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- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
Cet Évangile a été écrit quelque temps après celui de Saint Matthieu et comme l’on croit, environ dix ans après l’ascension de Jésus-Christ, et cela par Saint Marc, sous les yeux de l’Apôtre Saint Pierre.
Chapitres Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Livres du Nouveau Testament.
Saint Marc rapporte en abrégé la prédication de Jean-Baptiste, le baptême de Jésus-Christ, sa tentation, le commencement de sa prédication dans la Galilée et la vocation de quelques apôtres. Il récite ensuite la guérison d’un homme possédé d’un esprit malin, celle de la belle-mère de Saint Pierre, de divers malades et d’un lépreux.
1 Le commencement de l’évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu,
2 conformément à ce qui est écrit dans les prophètes : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, qui préparera le chemin devant toi ;
3 La voix de celui qui crie dans le désert est : Préparez le chemin du Seigneur ; aplanissez ses sentiers.
4 Conformément à cela, dis-je, Jean baptisait dans le désert, et prêchait le baptême de repentance, pour la rémission des péchés.
5 Et toute la Judée, ceux de Jérusalem allaient à lui, et ils étaient tous baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, en confessant leurs péchés.
6 Jean était vêtu de poils de chameau, il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.
7 Et il prêchait en disant : Il en vient un après moi, qui est plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne, en me baissant, de délier la courroie des souliers.
8 Il est vrai que je vous ai baptises d’eau ; mais il vous baptisera du Saint-Esprit.
9 Il arriva, en ce temps-là, que Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
10 Et comme Jésus sortait de l’eau, Jean vit tout d’un coup les cieux se fendre et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe.
11 Et on entendit une voix qui venait des cieux et qui dit : Tu es mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
12 Et incontinent l’Esprit le poussa au désert.
13 Et il fut là au désert quarante jours étant tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.
14 Or, après que Jean eut été mis en prison, Jésus s’en alla en Galilée, prêchant l’évangile du règne de Dieu,
15 Et disant : Le temps est accompli, et le règne de Dieu approche. Amendez-vous et croyez à l’évangile.
16 Et comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André son frère qui jetaient leurs filets dans la mer ; car ils étaient pêcheurs.
17 Alors Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.
18 Et aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.
19 Et de là passant un peu plus loin, il vit dans une barque Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère qui raccommodaient leurs filets.
20 Au même instant il les appela ; et eux, laissant Zébédée leur père dans la barque avec les ouvriers, ils le suivirent.
21 Ensuite ils entrèrent à Capernaüm ; et Jésus étant d’abord entré dans la synagogue le jour du sabbat, il y enseignait.
22 Et ils étaient étonnés de sa doctrine ; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les Scribes.
23 Or, il se trouva dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit immonde, qui s’écria,
24 Et dit : Ah ! qu’y a-t-il entre toi et nous, Jésus Nazarien ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es ; tu es le Saint de Dieu.
25 Mais Jésus, le menaçant, lui dit : Tais-toi, et sors de lui.
26 Alors l’esprit immonde, l’agitant avec violence et jetant un grand cri, sortit de lui.
27 Et ils en furent tous étonnés, de sorte qu’ils se demandaient entre eux : Qu’est-ce que ceci ? Quelle est cette nouvelle doctrine, qu’il commande avec autorité même aux esprits immondes, et qu’ils lui obéissent ?
28 Et sa réputation se répandit incontinent par toute la contrée des environs de la Galilée.
29 Aussitôt après, étant sortis de la synagogue, ils vinrent avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d’André.
30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, malade de la fièvre ; et d’abord ils lui parlèrent d’elle.
31 Alors s’approchant, il la fit lever en la prenant par la main ; et au même instant la fièvre la quitta et elle les servit.
32 Et le soir étant venu, après le coucher du soleil, ils lui amenèrent tous ceux qui étaient malades, et les démoniaques.
33 Et toute la ville était assemblée à la porte de la maison.
34 Et il guérit plusieurs malades de diverses maladies, et chassa plusieurs démons, ne permettant pas aux démons de dire qu’ils le connaissaient.
35 Le lendemain matin, comme il faisait encore fort obscur, s’étant levé, il sortit et s’en alla dans un lieu écarté, et il y priait.
36 Et Simon, et ceux qui étaient avec lui le suivirent.
37 Et l’ayant trouvé, ils lui dirent : Tous te cherchent.
38 Et il leur dit : Allons-nous-en aux bourgs des environs, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis venu.
39 Et il prêchait dans leurs synagogues, par toute la Galilée, et il chassait les démons.
40 Et un lépreux vint à lui, qui, s’étant jeté à genoux, le pria et lui dit : Si tu veux, tu peux me nettoyer.
41 Et Jésus, ému de compassion, étendit la main, et le toucha, et lui dit : Je le veux, sois nettoyé.
42 Et dès qu’il eut dit cela, la lèpre quitta aussitôt cet homme, et il fut nettoyé.
43 Et Jésus lui ayant défendu sévèrement d’en parler, le renvoya incontinent.
44 Et il lui dit : Garde-toi d’en rien dire à personne ; mais va-t’en et montre-toi au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a commandé, afin que cela leur serve de témoignage.
45 Mais cet homme, étant sorti, se mit à publier hautement la chose et à la divulguer, en sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans la ville ; mais il se tenait dehors dans des lieux écartés, et de toutes parts on venait à lui.
REFLEXIONS
I. Saint Marc nous apprend, au commencement de son Évangile, que Jean-Baptiste fut envoyé, conformément aux oracles des prophètes, pour annoncer la manifestation du règne de Dieu, en prêchant la repentance, en baptisant ceux qui confessaient leurs péchés et en avertissant le peuple que le Messie allait paraître. Par-là Dieu voulait préparer les Juifs à recevoir Jésus-Christ et leur apprendre que le règne du Messie serait un règne spirituel et qu’il venait au monde pour y établir sa sainteté et pour convertir les hommes à Dieu.
Ainsi, nous devons regarder l’amendement et la pureté de la vie comme le but de la venue de notre Seigneur. C’est aussi ce qu’il nous a appris lui-même, puisqu’il commença son ministère en prêchant la repentance, comme Jean-Baptiste son précurseur et en disant : Amendez-vous et croyez à l’Évangile.
II. Ce qui arriva lors du baptême de Jésus-Christ, la descente du Saint-Esprit et la voix que Dieu fit entendre du Ciel, tendait à faire connaître à Jean-Baptiste et au peuple que Jésus était le fils de Dieu et celui dont tous les hommes doivent recevoir la doctrine avec obéissance et avec foi. Ce fut aussi pour faire voir que notre Seigneur était véritablement le fils de Dieu et pour en convaincre le diable que Dieu voulut que Jésus-Christ fût tenté dans le désert.
III. Le choix que Jésus-Christ fit de quelques pêcheurs pour en faire des apôtres marquait qu’il ne venait pas établir un royaume temporel et mondain, puisque ces gens-là n’avaient rien qui les distinguât dans le monde, cela prouve que les fruits de leurs admirables ministères ne venaient point d’eux, mais que toute la gloire doit en être donnée à Dieu seul.
IV. Notre Seigneur se fit d’abord connaître par des miracles dans lesquels on voyait paraître une puissance infinie et en même temps une grande bonté. Ce fut là la voie que la providence choisit pour prouver aux Juifs que Jésus était envoyé de Dieu et que sa doctrine était véritable et divine et ce qui devait encore plus en convaincre les hommes, c’est qu’il ne faisait ordinairement ces miracles qu’en faveur de ceux qui croyaient qu’il avait le pouvoir de les faire et qui l’en priaient. Cependant il empêchait, autant qu’il le pouvait, que ces miracles ne fissent trop d’éclat et il en usait ainsi par des raisons de prudence, de peur que ceux d’entre les Juifs qui l’auraient regardé comme le Messie ne fissent des émeutes pour le déclarer roi, dans la pensée où ils étaient que le Messie serait un roi temporel, ce qui aurait causé du trouble et engagé les Romains à s’opposer aux disciples de Jésus-Christ.
V. Enfin, nous devons penser en lisant le récit de toutes ces merveilles que notre Sauveur, n’étant ni moins puissant, ni moins bon que lorsqu’il était sur la terre, il nous accordera tout ce qui regarde la guérison et le salut de nos âmes encore plus certainement qu’il n’accordait autrefois aux malades la guérison des maux du corps.
Jésus-Christ guérit un paralytique : Il appelle Levi, qui est Saint Matthieu, à la charge d’apôtre. Il rend raison pourquoi il mangeait avec les pécheurs et pourquoi il n’obligeait pas ses disciples à observer des jeûnes réglés comme les disciples de Jean-Baptiste et les pharisiens en observaient. Et il répond aux pharisiens qui blâmaient les apôtres de ce qu’ils avaient arraché des épis de blé en un jour de sabbat.
1 Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm, et on ouït dire qu’il était dans la maison.
2 Et aussitôt tant de gens s’y assemblèrent, que l’espace qui était devant la porte ne les pouvait contenir ; et il leur annonçait la parole de Dieu.
3 Alors il vint à lui des gens qui lui présentèrent un paralytique, porté par quatre hommes.
4 Mais ne pouvant approcher de lui à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où il était, et l’ayant percé, ils descendirent le lit où le paralytique était couché.
5 Alors Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon fils, tes péchés te sont pardonnés.
6 Et quelques Scribes, qui étaient là assis, raisonnaient ainsi en eux-mêmes :
7 Pourquoi cet homme prononce-t-il ainsi des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ?
8 Et Jésus, ayant connu d’abord, par son esprit, qu’ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi avez-vous ces pensées dans vos cœurs ?
9 Lequel est le plus aisé, de dire à ce paralytique : Tes péchés te sont pardonnés, ou de lui dire : Lève-toi, et emporte ton lit, et marche ?
10 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre l’autorité de pardonner les péchés, il dit au paralytique :
11 Je te dis : Lève-toi, et emporte ton lit, et t’en va en ta maison.
12 Et aussitôt il se leva, et s’étant chargé de son lit, il sortit, en la présence de tout le monde, de sorte qu’ils furent tous dans l’étonnement, et qu’ils glorifièrent Dieu, disant : Nous ne vîmes jamais rien de pareil.
13 Alors Jésus retourna du côté de la mer ; et tout le peuple venait à lui, et il les enseignait.
14 Et en passant, il vit Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts ; et il lui dit : Suis-moi. Et lui, s’étant levé, le suivit.
15 Jésus étant à table dans la maison de cet homme, plusieurs péagers et gens de mauvaise vie se mirent aussi à table avec Jésus et ses disciples ; car il y en avait beaucoup qui l’avaient suivi.
16 Et les Scribes et les Pharisiens, voyant qu’il mangeait avec des péagers et des gens de mauvaise vie, disaient à ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-il et boit-il avec les péagers et les gens de mauvaise vie ?
17 Et Jésus, ayant ouï cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais ce sont ceux qui se portent mal ; je suis venu appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs.
18 Or, les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnaient souvent ; et ils vinrent à Jésus et lui dirent : D’où vient que les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnent, et que tes disciples ne jeûnent point ?
19 Et Jésus leur dit : Les amis de l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Tout le temps qu’ils ont l’époux avec eux, ils ne peuvent jeûner.
20 Mais les jours viendront que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront.
21 Personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux habit ; autrement la pièce de drap neuf, qui aurait été mise, emporterait une pièce du vieux drap et la déchirure en serait pire.
22 De même, personne ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement le vin nouveau rompt les vaisseaux, et le vin se répand, et les vaisseaux se perdent ; mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs.
23 Et il arriva, comme il passait par les blés un jour de sabbat, que ses disciples, en marchant, se mirent à arracher des épis.
24 Et les Pharisiens lui dirent : Regarde, pourquoi font-ils ce qui n’est pas permis dans les jours de sabbat ?
25 Mais il leur dit : N’avez-vous jamais lu ce que fit David, quand il fut dans la nécessité et qu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ?
26 Comment il entra dans la maison de Dieu, du temps d’Abiathar, souverain sacrificateur, et mangea les pains de proposition, qu’il n’était permis de manger qu’aux sacrificateurs, et en donna même à ceux qui étaient avec lui ?
27 Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.
28 Ainsi le Fils de l’homme est maître même du sabbat.
REFLEXIONS
I. Ce qu’il faut premièrement remarquer dans la guérison du paralytique, c’est la foi de ceux qui le présentèrent à Jésus-Christ, elle paraît en ce que ne pouvant approcher de notre Seigneur, ils dévalèrent ce malade par le toit de la maison et Jésus, voyant leur foi si admirable, fit en leur faveur le miracle qu’ils croyaient qu’il avait le pouvoir de faire.
Par là nous pouvons voir combien la foi est agréable à notre Seigneur et combien elle est efficace pour obtenir de lui les grâces qui nous sont nécessaires.
Après cela il paraît d’ici que Jésus-Christ, outre le pouvoir de délivrer des maladies, avait le droit et l’autorité de pardonner les péchés aux hommes.
Cela nous apprend que Jésus est non seulement un prophète envoyé de Dieu, mais qu’il est le juge du monde de qui seul nous pouvons attendre le salut et le pardon de nos fautes moyennant la foi et la repentance.
II. Ce chapitre nous enseigne que notre Seigneur est venu au monde pour appeler les pécheurs à la repentance, c’est ce qu’il fit connaître en mangeant avec des péagers et avec des personnes que les Juifs regardaient comme de grands pécheurs.
Cette doctrine doit nous remplir de confiance et nous faire reconnaître en même temps qu’il est absolument nécessaire de se repentir et de s’amender pour être sauvé.
III. Ce qui est dit ici, que Jésus-Christ n’obligeait pas ses disciples à jeûner régulièrement comme ceux de Jean-Baptiste, doit s’entendre de cette manière : C’est que notre Seigneur avait des raisons particulières de ne pas astreindre alors ses disciples à ces sortes de jeûnes, savoir parce que, tant lui que ses disciples, étaient sans cesse occupés à aller en divers lieux et qu’ils conversaient avec toutes sortes de personnes.
Cependant, il déclare que quand il ne serait plus au monde, ils seraient appelés, non seulement à jeûner, mais à de grandes souffrances et que s’il ne les y exposait pas encore, c’était parce qu’ils n’étaient pas alors capables de les supporter tout de même qu’une pièce d’étoffe neuve ne conviendrait pas à un vieux habit et que du vin nouveau romprait de vieux vaisseaux.
Ainsi, il ne faut pas conclure de cet endroit de l’Évangile que Jésus-Christ condamne le jeûne et la mortification, au contraire, cette doctrine suppose évidemment que notre Seigneur appelle ses disciples à une vie mortifiée et à porter leur croix.
IV. Enfin Jésus-Christ justifia l’action de ses disciples, qui, pressés par la faim, avaient arrachés des épis en un jour de sabbat, et il allégua dans cette vue ce que le roi David avait fait dans un cas à peu près semblable.
Cela nous enseigne que dans une extrême nécessité et lorsqu’on ne pourrait observer les lois extérieures de la religion, sans qu’il en arrivât un grand mal, on peut s’en dispenser, pourvu que ce ne soit pas par mépris et que l’on s’attache à l’essentiel de la piété. Ce serait hypocrisie et une superstition semblable à celle des pharisiens d’en user autrement.
L’Évangéliste rapporte : I. premièrement la guérison d’un homme qui avait une main sèche et celle de plusieurs autres malades. II. la vocation des douze apôtres ; III. ce que Jésus-Christ dit aux pharisiens qui attribuaient ses miracles à la puissance du diable. IV la déclaration qu’il fit que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses parents.
1 Jésus entra une autre fois dans la synagogue, et il y avait là un homme qui avait une main sèche.
2 Et ils l’observaient, pour voir s’il le guérirait au jour du sabbat, afin de pouvoir l’accuser.
3 Alors il dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi et tiens-toi là au milieu.
4 Puis il leur dit : Est-il permis de faire du bien dans les jours de sabbat, ou de faire du mal ? de sauver une personne ou de la laisser périr ? Et ils se turent
5 Alors les regardant tous avec indignation, et étant affligé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à cet homme : Étends ta main. Et il l’étendit, et sa main devint saine comme l’autre.
6 Alors les Pharisiens, étant sortis, tinrent d’abord conseil avec les Hérodiens contre lui, pour le faire périr.
7 Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer, et une grande multitude de peuple le suivait de la Galilée, de la Judée,
8 De Jérusalem, de l’Idumée et de delà le Jourdain. Et ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant entendu parler des grandes choses qu’il faisait, vinrent à lui en grand nombre.
9 Et il dit à ses disciples qu’il y eût une petite barque toute prête auprès de lui, à cause de la multitude, de peur qu’elle ne le pressât trop.
10 Car il en avait guéri plusieurs, de sorte que tous ceux qui étaient affligés de quelque mal, se jetaient sur lui pour le toucher.
11 Et quand les esprits immondes le voyaient, ils se prosternaient devant lui, et s’écriaient : Tu es le Fils de Dieu !
12 Mais il leur défendait, avec menace, de le faire connaître.
13 Il monta ensuite sur une montagne, et appela ceux qu’il jugea à propos, et ils vinrent à lui.
14 Et il en établit douze pour être avec lui, pour les envoyer prêcher,
15 Et pour avoir la puissance de guérir les maladies et de chasser les démons.
16 Le premier fut Simon, à qui il donna le nom de Pierre ;
17 Puis Jacques fils de Zébédée, et Jean frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanerges, c’est-à-dire enfants du tonnerre ;
18 Et André, Philippe, Barthélemi, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Cananite,
19 Et Judas Iscariot, qui fut celui qui le trahit.
20 Puis ils retournèrent à la maison ; et une multitude s’y assembla encore, de sorte qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.
21 Et quand ses parents eurent appris cela, ils sortirent pour le prendre ; car on disait qu’il tombait en défaillance.
22 Et les Scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : Il est possédé de Béelzébul, et il chasse les démons par le prince des démons.
23 Mais Jésus, les ayant appelés, leur dit par des similitudes : Comment Satan peut-il chasser Satan ?
24 Car si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne saurait subsister ;
25 Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne saurait subsister ;
26 De même, si Satan s’élève contre lui-même et est divisé, il ne peut subsister ; mais il est près de sa fin.
27 Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller son bien, s’il n’a auparavant lié cet homme fort ; et alors il pillera sa maison.
28 Je vous dis en vérité, que toutes sortes de péchés seront pardonnés aux enfants des hommes, et toutes sortes de blasphèmes par lesquels ils auront blasphémé ;
29 Mais quiconque aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il n’en obtiendra jamais le pardon ; mais il sera sujet à une condamnation éternelle.
30 Jésus parla ainsi, parce qu’ils disaient : Il est possédé d’un esprit immonde.
31 Ses frères et sa mère arrivèrent donc, et se tenant dehors, ils l’envoyèrent appeler ; et la multitude était assise autour de lui.
32 Et on lui dit : Voilà, ta mère et tes frères sont là dehors, qui te demandent.
33 Mais il répondit : Qui est ma mère, ou qui sont mes frères ?
34 Et jetant les yeux sur ceux qui étaient autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères.
35 Car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère.
REFLEXIONS
I. On découvre la grande bonté et la souveraine puissance de notre Seigneur dans les guérisons dont il est parlé dans ce chapitre. Ainsi l’histoire de ces divers miracles est très propre à affermir notre foi et à nous remplir de confiance en lui.
On voit en particulier dans la guérison de cet homme qui avait une main sèche, l’aveuglement et la malice des pharisiens, qui, au lieu de se rendre à cette merveille, se scandalisaient de ce que Jésus l’avait faite un jour de sabbat.
Ce qu’il dit à ces ennemis de sa doctrine et la juste indignation qu’il témoignât nous montre combien il est offensé quand on résiste à la vérité et quand on se sert du prétexte de la religion pour condamner des œuvres de piété.
II. Le choix que notre Seigneur fit des douze apôtres pour être avec lui et le pouvoir qu’il leur donna d’annoncer l’Évangile et de faire des miracles semblables aux siens était un effet de sa grande sagesse aussi bien que de sa grande bonté envers les hommes puisqu’il devait se servir dans la suite du ministère de ces apôtres pour faire prêcher l’Évangile par tout le monde.
III. La troisième réflexion concerne le crime des pharisiens que Jésus-Christ accuse de blasphémer contre le Saint Esprit. Saint Marc explique clairement, en quoi ce blasphème consistait ; c’était en ce que les pharisiens, voyant que notre Seigneur chassait les démons, disaient qu’il faisait ces miracles par la puissance du diable, ce qui était un blasphème énorme contre le Saint Esprit et la marque d’une méchanceté d’où il n’y avait point de retour.
C’est là un exemple où l’on voit que, quand les hommes se sont une fois livrés à leurs préjugés et à leurs passions, ils s’endurcissent contre tout ce qu’on peut leur proposer de plus clair et de plus fort et qu’au lieu de se rendre, ils en deviennent encore plus méchants.
IV. Ce que Jésus-Christ déclare qu’il aimait autant ses disciples que ses plus proches parents, nous apprend que le plus sûr moyen d’être aimé de lui est de s’attacher à écouter sa parole et à faire sa volonté et que nous devons aussi à son imitation chérir particulièrement les Hommes qui craignent Dieu et à les estimer préférablement à tous les hommes.
Ce chapitre contient : I. La similitude de la semence et son explication. II. Une autre similitude de la semence qu’on jette dans la terre et qui produit son fruit quelque temps après. III. la parabole du grain de moutarde. IV. Le miracle que Jésus-Christ fit en apaisant une tempête.
1 Jésus se mit encore à enseigner près de la mer, et une grande multitude s’étant assemblée auprès de lui, il monta dans une barque où il s’assit, et tout le peuple était à terre sur le rivage.
2 Il leur enseignait beaucoup de choses par des similitudes, et il leur disait dans ses instructions :
3 Ecoutez : un semeur s’en alla pour semer ;
4 Et il arriva qu’en semant, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la mangèrent toute ;
5 Une autre partie tomba sur des endroits pierreux, où elle avait peu de terre ; et elle leva d’abord, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre ;
6 mais quand le soleil fut levé, elle fut brûlée, et parce qu’elle n’avait pas de racine, elle sécha ;
7 Une autre partie tomba parmi les épines ; et les épines crûrent et l’étouffèrent, et elle ne rapporta point de fruit ;
8 Et une autre partie tomba dans une bonne terre et rendit du fruit, qui monta et crût, en sorte qu’un grain en rapporta trente, un autre soixante, et un autre cent.
9 Et il leur dit : Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
10 Et quand il fut en particulier, ceux qui étaient autour de lui, avec les douze apôtres, l’interrogèrent touchant le sens de cette parabole.
11 Et il leur dit : Il vous est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont de dehors, tout se traite par des paraboles ;
12 De sorte qu’en voyant, ils voient et n’aperçoivent point ; et qu’en entendant, ils entendent et ne comprennent point ; de peur qu’ils ne se convertissent et que leurs péchés ne leur soient pardonnés.
13 Et il leur dit : N’entendez-vous pas cette similitude ? Et comment entendrez-vous les autres ?
14 Le semeur, c’est celui qui sème la Parole ;
15 Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux en qui la Parole est semée ; mais aussitôt qu’ils l’ont ouïe, Satan vient et enlève la Parole qui avait été semée dans leurs cœurs ;
16 De même, ceux qui reçoivent la semence dans des endroits pierreux, sont ceux qui, ayant ouï la Parole, la reçoivent d’abord avec joie ;
17 mais ils n’ont point de racine en eux-mêmes, et ils ne sont que pour un temps, de sorte que l’affliction ou la persécution survenant pour la Parole, ils sont aussitôt scandalisés.
18 Et ceux qui reçoivent la semence parmi les épines, ce sont ceux qui, à la vérité, écoutent la Parole ;
19 mais les soucis de ce monde, la séduction des richesses et les passions pour les autres choses survenant, étouffent la Parole, et elle devient infructueuse ;
20 Mais ceux qui ont reçu la semence dans une bonne terre, ce sont ceux qui écoutent la Parole, qui la reçoivent, et qui portent du fruit, un grain trente, un autre soixante, et un autre cent.
21 Il leur disait encore : Apporte-t-on une chandelle pour la mettre sous un boisseau, ou sous un lit ? N’est-ce pas pour la mettre sur un chandelier ?
22 Car il n’y a rien de secret qui ne doive être manifesté, et il n’y a rien de caché qui ne doive venir en évidence.
23 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.
24 Il leur dit encore : Prenez garde à ce que vous entendez. On vous mesurera de la même mesure dont vous aurez mesuré, et on y ajoutera encore davantage pour vous qui écoutez.
25 Car on donnera à celui qui a ; mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.
26 Il dit encore : Il en est du royaume de Dieu comme si un homme avait jeté de la semence en terre ;
27 Soit qu’il dorme ou qu’il se lève, la nuit ou le jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment.
28 Car la terre produit d’elle-même, premièrement l’herbe, ensuite l’épi, et puis le grain tout formé dans l’épi.
29 Et quand le fruit est dans sa maturité, on y met aussitôt la faucille, parce que la moisson est prête.
30 Il disait encore : À quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle similitude le représenterons-nous ?
31 Il en est comme du grain de moutarde, lequel, lorsqu’on le sème, est la plus petite de toutes les semences que l’on jette en terre ;
32 Mais après qu’on l’a semé, il monte et devient plus grand que tous les autres légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent demeurer sous son ombre.
33 Il leur annonçait ainsi la Parole par plusieurs similitudes de cette sorte, selon qu’ils étaient capables de l’entendre.
34 Et il ne leur parlait point sans similitude ; mais lorsqu’il était en particulier, il expliquait tout à ses disciples.
35 Ce jour-là, quand le soir fut venu, il leur dit : Passons de l’autre côté de l’eau.
36 Et après avoir renvoyé le peuple, ils emmenèrent Jésus avec eux dans la barque où il était, et il y avait aussi d’autres petites barques qui l’accompagnaient.
37 Alors un grand tourbillon de vent s’éleva, et les vagues entraient dans la barque, en sorte qu’elle commençait à s’emplir.
38 Mais il était à la poupe, dormant sur un oreiller ; et ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, ne te soucies-tu point que nous périssions ?
39 Mais lui, étant réveillé, parla avec autorité aux vents, et il dit à la mer : Tais-toi, sois tranquille. Et le vent cessa, et il se fit un grand calme.
40 Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous peur ? Comment n’avez-vous point de foi ?
41 Et ils furent saisis d’une fort grande crainte, et ils se disaient l’un à l’autre : Mais qui est celui-ci, que le vent même et la mer lui obéissent ?
REFLEXIONS
L’explication que Jésus-Christ a donnée lui-même de la similitude de la semence l’éclaircit parfaitement et en marque le sens et l’usage.
Voici ce que le Sauveur du monde a voulu nous enseigner.
La semence qui tombe sur le chemin représente ceux qui entendent l’Évangile, mais qui ne le reçoivent point ou qui n’en sont point touché.
La semence qui tombe en des lieux pierreux marque ceux qui ne reçoivent la parole de Dieu que pour un temps et qui dans la persécution ou dans la tentation abandonnent Jésus-Christ.
La semence qui tombe parmi les épines et qui y est étouffée est une image de ceux en qui cette parole produirait du fruit si le cœur n’était pas possédé par l’amour des biens ou des plaisirs du monde et par les soins de cette vie.
Et la semence qui est reçue dans une bonne terre désigne ceux qui ont le cœur bon et bien disposé et en qui l’Évangile produit du fruit et des effets salutaires. L’usage que nous devons faire de cette parabole est de nous examiner nous-mêmes et de voir si nous sommes du nombre :
- De ces endurcis sur qui la parole de Dieu ne fait aucune impression ;
- Ou de ces inconstants et de ces lâches, qui, après avoir été touchés, ne persévèrent pas ;
- Ou de ces hommes charnels et attachés au monde en qui la parole est rendue inutile par l’amour des biens et des plaisirs de cette vie ;
- Ou, enfin, si nous sommes de ces fidèles auditeurs qui rapportent avec abondance les fruits que Dieu attend d’eux.
Mettons ces divines instructions dans notre cœur et prenons garde, selon que Jésus-Christ nous y exhorte, à la manière dont nous les entendons, nous souvenant que Dieu augmente ses lumières et ses dons à ceux qui en font un bon usage, mais qu’il les ôte à ceux qui n’en profitent pas.
Le dessein de Jésus-Christ dans la similitude de la semence qui germe et qui croît peu à peu et dans celle du grain de moutarde était de marquer que quoi qu’il n’y eût pas alors beaucoup d’apparence que sa doctrine fit de grands progrès, vu la bassesse où il était et le petit nombre de ceux qui embrassaient sa doctrine, elle serait reçue dans peu par tout le monde.
Jésus-Christ disait ces choses en parabole au peuple parce que s’il eût dit ouvertement que son Évangile serait annoncé aux autres nations, cela aurait rebuté et scandalisé les Juifs. Mais ces paraboles devinrent très claires dans la suite par l’établissement de l’Église chrétienne, en sorte qu’elles nous fournissent aujourd’hui une preuve invincible de la vérité de l’Évangile.
Dans le récit du miracle que notre Seigneur fit en calmant une tempête, on remarque l’extrême frayeur des apôtres qui craignaient de périr, quoiqu’ils eussent Jésus avec eux, ce qui montre que leur foi était encore faible, comme le Seigneur le leur reprocha. Mais on y découvre aussi sa bonté envers eux et une merveilleuse puissance qui les jeta tous dans l’admiration.
Les enfants de Dieu sont exposés à divers dangers, ils ont leurs faiblesses et leurs craintes, mais Dieu subvient à leur infirmité et après les avoir fait passer par l’affliction pour leur épreuve, il leur donne, en les délivrant, des témoignages de sa bonté qui fortifient leur foi et qui les remplissent de consolation et de joie.
Saint Marc récite, I. un miracle très remarquable que Jésus-Christ fit en délivrant un homme qui était possédé d’une légion de démons. II. La guérison d’une femme malade d’une perte de sang et la résurrection de la fille de Jaïrus.
1 Ils arrivèrent de l’autre côté de la mer, dans la contrée des Gadaréniens.
2 Et aussitôt que Jésus fut descendu de la barque, un homme qui était possédé d’un esprit immonde, sortit des sépulcres et vint au-devant de lui.
3 Il faisait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne le pouvait tenir lié, pas même avec des chaînes ;
4 car souvent, ayant eu les fers aux pieds, et ayant été lié de chaînes, il avait rompu les chaînes et brisé les fers ; et personne ne le pouvait dompter.
5 Et il demeurait continuellement, nuit et jour, sur les montagnes et dans les sépulcres, criant et se meurtrissant avec des pierres.
6 Quand il eut vu Jésus de loin, il accourut et se prosterna devant lui.
7 Et il dit, criant à haute voix : Qu’y a-t-il entre toi et moi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? Je te conjure par le nom, de Dieu de ne me point tourmenter.
8 Car Jésus lui disait : Esprit immonde, sors de cet homme.
9 Et Jésus lui demanda : Comment t’appelles-tu ? Et il répondit : Je m’appelle Légion ; car nous sommes plusieurs.
10 Et il le priait fort de ne le pas envoyer hors de cette contrée.
11 Or, il y avait là, vers les montagnes, un grand troupeau de pourceaux qui paissait.
12 Et tous ces démons le priaient en disant : Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous y entrions. Et aussitôt Jésus le leur permit.
13 Alors ces esprits immondes, étant sortis, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita avec impétuosité dans la mer, et ils se noyèrent dans la mer ; or, il y en avait environ deux mille.
14 Et ceux qui paissaient les pourceaux s’enfuirent, et en portèrent les nouvelles dans la ville et par la campagne.
15 Alors le peuple sortit pour voir ce qui était arrivé ; et ils vinrent vers Jésus, et virent celui qui avait été possédé de la Légion, assis, habillé et dans son bon sens ; et ils furent remplis de crainte.
16 Et ceux qui avaient vu cela, leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux.
17 Alors ils se mirent à le prier de se retirer de leurs quartiers.
18 Et quand il fut entré dans la barque, celui qui avait été possédé le pria de lui permettre d’être avec lui.
19 Mais Jésus ne le lui permit pas, et il lui dit : Va-t’en dans ta maison vers tes parents, et raconte-leur les grandes choses que le Seigneur t’a faites, et comment il a eu pitié de toi.
20 Et il s’en alla, et se mit à publier dans le pays de Décapolis les grandes choses que Jésus lui avait faites ; et ils étaient tous dans l’admiration.
21 Jésus étant repassé dans la barque à l’autre bord, une grande foule de peuple s’assembla auprès de lui, et il était près de la mer.
22 Et un des chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, vint, et l’ayant vu, il se jeta à ses pieds.
23 Et il le pria instamment, disant : Ma petite fille est à l’extrémité ; je te prie de venir lui imposer les mains, et elle sera guérie, et elle vivra.
24 Et Jésus s’en alla avec lui ; et il fut suivi d’une grande foule qui le pressait.
25 Alors une femme, malade d’une perte de sang, depuis douze ans,
26 qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, et qui avait dépensé tout son bien sans en avoir reçu aucun soulagement, et qui était plutôt allée en empirant,
27 ayant ouï parler de Jésus, vint dans la foule par derrière, et toucha son habit.
28 Car elle disait : Si je touche seulement ses habits, je serai guérie.
29 Et au même instant la perte de sang s’arrêta ; et elle sentit en son corps qu’elle était guérie de son mal.
30 Aussitôt Jésus, connaissant en soi-même la vertu qui était sortie de lui, se tourna vers la foule, disant : Qui a touché mon habit ?
31 Et ses disciples lui dirent : Tu vois que la foule te presse, et tu dis : Qui est-ce qui m’a touché ?
32 Et il regardait tout autour, pour découvrir celle qui avait fait cela.
33 Alors la femme effrayée et tremblante, sachant ce qui avait été fait en sa personne, vint et se jeta à ses pieds, et lui dit toute la vérité.
34 Et Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va-t’en en paix et sois guérie de ta maladie.
35 Comme il parlait encore, des gens du chef de la synagogue vinrent lui dire : Ta fille est morte ; ne donne pas davantage de peine au Maître.
36 Aussitôt que Jésus eut ouï cela, il dit au chef de la synagogue : Ne crains point, crois seulement.
37 Et il ne permit à personne de le suivre, sinon à Pierre, à Jacques et à Jean, frère de Jacques.
38 Etant arrivé à la maison du chef de la synagogue, il vit qu’on y faisait un grand bruit, et des gens qui pleuraient et qui jetaient de grands cris.
39 Et étant entré, il leur dit : Pourquoi faites-vous ce bruit, et pourquoi pleurez-vous ? Cette petite fille n’est pas morte, mais elle dort.
40 Et ils se moquaient de lui ; mais les ayant tous fait sortir, il prit le père et la mère de la jeune fille, et ceux qui étaient avec lui, et il entra dans le lieu où elle était couchée.
41 Et l’ayant prise par la main il lui dit : Talitha cumi ; c’est-à-dire : Petite fille, lève-toi, je te le dis.
42 Incontinent la petite fille se leva et se mit à marcher, car elle était âgée de douze ans. Et ils en furent dans un grand étonnement.
43 Et il leur commanda fortement que personne ne le sût ; et il dit qu’on donnât à manger à la fille.
REFLEXIONS
L’histoire du démoniaque est tout-à-fait digne d’attention. On y voit d’une manière sensible l’empire que les démons exerçaient alors sur les hommes par la permission de Dieu, mais on y voit aussi que Jésus-Christ avait un souverain pouvoir sur eux, qu’il devait détruire le règne du diable et qu’il était toujours prêt à déployer sa puissance en faveur de ceux qui avaient besoin de son secours.
Notre Seigneur, après avoir délivré ce démoniaque, permit aux démons d’entrer dans les pourceaux et de les précipiter dans la mer afin de faire voir que cet homme avait été véritablement possédé du démon et de prouver par ce moyen la vérité et la grandeur du miracle qu’il venait de faire. Il le fit aussi pour montrer que les démons ne pouvaient rien faire que par sa permission et pour châtier les habitants de ces quartiers-là, lesquels, selon que cela est dit dans cette histoire, ne voulurent pas souffrir le Seigneur parmi eux.
Nous devons bénir Dieu de ce que, depuis la venue de Jésus-Christ, le diable n’a plus le pouvoir qu’il avait autrefois sur les hommes et considérer au reste que l’état de ce démoniaque, quelque déplorable qu’il fut, n’était pas si funeste que celui des pécheurs qui s’adonnent au mal et qui sont les esclaves de leurs passions.
Cet homme ne s’était pas mis volontairement dans ce triste état et le démon ne pouvait lui nuire qu’en son corps, au lieu que les pécheurs se rendent eux-mêmes les esclaves du diable en faisant sa volonté, par où cet ennemi de Dieu et des hommes entraîne leurs âmes dans l’abîme de la perdition éternelle.
La guérison de cette femme dont le Seigneur loua la foi et qui fut délivrée de son mal en touchant le bord du vêtement de Jésus-Christ prouve que l’humilité et la foi ont une grande efficace, que la confiance en Jésus-Christ n’est jamais vaine et qu’il est toujours prêt à répandre ses grâces sur ceux qui s’adressent à lui dans ces dispositions.
La souveraine puissance de notre Seigneur paraît encore avec plus d’éclat dans la résurrection de la fille de Jaïrus. Sur quoi il faut considérer que Jésus-Christ qui rendait la santé aux malades, rendait aussi la vie aux morts, et cela non seulement pour montrer d’autant mieux sa puissance infinie, mais aussi pour confirmer les promesses qu’il nous a faites dans l’Évangile de nous ressusciter au dernier jour.
Ainsi la considération de ce miracle doit produire en nous une ferme espérance de l’immortalité, nous remplir de consolation dans cette attente et nous animer de plus en plus à l’étude de la sainteté et des bonnes œuvres, afin que nous puissions avoir part à cette résurrection bienheureuse que Jésus-Christ nous a promise.
Il est ici parlé : I. De l’arrivée de Jésus-Christ à Nazareth et de l’incrédulité des habitants de cette ville. II. De l’envoi des apôtres dans la Judée. III. De la mort de Jean-Baptiste.
1 Jésus étant parti de là, vint en sa patrie, et ses disciples le suivirent.
2 Et quand le sabbat fut venu, il commença à enseigner dans la synagogue ; et plusieurs de ceux qui l’entendaient, s’étonnaient et disaient : D’où viennent toutes ces choses à cet homme ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et d’où vient que de si grands miracles se font par ses mains ?
3 N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et ils se scandalisaient à son sujet.
4 Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est méprisé que dans son pays, parmi ses parents et ceux de sa famille.
5 Et il ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelque peu de malades, en leur imposant les mains.
6 Et il s’étonnait de leur incrédulité ; et il parcourut les bourgades des environs en enseignant.
7 Alors il appela les douze, et il commença à les envoyer deux à deux, et leur donna pouvoir sur les esprits immondes.
8 Et il leur ordonna de ne rien prendre pour le chemin, sinon un bâton ; de n'avoir ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture ;
9 Ni d’autres souliers que ceux qu’ils avaient aux pieds, et de ne porter pas deux habits.
10 Il leur dit aussi : En quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu'à ce que vous sortiez de ce lieu-là.
11 Et lorsqu’il se trouvera des gens qui ne vous recevront pas, et qui ne vous écouteront pas, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux. Je vous dis en vérité, que ceux de Sodome et de Gomorrhe seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.
12 Étant donc partis, ils prêchèrent qu’on s’amendât ;
13 et ils chassèrent plusieurs démons, et oignirent d’huile plusieurs malades, et ils les guérirent.
14 Or, le roi Hérode entendit parler de Jésus, car son nom était fort célèbre, et il dit : Ce Jean qui baptisait, est ressuscité d’entre les morts ; c’est pour cela que les puissances du ciel agissent en lui.
15 D’autres disaient : C’est Élie ; et d’autres disaient : C’est un prophète, ou un homme semblable aux prophètes.
16 Mais Hérode en ayant ouï parler, dit : C’est ce Jean que j’ai fait décapiter ; il est ressuscité d’entre les morts.
17 Car Hérode avait envoyé prendre Jean, et l’avait fait lier dans la prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée.
18 Car Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère.
19 C’est pourquoi Hérodias lui en voulait, et elle désirait de le faire mourir, mais elle ne pouvait en venir à bout ;
20 parce qu’Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint ; il le considérait ; il faisait même beaucoup de choses selon ses avis, et il l’écoutait avec plaisir.
21 Mais un jour vint à propos, auquel Hérode faisait le festin du jour de sa naissance aux grands de sa cour, aux officiers de ses troupes et aux principaux de la Galilée.
22 La fille d’Hérodias étant entrée et ayant dansé, et ayant plu à Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.
23 Et il le lui jura, disant : Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, jusqu’à la moitié de mon royaume.
24 Et étant sortie, elle dit à sa mère : Que demanderai-je ? Et sa mère lui dit : Demande la tête de Jean-Baptiste.
25 Et étant incontinent rentrée avec empressement vers le roi, elle lui fit sa demande, et lui dit : Je voudrais que tout à l’heure tu me donnasses, dans un bassin, la tête de Jean-Baptiste.
26 Et le roi en fut fort triste ; cependant, à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut pas la refuser.
27 Et il envoya incontinent un de ses gardes, et lui commanda d’apporter la tête de Jean.
28 Le garde y alla et lui coupa la tête dans la prison ; et l’ayant apportée dans un bassin, il la donna à la jeune fille, et la jeune fille la présenta à sa mère.
29 Et les disciples de Jean l’ayant appris, vinrent et emportèrent son corps, et le mirent dans un sépulcre.
REFLEXIONS
Voici les réflexions qu’il faut faire sur les trois parties de cette lecture.
I. La première regarde l’incrédulité et l’ingratitude de ceux de Nazareth, qui, ayant le bonheur d’avoir Jésus-Christ parmi eux, ne reconnurent pas que la sagesse et la puissance qui étaient en lui venaient de Dieu et profitèrent si mal de sa présence, ce qui fut cause qu’il ne fit que si peu de miracles dans ce lieu-là.
Voilà comment les préjugés et la malice des hommes font qu’ils négligent les grands avantages dans le temps qu’ils leurs sont offerts. Cela montre aussi que si Dieu les prive de sa grâce, c’est parce qu’ils la méconnaissent et qu’ils y mettent eux-mêmes des obstacles.
Sur l’envoi des apôtres, il faut remarquer :
II. Que Jésus-Christ, par un effet de sa sagesse et de sa bonté envers les Juifs, envoya les apôtres pour annoncer la venue du règne de Dieu dans la Judée et qu’afin de rendre leur prédication plus efficace, Il leur donna le pouvoir de faire des miracles ; II. Il leur défendit de prendre des provisions pour ce voyage parce qu’il devait être court et pour leur apprendre de bonne heure à se confier en la providence ;
III. Il leur déclara que ceux qui ne voudraient pas les recevoir seraient punis très rigoureusement, en quoi l’on voit la condamnation de ceux à qui Dieu fait présenter le salut et qui rejettent les offres de sa grâce. Pour ce qui est de la mort de Jean-Baptiste, elle doit être attribuée à la haine dont Hérodias était animée contre lui parce qu’il condamnait son mariage avec Hérode et à la lâche complaisance d’Hérode qui sacrifia à cette femme impudique Jean-Baptiste pour lequel il avait d’ailleurs de la vénération et qu’il regardait comme un homme juste et saint. On voit ici que les personnes vicieuses haïssent d’ordinaire ceux qui les reprennent de leur vie déréglée, que l’impureté aussi bien que la complaisance que l’on a pour les méchants ont toujours des suites funestes et qu’il est dangereux de se lier par des serments téméraires. Il est cependant à remarquer que Dieu permit que Jean-Baptiste perdît ainsi la vie afin de préparer les Juifs à ce qui devait arriver à Jésus-Christ lui-même dont ce Saint prophète avait été le précurseur. C’est enfin une chose digne d’attention, qu’Hérode qui était dans les sentiments des Sadducéens, lesquels ne croient pas la résurrection, crût que Jean-Baptiste, qu’il avait fait décapiter, était revenu en vie.
Cela fait voir que les impies et les incrédules n’ont aucune croyance fixe et arrêtée. Une conscience coupable est toujours en crainte et dans les remords dont les méchants sont agités, ils admettent les vérités qu’ils rejetaient auparavant et ils se persuadent des choses qui sont contraires aux sentiments dont ils font profession.
CHAPITRE VI VERSETS 30 A 56
Notre Seigneur nourrit cinq milles hommes d’une manière miraculeuse, ses disciples étant exposés à une tempête, il va vers eux en marchant sur la mer, et étant arrivé au pays de Génézareth, il y guérit plusieurs malades.
30 Et les apôtres se rassemblèrent auprès de Jésus, et lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné.
31 Et il leur dit : Venez-vous-en à l’écart, dans un lieu retiré, et prenez un peu de repos. Car il allait et venait tant de monde qu’ils n’avaient pas même le temps de manger.
32 Ils s’en allèrent donc dans une barque, à l’écart et dans un lieu retiré.
33 Mais le peuple les ayant vus partir, plusieurs le reconnurent ; et ils y accoururent par terre, de toutes les villes, et ils arrivèrent avant eux, et s’assemblèrent auprès de lui.
34 Alors Jésus étant sorti, vit là une grande multitude ; et il fut touché de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de berger ; et il se mit à leur enseigner plusieurs choses.
35 Et comme il était déjà tard, ses disciples s’approchèrent de lui et lui dirent : Ce lieu est désert, et il est déjà tard ;
36 renvoie-les, afin qu’ils aillent dans les villages et dans les bourgs des environs, et qu’ils s’achètent du pain ; car ils n’ont rien à manger.
37 Et il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui répondirent : Irions-nous acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger ?
38 Et il leur dit : Combien avez-vous de pains ? Allez et regardez. Et l’ayant vu, ils dirent : Nous en avons cinq et deux poissons.
39 Alors il leur commanda de les faire tous asseoir, en diverses troupes, sur l’herbe verte.
40 Et ils s’assirent par rangées, par centaines et par cinquantaines.
41 Et Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il rendit grâces, et rompit les pains, et il les donna à ses disciples, afin qu’ils les missent devant eux ; il leur distribua aussi à tous les deux poissons.
42 Et tous en mangèrent et furent rassasiés ;
43 et on emporta douze paniers pleins des morceaux de pain, et quelque reste des poissons.
44 Or, ceux qui avaient mangé de ces pains étaient environ cinq mille hommes.
45 Aussitôt après il obligea ses disciples d’entrer dans la barque, et de passer avant lui de l’autre côté de la mer, vers Bethsaïde, pendant qu’il congédierait le peuple.
46 Et quand il l’eut congédié, il s’en alla sur la montagne pour prier.
47 Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et il était seul à terre.
48 Et il vit qu’ils avaient beaucoup de peine à ramer, parce que le vent leur était contraire ; et environ la quatrième veille de la nuit il vint à eux, marchant sur la mer ; et il voulait les devancer.
49 Mais quand ils le virent marchant sur la mer, Ils crurent que c’était un fantôme et ils s’écrièrent.
50 Car ils le voyaient tous, et ils furent troublés ; mais aussitôt il leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi ; n’ayez point de peur.
51 Alors il monta dans la barque vers eux, et le vent cessa ; et ils furent encore plus dans l’étonnement et dans l’admiration.
52 Car ils n’avaient pas fait assez d’attention au miracle des pains, parce que leur esprit était appesanti.
53 Et quand ils eurent traversé la mer, ils vinrent en la contrée de Génézareth ; et ils abordèrent.
54 Et dès qu’ils furent sortis de la barque, ceux du lieu le reconnurent.
55 Et ils coururent dans toute cette contrée, et apportèrent de tous côtés sur de petits lits ceux qui étaient malades, partout où ils entendaient dire qu’il était.
56 Et en quelque lieu qu’il entrât, dans les bourgs ou dans les villes, ou dans les villages, on mettait les malades dans les places publiques, et on le priait qu’au moins ils pussent toucher le bord de son habit ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris.
REFLEXIONS
Nous devons faire ici attention, en premier lieu à la bonté de notre Seigneur, qui, voyant les besoins du peuple qui le suivait, fut ému de compassion envers eux et leur donna avec la nourriture de l’âme celle du corps en multipliant les pains d’une manière miraculeuse. Il y a une circonstance particulière dans ce miracle et qui le distingue des autres. C’est qu’il le fit en faveur d’un grand peuple, au lieu qu’il ne faisait les autres qu’en faveur de certaines personnes en particulier, ce qui devait rendre ce miracle plus fameux et plus éclatant.
Notre Seigneur fit voir ensuite cette même bonté, aussi bien que sa puissance et sa sagesse, lorsque ses disciples étant en danger de périr dans une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer et qu’il fit cesser l’orage. Il parait qu’il était nécessaire que le Seigneur fît ce nouveau miracle pour convaincre pleinement ses disciples de sa puissance, puisque, comme l’évangéliste le remarque, ils n’avaient pas fait assez attention aux miracles qu’ils lui avaient vu faire auparavant. C’est ainsi que Jésus-Christ voulut confirmer leur foi qui était encore assez faible et les persuader de plus en plus qu’il était le fils de Dieu. Ce qui arriva dans cette occasion doit aussi produire en nous une pleine persuasion de la puissance sans borne de Jésus-Christ et du soin qu’il a des siens et qu’il n’y a aucun péril d’où il ne puisse les tirer, ni aucune affliction dont il ne leur donne une heureuse issue et c’est même dans ces occasions qu’il leur fait le mieux sentir combien il les aime.
Enfin, quand nous lisons que l’on apportait de toutes parts des malades à notre Seigneur et qu’ils étaient tous guéris, même par le simple attouchement de ses habits, nous devons penser que s’il déployait ainsi sa puissance pour le soulagement et la guérison de ceux qu’on lui présentait, il n’est pas moins disposé à sauver tous ceux qui cherchent auprès de lui la délivrance des maux de l’âme et c’est ce qui doit nous inciter à nous adresser avec confiance à ce Rédempteur charitable pour être aidé dans tous nos besoins.
Ce chapitre a deux parties :
Les pharisiens se plaignant de ce que les disciples de Jésus-Christ ne se lavaient pas selon la coutume des Juifs, il leur reproche qu’ils violaient eux-mêmes les commandements de Dieu en enseignant que si un enfant avait consacré à Dieu le bien dont il aurait pu assister son père ou sa mère, il était obligé d’accomplir ce vœu à la rigueur et qu’il ne lui était plus permis de secourir son père et sa mère dans leur nécessité avec ce bien là. Notre Seigneur enseigne ensuite au peuple et à ses disciples ce que c’est qui souille l’homme et ce qui ne le souille pas. Après cela il va du côté de Tyr et de Sidon où il guérit la fille d’une femme cananéenne et, revenant dans la Galilée, il guérit un homme sourd et muet.
1 Alors des Pharisiens et quelques Scribes, qui étaient venus de Jérusalem, s’assemblèrent vers Jésus ;
2 et voyant que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas avec des mains souillées, c’est-à-dire qui n’avaient pas été lavées, ils les en blâmaient.
3 (Car les Pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans se laver les mains jusqu’au coude, gardant en cela la tradition des anciens ;
4 et lorsqu’ils reviennent des places publiques, ils ne mangent point non plus sans s’être lavés. Il y a aussi beaucoup d’autres choses qu’ils ont reçues pour les observer, comme de laver les coupes, les pots, les vaisseaux d’airain et les lits.)
5 Là-dessus les Pharisiens et les Scribes lui demandèrent : D’où vient que tes disciples ne suivent pas la tradition des anciens, et qu’ils prennent leurs repas sans se laver les mains ?
6 Il leur répondit : Hypocrites, c’est de vous qu’Esaïe a prophétisé, quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres ; mais leur cœur est bien éloigné de moi.
7 Mais c’est en vain qu’ils m’honorent, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes.
8 Car en abandonnant le commandement de Dieu, vous observez la tradition des hommes, lavant les pots et les coupes, et faisant beaucoup d’autres choses semblables.
9 Il leur dit aussi : Vous annulez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition.
10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère ; et que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.
11 Mais vous, vous dites : Si quelqu’un dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais t’assister est corban, c’est-à-dire, un don consacré à Dieu,
12 Il ne lui ai plus permis de rien faire pour son père ou pour sa mère ;
13 et vous anéantissez ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie ; et vous faites beaucoup d’autres choses semblables.
14 Alors ayant appelé toute la multitude, il leur dit : Écoutez-moi tous, et comprenez ceci :
15 Rien de ce qui est hors de l’homme et qui entre dans lui, ne le peut souiller ; mais ce qui sort de lui, voilà ce qui souille l’homme.
16 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.
17 Quand il fut entré dans la maison, après s’être retiré d’avec la multitude, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole.
18 Et il leur dit : Êtes-vous aussi sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui entre de dehors dans l’homme, ne le peut souiller ?
19 Parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais qu’il va au ventre, et qu’il sort aux lieux secrets avec tout ce que les aliments ont d’impur.
20 Il leur disait donc : Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme.
21 Car du dedans, c’est-à-dire, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres,
22 les larcins, les mauvais moyens pour avoir le bien d’autrui, les méchancetés, la fraude, l’impudicité, l’œil envieux, la médisance, la fierté, la folie.
23 Tous ces vices sortent du dedans, et souillent l’homme.
24 Puis étant parti de là, il s’en alla aux frontières de Tyr et de Sidon ; et étant entré dans une maison, il ne voulait pas que personne le sût ; mais il ne put être caché.
25 Car une femme, dont la fille était possédée d’un esprit immonde, ayant ouï parler de lui, vint et se jeta à ses pieds.
26 Cette femme était Grecque, Syrophénicienne de nation ; et elle le pria de chasser le démon hors de sa fille.
27 Et Jésus lui dit : Laisse premièrement rassasier les enfants ; car il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
28 Mais elle répondit et lui dit : Il est vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent, sous la table, des miettes du pain des enfants.
29 Alors il lui dit : À cause de cette parole, va-t-en ; le démon est sorti de ta fille.
30 Et étant de retour dans sa maison, elle trouva que le démon était sorti de sa fille, et qu’elle était couchée sur le lit.
31 Et Jésus, étant parti des quartiers de Tyr et de Sidon, vint près de la mer de Galilée, traversant le pays de Décapolis.
32 Et on lui amena un homme sourd, qui avait la parole empêchée ; et on le pria de lui imposer les mains.
33 Et l’ayant tiré de la foule à part, il lui mit les doigts dans les oreilles ; et ayant pris de sa salive, il lui en toucha la langue.
34 Puis levant les yeux au ciel, il soupira et dit : Ephphatah, c’est-à-dire, ouvre-toi.
35 Aussitôt ses oreilles furent ouvertes, et sa langue fut déliée, et il parlait sans peine.
36 Et Jésus leur défendit de le dire à qui que ce fût ; mais plus il le leur défendait, plus ils le publiaient.
37 Et frappés d’étonnement ils disaient : Tout ce qu’il fait est admirable ; il fait ouïr les sourds et parler les muets.
REFLEXIONS
Nous devons apprendre d’ici :
I. Que c’est hypocrisie de pratiquer scrupuleusement des coutumes établies par les hommes et de violer les lois divines et les devoirs que Dieu a le plus expressément prescrits et que le vrai service de Dieu consiste à garder les commandements, mais qu’il a en abomination le culte des hypocrites qui prétendent l’honorer de la bouche ou par des pratiques extérieures pendant que leur cœur est souillé et éloigné de lui ;
II. ce discours de Jésus-Christ nous enseigne que Dieu veut que les enfants honorent et assistent leurs pères et leurs mères et que rien ne peut les dispenser de ce devoir ;
III. que les serments et les vœux par lesquels on s’engage à faire des choses contraires à la loi de Dieu ne lient point la conscience et que ce serait pécher que de les accomplir ;
IV. que ce qui nous souille devant Dieu c’est proprement ce qui vient du cœur, les mauvaises pensées, les désirs impurs et injustes, la haine du prochain, l’envie, l’orgueil, la fierté et les autres passions de cette nature, que ces mauvaises pensées sont de vrais péchés et que c’est là la source de toutes les mauvaises actions que les hommes commettent. Lorsque Jésus-Christ donnait ces instructions, il disait au peuple : Écoutez tous ceci et comprenez le bien.
Cet avertissement marque l’importance de cette doctrine et nous oblige à éviter sur toutes choses ce qui souille l’âme et de tâcher d’acquérir la véritable pureté qui est celle du cœur.
Sur la seconde partie de ce chapitre, il faut remarquer que notre Seigneur, étant prié par une femme païenne de guérir sa fille, il refusa de le faire alléguant qu’il n’était pas juste de donner aux chiens le pain des enfants ; ce qui voulait dire qu’il n’était pas raisonnable que Jésus-Christ fît en faveur des païens, qui étaient des étrangers, les miracles qu’il faisait en faveur des Juifs qui étaient le peuple de Dieu et comme les enfants de sa maison. Notre Seigneur disait cela parce que les païens ne devaient pas encore alors être égalés aux Juifs. Mais cette femme obtint enfin de lui, par sa profonde humilité, par sa persévérance, par sa foi et par l’ardeur de son zèle la grâce qu’elle venait lui demander. On peut voir dans cette histoire que les païens n’étaient pas exclus de la grâce de Dieu et qu’ils devaient bientôt y être admis aussi bien que les Juifs. On y voit aussi que des prières accompagnées d’humilité et de zèle ont une grande efficace et que si Dieu ne nous accorde pas incontinent ce que nous lui demandons, il en use ainsi pour exciter notre ardeur et pour nous donner un sentiment plus vif de notre indignité, mais qu’enfin on obtient tout de lui par la persévérance.
Au reste, on doit admirer dans ce miracle et dans la guérison de cet homme à qui Jésus-Christ rendit l’ouïe et la parole la facilité et la souveraine puissance avec laquelle il guérissait toutes sortes de maladies et cette grande charité qui le portait en toutes occasions à secourir les malheureux et à faire du bien à tout le monde.
Jésus-Christ nourrit miraculeusement quatre mille hommes. Il refuse de faire un miracle que les pharisiens lui demandaient, et il avertit ses disciples de se donner garde du levain des pharisiens et du levain d’Hérode.
1 En ces jours-là, il y avait avec Jésus une grande multitude de gens, et comme ils n’avaient rien à manger, il appela ses disciples et leur dit :
2 J’ai compassion de ce peuple ; car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger.
3 Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, les forces leur manqueront en chemin ; car quelques-uns sont venus de loin.
4 Et ses disciples lui répondirent : D’où pourrait-on avoir des pains pour les rassasier dans ce lieu désert ?
5 Et il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Et ils dirent : Nous en avons sept.
6 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre ; et ayant pris les sept pains, et rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples pour les distribuer ; et ils les distribuèrent au peuple.
7 Ils avaient aussi quelques petits poissons ; et Jésus ayant rendu grâces, il ordonna qu’on les leur présentât aussi.
8 Ils en mangèrent donc et furent rassasiés ; et on remporta sept corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés.
9 Or, ceux qui mangèrent étaient environ quatre mille ; après quoi il les renvoya.
10 Aussitôt il entra dans une barque avec ses disciples, et alla aux quartiers de Dalmanutha.
11 Et il vint là des Pharisiens qui se mirent à disputer avec lui, lui demandant, en le tentant, qu’il leur fît voir quelque miracle du ciel.
12 Et Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit : Pourquoi cette race demande-t-elle un miracle ? Je vous dis en vérité, qu’il ne lui en sera donné aucun.
13 Et les ayant laissés, il rentra dans la barque, et passa à l’autre bord.
14 Or, ils avaient oublié de prendre des pains, et n’en avaient qu’un avec eux dans la barque.
15 Et il leur fit cette défense : Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens, et du levain d’Hérode.
16 Sur quoi ils se disaient entre eux : C’est parce que nous n’avons point de pains.
17 Et Jésus, connaissant cela, leur dit : Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez point de pains ? N’entendez-vous et ne comprenez-vous point encore ? Avez-vous toujours un cœur stupide ?
18 Ayant des yeux, ne voyez-vous point ? Ayant des oreilles, n’entendez-vous point ? Et n’avez-vous point de mémoire ?
19 Lorsque je distribuai les cinq pains aux cinq mille hommes, combien remportâtes-vous de paniers pleins des morceaux qui étaient restés ? Ils lui dirent : Douze.
20 Et lorsque je distribuai les sept pains aux quatre mille hommes, combien remportâtes-vous de corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés ? Ils lui dirent : Sept.
21 Et il leur dit : Comment donc ne comprenez-vous point encore ma pensée ?
REFLEXIONS
I. On doit premièrement admirer ici la manière miraculeuse et pleine de bonté dont Jésus-Christ nourrit plusieurs milliers de personnes avec sept pains et quelques poissons, comme il avait déjà fait peu auparavant. En faisant ce miracle, il se proposait non seulement de pourvoir à la nourriture et aux besoins corporels de ceux qui le suivaient, mais il voulait les disposer à recevoir de lui la véritable nourriture, savoir celle de l’âme. Au reste, la grande multitude de ceux en faveur de qui notre Seigneur multiplia ainsi les pains et les poissons et les pièces qui demeurèrent de reste et dont les apôtres emplirent sept corbeilles sont deux circonstances qui servirent à confirmer la certitude de ce miracle et à le répandre de tous côtés.
II. Les pharisiens demandèrent à Jésus de leur faire voir miracle du Ciel, mais il ne voulut en faire aucun. Il en usa ainsi très justement, puisqu’ayant déjà fait tant de miracles dont ils n’avaient pas profité, ce signe n’aurait servi de rien et ne les aurait point touchés. Dieu qui répond aux désirs des âmes simples et sincères abandonne avec justice ceux qui résistent à la vérité et après qu’il a mis en usage les moyens les plus propres pour convaincre les hommes, il n’est pas obligé d’en faire d’avantage et il emploierait même inutilement de nouveaux moyens pour persuader des gens dont l’aveuglement est volontaire et accompagné de malice.
III. Les apôtres ayant oublié de prendre du pain avec eux, le Seigneur les avertit de se garder du levain des pharisiens et du levain d’Hérode qui était la secte des saducéens. Cela voulait dire qu’ils devaient se garder, d’un côté, de la doctrine des pharisiens qui étaient des hypocrites et qui ne s’attachaient qu’aux traditions et aux dehors de la religion et de l’autre des sentiments impies des saducéens qui niaient la résurrection et qui avaient encore d’autres erreurs pernicieuses. C’est ainsi que ce divin Sauveur, par un effet de sa sagesse, prenait ordinairement occasion des choses qui se présentaient de donner à ses disciples des instructions salutaires. Ce qu’il dit dans cette rencontre nous apprend de quelle importance il est de fuir toutes sortes de fausses doctrines et surtout de s’éloigner des sentiments qui conduisent à la superstition et à l’hypocrisie ou à l’impiété et à l’incrédulité.
CHAPITRE VIII, VERSETS 22 A 38
Jésus-Christ guérit un aveugle. II. Il demande à ses disciples quelle opinion le peuple avait de lui et ce qu’ils en croyaient eux-mêmes et St. Pierre reconnait qu’il est le fils de Dieu. III. Notre Seigneur prédit sa mort. IV. Il exhorte ses disciples à se disposer à la souffrance et à faire une profession publique de l’Évangile devant les hommes et pour les y engager, il leur montre que c’est là l’unique moyen d’éviter la perte de leur âme.
22 Et Jésus étant venu à Bethsaïde, on lui présenta un aveugle qu’on le pria de toucher.
23 Alors il prit l’aveugle par la main, et l’ayant mené hors du bourg, il lui mit de la salive sur les yeux, et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s’il voyait quelque chose.
24 Et l’homme, ayant regardé, dit : Je vois marcher des hommes qui me paraissent comme des arbres.
25 Jésus lui mit encore les mains sur les yeux, et lui dit de regarder ; et il fut guéri, et il les voyait tous distinctement.
26 Et il le renvoya dans sa maison, et lui dit : Ne rentre pas dans le bourg, et ne le dis à personne du bourg.
27 Et Jésus étant parti de là avec ses disciples, ils vinrent dans les bourgs de Césarée de Philippe ; et sur le chemin il demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis ?
28 Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; et les autres, Elie, et les autres, quelqu’un des prophètes.
29 Et il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Pierre, répondant, lui dit : Tu es le Christ.
30 Et il leur défendit très sévèrement de dire cela de lui à personne.
31 Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, et qu’il fût rejeté par les sénateurs, par les principaux sacrificateurs, et par les Scribes, et qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après.
32 Et il leur tenait ces discours tout ouvertement. Alors Pierre, l’embrassant, se mit à le reprendre.
33 Mais Jésus, se tournant et regardant ses disciples, censura Pierre et lui dit : Retire-toi de moi, Satan ; car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes.
34 Et ayant appelé le peuple avec ses disciples, il leur dit : Quiconque veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.
35 Car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra ; mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi et de l’Évangile, il la sauvera.
36 Car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ?
37 Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ?
38 Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles, parmi cette race adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges.
REFLEXIONS
Il y a ceci de particulier dans la guérison de l’aveugle, dont il est parlé dans ce chapitre :
I. Que notre Seigneur ne le guérit pas d’un coup, mais qu’il le fit successivement. Il en usa de la sorte pour éprouver la foi de cet aveugle qui n’était peut-être pas assez forte, pour lui faire remarquer sa puissance d’une manière sensible par les progrès de sa guérison et pour montrer, en ne faisant pas toujours ses miracles de la même manière, qu’il pouvait déployer la puissance divine qui était en lui ou tout d’un coup ou peu à peu et par degrés et qu’il était le maître de faire de ses miracles comme il le trouvait à propos.
II. On voit ici, en second lieu, que Jésus-Christ était regardé parmi les Juifs comme un grand prophète, mais que St. Pierre et les apôtres le regardaient comme le fils de Dieu. C’est aussi là ce que nous devons tous croire du cœur et confesser de la bouche si nous voulons être sauvés. Cependant, le Seigneur défendit à ses disciples de publier qu’il fût le Messie, parce qu’il ne devait pas prendre ouvertement cette qualité avant sa mort.
III. Sur la prédication que Jésus-Christ fit de ses souffrances, il est à remarquer qu’il en avertit ses disciples afin de les disposer peu-à-peu à cet évènement auquel ils ne s’attendaient pas et qui aurait été capable d’ébranler leur foi. Ce fut pour les persuader tant mieux de la nécessité de cette mort qu’il reprit si fortement St. Pierre, qui étant dans les préjugés des Juifs, ne pouvait comprendre, que celui qu’il venait de reconnaitre pour le Messie et le fils de Dieu, dût mourir. Mais ce que cet apôtre ne comprenait pas alors est clair pour nous qui savons que cette mort est le moyen dont Dieu s’est servi pour nous racheter.
IV. Enfin, Jésus-Christ nous apprend dans ce chapitre que ceux qui veulent devenir ses disciples doivent renoncer à eux-mêmes et être prêts à souffrir et même à perdre la vie pour l’Évangile s’ils y étaient appelés, qu’il n’y a rien de plus important que la perte ou le salut de notre âme et que nous devons faire une profession ouverte de la piété et de la vérité si nous voulons que le Seigneur nous reconnaisse pour ses vrais disciples et qu’il nous reçoive dans sa gloire lorsqu’il viendra juger le monde. C’est ainsi que Jésus-Christ instruisait les hommes des devoirs les plus nécessaires de la religion et qu’il leur proposait les motifs les plus forts à s’en acquitter.
La première partie de ce chapitre contient trois choses. I. La transfiguration de Jésus-Christ. II. L’explication qu’il donna à ses disciples de ce qu’il avait été prédit qu’Élie devait venir au monde. III. La guérison d’un lunatique que les apôtres n’avaient pu guérir.
1 Il leur dit aussi : Je vous dis en vérité, qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point, qu’ils n’aient vu le règne de Dieu venir avec puissance.
2 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les mena seuls à part sur une haute montagne ; et il fut transfiguré en leur présence.
3 Ses vêtements devinrent resplendissants et blancs comme la neige, et tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui pût ainsi blanchir.
4 Et ils virent paraître Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec Jésus.
5 Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Maître, il est bon que nous demeurions ici ; faisons-y donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.
6 Car il ne savait pas bien ce qu’il disait, parce qu’ils étaient effrayés.
7 Et il vint une nuée qui les couvrit ; et une voix sortit de la nuée, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, écoutez-le.
8 Et aussitôt les disciples, ayant regardé tout autour, ne virent plus personne que Jésus, qui était seul avec eux.
9 Et comme ils descendaient de la montagne, il leur défendit de dire à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité des morts.
10 Ils retinrent donc cette parole en eux-mêmes, se demandant les uns aux autres ce que cela voulait dire, ressusciter des morts.
11 Et ils l’interrogèrent, en disant : Pourquoi les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne auparavant ?
12 Il leur répondit : Il est vrai qu’Élie devait venir premièrement et rétablir toutes choses ; et qu’il en devait être de lui comme du Fils de l’homme, duquel il est écrit qu’il faut qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit méprisé.
13 Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, comme il est écrit de lui, et qu’ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu.
14 Et étant venu vers les autres disciples, il vit une grande foule autour d’eux, et des Scribes qui disputaient avec eux.
15 Et dès que toute cette foule le vit, elle fut saisie d’étonnement, et tous, étant accourus, le saluèrent.
16 Alors il demanda aux Scribes : De quoi disputez-vous avec eux ?
17 Et un homme de la troupe, prenant la parole, dit : Maître, je t’ai amené mon fils qui est possédé d’un esprit muet,
18 Qui l’agite par des convulsions partout où il le saisit ; alors il écume, grince les dents, et devient tout sec, et j’ai prié tes disciples de le chasser ; mais ils n’ont pu le faire.
19 Alors Jésus leur répondit : Ô race incrédule, jusqu’à quand serai-je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi.
20 Ils le lui amenèrent donc ; et dès qu’il vit Jésus, l’esprit l’agita avec violence, et il tomba par terre, et se roulait en écumant.
21 Alors Jésus demanda à son père : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Le père dit : Dès son enfance.
22 Et l’esprit l’a souvent jeté dans le feu et dans l’eau, pour le faire périr ; mais si tu y peux quelque chose, aide-nous et aie compassion de nous.
23 Jésus lui dit : Si tu le peux croire, toutes choses sont possibles pour celui qui croit.
24 Aussitôt le père de l’enfant, s’écriant, dit avec larmes : Je crois, Seigneur, aide-moi dans mon incrédulité.
25 Et quand Jésus vit que le peuple y accourait en foule, il reprit sévèrement l’esprit immonde et lui dit : Esprit muet et sourd, je te commande, moi, sors de lui, et ne rentre plus en lui.
26 Alors l’esprit sortit en jetant un grand cri et en l’agitant avec violence ; et l’enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient : Il est mort.
27 Mais Jésus l’ayant pris par la main, le fit lever ; et il se leva.
28 Lorsque Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi n’avons-nous pas pu chasser ce démon ?
29 Et il leur répondit : Cette espèce de démons ne peut sortir que par la prière et par le jeûne.
REFLEXIONS
I. Notre Seigneur fit voir sa gloire à trois de ses apôtres dans sa transfiguration afin de les convaincre pleinement par cette apparition magnifique qu’il était le fils de Dieu. Il le fit aussi pour fortifier leur foi qui devait être ébranlée par sa mort dans peu temps. Moïse et Élie parurent dans cette occasion pour faire voir que Jésus était ce grand Rédempteur, dont les prophètes avaient parlé, et qu’il était même au-dessus des prophètes les plus illustres entre lesquels Moïse et Élie tenaient le premier rang. Outre cela, Dieu déclara alors par une voix venue du Ciel que Jésus-Christ était son fils bien-aimé afin qu’il parût encore plus clairement que c’était lui que tous les hommes devaient désormais écouter et à qui ils devaient obéir. Cette transfiguration de Jésus-Christ est au reste une image de la gloire dans laquelle il paraîtra au dernier jour et la présence de Moïse et d’Élie prouve que ces saints hommes vivaient après leur sortie du monde et qu’ainsi il y a une autre vie après celle-ci pour les justes.
II. Notre Seigneur apprit à ses disciples dans cette occasion que Jean-Baptiste était cet Élie qui devait venir selon la prédiction de Malachie. Ce nom avait été donné au précurseur du Messie parce que, comme le prophète Élie, il devait réformer les mœurs des hommes et rétablir le pur service de Dieu. La manière honorable et distinguée dont Jésus-Christ parla dans cette occasion de Jean-Baptiste nous engage à reconnaitre la dignité de la personne de ce grand prophète, à bien considérer le but de son ministère et à nous soumettre à sa doctrine, aussi bien qu’à celle de Jésus-Christ qui est encore plus grand que son précurseur.
III. On doit remarquer dans la guérison du lunatique que les apôtres ne purent le délivrer parce qu’ils n’étaient pas assez persuadés qu’ils pouvaient opérer ce grand miracle au nom de Jésus-Christ. Mais le Seigneur ayant égard à l’état déplorable de ce jeune homme aussi bien qu’à sa foi et aux larmes de son père le guérit parfaitement et par sa seule parole. Ce que Jésus-Christ dit aux apôtres dans cette occasion nous montre que c’était par la foi, par la prière et par le jeûne qu’ils pouvaient obtenir de Dieu le pouvoir de faire des miracles. Ces moyens ne sont ni moins efficaces, ni moins nécessaires pour résister aux tentations et pour engager le Seigneur à nous accorder les secours les plus puissants de sa grâce. Ainsi, nous devons les pratiquer avec soin.
CHAPITRE IX, VERSETS 30 A 51
I. Notre Seigneur avertit ses disciples que sa mort approchait. II. Il les reprend sur ce qu’ils avaient disputé entre eux qui serait le plus grand dans le royaume du Messie et il leur enseigne l’humilité en mettant un petit enfant au milieu d’eux.
III. Il blâme Saint Jean et ses autres disciples de ce qu’ils s’étaient opposés à un homme qui chassait les démons en son nom et il les avertit de ne scandaliser et de ne rejeter aucun de ceux qui croyaient en lui.
IV. Il les exhorte à éviter tout ce qui pouvait être pour les autres ou pour eux-mêmes une occasion de scandale et chute. ll menace des peines de l’enfer ceux qui n’évitent pas les scandales et il leur représente qu’étant comme le sel de la terre, ils devaient travailler à édifier tous les hommes, ce qu’ils feraient surtout en ne rebutant personne, en ayant pour tout le monde des sentiments de charité et en vivant entre eux dans l’union et dans la paix,
30 Puis étant partis de là, ils traversèrent la Galilée ; et Jésus ne voulut pas que personne le sût.
31 Cependant il instruisait ses disciples, et il leur disait : Le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir ; mais après avoir été mis à mort, il ressuscitera le troisième jour.
32 Mais ils ne comprenaient point ce discours ; et ils craignaient de l’interroger.
33 Il vint ensuite à Capernaüm, et étant dans la maison, il leur demanda : De quoi discouriez-vous ensemble en chemin ?
34 Et ils se turent ; car ils avaient disputé en chemin, qui d’entre eux serait le plus grand.
35 Et s’étant assis, il appela les douze et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous.
36 Et ayant pris un petit enfant, il le mit au milieu d’eux ; et le tenant entre ses bras, il leur dit :
37 Quiconque reçoit un de ces petits enfants à cause de mon nom, il me reçoit ; et quiconque me reçoit, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais il reçoit celui qui m’a envoyé.
38 Alors Jean, prenant la parole, lui dit : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chasse les démons en ton nom, et qui ne nous suit pas ; et nous nous y sommes opposés, parce qu’il ne nous suit pas.
39 Et Jésus leur dit : Ne vous y opposez pas, car il n’y a personne qui fasse des miracles en mon nom, et qui puisse en même temps parler mal de moi.
40 Car qui n’est pas contre nous est pour nous.
41 Et quiconque vous donnera un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous dis en vérité qu’il ne perdra pas sa récompense ;
42 mais quiconque scandalisera l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît une meule au cou, et qu’on le jetât dans la mer.
43 Que si ta main te fait tomber dans le péché, coupe-là ; il vaut mieux pour toi que tu entres dans la vie, n’ayant qu’une main, que d’avoir deux mains et d’aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point,
44 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.
45 Et si ton pied te fait tomber dans le péché, coupe-le ; il vaut mieux pour toi que tu entres dans la vie, n’ayant qu’un pied, que d’avoir deux pieds et d’être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point,
46 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.
47 Et si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le ; il vaut mieux pour toi que tu entres au royaume de Dieu, n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne du feu,
48 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.
49 Car chacun sera salé de feu ; et toute oblation sera salée.
50 C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?
51 Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous.
REFLEXIONS
Il faut considérer ici :
I. Que si les apôtres ne comprenaient pas ce que notre Seigneur leur disait de sa mort, cela venait de ce qu’ils ne pouvaient concevoir que le Messie dût mourir et souffrir un supplice ignominieux et cruel.
II. La dispute qu’ils eurent pour savoir lequel d’entre eux serait le plus grand dans le royaume du Messie venait aussi de l’opinion où ils étaient que ce devait être un royaume temporel et semblable à ceux des rois de la terre. Jésus-Christ les désabusa de ces pensées en mettent devant leurs yeux un petit enfant, par où il voulait leur inspirer des sentiments humbles et leur apprendre à ne point s’élever les uns par-dessus les autres et à ne mépriser personne. Cette leçon est pour tous les chrétiens, ainsi nous devons bannir de nos cœurs toutes les pensées d’orgueil et d’élévation et ressembler aux enfants en douceur, en innocence et en humilité.
III. Il est à remarquer que notre Seigneur reprit ses disciples de ce qu’ils avaient voulu empêcher un homme qui ne les suivait pas de chasser les démons au nom de Jésus-Christ. Cette censure nous enseigne bien clairement qu’il ne nous est jamais permis de rejeter aucun de ceux qui font profession d’aimer le Seigneur Jésus, mais qu’au contraire nous devons les regarder tous comme nos frères, les chérir et nous joindre à eux. C’est ce que Jésus-Christ nous apprend encore plus expressément en disant que c’est un des plus grands péchés de mépriser ou de scandaliser aucun de ses disciples, quand même il y aurait quelque faiblesse en eux ou qui paraitraient méprisables selon le monde.
IV. Enfin, notre Sauveur nous exhorte fortement et sous les plus sévères menaces à résister à tout ce qui peut être une occasion de chute, à renoncer courageusement à ce qui nous serait le plus cher, à mortifier nos inclinaisons et à souffrir même ce qu’il y a de plus fâcheux, plutôt que de tomber ou de faire tomber les autres dans le péché et que de s’exposer par là à être jeté dans la géhenne où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point.
Jésus-Christ fait trois choses :
I. Il répond aux pharisiens qui l’avaient interrogé sur le divorce et il dit que la coutume qui était établie parmi les Juifs de répudier les femmes pour toutes sortes de raisons était contraire à l’institution du mariage. II. Il bénit de petits enfants. III. Il répond à un jeune homme riche qui lui avait demandé ce qu’il fallait faire pour être sauvé et à cette occasion il dit que les richesses empêcheraient plusieurs personnes de croire en lui, mais qu’il récompenserait abondamment ceux qui abandonneraient leurs biens et tout ce qu’ils avaient de plus cher pour le suivre.
1 Jésus étant parti de là, vint aux confins de la Judée, le long du Jourdain, et le peuple s’assembla encore vers lui, et il continua à les instruire, comme il avait accoutumé.
2 Alors les Pharisiens vinrent et lui demandèrent pour l’éprouver : Est-il permis à un homme de quitter sa femme ?
3 Il répondit et leur dit : Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ?
4 Ils lui dirent : Moïse a permis d’écrire la lettre de divorce, et de la répudier.
5 Et Jésus, répondant, leur dit : Il vous a laissé cette loi par écrit, à cause de la dureté de votre cœur.
6 Mais au commencement de la création, Dieu ne fit qu’un homme et qu’une femme.
7 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ;
8 et les deux seront une seule chair ; ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair.
9 Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni.
10 Et les disciples l’interrogèrent encore sur ce sujet dans la maison ;
11 et il leur dit : Quiconque quittera sa femme et en épousera une autre, commet adultère à l’égard d’elle ;
12 et si la femme quitte son mari, et en épouse un autre, elle commet adultère.
13 Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu’il les touchât ; mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.
14 Et Jésus voyant cela, il en fut indigné, et il leur dit : Laissez venir à moi ces petits enfants, et ne les en empêchez point ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.
15 Je vous dis en vérité, que quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point.
16 Et les ayant pris entre ses bras, il leur imposa les mains et les bénit.
17 Et comme il sortait pour se mettre en chemin, un homme accourut, et s’étant mis à genoux devant lui, il lui demanda : Mon bon maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?
18 Mais Jésus lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu.
19 Tu sais les commandements : Ne commets point d’adultère ; ne tue point ; ne dérobe point ; ne dis point de faux témoignage ; ne fais tort à personne ; honore ton père et ta mère.
20 Il répondit : Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse.
21 Et Jésus, ayant jeté les yeux sur lui, l’aima et lui dit : Il te manque une chose : va, vends tout ce que tu as, et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela viens, et suis-moi, t’étant chargé de la croix.
22 Mais cet homme fut affligé de cette parole, et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
23 Alors Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu’il est difficile que ceux qui ont des richesses entrent dans le royaume de Dieu !
24 Et ses disciples furent étonnés de ce discours. Mais Jésus, reprenant la parole, leur dit : Mes enfants, qu’il est difficile à ceux qui se confient aux richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !
25 Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.
26 Et ils furent encore plus étonnés, et ils se disaient l’un à l’autre : Et qui peut donc être sauvé ?
27 Mais Jésus, les regardant, leur dit : Quant aux hommes, cela est impossible, mais non pas quant à Dieu ; car toutes choses sont possibles à Dieu.
28 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi.
29 Et Jésus répondit : Je vous dis en vérité qu’il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou des terres, pour l’amour de moi et de l’Évangile,
30 qui n’en reçoive dès à présent, en ce siècle, cent fois autant, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions ; et dans le siècle à venir la vie éternelle.
31 Mais plusieurs qui étaient les premiers seront les derniers ; et ceux qui étaient les derniers seront les premiers.
REFLEXIONS
Ce que notre Seigneur dit aux pharisiens sur le mariage nous apprend que Dieu n’approuvait point les divorces tels que les Juifs les pratiquaient, quoique ces divorces eussent été tolérés jusqu’alors à cause de l’humeur charnelle de ce peuple et de leur naturel porté à la désobéissance. Jésus-Christ dit expressément que ces sortes de divorces ne devaient plus avoir lieu parmi les chrétiens, non plus que diverses autres choses semblables que Dieu supportait autrefois, que les lois du mariage sont inviolables et qu’elles lient aussi bien l’homme que la femme. Par où nous voyons que le fils de Dieu a rétabli ces lois telles qu’elles étaient au commencement du monde et qu’ainsi il n’est plus permis aux hommes ni aux femmes de se séparer et de se remarier, si ce n’est pour cause d’adultère.
La cérémonie d’imposition des mains que Jésus-Christ pratiqua à l’égard des petits enfants et les prières qu’il fit pour eux ne permettent pas de douter qu’il n’aime les petits enfants et que ce ne soit une pratique conforme à ses intentions de les offrir à Dieu par le baptême et par la prière. Cela nous montre aussi que le royaume des cieux n’est que pour ceux qui, comme les petits enfants, sont doux, innocents et vides de l’amour du monde et de sa gloire.
Nous devons apprendre de l’entretien que Jésus-Christ eu avec cet homme riche, dont il est parlé ici, que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu, mais qu’il faut outre cela, en de certaines occasions abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre.
Au reste, l’exemple de cet homme qui avait quelque chose de bon et que Jésus-Christ aima à cause de cela, mais qui se rebuta lorsque le Seigneur lui dit qu’il devait se défaire de ses biens, prouve qu’il se peut faire que des gens qui ont de bonnes intentions et quelques bonnes dispositions ne parviennent pas au salut. Cela leur arrive lorsqu’ils n’ont pas le courage de faire tout ce qu’il faut pour l’obtenir et de renoncer à certaines passions qui les dominent et qui y font un obstacle et en particulier à l’amour des richesses et à l’attachement pour les biens du monde.
CHAPITRE X VERSETS 32 A 53
I. Notre Seigneur avertit ses disciples de sa mort et de sa résurrection. II. Il répond à Saint Jacques et à Saint Jean qui, croyant comme le reste des Juifs que le Messie règnerait glorieusement sur la terre, le priaient qu’ils possédassent les premières dignités dans son royaume. III. Il rend la vue à un aveugle près de Jéricho.
32 Comme ils étaient en chemin, en montant à Jérusalem, Jésus marchait devant eux ; et ils étaient effrayés et craignaient en le suivant. Et Jésus, prenant encore à part les douze, commença à leur dire ce qui lui devait arriver.
33 Voici, leur dit-il, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux Scribes, et ils le condamneront à la mort, et le livreront aux Gentils.
34 Ils se moqueront de lui, ils le fouetteront, ils lui cracheront au visage, et le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour.
35 Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, vinrent à lui et lui dirent : Maître, nous voudrions que tu nous fisses ce que nous te demanderons.
36 Et il leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?
37 Ils lui dirent : Accorde-nous que nous soyons assis dans ta gloire, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche.
38 Et Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?
39 Ils lui dirent : Nous le pouvons. Et Jésus leur dit : Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé ;
40 mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; cela ne sera donné qu’à ceux à qui il est destiné.
41 Ce que les dix autres ayant entendu, ils en furent indignés contre Jacques et Jean.
42 Mais Jésus, les ayant appelés, leur dit : Vous savez que ceux qui veulent commander aux nations les maîtrisent ; et que les grands d’entre eux leur commandent avec autorité.
43 Mais il n’en sera pas de même parmi vous ; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous, sera votre serviteur.
44 Et quiconque d’entre vous voudra être le premier, sera l’esclave de tous.
45 Car le Fils de l’homme lui-même est venu, non pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie pour la rançon de plusieurs.
46 Ensuite ils arrivèrent à Jérico ; et comme il en repartait avec ses disciples et une grande troupe, un aveugle, nommé Bartimée, c’est-à-dire, fils de Timée, était assis auprès du chemin, demandant l’aumône.
47 Et ayant entendu que c’était Jésus de Nazareth qui passait, il se mit à crier et à dire : Jésus, fils de David, aie pitié de moi !
48 Et plusieurs le reprenaient, pour le faire taire ; mais il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !
49 Et Jésus, s’étant arrêté, dit qu’on l’appelât. Ils appelèrent donc l’aveugle, lui disant : Prends courage, lève-toi, il t’appelle.
50 Et jetant son manteau, il se leva et vint vers Jésus.
51 Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? Et l’aveugle dit : Maître, que je recouvre la vue.
52 Et Jésus lui dit : Va-t’en, ta foi t’a sauvé.
53 Et incontinent il recouvra la vue, et il suivit Jésus dans le chemin.
REFLEXIONS
On doit considérer ici en premier lieu que le temps de la mort de Jésus-Christ approchant, il déclara plus ouvertement aux apôtres qu’il serait crucifié et qu’il ressusciterait, mais ils furent troublés et effrayés à l’ouïe de ces discours parce qu’ils s’attendaient à voir leur maître régner glorieusement sur la terre. En cela on découvre la sagesse et la bonté de Jésus-Christ qui voulait ainsi préparer ses disciples à ce qui devait lui arriver et l’on y remarque aussi que ses disciples étaient dans de grands préjugés et qu’ils ne savaient pas encore ce que notre Seigneur devait faire pour sauver les hommes.
Il faut faire ensuite attention à ce que Jésus-Christ dit à Saint Jacques et à Saint Jean, qui prétendaient occuper un rang distingué dans son royaume. Il leur dit qu’au lieu de s’attendre à être élevés à ces dignités, ils devaient se préparer à boire la même coupe et à être baptisés du même baptême que lui, c’est-à-dire à passer par de grandes souffrances et même à endurer la mort et qu’ainsi ils devaient s’humilier et être les serviteurs les uns des autres, à l’exemple de leur maître qui n’était venu au monde que pour servir et pour souffrir. Ces leçons et ce grand exemple d’humilité regardent tous les chrétiens aussi bien que les apôtres et nous devons nous les proposer continuellement afin de régler par-là nos sentiments et nos mœurs.
Enfin, la guérison que notre Seigneur accorda à cet aveugle qui implorait son secours avec tant d’ardeur est une nouvelle preuve de sa puissance et de sa grande charité et nous en devons conclure que, s’il était si prompt à assister les misérables, il sauvera encore plus certainement tous ceux qui l’invoquent avec humilité et qui cherchent auprès de lui le salut et la vie.
Jésus-Christ fait son entrée royale à Jérusalem. Il chasse du temple ceux qui le profanaient en y vendant des pigeons et d’autres bêtes pour les sacrifices et en y changeant de l’argent. Il fait sécher un figuier par sa parole. Et il répond aux pharisiens qui lui demandaient raison de son autorité.
1 Comme ils approchaient de Jérusalem et qu’ils étaient près de Bethphagé et de Béthanie, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,
2 et il leur dit : Allez-vous-en à la bourgade qui est devant vous ; et aussitôt que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel personne n’a encore monté ; détachez-le et amenez-le-moi.
3 Et si quelqu’un vous dit : Pourquoi faites-vous cela ? dites que le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il le laissera amener.
4 Ils s’en allèrent donc ; et ils trouvèrent l’ânon qui était attaché dehors devant une porte, entre deux chemins, et ils le détachèrent.
5 Et quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : Pourquoi détachez-vous cet ânon ?
6 Ils leur répondirent comme Jésus leur avait commandé ; et on les laissa aller.
7 Ils amenèrent donc l’ânon à Jésus, et mirent leurs vêtements sur l’ânon ; et Jésus monta dessus.
8 Et plusieurs étendaient leurs vêtements par le chemin, et les autres coupaient des branches d’arbres, et les étendaient par le chemin.
9 Et ceux qui marchaient devant, et ceux qui suivaient, criaient : Hosanna ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
10 Béni soit le règne de David notre père qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !
11 Ainsi Jésus entra dans Jérusalem, et alla au temple ; et ayant tout considéré, comme il était déjà tard, il sortit pour aller à Béthanie avec les douze apôtres.
12 Le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim.
13 Et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il y alla pour voir s’il y trouverait quelque chose ; et s’en étant approché, il n’y trouva que des feuilles ; car ce n’était pas la saison des figues.
14 Alors Jésus, prenant la parole, dit au figuier : Que jamais personne ne mange de ton fruit. Et ses disciples l’entendirent.
15 Ils vinrent donc à Jérusalem ; et Jésus étant entré dans le temple, se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple, et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons.
16 Et il ne permettait pas que personne ne portât aucun vaisseau par le temple.
17 Et il les instruisait, en leur disant : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée, par toutes les nations, une maison de prière mais vous en avez fait une caverne de voleurs ?
18 Ce que les Scribes et les principaux sacrificateurs ayant entendu, ils cherchaient les moyens de le faire périr ; car ils le craignaient, parce que tout le peuple était ravi de sa doctrine.
19 Le soir étant venu, Jésus sortit de la ville.
20 Et le matin, comme ils passaient, ses disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines.
21 Alors Pierre, s’étant souvenu de ce qui s’était passé, lui dit : Maître, voilà le figuier que tu as maudit, qui est séché.
22 Et Jésus, répondant, leur dit : Ayez la foi en Dieu ;
23 Car je vous dis en vérité, que quiconque dira à cette montagne : Ôte-toi de là et te jette dans la mer, et qui ne doutera point dans son cœur, mais qui croira fermement que ce qu’il dit arrivera, tout ce qu’il aura dit lui sera accordé.
24 C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez ; et il vous sera accordé !
25 Mais quand vous vous présenterez pour faire votre prière, pardonnez, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos fautes.
26 Que si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus vos fautes.
27 Puis ils revinrent à Jérusalem ; et comme il allait par le temple, les principaux sacrificateurs, les Scribes et les sénateurs s’approchèrent de lui,
28 et ils lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné l’autorité de les faire ?
29 Jésus, répondant, leur dit : Je vous demanderai aussi une chose, et répondez-moi ; et alors je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.
30 Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ? Répondez-moi.
31 Or, ils raisonnaient entre eux, disant : Si nous disons : Du ciel ; il dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ?
32 Et si nous disons : Des hommes, nous craignons le peuple ; car tous croyaient que Jean avait été un vrai prophète.
33 Alors ils répondirent à Jésus : Nous n’en savons rien. Et Jésus leur répondit : Et moi, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.
REFLEXIONS
Notre Seigneur fit son entrée royale à Jérusalem peu de jours avant sa mort pour montrer qu’il était ce grand roi et ce Sauveur que les Juifs attendaient et dont les prophètes avaient prédit la venue, ce qu’il avait évité de faire connaître publiquement pendant sa vie. Mais la manière dont il fit cette entrée, étant monté sur un ânon, marquait sa douceur et son humilité et faisait voir que son règne n’aurait rien de commun avec celui des rois de la terre.
Comme la gloire de Jésus-Christ et la nature de son règne nous sont beaucoup mieux connues qu’elles ne l’étaient à ce peuple qui l’accompagna dans cette occasion, nous avons encore plus de sujet de nous réjouir et de louer Dieu de ce qu’il nous a envoyé ce grand Sauveur et de ce que son règne a été manifesté.
I. Il faut remarquer que dans le même jour, auquel Jésus-Christ fit son entrée royale, il se rendit au temple et qu’il en chassa ceux qui le profanaient afin de faire sentir aux Juifs son autorité divine et de leur montrer en agissant dans le temple comme maître qu’il était le fils de Dieu. De là nous devons apprendre à ne pas profaner, ni par l’hypocrisie, ni par l’impiété, ni par l’irrévérence les lieux où Dieu est adoré et invoqué.
Pour ce qui est du miracle du figuier séché, il faut savoir que cet arbre était une d’espèce particulière de figuiers qui conservaient pendant l’hiver leurs feuilles et leurs figues et dont le fruit murissait au printemps. Ainsi Jésus voyant ce figuier qui avait des feuilles et qui pouvait aussi avoir des figues y alla exprès chercher du fruit, quoi que ce ne fût pas la saison des figues communes et il le fit pour avoir occasion de le faire sécher par un miracle et de montrer par là à ses disciples, selon ce qu’il leur dit, que la foi et la prière obtiennent tout de Dieu. Mais il les avertit expressément que la prière doit être faite dans un esprit de charité et que quand nous nous présentons pour faire notre prière, nous devons nous pardonner les uns les autres.
La réponse que notre Seigneur fit aux pharisiens, qui lui demandaient de qui il tenait son autorité, avait pour but de leur faire sentir que leur incrédulité et leur aveuglement étaient volontaires et que son autorité venait du Ciel, aussi bien que celle de Jean-Baptiste. Mais nous serions encore plus coupables que les pharisiens, si, sachant que Jean-Baptiste et Jésus-Christ ont été envoyé de Dieu, nous ne nous soumettions pas à la doctrine qu’ils ont annoncée et de laquelle nous faisons profession.
Jésus-Christ propose la parabole des vignerons. Il répond à la demande qu’on lui fit, s’il fallait payer le tribut de l’empereur. Et à une autre demande que les sadducéens lui firent sur la résurrection.
1 Jésus se mit ensuite à leur parler en paraboles : Un homme, dit-il, planta une vigne, il l’environna d’une haie, et y fit un creux pour un pressoir ; il y bâtit une tour, et il la loua à des vignerons, et s’en alla.
2 Et dans la saison il envoya un de ses serviteurs vers les vignerons, afin de recevoir d’eux du fruit de la vigne.
3 Mais l’ayant pris, ils le battirent, et le renvoyèrent à vide.
4 Il leur envoya encore un autre serviteur ; mais ils lui jetèrent des pierres, et lui meurtrirent toute la tête, et le renvoyèrent, après l’avoir traité outrageusement.
5 Et il en envoya encore un autre qu’ils tuèrent ; et plusieurs autres, dont ils battirent les uns et tuèrent les autres.
6 Enfin, ayant un fils qu’il chérissait, il le leur envoya encore le dernier, disant : Ils auront du respect pour mon fils.
7 Mais ces vignerons dirent entre eux : C’est ici l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous.
8 Et le prenant, ils le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne.
9 Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra et fera périr ces vignerons, et il donnera la vigne à d’autres.
10 Et n’avez-vous point lu cette parole de l’Écriture : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la principale pierre de l’angle ;
11 Cela a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux ?
12 Alors ils tâchèrent de le saisir ; car ils connurent bien qu’il avait dit cette similitude contre eux ; mais ils craignirent le peuple ; c’est pourquoi le laissant, ils s’en allèrent.
13 Ensuite ils lui envoyèrent quelques-uns des Pharisiens et des Hérodiens, pour le surprendre dans ses discours.
14 Étant donc venus vers lui, ils lui dirent : Maître, nous savons que tu es sincère, et que tu n’as égard à qui que ce soit ; car tu ne regardes point à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? Le payerons-nous, ou ne le payerons-nous pas ?
15 Mais lui, connaissant leur hypocrisie, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, que je le voie.
16 Et ils lui en apportèrent un. Alors il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Ils lui dirent : De César.
17 Et Jésus leur répondit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils furent remplis d’admiration pour lui.
18 Ensuite les Sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, le vinrent trouver, et lui firent cette question :
19 Maître, Moïse nous a laissé par écrit, que si le frère de quelqu’un meurt, et laisse sa femme sans enfants, son frère épousera sa veuve, pour susciter lignée à son frère.
20 Or, il y avait sept frères, dont le premier ayant épousé une femme, mourut et ne laissa point d’enfants.
21 Le second l’épousa aussi, et mourut, et ne laissa point non plus d’enfants ; et le troisième de même.
22 Tous les sept l’ont épousée, sans avoir laissé d’enfants. La femme mourut aussi la dernière de tous.
23 Duquel d’eux sera-t-elle donc femme quand ils ressusciteront ? car tous les sept l'ont eue pour femme.
24 Et Jésus, répondant, leur dit : N’êtes-vous pas dans l’erreur, parce que vous n’entendez pas les Écritures, ni quelle est la puissance de Dieu ?
25 Car quand on ressuscitera, ni les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges qui sont dans le ciel.
26 Et à l’égard des morts, pour vous montrer qu’ils doivent ressusciter, n’avez-vous point lu dans le livre de Moïse, comment Dieu lui parla dans le buisson, en disant : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ?
27 Dieu n’est point le Dieu des morts ; mais il est le Dieu des vivants. Vous êtes donc dans une grande erreur.
REFLEXIONS
Le sens de la parabole des vignerons est que les Juifs, après avoir rejeté et persécuté les prophètes, feraient mourir le fils de Dieu, qu’à cause de cela Dieu les priverait de son alliance et les détruirait, qu’il ferait prêcher l’Évangile aux païens et que Jésus, qui avait été rejeté par les principaux des Juifs, deviendrait le chef et le roi de l’Église et serait élevé à la droite de Dieu. Il y a sur cela deux réflexions à faire :
L’une, que tout ce que Jésus-Christ avait prédit arriva peu de temps après par la ruine de Jérusalem, par la vocation des païens et par l’établissement de son règne ;
L’autre, que, comme Dieu fit une sévère vengeance de l’ingratitude des Juifs, il punira encore plus l’infidélité de ceux qui auront méprisé les offres de sa grâce et désobéi à l’Évangile.
II. Dans la réponse que Jésus-Christ fit à la question qu’on lui proposa sur le tribut, nous voyons que notre Seigneur découvrit le piège que les pharisiens lui tendaient et qu’il évita ce piège en leur disant : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.
D’où nous devons recueillir qu’il faut se soumettre à l’autorité des rois et des princes et leur rendre tout ce qui leur est dû et s’acquitter aussi inviolablement des devoirs auxquels la religion nous engage envers Dieu.
III. Notre Seigneur eut en ce temps-là en entretien remarquable avec les sadducéens qui niaient la résurrection des morts et il répondit à la question qu’ils lui firent sur ce sujet d’une manière qui les confondit et qui leur fit voir qu’ils étaient dans une grande erreur. Cet endroit de l’Évangile mérite bien de l’attention. Jésus-Christ y instruit sur la vérité de la résurrection et sur l’état des personnes qui ressusciteront, ce qui doit nous affermir dans la croyance de cette grande et consolante vérité et nous porter à imiter la foi et la piété des patriarches dont le Seigneur s’est déclaré le Dieu, même après leur mort et à vivre d’une manière pure et spirituelle afin que nous puissions avoir part à la gloire d’une heureuse résurrection.
CHAPITRE XII VERSETS 28 A 44
Jésus-Christ répond à un docteur de la Loi qui lui demandait quel était le plus grand commandement. II. Il demande aux pharisiens comment le Messie pouvait être tout à la fois le fils et le Seigneur de David. III. Il censure l’hypocrisie des docteurs de la Loi. IV. Il loue l’offrande d’une pauvre veuve.
28 Alors un des Scribes qui les avait ouïs disputer ensemble, voyant qu’il leur avait bien répondu, s’approcha et lui demanda : Quel est le premier de tous les commandements ?
29 Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est celui-ci : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur ;
30 tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. C’est là le premier commandement.
31 Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a point d’autre commandement plus grand que ceux-ci.
32 Et le Scribe lui répondit : Maître, tu as bien dit, et selon la vérité, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui,
33 et que l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme, et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et que tous les sacrifices.
34 Jésus voyant qu’il avait répondu en homme intelligent, lui dit : Tu n’es pas éloigné du royaume de Dieu. Et personne n’osait plus l’interroger.
35 Et comme Jésus enseignait dans le temple, il leur dit : Comment les Scribes disent-ils que le Christ est fils de David ?
36 Car David lui-même a dit par le Saint-Esprit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied.
37 Puis donc que David lui-même l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? Et une grande multitude qui était là prenait plaisir à l’écouter.
38 Il leur disait aussi, en les enseignant : Gardez-vous des Scribes qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans les places publiques ;
39 et qui aiment les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins ;
40 qui dévorent les maisons des veuves, et cela en affectant de faire de longues prières ; ils en recevront une plus grande condamnation.
41 Et Jésus, étant assis vis-à-vis du tronc, regardait comment le peuple mettait de l’argent dans le tronc.
42 Et plusieurs personnes riches y mettaient beaucoup ; et une pauvre veuve vint, qui y mit deux petites pièces, qui font un quadrin.
43 Alors, ayant appelé ses disciples, il leur dit : Je vous dis en vérité, que cette pauvre veuve a plus mis au tronc que tous ceux qui y ont mis.
44 Car tous les autres y ont mis de leur superflu ; mais celle-ci y a mis de son indigence tout ce qu’elle avait, tout ce qui lui restait pour vivre.
REFLEXIONS
I.. Cette lecture nous donne une leçon très importante. C’est que le premier commandement et celui qui comprend tous les autres est d’aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes, que c’est là ce que nous pouvons faire de plus agréable à Dieu et ce qui vaut mieux que toutes les cérémonies et tous les devoirs extérieurs de la religion. Ceux qui ont bien compris cette vérité et qui travaillent par-dessus toutes choses à remplir leur cœur de cet amour sincère de Dieu et du prochain sont dans la disposition où il faut être pour entrer dans le royaume de Dieu, selon que notre Seigneur le déclare expressément.
II. Jésus-Christ ayant demandé aux scribes comment David appelait le Messie son Seigneur au Psaume CX, puisque le Messie était son fils, ils furent réduits au silence et ne purent lui répondre. Par cette question le Seigneur voulut les convaincre de leur ignorance en présence du peuple, mais il ne leur expliqua pas cet oracle de David, parce qu’il ne voulait pas alors parler ouvertement de la dignité de sa personne et parce que d’ailleurs cela eût été inutile et que les pharisiens n’auraient pas cru ce qu’il leur aurait dit sur ce sujet. Mais cette question n’a rien d’obscur pour nous qui savons que Jésus-Christ est fils de David parce qu’il est descendu de lui à l’égard de sa nature humaine, mais qu’il est aussi son Seigneur en tant qu’il est le fils de Dieu.
III. Les reproches que Jésus-Christ fit aux docteurs de la Loi nous montrent que l’orgueil, l’hypocrisie et l’avarice sont des vices tout-à-fait condamnables, surtout dans ceux qui enseignent les autres et dans les personnes qui font profession d’avoir de la piété.
IV. Le jugement que notre Seigneur fit de l’offrande d’une pauvre veuve, qui jeta deux petites pièces de monnaie dans un tronc où l’on mettait ce qu’on voulait donner pour les usages du temple et du service divin, nous apprend que Dieu a principalement égard au cœur et à l’intention et que les contributions et les aumônes des pauvres, quoi qu’elles soient de petite valeur lui sont aussi agréables que celles des riches lorsque les pauvres donnent autant que leur pauvreté le leur permet et qu’ils le font par un principe de piété et de charité.
Jésus-Christ parle des signes qui précéderaient la destruction du temple et de la ville de Jérusalem et la fin du monde. Il dit qu’il paraîtrait de faux prophètes et de faux messies, que l’on verrait des guerres, des famines et toutes sortes de calamités, que ses disciples seraient persécutés et que l’Évangile serait annoncé par toute la terre. Il prédit que les idolâtres rentreraient bientôt dans la Judée et qu’ils assiègeraient Jérusalem, qu’il paraîtrait de tous côté des signes de la colère de Dieu, qu’alors le Fils de l’homme se montrerait dans sa gloire et que ces choses arriveraient avant que la génération d’alors fût passée. Il exhorte ses disciples à se retirer en ce temps-là de Jérusalem. Enfin il leur recommande de se tenir prêts et de veiller en attendant sa venue et pour les y engager, il leur dit que le temps précis de cette venue était inconnu et incertain.
1 Comme Jésus sortait du temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde quelles pierres et quels bâtiments !
2 Et Jésus, répondant, lui dit : Tu vois ces grands bâtiments ; il n’y restera pierre sur pierre qui ne soit renversée.
3 Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, vis-à-vis du temple, Pierre, Jacques, Jean et André lui firent cette question à part, et lui dirent :
4 Dis-nous quand ces choses arriveront, et par quel signe on connaîtra que toutes ces choses devront s’accomplir.
5 Alors Jésus, leur répondant, se mit à leur dire : Prenez garde que personne ne vous séduise ;
6 car plusieurs viendront, qui prendront mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et ils en séduiront plusieurs.
7 Quand vous entendrez parler de guerres et de bruit de guerres, ne vous troublez point ; car il faut que ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.
8 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des tremblements de terre en divers lieux, des famines, et des troubles ; et ces choses ne seront que des commencements de douleurs.
9 Mais prenez garde à vous-mêmes ; car ils vous livreront aux tribunaux et aux synagogues ; vous serez fouettés, et vous serez présentés devant les gouverneurs et devant les rois, à cause de moi, pour me rendre témoignage devant eux.
10 Mais il faut que l’Évangile soit auparavant prêché à toutes les nations.
11 Or, quand ils vous mèneront pour vous livrer, ne soyez point en peine par avance de ce que vous aurez à dire, et ne le méditez point ; mais dites tout ce qui vous sera inspiré à cette heure-là ; car ce ne sera pas vous qui parlerez, mais ce sera le Saint-Esprit.
12 Alors un frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; et les enfants se lèveront contre leurs pères et leurs mères et les feront mourir.
13 Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.
14 Or, quand vous verrez l’abomination qui cause la désolation, et dont le prophète Daniel a parlé, établie où elle ne doit pas être ; (que celui qui le lit y fasse attention) alors, que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient sur les montagnes ;
15 et que celui qui sera sur la maison, ne descende point dans sa maison, et n’y entre point pour s’arrêter à en emporter quoi que ce soit ;
16 et que celui qui sera aux champs, ne retourne point en arrière, pour emporter son habit.
17 Mais malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là.
18 Priez que votre fuite n’arrive point en hiver.
19 Car il y aura en ces jours-là une telle affliction, que, depuis le commencement de la création de toutes choses jusqu’à maintenant, il n’y en a point eu et qu’il n’y en aura jamais de semblable.
20 Et si le Seigneur n’avait abrégé ces jours-là, personne n’échapperait ; mais il a abrégé ces jours à cause des élus qu’il a choisis.
21 Alors, si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou : Il est là, ne le croyez point.
22 Car de faux Christs et de faux prophètes s’élèveront et feront des signes et des prodiges pour séduire même les élus, s’il était possible.
23 Mais prenez-y garde ; voici, je vous ai tout prédit.
24 En ces jours-là, après cette affliction, le soleil sera obscurci, la lune ne donnera point sa lumière ;
25 Les étoiles du ciel tomberont et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.
26 Et alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées, avec une grande puissance et une grande gloire ;
27 Et il enverra ses anges pour rassembler ses élus des quatre vents, depuis les extrémités de la terre jusqu’aux extrémités du ciel.
28 Apprenez ceci par la comparaison d’un figuier : Quand ses branches commencent à être tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.
29 Vous aussi de même, quand vous verrez que ces choses arriveront, sachez qu’il est proche et à la porte.
30 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point, que toutes ces choses n’arrivent.
31 Le ciel et la terre passeront ; mais mes paroles ne passeront point.
32 Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, non pas même les anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils ; mais seulement le Père.
33 Prenez garde à vous ; veillez et priez : car vous ne savez quand ce temps viendra.
34 Il en est comme d’un homme qui, allant en voyage, laisse sa maison, et en donne la conduite à ses serviteurs, marquant à chacun sa tâche, et qui ordonne au portier d’être vigilant.
35 Veillez donc ; car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, si ce sera le soir, ou à minuit, ou à l’heure que le coq chante, ou le matin ;
36 De peur, qu’arrivant tout à coup, il ne vous trouve endormis.
37 Or, ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.
REFLEXIONS
Ce discours du fils de Dieu nous présente ces trois réflexions principales :
I. La première, que l’événement vérifia pleinement toutes ces prédictions de notre Seigneur peu après son départ de ce monde. Plusieurs séducteurs parurent en ce temps-là, les Juifs furent affligés par la guerre et par toutes sortes de fléaux, les apôtres et les chrétiens furent persécutés, l’Évangile se répandit en divers lieux du monde, Jérusalem fut assiégée et détruite avec son temple par les Romains, les chrétiens qui en sortirent furent garantis de cette désolation et enfin, tout cela arriva avant que les hommes qui vivaient du temps de Jésus-Christ fussent tous morts, comme il l’avait prédit formellement. Ce sont là des preuves de la vérité et de la divinité de l’Évangile auxquelles on ne saurait rien opposer et des marques visibles de la vengeance divine sur les Juifs.
II. Ceci doit nous persuader que ce que notre Seigneur a dit d’une manière qui n’est pas moins formelle de sa dernière venue, et de la punition des méchants, ne manquera pas d’arriver aussi.
III. La troisième réflexion est que le temps de cette venue nous est inconnu, de même que celui de notre mort, Dieu nous l’ayant caché par un effet de sa sagesse et de sa bonté, qu’ainsi nous devons y penser continuellement et nous y préparer par la prière, par une vie pure et par la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres, servant Dieu fidèlement chacun dans notre vocation afin que ce jour redoutable ne nous surprenne pas. C’est à quoi notre Seigneur nous exhorte lui-même par ces paroles qui se lisent à la fin de ce discours et qui en marquent le but et l’usage : Prenez garde à vous. Veillez et priez, car vous ne savez pas quand votre Seigneur viendra. Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.
Saint Marc commence ici l’histoire de la passion de Jésus-Christ et il rapporte : I. Qu’une femme oignit notre Seigneur avec une huile précieuse. II. Que Judas promit aux Juifs de leur livrer son maître. III. Que Jésus-Christ célébra la pâque la veille de sa mort et que, pendant le souper il prédit la trahison de Judas, qu’il institua la sainte cène et qu’il prédit aussi que Saint Pierre le renierait.
1 La fête de Pâque et des pains sans levain devait être deux jours après ; et les Scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de Jésus par finesse, et le faire mourir.
2 Mais ils disaient : Il ne faut pas que ce soit durant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.
3 Et Jésus, étant à Béthanie, dans la maison de Simon, surnommé le lépreux, une femme vint à lui, lorsqu’il était à table, avec un vase d’albâtre, plein d’une huile odoriférante et de grand prix, qu’elle lui répandit sur la tête, ayant rompu le vase.
4 Et quelques-uns en furent indignés en eux-mêmes, et dirent : Pourquoi perdre ainsi ce parfum ?
5 Car on pouvait le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Ainsi ils murmuraient contre elle.
6 Mais Jésus dit : Laissez-la ; pourquoi lui faites-vous de la peine ? Elle a fait une bonne action à mon égard.
7 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; et toutes les fois que vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien ; mais vous ne m’aurez pas toujours.
8 Elle a fait ce qui était en son pouvoir ; elle a embaumé par avance mon corps pour ma sépulture.
9 Je vous dis en vérité, que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu’elle a fait sera aussi raconté en mémoire d’elle.
10 Alors Judas Iscariot, l’un des douze, s’en alla vers les principaux sacrificateurs, pour leur livrer Jésus.
11 Ils l’écoutèrent avec joie, et ils lui promirent de lui donner de l’argent ; après quoi il chercha une occasion propre pour le leur livrer.
12 Le premier jour des pains sans levain, auquel on immolait la Pâque, ses disciples lui dirent : Où veux-tu que nous allions te préparer ce qu’il faut pour manger la Pâque ?
13 Alors il envoya deux de ses disciples, et il leur dit : Allez à la ville, et vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le.
14 Et en quelque lieu qu’il entre, dites au maître de la maison : Notre maître demande : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?
15 Et il vous montrera une grande chambre haute, meublée et toute prête ; préparez-nous là la Pâque.
16 Ses disciples donc partirent, et vinrent à la ville, et trouvèrent les choses comme il leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.
17 Quand le soir fut venu, il vint avec les douze apôtres.
18 Et comme ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : Je vous dis en vérité, que l’un de vous, qui mange avec moi, me trahira.
19 Alors ils commencèrent à s’affliger ; et ils lui dirent, l’un après l’autre : Est-ce moi ?
20 Il leur répondit : C’est l’un de vous douze, qui met la main au plat avec moi.
21 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est trahi ! il eût mieux valu pour cet homme de n’être jamais né.
22 Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit, et il le leur donna, et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.
23 Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous.
24 Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, lequel est répandu pour plusieurs.
25 Je vous dis en vérité, que je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’au jour que je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.
26 Et après qu’ils eurent chanté le cantique, ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers.
27 Alors Jésus leur dit : Je vous serai cette nuit à tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.
28 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.
29 Et Pierre lui dit : Quand tous les autres seraient scandalisés, je ne le serai pourtant pas.
30 Alors Jésus lui dit : Je te dis en vérité, qu’aujourd’hui, cette même nuit, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois.
31 Mais Pierre disait encore plus fortement : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les autres disaient la même chose.
REFLEXIONS
La première réflexion qu’il faut faire ici, regarde l’action de cette femme qui répandit sur Jésus un parfum précieux. Notre Seigneur approuva cette action, il loua le zèle et les bonnes intentions de cette femme, il dit même que la mémoire de ce qu’elle avait fait serait conservée dans l’Église. Dès là nous ne pouvons douter qu’il n’ait aussi pour agréable tout ce que nous faisons en vue de l’honorer. Ce qu’il dit à ceux qui voulaient que le prix de ce parfum fût donné aux pauvres doit nous apprendre à éviter les jugements téméraires, à ne pas condamner facilement les actions des autres lorsqu’elles peuvent partir d’un bon principe et à faire du bien aux pauvres toutes les fois que nous le pourrons.
I. L’exemple de Judas montre que l’avarice endurcit et aveugle les hommes à un tel point qu’elle les pousse dans toutes sortes de crimes.
III. Puisque Jésus-Christ prédit la trahison de Judas, il paraît de là que rien ne lui était caché, qu’il connaissait les cœurs et les desseins des hommes et qu’il savait ce qui devait lui arriver et qu’ainsi il a souffert volontairement tout ce qu’il a souffert.
IV. Jésus-Christ célébra la pâque avec ses disciples suivant la coutume des Juifs, pour faire voir qu’il était religieux observateur de tout ce qui était prescrit par la loi divine, mais il le fit surtout parce que son dessein était d’instituer la sainte-cène et de la mettre à la place de la pâque des Juifs. C’est ce qui doit nous remplir d’un très grand respect pour cette divine cérémonie que notre Seigneur a établie comme un mémorial de sa mort et nous engager à la célébrer avec reconnaissance, conformément à ses intentions.
Enfin, la prédiction du reniement de St. Pierre suppose que notre Seigneur avait une parfaite connaissance du cœur des hommes et ce qu’il dit à cet apôtre, qui protestait qu’il ne l’abandonnerait jamais, doit nous inspirer une salutaire défiance de nous-mêmes et nous porter à profiter des avertissements que Dieu nous donne et à chercher dans l’humilité, dans la vigilance et dans la prière la fermeté nécessaire pour n’être pas surpris par les tentations.
CHAPITRE XIV VERSETS 32 A 72
Saint Marc rapporte ici : I. Ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin. II. Comment il fut pris par les Juifs qui étaient conduits par Judas. III. Ce qui se passa lorsque Jésus fut présenté au conseil. IV. La chute de Saint Pierre et sa repentance.
32 Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsémané. Et Jésus dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu’à ce que j’aie prié.
33 Et il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commença à être saisi de frayeur et fort agité.
34 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez.
35 Et s’en allant un peu plus avant, il se prosterna contre terre, priant que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui.
36 Et il disait : Mon Père, toutes choses te sont possibles ; détourne cette coupe de moi ; toutefois qu’il en soit, non ce que je voudrais, mais ce que tu veux.
37 Et il revint vers eux et les trouva endormis ; et il dit à Pierre : Simon, tu dors ! n’as-tu pu veiller une heure ?
38 Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.
39 Et il s’en alla encore, et il pria disant les mêmes paroles.
40 Et étant revenu, il les trouva encore endormis, car leurs yeux étaient appesantis ; et ils ne savaient que lui répondre.
41 Et il revint pour la troisième fois, et il leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez ! C’est assez ; l’heure est venue : voici, le Fils de l’homme s’en va être livré entre les mains des méchants.
42 Levez-vous, allons, voici, celui qui me trahit s’approche.
43 Et aussitôt, comme Jésus parlait encore, Judas qui était l’un des douze, vint, et avec lui une grande troupe de gens armés d’épées et de bâtons, de la part des principaux sacrificateurs, des Scribes et des sénateurs.
44 Et celui qui le trahissait avait donné ce signal : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le, et l’emmenez sûrement.
45 Aussitôt, donc qu’il fut arrivé, il s’approcha de lui et lui dit : Maître, maître ; et il le baisa.
46 Alors ils mirent les mains sur Jésus, et le saisirent.
47 Et un de ceux qui étaient là présents tira son épée, et en frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta une oreille.
48 Alors Jésus prit la parole et leur dit : Vous êtes sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons pour me prendre.
49 J’étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi ; mais tout ceci est arrivé, afin que les Écritures fussent accomplies.
50 Alors tous ses disciples l’ayant abandonné, s’enfuirent.
51 Et il y avait un jeune homme qui le suivait, ayant le corps couvert seulement d’un linceul ; et quelques jeunes gens l’ayant pris,
52 Il leur laissa le linceul, et s’enfuit nu de leurs mains.
53 Ils menèrent ensuite Jésus chez le souverain sacrificateur où s’assemblèrent tous les principaux sacrificateurs, les sénateurs et les Scribes.
54 Pierre le suivit de loin jusque dans la cour du souverain sacrificateur ; et étant assis auprès du feu avec les domestiques, il se chauffait.
55 Or, les principaux sacrificateurs et tout le conseil cherchaient quelque témoignage contre Jésus, pour le faire mourir ; et ils n’en trouvaient point.
56 Car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui ; mais leurs dépositions ne s’accordaient pas.
57 Alors quelques-uns se levèrent, qui portèrent un faux témoignage contre lui, disant :
58 Nous lui avons ouï dire : Je détruirai ce temple, qui a été bâti par la main des hommes, et dans trois jours j’en rebâtirai un autre, qui ne sera point fait de main d’homme.
59 Mais leur déposition ne s’accordait pas non plus.
60 Alors le souverain sacrificateur se levant au milieu du conseil, interrogea Jésus, et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ?
61 Mais Jésus se tut et ne répondit rien. Le souverain sacrificateur l’interrogea encore, et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ?
62 Et Jésus lui dit : Je le suis ; et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venir sur les nuées du ciel.
63 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit : Qu’avons-nous plus à faire de témoins ?
64 Vous avez entendu le blasphème ; que vous en semble ? Alors tous le condamnèrent comme étant digne de mort.
65 Et quelques-uns se mirent à cracher contre lui, à lui couvrir le visage, et à lui donner des coups de poing ; et ils lui disaient : Devine qui t’a frappé. Et les sergents lui donnaient des coups de leurs bâtons.
66 Or, comme Pierre était en bas dans la cour, une des servantes du souverain sacrificateur y vint ;
67 Et voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarda en face, et lui dit : Et toi, tu étais avec Jésus de Nazareth.
68 Mais il le nia, et dit : Je ne le connais point, et je ne sais ce que tu dis ; et il sortit au vestibule ; et le coq chanta.
69 Et cette servante l’ayant encore vu, elle se mit à dire à ceux qui étaient présents : Cet homme est de ces gens-là.
70 Mais il le nia encore. Et un peu après, ceux qui étaient présents dirent à Pierre : Tu es assurément de ces gens-là, car tu es Galiléen, et ton langage est semblable au leur.
71 Alors il commença à faire des imprécations et à jurer, disant : Je ne connais point cet homme dont tu parles.
72 Et le coq chanta pour la seconde fois ; et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois. Et étant sorti promptement, il pleura.
REFLEXIONS
L’extrême tristesse que notre Seigneur ressentit dans le jardin est l’une des circonstances les plus remarquables de sa passion. Elle nous découvre bien clairement que c’était pour expier les péchés des hommes qu’il souffrait. Nous y voyons quelle est l’horreur du péché et de quel désespoir les méchants seront saisis lorsqu’ils seront rejetés de Dieu et qu’ils souffriront les peines dues à leurs péchés. Nous devons après cela, à l’imitation de Jésus-Christ, qui, dans son agonie, priait avec tant de ferveur et une si parfaite soumission à la volonté de son Père, invoquer Dieu avec persévérance lorsque nous sommes dans l’affliction et en même temps avec une entière résignation à sa volonté disant toujours : Seigneur, non point ce que je voudrais, mais ce que tu veux.
Jésus-Christ nous donne un avertissement bien important lorsqu’il dit : Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation, car l’esprit est prompt mais la chair est faible.
Il nous apprend par-là que le moyen infaillible de ne pas tomber dans le péché est de nous défier de notre faiblesse, de veiller et de prier, mais que les tentations nous entrainent dès que nous nous négligeons de ce côté-là.
On voit dans ce qui se passa lorsque notre Seigneur fut pris et dans ce qu’il dit alors à Judas et aux Juifs qu’il ne fut pris et condamné que parce qu’il le voulait bien et parce que Dieu le permettait. C’est là pour nous un puissant engagement à aimer ardemment notre Sauveur qui s’est exposé volontairement à la mort pour nous et à acquiescer en toutes choses à la volonté du Seigneur.
On doit remarquer : que Jésus parut devant le conseil, qu’il fut examiné, qu’on entendit des témoins, mais qu’il ne put être convaincu d’aucun crime, quelques efforts que les Juifs fissent pour trouver des accusations et des faux témoignages contre lui et qu’il ne fut condamné que parce qu’il avoua qu’il était le fils de Dieu. Tout cela fut dispensé par la providence pour faire voir la parfaite innocence de notre Seigneur.
Cette grande douceur et cette patience qu’il fit paraître par ses discours et en souffrant toutes sortes d’indignités est une preuve bien sensible de sa soumission à la volonté de son Père et de son amour envers nous et un modèle de patience auquel nous devons nous conformer. Après cela, il est à remarquer que notre Seigneur avoua qu’il était le fils de Dieu et qu’il dit aux Juifs qu’ils le verraient bientôt assis à la droite de Dieu et venant dans sa gloire. Cela s’accomplit peu après, lorsque les Juifs furent détruits et qu’ils virent le règne de notre Seigneur s’établir dans le monde.
Nous devons enfin profiter de la chute de Saint Pierre qui renia son maître après avoir protesté si fortement qu’il ne l’abandonnerait jamais. Tout le monde et même les personnes qui ont du zèle et de bons sentiments peuvent voir ici combien grande est notre faiblesse et comment nous ne saurions jamais trop nous précautionner contre les tentations. La repentance de cet apôtre, qui fut si prompte et si amère, nous apprend que si nous avons fait quelque chute nous devons nous en relever incontinent, en avoir une vive douleur et la réparer par le recours à la miséricorde de Dieu et par une sincère conversion.
Jésus-Christ est présenté à Pilate qui, après avoir tâché de le délivrer, consent enfin à sa mort. Il est crucifié, il meurt et on l’ensevelit.
1 Dès qu’il fut jour, les principaux sacrificateurs, avec les sénateurs et les Scribes, et tout le conseil, ayant délibéré ensemble, emmenèrent Jésus lié, et le livrèrent à Pilate.
2 Et Pilate l’interrogea et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis.
3 Et les principaux sacrificateurs l’accusaient de plusieurs choses ; mais il ne répondait rien.
4 Et Pilate l’interrogea encore et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Vois combien de choses ils avancent contre toi.
5 Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate en était tout surpris.
6 Or, il avait accoutumé de relâcher, à la fête de Pâque, celui des prisonniers que le peuple demandait.
7 Et il y en avait un, nommé Barabbas, qui était en prison avec d’autres séditieux qui avaient commis un meurtre dans une sédition.
8 Et le peuple se mit à demander, avec de grands cris, qu’il leur fît comme il leur avait toujours fait.
9 Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?
10 Car il savait bien que c’était par envie que les principaux sacrificateurs l’avaient livré.
11 Mais les principaux sacrificateurs incitèrent le peuple à demander qu’il leur relâchât plutôt Barabbas.
12 Et Pilate, reprenant la parole, leur dit : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ?
13 Et ils crièrent de nouveau : Crucifie-le.
14 Et Pilate leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Crucifie-le.
15 Pilate donc, voulant contenter le peuple, leur relâcha Barabbas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié.
16 Alors les soldats l’emmenèrent dans la cour du prétoire, et ils y assemblèrent toute la compagnie des soldats ;
17 et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre, et lui mirent sur la tête une couronne d’épines qu’ils avaient entrelacées.
18 Et ils se mirent à le saluer, en disant : Je te salue, roi des Juifs.
19 Et ils lui frappaient la tête avec une canne, et ils crachaient contre lui, et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.
20 Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau de pourpre, et lui ayant remis ses habits, ils l’emmenèrent pour le crucifier.
21 Et un certain homme de Cyrène, nommé Simon, père d’Alexandre et de Rufus, passant par là en revenant des champs, ils le contraignirent de porter la croix de Jésus.
22 Et ils le conduisirent au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire la place du crâne.
23 Et ils lui présentèrent à boire du vin mêlé avec de la myrrhe ; mais il n’en but point.
24 Et après l’avoir crucifié, ils partagèrent ses habits, en les jetant au sort, pour savoir ce que chacun en aurait.
25 Il était la troisième heure quand ils le crucifièrent.
26 Et le sujet de sa condamnation était marqué par cet écriteau : LE ROI DES JUIFS.
27 Ils crucifièrent aussi avec lui deux brigands, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.
28 Ainsi cette parole de l’Écriture fut accomplie : Il a été mis au rang des malfaiteurs.
29 Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, hochant la tête et disant : Hé ! toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours,
30 sauve-toi toi-même, et descends de la croix.
31 De même aussi les principaux sacrificateurs et les Scribes disaient entre eux, en se moquant : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même.
32 Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous le voyions, et que nous croyions. Et ceux qui étaient crucifiés avec lui, lui disaient aussi des outrages.
33 Mais depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.
34 Et à la neuvième heure Jésus cria à haute voix, disant : Éloï, Éloï, lamma sabachthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
35 Et quelques-uns de ceux qui étaient présents, l’ayant entendu, disaient : Voilà qu’il appelle Élie.
36 Et l’un d’eux courut, emplit une éponge de vinaigre, la mit au bout d’une canne, et la lui présenta pour boire, en disant : Laissez, voyons si Élie viendra l’ôter de la croix.
37 Alors Jésus ayant jeté un grand cri, rendit l’esprit.
38 Et le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’au bas.
39 Et le centenier qui était vis-à-vis de lui, voyant qu’il était expiré en criant ainsi, dit : Cet homme était véritablement Fils de Dieu.
40 Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin, entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques le petit et de Joses, et Salomé,
41 lesquelles le suivaient et le servaient lorsqu’il était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem.
42 Comme il était déjà tard, et que c’était le jour de la préparation, c’est-à-dire la veille du sabbat,
43 Joseph d’Arimathée, qui était un sénateur de considération, et qui attendait aussi le règne de Dieu, vint avec hardiesse vers Pilate, et lui demanda le corps de Jésus.
44 Pilate s’étonna qu’il fût déjà mort ; et ayant appelé le centenier, il lui demanda s’il y avait longtemps qu’il était mort.
45 Et l’ayant appris du centenier, il donna le corps à Joseph.
46 Et Joseph ayant acheté un linceul, le descendit de la croix, l’enveloppa dans ce linceul, et le mit dans un sépulcre qui était taillé dans le roc ; et il roula une pierre à l’entrée du sépulcre.
47 Et Marie-Magdelaine et Marie, mère de Joses, regardaient où on le mettait.
REFLEXIONS
Il y a quatre choses principales à remarquer dans ce qui se passa devant Pilate :
I. L’injustice et la fureur des Juifs que rien ne put apaiser et qui sollicitèrent avec tant d’instance la condamnation de Jésus, jusque-là qu’ils lui préférèrent un meurtrier.
II. L’humilité, le silence et la patience de notre Seigneur qui se soumit à la sentence de Pilate et qui souffrit sans se plaindre toutes les injustices qu’on lui fit. Ce sont là de fortes preuves de son amour pour les hommes qu’ils voulaient sauver et de sa soumission à la volonté de son Père et c’est aussi un exemple de résignation pour ceux qui sont exposés à la souffrance et à l’injustice des hommes.
III. Il faut remarquer que l’innocence de Jésus-Christ fut pleinement reconnue par Pilate, ce qui aggravait le crime des Juifs et celui de ce gouverneur.
IV. Et enfin que ce juge inique, après avoir refusé de faire ce que les Juifs voulaient et tâché de sauver Jésus-Christ, prononça enfin la sentence de sa mort. Pilate connaissait ce que la justice demandait, il avait même de bonnes intentions, mais il n’eut pas le courage de les suivre.
C’est ainsi qu’en usent ceux qui pèchent contre leur conviction, ils connaissent leur devoir, ils ont quelque bonne volonté, mais après avoir résisté quelques temps à la tentation, ils y succombent par la crainte qu’ils ont des hommes, par des vues de politique et d’intérêt ou par quelque autre principe de cette nature. Au lieu que les gens de bien sont toujours attachés à leur devoir et suivent avec fermeté ce que la conscience leur dicte, sans que les égards humains soient capables de les en empêcher.
Ce que l’on doit principalement considérer dans la passion de notre Seigneur, ce sont les douleurs de ce supplice cruel qu’il endura, la honte et l’ignominie à laquelle il fut exposé ayant été crucifié au milieu de deux brigands, les outrages et les insultes que les pharisiens et les sacrificateurs lui firent pendant qu’il était attaché à la croix et enfin la mort qui termina ses souffrances. On découvre en tout cela le profond abaissement du fils de Dieu, le grand amour qu’il nous a porté et l’exemple de la patience la plus parfaite.
Ainsi nous devons regarder cette mort comme le prix de notre rédemption et l’appui de notre foi, aimer ce bon Sauveur, qui nous a tant aimé, renoncer au péché qu’il est venu détruire par sa mort et apprendre, par son exemple, à porter notre croix et à souffrir patiemment lorsque nous y sommes appelés.
L’histoire de la sépulture de Jésus-Christ et les informations que Pilate fit prendre avant que d’accorder son corps à Joseph prouvent qu’il a été véritablement mort et qu’ainsi il est véritablement ressuscité. La considération de cette sépulture est aussi très propre pour dissiper la crainte que nous pourrions avoir de la mort et du sépulcre et pour nous élever à l’attente d’une meilleure vie.
Dans ce dernier chapitre de Saint Marc, on voit : I. L’histoire de la résurrection de Jésus-Christ. II. les ordres qu’il donna aux apôtres avant que de quitter le monde. III. Son ascension.
1 Après que le sabbat fut passé, Marie-Magdelaine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des drogues aromatiques pour venir embaumer le corps de Jésus.
2 Et elles vinrent au sépulcre de grand matin, le premier jour de la semaine, comme le soleil venait de se lever.
3 Et elles disaient entre elles : Qui nous ôtera la pierre qui ferme l’entrée du sépulcre ?
4 Et ayant regardé, elles virent que la pierre avait été ôtée ; or, elle était fort grande.
5 Puis, étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche ; et elles en furent épouvantées.
6 Mais il leur dit : Ne vous effrayez point ; vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est plus ici ; voici le lieu où on l’avait mis.
7 Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il s’en va devant vous en Galilée ; vous le verrez là, comme il vous l’a dit.
8 Elles sortirent aussitôt du sépulcre, et elles s’enfuirent ; car elles étaient saisies de crainte et d’étonnement. Et elles n’en dirent rien à personne, tant elles étaient effrayées.
9 Or, Jésus, étant ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, apparut premièrement à Marie-Magdelaine, de laquelle il avait chassé sept démons.
10 Et elle s’en alla, et l’annonça à ceux qui avaient été avec lui, et qui étaient dans le deuil et dans les larmes.
11 Mais eux, lui ayant ouï dire qu’il était vivant, et qu’elle l’avait vu, ne le crurent point.
12 Après cela il se montra sous une autre forme à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.
13 Et ceux-ci s’en allèrent le dire aux autres disciples ; mais ils ne les crurent pas non plus.
14 Enfin il se montra aux onze apôtres, comme ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.
15 Et il leur dit : Allez-vous-en par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature humaine.
16 Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira point sera condamné.
17 Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : Ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront de nouvelles langues ;
18 ils chasseront les serpents ; quand ils auront bu quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et ils seront guéris.
19 Le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé, fut élevé au ciel, et il s’assit à la droite de Dieu.
20 Et eux, étant partis, prêchèrent partout ; le Seigneur opérant avec eux, et confirmant la parole par les miracles qui l’accompagnaient.
REFLEXIONS
Ce qui est contenu dans ce chapitre établit premièrement la vérité et la certitude de la résurrection de Jésus-Christ, puisqu’elle a été confirmée par l’apparition et par le témoignage des anges et que notre Seigneur fut vu par les femmes qui étaient allées à son sépulcre et ensuite par les apôtres à diverses fois.
Nous devons considérer aussi combien cette résurrection fut glorieuse, Dieu ayant envoyé des anges pour annoncer aux hommes qu’il était ressuscité. Ce merveilleux événement prouve donc que Jésus est le fils de Dieu et nous assure qu’il nous a parfaitement réconcilié à Dieu par son sacrifice et qu’il a vaincu la mort et le sépulcre. Cette résurrection est aussi un gage certain de la nôtre, ce qui doit nous remplir de consolation et de confiance et nous exciter puissamment à la piété.
Les ordres que Jésus-Christ donna aux apôtres d’aller prêcher et baptiser par tout le monde et le pouvoir dont il les revêtit de faire toutes sortes de miracles montrent qu’il parlait comme le roi de l’Église et le Maître de toutes choses. Et l’événement ayant répondu à ce qu’il avait dit, cela prouve d’une manière incontestable qu’il a été élevé à une souveraine puissance et que l’Évangile est une doctrine céleste et divine.
Nous devons remarquer de plus que Jésus-Christ parle ici du baptême en des termes qui font voir que cette cérémonie est une institution divine, mais en même temps il déclare que le baptême ne peut sauver que lorsqu’il est accompagné d’une vraie foi.
Enfin l’ascension de Jésus-Christ nous engage à le regarder comme celui qui a un pouvoir souverain sur tout le monde et qui doit être notre juge. Et puisqu’il est aussi allé au Ciel pour nous y préparer place, nous devons par la piété et par les bonnes œuvres aspirer et tendre à ce glorieux séjour, où notre Rédempteur est entré et où il est assis à la droite de Dieu.
BROCHURE D'EVANGELISATION
COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?
Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.
Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).
L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.
Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.
Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.
Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père, qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.
Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).
Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.
Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui.
Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).
Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?
Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.
Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.
Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).
L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes.
Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)
Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;
Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.
Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)
Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.
La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !
Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)
Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.
Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)
Amen !
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- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
Nous avons dans l’évangile l’histoire de la naissance de notre Seigneur, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection, et de son ascension au ciel. Le devoir des chrétiens est d’apporter une grande attention et un grand respect à la lecture de ces livres divins, de les méditer continuellement et de profiter des instructions qui y sont contenues. Le premier des quatre Evangiles a été écrit par l’Apôtre St. Matthieu environ huit ans, comme l’on croit, après que Jésus-Christ fu monté au ciel.
Chapitres : Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Chapitre XVII. Chapitre XVIII. Chapitre XIX. Chapitre XX. Chapitre XXI. Chapitre XXII. Chapitre XXIII. Chapitre XXIV. Chapitre XXV. XXVI. Chapitre XXVII. Chapitre XXVIII. Livres du Nouveau Testament.
Ce chapitre contient, I. La généalogie de Jésus-Christ, depuis Abraham jusqu’à Joseph l’époux de la Sainte vierge Marie. II. Un récit abrégé de la naissance de notre Seigneur.
1 La généalogie de JÉSUS-CHRIST, fils de David, fils d’Abraham.
2 Abraham fut père d’Isaac. Isaac fut père de Jacob. Jacob fut père de Juda et de ses frères.
3 Juda eut de Thamar Pharez et Zara. Pharez fut père d’Esrom. Esrom fut père d’Aram.
4 Aram fut père d’Aminadab. Aminadab fut père de Naasson. Naasson fut père de Salmon.
5 Salmon eut Booz de Rahab. Booz eut Obed de Ruth. Obed fut père de Jessé.
6 Jessé fut père du roi David. Le roi David eut Salomon, de celle qui avait été femme d’Urie.
7 Salomon fut père de Roboam. Roboam fut père d’Abia. Abia fut père d’Asa.
8 Asa fut père de Josaphat. Josaphat fut père de Joram. Joram fut père d’Hosias.
9 Hosias fut père de Joatham. Joatham fut père d’Achas. Achas fut père d’Ézéchias.
10 Ézéchias fut père de Manassé. Manassé fut père d’Amon. Amon fut père de Josias.
11 Josias fut père de Joakim. Joakim fut père de Jéchonias et de ses frères, vers le temps qu’ils furent transportés à Babylone.
12 Et après qu’ils eurent été transportés à Babylone, Jéchonias fut père de Salathiel. Salathiel fut père de Zorobabel.
13 Zorobabel fut père d’Abiud. Abiud fut père d’Eliakim. Eliakim fut père d’Azor.
14 Azor fut père de Sadoc. Sadoc fut père d’Achim. Achim fut père d’Eliud.
15 Eliud fut père d’Eléazar. Eléazar fut père de Matthan. Matthan fut père de Jacob ;
16 et Jacob fut père de Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé CHRIST.
17 Ainsi toutes les générations depuis Abraham jusqu’à David sont quatorze générations ; et depuis David jusqu’au temps qu’ils furent emmenés à Babylone, quatorze générations ; et depuis qu’ils eurent été emmenés à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.
18 Or, la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi : Marie sa mère ayant été fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils fussent ensemble.
19 Alors Joseph son époux, étant un homme de bien, et ne voulant pas la diffamer, voulut la quitter secrètement.
20 Mais comme il pensait à cela, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre Marie pour ta femme, car ce qu’elle a conçu est du Saint-Esprit ;
21 et elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés.
22 Or, tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le prophète :
23 Voici, une vierge sera enceinte, et elle enfantera un fils, et on le nommera EMMANUEL, ce qui signifie : DIEU AVEC NOUS.
24 Joseph donc étant réveillé de son sommeil, fit comme l’ange du Seigneur lui avait commandé, et il prit sa femme.
25 Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté son fils premier-né, et il lui donna le nom de Jésus.
RÉFLEXIONS
La généalogie de Jésus-Christ qui est rapportée dans ce premier chapitre de S. Matthieu sert à montrer qu’il est descendu du patriarche Abraham et du roi David selon que les prophètes l’avaient prédit et l’histoire de sa conception et de sa naissance nous apprend qu’il est né de la vierge Marie d’une manière miraculeuse par l’opération du Saint-Esprit conformément à ce qui avait été dit autrefois par le prophète Esaïe. L’une et l’autre de ces choses prouvent que Jésus est le Messie que Dieu avait promis d’envoyer et que c’est en lui que les promesses de Dieu et les oracles du Vieux Testament ont eu leur accomplissement, ce qui nous engage à le recevoir comme notre sauveur, à nous soumettre à sa doctrine et à rendre grâce à Dieu de ce qu’il nous a donnés pour rédempteur son Fils unique qui est né de la postérité de David selon la chair et qui est Dieu sur toutes choses bénit éternellement. Amen. Romains I.3 et IX.5.
Saint Matthieu rapporte quatre choses : I. L’arrivée des mages qui vinrent adorer Jésus après qu’il fut né. Ces mages étaient des personnes éclairées et d’un rang distingué et ils venaient de l’Arabie ou de quelque autre pays situé à l’orient de la Judée. II. La retraite de Joseph et de Marie qui s’enfuirent en Égypte pour éviter la fureur d’Hérode. III. Le massacre des enfants de Bethléem qu’Hérode fît tuer pensant faire périr notre Seigneur. IV. Le retour de Joseph et de Marie en Judée après la mort d’Hérode.
1 JESUS étant né à Bethléem, ville de Judée, au temps du roi Hérode, des Mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem,
2 Et dirent : Où est le Roi des Juifs qui est né ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.
3 Le Roi Hérode l'ayant appris, en fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.
4 Et ayant assemblé tous les principaux sacrificateurs et les Scribes du peuple, il s’informa d’eux où le Christ devait naître.
5 Et ils lui dirent : C’est à Bethléem, ville de Judée ; car c’est ainsi que l’a écrit un prophète :
6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre entre les principales villes de Juda, car c’est de toi que sortira le Conducteur qui paîtra Israël mon peuple.
7 Alors Hérode ayant appelé en secret les Mages, il s’informa d’eux exactement du temps auquel ils avaient vu l’étoile ;
8 et les envoyant à Bethléem, il leur dit : Allez, et informez-vous exactement de ce petit enfant, et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’y aille aussi, et que je l’adore.
9 Eux donc, ayant ouï le roi, s’en allèrent ; et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était le petit enfant, elle s’y arrêta.
10 Et quand ils virent l’étoile s’arrêter, ils eurent une fort grande joie.
11 Et étant entrés dans la maison, ils trouvèrent le petit enfant, avec Marie sa mère, lequel ils adorèrent en se prosternant ; et après avoir ouvert leurs trésors, ils lui présentèrent des dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.
12 Et ayant été divinement avertis par un songe de ne pas retourner vers Hérode, ils se retirèrent en leur pays par un autre chemin.
13 Après qu’ils furent partis, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et lui dit : Lève-toi ; prends le petit enfant et sa mère, et t'enfuis en Égypte, et te tiens là jusqu’à ce que je te le dise ; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir.
14 Joseph donc étant réveillé, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte.
15 Et il y demeura jusqu’à la mort d’Hérode. C’est ainsi que s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par un prophète : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte.
16 Alors Hérode voyant que les Mages s’étaient moqués de lui, fut fort en colère ; et ayant envoyé ses gens, il mit à mort tous les enfants qui étaient dans Bethléem et dans tout son territoire, depuis ceux de deux ans et au-dessus, selon le temps dont il s’était exactement informé des Mages.
17 Alors s’accomplit ce qui avait été dit par Jérémie le prophète :
18 On a ouï dans Rama des cris, des lamentations, des pleurs et de grands gémissements, Rachel pleurant ses enfants ; et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus.
19 Mais après qu’Hérode fut mort, l’ange du Seigneur apparut à Joseph en songe en Égypte.
20 Et il lui dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et retourne au pays d’Israël ; car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts.
21 Joseph donc s’étant levé, prit le petit enfant et sa mère, et s’en vint au pays d’Israël.
22 Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée en la place d’Hérode son père, il craignit d’y aller, et ayant été averti divinement en songe, il se retira dans les quartiers de la Galilée,
23 Et alla demeurer dans une ville appelée Nazareth, de sorte que fut accompli ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazarien.
RÉFLEXIONS
I. La première réflexion qu’il faut faire sur ce chapitre est que les mages vinrent adorer Jésus après sa naissance, étant conduits vers lui par une étoile miraculeuse que Dieu fit paraître et sans doute aussi par un avertissement qu’ils reçurent du ciel. Dieu voulut par-là rendre cette naissance illustre, montrer la dignité de la personne de Jésus et apprendre aux Juifs que le Messie qu’ils attendaient allait paraître. Cela marquait aussi que les païens seraient bientôt reçus dans l’alliance divine. II. La démarche d’Hérode qui consulta les sacrificateurs et les docteurs juifs et la réponse qu’ils leur firent prouvent que l’on était alors dans l’attente du Messie et que l’on croyait que Bethléem serait le lieu de sa naissance. III. Les hommages que ces étrangers rendirent à Jésus petit enfant en se prosternant devant lui et en lui présentant leurs dons doivent nous engager, nous qui savons qu’il est notre Sauveur et notre Dieu à lui offrir nos adorations, nos louanges et notre amour et à lui consacrer tout ce qui est en notre puissance. IV. L’on voit dans la conduite d’Hérode envers les mages et dans le massacre qu’il fit faire des enfants de Bethléem que ce prince artificieux et cruel employa tous les moyens possibles pour ôter la vie à l’enfant Jésus et qu’ainsi notre Seigneur fut exposé dès sa naissance à de grands dangers, ce qui montrait dès lors que son règne ne serait pas de ce monde et qu’il était né pour souffrir. V. Enfin, l’on remarque dans cette histoire que Dieu par les avertissements qu’il fit donner aux mages et ensuite à Joseph rendit les efforts d’Hérode inutiles, en sorte que les mesures que ce roi injuste et barbare avait prises pour faire périr Jésus quelques sûres qu’elles parussent être n’empêchèrent pas que notre Seigneur ne fût conservé en vie, qu’il ne revint dans la Judée et qu’il n’y exerça dans la suite son ministère. Tous ces événements font voir que la providence dirigeait d’une façon particulière tout ce qui arrivait à Jésus-Christ. On peut aussi recueillir de là que tous les efforts que les hommes peuvent faire ne sauraient empêcher l’exécution des desseins de Dieu, ni nuire à ceux qu’il favorise.
Ce chapitre a deux parties. Dans la première, il est parlé de la prédication et du ministère de Jean Baptiste, Et dans la seconde, Saint Matthieu rapporte le baptême de notre Seigneur.
1 En ce temps-là Jean-Baptiste vint, prêchant dans le désert de Judée,
2 Et disant : Amendez-vous, car le royaume des cieux est proche ;
3 Car c’est celui dont Esaïe le prophète a parlé, en disant : La voix de celui qui crie dans le désert, dit : Préparez le chemin du Seigneur, dressez ses sentiers.
4 Or ce Jean avait un habit de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins, et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage.
5 Alors ceux de Jérusalem, et de toute la Judée, et de tout le pays des environs du Jourdain venaient à lui ;
6 Et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, confessant leurs péchés.
7 Lui donc voyant plusieurs des Pharisiens et des Sadducéens venir à son baptême, leur dit : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?
8 Faites donc des fruits convenables à la repentance.
9 Et n’allez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que, même de ces pierres, Dieu peut faire naître des enfants à Abraham.
10 Et la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit point de bon fruit va être coupé et jeté au feu.
11 Pour moi, je vous baptise d’eau, pour vous porter à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de lui porter les souliers ; c’est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.
12 Il a son van dans ses mains, et il nettoiera parfaitement son aire, et amassera son froment dans le grenier ; mais il brûlera la balle au feu qui ne s’éteint point.
13 Alors Jésus vint de Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui.
14 Mais Jean s’y opposait, disant : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi !
15 Et Jésus répondant, lui dit : Ne t’y oppose pas pour le présent ; car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir tout ce qui est juste. Alors il ne s’y opposa plus.
16 Et quand Jésus eut été baptisé, il sortit incontinent de l’eau, et à l'instant les cieux s’ouvrirent sur lui, et Jean vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant sur lui.
17 En même temps une voix vint des cieux, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
RÉFLEXIONS
Il faut faire d’abord cette considération générale sur la première partie de ce chapitre qu’avant que Jésus-Christ parût, Jean-Baptiste fut envoyé de Dieu selon les oracles des prophètes pour annoncer aux Juifs la venue du Messie et pour les exhorter à la repentance.
Par-là Dieu voulait leur apprendre que le temps de la manifestation du règne du Messie était arrivé, mais que ce serait un règne spirituel et céleste et non un règne temporel et mondain comme ils le croyaient. C’était dans les mêmes vues que Jean Baptiste déclarait aux Juifs que le privilège qu’ils avaient de descendre du patriarche Abraham ne les garantissait point de la vengeance divine qui était prête à tomber sur leur nation à cause de son incrédulité et que Dieu appellerait d’autres peuples à leur place qui deviendraient les enfants d’Abraham par la foi. Enfin, il leur donnait à entendre que Jésus allait paraître et que ce serait lui qui exécuterait les jugements de Dieu sur les incrédules et sur les impénitents et qui donnerait de glorieuses récompenses aux gens de bien. Ce fut ainsi que Dieu, par sa sagesse, voulut disposer les Juifs à recevoir Jésus-Christ et les faire revenir des préjugés où ils étaient sur le règne du Messie et qui les auraient empêchés de croire en lui. Ce que nous devons recueillir de la prédication de Jean-Baptiste, c’est que sans l’amendement et la sainteté de la vie, on ne peut être disciple de Jésus-Christ, ni entrer dans le royaume de Dieu. Elle nous apprend que, comme les Juifs incrédules se vantaient en vain d’être les enfants d’Abraham, il ne sert de rien aux hypocrites d’être extérieurement dans l’alliance divine, que Jésus-Christ les discerne et les connaît, qu’il les séparera d’avec les justes et qu’il nettoiera son Église en envoyant les méchants au feu éternel et en recevant les vrais fidèles dans son royaume. Pour ce qui est du baptême de notre Seigneur, il faut considérer que dans le temps qu’il allait commencer les fonctions de sa charge, Dieu voulut qu’il fût baptisé par St. Jean son précurseur, que même il fit descendre le Saint-Esprit sur lui d’une manière visible et qu’il déclara par une voix venue du Ciel que Jésus était son fils bien-aimé. Ces choses arrivèrent pour montrer premièrement à Jean Baptiste et ensuite à tout le peuple que Jésus était le Messie promis. Ainsi, l’histoire du baptême de Jésus-Christ nous oblige de le regarder comme le fils de Dieu et à lui rendre une obéissance inviolable. Elle nous engage aussi à respecter le baptême par lequel nous avons été consacrés à Dieu pour être ses enfants et les héritiers de son royaume.
Saint Matthieu rapporte dans ce chapitre : I. L’histoire de la tentation de Jésus-Christ. II. La manière dont il commença à exercer son ministère dans la Galilée en annonçant la venue du règne de Dieu, en choisissant des apôtres et en faisant des miracles.
1 Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans un désert pour être tenté par le diable.
2 Et après qu’il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.
3 Et le tentateur s’étant approché de lui, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.
4 Mais Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de tout ce qui sort de la bouche de Dieu.
5 Alors le diable le mena dans la ville sainte et le mit sur le haut du temple.
6 Et il lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit qu’il ordonnera à ses anges d’avoir soin de toi ; et ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre.
7 Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.
8 Le diable le mena encore sur une montagne fort haute, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire ;
9 Et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si, en te prosternant, tu m’adores.
10 Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.
11 Alors le diable le laissa ; et aussitôt les anges vinrent et le servirent.
12 Or, Jésus ayant appris que Jean avait été mis en prison, se retira dans la Galilée.
13 Et ayant quitté Nazareth, il vint demeurer à Capernaüm, ville proche de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephthali.
14 En sorte que ce qui avait été dit par Esaïe le prophète fut accompli :
15 Le pays de Zabulon et de Nephthali, le pays qui est sur le chemin de la mer, au-delà du Jourdain, la Galilée des gentils,
16 Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et la lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis dans la région et dans l’ombre de la mort.
17 Dès lors Jésus commença à prêcher et à dire : Amendez-vous ; car le royaume des cieux est proche.
18 Et Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, qui fut appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car ils étaient pêcheurs.
19 Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.
20 Et eux, laissant incontinent leurs filets, le suivirent.
21 De là, étant passé plus avant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque, avec Zébédée leur père, qui raccommodaient leurs filets, et il les appela.
22 Et eux, laissant incontinent leur barque et leur père, le suivirent.
23 Et Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu, et guérissant toutes sortes de maladies et de langueurs parmi le peuple.
24 Et sa renommée se répandit par toute la Syrie ; et on lui présentait tous ceux qui étaient malades et détenus de divers maux et de divers tourments, les démoniaques, les lunatiques, les paralytiques ; et il les guérissait.
25 Et une grande multitude le suivit de Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de Judée, et de delà le Jourdain.
RÉFLEXIONS
Il faut remarquer en général sur l’histoire de la tentation que le diable en tentant notre Seigneur voulait éprouver s’il était le fils de Dieu et que Dieu permit cette tentation afin que le diable convaincu de cette vérité révérât la puissance de Jésus-Christ et afin qu’il parût que notre Seigneur était venu au monde pour détruire le règne du diable. Il faut considérer après cela sur cette histoire que puisque Jésus-Christ a été tenté, il ne faut pas être surpris si nous le sommes en diverses manières, mais que nous devons, à l’exemple de notre Seigneur, résister aux tentations et particulièrement à celles qui pourraient nous porter à la défiance, à la présomption, à l’amour de la gloire et des biens du monde, ou qui tendraient à nous détourner du vrai service de Dieu et de la fidélité que nous lui devons. La manière dont Jésus-Christ repoussa les tentations de satan en se servant de l’Écriture sainte nous montre que c’est par la parole de Dieu que nous pouvons rendre les tentations inutiles et éteindre tous les traits enflammés du malin. Il y a trois choses à remarquer sur la seconde partie de ce chapitre. I. La première que Jésus-Christ commença à exercer son ministère dans la Galilée en prêchant l’amendement comme Jean Baptiste avait fait. Cela doit nous convaincre de plus en plus que la sainteté de la vie était le but de l’Évangile que Jésus-Christ venait annoncer et que c’est aussi ce qu’il exige principalement de ses disciples. II. Le choix que notre Seigneur fit en appelant des pêcheurs pour en faire des apôtres est remarquable, il prouve que le succès que leur prédication eut dans la suite ne venait pas d’eux-mêmes et qu’on ne peut l’attribuer qu’à Dieu qui les revêtit de ses dons. III. Enfin, les guérisons miraculeuses par lesquelles Jésus se fit d’abord connaître tendaient à faire voir qu’il était envoyé de Dieu, que sa doctrine venait du ciel et qu’il n’était venu au monde que pour le bien et le salut des hommes.
Ce chapitre contient avec les deux suivants le sermon que Jésus fit sur la montagne. Dans la première partie de ce chapitre, notre Seigneur fait deux choses. I. Il enseigne dans quelles dispositions il faut être pour parvenir au vrai bonheur. Il parle de l’obligation où sont ses disciples de vivre dans une grande sainteté.
1 JESUS voyant le peuple, monta sur une montagne, et s’étant assis, ses disciples s’approchèrent de lui.
2 Et ouvrant sa bouche, il les enseignait, en disant :
3 Heureux les pauvres en esprit ; car le royaume des cieux est à eux.
4 Heureux ceux qui sont dans l’affliction ; car ils seront consolés.
5 Heureux les débonnaires ; car ils hériteront la terre.
6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ; car ils seront rassasiés.
7 Heureux les miséricordieux ; car ils obtiendront miséricorde.
8 Heureux ceux qui ont le cœur pur ; car ils verront Dieu.
9 Heureux ceux qui procurent la paix ; car ils seront appelés enfants de Dieu.
10 Heureux ceux qui seront persécutés pour la justice ; car le royaume des cieux est à eux.
11 Vous serez heureux, lorsqu’à cause de moi on vous dira des injures, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte de mal.
12 Réjouissez-vous alors, et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car on a ainsi persécuté les prophètes qui ont été avant vous.
13 Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la salera-t-on ? Il ne vaut plus rien qu’à être jeté dehors, et à être foulé aux pieds par les hommes.
14 Vous êtes la lumière du monde ; une ville située sur une montagne ne peut être cachée ;
15 Et on n’allume point une chandelle pour la mettre sous un boisseau, mais on la met sur un chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.
16 Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre père qui est dans les cieux.
17 Ne pensez point que je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour les abolir, mais pour les accomplir ;
18 Car je vous dis en vérité que, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, il n’y aura rien dans la loi qui ne s’accomplisse, jusqu’à un seul iota, et à un seul trait de lettre.
19 Celui donc qui aura violé l’un de ces plus petits commandements, et qui aura ainsi enseigné les hommes, sera estimé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les aura observés et enseignés, celui-là sera estimé grand dans le royaume des cieux.
20 Car je vous dis, que si votre justice ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.
RÉFLEXIONS
Le but de Jésus-Christ dans ce discours, qui est contenu dans les chapitres V, VI et VII de Saint Matthieu, est en général d’instruire ses disciples des principaux devoirs de la vie chrétienne. C’est pourquoi nous devons le lire avec une grande application et régler notre conduite par les divins préceptes qu’il contient. Il y a deux considérations à faire sur la première partie de ce chapitre : I. Les béatitudes nous enseignent en quoi consiste le vrai bonheur de l’homme et à quoi l’on reconnaît les vrais disciples de Jésus-Christ. Leur caractère est de n’avoir point le cœur attaché aux richesses, ni aux plaisirs, ni à la gloire du monde, de vivre dans le détachement des biens de la terre, dans la douceur, dans l’humilité, dans la pureté et dans la paix, de désirer ardemment et par-dessus toutes choses d’être justes et de plaire à Dieu ; et enfin, de souffrir avec joie la persécution pour l’Évangile. II. Jésus-Christ nous apprend que les disciples sont le sel de la terre et la lumière du monde, ce qui veut dire qu’ils doivent se distinguer des autres hommes par la sainteté de leur vie et travailler à les éclairer et à les édifier par leurs instructions et par leurs bons exemples. Il dit expressément que, tant s’en faut qu’il est venu au monde pour dispenser les hommes d’observer la loi de Dieu, il était venu au contraire pour les obliger encore plus fortement à l’accomplir et cela de la manière la plus parfaite. III. Enfin, il déclare qu’il ne recevra pas dans son royaume ceux qui n’auront pas une justice et une sainteté plus accomplie que celle qui était enseignée par les docteurs de la loi et par les pharisiens qui passaient parmi les Juifs pour les plus éclairés et les plus saints. Toutes ces instructions de notre Seigneur doivent nous faire sentir l’obligation indispensable où nous sommes de nous étudier à une vie sainte et même d’aspirer de toutes nos forces à une grande perfection.
CHAPITRE V VERSETS 21 A 48
Jésus-Christ, voulant montrer que ses disciples sont appelés à une grande sainteté, enseigne qu’il ne suffit pas de s’abstenir des grands crimes qui sont condamnés expressément dans la loi de Dieu, mais qu’il faut encore éviter les péchés qui paraissent moins considérables et régler surtout les mouvements du cœur.
Dans cette vue il rapporte les commandements qui regardent : le meurtre, adultère, les serments, la vengeance, et l’amour du prochain. Il corrige les fausses interprétations que les Juifs donnaient à ces commandements-là et il en marque le véritable sens.
21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et celui qui tuera sera punissable par les juges.
22 Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère, sans cause, sera puni par les juges ; et celui qui dira à son frère, Racha, sera puni par le conseil, et celui qui lui dira, fou, sera puni par la géhenne du feu.
23 Si donc tu apportes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,
24 Laisse là ton offrande devant l’autel, et va-t’en premièrement te réconcilier avec ton frère ; et après cela viens et offre ton offrande.
25 Accorde-toi au plus tôt avec ta partie adverse, pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison.
26 Je te dis en vérité, que tu ne sortiras pas de là, jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quadrin.
27 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point adultère.
28 Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
29 Que si ton œil droit te fait tomber dans le péché, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.
30 Et si ta main droite te fait tomber dans le péché, coupe-la, et jette-la loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.
31 Il a été dit aussi : Si quelqu’un répudie sa femme, qu’il lui donne la lettre de divorce.
32 Mais moi je vous dis que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, il l’expose à devenir adultère ; et que quiconque se mariera à la femme qui aura été répudiée, commet un adultère.
33 Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu auras promis avec serment.
34 Mais moi je vous dis : Ne jurez du tout point ; ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu ;
35 Ni par la terre, car c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, car c’est la ville du grand Roi.
36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux faire devenir un seul cheveu blanc ou noir.
37 Mais que votre parole, soit, oui, oui, non, non ; ce qu’on dit de plus, vient du malin.
38 Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.
39 Mais moi je vous dis de ne pas résister à celui qui vous fait du mal ; mais si quelqu’un te frappe à la joue droite, présente-lui aussi l’autre ;
40 Et si quelqu’un veut plaider contre toi et t’ôter ta robe, laisse-lui encore l’habit ;
41 Et si quelqu’un te veut contraindre d’aller une lieue avec lui, vas-en deux.
42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.
43 Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.
44 Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent ;
45 Afin que vous soyez enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.
46 Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Les péagers même n’en font-ils pas autant ?
47 Et si vous ne faites accueil qu’à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les péagers même n’en font-ils pas autant ?
48 Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait.
REFLEXIONS
L’explication que notre Seigneur donne aux principaux commandements de la loi nous enseigne que Dieu ne défend et ne punit pas seulement les grands crimes et les péchés criants qui sont exprimés dans le décalogue, mais qu’il condamne et punit aussi les mauvaises pensées et les mauvais désirs que les docteurs juifs ne regardaient que comme des fautes légères.
Outre cette leçon générale et qui est fort importante, Jésus-Christ nous instruit sur ces quatre devoirs particuliers :
Le premier, que la colère et les termes méprisants et injurieux qui procèdent de la haine dont on est animé contre le prochain assujettissent aussi bien à la condamnation que le meurtre, que bien loin de haïr personne, il faut travailler à avoir la paix avec tous les hommes et qu’il ne nous est pas permis de nous présenter devant Dieu et de lui offrir nos prières, à moins que nous n’ayons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour nous réconcilier avec ceux qui ont quelque chose contre nous.
Le second devoir regarde la pureté et la chasteté. Notre Seigneur nous enseigne que les désirs impurs rendent coupables devant Dieu, tout de même que l’adultère et les crimes de l’impureté, que pour être chaste, il faut veiller sur soi-même, mortifier ses sens, arracher son œil, couper sa main, c’est-à-dire se priver de ce qui nous serait le plus cher et le plus agréable, se mortifier et renoncer à tout ce qui pourrait être une occasion de chute. Il nous apprend aussi à cette occasion que les liens du mariage ne peuvent être rompus que par l’adultère, ce qui montre combien les chrétiens doivent être chastes.
La troisième instruction concerne le serment. La doctrine du fils de Dieu sur cet article est qu’il ne suffit pas d’éviter le parjure, qui est l’un des plus grands crimes, mais qu’il faut même se faire un scrupule de violer les serments qui ne sont pas faits par le nom de Dieu et s’abstenir entièrement des serments vains et téméraires, en quelques termes qu’ils soient conçus, puisqu’ils sont défendus par la loi de Jésus-Christ et d’ailleurs contraires au respect qui est dû à la divinité.
Le quatrième devoir est celui de la charité et de l’amour du prochain. Ce que Jésus-Christ nous ordonne à cet égard c’est de nous abstenir de la vengeance, de souffrir les injures, plutôt que de rendre le mal pour le mal, de nous relâcher de notre droit pour avoir la paix et pour éviter les disputes, d’aimer tous les hommes, même ceux qui nous haïssent et d’imiter en cela Dieu notre Père qui fait du bien à tous et même aux méchants et aux ingrats. C’est la loi de l’Évangile et de la vraie charité et ce sera dans la pratique de tous ces devoirs que nous trouverons notre perfection et notre gloire.
Jésus-Christ instruit ses disciples sur l’aumône, sur la prière et sur le jeûne. I. Il leur montre comment il faut s’acquitter de ces actes religieux et il recommande surtout d’y éviter l’hypocrisie et l’ostentation. II. II leur défend de travailler pour amasser les biens du monde et d’être en souci pour les besoins de cette vie et il les exhorte à se reposer sur la providence et à chercher avant toutes choses le royaume de Dieu et sa justice.
1 Prenez garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes, afin d’en être vus ; autrement vous n’en aurez point de récompense de votre Père qui est aux cieux.
2 Quand donc tu feras l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin qu’ils en soient honorés des hommes. Je vous dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.
3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite ;
4 Afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te le rendra publiquement.
5 Et quand tu prieras, ne fais pas comme les hypocrites ; car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, afin d’être vus des hommes. Je vous dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.
6 Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé la porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te le rendra publiquement.
7 Or, quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme les païens ; car ils croient qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup.
8 Ne leur ressemblez donc pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
9 Vous donc priez ainsi : Notre Père qui est aux cieux, ton nom soit sanctifié ;
10 Ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ;
11 Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ;
12 Pardonne-nous nos péchés, comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;
13 Et ne nous abandonne point à la tentation ; mais délivre-nous du malin ; car à toi appartient le règne, la puissance, et la gloire à jamais. Amen.
14 Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres.
15 Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs offenses, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres.
16 Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites ; car ils se rendent le visage tout défait, afin qu’il paraisse aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous, dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.
17 Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage ;
18 Afin qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais seulement à ton Père qui est en secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te récompensera publiquement.
19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les vers et la rouille gâtent tout, et où les larrons percent et dérobent ;
20 Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les vers ni la rouille ne gâtent rien, et où les larrons ne percent ni ne dérobent point.
21 Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur.
22 L’œil est la lumière du corps. Si donc ton œil est sain, tout ton corps sera éclairé ;
23 Mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi n’est que ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres !
24 Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
25 C’est pourquoi, je vous dis : Ne soyez point en souci de votre vie, de ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez ; ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?
26 Regardez les oiseaux de l’air ; car ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas beaucoup plus excellents qu’eux ?
27 Et qui est-ce d’entre vous qui par son souci puisse ajouter une coudée à sa taille ?
28 Et pour ce qui est du vêtement, pourquoi en êtes-vous en souci ? Apprenez comment les lis des champs croissent ; ils ne travaillent ni ne filent.
29 Cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a point été vêtu comme l’un d’eux.
30 Si donc Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui est aujourd’hui, et qui demain sera jetée dans le four, ne vous revêtira-t-il pas beaucoup plutôt, ô gens de petite foi ?
31 Ne soyez donc point en souci, disant : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ?
32 Car ce sont les païens qui recherchent toutes ces choses, et votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses-là.
33 Mais cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.
34 Ne soyez donc point en souci pour le lendemain ; car le lendemain aura soin de ce qui le regarde. A chaque jour suffit sa peine.
REFLEXIONS
JESUS-CHRIST nous apprend ici :
I. Premièrement que l’aumône, la prière et le jeûne sont trois devoirs très importants. Quant au jeûne en particulier, puisque Jésus-Christ donne des règles là-dessus, aussi bien que la prière et sur l’aumône, il paraît évidemment que son intention a été que ses disciples jeûnassent. Les jeûnes particuliers sont ceux dont il s’agit dans ce chapitre, étant très utiles pour mortifier la chair et pour se disposer à l’humiliation et à la prière et ayant aussi été pratiqué par les apôtres et ensuite par tous les chrétiens.
II. Notre Seigneur recommande d’éviter avec soin l’hypocrisie et la vaine gloire lorsqu’on fait la charité, lorsqu’on prie et lorsqu’on jeûne et de s’acquitter de ces devoirs avec sincérité et avec humilité, nous souvenant que nous sommes devant Dieu qui voit tout ce qui se passe dans le secret de notre cœur et que les hypocrites n’ont aucune récompense à attendre de lui.
III. Puisque l’oraison dominicale est un formulaire de prière qui a Jésus-Christ pour auteur et qu’elle comprend tout ce qui est nécessaire pour la gloire de Dieu et pour notre propre bonheur, l’usage que nous en devons faire est premièrement d’apporter un très grand respect et beaucoup d’attention et de dévotion lorsque nous la présentons à Dieu et en second lieu de conformer non seulement nos prières, mais aussi nos sentiments et notre conduite à cet excellent modèle que Jésus-Christ nous a laissé.
IV. Notre Seigneur nous déclare ici de la manière la plus expresse que nous ne devons pas espérer que Dieu nous exauce et nous pardonne si nous ne pardonnons pas à ceux qui nous ont offensés. C’est sur quoi nous devons bien nous examiner toutes les fois que nous nous présentons devant Dieu pour lui offrir nos prières.
V. La cinquième leçon que ce chapitre nous donne est de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont divers accidents peuvent nous priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.
VI. Notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’immortalité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.
VII. Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.
Notre Seigneur parle des jugements téméraires, de la prudence avec laquelle il faut proposer la vérité, de la prière et de son efficace. Il prescrit la règle de la justice et de la charité, il exhorte à entrer par la porte étroite et à éviter les faux docteurs. Il dit que ceux qui l’appellent Seigneur n’entreront pas tous dans le Ciel et il montre par une similitude qu’il ne sert de rien d’écouter sa parole si l’on ne pratique pas ce qu’elle enseigne.
1 Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés ;
2 Car on vous jugera du même jugement que vous aurez jugé ; et on vous mesurera de la même mesure que vous aurez mesuré les autres.
3 Et pourquoi regardes-tu une paille qui est dans l’œil de ton frère, tandis que tu ne vois pas une poutre qui est dans ton œil ?
4 Ou, comment dis-tu à ton frère : Permets que j’ôte cette paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ?
5 Hypocrite ! ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu penseras à ôter la paille hors de l’œil de ton frère.
6 Ne donnez point les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent à leurs pieds, et que se tournant ils ne vous déchirent.
7 Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et on vous ouvrira.
8 Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et l’on ouvre à celui qui heurte.
9 Et qui sera même l’homme d’entre vous qui donne une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ?
10 Et s’il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent ?
11 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez bien donner à vos enfants de bonnes choses, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il des biens à ceux qui les lui demandent ?
12 Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi de même ; car c’est là la loi et les prophètes.
13 Entrez par la porte étroite ; car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui y entrent.
14 Mais la porte étroite et le chemin étroit mènent à la vie, et il y en a peu qui le trouvent.
15 Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en habits de brebis, mais qui au dedans sont des loups ravissants.
16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ; cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ?
17 Ainsi tout arbre qui est bon, porte de bons fruits ; mais un mauvais arbre porte de mauvais fruits.
18 Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.
19 Tout arbre qui ne porte point de bon fruit est coupé et jeté au feu.
20 Vous les connaîtrez donc à leurs fruits.
21 Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous au royaume des cieux ; mais celui-là seulement qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.
22 Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? Et n’avons-nous pas chassé les démons en ton nom ? Et n’avons-nous pas fait plusieurs miracles en ton nom ?
23 Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui faites métier d’iniquité.
24 Quiconque donc entend ces paroles que je dis, et les met en pratique, je le comparerai à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc ;
25 Et la pluie est tombée, et les torrents se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là ; elle n’est point tombée, car elle était fondée sur le roc.
26 Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ;
27 Et la pluie est tombée, et les torrents se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là ; elle est tombée, et sa ruine a été grande.
28 Et quand Jésus eut achevé ces discours, le peuple fut étonné de sa doctrine ;
29 Car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les Scribes.
RÉFLEXIONS
Ce chapitre contient plusieurs instructions importantes. I. La première, de ne pas juger témérairement du prochain, de ne pas le condamner avec rigueur et de reconnaître nos propres défauts, afin de nous en corriger, plutôt que de rechercher curieusement et de reprendre les défauts des autres. II. La seconde, de ne pas donner les choses saintes aux chiens ; c’est une leçon de prudence dont le sens est que quand on a affaire à des hommes charnels et profanes qui rejettent avec mépris et avec fierté la doctrine de l’Évangile, il ne faut pas la leur proposer de peur qu’on n’expose la vérité et la piété à leur mépris et qu’on s’attire leur haine. III. Notre Seigneur nous exhorte à prier Dieu avec confiance et il nous assure que la prière est d’une très grande efficace, moyennant qu’elle soit accompagnée de zèle et de persévérance et que l’on demande à Dieu les véritables biens ; c’est ce qu’il montre par la comparaison qu’il fait de Dieu avec les pères qui ne refusent pas à leurs enfants les choses nécessaires.
IV. Il nous donne ici la règle de la justice et de la charité qui est de faire aux autres, tout ce que nous voudrions qu’ils nous fissent. C’est là une règle très parfaite et en même temps très simple et très claire que nous devons toujours avoir devant les yeux. V. Il exhorte ses disciples à entrer par la porte étroite, c’est-à-dire à suivre le chemin de la foi et de la piété qui conduit au salut, bien que ce chemin soit suivi de peu de personnes, qu’il soit contraire aux passions et aux inclinaisons des hommes et que l’on y soit quelquefois exposé à la persécution et il veut que l’on fuie le chemin de l’erreur et du vice qui paraît agréable à la chair et où l’on voit marcher beaucoup de gens, mais qui mène à la perdition. VI. Il avertit ses disciples de se donner garde des faux docteurs et des imposteurs dont on devait voir un grand nombre dans la suite. La règle qu’il donne là-dessus est de les examiner par leurs fruits, c’est-à-dire, par leurs œuvres et par leur conduite et d’avoir aussi égard aux effets que leur doctrine peut produire, en voyant si elle tend à la gloire de Dieu et à rendre les hommes meilleurs. VII. Jésus-Christ déclare que ceux qui l’appellent leur Seigneur n’entreront pas tous dans le Ciel, qu’il n’y recevra que ceux qui font sa volonté et que plusieurs qui l’auront connu et qui auront même fait des miracles en son nom seront exclus de son royaume parce qu’ils n’auront pas gardé ses commandements. VIII. Enfin, Jésus-Christ conclut ce discours par la comparaison d’une maison qui serait bâtie sur le roc ou sur le sable, par là il nous apprend que c’est en vain qu’on écoute sa parole si l’on n’observe pas ce qu’il nous commande et que ceux qui manquent à ce devoir essentiel ne sauraient jamais persévérer dans le bien, ni résister aux tentations. Ainsi cette similitude nous montre l’usage que nous devons faire de la doctrine de notre Seigneur et en particulier des instructions qui sont contenues dans ce chapitre et dans les deux précédents.
St. Matthieu récite divers miracles de Jésus-Christ : la guérison d’un lépreux. Celle du serviteur d’un capitaine païen. Celle de la belle-mère de Saint Pierre et de plusieurs autres malades.
1 Quand Jésus fut descendu la montagne, une grande multitude de peuple le suivit.
2 Alors un lépreux vint se prosterner devant lui, et lui dit : Seigneur, si tu le veux, tu peux me nettoyer.
3 Et Jésus étendant la main, le toucha et lui dit : Je le veux : sois nettoyé ; et incontinent il fut nettoyé de sa lèpre.
4 Puis Jésus lui dit : Garde-toi de le dire à personne ; mais va-t’en, montre-toi au sacrificateur, et offre le don que Moïse a ordonné, afin que cela leur serve de témoignage.
5 Et Jésus étant entré dans Capernaüm, un centenier vint à lui, le priant,
6 Et lui disant : Seigneur, mon serviteur est au lit dans la maison, malade de paralysie, et fort tourmenté.
7 Et Jésus lui dit : J’irai, et je le guérirai.
8 Et le centenier répondit et lui dit : Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres chez moi ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.
9 Car quoique je ne sois qu’un homme soumis à la puissance d’autrui, j’ai sous moi des soldats, et je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.
10 Ce que Jésus ayant ouï, il en fut étonné, et dit à ceux qui le suivaient : Je vous dis en vérité que je n’ai point trouvé une si grande foi, pas même en Israël.
11 Aussi je vous dis que plusieurs viendront d’Orient et d’Occident, et seront à table au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob ;
12 Et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de dents.
13 Alors Jésus dit au centenier : Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru ; et à l’heure même son serviteur fut guéri.
14 Puis Jésus étant venu à la maison de Pierre, vit sa belle-mère couchée au lit et ayant la fièvre.
15 Et il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; puis elle se leva et les servit.
16 Sur le soir on lui présenta plusieurs démoniaques, dont il chassa les mauvais esprits par sa parole ; il guérit aussi tous ceux qui étaient malades ;
17 C’est ainsi que s’accomplît ce qui avait été dit par Esaïe le prophète : Il a pris nos langueurs, et s’est chargé de nos maladies.
RÉFLEXIONS
Comme c’est dans ce chapitre que commence le récit des miracles de Jésus-Christ, la première réflexion qu’il faut faire ici regarde ces miracles en général. On y découvre d’un côté la puissance infinie de notre Seigneur qui guérissait toutes sortes de maladies par sa seule parole et de l’autre sa bonté et son amour envers les hommes, puisque ces miracles n’ont été que des bienfaits. Après cela, il faut savoir, que le but de ces miracles était de convaincre les hommes que Jésus était envoyé de Dieu et de les engager à l’écouter et à croire en lui. C’est à cause de cela qu’il ne faisait ordinairement ses miracles qu’en faveur de ceux qui croyaient qu’il avait le pouvoir de les faire. Outre ces réflexions générales qu’on doit toujours avoir devant les yeux lorsqu’on lit l’Évangile, il faut remarquer dans la guérison du lépreux que Jésus-Christ le guérit ayant égard à sa foi et à sa prière, par où nous pouvons voir que notre Seigneur sauve et délivre ceux qui s’adressent à lui avec confiance et avec humilité. Au reste, si Jésus-Christ ordonna au lépreux d’aller se montrer au sacrificateur et d’offrir ce qui est prescrit par la loi, ce fut pour convaincre les Juifs que cet homme était véritablement guéri et afin qu’ils ne puissent pas accuser Jésus d’être ennemi de la loi de Moïse. L’histoire du centenier qui demanda la guérison de son serviteur à Jésus-Christ est surtout remarquable par la grande humilité et par la foi admirable de cet homme. Il ne se croyait pas digne de recevoir Jésus dans sa maison, mais il était persuadé que notre Seigneur pouvait, sans y aller, guérir son serviteur par une seule parole, avec la même facilité que lui, qui était officier, se faisait obéir par ses soldats. Les grandes louanges que Jésus-Christ donna à la foi du centenier, qui était païen de naissance, en disant qu’il n’avait pas trouvé une si grande foi parmi les Juifs, nous obligent à faire beaucoup d’attention à cet endroit de l’Évangile et à imiter un si bel exemple d’humilité et de foi. Jésus-Christ prédit à cette occasion que plusieurs viendraient d’Orient et d’Occident et seraient à table au royaume de Dieu et que les enfants du royaume seraient jetés dehors. Cela voulait dire que les païens viendraient de divers endroits du monde pour entrer dans l’alliance divine et que les Juifs seraient rejetés. Ce fut ce que l’événement vérifia peu après. Enfin, la réflexion que St. Matthieu fait sur la guérison de la belle-mère de Saint Pierre et de divers autres malades, en rapportant cet oracle d’Ésaïe. Il a pris nos langueurs et il s’est chargé de nos maladies, nous instruit du but de tous ces miracles. Ils tendaient à montrer que Jésus était un sauveur charitable et qu’il n’était venu au monde que pour faire du bien aux hommes et pour les délivrer de tous leurs maux et principalement de leurs péchés.
CHAPITRE VIII VERSETS 18 A 34
Notre Seigneur : I. Répond à un docteur de la loi et à un de ses disciples qui voulaient le suivre. II. Il apaise une tempête. III. Il délivre deux démoniaques.
18 JÉSUS voyant une grande foule de peuple autour de lui, ordonna qu’on passât à l’autre bord du lac.
19 Alors un Scribe s’étant approché lui dit : Maître, je te suivrai partout où tu iras.
20 Et Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux de l’air ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.
21 Et un autre de ses disciples lui dit : Seigneur, permets que j’aille auparavant ensevelir mon père.
22 Mais Jésus lui dit : Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.
23 Ensuite il entra dans la barque, et ses disciples le suivirent.
24 Et il s’éleva tout à coup une grande tourmente sur la mer, en sorte que la barque était couverte des flots ; mais il dormait.
25 Et ses disciples, s’approchant de lui, le réveillèrent et lui dirent : Seigneur, sauve-nous ; nous périssons.
26 Et il leur dit : Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? Et s’étant levé, il parla avec autorité aux vents et à la mer ; et il se fit un grand calme.
27 Et ces gens-là furent dans l’admiration, et ils disaient : Quel est cet homme à qui les vents mêmes et la mer obéissent ?
28 Quand il fut arrivé à l’autre bord, dans le pays des Gergéséniens, deux démoniaques, étant sortis des sépulcres, vinrent à lui ; ils étaient si furieux que personne n’osait passer par ce chemin-là.
29 Et ils se mirent à crier : Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ?
30 Or, il y avait assez loin d’eux un grand troupeau de pourceaux qui paissait.
31 Et les démons le prièrent et lui dirent : Si tu nous chasses, permets-nous d’entrer dans ce troupeau de pourceaux.
32 Et il leur dit : Allez. Et étant sortis, ils allèrent dans ce troupeau de pourceaux ; et aussitôt tout ce troupeau se précipita avec impétuosité dans la mer, et ils moururent dans les eaux.
33 Alors ceux qui les paissaient s’enfuirent, et étant venus dans la ville, ils y racontèrent tout ce qui s’était passé, et ce qui était arrivé aux démoniaques.
34 Aussitôt toute la ville sortit au-devant de Jésus, et dès qu’ils le virent, ils le prièrent de se retirer de leurs quartiers.
RÉFLEXIONS
La réponse que Jésus-Christ fit à ce docteur de la loi, qui voulait le suivre, tendait à lui apprendre qu’il ne devait pas s’attendre à trouver auprès de lui les avantages du monde. Et ce qu’il dit à l’un de ses disciples, de laisser les morts ensevelir leurs morts, signifiait, qu’il devait laisser le soin des choses temporelles à ceux qui n’étaient pas éclairés des lumières de l’Évangile et que ceux qu’il appelait à être ses disciples devaient le suivre sans délai et être prêts à tout quitter et à renoncer aux choses de cette vie, même à celles qui étaient innocentes et permises lorsqu’elles pouvaient les empêcher de s’acquitter des devoirs de leur vocation. II. Dans le miracle que Jésus-Christ fit en apaisant une tempête, nous avons à remarquer, d’un côté, le pouvoir de notre Seigneur qui calmait les vents et la mer par sa seule parole et de l’autre, la faiblesse des apôtres qui craignaient de périr. Cet événement, qui tendait à confirmer leur foi, doit fortifier la nôtre et nous inspirer une parfaite confiance en la bonté et en la puissance de Jésus-Christ. On peut être dans une entière assurance, même au milieu des grands dangers, lorsqu’on est aimé de lui et quand on l’a pour protecteur. III. L’histoire de ces démoniaques que le Seigneur guérit nous fait voir que le démon exerçait alors sa puissance sur les hommes, mais que Jésus-Christ était venu pour lui ôter cette puissance et pour détruire son règne. À l’égard de ce qui arriva aux pourceaux qui se précipitèrent dans la mer, après que les démons furent entrés dans leurs corps par la permission de Jésus-Christ, il faut considérer que cette perte fut une épreuve et un châtiment pour les habitants de ces quartiers-là. Notre Seigneur voulut aussi faire voir que cet homme qu’il venait de guérir était véritablement possédé ; il montra encore par là qu’il avait le pouvoir de commander aux démons et que ces mauvais esprits ne pouvaient rien faire que par sa permission. Tout cela devait convaincre les hommes de l’autorité divine de Jésus-Christ, les instruire du but de sa venue au monde et les persuader de la vérité de sa doctrine.
Jésus-Christ guérit un paralytique. Il appelle Saint Matthieu à la charge d’apôtre et il répond à ceux qui se scandalisaient de ce qu’il mangeait avec les pécheurs. Il répond aussi à ceux qui lui demandaient pourquoi ses disciples ne jeûnaient pas comme ceux de Jean-Baptiste. Il guérit une femme qui avait une perte de sang, il ressuscite une jeune fille, il rend la vue à deux aveugles et il délivre un homme possédé du démon et muet. Enfin, il exhorte ses disciples à prier Dieu d’envoyer des personnes qui travaillassent à la conversion des peuples.
JÉSUS étant entré dans une barque, repassa le lac, et vint en sa ville.
2 Et on lui présenta un paralytique couché sur un lit ; et Jésus voyant la foi de ces gens-là, dit au paralytique : Prends courage, mon fils, tes péchés te sont pardonnés.
3 Là-dessus quelques Scribes disaient en eux-mêmes : Cet homme blasphème.
4 Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ?
5 Car lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, et marche ?
6 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a l’autorité sur la terre de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, charge-toi de ton lit, et t’en va dans ta maison.
7 Et il se leva, et s’en alla dans sa maison.
8 Ce que le peuple ayant vu, il fut rempli d’admiration, et il glorifia Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes.
9 Et Jésus étant parti de là, vit un homme assis au bureau des impôts, nommé Matthieu ; et il lui dit : Suis-moi ; et lui se levant, le suivit.
10 Et un jour Jésus étant à table dans la maison de cet homme, beaucoup de péagers et de gens de mauvaise vie y vinrent et se mirent à table avec Jésus et ses disciples.
11 Les Pharisiens, voyant cela, dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec des péagers et des gens de mauvaise vie ?
12 Et Jésus ayant entendu cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, ce sont ceux qui se portent mal.
13 Mais allez et apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde, et non pas le sacrifice ; car ce ne sont pas les justes que je suis venu appeler à la repentance, mais ce sont les pécheurs.
14 Alors les disciples de Jean vinrent à Jésus, et lui dirent : D’où vient que les Pharisiens et nous jeûnons souvent, et que tes disciples ne jeûnent point ?
15 Et Jésus leur répondit : Les amis de l’époux peuvent-ils s’affliger, pendant que l’époux est avec eux ? mais le temps viendra que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront.
16 Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit ; parce que la pièce emporterait une partie de l’habit, et la déchirure en serait pire.
17 On ne met pas non plus le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement les vaisseaux se rompent, le vin se répand, et les vaisseaux sont perdus ; mais on met le vin nouveau dans des vaisseaux neufs, et l’un et l’autre se conservent.
18 Comme il leur disait ces choses, un des chefs de la synagogue vint, qui se prosterna devant lui et lui dit : Ma fille vient de mourir ; mais viens lui imposer les mains, et elle vivra.
19 Et Jésus, s’étant levé, le suivit avec ses disciples.
20 Et une femme, qui était malade d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha par derrière et toucha le bord de son habit.
21 Car elle disait en elle-même : Si je puis seulement toucher son habit, je serai guérie.
22 Jésus s’étant retourné et la regardant lui dit : Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie ; et cette femme fut guérie dès cette heure-là.
23 Quand Jésus fut arrivé à la maison du chef de la synagogue, et qu’il eut vu les joueurs de flûte et une troupe de gens qui faisait grand bruit,
24 Il leur dit : Retirez-vous ; car cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui.
25 Et après qu’on eut fait sortir tout le monde, il entra, et prit par la main cette jeune fille, et elle se leva.
26 Et le bruit s’en répandit par tout ce quartier-là.
27 Comme Jésus partait de là, deux aveugles le suivirent, criant et disant : Fils de David, aie pitié de nous.
28 Et quand il fut arrivé à la maison, ces aveugles vinrent à lui, et Jésus leur dit : Croyez-vous que je puisse faire cela ? Ils lui répondirent : Oui, Seigneur.
29 Alors il leur toucha les yeux, en leur disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi.
30 Et leurs yeux furent ouverts ; et Jésus leur défendit fortement d’en parler, en leur disant : Prenez garde que personne ne le sache.
31 Mais étant sortis, ils répandirent sa réputation dans tout ce quartier-là.
32 Et comme ils sortaient, on lui présenta un homme muet, démoniaque.
33 Et le démon ayant été chassé, le muet parla. Et le peuple, étant dans l’admiration, disait : Rien de semblable n’a jamais été vu en Israël.
34 Mais les Pharisiens disaient : Il chasse les démons par le prince des démons.
35 Et Jésus allait par toutes les villes et par toutes les bourgades, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu, et guérissant toutes sortes de maladies et toutes sortes d’infirmités parmi le peuple.
36 Et voyant la multitude du peuple, il fut ému de compassion envers eux, de ce qu’ils étaient dispersés et errants comme des brebis qui n’ont point de berger.
37 Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers.
38 Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.
RÉFLEXIONS
Il y a deux réflexions à faire sur la guérison du paralytique :
L’une, que notre Seigneur eut égard à la foi de cet homme et de ceux qui le lui présentaient, ce qui nous montre que c’est par la foi et par un humble recours à Jésus-Christ que nous pouvons avoir part aux effets de sa grâce. L’autre, que puisque Jésus-Christ avait non seulement le pouvoir de guérir les malades, mais aussi l’autorité de pardonner les péchés, nous devons le regarder comme notre juge et nous soumettre en état d’obtenir de lui la rémission de nos offenses par la repentance et par la foi. II. Ce que Jésus répondit à ceux qui trouvaient mauvais qu’il mangea avec les péagers et les gens de mauvaise vie nous apprend qu’il est venu au monde pour sauver les pécheurs, mais que le but de sa venue est aussi de les amener à la repentance et qu’ainsi sans l’amendement on ne saurait parvenir au salut. III. Il faut considérer que si Jésus-Christ n’assujettissait pas ses disciples à des jeûnes réglés, tels qu’étaient ceux des disciples de Jean Baptiste, ce n’était pas que sa doctrine sur cet article fut différente de celle de son précurseur, ni qu’il condamnât le jeûne, il les a recommandés par son exemple et par ses préceptes et il appelle ses disciples à vivre dans la mortification et non dans l’aise et dans les plaisirs. Mais il en usait ainsi par la même raison qu’il ne menait pas lui-même une vie aussi retirée et aussi austère que Jean Baptiste, savoir parce que son ministère l’obligeait à aller de lieu en lieu et à se rencontrer avec toutes sortes de personnes. Au reste, il déclare que dans la suite ses disciples seraient appelés non seulement à jeûner, mais à souffrir ce qu’il y avait de plus fâcheux et que s’il ne les exposait pas à ces rudes épreuves pendant qu’il était avec eux, c’était parce qu’ils n’auraient pas pu les supporter, c’est ce qu’il représente par la comparaison du vieil habit et des vaisseaux à vin. IV. On voit dans la guérison de cette femme qui était malade depuis douze ans d’une perte de sang, que notre Seigneur guérissait les maladies les plus invétérées et les plus incurables, surtout on doit y remarquer l’humilité et la foi admirable de cette femme, qui n’osant pas s’adresser à Jésus, était persuadée que si elle pouvait seulement toucher son habit, elle serait guérie, ce qui arriva aussi comme elle l’avait crû. Cet exemple montre que quand on a recours à Jésus-Christ avec une profonde humilité et une ferme confiance, on obtient infailliblement les effets de sa miséricorde. V. La résurrection de la jeune fille à qui notre Seigneur rendit la vie prouve qu’il ne guérissait pas seulement les malades, mais qu’il rendait même la vie aux morts. Cela doit nous convaincre pleinement qu’il était envoyé de Dieu et nous confirmer dans la croyance et dans l’attente de notre résurrection. VI. Il est dit sur la fin de ce chapitre que Jésus-Christ, voyant que le peuple qui le suivait manquait d’instruction et de bons conducteurs, en eut pitié et qu’il exhorta ses disciples à prier le maître de la moisson qu’il poussât des ouvriers dans sa moisson. Ces paroles, qui marquent la grande bonté dont notre Seigneur était animé, doivent nous inspirer les mêmes sentiments de compassion en faveur de ceux qui sont dans l’égarement et nous exciter à prier Dieu qu’il envoie en tous lieux de fidèles ministres qui travaillent efficacement à la conversion des hommes et à l’établissement de son règne.
On voit dans ce chapitre : I. La vocation et les noms des douze apôtres. II. Les ordres que Jésus-Christ leur donna lorsqu’il les envoya la première fois annoncer la venue du règne de Dieu dans la Judée. Il leur dit qu’il s’élèverait de grands troubles dans le monde à l’occasion de l’Évangile et qu’on les persécuterait, mais il les assure de la protection de Dieu, il leur propose son exemple, il les exhorte à ne point craindre les hommes et à ne craindre que Dieu seul, il déclare ce qui arrivera à ceux qui le confesseront ou qui le renieront devant les hommes, enfin il promet de récompenser ceux qui recevront ses disciples et qui leur feront du bien.
JÉSUS ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits immondes et de guérir toutes sortes de maladies et toutes sortes d’infirmités.
2 Or, voici les noms des douze apôtres : Le premier est Simon, nommé Pierre, et André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;
3 Philippe et Barthélemi, Thomas, et Matthieu le péager, Jacques, fils d’Alphée, et Lebbée surnommé Thaddée ;
4 Simon le Cananite, et Judas Iscariot, qui même trahit Jésus.
5 Jésus envoya ces douze-là, et il leur donna ses ordres, en disant : N’allez point vers les Gentils, et n’entrez dans aucune ville des Samaritains.
6 Mais allez plutôt aux brebis de la maison d’Israël qui sont perdues.
7 Et quand vous serez partis, prêchez et dites : Que le royaume des cieux approche.
8 Guérissez les malades, nettoyez les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons ; vous l’avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement.
9 Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures ;
10 Ni sac pour le voyage, ni deux habits, ni souliers, ni bâton ; car l’ouvrier est digne de sa nourriture.
11 Et dans quelque ville ou dans quelque bourgade que vous entriez, informez-vous qui y est digne de vous recevoir ; et demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de ce lieu-là.
12 Et quand vous entrerez dans quelque maison, saluez-la.
13 Et si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne à vous.
14 Et partout où l’on ne vous recevra pas, et où l’on n’écoutera pas vos paroles, en sortant de cette maison ou de cette ville, secouez la poussière de vos pieds.
15 Je vous dis en vérité que Sodome et Gomorrhe seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.
16 Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme des colombes.
17 Mais donnez-vous de garde des hommes ; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous feront fouetter dans les synagogues ;
18 Et vous serez menés devant les gouverneurs, et devant les rois, à cause de moi, pour me rendre témoignage devant eux et devant les nations.
19 Mais quand on vous livrera à eux, ne soyez point en peine, ni de ce que vous direz, ni comment vous parlerez ; car ce que vous aurez à dire vous sera inspiré à l’heure même.
20 Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parlera par vous.
21 Or, le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant, et les enfants se soulèveront contre leurs pères et leurs mères, et les feront mourir.
22 Et vous serez haïs de tous, à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.
23 Or, quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre ; je vous dis en vérité que vous n’aurez pas achevé d’aller par toutes les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu.
24 Le disciple n’est pas plus que son maître, ni le serviteur plus que son seigneur.
25 Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur d’être comme son seigneur. S’ils ont appelé le père de famille Béelzébul, combien plus appelleront-ils ainsi ses domestiques ?
26 Ne les craignez donc point ; car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu.
27 Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière ; et ce que je vous dis à l’oreille, prêchez-le sur le haut des maisons.
28 Et ne craignez point ceux qui ôtent la vie du corps, et qui ne peuvent faire mourir l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut perdre et l’âme et le corps dans la géhenne.
29 Deux passereaux ne se vendent-ils pas une pite ? Et néanmoins il n’en tombera pas un seul à terre sans la permission de votre Père.
30 Les cheveux même de votre tête sont tous comptés.
31 Ne craignez donc rien ; vous valez mieux que beaucoup de passereaux.
32 Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux.
33 Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux.
34 Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu apporter, non la paix, mais l’épée.
35 Car je suis venu mettre la division entre le fils et le père, entre la fille et la mère, entre la belle-fille et la belle-mère.
36 Et on aura pour ennemis ses propres domestiques.
37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi ;
38 Et celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.
39 Celui qui aura conservé sa vie la perdra ; mais celui qui aura perdu sa vie à cause de moi, la retrouvera.
40 Celui qui vous reçoit me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
41 Celui qui reçoit un prophète, en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète ; et qui reçoit un juste, en qualité de juste, recevra une récompense de juste.
42 Et quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau froide à un de ces petits, parce qu’il est mon disciple, je vous dis en vérité qu’il ne perdra point sa récompense.
RÉFLEXIONS
Jésus-Christ choisit autrefois les apôtres pour être les témoins de sa vie, de sa prédication et de ses miracles, pour annoncer l’Évangile et pour faire aussi des miracles premièrement parmi les Juifs et ensuite par tout le monde. Puisque le Seigneur les a choisis et que leurs noms ont été conservés dans les livres sacrés, leur mémoire doit être en bénédiction dans l’Église et nous devons au reste les imiter dans leurs vertus et nous soumettre à la doctrine qu’ils ont enseignées tant de vive voix que par leurs écrits. II. Jésus-Christ défendit alors aux apôtres d’aller vers les païens et vers les Samaritains et il leur ordonna d’annoncer l’Évangile aux Juifs seuls, parce que le temps n’était pas encore venu auquel les apôtres devaient aller par toute la terre. Ce fut pour la même raison qu’il leur dit de ne prendre aucune provision pour le chemin, cela n’était pas nécessaire alors puisqu’ils n’allaient pas bien loin et que leur voyage devait être court, le but de cette première mission des apôtres n’étant pas de répandre plus promptement parmi les Juifs la nouvelle de l’approche du règne de Dieu. Jésus voulait aussi leur apprendre par là à se reposer sur la providence. III. Les instructions que notre Seigneur donna aux apôtres montrent que ceux qui prêchent l’Évangile doivent le faire d’une manière désintéressée, avec beaucoup de prudence et avec zèle et hardiesse, sans craindre les hommes, ni la mort. IV. Il nous apprend que sa doctrine n’est reçue que par des gens qui ont le cœur bon et un esprit paisible et doux, que c’est aux personnes de ce caractère que les ministres de l’Évangile doivent s’attacher, que quand ils rencontrent des gens qui ne veulent pas les recevoir, ils doivent se retirer et que ceux qui auront ainsi rejeté les offres de la grâce de Dieu seront punis de la manière la plus rigoureuse. V. On a dans ce discours de Jésus-Christ une forte preuve de la divinité de la religion chrétienne en ce que les apôtres qui l’ont annoncée et ceux qui l’embrassèrent les premiers ont été exposés à diverses persécutions et qu’ils ont scellé de leur sang la vérité de l’Évangile et la sincérité de leur témoignage. VI. On peut faire ici diverses réflexions très utiles et principalement les suivantes :
- Que ceux qui font profession de la vérité et de la piété sont souvent haïs et persécutés, mais que Dieu les assiste d’une façon particulière ;
- Qu’il ne faut pas craindre les hommes qui ne peuvent nuire qu’au corps et qu’on ne doit craindre que Dieu seul qui peut jeter le corps et l’âme dans la géhenne ;
- Que les chrétiens doivent faire une profession ouverte de leur foi devant les hommes, même au péril de leur vie ;
-Qu’il s’élève souvent des troubles et des divisions dans le monde à l’occasion de l’Évangile, mais que cela n’arrive que par la faute des hommes ;
-Que les chrétiens doivent être prêts à renoncer à ce qu’ils ont de plus cher au monde pour suivre Jésus-Christ ;
-Et Enfin, que notre Seigneur récompensera abondamment la piété et la charité de ceux qui auront reçu ses disciples et qui les auront assistés. Toutes ces considérations tendent à nous animer à faire une profession sincère et constante de la religion de notre Sauveur, à en pratiquer tous les devoirs et à exercer avec plaisirs les œuvres de charité.
Jean Baptiste ayant envoyé deux de ses disciples vers Jésus-Christ pour lui demander s’il était le messie, notre Seigneur fait des miracles en leur présence. II. Il parle de la nature et de l’excellence de la charge de Jean Baptiste. III. Il se plaint de l’endurcissement des Juifs qui n’avaient profité, ni du ministère de Jean Baptiste, ni du sien et il menace les villes de la Galilée où il avait prêché et fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées. IV. Il loue Dieu de ce que les personnes qui avaient un esprit doux et humble recevaient sa doctrine pendant que ceux qui passaient dans le monde pour les plus éclairés la rejetaient et il convie tous ceux qui étaient travaillés et chargés de venir vers lui.
1 Après que Jésus eut achevé de donner ces ordres à ses douze disciples, il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans leurs villes.
2 Or, Jean ayant ouï parler dans la prison de ce que Jésus-Christ faisait, il envoya deux de ses disciples pour lui dire :
3 Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?
4 Et Jésus répondant leur dit : Allez et rapportez à Jean les choses que vous entendez et que vous voyez :
5 Les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont nettoyés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et l’évangile est annoncé aux pauvres.
6 Heureux celui qui ne se scandalisera pas de moi.
7 Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à parler de Jean au peuple, et dit : Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Était-ce un roseau agité du vent ?
8 Mais encore, qu’êtes-vous allés voir ? Était-ce un homme vêtu d’habits précieux ? Voilà, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois.
9 Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.
10 Car c’est celui-ci de qui il est écrit : Voici, j’envoie mon ange devant ta face, qui préparera ton chemin devant toi.
11 Je vous dis en vérité qu’entre ceux qui sont nés de femme il n’en a été suscité aucun plus grand que Jean-Baptiste ; toutefois, celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.
12 Mais depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à maintenant le royaume des cieux est forcé, et les violents le ravissent.
13 Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean.
14 Et si vous voulez recevoir ce que je dis, il est cet Élie qui devait venir.
15 Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
16 Mais à qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble aux petits enfants qui sont assis dans les places publiques, et qui crient à leurs compagnons,
17 Et leur disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des plaintes devant vous, et vous n’avez point pleuré.
18 Car Jean est venu ne mangeant ni ne buvant ; et ils disent : Il a un démon.
19 Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant ; et ils disent : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des péagers et des gens de mauvaise vie ; mais la sagesse a été justifiée par ses enfants.
20 Alors il se mit à faire des reproches aux villes où il avait fait plusieurs de ses miracles, de ce qu’elles ne s’étaient point amendées.
21 Malheur à toi, Corazin ! Malheur à toi, Bethsaïde ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, eussent été faits à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties en prenant le sac et la cendre.
22 C’est pourquoi je vous dis que Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que vous.
23 Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’en enfer ; car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi eussent été faits à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui.
24 C’est pourquoi je te dis que ceux de Sodome seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que toi.
25 En ce temps-là, Jésus, prenant la parole, dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants.
26 Oui, mon Père, cela est ainsi, parce que tu l’as trouvé bon.
27 Toutes choses m’ont été données par mon Père ; et nul ne connaît le Fils que le père, et nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le faire connaître.
28 Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai.
29 Chargez-vous de mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ;
30 Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger.
RÉFLEXIONS
Pour profiter de cette lecture, il faut remarquer : I. Que si Jean Baptiste envoya demander à notre Seigneur s’il était le Messie, on ne doit pas croire qu’il en doutât. Ce serait injurieux à ce Saint homme qui avait constamment déclaré que Jésus était le fils de Dieu et à qui notre Seigneur rend dans tout l’Évangile et dans ce chapitre même le témoignage le plus glorieux. Mais Jean Baptiste envoya ses disciples vers Jésus pour les convaincre que Jésus était celui que les Juifs attendaient. II. Cependant le Seigneur étant interrogé sur cela ne voulut pas dire ouvertement qu’il fut le messie, il se contenta de faire voir par des miracles qu’il l’était et d’avertir les disciples de Jean de n’être pas scandalisés s’ils le voyaient dans un état de bassesse. III. Ce fut dans les mêmes vues qu’il fit remarquer à ceux qu’ils l’écoutaient que lorsqu’ils étaient allés entendre Jean Baptiste dans le désert, ils n’y avaient pas vu un roseau agité du vent c’est-à-dire, qu’ils n’y étaient pas allés pour un sujet de petite importance ou pour voir une personne peu considérable. Il ajoute qu’ils n’y avaient pas vu non plus un homme qui parût avec éclat et avec pompe, comme ceux qui sont à la cour des rois. Mais il dit qu’ils avaient vu en Jean Baptiste un prophète et même le plus grand des prophètes, puisqu’il était le précurseur du Messie et que cependant depuis qu’il avait commencé à paraître, on s’était opposé à lui et au règne de Dieu dont il annonçait la venue. Jésus-Christ disait tout cela pour montrer que le règne du messie ne serait pas de ce monde et qu’on ne devait pas être surpris si on le voyait aussi dans un état si humble et si abject et s’il était rejeté. IV. On voit ici que les Juifs n’avaient profité, ni de la prédication de Jean Baptiste, ni de celle de notre Seigneur, trouvant que la vie de Jean Baptiste était trop austère et trouvant que celle de Jésus-Christ ne l’était pas assez. Rien ne peut satisfaire les hommes incrédules et corrompus, ils rejettent tous les différents moyens que Dieu emploie pour les gagner et ils en prennent même occasion des endurcir davantage. V. Les menaces que Jésus-Christ faisait contre ces villes où il avait fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées nous avertissent que les peuples auxquels Dieu fait le plus de grâces et à qui l’Évangile est annoncé et qui n’en profitent pas seront traités avec la dernière sévérité. VI. Notre Seigneur rend grâce à Dieu de ce que les petits et les humbles recevaient sa doctrine tandis qu’elle était rejetée par les grands et les sages du monde. Cela nous apprend que l’on ne saurait recevoir l’Évangile si l’on n’a un cœur droit, simple et humble et si l’on ne renonce à la gloire du monde et à sa fausse sagesse. VII. Enfin, les invitations que notre Seigneur adresse à tous ceux qui sont travaillés et chargés les conviant de devenir ses disciples et les assurant que son joug est aisé et que son fardeau est léger doivent nous inciter à aller à lui avec un humble et vif sentiment de notre misère et avec un ardent désir d’en être délivrés, à nous soumettre à sa doctrine et à ses divins préceptes et à être comme lui doux et humble de cœur. C’est ainsi que nous trouverons auprès de lui le repos de nos âmes et une parfaite félicité.
I. Notre Seigneur justifie ses disciples qui arrachaient des épis de blé en un jour de sabbat. II. Il guérit un homme qui avait une main sèche et il répond aux pharisiens qui se scandalisaient de ce qu’il avait aussi fait ce miracle en pareil jour. III. Il défend au peuple de publier ses miracles, sur quoi St. Matthieu rapporte un oracle d’Ésaïe qui marque la prudence, l’humilité et la douceur qui paraîtraient dans la manière dont le Messie exercerait son ministère.
1 En ce temps-là, Jésus passait par des blés un jour de sabbat ; et ses disciples ayant faim se mirent à arracher des épis et à en manger.
2 Les Pharisiens voyant cela lui dirent : Voilà tes disciples qui font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat.
3 Mais il leur dit : N’avez-vous pas lu ce que fit David, ayant faim, tant lui que ceux qui étaient avec lui ;
4 Comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, dont il n’était pas permis de manger, ni à lui, ni à ceux qui étaient avec lui, mais aux seuls sacrificateurs ?
5 Ou n’avez-vous pas lu dans la loi, que les sacrificateurs, au jour du sabbat, violent le sabbat dans le temple, sans être coupables pour cela ?
6 Or, je vous dis qu’il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le Temple.
7 Que si vous saviez ce que signifie ceci : Je veux la miséricorde et non pas le sacrifice, vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont point coupables ;
8 Car le Fils de l’homme est maître même du Sabbat.
9 Étant parti de là, il vint dans leur synagogue ;
10 Et il y trouva un homme qui avait une main sèche ; et ils lui demandèrent, pour avoir lieu de l’accuser : Est-il permis de guérir dans les jours de Sabbat ?
11 Et il leur dit : Qui sera celui d’entre vous, qui ayant une brebis, si elle tombe au jour du Sabbat dans une fosse, ne la prenne et ne l’en retire ?
12 Et combien un homme ne vaut-il pas mieux qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien dans les jours de sabbat.
13 Alors il dit à cet homme : Étends ta main. Et il l’étendit ; et elle devint saine comme l’autre.
14 Là-dessus les Pharisiens, étant sortis, délibérèrent entre eux, comment ils le feraient périr.
15 Mais Jésus, connaissant cela, partit de là ; et une grande multitude le suivit, et il les guérit tous.
16 Et il leur défendit fortement de le faire connaître.
17 De sorte que ce qui avait été dit par Esaïe le prophète, fut accompli :
18 Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé en qui mon âme a mis toute son affection ; je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations ;
19 Il ne contestera point, et ne criera point, et on n’entendra point sa voix dans les places ;
20 Il ne rompra pas tout à fait le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait rendu la justice victorieuse.
21 Et les nations espèreront en son Nom.
RÉFLEXIONS
Il faut faire ici ces trois considérations : I. La première regarde la malice et l’hypocrisie des pharisiens qui trouvaient mauvais que les disciples de Jésus-Christ eussent arraché des épis en un jour de sabbat et que leur maître eût guéri en un semblable jour un homme qui avait une main sèche. Tel est le caractère des hypocrites et de ceux qui n’ont qu’un faux zèle. Ils se scandalisent des choses qui sont innocentes et même quelquefois de celles qui sont bonnes, nécessaires et agréables à Dieu, pendant qu’ils négligent eux-mêmes les devoirs les plus essentiels de la religion et surtout celui de la charité. II. On doit faire une attention sérieuse à ce que notre Seigneur dit dans cette occasion et principalement à ces paroles : Je veux la miséricorde plutôt que le sacrifice. Apprenons de là que la religion ne consiste pas simplement dans des devoirs extérieurs et dans l’observation des cérémonies, qu’à la vérité ces devoirs sont indispensables et ont leur usage lorsqu’on les pratique conformément aux intentions de Dieu qui les a établis, mais que ce que Dieu exige sur toutes ces choses c’est que nous obéissions à ses commandements, que nous ayons une vraie charité et que nous exercions les œuvres de miséricorde. III. La troisième réflexion est tirée de la conduite de Jésus-Christ qui ne voulait pas que l’on publiât ses miracles et de ces paroles d’Ésaïe : Il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore et il ne rompra pas entièrement le roseau froissé. On voit reluire ici la grande prudence de notre Seigneur qui évitait ce qui aurait pu faire trop d’éclat. On y découvre son humilité, sa douceur et sa condescendance, on y remarque surtout qu’il ne rebute personne, qu’il supporte les faiblesses des hommes avec beaucoup de patience et que pendant qu’il y a encore en eux quelque chose de bon, il ne les abandonne pas. Cela doit, d’un côté, nous encourager et nous remplir de confiance et, de l’autre, nous engager à imiter notre Sauveur, à être comme lui humbles, doux et paisibles, à fuir l’ostentation, la veine gloire et à éviter les aigreurs et les disputes, usant d’un grand support envers les hommes et ayant des égards et de la condescendance pour leurs faiblesses. Ce sera par la pratique de ces devoirs que nous ressemblerons à Jésus-Christ et qu’il paraîtra que nous sommes véritablement ses disciples.
CHAPITRE XII VERSETS 22 A 50
Jésus-Christ guérit un démoniaque et comme les pharisiens attribuaient ce miracle à la puissance du diable, notre Seigneur fait voir la fausseté et l’impiété de cette accusation en disant que le diable ne détruirait pas son propre règne. Il fait remarquer qu’il ne pourrait chasser les démons s’il n’avait pas une puissance plus grande que la leur et il dit aux pharisiens que leur blasphème ne leur serait jamais pardonné et que leurs discours impies étaient une preuve de l’extrême malice de leur cœur. II. Étant prié par les pharisiens de faire un miracle, il le refuse et il les renvoie à sa résurrection qui devait être la dernière et la plus forte preuve de sa mission divine. Il se plaint de leur incrédulité et il allègue, dans cette vue, l’exemple des Ninivites, celui de la reine de Sçéba et une similitude. III. Il déclare que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses propres parents.
22 Alors on présenta à Jésus un démoniaque aveugle et muet, lequel il guérit, de sorte que celui qui avait été aveugle et muet, parlait et voyait.
23 De quoi tout le peuple fut étonné, et ils disaient : Cet homme ne serait-il point le fils de David ?
24 Mais les Pharisiens entendant cela, disaient : Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, le prince des démons.
25 Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert ; et toute ville ou toute maison divisée contre elle-même ne subsistera point.
26 Si donc Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ?
27 Que si je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.
28 Mais si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, il est donc vrai que le règne de Dieu est venu à vous.
29 Et comment quelqu’un pourrait-il entrer dans la maison d’un homme fort, et piller son bien, s’il n’avait auparavant lié cet homme fort ? Après quoi il pourrait piller sa maison.
30 Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse.
31 C’est pourquoi je vous dis que tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera point pardonné.
32 Et si quelqu’un a parlé contre le Fils de l’homme, il pourra lui être pardonné ; mais celui qui aura parlé contre le Saint-Esprit n’en obtiendra le pardon, ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir.
33 Ou dites que l’arbre est bon, et son fruit bon ; ou dites que l’arbre est mauvais, et que son fruit est mauvais aussi ; car on connaît l’arbre par le fruit.
34 Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, étant méchants ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.
35 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur ; mais le méchant tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur.
36 Or, je vous dis que les hommes rendront compte au jour du jugement de toutes les paroles impies qu’ils auront dites ;
37 Car tu seras justifié par tes paroles, et par tes paroles tu seras condamné.
38 Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens lui dirent : Maître, nous voudrions te voir faire quelque miracle.
39 Mais lui, répondant, leur dit : La race méchante et adultère demande un miracle ; mais il ne lui en sera accordé aucun autre que celui du prophète Jonas.
40 Car comme Jonas fut dans le ventre d’un grand poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.
41 Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette nation, et la condamneront, parce qu’ils s’amendèrent à la prédication de Jonas ; et il y a ici plus que Jonas
42 La reine du Midi s’élèvera au jour du jugement contre cette nation, et la condamnera ; car elle vint d’un pays éloigné pour entendre la sagesse de Salomon ; et il y a ici plus que Salomon.
43 Lorsqu’un esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point.
44 Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti ; et étant revenu, il la trouve vide, balayée et ornée.
45 Alors il s’en va et prend avec soi sept autres esprits plus méchants que lui, lesquels, y étant entrés, habitent là ; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Il en arrivera ainsi à cette méchante race.
46 Et comme Jésus parlait encore au peuple, sa mère et ses frères, qui étaient dehors, demandèrent à lui parler.
47 Et quelqu’un lui dit : Voilà, ta mère et tes frères sont là dehors qui demandent à te parler.
48 Mais il répondit à celui qui lui avait dit cela : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?
49 Et étendant sa main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères.
50 Car quiconque fera la volonté de mon père qui est aux cieux, c’est celui-là qui est mon frère et ma sœur et ma mère.
RÉFLEXIONS
Cette lecture nous engage à considérer : I. Que les pharisiens, au lieu de reconnaître la vertu divine qui éclatait dans les miracles de notre Seigneur, disaient qu’il chassait les démons par la puissance du diable. On voit dans cet exemple que les gens aveuglés par leurs passions résistent aux moyens les plus forts que Dieu emploie pour vaincre leur endurcissement. II. Jésus-Christ déclare aux pharisiens que ce blasphème, par lequel ils attribuaient au diable ce qui venait de l’esprit de Dieu, ne leur serait jamais pardonné parce qu’un tel blasphème marquait une malice désespérée et un endurcissement insurmontable. On ne peut pas aujourd’hui commettre ce péché-là, mais on se rend extrêmement coupable lorsqu’on tient des discours et que l’on a des sentiments profanes et impies et lorsqu’on résiste à la vérité après l’avoir connue et à la grâce du Saint-Esprit dont on sent l’opération en soi-même. III. À l’occasion du blasphème des pharisiens, Jésus-Christ nous enseigne que les bons discours sont la marque d’un bon cœur, que les mauvais discours procèdent d’un cœur gâté et que les hommes rendront compte de toutes les mauvaises paroles qu’ils auront dites. Cela nous apprend qu’un homme de bien se reconnaît par ses paroles et que le moyen de les régler bien est de régler notre cœur. IV. Sur ce que les pharisiens, après tant de miracles que le Seigneur avait déjà faits en leur présence, le prièrent encore d’en faire un nouveau, nous devons considérer que les incrédules et ceux qui ont le cœur mauvais ne sont jamais contents et qu’il n’y a rien d’assez clair ni d’assez fort pour les convaincre. Et le refus que notre Seigneur fit de faire ce signe nous montre que quand Dieu a fait inutilement ce qui était nécessaire pour surmonter l’endurcissement des hommes, il les abandonne justement à leur obstination. V. Si l’exemple de la reine de Sçeba et celui des Ninivites condamnaient les juifs incrédules, ces exemples condamneront beaucoup plus les chrétiens qui ne s’amendent pas, puisque Dieu leur a fait plus de grâces qu’à ces Juifs dont Jésus-Christ parle. VI. Par la similitude du mauvais esprit qui rentre dans un homme après en être sorti, notre Seigneur marquait les malheurs qui allaient tomber sur les Juifs, lesquels après tout ce qu’il avait fait pour les délivrer de leur incrédulité, y persévéraient. Cela nous avertit que ceux qui ont eu part à la grâce de Dieu et qui en abusent perdent cette grâce et qu’ils tombent dans une plus grande condamnation. VII. Enfin, puisque Jésus-Christ déclare que ceux qui font la volonté de Dieu lui étaient aussi chers que sa mère et ses parents, nous devons reconnaître que la piété et l’observation des commandements de Dieu est la vraie marque des disciples de notre Seigneur et ce qui nous fait avoir part à son amour, qu’ainsi nous devons nous appliquer sur toutes choses à écouter sa parole et à la garder. Cela nous montre aussi que les personnes qui aiment Dieu et le craignent sont celles à qui l’on doit surtout donner son amour et son estime.
Notre Seigneur propose la parabole de la semence, et ensuite il l’explique en particulier à ses disciples.
1 Ce même jour, Jésus étant sorti de la maison, s’assit au bord de la mer.
2 Et une grande foule de peuple s’assembla vers lui, en sorte qu’il monta dans une barque. Il s’y assit, et toute la multitude se tenait sur le rivage.
3 Et il leur dit plusieurs choses par des similitudes ; et il leur parla ainsi : Un semeur sortit pour semer ;
4 Et comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la mangèrent toute.
5 L’autre partie tomba sur des endroits pierreux où elle n’avait que peu de terre, et elle leva aussitôt, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre ;
6 mais le soleil étant levé, elle fut brûlée ; et parce qu’elle n’avait point de racine, elle sécha.
7 L’autre partie tomba parmi des épines, et les épines crûrent et l’étouffèrent.
8 Et l’autre partie tomba dans une bonne terre, et rapporta du fruit ; un grain en rapporta cent, un autre soixante, et un autre trente.
9 Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
10 Alors les disciples s’étant approchés, lui dirent : Pourquoi leur parles-tu par des similitudes ?
11 Il répondit et leur dit : Parce qu’il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais cela ne leur est point donné.
12 Car on donnera à celui qui a déjà, et il aura encore davantage ; mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.
13 C’est à cause de cela que je leur parle en similitudes, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent et ne comprennent point.
14 Ainsi s’accomplit en eux la prophétie d’Esaïe qui dit : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous verrez de vos yeux, et vous n’apercevrez point.
15 Car le cœur de ce peuple est appesanti ; ils ont ouï dur de leurs oreilles, ils ont fermé les yeux, afin qu’ils ne perçoivent pas de leurs yeux, et qu’ils n’entendent pas de leurs oreilles, et qu’ils ne comprennent pas du cœur, et qu’ils ne se convertissent pas, et que je ne les guérisse pas.
16 Mais pour vous, vous êtes heureux d’avoir des yeux qui voient et des oreilles qui entendent.
17 Car je vous dis en vérité que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu ; et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.
18 Vous donc, écoutez ce que signifie la similitude du semeur.
19 Lorsqu’un homme entend la parole du royaume de Dieu, et qu’il ne la comprend point, le malin vient et ravit ce qui est semé dans le cœur ; c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin.
20 Et celui qui a reçu la semence dans des endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole, et qui la reçoit d’abord avec joie ;
21 Mais il n’a point de racine en lui-même ; c’est pourquoi il n’est que pour un temps ; et lorsque l’affliction ou la persécution survient à cause de la parole, il se scandalise aussitôt.
22 Et celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole ; mais les soucis de ce monde et la séduction des richesses étouffent la parole, et elle devient infructueuse.
23 Mais celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c’est celui qui entend la parole et qui la comprend, et qui porte du fruit, en sorte qu’un grain en produit cent, un autre soixante, et un autre trente.
RÉFLEXIONS
Il est nécessaire de remarquer en général sur les similitudes qui sont contenues dans ce chapitre et dans divers autres endroits de l’Évangile que notre Seigneur avait accoutumé, lorsqu’il enseignait, de se servir de similitudes et de paraboles et qu’afin que ses disciples et le peuple puissent mieux les retenir, il les tirait des choses les plus simples et les plus familières. Ces paraboles étaient de deux sortes. Il y en avait dont le sens était clair, mais les autres avaient quelque obscurité et Jésus-Christ employait ces dernières lorsqu’il s’agissait de certaines vérités que les auditeurs n’étaient pas alors en l’état de comprendre et qu’il ne voulait pas dire ouvertement avant sa mort. Telles sont celles qui marquaient qu’on le ferait mourir, que les Juifs seraient rejetés et que les païens seraient reçus à leur place. Il proposait ces vérités-là sous des images et des similitudes qui étaient fort simples et aisées à retenir et qui dans peu de temps seraient faciles à entendre, l’événement devant les rendre parfaitement claires. Ainsi l’on voit reluire une grande sagesse dans ces paraboles, elles montrent que Jésus-Christ connaissait l’avenir, elles étaient la plupart prophétiques et nous trouvons dans leur exact accomplissement des preuves convaincantes de la divinité de l’Évangile. Le dessein de Jésus-Christ dans la parabole de la semence est d’enseigner à ses disciples comment la parole de Dieu est reçue par ceux à qui elle est annoncée. Il y parle de quatre sortes de personnes. I. Les premiers sont ceux sur qui cette parole ne fait aucune impression et dont le cœur est entièrement endurci, c’est ce qui est représenté par la semence qui tombe sur le chemin. II. Les seconds sont ceux qui reçoivent et qui goûtent la parole de Dieu, mais qui s’étant engagés dans la profession de l’Évangile, sans s’être bien examinés eux-mêmes, abandonnent la vérité et la piété lorsqu’ils sont exposés à la persécution ou à quelque autre tentation, c’est ce qui est signifié par la semence qui tombe parmi les pierres et qui lève, mais qui, n’ayant point de racine, sèche bientôt. III. Notre Seigneur parle de ceux en qui la parole est rendue inutile par l’amour des richesses et par les soins de cette vie, tout de même que la semence qui tomberait parmi les épines y serait étouffée. IV. Les derniers sont ceux qui la reçoivent dans un bon cœur, en qui elle produit son fruit et son effet et qui persévèrent, ce qui est figuré par la semence qui est reçue dans une bonne terre et qui y fructifie abondamment. C’est là le sens et le but de cette belle parabole, elle tend à nous instruire de l’usage que nous devons faire de l’Évangile lorsqu’il nous est annoncé. Ce que Jésus-Christ dit à ses disciples dans le temps qu’il le leur expliqua doit nous faire reconnaître combien nous sommes heureux d’être instruits de ces divines vérités et d’avoir sur les mystères du royaume de Dieu des lumières que les prophètes même n’avaient pas. C’est là un avantage précieux dont nous devons nous prévaloir de peur que nous tombions dans le crime et dans la condamnation de ceux qui voient et qui entendent, mais qui ne reçoivent pas la vérité et qui refusent de se convertir.
CHAPITRE XIII, VERSETS 24 A 58
Jésus-Christ propose la similitude de l’ivraie, celle d’un grain de moutarde, celle du levain, celle d’un trésor caché et d’une perle de grand prix et celle d’un filet. Il exhorte ses disciples à faire un bon usage de ses instructions et il va à Nazareth où peu de gens crurent en lui.
24 Jésus leur proposa une autre similitude, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bonne semence en son champ.
25 Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, qui sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla.
26 Et après que la semence eut poussé, et qu’elle eut produit du fruit, l’ivraie parut aussi.
27 Alors les serviteurs du père de famille lui vinrent dire : Seigneur, n’as-tu pas semé de bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?
28 Et il leur dit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui répondirent : Veux-tu donc que nous allions la cueillir ?
29 Et il leur dit : Non, de peur qu’il n’arrive qu’en cueillant l’ivraie vous n’arrachiez le froment en même temps.
30 Laissez-les croître tous deux ensembles jusqu’à la moisson ; et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Cueillez premièrement l’ivraie, et liez-la en faisceaux pour la brûler ; mais assemblez le froment dans mon grenier.
31 Il leur proposa une autre similitude, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde que quelqu’un prend et sème dans son champ ;
32 Ce grain est la plus petite de toutes les semences ; mais quand il a crû, il est plus grand que les autres légumes, et il devient un arbre, tellement que les oiseaux du ciel y viennent et font leurs nids dans ses branches.
33 Il leur dit une autre similitude : Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prend et qu’elle met parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.
34 Jésus dit toutes ces choses au peuple en similitudes, et il ne leur parlait point sans similitudes.
35 De sorte que ce qui avait été dit par le prophète fut accompli : J’ouvrirai ma bouche en similitudes, j’annoncerai les choses qui ont été cachées depuis la création du monde.
36 Alors Jésus, ayant renvoyé le peuple, s’en alla à la maison ; et ses disciples, étant venus vers lui, lui dirent : Explique-nous la similitude de l’ivraie du champ.
37 Il leur répondit et leur dit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ;
38 Le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les enfants du royaume ; l’ivraie, ce sont les enfants du malin ;
39 L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; et les moissonneurs sont les anges.
40 Comme donc on amasse l’ivraie et qu’on la brûle dans le feu, il en sera de même à la fin du monde.
41 Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui ôteront de son royaume tous les scandales et ceux qui font l’iniquité ;
42 Et ils les jetteront dans la fournaise ardente ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
43 Alors les justes luiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.
44 Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme a trouvé, et qu’il cache ; et de la joie qu’il en a, il s’en va, et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ-là.
45 Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles perles,
46 Et qui ayant trouvé une perle de grand prix, s’en va et vend tout ce qu’il a, et l’achète.
47 Le royaume des cieux est encore semblable à un filet qui, étant jeté dans la mer, ramasse toutes sortes de choses ;
48 Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent sur le rivage ; et s’étant assis, ils mettent ce qu’il y a de bon à part dans leurs vaisseaux, et ils jettent ce qui ne vaut rien.
49 Il en sera de même à la fin du monde ; les anges viendront, et sépareront les méchants du milieu des justes ;
50 Et ils jetteront les méchants dans la fournaise ardente ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
51 Et Jésus dit à ses disciples : Avez-vous compris toutes ces choses ? Ils lui répondirent : Oui, Seigneur.
52 Et il leur dit : C’est pour cela que tout docteur qui est bien instruit dans ce qui regarde le royaume des cieux, est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles.
53 Et il arriva que quand Jésus eut achevé ces similitudes, il se retira de ce lieu-là.
54 Et étant venu en sa patrie, il les enseignait dans leur synagogue ; de sorte qu’ils étaient étonnés, et qu’ils disaient : D’où viennent à cet homme cette sagesse et ces miracles ?
55 N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères, Jacques, Joses, Simon et Jude ?
56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où lui viennent donc toutes ces choses ?
57 De sorte qu’ils se scandalisaient de lui. Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa maison.
58 Et il ne fit là que peu de miracles, à cause de leur incrédulité.
RÉFLEXIONS
Les similitudes de l’ivraie et d’un filet ont un même sens. Elles signifient suivant l’explication que notre Seigneur en donna que, parmi ceux qui embrassent la profession de l’Évangile, il y aurait des hypocrites qui seraient mêlés avec les bons et que cela aura lieu jusqu’à la fin du monde, mais qu’alors ils seront séparés, que les méchants seront envoyés au feu éternel et que les justes seront reçus dans la gloire céleste. L’usage que nous devons faire de ces paraboles, c’est de n’être pas scandalisés si nous voyons parmi les chrétiens des personnes qui suivent l’erreur et le vice, d’être sur nos gardes et d’éviter le commerce des méchants, de peur qu’ils ne nous séduisent, d’avoir cependant toujours pour eux des sentiments de charité et de travailler au reste, pour ce qui nous regarde, à être du nombre des justes afin qu’à la venue de Jésus-Christ nous soyons reçus dans son royaume. Par les similitudes d’un grain de moutarde et du levain, notre Seigneur voulait marquer que, quoi qu’il n’eût alors qu’un petit nombre de disciples et que sa doctrine ne fut presque pas connue dans le monde, elle se répandrait bientôt sur toute la terre. Mais Jésus-Christ disait cela en termes couverts et figurés, parce qu’il ne voulait pas alors dire ouvertement, crainte de scandaliser les Juifs, que les païens et tous les peuples entreraient dans l’Église. Ces similitudes sont prophétiques et l’on en voit le sens et la divinité dans l’établissement de la religion de Jésus-Christ qui a été annoncée et reçue dans tant d’endroits du monde, comme il l’avait prédit. La similitude d’un trésor caché et celle de la perle tendent à nous montrer qu’il n’y a rien de plus précieux et de plus excellent que l’Évangile et les biens qu’il renferme, que le plus grand bonheur qui puisse nous arriver est de les posséder et qu’ainsi il faut faire avec joie tout ce qui peut nous les procurer et renoncer même à ce que nous avons de plus cher au monde pour acquérir un si précieux trésor. Nous devons, comme Jésus-Christ y exhortait ses disciples, retenir ces divines instructions, les mettre et les serrer dans notre cœur afin d’en tirer continuellement les secours et les encouragements nécessaires pour résister aux tentations et pour nous animer à l’amour de Dieu et à la pratique des bonnes œuvres. L’on voit sur la fin de ce chapitre, que, bien que les habitants de Nazareth entendissent la doctrine de Jésus-Christ et qu’ils vissent quelques-uns de ses miracles, ils ne crurent point en lui parce qu’ils le regardaient comme le fils d’un charpentier et qu’il avait été élevé parmi eux, ce qui fit que notre Seigneur leur dit qu’un prophète n’était méprisé que dans son pays. Les hommes méprisent souvent les faveurs que Dieu leur accorde et les avantages les plus précieux, lorsqu’ils sont communs et qu’ils peuvent en jouir sans peine et Dieu voyant leur ingratitude les en prive, comme cela arriva à ceux de Nazareth à cause de leur incrédulité.
Saint Matthieu récite trois choses. I. L’histoire de la mort de Jean-Baptiste. II. Comment Jésus-Christ donna à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. III. Un autre miracle que notre Seigneur fit, lorsque ses disciples étant exposés à une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer.
1 En ce temps-là, Hérode le Tétrarque entendit ce qu’on publiait de Jésus ;
2 Et il dit à ses serviteurs : C’est Jean-Baptiste ; il est ressuscité, et c’est pour cela qu’il se fait des miracles par lui.
3 Car Hérode avait fait prendre Jean, et l’avait fait lier et mettre en prison, au sujet d’Hérodias, femme de Philippe son frère.
4 Parce que Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme.
5 Et il aurait bien voulu le faire mourir ; mais il craignait le peuple, parce qu’on regardait Jean comme un prophète.
6 Or, comme on célébrait le jour de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu de l’assemblée, et plut à Hérode.
7 De sorte qu’il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait.
8 Elle donc, étant poussée par sa mère, lui dit : Donne-moi ici dans un plat la tête de Jean-Baptiste.
9 Et le roi en fut fâché ; mais à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât.
10 Et il envoya couper la tête à Jean dans la prison.
11 Et on apporta sa tête dans un plat, et on la donna à la fille, et elle la présenta à sa mère.
12 Puis ses disciples vinrent, et emportèrent son corps et l’ensevelirent, et ils vinrent l’annoncer à Jésus.
13 Et Jésus ayant appris ce qu’Hérode disait de lui, se retira de là dans une barque, en un lieu écarté, à part. Et quand le peuple le sut, il sortit des villes et le suivit à pied.
14 Et Jésus étant sorti de la barque, vit une grande multitude, et il fut ému de compassion envers eux, et guérit leurs malades.
15 Et comme il se faisait tard, ses disciples vinrent à lui et lui dirent : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà passée ; renvoie ce peuple, afin qu’ils aillent dans les bourgades, et qu’ils y achètent des vivres.
16 Mais Jésus leur dit : Il n’est pas nécessaire qu’ils y aillent ; donnez-leur vous-mêmes à manger.
17 Et ils lui dirent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons.
18 Et il leur dit : Apportez-les-moi ici.
19 Et après avoir commandé que le peuple s’assît sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il rendit grâces ; et ayant rompu les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent au peuple.
20 Tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restèrent.
21 Et ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants.
22 Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples d’entrer dans la barque et de passer avant lui de l’autre côté pendant qu’il renverrait le peuple.
23 Et après qu’il l’eut renvoyé, il monta sur une montagne, pour être à part, afin de prier ; et la nuit étant venue, il était là seul.
24 Cependant la barque était déjà au milieu de la mer, battue des flots ; car le vent était contraire.
25 Et, à la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer.
26 Et ses disciples le voyant marcher sur la mer, furent troublés et ils dirent : C’est un fantôme ; et de la frayeur qu’ils eurent ils s’écrièrent.
27 Mais aussitôt Jésus leur parla et leur dit : Rassurez-vous ; c’est moi, n’ayez point de peur.
28 Et Pierre, répondant, lui dit : Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi en marchant sur les eaux.
29 Jésus lui dit : Viens. Et Pierre étant descendu de la barque, marcha sur les eaux pour aller à Jésus.
30 Mais voyant que le vent était fort, il eut peur, et comme il commençait à enfoncer, il s’écria et dit : Seigneur, sauve-moi.
31 Et incontinent Jésus étendit la main et le prit, lui disant : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?
32 Et quand ils furent entrés dans la barque, le vent cessa.
33 Alors ceux qui étaient dans la barque vinrent et l’adorèrent, disant : Tu es véritablement le Fils de Dieu.
34 Et ayant passé le lac, ils vinrent dans le pays de Génézareth.
35 Et quand les gens de ce lieu-là l’eurent reconnu, ils envoyèrent par toute la contrée d’alentour, et ils lui présentèrent tous les malades.
36 Et ils le priaient qu’ils pussent seulement toucher le bord de son habit ; et tous ceux qui le touchèrent furent guéris.
RÉFLEXIONS
Il faut d’abord faire cette considération générale sur la mort de Jean-Baptiste, que Dieu voulut que ce Saint homme, qui avait annoncé la venue du règne du Messie mourût d’une mort violente pour faire voir aux Juifs que ce règne ne serait pas un règne temporel et afin qu’ils ne fussent pas scandalisés lorsque Jésus-Christ lui-même serait mis à mort. Après cela il faut remarquer que ce qui donna occasion à la mort de Jean-Baptiste fut le zèle de ce prophète qui reprit Hérode de son commerce criminel avec Hérodias, la haine que cette femme impudique avait conçue contre Jean-Baptiste et la complaisance qu’Hérode eut pour elle. Les réflexions qu’il y a à faire sur cela sont : I. que les serviteurs de Dieu doivent reprendre toutes sortes de personnes avec courage et avec zèle, quand même ils s’attireraient par-là la haine des méchants ; II. Que l’impureté et l’amour des plaisirs font commettre bien des crimes ; III. Et Enfin qu’il peut arriver de grands maux par les serments téméraires aussi bien que par la mauvaise honte et par la complaisance qu’on a pour les personnes vicieuses. Le miracle de cinq pains a ceci de particulier qu’il fut fait en présence de plusieurs milliers d’hommes qui en furent les témoins et qui y eurent part. Cette circonstance rend ce miracle encore plus certain et elle prouve la merveilleuse puissance de notre Seigneur, de même que la grande bonté dont il était animé envers le peuple qui le suivait. Enfin, cet autre miracle que notre Seigneur fit lorsqu’il vint à ses disciples en marchant sur la mer est aussi une preuve de son pouvoir sans borne et de son amour pour ses disciples. Il voulut dans cette occasion faire marcher St. Pierre sur l’eau pour fortifier la foi de cet apôtre et celle de ses collègues et pour les assurer par là qu’ils feraient dans la suite des miracles les plus extraordinaires et qu’aucun péril ne devait les ébranler.
Pour ce qui nous regarde, nous devons faire ici ces deux considérations : I. l’une, que si les fidèles se trouvent dans le danger, Dieu vient à leur secours lorsqu’il en est temps ; II. L’autre, que comme le zèle et la foi de Saint Pierre le firent d’abord marcher sur l’eau, mais que la peur le fit enfoncer, ce n’est aussi que le manque de foi qui nous fait succomber dans les tentations et dans les dangers, mais qu’avec la foi et le secours du Seigneur nous les surmonterons heureusement.
Jésus-Christ justifie ses disciples sur ce qu’ils n’observaient pas la coutume des pharisiens et des Juifs qui se lavaient les mains avant les repas, ce que les juifs faisaient, non pour la propreté, mais par un principe de religion, croyant que sans cela ils n’auraient pas été nets. Notre Seigneur reproche aux pharisiens qui se scandalisaient du procédé de ses disciples de violer eux-mêmes la loi divine par leurs traditions et surtout en enseignant que si quelqu’un consacrait à Dieu le bien dont il aurait pu assister père et mère il ne lui était plus permis après un tel vœu d’employer son bien au soulagement de son père ou de sa mère. Ensuite le Seigneur montre ce qui souille l’homme et ce qui ne le souille pas. Il guérit la fille d’une femme cananéenne et plusieurs malades. Il donna à manger à quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons.
1 Alors des Scribes et des Pharisiens vinrent de Jérusalem à Jésus, et lui dirent :
2 Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils ne se lavent point les mains lorsqu’ils prennent leurs repas.
3 Mais il leur répondit : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition ?
4 Car Dieu a donné ce commandement : Honore ton père et ta mère ; et que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.
5 Mais vous, vous dites : Celui qui aura dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais t’assister, est un don consacré à Dieu, n’est pas coupable, quoiqu’il n’honore pas son père ou sa mère.
6 Et ainsi vous avez anéanti le commandement de Dieu par votre tradition.
7 Hypocrites ! Esaïe a bien prophétisé de vous, lorsqu’il a dit :
8 Ce peuple s’approche de moi de sa bouche et m’honore de ses lèvres ; mais leur cœur est bien éloigné de moi.
9 Mais ils m’honorent en vain, en enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes.
10 Et ayant appelé le peuple, il leur dit : Écoutez, et comprenez ceci :
11 Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche, qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme.
12 Alors ses disciples s’approchant, lui dirent : N’as-tu pas remarqué que les Pharisiens ont été scandalisés quand ils ont ouï ce discours ?
13 Mais il leur répondit : Toute plante que mon Père céleste n’a point plantée sera déracinée.
14 Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; que si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse.
15 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Explique-nous cette parabole.
16 Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ?
17 Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche s’en va dans le ventre et est jeté aux lieux secrets ?
18 Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur ; c’est là ce qui souille l’homme.
19 Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les médisances.
20 Ce sont ces choses-là qui souillent l’homme ; mais de manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme.
21 Et Jésus, partant de là, se retira aux quartiers de Tyr et de Sidon.
22 Et une femme Cananéenne, qui venait de ces quartiers-là, s’écria et lui dit : Seigneur, fils de David, aie pitié de moi ; ma fille est misérablement tourmentée par le démon.
23 Mais il ne lui répondit rien. Sur quoi ses disciples, s’étant approchés, le prièrent, disant : Renvoie-la ; car elle crie après nous.
24 Et il répondit : Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.
25 Et elle vint et se prosterna, en disant : Seigneur, aide-moi.
26 Il lui répondit : Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, pour le jeter aux petits chiens.
27 Mais elle dit : Il est vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.
28 Alors Jésus, répondant, lui dit : O femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le désires. Et à cette heure même sa fille fut guérie.
29 Jésus, partant de là, vint près de la mer de Galilée, et étant monté sur une montagne, il s’y assit.
30 Alors une grande multitude de peuple vint à lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et plusieurs autres qu’ils mirent aux pieds de Jésus ; et il les guérit.
31 De sorte que le peuple était dans l’admiration, voyant que les muets parlaient, que les estropiés étaient guéris, que les boiteux marchaient, que les aveugles voyaient, et ils glorifiaient le Dieu d’Israël.
32 Alors Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : J’ai pitié de cette multitude ; car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger ; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin.
33 Et ses disciples lui dirent : D’où pourrions-nous avoir, dans ce lieu désert, assez de pain pour rassasier une telle multitude ?
34 Et Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? Ils lui dirent : Nous en avons sept et quelque peu de petits poissons.
35 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre.
36 Et ayant pris les sept pains et les poissons, et ayant rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et les disciples les donnèrent au peuple.
37 Et tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restèrent.
38 Or, ceux qui en avaient mangé étaient quatre mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants.
39 Alors Jésus ayant renvoyé le peuple, entra dans une barque, et il vint au territoire de Magdala.
RÉFLEXIONS
L’entretien de Jésus-Christ avec les pharisiens nous présente les réflexions suivantes. I. Que les hypocrites font uniquement consister la religion et la piété dans des devoirs extérieurs et souvent vains et de très petite importance, qu’ils observent scrupuleusement ces sortes de choses et condamnent ceux qui ne les observent pas, pendant qu’eux-mêmes manquent aux devoirs les plus importants et pèchent contre les commandements de Dieu les plus exprès. II. Que le devoir des enfants envers père et mère est tout à fait inviolable, que rien ne les en peut dispenser et qu’ils sont particulièrement obligés d’assister leurs pères et leurs mères dans le besoin. III. Que les vœux et les serments téméraires et contraires à la loi divine ne doivent point être gardés. IV. Que Dieu rejette le culte de ceux qui ne l’honorent que de la bouche et des lèvres et dont le cœur est éloigné de lui et qu’il veut être servi suivant qu’il l’a commandé dans sa parole et non pas suivant les inventions et les commandements des hommes. V. Le sauveur du monde nous enseigne que ce ne sont pas seulement les actions extérieures qui souillent les hommes et qui les rendent coupables devant Dieu, mais que ce sont aussi et principalement les mauvaises pensées, les mouvements du cœur et les désirs qui tendent à l’impureté, à l’injustice, à l’orgueil, à la médisance et aux autres péchés. C’est là une doctrine très importante et d’un grand usage, elle nous oblige à nous étudier surtout à la sainteté intérieure et à la pureté du cœur et de la conscience. VI. On doit faire une attention particulière au miracle que notre Seigneur fit en guérissant la fille de la Cananéenne. Il refusa d’abord de guérir cette fille parce que sa mère était païenne et il en usa de la sorte, non seulement pour exciter le zèle de cette femme, mais aussi à cause le temps n’était pas encore venu auquel les païens devaient être appelés et parce que pendant son séjour sur terre, il ne faisait des miracles qu’en faveur des Juifs. Mais voyant la persévérance et la profonde humilité de cette femme il fit enfin ce qu’elle lui avait demandé. Dans cet exemple, nous voyons que les prières faites avec foi, avec humilité et avec persévérance sont très agréables à Dieu et très efficaces, que si Dieu ne nous exauce pas d’abord, il le fait afin de nous éprouver, d’animer par là notre zèle et de nous faire mieux sentir notre indignité, mais lorsque nous continuons à l’invoquer avec ferveur, il nous accorde enfin les grâces que nous lui demandons. VII. Au reste, on découvre dans ce miracle, de même que dans ceux que notre Seigneur fit en guérissant un grand nombre de malades et en nourrissant quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons, de nouvelles preuves de sa toute puissance et de sa bonté et le récit de toutes ces merveilles doit nous inciter à louer Dieu et à lui donner gloire comme le firent autrefois ceux qui furent témoins de ces miracles.
Ce chapitre a quatre parties. I. Jésus-Christ refuse de faire un prodige que les pharisiens lui demandaient et il leur reproche leur aveuglement. II. Il avertit ses disciples de se garder du levain des pharisiens et des sadducéens. III. Ayant demandé aux apôtres quelle opinion ils avaient de lui, St. Pierre reconnaît qu’il était le Christ, le fils du Dieu vivant et notre Seigneur lui fait des promesses très avantageuses. IV. Il prédit sa mort, il exhorte ses disciples à se préparer eux-mêmes aux souffrances et pour les y engager, il leur montre de quelle importance sont le salut et la perte de l’âme. Il prédit aussi que quelques-uns de ses disciples ne mourraient point que son règne n’eût été établi et qu’il ne fût venu pour détruire les Juifs, ce qui a été accompli en ceux des disciples de Jésus-Christ qui vécurent jusqu’à ce temps-là et particulièrement en l’apôtre Saint Jean.
1 Alors des Pharisiens et des Sadducéens vinrent à lui, et ils lui demandèrent en le tentant, qu’il leur fît voir quelque miracle du ciel.
2 Mais il leur répondit : Quand le soir est venu, vous dites : Il fera beau temps, car le ciel est rouge.
3 Et le matin vous dites : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est sombre et rouge. Hypocrites ! vous savez bien discerner l’apparence du ciel, et vous ne pouvez pas discerner les signes des temps où vous vivez.
4 Cette race méchante et adultère demande un miracle, mais on ne lui en accordera aucun autre que celui du prophète Jonas. Et, les laissant, il s’en alla.
5 Et ses disciples, qui étaient assis à l’autre bord, avaient oublié de prendre des pains.
6 Et Jésus leur dit : Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens et des Sadducéens.
7 Sur quoi ils pensaient en eux-mêmes, et disaient : C’est parce que nous n’avons point pris de pains.
8 Et Jésus, connaissant cela, leur dit : Gens de peu de foi, pourquoi pensez-vous ainsi en vous-mêmes, sur ce que vous n’avez point pris de pains ?
9 N’avez-vous point encore d’intelligence et ne vous souvenez-vous plus des cinq pains des cinq mille hommes, et combien vous en remportâtes de paniers ?
10 Ni des sept pains des quatre mille hommes, et combien vous en remportâtes de corbeilles ?
11 Comment ne comprenez-vous pas que je ne vous parlais pas du pain, lorsque je vous ai dit de vous garder du levain des Pharisiens et des Sadducéens ?
12 Alors ils comprirent que ce n’était pas du levain du pain, mais que c’était du levain de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens qu’il leur avait dit de se garder.
13 Et Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ?
14 Et ils lui répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Élie, et les autres, Jérémie, ou l’un des prophètes.
15 Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ?
16 Simon Pierre, prenant la parole, dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
17 Et Jésus lui répondit : Tu es heureux, Simon, fils de Jona ; car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux.
18 Et moi je te dis aussi, que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.
19 Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.
20 Alors il défendit à ses disciples de dire à personne que lui Jésus fût le Christ.
21 Dès lors Jésus commença à déclarer à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, et qu’il y souffrît beaucoup de la part des sénateurs, et des principaux sacrificateurs, et des Scribes, et qu’il y fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour.
22 Alors Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre et à lui dire : À Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne t’arrivera point.
23 Mais Jésus, se tournant, dit à Pierre : Retire-toi de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes.
24 Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, et qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.
25 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi la trouvera ;
26 Car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ? Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ?
27 Car le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.
28 Je vous dis en vérité qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir en son règne.
REFLEXIONS
La première réflexion qu’on doit faire ici, concerne l’aveuglement des pharisiens, qui bien que Jésus-Christ eût fait tant de miracles et qu’ils dussent voir par-là que le temps de la venue du Messie était arrivé, voulaient qu’il leur fît voir quelque miracle au ciel, ce qu’il refusa très justement de faire. Après que Dieu a donné des preuves suffisantes de la vérité de l’Évangile, si les hommes ne s’y rendent pas, ils ne doivent pas s’attendre que Dieu fasse des miracles continuels pour vaincre leur incrédulité. II. Le sens de l’avertissement que Jésus-Christ donna aux apôtres en leur disant de se garder du levain des pharisiens et des sadducéens était qu’ils devaient s’éloigner de la doctrine des pharisiens qui s’attachaient aux dehors de la religion et aux traditions et de celles des sadducéens qui niaient la résurrection et l’immortalité de l’âme. Cet avertissement nous montre que l’on doit éviter avec un grand soin dans la religion, la superstition et l’hypocrisie, aussi bien que les sentiments impies et libertins. III. Il paraît de ce chapitre que l’on avait une haute opinion de Jésus-Christ parmi les Juifs et surtout que les apôtres avaient été pleinement persuadés qu’il était le Christ, le fils du Dieu vivant. C’est aussi là la grande et la principale vérité que les chrétiens doivent croire et confesser devant tout le monde. IV. La promesse que Jésus-Christ fit à St. Pierre en lui disant : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, signifie que Saint Pierre serait l’un des principaux ministres dont il se servirait pour établir son Église et que ce serait lui qui jetterait les fondements de l’Église chrétienne en annonçant le premier l’Évangile tant aux Juifs qu’aux païens. V. Jésus-Christ prédit sa mort et il censura fortement Saint Pierre, qui, étant rempli des préjugés des Juifs, ne pouvait croire que le Messie dût mourir. Notre Seigneur parla de la sorte et il s’exprima en ces termes forts, non qu’il n’aimât Saint Pierre, mais pour lui faire tant mieux sentir et à tous ses disciples qu’il était nécessaire qu’il souffrît la mort et qu’il y était résolu. VI. Enfin, les derniers versets de ce chapitre contiennent des instructions très remarquables et particulièrement ces trois :
I. Que la première chose que Jésus-Christ exige de ses disciples c’est qu’ils renoncent à eux-mêmes et qu’ils se disposent aux souffrances et que jamais le désir de conserver notre vie ne doit nous empêcher de suivre Jésus-Christ et de lui obéir.
II. Que le salut ou la perte de l’âme sont ce qu’il y a de plus important et qu’il ne servirait de rien de gagner le monde entier si l’on perdait son âme.
III. Que le Fils de Dieu viendra du ciel avec gloire pour rendre à tous les hommes selon leurs œuvres.
Ce chapitre contient : I. l’histoire de la transfiguration de Jésus-Christ, II. L’entretien qu’il eut avec les apôtres sur la venue d’Élie que les Juifs attendaient, III. La guérison d’un démoniaque que les apôtres n’avaient pu délivrer, IV. Un miracle que Jésus fit pour payer le tribut que les Juifs donnaient pour l’entretien du temple et du service divin.
1 Six jours après, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère, et les mena sur une haute montagne, à part.
2 Et il fut transfiguré en leur présence ; son visage devint resplendissant comme le soleil, et ses habits devinrent éclatante comme la lumière.
3 En même temps, Moïse et Élie apparurent, qui s’entretenaient avec lui.
4 Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous demeurions ici ; si tu veux, faisons-y trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.
5 Comme il parlait encore, une nuée resplendissante les couvrit ; et tout d’un coup une voix sortit de la nuée, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection ; écoutez-le.
6 Ce que les disciples ayant entendu, ils tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une très grande crainte.
7 Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et n’ayez point de peur.
8 Alors élevant leurs yeux, ils ne virent plus que Jésus seul.
9 Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette défense : Ne dites à personne ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts.
10 Et ses disciples l’interrogèrent, disant : Pourquoi donc les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne premièrement ?
11 Et Jésus leur répondit : Il est vrai qu’Élie devait venir premièrement, et rétablir toutes choses.
12 Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont point reconnu, mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; c’est ainsi aussi qu’ils feront souffrir le Fils de l’homme.
13 Alors les disciples comprirent que c’était de Jean-Baptiste qu’il leur avait parlé.
14 Et lorsqu’ils furent venus vers le peuple, un homme vint à lui, qui se jeta à genoux devant lui,
15 Et lui dit : Seigneur, aie pitié de mon fils, car il est lunatique, et fort tourmenté, et il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l’eau.
16 Et je l’ai présenté à tes disciples, mais ils n’ont pu le guérir.
17 Et Jésus, répondant, dit : O race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ici.
18 Et Jésus reprit sévèrement le démon, qui sortit de cet enfant ; et dès cette heure-là l’enfant fut guéri.
19 Alors les disciples vinrent en particulier à Jésus, et lui dirent : Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon ?
20 Et Jésus leur répondit : C’est à cause de votre incrédulité ; car je vous dis en vérité que si vous aviez de la foi, aussi gros qu’un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle s’y transporterait, et rien ne vous serait impossible.
21 Mais cette sorte de démons ne sort que par la prière et par le jeûne.
22 Et comme ils étaient dans la Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes ;
23 Et ils le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour. Et les disciples en furent fort attristés.
24 Et quand ils furent arrivés à Capernaüm, ceux qui recevaient les didrachmes s’adressèrent à Pierre, et lui dirent : Votre maître ne paie-t-il pas les didrachmes ?
25 Il dit : Oui. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint et lui dit : Que t’en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui tirent-ils des tributs ou des impôts ? Est-ce de leurs enfants, ou des étrangers ?
26 Pierre dit : C’est des étrangers. Jésus lui répondit : Les enfants en sont donc exempts.
27 Mais afin que nous ne les scandalisions point, va-t’en à la mer, jette l’hameçon, et tire le premier poisson qui se prendra ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu trouveras un statère ; prends-le, et le leur donne pour moi et pour toi.
REFLEXIONS
Notre Seigneur voulut être transfiguré peu avant sa mort en présence de ses disciples afin de fortifier leur foi et de les affermir contre le scandale que sa mort aurait pu leur donner. L’apparition de Moïse et d’Élie qui furent vus alors marquait que Jésus-Christ était celui dont les prophètes avaient prédit la venue et qu’il était plus grand que les plus excellents prophètes. Cela prouve aussi que ces Saints hommes n’étaient pas anéantis et qu’ainsi il y a pour les gens de bien une autre vie après celle-ci. La voix que Dieu fit entendre du ciel dans cette occasion nous apprend que Jésus est le fils de Dieu, que c’est lui seul que nous devons écouter et à qui nous devons une parfaite obéissance. Ce que Jésus-Christ dit à ses disciples que Jean-Baptiste était cet Élie dont les prophètes avaient parlé doit nous convaincre de la dignité de la personne de Jean-Baptiste et de l’autorité de son ministère.
III. Dans l’histoire du lunatique, que les apôtres n’avaient pu guérir, on voit que notre Seigneur était revêtu d’un pouvoir auquel rien ne pouvait résister et qu’il était en même temps plein de compassion envers les misérables. On y remarque d’un autre côté que le défaut de foi dans les apôtres fut cause qu’ils ne purent faire ce miracle et qu’au contraire le père du lunatique obtint par la foi la guérison de son fils.
La foi est d’une grande efficace, elle n’est pas moins nécessaire pour le salut qu’elle l’était autrefois pour faire ou pour obtenir des miracles, ainsi nous devons travailler à nous y affermir.
IV. La tristesse que les apôtres firent paraître lorsque Jésus-Christ prédit sa mort est une autre preuve de l’imperfection de leur foi, mais les chrétiens qui savent que Jésus-Christ est mort afin de nous procurer le salut doivent regarder cette mort comme le fondement de leur bonheur et de leur espérance.
V. Enfin, la manière miraculeuse dont Jésus-Christ paya le tribut est un effet remarquable de sa puissance. Il fit voir dans cette rencontre qu’il ne méprisait pas ce qui regardait la religion et c’est là un exemple qui nous apprend à nous soumettre à l’ordre public et à donner sans répugnance et avec plaisir quelque portion de nos biens quand il s’agit du service de Dieu et des œuvres de piété.
Les apôtres demandent à notre Seigneur lequel d’entre eux serait le plus grand dans le royaume des cieux. Ils lui firent cette question parce qu’ils croyaient avec les Juifs que le Messie établirait son règne sur la terre et qu’il y aurait des dignités dans son royaume. Notre Seigneur, pour les désabuser de cette opinion met un petit enfant au milieu d’eux, il les exhorte à devenir semblables aux petits enfants, il les avertit de ne point mépriser ceux qui croyaient en lui, quoi qu’ils fussent petits selon le monde. Il leur représente que c’est un grand péché que de scandaliser aucun des fidèles et qu’il appelle même les plus grands pécheurs à la repentance et au salut. Tout ce discours de Jésus-Christ tendait à retirer les apôtres de l’opinion où ils étaient sur le règne du Messie et à leur inspirer des sentiments de charité et d’humilité. Dans la seconde partie de ce chapitre, Jésus-Christ enseigne à ses disciples comment ils devaient se conduire envers leurs frères qui les avaient offensés et ce que l’église doit faire à l’égard de ceux qui ne veulent pas profiter de ses avertissements. Après cela, il montre par une parabole que nous devons nous pardonner les uns aux autres.
1 En cette même heure-là, les disciples vinrent à Jésus et lui dirent : Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ?
2 Et Jésus ayant fait venir un enfant, le mit au milieu d’eux,
3 Et dit : Je vous le dis en vérité, que si vous ne changez et si vous ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.
4 C’est pourquoi, quiconque s’humiliera soi-même, comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux.
5 Et quiconque reçoit un tel enfant à cause de mon nom, il me reçoit.
6 Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou une meule, et qu’on le jetât au fond de la mer.
7 Malheur au monde à cause des scandales ; car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive.
8 Que si ta main ou ton pied te fait tomber dans le péché, coupe-les, et jette-les loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot dans la vie, que d’avoir deux pieds ou deux mains, et d’être jeté dans le feu éternel.
9 Et si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres dans la vie n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne du feu.
10 Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que leurs anges voient sans cesse dans les cieux la face de mon Père qui est aux cieux.
11 Car le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui était perdu.
12 Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et qu’il y en ait une égarée, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf, pour s’en aller par les montagnes chercher celle qui s’est égarée ?
13 Et s’il arrive qu’il la trouve, je vous dis en vérité qu’il en a plus de joie que des quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont point égarées.
14 Ainsi la volonté de votre Père qui est aux cieux n’est pas qu’aucun de ces petits périsse.
15 Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère.
16 Mais s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que tout soit confirmé sur la parole de deux ou trois témoins.
17 Que s’il ne daigne pas les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il ne daigne pas écouter l’Église, regarde-le comme un païen et un péager.
18 Je vous dis en vérité, que tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.
19 Je vous dis encore, que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quelque chose, tout ce qu’ils demanderont leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.
20 Car où il y a deux ou trois personnes assemblées en mon nom, j’y suis au milieu d’elles.
21 Alors Pierre, s’étant approché, lui dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il m’aura offensé ? Sera-ce jusqu’à sept fois ?
22 Jésus lui répondit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois.
23 C’est pourquoi ce qui arrive dans le royaume des cieux est comparé à ce que fit un Roi qui voulut faire compte avec ses serviteurs.
24 Quand il eut commencé à compter, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents.
25 Et parce qu’il n’avait pas de quoi payer, son maître commanda qu’il fût vendu, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il avait, afin que la dette fût payée.
26 Et ce serviteur, se jetant à terre, le suppliait en lui disant : Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout.
27 Alors le Maître de ce serviteur, ému de compassion, le laissa aller et lui quitta la dette.
28 Mais ce serviteur étant sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers ; et l’ayant saisi, il l’étranglait en lui disant : Paie-moi ce que tu me dois.
29 Et son compagnon de service se jetant à ses pieds, le suppliait en lui disant : Aie patience envers moi, et je te paierai tout.
30 Mais il n’en voulut rien faire, et s’en étant allé, il le fit mettre en prison, pour y être jusqu’à ce qu’il eût payé la dette.
31 Ses autres compagnons de service, voyant ce qui s’était passé, en furent fort indignés, et ils vinrent rapporter à leur Maître tout ce qui était arrivé.
32 Alors son Maître le fit venir et lui dit : Méchant serviteur, je t’avais quitté toute cette dette, parce que tu m’en avais prié ;
33 Ne te fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, comme j’avais eu pitié de toi ?
34 Et son Maître, étant irrité, le livra aux sergents, jusqu’à ce qu’il lui eût payé tout ce qu’il lui devait.
35 C’est ainsi que vous fera mon Père céleste, si vous ne pardonnez pas chacun de vous, de tout son cœur, à son frère ses fautes.
RÉFLEXIONS
Jésus-Christ nous enseigne dans la première partie de ce chapitre : I. Que pour entrer dans le royaume des cieux, il faut être extrêmement humble et avoir aussi peu d’attachement que les petits enfants pour la gloire et pour les bonheurs du monde. II. Que l’on doit faire un très grand cas de ses vrais disciples, quand même ils seraient peu considérables dans le monde, que les gens de bien sont chers à Dieu, qu’il faut les honorer et les consoler, que Dieu les fait garder par ses anges et qu’il punira sévèrement ceux qui les auront méprisés, affligés ou scandalisés. Ces considérations doivent aussi encourager les fidèles et les remplir d’une grande confiance. III. Jésus-Christ nous enseigne que les scandales font un grand mal, qu’il n’est pas possible qu’il n’en arrive, que cependant Dieu n’en est point la cause, qu’ils n’arrivent que par la faute des hommes et que ceux qui en sont les auteurs porteront la peine de leur péché. Il s’ensuit de là que nous devons éviter soigneusement le péché et le scandale et que nous pouvons le faire en pratiquant les conseils que Jésus-Christ nous donne et en évitant tout ce qui pourrait être, pour nous ou pour les autres, une occasion de chute. IV. Enfin, ce que notre Seigneur dit ici, qu’il y a de la joie au ciel pour un seul pécheur qui s’amende, fait voir qu’il ne nous est pas permis de mépriser personne, que nous devons au contraire procurer l’édification et le salut de tous les hommes et en particulier la conversion des pécheurs autant que nous le pouvons. Dans la seconde partie de ce chapitre :
I. Jésus-Christ établit l’autorité et la discipline de l’église et la nécessité des avertissements tant particuliers que publics, il montre que tous les membres de l’église doivent se soumettre à l’ordre qui y est établi et que ceux qui refusent d’écouter l’église doivent être réputés comme des païens et des péages, c’est-à-dire qu’on ne peut plus les regarder comme membres de l’église et qu’il faut les retrancher de la communion et il déclare au reste que Dieu ratifie et confirme dans le ciel ce que l’église fait conformément à ses intentions.
II. La promesse que notre Seigneur fait d’exaucer ceux qui s’assembleraient en son nom et d’être présent au milieu d’eux nous enseigne que les prières qui se font dans un esprit d’union et de charité sont très agréables à Dieu, de même que les assemblées que l’on forme pour le servir et pour l’invoquer.
III. Enfin, Jésus-Christ nous instruit sur la nature et sur la nécessité du pardon des offenses. Il en explique la nature, en disant, que l’on doit pardonner jusqu’à septante fois sept fois, ce qui marque que ce pardon doit être général et sans borne et qu’il faut pardonner à toutes sortes de personnes et toutes sortes d’offenses, même celles qui seraient continuées et réitérées et cela en tout temps, sans jamais se rebuter. Il fait voir la nécessité de ce pardon par la parabole du serviteur à qui son maître avait quitté une dette fort considérable et qui ne voulut pas en quitter une très petite à l’un de ses compagnons de service. Cette parabole nous met devant les yeux :
I. L’infinie bonté de Dieu qui veut bien nous pardonner à nous qui sommes ses créatures et ses serviteurs, quoique nos péchés soient grands et en grands nombres.
II. Le crime et l’ingratitude de ceux qui refusent de pardonner aux hommes qui sont leurs égaux et dont les offenses sont très légères en comparaison des péchés commis contre Dieu.
III. La terrible et juste punition de tous ceux qui ne pardonneront pas de bon cœur et à tout le monde les offenses qu’ils pourraient avoir reçues.
I. Les pharisiens demandent à notre Seigneur s’il était permis aux maris de répudier leurs femmes comme cela se faisait parmi les Juifs. Il leur répond que ces divorces étaient contraires à la première institution du mariage et qu’ils ne devaient plus avoir lieu II. Jésus-Christ bénit des petits enfants qu’on lui présente. III. Un jeune homme riche lui demande ce qu’il fallait faire pour être sauvé et notre Seigneur voulant l’éprouver et voir s’il serait disposé à le suivre lui dit de quitter tous ses biens. Cette réponse ayant rebuté ce jeune homme, Jésus-Christ déclara que l’attachement aux richesses empêcherait le salut de bien des gens et il promet aux apôtres qui avaient tout quitté pour le suivre «de les faire seoir sur douze trônes pour juger les douze tributs d’Israël », ce qui signifie qu’ils seraient élevés à une grande gloire lorsque son règne s’établirait et qu’ils tiendraient un rang très considérable dans l’Église. Il promet aussi de récompenser ceux qui auraient tout abandonné pour l’Évangile.
1 Quand Jésus eut achevé ces discours, il partit de Galilée, et s’en alla dans les quartiers de la Judée, au-delà du Jourdain.
2 Et beaucoup de peuple l’y suivit, et il guérit là leurs malades.
3 Des Pharisiens y vinrent aussi pour le tenter, et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme, pour quelque sujet que ce soit ?
4 Et il leur répondit : N’avez-vous pas lu que celui qui créa l’homme, au commencement du monde, fit un homme et une femme ;
5 Et qu’il est dit : C’est à cause de cela que l’homme quittera son père et sa mère, et qu’il s’attachera à sa femme, et les deux ne seront qu’une seule chair ?
6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni.
7 Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner la lettre de divorce, quand on veut répudier sa femme ?
8 Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais il n’en était pas ainsi au commencement.
9 Mais je vous dis, moi, que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, et en épousera une autre, commet un adultère ; et celui qui épousera celle qui a été répudiée, commet aussi un adultère.
10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme avec la femme, il ne convient pas de se marier.
11 Mais il leur dit : Tous ne sont pas capables de cela, mais ceux-là seulement à qui il a été donné.
12 Car il y a des eunuques qui sont nés tels, dès le ventre de leur mère ; il y en a qui ont été faits eunuques par les hommes, et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes pour le royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre ceci, le comprenne.
13 Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains, et qu’il priât pour eux ; mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.
14 Mais Jésus leur dit : Laissez ces petits enfants, et ne les empêchez point de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.
15 Et leur ayant imposé les mains, il partit de là.
16 Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?
17 Il lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? il n’y a qu’un seul bon : c’est Dieu. Que si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements.
18 Il lui dit : Quels commandements ? Et Jésus lui répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d’adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ;
19 Honore ton père et ta mère ; et tu aimeras ton prochain comme toi-même.
20 Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses-là dès ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ?
21 Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, vends ce que tu as, et le donne aux pauvres ; et tu auras un trésor dans le ciel : après cela viens et suis-moi.
22 Mais quand le jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla tout triste ; car il possédait de grands biens.
23 Alors Jésus dit à ses disciples : Je vous dis en vérité, qu’un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.
24 Et je vous dis encore : Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.
25 Ses disciples, ayant entendu cela, furent fort étonnés, et ils disaient : Qui peut donc être sauvé ?
26 Et Jésus, les regardant, leur dit : Quant aux hommes, cela est impossible ; mais quant à Dieu, toutes choses sont possibles.
27 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi ; que nous en arrivera-t-il donc ?
28 Et Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, à vous qui m’avez suivi, que lorsque le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, dans le renouvellement qui doit arriver, vous aussi serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.
29 Et quiconque aura quitté des maisons, ou des frères, ou des sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou des champs, à cause de mon nom, il en recevra cent fois autant, et héritera la vie éternelle.
30 Mais plusieurs de ceux qui étaient les premiers seront les derniers ; et ceux qui étaient les derniers seront les premiers.
RÉFLEXIONS
I. Ce que Jésus-Christ dit ici au sujet des divorces qui étaient en usages parmi les Juifs, nous enseigne en général, que bien des choses qui avaient été tolérées jusqu’alors à cause de l’état de ce peuple et de leur humeur grossière et charnelle ne doivent plus l’être parmi les chrétiens parce qu’ils sont éclairés et que Dieu les appelle à une plus grande sainteté. II. Nous apprenons ici que, par l’institution divine, les lois du mariage unissent inséparablement et lient également l’homme et la femme, que ces lois doivent être gardées inviolablement et qu’il n’y a que l’adultère qui puisse autoriser le divorce et donner la liberté de se remarier. Jésus-Christ dit de plus que l’Évangile appelle les hommes à une grande chasteté et que même qu’il y aurait des chrétiens qui renonceraient absolument au mariage pour mieux servir Dieu et pour travailler avec plus de liberté à l’avancement de l’Évangile. III. La bénédiction que notre Seigneur donna aux petits enfants qui lui furent présentés nous fait voir que les enfants lui sont chers et qu’il est disposé à les recevoir et à les bénir, d’où l’on doit conclure que c’est une chose tout à fait conforme à ses intentions de les lui consacrer par la prière et le baptême. Il a aussi voulu nous apprendre par-là que, pour entrer dans le royaume de Dieu, nous devons ressembler aux petits enfants, en simplicité, en douceur et en innocence. L’entretien que notre Seigneur eut avec le jeune homme riche dont il est parlé dans ce chapitre nous apprend que pour entrer dans la vie éternelle, il faut garder les commandements de Dieu et être outre cela disposé à quitter tout ce que l’on possède en ce monde lorsqu’on ne pourrait conserver ses biens sans manquer ce qu’on doit à Jésus-Christ. La tristesse que ce jeune homme fit paraître à l’ouïe de ce que le Seigneur lui dit marque que les richesses attachent ordinairement le cœur au monde. C’est pourquoi Jésus-Christ déclara qu’il était bien difficile que les riches voulussent se résoudre à renoncer à leurs biens pour entrer dans l’Église. Cependant il dit que ce renoncement aux biens du monde n’est point une chose impossible, mais qu’il est au contraire possible et même facile et agréable avec les lumières de la foi et le secours de l’esprit de Dieu. Si tous les chrétiens ne sont pas appelés à abandonner leurs biens comme les apôtres le firent autrefois, ils doivent prendre garde que ces biens ne soient un obstacle à leur salut, éviter d’y mettre leur cœur, les posséder sans en abuser et s’en servir à des usages de piété et de charité. C’est le moyen de se procurer un trésor dans le ciel et d’avoir part aux bénédictions par lesquelles Jésus-Christ promet de récompenser en ce monde et en l’autre, ceux qui auront accompli tous ces devoirs.
I. Jésus-Christ propose la parabole des ouvriers, qui étant allé travailler à la vigne à diverses heures du jour, reçurent tous le même salaire. II. Il prédit sa mort et sa résurrection. III. Il répond à la mère de Saint Jacques et de Saint Jean, qui le priait que ses fils pussent tenir le premier rang dans son royaume. IV. Il rend la vue à des aveugles
1 Car le royaume des cieux est semblable à un père de famille, qui sortit dès la pointe du jour, afin de louer des ouvriers pour travailler à sa vigne.
2 Et ayant accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya à sa vigne.
3 Il sortit encore environ la troisième heure du jour, et il en vit d’autres qui étaient dans la place sans rien faire,
4 Auxquels il dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable.
5 Et ils y allèrent. Il sortit encore environ la sixième et la neuvième heure, et il fit la même chose.
6 Et vers la onzième heure, il sortit, et il en trouva d’autres qui étaient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ?
7 Et ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Et il leur dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et vous recevrez ce qui sera raisonnable.
8 Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à celui qui avait le soin de ses affaires : Appelle les ouvriers, et leur paie leur salaire, en commençant depuis les derniers jusqu’aux premiers.
9 Et ceux qui avaient été loués sur la onzième heure étant venus, ils reçurent chacun un denier.
10 Or, quand les premiers furent venus, ils s’attendaient à recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier.
11 Et l’ayant reçu, ils murmuraient contre le père de famille,
12 Disant : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les as égalés à nous qui avons supporté la fatigue de tout le jour et la chaleur.
13 Mais il répondit à l’un d’eux et lui dit : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n’as-tu pas accordé avec moi à un denier par jour ?
14 Prends ce qui est à toi, et t’en va ; mais je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.
15 Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est à moi ? Ton œil est-il malin de ce que je suis bon ?
16 Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ; car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
17 Et Jésus montant à Jérusalem, prit à part sur le chemin ses douze disciples, et leur dit :
18 Nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux Scribes, et ils le condamneront à la mort.
19 Et ils le livreront aux Gentils, pour être exposé à la moquerie, et pour être fouetté et crucifié ; mais il ressuscitera le troisième jour.
20 Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses fils, et se prosterna pour lui demander quelque chose.
21 Et il lui dit : Que veux-tu ? Elle lui dit : Ordonne que mes deux fils, qui sont ici, soient assis l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton royaume.
22 Mais Jésus, répondant, leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? Ils lui dirent : Nous le pouvons.
23 Et il leur dit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, et que vous serez baptisés du même baptême dont je serai baptisé ; mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; cela ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a destiné.
24 Les dix autres ayant ouï cela, furent indignés contre ces deux frères.
25 Et Jésus les ayant appelés, leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent, et que les grands leur commandent avec autorité.
26 Mais il n’en doit pas être ainsi parmi vous ; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ;
27 Et quiconque voudra être le premier entre vous, qu’il soit votre esclave ;
28 Comme le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la rançon de plusieurs.
29 Et comme ils partaient de Jérico, une grande foule le suivit.
30 Et deux aveugles qui étaient assis près du chemin, ayant entendu que Jésus passait, crièrent en disant : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous.
31 Et le peuple les reprit pour les faire taire ; mais ils criaient encore plus fort : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous.
32 Et Jésus, s’arrêtant, les appela et leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?
33 Ils lui dirent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts.
34 Et Jésus, étant ému de compassion, toucha leurs yeux, et aussitôt ils virent, et ils le suivirent.
RÉFLEXIONS
I. Le but de Jésus-Christ dans la parabole des ouvriers était d’apprendre à ses disciples que les glorieuses promesses qu’il venait de faire à ceux qui quitteraient tout pour l’Évangile ne regardaient pas ses disciples seuls, mais que ceux qui seraient appelés après eux, même d’entre les païens, auraient part aux mêmes récompenses que ceux qui auraient été appelés les premiers et que bien loin d’en avoir de la jalousie, ils devaient s’en réjouir. Il ne faut pas, au reste, abuser de cette parabole, ni en conclure qu’il serait assez tôt de se convertir à la fin de sa vie. Il faut considérer sur cela, que tous ces ouvriers qui allèrent à la vigne à diverses heures du jour y allèrent dès que le maître de la vigne les y envoya, que ceux qui n’y allèrent qu’à la fin du jour n’y étaient pas allés plus tôt parce que le maître de la vigne ne les y avait pas envoyés et que ce fut à cause de cela qu’ils reçurent le même salaire que les autres. De là il paraît que ceux qui obéissent à leur vocation, en quelque temps que Dieu les appelle, obtiendront le salut. Mais cela ne regarde en aucune façon ceux qui étant appelés depuis longtemps et même dès le commencement de leur vie refusent de suivre leur vocation, au contraire cette parabole prouve qu’ils n’ont point d’excuse et que nous sommes indispensablement obligés de travailler chacun de nous avec fidélité et avec persévérance et aussitôt que Dieu nous y appelle à faire sa volonté. II. Il faut remarquer dans ce chapitre que notre Seigneur voulut avertir ses disciples de sa mort qui devait arriver dans peu afin qu’ils n’en fussent pas surpris. III. L’on doit considérer ce qu’il répondit à la mère de St. Jacques et de St. Jean. Cette femme, croyant avec les Juifs que le Messie règnerait sur la terre comme les rois de ce monde, espérait que ses deux fils tiendraient le premier rang dans son royaume parce qu’ils étaient les parents de notre Seigneur et qu’il les avait même distingués des autres apôtres en diverses occasions. Jésus-Christ condamna cette demande qui marquait que cette femme ne connaissait pas la nature de son règne et qui était d’ailleurs capable de causer de la jalousie et de la division entre les apôtres. Il leur dit qu’au lieu de penser à tenir un rang distingué comme les grands de ce monde, ils devaient plutôt s’humilier et s’abaisser et même se préparer à boire la même coupe que lui et à être baptisé de son baptême, c’est-à-dire à souffrir comme lui. Et pour leur inspirer ces sentiments, il leur allègue son exemple disant qu’il était venu au monde pour y paraître comme un serviteur et y souffrir la mort.
Ceci nous avertit d’ôter de notre cœur l’ambition et l’orgueil, de ne point rechercher à nous élever les uns par-dessus les autres, mais de vivre dans l’humilité et de porter notre croix, suivant en cela l’exemple que le fils de Dieu nous a laissé. IV. On voit sur la fin de ce chapitre que Jésus-Christ donna en ce temps-là des marques de sa puissance aussi bien que de la compassion dont il était animé envers les affligés en rendant la vue à deux aveugles.
I. Notre Seigneur fait son entrée royale à Jérusalem, II. Il chasse du temple ceux qui le profanaient. III. Il répond aux pharisiens qui trouvaient mauvais que le peuple lui fit des acclamations. IV. Il fit sécher un figuier.
1 Comme ils approchaient de Jérusalem, et qu’ils étaient déjà à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples,
2 Leur disant : Allez à la bourgade qui est devant vous ; vous y trouverez d’abord une ânesse attachée, et son ânon avec elle ; détachez-les et amenez-les-moi.
3 Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous direz que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il les enverra.
4 Or, tout cela se fit afin que ces paroles du prophète fussent accomplies :
5 Dites à la fille de Sion : Voici ton Roi qui vient à toi, débonnaire et monté sur un âne, sur le poulain de celle qui porte le joug.
6 Les disciples s’en allèrent donc, et firent comme Jésus leur avait ordonné ;
7 Et ils amenèrent l’ânesse et l’ânon ; et ayant mis leurs vêtements dessus, ils l’y firent asseoir.
8 Alors des gens, en grand nombre, étendaient leurs vêtements par le chemin ; et d’autres coupaient des branches d’arbres, et les étendaient par le chemin ;
9 Et ceux qui allaient devant, et ceux qui suivaient, criaient, disant : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !
10 Et quand il fut entré dans Jérusalem, toute, la ville fut émue, et on disait : Qui est celui-ci ?
11 Et le peuple disait : C’est Jésus le prophète, de Nazareth de Galilée.
12 Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons.
13 Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.
14 Alors des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit.
15 Mais les principaux sacrificateurs et les Scribes, voyant les merveilles qu’il avait faites, et que les enfants criaient dans le temple et disaient : Hosanna au Fils de David ! ils en furent fort indignés ;
16 Et ils lui dirent : Entends-tu ce que ces enfants disent ? Et Jésus leur dit : Oui. N’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré une parfaite louange de la bouche des enfants et de ceux qui tètent ?
17 Et les ayant laissés, il sortit de la ville, et s’en alla à Béthanie, où il passa la nuit.
18 Le matin, comme il retournait à la ville, il eut faim ;
19 Et voyant un figuier sur le chemin, il y alla, mais il n’y trouva que des feuilles, et il lui dit : Qu’il ne naisse à jamais aucun fruit de toi ; et incontinent le figuier sécha.
20 Les disciples ayant vu cela, s’étonnèrent et dirent : Comment est-ce que ce figuier est devenu sec à l’instant ?
21 Jésus, répondant, leur dit : Je vous dis en vérité que si vous aviez la foi, et que vous ne doutassiez point, non-seulement vous feriez ce qui a été fait au figuier ; mais aussi si vous disiez à cette montagne : Ôte-toi de là, et te jette dans la mer, cela se ferait.
22 Et tout ce que vous demanderez en priant, si vous croyez, vous le recevrez.
RÉFLEXIONS
Pour comprendre la raison et le but de l’entrée royale de Jésus-Christ à Jérusalem, il faut savoir qu’il avait évité jusqu’alors de paraitre avec éclat et d’être reconnu publiquement pour le Messie. Mais il voulut, six jours avant sa mort, montrer qu’il était le Messie promis par les prophètes, être reconnu en cette qualité par le peuple qui l’accompagnait et entrer dans le temple au milieu des acclamations d’une grande multitude de personnes. Cependant il le fit d’une manière qui ne ressentait point la pompe des rois de la terre, mais qui marquait beaucoup d’humilité et de douceur et qui était conforme à ce que Zacharie avait prédit : Que le Messie viendrait doux et humble, monté sur un âne, ce qui tendait à faire voir qu’il était ce grand roi que Dieu avait promis à son peuple, mais que son règne n’était pas de ce monde.
Nous devons reconnaître ici la gloire de notre Rédempteur et en même temps sa grande bonté et les acclamations de la multitude qui entra avec lui à Jérusalem doivent nous inciter, nous qui le connaissons beaucoup mieux que ce peuple ne le connaissait, à lui rendre hommages et à nous réjouir de sa venue en disant : Béni soit celui qui est venu au nom du Seigneur. L’action de Jésus-Christ qui chassa ceux qui achetaient et qui vendaient aux environs du temple les choses nécessaires pour les sacrifices était un effet de son grand zèle et il voulut donner dans cette occasion, dans le temple même des marques de son autorité céleste et divine. D’ici nous devons apprendre à ne pas profaner les lieux où Dieu est servi, soit en y paraissant avec irrévérence, soit en y rendant à Dieu un culte hypocrite. Pour ce qui est du miracle du figuier séché, notre Seigneur le fit pour affermir la foi de ses disciples dans le temps qu’il allait souffrir la mort et pour les instruire de la vertu et de l’efficace de la foi et de la prière.
CHAPITRE XXI, VERSETS 23 A 46
I. Jésus-Christ répond à ceux qui lui demandaient raison de son autorité. II. Il leur propose la parabole des deux fils qui avaient été envoyés à la vigne par leur père III. Et celle des vignerons qui après avoir tué les serviteurs de leur maître tuèrent son propre fils.
23 Quand Jésus fut venu dans le temple, les principaux sacrificateurs et les sénateurs du peuple vinrent à lui, comme il enseignait, et lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses ? Et qui est-ce qui t’a donné cette autorité ?
24 Jésus, répondant, leur dit : Je vous ferai aussi une question, et si vous m’y répondez, je vous dirai aussi par quelle autorité je fais ces choses.
25 Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? Or, ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes : Si nous disons, du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ?
26 Et si nous disons, des hommes, nous craignons le peuple ; car tous regardent Jean comme un prophète.
27 Ainsi ils répondirent à Jésus : Nous n’en savons rien. Et moi, leur dit-il, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.
28 Mais que vous semble-t-il de ceci. Un homme avait deux fils, et, s’adressant au premier, il lui dit : Mon fils, va, et travaille aujourd’hui dans ma vigne.
29 Mais il répondit : Je n’y veux point aller ; cependant, s’étant repenti ensuite, il y alla.
30 Puis il vint à l’autre, et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : J’y vais, Seigneur ; mais il n’y alla pas.
31 Lequel des deux fit la volonté de son père ? Ils lui dirent : C’est le premier. Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, que les péagers et les femmes de mauvaise vie vous devancent au royaume de Dieu.
32 Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l’avez point cru ; mais les péagers et les femmes de mauvaise vie l’ont cru ; et vous, ayant vu cela, vous ne vous êtes point repentis ensuite pour le croire.
33 Écoutez une autre similitude : Il y avait un père de famille qui planta une vigne ; il l’environna d’une haie, il y creusa un pressoir et il y bâtit une tour, puis il la loua à des vignerons, et s’en alla faire un voyage.
34 La saison de la récolte étant proche, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir les fruits de sa vigne.
35 Mais les vignerons s’étant saisis des serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre.
36 Il envoya encore d’autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même.
37 Enfin il envoya vers eux son propre Fils, disant : Ils auront du respect pour mon Fils.
38 Mais quand les vignerons virent le Fils, ils dirent entre eux : C’est ici l’héritier ; venez, tuons-le, et nous saisissons de son héritage.
39 Et, l’ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent.
40 Quand donc le maître de la vigne sera venu, que fera-t-il à ces vignerons ?
41 Ils lui répondirent : Il fera périr misérablement ces méchants et il louera sa vigne à d’autres vignerons qui lui en rendront les fruits en leur saison.
42 Et Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures ces paroles : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée est devenue la principale pierre de l’angle ; ceci a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux ?
43 C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu’il sera donné à une nation qui en rendra les fruits.
44 Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé ; et celui sur qui elle tombera sera écrasé.
45 Et quand les principaux sacrificateurs et les Pharisiens eurent entendu ces similitudes, ils reconnurent qu’il parlait d’eux.
46 Et ils cherchaient à se saisir de lui, mais ils craignirent le peuple, parce qu’il regardait Jésus comme un prophète.
RÉFLEXIONS
Il faut remarquer en premier lieu que lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus-Christ d’où il tenait son autorité, il ne voulut pas leur répondre directement, mais qu’il se contenta de leur fermer la bouche en leur demandant ce qu’ils croyaient du baptême de Jean-Baptiste. Par là il voulait les convaincre d’une ignorance volontaire et malicieuse et leur faire sentir qu’ils pouvaient facilement reconnaître que son autorité, aussi bien que celle de Jean-Baptiste son précurseur, venait du Ciel. Les chrétiens à qui cette autorité est parfaitement connue et qui savent que la doctrine de Jésus-Christ, de même que celle de Jean Baptiste, est divine, doivent s’y soumettre s’ils ne veulent pas tomber dans une incrédulité encore plus condamnable que celle des pharisiens. La parabole des deux fils signifie que les personnes qu’on regarde comme les plus corrompues avaient cru à la prédication de Jean Baptiste plutôt que les pharisiens et les principaux des Juifs qui devaient être les premiers à la recevoir, puisqu’ils faisaient profession d’être plus éclairés et plus saints que les autres. Nous avons dans cette parabole une image des pécheurs qui, touchés de repentance, rentrent dans leur devoir et des mauvais chrétiens, qui s’étant engagés à servir Dieu et à lui obéir, violent leurs promesses et ne répondent pas à leur vocation. La similitude des vignerons marquait trois choses. I. Les grâces que Dieu avait faites de tout temps aux Juifs en les choisissant pour son peuple et en leur envoyant à diverses fois ses serviteurs et enfin son propre fils. II. L’ingratitude et la méchanceté des Juifs qui, au lieu de répondre à ces grâces, avaient rejeté et même persécuté les prophètes et qui, enfin, crucifièrent notre Seigneur. III. Que Dieu punirait les Juifs en les détruisant, en leur ôtant son alliance et en appelant les païens à leur place et que Jésus-Christ, après avoir été rejeté par les chefs du peuple juif, seraient élevé à une gloire suprême, comme cela avait été prédit par l’oracle du Psaume CXVIII. Ce que cette parabole marquait est exactement arrivé, les Juifs ayant été détruits et rejetés, l’Évangile ayant été annoncé aux païens et le règne de Dieu s’étant établi par tout le monde. C’est ainsi que Dieu prive de sa grâce et de son alliance ceux qui n’en profitent pas et qui ne rapportent pas les fruits qu’il attend d’eux.
I. Jésus-Christ continue les discours du chapitre précédent et il propose une nouvelle parabole, savoir celle des noces. II. Il répond aux pharisiens qui lui demandèrent s’il était permis de payer le tribut à l’empereur.
JESUS, prenant la parole, continua à leur parler en paraboles et leur dit :
2 Le royaume des cieux est semblable à un Roi qui fit les noces de son fils ;
3 Et il envoya ses serviteurs pour appeler ceux qui avaient été invités aux noces ; mais ils n’y voulurent point venir.
4 Il envoya encore d’autres serviteurs avec cet ordre : Dites à ceux qui ont été invités : J’ai fait préparer mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt ; venez aux noces.
5 Mais eux, n’en tenant compte, s’en allèrent, l’un à sa métairie, et l’autre à son trafic.
6 Et les autres prirent ses serviteurs, et les outragèrent, et les tuèrent.
7 Le roi, l’ayant appris, se mit en colère, et y ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers et brûla leur ville.
8 Alors il dit à ses serviteurs : Le festin des noces est prêt, mais ceux qui y étaient invités n’en étaient pas dignes.
9 Allez donc dans les carrefours des chemins, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez.
10 Et ses serviteurs étant allés dans les chemins, assemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, tant mauvais que bons, en sorte que la salle de noces fut remplie de gens qui étaient à table.
11 Et le roi, étant entré pour voir ceux qui étaient à table, aperçut un homme qui n’avait pas un habit de noces.
12 Et il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Et il eut la bouche fermée.
13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-le pieds et mains, emportez-le, et le jetez dans les ténèbres de dehors ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
14 Car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.
15 Alors les Pharisiens s’étant retirés, consultèrent pour le surprendre dans ses discours.
16 Et ils lui envoyèrent de leurs disciples, avec des Hérodiens, qui lui dirent : Maître, nous savons que tu es sincère, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit ; car tu ne regardes point l’apparence des hommes.
17 Dis-nous donc ce qui te semble de ceci : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?
18 Mais Jésus, connaissant leur malice, leur dit : Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ?
19 Montrez-moi la monnaie dont on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.
20 Et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ?
21 Ils lui dirent : De César. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.
22 Et ayant entendu cette réponse, ils l’admirèrent ; et le laissant, ils s’en allèrent.
REFLEXIONS
Le sens de la parabole des noces est que les juifs avaient été appelés les premiers au salut par Jésus-Christ, mais qu’ils le rejetteraient et qu’ils le feraient mourir et qu’à cause de cela ils seraient détruits, qu’ensuite Dieu ferait présenter sa grâce aux païens, que les païens la recevraient et seraient admis dans son alliance, mais qu’il y aurait cependant des hypocrites parmi ceux qui entreraient dans l’Église et que ces hypocrites recevraient aussi la juste peine qu’ils méritaient.
Tout ce que Jésus-Christ avait prédit par cette similitude a été accompli, la vengeance de Dieu étant tombée sur les Juifs incrédules et les païens ayant été appelés et reçus dans l’Église.
Ce sont là des preuves incontestables de la divinité de l’Évangile et de la certitude des menaces qui y sont contenues. Cela nous apprend aussi que Dieu fait une très grande grâce aux hommes lorsqu’il les appelle au salut et que ceux qui ne profitent pas des invitations que Dieu a la bonté de leur adresser doivent s’attendre à sa plus sévère vengeance.
Nous devons surtout considérer ce qui est dit de cet homme qui se mit à table sans avoir un habit nuptial et qui fut chassé de la salle du festin. Ce ne sont pas seulement ceux qui rejettent ouvertement l’Évangile que Dieu punira, les hypocrites qui, se disant chrétiens et vivant dans la communion extérieure de l’Église, n’ont pas une foi et une piété sincère n’éviteront pas la peine due à leur témérité.
Ceux qui demandèrent à notre Seigneur s’il était permis de payer le tribut à l’empereur se proposaient de le rendre odieux au peuple s’il disait qu’on devait le payer ou de l’accuser auprès de Pilate s’il répondait qu’il ne fallait pas le payer.
La réponse que Jésus-Christ fit à cette question captieuse marque sa profonde sagesse et elle nous enseigne que le devoir envers les rois et les princes et de devoir envers Dieu sont tous deux indispensables et que ces deux devoirs ne sont point opposés l’un à l’autre, mais qu’au contraire ils s’accordent parfaitement. Ainsi, nous devons les observer religieusement, nous soumettant aux puissances supérieures et leur rendant ce qui leur est dû, en telle sorte que nous nous souvenions que les devoirs envers Dieu tiennent le premier rang et que ce sont ceux dont il faut toujours s’acquitter premièrement et principalement.
CHAPITRE XXII, VERSETS 23 A 46
I. Les sadducéens, qui niaient la résurrection des morts, proposent à Jésus-Christ le cas d’une femme qui avait eu sept maris et lui demandent pour l’embarrasser duquel des sept elle serait femme après la résurrection, le Seigneur leur répond en leur disant que le mariage n’aurait pas lieu dans la vie à venir et en prouvant par l’Écriture que les morts ressusciteront.
II. Il répond à une question qu’un docteur lui fit sur le plus grand commandement de la loi.
III. Il demande aux pharisiens comment le Messie pouvait être tout ensemble le fils et le Seigneur de David, à quoi ils ne purent répondre et ce qu’il ne trouva pas à propos de leur expliquer.
23 Ce jour-là les Sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent à Jésus, et lui firent cette question :
24 Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera lignée à son frère.
25 Or, il y avait parmi nous sept frères, dont le premier, s’étant marié, mourut ; et n’ayant point eu d’enfants, il laissa sa femme à son frère.
26 De même aussi le second, puis le troisième, jusqu’au septième.
27 Or, après eux tous, la femme mourut aussi.
28 Duquel donc des sept sera-t-elle femme dans la résurrection ? Car tous les sept l’ont eue.
29 Mais Jésus, répondant, leur dit : Vous êtes dans l’erreur, parce que vous n’entendez pas les Écritures, ni quelle est la puissance de Dieu.
30 Car après la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges de Dieu qui sont dans le ciel.
31 Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous point lu ce que Dieu vous a dit :
32 Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n’est pas le Dieu des morts ; mais il est le Dieu des vivants.
33 Et le peuple, entendant cela, admirait sa doctrine.
34 Les Pharisiens, ayant appris qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, ils s’assemblèrent.
35 Et l’un d’entre eux, qui était docteur de la loi, l’interrogea pour l’éprouver, et lui dit :
36 Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?
37 Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée.
38 C’est là le premier et le grand commandement.
39 Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
40 Toute la loi et les prophètes se rapportent à ces deux commandements.
41 Et les Pharisiens étant assemblés, Jésus les interrogea,
42 Et leur dit : Que vous semble-t-il du Christ ? De qui doit-il être fils ? Ils lui répondirent : De David.
43 Et il leur dit : Comment donc David l’appelle-t-il par l’Esprit son Seigneur, en disant :
44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied ?
45 Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ?
46 Et personne ne put lui répondre un seul mot ; et depuis ce jour-là personne n’osa plus l’interroger.
REFLEXIONS
I. On doit remarquer dans l’entretien que Jésus-Christ eut avec les sadducéens sur la résurrection sa sagesse toute divine et en même temps la force et l’évidence avec laquelle il les confondit et prouva la résurrection des morts. Cet endroit de l’Évangile nous enseigne clairement deux choses :
II. L’une qu’il est très certain que les morts ressusciteront et que ceux qui ont été agréables à Dieu pendant leur vie, comme les patriarches, ne sont pas anéantis par la mort ; c’est là une doctrine qui est l’appui de notre foi et de toutes nos espérances.
III. L’autre chose que le Sauveur du monde nous enseigne regarde l’état des fidèles glorifiés. Il nous dit que les liens de la chair et du sang ne subsisteront plus dans la vie à venir et que les bienheureux ne seront plus sujets aux nécessités du corps et de cette vie, mais qu’ils seront comme les anges de Dieu.
Cette considération doit nous engager à devenir dès à présent des hommes spirituels et à vivre dans une grande pureté, cela étant nécessaire pour parvenir à une heureuse résurrection.
I. Jésus-Christ nous propose ici une autre doctrine fort importante, c’est que le plus grand commandement de la Loi est d’aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes. Puisque c’est là l’abrégé de toute la religion, notre grand soin doit être d’établir dans notre cœur ce vrai amour de Dieu et de tous les hommes.
II. Pour ce qui est de la question que Jésus-Christ fit aux pharisiens, comment le Messie pouvait être tout à la fois le fils et le Seigneur de David, il faut remarquer qu’il la leur proposa pour leur faire sentir leur ignorance, surtout en ce qui regardait la personne du Messie et la nature de son règne, mais qu’il ne voulut pas leur expliquer cette question parce qu’ils n’auraient pas compris, ni cru ce qu’il leur aurait dit et parce aussi qu’il n’était pas à propos qu’il leur parlât alors ouvertement de la gloire et de la dignité de sa personne.
Mais cette question est tout à fait claire pour les chrétiens qui savent que Jésus-Christ en tant qu’homme est fils de David, puisqu’il est né de la postérité de ce roi, mais qu’en tant que fils de Dieu il est le Seigneur de David et de tous les hommes, Dieu l’ayant fait asseoir à sa droite comme le roi du monde et de l’Église, qui a une souveraine autorité sur toutes choses et à qui aussi nous devons faire gloire d’obéir et d’être soumis.
Notre Seigneur parle contre les pharisiens et les docteurs de la Loi. Il reconnaît ce qu’il y avait de bon et de légitime dans leur doctrine et dans leur ministère, mais il les accuse d’être des hypocrites qui affectaient une grande apparence de sainteté.
Il dit qu’ils étaient remplis d’orgueil et que c’est eux qui rejetaient l’Évangile et qui empêchaient les autres de le recevoir.
Il les représente comme des avares et des impies qui faisaient servir la religion et la prière à leur intérêt, il remarque que leur doctrine sur les serments était une preuve de leur impiété et de leur détestable avarice, en tant qu’ils enseignaient que les serments faits par l’or et par les dons que l’on offrait dans le temple et sur l’autel liaient la conscience plus que ceux que l’on aurait faits par l’autel ou par le temple même. Il ajoute qu’outre les dîmes prescrites par la Loi, ils donnaient la dîme des herbes et de tout ce qui leur croissait, ce que Dieu n’avait pas commandé et que cependant ils négligeaient les devoirs qui étaient de la plus grande importance.
Il dit encore qu’ils paraissaient purs au dehors, mais que leur cœur était très corrompu et qu’ils ornaient les tombeaux des prophètes pendant qu’ils faisaient mourir les serviteurs de Dieu.
Enfin il déclare qu’ils attiraient sur eux et sur toute la nation les plus terribles jugements de Dieu et il déplore d’une manière fort tendre la destruction de Jérusalem qui devait arriver dans peu d’années,
1 Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples,
2 Et leur dit : Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse.
3 Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront d’observer ; mais ne faites pas comme ils font, parce qu’ils disent et ne font pas.
4 Car ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne voudraient pas les remuer du doigt.
5 Et ils font toutes leurs actions, afin que les hommes les voient ; car ils portent de larges phylactères, et ils ont de plus longues franges à leurs habits.
6 Ils aiment à avoir les premières places dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues,
7 Et à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes, Maître, Maître.
8 Mais vous, ne vous faites point appeler Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, qui est le Christ ; et pour vous, vous êtes tous frères.
9 Et n’appelez personne sur la terre votre Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, savoir, celui qui est dans les cieux.
10 Et ne vous faites point appeler Docteurs ; car vous n’avez qu’un seul Docteur, qui est le Christ.
11 Mais que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur.
12 Car quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé.
13 Mais malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez point, et vous n’y laissez point entrer ceux qui voudraient y entrer.
14 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous dévorez les maisons des veuves, en affectant de faire de longues prières ; à cause de cela vous serez punis d’autant plus sévèrement.
15 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et quand il l’est devenu, vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous.
16 Malheur à vous, conducteurs aveugles, qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, cela n’est rien ; mais celui qui aura juré par l’or du temple, est obligé de tenir son serment.
17 Insensés et aveugles ! car lequel est le plus considérable, ou l’or, ou le temple qui rend cet or sacré ?
18 Et si quelqu’un, dites-vous, jure par l’autel, cela n’est rien ; mais celui qui aura juré par le don qui est sur l’autel, est obligé de tenir son serment.
19 Insensés et aveugles ! car lequel est le plus grand, le don, ou l’autel qui rend ce don sacré ?
20 Celui donc qui jure par l’autel, jure par l’autel et par ce qui est dessus ;
21 Et celui qui jure par le temple, jure par le temple et par celui qui y habite ;
22 Et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par celui qui est assis dessus.
23 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous payez la dîme de la menthe, de l’anet et du cumin, et vous négligez les choses les plus importantes de la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont là les choses qu’il fallait faire, sans néanmoins omettre les autres.
24 Conducteurs aveugles, qui coulez un moucheron et qui avalez un chameau.
25 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, pendant qu’au dedans vous êtes pleins de rapines et d’intempérance.
26 Pharisien aveugle, nettoie premièrement le dedans de la coupe et du plat, afin que ce qui est dehors devienne aussi net.
27 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture.
28 De même aussi, au dehors vous paraissez justes aux hommes, mais au dedans vous êtes remplis d’hypocrisie et d’injustice.
29 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous bâtissez les tombeaux des prophètes, et vous ornez les sépulcres des justes ;
30 Et vous dites : Si nous eussions été du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes.
31 Ainsi vous êtes témoins contre vous-mêmes que vous êtes les enfants de ceux qui ont tué les prophètes.
32 Vous donc aussi, vous achevez de combler la mesure de vos pères.
33 Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous le jugement de la géhenne ?
34 C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes ; vous ferez mourir et vous crucifierez les uns ; vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville ;
35 Afin que tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre retombe sur vous, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.
36 Je vous dis en vérité, que toutes ces choses viendront sur cette génération.
37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ; et vous ne l’avez pas voulu !
38 Voici, votre demeure va devenir déserte.
39 Car je vous dis que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.
REFLEXIONS
Il faut faire ces deux considérations générales sur ce chapitre :
I. La première, que notre Seigneur étant sur le point de mourir, reprocha avec une sainte liberté et avec une autorité toute divine aux scribes et aux pharisiens leur hypocrisie, parce qu’il importait qu’il les fît connaître au peuple pour ce qu’ils étaient.
II. Les malédictions redoublées que Jésus-Christ prononce dans tout ce discours contre les hypocrites doivent nous faire regarder l’hypocrisie comme un péché qui est très odieux, surtout en ceux qui font profession d’avoir de la piété et du zèle.
Les réflexions particulières que ce chapitre nous présente sont :
I. Que quand les ministres de la religion enseignent une doctrine pure et qu’ils vivent mal, il ne faut pas les imiter dans leurs actions, mais qu’on doit pourtant toujours les écouter et leur obéir quand ils disent la vérité.
II. Que tous les disciples de Jésus-Christ, et particulièrement ceux qui ont charge dans l’église, doivent être entièrement éloignés de l’hypocrisie, de l’ambition et de l’avarice, s’ils ne veulent pas ressembler aux pharisiens que Jésus-Christ maudit.
III. Que leur devoir est d’entrer eux-mêmes les premiers dans le chemin du ciel et d’y faire entrer ensuite les autres en contribuant de tout leur pouvoir à la conversion des pécheurs et à l’édification de tout le monde.
IV. La censure que notre Seigneur fait de la doctrine des pharisiens sur l’article des serments montre que le serment se rapportant toujours à Dieu lui-même, on doit l’avoir en grande révérence et que le parjure et la violation des vœux sont un très grand crime.
V. Nous voyons ici que l’une des marques auxquelles on reconnaît les hypocrites, c’est qu’ils affectent une sainteté extérieure et qu’ils sont exacts et scrupuleux dans les choses de peu de conséquences, mais qu’ils négligent ce qu’il y a de plus essentiel dans la religion, savoir la miséricorde, la fidélité et l’obéissance à ce que Dieu commande.
Ainsi nous devons nous attacher surtout à l’observation de ces devoirs les plus essentiels, purifier notre cœur et y établir la foi et une vraie crainte de Dieu.
Cependant, quoique les devoirs extérieurs ne soient pas les plus nécessaires, on ne doit pas les négliger, ni les mépriser.
Jésus-Christ marque cela quand il dit, si l’on ne peut se dispenser des devoirs essentiels : Il ne faut pas non plus omettre les autres.
Les menaces que notre Seigneur fait contre les Juifs, qui après avoir fait mourir les prophètes, le feraient mourir lui-même, montèrent que Dieu les détruisit avec justice et que l’ingratitude de ceux qui rejettent la parole de Dieu et de ses serviteurs ne demeure pas impunie.
VI Enfin, la tendresse avec laquelle Jésus-Christ déplore la ruine des Juifs qui avaient si mal répondu à la bonne volonté dont il était animé en leur faveur prouve bien clairement que Dieu ne cherche que le salut des hommes et qu’ils ne périssent que par le refus volontaire et obstiné qu’ils font des offres de sa grâce.
Notre Seigneur prédit la ruine du temple Jérusalem et il parle des signes qui précéderaient cette ruine et la fin du monde.
Il dit qu’il s’élèverait de faux prophètes et de faux messies, qu’il y aurait des guerres, des famines et toutes sortes de calamité,
Que ses disciples seraient persécutés et que l’Évangile serait prêché en divers lieux du monde.
Il dit de plus que quand l’abomination qui doit causer la désolation entrerait dans le lieu saint, c’est-à-dire quand les idolâtres entreraient dans la Judée et assiégeraient Jérusalem et le temple, ce serait une marque que sa ruine allait arriver et qu’alors il faudrait s’en retirer et prendre la fuite.
Il ajoute que le soleil et les astres seraient obscurcis. Ce sont des expressions figurées tirées des prophètes et elles signifient qu’il arriverait de grands changements dans le monde et dans l’état des Juifs et que l’on verrait des signes de la colère de Dieu qui rempliraient les hommes d’effroi.
Il dit encore que le signe du fils de l’homme paraîtrait, ce qui signifie que Jésus-Christ ferait voir d’une manière illustre et éclatante, en détruisant les Juifs et en établissant son règne, qu’il était le fils de Dieu. Il déclare que tout cela arriverait avant que la génération d’alors fût passée, que le temps de sa venue ne serait connu de personne et que cette venue surprendrait tout le monde, comme le déluge surprit les hommes du temps de Noé.
Enfin, il exhorte ses disciples à veiller et à se tenir prêt, de peur qu’ils ne fussent surpris lorsqu’il viendrait.
1 Comme Jésus sortait du temple et qu’il s’en allait, ses disciples vinrent pour lui faire considérer les édifices.
2 Et Jésus leur dit : voyez-vous tous ces bâtiments ? Je vous dis en vérité, qu’il ne restera ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.
3 Et s’étant assis sur la montagne des Oliviers, ses disciples vinrent à lui en particulier et lui dirent : Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde.
4 Et Jésus, répondant, leur dit : Prenez garde que personne ne vous séduise.
5 Car plusieurs viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ ; et ils séduiront beaucoup de gens.
6 Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres ; prenez garde de ne vous pas troubler ; car il faut que toutes ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.
7 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des famines, des pestes et des tremblements de terre en divers lieux.
8 Mais tout cela ne sera qu’un commencement de douleurs.
9 Alors ils vous livreront pour être tourmentés, et ils vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom.
10 Alors aussi plusieurs se scandaliseront et se haïront les uns les autres.
11 Et plusieurs faux prophètes s’élèveront, et séduiront beaucoup de gens.
12 Et parce que l’iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira.
13 Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé.
14 Et cet évangile du royaume de Dieu sera prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes les nations ; et alors la fin arrivera.
15 Quand donc vous verrez dans le lieu saint l’abomination qui cause la désolation, et dont le prophète Daniel a parlé (que celui qui le lit y fasse attention) ;
16 alors que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient aux montagnes ;
17 que celui qui sera au haut de la maison ne descende point pour s’arrêter à emporter quoi que ce soit de sa maison ;
18 et que celui qui est aux champs ne retourne point en arrière pour emporter ses habits.
19 Malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là !
20 Priez que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni en un jour de sabbat ;
21 Car il y aura une grande affliction ; telle que depuis le commencement du monde jusqu’à présent il n’y en a point eu, et qu’il n’y en aura jamais de semblable.
22 Que si ces jours-là n’avaient pas été abrégés, personne n’échapperait ; mais ils seront abrégés à cause des élus.
23 Alors si quelqu’un vous dit : Le Christ est ici, ou : Il est là ; ne le croyez point.
24 Car de faux Christs et de faux prophètes s’élèveront et feront de grands signes et des prodiges, pour séduire les élus même, s’il était possible.
25 Voilà, je vous l’ai prédit.
26 Si donc on vous dit : Le voici dans le désert ; n’y allez point : Le voici dans des lieux retirés ; ne le croyez point.
27 Car, comme un éclair sort de l’Orient et se fait voir jusqu’à l’Occident, il en sera aussi de même de l’avènement du Fils de l’homme.
28 Car où sera le corps mort, les aigles s’y assembleront.
29 Et aussitôt après l’affliction de ces jours-là le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera point sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées.
30 Alors le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel ; alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront, en se frappant la poitrine, et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande gloire ;
31 Il enverra ses anges avec un grand son de trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis un bout des cieux jusqu’à l’autre bout.
32 Apprenez ceci par la similitude du figuier : Quand ses branches commencent à être tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.
33 Vous aussi de même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche et à la porte.
34 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent.
35 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.
36 Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, non pas même les anges du ciel, mais mon Père seul.
37 Mais comme il en était dans les jours de Noé, il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme ;
38 Car, comme dans les jours avant le déluge les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage, jusqu’au jour que Noé entra dans l’arche ;
39 Et qu’ils ne pensèrent au déluge que lorsqu’il vint et qu’il les emporta tous ; il en sera aussi de même à l’avènement du Fils de l’homme.
40 Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé ;
41 De deux femmes qui moudront au moulin, l’une sera prise et l’autre laissée.
42 Veillez donc ; car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur doit venir.
43 Vous savez que si un père de famille était averti à quelle veille de la nuit un larron doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.
44 C’est pourquoi vous aussi tenez-vous prêts ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas.
45 Qui est donc le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur ses domestiques, pour leur donner la nourriture dans le temps qu’il faut ?
46 Heureux ce serviteur que son maître trouvera faisant ainsi quand il arrivera.
47 Je vous dis en vérité, qu’il l’établira sur tous ses biens.
48 Mais si c’est un méchant serviteur, qui dise en lui-même : Mon maître tarde à venir ;
49 Et qu’il se mette à battre ses compagnons de service, et à manger et à boire avec des ivrognes ;
50 Le maître de ce serviteur-là viendra le jour qu’il ne l’attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas ;
51 Et il le séparera, et il lui donnera sa portion avec les hypocrites : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
REFLEXIONS
Il faut considérer premièrement que tout ce que Jésus-Christ prédit touchant la ruine de Jérusalem arriva peu après son ascension.
Il s’éleva plusieurs faux messies et plusieurs imposteurs, qui, sous prétexte de zèle et de religion, séduisirent les Juifs et excitèrent des séditions dans toute la Judée.
Il y eut des guerres dans lesquelles il périt une infinité de Juifs, la famine et la peste firent de grands ravages parmi eux, les apôtres et les chrétiens furent persécutés, l’Évangile fut prêché et s’établit en divers lieux, les Romains entrèrent dans la Judée, ils assiégèrent Jérusalem et ils la détruisirent avec son temple et les chrétiens qui profitèrent des avertissements de Jésus-Christ et qui se retirèrent de cette ville-là furent garantis, pendant que les Juifs périrent misérablement.
Tout cela arriva comme Jésus-Christ l’avait déclaré en termes formels avant que la génération d’alors fût passée, environ quarante ans après sa mort, ce qui prouve avec la dernière évidence la vérité et la divinité de ces prédictions qui étaient déjà répandues dans le monde longtemps avant la destruction de Jérusalem.
On voit dans cette ruine un exemple remarquable des jugements de Dieu sur les incrédules et de sa protection sur les fidèles.
Enfin, l’exact accomplissement de ce que notre Seigneur avait dit de la destruction des Juifs doit nous convaincre que ce qu’il a dit si expressément de la fin du monde et de la punition des méchants, s’accomplira de même.
Le temps de cette seconde venue du fils de Dieu nous est caché, aussi bien que celui de notre mort, ainsi nous devons nous y préparer continuellement, de peur que ce jour redoutable nous surprenne comme le déluge surprit les hommes du temps de Noé et comme les Juifs furent surpris par leur ruine.
Jésus-Christ nous montre lui-même que c’est là l’usage que nous devons faire de tous ces discours par la similitude du bon et du mauvais serviteur et par cette exhortation qui marque le but de cette similitude et de tout ce qui est contenu dans ce chapitre : Veillez, car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra.
Notre Seigneur, après avoir parlé dans le chapitre précédent de sa venue et avoir exhorté ses disciples à la vigilance, continue son discours et il montre : I. Par la parabole des dix vierges, et II. Par celle des talents, la nécessité de veiller et de se préparer pour cette venue. Il parle ensuite du jugement dernier.
1 Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l’époux.
2 Or, il y en avait cinq d’entre elles qui étaient sages, et cinq qui étaient folles.
3 Celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, n’avaient point pris d’huile avec elles.
4 Mais les sages avaient pris de l’huile dans leurs vaisseaux, avec leurs lampes.
5 Et comme l’époux tardait à venir, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.
6 Et sur le minuit on entendit crier : Voici l’époux qui vient, sortez au-devant de lui.
7 Alors ces vierges se levèrent toutes et préparèrent leurs lampes.
8 Et les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.
9 Mais les sages répondirent : Nous ne le pouvons, de peur que nous n’en ayons pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt vers ceux qui en vendent, et en achetez pour vous.
10 Mais pendant qu’elles en allaient acheter, l’époux vint ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée.
11 Après cela, les autres vierges vinrent aussi et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !
12 Mais il leur répondit : Je vous dis en vérité, que je ne vous connais point.
13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure à laquelle le Fils de l’homme viendra.
14 Car il en est comme d’un homme qui, s’en allant en voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens.
15 Et il donna cinq talents à l’un, à l’autre deux, et à l’autre un ; à chacun selon ses forces ; et il partit aussitôt.
16 Or, celui qui avait reçu cinq talents s’en alla et en trafiqua ; et il gagna cinq autres talents.
17 De même, celui qui en avait reçu deux, en gagna deux autres.
18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla et creusa dans la terre, et y cacha l’argent de son maître.
19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et il leur fit rendre compte.
20 Alors celui qui avait reçu cinq talents, vint et présenta cinq autres talents, et dit : Seigneur, tu m’avais remis cinq talents ; en voici cinq autres que j’ai gagnés de plus.
21 Et son maître lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.
22 Et celui qui avait reçu deux talents, vint et dit : Seigneur, tu m’avais remis deux talents ; en voici deux autres que j’ai gagnés de plus.
23 Et son maître lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.
24 Mais celui qui n’avait reçu qu’un talent, vint et dit : Seigneur, je savais que tu étais un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui recueilles où tu n’as pas répandu ;
25 C’est pourquoi, te craignant, je suis allé et j’ai caché ton talent dans la terre ; voici, tu as ce qui est à toi.
26 Et son maître lui répondit : Méchant et paresseux serviteur, tu savais que je moissonnais où je n’ai pas semé, et que je recueillais où je n’ai pas répandu ;
27 Il te fallait donc donner mon argent aux banquiers, et à mon retour j’aurais retiré ce qui est à moi avec l’intérêt.
28 Ôtez-lui donc le talent, et le donnez à celui qui a dix talents.
29 Car on donnera à celui qui a, et il aura encore davantage ; mais à celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.
30 Jetez donc le serviteur inutile dans les ténèbres de dehors ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.
31 Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les saints anges, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire.
32 Et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs.
33 Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ;
35 Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ;
36 J’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous m’êtes venus voir.
37 Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, et que nous t’avons donné à manger ; ou avoir soif, et que nous t’avons donné à boire ?
38 Et quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous t’avons recueilli ; ou nu, et que nous t’avons vêtu ?
39 Ou quand est-ce que nous t’avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus te voir ?
40 Et le roi, répondant, leur dira : Je vous dis en vérité, qu’en tant que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites.
41 Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits, et allez dans le feu éternel, qui est préparé au Diable et à ses anges ;
42 Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;
43 J’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.
44 Alors ceux-là lui répondront aussi : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, ou soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t’avons point assisté ?
45 Et il leur répondra : Je vous dis en vérité, qu’en tant que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, vous ne me l’avez pas fait non plus.
46 Et ceux-ci s’en iront aux peines éternelles ; mais les justes s’en iront à la vie éternelle.
REFLEXIONS
La parabole des vierges est prise de ce qui se pratiquait parmi les Juifs dans les noces, où les filles avaient accoutumé d’aller au-devant de l’époux et de l’épouse avec des lampes allumées. Par cette parabole Jésus-Christ voulait apprendre à ses disciples qu’ils devaient attendre continuellement sa venue et s’y préparer.
Les vierges sages représentent les vrais fidèles qui vivent dans la foi, dans la vigilance et dans la pratique de leurs devoirs en attendant que le Seigneur vienne et les vierges folles sont l’image des faux chrétiens qui négligent ces devoirs.
La venue de l’époux, qui vint à minuit, et l’état où les vierges sages et les vierges folles se trouvèrent alors signifie que Jésus-Christ viendra pour juger les hommes lorsqu’ils ne s’y attendront pas, qu’alors ceux qui se seront tenus prêts seront remplis d’une sainte assurance et entreront avec lui dans sa gloire, pendant que ceux qui auront négligé de se préparer n’auront pour leur partage que la misère et le désespoir et feront d’inutiles efforts pour être admis à la félicité des justes.
La parabole des talents marque trois choses :
I. Que Dieu appelle les hommes à le servir et qu’il leur accorde sa grâce et ses dons dans une mesure différente afin qu’ils les emploient chacun selon leur vocation pour la gloire et le salut des autres.
II. Que les uns, comme de fidèles serviteurs, font un bon usage de ces grâces et que les autres les rendent inutiles par leur négligence.
III. Que Dieu fera rendre compte aux uns et aux autres de leur conduite, qu’il louera et récompensera la fidélité de ceux qui se seront servis de ses dons pour avancer sa gloire et que ceux qui en auront abusé seront punis de leur infidélité.
Notre Seigneur dit expressément que ces derniers n’auront aucune excuse puisque Dieu n’est pas un maître rude et injuste, qui veuille moissonner où il n’a pas semé, c’est-à-dire qui exige des hommes ce qu’ils ne sauraient faire.
Par l’une et l’autre de ces similitudes Jésus-Christ nous enseigne de quelle manière il jugera ceux à qui il a donné sa connaissance et il nous avertit de nous tenir constamment attachés à notre devoir et de le servir fidèlement chacun dans notre vocation.
Il y a quatre choses principales à remarquer dans la description du jugement dernier :
I. Que Jésus-Christ descendra du ciel avec gloire et que ce sera lui qui jugera le monde.
II. Que tous les hommes sans exception paraîtront devant lui et qu’ils seront tous jugés.
III. Qu’il les jugera par leurs œuvres et qu’il aura principalement égard aux œuvres de charité et au bien que l’on aura fait à ses membres, parce que ces œuvres-là sont des preuves et des effets de la foi et de l’amour qu’on a pour lui.
IV. Qu’il séparera les bons d’avec les méchants en recevant les bons dans le royaume des cieux et en envoyant les méchants aux peines éternelles.
Puisque Jésus-Christ nous a expressément avertis de toutes ces choses et que nous savons qu’il nous faudra paraître devant son tribunal pour recevoir selon le bien et le mal que nous aurons faits, notre plus grande attention doit être de nous conduire avec piété et avec crainte pendant tout le temps de notre séjour en ce monde, de nous attacher à la pratique des bonnes œuvres et surtout des œuvres de charité et de miséricorde afin qu’au jour de la glorieuse et dernière apparition du fils de Dieu, nous puissions paraître devant lui avec confiance et avec joie et être du nombre de ceux auxquels il dira : Venez, vous qui êtes béni de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde.
C’est ici que commence l’histoire de la passion de notre Seigneur : I. Les sacrificateurs prennent la résolution de faire mourir Jésus-Christ. II. Une femme l’oint avec une huile précieuse. III. Judas traite avec les sacrificateurs pour leur livrer son Maître. IV. Jésus-Christ célèbre la Pâque et pendant le repas il parle de la trahison de Judas, il institue la sainte Cène et il prédit que St. Pierre le renierait.
1 Quand Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples :
2 Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours, et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié.
3 Alors les principaux sacrificateurs, les scribes et les sénateurs du peuple s’assemblèrent dans la salle du souverain sacrificateur nommé Caïphe,
4 Et délibérèrent ensemble de se saisir de Jésus par adresse et de le faire mourir.
5 Mais ils disaient : Il ne faut pas que ce soit pendant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.
6 Et Jésus étant à Béthanie dans la maison de Simon surnommé le lépreux,
7 Une femme était venue vers lui, ayant un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, et elle le lui avait répandu sur la tête lorsqu’il était à table.
8 Et ses disciples, voyant cela, en furent indignés et dirent : A quoi sert cette perte ?
9 Car on pouvait vendre bien cher ce parfum, et en donner l’argent aux pauvres.
10 Mais Jésus, connaissant cela, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? car elle a fait une bonne action à mon égard ;
11 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais vous ne m’aurez pas toujours ;
12 Et si elle a répandu ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture.
13 Je vous dis en vérité, que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu’elle a fait sera aussi raconté en mémoire d’elle.
14 Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariot, s’en alla vers les principaux sacrificateurs,
15 Et leur dit : Que voulez-vous me donner et je vous le livrerai ? Et ils convinrent de lui donner trente pièces d’argent.
16 Et depuis ce temps-là il cherchait une occasion propre pour le livrer.
17 Or, le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent à Jésus et lui dirent : Où veux-tu que nous préparions ce qu’il faut pour manger la Pâque ?
18 Et il leur répondit : Allez dans la ville chez un tel et lui dites : Le Maître dit : Mon temps est proche ; je ferai la Pâque chez toi avec mes disciples.
19 Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné, et préparèrent la Pâque.
20 Quand le soir fut venu, il se mit à table avec les douze apôtres.
21 Et comme ils mangeaient, il dit : Je vous dis en vérité que l’un de vous me trahira.
22 Et ils furent fort affligés, et chacun d’eux se mit à lui dire : Seigneur, est-ce moi ?
23 Mais il répondit : Celui qui met la main dans le plat avec moi, c’est celui qui me trahira.
24 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est trahi ; il eût mieux valu pour cet homme-là de n’être jamais né.
25 Et Judas, qui le trahissait, répondit : Maître, est-ce moi ? Jésus lui dit : Tu l’as dit.
26 Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le donna à ses disciples et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.
27 Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna, disant : Buvez-en tous ;
28 Car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, lequel est répandu pour plusieurs, en rémission des péchés.
29 Or, je vous dis que désormais je ne boirai point de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour auquel je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.
30 Et après qu’ils eurent chanté le cantique, ils sortirent pour aller à la montagne des Oliviers.
31 Alors Jésus leur dit : Je vous serai cette nuit à tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.
32 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.
33 Et Pierre, prenant la parole, lui dit : Quand même tous les autres se scandaliseraient en toi, je ne serai jamais scandalisé.
34 Jésus lui dit : Je te dis en vérité, que cette nuit même, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois.
35 Pierre lui dit : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les disciples dirent la même chose.
REFLEXIONS
I. La première réflexion que l’on doit faire ici regarde le temps de la passion de notre Seigneur. Sachant qu’il devait être crucifié à la fête de Pâque, il se rendit à Jérusalem dans ce temps-là et quoique les sacrificateurs n’eussent pas intention de le faire mourir durant cette fête, Dieu voulut qu’il mourût alors parce que c’était le temps auquel on immolait l’agneau de Pâque qui représentait le sacrifice de Jésus-Christ et afin que les Juifs qui se rendaient à Jérusalem de toutes parts pour la Pâque fussent témoin de sa mort.
II. L’exemple de cette femme qui oignit Jésus-Christ avec un parfum précieux doit nous inciter à honorer notre Seigneur par tous les moyens qui sont en notre puissance. Et ce que le Seigneur dit pour défendre l’action de cette femme nous apprend qu’il reçoit avec bonté tout ce que nous faisons pour lui marquer notre amour et notre respect, qu’il faut juger charitablement des actions des autres, surtout lorsqu’elles partent d’un bon principe et que nous ne devons jamais négliger d’assister les nécessiteux.
III. La convention de Judas avec les sacrificateurs nous fait voir dans quels crimes et dans quel endurcissement l’avarice peut jeter les hommes et avec quel soin il faut prendre garde que cette passion ne se glisse et ne s’enracine dans notre cœur.
IV. Jésus-Christ prédit la trahison de Judas afin de lui faire comprendre que son dessein lui était connu et afin que les apôtres vissent qu’il ne devait rien arriver à leur Maître qu’il n’eût prévu et à quoi il n’eut voulu bien s’exposer.
V. Ce qui mérite surtout notre attention dans ce chapitre, c’est que Jésus-Christ étant sur le point d’être crucifié, institua la sainte Cène pour être jusqu’à la fin du monde un mémorial de ses souffrances et de sa mort. Cela nous oblige à avoir cet auguste sacrement en grande révérence et à le célébrer d’une manière conforme aux intentions de notre divin rédempteur.
VI. Enfin, la prédiction que Jésus-Christ fit du reniement de St. Pierre prouve que notre Seigneur connaît les cœurs et l’avenir et ce qu’il dit à cet apôtre qui lui répondait avec tant d’assurance, nous apprend à ne présumer jamais de nos forces, à nous défier de nous-même et à nous tenir sans cesse en garde contre la tentation.
CHAPITRE XXVI VERSETS 36 A 75
On voit ici :
I. Ce que Jésus souffrit dans le jardin. II. Comment il fut pris par Judas. III. Ce qui se passa lorsqu’il parut devant le conseil et qu’il y fût condamné. IV. La chute et la repentance de St. Pierre.
36 Alors Jésus s’en alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémané ; et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je m’en irai là pour prier.
37 Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être fort triste et dans une amère douleur.
38 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi.
39 Et étant allé un peu plus avant, il se jeta le visage contre terre, priant et disant : Mon Père, que cette coupe passe loin de moi, s’il est possible ! Toutefois, qu’il en soit non comme je le voudrais, mais comme tu le veux.
40 Puis il vint vers ses disciples et les trouva endormis ; et il dit à Pierre : Est-il possible que vous n’ayez pu veiller une heure avec moi ?
41 Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.
42 Il s’en alla encore pour la seconde fois et pria, disant : Mon père, s’il n’est pas possible que cette coupe passe loin de moi sans que je la boive, que ta volonté soit faite.
43 Et revenant à eux il les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient appesantis.
44 Et les ayant laissés, il s’en alla encore et pria pour la troisième fois, disant les mêmes paroles.
45 Alors il vint vers ses disciples et leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez ? Voici, l’heure est venue, et le Fils de l’homme va être livré entre les mains des méchants.
46 Levez-vous, allons ; voici, celui qui me trahit s’approche.
47 Et comme il parlait encore, voici Judas, l’un des douze, qui vint, et avec lui une grande troupe de gens armés d’épées et de bâtons, de la part des principaux sacrificateurs et des sénateurs du peuple.
48 Et celui qui le trahissait leur avait donné ce signal : Celui que je baiserai, c’est lui, saisissez-le.
49 Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit : Maître, je te salue ; et il le baisa.
50 Jésus lui dit : Mon ami, pour quel sujet es-tu ici ? Alors ils s’approchèrent, et jetèrent les mains sur Jésus, et le saisirent.
51 En même temps un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à l’épée, la tira et en frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta une oreille.
52 Alors Jésus lui dit : Remets ton épée dans le fourreau ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.
53 Penses-tu que je ne pusse pas maintenant prier mon Père, qui me donnerait aussitôt plus de douze légions d’anges ?
54 Comment donc s’accompliraient les Écritures qui disent qu’il faut que cela arrive ainsi ?
55 En même temps, Jésus dit à cette troupe : Vous êtes sortis avec des épées et des bâtons, comme après un brigand pour me prendre ; j’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi.
56 Mais tout ceci, est arrivé, afin que ce qui est écrit dans les prophètes fût accompli. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.
57 Mais ceux qui avaient saisi Jésus l’emmenèrent chez Caïphe, le souverain sacrificateur, où les scribes et les sénateurs étaient assemblés.
58 Et Pierre le suivit de loin jusqu’à la cour du souverain sacrificateur, et, y étant entré, il s’assit avec les officiers pour voir quelle en serait la fin.
59 Or, les principaux sacrificateurs, et les sénateurs, et tout le conseil cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, pour le faire mourir.
60 Mais ils n’en trouvaient point, et bien que plusieurs faux témoins se fussent présentés, ils n’en trouvaient point de suffisant. Enfin deux faux témoins s’approchèrent,
61 Qui dirent : Cet homme a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir dans trois jours.
62 Alors le souverain sacrificateur se leva et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ?
63 Mais Jésus se tut. Alors le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ?
64 Jésus lui répondit : Tu l’as dit ; et même je vous dis que vous verrez ci-après le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.
65 Alors le souverain sacrificateur déchira ses habits, disant : Il a blasphémé ; qu’avons-nous plus besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème. Que vous en semble ?
66 Ils répondirent : Il a mérité la mort.
67 Alors ils lui crachèrent au visage, et ils lui donnèrent des coups de poing, et les autres le frappaient avec leurs bâtons,
68 Disant : Christ, devine qui est celui qui t’a frappé ?
69 Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour ; et une servante s’approcha de lui, et lui dit : Tu étais aussi avec Jésus le Galiléen.
70 Et il le nia devant tous, disant : Je ne sais ce que tu dis.
71 Et comme il sortit au vestibule, une autre servante le vit, et dit à ceux qui étaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.
72 Et il le nia encore avec serment, disant : Je ne connais point cet homme-là.
73 Et un peu après, ceux qui étaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : Assurément tu es aussi de ces gens-là ; car ton langage te fait connaître.
74 Alors il se mit à faire des imprécations contre soi-même et à jurer, disant : Je ne connais point cet homme-là ; et incontinent le coq chanta.
75 Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus qui lui avait dit : Avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement.
REFLEXIONS
On doit faire une grande attention à ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin. Dieu voulut qu’il ressentît cette tristesse et ces frayeurs afin que l’on vît qu’il mourait pour les péchés des hommes et qu’il était sujet à toutes les infirmités innocentes de la nature humaine.
Et nous devons juger par l’état où notre Seigneur fut alors réduit quelle est l’horreur du péché et combien les peines que les méchants souffriront un jour seront terribles.
Ces prières si humbles et si ferventes que Jésus-Christ adressait à Dieu dans son agonie nous enseignent à prier avec persévérance et avec humilité lorsque nous sommes dans la souffrance.
Nous avons dans la résignation de notre Seigneur à la volonté de son Père une preuve de sa parfaite obéissance aussi bien que de son grand amour envers nous et un modèle de patience que nous devons imiter en quelque état qu’il plaise à Dieu de nous mettre.
L’avertissement que Jésus-Christ donna aux apôtres de veiller et de prier de peur qu’ils ne succombassent à la grande tentation où ils allaient être exposés est un conseil salutaire qui nous apprend que la vigilance et la prière sont les principaux moyens de résister aux tentations et qu’on y succombe dès qu’on néglige ces moyens-là.
Dans la manière dont Jésus fut pris par Judas, on voit d’un côté la perfidie de ce malheureux disciple et de l’autre que notre Seigneur s’exposait volontairement à la mort.
L’action de St. Pierre qui frappa avec l’épée un de ceux qui venaient prendre Jésus était l’effet d’un zèle inconsidéré et la censure que le Seigneur fit à cet apôtre nous montre qu’il n’est jamais permis de se venger, ni d’en venir à la violence, en quelque occasion, ni pour quelque sujet que ce puisse être.
Ce qui est à remarquer sur la comparution de Jésus-Christ devant le conseil des Juifs, c’est :
I. Que quelque effort que les Juifs fissent pour trouver des faux témoins et un prétexte pour le condamner, il ne pût être convaincu d’aucun crime et qu’il ne fut condamné que parce qu’il avoua être le fils de Dieu, en quoi on découvre la haine et l’injustice des Juifs et la parfaite innocence de notre Seigneur.
II. La grande patience avec laquelle il souffrit tous les outrages qu’on lui fit doit nous rappeler ce que St. Pierre dit à ce sujet : Que Christ a souffert pour nous, nous laissant un modèle, afin que nous suivions ses traces.
III. Ce que notre Seigneur dit aux Juifs : qu’ils le verraient venant dans les nuées du ciel, mérite une attention particulière. Jésus-Christ parlait comme roi et fils de Dieu, dans le temps qu’on le condamnait et l’établissement de son règne, de même que la ruine des juifs, firent voir bientôt après la vérité de ce qu’il avait dit dans cette occasion.
IV. La chute de St. Pierre qui, après avoir été averti par notre Seigneur et avoir protesté qu’il ne le renierait jamais, le renia jusqu’à trois fois est un grand exemple de l’inconstance et de l’infirmité humaine.
Ceux-là même qui ont de bonnes intentions peuvent faire de grandes chutes quand ils ne se précautionnent pas contre la tentation et pour s’en garantir, il importe de se défier de soi-même, de prier sans cesse et d’éviter les lieux et les occasions qui peuvent entraîner dans le péché.
Enfin, il faut considérer que si le péché de St. Pierre fut grand, sa repentance fut prompte et qu’il pleura amèrement sa faute.
C’est ainsi que nous devons nous relever promptement de nos chutes et les réparer par les larmes d’une sincère pénitence et par un vrai amendement.
CHAPITRE XXVII VERSETS 1 A 26.
I. Judas voyant que Jésus était condamné reconnaît son crime et se donne la mort. II. Jésus parait devant Pilate, gouverneur de Jérusalem, qui, après avoir fait divers efforts pour le délivrer et pour apaiser les Juifs, prononce la sentence de sa condamnation.
1 Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les sénateurs du peuple tinrent conseil pour faire mourir Jésus.
2 Et l’ayant fait lier, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Ponce-Pilate, gouverneur.
3 Alors Judas, qui l’avait trahi, voyant qu’il était condamné, se repentit et reporta les trente pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs,
4 Disant : J’ai péché en trahissant le sang innocent. Mais ils dirent : Que nous importe ? tu y pourvoiras.
5 Alors, après avoir jeté les pièces d’argent dans le temple, il se retira, et s’en alla, et s’étrangla.
6 Et les principaux sacrificateurs, ayant pris les pièces d’argent, dirent : Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor sacré ; car c’est le prix du sang.
7 Et ayant délibéré, ils en achetèrent le champ d’un potier, pour la sépulture des étrangers.
8 C’est pourquoi ce champ-là a été appelé jusqu’à aujourd’hui le champ du sang.
9 Alors s’accomplit ce qui avait été dit par Jérémie le prophète : Ils ont pris trente pièces d’argent, qui étaient le prix de celui qui a été apprécié, et que les enfants d’Israël ont mis à prix ;
10 Et ils les ont données pour acheter le champ d’un potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.
11 Or, Jésus parut devant le gouverneur, et le gouverneur l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus lui dit : Tu le dis.
12 Et comme il était accusé par les principaux sacrificateurs et les sénateurs, il ne répondait rien.
13 Alors Pilate lui dit : N’entends-tu pas combien de choses ils déposent contre toi ?
14 Mais il ne lui répondit quoi que ce soit ; de sorte que le gouverneur en était fort surpris.
15 Or, le gouverneur avait accoutumé à chaque fête de Pâque, de relâcher au peuple celui des prisonniers qu’ils voulaient.
16 Et il y avait alors un prisonnier insigne, nommé Barabbas.
17 Comme ils étaient donc assemblés, Pilate leur dit : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus qu’on appelle Christ ?
18 Car il savait bien que c’était par envie qu’ils l’avaient livré.
19 Et pendant qu’il était assis sur le tribunal, sa femme lui envoya dire : N’aie rien à faire avec cet homme de bien ; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui en songe à son sujet.
20 Alors les principaux sacrificateurs et les sénateurs persuadèrent au peuple de demander Barabbas, et de faire périr Jésus.
21 Et le gouverneur, prenant la parole, leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Et ils dirent : Barabbas.
22 Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus qu’on appelle Christ ? Tous lui dirent : Qu’il soit crucifié.
23 Et le gouverneur leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Alors ils crièrent encore plus fort : Qu’il soit crucifié.
24 Pilate donc, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte s’augmentait de plus en plus, prit de l’eau et se lava ses mains devant le peuple, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; c’est à vous d’y penser.
25 Et tout le peuple répondit : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants.
26 Alors il leur relâcha Barabbas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le leur livra pour être crucifié.
REFLEXIONS
Les remords que Judas ressentit lorsqu’il vit qu’on allait faire mourir Jésus, l’aveu qu’il fit de son crime et sa fin tragique font voir que Jésus était innocent et qu’il avait été condamné injustement.
On voit aussi en cela l’état d’une conscience criminelle et l’horreur des remords et du désespoir dont les méchants sont agités lorsqu’elle se réveille et que la vengeance divine les poursuit.
L’usage que les Juifs firent de l’argent que Judas leur rendit servit à perpétuer la mémoire de cet événement. C’était une preuve de l’injustice qu’ils avaient commise et l’on y remarque l’accomplissement d’un oracle de Zacharie.
Sur ce qui se passa devant Pilate, il faut observer que Jésus-Christ avoua en sa présence, comme il l’avait avoué devant le conseil, qu’il était le Messie.
À l’exemple de notre Seigneur, nous devons confesser la vérité, même au péril de notre vie, toutes les fois que nous y sommes appelés.
On voit de plus, dans cette histoire, la fureur des Juifs que rien ne pût adoucir et qui préféraient à Jésus-Christ un meurtrier et un séditieux. On y découvre l’innocence de Jésus qui fut reconnue par Pilate, mais on y remarque surtout l’iniquité de ce juge qui après avoir longtemps résisté consentit à sa mort, nonobstant les avertissements que sa femme lui fit donner et quoi qu’il fût persuadé qu’il condamnait un innocent.
Nous avons en Pilate une image de ceux qui pêchent contre leurs lumières et qui sacrifient leur devoir et leur conscience à la crainte, à la complaisance et à l’intérêt, aussi bien que de ceux qui se croient innocents dans le temps qu’ils commettent les plus grands crimes et qui rejettent sur les autres les fautes dont ils sont eux-mêmes les auteurs.
Ceci nous avertit d’être toujours inviolablement attachés à notre devoir et de suivre les mouvements de notre conscience sans qu’aucune considération que ce soit nous en détourne.
Enfin, l’on doit faire une grande attention à ces paroles que les Juifs prononcèrent lorsque notre Seigneur fut condamné : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants.
Ils éprouvèrent eux et leur postérité les effets de cette imprécation qu’ils firent contre eux-mêmes, Dieu ayant vengé sur cette nation la mort de son Fils par la ruine de leur ville et par l’état où ils sont depuis et où ils sont encore aujourd’hui.
CHAPITRE XXVII VERSETS 27 A 66.
Saint Matthieu rapporte ici : I. Le crucifiement de Jésus-Christ et sa mort. II. Les prodiges qui arrivèrent alors. III. Sa sépulture.
27 Et les soldats du gouverneur amenèrent Jésus au prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la compagnie des soldats.
28 Et l’ayant dépouillé, ils le revêtirent d’un manteau d’écarlate.
29 Puis ayant fait une couronne d’épines, ils la lui mirent sur la tête, et ils lui mirent un roseau à la main droite, et s’agenouillant devant lui, ils se moquaient de lui, en disant : Je te salue, roi des juifs.
30 Et crachant contre lui, ils prenaient le roseau, et ils lui en donnaient des coups sur la tête.
31 Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau et lui remirent ses habits, et ils l’emmenèrent pour le crucifier.
32 Et comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils contraignirent de porter la croix de Jésus.
33 Et étant arrivés au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire la place du crâne,
34 Ils lui présentèrent à boire du vinaigre mêlé avec du fiel ; mais quand il en eut goûté, il n’en voulut pas boire.
35 Et après l’avoir crucifié ils partagèrent ses habits, en jetant le sort ; afin que ce qui a été dit par le prophète s’accomplît : Ils se sont partagé mes habits, et ils ont jeté le sort sur ma robe.
36 Et s’étant assis, ils le gardaient là.
37 Ils mirent aussi au-dessus de sa tête cet écriteau, pour marquer le sujet de sa condamnation ; CELUI-CI EST JÉSUS, LE ROI DES JUIFS.
38 On crucifia en même temps avec lui deux brigands, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.
39 Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, branlant la tête,
40 Et disant : Toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix.
41 De même aussi, les principaux sacrificateurs, avec les Scribes et les sénateurs, disaient en se moquant :
42 Il a sauvé les autres, et il ne se peut sauver lui-même. S’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui.
43 Il se confie en Dieu, que Dieu le délivre maintenant, s’il lui est agréable ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu.
44 Les brigands qui étaient crucifiés avec lui, lui faisaient les mêmes reproches.
45 Or depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la neuvième heure.
46 Et environ la neuvième heure, Jésus s’écria à haute voix, disant : Eli, Eli, lamma sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
47 Et quelques-uns de ceux qui étaient présents, ayant ouï cela, disaient : Il appelle Elie.
48 Et aussitôt quelqu’un d’entre eux courut, et prit une éponge, et l’ayant remplie de vinaigre, il la mit au bout d’une canne, et lui en donna à boire.
49 Et les autres disaient : Attendez, voyons si Elie viendra le délivrer.
50 Et Jésus ayant encore crié à haute voix, rendit l’esprit.
51 En même temps le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, des rochers se fendirent ;
52 Des sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent ;
53 Et étant sortis de leurs sépulcres après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte cité, et ils furent vus de plusieurs personnes.
54 Et le centenier et ceux qui gardaient Jésus avec lui, ayant vu le tremblement de terre et ce qui était arrivé, furent fort effrayés, et dirent : Véritablement, cet homme était le Fils de Dieu.
55 Il y avait aussi là plusieurs femmes qui regardaient de loin, et qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, en le servant ;
56 Entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques et de Joses, et la mère des fils de Zébédée.
57 Et le soir étant venu, un homme riche, nommé Joseph, qui était d’Arimathée, et qui avait aussi été disciple de Jésus,
58 Vint vers Pilate et demanda le corps de Jésus ; et Pilate commanda qu’on le lui donnât.
59 Ainsi Joseph prit le corps et l’enveloppa dans un linceul blanc,
60 Et le mit dans son sépulcre, qui était neuf et qu’il avait fait tailler pour lui-même dans le roc ; et ayant roulé une grande pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla.
61 Et Marie-Magdelaine et l’autre Marie étaient là assises vis-à-vis du sépulcre.
62 Le jour suivant, qui était le lendemain de la préparation du sabbat, les principaux sacrificateurs et les Pharisiens allèrent ensemble vers Pilate,
63 Et lui dirent : Seigneur, nous nous souvenons que, quand ce séducteur vivait, il disait : Je ressusciterai dans trois jours.
64 Commande donc que le sépulcre soit gardé sûrement jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent de nuit, et n’enlèvent son corps, et qu’ils ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière séduction serait pire que la première.
65 Pilate leur dit : Vous avez la garde ; allez, et faites-le garder comme vous l’entendrez.
66 Ils s’en allèrent donc, et ils s’assurèrent du sépulcre, en scellant la pierre, et en y mettant des gardes.
REFLEXIONS
L’histoire de la passion de Jésus-Christ et le récit des ignominies et des douleurs auxquelles il fut exposé avant d’être crucifié et pendant qu’il était sur la croix nous engage à considérer qu’il a souffert toutes ces choses et qu’il est mort pour expier nos péchés et pour confirmer par ce moyen les promesses qu’il nous a faites de l’immortalité.
L’usage que nous devons faire de cet endroit si important de l’Évangile est de regarder cette mort comme le moyen admirable par lequel nous avons été sauvés, de bénir la miséricorde de Dieu qui a ainsi livré son fils à la mort et la charité de notre bon Sauveur qui s’est donné soi-même pour nous et de l’aimer comme il nous a aimés.
Les souffrances de Jésus-Christ doivent aussi nous faire renoncer au péché puisqu’il est mort pour le détruire et nous apprendre à souffrir et à porter patiemment notre croix.
Les divers prodiges qui arrivèrent à la mort de Jésus-Christ tendaient à faire sentir l’horreur du crime que les Juifs venaient de commettre en le crucifiant et à montrer à tout le monde que Jésus était le fils de Dieu.
Le déchirement du voile du temple marquait visiblement que le culte des Juifs allait prendre fin, que le temple allait être détruit et que le ciel serait désormais ouvert aux hommes.
L’ouverture des sépulcres de ceux qui ressuscitèrent avec notre Seigneur marquait que Jésus devait sortir du tombeau et que les morts ressusciteront au dernier jour par la vertu de la mort de Jésus-Christ et de sa résurrection.
Notre Seigneur fut enseveli afin que l’on ne pût pas douter qu’il était véritablement mort et Dieu voulut qu’on le mît dans un sépulcre où personne n’avait été mis pour faire voir que ce serait bien lui qui ressusciterait.
Les circonstances de sa sépulture, de même que celles de sa passion nous découvrent l’accomplissement de plusieurs prophéties et la pensée que Jésus a été enseveli est très propre pour dissiper l’horreur que nous aurions sans cela du tombeau et de la mort et pour nous élever à l’espérance de la résurrection et d’une meilleure vie.
C’est enfin une chose digne de remarque que les Juifs firent fermer et garder soigneusement le sépulcre de notre Seigneur de peur que les disciples n’enlevassent son corps, par là ils fournirent contre leur dessein des preuves incontestables de sa résurrection.
Ce chapitre contient : I. Un récit abrégé de la résurrection de Jésus-Christ. II. Ce que les Juifs firent pour persuader au peuple que ses disciples avaient enlevés son corps. III. l’apparition de Jésus-Christ aux apôtres et les ordres qu’il leur donna avant que de monter au ciel.
1 Après que le sabbat fut passé, comme le premier jour de la semaine commençait à luire, Marie-Magdelaine et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre.
2 Et il se fit un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel, et vint rouler la pierre de devant l’entrée du sépulcre, et s’assit dessus.
3 Son visage était comme un éclair, et son vêtement était blanc comme la neige.
4 Et de la frayeur que les gardes en eurent, ils furent tout émus, et ils devinrent comme morts.
5 Mais l’ange, prenant la parole, dit aux femmes : Pour vous, ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié.
6 Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où le Seigneur était couché ;
7 Et allez-vous-en promptement dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts ; et voilà qu’il s’en va devant vous en Galilée ; vous le verrez là ; je vous l’ai dit.
8 Alors elles sortirent promptement du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent l’annoncer à ses disciples.
9 Mais comme elles allaient pour le leur annoncer, voilà Jésus qui vint au-devant d’elles, et qui leur dit : Je vous salue. Et elles s’approchèrent, et lui embrassèrent les pieds et l’adorèrent.
10 Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez et dites à mes frères de se rendre en Galilée, et que c’est là qu’ils me verront.
11 Quand elles furent parties, quelques-uns de ceux de la garde vinrent à la ville et rapportèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé.
12 Alors ils s’assemblèrent avec les sénateurs et, après qu’ils eurent délibéré, ils donnèrent une bonne somme d’argent aux soldats,
13 Et ils leur dirent : Dites : Ses disciples sont venus de nuit, et ont dérobé son corps pendant que nous dormions ;
14 Et si ceci vient à la connaissance du gouverneur, nous l’apaiserons, et nous vous tirerons de peine.
15 Et les soldats ayant pris l’argent, firent comme ils avaient été instruits ; et ce bruit a été divulgué parmi les Juifs, jusqu’à aujourd’hui.
16 Mais les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné d'aller.
17 Et quand ils le virent, ils l’adorèrent, même ceux qui avaient douté.
18 Et Jésus s’approchant, leur parla et leur dit : Toute puissance m’est donnée dans le ciel et sur la terre ;
19 Allez donc et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ;
20 Et leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé ; et voici, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde. Amen !
REFLEXIONS
Il y a trois considérations principales à faire sur la résurrection de Jésus :
I. La première que Dieu, ayant envoyé ses anges pour le retirer du tombeau comme il l’avait prédit, cela prouve incontestablement qu’il est le fils de Dieu.
II. Que cette résurrection est un fait certain qui a été attesté par les anges, par les femmes qui virent Jésus-Christ et ensuite par les apôtres et par un grand nombre d’autres personnes.
III. Et surtout, que la résurrection notre Seigneur est le fondement de notre salut et de toutes nos espérances, puisqu’elle nous assure que nous sommes pleinement réconciliés avec Dieu et que nous ressusciteront au dernier jour.
Les principaux des Juifs firent paraître leur obstination invincible et leur extrême malice en s’efforçant de persuader au peuple que les disciples de Jésus avaient enlevé son corps, mais toutes leurs précautions furent inutiles et ce qu’ils craignaient ne laissa pas d’arriver.
C’est ainsi que Dieu confond les méchants dans leurs desseins et que la vérité triomphe des efforts de ceux qui veulent l’opprimer.
Enfin, ce que Jésus-Christ disait à ses apôtres de sa suprême puissance où il allait être élevé doit être bien considéré, de même que les ordres qu’il leur donna, de prêcher l’Évangile et de baptiser et la promesse qu’il leur fit d’être avec eux jusqu’à la fin du monde.
On voit que Jésus-Christ parlait alors comme le roi du ciel et de la terre, il marquait clairement que sa doctrine allait se répandre parmi toutes les nations, qu’un grand nombre de personnes embrasseraient cette doctrine et recevraient le baptême et que son Église subsisterait à jamais.
Le succès prompt et merveilleux de la prédication des apôtres et l’établissement de la religion chrétienne prouvèrent dans la suite et prouvent encore aujourd’hui la vérité de ces derniers discours de notre Seigneur.
Ce sont là tout autant de puissants motifs à croire en Jésus-Christ, à reconnaître la divinité de sa doctrine et à garder tout ce qu’il nous a commandé de garder.
En particulier, les chrétiens doivent apprendre d’ici à regarder le baptême comme une institution sacrée de notre Sauveur et à avoir en révérence cette sainte cérémonie par laquelle ils ont été consacrés au Père, au Fils et au Saint-Esprit.
BROCHURE D'EVANGELISATION
COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?
Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.
Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).
L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.
Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.
Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.
Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.
Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père,qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.
Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.
Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).
Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.
Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui.
Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).
Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?
Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.
Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.
Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).
L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes.
Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)
Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;
Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.
Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)
Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.
La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !
Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)
Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.
Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)
Amen !
- Détails
- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
Cet évangile a été écrit longtemps après les autres par l’apôtre Saint Jean, environ soixante ans, comme l’on croit, après l’ascension de Jésus-Christ. On y trouve plusieurs discours de notre Seigneur et diverses particularités remarquables de sa vie, de sa passion et de sa résurrection que les trois autres évangélistes ne rapportent pas.
Chapitres : Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Chapitre XVII. Chapitre XVIII. Chapitre XIX. Chapitre XX. Chapitre XXI.Livres du Nouveau Testament.
Ce chapitre a trois parties :
I. Saint Jean enseigne que Jésus-Christ est Dieu, qu’il s’est fait homme et qu’il est venu au monde pour sauver les hommes et pour rendre enfants de Dieu tous ceux qui croiraient en lui. II. Il rapporte le témoignage que Jean-Baptiste rendit à notre Seigneur en faisant connaitre aux Juifs la dignité de la personne de Jésus-Christ et la nature de son ministère. III. Jésus se fait connaitre à André, à Pierre, à Philippe et à Nathanaël.
1 La Parole était au commencement, la Parole était avec Dieu, et cette parole était Dieu.
2 Elle était au commencement avec Dieu.
3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans elle.
4 C’est en elle qu’était la vie, et la vie était la lumière des hommes.
5 Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.
6 Il y eut un homme, appelé Jean, qui fut envoyé de Dieu.
7 Il vint pour être témoin et pour rendre témoignage de la lumière, afin que tous crussent par lui.
8 Il n’était pas lui-même la lumière, mais il était envoyé pour rendre témoignage à la lumière.
9 C’était la véritable lumière qui éclaire tous les hommes, en venant au monde.
10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle ; mais le monde ne l’a pas connue.
11 Il est venu chez soi ; et les siens ne l’ont point reçu.
12 Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être faits enfants de Dieu, savoir, à ceux qui croient en son nom ;
13 qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais qui sont nés de Dieu.
14 Et la Parole a été faite chair, et a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité et nous avons vu sa gloire, une gloire telle qu’est celle du Fils unique venu du Père.
15 C’est de lui que Jean rendait témoignage, lorsqu’il criait : C’est ici celui dont je disais : Celui qui vient après moi m’est préféré, parce qu’il est plus grand que moi.
16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce.
17 Car la loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.
18 Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l’a fait connaître.
19 C’est ici le témoignage que Jean rendit, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Qui es-tu ?
20 Il le confessa, et ne le désavoua point ; il le confessa en disant : Je ne suis point le Christ.
21 Qu’es-tu donc, lui demandèrent-ils ? Es-tu Elie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.
22 Ils lui dirent : Qui es-tu donc ? afin que nous rendions réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?
23 Il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Esaïe.
24 Or, ceux qui avaient été envoyés vers lui, étaient d’entre les Pharisiens.
25 Ils lui demandèrent encore : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es point le Christ, ni Elie, ni le prophète ?
26 Jean leur répondit et leur dit : Pour moi, je baptise d’eau, mais il y a un homme au milieu de vous, que vous ne connaissez point.
27 C’est celui qui vient après moi, qui m’est préféré, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers.
28 Ces choses se passèrent à Béthabara, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.
29 Le lendemain, Jean vit Jésus qui venait à lui, et il dit : Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.
30 C’est celui dont je disais : Il vient après moi un homme qui m’est préféré, car il est plus grand que moi.
31 Et pour moi, je ne le connaissais pas, mais je suis venu baptiser d’eau, afin qu’il soit manifesté à Israël.
32 Jean rendit encore ce témoignage, et dit : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s’est arrêté sur lui.
33 Pour moi, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit.
34 Et je l’ai vu, et j’ai rendu témoignage que c’est lui qui est le Fils de Dieu.
35 Le lendemain, Jean étant encore là avec deux de ses disciples,
36 et voyant Jésus qui marchait, il dit : Voilà l’agneau de Dieu.
37 Et ses deux disciples, l’ayant ouï parler ainsi, suivirent Jésus.
38 Jésus s’étant retourné, et voyant qu’ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi (c’est-à-dire maître), où demeures-tu ?
39 Il leur dit : Venez et voyez. Ils y allèrent et virent où il logeait, et ils demeurèrent avec lui ce jour-là, car il était environ la dixième heure du jour.
40 André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu ce que Jean disait, et qui avaient suivi Jésus.
41 Celui-ci trouva le premier Simon son frère, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (c’est-à-dire le Christ).
42 Et il l’amena à Jésus. Jésus l’ayant regardé, lui dit : Tu es Simon, fils de Jona ; tu seras appelé Céphas (c’est-à-dire Pierre).
43 Le lendemain, Jésus voulut s’en aller en Galilée, et il trouva Philippe et lui dit : Suis-moi.
44 Or, Philippe était de Bethsaïde, qui était aussi la ville d’André et de Pierre.
45 Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et dont les prophètes ont parlé ; c’est Jésus de Nazareth, le fils de Joseph.
46 Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : Viens et vois.
47 Jésus, voyant venir Nathanaël, dit de lui : Voici un véritable Israélite, en qui il n’y a point de fraude.
48 Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus lui répondit : Avant que Philippe t’appelât, je t’ai vu quand tu étais sous un figuier.
49 Nathanaël lui répondit : Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël.
50 Jésus lui répondit : Parce que je t’ai dit que je t’avais vu sous un figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses que ceci.
51 Il lui dit aussi : En vérité, en vérité, je vous dis, que désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.
REFLEXIONS
I. La première partie de ce chapitre nous instruit de la dignité infinie de la personne de Jésus-Christ et du but de sa venue au monde. Pour ce qui est de sa personne, Saint Jean nous enseigne que Jésus-Christ qui est ici appelé : la parole est Dieu, que cette parole a été faite chair, c’est-à-dire que Jésus s’est fait homme et qu’il a pris notre nature. Ainsi l’une des premières et des plus importantes vérités de la foi chrétienne est de croire que Jésus-Christ est Dieu et homme tout ensemble. Et la divinité de sa personne doit nous convaincre de la divinité de sa doctrine et nous faire reconnaitre combien Dieu nous a aimés, de nous donner son propre Fils pour nous racheter.
II. Nous apprenons ici que le but pour lequel Jésus-Christ est venu au monde a été d’en être la lumière, d’éclairer les hommes de la connaissance de Dieu et de donner à tous ceux qui le recevraient et qui croiraient véritablement en lui le droit de devenir enfants de Dieu. Par là nous voyons quelle est l’excellence de l’Évangile, combien nos privilèges sont glorieux et l’obligation où nous sommes de recevoir avec foi et avec joie cette salutaire doctrine qui a été annoncée par le Fils unique de Dieu et de montrer par notre obéissance que nous sommes de ceux qui ont part à l’adoption divine.
III. Saint Jean nous apprend que Dieu envoya Jean-Baptiste pour faire connaitre Jésus-Christ aux Juifs et pour les disposer à le regarder, non comme un roi temporel, mais comme un roi spirituel et un sauveur qui expierait leurs péchés et qui répandrait sur eux les dons de l’esprit de Dieu. C’est dans cette vue que Jean-Baptiste disait que : Jésus-Christ était l’agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde et que ce serait lui qui baptiserait du Saint-Esprit.
Le pardon des péchés et la vertu d’Esprit Saint qui nous régénère et qui nous sanctifie sont donc les deux principales grâces que Jésus-Christ nous a acquises et auxquelles nous devons aspirer.
IV. Il faut faire attention à l’humilité, au zèle et à la fidélité que Jean-Baptiste fit paraître en déclarant qu’il n’était pas le Messie, mais qu’il n’en était que le précurseur et en s’abaissant si fort au-dessous de Jésus-Christ. C’est ainsi que nous devons avoir des sentiments humbles de nous-mêmes, ne chercher jamais notre propre gloire, mais chercher uniquement celle de notre Seigneur et travailler chacun dans sa vocation et de tout notre pouvoir à le faire connaitre aux hommes et à les amener à lui.
V. Jésus-Christ entrant dans son ministère se choisit d’abord des disciples parce qu’il voulait se servir d’eux dans la suite pour annoncer l’Évangile par toute la terre et pour rendre témoignage de sa vie, de sa doctrine, de ses miracles, de sa mort et de sa résurrection. La grande joie que ces premiers apôtres ressentirent d’avoir trouvé le Messie et l’empressement qu’ils eurent de le suivre nous montre que notre plus grand bonheur est de connaitre Jésus-Christ et de nous attacher à lui.
L’éloge que le Seigneur fit de Nathanaël en disant : que c’était un vrai Israélite en qui il n’y avait point de fraude, nous apprend que Jésus-Christ a une parfaite connaissance de tous les hommes et que la disposition à laquelle il regarde principalement et qu’il demande de ses disciples, c’est la simplicité et la droiture du cœur, un grand éloignement pour l’hypocrisie et un vrai amour pour la vérité et pour la piété.
Jésus-Christ change de l’eau en vin aux noces de Cana. Ensuite il va à Jérusalem, il chasse du temple ceux qui le profanaient et il fait quelques miracles dans cette ville-là à la fête de pâque.
1 Trois jours après, on faisait des noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était.
2 Et Jésus fut aussi convié aux noces, lui et ses disciples.
3 Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin.
4 Mais Jésus lui répondit : Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue.
5 Sa mère dit à ceux qui servaient : Faites tout ce qu’il vous dira.
6 Or, il y avait là six vaisseaux de pierre, mis pour servir aux purifications des Juifs, et qui tenaient chacun deux ou trois mesures.
7 Jésus leur dit : Emplissez d’eau ces vaisseaux ; et ils les emplirent jusqu’au haut.
8 Et il leur dit : Puisez-en maintenant, et portez-en au maître d’hôtel. Et ils lui en portèrent.
9 Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau qui avait été changée en vin (or il ne savait pas d’où ce vin venait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient bien), il appela l’époux,
10 Et il lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, et ensuite le moindre, après qu’on a beaucoup bu ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.
11 Jésus commença ainsi à faire des miracles à Cana, ville de Galilée, et il manifesta sa gloire ; et ses disciples crurent en lui.
12 Après cela, il descendit à Capernaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples ; et ils n’y demeurèrent que peu de jours ;
13 car la Pâque des Juifs était proche ; et Jésus monta à Jérusalem.
14 Il trouva dans le temple des gens qui vendaient des taureaux, des brebis et des pigeons, avec des changeurs qui y étaient assis.
15 Et ayant fait un fouet de petites cordes, il les chassa tous du temple, et les brebis et les taureaux ; il répandit la monnaie des changeurs, et renversa leurs tables.
16 Et il dit à ceux qui vendaient les pigeons : Ôtez tout cela d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de marché.
17 Alors ses disciples se souvinrent de ce qui est écrit : Le zèle de ta maison m’a dévoré.
18 Les Juifs, prenant la parole, lui dirent : Par quel signe nous montres-tu que tu as le pouvoir de faire de telles choses ?
19 Jésus répondit et leur dit : Abattez ce temple, et je le relèverai dans trois jours.
20 Les Juifs lui dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et tu le relèveras dans trois jours ?
21 Mais il parlait du temple de son corps.
22 Après donc qu’il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il leur avait dit cela ; et ils crurent à l’Écriture et à cette parole que Jésus avait dite.
23 Pendant qu’il était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en lui, voyant les miracles qu’il faisait.
24 Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous,
25 et qu’il n’avait pas besoin que personne ne lui rendît témoignage d’aucun homme ; car il connaissait par lui-même ce qui était dans l’homme.
REFLEXIONS
Le miracle que Jésus-Christ fit en changeant l’eau en vin aux noces de Cana a ceci de remarquable que ce fut son premier miracle et qu’il commença par là à manifester sa puissance et sa vocation divine en présence de la Sainte vierge sa mère, de ses disciples et de plusieurs autres personnes, ce qui fit que sa réputation se répandit dans toute la Galilée et que ses disciples crurent en lui.
II. Ce fut pour les mêmes raisons qu’étant arrivé à Jérusalem, il chassa de l’enceinte du temple ceux qui y vendaient et qui y achetaient, ce qu’il fit encore environ trois ans après, peu avant sa mort. Jésus-Christ agissant ainsi dans le temple, qu’il appelait la maison de son Père, voulut donner, dès le commencement de son ministère, des marques de son autorité divine aussi bien que de son grand zèle, ce que les apôtres reconnurent en lui appliquant ces paroles : Le zèle de ta maison m’a dévoré.
Ce que nous devons apprendre de là, c’est d’un côté à être animé d’un grand zèle pour la gloire de Dieu et à nous opposer à tout ce qui y est contraire et de l’autre, à avoir un grand respect pour les lieux qui sont consacrés au service divin et en général pour tout ce qui appartient à la religion.
III. Il est à remarquer que les Juifs demandant à Jésus-Christ des preuves de son autorité, il leur dit : Abattez ce temple et je le relèverai dans trois jours.
Il voulait dire par là que la preuve la plus illustre par laquelle il ferait voir qu’il avait reçu de Dieu son autorité serait qu’il ressusciterait au troisième jour, mais il dit cela en termes figurés et obscurs parce qu’il n’était pas encore à propos qu’il parla clairement de sa mort et de sa résurrection.
La dernière chose que Saint Jean rapporte ici c’est que diverses personnes crurent en Jésus-Christ en voyant ses miracles, mais qu’il ne se fiait pas à eux parce qu’il les connaissait tous et parce qu’il savait ce qui était dans l’homme.
Il faut bien remarquer cet endroit et en tirer cette instruction que Jésus-Christ connait tout ce qui se passe dans le cœur des hommes, qu’il ne regarde pas comme ses vrais disciples tous ceux qui en prennent le nom et qu’ainsi nous ne devons pas prétendre être approuvé de lui à moins que la profession que nous faisons de croire en lui ne soit sincère et que nous n’en montrions la vérité par notre obéissance.
Saint Jean rapporte un entretien que Jésus-Christ eut avec Nicodème, dans lequel, sous la figure d’une seconde naissance et de l’eau, il montre que pour devenir ses disciples et pour entrer au royaume de Dieu il faut être renouvelé et sanctifié intérieurement par le Saint-Esprit. II. Il lui parle ensuite d’une manière figurée de sa mort, il l’instruit du but de sa venue au monde et il montre quelle est la cause de l’incrédulité et de la perdition des hommes. III. Jean Baptiste étant informé par ses disciples qu’un grand nombre de personnes suivaient notre Seigneur, il en témoigne une grande joie et il déclare ouvertement que Jésus était plus excellent que lui, que c’était le Fils de Dieu et qu’il n’y avait que ceux qui croyaient en lui qui pussent être sauvés.
1 Il y avait un homme, d’entre les Pharisiens, nommé Nicodème, l’un des principaux des Juifs.
2 Cet homme vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit : Maître, nous savons que tu es un docteur venu de la part de Dieu ; car personne ne saurait faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui.
3 Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te dis, que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.
4 Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le ventre de sa mère, et naître une seconde fois ?
5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te dis, que si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.
6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit.
7 Ne t’étonne point de ce que je t’ai dit : Il faut que vous naissiez de nouveau.
8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l’esprit.
9 Nicodème lui dit : Comment ces choses se peuvent-elles faire ?
10 Jésus lui répondit : Tu es un docteur en Israël, et tu ne sais pas ces choses ?
11 En vérité, en vérité, je te dis, que nous disons ce que nous savons, et que nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; mais vous ne recevez point notre témoignage.
12 Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne les croyiez point, comment croirez vous, quand je vous parlerai des choses célestes ?
13 Aussi personne n’est monté au ciel, que celui qui est descendu du ciel, savoir, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.
14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé,
15 Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.
16 Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.
17 Car Dieu n’a point envoyé son Fils dans le monde, pour condamner le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui.
18 Celui qui croit en lui ne sera point condamné, mais celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.
19 Or, voici la cause de la condamnation, c’est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.
20 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises.
21 Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites selon Dieu.
22 Après cela, Jésus s’en alla en Judée avec ses disciples ; et il y demeura avec eux, et y baptisait.
23 Et Jean baptisait aussi à Enon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau, et on y allait pour être baptisé.
24 Car Jean n’avait pas encore été mis en prison.
25 Or, il y eut une dispute des disciples de Jean avec les Juifs, touchant le baptême.
26 Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Maître, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, auquel tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont à lui.
27 Jean leur répondit : Personne ne peut rien recevoir, s’il ne lui a été donné du ciel.
28 Vous m’êtes vous-mêmes témoins que j’ai dit, que ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais que j’ai été envoyé devant lui.
29 Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui est présent et qui l’écoute, est ravi de joie d’entendre la voix de l’époux ; et c’est là ma joie qui est parfaite.
30 Il faut qu’il croisse, et que je diminue.
31 Celui qui est venu d’en haut est au-dessus de tous ; celui qui est venu de la terre est de la terre, et parle comme étant de la terre ; celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous ;
32 Et il rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu ; mais personne ne reçoit son témoignage.
33 Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est véritable.
34 Car celui que Dieu a envoyé annonce les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l’Esprit par mesure.
35 Le Père aime le Fils et lui a donné toutes choses entre les mains.
36 Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.
REFLEXIONS
L’entretien que Jésus-Christ eut avec Nicodème nous apprend :
I. Que les hommes charnels ne sauraient entrer dans le royaume de Dieu et que pour y être reçu il faut devenir des hommes nouveaux et avoir des sentiments et des inclinaisons qui nous portent à la connaissance de la vérité et à la recherche des choses spirituelles et célestes.
II. Que ce n’est que par le moyen de l’esprit de Dieu que nous pouvons être ainsi régénérés, ce qui nous oblige à demander sans cesse et avec ardeur la grâce de cet esprit saint et à en faire un bon usage, lorsque Dieu nous l’accorde.
III. Jésus-Christ nous donne ici un abrégé de l’Évangile en disant que : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle.
Ces paroles et celles que Jésus-Christ ajoute montrent clairement que le don que Dieu a fait aux hommes de son Fils est la plus grande marque qu’il leur ait jamais donnée de son amour, elles nous apprennent que la foi en Jésus-Christ est l’unique moyen d’être sauvé et que s’il y a des personnes qui ne croient pas et qui rejettent la lumière de l’Évangile, cela vient de ce qu’elles aiment le péché et qu’elles ont le cœur gâté et corrompu par leurs passions, mais que ceux qui ont de l’amour pour la vertu goûtent infailliblement la doctrine de notre Seigneur. Ce discours du Fils de Dieu fait voir de quelle importance il est de se défaire de ses passions et de purifier son cœur par un amour sincère de la vérité et de la vertu.
Le témoignage que Jean-Baptiste rendit à notre Seigneur en déclarant publiquement que Jésus était plus grand que lui et la joie qu’il ressentit lorsqu’on vint lui dire que la gloire de Jésus-Christ commençait à se répandre sont des preuves de la profonde humilité et du grand zèle de ce précurseur du Messie.
C’est ainsi que nous devons toujours rendre témoignage à la vérité et chercher non notre propre gloire, mais celle de notre sauveur, en sorte que l’avancement de son règne et le salut des hommes soit le principal objet de nos désirs et fasse notre plus grande joie.
Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.
Jésus-Christ s’en allant de la Judée en Galilée et passant par la Samarie s’entretient avec une femme samaritaine, il se fait connaître à elle et cette femme crut en lui, de même que plusieurs Samaritains. Ensuite, étant arrivé dans la Galilée il y guérit le fils d’un seigneur de ce pays-là. Pour entendre ce chapitre, il faut savoir que les Samaritains étaient en partie Israélites et en partie païens d’origine, qu’ils adoraient le vrai Dieu dans un temple qui était bâti sur le mont de Garisim, mais qu’ils ne le servaient pas dans le temple de Jérusalem, ni de la manière que Dieu l’avait commandé, à cause de quoi il y avait une grande inimitié entre eux et les Juifs.
1 Le Seigneur ayant donc appris que les Pharisiens avaient ouï dire qu’il faisait et baptisait plus de disciples que Jean,
2 (toutefois ce n’était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais c’étaient ses disciples),
3 il quitta la Judée, et s’en retourna en Galilée.
4 Or, il fallait qu’il passât par la Samarie.
5 Il arriva donc à une ville de Samarie, nommée Sichar, qui est près de la possession que Jacob donna à Joseph son fils.
6 C’était là qu’était le puits de Jacob. Jésus donc, étant fatigué du chemin, s’assit près du puits ; c’était environ la sixième heure du jour.
7 Une femme samaritaine étant venue pour puiser de l’eau, Jésus lui dit : Donne-moi à boire.
8 Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres.
9 Cette femme samaritaine lui répondit : Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? car les Juifs n’ont point de communication avec les Samaritains.
10 Jésus répondit et lui dit : Si tu connaissais la grâce que Dieu te fait, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui en aurais demandé toi-même, et il t’aurait donné une eau vive.
11 La femme lui dit : Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où aurais-tu donc cette eau vive ?
12 Es-tu plus grand que Jacob notre père, qui nous a donné ce puits et qui en a bu lui-même, aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ?
13 Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ;
14 mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, mais l’eau que je lui donnerai deviendra dans lui une source d’eau qui jaillira jusqu’à la vie éternelle.
15 La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en puiser.
16 Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici.
17 La femme répondit : Je n’ai point de mari. Jésus lui dit : Tu as fort bien dit : Je n’ai point de mari ;
18 car tu as eu cinq maris ; et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; tu as dit vrai en cela.
19 La femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es un prophète.
20 Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous dites, vous juifs, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem.
21 Jésus lui dit : Femme, crois-moi, le temps vient que vous n’adorerez plus le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem.
22 Vous adorez ce que vous ne connaissez point ; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons ; car le salut vient des Juifs.
23 Mais le temps vient et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le Père demande de tels adorateurs.
24 Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.
25 Cette femme lui répondit : Je sais que le Messie, c’est-à-dire le Christ, doit venir ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses.
26 Jésus lui dit : Je le suis, moi, qui te parle.
27 Sur cela ses disciples arrivèrent, et ils furent surpris de ce qu’il parlait avec une femme ; néanmoins aucun d’eux ne lui dit : Que lui demandes-tu ? ou : Pourquoi parles-tu avec elle ?
28 La femme laissa donc sa cruche, et s’en alla à la ville, et dit aux gens du lieu :
29 Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-ce point le Christ ?
30 Ils sortirent donc de la ville, et vinrent vers lui.
31 Cependant, ses disciples lui disaient, en l’en priant : Maître, mange.
32 Jésus leur dit : J’ai à manger d’une viande que vous ne connaissez pas.
33 Les disciples donc se disaient l’un à l’autre : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ?
34 Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre.
35 Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Mais moi je vous dis : Levez vos yeux, et regardez les campagnes qui sont déjà blanches et prêtes à être moissonnées.
36 Celui qui moissonne en reçoit la récompense, et amasse le fruit pour la vie éternelle, en sorte que celui qui sème et celui qui moissonne en ont ensemble de la joie.
37 Car en ceci, ce qu’on dit est vrai, que l’un sème et que l’autre moissonne.
38 Je vous ai envoyé moissonner où vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail.
39 Or, plusieurs des Samaritains de cette ville-là crurent en lui, à cause de cette parole de la femme qui avait rendu ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait.
40 Les Samaritains étant donc venus vers lui, le prièrent de demeurer chez eux ; et il demeura là deux jours.
41 Et il y en eut beaucoup plus qui crurent en lui, après l’avoir entendu.
42 Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit, que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c’est lui qui est véritablement le Christ, le Sauveur du monde.
43 Deux jours après, il partit de là, et s’en alla en Galilée,
44 Quoique Jésus eût déclaré lui-même qu’un prophète n’est point honoré en son pays.
45 Lorsqu’il fut arrivé en Galilée, il fut bien reçu des Galiléens, qui avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem le jour de la fête ; car ils étaient aussi allés à la fête.
46 Jésus donc vint encore à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Et il y avait un seigneur de la cour, dont le fils était malade à Capernaüm.
47 Ce seigneur, ayant appris que Jésus était venu de Judée en Galilée, s’en alla vers lui et le pria de descendre pour guérir son fils, qui s’en allait mourir.
48 Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des miracles, vous ne croyez point.
49 Ce seigneur de la cour lui dit : Seigneur, descends, avant que mon fils meure.
50 Jésus lui dit : Va, ton fils se porte bien. Cet homme crut ce que Jésus lui avait dit, et s’en alla.
51 Et comme il s’en retournait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, qui lui dirent : Ton fils se porte bien.
52 Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux. Et ils lui dirent : Hier, environ la septième heure du jour, la fièvre le quitta.
53 Et le père reconnut que c’était à cette même heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils se porte bien ; et il crut, lui et toute sa maison.
54 Jésus fit ce second miracle à son retour de Judée en Galilée.
REFLEXIONS
I. La première réflexion qu’il faut faire ici est que Jésus-Christ, par un effet de sa bonté et de sa sagesse, s’étant rencontré près d’un puits avec une femme samaritaine, se servit de cette occasion pour l’instruire et pour l’amener à sa connaissance en lui parlant de soi-même et de sa doctrine sous l’image de l’eau. La manière dont notre Seigneur parla à cette femme de cette eau spirituelle et des effets salutaires qu’elle produit nous enseigne que la connaissance de Jésus-Christ et de sa grâce est le don le plus précieux que Dieu ait jamais fait aux hommes et que c’est ce que nous devons désirer avec le plus d’ardeur.
II. Ce que Jésus-Christ dit à la Samaritaine nous apprend que la grâce de Dieu et son alliance n’est plus attachée à un peuple ou à un lieu particulier, comme les Juifs et les Samaritains le prétendaient, mais que tous les hommes sans distinction peuvent y avoir part.
III. La troisième instruction que ce discours de notre Seigneur nous donne c’est que le vrai culte que Dieu demande n’est pas le culte qui n’est qu’extérieur et sensible, mais que c’est celui du cœur et que comme Dieu est esprit, il veut que nous le servions en esprit et en vérité.
IV. Les disciples de notre Seigneur le pressant de prendre de la nourriture, il leur répondit que sa nourriture était de faire la volonté de son Père et qu’ils devaient se disposer à travailler eux-mêmes, comme lui, à la conversion des hommes. C’est ce qu’il voulait leur faire comprendre par l’image de la moisson qui était prochaine. Recueillons de là qu’il n’y a rien à quoi nous devions trouver plus de douceur et de satisfaction qu’à faire la volonté de Dieu et à édifier le prochain et que c’est à quoi nous devons tous nous employer avec un grand zèle.
V. La conversion de la Samaritaine et de plusieurs habitants de la ville de Sichar est un événement qui montrait que le Messie n’était pas venu pour les Juifs seuls, mais que d’autres peuples allaient aussi être rendus participants des fruits de sa venue. Cette conversion et l’empressement que cette femme eut d’aller avertir les habitants de sa ville et de les amener à Jésus-Christ nous montrent aussi que nous devons recevoir avec promptitude l’Évangile lorsqu’il nous est annoncé et attirer, outre cela, notre prochain à la foi par nos exhortations et par nos bons exemples.
Enfin, Saint Jean rapporte que Jésus étant de retour dans la Galilée, il y guérit le fils d’un seigneur de Capernaüm et cela par sa seule parole et quoiqu’il fût éloigné de ce jeune homme malade. Ce fut ainsi que le Sauveur voulut donner en ce pays-là de nouvelles preuves de sa puissance et de sa bonté, afin d’engager les Juifs à croire en lui.
Jésus-Christ guérit un paralytique qui était malade depuis trente-huit ans. Et comme les Juifs le blâmaient d’avoir fait ce miracle un jour de sabbat, il leur représente qu’ils avaient tort de le condamner et voici la substance de son discours. Il leur dit qu’il faisait ses miracles par la puissance de Dieu, qu’ils ne devaient pas s’étonner s’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père, qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté. Notre Seigneur ajoute qu’on ne devait pas croire sur sa simple parole qu’il était envoyé de Dieu, mais que les Juifs pouvaient s’en convaincre par le témoignage que Jean-Baptiste lui avait rendu et qui était d’un grand poids sur leur esprit, que par les miracles qu’il faisait et par les oracles de Moïse et des prophètes. Enfin, il se plaint de l’incrédulité des Juifs qui ne voulaient pas venir à lui pour avoir la vie et il leur dit que cette incrédulité procédait de ce que leur cœur était vide de l’amour de Dieu et plein de l’amour d’eux-mêmes et de la gloire du monde.
1 Après cela, comme les Juifs avaient une fête, Jésus monta à Jérusalem.
2 Or, il y avait à Jérusalem, près de la porte des brebis, un réservoir d’eau, appelé en hébreu Béthesda, qui avait cinq portiques,
3 où étaient couchés un grand nombre de malades, d’aveugles, d’impotents et de gens qui avaient les membres secs, et qui attendaient le mouvement de l’eau.
4 Car un ange descendait, en un certain temps, dans le réservoir, et en troublait l’eau ; et le premier qui descendait dans le réservoir, après que l’eau avait été troublée, était guéri, de quelque maladie qu’il fût détenu.
5 Or, il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.
6 Jésus le voyant couché, et sachant qu’il était malade depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ?
7 Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans le réservoir quand l’eau est troublée ; car, pendant que j’y viens, un autre y descend avant moi.
8 Jésus lui dit : Lève-toi, emporte ton lit et marche.
9 Et incontinent l’homme fut guéri ; et il prit son lit et se mit à marcher. Or, ce jour-là était un jour de sabbat.
10 Alors les Juifs dirent à celui qui avait été guéri : C’est aujourd’hui le sabbat ; il ne t’est pas permis d’emporter ton lit.
11 Il leur répondit : Celui qui m’a guéri, m’a dit : Emporte ton lit, et marche.
12 Et ils lui demandèrent : Qui est cet homme qui t’a dit : Emporte ton lit, et marche ?
13 Mais celui qui avait été guéri ne savait qui c’était ; car Jésus s’était échappé au travers de la foule qui était en ce lieu-là.
14 Depuis, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voilà, tu as été guéri ; ne pèche plus désormais, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire.
15 Cet homme s’en alla et rapporta aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.
16 À cause de cela, les Juifs poursuivaient Jésus, et cherchaient à le faire mourir, parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.
17 Mais Jésus leur dit : Mon Père agit jusqu’à présent, et j’agis aussi.
18 À cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non-seulement parce qu’il avait violé le sabbat, mais encore parce qu’il disait que Dieu était son propre Père, se faisant égal à Dieu.
19 Jésus prenant la parole, leur dit : En vérité, en vérité je vous dis, que le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu’il ne le voie faire au Père ; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement.
20 Car le Père aime le Fils, et il lui montre tout ce qu’il fait, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, en sorte que vous en serez remplis d’admiration.
21 Car comme le Père ressuscite les morts et leur donne la vie, de même aussi le Fils donne la vie à ceux qu’il veut.
22 Le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils tout pouvoir de juger,
23 afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé.
24 En vérité, en vérité je vous dis, que celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne sera point sujet à la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie.
25 En vérité, en vérité je vous dis, que le temps vient, et qu’il est déjà venu, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et que ceux qui l’auront entendue vivront.
26 Car, comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d’avoir la vie en lui-même.
27 Et il lui a aussi donné l’autorité d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme.
28 Ne soyez pas surpris de cela : car le temps viendra que tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ;
29 et ceux qui auront fait de bonnes œuvres en sortiront et ressusciteront pour la vie ; et ceux qui en auront fait de mauvaises ressusciteront pour la condamnation.
30 Je ne puis rien faire de moi-même ; je juge selon que j’entends, et mon jugement est juste, car je ne cherche point ma volonté, mais je cherche la volonté du Père qui m’a envoyé.
31 Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n’est pas digne de foi.
32 Il y en a un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est digne de foi.
33 Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.
34 Pour moi, je ne cherche point le témoignage des hommes, mais je dis ceci, afin que vous soyez sauvés.
35 Jean était une chandelle allumée et luisante, et vous avez voulu, pour un peu de temps, vous réjouir à sa lumière.
36 Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que mon Père m’a donné le pouvoir d’accomplir, ces œuvres-là que je fais rendent ce témoignage de moi, que mon Père m’a envoyé.
37 Et le Père qui m’a envoyé a lui-même rendu témoignage de moi. Vous n’avez jamais entendu sa voix, ni vu sa face.
38 Et sa parole ne demeure pas en vous, puisque vous ne croyez point à celui qu’il a envoyé.
39 Sondez les Ecritures ; car c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi.
40 Mais vous ne voulez point venir à moi, pour avoir la vie.
41 Je ne cherche point ma gloire de la part des hommes ;
42 mais je sais que vous n’avez point en vous l’amour de Dieu.
43 Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez.
44 Comment pouvez-vous croire, vu que vous aimez à recevoir de la gloire les uns des autres, et que vous ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ?
45 Ne pensez point que ce soit moi qui doive vous accuser devant mon Père ; Moïse, en qui vous espérez, est celui qui vous accusera.
46 Car si vous croyiez à Moïse, vous croiriez aussi en moi ; car il a écrit de moi.
47 Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?
REFLEXIONS
On voit dans la guérison de ce paralytique, dont St. Jean fait ici l’histoire, l’admirable puissance de notre Seigneur qui par sa seule parole rétablit parfaitement un homme perclus de ses membres depuis trente-huit ans, ce qui était une merveille aussi grande que celle qui se faisait alors dans le lavoir de Bethesda. Jésus eut compassion de ce paralytique, il lui demanda s’il voulait être guéri et il le guérit en effet d’une manière à laquelle il ne s’attendait pas. Par là nous devons reconnaître que ce Sauveur charitable est toujours prêt à faire part aux hommes de sa grâce et à les délivrer de leurs misères, il les prévient même et il leur présente cette grâce, mais personne n’en est fait participant que ceux qui désirent de la recevoir et qui, comme le paralytique, profitent des offres qu’il a la bonté de leur faire.
II. Il faut bien remarquer ce que Jésus-Christ dit à ce paralytique : Tu as été guéri, ne pèche plus désormais, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pis. Cela avertit ceux que Dieu a retirés de quelque maladie ou à qui il a été accordé quelque autre délivrance, d’éviter à l’avenir de retomber dans le péché, de peur d’engager Dieu à les punir plus sévèrement. Le discours que Jésus-Christ fit aux Juifs en leur prouvant par diverses considérations qu’il était envoyé de Dieu nous montre que notre foi est fondée sur des raisons solides et sur des preuves convaincantes et incontestables, ainsi pour nous fortifier dans la foi, nous devons bien considérer les preuves que ce chapitre contient et y ajouter celles que les Juifs n’avaient pas alors et qui se tirent de la résurrection de Jésus-Christ, de l’établissement de sa religion et du témoignage des apôtres.
Outre cette réflexion générale, il faut en faire ici trois particulières :
I. Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.
II. Puisque Jésus-Christ allègue le témoignage de l’Écriture sainte et de Moïse et qu’il voulait que les Juifs sondassent et examinassent les Écritures, il s’ensuit que pour être confirmé dans la foi et pour obtenir la vie éternelle, il faut lire souvent et méditer attentivement les écrits du Vieux Testament aussi bien que ceux du Nouveau.
III. Ce que Jésus-Christ disait aux Juifs de leur incrédulité et de ses causes nous apprend que s’il y a des gens qui ne veulent pas venir à notre Seigneur pour avoir la vie, cela vient de ce qu’ils n’ont pas l’amour de Dieu en eux-mêmes et de ce que leur cœur est possédé par leurs passions. Surtout Jésus-Christ déclare que l’amour du monde et de sa gloire et le désir d’être approuvé et estimé des hommes est un des plus grands obstacles à la foi et au salut.
Jésus-Christ donne à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons, il va vers ses disciples en marchant sur l’eau et il fait cesser une tempête.
1 Après cela, Jésus passa au-delà de la mer de Galilée, qui est aussi appelée la mer de Tibériade.
2 Et une grande foule de peuple le suivait, parce qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait sur ceux qui étaient malades.
3 Mais Jésus monta sur une montagne, où il s’assit avec ses disciples.
4 Or, le jour de Pâque, qui est la principale fête des Juifs, était proche.
5 Jésus donc, ayant levé les yeux, et voyant une grande foule de peuple qui venait à lui, dit à Philippe : D’où achèterons-nous des pains, afin que ces gens-ci aient à manger ?
6 Or, il disait cela pour l’éprouver, car il savait bien ce qu’il devait faire.
7 Philippe lui répondit : Pour deux cents deniers de pain ne suffirait pas pour en donner un peu à chacun.
8 Un autre de ses disciples, savoir, André, frère de Simon Pierre, lui dit :
9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ?
10 Alors Jésus dit : Faites asseoir ces gens ; et il y avait beaucoup d’herbe dans ce lieu-là. Ces gens s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille.
11 Et Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua à ses disciples, et ses disciples, à ceux qui étaient assis ; et il leur donna de même des poissons, autant qu’ils en voulurent.
12 Après qu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde.
13 Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze paniers des morceaux des cinq pains d’orge, qui étaient restés à ceux qui en avaient mangé.
14 Et ces gens, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète qui devait venir au monde.
15 Mais Jésus ayant connu qu’ils allaient venir pour l’enlever, afin de le faire roi, se retira encore seul sur la montagne.
16 Quand le soir fut venu, ses disciples descendirent au bord de la mer.
17 Et étant entrés dans une barque, ils voulaient passer la mer pour aller à Capernaüm ; il faisait déjà obscur, et Jésus n’était pas encore venu à eux.
18 Et la mer élevait ses vagues par un grand vent qui soufflait.
19 Mais quand ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus qui marchait sur la mer, et qui était près de la barque ; et ils eurent peur.
20 Mais il leur dit : C’est moi : n’ayez point de peur.
21 Ils le reçurent donc avec plaisir dans la barque, et incontinent la barque aborda au lieu où ils allaient.
REFLEXIONS
Jésus-Christ en donnant à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons fit un miracle auquel les apôtres ne s’attendaient pas, quoiqu’ils lui en eussent vu faire plusieurs autres et il le fit autant pour augmenter leur foi et pour les convaincre plus pleinement de sa toute puissance que pour subvenir aux besoins du peuple qui l’avait suivi. Ainsi ce miracle est l’un des plus illustres que notre Seigneur ait faits, surtout par le grand nombre de ceux qui en furent les témoins. St. Jean remarque que ces gens-là furent tellement frappés de cette merveille que, non seulement ils disaient que Jésus était le prophète et le Messie que les Juifs attendaient, mais qu’ils voulurent le déclarer roi, ce qui fit que notre Seigneur se retira dans un lieu écarté, ne voulant pas qu’il arrivât aucun trouble à son occasion.
Cette démarche des Juifs était un effet de l’opinion qu’ils avaient que le Messie serait un roi temporel, mais la retraite de Jésus-Christ marquait que son règne n’était point de la terre. Cela doit nous apprendre à ne point chercher notre gloire en ce monde et surtout à fuir l’éclat et à nous contenir toujours dans une grande humilité.
Jésus-Christ fit en ce temps-là un autre miracle en faveur des apôtres et qui dut faire une grande impression sur eux lorsqu’il vint vers eux en marchant sur la mer. Il fit aussi voir dans cette occasion le soin qu’il avait de ses chers disciples et l’amour qu’il leur portait, les laissant exposés à l’orage afin de les éprouver et de les délivrer ensuite d’une manière plus magnifique et plus consolante que s’il eût d’abord été avec eux.
Telle est l’issue que les épreuves et les afflictions ont ordinairement pour ceux que Dieu aime, il vient tôt ou tard à leur secours et les maux qu’il leur envoie ne servent qu’à manifester l’amour qu’il leur porte et qu’à augmenter leur consolation et leur joie.
CHAPITRE VI VERSETS 22 A 71.
Notre seigneur ayant nourri miraculeusement le peuple avec cinq pains et deux poissons et voyant que ce peuple le suivait avec empressement prend de là occasion de les exhorter à rechercher la nourriture spirituelle qui fait vivre éternellement, plutôt que la nourriture du corps. Il leur dit ensuite qu’il était lui-même cette nourriture et le vrai pain du Ciel et que ceux qui mangeraient de ce pain auraient la vie éternelle. Il ajoute pour expliquer plus particulièrement sa pensée que cette nourriture était sa chair et son sang qu’il donnerait pour la vie du monde, par où il voulait marquer les fruits de sa mort, mais il s’exprima figurément et avec quelque obscurité parce qu’il ne voulait pas dire alors clairement qu’on le ferait mourir. Quelques-uns de ses disciples étant choqués de ce discours, le Seigneur leur dit que ses paroles devaient s’entendre dans un sens spirituel, mais cela n’empêcha pas que plusieurs d’entre eux ne se retirassent d’avec lui.
22 Le lendemain, la troupe qui était demeurée de l’autre côté de la mer, voyant qu’il n’y avait point eu là d’autre barque que celle dans laquelle ses disciples étaient entrés, que Jésus n’y était point entré avec eux, et que ses disciples s’en étaient allés seuls ;
23 (mais il était arrivé d’autres barques de Tibériade près du lieu où ils avaient mangé le pain, après que le Seigneur eut rendu grâces) ;
24 cette troupe donc voyant que Jésus n’était point-là, ni ses disciples, ils entrèrent dans les barques, et allèrent à Capernaüm, chercher Jésus.
25 Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Maître, quand es-tu arrivé ici ?
26 Jésus leur répondit et leur dit : En vérité, en vérité je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains, et que vous avez été rassasiés.
27 Travaillez pour avoir, non la nourriture qui périt, mais celle qui demeure jusqu’à la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car le Père qui est Dieu, l’a marqué de son sceau.
28 Ils lui dirent : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ?
29 Jésus leur répondit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.
30 Alors ils lui dirent : Quel miracle fais-tu donc, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Quelle œuvre fais-tu ?
31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon qu’il est écrit : Il leur a donné à manger le pain du ciel.
32 Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité je vous le dis, Moïse ne vous a point donné le pain du ciel ; mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel.
33 Car le pain de Dieu est celui qui est descendu du ciel, et qui donne la vie au monde.
34 Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là.
35 Et Jésus leur dit : Je suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura point de faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif.
36 Mais je vous l’ai déjà dit, que vous m’avez vu, et cependant vous ne croyez point.
37 Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi.
38 Car je suis descendu du ciel, pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.
39 Et c’est ici la volonté du Père, qui m’a envoyé, que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.
40 C’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé, que quiconque contemple le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour.
41 Mais les Juifs murmuraient contre lui de ce qu’il avait dit : Je suis le pain descendu du ciel.
42 Et ils disaient : N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ?
43 Jésus leur répondit : Ne murmurez point entre vous.
44 Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour.
45 Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque donc a écouté le Père et a été instruit par lui, vient à moi.
46 Ce n’est pas que personne n’ait vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu ; c’est lui qui a vu le Père.
47 En vérité, en vérité je vous le dis : Celui qui croit en moi a la vie éternelle.
48 Je suis le pain de vie.
49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts.
50 C’est ici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point.
51 Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde.
52 Les Juifs donc disputaient entre eux, disant : Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ?
53 Jésus leur dit : En vérité, en vérité je vous le dis : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes.
54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour.
55 Car ma chair est véritablement une nourriture, et mon sang est véritablement un breuvage.
56 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.
57 Comme le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi.
58 C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de la manne que vos pères ont mangée, et ils sont morts ; celui qui mangera ce pain vivra éternellement.
59 Jésus dit ces choses, enseignant dans la synagogue à Capernaüm.
60 Plusieurs de ses disciples l’ayant ouï, dirent entre eux : Cette parole est dure ; qui peut l’écouter ?
61 Mais Jésus, connaissant en lui-même que ses disciples murmuraient de cela, leur dit : Ceci vous scandalise-t-il ?
62 Que sera-ce donc si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant ?
63 C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous dis sont esprit et vie.
64 Mais il y en a quelques-uns d’entre vous qui ne croient point. Car Jésus savait des le commencement qui seraient ceux qui ne croiraient pas, et qui serait celui qui le trahirait.
65 Et il dit : C’est à cause de cela que je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, s’il ne lui a été donné par mon Père.
66 Dès cette heure-là plusieurs de ses disciples se retirèrent, et n’allaient plus avec lui.
67 Jésus dit donc aux douze : Et vous, ne voulez-vous point aussi vous en aller ?
68 Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ;
69 Et nous avons cru, et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.
70 Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas choisis, vous douze ? et l’un de vous est un démon.
71 Or, il disait cela de Judas Iscariot, fils de Simon ; car c’était celui qui devait le trahir, quoiqu’il fût l’un des douze.
REFLEXIONS
La première et la principale instruction que ce discours de Jésus-Christ nous donne, c’est que nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.
Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui.
Il faut seulement que cette foi soit sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi St. Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?
Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.
Les dernières paroles de ce chapitre où il est dit que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, nous apprennent que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.
St. Jean rapporte ici un voyage que Jésus-Christ fit à Jérusalem pour la fête des tabernacles, Les divers jugements qu’on faisait de lui. Et ce qu’il dit aux Juifs qui avaient trouvé mauvais qu’il eût guéri un paralytique quelques mois auparavant à la fête de pâque, un jour de sabbat.
1 Après ces choses, Jésus se tenait en Galilée, car il ne voulait pas demeurer dans la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.
2 Or, la fête des Juifs, appelée des tabernacles, approchait.
3 Et ses frères lui dirent : Pars d’ici et t’en va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais.
4 Car personne ne fait rien en cachette, quand il veut agir franchement. Puisque tu fais ces choses, montre-toi toi-même au monde.
5 Car ses frères même ne croyaient pas en lui.
6 Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu ; mais le temps est toujours propre pour vous.
7 Le monde ne vous peut haïr ; mais il me hait, parce que je rends ce témoignage contre lui, que ses œuvres sont mauvaises.
8 Pour vous, montez à cette fête ; pour moi, je n’y monte pas encore, parce que mon temps n’est pas encore venu.
9 Et leur ayant dit cela, il demeura en Galilée.
10 Mais, lorsque ses frères furent partis, il monta aussi à la fête, non pas publiquement, mais comme en cachette.
11 Les Juifs donc le cherchaient pendant la fête, et disaient : Où est-il ?
12 Et on tenait plusieurs discours de lui parmi le peuple. Les uns disaient : C’est un homme de bien ; et les autre disaient : Non, mais il séduit le peuple.
13 Toutefois personne ne parlait librement de lui, à cause de la crainte qu’on avait des Juifs.
14 Comme on était déjà au milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il y enseignait.
15 Et les Juifs étaient étonnés, et disaient : Comment cet homme sait-il les Écritures, ne les ayant point apprises ?
16 Jésus leur répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais elle est de celui qui m’a envoyé.
17 Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il reconnaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef.
18 Celui qui parle de son chef cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, est digne de foi, et il n’y a point d’injustice en lui.
19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? et néanmoins aucun de vous n’observe la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ?
20 Le peuple lui répondit : Tu es possédé du démon ; qui est-ce qui cherche à te faire mourir ?
21 Jésus répondit et leur dit : J’ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés.
22 Moïse vous a ordonné la circoncision (non pas qu’elle vienne de Moïse, mais elle vient des pères), et vous circoncisez un homme au jour du sabbat.
23 Si donc un homme reçoit la circoncision au jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi, parce que j’ai guéri un homme dans tout son corps le jour du sabbat ?
24 Ne jugez point selon l’apparence, mais jugez selon la justice.
25 Et quelques-uns de ceux de Jérusalem disaient : N’est-ce pas celui qu’ils cherchent à faire mourir ?
26 Et le voilà qui parle librement, et ils ne lui disent rien. Les chefs auraient-ils en effet reconnu qu’il est véritablement le Christ ?
27 Mais nous savons d’où est celui-ci ; au lieu que, quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est.
28 Et Jésus criait à haute voix dans le temple, en enseignant, et il disait : Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis. Je ne suis pas venu de moi-même, mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez point.
29 Mais moi, je le connais ; car je viens de sa part, et c’est lui qui m’a envoyé.
30 Ils cherchaient donc à se saisir de lui ; mais personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.
REFLEXIONS
Ce qu’il y a à remarquer dans ce chapitre, c’est que notre Seigneur ne voulut pas aller à Jérusalem publiquement et dans la compagnie de ses parents. Il en usa ainsi par prudence afin d’éviter l’éclat et de ne pas s’exposer à la fureur des Juifs qui cherchaient à le faire mourir.
Ce qu’il dit à quelques-uns de ses parents que le monde, c’est-à-dire les Juifs incrédules, ne pouvaient les haïr, mais que le monde le haïssait lui parce qu’il condamnait ses œuvres qui étaient mauvaises renferme une vérité constante, c’est que les gens du monde aiment leurs semblables, mais qu’ils haïssent ceux dont la vie et les discours condamnent leurs mauvaises actions.
On voit ici les divers jugements que le peuple faisait de Jésus-Christ, mais on y remarque surtout l’aveuglement et la malice des Juifs, qui, sans faire attention aux preuves que notre Seigneur donnait de sa mission divine par les miracles qu’il faisait et sans être touchés de ce qu’il leur disait avec tant de force et tant de douceur pour justifier ce qu’il avait fait et pour les convaincre que sa doctrine était céleste, l’accusaient d’avoir violé la Loi de Moïse et d’être possédé du démon et voulaient même le faire mourir. Cette résistance et cet endurcissement des Juifs montre que les préjugés et les passions peuvent aveugler les hommes à un tel point que rien n’est capable de les désabuser et qu’ils se scandalisent de ce qui devrait le plus les édifier. On doit bien considérer sur ce sujet ce que Jésus-Christ dit dans cette occasion : Si quelqu’un veut faire la volonté de mon Père, il connaitra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de mon chef.
Ces paroles contiennent une leçon qui est de la dernière importance, savoir que la principale disposition où il faut être pour connaître la doctrine de Jésus-Christ et pour en sentir la vérité et la beauté, c’est d’avoir le cœur bon et une intention sincère de faire la volonté de Dieu autant qu’elle peut être connue. Mais ceux à qui cette disposition manque ne sauraient jamais parvenir à la connaissance de la vérité.
Enfin, il est à remarquer que, quoique les Juifs eussent formés le dessein de faire mourir notre Seigneur, ils ne purent lui faire aucun mal et que nul n’osa mettre la main sur lui. Les méchants ne peuvent nuire aux gens de bien qu’autant que Dieu le leur permet et quoique les hommes puissent entreprendre, ce que Dieu a résolu s’accomplit toujours.
CHAPITRE VII VERSETS 31 A 53
Les pharisiens, indignés de ce que le peuple était touché des discours et des miracles de notre Seigneur, envoient des gens pour le saisir, mais il continua de parler avec tant d’autorité et d’évidence et il adressa au peuple des exhortations si touchantes, que plusieurs reconnurent qu’il était prophète, il y en eut même qui crurent qu’il était le Messie et ceux qui avaient ordre de le saisir s’en retournèrent sans oser mettre la main sur lui, de quoi les pharisiens furent extrêmement irrités.
31 Cependant plusieurs du peuple crurent en lui, et disaient : Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en fait celui-ci ?
32 Les Pharisiens ayant appris ce que le peuple disait sourdement de lui, ils envoyèrent, de concert avec les principaux sacrificateurs, des sergents pour se saisir de lui.
33 Jésus, continuant à parler au peuple, lui dit : Je suis encore avec vous pour un peu de temps ; puis je m’en vais à celui qui m’a envoyé.
34 Vous me chercherez, et vous ne me trouverez point, et vous ne pourrez venir où je serai.
35 Sur quoi les Juifs dirent entre eux : Où ira-t-il donc, que nous ne le trouverons point ? Doit-il aller vers ceux qui sont dispersés parmi les Grecs, et enseigner les Grecs ?
36 Que signifie ce qu’il a dit : Vous me chercherez et ne me trouverez point, et vous ne pourrez venir où je serai ?
37 Le dernier et le grand jour de la fête, Jésus se trouva là, et dit à haute voix : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive.
38 Qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’Écriture le dit.
39 (Or, il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié).
40 Plusieurs de la troupe ayant entendu ces paroles, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète.
41 D’autres disaient : Celui-ci est le Christ. Et quelques autres disaient : Mais le Christ viendra-t-il de la Galilée ?
42 L’Écriture ne dit-elle pas que le Christ sortira de la race de David, et du bourg de Bethléhem, d’où était David ?
43 Le peuple était donc partagé sur son sujet.
44 Et quelques-uns d’entre eux voulaient le saisir ; mais personne ne mit la main sur lui.
45 Les sergents retournèrent donc vers les principaux sacrificateurs et les Pharisiens, qui leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?
46 Les sergents répondirent : Jamais homme n’a parlé comme cet homme.
47 Les Pharisiens leur dirent : Avez-vous aussi été séduits ?
48 Y a-t-il quelqu’un des chefs ou des Pharisiens, qui ait cru en lui ?
49 Mais cette populace, qui n’entend point la loi, est exécrable.
50 Nicodème (celui qui était venu de nuit vers Jésus, et qui était l’un d’entre eux), leur dit :
51 Notre loi condamne-t-elle un homme sans l’avoir ouï auparavant, et sans s’être informé de ce qu’il a fait ?
52 Ils lui répondirent : Es-tu aussi Galiléen ? Informe-toi, et tu verras qu’aucun prophète n’a été suscité de la Galilée.
53 Et chacun s’en alla dans sa maison.
REFLEXIONS
Ce que Saint Jean rapporte ici fait voir :
I. Que les discours et les miracles de Jésus-Christ produisaient un effet bien différent puisque le peuple en était touché et rempli d’admiration et que les pharisiens au contraire en conçurent tant de dépit qu’ils voulurent faire saisir notre Seigneur. Voilà comment la parole de Dieu est diversement reçue, les uns en profitent et ouvrent leurs yeux et leurs cœurs à la vérité et les autres la rejettent et passent même jusqu’à haïr ceux qui la proposent et à s’irriter contre eux.
II. On doit remarquer dans les discours de Jésus-Christ l’évidence, la douceur et l’autorité avec laquelle il parlait aux Juifs et surtout ces invitations pleines de bonté qu’il leur adressait en disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Par où il leur offrait sa grâce et les dons du Saint-Esprit qu’il était prêt de répandre sur ceux qui croiraient en lui. Il nous a fait encore les mêmes offres dans l’Évangile, c’est à nous à les recevoir comme nous le devons et à en profiter avec empressement et avec reconnaissance.
III. Il faut faire réflexion sur ce que Saint Jean dit, que ceux qui avaient ordre de saisir Jésus-Christ n’osèrent pas exécuter leur commission et qu’ils répondirent aux pharisiens
Jamais homme n’a parlé comme cet homme. En cela on voit d’un côté la vertu et l’efficace de la parole de Dieu et de l’autre que Dieu, quand il lui plaît, rend vains et inutiles les desseins des méchants.
IV. Enfin, c’est une chose remarquable que les pharisiens, au lieu de reconnaître qu’en s’opposant à Jésus-Christ ils s’opposaient à Dieu même et d’être frappé de voir tant de gens qui rendaient témoignage à notre Seigneur, s’irritèrent de plus en plus contre lui et même contre le peuple qui parlait avantageusement de lui et de sa doctrine. Cet exemple nous montre que les personnes les plus éclairées et les plus distinguées selon le monde sont souvent moins disposées que les gens simples et du commun à recevoir l’Évangile parce qu’elles sont possédées par leurs passions et surtout parce qu’elles sont remplies d’orgueil et de bonne opinion d’elles-mêmes et qu’elles ne cherchent pas sincèrement et en simplicité de cœur à s’instruire et à connaître la vérité.
Saint Jean rapporte ici :
I. L’histoire de la femme adultère. II. Un entretien que Jésus-Christ eut avec les Juifs dans lequel il leur dit qu’il était la lumière du monde et qu’ils devaient ajouter foi à tout ce qu’il disait de soi-même. III. Il leur reproche leur aveuglement et leur incrédulité et il leur parle de son départ de ce monde et de sa mort, mais il le fait en des termes figurés et qu’ils ne purent bien entendre.
1 Jésus s’en alla ensuite sur la montagne des Oliviers.
2 Et à la pointe du jour il retourna au temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait.
3 Alors les Scribes et les Pharisiens lui amenèrent une femme qui avait été surprise en adultère, et l’ayant mise au milieu,
4 ils lui dirent : Maître, cette femme a été surprise sur le fait, commettant adultère.
5 Or, Moïse nous a ordonné dans la loi, de lapider ces sortes de personnes ; toi donc, qu’en dis-tu ?
6 Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de le pouvoir accuser. Mais Jésus s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.
7 Et comme ils continuaient à l’interroger, s’étant redressé, il leur dit : Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle.
8 Et s’étant encore baissé, il écrivait sur la terre.
9 Quand ils entendirent cela, se sentant repris par leur conscience, ils sortirent l’un après l’autre, commençant depuis les plus vieux jusqu’aux derniers, et Jésus demeura seul avec la femme qui était là au milieu.
10 Alors Jésus s’étant redressé, et ne voyant personne que la femme, il lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ?
11 Elle dit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne point non plus ; va-t’en et ne pèche plus à l’avenir.
12 Jésus parla encore au peuple, et dit : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
13 Les Pharisiens lui dirent : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n’est pas véritable.
14 Jésus leur répondit : Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est véritable, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez d’où je viens, ni où je vais.
15 Vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne.
16 Et quand je jugerais, mon jugement serait digne de foi, car je ne suis pas seul, mais le Père qui m’a envoyé est avec moi.
17 Il est même écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est digne de foi.
18 C’est moi qui rends témoignage de moi-même ; et le Père qui m’a envoyé, me rend aussi témoignage.
19 Ils lui dirent : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père.
20 Jésus dit ces paroles dans le lieu où était le trésor, enseignant dans le temple ; et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n’était pas encore venue.
21 Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché ; vous ne pouvez venir où je vais.
22 Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il lui-même, puisqu’il dit : Vous ne pouvez venir où je vais ?
23 Et il leur dit : Vous êtes d’ici-bas ; et moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; et moi, je ne suis pas de ce monde.
24 C’est pourquoi je vous dis, que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés.
25 Alors ils lui dirent : Toi, qui es-tu ? Et Jésus leur dit : Ce que je vous ai dit dès le commencement.
26 J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et les choses que j’ai entendues de lui, je les dis dans le monde.
27 Ils ne comprirent point qu’il leur parlait du Père.
28 Et Jésus leur dit : Lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m’a enseigné.
29 Celui qui m’a envoyé est avec moi, et le Père ne m’a point laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable.
REFLEXIONS
Pour entendre l’histoire de la femme adultère et pour en profiter, il faut remarquer :
I. Que les pharisiens en amenant cette femme à Jésus-Christ lui tendaient un piège et que leur dessein était, s’il eût dit qu’il ne fallait pas la faire mourir, de l’accuser de violer la Loi de Dieu et s’il l’eût condamnée, de le déférer au gouverneur comme, un homme qui violait les droits du souverain magistrat.
II. Que, bien que le crime de cette femme fût très grand et digne de mort, le Seigneur ne voulut rien prononcer sur ce que les scribes et les pharisiens lui avaient proposé, ce qu’il fit par des raisons de prudence et pour faire voir qu’il ne cherchait que le salut des pécheurs.
III. Il est surtout à remarquer que notre Seigneur dit à cette femme : Va-t’en et ne pèche plus.
Cela montre que, quoi qu’il donnât en cette occasion des marques de sa miséricorde envers les pécheurs, il était bien éloigné d’autoriser ou d’excuser en aucune façon le crime. Dieu ne pardonne aux pécheurs que lorsqu’ils se repentent sincèrement et à condition qu’ils ne retomberont plus dans leurs péchés.
Dans l’entretien de Jésus-Christ avec les Juifs, nous avons à considérer premièrement qu’il leur parla de soi-même en ces termes : Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.
Ce sont là des paroles qui doivent être sans cesse méditées par les chrétiens et qui les engagent bien fortement à profiter de cette lumière céleste qui les éclaire, à suivre toujours Jésus-Christ et à marcher dans la voie qu’il leur a tracée tant par sa doctrine que par son exemple et qui les conduira sûrement à la vie et à l’immortalité.
Après cela, comme les pharisiens reprochaient à notre Seigneur de parler de soi-même d’une manière trop avantageuse, il leur dit diverses choses pour les faire revenir de la prévention où ils étaient contre lui et pour les engager à croire qu’il leur parlait de la part de Dieu. Ce que le Sauveur du monde disait dans cette occasion doit avoir encore plus de force pour nous convaincre qu’il est le fils de Dieu et que sa doctrine vient du Ciel, Dieu en ayant rendu un témoignage authentique, non seulement par les miracles que Jésus-Christ a faits, mais aussi par ce qui a suivi sa mort, sa résurrection et son élévation dans la gloire céleste.
L’on voit enfin ici que, quoique notre Seigneur parlât aux pharisiens avec tant de force et tant de bonté, ils ne profitèrent point de ses instructions et qu’ils demeurèrent dans l’incrédulité, à cause de quoi il leur déclara qu’ils mourraient dans leurs péchés.
C’est ainsi que les hommes qui sont attachés au monde et à leurs passions résistent à l’évidence et à la force de la vérité lorsqu’elle leur est proposée et que, refusant de croire en Jésus-Christ et de lui obéir, ils demeurent dans leurs péchés et par ce moyen dans la condamnation et dans la mort.
CHAPITRE VIII VERSETS 30 A 59.
Jésus-Christ exhorte ceux d’entre les Juifs qui avaient cru en lui à persévérer dans sa doctrine et il leur promet la véritable liberté. Il dit aux Juifs incrédules qui se glorifiaient d’être libres, étant de la postérité d’Abraham, qu’ils n’étaient pas les enfants de ce patriarche, puisqu’ils ne l’imitaient pas dans sa foi et il leur reproche leur incrédulité, ce qui les irrita tellement qu’ils s’emportèrent jusqu’à lui dire des injures atroces et à vouloir le lapider, mais il évita leur fureur et se retira d’avec eux.
30 Comme Jésus disait ces choses, plusieurs crurent en lui.
31 Jésus dit donc aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous persistez dans ma doctrine, vous serez véritablement mes disciples ;
32 Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.
33 Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ; comment donc dis-tu : Vous serez affranchis ?
34 Et Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous dis que quiconque s’adonne au péché, est esclave du péché.
35 Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; mais le fils y demeure toujours.
36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres.
37 Je sais que vous êtes la postérité d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne trouve point d’entrée en vous.
38 Je vous dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites aussi ce que vous avez vu chez votre père.
39 Ils lui répondirent : Notre père, c’est Abraham. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham.
40 Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui suis un homme qui vous ai dit la vérité, que j’ai apprise de Dieu ; Abraham n’a point fait cela.
41 Vous faites les œuvres de votre père. Et ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants bâtards ; nous n’avons qu’un seul Père, qui est Dieu.
42 Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez sans doute, parce que je suis issu de Dieu, et que je viens de sa part ; car je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé.
43 Pourquoi ne comprenez-vous point mon langage ? C’est parce que vous ne pouvez écouter ma parole.
44 Le père dont vous êtes issus, c’est le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il n’a point persisté dans la vérité, parce que la vérité n’est point en lui. Toutes les fois qu’il dit le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur, et le père du mensonge.
45 Mais parce que je dis la vérité, vous ne me croyez point.
46 Qui de vous me convaincra de péché ? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ?
47 Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous ne les écoutez pas, parce que vous n’êtes point de Dieu.
48 Les Juifs lui répondirent : N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu es possédé du démon ?
49 Jésus répondit : Je ne suis point possédé du démon, mais j’honore mon Père, et vous me déshonorez.
50 Je ne cherche point ma gloire, il y en a un autre qui la cherche, et qui en jugera.
51 En vérité, en vérité je vous dis, que si quelqu’un garde ma parole, il ne mourra jamais.
52 Les Juifs lui dirent : Nous voyons bien maintenant que tu es possédé du démon ; Abraham est mort, et les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne mourra jamais.
53 Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts ; qui prétends-tu être ?
54 Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui, dont vous dites qu’il est votre Dieu.
55 Cependant, vous ne l’avez point connu ; mais moi je le connais ; et si je disais que je ne le connais pas, je serais un menteur comme vous ; mais je le connais et je garde sa parole.
56 Abraham votre père s’est réjoui de voir mon jour ; il l’a vu, et il en a eu de la joie.
57 Les Juifs lui dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham !
58 Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Avant qu’Abraham fût, j’étais.
59 Alors ils prirent des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple, passant au milieu d’eux, et ainsi il s’en alla.
REFLEXIONS
Le Sauveur du monde nous enseigne dans ce discours :
I. Que quand on a eu le bonheur de le connaître et de croire en Lui, on doit persévérer constamment dans la vérité et s’y attacher de plus en plus, que ceux qui le font sont véritablement ses disciples et qu’ils jouissent de la vraie liberté des enfants de Dieu, laquelle consiste, comme notre Seigneur l’a dit, à être affranchis de l’esclavage du péché.
II. Jésus-Christ disait aux Juifs dans les mêmes vues qu’ils n’étaient pas les enfants de Dieu, ni de la postérité d’Abraham, puisqu’ils n’imitaient pas la foi de ce patriarche, mais qu’ils étaient plutôt les enfants du diable, puisqu’ils faisaient ses œuvres.
Ces paroles sont d’un grand poids. Elles nous apprennent que la plus sûre marque à laquelle on reconnaisse les enfants de Dieu, c’est qu’ils font sa volonté et qu’ils aiment ceux que Dieu aime, mais que ceux qui s’opposent à la vérité et à ceux qui l’annoncent sont les enfants et les imitateurs du diable qui est menteur, meurtrier et ennemi de la vérité.
III. Nous voyons dans ce discours de notre Seigneur combien ceux qui reçoivent sa doctrine et qui s’y soumettent sont heureux, puisqu’il déclare qu’ils ne demeureront point sous la puissance de la mort.
IV. Il faut remarquer que dans le temps que le Fils de Dieu parlait ainsi, les Juifs, au lieu d’être touchés de ce qu’il leur représentait avec tant de force et de charité, en furent irrités et qu’ils en vinrent jusqu’à cet excès de fureur que de le traiter de Samaritain et d’homme possédé du démon. C’est là l’exemple de l’aveuglement le plus déplorable et de la malice la plus noire, par où l’on peut voir combien il est dangereux de se livrer à ses passions et de s’engager dans l’incrédulité.
Enfin, nous avons dans ce chapitre une preuve remarquable de la gloire et de la divinité de Jésus-Christ, en ce qu’il déclara qu’il était déjà avant Abraham. La dignité infinie de sa personne doit nous persuader d’autant plus de la divinité de l’Évangile et de l’obligation où nous sommes de lui obéir, comme à celui qui est tout ensemble et notre sauveur et notre Dieu.
Ce chapitre contient l’histoire de la guérison d’un aveugle né.
1 Comme Jésus passait, il vit un homme aveugle dès sa naissance.
2 Et ses disciples lui demandèrent : Maître, qui est-ce qui a péché ? est-ce cet homme, ou son père, ou sa mère, qu’il soit ainsi né aveugle ?
3 Jésus répondit : Ce n’est point qu’il ait péché, ni son père, ou sa mère ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.
4 Pendant qu’il est jour, il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, dans laquelle personne ne peut travailler.
5 Pendant que je suis au monde, je suis la lumière du monde.
6 Ayant dit cela, il cracha à terre, et de sa salive il fit de la boue, et il oignit de cette boue les yeux de l’aveugle.
7 Et il lui dit : Va, et te lave au réservoir de Siloé (ce qui signifie Envoyé). Il y alla donc et se lava, et il en revint voyant clair.
8 Or, les voisins et ceux qui avaient vu auparavant qu’il était aveugle, disaient : N’est-ce pas là celui qui se tenait assis, et qui demandait l’aumône ?
9 Les uns disaient : C’est lui ; d’autres disaient : Il lui ressemble ; lui disait : C’est moi-même.
10 Ils lui dirent : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ?
11 Il répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, et en a oint mes yeux, et m’a dit : Va au réservoir de Siloé, et t’y lave. J’y suis donc allé, et m’y suis lavé, et je vois.
12 Il lui dirent : Où est cet homme ? Il dit : Je ne sais.
13 Ils amenèrent aux Pharisiens celui qui avait été aveugle.
14 Or c’était le jour du sabbat que Jésus avait fait de la boue, et qu’il lui avait ouvert les yeux.
15 Les Pharisiens lui demandèrent aussi eux-mêmes comment il avait reçu la vue ? Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, et je me suis lavé, et je vois.
16 C’est pourquoi quelques-uns d’entre les Pharisiens disaient : Cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde pas le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un méchant homme pourrait-il faire de tels miracles ? Et ils étaient divisés entre eux.
17 Ils dirent encore à l’aveugle : Et toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? Il répondit : C’est un prophète.
18 Mais les Juifs ne crurent point que cet homme eût été aveugle, et qu’il eût reçu la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir son père et sa mère.
19 Et ils les interrogèrent et leur dirent : Est-ce ici votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?
20 Son père et sa mère répondirent : Nous savons que c’est ici notre fils, et qu’il est né aveugle ;
21 mais nous ne savons comment il voit maintenant. Nous ne savons point non plus qui lui a ouvert les yeux. Il a de l’âge, interrogez-le ; il parlera pour lui-même.
22 Son père et sa mère dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car les Juifs avaient déjà arrêté que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour être le Christ, il serait chassé de la synagogue.
23 C’est pour cela que son père et sa mère répondirent : Il a de l’âge, interrogez-le.
24 Ils appelèrent donc pour la seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : Donne gloire à Dieu, nous savons que cet homme est un méchant.
25 Il répondit : Je ne sais si c’est un méchant ; je sais bien une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois.
26 Ils lui dirent encore : Que t’a-t-il fait ? comment t’a-t-il ouvert les yeux ?
27 Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et ne l’avez-vous pas entendu ? Pourquoi voulez-vous l’entendre encore une fois ? Voulez-vous aussi être de ses disciples ?
28 Alors ils se mirent à l’injurier, et ils lui dirent : Toi, sois son disciple ; pour nous, nous sommes disciples de Moïse.
29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais pour celui-ci, nous ne savons d’où il est.
30 Cet homme répondit : C’est une chose étrange, que vous ne sachiez pas d’où il est, et cependant il m’a ouvert les yeux.
31 Or, nous savons que Dieu n’exauce point les méchants ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volonté, il l’exauce.
32 On n’a jamais ouï dire que personne n’ait ouvert les yeux à un aveugle-né.
33 Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire de semblable.
34 Ils lui répondirent : Tu es entièrement né dans le péché, et tu veux nous enseigner ! Et ils le chassèrent de la synagogue.
35 Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé, et l’ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ?
36 Il répondit : Qui est-il, afin que je croie en lui ?
37 Et Jésus lui dit : Tu l’as vu, et c’est lui-même qui te parle.
38 Et il dit : Je crois, Seigneur, et il se prosterna devant lui.
39 Et Jésus dit : Je suis venu dans le monde pour exercer ce jugement : que ceux qui ne voient point, voient ; et que ceux qui voient, deviennent aveugles.
40 Et quelques-uns des Pharisiens qui étaient avec lui, entendirent cela et lui dirent : Et nous, sommes-nous aussi des aveugles ?
41 Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez point de péché, mais maintenant vous dites : Nous voyons ; c’est à cause de cela que votre péché subsiste.
REFLEXIONS
L’histoire qui est contenue dans ce chapitre est des plus remarquables. Outre les preuves de la puissance et de la bonté de Jésus-Christ qui paraissent dans la guérison de l’aveugle né, de même dans tous les miracles de notre Seigneur, on voit ici trois choses qui méritent une considération particulière.
I. Les démarches des pharisiens, les divers efforts qu’ils firent pour nier ce miracle et ce qu’ils dirent dans cette vue au père et à la mère de l’aveugle et ensuite à l’aveugle lui-même pour savoir s’il était bien vrai qu’il eût été aveugle et comment il avait été guéri. Les pharisiens en prenant toutes ces informations ne cherchaient pas la vérité, ils cherchaient plutôt à la supprimer et à la combattre et lorsqu’elle se présenta à eux, ils la rejetèrent, ils calomnièrent Jésus-Christ et enfin, ne pouvant plus rien opposer à la certitude de ce miracle et ne sachant que répondre aux discours de l’aveugle, ils s’emportèrent en injures contre lui et ils l’excommunièrent. Ce sont là les caractères de la passion la plus violente et de la malice la plus obstinée et c’est ainsi que les méchants ferment les yeux à la vérité et que ce qui devrait les toucher et les convertir ne fait que les endurcir davantage. Cependant, c’est une chose remarquable que les pharisiens en faisant tous leurs efforts pour rendre ce miracle suspect ne firent que le rendre plus connu et plus indubitable.
II. Il faut remarquer dans le discours de l’aveugle né l’ingénuité avec laquelle il parlait aux pharisiens et les confondit en soutenant qu’il avait été bien guéri et que puisque Jésus-Christ lui avait rendu la vue, il ne pouvait être un méchant et un séducteur comme ils l’en accusaient. En lisant ce récit, on y voit que la vérité a beaucoup de force, que les personnes les plus simples jugent souvent mieux des choses que ceux que l’on croit avoir bien des lumières et que Dieu se sert de ces personnes-là pour confondre les sages de ce monde.
Enfin, St. Jean rapporte que Jésus-Christ ayant su que cet homme avait été excommunié par les pharisiens pour avoir dit la vérité en leur présence, il se fit connaître à lui en lui disant qu’il était les Fils de Dieu et qu’il lui déclara que ceux qui passaient pour être les plus éclairés, tels qu’étaient les pharisiens, demeureraient dans leur aveuglement pendant que ceux, qu’on regardait comme des ignorants, mais qui avaient de l’humilité et un bon cœur, profiteraient de sa doctrine.
Notre Seigneur reçoit toujours avec bonté ceux qui aiment la vérité et que le monde persécute, il leur accorde de nouvelles lumières et de nouveaux dons, pendant que ceux qui présument d’eux-mêmes et qui rejettent avec obstination la vérité lorsqu’elle se présente à eux demeurent dans leur incrédulité et périssent dans leurs ténèbres.
Ce qui est ici rapporté est arrivé en deux temps différents :
La première partie de ce chapitre contient un discours que notre Seigneur fit aux Juifs après qu’il eût guéri l’aveugle né, il s’y compare à un bon berger. Il y parle aussi des faux bergers et des mercenaires, par où il désigne les séducteurs et en particulier les pharisiens. Il dit que ces gens-là n’avaient en vue que leur intérêt et leur orgueil, au lieu qu’il n’était venu au monde que pour le bien et le salut ses brebis et qu’il donnerait même sa vie pour elles.
Quelques mois après, Jésus étant à Jérusalem à la fête de la dédicace du temple, les Juifs lui demandèrent s’il était le Messie, à quoi il répondit que ses miracles montraient assez ce qu’il était, que s’ils ne le connaissaient pas, cela ne venait que de leur endurcissement, mais que ses brebis le connaissaient, qu’il leur donnerait la vie éternelle et que Dieu ne permettrait jamais qu’elles périssent puisque lui et Dieu son Père étaient un. Les Juifs voulurent le lapider, prétendant qu’il avait prononcé un blasphème, mais notre Seigneur ne voulant pas parler ouvertement de sa divinité se contenta de leur dire que si l’Écriture appelai Dieu et fils de Dieu les princes et les magistrats, il pouvait bien prendre le titre de Fils de Dieu sans blasphème, puisque Dieu l’avait envoyé au monde avec le pouvoir de faire des miracles. Après cela notre Seigneur se retira de Jérusalem.
1 En vérité, en vérité je vous dis, que celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par un autre endroit, est un larron et un voleur.
2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis.
3 Le portier lui ouvre, les brebis entendent sa voix, et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors.
4 Et quand il a mis dehors ses propres brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.
5 Mais elles ne suivront point un étranger ; au contraire, elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent point la voix des étrangers.
6 Jésus leur dit cette similitude, mais ils ne comprirent point ce qu’il leur voulait dire.
7 Jésus donc leur dit encore : En vérité, en vérité je vous dis, que je suis la porte des brebis.
8 Tous ceux qui sont venus avant moi ont été des larrons et des voleurs, et les brebis ne les ont point écoutés.
9 Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera de la pâture.
10 Le larron ne vient que pour dérober, pour tuer et pour détruire ; mais moi, je suis venu, afin que mes brebis aient la vie, et qu’elles l’aient même avec abondance.
11 Je suis le bon berger ; le bon berger donne sa vie pour ses brebis.
12 Mais le mercenaire, celui qui n’est point le berger, et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, et il abandonne les brebis et s’enfuit ; et le loup ravit les brebis et les disperse.
13 Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se soucie point des brebis.
14 Je suis le bon berger, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent ;
15 comme mon père me connaît, et comme je connais mon Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.
16 J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène ; et elles entendront ma voix, et il n’y aura qu’un seul troupeau et qu’un seul berger.
17 C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre.
18 Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la quitter, et j’ai le pouvoir de la reprendre ; j’ai reçu cet ordre de mon Père.
19 Alors il y eut encore de la division entre les Juifs, à cause de ce discours.
20 Et plusieurs d’entre eux disaient : Il est possédé du démon, et il est hors de sens, pourquoi l’écoutez-vous ?
21 Les autres disaient : Ce ne sont pas là les discours d’un démoniaque. Le démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?
22 Or, on célébrait à Jérusalem la fête de la dédicace, et c’était l’hiver.
23 Comme Jésus se promenait au temple, dans le portique de Salomon,
24 les Juifs s’assemblèrent autour de lui, et lui dirent : Jusqu’à quand nous tiendras-tu l’esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement.
25 Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne le croyez pas ; les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi.
26 Mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes point de mes brebis, comme je vous l’ai dit.
27 Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent.
28 Je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main.
29 Mon père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne les peut ravir de la main de mon Père.
30 Moi et mon Père, nous ne sommes qu’un.
31 Alors les Juifs prirent encore des pierres, pour le lapider.
32 Jésus leur répondit : J’ai fait devant vous plusieurs bonnes œuvres de la part de mon Père ; pour laquelle me lapidez-vous ?
33 Les Juifs lui répondirent : Ce n’est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais c’est à cause de ton blasphème, et parce qu’étant homme, tu te fais Dieu.
34 Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ?
35 Si elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu était adressée, et si l’Écriture ne peut être rejetée,
36 Dites-vous que je blasphème, moi que le Père a sanctifié et qu’il a envoyé dans le monde, parce que j’ai dit : Je suis Fils de Dieu ?
37 Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez point.
38 Mais si je les fais, et que vous ne vouliez pas me croire, croyez à mes œuvres, afin que vous connaissiez, et que vous croyiez que le Père est en moi, et que je suis en lui.
39 Ils cherchaient donc encore à se saisir de lui ; mais il échappa de leurs mains.
40 Et il s’en alla de nouveau au-delà du Jourdain, au lieu où Jean avait d’abord baptisé ; et il demeura là.
41 Et il vint à lui beaucoup de gens qui disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; mais tout ce que Jean a dit de cet homme-ci était vrai.
42 Et il y en eut là plusieurs qui crurent en lui.
REFLEXIONS
Ce que Jésus-Christ disait en parlant de soi-même sous l’image d’un berger est beaucoup plus clair pour nous qu’il ne l’était pour les Juifs. Nous savons parfaitement que notre Seigneur est le vrai berger qui a donné sa vie pour ses brebis, c’est-à-dire pour tous ses fidèles et qui est venu pour rassembler dans son Église tous ceux d’entre les Juifs et d’entre les païens qui croiraient en lui. Cela nous engage à reconnaître d’un côté l’amour infini de Jésus notre bon berger qui nous a si tendrement aimés et qui a souffert la mort pour nous acquérir le salut et la vie et de l’autre combien notre bonheur est grand d’être du nombre de ces brebis qu’il a rachetées par son sang et à qui il destine la vie éternelle.
Il y a quatre considérations à faire sur la seconde partie de ce chapitre.
I. La première regarde l’étrange aveuglement et la malice des Juifs qui, après tant de miracles que Jésus-Christ avait faits lui demandèrent encore s’il était le Messie et voulurent le lapider comme un blasphémateur. Notre Seigneur remarque lui-même que cette incrédulité des Juifs procédait de ce qu’ils n’aimaient pas la vérité et de ce qu’ils n’avaient pas une intention sincère de la connaître. Si donc il arrive que les hommes ne profitent pas de la doctrine de Jésus-Christ et qu’au milieu de la lumière qui les éclaire, ils soient encore dans l’ignorance et dans l’égarement, cela vient du défaut de docilité et d’amour pour la vérité et pour la vertu.
II. La deuxième considération est que la marque et le caractère des brebis de Jésus-Christ, c’est-à-dire de ses vrais disciples, est d’écouter la voix de leur divin berger, de le suivre et de lui obéir.
III. Nous voyons dans ce discours de notre Seigneur que le bonheur et le salut des vrais fidèles est assuré puisqu’il déclare : qu’il les connait, qu’il leur donne la vie éternelle, qu’ils ne périront jamais et que personne ne les ravira d’entre ses mains.
Ces paroles doivent remplir tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus-Christ d’une grande consolation et d’une ferme attente de la gloire et de la félicité qu’il leur réserve dans son royaume.
IV. Ce que Jésus-Christ dit sur la fin de ce chapitre qu’il pouvait prendre avec justice le titre de Fils de Dieu doit nous convaincre pleinement de sa divinité et de l’excellence de sa charge, surtout puisque nous savons d’ailleurs qu’il est Dieu et homme tout ensemble. En quoi nous avons les plus grands motifs à croire en lui et à lui rendre l’obéissance que nous lui devons si justement à cause de l’autorité qu’il a sur nous et de l’amour qu’il nous porte.
Ce chapitre contient l’histoire de la résurrection de Lazare.
1 Il y avait un homme malade, appelé Lazare, qui était de Béthanie, le bourg de Marie et de Marthe sa sœur.
2 Cette Marie était celle qui oignit le Seigneur d’une huile de parfum, et qui essuya ses pieds avec ses cheveux ; et Lazare, qui était malade, était son frère.
3 Ses sœurs donc envoyèrent dire à Jésus : Seigneur, celui que tu aimes est malade.
4 Jésus, ayant entendu cela, dit : Cette maladie n’est point à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié.
5 Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare.
6 Et quoiqu’il eût appris qu’il était malade, il demeura cependant encore deux jours au lieu où il était.
7 Puis il dit à ses disciples : Retournons en Judée.
8 Les disciples lui dirent : Maître, il n’y a que peu de temps que les Juifs cherchaient à te lapider, et tu y retournes encore !
9 Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde.
10 Mais si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce qu’il n'a point de lumière.
11 Il parla ainsi, et après cela il leur dit : Lazare notre ami dort, mais je m’en vais l’éveiller.
12 Ses disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri.
13 Or, Jésus avait dit cela de la mort de Lazare ; mais ils crurent qu’il parlait d’un véritable sommeil.
14 Jésus donc leur dit alors ouvertement : Lazare est mort.
15 Et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui.
16 Thomas donc, appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons-y aussi, afin de mourir avec lui.
17 Jésus étant arrivé, trouva qu’il y avait déjà quatre jours qu’il était dans le sépulcre.
18 Or, Béthanie était environ à quinze stades de Jérusalem.
19 Et plusieurs des Juifs étaient venus voir Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.
20 Quand Marthe ouït dire que Jésus venait, elle alla au-devant de lui ; mais Marie demeura assise à la maison.
21 Et Marthe dit à Jésus : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort ;
22 mais je sais que maintenant même, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.
23 Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera.
24 Marthe lui répondit : Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour.
25 Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort.
26 Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Crois-tu cela ?
27 Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir au monde.
28 Quand elle eut dit cela, elle s’en alla et appela Marie, sa sœur, en secret, et lui dit : Le Maître est ici et il t’appelle.
29 Ce que Marie ayant entendu, elle se leva promptement, et vint vers lui.
30 Or, Jésus n’était pas encore entré dans le bourg, mais il était au même endroit où Marthe était venue au-devant de lui.
31 Alors les Juifs, qui étaient avec Marie dans la maison, et qui la consolaient, voyant qu’elle s’était levée si promptement, et qu’elle était sortie, la suivirent, disant : Elle s’en va au sépulcre, pour y pleurer.
32 Mais Marie étant arrivée au lieu où était Jésus, dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.
33 Quand Jésus vit qu’elle pleurait, et que les Juifs qui étaient venus avec elle pleuraient aussi, il frémit en lui-même, et fut ému ;
34 et il dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur, viens et vois.
35 Et Jésus pleura.
36 Sur quoi les Juifs dirent : Voyez comme il l’aimait.
37 Et quelques-uns d’eux dirent : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût pas ?
38 Alors Jésus, frémissant de nouveau en lui-même, vint au sépulcre ; c’était une grotte, et on avait mis une pierre dessus.
39 Jésus dit : Ôtez la pierre. Marthe, sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais ; car il est là depuis quatre jours.
40 Jésus lui répondit : Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?
41 Ils ôtèrent donc la pierre du lieu où le mort était couché. Et Jésus élevant les yeux au ciel, dit : Mon Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé.
42 Je savais bien que tu m’exauces toujours, mais je dis ceci à cause de ce peuple, qui est autour de moi, afin qu’il croie que tu m’as envoyé.
43 Quand il eut dit cela, il cria à haute voix : Lazare, sors de là.
44 Et le mort sortit, ayant les mains et les pieds liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : Déliez-le, et le laissez aller.
45 Plusieurs donc des Juifs qui étaient venus voir Marie, et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.
46 Mais quelques-uns d’entre eux s’en allèrent trouver les Pharisiens, et leur rapportèrent ce que Jésus avait fait.
47 Alors les principaux sacrificateurs et les Pharisiens, assemblèrent le conseil, et dirent : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles.
48 Si nous le laissons faire, tout le monde croira en lui ; et les Romains viendront, qui détruiront et ce lieu et notre nation.
49 Mais Caïphe, l’un d’entre eux, qui était souverain sacrificateur de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien ;
50 et vous ne considérez pas qu’il est à propos qu’un homme seul meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas.
51 Or, il ne dit pas cela de son propre mouvement, mais, étant le souverain sacrificateur de cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation ;
52 Et non-seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés.
53 Depuis ce jour-là donc ils consultèrent ensemble, pour faire mourir Jésus.
54 C’est pourquoi Jésus ne paraissait plus ouvertement parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans une contrée voisine du désert, à une ville appelée Éphraïm ; et il se tint là avec ses disciples.
55 Or, la Pâque des Juifs était proche, et beaucoup de gens du pays étaient montés à Jérusalem avant la Pâque, pour se purifier.
56 Ils cherchaient donc Jésus, et ils se disaient les uns aux autres, étant dans le temple : Que vous en semble ? Ne viendra-t-il point à la fête ?
57 Or, les principaux sacrificateurs et les Pharisiens avaient donné ordre que, si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin de se saisir de lui.
REFLEXIONS
Voici les principales réflexions qu’il faut faire sur cette histoire qui est l’une des plus remarquables de tout cet Évangile.
I. Quoi que notre Seigneur aimât beaucoup Lazare, il n’alla cependant à Béthanie qu’après que Lazare fût mort, afin de faire un miracle plus éclatant en lui rendant la vie qu’il n’aurait fait en le guérissant. Ceux que Dieu aime peuvent être exposés à divers maux, il diffère même de venir à leur secours, mais il en use ainsi afin que sa puissance et son amour paraissent avec plus d’éclat dans leur délivrance.
II. On voit dans ce que les sœurs de Lazare dirent à notre Seigneur, leur piété, leur amour et leur attachement pour Jésus-Christ, aussi bien la haute opinion qu’elles avaient de sa puissance. On y remarque surtout qu’elles étaient fermement persuadées que leur frère ressusciterait au dernier jour.
Nous avons encore plus de sujet que ces deux femmes pieuses n’en avaient d’aimer notre Seigneur, d’avoir une parfaite confiance en lui, d’attendre tout de sa puissance et en particulier de croire que les morts ressusciteront à la fin du monde.
III. La bonté avec laquelle Jésus-Christ parla aux sœurs de Lazare pour les consoler et pour les préparer au miracle qu’il se proposait de faire, l’émotion qu’il ressentit et les larmes qu’il répandit prouvent bien sensiblement à quel point il aimait ces deux femmes et leur frère et combien il était charitable et plein de compassion.
On est animé de l’esprit de Jésus-Christ à proportion qu’on est touché des maux d’autrui et disposé à consoler les malheureux.
Mais ce qu’il y a de principal à remarquer ici, c’est que notre Seigneur rendit la vie à Lazare qui était depuis quatre jours dans le tombeau. Ce grand miracle que Jésus-Christ fit peu de jours avant sa mort et à la vue d’un grand nombre de Juifs, dont plusieurs crurent même en lui, est l’une des preuves les plus illustres qu’il ait donné pendant sa vie pour montrer qu’il était le fils de Dieu. Cette résurrection de Lazare confirme surtout pleinement la doctrine de la résurrection des morts et la vérité de ce que notre Seigneur dit dans ce chapitre : Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort.
Enfin, St. Jean nous dit que les pharisiens, au lieu de se rendre à un miracle si éclatant, conçurent tant de dépit de voir que le peuple se déclarait pour Jésus-Christ, qu’ils résolurent alors de le faire mourir, ce qui l’obligea de se retirer dans un lieu écarté jusqu’à la fête de pâque.
C’est ainsi que les ennemis de notre Seigneur s’obstinent toujours d’avantage, ils résistèrent jusqu’à la fin à ses miracles et tout ce que ce Sauveur charitable fit pour les gagner et pour les adoucir ne servit qu’à les irriter de plus en plus contre lui. Dieu permit cependant qu’ils prissent la résolution dans leur conseil de faire mourir Jésus-Christ afin que, contre leur dessein il souffrit la mort, non seulement pour la nation des Juifs, mais aussi pour rassembler en un seul corps tous les enfants de Dieu et pour établir par ce moyen dans le monde sa doctrine et son règne.
I. Marie oint les pieds de notre Seigneur.
II. Plusieurs personnes viennent à Béthanie pour voir Jésus-Christ et Lazare qui était ressuscité.
III. Notre Seigneur fait son entrée royale à Jérusalem.
1 Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare qui avait été mort, et qu’il avait ressuscité.
2 On lui fit là un souper, et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui.
3 Alors Marie ayant pris une livre d’une huile de senteur de nard pur, qui était de grand prix, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur de ce parfum.
4 Alors Judas Iscariot, fils de Simon, l’un de ses disciples, celui qui devait le trahir, dit :
5 Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers d’argent, pour les donner aux pauvres ?
6 Il disait cela, non qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était larron et qu’il avait la bourse, et qu’il portait ce qu’on y mettait.
7 Mais Jésus lui dit : Laisse-la faire ; elle a gardé ce parfum pour le jour de ma sépulture.
8 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais vous ne m’aurez pas toujours.
9 Alors une grande multitude de Juifs, ayant su que Jésus était là, y vinrent, non-seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité.
10 Et les principaux sacrificateurs délibérèrent de faire aussi mourir Lazare,
11 parce que plusieurs des Juifs se retiraient d’avec eux à cause de lui, et croyaient en Jésus.
12 Le lendemain, une grande troupe, qui était venue à la fête, ayant ouï dire que Jésus venait à Jérusalem,
13 prit des branches de palmes, et sortit au-devant de lui, en criant : Hosanna ! béni soit le roi d’Israël, qui vient au nom du Seigneur !
14 Et Jésus ayant trouvé un ânon, s’assit dessus, selon ce qui est écrit :
15 Ne crains point, fille de Sion ; voici ton roi, qui vient monté sur le poulain d’une ânesse.
16 Ses disciples n’entendirent pas cela d’abord ; mais quand Jésus fut glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses avaient été écrites de lui, et qu’elles lui étaient arrivées.
17 Et la troupe qui était avec lui rendait témoignage qu’il avait appelé Lazare du sépulcre, et qu’il l’avait ressuscité des morts.
18 C’est aussi pour cela que le peuple alla au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle.
19 De sorte que les Pharisiens disaient entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voilà que tout le monde va après lui.
REFLEXIONS
Il y a trois choses à considérer dans le premier article de cette lecture, savoir l’action de Marie qui oignit les pieds de Jésus-Christ, le jugement que Judas fit de cette action et ce que notre Seigneur dit pour la défendre.
Marie oignit notre Seigneur avec un parfum précieux suivant la coutume de ce temps-là pour marquer son respect et son amour. À l’exemple de cette femme pieuse, nous devons aussi témoigner à Jésus-Christ notre zèle par tous les moyens qui dépendent de nous et qui lui sont agréables.
Les murmures de Judas qui, étant larron et avare, se plaignait de ce qu’on n’avait pas donné aux pauvres le prix de ce parfum font bien voir que le cœur de ce faux disciple était entièrement corrompu. On voit aussi en cela combien l’avarice a de force sur ceux qu’elle possède et comment les méchants couvrent quelquefois leurs passions du prétexte de la religion et de la piété.
Et ce que Jésus-Christ dit pour la défense de Marie nous montre qu’il reçoit favorablement tout ce qu’on fait en vue de l’honorer et particulièrement les œuvres de charité.
II. L’arrivée du peuple qui vint à Béthanie pour voir Lazare que notre Seigneur avait ressuscité et le dessein que les sacrificateurs formèrent de faire mourir Lazare aussi bien que Jésus-Christ prouvent d’un côté la vérité de ce miracle et font voir de l’autre que la méchanceté des principaux des Juifs était à son comble et qu’il n’y avait plus rien à espérer d’eux.
III. On a une autre preuve de cette résurrection de Lazare dans les acclamations du peuple qui alla au-devant de Jésus-Christ lorsqu’il entra à Jérusalem puisque Saint Jean remarque que cette troupe rendait témoignage qu’il avait tiré Lazare du tombeau. Notre Seigneur voulut alors recevoir des hommages qu’il avait refusé auparavant et il souffrit qu’on le reconnu publiquement pour le Messie. Mais il parut dans cette occasion dans une grande simplicité, n’ayant à sa suite que des personnes du commun et étant monté sur un âne, selon que Zacharie l’avait prédit. Il en usa de la sorte afin qu’aucune des marques que les prophètes avaient données au Messie ne lui manquât et pour faire voir que l’humilité et la douceur était son caractère et que le règne qu’il allait établir serait spirituel et céleste.
Au reste, si les disciples de Jésus-Christ et le peuple firent éclater leur joie et leur reconnaissance en l’accompagnant à Jérusalem, nous sommes encore plus obligés à adorer ce grand Rédempteur et à bénir Dieu continuellement à la vue de tant de merveilles qu’il a faites et tant de preuves qu’il nous a données de sa puissance et de son amour.
CHAPITRE XII VERSETS 20 A 50.
Saint Jean rapporte ici quatre choses :
I. Ce que Jésus-Christ dit lorsque de certains étrangers qui étaient venus à Jérusalem pour la fête de pâque demandèrent à le voir. II. Que Dieu fit entendre alors une voix du Ciel et qu’à cette occasion notre Seigneur parla de sa mort et de l’établissement de son règne, mais que les Juifs ne comprirent pas ses discours. III. Saint Jean remarque que, bien que notre Seigneur eût fait tant de miracles, les Juifs ne crurent point en lui et que cette incrédulité avait été prédite par le prophète Ésaïe. IV. Enfin, l’évangéliste rapporte quelques exhortations que Jésus-Christ adressa aux Juifs avant sa mort, dans lesquelles il marque ce qui arriverait à ceux qui recevraient sa doctrine et ceux qui la rejetteraient.
20 Or, quelques Grecs, de ceux qui étaient montés pour adorer pendant la fête,
21 vinrent vers Philippe, qui était à Bethsaïde en Galilée, et ils lui dirent, en le priant : Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus.
22 Philippe vint et le dit à André, et André et Philippe le dirent à Jésus.
23 Et Jésus leur répondit : L’heure est venue que le Fils de l’homme doit être glorifié.
24 En vérité, en vérité, je vous le dis : Si le grain de froment ne meurt, après qu’on l’a jeté dans la terre, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.
25 Celui qui aime sa vie la perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde la conservera pour la vie éternelle.
26 Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je serai, celui qui me sert y sera aussi ; et si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.
27 Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Mon Père, délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cette heure même que je suis venu.
28 Mon Père, glorifie ton nom. Alors il vint une voix du ciel, qui dit : Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore.
29 Et la troupe qui était là, et qui avait entendu cette voix, disait qu’il s’était fait un tonnerre ; d’autres disaient : Un ange lui a parlé.
30 Jésus prit la parole et dit : Cette voix n’est pas pour moi, mais elle est pour vous.
31 C’est maintenant que se fait le jugement de ce monde ; c’est maintenant que le prince de ce monde va être chassé.
32 Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi.
33 Or, il disait cela pour marquer de quelle mort il devait mourir.
34 Le peuple lui répondit : Nous avons appris par la loi que le Christ doit demeurer éternellement : comment donc dis-tu qu’il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce Fils de l’homme ?
35 Jésus leur dit : La lumière est encore avec vous pour un peu de temps ; marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent ; car celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va.
36 Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla et se cacha d’eux.
37 Et bien qu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent point en lui.
38 De sorte que cette parole d’Ésaïe le prophète fut accomplie : Seigneur, qui a cru à notre prédication, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ?
39 Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu’Ésaïe a dit encore :
40 Il a aveuglé leurs yeux, et a endurci leur cœur, de sorte qu’ils ne voient point des yeux, qu’ils ne comprennent point du cœur, qu’ils ne se convertissent point, et que je ne les guéris point.
41 Ésaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui.
42 Cependant il y en eut plusieurs, des principaux même, qui crurent en lui ; mais ils ne le confessaient point, à cause des Pharisiens, de peur d’être chassés de la synagogue.
43 Car ils aimaient plus la gloire qui vient des hommes, que la gloire de Dieu.
44 Or, Jésus cria à haute voix et dit : Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi, mais il croit en celui qui m’a envoyé ;
45 et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé.
46 Je suis venu au monde, moi qui suis la lumière, afin que quiconque croit en moi ne demeure point dans les ténèbres.
47 Et si quelqu’un entend mes paroles, et ne croit pas, je ne le juge point, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver.
48 Celui qui me rejette et ne reçoit point mes paroles, il a déjà qui le juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour.
49 Car je n’ai point parlé par moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé, m’a prescrit ce que j’ai à dire, et de quoi je dois parler.
50 Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis comme mon Père me les a dites.
REFLEXIONS
Le sens de ce que Jésus-Christ répondit lorsque des étrangers demandèrent à le voir était qu’il se ferait bientôt connaître à tous les hommes, mais qu’auparavant il devait mourir, tout de même que le froment doit être mis dans la terre et y germer avant qu’il puisse pousser et produire du grain en abondance. Le Seigneur ajouta qu’il en serait de ses disciples comme de lui-même et que tous ceux qui voulaient le suivre devaient se disposer aux souffrances et à la mort, mais il promet aussi d’élever ceux qui croiraient en lui et qui le serviraient fidèlement à la même gloire où il allait être élevé. Les Juifs ne comprirent pas bien ce discours de notre Seigneur, mais il n’a rien d’obscur pour nous.
II. En ce temps-là, Jésus frappé de l’horreur de la mort qu’il était sur le point d’endurer pria Dieu son Père de faire voir sa gloire d’une manière éclatante et de montrer qu’il était son fils. Sur quoi Dieu fit entendre une voix du Ciel qui déclara que ce que Jésus venait de demander s’accomplirait. Ce prodige arriva dans le temps que notre Seigneur allait être crucifié pour lever le scandale de sa croix et pour faire connaître qu’il était véritablement le fils de Dieu. C’est pourquoi aussi Jésus-Christ dit alors que le règne de satan allait être détruit, qu’il attirerait bientôt tous les hommes à lui et que ce serait là un des fruits de sa mort. L’événement ne tarda pas à vérifier la divinité de cette prédiction.
III. Saint Jean faisant réflexion sur l’incrédulité des Juifs remarque que la plupart ne crurent point en Jésus-Christ et que de ceux qui le regardaient comme le Messie, il y en eut plusieurs qui n’osèrent pas le témoigner ouvertement parce qu’ils craignaient les pharisiens et qu’ils aimaient mieux la gloire qui vient des hommes que celle de Dieu. C’est là ce qui arrive ordinairement lorsque l’Évangile est annoncé aux hommes. Il y en a qui le rejettent, d’autres qui sont touchés en quelque manière de son excellence, mais ils n’osent pas faire une profession ouverte de la vérité et de la piété, étant retenus par la crainte, par une mauvaise honte ou par d’autres passions.
Enfin, nous devons faire bien attention à ce que Jésus-Christ déclara aux Juifs sur la fin de sa vie et dans le temps qu’ils allaient être privés de sa présence. Il leur dit qu’il était venu pour les éclairer et pour les conduire à la vie, qu’ils devaient marcher dans la lumière avant que les ténèbres les surprissent et que ceux qui n’écouteraient pas sa parole seraient jugés par cette même parole qu’ils auraient rejetée.
C’est là une déclaration qui s’adresse à tous ceux à qui Jésus-Christ a donné la connaissance de son Évangile et qui nous avertit de profiter de cette divine lumière pendant qu’elle nous éclaire de peur que nous ne soyons surpris par les ténèbres et que l’Évangile qui nous a été annoncé ne soit un jour le fondement de notre condamnation.
Jésus-Christ lave les pieds à ses apôtres et il les exhorte à l’humilité et à la charité.Il déclare que Judas le livrerait aux Juifs. Il parle à ses disciples de son départ, il leur recommande de s’aimer les uns les autres, et il prédit que Saint Pierre le renierait.
1 Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin.
2 Et après le souper (le diable ayant déjà mis au cœur de Judas Iscariot, fils de Simon, de le trahir),
3 Jésus sachant que le Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu,
4 se leva du souper et ôta sa robe, et ayant pris un linge, il s’en ceignit.
5 Ensuite il mit de l’eau dans un bassin, et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.
6 Il vint donc à Simon Pierre, qui lui dit : Toi, Seigneur, tu me laverais les pieds !
7 Jésus répondit et lui dit : Tu ne sais pas maintenant ce que je fais ; mais tu le sauras dans la suite.
8 Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi.
9 Simon Pierre lui dit : Seigneur, non-seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête.
10 Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin, sinon qu’on lui lave les pieds ; puis il est entièrement net. Or, vous êtes nets, mais non pas tous.
11 Car il savait qui était celui qui le trahirait ; c’est pour cela qu’il dit : Vous n’êtes pas tous nets.
12 Après donc qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut repris sa robe, s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je vous ai fait ?
13 Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites vrai ; car je le suis.
14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi qui suis le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres.
15 Car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait.
16 En vérité, en vérité, je vous dis que le serviteur n’est pas plus que son maître, ni l’envoyé plus que celui qui l’a envoyé.
17 Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux, pourvu que vous les pratiquiez.
18 Je ne parle point de vous tous, je sais qui sont ceux que j’ai choisis ; mais il faut que cette parole de l’Écriture soit accomplie : Celui qui mange du pain avec moi, a levé le pied contre moi.
19 Je vous le dis dès à présent, avant que la chose arrive ; afin que, quand elle sera arrivée, vous me reconnaissiez pour ce que je suis.
20 En vérité, en vérité je vous le dis : Quiconque reçoit celui que j’aurai envoyé, me reçoit, et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
21 Quand Jésus eut dit cela, il fut ému en son esprit, et il dit ouvertement : En vérité, en vérité, je vous dis que l’un de vous me trahira.
22 Et les disciples se regardaient les uns les autres, étant en peine de qui il parlait.
23 Or, il y avait un des disciples de Jésus, celui que Jésus aimait, qui était couché vers son sein.
24 Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui de qui il parlait.
25 Lui donc, s’étant penché sur le sein de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ?
26 Jésus répondit : C’est celui à qui je donnerai un morceau trempé. Et ayant trempé un morceau, il le donna à Judas Iscariot, fils de Simon.
27 Et après que Judas eut pris le morceau, Satan entra dans lui ; Jésus donc lui dit : Fais au plus tôt ce que tu as à faire.
28 Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela.
29 Car quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus lui avait voulu dire : Achète ce qu’il nous faut pour la fête ; ou, qu’il donnât quelque chose aux pauvres.
30 Après donc que Judas eut pris le morceau, il sortit tout aussitôt. Or, il était nuit.
31 Quand il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié par lui.
32 Et si Dieu est glorifié par lui, Dieu lui-même aussi le glorifiera, et il le glorifiera bientôt.
33 Mes petits-enfants, je suis encore avec vous pour un peu de temps ; vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs, je vous le dis aussi maintenant, vous ne pouvez venir où je vais.
34 Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez les uns les autres ; que, comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres.
35 C’est à cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.
36 Simon Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu ? Jésus lui répondit : Tu ne saurais maintenant me suivre où je vais ; mais tu me suivras ci-après.
37 Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je mettrai ma vie pour toi.
38 Jésus lui répondit : Tu mettras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te dis qu’avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois.
REFLEXIONS
Lorsque le fils de Dieu lava les pieds à ses apôtres peu avant sa mort, le but de cette action si extraordinaire et si surprenante était de leur montrer combien il les aimait et de leur donner un exemple d’humilité afin de leur apprendre à s’aimer mutuellement, à se regarder tous comme égaux et à ôter de leurs esprits toutes les pensées d’un règne temporel et de la gloire du monde. C’est là un exemple de charité et d’humilité que nous devons bien considérer et qui est d’une grande efficace pour nous rendre véritablement humbles et pour nous inciter à nous aimer sincèrement les uns les autres. Si Jésus-Christ, qui est le Maître et le Seigneur, s’est abaissé jusqu’à laver les pieds à ses disciples, ce qui était l’office des serviteurs et des esclaves, il n’y a rien que nous devions estimer trop bas lorsqu’il s’agit de s’acquitter des devoirs de la charité et d’édifier le prochain. C’est à quoi le sauveur du monde nous appelle par ces paroles qu’il prononça dans cette occasion : Je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les fassiez.
II. Notre Seigneur trouva à propos de déclarer, en présence des apôtres, que l’un d’eux le livrerait aux Juifs, afin que lorsque Judas le trahirait, ils reconnussent que cela devait arriver pour accomplir les desseins de la providence. Cependant Jésus-Christ ne donna pas à connaître Judas à tous les apôtres parce qu’il ne voulait pas qu’on l’empêchât d’exécuter son entreprise. De là il paraît clairement que Jésus-Christ n’ignorait rien de ce qui devait lui arriver et qu’il connaissait les pensées des hommes les plus secrètes. Il prévoit la trahison de Judas, mais il n’en est point l’auteur. C’est l’avarice de ce disciple perfide qui le pousse à une action si noire et il ne laisse pas d’achever ce qu’il avait résolu, quoique Jésus l’eût averti et lui eût fait comprendre qu’il connaissait son dessein.
C’est ainsi que Dieu prévoit les péchés que les hommes sont sur le point de commettre, sans que pourtant il en soit la cause, il les avertit, mais quand ils s’obstinent, il les laisse faire.
III. Nous voyons ici que Jésus-Christ, étant sur le point de quitter ses disciples, leur recommanda sur toutes choses de s’aimer les uns les autres. Il leur dit que c’était là son grand commandement, qu’il allait leur donner l’exemple de cet amour en souffrant la mort pour eux et que la charité serait la marque à laquelle on les reconnaîtrait pour ses disciples. Notre principal devoir est donc de nous aimer cordialement et de vivre dans la paix et dans la concorde, à moins de quoi il ne nous appartient pas de porter le glorieux nom de chrétiens.
IV. Enfin, la prédiction que Jésus-Christ fit du reniement de Saint Pierre est une nouvelle preuve qui fait voir que rien n’est caché à notre Seigneur et qu’il connait mieux les hommes qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Saint Pierre ne se croyait pas capable de cette infidélité, il y tomba pourtant cette même nuit-là. Après un tel exemple, il n’y a personne qui ne doive être dans une continuelle défiance de soi-même et dans les sentiments d’une profonde humilité.
Ce chapitre et les deux suivants contiennent l’entretien que Jésus-Christ eut avec ses disciples le soir avant sa passion. Son but dans ces discours était de les consoler, d’affermir leur foi et de les remplir de courage et de zèle afin qu’ils ne fussent pas scandalisés de sa mort et que dans la suite ils fussent en état d’annoncer l’Évangile sans craindre la haine du monde. Dans le chapitre XIV Jésus-Christ parle aux apôtres de la gloire où il allait être élevé et où il les élèverait un jour. II. Il leur dit que ses miracles devaient les convaincre que Dieu l’avait envoyé et qu’ils feraient eux-mêmes des miracles aussi grands que les siens. III. Il les exhorte à garder ses commandements, il leur promet de leur envoyer le Saint-Esprit, il les assure qu’ils le reverraient bientôt et il leur parle du bonheur de ceux qui persévéreront dans son amour et qui garderont sa parole. IV. Enfin, il leur donne sa bénédiction et sa paix et il les exhorte à se réjouir de son départ. Ce discours étant achevé, il sortit de Jérusalem et il s’en alla avec les apôtres vers le mont des oliviers.
1 Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.
2 Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je m’en vais vous préparer le lieu.
3 Et quand je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai, et vous prendrai avec moi, afin qu’où je serai, vous y soyez aussi.
4 Et vous savez où je vais, et vous en savez le chemin.
5 Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas, et comment pourrions-nous en savoir le chemin ?
6 Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité et la vie ; personne ne vient au Père que par moi.
7 Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; et dès à présent vous le connaissez, et vous l’avez vu.
8 Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.
9 Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu ! Philippe, celui qui m’a vu, a vu mon Père. Comment donc dis-tu : Montre-nous le Père ?
10 Ne crois-tu pas que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, mais le Père qui demeure en moi, est celui qui fait les œuvres que je fais.
11 Croyez-moi que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ; sinon, croyez-moi à cause de ces œuvres.
12 En vérité, en vérité, je vous le dis : Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes que celles-ci, parce que je m’en vais à mon Père.
13 Et quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié par le Fils.
14 Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.
15 Si vous m’aimez, gardez mes commandements.
16 Et je prierai mon Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous ;
17 savoir, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous, et qu’il sera en vous.
18 Je ne vous laisserai point orphelins ; je viendrai à vous.
19 Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus, mais vous me verrez ; parce que je vis, vous vivrez aussi.
20 En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et que vous êtes en moi, et que je suis en vous.
21 Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et je l’aimerai, et je me ferai connaître à lui.
22 Jude, non pas l’Iscariot, lui dit : Seigneur, d’où vient que tu te feras connaître à nous, et non pas au monde ?
23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.
24 Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles ; et la parole que vous entendez n'est pas de moi, mais elle est du Père qui m’a envoyé.
25 Je vous ai dit ces choses, tandis que je suis avec vous.
26 Mais le Consolateur, qui est le Saint-Esprit, que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous remettra en mémoire toutes celles que je vous ai dites.
27 Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne craignez point.
28 Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que j’ai dit : Je m’en vais à mon Père ; car mon Père est plus grand que moi.
29 Et je vous le dis maintenant, avant que la chose arrive, afin que, quand elle sera arrivée, vous croyiez.
30 Je ne vous parlerai plus guère, car le prince de ce monde vient ; mais il n’a rien en moi ;
31 Mais c’est afin que le monde connaisse que j’aime mon Père, et que je fais ce que mon Père m’a commandé. Levez-vous, partons d’ici.
REFLEXIONS
On voit en général dans ce chapitre et dans les suivants le grand amour que Jésus-Christ avait pour ses disciples et dont il est aussi animé envers tous ceux qui l’aiment et croient en lui.
Voici les devoirs à quoi ce discours de notre Sauveur nous engage. C’est :
I. De penser sans cesse à la gloire où il a été élevé dans le Ciel et où il a déclaré qu’il voulait nous recevoir, d’aspirer à cette gloire en suivant le chemin qui y conduit et de nous attacher inviolablement à lui, puisqu’il est lui-même le vrai chemin qui mène à la vie.
II. Le second devoir, qui est aussi l’abrégé de toute la religion, est d’aimer ardemment notre Seigneur et de montrer la sincérité de cet amour en gardant ses commandements.
III. La promesse que Jésus-Christ faisait d’envoyer son Esprit après son départ ne regardait pas les seuls apôtres à qui cet Esprit saint devait communiquer le don de faire des miracles, elle regarde aussi tous les fidèles dans le cœur desquels notre Seigneur envoie son Esprit de sainteté et de consolation. Ainsi, nous devons implorer l’assistance et la conduite de cet Esprit et afin que nous puissions l’obtenir, purifier nos cœurs de l’amour du monde, Jésus-Christ ayant déclaré que le monde ne peut connaître, ni recevoir l’Esprit de Dieu.
IV. Il faut considérer que, comme notre Seigneur promettait à ses disciples de revenir à eux après sa résurrection, il reviendra aussi au dernier jour, qu’alors ses élus seront remplis de consolation et de joie et qu’en attendant ce retour glorieux, notre grand soin doit être de persévérer dans son amour et dans l’obéissance à ses divins préceptes.
Jésus-Christ nous apprend sur la fin de ce chapitre qu’il se communique et qu’il s’unit d’une manière tout à fait intime et salutaire à tous ceux qui l’aiment et qui gardent sa parole, qu’il les comble de ses grâces et qu’il leur accorde sa bénédiction et sa paix.
La considération de tous ces précieux avantages doit nous enflammer d’amour pour ce rédempteur charitable et nous persuader que tout notre bonheur dépend de lui être fidèles, de l’aimer et de demeurer à jamais dans sa communion.
Notre Seigneur fait quatre choses dans ce chapitre. I. Il représente par la comparaison d’un cep et des sarments la communion qu’il y a entre lui et ses disciples. II. Il les exhorte à persévérer dans cette communion et dans son amour, à garder ses commandements et particulièrement à s’aimer les uns les autres. III. Il leur dit qu’il les avait choisis pour aller annoncer l’Évangile par toute la terre avec un merveilleux succès. IV. Il les avertit qu’ils seraient exposés à la persécution et à la haine du monde, mais pour les encourager, il leur représente qu’il avait lui-même éprouvé cette haine et il leur promet l’assistance de son Saint-Esprit qu’il voulait leur envoyer après son départ.
1 Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron.
2 Il retranche tout sarment qui ne porte point de fruit en moi ; et il émonde tout celui qui porte du fruit, afin qu’il porte encore plus de fruit.
3 Vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai annoncée.
4 Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Comme le sarment ne saurait de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, vous n’en pouvez porter aussi, si vous ne demeurez en moi.
5 Je suis le cep, et vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit ; car hors de moi, vous ne pouvez rien faire.
6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment ; il sèche, puis on le ramasse et on le jette au feu, et il brûle.
7 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé.
8 C’est en ceci que mon Père sera glorifié, si vous portez beaucoup de fruit, et alors vous serez mes disciples.
9 Comme mon Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés ; demeurez dans mon amour.
10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.
11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit accomplie.
12 C’est ici mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés.
13 Personne n’a un plus grand amour que celui de donner sa vie pour ses amis.
14 Vous serez mes amis, si vous faites tout ce que je vous commande.
15 Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père.
16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et qui vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit soit permanent ; afin, aussi, que tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donne.
17 Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.
18 Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous.
19 Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que je vous ai choisis dans le monde, c'est pour cela que le monde vous hait.
20 Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, que le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre.
21 Mais ils vous feront tout cela à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé.
22 Si je n'étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché.
23 Celui qui me hait, hait aussi mon Père.
24 Si je n’eusse pas fait d’entre eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père.
25 Mais c’est ainsi que la parole qui est écrite dans leur loi a été accomplie : Ils m’ont haï sans cause.
26 Lorsque le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai de la part de mon Père, savoir, l’Esprit de vérité, qui procède de mon Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi.
27 Et vous aussi, vous en rendrez témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi.
REFLEXIONS
Voici les réflexions qu’il y a à faire sur les quatre parties de ce chapitre :
I. La première qui contient la similitude du cep et des sarments tend à nous apprendre combien l’union que les fidèles ont avec Jésus-Christ est étroite et avantageuse. Elle marque que tout notre bonheur dépend de cette union, qu’il faut avoir part à l’esprit et à la vie de Jésus pour porter des fruits qui tendent à la gloire de Dieu et qui répondent à l’avantage que nous avons d’être ses disciples et que ceux qui ne lui sont pas unis par la foi et qui ne portent point de fruit seront retranchés et jetés au feu comme des sarments inutiles.
II. La seconde partie de ce chapitre nous enseigne que notre grand et principal devoir est de demeurer dans l’amour de Jésus-Christ, de garder ses commandements et surtout de nous aimer les uns les autres, nous proposant pour cet effet sans cesse l’exemple du grand amour qu’il nous a porté et qui l’a engagé à donner sa vie pour nous.
III. Ce que Jésus-Christ disait aux apôtres qu’il les avait choisis pour aller établir son règne dans tout le monde est une preuve bien claire de la divinité de l’Évangile, puisque la prédication des Apôtres a été suivie de la conversion de tant de peuples. Mais nous devons aussi considérer que Jésus-Christ nous a élus et appelés afin que nous portions les fruits de la sainteté et que nous travaillions chacun de nous de tout notre pouvoir à avancer sa connaissance et son règne.
- La dernière partie de ce chapitre nous apprend deux choses :
- L’une que le monde hait souvent ceux qui aiment Jésus-Christ et qui vivent selon la piété, mais qu’il ne faut pas le trouver étrange puisque notre Seigneur a aussi été exposé à cette haine du
- L’autre, qu’après que Jésus-Christ a parlé et que l’Évangile a été annoncé aux hommes, ceux qui demeurent dans l’incrédulité et dans la corruption n’ont aucune excuse puisqu’ils rejettent le témoignage du fils de Dieu, celui du Saint-Esprit et celui des apôtres et qu’ils ferment volontairement les yeux à la vérité.
Jésus-Christ continue à avertir les apôtres qu’ils devaient se préparer à être persécutés et même à souffrir la mort. II. Pour les consoler de la tristesse que son départ leur causait, il leur promet le Saint-Esprit et il leur dit que cet Esprit Saint condamnerait le monde incrédule et les mettrait en état de connaître plus parfaitement les vérités qui leurs avaient été enseignées, et de les annoncer aux hommes. III. Il ajoute à cela qu’il allait les quitter pour un peu de temps, mais qu’il reviendrait bientôt à eux lorsqu’il serait ressuscité, qu’alors ils seraient comblés de joie, qu’il leur accorderait de nouvelles grâces et qu’il leur ferait obtenir les dons les plus précieux. Ce discours de Jésus consola les apôtres et servit à l’affermissement de leur foi.
1 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne vous scandalisiez point.
2 Ils vous chasseront des synagogues ; même le temps vient que quiconque vous fera mourir croira rendre service à Dieu.
3 Et ils vous feront tout cela, parce qu’ils n’ont connu ni mon Père, ni moi.
4 Mais je vous ai dit ces choses, afin que quand ce temps sera venu, vous vous souveniez que je vous les ai dites ; toutefois, je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous.
5 Mais maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où vas-tu ?
6 Mais, parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur.
7 Toutefois, je vous dis la vérité, il vous est avantageux que je m’en aille ; car si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra point à vous ; et si je m’en vais, je vous l’enverrai.
8 Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement.
9 De péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ;
10 de justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ;
11 de jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé.
12 J’aurais encore plusieurs choses à vous dire ; mais elles sont encore au-dessus de votre portée.
13 Mais quand celui-là sera venu, savoir, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera point par soi-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et vous annoncera les choses à venir.
14 C’est lui qui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera.
15 Tout ce que mon Père a, est à moi ; c’est pourquoi je vous ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera.
16 Dans peu de temps vous ne me verrez plus ; et un peu de temps après, vous me reverrez, parce que je m’en vais à mon Père.
17 Et quelques-uns de ses disciples se dirent les uns aux autres : Qu’est-ce qu’il nous veut dire : Dans peu de temps vous ne me verrez plus ; et : Un peu de temps après vous me reverrez ; et : Parce que je m’en vais à mon Père ?
18 Ils disaient donc : Qu’est-ce qu’il veut dire : Dans peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il veut dire.
19 Jésus donc connaissant qu’ils voulaient l’interroger, leur dit : Vous vous demandez les uns aux autres ce que signifie ce que j’ai dit : Dans peu de temps vous ne me verrez plus, et un peu de temps après vous me reverrez.
20 En vérité, en vérité je vous dis, que vous pleurerez, et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie.
21 Quand une femme accouche, elle a des douleurs, parce que son terme est venu ; mais dès qu’elle est accouchée d’un enfant, elle ne se souvient plus de son travail, dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde.
22 De même, vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie.
23 Et en ce jour-là vous ne m’interrogerez plus de rien. En vérité, en vérité je vous dis, que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.
24 Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie.
25 Je vous ai dit ces choses par des similitudes ; mais le temps vient que je ne vous parlerai plus par des similitudes, mais je vous parlerai ouvertement de mon Père.
26 En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai le Père pour vous.
27 Car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis venu de Dieu.
28 Je suis venu du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant je laisse de nouveau le monde, et m’en vais au Père.
29 Ses disciples lui dirent : C’est maintenant que tu parles ouvertement, et tu ne dis point de similitude.
30 Nous voyons présentement que tu sais toutes choses, et que tu n’as pas besoin que personne ne t’interroge ; c’est pour cela que nous croyons que tu es venu de Dieu.
31 Jésus leur répondit : Croyez-vous maintenant ?
32 Voici, l’heure vient, et elle est déjà venue, que vous serez dispersés chacun de son côté, et que vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, parce que mon Père est avec moi.
33 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi ; vous aurez des afflictions dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde.
REFLEXIONS
On doit considérer sur ce chapitre :
Premièrement, que comme les apôtres devaient être exposés à de grandes persécutions, les vrais fidèles doivent s’attendre à ressentir les effets de la haine de ceux qui ne connaissent et qui n’aiment pas Jésus-Christ.
II. Qu’il a été nécessaire pour notre bien que Jésus-Christ quittât le monde afin qu’il entrât dans sa gloire, qu’il envoyât le Saint-Esprit et qu’il établît son règne.
III. Ce que notre Seigneur disait : que le Saint-Esprit convaincrait le monde de péché, de justice et de jugement signifie que la venue du Saint-Esprit et la prédication des apôtres convaincrait les Juifs d’une incrédulité volontaire et les rendrait inexcusables, qu’elle montrerait que Jésus était le fils de Dieu et qu’elle détruirait le règne du diable. Tout cela arriva en effet après l’ascension de notre Seigneur et fit voir à toute la terre que sa doctrine venait de Dieu.
IV. Les excellentes promesses que Jésus-Christ faisait aux apôtres de les remplir abondamment des dons du Saint-Esprit et de ses lumières furent aussi accomplies dans ces temps-là et l’on en vit les effets par les fruits merveilleux de leur prédication.
V. Les apôtres ne comprirent pas ce que Jésus-Christ voulait marquer lorsqu’il leur disait que bientôt ils ne le verraient plus, mais que dans peu ils le reverraient, qu’il s’en irait à son Père et qu’alors ils seraient pleinement consolés. Mais ces paroles, de même que les précédentes, furent parfaitement éclaircies par sa résurrection, par son ascension et par les suites glorieuses qu’elle eut.
Ces promesses qui affermirent la foi des apôtres doivent aussi fortifier la nôtre et nous faire penser que quoique Jésus-Christ soit maintenant absent de nous, ce n’est pas pour toujours, que si nous persévérons dans son amour, il nous fera obtenir de Dieu les grâces les plus salutaires et que comme il revint à ses apôtres après sa résurrection, il reviendra aussi à nous lors de son second et dernier avènement pour nous introduire dans la gloire de son royaume.
C’est ici la prière que Jésus-Christ adressa à Dieu son Père avant que de souffrir la mort et elle a trois parties : I. Jésus-Christ prie pour soi-même et il demande d’être reçu dans la gloire céleste afin que Dieu en fût glorifié. II. Il prie pour les apôtres qu’il allait quitter et il demande à son Père de les protéger et de les sanctifier afin qu’ils pussent persévérer dans la foi et prêcher l’Évangile par tout le monde sans crainte des persécutions. III. Il prie pour tous ceux qui croiraient en lui et qui recevraient la prédication des apôtres et il souhaite que tant les apôtres que tous les fidèles soient toujours unis avec lui et entre eux par la foi et par la charité et qu’ils soient un jour reçus dans la gloire où il était sur le point d’entrer pour être éternellement avec lui.
1 Jésus dit ces choses ; puis levant les yeux au ciel, il dit : Mon Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ;
2 comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.
3 (Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent, toi qui es le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que tu as envoyé.)
4 Je t’ai glorifié sur la terre ; j’ai achevé l’ouvrage que tu m’avais donné à faire.
5 Et maintenant, glorifie-moi, toi mon Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’ai eue vers toi, avant que le monde fût fait.
6 J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient à toi, et tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole.
7 Ils ont connu maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi.
8 Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues ; et ils ont reconnu véritablement que je suis venu de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.
9 Je prie pour eux ; je ne prie point pour le monde, mais je prie pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi.
10 Et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié en eux.
11 Et maintenant je ne suis plus au monde, mais eux sont au monde, et je vais à toi. Père saint, gardes-en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un, comme nous.
12 Pendant que j’ai été avec eux dans le monde, je les ai gardés en ton nom. J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie.
13 Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses, étant encore dans le monde, afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux.
14 Je leur ai donné ta Parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde.
15 Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal.
16 Ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde.
17 Sanctifie-les par ta vérité ; ta Parole est la vérité.
18 Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.
19 Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité.
20 Or, je ne prie pas seulement pour eux ; mais je prie aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole ;
21 Afin que tous ne soient qu’un, comme toi, ô mon Père ! tu es en moi, et que je suis en toi ; qu’eux aussi soient en nous, et que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé.
22 Je leur ai fait part de la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un.
23 Je suis en eux, et tu es en moi ; afin qu’ils soient perfectionnés dans l’unité, et que le monde connaisse que c’est toi qui m’as envoyé, et que tu les aimes, comme tu m’as aimé.
24 Père, mon désir est que là où je suis, ceux que tu m’as donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la création du monde.
25 Père juste, le monde ne t’a point connu ; mais moi, je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que c’est toi qui m’as envoyé.
26 Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que je sois moi-même en eux.
REFLEXIONS
Il y a deux considérations à faire sur la première partie de cette prière que le Sauveur du monde fit avant que d’être crucifié.
Il nous y apprend que la religion chrétienne consiste : à connaître le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu’il a envoyé
Et que c’est là le seul moyen d’obtenir la vie éternelle, par où nous voyons que la foi en Dieu et en Jésus-Christ est d’une absolue nécessité pour parvenir au salut.
On voit de plus ici le grand zèle de notre Seigneur pour la gloire de Dieu et la glorieuse récompense qu’il attendait après ses souffrances.
À l’exemple de notre Sauveur, nous devons être animés du même zèle et glorifier Dieu sur la terre autant que nous en sommes capables afin qu’il nous reçoive dans la gloire qu’il a préparée à ses élus avant la création du monde.
II. On découvre dans cette prière le grand amour que notre Seigneur portait à ses disciples et avec combien d’ardeur et de tendresse il les recommandait à la protection de Dieu son Père avant que de les quitter. L’événement fit voir que les prières de notre Seigneur furent exaucées, puisqu’à la réserve de Judas, dont Jésus-Christ avait prévu l’infidélité, les apôtres persévérèrent tous dans la vérité qu’ils avaient embrassée et qu’ils s’employèrent avec un zèle et un succès admirable à la conversion des hommes.
III. Ce que nous devons surtout remarquer ici et qui nous regarde principalement, c’est que notre Seigneur priait non seulement pour les apôtres, mais aussi pour tous ceux qui croiraient en lui et qui recevraient leur prédication. L’on voit en cela combien les vrais fidèles sont chers à Jésus-Christ, le soin qu’il prend d’eux et le désir qu’il a de les rendre participants de la gloire où il est présentement, ce qui doit remplir tous ceux qui aiment véritablement le Seigneur Jésus d’une ferme confiance et d’une joie indicible. Mais il faut bien remarquer que Jésus-Christ ne priait ainsi que pour les vrais fidèles et qu’il a déclaré qu’il ne priait point pour les gens du monde et pour les incrédules. Si donc nous voulons être du nombre de ceux pour lesquels Jésus-Christ a fait cette prière et pour qui il intercède dans le Ciel, il faut se séparer du monde et être unis à notre Seigneur par une vraie foi et avec nos prochains par une sincère charité et persévérer ainsi dans la communion de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre sauveur jusqu’à la fin de notre vie.
Jésus-Christ est pris dans le jardin. Il est ensuite conduit devant le conseil des Juifs, et, après cela, devant Pilate, qui refusa d’abord de le condamner. On voit enfin dans ce chapitre le reniement de Saint Pierre.
1 Après que Jésus eut dit ces choses, il s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.
2 Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu-là, parce que Jésus s’y était souvent assemblé avec ses disciples.
3 Judas ayant donc pris une compagnie de soldats et des sergents, de la part des principaux sacrificateurs et des Pharisiens, vint là avec des lanternes, des flambeaux et des armes.
4 Et Jésus, qui savait tout ce qui lui devait arriver, s’avança et leur dit : Qui cherchez-vous ?
5 Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas, qui le trahissait, était aussi avec eux.
6 Et dès qu’il leur eut dit : C’est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre.
7 Il leur demanda encore une fois : Qui cherchez-vous ? Et ils répondirent : Jésus de Nazareth.
8 Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci.
9 C’était afin que cette parole qu’il avait dite fût accomplie : Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés.
10 Alors Simon Pierre ayant une épée, la tira et frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l’oreille droite ; et ce serviteur s’appelait Malchus.
11 Mais Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau : ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée à boire ?
12 Alors les soldats, le capitaine et les sergents des Juifs prirent Jésus et le lièrent.
13 Et ils l’emmenèrent premièrement à Anne, parce qu’il était beau-père de Caïphe, qui était le souverain sacrificateur cette année-là.
14 Et Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs, qu’il était à propos qu’un seul homme mourût pour le peuple.
15 Or, Simon Pierre, avec un autre disciple, avait suivi Jésus ; et ce disciple était connu du souverain sacrificateur ; et il entra avec Jésus dans la cour de la maison du souverain sacrificateur.
16 Mais Pierre était demeuré hors de la porte. Et cet autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit et parla à la portière, qui fit entrer Pierre.
17 Et cette servante, qui était la portière, dit à Pierre : N’es-tu pas aussi des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis point.
18 Et les serviteurs et les sergents étaient là, et ayant fait du feu, parce qu’il faisait froid, ils se chauffaient. Pierre était aussi avec eux, et se chauffait.
19 Et le souverain sacrificateur interrogea Jésus touchant ses disciples, et touchant sa doctrine.
20 Jésus lui répondit : J’ai parlé ouvertement à tout le monde, j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où les Juifs s’assemblent de toutes parts, et je n’ai rien dit en cachette.
21 Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge ceux qui ont entendu ce que je leur ai dit ; ces gens-là savent ce que j’ai dit.
22 Lorsqu’il eut dit cela, un des sergents qui était présent donna un soufflet à Jésus, en lui disant : Est-ce ainsi que tu réponds au souverain sacrificateur ?
23 Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, fais voir ce que j’ai dit de mal ; et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?
24 Or, Anne l’avait envoyé lié à Caïphe, le souverain sacrificateur.
25 Et Simon Pierre était là, et se chauffait ; et ils lui dirent : N’es-tu pas aussi de ses disciples ? Il le nia et dit : Je n’en suis point.
26 Et l’un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit : Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ?
27 Pierre le nia encore une fois ; et aussitôt le coq chanta.
28 Ils menèrent ensuite Jésus de Caïphe au prétoire ; c’était le matin ; et ils n’entrèrent point dans le prétoire, de peur de se souiller, et afin de pouvoir manger la Pâque.
29 Pilate donc sortit vers eux, et leur dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?
30 Ils lui répondirent : Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré.
31 Sur quoi Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le jugez selon votre loi. Les Juifs lui dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir personne.
32 Et ce fut ainsi que s’accomplit ce que Jésus avait dit, en marquant de quelle mort il devait mourir.
33 Pilate rentra dans le prétoire, et ayant fait venir Jésus, il lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?
34 Jésus lui répondit : Dis-tu ceci de ton propre mouvement, ou si d’autres te l’ont dit de moi ?
35 Pilate répondit : Suis-je Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?
36 Jésus répondit : Mon règne n’est pas de ce monde ; si mon règne était de ce monde, mes gens combattraient, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon règne n’est point d’ici-bas.
37 Alors Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis ; je suis roi, je suis né pour cela, et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est pour la vérité écoute ma voix.
38 Pilate lui dit : Qu’est-ce que cette vérité ? Et quand il eut dit cela, il sortit encore pour aller vers les Juifs, et leur dit : Je ne trouve aucun crime en lui.
39 Mais vous avez une coutume, que je vous relâche un prisonnier à la fête de Pâque ; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ?
40 Alors tous crièrent de nouveau : Non, pas celui-ci ; mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand.
REFLEXIONS
Il y a quatre choses principales à considérer dans ce chapitre.
I. La première que Jésus-Christ renversa par terre d’une seule parole qu’il prononça ceux qui venaient pour le prendre. St. Jean remarque que notre Seigneur donna cette preuve de sa puissance pour mettre en sûreté ses apôtres qui étaient avec lui et pour obliger ceux qui venaient le saisir à les laisser aller sans leur faire aucun mal. Il fit aussi voir par là qu’il aurait pu, s’il l’eût voulu, éviter la mort.
II. La deuxième réflexion regarde la conduite de St. Pierre qui mit l’épée à la main pour défendre son Maître et qui peu après le renia. Voilà qui marque que cet apôtre avait du zèle, mais que ce zèle n’était, ni assez éclairé, ni assez affermi. D’où il faut tirer ces deux instructions.
L’une que si notre Seigneur blâma ce que Saint Pierre fit dans cette occasion qui paraissait si légitime, s’agissant de s’opposer à ceux qui voulaient ôter injustement la vie à son Maître. Toutes les actions de violence et de vengeance sont défendues, qu’il n’y a rien qui puisse les autoriser et que la patience et la douceur sont le caractère des disciples de Jésus-Christ.
L’autre instruction est que ceux qui ont du zèle et de bonnes intentions sont capables de faire de très grandes chutes lorsqu’ils présument d’eux-mêmes et qu’ils n’ont pas recours à la vigilance et à la prière pour se garantir des tentations. C’est ce qu’il faut aussi observer sur le reniement de St. Pierre.
III. Dans la manière dont on procéda contre notre Seigneur lorsqu’il parut devant le conseil des Juifs, on voit bien clairement que Jésus-Christ était innocent et que les Juifs ne cherchaient que des prétextes pour le condamner. Mais on y remarque aussi que notre Seigneur voulut bien se soumettre à leur jugement, quoiqu’injuste, qu’il souffrit tous les outrages qu’on lui fit et qu’il marqua dans cette occasion une patience et une douceur admirables. C’est là un grand exemple de patience et de résignation pour tous les chrétiens.
IV. Il faut remarquer enfin que lorsque Jésus-Christ fut présenté à Pilate, ce gouverneur ne voulut pas d’abord le condamner et qu’ayant demandé à notre Seigneur s’il était le roi des Juifs, Jésus répondit qu’il était roi, mais que son règne n’était point de ce monde. Ces circonstances servent à faire voir l’innocence de Jésus-Christ. Outre cela, cet aveu qu’il fit en présence de Pilate nous apprend qu’il faut toujours faire une franche confession de la vérité, quand même nous devrions attirer par-là la haine du monde, imitant en cela le Seigneur Jésus-Christ, lequel comme St. Paul le remarque : fit cette belle confession devant Ponce Pilate et dit : qu’il était venu au monde pour rendre témoignage à la vérité quoique cet aveu dût être la cause de sa condamnation et de sa mort.
Pilate condamne Jésus-Christ à être fouetté et il le fait traiter avec indignité et avec mépris par les soldats, croyant apaiser par-là les sacrificateurs et les principaux des Juifs. Il leur déclare qu’il le trouvait innocent et il tâche de lui sauver la vie, mais les Juifs continuant à demander sa mort, il consent enfin qu’il soit crucifié.
1 Alors Pilate fit prendre Jésus, et le fit fouetter.
2 Et les soldats plièrent une couronne d’épines, et la lui mirent sur la tête, et le vêtirent d’un manteau de pourpre.
3 Et ils lui disaient : Roi des Juifs, nous te saluons ; et ils lui donnaient des soufflets.
4 Pilate sortit encore une fois et leur dit : Le voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve aucun crime en lui.
5 Jésus donc sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre ; et Pilate leur dit : Voici l’homme.
6 Mais quand les principaux sacrificateurs et les sergents le virent, ils s’écrièrent : Crucifie-le, crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes et le crucifiez ; car je ne trouve aucun crime en lui.
7 Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.
8 Quand Pilate eut entendu ces paroles, il eut encore plus de crainte.
9 Il rentra donc dans le prétoire, et il dit à Jésus : D’où es-tu ? Et Jésus ne lui fit aucune réponse.
10 Alors Pilate lui dit : Tu ne me dis rien ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te faire crucifier, et le pouvoir de te délivrer ?
11 Jésus lui répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’avait été donné d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi est coupable d’un plus grand péché.
12 Depuis ce moment Pilate cherchait à le délivrer ; mais les Juifs criaient : Si tu délivres cet homme, tu n’es pas ami de César ; car quiconque se fait roi se déclare contre César.
13 Quand donc Pilate eut entendu cette parole, il mena Jésus dehors, et s’assit dans son tribunal au lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha.
14 Or, c’était alors la préparation de Pâque, et environ la sixième heure ; et Pilate dit aux Juifs : Voilà votre roi.
15 Mais ils criaient : Ôte-le, ôte-le, crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons point d’autre roi que César.
16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus et l’emmenèrent.
REFLEXIONS
Dans l’histoire de la condamnation de Jésus-Christ, nous devons considérer la conduite de Pilate, celle des Juifs et celle de notre Seigneur.
On voit dans la conduite de Pilate, le caractère d’un juge inique. Quoi qu’il crût Jésus innocent, il le fit fouetter et traiter avec indignité. Il pensait contenter par-là, les Juifs et à les engager à consentir que Jésus ne fût pas crucifié. Mais les Juifs voyant la mollesse de Pilate et les égards qu’il avait pour eux le pressèrent davantage et ce fut ainsi que ce gouverneur, après avoir déjà commis une injustice en condamnant Jésus au fouet, s’engagea à en commettre une autre encore plus criante en le condamnant à mort.
Les égards que l’on a pour les méchants les rendent plus entreprenant et plus hardis, quand on a une fois commencé à faire le mal, on va toujours plus loin, un péché conduit à un autre péché encore plus grand et l’on en vient enfin aux derniers degrés du crime. Tout cela nous montre combien il y a de danger d’agir contre les lumières et la conviction de sa conscience, d’avoir des complaisances dans des choses mauvaises et de chercher des ménagements et des accommodements lorsqu’il s’agit de faire son devoir et de s’opposer au mal.
II. La conduite des Juifs qui ne purent être apaisés, ni par les remontrances de Pilate, ni par ce que Jésus avait souffert et qui continuèrent à demander qu’il fût crucifié, prouve leur fureur et leur injustice et fait voir que quand les hommes se laissent aller à leur passion et qu’ils ont pris un parti, quelque méchant qu’il soit, ils n’écoutent plus rien et qu’ils s’y affermissent de plus en plus jusqu’à ce qu’ils soient venus à bout de leurs desseins.
III. Enfin, la grande patience, la modération et la douceur avec laquelle notre Seigneur se soumit à tout ce que Pilate et les Juifs firent d’injuste et de cruel contre lui doivent faire bien de l’impression sur nous. C’est là une preuve de son grand amour et un exemple qui a beaucoup de force pour nous rendre patients, doux, modérés et soumis à la volonté de Dieu dans tous les maux qui pourraient nous arriver et même lorsque souffririons par un effet de la malice et de l’injustice des hommes.
CHAPITRE XIX VERSETS 17 A 42
Saint Jean fait ici le récit du crucifiement, de la mort et de la sépulture de notre Seigneur.
17 Et Jésus, portant sa croix, vint au lieu appelé le Calvaire, qui se nomme en hébreu Golgotha ;
18 où ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, l’un d’un côté, et l’autre de l’autre, et Jésus au milieu.
19 Pilate fit aussi faire un écriteau et le fit mettre au-dessus de la croix ; et on y avait écrit : JÉSUS DE NAZARETH, ROI DES JUIFS.
20 Plusieurs donc des Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus était crucifié était près de la ville ; et il était écrit en hébreu, en grec et en latin.
21 Et les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate : N’écris pas : Le roi des Juifs ; mais qu’il a dit : Je suis le roi des Juifs.
22 Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.
23 Après que les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat ; ils prirent aussi la robe ; mais la robe était sans couture, d’un seul tissu, depuis le haut jusqu’au bas.
24 Ils dirent donc entre eux : Ne la mettons pas en pièces, mais tirons au sort à qui l’aura ; de sorte que cette parole de l’Écriture fut accomplie : Ils ont partagé mes vêtements entre eux, et ils ont jeté le sort sur ma robe. C’est ce que firent les soldats.
25 Or, la mère de Jésus, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléopas, et Marie-Magdelaine, se tenaient près de sa croix.
26 Jésus donc voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils.
27 Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et dès cette heure-là ce disciple la prit chez lui.
28 Après cela Jésus, voyant que tout était accompli, dit, afin que l’Écriture fût accomplie : J’ai soif.
29 Et il y avait là un vaisseau plein de vinaigre. Ils emplirent donc de vinaigre une éponge, et ils mirent de l’hysope autour, et la lui présentèrent à la bouche.
30 Et quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et baissant la tête, il rendit l’esprit.
31 Or, les Juifs, de peur que les corps ne demeurassent sur la croix le jour du sabbat, (car c’en était la préparation, et ce sabbat était un jour fort solennel) prièrent Pilate de leur faire rompre les jambes, et qu’on les ôtât.
32 Les soldats vinrent donc, et rompirent les jambes au premier, et ensuite à l’autre qui était crucifié avec lui.
33 Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes.
34 Mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.
35 Et celui qui l’a vu en a rendu témoignage, (et son témoignage est véritable, et il sait qu’il dit vrai) afin que vous le croyiez.
36 Or, cela arriva ainsi, afin que cette parole de l’Écriture fût accomplie : Aucun de ses os ne sera rompu.
37 Et ailleurs l’Écriture dit encore : Ils verront celui qu’ils ont percé.
38 Après cela, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret, parce qu’il craignait les Juifs, pria Pilate qu’il pût ôter le corps de Jésus ; et Pilate le lui permit. Il vint donc et emporta le corps de Jésus.
39 Nicodème, qui au commencement était venu de nuit vers Jésus, y vint aussi, apportant environ cent livres d’une composition de myrrhe et d’aloès.
40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linges, avec des drogues aromatiques, comme les Juifs ont accoutumé d’ensevelir.
41 Or, il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié ; et dans ce jardin un sépulcre neuf, où personne n’avait été mis.
42 Ils mirent donc là Jésus, à cause que c’était le jour de la préparation du sabbat des Juifs, parce que le sépulcre était proche.
REFLEXIONS
L’histoire de la passion et de la mort de notre Sauveur doit être considérée et méditée dans ces trois vues principales :
I. Comme un sacrifice qu’il a offert à Dieu pour expier nos péchés, et pour nous acquérir le droit à la vie éternelle,
II. Comme un engagement à aimer ce Rédempteur charitable qui nous a tant aimé et à renoncer au péché qu’il s’est proposé de détruire par sa mort,
III. Comme un exemple de patience et d’humiliation que nous devons nous proposer sans cesse pour modèle.
Outre ces considérations générales, il faut faire ces quatre réflexions particulières sur les circonstances de cette histoire :
I. Que l’écriteau qui fut mis sur la croix de Jésus-Christ en trois langues faisait connaître à tout le monde la cause de sa condamnation et par ce moyen son innocence,
II. Que les diverses circonstances de sa passion et de sa mort, comme le partage de ses habits, sa soif, ses os qui ne furent point brisés, son côté percé, avaient été marquées dans les oracles du Vieux Testaments. Ainsi les Juifs devaient reconnaître par tout ce qui se passait alors que Jésus était le Messie promis par les prophètes et c’est de quoi nous devons être pleinement convaincus par cette admirable conformité qu’il y a entre les prédictions du Vieux Testament et ce qui est arrivé à notre Seigneur.
III. Ce que Jésus-Christ dit de dessus la croix pour recommander la Sainte vierge à St. Jean marque la tendresse et les soins de notre Seigneur envers sa bienheureuse mère et en même temps son amour pour cet apôtre. On doit remarquer dans le récit de la sépulture de Jésus-Christ le courage et la hardiesse de Joseph, qui dans le temps que Jésus vient d’être condamné et de mourir, se déclare hautement pour lui, de même que Nicodème qui avait autrefois été timide. Les circonstances de cette sépulture servent aussi à prouver la vérité de sa mort et de sa résurrection.
IV. Enfin, la pensée que Jésus-Christ a été enseveli doit nous apprendre à ne craindre, ni la sépulture, ni la mort puisque nous savons que si nous mourons comme lui, nous ressusciterons aussi comme il ressuscita le troisième jour après sa mort.
Jésus étant ressuscité se montre premièrement à Marie Magdeleine. Ensuite aux apôtres en l’absence de Thomas. Et après cela à Thomas lui-même.
1 Le premier jour de la semaine, Marie-Magdelaine vint le matin au sépulcre comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre était ôtée de l’entrée du sépulcre.
2 Elle courut donc trouver Simon Pierre, et l’autre disciple que Jésus aimait ; et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis.
3 Alors Pierre sortit avec l’autre disciple, et ils allèrent au sépulcre.
4 Et ils couraient tous deux ensemble ; mais cet autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre.
5 Et s’étant baissé, il vit les linges qui étaient à terre ; mais il n’y entra point.
6 Mais Simon Pierre, qui le suivait, étant arrivé, entra dans le sépulcre, et vit les linges qui étaient à terre.
7 Et le linge qu’on lui avait mis sur la tête n’était pas avec les autres linges ; mais il était plié en un lieu à part.
8 Alors cet autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, y entra, et il vit, et il crut.
9 Car ils n’avaient pas encore bien entendu ce que l’Écriture dit, qu’il fallait que Jésus ressuscitât des morts.
10 Après cela, les disciples retournèrent chez eux.
11 Mais Marie se tenait dehors, près du sépulcre, en pleurant ; et comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre.
12 Et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, au lieu où le corps de Jésus avait été couché.
13 Et ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis.
14 Et ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus qui était là ; mais elle ne savait point que ce fût Jésus.
15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, croyant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je l’irai prendre.
16 Jésus lui dit : Marie ! Et elle, s’étant retournée, lui dit : Rabboni ! c’est-à-dire, mon Maître !
17 Jésus lui dit : Ne me touche point, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va vers mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu.
18 Marie-Magdelaine vint annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit cela.
19 Le soir de ce même jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où les disciples étaient assemblés étant fermées, parce qu’ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et il fut là au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous !
20 Et quand il leur eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples donc voyant le Seigneur, eurent une grande joie.
21 Il leur dit encore : La paix soit avec vous ! Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie aussi de même.
22 Et quand il eut dit cela, il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.
23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.
24 Or, Thomas, l’un des douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus y était venu.
25 Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois la marque des clous dans ses mains, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.
26 Huit jours après, comme ses disciples étaient encore dans la maison, et que Thomas était avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et il fut là au milieu d’eux et leur dit : La paix soit avec vous !
27 Puis il dit à Thomas : Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et la mets dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais crois.
28 Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur, et mon Dieu !
29 Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !
30 Jésus fit encore en présence de ses disciples plusieurs autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre.
31 Mais ces choses ont été écrites, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom.
REFLEXIONS
Nous apprenons dans ce chapitre que Jésus-Christ, étant ressuscité, se fit voir premièrement à Marie Magdelaine et après à tous les apôtres. Marie Magdelaine fut d’abord informée de la résurrection de notre Seigneur par l’apparition des anges et elle eut la première la consolation de le voir ressuscité. Ce fut là une récompense de sa piété et de son attachement à Jésus-Christ et c’est ainsi que Dieu a accoutumé de se communiquer à ceux qui l’aiment et qui le cherchent sincèrement.
I. Il parait par le récit de St. Jean que les apôtres ne crurent pas d’abord la résurrection de notre Seigneur et qu’ils n’en furent pleinement persuadés qu’après qu’il leur eut donné des preuves certaines et réitérées. C’est ce que l’on voit surtout par l’exemple de Thomas qui ne voulut pas croire que Jésus fut ressuscité à moins qu’il ne le vît et qu’il ne touchât ses mains et son côté, mais qui fut ensuite convaincu de cette vérité qu’il avait d’abord refusé de croire et qui reconnu Jésus-Christ comme son Seigneur et comme son Dieu. Toutes ces différentes apparitions de notre Seigneur servent à prouver la vérité de sa résurrection et à confirmer la sincérité du témoignage que les apôtres ont rendu sur ce sujet.
Jésus-Christ étant ainsi ressuscité, nous ne pouvons pas douter qu’il ne soit le Fils de Dieu et qu’il n’ait parfaitement expié nos péchés par sa mort. Nous avons surtout dans cette résurrection une image et un gage certain de la nôtre, ce qui doit fortifier puissamment notre foi et nous remplir d’espérance et de joie. Il faut aussi que la foi en Jésus-Christ ressuscité nous purifie et nous sanctifie et qu’à l’imitation de Marie et des apôtres qui eurent une si grande joie de le revoir et qui marquèrent tant de zèle et tant d’amour pour lui, nous l’adorions comme notre Seigneur et notre Dieu, en sorte que, marquant par notre obéissance la sincérité de notre foi, nous parvenions par ce moyen au bonheur qu’il promet à tous ceux qui auront véritablement cru en lui.
Jésus se manifeste aux apôtres près de la mer de Tibériade et il leur donne des preuves de sa résurrection. Il confirme St. Pierre dans l’apostolat et il lui prédit ce qui devait lui arriver et à St. Jean et c’est par là que finit l’Évangile.
1 Après cela Jésus se fit encore voir aux disciples près de la mer de Tibériade, et il se fit voir de cette manière :
2 Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres de ses disciples étaient ensemble.
3 Simon Pierre leur dit : Je m’en vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec toi. Ils y allèrent donc aussitôt ; et ils entrèrent dans une barque ; mais ils ne prirent rien cette nuit-là.
4 Le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage ; mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus.
5 Jésus leur dit : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non.
6 Et il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous en trouverez. Ils le jetèrent donc ; mais ils ne pouvaient plus le tirer, à cause de la grande quantité de poissons.
7 Alors le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : C’est le Seigneur. Et quand Simon Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il se ceignit de sa robe de dessus, car il était nu, et il se jeta dans la mer.
8 Mais les autres disciples vinrent avec la barque, tirant le filet plein de poissons, car ils n’étaient éloignés de terre que d’environ deux cents coudées.
9 Quand ils furent descendus à terre, ils virent de la braise qui était là, et du poisson mis dessus, et du pain.
10 Jésus leur dit : Apportez de ces poissons que vous venez de prendre.
11 Simon Pierre remonta dans la barque, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois grands poissons, et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne se rompit point.
12 Jésus leur dit : Venez et dînez. Et aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant que c’était le Seigneur.
13 Jésus donc s’approcha, et prenant du pain, il leur en donna, et du poisson aussi.
14 Ce fut déjà la troisième fois que Jésus se fit voir à ses disciples, après être ressuscité.
15 Après qu’ils eurent dîné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Pais mes agneaux.
16 Il lui demanda encore une seconde fois : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Pais mes brebis.
17 Il lui demanda pour la troisième fois : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui dit : Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.
18 En vérité, en vérité, je te le dis, lorsque tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais lorsque tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudrais pas.
19 Jésus dit cela pour marquer de quelle mort Pierre devait glorifier Dieu. Et après avoir ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.
20 Et Pierre s’étant tourné, vit venir après lui le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, était penché sur le sein de Jésus, et lui avait dit : Seigneur, qui est celui qui te trahira ?
21 Pierre donc l’ayant vu, dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ?
22 Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi.
23 Ce qui fit courir le bruit parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n’avait pas dit : Il ne mourra point ; mais il avait seulement dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?
24 C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est véritable.
25 Il y a aussi beaucoup d’autres choses que Jésus a faites, et si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde pût contenir les livres qu’on en écrirait. Amen.
REFLEXIONS
On voit premièrement dans ce chapitre que notre Seigneur voulut assurer les apôtres de sa résurrection, non seulement en se montrant à eux et en mangeant en leur présence, mais en leur faisant voir des marques de sa puissance divine. Cela doit nous persuader de plus en plus de cette grande vérité de laquelle toute notre consolation dépend.
II. Jésus-Christ, avant que de confirmer Saint Pierre dans la charge d’apôtre, lui demanda par trois fois s’il l’aimait. Il exigea de lui ces trois déclarations afin que cet apôtre sentît d’autant mieux le péché qu’il avait commis en le reniant par trois fois, qu’il réparât le scandale qu’il avait donné par sa chute.
Cette conduite de notre Seigneur montre qu’il ne nous reçoit en grâce que lorsque nous confessons nos péchés, que nous les réparons et que nous rentrons dans notre devoir. Mais ce qu’il demande de nous sur toutes choses, c’est que nous l’aimions de tout notre cœur et l’on ne mérite pas d’être appelé son disciple si l’on ne peut lui dire comme Saint Pierre : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime.
III. Après que cet apôtre eut fait cette déclaration, Jésus-Christ le confirma dans l’apostolat. Il lui dit de paître ses brebis et il lui prédit même qu’il souffrirait le martyre, ce qui marquait que la fidélité de Saint Pierre serait désormais à tout épreuve.
Dieu pardonne toujours à ceux qui se repentent véritablement, il leur accorde même de nouvelles grâces, mais le devoir de ceux à qui il a ainsi pardonné c’est de lui marquer leur fidélité pendant toute leur vie par un zèle et par un attachement inviolable.
Enfin, le Seigneur prédit que St. Jean demeurerait jusqu’au temps de sa venue, cela signifiait que cet apôtre vivrait jusqu’à ce qu’il eût vu la destruction de Jérusalem et la ruine des Juifs.
Ce fut là un privilège que Jésus-Christ voulut accorder à ce disciple qu’il aimait. Cette promesse fut accomplie, St. Jean parvint à une vieillesse fort avancée, il vécut longtemps après tous les autres apôtres et environ trente ans après la ruine de Jérusalem et il vit avant sa mort l’accomplissement de tout ce qu’il avait entendu dire à notre Seigneur touchant cette ruine et l’établissement de son règne.