui nous fait surtout avoir part à son amour c’est une grande attention et un grand zèle à écouter sa parole et à faire sa volonté. Ce qui nous unit ainsi à Jésus-Christ est aussi ce qui doit nous unir le plus étroitement les uns avec les autres. Les liens de la piété sont encore plus forts que ceux de la nature et de tous les hommes ceux à qui il faut le plus donner son affection et son estime, ce sont ceux qui aiment véritablement le Seigneur Jésus-Christ et qui gardent ses commandements.
Nous voyons enfin ici que notre Seigneur, qui avait fait tant de miracles pour la délivrance des personnes affligées, voulut aussi en faire un en faveur de ses apôtres en les délivrant d’un grand danger lorsqu’ils étaient prêts à périr sur l’eau. Les apôtres craignirent dans cette occasion et le Seigneur voyant la faiblesse de leur foi les en reprit, mais il ne laissa pas de les délivrer.
Nos faiblesses n’empêchent pas que Dieu ne nous accorde les secours qui nous sont nécessaires, pourvu que nous ayons recours à lui avec sincérité et avec humilité. Ceux que Dieu aime peuvent se rencontrer dans de fâcheuses extrémités et leur faiblesse peut alors les jeter dans la crainte, mais le Seigneur ne les abandonne jamais et en quelque état qu’ils se trouvent, il les favorise toujours de son amour et de sa protection.
CHAPITRE VIII VERSETS 26 A 56
Jésus-Christ fait trois miracles :
Il délivre un démoniaque. Il guérit une femme malade d’une perte de sang, Et il ressuscite une jeune fille.
26 Ils abordèrent ensuite au pays des Gadaréniens, qui est vis-à-vis de la Galilée.
27 Et quand Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme de cette ville-là, qui était possédé des démons depuis longtemps. Il ne portait point d’habit, et il ne demeurait point à la maison ; mais il se tenait dans les sépulcres.
28 Dès qu’il vit Jésus, il fit un grand cri, et se jetant à ses pieds, il dit à haute voix : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? Je te prie, ne me tourmente point.
29 Car Jésus commandait à l’esprit immonde de sortir de cet homme, dont il s’était saisi depuis longtemps ; et bien qu’il fût gardé, lié de chaînes, et qu’il eût les fers aux pieds, il rompait ses liens, et il était emporté par le démon dans les déserts.
30 Et Jésus lui demanda : Comment t’appelles-tu ? Et il répondit : Je m’appelle Légion ; car plusieurs démons étaient entrés en lui.
31 Et ils le priaient de ne leur pas commander d’aller dans l’abîme.
32 Or, il y avait là un grand troupeau de pourceaux qui paissaient sur une montagne ; et ils le priaient qu’il leur permît d’entrer dans ces pourceaux, et il le leur permit.
33 Les démons étant donc sortis de cet homme, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita avec impétuosité dans le lac, et y fut noyé.
34 Et ceux qui les paissaient, voyant ce qui était arrivé, s’enfuirent et le racontèrent dans la ville et à la campagne.
35 Alors les gens sortirent pour voir ce qui s’était passé ; et étant venus vers Jésus, ils trouvèrent l’homme duquel les démons étaient sortis, assis aux pieds de Jésus, habillé et dans son bon sens ; et ils furent saisis de frayeur.
36 Et ceux qui avaient vu la chose leur racontèrent comment le démoniaque avait été délivré.
37 Alors tous ceux du pays des Gadaréniens le prièrent de se retirer de chez eux ; car ils étaient saisis d’une grande crainte. Il entra donc dans la barque pour s’en retourner.
38 Et l’homme duquel les démons étaient sortis le priait de lui permettre d’être avec lui ; mais Jésus le renvoya, en disant :
39 Retourne en ta maison, et raconte les grandes choses que Dieu t’a faites. Il s’en alla donc, publiant par toute la ville tout ce que Jésus avait fait en sa faveur.
40 Quand Jésus fut de retour, il fut reçu par une grande multitude ; car tous l’attendaient.
41 Et il vint à lui un homme qui s’appelait Jaïrus, lequel était chef de la synagogue, et se jetant aux pieds de Jésus, il le pria de venir dans sa maison ;
42 parce qu’il avait une fille unique, âgée d’environ douze ans, qui se mourait. Et comme Jésus y allait, il était pressé par la foule.
43 Alors une femme qui avait une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien en médecins, sans avoir pu être guérie par aucun d’eux,
44 S’approchant de lui par derrière, toucha le bord de son vêtement ; et à l’instant sa perte de sang s’arrêta.
45 Alors Jésus dit : Qui est-ce qui m’a touché ? Et comme tous le niaient, Pierre et ceux qui étaient avec lui, lui dirent : Maître, la foule t’environne et te presse ; et tu dis : Qui est-ce qui m’a touché ?
46 Mais Jésus dit : Quelqu’un m’a touché ; car j’ai senti qu’une vertu est sortie de moi.
47 Cette femme donc voyant que cela ne lui avait point été caché, vint toute tremblante, et se jetant à ses pieds, elle déclara, devant tout le peuple, pour quel sujet elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant.
48 Et il lui dit : Ma fille, rassure-toi, ta foi t’a guérie ; va-t’en en paix.
49 Comme il parlait encore, quelqu’un vint de chez le chef de la synagogue, qui lui dit : Ta fille est morte, ne fatigue pas davantage le Maître.
50 Mais Jésus l’ayant entendu, dit au père de la fille : Ne crains point ; crois seulement, et elle sera guérie.
51 Et quand il fut arrivé dans la maison, il ne laissa entrer personne que Pierre, Jacques et Jean, et le père et la mère de la fille.
52 Et tous pleuraient et se lamentaient à cause d’elle ; mais il dit : Ne pleurez point ; elle n’est pas morte, mais elle dort.
53 Et ils se moquaient de lui, sachant qu’elle était morte.
54 Mais, les ayant tous fait sortir, il la prit par la main, et il cria : Ma fille, lève-toi.
55 Et son âme revint ; elle se leva à l’instant, et il commanda qu’on lui donnât à manger.
56 Et son père et sa mère furent tout étonnés ; mais il leur défendit de dire à personne ce qui était arrivé.
REFLEXIONS
Ce qui est ici rapporté de l’état déplorable où était depuis longtemps ce démoniaque que Jésus-Christ délivra et les diverses circonstances de cette histoire font voir la certitude et la merveille du miracle que notre Seigneur fit dans cette occasion aussi bien que la grande miséricorde qu’il exerça envers lui. La permission que Jésus-Christ donna aux démons d’entrer dans les pourceaux est aussi une preuve de la grandeur et de la vérité de ce miracle et du pouvoir souverain que notre Seigneur avait sur les démons. On voit même ici que ces esprits malins le craignaient et le redoutaient comme leur juge. Jésus-Christ ayant délivré cet homme lui ordonna de raconter aux siens la grâce que Dieu lui avait faite. C’est ainsi que nous devons reconnaître et publier les bontés du Seigneur envers nous lorsqu’il nous accorde quelque délivrance ou quelque faveur particulière. Au reste, il faut considérer que si les hommes ne sont plus exposés au pouvoir du démon, comme l’étaient ceux que notre Seigneur délivrait, ils peuvent tomber d’une autre manière sous la puissance de cet ennemi de notre salut. C’est l’état funeste de ceux dont l’Écriture dit : que le diable agit en eux avec efficace et qu’ils sont pris dans ses pièges pour faire sa volonté.
Dans la guérison de cette femme qui était malade d’une perte de sang, l’on doit principalement faire attention à ses sentiments et à sa conduite. N’osant pas se présenter devant notre Seigneur pour lui demander sa guérison, elle se contenta de toucher son habit, ce qui marquait par là sa profonde humilité et en même temps la grandeur de sa foi et la haute opinion qu’elle avait de la puissance de Jésus-Christ. La délivrance prompte et miraculeuse que le Seigneur lui accorda ne manifeste pas seulement la vertu divine qui était en lui, elle nous apprend aussi qu’avec l’humilité et la foi nous trouverons toujours auprès de Jésus-Christ les secours nécessaires pour notre salut. Plus on se croit indigne d’avoir part à la grâce de Dieu et plus il est disposé à la répandre sur nous. C’est encore une chose digne d’être remarquée que notre Seigneur connut que cette femme l’avait touché, quoiqu’elle ne se fût pas adressée à lui. On voit par-là que rien n’est caché à Jésus-Christ et que les miracles qu’il opérait ne se faisait que par sa volonté.
La résurrection de la fille de Jaïrus est un effet plus considérable de la puissance infinie de notre Seigneur et ce miracle, de même que quelques autres semblables qu’il a faits, ne nous permettent pas de douter qu’il ne puisse ressusciter les morts et qu’il ne fasse un jour cette même merveille en notre faveur selon qu’il nous l’a promis.
Saint Luc rapporte :
I. L’envoi des douze apôtres dans la Judée et les instructions que notre Seigneur leur donna
II. L’opinion que le roi Hérode avait de Jésus-Christ,
III. Le miracle de la multiplication des cinq pains et des deux poissons,
IV. l’entretien que notre Seigneur eut avec les apôtres lorsqu’il leur demanda quels sentiments ils avaient de lui et ce qu’il leur dit pour les avertir de sa mort et pour les préparer eux-mêmes aux souffrances.
1 Puis Jésus ayant assemblé ses douze disciples, il leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies.
2 Il les envoya donc annoncer le règne de Dieu, et guérir les malades.
3 Et il leur dit : Ne portez rien pour le chemin, ni bâtons, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez point deux habits.
4 Et en quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez.
5 Et partout où l’on ne vous recevra point, en partant de cette ville-là, secouez la poussière de vos pieds, en témoignage contre ces gens-là.
6 Etant donc partis, ils allaient de bourgade en bourgade, annonçant l’évangile et guérissant partout les malades.
7 Cependant, Hérode le tétrarque entendit parler de tout ce que Jésus faisait ; et il était fort en peine, parce que les uns disaient que Jean était ressuscité des morts ;
8 et d’autres, qu’Elie était apparu ; et d’autres, que quelqu’un des anciens prophètes était ressuscité.
9 Et Hérode disait : J’ai fait couper la tête à Jean ; qui est donc celui-ci, de qui j’entends dire de telles choses ? Et il souhaitait de le voir.
10 Les apôtres étant de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Les ayant pris avec lui, il se retira à l’écart dans un lieu solitaire, près d’une ville appelée Bethsaïde.
11 Le peuple l’ayant appris, le suivit, et Jésus les ayant reçus, il leur parlait du règne de Dieu, et il guérissait ceux qui avaient besoin de guérison.
12 Comme le jour commençait à baisser, les douze s'approchèrent de lui et lui dirent : Renvoie cette multitude, afin qu’ils s’en aillent aux bourgs et aux villages qui sont aux environs, pour s’y retirer et pour trouver à manger ; car nous sommes ici dans un lieu désert.
13 Mais il leur dit : Vous-mêmes, donnez-leur à manger. Et ils dirent : Nous n’avons que cinq pains et deux poissons ; à moins que nous n’allions acheter des vivres pour tout ce peuple ;
14 car ils étaient environ cinq mille hommes. Alors il dit à ses disciples : Faites-les asseoir par rangs de cinquante personnes chacun.
15 Et ils firent ainsi, et les firent tous asseoir.
16 Alors Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il les bénit, et les rompit, et les donna aux disciples, afin qu’ils les missent devant le peuple.
17 Ils en mangèrent tous, et furent rassasiés, et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restèrent.
18 Il arriva, comme il priait en particulier, et que les disciples étaient avec lui, qu’il leur demanda : Qui dit-on, parmi le peuple, que je suis ?
19 Eux, répondant, dirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Elie : et les autres, que quelqu’un des anciens prophètes est ressuscité.
20 Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Et Pierre répondit : Tu es le CHRIST DE DIEU.
21 Et il leur défendit avec menaces de le dire à personne.
22 Puis il leur dit : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les principaux sacrificateurs et par les Scribes, et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour.
23 Et il disait à tous : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive.
24 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, celui-là la sauvera.
25 Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il se détruisait lui-même et s'il se perdait lui-même ?
26 Car si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges.
27 Et je vous dis en vérité, qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point, qu’ils n’aient vu le règne de Dieu.
REFLEXIONS
Ce qu’il y a à considérer sur l’envoi des apôtres, c’est que Jésus-Christ leur ordonna d’aller devant lui dans la Judée afin de répandre partout la bonne nouvelle de la venue du Messie et de préparer les Juifs, par leur prédication et par leurs miracles, à le recevoir. Par là il voulait aussi les préparer eux-mêmes à aller dans la suite annoncer l’Évangile par toute la terre. Ce que l’on doit surtout remarquer dans ce que Jésus-Christ leur dit, c’est que le ministère des serviteurs de Dieu n’est utile qu’à ceux qui les reçoivent et que ceux qui les rejettent attirent sur eux une sévère mais juste condamnation.
Il parait d’ici, en second lieu, que l’on avait une haute opinion de notre Seigneur parmi les Juifs, puisqu’on croyait que c’était Élie ou quelque autre prophète, mais c’est une chose très remarquable qu’Hérode, qui était un prince impie et dans les sentiments des sadducéens qui niaient la résurrection, croyait que Jean-Baptiste, qu’il avait fait mourir, était ressuscité. On doit regarder cela comme un effet des remords que ce prince ressentait d’avoir fait mourir ce Saint homme. Quoique les impies rejettent les vérités de la religion, ils ne sont jamais bien affermis dans leurs sentiments et lorsque leur conscience se réveille, ils reconnaissent les mêmes vérités qu’ils avaient révoquées en doute et niées auparavant.
Le miracle que Jésus-Christ fit en multipliant cinq pains et deux poissons pour donner à manger à plusieurs milliers de personnes est l’un des plus illustres qu’il ait faits, puisque ces gens-là furent autant de témoins qui allèrent répandre tout le bruit de cette merveille, ce qui servit à confirmer puissamment la vérité de la doctrine de Jésus-Christ et sa mission divine et à disposer un grand nombre de personnes à croire en lui.
Ce que nous devons recueillir de l’entretien que notre Seigneur eut avec ses disciples sur les sentiments qu’on avait de lui et sur ce qu’ils en pensaient eux-mêmes, c’est :
- Que la foi en Jésus-Christ consiste à le regarder comme le Messie et le fils du Dieu vivant,
- Qu’il était venu au monde pour souffrir et pour mourir,
- Que personne ne peut être chrétien s’il n’a premièrement appris à renoncer à soi-même et à porter sa croix et s’il n’est disposé à faire toujours une profession publique de sa foi.
Et enfin que le salut ou la perte de l’âme est la seule chose la plus importante de toutes et que bien loin de nous mettre en danger de perdre notre âme en voulant gagner le monde, il n’y a rien que nous ne devions être prêts à sacrifier pour la sauver.
CHAPITRE IX VERSETS 28 A 62
Notre Seigneur est transfiguré en présence de trois de ses apôtres.
Il guérit un lunatique que ses disciples n’avaient pu guérir, et il leur dit encore une fois qu’il serait condamné à la mort.
Il leur enseigne l’humilité et il les blâme d’avoir empêché un homme qui ne les suivait pas de chasser les démons en son nom.
Il censure le zèle inconsidéré de deux de ses apôtres, et il répond à trois personnes qui voulaient le suivre.
28 Environ huit jours après ces discours, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et monta sur une montagne pour prier.
29 Et pendant qu’il priait, son visage parut tout autre, et ses habits devinrent blancs et resplendissants comme un éclair.
30 En même temps on vit deux hommes qui s’entretenaient avec lui ; c’étaient Moïse et Elie,
31 qui apparurent avec gloire, et parlaient de son issue qu’il devait accomplir à Jérusalem.
32 Et Pierre et ceux qui étaient avec lui étaient accablés de sommeil, et quand ils furent réveillés, ils virent sa gloire, et les deux hommes qui étaient avec lui.
33 Et comme ces hommes se séparaient de Jésus, Pierre lui dit : Maître, il est bon que nous demeurions ici ; faisons-y trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie ; car il ne savait pas bien ce qu’il disait.
34 Il parlait encore, lorsqu’une nuée les couvrit : et comme elle les enveloppait, ils furent saisis de frayeur.
35 Et une voix sortit de la nuée qui dit : C’est ici mon fils bien-aimé ; écoutez-le.
36 Et dans le temps que la voix se faisait entendre, Jésus se trouva seul ; et ils gardèrent le silence sur cela, et ne dirent rien alors à personne de ce qu’ils avaient vu.
37 Le jour suivant, comme ils descendaient de la montagne, une grande troupe vint au-devant de Jésus.
38 Et un homme de la troupe s’écria et dit : Maître, je te prie, jette les yeux sur mon fils ; car c’est mon fils unique.
39 Un esprit se saisit de lui, et aussitôt il jette de grands cris, il l’agite violemment, le fait écumer, et à peine le quitte-t-il, après l’avoir tout brisé.
40 Et j’ai prié tes disciples de le chasser ; mais ils n’ont pu.
41 Et Jésus, répondant, dit : O race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils.
42 Et comme il approchait, le démon le jeta contre terre, et l’agita violemment ; mais Jésus reprit fortement l’esprit immonde, et guérit l’enfant, et le rendit à son père.
43 Et tous furent étonnés de la puissance magnifique de Dieu. Et comme ils étaient tous dans l’admiration de tout ce que Jésus faisait, il dit à ses disciples :
44 Pour vous, écoutez bien ces paroles : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes.
45 Mais ils n’entendaient point cette parole ; elle était si obscure pour eux, qu’ils n’y comprenaient rien ; et ils craignaient de l’interroger sur ce sujet.
46 Et il survint une dispute parmi eux, lequel d’entre eux serait le plus grand.
47 Mais Jésus, voyant les pensées de leur cœur, prit un enfant et le mit auprès de lui.
48 Et il leur dit : Quiconque reçoit cet enfant en mon nom, il me reçoit ; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui d’entre vous tous qui est le plus petit, c’est celui-là qui sera grand.
49 Et Jean, prenant la parole, dit : Maître, nous avons vu un homme qui chassait les démons en ton nom ; et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne te suit pas avec nous.
50 Et Jésus lui dit : Ne l’en empêchez point ; car celui qui n’est pas contre nous est pour nous.
51 Comme le temps auquel il devait être enlevé du monde approchait, il se mit en chemin, résolu d’aller à Jérusalem.
52 Et il envoya des gens devant lui, qui, étant partis, entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement.
53 Mais les Samaritains ne le reçurent pas, parce qu’il paraissait aller à Jérusalem.
54 Et Jacques et Jean, ses disciples, voyant cela, lui dirent : Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu du ciel descende sur eux et qu’il les consume, comme Elie le fit ?
55 Mais Jésus, se tournant vers eux, les censura et leur dit : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés ;
56 Car le Fils de l’homme n’est point venu pour faire périr les hommes ; mais il est venu pour les sauver. Et ils s’en allèrent à un autre bourg.
57 Et comme ils étaient en chemin, un homme lui dit : Je te suivrai, Seigneur, partout où tu iras.
58 Mais Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids : mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.
59 Il dit à un autre : Suis-moi. Et il lui répondit : Seigneur, permets que j'aille auparavant ensevelir mon père.
60 Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts, mais toi, va annoncer le règne de Dieu.
61 Un autre lui dit aussi : Je te suivrai, Seigneur ; mais permets-moi de prendre auparavant congé de ceux qui sont dans ma maison.
62 Mais Jésus lui répondit : Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n’est point propre pour le royaume de Dieu.
REFLEXIONS
Nous avons dans la transfiguration de notre Seigneur et dans l’état de gloire où les apôtres le virent alors une preuve convaincante de la vérité et de la divinité de l’Évangile, comme Saint Pierre qui fut présent à cette transfiguration le remarque dans sa deuxième épître au chapitre un. Moïse et Élie furent vus dans cette occasion avec Jésus-Christ et les apôtres les entendirent s’entretenir avec lui de ce qu’il devait souffrir à Jérusalem, afin qu’il parût que c’était de lui que les prophètes avaient parlé. Dieu fit entendre une voix du Ciel, après que Moïse et Élie se furent retirés, pour apprendre aux apôtres et par leur moyen, à tous les hommes que désormais il ne fallait plus écouter que Jésus seul et qu’il était infiniment plus grand que Moïse, qu’Élie et que tous les prophètes. Enfin il parait que ces deux Saints hommes, qui n’étaient plus au monde depuis plusieurs siècles vivaient auprès de Dieu, d’où nous devons conclure que ceux qui ont servi Dieu fidèlement en cette vie ne sont pas détruits, ni anéantis par la mort.
On voit dans l’histoire du lunatique que la foi des apôtres était encore bien faible, comme notre Seigneur le leur reprocha, mais cette foi se fortifia dans la suite à mesure qu’ils furent mieux instruits et, que leurs préjugés se dissipaient. Comme le peu de foi des apôtres fut cause qu’ils ne purent délivrer le lunatique, nos chutes et nos manquements ne viennent que du défaut de foi, c’est pourquoi nous devons travailler à nous y affermir et prier le Seigneur qu’il l’augmente de plus en plus en nous.
Les leçons d’humilité que notre Seigneur donnait à ses disciples nous apprennent que les sentiments d’élévation et l’amour de la gloire du monde sont indignes des chrétiens, qu’ils doivent au contraire chercher leur gloire dans l’humilité et estimer tous ceux qui aiment Jésus-Christ quand même ils seraient petits et méprisés dans le monde.
La réponse que Jésus-Christ fit à Saint Jean, qui s’était opposé à un homme qui chassait les démons au nom de Jésus-Christ parce que cet homme n’était pas à l’ordinaire avec les apôtres, nous enseigne qu’on ne doit jamais s’opposer sous quelque prétexte que ce soit à ceux qui travaillent sincèrement à l’avancement du règne de notre Seigneur. Il faut faire cas de la piété partout où elle se trouve, puisque tout ce qui est bon ne peut venir que de Dieu.
Il y a d’importantes considérations à faire sur la censure que Jésus-Christ adressa à Saint Jacques et à Saint Jean, lesquels, emporté par un zèle indiscret et par l’aversion que les Juifs avaient pour les Samaritains, voulaient faire descendre le feu du Ciel sur ces samaritains qui n’avaient pas voulu loger leur maître. Cela nous avertit de ne nous jamais laisser surprendre par l’esprit de vengeance, ni par un zèle faux et aveugle tel qu’est toujours celui qui va faire du mal aux hommes, mais d’être animés comme Jésus-Christ l’a été, d’un esprit de douceur et de support envers tout le monde et en particulier envers ceux qui sont dans l’erreur et qui ont d’autres sentiments que nous sur la religion.
Par les réponses que notre Seigneur donna à ces trois personnes qui voulaient le suivre, il se proposait de leur faire connaître :
I. Qu’il ne promettait point les commodités de cette vie à ses disciples,
II. Qu’il faut être prêt à renoncer à tout pour l’amour de lui, même aux choses qui sont innocentes et légitimes lorsqu’elles nous sont un obstacle à faire notre devoir,
III. Que quand on s’est une fois engagé à son service, on doit suivre sa vocation et ne plus regarder du côté du monde.
Jésus-Christ choisit soixante et dix disciples, il les envoie devant lui, il leur donne le pouvoir de faire des miracles et les instructions nécessaires pour leur emploi et il dénonce les jugements de Dieu aux villes où il avait prêché et fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées.
II. Les soixante et dix disciples rendent compte à Jésus-Christ du succès de leur voyage et de leur ministère et il prédit à cette occasion la chute du règne de satan.
III. Il loue Dieu de ce que l’Évangile était prêché et reçu par des personnes qui n’étaient pas distinguées, ni considérées dans le monde et il représente à ses disciples combien ils étaient heureux d’être instruits par lui des vérités de l’Évangile.
1 Après cela, le Seigneur établit encore soixante et dix autres disciples, et il les envoya deux à deux devant lui, dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller.
2 Et il leur disait : La moisson est grande ; mais il y a peu d’ouvriers ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.
3 Allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.
4 Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers ; et ne saluez personne en chemin.
5 Et dans quelque maison que vous entriez, dites en entrant : La paix soit sur cette maison.
6 S’il y a là quelque enfant de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle retournera à vous.
7 Et demeurez dans cette maison-là, mangeant et buvant de ce qu’on vous donnera, car l’ouvrier est digne de son salaire. Ne passez point d’une maison à une autre maison.
8 De même, dans quelque ville que vous entriez, si on vous y reçoit, mangez de ce qu’on vous présentera.
9 Guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le règne de Dieu s’est approché de vous.
10 Mais dans quelque ville que vous entriez, si l’on ne vous y reçoit pas, sortez dans les rues, et dites :
11 Nous secouons contre vous la poussière qui s’est attachée à nous dans votre ville ; sachez pourtant que le règne de Dieu s’est approché de vous.
12 Je vous dis qu’en ce jour-là ceux de Sodome seront traités moins rigoureusement que cette ville-là.
13 Malheur à toi, Chorazin ; malheur à toi, Bethsaïde ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps que ces villes se seraient converties, en prenant le sac et la cendre.
14 C’est pourquoi Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que vous.
15 Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’en enfer.
16 Qui vous écoute, m’écoute ; et qui vous rejette, me rejette ; et qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé.
17 Or, les soixante et dix disciples revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons même nous sont assujettis par ton nom.
18 Et il leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair.
19 Voici, je vous donne le pouvoir de marcher sur les serpents, sur les scorpions et sur toutes les forces de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire.
20 Toutefois ne vous réjouissez pas seulement de ce que les esprits vous sont assujettis ; mais réjouissez-vous encore plus de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.
21 En ce même instant, Jésus tressaillit de joie en son esprit et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants ! Oui, mon Père, cela est ainsi, parce que tu l’as trouvé bon.
22 Toutes choses m’ont été mises entre les mains par mon Père ; et nul ne connaît qui est le Fils, que le Père, ni qui est le Père, que le Fils, et celui à qui le Fils le voudra révéler.
23 Puis se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !
24 Car je vous dis que plusieurs prophètes et plusieurs rois ont désiré de voir ce que vous voyez, et ne l’ont point vu ; et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont point entendu.
REFLEXIONS
Jésus-Christ, qui avait déjà choisi douze apôtres, voulut encore choisir soixante et dix disciples qu’il envoya dans la Judée afin de répandre plus promptement l’heureuse nouvelle de la venue du règne de Dieu et afin qu’ils fussent dans la suite mieux en état d’aller prêcher sa doctrine dans tout le monde. Les instructions qu’il leur donna montrent que les serviteurs de Dieu doivent exercer leur charge avec fidélité, avec désintéressement et avec courage, que ceux qui ont le cœur bon et un esprit paisible les reçoivent et que ceux qui refusent de les écouter seront inexcusables.
II. Les plaintes et les menaces que Jésus-Christ fait contre ces villes de la Galilée où il avait prêché et fait des miracles nous avertissent que les peuples qui sont le plus favorisés des grâces du Ciel en abusent souvent d’une manière criminelle et que ceux à qui Dieu fait annoncer sa parole et qui n’en profitent pas doivent s’attendre à la punition la plus sévère.
III. Sur ce que Jésus-Christ dit aux soixante et dix disciples lorsqu’ils lui rendirent compte du succès de leur voyage et des miracles qu’ils avaient faits, il faut remarquer qu’il prédit la ruine prompte du règne de satan, ce qui arriva en effet peu après par la prédication de l’Évangile. Il leur déclara de plus que quoique ce fût un privilège bien plus glorieux pour eux de chasser les démons, ils doivent encore plus se réjouir de ce que leurs noms étaient écrits dans le Ciel, c’est-à-dire de ce qu’ils étaient disciples de Jésus-Christ et destiné à la gloire céleste. L’avantage d’appartenir à Dieu et d’être du nombre des vrais fidèles est infiniment plus considérable que le pouvoir de faire des miracles.
IV. On doit aussi faire bien attention aux louanges que Jésus-Christ rendait à Dieu de ce que l’Évangile était reçu par les petits et par les humbles, pendant que les grands et ceux qui étaient regardés comme les plus sages le rejetaient. Ce n’est pas aux mondains et aux personnes qui sont remplies de la bonne opinion d’elles-mêmes que Dieu se révèle, c’est aux humbles et à ceux qui ont le cœur simple et droit.
V. Il faut bien remarquer ce que notre Seigneur disait si fortement à ses disciples qu’ils étaient heureux d’être instruits par lui et de connaitre les vérités de l’Évangile que les anciens prophètes n’avaient pas connu comme eux. Cet avantage nous est commun avec les Apôtres ; mais si nous ne profitons pas de notre bonheur, nous n’en serons que plus misérables et il vaudrait mieux pour nous ne n’en avoir jamais joui.
CHAPITRE X VERSETS 25 A 42
Jésus-Christ répond à un docteur de la Loi qui lui avait demandé ce qu’il fallait faire pour avoir la vie éternelle.
II. Pour apprendre à ce docteur qu’il n’y a point d’homme qui ne soit notre prochain, il lui propose la parabole d’un homme qui était tombé entre les mains des voleurs.
III. Jésus étant allé loger dans la maison de Marthe et de Marie, il loue la piété de Marie qui se tenait auprès de lui pour l’écouter
25 Alors un docteur de la loi se leva et dit à Jésus, pour l’éprouver : Maître, que faut-il que je fasse pour hériter la vie éternelle ?
26 Jésus lui dit : Qu’est-ce qui est écrit dans la loi, et qu’y lis-tu ?
27 Il répondit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.
28 Et Jésus lui dit : Tu as bien répondu ; fais cela, et tu vivras.
29 Mais cet homme voulant paraître juste, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?
30 Et Jésus, prenant la parole, lui dit : Un homme descendit de Jérusalem à Jérico, et tomba entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent ; et après l’avoir blessé de plusieurs coups, ils s’en allèrent, le laissant à demi mort.
31 Or, il se rencontra qu’un sacrificateur descendait par ce chemin-là ; et ayant vu cet homme, il passa outre.
32 Un lévite étant aussi venu dans le même endroit, et le voyant, passa outre.
33 Mais un Samaritain, passant son chemin, vint vers cet homme, et le voyant, il fut touché de compassion ;
34 et s’approchant, il banda ses plaies, et il y versa de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa monture, et le mena à une hôtellerie, et prit soin de lui.
35 Le lendemain, en partant, il tira deux deniers d’argent, et les donna à l’hôte, et lui dit : Aie soin de lui, et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour.
36 Lequel donc de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ?
37 Le docteur dit : C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Jésus lui dit : Va, et fais la même chose.
38 Comme ils étaient en chemin, il entra dans un bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.
39 Elle avait une sœur nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole.
40 Mais comme Marthe était distraite par divers soins, elle vint et dit à Jésus : Seigneur, ne considères-tu point que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc qu’elle m’aide aussi.
41 Et Jésus lui répondit : Marthe, Marthe, tu te mets en peine et tu t’embarrasses de plusieurs choses ;
42 mais une seule chose est nécessaire ; or, Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.
REFLEXIONS
Cette lecture nous donne ces trois instructions. La première, que le principal commandement de Dieu et même l’abrégé de toute la religion est d’aimer Dieu par-dessus toutes choses et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, que c’est là le moyen d’accomplir toute la Loi et de s’acquitter de tous nos devoirs et qu’ainsi c’est à quoi il faut s’attacher si l’on veut parvenir à la vraie et solide piété et par ce moyen à la vie éternelle.
La seconde, qu’il n’y a aucun homme qui ne soit notre prochain et que nous ne devions aimer. C’est ce que Jésus-Christ enseigne par la parabole de ce Juif, qui, ayant été blessé par des voleurs, ne fut secouru, ni par un sacrificateur, ni par un Lévite qui étaient Juifs comme lui, mais qui fut assisté par un Samaritain qui était un étranger et même d’une nation que les Juifs haïssaient. Le but de Jésus-Christ était d’enseigner par-là que tous les hommes sans exception, même les étrangers et ceux qui ne nous aiment pas sont nos prochains, que nous devons les aimer tous, leur faire du bien et secourir les malheureux de tout notre pouvoir. C’était là une vérité claire et certaine, mais que les docteurs Juifs les plus éclairés ne comprenaient pas bien.
La troisième instruction est prise de ce qui est dit dans ce chapitre de Marthe et de Marie. Le jugement que le Seigneur fit de la conduite de ces deux sœurs nous enseigne que notre principal soin doit être de nous attacher à lui et d’écouter sa parole, que les occupations de cette vie, quelques légitimes qu’elles soient, ne doivent jamais nous faire négliger la chose la plus importante et la seule nécessaire et que pour être heureux, il faut choisir comme Marie la bonne part qui ne nous sera jamais ôtée.
I. Jésus-Christ instruit ses disciples sur la prière.
II. Il guérit un démoniaque et il répond aux pharisiens qui disaient que c’était par la puissance du diable qu’il chassait des démons.
III. Il propose la similitude d’un homme en qui le mauvais esprit rentre après en être sorti.
IV. l parle du bonheur de ceux qui écoutent sa parole et qui la gardent.
1 Un jour que Jésus était en prière en un certain lieu, après qu’il eut achevé sa prière, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l’a aussi enseigné à ses disciples.
2 Et il leur dit : Quand vous priez, dites : Notre Père qui est aux cieux ; ton nom soit sanctifié ; ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.
3 Donne-nous chaque jour notre pain quotidien.
4 Pardonne-nous nos péchés ; car nous pardonnons aussi à tous ceux qui nous ont offensés ; et ne nous abandonne point à la tentation ; mais délivre-nous du malin.
5 Puis il leur dit : Si quelqu’un de vous avait un ami qui vînt le trouver à minuit, et qui lui dît : Mon ami, prête-moi trois pains ;
6 car un de mes amis est venu me voir en passant ; et je n’ai rien à lui présenter ;
7 et que cet homme, qui est dans sa maison lui répondît : Ne m’importune pas, ma porte est fermée, et mes enfants sont avec moi au lit ; je ne saurais me lever pour t’en donner ;
8 je vous dis que quand même il ne se lèverait pas pour lui en donner, parce qu’il est son ami, il se lèverait à cause de son importunité, et lui en donnerait autant qu’il en aurait besoin.
9 Et moi, je vous dis : Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et on vous ouvrira ;
10 car quiconque demande, reçoit, et qui cherche, trouve, et on ouvrira à celui qui heurte.
11 Qui est le père d’entre vous, qui donne à son fils une pierre, lorsqu’il lui demande du pain ? Ou, s’il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ?
12 Ou s’il lui demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ?
13 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants ; combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ?
14 Jésus chassa aussi un démon qui était muet ; et le démon étant sorti, le muet parla ; et le peuple était dans l’admiration.
15 Et quelques-uns d’entre eux dirent : C’est par Béelzébul, le prince des démons, qu’il chasse les démons.
16 Mais d’autres, pour l’éprouver, lui demandaient quelque miracle qui vînt du ciel.
17 Mais Jésus connaissant leurs pensées leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert ; et toute maison divisée contre elle-même tombera en ruine.
18 Si donc Satan est aussi divisé contre lui-même, comment son règne subsistera-t-il ? puisque vous dites que c’est par Béelzébul que je chasse les démons.
19 Que si je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront vos juges.
20 Mais si je chasse les démons par le doigt de Dieu, il est donc vrai que le règne de Dieu est venu à vous.
21 Quand un homme fort et bien armé garde l’entrée de sa maison, tout ce qu’il a est en sûreté.
22 Mais s’il en vient un plus fort que lui, qui le vainque, il lui ôte toutes ses armes auxquelles il se confiait, et il partage ses dépouilles.
23 Celui qui n’est pas avec moi, est contre moi ; et celui qui n’assemble pas avec moi dissipe.
24 Lorsqu’un esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point ; et il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti.
25 Et quand il y vient, il la trouve balayée et ornée.
26 Alors il s’en va et prend avec lui sept autres esprits pires que lui ; et ils y entrent et y demeurent ; et le dernier état de cet homme devient pire que le premier.
27 Comme Jésus disait ces choses, une femme de la troupe éleva sa voix et lui dit : Heureux les flancs qui t’ont porté, et les mamelles qui t’ont allaité.
28 Mais plutôt, reprit Jésus, heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique !
REFLEXIONS
La première instruction que le Sauveur du monde nous donne ici concerne la prière et en particulier l’oraison dominicale. Cette divine prière ayant Jésus-Christ pour auteur et renfermant tout ce que nous devons demander de plus important, premièrement pour la gloire de Dieu et ensuite pour nos besoins, tant du corps que de l’âme, nous devons la présenter à Dieu avec un singulier respect et avec toute l’attention possible et en même temps avec une confiance toute particulière, puisqu’en demandant ce que notre Seigneur nous ordonne de demander, nous ne pouvons pas douter que nos prières ne soient conformes à la volonté de Dieu.
Jésus-Christ nous a enseigné de plus que si en priant les hommes avec instance on obtient d’eux ce qu’on souhaite, les prières obtiendront beaucoup plus de Dieu, qui est notre Père, les véritables biens qui sont les biens spirituels. Tout cela doit nous exciter fortement à prier avec zèle et à ne nous relâcher jamais dans ce saint exercice.
II. Nous voyons dans les pharisiens qui attribuaient au diable les miracles que Jésus faisait par la vertu de l’Esprit de Dieu que les gens qui ont un mauvais cœur rendent inutiles les moyens les plus efficaces que Dieu emploie pour surmonter leur endurcissement et que même ils ne font que s’affermir davantage dans leur malice.
III. La similitude du mauvais esprit qui rentre dans un homme après en être sorti signifie que les Juifs, pour n’avoir pas profité de la présence et des miracles de Jésus-Christ, tomberaient dans un plus grand endurcissement et qu’ils éprouveraient enfin la vengeance divine. C’est aussi ce qui arrive à tous ceux qui après avoir reçu la grâce de Dieu résistent à son opération et s’engagent de nouveau dans le péché.
Enfin, la réponse que notre Seigneur fit à cette femme qui admirait ses discours nous enseigne que ce qu’il y a de plus glorieux et de plus avantageux pour nous c’est d’entendre la parole de Dieu et d’en observer les préceptes. Cette importante instruction est renfermée dans ces paroles de Jésus-Christ : Heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique !
CHAPITRE XI VERSETS 29 A 54
Notre Seigneur reprend l’incrédulité des Juifs en proposant l’exemple des Ninivites et celui de la reine de Séba.
II. Il dit que cette incrédulité n’empêcherait pas que sa doctrine, qui était comme une lumière qui devait éclairer les hommes, ne fût annoncée et il montre que pour en profiter, il faut avoir un œil pur et simple, c’est-à-dire l’esprit libre et dégagé de préjugés et de passions.
III. Étant prié à diner chez un pharisien, il parle contre les pharisiens et les docteurs de la Loi, il leur reproche leur hypocrisie, leur orgueil et leur incrédulité et il leur dénonce la malédiction de Dieu
29 Comme le peuple s'amassait en foule, Jésus se mit à dire : Cette race est méchante ; elle demande un miracle, et il ne lui en sera point donné d’autre que celui du prophète Jonas.
30 Car, comme Jonas fut un miracle pour ceux de Ninive, le Fils de l’homme en sera un pour cette génération.
31 La reine du Midi s’élèvera au jour du jugement contre les hommes de cette génération, et les condamnera, parce qu’elle vint d’un pays éloigné pour entendre la sagesse de Salomon ; et voici, il y a ici plus que Salomon.
32 Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette génération, et la condamneront, parce qu’ils s’amendèrent à la prédication de Jonas ; et voici, il y a ici plus que Jonas.
33 Personne n’allume une chandelle pour la mettre dans un lieu caché, ou sous un boisseau ; mais on la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.
34 L’œil est la chandelle du corps ; si donc ton œil est sain, tout ton corps sera éclairé ; mais s’il est mauvais, ton corps sera dans les ténèbres.
35 Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit que ténèbres.
36 Si donc tout ton corps est éclairé, et s’il n’a aucune partie qui soit dans les ténèbres, il sera tout éclairé, comme quand une chandelle t’éclaire par sa lumière.
37 Comme il parlait, un Pharisien le pria à dîner chez lui ; et Jésus y entra et se mit à table.
38 Mais le Pharisien s’étonna de ce qu’il vit qu’il ne s'était pas lavé avant le dîner.
39 Et le Seigneur lui dit : Vous autres Pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais au dedans vous êtes pleins de rapine et de méchanceté.
40 Insensés ! celui qui a fait le dehors n’a-t-il pas fait aussi le dedans ?
41 Mais plutôt, donnez en aumônes ce que vous avez, et toutes choses vous seront pures.
42 Mais malheur à vous, Pharisiens, qui payez la dîme de la menthe, de la rue et de toutes sortes d’herbes, tandis que vous négligez la justice et l’amour de Dieu. Ce sont là les choses qu’il fallait faire, sans néanmoins négliger les autres.
43 Malheur à vous, Pharisiens, qui aimez à occuper les premiers rangs dans les synagogues, et à être salués dans les places publiques.
44 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez aux sépulcres qui ne paraissent point, et les hommes qui marchent dessus n’en savent rien.
45 Alors un des docteurs de la loi prit la parole et lui dit : Maître, en disant ces choses, tu nous outrages aussi.
46 Et Jésus dit : Malheur aussi à vous, docteurs de la loi, parce que vous chargez les hommes de fardeaux qu’ils ne peuvent porter, et vous-mêmes n’y touchez pas du doigt.
47 Malheur à vous, parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes que vos pères ont fait mourir.
48 Vous témoignez assez par-là que vous consentez aux actions de vos pères ; car ils les ont fait mourir, et vous bâtissez leurs tombeaux.
49 C’est pourquoi aussi la sagesse de Dieu a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; et ils feront mourir les uns et persécuteront les autres ;
50 Afin que le sang de tous les prophètes, qui a été répandu dès la création du monde, soit redemandé à cette nation,
51 Depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui fut tué entre l’autel et le temple ; oui, vous dis-je, ce sang sera redemandé à cette nation.
52 Malheur à vous, docteurs de la loi, parce qu’ayant pris la clef de la connaissance, vous n’y êtes point entrés vous-mêmes, et vous avez encore empêché d’y entrer ceux qui voulaient le faire.
53 Et comme il leur disait cela, les Scribes et les Pharisiens se mirent à le presser fortement, en le faisant parler sur plusieurs choses,
54 Lui tendant des pièges, et tâchant de tirer quelque chose de sa bouche, pour avoir de quoi l’accuser.
REFLEXIONS
Jésus-Christ nous enseigne ici par l’exemple de la reine de Séba et par celui des Ninivites que ceux à qui Dieu a accordé un plus grand degré de lumière et des avantages plus considérables pour le salut doivent s’attendre à une condamnation plus sévère s’ils négligent ces avantages et s’ils persévèrent dans l’incrédulité.
II. Ce que Jésus-Christ disait de la chandelle qu’on met sur le chandelier et de l’œil qui est la lumière du corps marquait deux choses : l’une qu’il avait donné la connaissance de sa doctrine à ses disciples afin qu’ils la répandissent partout et l’autre que pour recevoir cette doctrine et pour en connaître l’excellence, il faut que l’esprit soit bien disposé et que le cœur soit pur et sincère.
III. Notre Seigneur reprochait aux pharisiens d’observer une pureté extérieure, d’affecter de grandes apparences de vertu, de piété, d’humilité et de zèle et de témoigner un grand respect pour la mémoire des prophètes, pendant qu’ils avaient le cœur plein d’avarice et d’orgueil, qu’ils persécutaient ceux que Dieu leur envoyait et qu’ils empêchaient les hommes de croire en lui à cause de quoi il les menace d’une totale ruine.
Cela montre combien on se rend coupable lorsqu’on est possédé par l’avarice et par l’orgueil lorsqu’on rejette la parole de Dieu et qu’on en vient jusqu’à détourner les autres hommes de la foi et de la piété, ce qui est le comble de la malice.
Surtout, ce discours de notre Seigneur nous apprend que Dieu a en horreur l’hypocrisie et que ceux qui s’attachent à une pureté extérieure et qui négligent la pureté du cœur et de la conscience lui sont en abomination. Étudions-nous donc à la vraie sainteté, souvenons-nous que Dieu regarde principalement à l’intérieur et que le seul moyen de lui plaire est d’avoir un cœur droit et rempli de charité, d’être véritablement humbles, de recevoir sa parole avec soumission et de contribuer de tout notre pouvoir à amener les autres hommes à la foi et au salut.
Ce chapitre contient un excellent discours de notre Seigneur, dans lequel il exhorte ses disciples à ne pas dissimuler les vérités qu’ils avaient apprises de lui, mais à les annoncer publiquement. Et afin que la crainte des hommes ne les empêchât pas, il leur dit qu’ils ne devaient craindre que Dieu et il leur promet de les protéger et de les assister lorsqu’ils paraîtront devant les grands de ce monde.
II. À l’occasion d’un homme qui avait un différend avec un autre pour un héritage, il parle contre l’avarice. Il fait voir, par la parabole d’un homme riche, la folie de ceux qui ne songent qu’à amasser du bien. Il montre qu’on ne doit pas être en souci pour les nécessités de la vie, mais qu’il faut se reposer sur la providence et s’attacher principalement à ce qui concerne le royaume de Dieu. Enfin, il dit à ses disciples que quoi qu’ils fussent faibles et en petit nombre, ils ne devaient pas craindre de manquer de ce qui est nécessaire et il les exhorte à faire un bon usage des biens de la terre.
1 Cependant, le peuple s’étant assemblé par milliers, en sorte qu’ils se pressaient les uns les autres, il se mit à dire à ses disciples : Gardez-vous sur toutes choses du levain des Pharisiens, qui est l’hypocrisie.
2 Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu.
3 Les choses donc que vous aurez dites dans les ténèbres seront entendues dans la lumière ; et ce que vous aurez dit à l’oreille dans les chambres, sera prêché sur les maisons.
4 Je vous dis donc, à vous qui êtes mes amis : Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus.
5 Mais je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir ôté la vie, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne ; oui, je vous le dis, c’est celui-là que vous devez craindre.
6 Ne vend-on pas cinq petits passereaux pour deux pites ? Cependant Dieu n’en oublie pas un seul.
7 Et même tous les cheveux de votre tête sont comptés. Ne craignez donc point, vous valez plus que beaucoup de passereaux.
8 Or, je vous dis que quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu ;
9 mais celui qui me reniera devant les hommes, sera renié devant les anges de Dieu.
10 Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais à celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera point pardonné.
11 Quand on vous mènera dans les synagogues et devant les magistrats et les puissances, ne vous mettez point en peine de quelle manière vous répondrez pour votre défense, ni de ce que vous aurez à dire ;
12 car le Saint-Esprit vous enseignera en ce même instant ce qu’il faudra que vous disiez.
13 Alors quelqu’un de la troupe lui dit : Maître, dis à mon frère qu’il partage avec moi notre héritage.
14 Mais Jésus lui répondit : O homme, qui est-ce qui m’a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ?
15 Puis il leur dit : Gardez-vous avec soin de l’avarice ; car quoique les biens abondent à quelqu’un, il n’a pas la vie par ses biens.
16 Il leur proposa là-dessus cette parabole : Les terres d’un homme riche avaient rapporté avec abondance ;
17 Et il disait en lui-même : Que ferai-je ? Car je n’ai pas assez de place pour serrer toute ma récolte.
18 Voici, dit-il, ce que je ferai : J’abattrai mes greniers, et j’en bâtirai de plus grands ; et j’y amasserai toute ma récolte et tous mes biens.
19 Puis je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de bien en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois et te réjouis.
20 Mais Dieu lui dit : Insensé, cette même nuit, ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as amassé, pour qui sera-t-il !
21 Il en est ainsi de celui qui amasse des biens pour soi-même, et qui n’est point riche en Dieu.
22 Alors il dit à ses disciples : C’est pourquoi, je vous dis, ne soyez point en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus.
23 La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.
24 Considérez les corbeaux ; ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’ont point de cellier ni de grenier, et toutefois Dieu les nourrit ; combien ne valez-vous pas plus que des oiseaux !
25 Et qui de vous peut, par ses inquiétudes, ajouter une coudée à sa taille ?
26 Si donc vous ne pouvez pas même faire les plus petites choses, pourquoi vous inquiétez-vous du reste ?
27 Considérez comment les lis croissent ; ils ne travaillent ni ne filent ; cependant, je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a point été vêtu comme l’un d’eux.
28 Que si Dieu revêt ainsi une herbe qui est aujourd’hui dans les champs, et qui sera demain jetée dans le four, combien plus vous revêtira-t-il, gens de petite foi !
29 Ne vous mettez donc point en peine de ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez, et n’ayez point l’esprit inquiet.
30 Car ce sont les nations du monde qui recherchent toutes ces choses ; mais votre Père sait que vous en avez besoin.
31 Mais cherchez plutôt le royaume de Dieu, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
32 Ne crains point, petit troupeau ; car il a plu à votre Père de vous donner le royaume.
33 Vendez ce que vous avez, et le donnez en aumônes ; faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor dans les cieux qui ne manque jamais, d’où les voleurs n’approchent point, et où la teigne ne gâte rien.
34 Car où est votre trésor, là aussi sera votre cœur.
REFLEXIONS
Notre Seigneur nous instruit ici sur la profession de la vérité et sur l’amour des biens du monde.
Sur le premier article, nous voyons dans ce chapitre que les chrétiens et surtout les ministres de Jésus-Christ doivent faire une profession publique de la vérité sans avoir peur des hommes, puisque les hommes ne peuvent tuer que le corps au lieu que Dieu peut envoyer le corps et l’âme en enfer. Par où notre Seigneur établit de la manière la plus claire la distinction de l’âme et du corps, l’immortalité de l’âme et les peines de la vie à venir. Il déclare de plus que Dieu veille pour ceux qui le craignent et qui souffrent à cause de lui, qu’il les assiste par son Esprit et qu’il reconnaîtra au dernier jour pour siens ceux qui auront eu le courage de se dire ses disciples, mais qu’il ne reconnaitra point ceux qui, par la crainte de la mort, n’auront pas osé faire une confession ouverte de leur foi. Ce sont là des considérations très fortes pour nous animer à une franche et sincère profession du christianisme.
II. Nous devons faire des réflexions sérieuses sur ce que notre Seigneur a dit touchant l’amour des biens du monde et en particulier sur la parabole de cet homme qui avait amassé de grands biens et qui mourut dans le temps qu’il croyait en jouir. Par-là Jésus-Christ a voulu montrer que c’est une grande folie de ne songer qu’à amasser des biens, qu’il faudra quitter bientôt en mourant et de négliger d’acquérir les biens du Ciel qui sont solides et éternels. Il nous exhorte de plus à n’être pas en inquiétude pour les besoins du corps, mais à nous confier en la providence qui pourvoit aux nécessités de toutes les créatures. Il nous dit enfin que notre grand soin doit être de chercher avant toutes choses le royaume de Dieu et qu’au lieu de donner tous nos soins aux biens de la terre et d’y mettre notre cœur, nous devons employer ces biens en aumônes afin de nous assurer par ce moyen la possession de biens éternels.
CHAPITRE XII VERSETS 35 A 59
I. Jésus-Christ exhorte ses disciples à veiller et à se préparer continuellement à sa venue.
II. Il leur représente que les devoirs dont il avait parlé les regardaient d’une façon particulière puisqu’ils étaient comme des dispensateurs établis dans la maison de leur Maître pour instruire les autres et qu’ayant reçu une plus grande connaissance de la volonté de Dieu, ils seraient traités avec plus de sévérité s’ils ne la faisaient pas.
III. Il les avertit qu’il s’élèverait de grands troubles dans le monde à l’occasion de sa doctrine.
IV. Il déplore l’aveuglement des Juifs qui ne reconnaissaient pas que le temps de la venue du Messie était arrivé et il les exhorte à profiter de ce temps-là et à se réconcilier avec Dieu pendant qu’ils le pouvaient.
35 Que vos reins soient ceints, et vos chandelles allumées.
36 Et soyez comme ceux qui attendent que leur maître revienne des noces ; afin que, quand il viendra et qu’il heurtera à la porte, ils lui ouvrent incontinent.
37 Heureux ces serviteurs que le maître trouvera veillant quand il arrivera ! Je vous dis en vérité, qu’il se ceindra, qu’il les fera mettre à table, et qu’il viendra les servir.
38 Que s’il arrive à la seconde ou à la troisième veille, et qu’il les trouve dans cet état, heureux ces serviteurs-là !
39 Vous savez que si un père de famille était averti à quelle heure un larron doit venir, il veillerait et ne laisserait point percer sa maison.
40 Vous donc aussi, soyez prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne penserez point.
41 Alors Pierre lui dit : Seigneur, est-ce seulement pour nous que tu dis cette parabole, ou est-ce aussi pour tous ?
42 Et le Seigneur lui dit : Mais qui est le dispensateur fidèle et prudent, que le maître a établi sur ses domestiques, pour leur donner dans le temps la mesure ordinaire de blé ?
43 Heureux est ce serviteur-là que son maître trouvera faisant ainsi son devoir, quand il arrivera !
44 Je vous dis en vérité, qu’il l’établira sur tout ce qu’il a.
45 Mais si ce serviteur dit en lui-même : Mon maître ne viendra pas sitôt ; et qu’il se mette à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer ;
46 le maître de ce serviteur viendra au jour qu’il ne s’y attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas, et il le séparera, et lui donnera sa portion avec les infidèles.
47 Le serviteur qui a connu la volonté de son maître, et qui ne se sera pas tenu prêt et n’aura pas fait cette volonté, sera battu de plus de coups.
48 Mais celui qui ne l’a point connue, et qui a fait des choses dignes de châtiment sera battu de moins de coups. Et il sera beaucoup redemandé à quiconque il aura été beaucoup donné ; et on exigera plus de celui à qui on aura beaucoup confié.
49 Je suis venu mettre le feu sur la terre ; et qu’ai-je à désirer s’il est déjà allumé ?
50 Je dois être baptisé d’un baptême ; et combien ne suis-je pas pressé jusqu’à ce qu’il s’accomplisse !
51 Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je ; mais plutôt la division ;
52 Car désormais ils seront cinq dans une maison, divisés trois contre deux, et deux contre trois.
53 Le père sera en division avec le fils, et le fils avec le père ; la mère avec la fille, et la fille avec la mère ; la belle-mère avec sa belle-fille, et la belle-fille avec sa belle-mère.
54 Puis il disait au peuple : Quand vous voyez une nuée qui se lève du côté d’occident, vous dites d’abord : Il va pleuvoir ; et cela arrive ainsi.
55 Et quand le vent du midi souffle, vous dites qu’il fera chaud, et cela arrive.
56 Hypocrites ! vous savez bien discerner ce qui paraît au ciel et sur la terre ; et comment ne discernez-vous pas ce temps-ci ?
57 Et pourquoi ne discernez-vous pas aussi vous-mêmes ce qui est juste ?
58 Or, quand tu vas devant le magistrat avec ton adverse partie, tâche en chemin de sortir d’affaire avec elle, de peur qu’elle ne te tire devant le juge, que le juge ne te livre au sergent, et que le sergent ne te mette en prison.
59 Je te dis que tu ne sortiras point de là, que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole.
REFLEXIONS
Ce discours de notre Seigneur tend à nous apprendre que puisque nous ignorons quand il viendra et qu’il n’y a aucun temps où nous ne puissions être appelés à lui rendre compte, nous devons toujours veiller à être sans cesse appliqués à notre devoir afin qu’il nous trouve occupés à bien faire.
II. Que ceux à qui Dieu a donné sa connaissance et principalement les ministres qu’il a établis sur son Église doivent s’en servir pour l’utilité des autres et pour la gloire de leur Maître s’ils ne veulent pas être punis comme des serviteurs infidèles, qu’en général celui qui a connu la volonté de Dieu et qui ne la fait pas sera traité avec plus de rigueur et que Dieu redemandera un plus grand compte à ceux à qui il aura accordé plus de lumière et plus de grâces.
III. Ce que notre Seigneur dit qu’il était venu mettre le feu et la division dans le monde ne signifie pas qu’il fût venu dans ce dessein, ni que l’Évangile tende à diviser les hommes, au contraire, la venue de Jésus-Christ et l’Évangile n’ont pour autre but que de faire régner la paix, mais il voulait dire que les hommes, par un effet de leur malice, prendraient occasion de sa doctrine de se haïr et de se persécuter.
Notre Seigneur en avertit ses disciples afin qu’ils ne fussent pas ébranlés quand la chose arriverait, ainsi nous ne devons pas non plus être surpris lorsque nous voyons qu’il s’élève des troubles dans le monde à l’occasion de la religion.
IV. Jésus-Christ disait aux Juifs qu’ils pouvaient facilement reconnaitre que les temps de la manifestation du Messie étaient venus, mais nous devons en être bien plus persuadés puisque nous en avons des preuves encore plus fortes dans tout ce qui est arrivé depuis ce temps-là.
Ainsi nous serions entièrement inexcusables si nous ne profitons pas mieux que les Juifs ne firent du bonheur que nous avons de vivre dans un temps où la miséricorde de Dieu est si clairement manifestée et si nous ne nous hâtions pas de faire notre paix avec lui et de prévenir son jugement avant que nous soyons appelés à y paraître.
Notre Seigneur exhorte les Juifs à profiter de ce qui était arrivé à quelques Galiléens que Pilate avait fait mourir dans le temps qu’ils offraient leurs sacrifices et à dix-huit personnes qui avaient été écrasées par la chute d’une tour.
II. Il ajoute dans cette vue la similitude du figuier stérile.
III. Il rend la santé à une femme qui était malade et courbée depuis dix-huit ans.
IV. Il propose la similitude d’un grain de moutarde et celle du levain.
V. Il répond à ce qu’on lui demanda, s’il y aurait peu de gens qui fussent sauvés, il exhorte à entrer de bonne heure sur le chemin du salut et il dit que les Juifs incrédules, qui n’avaient pas profité de sa présence, seraient exclus du royaume de Dieu pendant que les autres peuples y seraient reçus.
VI. Sur l’avis qu’on lui donne qu’Hérode cherchait à le faire mourir, il déclare qu’il ne craignait point ce prince rusé et artificieux, il dit que son ministère allait finir et qu’il mourrait en effet bientôt, mais que ce serait à Jérusalem et non en Galilée où Hérode régnait, qu’il souffrirait la mort et il déplore à cette occasion l’ingratitude, l’endurcissement et la ruine de cette ville.
1 En ce même temps, quelques personnes qui se trouvaient là, racontèrent à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.
2 Et Jésus, répondant, leur dit : Pensez-vous que ces Galiléens fussent plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert ces choses ?
3 Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous amendez, vous périrez tous aussi bien qu’eux.
4 Ou pensez-vous que ces dix-huit personnes sur qui la tour de Siloé est tombée, et qu’elle a tuées, fussent plus coupables que tous les habitants de Jérusalem ?
5 Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous amendez, vous périrez tous aussi bien qu’eux.
6 Il leur dit aussi cette similitude : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne, et il y vint chercher du fruit, et n’y en trouva point.
7 Et il dit au vigneron : Voici, il y a déjà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’y en trouve point : coupe-le ; pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?
8 Le vigneron lui répondit : Seigneur, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que je l’aie déchaussé, et que j’y aie mis du fumier.
9 S’il porte du fruit, à la bonne heure, sinon tu le couperas ci-après.
10 Comme Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat,
11 il se trouva là une femme possédée d’un esprit qui la rendait malade depuis dix-huit ans, et qui était courbée, en sorte qu’elle ne pouvait du tout point se redresser.
12 Jésus la voyant, l’appela et lui dit : Femme, tu es délivrée de ta maladie.
13 Et il lui imposa les mains, et à l’instant elle fut redressée, et elle en donna gloire à Dieu.
14 Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait fait cette guérison un jour de sabbat, prit la parole et dit au peuple : Il y a six jours pour travailler ; venez donc ces jours-là pour être guéris, et non pas le jour du sabbat.
15 Mais le Seigneur lui répondit : Hypocrite, chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la crèche, le jour du sabbat, et ne le mène-t-il pas abreuver ?
16 Et ne fallait-il point, quoique en un jour de sabbat, délier de ce lien cette fille d’Abraham, que Satan tenait liée depuis dix-huit ans ?
17 Comme il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient confus, et tout le peuple se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il faisait.
18 Alors il dit : A quoi est semblable le royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je ?
19 Il est semblable à un grain de semence de moutarde, qu’un homme prit et mit dans son jardin ; et il crût et devint un grand arbre, de sorte que les oiseaux du ciel faisaient leurs nids sur ses branches.
20 Il dit encore : A quoi comparerai-je le royaume de Dieu ?
21 Il est semblable au levain qu’une femme prend, et qu’elle met parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.
22 Et Jésus allait par les villes et par les bourgs, enseignant et tenant le chemin de Jérusalem.
23 Et quelqu’un lui dit : Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?
24 Et il leur dit : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car je vous dis que plusieurs chercheront à y entrer, et qu’ils ne le pourront.
25 Et quand le père de famille sera entré, et qu’il aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous vous mettrez à heurter, et à dire : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous, il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes.
26 Alors vous direz : Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné dans nos places publiques.
27 Et il vous répondra : Je vous dis que je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous qui faites métier de l’iniquité.
28 C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.
29 Et il en viendra d’orient et d’occident, du septentrion et du midi, qui seront à table dans le royaume de Dieu.
30 Et il y en a des derniers qui seront les premiers, et des premiers qui seront les derniers.
31 Ce même jour, quelques Pharisiens vinrent lui dire : Retire-toi d’ici, et t’en va ; car Hérode te veut faire mourir.
32 Et il leur dit : Allez et dites à ce renard : Voici, je chasse les démons et j’achève de faire des guérisons ; aujourd’hui et demain, et le troisième jour je finis ma vie.
33 Cependant, il me faut marcher aujourd’hui, demain et le jour suivant, parce qu’il n’arrive point qu’un prophète meure hors de Jérusalem.
34 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !
35 Voici, votre habitation va demeurer déserte ; et je vous dis en vérité, que vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
REFLEXIONS
Notre Seigneur nous enseigne dans ce chapitre qu’on ne doit pas croire que ceux à qui il arrive quelque grand malheur soient toujours les plus criminels, ni que ceux que Dieu épargne soient meilleurs que les autres. Dieu supporte souvent, par des raisons de sagesse et de bonté, ceux qui sont plus coupables pendant qu’il en afflige d’autres qui le sont moins, ainsi, au lieu de nous flatter et de condamner ceux que Dieu châtie, nous devons profiter des malheurs qui leur arrivent et nous amender, de peur que nous ne soyons traités encore plus sévèrement qu’eux.
II. Le sens de la parabole du figuier stérile était que Dieu, qui avait déjà usé d’une longue patience envers les Juifs, employait alors les derniers moyens pour les convertir en les faisant appeler à la repentance par Jésus-Christ, après quoi ils devaient être détruits comme cela arriva en effet peu d’années après. On voit dans cette parabole que Dieu supporte les pécheurs avec beaucoup de patience, qu’il se sert des moyens les plus efficaces pour les amener à la repentance, mais que par leur impénitence ils attirent sur eux les derniers malheurs.
Jésus-Christ ayant guéri une femme qui était courbée depuis dix-huit ans, il y eu des personnes qui se scandalisèrent de ce qu’il avait fait ce miracle un jour de sabbat. Ce que Jésus-Christ dit pour convaincre ces gens-là de leur ignorance et de leur malice nous enseigne que l’exercice de la charité et des bonnes œuvres est ce qu’il y a de plus nécessaire dans la religion, que ces devoirs sont toujours de saison et que nous ne devons négliger aucune occasion de nous en acquitter, quand même il se trouverait des personnes assez mal disposées pour s’en scandaliser.
Les paraboles du grain de moutarde et du levain signifient que, quoi que l’Évangile fût reçu par peu de gens lorsque Jésus-Christ était au monde et que les commencements de son règne fussent bien faibles, on le verrait s’établir en tous lieux et cela dans fort peu de temps, ce qui arriva aussi.
On doit faire une très grande attention à ce que notre Seigneur répondit lorsqu’on lui demanda s’il y aurait peu de gens qui fussent sauvés : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car je vous dis que plusieurs tâcheront d’entrer et qu’ils n’y pourront.
Ces paroles nous apprennent qu’au lieu de former des questions vaines et curieuses sur les choses dont Dieu se réserve la connaissance et sur le salut des autres, notre principal soin doit être d’y parvenir nous-mêmes, que nous devons faire de continuel efforts pour cela et y travailler de bonne heure, que quand l’occasion sera passée, on ne pourra plus y être admis et que les méchants n’auront alors pour partage que les remords et le désespoir de se voir exclus par leur faute de la béatitude céleste.
Ce que notre Seigneur dit qu’il ne craignait ni les ruses, ni la cruauté d’Hérode et que ce ne serait pas dans la Galilée, mais que ce serait à Jérusalem qu’on le ferait mourir nous montre que les méchants ne peuvent pas toujours exécuter leurs desseins, qu’ils ne sauraient empêcher ceux de Dieu et qu’on ne doit rien craindre quand on marche dans sa vocation.
Enfin, la tendresse avec laquelle notre Seigneur déplore l’ingratitude et la ruine de Jérusalem en disant qu’il avait voulu mettre les Juifs à couvert des jugements de Dieu, mais qu’ils ne l’avaient pas voulu montre bien clairement que Dieu n’a sur les hommes que des vues et des desseins d’amour et qu’il ne leur arrive de mal que celui qu’ils s’attirent eux-mêmes en méprisant sa bonté et en négligeant les offres de sa grâce.
I. Notre Seigneur mangeant chez un pharisien, guérit un hydropique et montre qu’on ne devait pas se scandaliser s’il avait fait ce miracle un jour de sabbat.
II. Il donne des leçons d’humilité et de charité à ceux qui étaient à table.
III. Il leur propose la similitude du festin auquel ceux qui étaient invités ne voulurent pas venir.
IV. Il déclare que ceux qui voulaient devenir ses disciples devaient être prêts à renoncer à ce qu’ils avaient de plus cher et même à leur vie et il montre par deux similitudes la nécessité de ce devoir.
1 Un jour de sabbat, Jésus étant entré dans la maison d’un des principaux Pharisiens pour y manger, ceux qui étaient là l’observaient.
2 Et un homme hydropique se trouva devant lui.
3 Et Jésus, prenant la parole, dit aux docteurs de la loi et aux Pharisiens : Est-il permis de guérir au jour du sabbat ?
4 Et ils demeurèrent dans le silence. Alors prenant le malade, il le guérit et le renvoya.
5 Puis il leur dit : Qui est celui d’entre vous qui, voyant son âne ou son bœuf tombé dans un puits, ne l’en retire aussitôt le jour du sabbat ?
6 Et ils ne pouvaient rien répondre à cela.
7 Il proposait aussi aux conviés une parabole, remarquant qu’ils choisissaient les premières places, et il leur disait :
8 Quand quelqu’un t’invitera à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il ne se trouve parmi les conviés une personne plus considérable que toi ;
9 Et que celui qui vous aura invités, et toi et lui, ne vienne et ne te dise : Cède la place à celui-ci ; et qu’alors tu n’aies la honte d’être mis à la dernière place.
10 Mais quand tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant ceux qui seront à table avec toi.
11 Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.
12 Il disait aussi à celui qui l’avait invité : Quand tu fais un dîner ou un souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni tes voisins qui sont riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour, et qu’on ne te rende la pareille.
13 Mais quand tu feras un festin, convie les pauvres, les impotents, les boiteux et les aveugles ;
14 Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te le rendre ; car tu en recevras la récompense à la résurrection des justes.
15 Un de ceux qui étaient à table ayant ouï cela, lui dit : Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu !
16 Mais Jésus lui dit : Un homme fit un grand souper, et il y convia beaucoup de gens ;
17 et il envoya son serviteur, à l’heure du souper, dire aux conviés : Venez, car tout est prêt.
18 Mais ils se mirent tous comme de concert, à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté une terre, et il me faut nécessairement partir pour aller la voir ; je te prie de m’excuser.
19 Un autre dit : J’ai acheté cinq couples de bœufs, et je m’en vais les éprouver ; je te prie de m’excuser.
20 Un autre dit : J’ai épousé une femme, ainsi je n’y puis aller.
21 Le serviteur étant donc de retour, rapporta cela à son maître. Alors le père de famille en colère dit à son serviteur : Va-t’en promptement par les places et par les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les impotents, les boiteux et les aveugles.
22 Ensuite le serviteur dit : Seigneur, on a fait ce que tu as commandé, et il y a encore de la place.
23 Et le maître dit au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et presse d’entrer ceux que tu trouveras, afin que ma maison soit remplie.
24 Car je vous dis qu’aucun de ceux qui avaient été conviés ne goûtera de mon souper.
25 Et comme une grande multitude de gens allaient avec lui, il se tourna vers eux et leur dit :
26 Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.
27 Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.
28 Car qui est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’asseye premièrement, et ne suppute la dépense, pour voir s’il a de quoi l’achever ?
29 De peur, qu’après qu’il en aura posé les fondements, et qu’il n’aura pu achever, tous ceux qui le verront ne viennent à se moquer de lui,
30 Et ne disent : Cet homme a commencé à bâtir, et n’a pu achever.
31 Ou, qui est le roi qui, marchant pour livrer bataille à un autre roi, ne s’asseye premièrement et ne consulte s’il pourra, avec dix mille hommes, aller à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt mille ?
32 Autrement, pendant que celui-ci est encore loin, il lui envoie une ambassade, pour lui demander la paix.
33 Ainsi, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a ne peut être mon disciple.
34 C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?
35 Il n’est propre, ni pour la terre, ni pour le fumier ; mais on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende.
REFLEXIONS
La guérison que Jésus-Christ accorda à un hydropique montre qu’il était toujours prêt à faire du bien aux hommes et à soulager les misérables et qu’il n’y avait aucune sorte de maladie qu’il ne guérit. Et ce qu’il dit à ceux qui n’approuvaient pas qu’il eût fait ce miracle en un jour de sabbat fait voir qu’il faut éviter les jugements téméraires et l’hypocrisie et qu’on doit profiter de toutes les occasions qui se présentent de faire des œuvres de charité.
II. La seconde instruction que nous avons ici regarde l’humilité et la charité. Jésus-Christ nous recommande l’un et l’autre de ces devoirs lorsqu’il dit que ceux qui cherchent à s’élever seront abaissés devant Dieu et même devant les hommes, au lieu que ceux qui s’humilient et s’abaissent seront élevés et lorsqu’il nous exhorte à ne pas imiter les gens du monde qui ne font accueil qu’aux riches et à leurs amis et qui méprisent et négligent les pauvres et les misérables.
III. La parabole du festin signifie que les Juifs et surtout les plus considérables d’entre eux allaient être rejetés pour n’avoir pas profité des invitations que Dieu leur fit faire par Jésus-Christ et par les apôtres et que ceux qui étaient les plus méprisés et même les païens recevraient cette grâce que les Juifs avaient rejetée. Cette parabole regarde aussi les chrétiens qui ne répondent pas à leur vocation et qui, sur de frivoles excuses et surtout par l’attachement qu’ils ont pour les choses de la terre, négligent les offres de la miséricorde divine et perdent par ce moyen le droit qu’ils avaient au salut.
IV. Enfin, Jésus-Christ nous avertit très expressément que, pour être ses disciples, il faut avoir appris premièrement à renoncer à tout ce qui peut nous empêcher de le suivre. C’est à quoi tend la similitude d’un homme qui voudrait bâtir une tour et celle d’un roi qui voudrait combattre un autre roi. Par là il nous enseigne qu’il ne faut pas s’engager témérairement à son service et qu’avant que de prendre le nom de chrétien et d’en faire la profession et le vœu, nous devons nous examiner nous-mêmes pour voir si nous avons une résolution ferme de lui être fidèles et si nous aurons le courage de résister aux tentations, de porter notre croix et de travailler de toutes nos forces à amener les autres à la foi et à la piété par nos lumières et par nos bons exemples.
Les pharisiens se scandalisent de ce que Jésus-Christ mangeait avec les pécheurs.
Il propose trois paraboles : Celle de la brebis égarée ; celle de la drachme perdue ; celle du fils prodigue et débauché. Son dessein dans ces trois paraboles est de montrer que Dieu appelle les pécheurs à la repentance et qu’ainsi les pharisiens avaient tort de trouver mauvais qu’il fût dans la compagnie de ces gens-là.
1 Tous les péagers et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus, pour l’entendre.
2 Et les Pharisiens et les Scribes en murmuraient et disaient : Cet homme reçoit les gens de mauvaise vie et mange avec eux.
3 Mais il leur proposa cette parabole :
4 Qui est l’homme d’entre vous, qui, ayant cent brebis, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf au désert, et n’aille après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ;
5 et qui l’ayant trouvée, ne la mette sur ses épaules avec joie ;
6 et étant arrivé dans la maison, n’appelle ses amis et ses voisins, et ne leur dise : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue ?
7 Je vous dis qu’il y aura de même plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui s’amende, que pour quatre-vingts et dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.
8 Ou, qui est la femme qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume une chandelle, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé sa drachme ;
9 et qui, l’ayant trouvée, n’appelle ses amies et ses voisines, et ne leur dise : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue ?
10 Je vous dis qu’il y a de même de la joie, devant les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui s’amende.
11 Il leur dit encore : Un homme avait deux fils,
12 dont le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part du bien qui me doit échoir. Ainsi, le père leur partagea son bien.
13 Et peu de jours après, ce plus jeune fils ayant tout amassé, s’en alla dehors dans un pays éloigné, et il y dissipa son bien en vivant dans la débauche.
14 Après qu’il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là ; et il commença à être dans l’indigence.
15 Alors il s’en alla, et se mit au service d’un des habitants de ce pays-là, qui l’envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux.
16 Et il eût bien voulu se rassasier des carouges que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait.
17 Etant donc rentré en lui-même, il dit : Combien y a-t-il de gens aux gages de mon père, qui ont du pain en abondance, et moi, je meurs de faim !
18 Je me lèverai et m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi ;
19 Et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes domestiques.
20 Il partit donc et vint vers son père. Et comme il était encore loin, son père le vit et fut touché de compassion, et courant à lui, il se jeta à son cou et le baisa.
21 Et son fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.
22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez la plus belle robe, et l’en revêtez, et mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds ;
23 et amenez un veau gras, et le tuez ; mangeons et réjouissons-nous ;
24 parce que mon fils, que voici, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, mais il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.
25 Cependant, son fils aîné, qui était à la campagne, revint ; et comme il approchait de la maison, il entendit les chants et les danses.
26 Et il appela un des serviteurs, à qui il demanda ce que c’était.
27 Et le serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et ton père a tué un veau gras, parce qu’il l’a recouvré en bonne santé.
28 Mais il se mit en colère, et ne voulut point entrer. Son père donc sortit et le pria d'entrer.
29 Mais il répondit à son père : Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais contrevenu à ton commandement, et tu ne m’as jamais donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis.
30 Mais quand ton fils que voilà, qui a mangé tout son bien avec des femmes débauchées, est revenu, tu as fait tuer un veau gras pour lui.
31 Et son père lui dit : Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi.
32 Mais il fallait bien faire un festin et se réjouir, parce que ton frère, que voilà, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé.
REFLEXIONS
Les trois similitudes que ce chapitre contient tendent au même but qui est premièrement de nous mettre devant les yeux la grande miséricorde de Dieu envers les pécheurs et les soins qu’il prend pour les amener à la repentance et en second lieu de montrer que, comme leur conversion est très agréable à Dieu et qu’elle réjouit les saints anges, tous ceux qui aiment Dieu doivent aussi s’en réjouir et y contribuer de tout leur pouvoir et bien loin d’avoir de la jalousie et du chagrin comme les pharisiens qui s’offensaient de voir Jésus dans la compagnie des gens de mauvaise vie.
C’est ce que marque surtout la parabole du fils débauché. Par ce fils, notre Seigneur représente ceux qui étaient de grands pécheurs ou que l’on regardait comme tels. Le retour de ce fils à la maison paternelle marque la conversion de ces pécheurs-là. La tendresse avec laquelle son père le reçut montre que Dieu prend plaisir au retour des pécheurs qui s’amendent et qu’il est plein de bonté envers eux. La jalousie et le chagrin que le fils aîné de la maison témoigna de ce que son frère avait été reçu avec tant de bonté et de joie représente les sentiments de ces pharisiens qui se croyaient meilleurs que les autres et qui se scandalisaient de ce que notre Seigneur mangeait et conversait avec les péagers et les gens de mauvaise vie. C’est là le sens de cette belle parabole.
Elle nous fournit plusieurs réflexions très utiles. Nous y voyons l’égarement des pécheurs et l’abus criminel qu’ils font des grâces de Dieu, la bonté que Dieu a de les châtier pour les rappeler à leur devoir, le retour de ceux qui reviennent à Dieu par la repentance, le pardon que Dieu accorde toujours à ceux qui recourent à lui en confessant et en détestant leurs fautes et enfin la joie que leur conversion doit donner à tous ceux qui ont de la piété et de la charité.
Chacun doit faire les réflexions les plus sérieuses sur cette parabole en la relisant et en méditant attentivement toutes les parties, mais les pécheurs surtout doivent s’en faire l’application afin de s’encourager par là à retourner à Dieu par un prompt repentir et par une sincère conversion.
Jésus-Christ montre par la parabole de l’économe infidèle l’usage qu’on doit faire des biens du monde.
Il fait voir ensuite que l’amour des richesses est très dangereux et il censure les pharisiens qui étaient avares et qui dès le temps de Jean-Baptiste s’étaient opposés à l’établissement du règne de Dieu.
Enfin, pour éclaircir et pour confirmer ce qu’il avait dit de l’usage qu’il faut faire des richesses, il ajoute la parabole du mauvais riche.
1 Jésus disait aussi à ses disciples : Un homme riche avait un économe qui fut accusé devant lui de lui dissiper son bien.
2 Et l’ayant fait venir, il lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration ; car tu ne pourras plus désormais administrer mon bien.
3 Alors cet économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de son bien ? Je ne saurais travailler à la terre, et j’aurais honte de mendier.
4 Je sais ce que je ferai, afin que quand on m’aura ôté mon administration, il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons.
5 Alors il fit venir séparément chacun des débiteurs de son maître, et il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ?
6 Il répondit : Cent mesures d’huile. Et l’économe lui dit : Reprends ton billet ; assieds-toi là, et écris-en promptement un autre de cinquante.
7 Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Il dit : Cent mesures de froment. Et l’économe lui dit : Reprends ton billet, et écris-en un autre de quatre-vingts.
8 Et le maître loua cet économe infidèle de ce qu’il avait agi avec habileté ; car les enfants de ce siècle sont plus prudents dans leur génération que les enfants de lumière.
9 Et moi, je vous dis aussi : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin que quand vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.
10 Celui qui est fidèle dans les petites choses sera aussi fidèle dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les petites choses sera aussi injuste dans les grandes.
11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables richesses ?
12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?
13 Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
14 Les Pharisiens, qui étaient avares, écoutaient tout cela, et se moquaient de lui.
15 Et il leur dit : Pour vous, vous voulez passer pour justes devant les hommes ; mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu.
16 La loi et les prophètes ont eu lieu jusqu’à Jean ; depuis ce temps-là le royaume de Dieu est annoncé, et chacun le force.
17 Mais il est plus aisé que le ciel et la terre passent, qu’il n’est possible qu’un seul point de la loi soit aboli.
18 Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet adultère, et quiconque épouse celle que son mari a répudiée, commet adultère.
19 Il y avait un homme riche, qui se vêtait de pourpre et de fin lin, et qui se traitait bien et magnifiquement tous les jours ;
20 il y avait aussi un pauvre, nommé Lazare, qui était couché à la porte de ce riche, et qui était couvert d’ulcères ;
21 il désirait de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient lécher ses ulcères.
22 Or, il arriva que le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche mourut aussi et fut enseveli.
23 Et étant en enfer et dans les tourments, il leva les yeux, et vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein ;
24 et s’écriant, il dit : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt, pour me rafraîchir la langue ; car je suis extrêmement tourmenté dans cette flamme.
25 Mais Abraham lui répondit : Mon fils, souviens-toi que tu as eu tes biens pendant ta vie, et Lazare y a eu des maux ; et maintenant il est consolé, et tu es dans les tourments.
26 Outre cela, il y a un grand abîme entre vous et nous, de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ne le peuvent, non plus que ceux qui voudraient passer de là ici.
27 Et le riche dit : Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ;
28 Car j’ai cinq frères, afin qu’il les avertisse, de peur qu’ils ne viennent aussi eux-mêmes dans ce lieu de tourments.
29 Abraham lui répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.
30 Le riche dit : Non, père Abraham ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils s’amenderont.
31 Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seraient pas non plus persuadés, quand même quelqu’un des morts ressusciterait.
REFLEXIONS
Tout ce chapitre tend à nous apprendre comment il faut se servir des biens de ce monde.
Ce qui est dit de l’économe d’hôtel infidèle qui, pour se faire des amis, quitta aux débiteurs de son maître une partie de leur dette, ne doit pas être entendu comme si Jésus-Christ louait ce procédé de cet homme, puisqu’une telle action serait une infidélité et une in justice manifeste. Il a voulu simplement nous apprendre que, comme cet économe d’hôtel se procura des amis avec le bien de son maître avant que de sortir de son service, nous devons nous assurer l’entrée dans une meilleure vie en employant nos biens à des usages pieux et charitables. C’est pour nous porter à ce devoir que Jésus-Christ a dit que ceux qui ne savent pas faire un bon usage des biens périssables de cette vie montrent par là qu’ils sont indignes de possédé les biens du Ciel.
C’est dans cette même vue qu’il déclare que l’on ne peut servir Dieu et aimer les richesses en même temps et c’est ce qu’il prouve par l’exemple des pharisiens qui étaient avares et auxquels il dit que quoi qu’ils eussent une haute opinion d’eux-mêmes, ils étaient en abomination à Dieu et les ennemis déclarés de son règne.
Mais c’est surtout à quoi tend la parabole du mauvais riche et de Lazare par laquelle notre Seigneur représente ce qui arrive à ceux qui, au lieu d’assister les misérables, se servent de leurs biens pour satisfaire leur luxe et leur sensualité.
Le Seigneur marque clairement ici que le faste, la vie molle, l’amour des plaisirs et le manque de charité conduisent en enfer, quand même on ne commettrait pas de grand crime. Cette parabole nous présente outre cela diverses réflexions importantes. Nous y voyons que, si l’état des hommes en cette vie est bien différent, il le sera aussi après la mort et que ce n’est point par ce qui arrive aux hommes en ce monde qu’il faut juger de leur bonheur ou de leur malheur. Nous y découvrons que les justes jouissent après leur mort d’un doux repos, que les méchants sont dans les tourments et que l’état des uns et des autres est immuable et sans retour. Ce que le patriarche Abraham répondit au mauvais riche, qui le priait d’envoyer Lazare à ses frères, nous enseigne que Dieu nous donne pendant cette vie dans sa parole des moyens suffisants pour éviter la perdition, que ceux qui ne profitent pas de ces moyens n’ont aucune excuse, qu’ils ne doivent pas s’attendre que Dieu fasse des miracles pour les convertir et que quand même il en ferait, ces miracles ne les persuaderaient pas. Toutes ces instructions sont de la dernière importance et nous ne saurions rien faire de plus utile que de les biens méditer.
Jésus-Christ parle des scandales, du pardon des offenses, de l’efficace de la foi et de l’obligation où nous sommes de faire ce que Dieu nous commande, sans prétendre rien mériter par-là.
II. Il guérit dix lépreux.
III. Il répond aux pharisiens qui lui avaient demandé quand le règne de Dieu viendrait et il leur dit qu’ils avaient déjà ce règne au milieu d’eux quoi qu’ils ne le remarquaient pas.
IV. De là il prend occasion d’avertir ceux qui l’écoutaient de ne pas suivre les faux messies et il leur dit qu’ils regretteraient un jour l’avantage dont ils jouissaient alors et qu’ils se trouveraient surpris par le jugement de Dieu comme les hommes le furent autrefois par le déluge et les habitants de Sodome par l’embrasement de cette ville.
1 Jésus dit aussi à ses disciples : Il ne se peut faire qu’il n'arrive des scandales ; toutefois, malheur à celui par qui ils arrivent.
2 Il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer, que de scandaliser un de ces petits.
3 Prenez donc garde à vous. Si ton frère t’a offensé, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui.
4 Et s’il t’a offensé sept fois le jour, et que sept fois le jour il revienne vers toi et te dise : Je me repens ; pardonne-lui.
5 Alors les apôtres dirent au Seigneur : Augmente-nous la foi.
6 Et le Seigneur leur dit : Si vous aviez de la foi aussi gros qu’un grain de semence de moutarde, vous pourriez dire à ce mûrier : Déracine-toi, et va te planter dans la mer ; et il vous obéirait.
7 Qui de vous, ayant un serviteur qui laboure, ou qui paisse les troupeaux, et le voyant revenir des champs, lui dise aussitôt : Avance-toi et te mets à table.
8 Ne lui dira-t-il pas plutôt : Prépare-moi à souper, et ceins-toi, et me sers, jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; et après cela tu mangeras et tu boiras.
9 Sera-t-il redevable à ce serviteur, parce qu’il aura fait ce qui lui avait été commandé ? Je ne le pense pas.
10 Vous aussi de même, quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, parce que nous n’avons fait que ce que nous étions obligés de faire.
11 Et comme il allait à Jérusalem, il passait par le milieu de la Samarie et de la Galilée.
12 Et, entrant dans un bourg, il rencontra dix hommes lépreux, qui se tenaient éloignés ;
13 et ils s’écrièrent : Jésus, notre Maître, aie pitié de nous.
14 Et dès qu’il les eut vus, il leur dit : Allez, montrez-vous aux sacrificateurs. Et il arriva qu’en s’en allant, ils furent nettoyés.
15 Et l’un d’entre eux, voyant qu’il était guéri, retourna sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix.
16 Et il se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre terre, lui rendant grâces. Or, il était Samaritain.
17 Alors Jésus, prenant la parole, dit : Tous les dix n’ont-ils pas été guéris ? et les neuf autres, où sont-ils ?
18 Il ne s’est trouvé que cet étranger qui soit revenu pour en donner gloire à Dieu.
19 Alors il lui dit : Lève-toi, va, ta foi t’a sauvé.
20 Les Pharisiens lui ayant demandé quand le règne de Dieu viendrait, il leur répondit : Le règne de Dieu ne viendra point avec éclat ;
21 et on ne dira point : Le voici qui est ici, ou le voilà qui est là ; car voici, le règne de Dieu est au milieu de vous.
22 Il dit aussi à ses disciples : Le temps viendra que vous désirerez de voir l’un des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez point.
23 Alors on vous dira : Le voici qui est ici, où le voilà qui est là ; mais n’y allez point, et ne les suivez point.
24 Car comme l’éclair brille et se fait voir depuis un côté du ciel jusqu’à l’autre, il en sera ainsi du Fils de l’homme dans son jour.
25 Mais il faut auparavant qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette génération.
26 Et ce qui arriva du temps de Noé, arrivera de même au temps du Fils de l’homme ;
27 on mangeait, on buvait, on prenait et on donnait en mariage, jusqu’au jour que Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint qui les fit tous périr.
28 De même aussi, comme du temps de Lot, on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait et on bâtissait ;
29 mais le jour que Lot sortit de Sodome, il plut du ciel du feu et du soufre, qui les fit tous périr ;
30 il en sera de même au jour que le Fils de l’homme paraîtra.
31 En ce jour-là, que celui qui sera au haut de la maison, et qui aura ses meubles dans la maison, ne descende pas pour les emporter ; et que celui qui sera aux champs ne revienne point sur ses pas.
32 Souvenez-vous de la femme de Lot.
33 Quiconque cherchera à sauver sa vie la perdra ; et quiconque l’aura perdue la retrouvera.
34 Je vous dis qu’en cette nuit-là, de deux hommes qui seront dans un même lit, l’un sera pris et l’autre laissé ;
35 De deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée ;
36 De deux hommes qui seront aux champs, l’un sera pris et l’autre laissé.
37 Et ses disciples lui dirent : Où sera-ce, Seigneur ? Et il leur dit : En quelque lieu que soit le corps mort, les aigles s’y assembleront.
REFLEXIONS
Les instructions que ce chapitre renferme sont les suivantes.
I. Que les scandales sont un grand mal, que, de la manière dont les hommes sont disposés, les scandales sont une chose inévitable, mais que ceux qui en sont les auteurs en porteront la peine.
II. Que nous ne devons avoir aucun ressentiment contre ceux qui nous offensent, qu’il faut leur pardonner et leur pardonner toujours, quand même ils reviendraient très souvent à nous offenser.
III. Que la foi étant aussi nécessaire pour plaire à Dieu et pour être sauvé qu’elle l’était autrefois pour faire des miracles, nous devons nous y affermir de plus en plus et comme le firent les Apôtres, prier le Seigneur qu’il nous l’augmente.
IV. Qu’étant les serviteurs de Dieu, nous devons faire avec zèle tout ce qu’il nous commande et en même temps avec une profonde humilité, nous souvenant que nous ne sommes que d’indignes et d’inutiles serviteurs, que nous ne faisons qu’une partie de notre devoir, qu’ainsi nous ne méritons rien et que si Dieu veut bien récompenser notre obéissance, c’est de sa pure grâce.
V. La principale réflexion qu’il faut faire sur la guérison des dix lépreux, c’est qu’il n’y en eu qu’un qui vint remercier Jésus-Christ et qu’encore c’était un Samaritain qui eut plus de piété et de reconnaissance que les autres qui étaient Juifs.
Les hommes désirent d’être délivrés quand ils sont dans la souffrance, mais la plupart oublient bientôt les délivrances que Dieu leur a accordées et ils tombent dans l’ingratitude. Mais ceux qui sont véritablement touchés des faveurs que Dieu leur accorde en conservent le souvenir et lui marquent leur reconnaissance, non seulement par des actions de grâces continuelles, mais surtout par leur obéissance et par le bon usage qu’ils font de ses bienfaits.
VI. Ce que Jésus-Christ disait aux Juifs que le règne de Dieu ne viendrait pas avec éclat, que ce règne était déjà venu et qu’il était même parmi eux nous oblige à considérer que le règne de notre Seigneur est spirituel et céleste et que ceux qui, comme nous, ont l’avantage d’avoir ce règne au milieu d’eux doivent prendre garde qu’il ne leur arrive, comme aux Juifs, de ne pas reconnaitre leur bonheur et de ne s’en pas prévaloir, ce qui n’est pourtant pas trop ordinaire.
Jésus-Christ disait aux Juifs que bientôt ils se repentiraient de n’avoir pas profité de sa présence et que la vengeance divine les surprendrait comme le déluge avait surpris les habitants du premier monde et comme le feu du ciel surpris les habitants de Sodome.
Cet avertissement nous regarde aussi bien que les Juifs. Ceux qui auront négligé les précieux avantages dont nous jouissons et le temps de la patience et de la miséricorde de Dieu seront aussi surpris dans leurs aveuglements et dans leur sécurité et ils périront dans leur impénitence. Puisque notre Seigneur nous a averti de ces choses, c’est à nous à y penser continuellement et à vivre en attendant sa venue dans la vigilance, dans la prière et dans la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres selon qu’il nous y exhorte.
Notre Seigneur :
- Propose la parabole du juge inique,
- Celle du pharisien et du péager,
- Et il impose les mains à des petits enfants qu’on lui présente.
1 Jésus leur dit aussi cette parabole, pour montrer qu’il faut toujours prier, et ne se relâcher point :
2 Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu, et qui n’avait aucun égard pour personne.
3 Il y avait aussi dans cette ville-là une veuve, qui venait souvent à lui, et qui lui disait : Fais-moi justice de ma partie.
4 Pendant longtemps il n’en voulut rien faire. Cependant, il dit enfin en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et que je n’aie nul égard pour aucun homme ;
5 Néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas toujours me rompre la tête.
6 Et le Seigneur dit : Ecoutez ce que dit ce juge injuste.
7 Et Dieu ne vengera-t-il point ses élus, qui crient à lui jour et nuit, quoiqu’il diffère sa vengeance ?
8 Je vous dis qu’il les vengera bientôt. Mais quand le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ?
9 Il dit aussi cette parabole, au sujet de quelques-uns qui présumaient d’eux-mêmes comme s’ils étaient justes, et méprisaient les autres :
10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était Pharisien, et l’autre péager.
11 Le Pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : Ô Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ni même aussi comme ce péager ;
12 Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède.
13 Mais le péager, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : Ô Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur.
14 Je vous déclare que celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison préférablement à l’autre ; car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.
15 On lui présenta aussi de petits enfants, afin qu’il les touchât ; ce que les disciples voyant, ils reprenaient ceux qui les présentaient.
16 Mais Jésus les ayant appelés, dit : Laissez venir à moi ces petits enfants, et ne les en empêchez point : car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.
17 Je vous dis en vérité que quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera point.
REFLEXIONS
Saint Luc nous dit dès l’entrée de ce chapitre que le but de la parabole du juge inique est de nous apprendre qu’il faut toujours prier et ne se relâcher jamais. C’est ce que Jésus-Christ nous enseigne en disant que si les hommes, même les méchants, tel que serait un juge injuste, se laissent enfin gagner par des prières et par des sollicitations réitérées, Dieu, qui est la justice et la bonté même, exaucera beaucoup plus les prières qu’on lui adresse avec ferveur et avec persévérance. Jésus-Christ a voulu nous apprendre plus particulièrement par-là que Dieu entend les cris et les prières de ses élus et qu’il exercera une sévère vengeance sur ceux qui les oppriment injustement.
Par la parabole du pharisien et du péager, Jésus-Christ voulait faire entendre que ceux qui avaient une opinion avantageuse d’eux-mêmes, comme les pharisiens, et qui méprisaient les autres étaient très odieux au Seigneur à cause de leur hypocrisie et de leur orgueil et que ceux que l’on regardaient comme les plus grands pécheurs devenaient l’objet de sa grâce lorsqu’ils étaient pénétrés d’une profonde humilité et d’une sincère repentance comme le péager qui se tenait loin et n’osait pas même lever les yeux au ciel, mais qui se frappait la poitrine et disait : Ô Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur !
Outre cela, l’exemple de ce pharisien, qui se glorifiait de n’être, ni ravisseur, ni injuste, ni adultère, de jeûner deux fois la semaine et de donner la dîme de tout ce qu’il possédait, mais qui ne fut pas justifié devant Dieu montre que les grands crimes ne sont pas les seuls obstacles au salut. On peut être exempt des péchés criants et avoir même des apparences de la piété et être cependant rejeté de Dieu si le cœur est possédé par la bonne opinion de soi-même, par l’orgueil, par l’avarice ou par d’autres passions cachées.
Il y a enfin trois réflexions à faire sur ce que Jésus-Christ imposa les mains aux enfants qu’on lui présenta et qu’il pria pour eux.
La première, que l’âge des petits enfants n’empêche pas que notre Seigneur ne les aime et ne les bénisse.
La seconde, qu’en les consacrant à Dieu par la prière et par la cérémonie du baptême on se conforme à ce que Jésus-Christ fit dans cette occasion.
La troisième, que le royaume de Dieu n’est destiné qu’à ceux qui sont des enfants en innocence, en douceur et en simplicité et qui reçoivent l’Évangile dans ces dispositions.
CHAPITRE XVIII VERSETS 18 A 43
Notre Seigneur répond à un homme riche qui lui demandait ce qu’il fallait faire pour être sauvé et il prend occasion de là de dire que les richesses empêcheraient le salut de plusieurs personnes et de faire de glorieuses promesses à ceux qui abandonneraient leurs biens pour l’amour de lui. II. Il prédit ses souffrances. III Il rend la vue à un aveugle près de Jéricho.
18 Alors un des principaux du lieu demanda à Jésus : Mon bon Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?
19 Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu.
20 Tu sais les commandements : Tu ne commettras point adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; honore ton père et ta mère.
21 Cet homme lui dit : J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse.
22 Quand Jésus eut entendu cela, il lui dit : Il te manque encore une chose ; vends tout ce que tu as, et le distribue aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela, viens, et suis-moi.
23 Mais cet homme, ayant entendu cela, devint tout triste ; car il était fort riche.
24 Jésus, voyant qu’il était devenu tout triste, dit : Qu’il est difficile que ceux qui ont beaucoup de biens entrent dans le royaume de Dieu !
25 Il est plus aisé qu’un chameau entre par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.
26 Et ceux qui l’entendaient, dirent : Et qui peut donc être sauvé ?
27 Et Jésus leur dit : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.
28 Et Pierre dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi.
29 Et il leur dit : Je vous dis en vérité, qu’il n’y a personne qui ait quitté maison, ou père, mère, frères, femme ou enfants, pour le royaume de Dieu,
30 Qui ne reçoive beaucoup plus en ce siècle-ci, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle.
31 Jésus prit ensuite à part les douze et leur dit : Voici, nous montons à Jérusalem, et toutes les choses qui ont été écrites par les prophètes, touchant le Fils de l’homme, vont être accomplies.
32 Car il sera livré aux nations, on se moquera de lui, il sera outragé, et on lui crachera au visage ;
33 Et après qu’ils l’auront fouetté, ils le feront mourir, et le troisième jour il ressuscitera.
34 Mais ils n’entendirent rien à tout cela ; ce discours leur était caché, et ils ne comprenaient point ce qu’il leur disait.
35 Comme il approchait de Jérico, un aveugle, qui était assis près du chemin, et qui demandait l’aumône,
36 entendant la foule du peuple qui passait, demanda ce que c’était ;
37 et on lui répondit que c’était Jésus de Nazareth qui passait.
38 Alors il se mit à crier : Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !
39 Et ceux qui allaient devant le reprenaient pour le faire taire ; mais il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !
40 Et Jésus, s’étant arrêté, commanda qu’on le lui amenât ; et quand il se fut approché de lui, il lui demanda :
41 Que veux-tu que je te fasse ? Et il répondit : Seigneur, que je recouvre la vue.
42 Et Jésus lui dit : Recouvre la vue ; ta foi t’a guéri.
43 Et à l’instant il recouvra la vue, et il le suivait, donnant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, loua Dieu.
REFLEXIONS
Ce qu’il faut retenir de l’entretien que notre Seigneur eut avec cet homme riche qui s’adressa à lui, c’est :
I. Que l’on ne peut obtenir la vie éternelle qu’en gardant les commandements de Dieu ;
II. Qu’il y a des temps où l’on doit quitter tout ce que l’on possède et s’exposer à la pauvreté et à la persécution.
III. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, vérifie ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que les biens du monde sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont ordinairement le cœur attaché.
IV. Il paraît de là que si nous ne sommes pas appelés comme les apôtres à tout quitter pour suivre Jésus-Christ, nous devons éviter l’attachement aux biens périssables de cette vie et les employer pour assister les misérables et que ceux qui le feront auront part en cette vie et en l’autre aux récompenses que Jésus-Christ promet à ceux qui, pour l’amour de lui, auront renoncé à l’amour des biens de la terre.
Il est à remarquer ensuite qu’à mesure que le temps de la mort de Jésus-Christ approchait, il en parlait plus clairement aux apôtres afin qu’elle les surprenne moins, mais que les apôtres, nonobstant ce que leur maître leur avait dit en diverses occasions, ne pouvaient comprendre qu’il dû mourir, ce qui venait de leurs préjugés et de l’opinion où ils étaient que Jésus, étant le Messie, il règnerait dans le monde avec gloire.
Il faut enfin observer sur la guérison de l’aveugle, dont il est ici parlé, que Jésus-Christ en guérissant cet homme qui lui donnait la qualité de fils de David qui parmi les juifs, signifiait la même chose que celle de Messie faisait voir qu’il l’était véritablement.
Au reste, notre Seigneur faisait de nouveaux miracles sur la fin de sa vie et en approchant de Jérusalem afin de donner à ses disciples et au peuple de nouvelles preuves de sa mission divine et de diminuer le scandale que sa croix et sa mort devaient bientôt leur causer.
Saint Luc rapporte ici :
I. L’histoire de la conversion de Zachée
II. La parabole des dix marcs.
1 Jésus étant entré dans Jérico, passait par la ville.
2 Et un homme appelé Zachée, chef des péagers, qui était riche,
3 cherchait à voir qui était Jésus ; mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, parce qu’il était de petite taille.
4 C’est pourquoi il courut devant et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là.
5 Jésus étant venu en cet endroit, et regardant en haut, le vit et lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre ; car il faut que je loge aujourd’hui dans ta maison.
6 Et il descendit promptement, et le reçut avec joie.
7 Et tous ceux qui virent cela, murmuraient, disant qu’il était entré chez un homme de mauvaise vie pour y loger.
8 Et Zachée, se présentant devant le Seigneur, lui dit : Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres ; et si j’ai fait tort à quelqu’un en quelque chose, je lui en rends quatre fois autant.
9 Sur quoi Jésus lui dit : Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi enfant d’Abraham.
10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
11 Comme ils écoutaient ce discours, Jésus, continuant, proposa une parabole sur ce qu’il était près de Jérusalem, et qu’ils croyaient que le règne de Dieu allait paraître bientôt.
12 Il dit donc : Un homme de grande naissance s’en alla dans un pays éloigné pour prendre possession d’un royaume, et s’en revenir ensuite.
13 Et ayant appelé dix de ses serviteurs, il leur donna dix marcs d’argent, et leur dit : Faites-les valoir jusqu’à ce que je revienne.
14 Mais les gens de son pays le haïssaient ; et ils envoyèrent une ambassade après lui, pour dire : Nous ne voulons point que celui-ci règne sur nous.
15 Il arriva donc, lorsqu’il fut de retour, après avoir pris possession du royaume, qu’il commanda qu’on fît venir ces serviteurs auxquels il avait donné l’argent, pour savoir combien chacun l’avait fait valoir.
16 Et le premier se présenta et dit : Seigneur, ton marc a produit dix autres marcs.
17 Et il lui dit : Cela est bien, bon serviteur ; parce que tu as été fidèle dans peu de chose, tu auras le gouvernement des dix villes.
18 Et le second vint et dit : Seigneur, ton marc a produit cinq autres marcs.
19 Et il dit aussi à celui-ci : Et toi, commande à cinq villes.
20 Et un autre vint et dit : Seigneur, voici ton marc que j’ai gardé, enveloppé dans un linge ;
21 car je te craignais, parce que tues un homme sévère ; tu prends où tu n’as rien mis, et tu moissonnes où tu n’as point semé.
22 Et son maître lui dit : Méchant serviteur, je te jugerai par tes propres paroles ; tu savais que je suis un homme, sévère, qui prends où je n’ai rien mis, et qui moissonne où je n’ai point semé ;
23 et pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ; et à mon retour je l’eusse retiré avec les intérêts ?
24 Et il dit à ceux qui étaient présents : Otez-lui le marc, et le donnez à celui qui a les dix marcs.
25 Et ils lui dirent : Seigneur, il a déjà dix marcs.
26 Aussi vous dis-je qu’on donnera à quiconque a déjà ; et que pour celui qui n’a pas, cela même qu’il a lui sera ôté.
27 Quant à mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici, et faites-les mourir en ma présence.
28 Et après avoir dit cela, il marchait devant eux, montant à Jérusalem.
REFLEXIONS
Il y a trois réflexions principales à faire sur l’histoire de Zachée.
La première, que notre Seigneur était venu pour appeler les pécheurs à la repentance et que les personnes que les Juifs regardaient comme très corrompues et avec lesquelles ils ne voulaient avoir aucun commerce, tels qu’étaient les péagers, seraient reçues dans l’alliance divine.
La seconde, que Jésus-Christ se communique à ceux qui le cherchent et que lorsqu’il se présente à nous et qu’il nous appelle, il faut obéir avec promptitude et avec joie à notre vocation, comme Zachée le fit.
La troisième, que ceux qui ont du bien mal acquis doivent le restituer et s’en défaire et que les riches sont particulièrement obligés d’exercer abondamment la charité envers les pauvres.
Pour ce qui est de la parabole de cet homme qui, allant partir pour un pays éloigné, donna des marcs, c’est-à-dire diverses sommes d’argent, à ses serviteurs, notre Seigneur la proposa comme Saint Luc le dit :
I. Pour désabuser ceux qui croyaient qu’il serait reconnu comme roi et que son règne allait être manifesté dans le monde avec éclat,µ
II. Pour leur faire comprendre qu’il serait au contraire rejeté, mais que ceux qui l’auraient servi fidèlement seraient élevés à une grande gloire, pendant que ceux qui ne se soumettraient pas à lui sentiraient les effets de sa puissance et souffriraient la peine de leur rebellions, ce qui marquait la ruine prochaine des Juifs.
L’usage que nous devons faire de cette parabole est d’y remarquer :
I. Que Dieu nous accorde ses lumières et sa grâce afin que nous les fassions valoir chacun selon notre état et notre portée pour sa gloire et pour le salut des autres hommes,
II. Que les uns font un bon usage de cette grâce et que les autres la rendent inutile par leur négligence,
III. que lorsque notre Seigneur viendra pour juger les hommes, il donnera de glorieuses récompenses à ceux qui auront employé ses dons d’une manière conforme à ses intentions, mais qu’il punira avec sévérité et avec justice l’infidélité et l’ingratitude de ceux qui en auront abusé.
CHAPITRE XIX VERSETS 29 A 48
Jésus fait son entrée royale à Jérusalem ; il répand des larmes sur la ruine de cette ville et il chasse du temple ceux qui le profanaient
29 Jésus étant arrivé près de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne qu’on appelle des Oliviers, il envoya deux de ses disciples,
30 Et leur dit : Allez à la bourgade qui est devant vous ; et quand vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, que personne n’a jamais monté ; détachez-le, et l’amenez.
31 Et si quelqu’un vous demande pourquoi vous le détachez, vous lui direz : Parce que le Seigneur en a besoin.
32 Et ceux qui étaient envoyés s’en allèrent, et trouvèrent comme il leur avait dit ;
33 Et comme ils détachaient l’ânon, ceux à qui il appartenait leur dirent : Pourquoi détachez-vous cet ânon ?
34 Et ils répondirent : Le Seigneur en a besoin.
35 Ils l’amenèrent donc à Jésus ; et ayant mis leurs vêtements sur l’ânon, ils firent monter Jésus dessus.
36 Et comme il passait, plusieurs étendaient leurs vêtements par le chemin.
37 Et lorsqu’il approchait de la descente de la montagne des Oliviers, toute la multitude des disciples, transportée de joie, se mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus.
38 Et ils disaient : Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix soit dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts !
39 Alors quelques-uns des Pharisiens qui étaient dans la troupe, lui dirent : Maître, reprends tes disciples.
40 Et Jésus, répondant, leur dit : Je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres même crieront.
41 Et lorsqu’il fut proche de la ville, en la voyant, il pleura sur elle et dit :
42 Oh ! si tu avais reconnu, au moins en ce jour qui t’est donné, les choses qui regardent ta paix ! mais maintenant elles sont cachées à tes yeux.
43 Car les jours viendront sur toi, que tes ennemis t’environneront de tranchées, et t’enfermeront et te serreront de toutes parts ;
44 et ils te détruiront entièrement, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne te laisseront pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps auquel tu as été visitée.
45 Ensuite, étant entré dans le temple, il se mit à chasser ceux qui y vendaient et qui y achetaient,
46 leur disant : Il est écrit : Ma maison est une maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.
47 Et il enseignait tous les jours dans le temple. Et les principaux sacrificateurs, et les Scribes, et les principaux du peuple cherchaient à le faire périr.
48 Mais ils ne trouvaient aucun moyen de rien faire contre lui, parce que tout le peuple l’écoutait avec grande attention.
REFLEXIONS
Jésus-Christ voulut faire son entrée à Jérusalem le dimanche avant sa mort pour montrer qu’il était ce roi dont les prophètes avaient parlé, mais il le fit d’une manière fort simple, monté sur un ânon afin qu’il parut que son règne n’était pas de ce monde. Ce qui arriva alors dut faire d’autant plus d’impression sur les apôtres que Jésus-Christ leur avait dit où ils trouveraient cet ânon, ils virent en cela une preuve de la connaissance qu’il avait de toutes choses. Nous devons faire une grande attention à cet événement où l’on voit si sensiblement la gloire de Jésus-Christ et en même temps sa parfaite douceur. Et comme ceux qui accompagnaient alors notre Seigneur louaient Dieu hautement pour tous les miracles qu’ils avaient vu faire à Jésus, nous devons aussi nous réjouir et bénir Dieu en considérant tout ce que notre Sauveur a fait pour racheter les hommes et pour établir son règne dans le monde.
Il faut remarquer ensuite que lorsque notre Seigneur s’en allait ainsi à Jérusalem, il déplora avec larmes la désolation de cette ville et les malheurs qui allaient tomber sur les Juifs parce qu’ils avaient méconnu et négligé le temps auquel Dieu les avait visités en sa grâce. C’est là une preuve bien claire de la bonté dont le Seigneur était animé même envers ceux qui l’avaient rejeté et qui devaient le crucifier cette semaine-là. Cela montre aussi que les hommes ne périssent que parce qu’ils ne profitent pas du temps auquel Dieu les visite et leur offre sa grâce. Ainsi nous devons reconnaitre les choses qui concernent notre paix avant qu’elles nous soient ôtées de devant les yeux.
Enfin, Jésus-Christ en chassant du temple ceux qui y vendaient et qui y trafiquaient fit paraître son autorité divine aussi bien que son grand zèle.
Il y a deux réflexions à faire sur cette action de notre Seigneur.
L’une, que c’est offenser Dieu grièvement et s’exposer à sa colère que d’assister avec irrévérence dans les lieux où il est adoré et invoqué et que de ne lui rendre qu’un culte faux et hypocrite, ce qui est infiniment plus odieux que l’abus qui s’était introduit parmi les Juifs de vendre et d’acheter dans l’enceinte du temple les choses qui étaient nécessaires pour les sacrifices.
L’autre réflexion est, qu’à l’imitation de Jésus-Christ, il faut s’opposer à l’irréligion, à l’impiété et soutenir toujours avec zèle les intérêts de la gloire de Dieu.
Jésus-Christ répond aux principaux des Juifs qui lui demandent d’où il tenait son autorité, et il leur propose la parabole des vignerons.
1 Un jour que Jésus enseignait le peuple dans le temple, et qu’il annonçait l’évangile, les principaux sacrificateurs et les Scribes, avec les sénateurs, étant survenus,
2 lui parlèrent et lui dirent : Dis-nous par quelle autorité tu fais ces choses, et qui est celui qui t’a donné cette autorité !
3 Jésus leur répondit : Je vous demanderai aussi une chose ; dites-moi :
4 Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ?
5 Or, ils raisonnaient entre eux, disant : Si nous disons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru !
6 Et si nous disons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera ; car il est persuadé que Jean était un prophète.
7 C’est pourquoi ils répondirent qu’ils ne savaient d’où il venait.
8 Et Jésus leur dit : Je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.
9 Alors il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne, et la loua à des vignerons, et fut longtemps absent.
10 Et la saison étant venue, il envoya un de ses serviteurs vers les vignerons, afin qu’ils lui donnassent du fruit de la vigne ; mais les vignerons, l’ayant battu, le renvoyèrent à vide.
11 Et il envoya encore un autre serviteur ; mais l’ayant aussi battu et traité outrageusement, ils le renvoyèrent à vide.
12 Il en envoya encore un troisième ; mais ils le blessèrent aussi, et le chassèrent.
13 Alors le maître de la vigne dit : Que ferai-je ? J’y enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être, quand ils le verront, ils le respecteront.
14 Mais quand les vignerons le virent, ils dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous.
15 Et l’ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent. Que fera donc le maître de la vigne ?
16 Il viendra, et fera périr ces vignerons, et il donnera la vigne à d’autres. Ce que les Juifs ayant entendu, ils dirent : A Dieu ne plaise !
17 Alors il les regarda, et leur dit : Que veut donc dire ce qui est écrit : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la principale pierre de l’angle ?
18 Quiconque tombera sur cette pierre-là sera brisé, et elle écrasera celui sur qui elle tombera.
REFLEXIONS
Il faut remarquer que, lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus d’où il avait reçu son autorité, le Seigneur voyant que ce n’était pas dans une intention sincère de s’instruire qu’ils lui demandaient cela, mais uniquement pour le surprendre, il ne trouva pas à propos de répondre à cette question. Cependant pour leur faire voir que leur ignorance était affectée et malicieuse et qu’il leur était facile de reconnaitre que son autorité venait de Dieu, il leur demanda si le baptême de Jean-Baptiste venait du Ciel ou des hommes, à quoi ils ne répondirent rien, n’osant pas dire leur pensée. Ce silence des pharisiens manifestait leur hypocrisie et leur malice et prouvait qu’ils n’auraient point été persuadés, quoi que Jésus-Christ eût pu leur dire.
Dieu ne refuse jamais de se faire connaître à ceux qui ont un cœur sincère et qui aiment la vérité, mais pour ce qui est de ceux qui ne cherchent que des prétextes pour la rejeter, il les abandonne à leurs ténèbres et à leur malice, surtout quand il leur a donné des moyens suffisants pour connaître la vérité et qu’ils ne s’y rendent pas.
Par la similitude des vignerons, notre Seigneur voulait marquer en termes figurés :
I. Que les principaux des Juifs le feraient crucifier, comme leurs pères avaient autrefois fait mourir les prophètes.
II. Que nonobstant cela il deviendrait le chef et le roi de l’Église et qu’il serait revêtu d’un pouvoir souverain.
III. Que les Juifs seraient dans peu accablés des jugements de Dieu et privés de son alliance.
IV. Que l’Évangile serait annoncé aux païens avec un succès admirable et qu’ils jouiront de tous les privilèges de l’alliance divine.
Cette parabole qui était prophétique fut parfaitement éclaircie par la gloire à laquelle Jésus-Christ fut élevé après sa résurrection et son ascension, par la destruction de Jérusalem, par la dispersion des Juifs et par la vocation des gentils. Cependant ce qui arriva aux Juifs doit nous servir d’exemple et nous convaincre pleinement que les chrétiens qui méprisent la grâce de Dieu et qui désobéissent à l’Évangile ne sauraient demeurer impunis, puisqu’ils ne rejettent pas moins Jésus-Christ que les Juifs le rejetèrent autrefois.
CHAPITRE XX VERSETS 19 A 47
La seconde partie de ce chapitre renferme quatre chefs.
I. Sa réponse de Jésus-Christ à la demande qu’on lui fit s’il était permis de payer le tribut à l’empereur.
II. La réponse à une autre question que les sadducéens lui proposèrent sur la résurrection,
III. La question qu’il fit aux pharisiens sur ce que le Messie est appelé fils de David
IV. Un avertissement à se donner garde des pharisiens et des docteurs de la Loi.
19 Alors les principaux sacrificateurs et les Scribes cherchèrent à l’heure même à se saisir de Jésus ; car ils avaient bien reconnu qu’il avait dit cette parabole contre eux ; mais ils craignirent le peuple.
20 C’est pourquoi, l’observant de près, ils envoyèrent des gens apostés, qui contrefaisaient les gens de bien, pour le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer au magistrat et au pouvoir du gouverneur.
21 Ces gens lui firent donc cette question : Maître, nous savons que tu parles et que tu enseignes avec droiture, et que, sans acception de personne, tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité.
22 Nous est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?
23 Mais Jésus, voyant leur artifice, leur dit : Pourquoi voulez-vous me surprendre ?
24 Montrez-moi un denier. De qui a-t-il l’image et l’inscription ? Ils répondirent : De César.
25 Et il leur dit : Rendez donc à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.
26 Ainsi ils ne purent rien reprendre dans ses paroles devant le peuple ; mais, tout étonnés de sa réponse, ils se turent.
27 Alors quelques-uns d’entre les Sadducéens, qui nient la résurrection, s’approchèrent, et lui firent cette question :
28 Maître, Moïse nous a laissé par écrit, que si quelqu’un a un frère marié qui vienne à mourir sans enfants, il doit épouser sa veuve, pour susciter lignée à son frère.
29 Or, il y avait sept frères, dont le premier ayant épousé une femme, mourut sans enfants.
30 Le second l’épousa aussi, et mourut aussi sans enfants.
31 Puis le troisième l’épousa ; et de même tous les sept ; et ils moururent sans laisser d’enfants.
32 Après eux tous, la femme mourut aussi.
33 Duquel donc sera-t-elle femme dans la résurrection ? car tous les sept l’ont épousée.
34 Jésus leur répondit : Les enfants de ce siècle épousent des femmes, et les femmes des maris ;
35 mais ceux qui seront jugés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts, ne se marieront point.
36 Car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront enfants de Dieu, étant enfants de la résurrection.
37 Or, que les morts doivent ressusciter, Moïse même l’a fait connaître, lorsque rapportant ce qui lui arriva près du buisson, il nomme le Seigneur, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.
38 Or, Dieu n’est point le Dieu des morts, mais il est le Dieu des vivants ; car tous vivent à lui.
39 Et quelques-uns d’entre les Scribes prenant la parole, lui dirent : Maître, tu as bien répondu.
40 Et ils n’osèrent plus lui faire aucune question.
41 Mais lui leur dit : Comment dit-on que le Christ doit être Fils de David ;
42 Puisque David même dit dans le livre des psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Sieds-toi à ma droite,
43 jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour ton marchepied ?
44 David donc l’appelant son Seigneur, comment est-il son Fils ?
45 Et comme tout le peuple écoutait, il dit à ses disciples :
46 Gardez-vous des Scribes qui se plaisent à se promener en longues robes, et qui aiment à être salués dans les places, à être assis aux premiers rangs dans les synagogues, et à tenir les premières places dans les festins ;
47 qui dévorent les maisons des veuves, en affectant de faire de longues prières ; ils en recevront une plus grande condamnation.
REFLEXIONS
Le but des pharisiens lorsqu’ils demandèrent à notre Seigneur s’il était permis de payer le tribut à l’empereur était de le surprendre. Ils cherchaient un prétexte de l’accuser ou d’être ennemi de l’empereur s’il disait qu’il ne fallait pas payer le tribut ou de n’aimer pas sa nation s’il disait qu’il fallait le payer. Mais Jésus, par un effet de sa profonde sagesse, découvrit et évita ce piège en leur disant : de rendre à César ce qui appartient à César et de rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu.
Apprenons de là que Jésus-Christ veut qu’on reconnaisse l’autorité des princes et qu’on leur rende exactement l’obéissance et la fidélité qu’on leur doit et en même temps que l’on s’acquitte religieusement des devoirs auxquels on est obligé envers Dieu.
On remarque la même sagesse de Jésus-Christ dans la manière dont il répondit aux sadducéens qui croyaient l’embarrasser en lui proposant une question sur la résurrection. Il leur dit que cette question était vaine puisqu’après la résurrection les bienheureux seront immortels et semblables aux anges et que le mariage n’aura plus lieu dans la vie à venir. Après cela il leur prouva que les morts doivent ressusciter en leur disant que Dieu s’était déclaré le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob après leur mort, d’où il s’ensuit que Dieu ne pouvant pas être le Dieu des morts, ces Saints patriarches, de même que tous ceux qui sont imitateurs de leur foi subsisteront après leur mort et que Dieu les ressuscitera. Ce discours de notre Seigneur doit nous persuader pleinement que les morts ressusciteront et nous porter au reste à vivre d’une manière pure et saine afin que nous soyons de ceux qui, comme Jésus-Christ le dit, seront jugés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des justes.
III. La demande que Jésus-Christ fit aux docteurs de la Loi, comment le Messie pouvait être le fils et le Seigneur de David tendait à leur faire voir que la dignité de la personne du Messie était beaucoup plus grande qu’ils ne le croyaient et que, quoi qu’ils pensassent être les plus éclairés dans l’intelligence des anciens oracles, leur ignorance était très grande sur ce point, de même que sur plusieurs autres.
Au reste, il ne leur expliqua pas cette question parce que cela aurait été inutile et qu’ils n’avaient point de docilité. C’est ainsi que le Seigneur abandonne à leur ignorance ceux qui ne veulent pas en sortir.
IV. Enfin, ce que notre Seigneur dit contre les docteurs de la Loi et les pharisiens montre que l’avarice, l’orgueil et l’hypocrisie sont des vices que le Seigneur déteste et que nous devons nous donner garde de ceux en qui ils se rencontrent et éviter nous-mêmes ces vices avec grand soin.
On voit dans ce chapitre :
I. Le jugement que Jésus-Christ fit de l’offrande d’une pauvre veuve.
II. Ce qu’il dit à ses disciples touchant les signes de la ruine de Jérusalem et la fin du monde.
III. Il représente combien cette ruine serait terrible.
IV. Enfin, il exhorte ses disciples à veiller et à prier et à vivre dans la tempérance afin de ne pas être surpris par sa venue.
1 Comme Jésus regardait ce qu’on mettait dans le tronc, il vit des riches qui y mettaient leurs offrandes.
2 Il vit aussi une pauvre veuve qui y mettait deux pites ;
3 et il dit : Je vous dis en vérité, que cette pauvre veuve a plus mis que tous les autres.
4 Car tous ceux-là ont mis, dans les offrandes de Dieu, de leur superflu ; mais celle-ci y a mis de sa disette tout ce qu’elle avait pour vivre.
5 Et comme quelques-uns lui disaient que le temple était orné de belles pierres et de beaux dons, il dit :
6 Est-ce là ce que vous regardez ? Les jours viendront qu’il n’y sera laissé pierre sur pierre, qui ne soit renversée.
7 Alors ils lui demandèrent : Maître, quand est-ce donc que ces choses arriveront, et par quel signe connaîtra-t-on qu’elles sont sur le point d’arriver ?
8 Et il dit : Prenez garde que vous ne soyez séduits ; car plusieurs viendront en prenant mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et ce temps approche ; mais ne les suivez pas.
9 Et quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne vous épouvantez pas ; car il faut que ces choses arrivent auparavant ; mais ce ne sera pas sitôt la fin.
10 Il leur dit aussi : Une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ;
11 Et il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux et des famines et des pestes, et il paraîtra des choses épouvantables, et de grands signes dans le ciel.
12 Mais, avant tout cela, ils mettront les mains sur vous, et ils vous persécuteront, vous livrant aux synagogues, et vous mettant en prison ; et ils vous tireront devant les rois et devant les gouverneurs, à cause de mon nom.
13 Et cela vous servira de témoignage.
14 Mettez-vous donc dans l’esprit de ne point préméditer comment vous répondrez.
15 Car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront contredire, ni résister.
16 Vous serez même livrés par vos pères et mères, par vos frères, par vos parents et par vos amis ; et ils en feront mourir d'entre vous.
17 Et vous serez haïs de tout le monde, à cause de mon nom.
18 Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête.
19 Possédez vos âmes par votre patience.
20 Et quand vous verrez Jérusalem environnée par les armées, sachez que sa désolation approche.
21 Alors, que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient aux montagnes ; que ceux qui seront au milieu d’elle se retirent ; et que ceux qui seront à la campagne ne rentrent point dans la ville.
22 Car ce seront alors les jours de la vengeance, afin que toutes les choses qui sont écrites s’accomplissent.
23 Malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là ; car il y aura une grande calamité sur ce pays, et une grande colère sur ce peuple.
24 Ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et ils seront menés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée par les nations, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis.
25 Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles ; et sur la terre les peuples seront dans la consternation et ne sachant que devenir, la mer et les flots faisant un grand bruit.
26 Les hommes seront comme rendant l’âme de frayeur, dans l’attente des choses qui arriveront par tout le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées.
27 Et alors on verra venir le Fils de l’homme sur une nue, avec une grande puissance et une grande gloire.
28 Lors donc que ces choses commenceront d’arriver, regardez-en haut, et levez la tête, parce que votre délivrance approche.
29 Et il leur dit une similitude : Voyez le figuier et tous les autres arbres ;
30 quand ils commencent à pousser, vous jugez de vous-mêmes, en les voyant, que l'été est proche.
31 De même, lorsque vous verrez arriver ces choses, sachez que le règne de Dieu est près.
32 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point, que toutes ces choses n’arrivent.
33 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.
34 Prenez donc garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise, par les excès du vin et par les inquiétudes de cette vie, et que ce jour-là ne vous surprenne subitement.
35 Car il surprendra comme un filet tous ceux qui habitent sur la face de la terre.
36 Veillez donc, et priez en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d’éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et de subsister devant le Fils de l’homme.
37 Or, il enseignait dans le temple pendant le jour, et sortant le soir, il passait les nuits sur la montagne appelée des Oliviers.
38 Et, dès le point du jour, tout le peuple venait à lui dans le temple, pour l’écouter.
REFLEXIONS
Ce que Jésus-Christ dit à l’avantage de cette veuve qui mit deux petites pièces de monnaie dans un tronc où les particuliers jetaient ce qu’ils voulaient donner pour l’usage du temple nous apprend que tout ce que l’on consacre à des usages de piété ou de charité est agréable à Dieu quand on le donne volontairement et que les offrandes des pauvres, lorsqu’ils le font de bon cœur selon leur pouvoir, sont aussi bien reçues que celles des riches.
II. Il faut savoir que tout ce que notre Seigneur avait prédit en parlant des signes qui précéderaient la destruction de Jérusalem et du temple arriva de la manière et dans les temps qu’il l’avait marqué. On vit paraître des séducteurs qui prirent le titre de messie, la Judée fut désolée par la famine et par la peste, les Juifs excitèrent des persécutions contre les disciples de notre Seigneur, les Romains vinrent assiéger Jérusalem, la prirent et la détruisirent avec son temple. Les habitants de cette ville se virent réduits aux dernières extrémités, ils furent passés au fil de l’épée et ils souffrirent toutes les horreurs de la guerre. Les restes de ce peuple furent dispersés par tout le monde, ils le sont encore aujourd’hui et Jérusalem ne s’est jamais relevée de cette désolation.
Enfin, toutes ces choses arrivèrent dans le temps que Jésus-Christ l’avait dit, savoir environ quarante ans après sa mort. Des prédictions aussi claires et aussi formelles que celle-là et qui ont été et sont encore si exactement vérifiées par l’événement prouvent d’une manière invincible que Jésus-Christ était envoyé de Dieu et que sa doctrine est véritable et divine. Outre cela, cette destruction d’un peuple que Dieu avait tant aimé et d’une ville qu’il avait choisie pour y établir son service doit inspirer de la crainte à tout le monde et comme l’on ne peut attribuer cette ruine qu’au péché que les Juifs commirent en rejetant et en crucifiant notre Seigneur, cela montre bien clairement que Jésus est le Messie. On peut aussi reconnaitre par là à quoi doivent s’attendre les chrétiens qui le rejettent par leur incrédulité et par leur désobéissance.
III. Ce qu’on lit dans ce chapitre doit nous faire penser à la fin du monde et au jugement dernier, à l’effroi et au désespoir dont les méchants seront saisis et à la joie dont les justes seront remplis en ce jour-là.
Enfin, notre Seigneur nous enseigne que le moyen de ne pas être surpris par sa venue c’est de vivre dans la tempérance, dans la vigilance et de prier continuellement. C’est ce que Jésus-Christ nous recommande par ces paroles qui sont la conclusion de ce discours : Prenez garde à vous-mêmes, que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise, par les excès du vin et par les inquiétudes de cette vie, de peur que ce jour-là ne vous surprenne subitement. Veillez donc et priez en tout temps afin que vous soyez trouvés dignes d’éviter toutes ces choses et de subsister devant le Fils de l’homme.
Saint Luc commence ici l’histoire de la passion de Jésus-Christ et il rapporte :
I. Le traité que Judas fit avec les Juifs pour leur livrer notre Seigneur,
II. Comment Jésus-Christ célébra la pâque et institua la Sainte Cène,
III. La prédiction qu’il fit de la trahison de Judas,
IV. Ce qu’il dit aux apôtres sur ce qu’ils disputaient entre eux lequel serait le plus grand dans le royaume de leur maître.
V. Notre Seigneur prédit la chute de Saint Pierre et il avertit ses disciples que le temps de sa mort était venu.
1 La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, approchait.
2 Et les principaux sacrificateurs et les Scribes cherchaient comment ils pourraient faire mourir Jésus ; car ils craignaient le peuple.
3 Mais Satan entra dans Judas, surnommé Iscariot, qui était du nombre des douze apôtres ;
4 et il s’en alla, et parla avec les principaux sacrificateurs et les capitaines, sur la manière dont il le leur livrerait.
5 Ils en eurent de la joie, et ils convinrent de lui donner de l’argent.
6 Il promit donc de le leur livrer ; et il cherchait une occasion propre pour le faire sans tumulte.
7 Or, le jour des pains sans levain étant venu, auquel il fallait sacrifier la Pâque,
8 Jésus envoya Pierre et Jean, et leur dit : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions.
9 Ils lui dirent : Où veux-tu que nous la préparions ?
10 Et il leur dit : Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera.
11 Et dites au maître de la maison : Le maître t’envoie demander : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?
12 Et il vous montrera une grande chambre haute, toute meublée ; préparez-y la Pâque.
13 Eux donc, s’en étant allés, trouvèrent les choses comme il leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.
14 Et quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui.
15 Et il leur dit : J’ai fort désiré de manger cette Pâque avec vous, avant que je souffre.
16 Car je vous dis, que je n’en mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.
17 Et ayant pris la coupe et rendu grâces, il dit : Prenez-la, et la distribuez entre vous ;
18 car je vous dis, que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le règne de Dieu soit venu.
19 Puis il prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
20 De même, il leur donna la coupe après souper, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous.
21 Au reste, voici, la main de celui qui me trahit est à table avec moi.
22 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon qu’il a été déterminé ; mais malheur à cet homme par qui il est trahi.
23 Alors ils commencèrent à se demander les uns aux autres, qui était celui d’entre eux qui ferait cela.
24 Il arriva aussi une contestation entre eux, pour savoir lequel d’entre eux devait être regardé comme le plus grand.
25 Mais il leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui usent d’autorité sur elles sont nommés bienfaiteurs.
26 Il n’en doit pas être de même entre vous ; mais que celui qui est le plus grand parmi vous, soit comme le moindre ; et celui qui gouverne, comme celui qui sert.
27 Car qui est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? n’est-ce pas celui qui est à table ? et cependant je suis au milieu de vous comme celui qui sert.
28 Or, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves.
29 C’est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé pour moi ;
30 afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël.
31 Le Seigneur dit aussi : Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous cribler comme on crible le blé ;
32 mais j’ai prié pour toi, que ta foi ne défaille point. Toi donc, quand tu seras converti, affermis tes frères.
33 Et Pierre lui dit : Seigneur, je suis tout prêt d’aller avec toi, et en prison et à la mort.
34 Mais Jésus lui dit : Pierre, je te dis que le coq ne chantera point aujourd’hui, que tu n’aies nié trois fois de me connaître.
35 Puis il leur dit : Lorsque je vous ai envoyés sans bourse, sans sac, et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Et ils répondirent : De rien.
36 Mais maintenant, leur dit-il, que celui qui a une bourse, la prenne ; et de même celui qui a un sac ; et que celui qui n’a point d’épée, vende sa robe, et en achète une.
37 Car je vous dis qu’il faut que cette parole qui est écrite soit accomplie en moi, savoir : Il a été mis au rang des malfaiteurs. Et les choses qui ont été prédites de moi vont arriver.
38 Et ils dirent : Seigneur, voici deux épées. Et il leur dit : Cela suffit.
REFLEXIONS
La première réflexion qu’il faut faire ici est que Judas pris la résolution de livrer son Maître aux Juifs et que nonobstant que Jésus-Christ lui fit entendre qu’il connaissait son dessein, ce malheureux infidèle ne laissa pas de l’exécuter. Comme ce fut l’amour de l’argent qui porta Judas à une action si perfide, on voit par-là que cette passion, que les hommes ne croient pas fort dangereuse, les aveugle et les endurcit à un point qu’ils sont capables de tomber dans les derniers crimes et qu’ils résistent à tout ce qui devrait les en détourner.
II. Sur ce que notre Seigneur célébra la pâque avec ses disciples et institua le sacrement de la Cène, il faut faire deux considérations.
L’une, qu’il observa jusqu’à la fin de sa vie tout ce qui était prescrit par la religion des Juifs, ce qui nous apprend à ne mépriser et à ne négliger jamais aucune des institutions divines.
L’autre que nous devons regarder avec un grand respect ce Saint sacrement que le Sauveur du monde établit alors pour être un mémorial de sa passion et de sa mort et y participer avec une singulière dévotion toutes les fois que nous nous y présentons.
III. Il est à remarquer que comme Jésus-Christ avait parlé de la venue du règne de Dieu dans ce dernier repas, cela donna occasion à ses disciples de demander lequel d’entre eux serait le plus grand dans ce règne qu’ils croyaient devoir être un règne temporel. Mais le Seigneur les exhorta à se défaire des pensées charnelles qu’ils avaient sur le règne du Messie et à prendre des sentiments d’humilité, leur promettant cependant de les élever à une grande gloire s’ils lui étaient toujours fidèles.
Ces leçons d’humilité et de renoncement aux grandeurs du monde que Jésus-Christ a données tant de fois à ses disciples apprennent à tous les chrétiens qu’il ne leur est pas permis de rechercher la gloire et l’honneur et qu’étant les disciples d’un Maître qui a été l’humilité même, ils ne doivent point penser à s’élever les uns par-dessus les autres et qu’au reste, la véritable gloire à laquelle il faut aspirer est celle qui se trouve dans l’humilité et qui est réservée dans le royaume de Dieu à ceux qui imiteront Jésus-Christ et qui persévéreront dans son obéissance au milieu des épreuves auxquelles ils auront été exposés.
Notre Seigneur avertit dans ce temps-là Saint Pierre de sa chute, mais il l’assura en même temps qu’il avait prié pour lui afin que sa foi ne défaillît point. Le péché et la repentance de cet apôtre confirmèrent la vérité de cette prédiction et de cette promesse. Nous sommes extrêmement faibles, le plus souvent nous ne nous connaissons pas nous-mêmes et ce qui nous aveugle le plus et nous fait tomber, c’est la présomption, mais ce qui nous soutient et nous relève, c’est une sage défiance de nous-mêmes et la grâce du Seigneur. Ainsi nous devons implorer cette grâce avec beaucoup d’ardeur et d’humilité et le prier qu’il ne nous abandonne pas à notre propre faiblesse et qu’il nous affermisse dans la foi en sorte qu’elle ne défaille jamais.
CHAPITRE XXII VERSETS 39 A 71
I. Jésus-Christ souffre dans le jardin. II. Il est pris par Judas. III. Saint Pierre le renie et pleure sa faute. IV. Jésus est condamné devant le conseil des Juifs.
39 Puis Jésus partit et s’en alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers ; et ses disciples le suivirent.
40 Et quand il fut arrivé, il leur dit : Priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation.
41 Alors il s’éloigna d’eux environ d’un jet de pierre ; et s’étant mis à genoux, il priait,
42 en disant : Mon Père, si tu voulais éloigner cette coupe de moi ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne.
43 Et un ange lui apparut du ciel pour le fortifier.
44 Et étant en agonie, il priait plus instamment ; et il lui vint une sueur comme des grumeaux de sang, qui coulaient jusqu’à terre.
45 Et s’étant levé après sa prière, il vint vers ses disciples, qu’il trouva endormis de tristesse.
46 Et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, et priez, afin que vous ne tombiez point dans la tentation.
47 Comme il parlait encore, voici une troupe de gens, et celui qui s’appelait Judas, l’un des douze, marchait devant; et il s’approcha de Jésus pour le baiser ?
48 Mais Jésus lui dit : Judas, trahis-tu ainsi le Fils de l’homme par un baiser ?
49 Alors ceux qui étaient avec lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur, frapperons-nous de l’épée ?
50 Et l’un d'eux frappa un des serviteurs du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille droite.
51 Mais Jésus prenant la parole, dit : Arrête-toi. Et ayant touché l’oreille de cet homme, il le guérit.
52 Puis Jésus dit aux principaux sacrificateurs, aux capitaines du temple, et aux sénateurs qui étaient venus pour le saisir : Vous êtes sortis avec des épées et des bâtons, comme après un brigand.
53 J’étais tous les jours dans le temple avec vous, et vous n’avez point mis les mains sur moi. Mais c’est ici votre heure et la puissance des ténèbres.
54 Aussitôt ils le saisirent et l’emmenèrent, et le firent entrer dans la maison du souverain sacrificateur. Et Pierre suivait de loin.
55 Et ayant allumé du feu au milieu de la cour, et s’étant assis ensemble, Pierre s’assit aussi parmi eux.
56 Et une servante, le voyant assis auprès du feu, et le regardant attentivement, dit : Celui-ci était aussi avec cet homme.
57 Mais il renia Jésus, disant : Femme, je ne le connais point.
58 Et un peu après, un autre, le voyant, dit : Tu es aussi de ces gens-là. Mais Pierre dit : O homme, je n’en suis point.
59 Environ une heure après, un autre assurait la même chose, et disait : Certainement, celui-ci était aussi avec lui ; car il est aussi Galiléen.
60 Et Pierre dit : O homme, je ne sais ce que tu dis. Et au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta.
61 Le Seigneur s’étant retourné, regarda Pierre, et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur, et comment il lui avait dit : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois.
62 Alors Pierre étant sorti, pleura amèrement.
63 Or, ceux qui tenaient Jésus, se moquaient de lui et le frappaient ;
64 Et lui ayant bandé les yeux, ils lui donnaient des coups sur le visage, et lui disaient : Devine qui est celui qui t’a frappé.
65 Et ils disaient beaucoup d’autres choses contre lui, en l’outrageant de paroles.
66 Et dès que le jour fut venu, les sénateurs du peuple, les principaux sacrificateurs et les Scribes s’assemblèrent et le firent venir dans le conseil,
67 et ils lui dirent : Si tu es le Christ, dis-le-nous. Et il leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez point ;
68 et si je vous interroge aussi, vous ne me répondrez point, ni ne me laisserez point aller.
69 Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu.
70 Alors ils dirent tous : Es-tu donc le Fils de Dieu ? Et il leur dit : Vous le dites vous-mêmes ; je le suis.
71 Alors ils dirent : Qu’avons-nous plus besoin de témoignage, puisque nous l’avons ouï nous-mêmes de sa bouche ?
REFLEXIONS
Dans le récit que Saint Luc fait de ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin, on doit remarquer la tristesse de notre Seigneur, ses prières et sa résignation. Sa tristesse fait voir qu’il était sujet aux faiblesses innocentes de notre nature, la vue de cette mort qu’il allait endurer pour les péchés des hommes l’étonna, il eut même besoin d’être fortifié par un ange, mais ce trouble n’avait rien que d’innocent, ainsi l’on ne doit pas penser que Jésus-Christ souffrit des peines semblables à celles des méchants, ni que Dieu fût irrité contre lui. Ses prières nous enseignent à chercher notre consolation et notre force dans le recours à Dieu lorsque nous sommes dans la détresse et la résignation à la volonté de son Père nous apprend à nous soumettre en toutes choses, même dans les événements les plus fâcheux à ce qu’il plait à Dieu de faire de nous.
Au reste, après cet état de délaissement par où Jésus-Christ a passé, nous ne devons jamais perdre courage dans nos maux pourvu que, comme lui, nous nous abandonnons entièrement à Dieu.
II. La manière dont notre Seigneur fut pris montre que quoi qu’il connût le dessein de Judas et qu’il eût pu éviter la mort, il se livra lui-même entre les mains des Juifs, parce qu’il était résolu de mourir pour accomplir les desseins de son Père.
III. Ce que fit Saint Pierre lorsqu’il frappa avec l’épée un des serviteurs du souverain sacrificateur marque l’attachement que cet apôtre avait pour son Maître, mais cette action procédait d’un zèle inconsidéré et d’un esprit de vengeance, c’est pourquoi notre Seigneur l’en censura.
La violence et la vengeance déplaisent à Jésus-Christ et sont indignes de ses disciples, ainsi nous devons nous en éloigner et imiter toujours la grande douceur de notre Seigneur qui, pouvant punir ceux qui venaient le saisir, ne le fit pas et donna même une preuve de sa bonté aussi bien que de sa puissance en guérissant celui que Saint Pierre avait blessé.
IV. On voit ici que Saint Pierre, qui avait témoigné tant de zèle pour Jésus-Christ, le renia par trois fois, étant entraîné par la crainte de la mort. La chute de cet apôtre fait voir que notre inconstance est grande et que les tentations peuvent facilement nous surprendre lorsque nous n’employons pas la vigilance et la prière pour les éviter. Cependant, cet apôtre se releva de sa chute, au lieu que Judas tomba dans le désespoir. On revient plus facilement des fautes où l’on tombe par surprise que de celles que l’on commet de propos délibérés.
Enfin, ce qui se passa lorsque notre Seigneur parut devant le conseil des Juifs fait voir qu’il ne fut condamné pour aucun crime et qu’il était entièrement innocent, puisque la sentence de sa condamnation ne fut fondée que sur ce qu’il avoua qu’il était le fils de Dieu. Il fit pourtant cet aveu et il se soumit à cette sentence si injuste, en quoi nous avons la preuve la plus convaincante qu’il eût pu nous donner de son amour et un exemple de zèle et de patience que nous devons toujours avoir devant les yeux.
Jésus-Christ paraît et est accusé devant Pilate et ensuite devant Hérode, l’un et l’autre le déclarent innocent.
Pilate tâche de le délivrer, mais enfin, vaincu par les instances des principaux des Juifs, il le condamne à mort.
1 Puis toute l’assemblée, s’étant levée, le mena à Pilate.
2 Et ils commencèrent à l’accuser, en disant : Nous avons trouvé cet homme séduisant la nation et défendant de donner le tribut à César, et se disant le Christ, le roi.
3 Alors Pilate l’interrogea et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus lui répondit : Tu le dis.
4 Et Pilate dit aux principaux sacrificateurs et au peuple : Je ne trouve aucun crime en cet homme.
5 Mais ils insistaient encore plus fortement, en disant : Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, ayant commencé depuis la Galilée, jusqu’ici.
6 Quand Pilate entendit parler de la Galilée, il demanda si Jésus était Galiléen.
7 Ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui était aussi alors à Jérusalem.
8 Quand Hérode vit Jésus, il en eut une grande joie ; car il y avait longtemps qu’il souhaitait de le voir, parce qu’il avait ouï dire beaucoup de choses de lui ; et il espérait qu’il lui verrait faire quelque miracle.
9 Il lui fit donc plusieurs questions ; mais Jésus ne lui répondit rien.
10 Et les principaux sacrificateurs et les Scribes étaient là, qui l’accusaient avec grande véhémence.
11 Mais Hérode, avec les gens de sa garde, le traita avec mépris ; et pour se moquer de lui, il le fit vêtir d’un habit éclatant, et le renvoya à Pilate.
12 En ce même jour, Pilate et Hérode devinrent amis ; car auparavant ils étaient ennemis.
13 Alors Pilate ayant assemblé les principaux sacrificateurs, et les magistrats, et le peuple, leur dit :
14 Vous m’avez présenté cet homme comme soulevant le peuple ; et cependant, l’ayant interrogé en votre présence, je ne l’ai trouvé coupable d’aucun des crimes dont vous l’accusez ;
15 Ni Hérode non plus ; car je vous ai renvoyés à lui, et on ne lui a rien fait qui marque qu’il soit digne de mort.
16 Ainsi, après l’avoir fait châtier, je le relâcherai.
17 Or, il était obligé de leur relâcher un prisonnier à la fête,
18 de sorte qu’ils s’écrièrent tous ensemble : Fais mourir celui-ci, et nous relâche Barabbas.
19 (Or, Barabbas avait été mis en prison pour une sédition qui s’était faite dans la ville, et pour un meurtre.)
20 Pilate leur parla de nouveau, ayant envie de délivrer Jésus.
21 Mais ils s’écrièrent : Crucifie-le, crucifie-le.
22 Et il leur dit pour la troisième fois : Mais quel mal a-t-il fait ? je n’ai rien trouvé en lui qui soit digne de mort. Ainsi, après l’avoir fait châtier, je le relâcherai.
23 Mais ils faisaient de nouvelles instances, en demandant avec de grands cris qu’il fût crucifié ; et leurs cris et ceux des principaux sacrificateurs redoublaient.
24 Alors Pilate prononça que ce qu’ils demandaient fût fait.
25 Et il leur relâcha celui qui avait été mis en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ils demandaient ; et il abandonna Jésus à leur volonté.
REFLEXIONS
On découvre d’abord ici l’injustice et la haine des principaux des Juifs, qui, après avoir condamné notre Seigneur, l’accusèrent faussement devant Pilate d’avoir voulu soulever le peuple et se faire roi et qui demandèrent sa mort malgré tout ce que Pilate leur put dire pour les apaiser, jusque-là qu’ils aimèrent mieux qu’on sauvât la vie à un meurtrier et un séditieux qu’à Jésus-Christ.
II. Dieu permit que Pilate envoya Jésus vers le Hérode afin que la parfaite innocence de notre Seigneur fût d’autant mieux reconnue, ce prince n’ayant pas trouvé qu’il eût rien fait qui méritât la mort.
III. Jésus-Christ paraissant devant Hérode ne lui parla point et ne lui fit aucune réponse parce que les questions que ce prince lui faisait ne procédaient pas d’aucun dessein qu’il eût de s’instruire, mais qu’elles ne venaient que d’une vaine curiosité et du désir qu’il avait de voir faire quelque miracle à notre Seigneur.
Dieu se fait connaître à ceux qui cherchent la vérité de bonne foi, mais pour ce qui est de ceux qui ne s’informent de la vérité que par curiosité et dans un esprit profane, il les laisse dans leur aveuglement.
En quatrième lieu, et surtout, on doit faire attention à l’injustice de Pilate. Il était convaincu qu’on accusait Jésus à tort, il souhaitait de le délivrer, il le pouvait, mais il n’osa pas le faire et après quelque résistance, il le condamna pour complaire aux Juifs.
C’est ainsi que se conduisent les juges iniques et en général tous ceux qui pèchent contre leurs lumières, ils ont plus d’égard aux hommes, à la politique, à l’intérêt et à l’ambition qu’à ce que Dieu, la justice et la conscience demandent. Cet exemple montre qu’il ne sert de rien d’avoir de bons sentiments et quelque désir de faire son devoir, qu’il serait inutile de résister pendant quelque temps à la tentation si l’on vient à y succomber, qu’au contraire, on n’en est que plus coupable, et qu’ainsi en toutes occasions, il faut consulter uniquement la conscience et suivre ce qu’elle nous inspire sans qu’aucune sollicitation ni aucun motif que ce puisse être nous en empêche jamais.
CHAPITRE XXIII VERSETS 26 A 56
Saint Luc récite :
I. Ce qui se passa lorsque Jésus fut conduit au supplice, et pendant qu’il était sur la croix et sa mort.
II. Les prodiges qui arrivèrent.
III. Sa sépulture.
26 Et comme ils le menaient au supplice, ils prirent un homme de Cyrène, nommé Simon, qui revenait des champs, et le chargèrent de la croix, pour la porter après Jésus.
27 Et une grande multitude de peuple et de femmes le suivaient, qui se frappaient la poitrine et se lamentaient.
28 Mais Jésus se tournant vers elles, leur dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants.
29 Car les jours viendront auxquels on dira : Heureuses les stériles, les femmes qui n’ont point enfanté, et les mamelles qui n’ont point allaité !
30 Alors ils se mettront à dire aux montagnes : Tombez sur nous, et aux coteaux : Couvrez-nous.
31 Car si l’on fait ces choses au bois vert, que fera-t-on au bois sec ?
32 On menait aussi deux autres hommes, qui étaient des malfaiteurs, pour les faire mourir avec lui.
33 Et quand ils furent au lieu appelé Calvaire, ils le crucifièrent là, et les malfaiteurs, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.
34 Mais Jésus disait : Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Puis faisant le partage de ses vêtements, ils les jetèrent au sort.
35 Le peuple se tenait là et regardait. Et les principaux se moquaient de lui avec le peuple, en disant : Il a sauvé les autres ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu.
36 Les soldats l’insultaient aussi, et s’étant approchés, ils lui présentaient du vinaigre.
37 Et ils lui disaient : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même.
38 Et il y avait cette inscription au-dessus de sa tête, en grec, en latin, et en hébreu : CELUI-CI EST LE ROI DES JUIFS.
39 L’un des malfaiteurs qui étaient crucifiés l’outrageait aussi, en disant : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi.
40 Mais l’autre, le reprenant, lui dit : Ne crains-tu point Dieu, puisque tu es condamné au même supplice ?
41 Et pour nous, nous le sommes avec justice, car nous souffrons ce que nos crimes méritent ; mais celui-ci n’a fait aucun mal.
42 Puis il disait à Jésus : Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras entré dans ton règne.
43 Et Jésus lui dit : Je te dis en vérité, que tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis.
44 Il était environ la sixième heure, et il se fit des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.
45 Le soleil s’obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu.
46 Alors Jésus, criant à haute voix, dit : Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et ayant dit cela, il expira.
47 Le centenier, voyant ce qui était arrivé, donna gloire à Dieu, et dit : Certainement, cet homme était juste.
48 Et tout le peuple qui s’était assemblé à ce spectacle, voyant les choses qui étaient arrivées, s’en retournait en se frappant la poitrine.
49 Or, tous ceux qui étaient de sa connaissance, et les femmes qui l’avaient suivi de la Galilée, se tenaient loin, regardant ce qui se passait.
50 Et un homme, appelé Joseph, qui était sénateur, homme de bien et juste,
51 Qui n’avait point consenti au dessein des autres, ni à ce qu’ils avaient fait, qui était d’Arimathée, ville de Judée, et qui attendait aussi le règne de Dieu,
52 Etant venu vers Pilate, il lui demanda le corps de Jésus.
53 Et l’ayant descendu de la croix, il l’enveloppa d’un linceul, et le mit dans un sépulcre taillé dans un roc, où personne n’avait encore été mis.
54 C’était le jour de la préparation, et le sabbat allait commencer.
55 Et les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus, ayant suivi Joseph, remarquèrent où était le sépulcre, et comment le corps de Jésus y avait été mis.
56 Et s’en étant retournées, elles préparèrent des drogues aromatiques et des parfums, et elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi.
REFLEXIONS
Voici les réflexions qu’il faut faire sur les diverses particularités de la passion de notre Seigneur qui sont rapportées par Saint Luc.
I. On voit dans ce que Jésus dit aux femmes de Jérusalem qui pleuraient sa mort que dans le même temps qu’on le conduisait au supplice et qu’on le faisait mourir si injustement, il était plus sensible aux malheurs qui allaient tomber sur les Juifs qu’à ce qu’il souffrait lui-même.
C’est là un exemple bien touchant de douceur et de patience qui doit nous convaincre de la parfaite charité de Jésus-Christ et nous engager à pardonner à ceux qui nous traitent avec injustice et à nous intéresser pour les autres encore plus que pour nous-mêmes.
II. Ce sont des sentiments qui doivent nous inspirer cette prière que Jésus fit dans le temps qu’on le crucifiait, Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.
III. Une troisième circonstance qui est digne de toute notre attention est ce que Saint Luc rapporte de ces deux voleurs qui furent crucifiés avec Jésus-Christ. On voit dans l’un de ces voleurs un exemple qui montre jusqu’où les hommes peuvent porter l’impiété, la méchanceté et l’endurcissement. Mais on remarque dans l’autre, qui repris son compagnon et qui invoqua Jésus-Christ comme son Sauveur et son Roi quoi qu’il le vît sur une croix, une foi admirable, une belle repentance et une grande humilité. La promesse que notre Seigneur lui fit : Tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis est un exemple illustre de la miséricorde de Dieu envers les pécheurs repentants. Il ne faut pourtant pas abuser de cet exemple en s’imaginant que l’on peut, sans hasarder son salut, attendre de se convertir à la fin de sa vie. Cette promesse nous assure aussi que ceux qui meurent dans la grâce de Dieu sont dans un état de bonheur immédiatement après leur mort.
IV. La mort de Jésus-Christ et sa sépulture doivent être considérés comme le dernier degré de son abaissement et l’accomplissement du sacrifice qu’il a offert à Dieu pour l’expiation de nos péchés. Ainsi nous y trouvons le fondement de notre foi et de notre confiance et de puissants motifs à ne point craindre la mort.
Enfin, les divers prodiges qui arrivèrent lorsque notre Seigneur fut crucifié et qu’il mourut étaient destinés à faire voir qu’il était véritablement le fils de Dieu. Ce fut aussi l’effet qu’ils produisirent sur le centenier qui gardait la croix, sur le peuple qui assista à ce spectacle et en particulier sur les personnes qui avaient eu de l’attachement pour Jésus-Christ pendant sa vie. Mais ce fut ce qui parut encore plus clairement lorsqu’il ressuscita le troisième jour après sa mort.
Jésus étant ressuscité, des anges l’annoncent aux femmes qui étaient allées à son sépulcre, il se fit voir ensuite à deux de ses disciples qui allaient à Emmaüs, et enfin aux douze apôtres.
Saint Luc fini son Évangile en rapportant les derniers ordres que notre Seigneur donna aux apôtres et son ascension.
1 Mais le premier jour de la semaine, ces femmes, et quelques autres avec elles, vinrent de grand matin au sépulcre, apportant les parfums qu’elles avaient préparés.
2 Et elles trouvèrent que la pierre qui était à l’entrée du sépulcre avait été ôtée.
3 Et y étant entrées, elles n’y trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus.
4 Et comme elles ne savaient qu’en penser, voici, deux hommes parurent devant elles, avec des habits brillants comme un éclair.
5 Et comme elles étaient tout effrayées, et qu’elles baissaient le visage contre terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?
6 Il n’est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée,
7 Disant : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des méchants, et qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour.
8 Et elles se souvinrent de ses paroles.
9 Et étant revenues du sépulcre, elles racontèrent toutes ces choses aux onze apôtres, et à tous les autres.
10 C’était Marie-Magdelaine, Jeanne, et Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles, qui dirent ces choses aux apôtres.
11 Mais ce qu’elles leur disaient leur parut une rêverie, et ils ne les crurent point.
12 Toutefois, Pierre se leva et courut au sépulcre, et s’étant baissé pour regarder, il ne vit que les linceuls qui étaient à terre ; puis il s’en alla, admirant en lui-même ce qui était arrivé.
13 Ce jour-là même, deux d’entre eux s’en allaient à un bourg nommé Emmaüs, qui était éloigné de Jérusalem de soixante stades.
14 Et ils s’entretenaient entre eux de tout ce qui était arrivé.
15 Comme ils s’entretenaient, et qu’ils raisonnaient ensemble, Jésus lui-même, s’étant approché, se mit à marcher avec eux.
16 Mais leurs yeux étaient retenus, en sorte qu’ils ne le reconnaissaient point.
17 Et il leur dit : De quoi vous entretenez-vous dans le chemin, et pourquoi êtes-vous si tristes ?
18 L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit : Es-tu seul si étranger à Jérusalem, que tu ne saches pas les choses qui s’y sont passées ces jours-ci ?
19 Et il leur dit : Et quoi ? Ils lui répondirent : Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, qui était un prophète, puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple ;
20 et comment les principaux sacrificateurs et nos magistrats l’ont livré pour être condamné à mort, et l’ont crucifié.
21 Or, nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; et cependant, voici déjà le troisième jour que ces choses sont arrivées.
22 Il est vrai que quelques femmes, de celles qui étaient avec nous, nous ont fort étonnés ; car, ayant été de grand matin au sépulcre,
23 Et n’y ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur ont apparu et leur ont dit qu’il est vivant.
24 Et quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre, et ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais ils ne l’ont point vu.
25 Alors il leur dit : O gens sans intelligence, et d’un cœur tardif à croire tout ce que les prophètes ont dit !
26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât ainsi dans sa gloire ?
27 Puis, commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur expliquait dans toutes les Ecritures ce qui le regardait.
28 Ainsi ils approchèrent du bourg où ils allaient ; mais Jésus faisait semblant d’aller plus loin.
29 Et ils le contraignirent de s’arrêter, en lui disant : Demeure avec nous, car le soir commence à venir, et le jour est sur son déclin. Il entra donc pour demeurer avec eux.
30 Et comme il était à table avec eux, il prit du pain et rendit grâces ; puis l’ayant rompu, il le leur donna.
31 En même temps leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux.
32 Et ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur ne brûlait-il pas en nous, lorsqu’il nous parlait en chemin, et qu’il nous expliquait les Ecritures ?
33 Et se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem ; et ils trouvèrent les onze apôtres, et tous ceux qui étaient avec eux, assemblés,
34 Qui disaient : Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon.
35 Et ceux-ci racontèrent ce qui leur était aussi arrivé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu lorsqu’il avait rompu le pain.
36 Comme ils tenaient ces discours, Jésus lui-même se présenta au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous.
37 Mais eux, tout troublés et tout épouvantés, croyaient voir un esprit.
38 Et il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi s’élève-t-il des pensées dans vos cœurs ?
39 Voyez mes mains et mes pieds ; car c’est moi-même. Touchez-moi et regardez-moi ; car un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai.
40 En leur disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.
41 Mais comme ils ne le croyaient point encore, tant ils étaient transportés de joie et d’admiration, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ?
42 Et ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et d’un rayon de miel.
43 Et l’ayant pris, il en mangea en leur présence.
44 Puis il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse et dans les prophètes, et dans les psaumes, fût accompli.
45 Alors il leur ouvrit l’esprit, pour leur faire entendre les Ecritures.
46 Et il leur dit : C’est ainsi qu’il est écrit et qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât des morts le troisième jour,
47 et qu’on prêchât en son nom la repentance et la rémission des péchés, parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem.
48 Or, vous êtes témoins de ces choses ; et voici, je vais vous envoyer ce que mon Père vous a promis.
49 En attendant, demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la vertu d’en haut.
50 Il les mena ensuite hors de la ville, jusqu’à Béthanie ; puis, élevant ses mains, il les bénit.
51 Et il arriva, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’avec eux, et fut élevé au ciel.
52 Et eux, l’ayant adoré, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie.
53 Et ils étaient toujours dans le temple, louant et bénissant Dieu. Amen.
REFLEXIONS
Saint Luc nous apprend dans ce chapitre que Jésus-Christ étant ressuscité, sa résurrection fut annoncée par des anges aux femmes qui étaient allées à son sépulcre et qu’après cela il se fit voir à deux disciples et à tous les apôtres qui s’assurèrent pleinement de sa résurrection en lui parlant, en touchant son corps et en le voyant manger en leur présence. Ces diverses apparitions de notre Seigneur confirment qu’il est ressuscité et elles doivent puissamment fortifier notre foi et nos espérances qui sont toutes fondées sur cette résurrection.
L’entretien que Jésus-Christ eut avec les deux disciples qui allaient à Emmaüs est remarquable. On y voit que quoi que ces disciples conservassent un tendre souvenir pour leur Maître et qu’ils eussent même quelque espérance de sa résurrection, ils ne la croyaient pas encore et que leur foi était bien faible, ce qui prouve qu’ils n’ont crû cette résurrection que sur des fondements certains et après en avoir été parfaitement convaincus.
D’un autre côté, on remarque que Jésus-Christ les instruits sur le mystère de sa mort et de sa résurrection en leur expliquant les prophéties qui en avaient parlé. Cela doit nous inciter à lire et à méditer les oracles des prophètes puisque nous y trouvons des prédictions si propres à nous confirmer dans la foi et surtout puisque l’événement a si bien éclairci et vérifié ces oracles.
Nous avons dans les derniers ordres que Jésus-Christ donna à ses disciples l’abrégé de la doctrine de l’Évangile qui revient à ceci : C’est que Jésus-Christ est mort, qu’il est ressuscité et qu’il a envoyé ses apôtres pour annoncer partout le monde la rémission des péchés et pour exhorter les hommes à la repentance.
Enfin, l’ascension de notre Seigneur doit nous persuader pleinement qu’il est le fils de Dieu. Et comme les apôtres, lorsqu’ils le virent monter au Ciel, l’adorèrent et s’en retournèrent à Jérusalem remplis de joie et bénissant Dieu, nous devons aussi adorer Jésus-Christ comme notre Dieu et notre Sauveur, nous soumettre à lui et nous réjouir continuellement en pensant à la gloire où il est élevé à la droite de son Père et dans l’espérance ferme d’y être reçus un jour.
BROCHURE D'EVANGELISATION
COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?
Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.
Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).
L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.
Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.
Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.
Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père, qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.
Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).
Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.
Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui.
Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).
Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?
Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.
Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.
Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).
L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes.
Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)
Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;
Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.
Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)
Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.
La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !
Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)
Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.
Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)
Amen !