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ARGUMENT
St. Jean a pour but de garantir les chrétiens de la séduction de certains hérétiques, qui niaient que Jésus-Christ fût venu en chair, et qu’il fût le fils de Dieu, et qu’ils vivaient dans la licence. L’Apôtre établit dans cette Epitre, contre ces gens-là, la vérité de l’évangile, et la nécessité de croire en Jésus-Christ, de lui obéir et surtout de vivre dans la charité.
Chapitres : Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Livres du Nouveau Testament.
St. Jean voulant montrer que la doctrine que lui et les autres apôtres annonçaient était la seule véritable, dit que, ni lui, ni ses collègues n’avaient rien enseigné touchant le fils de Dieu que ce qu’ils avaient eux-mêmes vu et entendu, ayant vécu avec Jésus-Christ, ce que les faux docteurs ne pouvaient pas dire. Il montre après cela, contre ces mêmes hérétiques, que le but et la substance de la doctrine qu’il annonçait était que, comme Dieu est la lumière et la sainteté même, personne n’a communion avec lui et avec Jésus-Christ son fils, que ceux qui marchent dans la sainteté, qui confessent leurs péchés et qui les abandonnent.
1 Ce qui était, dès le commencement, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, et que nos mains ont touché, concernant la parole de vie ;
2 car la vie a été manifestée, et nous l’avons vue, et nous en rendons témoignage, et nous vous annonçons la vie éternelle, qui était avec le Père et qui s’est manifestée à nous ;
3 Ce que nous avons vu, dis-je, et ce que nous avons ouï, c’est ce que nous vous annonçons, afin que vous ayez communion avec nous, et que nous ayons tous communion avec le Père, et avec Jésus-Christ son fils.
4 Et nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit parfaite.
5 Or, la doctrine que nous avons entendue de lui, et que nous vous annonçons, c’est que Dieu est lumière, et qu’il n’y a point en lui de ténèbres.
6 Si nous disons que nous avons communion avec lui, et que nous marchions dans les ténèbres, nous mentons et nous n’agissons pas selon la vérité.
7 Mais si nous marchons dans la lumière, comme il est lui-même dans la lumière, nous avons une communion mutuelle, et le sang de son fils Jésus-Christ nous purifie de tout péché.
8 Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous nous séduisons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous.
9 Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité.
10 Si nous disons que nous n’avons point de péché, nous le faisons menteur et sa parole n’est point en nous.
REFLEXIONS
I. La première instruction que ce chapitre nous donne regarde la vérité de l’Évangile, laquelle paraît par la certitude du témoignage des apôtres qui n’ont annoncé que ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont entendu et ce qu’ils ont touché de leurs mains.
II. Nous voyons ici que le but de la religion chrétienne est de rendre les hommes semblables à Dieu par la sainteté. St. Jean établit dès l’entrée de son épître cette vérité, en disant que ceux qui se vantent d’être dans la communion de Dieu et de Jésus-Christ et qui demeurent dans le péché sont des menteurs et qu’ils n’agissent pas avec sincérité et que nul n’est participant du salut que celui qui joint à la pureté de la foi la sainteté de la vie.
III. Il enseigne que, comme tous les hommes étaient pécheurs et que Dieu avait envoyé son fils pour les sauver, il n’y avait point d’autre moyen d’avoir part aux effets de la miséricorde de Dieu et à l’efficace du sang de Jésus-Christ que de confesser sincèrement ses péchés et d’y renoncer.
L’apôtre confirme dans ce chapitre ce qu’il avait dit dans le précédent que, pour avoir communion avec Dieu, il faut croire en Jésus-Christ et vivre saintement. Dans ce dessein, il montre : I. Que Jésus-Christ a expié les péchés de tout le monde, mais qu’il n’y a cependant que ceux qui gardent ses commandements et qui vivent comme il a vécu qui aient part à cette expiation. II. Que le principal commandement de notre Seigneur est que nous nous aimions les uns les autres et que ceux qui n’aiment pas leur prochain sont dans les ténèbres et dans la mort. III. Il adresse ses exhortations aux chrétiens de tous les âges et il recommande en particulier aux jeunes gens de ne pas aimer le monde parce que l’amour du monde était un obstacle à l’amour de Dieu et de Jésus-Christ. IV. Il avertit les fidèles de ne pas se laisser séduire par de faux docteurs et des antéchrists qui niaient que Jésus fût le Christ et le fils de Dieu et de retenir constamment la pure doctrine et la vérité qui leur avait été enseignée dès le commencement.
1 Mes petits-enfants, je vous écris ces choses, afin que vous ne péchiez point ; que si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, savoir, Jésus-Christ le juste ;
2 Car c’est lui qui est la propitiation pour nos péchés ; et non-seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux de tout le monde.
3 Et par ceci nous savons que nous l’avons connu, savoir, si nous gardons ses commandements.
4 Celui qui dit : Je l’ai connu, et qui ne garde point ses commandements, est menteur, et la vérité n’est point en lui.
5 Mais si quelqu’un garde sa parole, l’amour de Dieu est véritablement parfait en lui, et c’est par cela que nous savons que nous sommes en lui.
6 Celui qui dit qu’il demeure en lui, doit aussi marcher comme il a marché lui-même.
7 Mes frères, ce que je vous écris n’est pas un commandement nouveau, mais c’est le commandement ancien que vous avez reçu dès le commencement, et ce commandement ancien, c’est la parole que vous avez entendue dès le commencement.
8 Toutefois, je vous écris un commandement nouveau, ce qui est vrai en lui et en vous, parce que les ténèbres sont passées, et que la vraie lumière luit déjà.
9 Celui qui dit qu’il est dans la lumière, et qui hait son frère, est encore dans les ténèbres.
10 Celui qui aime son frère demeure dans la lumière, et il n’y a rien en lui qui le fasse broncher.
11 Mais celui qui hait son frère est dans les ténèbres, et marche dans les ténèbres, et il ne sait où il va, parce que les ténèbres empêchent ses yeux de voir.
12 Mes petits-enfants, je vous écris, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom.
13 Pères, je vous écris, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Jeunes gens, je vous écris, parce que vous avez vaincu le malin.
14 Jeunes enfants, je vous écris, parce que vous avez connu le Père. Pères, je vous ai écrit, parce que vous avez connu celui qui est dès le commencement. Jeunes gens, je vous ai écrit, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le malin.
15 N’aimez point le monde, ni les choses qui sont dans le monde ; si quelqu’un aime le monde, l’amour du Père n’est point en lui.
16 Car tout ce qui est dans le monde, savoir, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie, ne vient point du Père, mais vient du monde ;
17 et le monde passe, et sa convoitise ; mais celui qui fait la volonté de Dieu, demeure éternellement.
18 Mes enfants, le dernier temps est venu ; et comme vous avez ouï dire que l’Antéchrist doit venir, aussi y a-t-il déjà plusieurs antéchrists, par où nous connaissons que le dernier temps est venu.
19 Ils sont sortis d’entre nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous ; mais cela est arrivé, afin qu’il parût que tous ne sont pas des nôtres.
20 Mais vous avez reçu l’onction de la part du Saint, et vous connaissez toutes choses.
21 Je vous ai écrit, non comme à des gens qui ne connaissent pas la vérité, mais comme à des personnes qui la connaissent et qui savent que nul mensonge ne vient de la vérité.
22 Qui est menteur, si ce n’est celui qui nie que Jésus soit le Christ ? Celui-là est un antéchrist, qui nie le Père et le Fils.
23 Quiconque nie le Fils, n’a point le Père ; mais celui qui confesse le Fils a aussi le Père.
24 Que ce que vous avez entendu dès le commencement, demeure donc en vous. Si ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous, vous demeurerez aussi dans le Fils et dans le Père.
25 Et la promesse qu’il nous a annoncée, c’est la vie éternelle.
26 Je vous ai écrit ces choses au sujet de ceux qui vous séduisent.
27 Mais l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous ; et vous n’avez pas besoin que personne vous instruise ; mais comme cette même onction vous enseigne toutes choses, et qu’elle est véritable et exempte de mensonge, vous demeurerez en lui, selon qu’elle vous a enseigné.
28 Maintenant donc, mes petits-enfants, demeurez en lui, afin que quand il paraîtra, nous ayons de la confiance, et que nous ne soyons pas confus devant lui à son avènement.
29 Si vous savez qu’il est juste, sachez que quiconque fait ce qui est juste, est né de lui.
REFLEXIONS
St. Jean nous apprend ici :
I. Que notre Seigneur a fait l’expiation des péchés de tous les hommes et qu’il intercède auprès de Dieu pour nous. C’est là une doctrine pleine de consolation pour les pécheurs, mais il faut se souvenir que l’apôtre restreint le fruit de la mort et de l’intercession de Jésus-Christ à ceux qui croient en lui, qui l’aiment et qui gardent ses commandements et il exclut de ce bénéfice, comme des hypocrites et des menteurs, ceux qui ne lui obéissent pas.
II. Nous apprenons ici que le principal devoir des chrétiens est d’imiter leur Sauveur et de vivre comme il a vécu. III. Qu’entre les commandements de Jésus-Christ, celui qui tient le premier rang et auquel tous les autres se rapportent, c’est l’amour du prochain, que ceux en qui cet amour se trouve sont dans la lumière et qu’ils ne sauraient broncher, mais que ceux qui n’aiment pas leurs frères sont dans les ténèbres et dans un état de condamnation.
III. L’Apôtre nous enseigne que la doctrine de l’Évangile engage les chrétiens de tous les âges et de tous les états à s’affermir de plus en plus dans l’amour de Dieu et de Jésus-Christ, que les vieillards ont, dans leur âge avancé, des motifs à s’acquitter de ce devoir et que c’est à quoi les jeunes gens doivent employer la force et la vigueur de la jeunesse. Il exhorte en particulier ceux qui sont jeunes à ne pas aimer le monde, leur représentant que l’amour des plaisirs et de la gloire ne peut en aucune façon subsister avec l’amour de Dieu et que le monde passe et sa convoitise, mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement.
C’est à quoi les jeunes gens doivent faire une attention particulière afin d’éviter les tentations auxquelles leur âge les expose.
IV. Les avertissements que St. Jean donne dans ce chapitre au sujet des faux docteurs, qui ne reconnaissent pas Jésus pour le fils de Dieu et pour le Messie, nous apprennent qu’on ne doit jamais écouter ceux qui enseignent des doctrines contraires à l’Évangile, que la foi en Jésus-Christ est d’une absolue nécessité pour le salut et que l’on n’est pas en danger de tomber dans l’erreur dès qu’on a l’onction du Saint-Esprit et que l’on suit invariablement la doctrine qui a été enseignée dès le commencement par Jésus-Christ et par les apôtres et qui est contenue dans l’Évangile. Mais St. Jean nous avertit en même temps que la foi en Jésus-Christ nous appelle à vivre saintement et justement, en sorte que quand il paraîtra, nous ayons une pleine confiance et que nous ne soyons pas confus de sa présence à sa venue.
Dans ce chapitre, St. Jean parle en I. premier lieu de l’amour que Dieu nous a témoigné en nous adoptant pour ses enfants et de la gloire qui nous est réservée. II. Il dit, en second lieu, Que l’espérance de cette gloire nous oblige à une vie pure et que le but de la venue de Jésus-Christ a été de retirer les hommes du péché et de les rendre justes et saints. III. Il parle en particulier de l’amour du prochain, il montre combien cette vertu est nécessaire, quelle en est la nature, quels en sont les effets et il dit que le plus sûr moyen d’obtenir la paix de la conscience et d’être rempli d’assurance devant Dieu est de nous aimer sincèrement les uns les autres.
1 Voyez quel amour le Père nous a témoigné, que nous soyons appelés enfants de Dieu. C’est pour cela que le monde ne nous connaît point, parce qu’il ne l’a point connu.
2 Mes bien-aimés, nous sommes dès à présent enfants de Dieu, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté ; mais nous savons que quand il paraîtra, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est.
3 Et quiconque a cette espérance en lui, se purifie soi-même, comme lui aussi est pur.
4 Quiconque pèche transgresse la loi ; car le péché est une transgression de la loi.
5 Or, vous savez que Jésus-Christ a paru pour ôter nos péchés, et qu’il n’y a point de péché en lui.
6 Quiconque demeure en lui, ne pèche point ; quiconque pèche ne l’a point vu, ni ne l’a point connu.
7 Mes petits-enfants, que personne ne vous séduise ; celui qui fait ce qui est juste, est juste comme lui aussi est juste.
8 Celui qui fait le péché, est du diable, car le diable pèche dès le commencement. Or, le Fils de Dieu a paru pour détruire les œuvres du diable.
9 Quiconque est né de Dieu, ne fait point le péché, parce que la semence de Dieu demeure en lui ; et il ne peut pécher, parce qu’il est né de Dieu.
10 C’est à ceci que l’on reconnaît les enfants de Dieu, et les enfants du diable ; quiconque ne fait pas ce qui est juste, et n’aime pas son frère, n’est point de Dieu.
11 Car c’est ici ce que vous avez ouï annoncer dès le commencement : que nous nous aimions les uns les autres.
12 Ne faisons point comme Caïn, qui était du malin, et qui tua son frère. Et pourquoi le tua-t-il ? Parce que ses œuvres étaient mauvaises, et que celles de son frère étaient justes.
13 Mes frères, ne vous étonnez point si le monde vous hait.
14 Quand nous aimons nos frères, nous connaissons par-là que nous sommes passés de la mort à la vie. Celui qui n’aime pas son frère, demeure dans la mort.
15 Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui.
16 Nous avons connu ce que c’est que la charité, en ce que Jésus-Christ a mis sa vie pour nous ; nous devons donc aussi mettre notre vie pour nos frères.
17 Or, celui qui aura des biens de ce monde, et qui, voyant son frère dans le besoin, lui fermera ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ?
18 Mes petits-enfants, n’aimons pas seulement de paroles et de la langue, mais aimons en effet et en vérité.
19 Car c’est à cela que nous connaissons que nous sommes de la vérité, et c’est par là que nous assurerons nos cœurs devant lui.
20 Que si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses.
21 Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne point, nous avons une grande confiance devant Dieu.
22 Et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui lui est agréable.
23 Et voici son commandement : que nous croyions au nom de Jésus-Christ son Fils, et que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous l’a commandé.
24 Celui qui garde ses commandements, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui ; et nous connaissons qu’il demeure en nous par l’esprit qu’il nous a donné.
REFLEXIONS
Ce chapitre, qui est l’un des plus instructifs du Nouveau Testament, nous engage :
I. À célébrer la charité infinie de Dieu notre Père qui a bien voulu nous adopter pour être ses enfants et à bien considérer les avantages de notre adoption et la gloire dont les enfants de Dieu seront couronnés à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.
II. L’Apôtre nous enseigne que ceux qui ont de si glorieuses espérances se purifient eux-mêmes. Il ajoute que le dessein pour lequel Jésus-Christ est venu au monde a été d’abolir le péché, que celui qui est un enfant de Dieu ne pèche point, c’est-à-dire qu’il ne vit pas dans l’habitude du péché et qu’il ne s’y adonne pas, mais que celui qui pèche est un enfant du diable et que c’est là la marque à laquelle on discerne les enfants de Dieu d’avec les enfants du démon. C’est ce que St. Jean déclare de la manière la plus formelle et la plus expresse, avertissant très sérieusement qu’on ne doit point s’abuser là-dessus.
III. Entre les devoirs du christianisme, St. Jean insiste particulièrement sur la charité, disant que l’amour du prochain est le vrai caractère des chrétiens, mais que ceux en qui cet amour ne se trouve point et qui ont de la haine pour leurs frères sont des meurtriers semblables à Caïn et qu’ils demeurent dans la condamnation et dans la mort.
IV St. Jean nous instruit sur la nature et sur les effets de la vraie charité, il nous avertit qu’elle ne doit pas seulement consister en paroles, mais qu’il faut qu’elle soit sincère et cordiale, qu’elle paraisse par les effets et qu’elle nous porte à assister nos frères et même, si cela était nécessaire, à donner notre vie pour eux et pour leur salut, comme Jésus-Christ a donné la sienne pour nous.
Enfin, l’apôtre nous apprend que ce sera en s’acquittant de ces devoirs que chacun de nous pourra reconnaître qu’il est dans la vérité et dans l’amour de Dieu et que c’est aussi là le moyen d’avoir la paix de la conscience et une ferme assurance d’obtenir de lui tout ce qui nous lui demanderons.
St. Jean avertit les chrétiens de ne pas croire à toutes sortes de doctrines, mais de les examiner pour savoir si elles viennent de Dieu ou non et il leur donne deux règles pour le reconnaître. L’une, que ceux qui ne confessent pas que Jésus-Christ fût venu en chair et fût le Messie doivent être rejetés comme des gens qui sont animés de l’esprit du monde et de l’erreur et non de l’esprit de vérité. L’autre, que la religion consiste dans la charité, ce que l’apôtre fait voir en représentant la grandeur de l’amour que Dieu nous a témoigné, en nous donnant son Fils, d’où il conclut que ceux qui ne sont pas animés d’un esprit de charité n’aiment pas Dieu et ne lui appartiennent point et que par conséquent ils ne doivent point être écoutés.
1 Mes bien-aimés, ne croyez pas à tout esprit, mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils viennent de Dieu ; car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde.
2 Reconnaissez l’esprit de Dieu à ceci : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu en chair, est de Dieu ;
3 mais tout esprit qui ne confesse pas Jésus-Christ venu en chair, n’est point de Dieu, et c’est là l’esprit de l’Antéchrist dont vous avez ouï dire qu’il viendra, et qui dès à présent est dans le monde.
4 Mes petits-enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus puissant que celui qui est dans le monde.
5 Ils sont du monde, c’est pourquoi ils parlent comme étant du monde, et le monde les écoute.
6 Nous sommes de Dieu ; celui qui connaît Dieu, nous écoute ; celui qui n’est point de Dieu, ne nous écoute point ; c’est par là que nous connaissons l’esprit de vérité et l’esprit d’erreur.
7 Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres ; car la charité vient de Dieu, et quiconque aime les autres, est né de Dieu et il connaît Dieu.
8 Celui qui ne les aime point, n’a point connu Dieu ; car Dieu est amour.
9 L’amour de Dieu envers nous a paru en ceci, c’est que Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde, afin que nous ayons la vie par lui.
10 C’est en ceci que consiste cet amour, que ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu les premiers, mais que c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils pour faire la propitiation de nos péchés.
11 Mes bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
12 Personne ne vit jamais Dieu ; si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est accompli en nous.
13 A ceci nous connaissons que nous demeurons en lui et qu’il demeure en nous, c’est qu’il nous a fait part de son Esprit.
14 Et nous l’avons vu, et nous rendons témoignage que le Père a envoyé son Fils pour être le Sauveur du monde.
15 Quiconque confessera que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui demeure en Dieu.
16 Et nous avons connu l’amour que Dieu a pour nous, et nous l’avons cru. Dieu est charité ; et celui qui demeure dans la charité, demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
17 C’est en cela que la charité est accomplie en nous, afin que nous ayons de la confiance au jour du jugement ; que nous soyons dans ce monde tels qu’il est lui-même.
18 Il n’y a point de crainte dans la charité, mais la parfaite charité bannit la crainte ; car la crainte est accompagnée de peine, et celui qui craint n’est pas parfait dans la charité.
19 Nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier.
20 Si quelqu’un dit : J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, il est menteur ; car celui qui n’aime point son frère qu’il voit, comment peut-il aimer Dieu qu’il ne voit pas ?
21 Et nous avons reçu ce commandement de lui : Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère.
REFLEXIONS
Les chrétiens doivent apprendre d’ici :
I. À ne pas recevoir toutes sortes de doctrines puisqu’il y a toujours eu plusieurs imposteurs dans le monde, mais à examiner les doctrines pour savoir si elles viennent de Dieu ou non. C’est là le droit de tous les fidèles et c’est aussi leur devoir ;
II. Que c’est une vérité fondamentale dans la religion de croire que Jésus est le Christ et le fils de Dieu et qu’il s’est fait homme pour nous sauver. ;
III. Que la charité est l’abrégé et l’essence de la religion et la principale marque du christianisme. C’est ce que St. Jean répète plusieurs fois et ce qu’il fonde sur ce que Dieu n’est qu’amour et sur la grande charité qu’il a fait paraître envers les hommes en envoyant son fils pour leur donner la vie. Tout cela doit nous convaincre que l’amour du prochain est un devoir tout à fait nécessaire et que ceux qui en sont destitués ne connaissent point Dieu comme il faut le connaître et ne lui appartiennent en aucune façon. C’est la déclaration que St. Jean fait à diverses fois et c’est ce que marquent surtout ces paroles :
Celui qui dit qu’il aime Dieu et qu’il hait son frère est menteur.
Cela nous montre aussi que, pour produire en nous cet amour du prochain, il faut méditer sur la nature et sur les perfections de Dieu, qui est la charité même, et sur l’amour qu’il nous a marqué en donnant son fils pour faire la propitiation de nos péchés. Puisque Dieu nous a ainsi aimé le premier, nous devons l’aimer ardemment et nous aimer les uns les autres et ce sera en nous affermissant de plus en plus dans cet amour de Dieu et du prochain que nous porterons l’image de notre père Céleste, que nous jouirons d’une grande paix et que nous pourrons avoir de l’assurance au jour du jugement et à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ.
St. Jean continue à montrer que l’on reconnaît les vrais enfants de Dieu à la pureté de la foi, à la charité et à l’obéissance qu’ils rendent à ses commandements. II. l enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi. III. St. Jean dit que ceux qui avaient cette foi étaient assurés d’obtenir de Dieu tout ce qu’ils lui demanderaient selon sa volonté et même la guérison et la vie de leurs frères, à moins que ceux pour qui l’on prierait n’eussent commis de certains péchés que Dieu voulait punir par la mort temporelle. IV. Il finit cette épître en exhortant les fidèles à se conserver purs, à demeurer fermes dans la foi et à fuir l’idolâtrie et tout ce qui aurait pu les y entraîner.
1 Quiconque croit que Jésus est le Christ, est né de Dieu ; et quiconque aime Dieu qui l’a engendré, aime aussi celui qui est né de lui.
2 Nous connaissons à ceci que nous aimons les enfants de Dieu, lorsque nous aimons Dieu, et que nous gardons ses commandements.
3 Car c’est en ceci que consiste l’amour de Dieu, que nous gardions ses commandements ; et ses commandements ne sont pas pénibles.
4 Car tout ce qui est né de Dieu, est victorieux du monde, et la victoire par laquelle le monde est vaincu, c’est notre foi.
5 Qui est celui qui est victorieux du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ?
6 C’est ce même Jésus, le Christ, qui est venu avec l’eau et avec le sang ; non-seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang ; et c’est l’Esprit qui en rend témoignage, parce que l’Esprit est la vérité.
7 Car il y en a trois qui rendent témoignage dans le ciel, le Père, la Parole, et le Saint-Esprit, et ces trois-là sont un.
8 Il y en a aussi trois qui rendent témoignage sur la terre ; savoir, l’Esprit, l’eau et le sang ; et ces trois-là se rapportent à un.
9 Si nous recevons le témoignage des hommes, le témoignage de Dieu est d’un plus grand poids ; et c’est là le témoignage que Dieu a rendu de son Fils.
10 Celui qui croit au Fils de Dieu, a le témoignage de Dieu en soi-même ; celui qui ne croit point à Dieu, le fait menteur, car il n’a pas cru au témoignage que Dieu a rendu de son Fils.
11 Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils.
12 Qui a le Fils, a la vie ; qui n’a point le Fils de Dieu, n’a point la vie.
13 Je vous ai écrit ces choses, à vous qui croyez au nom du Fils de Dieu, afin que vous sachiez que vous avez la vie éternelle, et que vous croyiez au nom du Fils de Dieu.
14 Et c’est ici la confiance que nous avons en lui, que si nous demandons quelque chose selon sa volonté, il nous exauce.
15 Et si nous savons qu’il nous exauce, quelque chose que nous lui demandions, nous le savons, parce que nous avons obtenu ce que nous lui avons demandé.
16 Si quelqu’un voit son frère pécher d’un péché qui n’aille point à la mort, qu’il prie, et Dieu donnera la vie à cette personne, savoir, à ceux qui ne commettent pas des péchés qui aillent à la mort. Il y a un péché qui va à la mort ; je ne dis pas de prier pour ce péché-là.
17 Toute iniquité est péché ; mais il y a tel péché qui ne va point à la mort.
18 Nous savons que quiconque est né de Dieu, ne pèche point ; mais celui qui est né de Dieu, se conserve soi-même, et le malin ne le touche point.
19 Nous savons que nous sommes de Dieu, et que tout le monde est plongé dans le mal.
20 Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné l’intelligence pour connaître le vrai Dieu ; et nous sommes en ce vrai Dieu par son Fils Jésus-Christ. C’est lui qui est le vrai Dieu et la vie éternelle.
21 Mes petits-enfants, gardez-vous des idoles. Amen.
REFLEXIONS
Ce chapitre, de même que les précédents, nous apprend :
I. Qu’il n’y a de vrais enfants de Dieu que ceux qui croient en son fils, qui aiment sincèrement leur prochain et qui gardent ses commandements.
II. Que l’observation des commandements de Dieu n’est point une chose difficile, ni pénible et qu’au contraire, par le moyen de l’amour de Dieu et de la foi, on peut aisément vaincre le monde et ses tentations.
III. Que puisque la divinité de l’Évangile a été confirmée d’une manière si authentique dans le Ciel et sur la terre, nous n’aurons aucune excuse si nous ne recevons pas cette doctrine comme céleste et divine et si nous n’en observons pas les devoirs.
IV. Que ceux qui font la volonté de Dieu sont assurés d’être exaucés de lui et que leurs prières ont beaucoup d’efficace, à moins qu’ils ne lui demandassent certaines grâces temporelles qu’il ne trouverait pas à propos de leur accorder. C’est là un avantage très précieux et qui doit nous inciter fortement à l’obéissance et à l’amour de Dieu.
St. Jean nous a appris que ceux qui sont des enfants de Dieu ne pèchent point, c’est-à-dire qu’ils ne pèchent pas comme les méchants et que le péché ne règne point en eux. Il ajoute que le malin n’a pas de pouvoir sur eux et que, sachant qu’ils sont de Dieu et que le reste du monde est engagé sous la puissance du malin et dans la corruption, ils se conservent purs eux-mêmes.
C’est là le devoir et le caractère des chrétiens et de tous les vrais enfants de Dieu et c’est aussi le seul moyen d’avoir une communion salutaire avec Dieu notre Père, par son fils Jésus-Christ, auxquels la gloire doit être rendue éternellement, amen.
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ARGUMENT
Il paraît, de cette épître même, que St. Pierre l’écrivit peu de temps avant sa mort, c’est-à-dire environ l’an 66 de Jésus-Christ, pour confirmer les fidèles dans la foi, dans la pureté de la doctrine et dans la pratique des bonnes œuvres et pour les munir contre les pièges de plusieurs faux docteurs qui joignaient à la profession du christianisme une vie charnelle et contre la séduction des profanes qui révoquaient en doute la seconde venue de Jésus-Christ. Cette épître, de même que la précédente, porte des caractères sensibles de divinité et elle a beaucoup de force et de majesté.
Chapitres: Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Livres du Nouveau Testament.
St. Pierre montre que Dieu, nous ayant donné tout ce qui est nécessaire pour vivre dans la piété, nous devons joindre à notre foi la pratique des vertus chrétiennes et que c’est là le seul moyen d’entrer dans le royaume de Dieu. Il représente ensuite aux fidèles qu’ils les exhortaient ainsi parce qu’il devait bientôt mourir. Enfin, il prouve la vérité de l’Évangile par la transfiguration de Jésus-Christ et par les prophéties du vieux Testament.
1 Simon Pierre, serviteur et apôtre de Jésus-Christ, à vous qui avez eu en partage avec nous une foi de même prix, par la justice de notre Dieu et de notre Sauveur Jésus-Christ.
2 La grâce et la paix vous soient multipliées par la connaissance de Dieu et de notre Seigneur Jésus.
3 Comme sa divine puissance nous a donné tout ce qui regarde la vie et la piété, par la connaissance de celui qui nous a appelés par sa gloire et par sa vertu ;
4 par lesquelles nous avons reçu les grandes et précieuses promesses, afin que par leur moyen vous soyez participants de la nature divine, en fuyant la corruption qui règne dans le monde par la convoitise ;
5 vous donc, de même, y apportant tous vos soins, ajoutez la vertu à votre foi, et à la vertu la science ;
6 et à la science la tempérance ; et à la tempérance la patience ; et à la patience la piété ;
7 et à la piété l’amour fraternel, et à l’amour fraternel la charité.
8 Car si ces choses sont en vous, et qu’elles y abondent, elles ne vous laisseront point oisifs ni stériles, dans la connaissance de notre Seigneur Jésus-Christ.
9 Mais celui en qui ces choses ne se trouvent point, est aveugle et ne voit point de loin, ayant oublié la purification de ses péchés passés.
10 C'est pourquoi, mes frères, étudiez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection ; car en faisant cela, vous ne broncherez jamais.
11 Et par ce moyen l’entrée au royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera pleinement accordée.
12 C’est pourquoi je ne négligerai pas de vous faire toujours ressouvenir de ces choses, quoique vous en soyez instruits et que vous soyez affermis dans la vérité présente.
13 Car je crois qu’il est de mon devoir, que, pendant que je suis dans cette tente, je vous réveille par mes avertissements ;
14 sachant que dans peu de temps je dois quitter cette tente, comme notre Seigneur Jésus-Christ me l’a fait connaître.
15 Mais j’aurai soin qu’après mon départ vous puissiez toujours vous ressouvenir de ces choses.
16 Car ce n’est point en suivant des fables composées avec artifice, que nous vous avons fait connaître la puissance et l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ ; mais c’est comme ayant vu sa majesté de nos propres yeux.
17 Car il reçut de Dieu le Père cet honneur et cette gloire, lorsque cette voix lui fut adressée du milieu de la gloire magnifique : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.
18 Et nous entendîmes cette voix envoyée du ciel, lorsque nous étions avec lui sur la sainte montagne.
19 Nous avons aussi la parole des prophètes, qui est très ferme, à laquelle vous faites bien de vous attacher, et qui était comme une lampe qui éclairait dans un lieu obscur jusqu’à ce que le jour commençât à luire, et que l’étoile du matin se levât dans vos cœurs ;
20 sachant premièrement ceci, que nulle prophétie de l’Ecriture n’est d’une interprétation particulière.
21 Car la prophétie n’a point été apportée autrefois par la volonté humaine ; mais les saints hommes de Dieu, étant poussés par le Saint-Esprit, ont parlé.
REFLEXIONS
L’entrée de cette épître nous enseigne que Dieu, par un effet de sa bonté et de sa puissance et par les magnifiques promesses qu’il nous fait dans l’Évangile, nous a fourni tout ce qui est nécessaire pour produire en nous la vie spirituelle et la piété et pour nous rendre participants de la nature divine. St. Pierre ne pouvait marquer plus nettement que le but pour lequel Dieu nous accorde sa grâce est de nous faire vivre dans la sainteté, qu’avec le secours de cette grâce nous pouvons nous retirer de la corruption du monde et même parvenir à une grande perfection, qu’il ne nous manque aucun secours pour cela et que si nous ne le faisons pas nous sommes inexcusables.
II. St. Pierre marque plus particulièrement quel est notre devoir à cet égard en nous exhortant à joindre à notre foi la prudence, la tempérance, la patience, la piété, l’amour fraternel et la charité et à travailler à rendre ferme par ce moyen notre vocation et notre élection et il montre l’absolue nécessité de tous ces devoirs en disant que ce n’est qu’en les pratiquant que nous pouvons nous assurer l’entrée dans le royaume de Dieu, mais que ceux qui les négligent sont des aveugles qui périront dans leurs péchés. Il suit de là que toute espèce de foi que la piété n’accompagne pas est fausse, que la vraie piété comprend l’étude et la pratique de toutes les vertus chrétiennes et qu’elles sont toutes liées entre elles et inséparables.
III. Le soin que St. Pierre avait d’avertir les chrétiens avant sa mort fait voir que ceux qui peuvent être utiles à leur prochain doivent y travailler pendant qu’ils sont en ce monde et redoubler leur zèle lorsque leur fin approche, c’est à quoi les pasteurs doivent surtout consacrer toute leur vie.
IV. Nous voyons ici que St. Pierre prouve la vérité et la divinité de la doctrine chrétienne par le témoignage que lui et ses collègues avaient rendus de ce qui était arrivé à notre Seigneur lorsqu’il fut transfiguré et par les prophéties du vieux Testament. Cela nous oblige à faire une attention sérieuse sur ces preuves, à lire et à méditer avec soin l’Évangile et les écrits des apôtres et des prophètes. À l’égard des prophéties en particulier, il faut considérer que, comme St. Pierre le dit, elles avaient autrefois de l’obscurité, mais qu’elles sont maintenant fort claires et dès là très propre à fonder et à assurer notre foi et à nous affermir dans l’obéissance à la doctrine et aux commandements de Jésus-Christ notre Sauveur.
I. L’apôtre prédit qu’il s’élèverait de faux docteurs qui introduiraient des sectes et des doctrines pernicieuses et il montre par la punition des mauvais anges, par le déluge et par la destruction de Sodome et de Gomorrhe, que ces séducteurs et ceux qui les suivraient, ne demeureraient pas impunis.
II. dépeint ensuite ces faux docteurs en disant que c’était des gens sensuels et qui parlaient mal des puissances, impurs, adonnés à l’avarice, pleins d’orgueil, vains et artificieux dans leurs paroles, séduisant les simples par de fausses promesses de liberté et il montre qu’ils entraînaient dans les derniers malheurs ceux qui les écoutaient et qui, après avoir connu la vérité, se laissaient gagner par leurs discours.
1 Mais, comme il y a eu de faux prophètes parmi le peuple d’Israël, il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront secrètement des sectes pernicieuses, et qui reniant le Seigneur qui les a rachetés, attireront sur eux-mêmes une soudaine perdition.
2 Et plusieurs suivront leurs doctrines de perdition ; et la voie de la vérité sera blasphémée à cause d’eux.
3 Et poussés par l’avarice, ils feront un trafic de vous par des paroles artificieuses ; mais la condamnation qui leur est destinée depuis longtemps, ne tarde point, et leur perdition ne sommeille point.
4 Car si Dieu n’a point épargné les anges qui avaient péché, mais les ayant précipités dans l’abîme, il les a liés avec des chaînes d’obscurité, et les a livrés pour y être gardés jusqu’au jugement ;
5 et s’il n’a point épargné l’ancien monde, et s’il a conservé Noé, lui huitième, ce prédicateur de la justice, lorsqu’il fit venir le déluge sur le monde des impies ;
6 et s’il a condamné à une totale subversion les villes de Sodome et de Gomorrhe, les réduisant en cendres, pour les faire servir d’exemple à ceux qui vivraient dans l’impiété ;
7 et s’il a délivré le juste Lot, qui était cruellement affligé de la conduite infâme de ces abominables ;
8 car ce juste-là, demeurant parmi eux, affligeait chaque jour son âme juste, à cause de ce qu’il voyait et qu’il entendait dire de leurs méchantes actions ;
9 le Seigneur saura aussi délivrer de l’épreuve ceux qui l’honorent, et réserver les injustes pour être punis au jour du jugement ;
10 et principalement ceux qui suivent les mouvements de la chair, dans des convoitises impures, qui méprisent les puissances, qui sont audacieux, attachés à leur sens, et qui ne craignent point de parler mal des dignités ;
11 au lieu que les anges, quoique plus grands en force et en puissance, ne prononcent point contre elles de sentences de malédiction devant le Seigneur.
12 Mais ceux-ci, comme des bêtes destituées de raison, qui ne suivent que la nature, et qui sont faites pour être prises et détruites, blâmant ce qu’ils n’entendent point, périront par leur propre corruption, recevant le salaire de leur iniquité.
13 Ils aiment à être tous les jours dans les délices ; ce sont des taches et des souillures parmi vous ; ils prennent plaisir à vous séduire, lorsqu’ils mangent avec vous ;
14 ils ont les yeux pleins d’adultère, et d’un péché qui ne cesse jamais, amorçant les âmes qui ne sont pas fermes, ayant le cœur exercé à l’avarice ; ce sont des enfants de malédiction,
15 qui, ayant quitté le droit chemin, se sont égarés, en suivant la voie de Balaam, fils de Bosor, qui aima le salaire d’iniquité ; mais il fut repris de son injustice ;
16 car une ânesse muette, parlant d’une voix humaine, réprima la folie de ce prophète.
17 Ce sont des fontaines sans eau, et des nuées agitées par un tourbillon ; et l’obscurité des ténèbres leur est réservée pour l’éternité.
18 Car en tenant des discours fort enflés et pleins de vanité, ils amorcent, par les convoitises de la chair et par les impudicités, les personnes qui s’étaient véritablement retirées d’avec ceux qui vivent dans l’égarement ;
19 leur promettant la liberté, quoiqu’ils soient eux-mêmes esclaves de la corruption ; car on devient esclave de celui par lequel on est vaincu.
20 Car si après être échappés des souillures du monde, par la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, ils s’y engagent de nouveau et en sont vaincus, leur dernière condition est devenue pire que la première.
21 Car il leur eût mieux valu de n’avoir point connu la voie de la justice, que de se détourner, après l’avoir connue, du saint commandement qui leur avait été donné.
22 Mais ce qu’on dit par un proverbe véritable, leur est arrivé : Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie, après avoir été lavée, s’est vautrée de nouveau dans le bourbier.
REFLEXIONS
Ce que nous devons apprendre d’ici, c’est :
I. Qu’il y a eu de tout temps et qu’il y aura toujours de faux docteurs qui tâcheront d’introduire des doctrines dangereuses et de former des sectes dans l’église. Il importait que cette prédiction fût souvent réitérée par les apôtres afin que, dans les siècles suivants, les fidèles de fussent pas surpris quand ces séducteurs paraîtraient et qu’ils travaillassent à se garantir de leurs pièges.
II. Ce chapitre nous fait voir que Dieu a donné de tout temps des marques de sa justice et principalement dans la punition des anges rebelles, dans le déluge et dans la destruction de Sodome et des villes voisines. Ces exemples nous apprennent, comme Saint Pierre le dit, que Dieu sait délivrer ceux qui l’honorent, mais qu’il réserve les méchants pour les punir au jour du jugement et qu’en particulier ceux qui vivent dans les souillures de la chair et dans l’impureté recevront la punition qu’ils méritent, c’est ce que prouve surtout la destruction du premier monde et l’embrasement de Sodome et de Gomorrhe.
III. Il faut faire une attention particulière aux caractères par lesquels l’apôtre dépeint ces faux docteurs.
Il les représente comme des gens orgueilleux, ennemis des puissances et qui étaient dans des sentiments et dans des principes d’indépendance et tendant à la sédition. Il ajoute qu’ils étaient avares, artificieux inconstants, vains dans leurs discours et surtout portés à la sensualité et aux voluptés. Cela nous montre qu’il faut éviter tous ceux en qui ces caractères se trouvent, comme des gens dangereux et qu’on doit avoir en horreur toutes les doctrines qui tendent à ces vices-là et qui flattent le dérèglement des mœurs. Par-là, on voit aussi très clairement que ce qui engage ordinairement les hommes dans l’erreur, c’est la corruption du cœur et les passions.
IV. Ceux à qui Dieu a donné sa connaissance et sa grâce doivent profiter de ce qui est dit dans ce chapitre, que, quand après avoir reçu ces avantages, on se laisse vaincre par les souillures de ce monde, on rend sa dernière condition pire que la première et qu’il vaudrait mieux n’avoir jamais connu la voie de la justice que de s’en détourner après l’avoir connue. C’est là un avertissement tout à fait nécessaire qui doit porter, même les gens de bien, à une crainte accompagnée de vigilance et de précaution et à faire de continuels efforts pour se soutenir et pour s’avancer dans le chemin de la piété.
L’apôtre prédit qu’il y aurait dans l’église des profanes qui douteraient de la seconde venue de Jésus-Christ et il les réfute en disant que, comme le monde fut autrefois détruit par les eaux du déluge, il le serait un jour par le feu et que si la venue de Jésus-Christ tardait, c’était parce que Dieu voulait donner aux hommes le temps de se repentir. II. Il fait voir que la croyance et l’attente de cette fin de toutes choses et l’espérance d’être reçus dans le monde à venir nous obligeait à une étude constante de la sainteté et de la perfection.
1 Mes bien-aimés, je vous écris maintenant cette seconde épître. Dans l’une et dans l’autre je réveille par mes avertissements les sentiments purs que vous avez ;
2 afin que vous vous souveniez des choses qui ont été prédites par les saints prophètes, et du commandement que vous avez reçu de nous, qui sommes les apôtres de notre Seigneur et Sauveur.
3 Sachez avant toutes choses, qu’aux derniers jours il viendra des moqueurs, qui se conduiront par leurs propres convoitises,
4 et qui diront : Où est la promesse de son avènement ? Car depuis que nos pères sont morts, toutes choses demeurent dans le même état où elles étaient au commencement de la création.
5 Car ils ignorent volontairement ceci : c’est que les cieux furent autrefois créés par la parole de Dieu aussi bien que la terre, qui fut tirée de l’eau, et qui subsistait parmi l’eau ;
6 et que ce fut par ces choses mêmes que le monde d’alors périt, étant submergé par les eaux du déluge ;
7 mais les cieux et la terre d’à présent sont gardés par la même parole, et réservés pour le feu, au jour du jugement et de la destruction des hommes impies.
8 Mais vous, mes bien-aimés, vous n’ignorez pas une chose, c’est qu’à l’égard du Seigneur un jour est comme mille ans, et que mille ans sont comme un jour.
9 Le Seigneur ne retarde point l’exécution de sa promesse, comme quelques-uns croient qu’il y ait du retardement ; mais il use de patience envers nous, ne voulant point qu’aucun périsse, mais voulant que tous viennent à la repentance.
10 Mais le jour du Seigneur viendra comme un larron vient durant la nuit ; et en ce jour les cieux passeront avec le bruit d’une effroyable tempête, et les éléments embrasés seront dissous, et la terre sera entièrement brûlée avec tout ce qu’elle contient.
11 Puis donc que toutes ces choses doivent se dissoudre, quels ne devez-vous pas être par une sainte conduite, et par des œuvres de piété ?
12 en attendant, et en vous hâtant pour la venue du jour de Dieu, auquel les cieux enflammés seront dissous, et les éléments embrasés se fondront.
13 Or, nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habite.
14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, en attendant ces choses, faites tous vos efforts, afin qu’il vous trouve sans tache et sans reproche dans la paix.
15 Et croyez que la longue patience de notre Seigneur est pour votre salut, comme Paul notre frère bien-aimé vous l'a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée ;
16 ainsi qu’il le fait dans toutes ses épîtres, où il parle de ces choses ; entre lesquelles il y en a de difficiles à entendre, que les ignorants et ceux qui sont mal assurés tordent, comme les autres écritures, à leur propre perdition.
17 Vous donc, mes bien-aimés, puisque vous en êtes avertis, soyez sur vos gardes, de peur qu’étant entraînés avec les autres par la séduction de ces abominables, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté.
18 Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. À lui soit gloire, et maintenant, et dans toute l’éternité. Amen.
REFLEXIONS
Ce chapitre traite premièrement de la dernière venue de Jésus-Christ et de la fin du monde et en second lieu de l’effet que cette doctrine doit produire.
Sur le premier de ces articles, nous avons à considérer ces quatre choses :
I. Que puisqu’il a été prédit qu’il y aurait aux derniers jours des profanes et des moqueurs qui nieraient les vérités les plus certaines et les plus importantes de la religion, nous ne devons pas nous étonner s’il y en a de nos jours parmi les chrétiens et qu’on doit fuir ces gens-là et les regarder comme les pires et les plus dangereux de tous les hommes,
II. Que c’est une chose très certaine que le monde doit finir et que Jésus-Christ viendra au dernier jour pour juger les hommes. C’est de quoi nous avons une preuve incontestable dans le déluge qui est un fait dont on ne saurait douter et qui est universellement reconnu,
III. Que si Dieu diffère la punition des pécheurs et le jugement, c’est par un effet de sa bonté envers les hommes et pour leur donner le temps de s’amender. Ce doit être pour nous un motif pressant à profiter du support et de la patience du Seigneur.
IV. St. Pierre nous apprend que, comme le monde fut détruit autrefois par l’eau, il sera consumé au dernier jour par le feu et la description que Saint Pierre fait ici de cet embrasement du monde nous montre quelle sera la majesté de la terreur de la dernière apparition du fils de Dieu.
Pour ce qui est de l’effet que cette doctrine doit produire, Saint Pierre nous a appris que, puisque nous savons que ce monde doit être détruit et qu’après cela il y aura de nouveaux cieux et une nouvelle terre où la justice habite, nous ne saurions nous appliquer avec trop d’ardeur à une conduite sainte et à faire des œuvres de piété, afin que ce jour-là ne nous surprenne point et que le Seigneur nous trouve sans tache et irrépréhensible.
Cette conséquence que St. Pierre tire de ce que le monde doit ainsi prendre fin doit nous faire reconnaître que, pour être animés à une vie pure et chrétienne, rien n’est plus utile que de penser continuellement à la fin de toutes choses et au jugement universel. N’oublions jamais ces instructions et puisque nous en sommes avertis, prenons garde de nous laisser entraîner par la séduction des profanes, mais croissons dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et notre Sauveur Jésus-Christ, auquel soit la gloire dès maintenant jusque dans l’éternité. Amen !
- Détails
- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
Cette Epître, et les suivantes sont appelées catholiques ou universelles parce qu’elles ont été écrites aux chrétiens en général et non à quelques personnes ou à quelques églises en particulier. Celle de St. Jacques s’adresse aux Juifs des douze tribus qui étaient dispersés en divers pays depuis longtemps et qui avaient embrassé le christianisme et elle tend à les affermir contre les persécutions et principalement contre certains faux docteurs et certains hypocrites qui faisant professions d’être chrétiens et, se vantant d’être plus éclairés que les autres, vivaient dans le péché et dans la licence. On ne sait pas bien en quel temps cette épître a été écrite.
Chapitres : Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Livres du Nouveau Testament.
L’apôtre exhorte les fidèles à se réjouir dans les afflictions et à chercher dans la prière le secours dont ils avaient besoin pour les soutenir. II. Il console les chrétiens qui étaient persécutés ou méprisés dans le monde et il exhorte les riches à l’humilité. III. Il parle contre ceux qui, succombant aux persécutions et aux autres tentations, en rejetaient la faute sur Dieu et disaient que Dieu poussait les hommes au péché et il montre que Dieu, étant parfaitement saint, ne porte les hommes qu’au bien. IV. Il condamne ceux qui se contentaient d’écouter la parole de Dieu sans pratiquer ce qu’elle ordonne et ces docteurs orgueilleux qui présumaient d’eux-mêmes et qui parlaient mal des autres. Il dit que la religion de ces gens-là était vaine et il enseigne que la vraie religion consistait dans la pratique des œuvres de charité et dans le renoncement au monde.
1 Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ, aux douze tribus qui sont dispersées, salut !
2 Mes frères, regardez comme le sujet d’une parfaite joie les diverses afflictions qui vous arrivent,
3 sachant que l’épreuve de votre foi produit la patience.
4 Mais il faut que l’ouvrage de la patience soit parfait, afin que vous soyez parfaits et accomplis, en sorte qu’il ne vous manque rien.
5 Que si quelqu’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui la donne à tous libéralement, sans rien reprocher ; et elle lui sera donnée.
6 Mais qu’il la demande avec foi, sans hésiter ; car celui qui hésite, est semblable au flot de la mer qui est agité et poussé çà et là par le vent.
7 Que cet homme-là ne s’attende pas à recevoir aucune chose du Seigneur.
8 L’homme dont le cœur est partagé, est inconstant en toutes ses voies.
9 Que le frère qui est dans la bassesse, se glorifie dans son élévation.
10 Que le riche, au contraire, s’humilie dans sa bassesse, car il passera comme la fleur de l’herbe.
11 Car, comme un soleil brûlant étant levé, l’herbe sèche, sa fleur tombe, et son éclat périt ; ainsi le riche se flétrira dans ses entreprises.
12 Heureux est l’homme qui endure la tentation ; car quand il aura été éprouvé, il recevra la couronne de vie que le Seigneur a promise à ceux qui l'aiment.
13 Que personne ne dise, lorsqu’il est tenté : C’est Dieu qui me tente ; car comme Dieu ne peut être tenté par aucun mal, aussi ne tente-t-il personne.
14 Mais chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise.
15 Et après que la convoitise a conçu, elle enfante le péché ; et le péché, étant consommé, engendre la mort.
16 Mes frères bien-aimés, ne vous abusez point ;
17 toute grâce excellente et tout don parfait vient d’en haut, et descend du Père des lumières, en qui il n’y a point de variation, ni aucune ombre de changement.
18 Il nous a engendrés de sa pure volonté par la parole de la vérité, afin que nous fussions comme les prémices de ses créatures.
19 Ainsi, mes frères bien-aimés, que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, et lent à se mettre en colère ;
20 car la colère de l’homme n’accomplit point la justice de Dieu.
21 C’est pourquoi, rejetant toute ordure et tous les excès de la malice, recevez avec douceur la parole qui est plantée au dedans de vous, et qui peut sauver vos âmes.
22 Mettez en pratique la parole, et ne vous contentez pas de l’écouter, en vous séduisant vous-mêmes par de faux raisonnements.
23 Car si quelqu’un écoute la parole, et ne la met point en pratique, il est semblable à un homme qui regarderait dans un miroir son visage naturel ;
24 et qui, après s’être regardé, s’en irait, et oublierait aussitôt quel il était.
25 Mais celui qui aura considéré avec attention la loi parfaite, qui est celle de la liberté, et qui y aura persévéré, n’étant pas un auditeur oublieux, mais pratiquant les œuvres qu'elle commande, il sera heureux dans ce qu’il aura fait.
26 Si quelqu’un parmi vous croit avoir de la religion, et qu’il ne tienne point sa langue en bride, mais qu’il séduise son cœur, la religion d’un tel homme est vaine.
27 La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père, consiste à visiter les orphelins et les veuves dans leurs afflictions, et à se préserver de la souillure du monde.
REFLEXIONS
Nous avons dans ce chapitre plusieurs belles instructions.
I. La première, que les afflictions et particulièrement celles qu’on souffre à cause de l’Évangile sont un sujet de joie pour les chrétiens, puisqu’elles servent à les éprouver, à les rendre parfaits et à leur faire obtenir la couronne de vie que Dieu a promise à ceux qui l’aiment.
II. Le seconde, que Dieu ne refuse jamais sa grâce et les dons spirituels à ceux qui les lui demandent avec foi et qu’ainsi il ne tient qu’à nous d’en être enrichis.
III. La troisième, que ceux qui sont d’une condition basse dans le monde doivent se glorifier au Seigneur pourvu qu’ils soient du nombre des vrais fidèles et que les riches doivent avoir des sentiments d’humilité.
IV. La quatrième instruction doit être bien remarquée. C’est que Dieu n’est en aucune façon l’auteur du péché et des tentations, mais que le péché vient uniquement de nous-mêmes et de notre propre volonté et que, bien loin que Dieu, soit la cause du mal que les hommes font, il est l’auteur de tout bien, puisqu’il nous a régénérés par sa parole afin de nous rendre de nouvelles créatures.
V. St. Jacques nous enseigne que ce n’est pas assez d’écouter la parole de Dieu, mais que le principal est d’observer ce qu’elle nous commande et que, pour cet effet, il faut l’écouter avec un esprit paisible, doux et docile et avec un cœur dégagé des passions.
VI. Enfin, St. Jacques déclare ici que ceux qui se croient pieux et meilleurs que les autres et qui ne tiennent pas leur langue en bride, mais qui condamnent le prochain ne sont que de faux dévots et que la solide piété et la vraie religion consiste principalement à exercer la charité envers les misérables et à se conserver pur en sorte qu’on ne soit pas souillé par la corruption de ce monde.
Ce chapitre a deux parties : I. St. Jacques reprend ceux qui avaient des égards pour les riches et qui méprisaient les pauvres dans les assemblées de l’église. Il montre que la foi en Jésus-Christ ne permettait pas de faire ces sortes de distinctions, puisque Dieu a choisi les pauvres aussi bien que les riches pour leur donner le royaume des Cieux et que la loi de l’Évangile par laquelle nous devons être jugés est la loi de la charité et de la liberté. II. Dans la seconde partie, St. Jacques réfute ceux qui croyaient qu’on pouvait être justifié par la foi en Jésus-Christ sans les bonnes œuvres et il fait voir par la nature même de la foi et par les exemples d’Abraham et de Rahab que la foi qui n’est pas accompagnée de bonnes œuvres est une foi fausse par laquelle on ne peut point obtenir le salut.
1 Mes frères, que la foi que vous avez en notre Seigneur Jésus-Christ glorifié, soit exempte de toute acception de personnes.
2 Car s’il entre dans votre assemblée un homme qui ait un anneau d’or et un habit magnifique, et qu’il y entre aussi un pauvre avec un méchant habit ;
3 et qu’ayant égard à celui qui porte l’habit magnifique, vous lui disiez : Toi, assieds-toi ici honorablement ; et que vous disiez au pauvre : Toi, tiens-toi là debout, ou assieds-toi ici sur mon marchepied ;
4 ne faites-vous pas en vous-mêmes de la différence entre l’un et l’autre, et n’avez-vous pas de mauvaises pensées dans les jugements que vous faites ?
5 Ecoutez, mes chers frères ; Dieu n’a-t-il pas choisi les pauvres de ce monde qui sont riches en la foi et héritiers du royaume qu’il a promis à ceux qui l’aiment ?
6 Et vous, au contraire, vous méprisez les pauvres. Ne sont-ce pas les riches qui vous oppriment et qui vous tirent devant les tribunaux ?
7 Ne sont-ce pas eux qui blasphèment le beau nom qui a été invoqué sur vous ?
8 Si vous accomplissez la loi royale, selon l’Ecriture, qui dit : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, vous faites bien.
9 Mais si vous avez égard à l’apparence des personnes, vous commettez un péché, et vous êtes condamnés par la loi comme des transgresseurs.
10 Car, quiconque aura observé toute la loi, s’il vient à pécher dans un seul commandement, il est coupable comme s’il les avait tous violés.
11 Car, celui qui a dit : Tu ne commettras point adultère, a dit aussi : Tu ne tueras point. Si donc tu ne commets pas adultère, mais que tu tues, tu es transgresseur de la loi.
12 Parlez et agissez comme devant être jugés par la loi de la liberté.
13 Car il y aura une condamnation sans miséricorde sur celui qui n’aura point usé de miséricorde ; mais la miséricorde s’élève par-dessus la condamnation.
14 Mes frères, que servira-t-il à un homme de dire qu’il a la foi, s’il n’a point les œuvres ? Cette foi le pourra-t-elle sauver ?
15 Et si un frère ou une sœur sont nus, et qu’ils manquent de la nourriture qui leur est nécessaire chaque jour ;
16 et que quelqu’un d’entre vous leur dise : Allez en paix, chauffez-vous et vous rassasiez, et que vous ne leur donniez point ce qui leur est nécessaire pour le corps, à quoi cela servira-t-il ?
17 De même aussi la foi, si elle n’a pas les œuvres, elle est morte en elle-même.
18 Quelqu’un dira : Tu as la foi, et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans tes œuvres, et moi, je te montrerai ma foi par mes œuvres.
19 Tu crois qu’il y a un seul Dieu ; tu fais bien ; les démons le croient aussi et ils en tremblent.
20 Mais, ô homme vain, veux-tu savoir que la foi qui est sans les œuvres est morte ?
21 Abraham notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres lorsqu’il offrit Isaac son fils sur un autel ?
22 Ne vois-tu pas que la foi agissait avec ses œuvres, et que par ses œuvres sa foi fut rendue parfaite ?
23 Et qu’ainsi ce que dit l’Ecriture, s’accomplit : Abraham a cru en Dieu, et cela lui a été imputé à justice, et il a été appelé ami de Dieu.
24 Vous voyez donc que l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement.
25 De même aussi Rahab l’hôtelière, ne fut-elle pas justifiée par les œuvres, lorsqu’elle reçut les messagers, et qu’elle les renvoya par un autre chemin ?
26 Car comme un corps sans âme est mort, de même, la foi sans les œuvres est morte.
REFLEXIONS
La première partie de ce chapitre nous apprend :
I. Que les chrétiens doivent faire paraître qu’ils se regardent les uns les autres comme frères, surtout dans les assemblées de l’église et qu’en général on ne doit pas estimer les riches à cause de leurs richesses, ni mépriser les pauvres à cause de leur pauvreté, puisque la foi et la piété peuvent se rencontrer dans les pauvres tout de même que dans les riches et dans les grands du monde et que Dieu a aussi choisi les pauvres qui sont riches en foi pour les rendre héritiers de son royaume. Cela apprend aussi aux riches qu’ils ne doivent pas avoir des sentiments d’orgueil, ni mépriser ou opprimer les petits.
II. St. Jacques nous enseigne que la loi de Jésus-Christ est la loi de la charité, de l’humilité et de la vraie liberté et que c’est par cette loi que Dieu nous jugera.
III. Que celui qui a violé la loi de Dieu dans un seul commandement est aussi bien coupable que s’il l’avait violée dans les autres, puisque tous les commandements de cette loi viennent de Dieu et qu’on ne peut en transgresser volontairement aucun sans mépriser l’autorité et la majesté du Législateur. Cela nous montre que la vraie piété consiste dans la pratique de tous nos devoirs et qu’il suffit de s’adonner à un seul péché et d’entretenir en nous une seule mauvaise habitude pour être exclus du salut.
Il importe après cela de bien remarquer ce que St. Jacques enseigne sur la justification dans la seconde partie de ce chapitre et avec quelle force il réfute la doctrine impie de ceux qui disaient qu’on était justifié par la foi sans les bonnes œuvres. Cet Apôtre montre que la vraie foi est nécessairement accompagnée des bonnes œuvres, ce qui est aussi la doctrine de St. Paul sur cette matière et que la foi qui ne produit pas les œuvres est fausse et morte. C’est ce qu’il confirme par l’exemple d’Abraham qui prouva la sincérité de sa foi en obéissant à Dieu lorsqu’il offrit son fils Isaac et par l’exemple de Rahab qui fit voir en recevant les espions que Josué avait envoyés à Jérico qu’elle était persuadée que Dieu donnerait le pays de Canaan aux enfants d’Israël.
D’où nous devons recueillir que ceux qui négligent les bonnes œuvres et qui ne font pas voir par une vie sainte et par l’obéissance aux commandements de Dieu qu’ils ont la foi en sont destitués et qu’ils ne sauraient en aucune façon être justifiés, ni avoir part au salut.
Dans ce chapitre, St. Jacques défend aux chrétiens, de s’ériger en docteurs et en maîtres par-dessus les autres, de les condamner et d’en parler mal et il représente combien la langue peut causer de maux et de désordres, Il dit ensuite que la douceur, le support et l’amour de la paix sont la marque à laquelle on discerne les vrais chrétiens et c’est par là qu’il montre la différence qu’il y a entre la vraie et la fausse sagesse. Il faut savoir que ce que St. Jacques dit ici regarde certains docteurs qui se croyaient plus éclairés et plus parfaits que les autres et qui, poussé par l’envie de dominer, condamnaient avec beaucoup d’orgueil et de rigueur ceux qui n’étaient pas dans leurs sentiments et troublaient par ce moyen la paix de l’église.
1 Mes frères, qu’il n’y ait pas plusieurs maîtres parmi vous, sachant que nous en recevrons une plus grande condamnation.
2 Car nous bronchons tous en plusieurs choses. Si quelqu’un ne bronche point en paroles, c’est un homme parfait, et il peut tenir tout son corps en bride.
3 Nous mettons, comme vous savez, des mors dans la bouche des chevaux, afin qu’ils nous obéissent, et par là, nous menons çà et là tout leur corps.
4 Voyez aussi les navires ; quelque grands qu’ils soient, et quoique poussés par des vents violents, ils sont menés de côté et d’autre avec un petit gouvernail, selon la volonté de celui qui les gouverne.
5 Ainsi la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses. Considérez combien de bois un petit feu peut allumer.
6 La langue est aussi un feu, un monde d’iniquité ; la langue est posée entre nos membres d’une manière qu’elle souille tout le corps ; elle enflamme tout le cours de notre vie, et elle est enflammée du feu de la géhenne.
7 Toutes sortes de bêtes sauvages, d’oiseaux, de reptiles et de poissons de mer se domptent et ont été domptés par la nature humaine ;
8 Mais aucun homme ne peut dompter la langue : c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel.
9 Par elle nous bénissons Dieu notre Père, et par elle nous maudissons les hommes qui sont faits à l’image de Dieu.
10 D’une même bouche sort la bénédiction et la malédiction. Il ne faut point, mes frères, que cela soit ainsi.
11 Une fontaine jette-t-elle, par une même ouverture, de l’eau douce et de l’eau amère ?
12 Mes frères, un figuier peut-il porter des olives ; ou une vigne des figues ? Ainsi aucune fontaine ne peut jeter de l’eau salée et de l’eau douce.
13 Y a-t-il parmi vous quelque homme sage et intelligent ? Qu’il montre par une bonne conduite et par ses œuvres, une sagesse pleine de douceur.
14 Mais si vous avez un zèle amer et un esprit de contention dans vos cœurs, ne vous glorifiez point et ne mentez point contre la vérité.
15 Car ce n’est point-là la sagesse qui vient d’en haut, mais elle est terrestre, sensuelle et diabolique.
16 Car partout où il y a ce zèle amer et cet esprit de contention, il y a du trouble, et toutes sortes de mauvaises actions.
17 Mais pour la sagesse qui vient d’en haut, premièrement elle est pure, puis paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits ; elle n’est point difficultueuse, ni dissimulée.
18 Or, le fruit de la justice se sème dans la paix, pour ceux qui s’adonnent à la paix.
REFLEXIONS
Ce chapitre traite premièrement des péchés où l’on peut tomber par la langue et l’on doit faire une grande attention à ce qui y est dit sur ce sujet.
St. Jacques nous y apprend que la langue peut causer des maux sans nombre et auxquels il n’y a souvent point de remède, que, par les discours, on peut pécher en une infinité de manières contre Dieu et contre le prochain, ruiner l’édification de l’église et allumer le feu de la division et de la discorde. Cela nous oblige à régler nos paroles par la crainte de Dieu et par la sagesse, à parler peu, à fuir surtout la médisance et à nous abstenir de tous les discours contraires à la charité et à l’humilité. Ce devoir est des plus importants et St. Jacques le montre lorsqu’il dit que l’une des plus sûres marques de la vraie piété est de savoir régler sa langue.
En second lieu, cet Apôtre nous donne dans ce chapitre un autre caractère auquel on reconnaît les personnes qui ont une piété solide et qui sont véritablement sages, c’est la douceur, la paix et une grande modération dans leurs discours et dans toute leur conduite. Il déclare, dans les termes les plus forts, que ceux qui pensent avoir des connaissances plus sublimes que les autres et une piété plus parfaite, mais qui sont indiscrets, hautains dans leurs paroles, aigres et pleins d’envie et d’orgueil, qui médisent du prochain et qui causent du trouble ne sont que des hypocrites.
Il ajoute que partout où il y a de l’envie et de l’irritation, il y a toute sorte de mal et qu’on n’y doit rien chercher de bon.
Enfin, il dit : que la vraie sagesse qui vient du Ciel est pure, paisible, modérée, pleine de miséricorde et de bons fruits, sincère et sans hypocrisie.
Tous ceux donc qui prétendent être véritablement sages doivent s’étudier à acquérir cette divine sagesse dont la charité est le principe et à revêtir un esprit de douceur, de modération, de sincérité et de paix. C’est par là qu’ils éprouveront, en ce monde et dans l’autre, la vérité de ce que St. Jacques dit dans les dernières paroles de ce chapitre : que le fruit de la justice est semé dans la paix pour tous ceux qui s’adonnent à la paix.
St. Jacques, après avoir parlé des maux que la langue et l’esprit d’aigreur et de dissension peuvent causer, montre, dans ce chapitre, que tous ces désordres venaient des passions de la chair et en particulier de l’amour des voluptés, de l’orgueil, du désir de s’élever les uns par-dessus les autres, de l’amour du monde et de l’esprit d’envie et de jalousie. Il exhorte ceux en qui ces passions régnaient à s’humilier et à se rapprocher de Dieu par la conversion et il défend en particulier la médisance et les jugements téméraires. Enfin, il condamne ceux qui forment des entreprises, sans penser à la vanité de la vie et sans considérer qu’ils dépendent de la providence de Dieu.
1 D’où viennent parmi vous les dissensions et les querelles ? N’est-ce pas de ceci, savoir, de vos désirs déréglés, qui combattent dans vos membres ?
2 Vous désirez, et vous n’obtenez pas ce que vous souhaitez ; vous êtes envieux et jaloux, et vous ne pouvez rien obtenir ; vous avez des querelles, et vous vous faites la guerre, et vous n’avez pas ce que vous recherchez, parce que vous ne demandez pas.
3 Vous demandez, et vous ne recevez point, parce que vous demandez mal, et dans la vue de fournir à vos voluptés.
4 Hommes et femmes adultères, ne savez-vous pas que l’amour du monde est une inimitié contre Dieu ? Qui voudra donc être ami du monde, se rend ennemi de Dieu.
5 Pensez-vous que l’Ecriture parle en vain ? L’Esprit qui habite en nous porte-t-il à l’envie ?
6 Au contraire, il accorde plus de grâces. C’est pourquoi, l’Ecriture dit : Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles.
7 Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable, et il s’enfuira de vous.
8 Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Pécheurs, nettoyez vos mains ; et vous qui avez le cœur partagé, purifiez vos cœurs ;
9 Sentez vos misères, et soyez dans le deuil, et pleurez ; que votre ris se change en pleurs, et votre joie en tristesse.
10 Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera.
11 Mes frères, ne médisez point les uns des autres. Celui qui médit de son frère, et qui condamne son frère, médit de la loi, et condamne la loi. Or, si tu juges la loi, tu n’es point observateur de la loi, mais tu t’en rends le juge.
12 Il y a un seul législateur, qui peut sauver et détruire. Toi, qui es-tu, qui juges les autres ?
13 Je m’adresse maintenant à vous qui dites : Nous irons aujourd’hui ou demain en une telle ville, et nous y passerons une année, nous y trafiquerons et nous y gagnerons.
14 Vous ne savez pourtant pas ce qui arrivera le lendemain, car qu’est-ce que votre vie ? Ce n’est qu’une vapeur qui paraît pour peu de temps, et qui s’évanouit ensuite.
15 Au lieu que vous devriez dire : Si le Seigneur le veut, et si nous sommes en vie, nous ferons telle ou telle chose.
16 Mais, au contraire, vous vous glorifiez dans vos pensées orgueilleuses. Toute vanterie de cette sorte est mauvaise.
17 Celui-là donc pèche, qui sait faire le bien et qui ne le fait pas.
REFLEXIONS
St. Jacques nous apprend ici :
I. Que les passions et surtout l’amour des plaisirs, et l’envie sont la principale cause des maux que les hommes se font les uns aux autres et des divisions qu’il y a dans l’église. C’est pourquoi il faut garantir son cœur de ces passions et en particulier de l’amour du monde qui en est la cause et de l’orgueil, nous souvenant : que ce n’est pas en vain que l’Écriture dit que si quelqu’un veut aimer le monde, il se rend ennemi de Dieu et que Dieu résiste aux orgueilleux, mais qu’il fait grâce aux humbles.
II. Nous voyons dans ce chapitre que quand, on s’est éloigné de Dieu par les passions et par l’amour du monde, il faut se rapprocher de lui par la repentance, sentir ses misères, pleurer ses fautes, résister aux tentations, renoncer aux choses du monde et purifier son cœur et toute sa conduite, moyennant quoi Dieu se rapprochera de nous.
III. L’apôtre nous enseigne que la médisance est un très grand péché, ce qu’il prouve par cette considération particulière que celui qui parle mal de son frère, qui le juge et qui le condamne fait ce qui n’appartient qu’à Dieu.
IV. St. Jacques nous avertit de nous souvenir dans tous nos desseins, et en particulier dans ceux qui ont l’intérêt et le gain pour but, que notre vie est courte et incertaine, qu’elle n’est que comme une vapeur qui s’évanouit, qu’ainsi c’est une grande folie de faire des projets pour l’avenir en comptant sur la vie et sur notre propre industrie, mais qu’en toutes choses nous devons nous remettre à la providence de Dieu.
V. Il faut apprendre d’ici qu’il ne suffit pas de connaître notre devoir, mais qu’il faut faire un bon usage de nos lumières et des moyens que nous avons de faire le bien, à moins de quoi nous n’en serons que plus coupables devant Dieu, c’est l’instruction importante que renferment ces paroles : Il y a du péché à celui qui sait faire le bien et qui ne le fait pas.
L’apôtre ayant parlé sur la fin du chapitre précédent de ceux qui travaillent à amasser du bien, sans penser qu’ils dépendent de la providence, dénonce les jugements de Dieu aux riches avares, à ceux qui vivent dans les délices et à ceux qui oppriment les petits. Il s’adresse ensuite aux chrétiens affligés et il les exhorte à attendre patiemment la venue du Seigneur, à ne se plaindre pas trop amèrement de ceux qui leur font du mal et à éviter tout ce qui pouvait marquer l’impatience et en particulier les jurements. Il marque enfin le devoir de ceux qui sont dans la souffrance, il ordonne aux malades d’appeler les pasteurs de l’église et il leur promet qu’ils seraient guéris après que les pasteurs auraient priés pour eux et qu’ils les auraient oints d’huile. Cette onction était une cérémonie qui se pratiquait en ces temps-là et par le moyen de laquelle Dieu opérait des guérisons miraculeuses. St. Jaques parle aussi de la confession des péchés, de l’efficace de la prière et des fruits de la correction fraternelle.
1 Vous, riches, je viens maintenant à vous ; pleurez et jetez des cris, à cause des malheurs qui vont tomber sur vous.
2 Vos richesses sont pourries, et les vers ont mangé vos habits.
3 Votre or et votre argent se sont rouillés, et leur rouille s’élèvera en témoignage contre vous, et dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé un trésor pour les derniers jours.
4 Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie contre vous ; et les cris de ces moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées.
5 Vous avez vécu dans les voluptés et dans les délices sur la terre, et vous vous êtes rassasiés comme en un jour de sacrifice.
6 Vous avez condamné et mis à mort le juste, qui ne vous résistait point.
7 Mais vous, mes frères, attendez patiemment jusqu’à l’avènement du Seigneur. Vous voyez que le laboureur attend le précieux fruit de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il reçoive du ciel la pluie de la première et de la dernière saison.
8 Vous donc de même attendez patiemment, et affermissez vos cœurs ; car l’avènement du Seigneur est proche.
9 Mes frères, ne vous plaignez point les uns des autres, de peur que vous ne soyez condamnés. Voilà, le juge est à la porte.
10 Mes frères, prenez pour exemple de patience dans les afflictions les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
11 Vous savez que nous regardons comme heureux ceux qui ont souffert constamment ; vous avez ouï parler de la patience de Job, et vous avez vu la fin que le Seigneur lui accorda ; car le Seigneur est plein de miséricorde et de compassion.
12 Sur toutes choses, mes frères, ne jurez point, ni par le ciel, ni par la terre, ni par quelque autre serment ; mais que votre oui soit oui, et votre non, non, de peur que vous ne tombiez dans la condamnation.
13 Quelqu’un parmi vous souffre-t-il ; qu’il prie. Quelqu’un est-il dans la joie ; qu’il chante des cantiques.
14 Quelqu’un est-il malade parmi vous ; qu’il appelle les pasteurs de l’Eglise, et qu’ils prient pour lui, et l’oignent d’huile au nom du Seigneur.
15 Et la prière faite avec foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera ; et s’il a commis des péchés, ils lui seront pardonnés.
16 Confessez vos fautes les uns aux autres, et priez les uns pour les autres, afin que vous soyez guéris ; car la prière du juste, faite avec zèle, a une grande efficace.
17 Elie était un homme sujet aux mêmes affections que nous ; et néanmoins il demanda par ses prières qu’il ne plût point ; et il ne plut point sur la terre pendant trois ans et demi.
18 Et il pria de nouveau, et le ciel donna de la pluie, et la terre produisit son fruit.
19 Mes frères, si quelqu’un d’entre vous s’écarte de la vérité, et que quelqu’un le redresse ;
20 qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de son égarement, sauvera une âme de la mort, et couvrira une multitude de péchés.
REFLEXIONS
Ce qui est dit dans ce chapitre doit servir d’avertissement
I. Premièrement aux riches, puisque St. Jacques menace de la malédiction divine les riches avares, les riches injustes et les riches qui se servent de leurs biens pour vivre dans le faste et dans les délices. Les personnes à qui Dieu a donné du bien doivent éviter soigneusement l’avarice, l’injustice et les voluptés et considérer pour cet effet la vanité des richesses, les tentations où elles exposent les hommes et les malheurs terribles où tombent ceux qui y mettent leur cœur ou qui en abusent.
II. L’apôtre exhorte les justes affligés, tels qu’étaient alors la plupart des chrétiens, à souffrir leurs maux sans se plaindre, sans murmurer et sans s’aigrir contre personne et attendre patiemment que le Seigneur vienne les délivrer et il leur apprend que pour se former à la patience, il est très utile de méditer sur les souffrances des Saints et sur l’heureuse issue que Dieu leur en a accordée.
III. On voit ici que tous les jurements vains et téméraires, quels qu’ils soient, sont absolument défendus aux chrétiens, de même que toutes les paroles d’aigreur et d’impatience.
IV. Que ceux qui sont affligés doivent chercher leur consolation dans la prière, qu’en particulier les malades doivent appeler leurs pasteurs pour prier avec eux et que la confession des péchés et les prières, lorsqu’elles sont faites avec zèle, avec foi et dans un esprit de charité, ont beaucoup d’efficace devant Dieu.
V. Les dernières paroles de cette épître nous enseignent que les corrections et les remontrances que l’on adresse aux pécheurs qui s’égarent sont d’une très grande utilité, tant pour ceux que l’on avertit, que pour ceux qui donnent ces avertissements, puisque par là on retire une âme de la mort et que l’on obtient même de Dieu la rémission de ses propres péchés.
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- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
L’Apôtre Saint Pierre écrivit cette épître aux chrétiens qui demeuraient dans les provinces de l’Asie mineure et qui étaient la plupart des Juifs dispersés. Elle tend à les affermir dans la foi et dans la sainteté. On y trouve plusieurs instructions très importantes. Elle est pleine de force et de gravité et c’est l’un des plus excellents livres du Nouveau Testament.
Chapitres Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Livres du Nouveau Testament.
St. Pierre loue Dieu de ce qu’il avait appelé les chrétiens au salut par Jésus-Christ et de ce qu’il leur avait donné une espérance qui les soutenait et qui les remplissait même de joie au milieu des afflictions et des persécutions. Il leur représente combien ils étaient heureux de connaître Jésus-Christ et de voir dans l’Évangile l’accomplissement des oracles des prophètes. Et il les exhorte par divers motifs à la sainteté et à une vie digne de leur vocation.
1 Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux élus qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie ;
2 qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père, pour être sanctifiés par l’Esprit, pour obéir à Jésus-Christ, et pour avoir part à l’aspersion de son sang. Que la grâce et la paix vous soient multipliées !
3 Béni soit le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a fait renaître, en nous donnant, par la résurrection de Jésus-Christ, une espérance vive,
4 de posséder l’héritage qui ne se peut corrompre, ni souiller, ni flétrir, et qui est réservé dans les cieux pour nous,
5 qui sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour obtenir le salut qui est prêt à être manifesté dans les derniers temps.
6 C’est en quoi vous vous réjouissez, quoique maintenant vous soyez attristés par diverses épreuves, vu que cela est convenable ;
7 afin que l’épreuve de votre foi, qui est beaucoup plus précieuse que l’or périssable, et qui toutefois est éprouvé par le feu, vous tourne à louange, à honneur et à gloire, lorsque Jésus-Christ paraîtra ;
8 lequel vous aimez, quoique vous ne l’ayez pas vu ; en qui vous croyez, quoique vous ne le voyiez pas encore, et en croyant, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse ;
9 remportant le prix de votre foi qui est le salut des âmes.
10 C’est ce salut qui a été l’objet de l’exacte recherche et de la profonde méditation des prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui vous était destinée ;
11 tâchant de découvrir, pour quel temps et pour quelles conjonctures l'Esprit de Christ qui était en eux, et qui rendait témoignage à l’avance, leur faisait connaître les souffrances de Christ et la gloire dont elles seraient suivies.
12 Mais il leur a été révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour nous, qu’ils étaient dispensateurs de ces choses, que ceux qui vous ont prêché l’évangile, par le Saint-Esprit envoyé du ciel, vous ont maintenant annoncées, et dans lesquelles les anges désirent de voir jusqu’au fond.
13 Vous donc, ayant ceint les reins de votre esprit, et étant sobres, attendez avec une parfaite espérance la grâce qui vous est présentée pour le temps de la manifestation de Jésus-Christ ;
14 comme des enfants obéissants, ne vous conformant point aux convoitises que vous aviez autrefois dans le temps de votre ignorance.
15 Mais comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi de même soyez saints dans toute votre conduite.
16 Selon qu’il est écrit : Soyez saints, car je suis saint.
17 Et si vous invoquez comme votre Père celui qui, sans avoir acception de personnes, juge selon les œuvres de chacun, conduisez-vous avec crainte durant le temps de votre séjour sur la terre ;
18 sachant que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez apprise de vos pères, non par des choses périssables, comme l’argent ou l’or ;
19 mais par le précieux sang de Christ, comme de l’Agneau sans défaut et sans tache,
20 déjà destiné avant la création du monde, et manifesté dans les derniers temps pour vous ;
21 qui par lui croyez en Dieu, qui l’a ressuscité des morts, et l’a glorifié, afin que votre foi et votre espérance fussent en Dieu.
22 Ayant donc purifié vos âmes en obéissant à la vérité, par l’Esprit, pour avoir un amour fraternel et sans hypocrisie, aimez-vous les uns les autres d’un cœur pur, avec une grande affection ;
23 étant régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole de Dieu, qui vit et qui demeure éternellement.
24 Car toute chair est comme l’herbe, et toute la gloire de l’homme comme la fleur de l’herbe ; l’herbe sèche, et sa fleur tombe ;
25 mais la parole du Seigneur demeure éternellement ; et c’est cette parole qui vous a été annoncée par l’évangile.
REFLEXIONS
La lecture de ce chapitre nous engage à trois devoirs principaux.
I. À rendre à Dieu d’ardentes et continuelles actions de grâce de ce qu’il nous a élus pour le salut et de ce qu’il nous a donné, par la résurrection de Jésus-Christ, une si ferme et si glorieuse espérance de l’immortalité ;
II. Nous devons bien considérer le bonheur que nous avons de connaître ces mystères qui étaient le sujet des oracles et de l’attente des prophètes et qui sont encore celui de la méditation et de l’admiration des anges, Dieu nous ayant fait voir dans l’Évangile l’accomplissement des promesses que les prophètes avaient faites touchant la venue du Messie et la rédemption des hommes.
III. Le troisième devoir est de nous souvenir que tous ces glorieux avantages nous obligent à une vie pure et sainte. C’est à quoi St. Pierre nous exhorte en nous représentant :
I. Que Dieu nous a tiré de l’ignorance et de la corruption où les hommes étaient lorsqu’ils ne connaissaient pas Jésus-Christ,
II. Que, comme Dieu qui nous a appelé est saint, nous devons aussi être saints dans toute notre conduite,
IV. Que ce Dieu, que nous invoquons comme notre Père, est aussi notre juge et qu’il nous rendra à tous selon nos œuvres,
I. Que nous avons été rachetés et consacrés à Dieu par le précieux sang de Jésus-Christ
II. Et, enfin, que nous avons reçu une nouvelle naissance par la prédication de l’Évangile qui est la parole du Dieu vivant et qui demeure éternellement.
Ce sont là de puissants motifs à une conduite sainte et chrétienne. Nous devons nous les proposer continuellement et prier Dieu qu’il les rende efficace dans nos cœurs par la vertu du Saint-Esprit.
St. Pierre exhorte les chrétiens à vivre dans l’innocence, à croître dans la connaissance et dans la grâce de Jésus-Christ et à s’attacher de plus en plus à lui par la foi et par l’imitation de sa vie, en sorte, qu’étant unis à leur Sauveur et entre eux par la charité, ils composent tous ensemble une même église qui soit comme un temple consacré au Seigneur. Et pour les engager à cela, il leur met devant les yeux d’un côté, le malheur des incrédules qui rejetaient Jésus-Christ et de l’autre, la grâce que Dieu leur avait faite de les choisir pour être son peuple et des personnes consacrées à son service et à sa gloire.
Il les exhorte après cela à renoncer aux désirs de la chair, à édifier les païens par une bonne conduite, à être soumis aux rois et aux magistrats, à aimer et à honorer tout le monde. Il recommande aux esclaves chrétiens qui servaient des maîtres païens de s’assujettir à eux et de supporter patiemment ce que leur état avait de fâcheux et de rude et, à cette occasion, il parle de l’obligation où sont les chrétiens d’imiter la patience de Jésus-Christ.
1 Ayant donc renoncé à toute sorte de malice, de fraude, de dissimulation, d’envie et de médisance ;
2 désirez avec ardeur, comme des enfants nouvellement nés, le lait spirituel et pur, afin que vous croissiez par son moyen ;
3 puisque vous avez déjà goûté combien le Seigneur est doux.
4 En vous approchant de lui, comme de la pierre vive qui a été rejetée par les hommes, mais que Dieu a choisie, et qui lui est précieuse ;
5 vous aussi, comme des pierres vives, vous entrez dans la structure de l’édifice, pour être une maison spirituelle, et de saints sacrificateurs, pour offrir des sacrifices spirituels et agréables à Dieu, par Jésus-Christ.
6 C’est pourquoi il est dit dans l’Ecriture : Voici, je mets en Sion la principale pierre de l’angle, choisie et précieuse ; et qui croira en elle, ne sera point confus.
7 Vous en recevrez donc de l’honneur, vous qui croyez ; mais pour les incrédules, la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la principale pierre de l’angle, et une pierre d’achoppement et une pierre de chute ;
8 lesquels heurtent contre la parole, et sont rebelles, à quoi aussi ils ont été destinés.
9 Mais vous êtes la race élue, vous êtes sacrificateurs et rois, la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ;
10 vous qui autrefois n’étiez point son peuple, mais qui êtes maintenant le peuple de Dieu ; vous qui autrefois n’aviez point obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde.
11 Mes bien-aimés, je vous exhorte, comme des étrangers et des voyageurs, de vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme ;
12 ayant une conduite honnête parmi les Gentils, afin qu’au lieu qu’ils parlent mal de vous, comme si vous étiez des malfaiteurs, ils glorifient Dieu au jour qu’il les visitera, à cause de vos bonnes œuvres qu’ils auront vues.
13 Soyez donc soumis à tout ordre humain, pour l’amour du Seigneur, soit au roi, comme à celui qui est au-dessus des autres ;
14 soit aux gouverneurs, comme à ceux qui sont envoyés de sa part, pour punir ceux qui font mal, et pour honorer ceux qui font bien.
15 Car telle est la volonté de Dieu, qu’en faisant bien vous fermiez la bouche aux hommes ignorants et dépourvus de sens.
16 Conduisez-vous comme étant libres, non en faisant servir votre liberté de prétexte pour mal faire ; mais comme des serviteurs de Dieu.
17 Rendez l’honneur à tout le monde ; aimez tous vos frères ; craignez Dieu ; honorez le roi.
18 Vous, serviteurs, soyez soumis à vos maîtres avec toute sorte de crainte, non-seulement à ceux qui sont bons et équitables, mais aussi à ceux qui sont fâcheux.
19 Car cela est agréable à Dieu, lorsque quelqu’un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement.
20 Autrement, quelle gloire serait-ce pour vous, si étant battus pour avoir mal fait, vous l’enduriez ? Mais si, en faisant bien, vous êtes maltraités, et que vous le souffriez patiemment, c’est à cela que Dieu prend plaisir.
21 C’est aussi à quoi vous êtes appelés, puisque Christ lui-même a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ;
22 lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est trouvé aucune fraude ;
23 qui, lorsqu’on lui disait des outrages, n’en rendait point, et qui, lorsqu’on le maltraitait, ne faisait point de menaces, mais se remettait à celui qui juge justement ;
24 qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à la justice, et par les meurtrissures de qui vous avez été guéris.
25 Car vous étiez comme des brebis errantes, mais vous êtes maintenant retournés au Pasteur et à l’Evêque de vos âmes.
REFLEXIONS
Nous devons remarquer dans ce chapitre :
I. Que le caractère des vrais enfants de Dieu est l’innocence, la douceur, la simplicité, la sincérité, un grand éloignement pour la malice et pour l’hypocrisie et un désir continuel de s’avancer dans la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ.
II. Nous avons ici une belle description de la vocation des chrétiens. St. Pierre dit que les fidèles sont comme autant de pierres vivantes qui composent une maison sainte où l’on offre des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ et que l’église est une assemblée de rois, de sacrificateurs, de personnes élues et un peuple que Dieu s’est acquis.
Cela nous engage à bien considérer la glorieuse condition où Dieu nous a élevés et la grande grâce qu’il nous a faite de nous choisir pour être son peuple, nous qui étions autrefois de misérables païens. Et ces titres augustes que l’Apôtre nous donne doivent nous inspirer des sentiments dignes d’une vocation aussi sainte que la nôtre et de personnes que Dieu a séparées du monde et qu’il a consacrées à son service et à sa gloire.
Les devoirs que cette vocation nous imposent sont, comme St. Pierre le représente avec tant de force et de douceur,
D’annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière,
De nous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme, nous souvenant que nous sommes ici-bas des étrangers et des voyageurs,
D’édifier tous les hommes par une conduite sage et innocente,
De craindre Dieu,
D’honorer tous nos supérieurs et
De rendre à tous les hommes ce qui leur est dû. Enfin, l’un des principaux devoirs des chrétiens est de souffrir patiemment tous les maux qu’on pourrait leur faire et de se proposer toujours l’exemple de Jésus-Christ qui n’avait commis aucun péché et qui cependant a souffert avec une patience si admirable, nous laissant en cela un exemple et un patron afin que nous en suivions les traces.
St. Pierre continue à marquer les devoirs du christianisme et il prescrit : I. Celui des femmes et des maris. II. Il exhorte tous les chrétiens à s’aimer et à vivre dans la paix et dans l’innocence et il leur dit que c’est là le moyen d’être heureux, même dès cette vie, et au milieu des persécutions. III. Pour engager les chrétiens à souffrir patiemment ces persécutions et à faire toujours une profession ouverte de l’Évangile, il leur parle de ce que Jésus-Christ a souffert pour expier les péchés des hommes et pour amener à Dieu les païens et les peuples qui étaient dans la prison et dans l’esclavage de l’ignorance et du péché, afin qu’entrant dans l’église par le baptême et devenant de nouvelles créatures, ils fussent sauvés, comme Noé et sa famille le furent autrefois dans l’arche lors du déluge.
1 Que les femmes soient aussi soumises à leurs propres maris, afin que s’il y en a qui n’obéissent point à la parole, ils soient gagnés, même sans la parole, par la conduite de leurs femmes ;
2 lorsqu’ils verront la pureté de votre conduite, accompagnée de crainte.
3 Que leur parure ne soit point celle du dehors, la frisure des cheveux, des ornements d’or ou des habits somptueux ;
4 mais que leur ornement soit celui de l’homme caché et du cœur, savoir, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu.
5 Car c’est ainsi que se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, étant soumises à leurs propres maris ;
6 comme Sara, qui obéissait à Abraham, et l’appelait son seigneur, de laquelle vous êtes les filles en faisant le bien, sans vous effrayer de rien.
7 Et vous, maris, de même, conduisez-vous avec prudence envers vos femmes, comme envers un sexe plus faible, ayant des égards pour elles, puisqu’elles hériteront, aussi bien que vous, la grâce de la vie ; afin que vos prières ne soient point troublées.
8 Enfin, soyez tous d’une parfaite intelligence, pleins de compassion les uns envers les autres, vous aimant fraternellement, étant miséricordieux et doux ;
9 ne rendant point mal pour mal, ni injure pour injure ; mais, au contraire, bénissant ; sachant que c’est à cela que vous êtes appelés, afin que vous héritiez la bénédiction.
10 Car quiconque aime la vie, et souhaite de voir des jours heureux, qu’il garde sa langue de dire du mal, et ses lèvres de prononcer aucune fraude ;
11 qu’il se détourne du mal, et qu’il fasse le bien ; qu’il cherche la paix, et qu’il la poursuive.
12 Car les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles sont attentives à leurs prières ; mais sa face est contre ceux qui font le mal.
13 Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous vous conformez au bien ?
14 Que si, néanmoins, vous souffrez pour la justice, vous êtes heureux ; ne les craignez donc point, n’ayez point peur d’eux et ne soyez point troublés.
15 Mais sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur votre Dieu, et soyez toujours prêts à répondre pour votre défense, avec douceur et respect, à tous ceux qui vous demanderont raison de l’espérance que vous avez ;
16 ayant une bonne conscience, afin que ceux qui blâment votre bonne conduite en Christ, soient confus de ce qu’ils parlent mal de vous, comme si vous étiez des malfaiteurs.
17 Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant bien, qu’en faisant mal.
18 Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu ; étant mort selon la chair, mais ayant été vivifié par l’esprit ;
19 par lequel aussi il est allé prêcher aux esprits retenus en prison ;
20 qui avaient été autrefois désobéissants, lorsque du temps de Noé la patience de Dieu attendait pour la dernière fois, pendant que l’arche se bâtissait ; dans laquelle un petit nombre, savoir, huit personnes furent sauvées de l’eau.
21 A quoi aussi répond maintenant, comme à une figure, le baptême qui nous sauve ; non pas celui qui nettoie les ordures du corps, mais la réponse d’une bonne conscience devant Dieu, par la résurrection de Jésus-Christ ;
22 qui est à la droite de Dieu, étant allé au ciel, et auquel les anges, les principautés et les puissances sont assujettis.
REFLEXIONS
St. Pierre exhorte ici I. premièrement les femmes chrétiennes à être soumises à leurs maris, à se conduire avec une grande douceur, à fuir le luxe et l’immodestie dans les habits et à être ornées intérieurement d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu. Sur quoi il représente aux femmes qui avaient des maris païens, que, par des mœurs innocentes et pures et par une conduite modeste et respectueuse, elles pourraient les adoucir et les amener même à la religion chrétienne.
Les femmes qui sont unies à des maris fâcheux peuvent voir par-là combien la piété et la douceur ont de force pour rendre leur état plus supportable.
II. L’Apôtre ordonne aux maris d’aimer leurs femmes et de se conduire envers elles avec circonspection et avec douceur, afin que les prières qu’ils faisaient ensemble ne fussent pas troublées par la désunion.
III. Il recommande aux chrétiens en général de s’aimer cordialement, de ne jamais faire de mal à personne, de ne se venger point et de vivre dans la paix avec tout le monde, leur représentant, après David, que c’est par là qu’on peut passer une vie plus douce, apaiser les ennemis qu’on pourrait avoir et même être heureux lorsqu’on est persécuté.
IV. On voit dans ce chapitre que l’un des principaux devoirs des chrétiens est de faire une profession sincère du christianisme, de conserver une bonne conscience et d’être prêt à rendre raison de leur foi avec douceur et avec respect dans toutes les occasions qui s’en présentent.
V. Sur la fin de ce chapitre, St. Pierre enseigne que Jésus-Christ a souffert, qu’il est ressuscité et qu’il a fait prêcher son Évangile aux païens, pour retirer les hommes de la servitudes du péchés ; et que, comme Noé fut autrefois sauvé dans l’arche, nous sommes aussi sauvés par le baptême qui nous donne entrée dans l’église de Dieu.
Il s’ensuit de là :
- Que l’on ne peut parvenir au salut que par la foi en Jésus-Christ,
- Qu’il est nécessaire de faire une profession publique de cette foi dans le baptême, mais que le baptême ne peut sauver s’il n’est pas accompagné de la pureté de la conscience et
- Enfin, que ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile périront dans leur incrédulité, comme les habitants du premier monde, qui ne profitèrent pas de la patience de Dieu et qui ne crurent pas à la prédication de Noé, périrent dans les eaux du déluge.
St. Pierre enseigne dans ce chapitre :
I. Que les souffrances de Jésus-Christ obligeaient les chrétiens à renoncer aux égarements dans lesquels ils vivaient avant leur conversion à la religion chrétienne et particulièrement à la vie impure et dissolue des païens et à vivre dans la sobriété et dans la piété en attendant la venue de notre Seigneur. II. Que les chrétiens devaient sur toutes choses avoir entre eux une grande charité, se secourir mutuellement et employer chacun à la gloire de Dieu les divers dons qu’ils avaient reçus. III. Que bien loin que les souffrances qu’ils enduraient pour l’Évangile dussent les étonner, elles étaient très honorables et qu’au reste, si les fidèles mêmes étaient exposés à tant de maux et si Dieu n’épargnait pas son église en ce monde, ceux qui la persécutaient et qui s’opposaient à l’Évangile ne seraient pas épargnés.
1 Puis donc que Christ a souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette pensée, que celui qui a souffert en la chair, a cessé de pécher ;
2 afin que tout le temps qui lui reste à vivre dans la chair, il ne vive plus selon les convoitises des hommes, mais qu’il vive selon la volonté de Dieu.
3 Car il nous doit suffire que dans le temps passé nous nous soyons abandonnés aux mêmes passions que les Gentils, vivant dans toutes sortes d’impudicités et de convoitises, dans l’ivrognerie, dans les excès de manger et de boire, et dans les idolâtries détestables.
4 C’est pourquoi ils trouvent étrange que vous ne couriez pas avec eux dans le même débordement à la dissolution, et ils vous en blâment.
5 Mais ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.
6 Car c’est pour cela que l’évangile a été annoncé aux morts, afin qu’ils fussent jugés selon les hommes dans la chair, et qu’ils vécussent selon Dieu dans l’esprit.
7 Au reste, la fin de toutes les choses est proche ; soyez donc sobres et vigilants dans les prières.
8 Surtout ayez entre vous une grande charité, car la charité couvrira une multitude de péchés.
9 Exercez l’hospitalité les uns envers les autres sans murmures.
10 Que chacun de vous emploie le don qu’il a reçu au service des autres, comme étant de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu.
11 Si quelqu’un parle, qu’il parle selon les oracles de Dieu ; si quelqu’un exerce quelque ministère, qu’il l’exerce selon les forces que Dieu lui fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, auquel appartiennent la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen.
12 Mes bien-aimés, ne trouvez point étrange, si vous êtes comme dans une fournaise pour être éprouvés, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire.
13 Mais réjouissez-vous de ce que vous avez part aux souffrances de Christ, afin que lorsque sa gloire se manifestera vous soyez aussi comblés de joie.
14 Si l’on vous dit des injures pour le nom de Christ, vous êtes bien heureux ; car l’Esprit de gloire, qui est l’Esprit de Dieu, repose sur vous, lequel est blasphémé par eux ; mais il est glorifié par vous.
15 Que nul de vous ne souffre comme meurtrier, ou comme larron, ou comme malfaiteur, ou comme s’ingérant dans les affaires d’autrui.
16 Mais s’il souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point de honte, mais qu’il en glorifie Dieu.
17 Car le temps vient auquel le jugement de Dieu doit commencer par sa maison ; et s’il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu ?
18 Et si le juste ne se sauve que difficilement, que deviendra l’impie et le pécheur ?
19 Que ceux donc qui souffrent par la volonté de Dieu, lui recommandent leurs âmes, comme au fidèle Créateur, en faisant bien.
REFLEXIONS
Ce chapitre renferme ces cinq instructions principales :
I. Que la considération de ce que Jésus-Christ a souffert nous engage très fortement à renoncer au péché et aux cupidités de la chair et en particulier à fuir l’impureté et l’intempérance,
II. Que, comme ceux qui font profession de craindre Dieu doivent avoir renoncé aux égarements des gens du monde, il ne faut pas qu’ils trouvent étrange si les mondains les blâment de ce qu’ils ne vivent pas comme eux, ni qu’ils soient ébranlés par leur exemple et par leur mépris.
III. La troisième instruction est d’avoir toujours devant les yeux la fin de toutes choses et la dernière venue de notre Seigneur et de s’y préparer par une vie sobre, par l’assiduité dans la prière et par la pratique des devoirs de la charité.
IV. La quatrième, que chacun doit employer les diverses grâces qu’il a reçues, soit les temporelles, soit les spirituelles, pour la gloire de Dieu et pour l’utilité du prochain et que c’est ce que doivent faire surtout, ceux qui ont des dons particuliers ou quelque charge dans l’église.
V. Enfin, St. Pierre nous apprend qu’il y a beaucoup d’honneur et de joie à souffrir en qualité de chrétien et que si les fidèles et les justes sont exposés à tant de maux, les impies et les méchants doivent s’attendre aux peines les plus terribles.
C’est là une considération très propre, pour encourager les chrétiens à souffrir avec patience et même avec joie tous les maux que la profession de l’Évangile peut leur attirer de la part des méchants et pour nous inspirer à tous la crainte du jugement de Dieu et nous animer de plus en plus à une vie sainte.
Dans ce chapitre, St. Pierre exhorte :
- Les pasteurs à s’acquitter de leur devoir,
- Ceux qui sont jeunes à être soumis aux pasteurs et à être humbles,
- Et tous les chrétiens à vivre dans la sobriété et dans la vigilance et à résister aux tentations du diable.
Il conclut son épître par des vœux et des salutations.
1 Je prie les pasteurs qui sont parmi vous, moi qui suis pasteur avec eux, et témoin des souffrances de Christ, et qui suis aussi participant de la gloire qui doit être manifestée :
2 Paissez le troupeau de Dieu qui vous est commis, veillant sur lui, non par contrainte, mais volontairement ; non pour un gain déshonnête, mais par affection ;
3 non comme ayant la domination sur les héritages du Seigneur, mais en vous rendant les modèles du troupeau.
4 Et lorsque le souverain Pasteur paraîtra, vous remporterez la couronne incorruptible de gloire.
5 De même, vous qui êtes jeunes, assujettissez-vous aux anciens, de sorte que vous vous soumettiez tous les uns aux autres. Soyez ornés d’humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles.
6 Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand il en sera temps ;
7 vous déchargeant sur lui de tous vos soucis, parce qu’il a soin de vous.
8 Soyez sobres et veillez ; car le diable, votre ennemi, tourne autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer.
9 Résistez-lui, étant fermes dans la foi, sachant que vos frères, qui sont répandus dans le monde, souffrent les mêmes afflictions que vous.
10 Le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés à sa gloire éternelle en Jésus-Christ, après que nous aurons un peu souffert, vous perfectionne, vous affermisse, vous fortifie et vous rende inébranlables.
11 A lui soit la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen.
12 Je vous ai écrit en peu de mots, par Silvain, qui est, comme je l’estime, notre frère fidèle, vous exhortant et vous assurant que la vraie grâce de Dieu est celle dans laquelle vous demeurez fermes.
13 L’Église qui est à Babylone, et qui est élue avec vous, et Marc mon fils, vous saluent.
14 Saluez-vous les uns les autres par un baiser de charité. La paix soit avec vous tous qui êtes en Jésus-Christ. Amen.
REFLEXIONS
Ce chapitre marque :
I. Le devoir des pasteurs et la glorieuse récompense qu’ils recevront du Seigneur Jésus s’ils le servent fidèlement dans leur ministère. Ce que St. Pierre dit sur ce sujet doit engager ceux qui sont dans cet emploi à s’en acquitter avec intégrité à paître les troupeaux du Seigneur, à veiller soigneusement sur les brebis qui leur sont confiées et à exercer leur charge, non par contrainte, ni dans des vues d’orgueil ou d’intérêt, mais avec affection et volontairement et d’une manière qu’ils soient pour leurs troupeaux des modèles d’humilité et de toutes sortes de vertus.
II. St. Pierre avertit ceux qui étaient jeunes que la soumission envers les pasteurs convient particulièrement à leur état et à leur âge et tous les chrétiens en général doivent se souvenir que l’humilité est l’une des principales vertus du christianisme : puisque Dieu résiste aux orgueilleux et qu’il fait grâce aux humbles.
III. Nous devons remarquer ici que notre condition en ce monde est d’être exposés aux tentations du diable et à divers dangers et que nous ne pouvons-nous en garantir que par la sobriété, par la vigilance et en demeurant ferme dans la foi.
Enfin, les vœux par où St. Pierre conclut cette épître nous enseigne que la profession chrétienne et l’espérance de la gloire éternelle nous obligent à aspirer de plus en plus à la perfection et que le moyen d’y parvenir est de se confier en Dieu et d’implorer l’assistance continuelle de sa grâce en priant : le Dieu de paix, qui nous appelle à la gloire éternelle, qu’il veuille nous rendre parfait ; qu’il nous fortifie et qu’il nous rende inébranlable. À lui soit la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen.
- Détails
- Écrit par Menorah YESHUA
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ARGUMENT
St. Paul écrivit cette épître, comme on a lieu de le croire, l’an 61 de notre Seigneur, étant prisonnier à Rome et il l’adressa aux Hébreux, c’est-à-dire aux Juifs qui s’étaient faits chrétiens. Son but : de les affermir dans la profession de l’Évangile et dans la sainteté et d’empêcher qu’ils n’en fussent détournés par l’attachement qu’ils auraient pu conserver pour la religion et le culte des Juifs, par les persécutions que les chrétiens enduraient et par la séduction du péché. Pour cet effet, il montre que Jésus-Christ est plus grand que Moïse, que l’Évangile est plus excellent que la loi et que les cérémonies et les sacrifices de la loi avaient eu leur accomplissement en Jésus-Christ et étaient par conséquent abolis par sa venue et son sacrifice. C’est ce que l’Apôtre traite dans les dix premiers chapitres. Dans les trois derniers, il exhorte, les Hébreux à la persévérance dans la foi, à la patience dans les afflictions et aux plus importants devoirs de la piété.
Chapitres : Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Livres du Nouveau Testament.
St. Paul enseigne que Dieu s’était fait connaître aux hommes par Jésus-Christ d’une manière plus parfaite qu’il n’avait fait auparavant. Il prouve l’excellence de l’Évangile par la dignité infinie de Jésus-Christ le fils de Dieu, il montre qu’il avait été élevé dans le Ciel à une gloire suprême et qu’il est au-dessus des anges et il établit la divinité de sa personne.
1 Dieu ayant autrefois parlé à nos pères en divers temps et en diverses manières, par les prophètes,
2 nous a parlé en ces derniers temps par son Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses ; par lequel aussi il a fait le monde ;
3 et qui étant la splendeur de sa gloire et l’image empreinte de sa personne, et soutenant toutes choses par sa parole puissante, après avoir fait par lui-même la purification de nos péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les lieux très hauts ;
4 ayant été fait d’autant plus grand que les anges, qu’il a hérité d’un nom plus excellent que le leur.
5 Car auquel des anges Dieu a-t-il jamais dit : Tu es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui ? Et dans un autre endroit : Je serai son Père, et il sera mon Fils ?
6 Et encore, quand il introduit dans le monde son Fils premier-né, il dit : Que tous les anges de Dieu l’adorent.
7 A l’égard des anges, il dit : Il fait des vents ses anges, et des flammes de feu ses ministres.
8 Mais à l’égard du Fils, il dit : O Dieu, ton trône demeure aux siècles des siècles, et le sceptre de ton règne est un sceptre d’équité.
9 Tu as aimé la justice, et tu as haï l’iniquité ; c’est pourquoi, ô Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile de joie au-dessus de tous tes semblables.
10 Et dans un autre endroit : C’est toi, Seigneur, qui as fondé la terre dès le commencement, et les cieux sont l’ouvrage de tes mains.
11 Ils périront, mais tu subsistes toujours ; ils vieilliront tous comme un vêtement ;
12 tu les plieras comme un habit, et ils seront changés ; mais toi, tu es toujours le même ; et tes années ne finiront point.
13 Et auquel des anges a-t-il jamais dit : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour ton marchepied ?
14 Ne sont-ils pas tous des esprits destinés à servir, et qui sont envoyés pour exercer leur ministère en faveur de ceux qui doivent avoir l’héritage du salut ?
REFLEXIONS
La première vérité que St. Paul enseigne dans cette épître est que Jésus-Christ n’est pas un simple homme ou seulement un grand prophète, ni même un ange, mais qu’il est infiniment au-dessus des prophètes et des anges, étant le propre fils de Dieu, que c’est par lui que le monde a été créé, que Dieu l’a fait asseoir à sa droite et que c’est lui que tous les anges adorent comme leur maître.
Puisque Saint Paul établit d’abord cette doctrine de la divinité de notre Seigneur et que c’est par là qu’il prouve l’excellence de la religion chrétienne, il paraît clairement que c’est là une doctrine que tous les chrétiens doivent croire et sur laquelle toute la religion est fondée.
II. Ce que St. Paul dit ici : que Dieu nous a parlé dans les derniers tems par son fils nous engage à louer Dieu de ce que nous avons l’avantage de vivre sous la plus parfaite de toutes les dispensations et dans les temps heureux de l’Évangile.
III. Puisque Dieu nous a fait connaître sa volonté par son propre fils et qu’il s’est manifesté à nous d’une manière plus claire qu’il n’avait fait auparavant, nous sommes dans une obligation indispensable de profiter des avantages de l’alliance de sa grâce et de surpasser en sainteté ceux qui ont vécu avant la venue de Jésus-Christ.
Enfin, la considération de la divinité de notre Seigneur et de la suprême puissance où il est élevé dans le Ciel doit nous porter à l’adorer, à mettre notre espérance en lui et à obéir à l’Évangile qu’il nous a fait annoncer et c’est ce que St. Paul fait voir dans le chapitre suivant.
St. Paul exhorte les Hébreux à demeurer fermes dans la profession de l’Évangile qui avait été annoncé par Jésus-Christ et par les apôtres et confirmé par les dons du Saint-Esprit. Il montre pour cet effet que, quoi que Jésus ait été un homme et qu’il s’était abaissé jusqu’à la mort, toutes choses lui sont soumises et que Dieu l’a élevé à la gloire céleste après ses souffrances. Il fait voir, enfin, que Dieu a voulu que notre Seigneur prît notre nature et qu’il souffrît afin qu’il pût racheter les hommes de la puissance du diable et de la mort et afin que les fidèles apprissent par son exemple à ne pas craindre les afflictions.
1 C’est pourquoi il nous faut faire une plus grande attention aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne les laissions écouler.
2 Car si la parole, qui a été annoncée par les anges, a eu son effet, et si toute transgression et toute désobéissance a reçu une juste punition ;
3 comment échapperons-nous, si nous négligeons un si grand salut, qui, ayant été premièrement annoncé par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l’avaient appris de lui ?
4 Dieu même appuyant leur témoignage par des prodiges et des miracles, par divers effets de sa puissance et par les dons du Saint-Esprit, qu’il a distribués selon sa volonté.
5 Car il n’a point soumis aux anges le monde à venir dont nous parlons.
6 Et quelqu’un a rendu ce témoignage dans un endroit de l’Ecriture, disant : Qu’est-ce de l’homme, que tu te souviennes de lui, et du fils de l’homme, que tu en prennes soin ?
7 Tu l’as fait un peu inférieur aux anges ; tu l’as couronné de gloire et d’honneur ; et tu l’as établi sur les ouvrages de tes mains ;
8 Tu as mis toutes choses sous ses pieds. Or, Dieu lui ayant assujetti toutes choses, il n’a rien laissé qui ne lui soit assujetti ; cependant, nous ne voyons point encore maintenant que toutes choses lui soient assujetties.
9 Mais nous voyons couronné de gloire et d’honneur ce Jésus, qui a été fait pour un peu de temps inférieur aux anges, par la mort qu’il a soufferte, afin que par la grâce de Dieu il souffrît la mort pour tous.
10 Car il était convenable que celui pour qui et par qui sont toutes choses, voulant amener plusieurs enfants à la gloire, consacrât l’auteur de leur salut par les souffrances.
11 Car, et celui qui sanctifie, et ceux qui sont sanctifiés, sont tous d’un ; c’est pourquoi il n’a point honte de les appeler ses frères,
12 disant : J’annoncerai ton nom à mes frères ; je te louerai au milieu de l’assemblée.
13 Il dit encore : Je me confierai en lui. Et ailleurs : Me voici, moi et les enfants que Dieu m’a donnés.
14 Puis donc que ces enfants participent à la chair et au sang, il y a aussi de même participé, afin que par la mort il détruisît celui qui avait l’empire de la mort, c’est-à-dire, le diable ;
15 et qu’il en délivrât tous ceux qui, par la crainte de la mort, étaient toute leur vie assujettis à la servitude.
16 Car il n’a pas pris les anges, mais il a pris la postérité d’Abraham.
17 C’est pourquoi il a fallu qu’il fût semblable en toutes choses à ses frères ; afin qu’il fût un souverain Sacrificateur, miséricordieux, et fidèle dans tout ce qu’il fallait faire auprès de Dieu, pour expier les péchés du peuple.
18 Car, ayant souffert lui-même et ayant été tenté, il peut aussi secourir ceux qui sont tentés.
REFLEXIONS
Saint Paul nous apprend ici en premier lieu que, puisque l’Évangile a été annoncé par Jésus-Christ et par les apôtres et confirmé par les dons du Saint-Esprit, nous avons des preuves incontestables de la divinité de la doctrine chrétienne et qu’ainsi nous serons entièrement inexcusables et que nous n’échapperons pas à la vengeance de Dieu si nous négligeons ce grand salut qui nous est offert et si nous ne nous attachons pas à l’Évangile par une profession ouverte de la vérité et par une obéissance sincère.
II. La considération de la gloire et de la puissance dont Jésus-Christ a été revêtu après son humiliation et sa mort nous apprend que les souffrances auxquelles les fidèles sont exposés n’empêcheront pas qu’ils ne parviennent à la gloire, la volonté de Dieu ayant été de les y conduire par la même voie que Jésus-Christ y est parvenu.
III. Nous devons considérer que le fils de Dieu s’est fait homme et qu’il a été moindre que les anges pendant un temps afin que, par un effet de la bonté de Dieu, il pût mourir pour tous les hommes, faire l’expiation de leurs péchés et détruire l’empire du diable et de la mort.
Cette doctrine doit nous remplir de joie et d’une ferme confiance en Dieu par Jésus-Christ, elle nous engage aussi très fortement à vivre comme ses rachetés et à fuite le péché, puisqu’autrement nous retomberions sous la puissance du diable et de la mort d’où notre Seigneur était venu nous délivrer.
L’Apôtre fait deux choses dans ce chapitre : I. Il fait voir premièrement, que Jésus-Christ était beaucoup au-dessus de Moïse, puisque Moïse n’a été que le serviteur dans la maison de Dieu, au lieu que Jésus-Christ, comme fils, est le Seigneur et le Maître. II. Il exhorte les Hébreux à obéir à l’Évangile et à ne pas imiter les Israélites qui furent exclus du pays de Canaan et qui moururent dans le désert à cause de leur rébellion et de leur incrédulité,
1 C’est pourquoi, mes frères, qui êtes saints et qui avez part à la vocation céleste, considérez bien Jésus-Christ, qui est l’apôtre et le souverain Sacrificateur de la foi que nous professons ;
2 qui est fidèle à celui qui l’a établi, comme Moïse aussi l’avait été dans toute sa maison.
3 Car il a été digne d’une gloire d’autant plus grande que celle de Moïse, que celui qui a bâti la maison est plus considérable que la maison même.
4 Car il n’y a point de maison qui n’ait été bâtie par quelqu’un ; or, celui qui a bâti toutes ces choses, c’est Dieu.
5 Et pour ce qui est de Moïse, il a été fidèle dans toute la maison de Dieu, comme un serviteur, pour publier ce qu’il devait dire ;
6 mais Christ, comme Fils, est établi sur sa propre maison, et c’est nous qui sommes sa maison, pourvu que nous conservions jusqu’à la fin la ferme confiance et l’espérance dont nous nous glorifions.
7 C’est pourquoi, comme dit le Saint-Esprit : Si vous entendez aujourd’hui sa voix,
8 n’endurcissez point vos cœurs, comme il arriva lorsqu’on m’irrita au jour de la tentation dans le désert,
9 où vos pères me tentèrent et m’éprouvèrent, et virent mes œuvres pendant quarante ans.
10 C’est pourquoi je fus indigné contre cette génération, et je dis : Leur cœur s’égare toujours, et ils n’ont point connu mes voies.
11 Aussi jurai-je ceci dans ma colère : Si jamais ils entrent dans mon repos.
12 Mes frères, prenez garde qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un cœur mauvais et incrédule, qui vous fasse abandonner le Dieu vivant.
13 Mais exhortez-vous les uns les autres chaque jour, pendant qu’il est dit : Aujourd’hui ; de peur que quelqu’un de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché.
14 Car nous avons été faits participants de Christ, pourvu que nous conservions jusqu’à la fin ce qui nous soutient dès le commencement.
15 Pendant qu’il est dit : Si vous entendez aujourd’hui sa voix, n’endurcissez point vos cœurs, comme il arriva lorsqu’on l’irrita.
16 Car quelques-uns de ceux qui l’entendirent, l’irritèrent ; non pas pourtant tous ceux qui sortirent d’Egypte sous la conduite de Moïse.
17 Mais contre qui Dieu fut-il indigné pendant quarante ans ? Ne fut-ce pas contre ceux qui péchèrent, dont les corps tombèrent morts dans le désert ?
18 Et qui sont ceux à qui Dieu jura qu’ils n’entreraient point dans son repos, si ce n’est ceux qui s’étaient rebellés ?
19 Nous voyons donc qu’ils n’y purent entrer à cause de leur incrédulité.
REFLEXIONS
Ce que Saint Paul dit dans ce chapitre de l’excellence de la personne et du ministère de Jésus-Christ par-dessus la personne et le ministère de Moïse nous met devant les yeux,
- D’un côté, l’obligation où les chrétiens sont d’obéir fidèlement à Jésus-Christ
- Et de l’autre la grandeur du crime dont se rendent coupables contre lui ceux qui tombent dans la désobéissance et dans l’infidélité.
II. Nous avons à considérer ici que les anciens Israélites, pour avoir été rebelles et incrédules lorsque Moïse leur faisait entendre la voix de Dieu, moururent dans le désert et que Dieu jura qu’ils n’entreraient point dans le repos qui était préparé dans le pays de Canaan pour le peuple d’Israël.
C’est ainsi que Dieu a résolu d’exclure du repos céleste ceux dont le cœur s’égare et qui l’irritent par leur rébellion et par leur endurcissement. Cela nous presse fortement d’être attentifs et soumis à la voix de l’évangile et de profiter du temps de la grâce comme St. Paul nous le présente par cette grave exhortation :
Si vous entendez aujourd’hui la voix de Dieu, n’endurcissez point vos cœurs. Prenez garde qu’il n’y ait en quelqu’un de vous un cœur mauvais et incrédule qui vous fasse abandonner le Dieu vivant, mais exhortez-vous les uns les autres pendant que ce jour et ce temps de la grâce dure, de peur que quelqu’un de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché.
St. Paul continue à montrer que, comme les Israélites rebelles n’entrèrent pas dans le pays de Canaan, les chrétiens incrédules n’entreront point dans le Ciel. Il remarque pour cet effet que ce que David dit dans les Psaumes du repos de Dieu, ne doit pas tant s’entendre du pays de Canaan, comme du vrai repos, qui consiste dans la possession du salut que Jésus-Christ nous a acquis.
Il conclut de là que nous devons tâcher d’entrer dans ce repos. Il déclare que les incrédules n’éviteront point les menaces que la parole de Dieu leur dénonce, puisque cette parole est vivante, divine et véritable. Enfin, pour engager les Hébreux à la persévérance dans la profession chrétienne et à la confiance dans les afflictions, il leur représente que nous avons en Jésus-Christ un sacrificateur qui est élevé dans le Ciel et qui outre cela, ayant souffert lui-même, est disposé à avoir pitié de nos faiblesses et à nous aider dans tous nos besoins.
1 Craignons donc que quelqu’un d’entre vous, venant à négliger la promesse d’entrer dans son repos, ne s’en trouve exclu.
2 Car elle nous a été annoncée aussi bien qu’à eux ; mais cette parole ne leur servit de rien, parce que ceux qui l’ouïrent, n’y ajoutèrent point de foi.
3 Pour nous qui avons cru, nous entrerons dans le repos, suivant ce qu’il a dit : C’est pourquoi j’ai juré dans ma colère : Si jamais ils entrent dans mon repos ; et cela longtemps après avoir achevé l’ouvrage de la création du monde.
4 Car l’Ecriture parle ainsi en quelque endroit, touchant le septième jour : Dieu se reposa le septième jour, après avoir achevé tous ses ouvrages.
5 Et encore dans cet autre endroit : S’ils entrent dans mon repos.
6 Puis donc que quelques-uns doivent y entrer, et que ceux à qui il avait été premièrement annoncé, n’y entrèrent pas, à cause de leur incrédulité ;
7 il détermine de nouveau un certain jour, par ce mot : Aujourd’hui, disant par David, si longtemps après, comme il a été dit ci-devant : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez point vos cœurs.
8 Car si Josué les eût introduits dans le repos, Dieu ne parlerait pas après cela d’un autre jour.
9 Il reste donc encore un repos pour le peuple de Dieu.
10 Car celui qui est entré dans son repos, se repose après ses œuvres, comme Dieu se reposa après avoir achevé les siennes.
11 Efforçons-nous donc d’entrer dans ce repos, de peur que quelqu’un de nous ne tombe dans une semblable rébellion.
12 Car la parole de Dieu est vivante et efficace, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants ; elle atteint jusqu’au fond de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles, et elle juge des pensées et des intentions du cœur ;
13 et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et entièrement découvertes aux yeux de celui auquel nous devons rendre compte.
14 Puis donc que nous avons un grand et souverain Sacrificateur, Jésus, le Fils de Dieu, qui est entré dans les cieux, demeurons fermes dans notre profession.
15 Car nous n’avons pas un souverain Sacrificateur qui ne puisse compatir à nos infirmités, puisqu’il a été tenté de même que nous en toutes choses, si l’on en excepte le péché.
16 Allons donc avec confiance au trône de grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans le temps convenable.
REFLEXIONS
Nous apprenons dans ce chapitre :
Premièrement que ceux qui méprisent et qui négligent les promesses de l’Évangile s’en trouveront privés et que la parole de Dieu ne sert de rien lorsqu’elle n’est pas accompagnée de la foi en ceux qui l’entendent, ainsi tous ceux à qui cette parole et ces promesses sont annoncées doivent prendre garde à les recevoir avec obéissance de foi.
II. St. Paul nous enseigne qu’il y a un repos que Jésus-Christ nous a acquis et qui est beaucoup plus excellent que celui qui était promis au peuple d’Israël dans la terre de Canaan et que, tout de même que les Israélites ne purent entrer dans ce pays-là à cause de leur incrédulité et de leur rébellion, ceux qui désobéissent à Jésus-Christ et qui méprisent son Évangile seront privés du repos éternel.
La conséquence que St. Paul veut que nous tirions de là : c’est de faire tous nos efforts pour entrer dans ce repos, de peur que nous ne tombions dans une semblable rébellion.
III. Pour nous engager à ce devoir, L’Apôtre nous représente que la parole de Dieu est vivante et véritable, que les menaces de l’Évangile sont très certaines, qu’elles s’exécuterons infailliblement et que nous ne saurions échapper à celui à qui nous devons rendre compte, vu que toutes choses sont nues et découvertes devant lui.
Enfin, puisque nous savons que Jésus, notre grand sacrificateur est entré dans le Ciel après avoir été lui-même éprouvé comme nous en toutes choses, excepté dans le péché, et qu’il est avec cela miséricordieux et plein de bonté, nous avons les plus puissants motifs à demeurer fermes dans la profession que nous faisons de croire en lui, à nous confier en ses promesses et à nous approcher avec confiance du trône de la grâce afin d’y obtenir miséricorde et d’y trouver grâce pour être secourus dans tous nos besoins.
St. Paul, voulant traiter du sacerdoce de notre Seigneur, montre, en premier lieu, que Jésus-Christ a été appelé de Dieu à la charge de sacrificateur, ce qu’il prouve par deux oracles tirés du livre des Psaumes, et surtout par celui où il est dit que le Messie devait être sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Il dit ensuite que Jésus-Christ a fait les fonctions de sacrificateur lorsqu’il a souffert la mort pour le salut des hommes. Enfin, étant sur le point de parler du sacerdoce de notre Seigneur et du rapport qu’il y avait entre lui et Melchisédec, il reproche aux Hébreux le peu de progrès qu’ils avaient fait dans la connaissance des mystères de la religion qu’il allait leur expliquer.
1 Tout souverain sacrificateur donc étant pris d’entre les hommes, est établi pour les hommes dans les choses qui regardent Dieu, afin qu’il offre des dons et des sacrifices pour les péchés,
2 étant en état d’avoir compassion de ceux qui pèchent par ignorance et par erreur, puisque lui-même est environné de faiblesse.
3 Et c’est à cause de cela qu’il doit offrir des sacrifices pour ses péchés, aussi bien que pour ceux du peuple.
4 Or, personne ne peut s’attribuer cette dignité, que celui qui y est appelé de Dieu, comme Aaron.
5 Aussi Christ ne s’est point attribué la gloire d’être souverain Sacrificateur, mais il l’a reçue de celui qui lui a dit : C’est toi qui es mon Fils, je t’ai engendré aujourd’hui.
6 Comme il dit aussi dans un autre endroit : Tu es Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.
7 C’est ce Jésus qui pendant les jours de sa chair, ayant offert avec de grands cris et avec larmes, des prières et des supplications à celui qui le pouvait délivrer de la mort, fut exaucé et délivré de ce qu’il craignait.
8 Quoiqu’il fût Fils, il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes,
9 et étant consacré, il est devenu l’auteur du salut éternel pour tous ceux qui lui obéissent,
10 Dieu l’ayant déclaré souverain Sacrificateur, selon l’ordre de Melchisédec.
11 Sur quoi nous avons beaucoup de choses à dire, qui sont difficiles à expliquer, à cause que vous êtes devenus négligents à écouter.
12 Car au lieu que vous devriez être maîtres depuis longtemps, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les premiers éléments de la parole de Dieu ; et vous êtes dans un tel état, que vous avez plutôt besoin de lait, que d’une viande solide.
13 Or, celui qui ne se nourrit que de lait, ne saurait comprendre la parole de la justice, car il est encore enfant.
14 Mais la nourriture solide est pour les hommes faits ; savoir, pour ceux qui s’y étant accoutumés, ont l’esprit exercé à discerner le bien et le mal.
REFLEXIONS
Nous recueillons de ce chapitre :
I. Que Jésus-Christ a été établi de Dieu pour être notre sacrificateur et qu’en cette qualité il s’est offert en sacrifice pour les péchés des hommes. Cela nous engage à regarder Jésus-Christ comme celui qui nous a acquis le salut et qui nous a rendu Dieu favorable, mais cela doit aussi nous convaincre de l’obligation où nous sommes de nous soumettre à l’Évangile par une vraie obéissance, puisque, comme St. Paul le dit : Jésus-Christ n’est devenu l’auteur du salut éternel que pour ceux qui lui obéissent.
II. La seconde réflexion regarde les souffrances de Jésus-Christ. L’Apôtre les décrit en disant : que notre Seigneur ayant offert des prières à Dieu dans le temps de sa passion avec cris et avec larmes, a été exaucé et qu’il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes.
St. Paul disait cela non seulement pour montrer que Jésus-Christ a fait sur la terre, les fonctions de sacrificateur, mais aussi pour consoler les fidèles affligés et persécutés.
Les enfants de Dieu peuvent reconnaître, par ce qui est arrivé à notre Seigneur, que, s’ils sont dans la souffrance, ils ressemblent en cela à leur Sauveur, que Dieu leur envoie ces afflictions afin de leur apprendre à obéir, à être patients et à l’invoquer avec plus d’ardeur et qu’il ne manquera pas de les exaucer et de les délivrer lorsqu’ils lui présenteront leurs prières dans leurs besoins.
III. Nous devons considérer que si L’Apôtre reprochait aux Hébreux d’être peu avancés dans la connaissance et d’avoir encore besoin qu’on leur enseignât les rudiments du christianisme, il nous serait bien plus honteux que l’on nous fît avec justice de semblables reproches, vu le temps qu’il y a qu’on travaille à nous instruire. Ainsi nous devons nous exciter de plus en plus à acquérir de nouvelles lumières et à faire tous les jours des progrès dans les connaissances de la religion.
St. Paul dit aux Hébreux que son dessein n’était pas de leur enseigner les premiers rudiments de la religion, mais qu’il voulait leur proposer des doctrines plus sublimes en leur parlant du rapport qu’il y avait entre Jésus-Christ et Melchisédec et les anciens sacrificateurs. II. Pour les exciter à s’avancer dans la connaissance des ministères de l’Évangile, il leur met devant les yeux le malheur de ceux qui négligent de s’affermir dans la foi, qui méprisent les lumières et les grâces qu’ils ont reçues de Dieu et qui ne portent pas les fruits qu’il attend d’eux, c’est qu’ils viennent enfin à abandonner Jésus-Christ et la vérité. III. Il fait connaître aux Hébreux qu’il ne leur parlait ainsi que pour réveiller leur zèle, puisque du reste il était persuadé qu’ils ne s’exposeraient pas à un tel malheur. IV. Enfin, pour fortifier leur foi, il leur représente la fermeté des promesses de Dieu par l’exemple d’Abraham et la certitude de l’espérance que l’entrée de Jésus-Christ dans le Ciel donne aux fidèles.
1 C’est pourquoi, laissant les premiers principes de la doctrine de Christ, tendons à la perfection, ne posant pas de nouveau le fondement, savoir, la repentance des œuvres mortes, et la foi en Dieu ;
2 la doctrine des baptêmes, l’imposition des mains, la résurrection des morts, et le jugement éternel ;
3 et c’est ce que nous ferons, si Dieu le permet.
4 Car il est impossible que ceux qui ont été une fois illuminés, qui ont goûté le don céleste, qui ont été faits participants du Saint-Esprit ;
5 et qui ont goûté la bonne parole de Dieu, et les puissances du siècle à venir ;
6 s’ils retombent, soient renouvelés à la repentance, puisqu’autant qu’il est en eux, ils crucifient de nouveau le Fils de Dieu et l’exposent à l’ignominie.
7 Car la terre qui est souvent abreuvée de la pluie qui tombe sur elle, et qui produit des herbes propres pour l’usage de ceux qui la cultivent, reçoit la bénédiction de Dieu.
8 Mais celle qui ne produit que des épines et des chardons, est abandonnée et près d’être maudite, et sa fin est d’être brûlée.
9 Or, nous attendons de vous, mes bien-aimés, de meilleures choses, et plus convenables au salut quoique nous parlions ainsi.
10 Car Dieu n’est pas injuste, pour oublier vos bonnes œuvres et le travail de la charité que vous avez fait paraître pour son nom, ayant assisté les saints, et les assistant encore.
11 Mais nous désirons que chacun de vous fasse voir la même ardeur jusqu’à la fin, pour l’accomplissement de votre espérance ;
12 afin que vous ne vous relâchiez point, mais que vous imitiez ceux qui, par la foi et par la patience, sont devenus les héritiers des promesses.
13 Car lorsque Dieu fit la promesse à Abraham, ne pouvant jurer par un plus grand, il jura par lui-même,
14 et il lui dit : Certainement je te bénirai abondamment, et je multiplierai merveilleusement ta postérité.
15 Et ainsi Abraham ayant attendu avec patience, obtint ce qui lui avait été promis.
16 Car comme les hommes jurent par celui qui est plus grand qu'eux, et que le serment fait pour confirmer une chose, termine tous leurs différends ;
17 de même, Dieu voulant montrer encore mieux aux héritiers de la promesse la fermeté immuable de sa résolution, il y fit intervenir le serment ;
18 afin que par ces deux choses, qui sont invariables, et dans lesquelles il est impossible que Dieu mente, nous eussions une ferme consolation ; nous qui avons notre recours à retenir fortement l’espérance qui nous est proposée ;
19 laquelle nous retenons comme une ancre ferme et assurée de notre âme, et qui pénètre jusqu’au dedans du voile,
20 où Jésus est entré pour nous comme notre précurseur, ayant été fait souverain Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.
REFLEXIONS
On doit faire une grande attention aux premiers versets de ce chapitre, puisque St. Paul y marque quels sont les articles fondamentaux de la religion, savoir :
- La doctrine de la foi en Dieu,
- Celle de la repentance et du renoncement au péché,
- Celle du baptême,
- Celle de la résurrection des morts
- Et celle du jugement
Ainsi, ce sont là les doctrines que nous devons tous croire fermement et sans lesquelles il n’y peut avoir de salut.
II. L’Apôtre nous apprend qu’il ne suffit cependant pas de connaître ces doctrines-là, mais que les chrétiens doivent tendre à une plus grande perfection et joindre à la connaissance des vérités essentielles celle des autres doctrines qui servent à éclaircir la religion et à confirmer la foi. St. Paul fait même comprendre que, quand on néglige de s’avancer dans la connaissance, on se met en danger de perdre le goût pour les vérités de la religion, de renoncer à la foi et de tomber dans l’incrédulité.
III. Nous voyons ici que ceux qui, après avoir été éclairés et avoir reçu et goûté la bonne parole de Dieu et le don céleste, viennent à abandonner la vérité et la piété ne sauraient se repentir que très difficilement et que persévérant dans cet état, il faut qu’ils y périssent.
Cela doit nous donner une extrême crainte de pécher contre nos lumières, de mépriser la parole de Dieu et de résister à l’opération et à l’attrait de sa grâce, de peur que nous n’encourions la malédiction que St. Paul dénonce à ceux qui abusent des grâces du Ciel, ce qu’il représente sous l’image d’une terre qui reçoit souvent la pluie et la culture et qui ne produit que des épines et des chardons, laquelle à cause de cela est maudite et destinée à être brûlée.
Enfin, ceux qui croient à l’Évangile et qui montrent la sincérité de leur foi par leur patience et par leur charité doivent considérer pour leur consolation et pour leur encouragement ce que l’Apôtre dit ici, que Dieu n’est point injuste pour oublier leur travail, que ses promesses sont immuables puisqu’elles ont été faites avec serment et confirmées outre cela par l’exaltation de Jésus-Christ dans la gloire céleste où il est entré comme notre précurseur. C’est là l’espérance des fidèles qui, comme une ancre sûre et ferme, pénètre jusque dans le Ciel et les rend inébranlables au milieu des tentations et des afflictions auxquelles ils sont exposés.
St. Paul montre dans ce chapitre l’excellence du sacerdoce de Jésus-Christ par cette considération qu’il est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec. Pour cet effet il remarque que Melchisédec était sacrificateur d’une autre manière que les sacrificateurs Juifs, ce qui paraît parce qu’il était roi et parce que l’Écriture ne rapporte point sa généalogie et qu’elle ne dit pas qu’il y ait eu des prédécesseurs, ni de successeurs après sa mort, en quoi il a été le type de Jésus-Christ qui vit d’une vie immortelle après sa résurrection et qui est notre seul et unique sacrificateur. L’Apôtre ajoute que Melchisédec était au-dessus d’Abraham, ce patriarche lui ayant donné la dîme du butin. Il remarque, outre cela, que Jésus-Christ n’était pas de la famille d’Aaron de laquelle les sacrificateurs juifs étaient pris. Et que Dieu avait promis avec serment que le sacerdoce selon l’ordre de Melchisédec serait éternel. Par toutes ses considérations, St. Paul veut prouver que le sacerdoce du Messie était d’une toute autre nature que celui des sacrificateurs Juifs, qu’il devait être roi et sacrificateur tout ensemble et seul sacrificateur, que son sacrifice a dû être unique et très parfait et que, par conséquent, le sacerdoce lévitique devait être aboli. Sur la fin du chapitre, l’Apôtre montre que Jésus-Christ était au-dessus des sacrificateurs Juifs par sa parfaite sainteté.
1 C’est ce Melchisédec, roi de Salem, et sacrificateur du Dieu souverain, qui vint au-devant d’Abraham, lorsqu’il revenait de la défaite des rois, et qui le bénit ;
2 à qui aussi Abraham donna la dîme de tout le butin, et dont le nom signifie premièrement, roi de justice, et qui était aussi roi de Salem, c’est-à-dire, roi de paix,
3 sans père, sans mère, sans généalogie, n’ayant ni commencement de jours, ni fin de vie ; étant ainsi semblable au Fils de Dieu, il demeure sacrificateur pour toujours.
4 Considérez donc combien grand était celui à qui Abraham le patriarche lui-même donna la dîme du butin.
5 A l’égard de ceux de la tribu de Lévi qui parviennent à la sacrificature, ils ont bien un ordre, selon la loi, de prendre la dîme du peuple, c’est-à-dire, de leurs frères, quoiqu'ils soient tous issus d’Abraham ;
6 mais celui qui n’était pas de la même famille qu’eux, reçut d’Abraham la dîme, et bénit celui à qui les promesses avaient été faites.
7 Or, sans contredit, celui qui bénit est plus grand que celui qui est béni.
8 Et ici ce sont des hommes mortels qui prennent les dîmes ; mais là l’Ecriture rend témoignage que celui qui les prend, est vivant.
9 Et pour ainsi dire, Lévi même, qui reçoit les dîmes, les a payées en la personne d’Abraham ;
10 car il était encore dans Abraham son aïeul, lorsque Melchisédec alla au-devant de lui.
11 Si donc on eût pu arriver à la perfection par le sacerdoce lévitique, touchant lequel le peuple avait reçu une loi, qu’était-il besoin qu’il s’élevât un autre sacrificateur, qui fût nommé selon l’ordre de Melchisédec, et non pas selon l’ordre d’Aaron ?
12 Car le sacerdoce étant changé, il est nécessaire qu’il y ait aussi un changement de loi.
13 En effet, celui de qui ces choses sont dites, est d’une autre tribu de laquelle personne n’a assisté à l’autel.
14 Car il est évident que notre Seigneur est sorti de la tribu de Juda, à laquelle Moïse n’a point attribué le sacerdoce.
15 Cela est encore plus manifeste, en ce qu’il s’élève un autre sacrificateur semblable à Melchisédec ;
16 qui n’a point été établi par la loi d’une ordonnance charnelle, mais par la puissance d’une vie qui ne doit point finir,
17 selon cette déclaration de l’Ecriture : Tu es Sacrificateur éternellement selon l’ordre de Melchisédec.
18 Ainsi l’ancienne loi a été abolie à cause de sa faiblesse et de son inutilité ;
19 parce que la loi n’a rien amené à la perfection ; mais une meilleure espérance, par laquelle nous nous approchons de Dieu, a été mise en sa place.
20 Et même, ce n’a point été sans serment ; car les autres sacrificateurs ont été établis sans serment ;
21 mais celui-ci l’a été avec serment, par celui qui lui a dit : Le Seigneur l’a juré, et il ne s’en repentira point ; tu es Sacrificateur éternellement, selon l’ordre de Melchisédec.
22 Ainsi Jésus a été fait garant d’une alliance d’autant plus excellente.
23 A l’égard des sacrificateurs, il y en a eu plusieurs qui se sont succédé, parce que la mort les empêchait de subsister toujours.
24 Mais celui-ci, parce qu’il subsiste éternellement, a aussi un sacerdoce qui ne passe point à d’autres.
25 Et c’est aussi pour cela qu’il peut toujours sauver ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux.
26 Car il nous était convenable d’avoir un tel souverain Sacrificateur, qui fût saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé au-dessus des cieux ;
27 qui n’eût pas besoin, comme les autres souverains sacrificateurs, d’offrir tous les jours des sacrifices, premièrement pour ses propres péchés, et ensuite pour ceux du peuple ; car il a fait cela une seule fois en s’offrant lui-même.
28 Car la loi établit pour souverains sacrificateurs des hommes faibles ; mais la parole du serment qui a été fait après la loi, établit le Fils, et le consacre pour toujours.
REFLEXIONS
La principale réflexion qu’il faut faire sur tout ce chapitre, c’est de reconnaître et d’admirer la sagesse infinie de Dieu qui avait si bien marqué dans les anciens oracles ce que le Messie devait être, comme St. Paul le fait voir, en montrant, avec tant d’évidence et tant de force par la loi même et par le Vieux Testament, que le service et le sacerdoce lévitique devaient être abolis par le sacrifice de notre Seigneur Jésus-Christ.
Cela doit nous convaincre puissamment de la vérité de l’Évangile et nous inciter à sonder et à méditer les Écritures et les oracles des prophètes où l’on trouve de si belles preuves de la divinité de la doctrine chrétienne.
Et puisque tout ce chapitre tend à nous instruire de la perfection et de l’efficace du sacrifice de Jésus-Christ, nous ne pouvons pas douter que nous ne trouvions en lui tout ce qui est nécessaire pour obtenir le pardon de nos péchés, pour purifier nos âmes et qu’ayant pour notre sacrificateur et pour notre Roi celui qui est parfaitement saint et élevés au-dessus des cieux, il ne puisse sauver parfaitement tous ceux qui s’approchent de Dieu par lui.
L’Apôtre fait deux choses : I. Il continue à montrer que Jésus-Christ était au-dessus des sacrificateurs Juifs, par cet endroit, qu’ayant été élevé au ciel, il est ministre et sacrificateur du sanctuaire céleste, au lieu que les anciens sacrificateurs n’étaient ministres que du sanctuaire qui était sur la terre. II. Il montre dans la même vue que Dieu avait prédit par le prophète Jérémie que l’alliance qu’il avait traitée autrefois avec le peuple d’Israël serait abolie et qu’il en traiterait une plus excellente avec les hommes dans laquelle il leur pardonnerait leurs péchés et les sanctifierait par son esprit.
1 L’abrégé des choses que nous avons dites, c’est que nous avons un tel souverain Sacrificateur, qui est assis à la droite du trône de la majesté de Dieu dans les cieux ;
2 et qui est ministre du sanctuaire et du véritable tabernacle, que le Seigneur a dressé, et non pas un homme.
3 Car tout souverain sacrificateur est établi pour offrir à Dieu des dons et des sacrifices ; c’est pourquoi il a été nécessaire que celui-ci eût aussi quelque chose à offrir.
4 Car s’il était sur la terre, il ne serait pas même sacrificateur, puisqu’il y a encore des sacrificateurs, qui offrent les dons selon la loi ;
5 et qui font un service qui n’est qu’une image et une ombre des choses célestes, selon l’ordre que Dieu donna à Moïse, lorsqu’il devait dresser le tabernacle : Prends garde, lui dit-il, à faire tout selon le modèle qui t’a été montré sur la montagne.
6 Mais notre souverain Sacrificateur a obtenu un ministère d’autant plus excellent, qu’il est Médiateur d’une alliance plus excellente, et qui a été établie sur de meilleures promesses ;
7 car s’il n’y eût rien eu de défectueux dans la première, il n’y aurait pas eu lieu d’en établir une seconde.
8 Aussi Dieu dit-il aux Juifs, en leur faisant des reproches : Les jours viendront que je traiterai une alliance nouvelle avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda ;
9 non comme l’alliance que je traitai avec leurs pères, lorsque je les pris par la main, pour les retirer du pays d’Egypte ; car ils n’ont pas persévéré dans mon alliance, et je les ai rejetés, dit le Seigneur.
10 Mais, voici l’alliance que je traiterai avec la maison d’Israël, en ces jours-là, dit le Seigneur ; je mettrai mes lois dans leur esprit, et les graverai dans leur cœur ; et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple ;
11 et aucun d’eux n’enseignera plus son prochain ni son frère en lui disant : Connais le Seigneur ; car tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand d’entre eux.
12 Parce que je leur pardonnerai leurs injustices, et que je ne me souviendrai plus de leurs péchés, ni de leurs iniquités.
13 En parlant d’une alliance nouvelle, il déclara vieille la première ; or, ce qui est devenu ancien et vieux est près d’être aboli.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous engage à faire ces trois réflexions :
La première, que nous avons un grand sacrificateur qui est assis dans les Cieux à la droite de la majesté divine. Cette entrée de Jésus-Christ dans le Ciel est ce qu’il y a de plus propre pour nous convaincre pleinement de la perfection et de l’efficace de son sacrifice et pour nous assurer aussi qu’il a acquis à tous les fidèles le droit à la gloire céleste et qu’il les y élèvera un jour. La deuxième réflexion concerne le privilège que nous avons d’être reçu dans la nouvelle alliance que Dieu avait promis de traiter avec les hommes dans les temps du Messie. Ce doit être là pour nous un sujet continuel de reconnaissance et d’actions de grâces.
En troisième lieu, puisque le but que Dieu s’est proposé dans cette alliance a été de mettre ses lois dans nos cœurs, de nous remplir tous de sa connaissance et de sa crainte et de nous pardonner nos péchés, nous devons reconnaître que cette alliance nous deviendra inutile à moins que nous ne répondions de notre côté aux desseins de Dieu et que nous ne nous acquittions fidèlement des devoirs auxquels elle nous engage. C’est ce que nous apprend l’exemple des Juifs qui n’observèrent pas l’alliance du Seigneur et qui furent rejetés à cause de cela.
Enfin, puisque Dieu avait promis qu’il mettrait lui-même ses lois dans nos cœurs et dans nos entendements, nous devons le prier que, selon ses promesses, il nous augmente de plus en plus sa connaissance et qu’il imprime sa crainte et son amour dans nos cœurs par l’efficace de sa grâce, en sorte que nous soyons son vrai peuple et qu’il soit aussi toujours notre Dieu.
St. Paul fait une description de l’ancien tabernacle et du service qui s’y faisait et il remarque principalement que le souverain sacrificateur entrait une fois l’an seulement dans le lieu très saint, ce qui faisait voir que le chemin du Ciel n’était pas encore ouvert aux hommes. Il montre après cela que les sacrifices et les diverses cérémonies des Juifs étaient des figures de ce qui devait arriver un jour et en particulier que l’entrée du souverain sacrificateur dans le lieu très saint marquait que Jésus-Christ entrerait dans le Ciel par son propre sang et qu’il nous obtiendrait par ce moyen une rédemption éternelle, son sang ayant une vertu pour sanctifier les hommes que celui des victimes légales n’avaient pas. L’Apôtre ajoute que, comme l’ancienne alliance avait été confirmée par le sang des victimes, la nouvelle, qui est plus excellente, l’a été par le sang de Jésus-Christ. Il conclut de tout cela que le sacrifice de notre Seigneur est parfait et d’une vertu infinie, qu’il ne doit pas être réitéré et que Jésus-Christ étant mort une fois, il n’y a plus à attendre, sinon qu’il vienne au dernier jour pour introduire les fidèles dans sa gloire.
1 La première alliance avait donc aussi des ordonnances touchant le service divin, et un sanctuaire terrestre.
2 Car, quand le tabernacle fut dressé, il y avait dans la première partie le chandelier, la table et les pains de proposition ; et cette partie s’appelait le lieu saint.
3 Et au-delà du second voile était la partie du tabernacle appelé le lieu très saint ;
4 où il y avait un encensoir d’or et l’arche d’alliance, toute couverte d’or, dans laquelle était une urne d’or, où était la manne, la verge d’Aaron, qui avait fleuri, et les tables de l’alliance.
5 Et sur cette arche étaient les chérubins de la gloire, qui couvraient le propitiatoire ; de quoi il n’est pas besoin de parler présentement en détail.
6 Or, ces choses étant ainsi disposées, les sacrificateurs entrent bien tous les jours dans la première partie du tabernacle, pour y faire le service ;
7 mais le seul souverain sacrificateur entre dans la seconde partie, une fois l’année ; non sans y porter du sang, qu’il offre pour ses péchés et pour ceux du peuple ;
8 le Saint-Esprit montrant par-là, que le chemin du lieu très saint n’avait pas encore été ouvert, pendant que le premier tabernacle subsistait ; ce qui était une figure pour ce temps-là ;
9 pendant lequel on offrait des dons et des sacrifices, qui ne pouvaient pas purifier la conscience de celui qui faisait le service ;
10 lequel ne consistait qu’en des viandes et des breuvages, en diverses ablutions, et en des cérémonies charnelles, qui n’avaient été imposées que jusqu’au temps que tout cela devait être réformé.
11 Mais Christ, le souverain sacrificateur des biens à venir, ayant passé par un tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’a point été fait de main, c’est-à-dire, qui n’a pas été construit par les hommes,
12 est entré une seule fois dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs ou des veaux, mais avec son propre sang, nous ayant obtenu une rédemption éternelle.
13 Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre de la génisse, dont on fait aspersion, purifie ceux qui sont souillés, à l’égard de la pureté du corps ;
14 combien plus le sang de Christ, qui par l’Esprit éternel, s’est offert à Dieu, soi-même, sans aucune tache, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, pour servir le Dieu vivant !
15 C’est pourquoi il est le médiateur d’un nouveau testament, afin que, la mort intervenant pour l’expiation des péchés commis sous le premier testament, ceux qui sont appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis.
16 Car où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne ;
17 parce qu’un testament n’a son effet qu’après la mort du testateur, n’ayant point de force tant qu’il est en vie.
18 C’est pourquoi aussi, le premier testament ne fut point établi sans effusion de sang.
19 Car, après que Moïse eut prononcé à tout le peuple tous les commandements de la loi, il prit le sang des veaux et des boucs, avec de l’eau et de la laine teinte en écarlate, et de l’hysope, et il en fit aspersion sur le livre même et sur tout le peuple,
20 disant : Ceci est le sang du testament que Dieu a ordonné en votre faveur.
21 Puis, il fit de même aspersion du sang sur le tabernacle et sur tous les vaisseaux qui servaient au culte divin.
22 Et selon la loi, presque toutes choses sont purifiées par le sang, et sans effusion de sang il ne se fait point de rémission des péchés.
23 Il a donc fallu que les choses qui représentaient celles qui sont dans le ciel, fussent purifiées de cette manière, mais que les célestes fussent purifiées par des sacrifices plus excellents.
24 Car Christ n’est point entré dans le sanctuaire fait de la main des hommes, et qui n’était que la figure du véritable ; mais il est entré dans le ciel même pour comparaître maintenant pour nous, devant la face de Dieu.
25 Ce n’est pas qu’il s’offre plusieurs fois soi-même, comme le souverain sacrificateur entre dans le lieu très saint, chaque année, avec d’autre sang que le sien.
26 Autrement, il aurait fallu qu’il eût souffert plusieurs fois depuis la création du monde ; mais à présent, dans la consommation des siècles, il a paru une fois pour abolir le péché, s’étant offert lui-même en sacrifice.
27 Et comme il est ordonné que tous les hommes meurent une fois, après quoi suit le jugement ;
28 de même aussi Christ, ayant été offert une fois pour ôter les péchés de plusieurs, paraîtra une seconde fois sans péché à ceux qui l’attendent pour obtenir le salut.
REFLEXIONS
La comparaison que St. Paul fait entre les sacrificateurs de la loi et Jésus-Christ tend principalement à nous instruire de l’efficace de sa mort et son sacrifice. Nous voyons ici que le sang de Jésus-Christ a une vertu que les sacrifices de la loi n’avaient point, en ce qu’il a ouvert le Ciel où notre Seigneur est entré pour nous, aussi bien que pour lui, ce qui nous élève aux plus glorieuses espérances.
Mais St. Paul nous apprend aussi que ce sang doit nous sanctifier : et purifier notre conscience des œuvres mortes pour servir le Dieu vivant, par où nous voyons que le sacrifice de Jésus-Christ nous impose la nécessité de travailler à notre sanctification et qu’il nous met en état de le faire.
Il faut méditer dans les mêmes vues ce qui est dit dans ce chapitre que l’alliance de l’Évangile a été confirmée par le sang et par la mort du fils de Dieu. Dès là, cette alliance est ferme et immuable en tout ce qu’elle contient, les devoirs qu’elle prescrit sont tous à fait inviolables et sacrés et ses menaces, de même que ses promesses, s’exécuteront infailliblement.
Enfin, si le sacrifice de Jésus-Christ est unique et ne peut plus être réitéré et s’il ne reste plus rien, sinon qu’il revienne au dernier jour pour sauver ceux qui l’attendent en vivant dans la piété, il s’ensuit de là qu’il n’y a qu’un seul moyen et qu’un seul temps pour obtenir le salut. Ce seul moyen, c’est de profiter de la grâce qui nous est présentée en Jésus-Christ et ce seul temps, c’est le temps de cette vie, puisqu’il est ordonné aux hommes de mourir une fois et qu’après la mort suit le jugement.
St. Paul fait voir que les sacrifices de la loi n’avaient point la vertu d’expier les péchés des hommes, ni de les purifier et qu’il n’y a que le sacrifice de Jésus-Christ et l’oblation qu’il a faite une seule fois de son corps par la volonté de Dieu qui ait pu produire cet effet. Ayant ainsi achevé de prouver l’imperfection des sacrifices des Juifs et la perfection de celui de notre Seigneur, il exhorte les Hébreux à s’approcher de Dieu avec confiance et à persévérer dans la profession de la religion chrétienne et dans les pratiques des bonnes œuvres. Il menace des peines les plus terribles ceux qui, après avoir reçu la connaissance de l’Évangile, tomberont dans la désobéissance et dans l’apostasie. Et de peur que les persécutions n’ébranlassent la foi des chrétiens et ne les fissent douter de la vérité des promesses de Dieu, il les exhorte à souffrir avec la même constance qu’ils avaient fait jusqu’alors et à attendre patiemment et avec une foi ferme l’accomplissement de ces promesses.
1 Or, la loi n’ayant que l’ombre des biens à venir, et non la vraie image des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu’on offre continuellement chaque année, sanctifier parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu.
2 Autrement on aurait cessé de les offrir, parce que ceux qui faisaient ce service, étant une fois purifiés, n’auraient plus eu leur conscience chargée de péché.
3 Mais il se fait chaque année, dans ces sacrifices, une nouvelle commémoration des péchés.
4 Car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés.
5 C’est pourquoi, Christ entrant dans le monde, dit : Tu n’as point voulu de sacrifice ni d’offrande, mais tu m’as formé un corps.
6 Tu n’as point pris plaisir aux holocaustes, ni aux sacrifices pour le péché.
7 Alors j’ai dit : Me voici ; je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté, comme il est écrit de moi dans le Livre.
8 Ayant dit auparavant : Tu n’as point voulu de sacrifice, ni d’offrande, ni d’holocaustes, ni d’oblations pour le péché, et tu n’y as point pris plaisir (qui sont les choses qu’on offre selon la loi) ; il ajoute ensuite : Me voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté.
9 Il abolit le premier, pour établir le second.
10 Et c’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés, savoir, par l’oblation du corps de Jésus-Christ, laquelle a été faite une seule fois.
11 Tout sacrificateur donc assiste chaque jour, faisant le service, et offrant plusieurs fois les mêmes sacrifices, qui ne peuvent jamais ôter les péchés ;
12 mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis pour toujours à la droite de Dieu,
13 attendant ce qui reste encore, qui est que ses ennemis soient réduits à lui servir de marchepied.
14 Car, par une seule oblation il a amené pour toujours à la perfection ceux qui sont sanctifiés.
15 Et c’est ce que le Saint-Esprit déclare aussi ; car après avoir dit :
16 Voici l’alliance que je ferai avec eux, quand ces jours-là seront arrivés, dit le Seigneur ; je mettrai mes lois dans leurs cœurs, et je les écrirai dans leurs entendements ; il ajoute :
17 Et je ne me souviendrai plus de leurs péchés ni de leurs iniquités.
18 Or, où la rémission des péchés est accordée, il n’est plus besoin d’oblation pour le péché.
19 Puis donc, mes frères, que nous avons, par le sang de Jésus, la liberté d’entrer dans les lieux saints,
20 par le chemin nouveau qui mène à la vie, lequel il nous a frayé à travers le voile, qui est sa propre chair ;
21 et puisque nous avons un grand Sacrificateur établi sur la maison de Dieu ;
22 approchons-nous de lui avec un cœur sincère, avec une confiance pleine et parfaite, ayant les cœurs purifiés des souillures d’une mauvaise conscience, et le corps lavé d’une eau pure.
23 Retenons constamment la profession de notre espérance, sans varier ; car celui qui a fait les promesses est fidèle ;
24 et prenons garde les uns aux autres, pour nous exciter à la charité et aux bonnes œuvres ;
25 n’abandonnant point nos assemblées, comme quelques-uns ont coutume de faire ; mais exhortons-nous les uns les autres, et cela d’autant plus que vous voyez approcher le jour.
26 Car si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés ;
27 et il n’y a plus rien à attendre qu’un jugement terrible et un feu ardent, qui doit dévorer les adversaires.
28 Si quelqu’un avait violé la loi de Moïse, il mourait sans miséricorde, sur le témoignage de deux ou trois personnes ;
29 combien plus grand croyez-vous que doive être le supplice dont sera jugé digne celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et tenu pour une chose profane le sang de l’alliance, par lequel il avait été sanctifié, et qui aura outragé l’Esprit de la grâce !
30 Car nous connaissons celui qui a dit : C’est à moi qu’appartient la vengeance ; je le rendrai, dit le Seigneur. Et ailleurs : Le Seigneur jugera son peuple.
31 C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.
32 Rappelez dans votre mémoire les premiers temps, auxquels, après avoir été éclairés, vous avez soutenu un grand combat de souffrances ;
33 quand d’un côté, vous avez été exposés, à la vue de tout le monde, à des opprobres et à des persécutions, et que de l’autre, vous avez pris part aux maux de ceux qui étaient ainsi traités.
34 Car vous avez aussi compati à mes liens, et vous avez souffert avec joie qu’on vous ravît vos biens, sachant que vous en avez dans les cieux de plus excellents, et qui sont permanents.
35 N’abandonnez donc pas votre confiance, qui doit avoir une si grande récompense.
36 Car vous avez besoin de patience, afin qu’après avoir fait la volonté de Dieu, vous remportiez l’effet de sa promesse.
37 Car encore un peu de temps, et celui qui doit venir, viendra, et il ne tardera point.
38 Or, le juste vivra par la foi ; mais si quelqu’un se retire, mon âme ne prend point de plaisir en lui.
39 Pour nous, nous ne sommes pas de ceux qui se retirent pour périr ; mais nous sommes de ceux qui gardent la foi pour sauver leur âme.
REFLEXIONS
La première partie de ce chapitre nous instruit de la perfection du sacrifice de Jésus-Christ et de ses fruits. St. Paul y enseigne que nos péchés ont été expiés par l’oblation que Jésus-Christ a faite de son corps sur la croix et qu’après s’être offert en sacrifice pour les péchés des hommes, il s’est assis pour toujours à la droite de Dieu. Outre cela, l’Apôtre nous fait considérer ce sacrifice de notre Seigneur comme un effet de sa soumission à la volonté de son père et de son amour envers nous.
Ce sont là des considérations qui doivent nous persuader que l’ouvrage de notre rédemption est pleinement accompli, nous inspirer un ardent amour pour ce sauveur charitable et nous engager à nous soumettre aussi en toutes choses à la volonté de Dieu.
La seconde partie de ce chapitre nous donne ces quatre instructions.
I. La première, que, puisque Jésus-Christ nous a acquis par sa mort et par son ascension la liberté d’entrer dans le Ciel, nous pouvons nous approcher de Dieu avec une pleine confiance, pourvu que nous le fassions avec un cœur pur et nettoyé des souillures du péché.
II. La seconde, que nous devons persévérer dans la profession publique de notre foi et nous exciter continuellement les uns les autres à la piété, à la charité et à toutes sortes de bonnes œuvres.
III. La troisième, que, quoique l’Évangile soit une alliance de grâce, il menace des peines les plus effroyables ceux qui l’auront violée. St. Paul dit sur ce sujet que les supplices que l’Évangile dénonce à ceux qui auront méprisé le sang du fils de Dieu et outragé son esprit seront infiniment plus rigoureux que ceux qu’on faisait souffrir aux Juifs qui avaient violé la loi de Moïse et qu’il ne reste plus de sacrifice pour les chrétiens rebelles et apostats, mais qu’il n’y a pour eux que l’attente formidable du jugement et que c’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant.
IV. St. Paul nous enseigne ici qu’il ne faut pas que les chrétiens perdent jamais courage dans les persécutions, qu’ils doivent même souffrir avec joie la perte de leurs biens et les afflictions les plus fâcheuses pour Jésus-Christ lorsqu’ils y ont été appelés, puisqu’ils trouveront infailliblement auprès de Dieu une grande récompense et qu’après avoir fait sa volonté, ils recevront l’effet de ses promesses.
L’Apôtre, pour affermir la foi des Hébreux contre les persécutions, leur propose l’exemple des patriarches et des anciens fidèles, lesquels par leur foi et par leur confiance aux promesses de Dieu, lui avaient été agréables et avaient surmonté les épreuves les plus dures. C’est dans cette vue qu’il parle de la nature de la foi et de ses effets merveilleux et il allègue l’exemple d’Abel, d’Énoch, de Noé, d’Abraham et de Sara. Il y ajoute celui d’Isaac, de Jacob et de Joseph, lesquels, par les bénédictions qu’ils donnèrent à leurs enfants et par ce qu’ils dirent avant leur mort, montrèrent qu’ils étaient persuadés que les promesses de Dieu s’accompliraient. Il parle ensuite de Moïse, de la sortie d’Égypte et de la conquête du pays de Canaan et enfin des juges, de Samuel, du roi David et de plusieurs prophètes et martyrs qui, soutenus par leur foi, avaient fait les plus grandes merveilles et avaient souffert avec constance toutes sortes de tourments et même la mort.
1 Or, la foi est une vive représentation des choses qu’on espère, et une démonstration de celles qu’on ne voit point.
2 Car par elle les anciens ont obtenu un bon témoignage.
3 C’est par la foi que nous savons que le monde a été fait par la parole de Dieu ; en sorte que les choses qui se voient n’ont pas été faites de choses qui parussent.
4 C’est par la foi qu’Abel offrit à Dieu un plus excellent sacrifice que Caïn, et qu’il obtint le témoignage d’être juste, Dieu rendant un bon témoignage à ses offrandes ; et quoique mort, il parle encore par elle.
5 C’est par la foi qu’Hénoc fut enlevé pour ne point mourir, et il ne parut plus, parce que Dieu l’avait enlevé ; car avant que d’être enlevé, il avait obtenu le témoignage d’être agréable à Dieu.
6 Or, il est impossible de lui être agréable sans la foi ; car il faut que celui qui s’approche de Dieu, croie que Dieu est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le cherchent.
7 C’est par la foi que Noé, ayant été divinement averti des choses qu’on ne voyait point encore, craignit, et bâtit l’arche pour sauver sa famille ; et par cette arche il condamna le monde, et fut fait héritier de la justice qui s’obtient par la foi.
8 C’est par la foi qu’Abraham, étant appelé, obéit, pour venir au pays qu’il devait recevoir pour héritage ; et il partit, ne sachant où il allait.
9 C’est par la foi, qu’il demeura comme étranger dans la terre qui lui avait été promise, habitant sous des tentes, aussi bien qu’Isaac et Jacob, qui étaient héritiers avec lui de la même promesse.
10 Car il attendait la cité qui a des fondements, et de laquelle Dieu est l’architecte et le fondateur.
11 C’est aussi par la foi que Sara reçut la vertu de concevoir et qu’elle enfanta, étant hors d’âge d’avoir des enfants, parce qu’elle crut que celui qui le lui avait promis était fidèle.
12 C’est pourquoi il est né d’un seul homme, et qui était déjà affaibli par l’âge, une multitude aussi nombreuse que les étoiles du ciel, et que le sable innombrable qui est au bord de la mer.
13 Tous ceux-là sont morts dans la foi, sans avoir reçu les choses qui leur avaient été promises, mais les ayant vues de loin, crues, et embrassées, et ayant fait profession d’être étrangers et voyageurs sur la terre.
14 Car ceux qui parlent ainsi, montrent clairement qu’ils cherchent leur patrie.
15 En effet, s’ils eussent eu en vue celle d’où ils étaient sortis, ils avaient assez de temps pour y retourner ;
16 mais ils en désiraient une meilleure, qui est la céleste ; c’est pourquoi Dieu ne dédaigne pas de s’appeler leur Dieu, car il leur avait préparé une cité.
17 C’est par la foi qu’Abraham offrit Isaac, lorsqu’il fut éprouvé, et que celui qui avait reçu les promesses, offrit son fils unique ;
18 à l’égard duquel il avait été dit : C’est en Isaac que ta postérité sera appelée de ton nom ;
19 ayant pensé en lui-même, que Dieu pouvait ressusciter Isaac des morts ; aussi le recouvra-t-il par une espèce de résurrection.
20 C’est par la foi qu’Isaac donna à Jacob et Esaü une bénédiction qui regardait l’avenir.
21 C’est par la foi, que Jacob mourant bénit les deux fils de Joseph, et adora, étant appuyé sur le haut de son bâton.
22 C’est par la foi, que Joseph mourant parla de la sortie des enfants d’Israël, et qu’il donna des ordres touchant ses os.
23 C’est par la foi que Moïse, étant né, fut caché pendant trois mois par son père et sa mère, parce qu’ils voyaient que c’était un bel enfant ; et ils ne craignirent point l’édit du roi.
24 C’est par la foi que Moïse, devenu grand, renonça à la qualité de fils de la fille de Pharaon ;
25 choisissant plutôt d’être affligé avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un peu de temps des délices du péché ;
26 et regardant l’opprobre de Christ comme des richesses plus grandes que les trésors de l’Egypte, parce qu’il avait en vue la rémunération.
27 C’est par la foi qu’il quitta l’Egypte, sans craindre la colère du roi ; car il demeura ferme, comme voyant celui qui est invisible.
28 C’est par la foi qu’il célébra la Pâque et qu’il fit l’aspersion du sang, afin que le destructeur qui tuait les premiers-nés, ne touchât point ceux des Israélites.
29 C’est par la foi, qu’ils passèrent par la mer Rouge comme par un lieu sec ; ce que les Egyptiens ayant voulu tenter, ils furent submergés.
30 C’est par la foi que les murailles de Jérico tombèrent, après qu’on en eut fait le tour pendant sept jours.
31 C’est par la foi que Rahab l’hôtelière ne périt point avec les incrédules, parce qu’elle reçut les espions et les mit en sûreté.
32 Et que dirai-je encore ? Car le temps me manquerait, si je voulais parler de Gédéon, de Barac, de Samson, de Jephthé, de David, de Samuel, et des prophètes ;
33 qui, par la foi, ont conquis des royaumes, ont exercé la justice, ont obtenu l’effet des promesses, ont fermé la gueule des lions,
34 ont éteint la force du feu, ont échappé au tranchant des épées, ont été guéris de leurs maladies, ont été vaillants dans la guerre, ont mis en fuite des armées ennemies.
35 Des femmes ont recouvré par la résurrection leurs enfants morts ; d’autres ont été cruellement tourmentés, refusant d’être délivrés, afin d’obtenir une meilleure résurrection ;
36 d’autres ont été éprouvés par les moqueries et les fouets ; d’autres, par les liens et par la prison ;
37 ils ont été lapidés, ils ont été sciés, ils ont été mis à toutes sortes d’épreuves, ils sont morts par le tranchant de l’épée, ils ont été errants çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, destitués de tout, affligés, maltraités ;
38 eux dont le monde n’était pas digne ; ils ont erré dans les déserts et dans les montagnes, se cachant dans les cavernes et les antres de la terre.
39 Et tous ceux-là ayant obtenu un bon témoignage par leur foi, n’ont point reçu ce qui leur avait été promis ;
40 Dieu ayant pourvu quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent pas à la perfection sans nous.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous instruit de la nature de la foi et de ses effets.
I. St. Paul nous y enseigne que la foi est une vive et ferme persuasion des choses que Dieu nous a promises et qu’elle nous fait regarder ces choses-là comme présentes quoique nous ne les voyions pas encore. Il ajoute qu’elle consiste à croire qu’il y a un Dieu qui récompense ceux qui le servent et à qui il est impossible d’être agréable sans cette foi-là.
II. L’Apôtre nous met devant les yeux les merveilleux effets de la foi par les exemples d’Abel, d’Énoch, de Noé, des patriarches, des prophètes, des personnes illustres et des Saints qui ont vécu avant Jésus-Christ.
Ce qu’on doit recueillir en général de tous ces exemples, c’est :
I. Que dès le commencement du monde et dans tous les temps il y a eu des Saints qui ont cru en Dieu, qui ont espéré en ses promesses et qui ont montré la sincérité de leur foi en lui obéissant, même dans les choses les plus difficiles,
II. Que la foi a toujours été nécessaire et que personne n’a jamais été agréable à Dieu et n’a pas eu part à son approbation que par la foi,
III. Que cette vraie foi a aussi toujours produit ces trois effets principaux, savoir : la confiance aux promesses de Dieu, l’obéissance à ses commandements et la constance dans les afflictions.
C’est ce qu’on voit en particulier dans le patriarche Abraham, qui donna des preuves si illustres de sa foi en sortant de son pays et en offrant son fils Isaac en sacrifice et qui, de même que ses fils, vécut sur la terre comme un étranger et un voyageur, attendant une meilleure vie en cherchant sa patrie dans le Ciel.
C’est ce qu’on remarque encore dans la conduite de Moïse qui aima mieux souffrir avec le peuple de Dieu que de jouir des avantages qui lui étaient offerts dans l’Égypte, aussi bien que dans l’admirable constance que les anciens martyrs ont fait paraître en souffrant la persécution et les supplices les plus cruels.
Tous ces exemples doivent animer extraordinairement notre foi, nous remplir de courage et de zèle et nous engager à obéir au Seigneur en toutes choses et même à tout souffrir pour lui. Et si nous considérons, comme St. Paul le dit sur la fin de ce chapitre, que nous avons des avantages que ceux qui vivaient avant la venue de Jésus-Christ n’avaient pas, nous nous sentirons encore plus obligés de marcher sur les traces de ces grands serviteurs de Dieu, afin que, les imitant dans leur foi, nous arrivions comme eux à la perfection et au salut.
St. Paul exhorte les Hébreux à imiter l’exemple des fidèles du Vieux Testament qu’il leur avait mis devant les yeux dans le chapitre précédent et surtout celui de Jésus-Christ et à endurer les afflictions avec constances. I. Il leur fait remarquer aussi que les afflictions sont un effet et une marque de l’amour de Dieu et qu’il en revient de grands avantages aux fidèles et il les encourage par ces considérations à souffrir patiemment la persécution. Il les exhorte à la sainteté et à la persévérance dans la foi et il les avertit d’éviter tout ce qui pourrait leur faire perdre la grâce de Dieu et de ne se pas laisser séduire par la sensualité. Après cela, il compare la manière dont la loi avait été publiée sur le mont Sinaï avec la manière dont l’Évangile avait été annoncé et par là il veut montrer combien la punition de ceux qui auront méprisé la voix de Jésus-Christ et violé l’alliance de la grâce sera rigoureuse.
1 Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetant tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe aisément, poursuivons constamment la course qui nous est proposée,
2 regardant à Jésus, le chef et le consommateur de la foi, qui, en vue de la joie qui lui était proposée, a souffert la croix, méprisant l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu.
3 C’est pourquoi, considérez bien celui qui a souffert une si grande contradiction des pécheurs, afin que vous ne vous abattiez pas en perdant courage.
4 Vous n’avez pas encore résisté jusqu’au sang, en combattant contre le péché ;
5 et vous avez oublié l’exhortation qui vous dit, comme à des enfants de Dieu : Mon enfant, ne méprise pas le châtiment du Seigneur, et ne perds point courage, lorsqu’il te reprend ;
6 car le Seigneur châtie celui qu’il aime, et il frappe de ses verges tous ceux qu’il reconnaît pour ses enfants.
7 Si vous souffrez le châtiment, Dieu vous traite comme ses enfants ; car quel est l’enfant que son père ne châtie pas ?
8 Mais si vous êtes exempts du châtiment auquel tous les autres ont part, vous êtes donc des bâtards, et non des enfants légitimes.
9 Et puisque nos pères selon la chair nous ont châtiés, et que nous avons eu du respect pour eux, ne serons-nous pas beaucoup plus soumis au Père des esprits, pour avoir la vie ?
10 Car quant à nos pères, ils nous châtiaient pour un peu de temps, comme ils le trouvaient bon ; mais Dieu nous châtie pour notre profit, afin de nous rendre participants de sa sainteté.
11 Il est vrai que tout châtiment semble d’abord un sujet de tristesse, et non pas de joie ; mais il produit ensuite un fruit paisible de justice à ceux qui ont été ainsi exercés.
12 Fortifiez donc vos mains qui sont affaiblies, et vos genoux qui sont relâchés ;
13 et faites à vos pieds un chemin droit, afin que ce qui cloche ne se dévoie pas tout à fait, mais que plutôt il se rétablisse.
14 Recherchez la paix avec tout le monde, et la sanctification, sans laquelle personne ne verra le Seigneur ;
15 prenant garde que personne ne se prive de la grâce de Dieu ; et que quelque racine d’amertume poussant en haut, ne vous trouble, et que plusieurs n’en soient infectés.
16 Qu’il n’y ait point d’impur, ni de profane comme Esaü, qui, pour un mets, vendit son droit d’aînesse.
17 Car vous savez que même après cela, voulant hériter la bénédiction de son père, il fut rejeté, car il ne put trouver le moyen de le faire changer de résolution, quoiqu’il le demandât avec larmes.
18 Car vous ne vous êtes pas approchés de la montagne qu’on pouvait toucher avec la main, ni du feu brûlant, ni de la nuée épaisse, ni de l’obscurité, ni de la tempête,
19 ni du bruit de la trompette, ni de la voix qui parlait, et qui était telle que ceux qui l’entendirent, prièrent que la parole ne leur fût plus adressée.
20 Car ils ne pouvaient supporter ce qui était ordonné, que si même une bête touchait la montagne, elle serait lapidée ou percée d’un dard.
21 Et ce qui paraissait était si terrible, que Moïse même dit : Je suis effrayé et tout tremblant.
22 Mais vous êtes venus à la montagne de Sion, à la cité du Dieu vivant, à la Jérusalem céleste, aux milliers d’anges ;
23 à l’assemblée et à l’Église des premiers-nés, qui sont écrits dans les cieux ; à Dieu qui est le juge de tous ; aux esprits des justes qui sont parvenus à la perfection ;
24 et à Jésus, le Médiateur de la nouvelle alliance, et au sang de l’aspersion, qui prononce de meilleures choses que celui d’Abel.
25 Prenez garde de ne pas mépriser celui qui vous parle ; car si ceux qui méprisaient celui qui parlait de la part de Dieu sur la terre, ne sont point échappés, nous serons punis beaucoup plus, si nous nous détournons de celui qui nous parle des cieux ;
26 de qui la voix ébranla alors la terre, et qui maintenant a fait cette promesse : Encore une fois, j’ébranlerai non-seulement la terre, mais aussi le ciel.
27 Or, ces mots : Encore une fois, marquent l’abolition des choses muables, comme n’ayant été faites que pour faire place à celles qui sont immuables et qui subsisteront toujours.
28 C’est pourquoi, embrassant le royaume qui ne peut être ébranlé, conservons la grâce par laquelle nous puissions servir Dieu d’une manière qui lui soit agréable, avec respect et avec crainte ;
29 car notre Dieu est aussi un feu consumant.
REFLEXIONS
L’Apôtre nous apprend ici premièrement que l’exemple des fidèles et des Saints qui se sont autrefois rendus agréables à Dieu par leur foi, par leur patience et par leur obéissance, a beaucoup de force pour nous inciter à ces mêmes devoirs, surtout puisque Dieu nous a accordé plus de lumières et plus de grâces qu’à eux et que nous avons, outre cela, devant les yeux l’exemple de Jésus-Christ, l’auteur et le consommateur de notre foi.
II. St. Paul nous instruit sur les afflictions et quoique ce qu’il dit regarde proprement les persécutions que l’on souffre pour l’Évangile, on peut l’appliquer à toutes les afflictions en général, puisqu’il est toujours vrai que Dieu nous châtie par un effet de son amour afin de nous rendre participants de sa sainteté et que les afflictions produisent de très salutaires effets en ceux qui les reçoivent comme il faut.
Cela nous engage à ces deux devoirs :
L’un, de ne nous laisser jamais aller au découragement et au murmure dans les maux, mais de les souffrir patiemment et même avec joie, de quelque nature qu’ils soient, puisque c’est Dieu notre Père qui nous les envoie et qu’il ne le fait que pour notre bien,
L’autre devoir est de répondre aux vues que Dieu se propose en nous dispensant les afflictions, d’en faire un bon usage et de les rapporter à notre correction et à notre avancement dans la sainteté.
III. Nous voyons dans ce chapitre que nous sommes indispensablement obligés de vivre dans la paix et dans l’étude de la sanctification et que sans cela il est impossible que nous voyions jamais le Seigneur.
I. L’Apôtre nous avertit de travailler à nous conserver dans la grâce de Dieu et de prendre garde pour cet effet qu’il n’y ait en nous quelque principe d’incrédulité et de rébellion qui nous la fasse perdre et il nous montre par l’exemple d’Ésaü qu’il importe surtout d’éviter la sensualité et de ne pas préférer les vains et frivoles avantages du monde aux biens éternels que Dieu nous promet, de peur que nous ne soyons privés de la bénédiction de notre Père céleste.
II. Enfin, la comparaison que l’Apôtre fait ici entre la loi et l’Évangile nous présente ces deux réflexions :
III. Que nous vivons sous une alliance beaucoup plus excellente que les Israélites et que nous sommes par-là étroitement obligés de la bien garder. C’est dans cette vue que St. Paul nous représente que nous sommes membres de l’église chrétienne, que l’Évangile a été annoncé par le propre fils de Dieu et confirmé par son sang et que Dieu nous appelle à posséder une gloire infinie dans le Ciel avec les anges et tous les saints ;
IV. Que, quoique l’Évangile n’ait été pas été publié avec un appareil aussi formidable que la loi le fut autrefois sur le mont Sinaï et que nous vivions sous une dispensation de la grâce et de miséricorde, ceux qui méprisent la voix du fils de Dieu ont à craindre des peines beaucoup plus sévères que celles qui étaient dénoncées aux Israélites. C’est la vérité que St. Paul exprime en ces termes : Si ceux qui méprisaient celui qui parlait de la part de Dieu sur la terre ne sont pas échappés, nous échapperons beaucoup moins si nous nous détournons de celui qui parle du Ciel. C’est pourquoi embrassant le royaume qui ne peut être ébranlé, conservons la grâce, afin que nous servions Dieu avec respect et avec crainte et d’une manière que nous lui soyons agréables, car notre Dieu est aussi un feu consumant.
Dans ce dernier chapitre, l’Apôtre exhorte les Hébreux à la charité, à la chasteté, au contentement d’esprit et à la confiance en Dieu. Il leur recommande de se souvenir de leurs conducteurs et de ne se point laisser détourner de la pure doctrine qu’il leur avait enseignée, ni par ceux qui voulait retenir les sacrifices et les cérémonies de la loi mosaïque, ni par la crainte de la persécution. Il leur prescrit les vrais sacrifices des chrétiens, qui sont les louanges de Dieu et l’exercice de la charité, il leur ordonne d’être soumis à leurs pasteurs. Enfin, il leur demande leurs prières et il en fait lui-même pour leur sanctification.
1 Que l’amour fraternel demeure en vous.
2 N’oubliez point l’hospitalité, car c’est par elle que quelques-uns ont logé des anges sans le savoir.
3 Souvenez-vous de ceux qui sont dans les liens, comme si vous y étiez avec eux ; et de ceux qui sont maltraités, comme étant vous-mêmes du même corps.
4 Le mariage est honorable entre tous, et le lit sans souillure ; mais Dieu jugera les fornicateurs et les adultères.
5 Que vos mœurs soient sans avarice, étant contents de ce que vous avez ; car Dieu lui-même a dit : Je ne te laisserai point, je ne t’abandonnerai point.
6 De sorte que nous pouvons dire avec confiance : Le Seigneur est mon aide, et je ne craindrai point ce que l’homme pourrait me faire.
7 Souvenez-vous de vos conducteurs, qui vous ont annoncé la parole de Dieu, et imitez leur foi, considérant quelle, a été l’issue de leur vie.
8 Jésus-Christ est le même, hier et aujourd’hui, et le sera éternellement.
9 Ne vous laissez point entraîner par des doctrines diverses et étrangères ; car il vaut mieux affermir son cœur par la grâce que par les viandes, qui n’ont servi de rien à ceux qui s’y sont attachés.
10 Nous avons un autel, duquel ceux qui servent au tabernacle n’ont pas le pouvoir de manger.
11 Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le souverain sacrificateur, pour l’expiation du péché, sont brûlés hors du camp.
12 C’est aussi pour cela que Jésus, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte.
13 Sortons donc hors du camp pour aller à lui, en portant son opprobre.
14 Car nous n’avons point ici de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir.
15 Offrons donc par lui sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire, le fruit des lèvres qui confessent son nom.
16 N’oubliez pas aussi d’exercer la charité, et de faire part de vos biens ; car Dieu prend plaisir à de tels sacrifices.
17 Obéissez à vos conducteurs et soyez-leur soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme devant en rendre compte, afin que ce qu’ils font, ils le fassent avec joie, et non en gémissant ; car cela ne vous serait point avantageux.
18 Priez pour nous ; car nous sommes assurés que nous avons une bonne conscience, désirant de nous bien conduire en toutes choses.
19 Et je vous prie avec d’autant plus d’instance de le faire, afin que je vous sois plutôt rendu.
20 Le Dieu de paix, qui a ramené d’entre les morts le grand Pasteur des brebis, notre Seigneur Jésus-Christ, par le sang de l’alliance éternelle,
21 vous rende accomplis en toutes sortes de bonnes œuvres, pour faire sa volonté, faisant lui-même en vous ce qui lui est agréable, par Jésus-Christ, auquel soit gloire aux siècles des siècles. Amen.
22 Au reste, mes frères, je vous prie de prendre en bonne part ces paroles d’exhortation ; car je vous ai écrit en peu de mots.
23 Vous savez que notre frère Timothée est délivré ; s’il vient bientôt, je vous irai voir avec lui.
24 Saluez tous vos conducteurs, et tous les saints. Ceux d’Italie vous saluent.
25 La grâce soit avec vous tous. Amen.
REFLEXIONS
Les devoirs qui sont prescrits dans ce chapitre sont les suivants :
I. De nous aimer les uns les autres comme frères, d’exercer la charité et l’hospitalité et d’avoir soin surtout de ceux qui souffrent persécution pour l’Évangile,
II. De vivre dans la chasteté, soit que nous soyons mariés, soit que nous ne le soyons pas et d’avoir en horreur toute impureté, nous souvenant que Dieu jugera un jour les personnes qui s’adonnent à ce péché-là,
III. De fuir l’avarice, d’être content de notre état et de nous reposer toujours sur la providence de Dieu,
IV. De regarder les choses du monde et ce qui flatte les désirs de la chair de la même manière que St. Paul voulait que les chrétiens regardassent les cérémonies de la loi et de nous souvenir que la qualité des chrétiens et la foi en Jésus-Christ crucifié nous appellent à porter notre croix et à vivre en ce monde comme des personnes : qui n’ont point ici-bas de cité permanente, mais qui cherchent celle qui est à venir.
V. Ce chapitre nous apprend à ne jamais négliger le devoir de l’action de grâce et de la louange de Dieu, non plus que celui de la charité et de l’aumône, puisque ce sont des sacrifices très agréables à Dieu.
VI. St. Paul recommande aux chrétiens, à son ordinaire, de se souvenir de leurs pasteurs, de leur obéir et de leur être soumis comme à ceux qui veillent pour leurs âmes et de prier continuellement pour eux.
Enfin, il conclut ces exhortations et cette épître par cette prière qu’il fait en faveur des Hébreux et que nous devons tous faire pour nous-mêmes et les uns pour les autres : que le Dieu de paix veuille vous rendre accomplis en toutes sortes de bonnes œuvres, pour faire sa volonté ; et qu’il fasse lui-même en vous ce qui lui agréable par Jésus-Christ auquel soit la gloire aux siècles des siècles, amen !
Écrite d’Italie aux Hébreux, et portée par Timothée.