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ARGUMENT

Le second livre de Samuel contient l’histoire du règne de David, ce qui comprend l’espace d’environ quarante ans.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I

David reçoit les nouvelles de la mort de Saül et de la défaite des Israélites qui avaient été battus par les Philistins. II. Il fait mourir celui qui avait ôté la vie à Saül. III. Il prononce une plainte sur cette mort.

1 Après que Saül fut mort, David étant revenu de la défaite des Hamalékites, demeura à Tsiklag deux jours ;

2 et au troisième jour on vit paraître un homme, qui revenait du camp de Saül, ayant ses vêtements déchirés, et de la terre sur sa tête ; et étant venu à David, il se jeta en terre et se prosterna.

3 Et David lui dit : D’où viens-tu ? Et il lui répondit : Je suis échappé du camp d’Israël.

4 Et David lui dit : Qu’est-il arrivé ? Je te prie, raconte-le-moi. Il répondit : Le peuple a fui dans le combat, et même il y en a eu beaucoup du peuple qui ont été défaits, et qui sont morts ; Saül aussi et Jonathan son fils sont morts.

5 Et David dit à ce jeune homme qui lui disait ces nouvelles : Comment sais-tu que Saül et Jonathan son fils soient morts ?

6 Et le jeune homme, qui lui disait ces nouvelles, lui répondit : Je me trouvai par hasard sur la montagne de Guilboah, et voici, Saül se tenait penché sur sa hallebarde, et quelques cavaliers l’avaient joint ;

7 et regardant derrière soi, il me vit, et m’appela, et je lui répondis : Me voici.

8 Alors il me dit : Qui es-tu ? Et je lui répondis : Je suis Hamalékite.

9 Et il me dit : Tiens-toi ferme sur moi, je te prie, et me fais mourir ; car je suis dans une grande angoisse, et même ma vie est encore toute en moi.

10 Je me suis donc tenu ferme sur lui, et je l’ai fait mourir ; car je savais bien qu’il ne vivrait pas, après s’être ainsi jeté sur sa hallebarde ; et j’ai pris la couronne qu’il avait sur sa tête, et le bracelet qu’il avait à son bras, et je les ai apportés ici à mon seigneur.

11 Alors David prit ses vêtements, et les déchira ; tous les hommes aussi, qui étaient avec lui, en firent de même.

12 Et ils menèrent deuil, et pleurèrent, et jeûnèrent jusqu’au soir à cause de Saül, et de Jonathan son fils, et du peuple de l’Éternel, et de la maison d’Israël, parce qu’ils étaient tombés par l’épée.

13 Mais David dit au jeune homme qui lui avait dit ces nouvelles : D’où es-tu ? et il répondit : Je suis fils d’un étranger Hamalékite.

14 Et David lui dit : Comment n’as-tu pas craint d’avancer ta main pour tuer l’oint de l’Éternel ?

15 Alors David appela l’un de ses gens, et lui dit : Approche-toi, jette-toi sur lui ; et il le frappa, et il mourut.

16 Car David lui avait dit : Ton sang soit sur ta tête ; car ta bouche a porté témoignage contre toi, en disant : J’ai fait mourir l’oint de l’Éternel.

17 Alors David fit cette complainte sur Saül, et sur Jonathan son fils :

18 et il ordonna qu’on enseignât aux enfants de Juda à tirer de l’arc ; voici, elle est écrite dans le livre de Jasçar ;

19 Ô noblesse d’Israël, ceux qui ont été tués, sont sur tes hauts lieux. Comment sont tombés les hommes vaillants ?

20 Ne l’allez point dire dans Gath, et n’en portez point les nouvelles dans les places d’Asçkelon, de peur que les filles des Philistins ne s’en réjouissent, de peur que les filles des incirconcis ne triomphent de joie.

21 Montagnes de Guilboah, que la rosée et la pluie ne tombent jamais sur vous, ni sur les champs qui y sont haut élevés, parce que c’est là qu’a été jeté le bouclier des hommes forts, et le bouclier de Saül, comme s’il n’eût point été oint d’huile.

22 La flèche de l’arc de Jonathan ne revenait jamais sans être teinte du sang des morts et de la graisse des hommes vaillants, et l’épée de Saül ne revenait jamais sans effet.

23 Saül et Jonathan, si aimables et si agréables pendant leur vie, n’ont point été séparés dans leur mort ; ils étaient plus légers que les aigles, ils étaient plus forts que les lions.

24 Filles d’Israël, pleurez sur Saül, qui vous revêtait d’écarlate, et qui vous faisait vivre dans les délices, qui vous faisait porter des ornements d’or sur vos habits.

25 Comment les hommes forts sont-ils tombés au milieu de la bataille, et comment Jonathan a-t-il été tué sur tes hauts lieux ?

26 Jonathan mon frère, je suis en angoisse à cause de toi ; tu faisais tout mon plaisir ; l’amour que j’avais pour toi était plus grand que celui des femmes.

27 Comment sont tombés tes hommes vaillants, et comment ont péri les armes de la guerre ? 

REFLEXIONS

On doit d’abord ici faire cette réflexion générale que, David ayant attendu sans impatience et sans vouloir se servir d’aucun mauvais moyen, que Dieu le délivrât des injustes persécutions de Saül et lui donnât le royaume d’Israël, la providence dirigea les choses d’une manière que Saül mourut sans que David y eût contribué et qu’ainsi David monta sur le trône innocemment et légitimement.

En quelque état qu’on se trouve, il faut se laisser conduire à la providence et sans rien faire contre la justice et la bonne conscience, attendre tranquillement qu’elle exécute ses desseins.

II. L’action de David qui fit mourir celui qui lui avait apporté les nouvelles de la mort de Saül fut un acte de justice, puisque cet homme ne pouvait sans crime donner la mort à Saül et qu’il aurait dû plutôt lui conserver la vie autant qu’il l’aurait pu.

III. On découvre ici la piété et le bon cœur de David qui fit paraître dans cette occasion la même modération qu’il avait eue pendant la vie de Saül et qui eut de la douleur de sa mort, quoique cette mort le mît à couvert des persécutions de ce prince et l’élevât au trône.

C’est ainsi qu’en use toute personne qui a une sincère piété et une solide vertu. Quelque mal que ses ennemis lui aient fait, quelque criminelle qu’ait été leur vie et quelque avantage qui lui revienne de leur malheur, elle ne s’en réjouit jamais et elle en a plutôt de la douleur.

IV. Les plaintes que David fit sur la mort de Jonathan son intime ami nous découvrent le caractère de la vraie amitié. Les amis sincères et vertueux, tel qu’étaient Jonathan à l’égard de David, sont le bien le plus précieux que l’on puisse posséder en ce monde après la grâce et l’amour de Dieu et la plus grande perte qu’on puisse faire est de s’en voir privé.

CHAPITRE II

Saül étant mort, David est reconnu roi par la tribu de Juda et il fait remercier les habitants de Jabès de ce qu’ils avaient enseveli Saül et ses fils.

Mais Abner établit Roi sur les autres tribus Isç-bosceth fils de Saül. Cela donna occasion à une guerre dans laquelle ceux du parti de Isc-bosceth furent battus par les gens de David et où Abner tua Hasaël frère de Joab, général de l’armée du roi David, après quoi les deux armées se retirèrent. 

1 Après cela David consulta l’Éternel, disant : Monterai-je en quelqu’une des villes de Juda ? Et l’Éternel lui répondit : Monte. Et David dit : Dans laquelle monterai-je ? L’Éternel répondit : Va à Hébron.

2 David donc monta là, avec ses deux femmes, savoir, Ahinoham, qui était de Jizréhel, et Abigaïl, qui avait été femme de Nabal, qui était de Carmel.

3 David fit remonter aussi les hommes qui étaient avec lui, chacun avec sa famille, et ils demeurèrent dans les villes de Hébron.

4 Et ceux de Juda vinrent, et oignirent là David pour roi sur la maison de Juda. Et l’on rapporta à David que les gens de Jabès de Galaad avaient enseveli Saül.

5 Et David envoya des messagers vers les gens de Jabès de Galaad, et leur fit dire : Soyez bénis de l’Éternel, de ce que vous avez usé de cette humanité envers Saül votre seigneur, et de ce que vous l’avez enseveli !

6 Que l’Éternel veuille donc maintenant être envers vous miséricordieux et véritable ! De ma part aussi je vous ferai du bien, parce que vous avez fait cela.

7 Et maintenant, que vos mains se fortifient, et soyez des hommes de cœur ; car Saül votre seigneur, est mort, et même la maison de Juda m’a oint pour être roi sur eux.

8 Mais Abner, fils de Ner, chef de l’armée de Saül, prit Isç-bosceth, fils de Saûl, et le fit passer à Mahanajim ;

9 et il l’établit roi sur Galaad, sur les Asçuriens, sur Jizréhel, sur Ephraïm, et sur Benjamin, même sur tout Israël.

10 Isç-bosceth, fils de Saûl, était âgé de quarante ans quand il commença à régner sur Israël, et il régna deux ans. Il n’y eut que la maison de Juda qui suivit David.

11 Et le nombre des jours que David régna à Hébron sur la maison de Juda, fut de sept ans et six mois.

12 Or, Abner, fils de Ner, et les gens d’Isç-bosceth, fils de Saül, sortirent de Mahanajim, vers Gabaon.

13 Joab aussi, fils de Tsérujah, et les gens de David sortirent, et ils se rencontrèrent les uns les autres près de l’étang de Gabaon ; les uns se tenaient auprès de l’étang du côté de deçà, et les autres auprès de l’étang du côté de delà.

14 Alors Abner dit à Joab : Que quelques-uns de ces jeunes gens se lèvent maintenant, et qu’ils se battent devant nous. Et Joab dit : Qu’ils se lèvent.

15 Ils se levèrent donc, et on en compta douze de Benjamin pour le parti d’Isç-bosceth, fils de Saül, et douze des gens de David.

16 Alors chacun d’eux, empoignant son homme, lui passa son épée dans le côté, et ils tombèrent tous ensemble ; et ce lieu-là fut appelé Helkath-hatsurim, qui est en Gabaon.

17 Et il y eut, ce jour-là, un très rude combat, dans lequel Abner fut battu avec ceux d’Israël, par les gens de David.

18 Les trois fils de Tsérujah, Joab, Abisçaï et Hasaël étaient là ; et Hasaël était aussi léger du pied qu’un chevreuil dans la campagne.

19 Et Hasaël poursuivit Abner, sans se détourner ni à droite ni à gauche d’après Abner.

20 Abner donc, regardant derrière, lui dit : Es-tu Hasaël ? Et il lui répondit : Je le suis.

21 Et Abner lui dit : Détourne-toi à droite ou à gauche, et saisis-toi de l’un de ces jeunes gens, et prends sa dépouille pour toi. Mais Hasaël ne voulut point se détourner de lui.

22 Et Abner continuait à dire à Hasaël : Détourne-toi de moi ; pourquoi te frapperais-je, et te ferais-je tomber mort par terre ? et comment oserais-je paraître devant Joab ton frère ?

23 Mais il ne voulut jamais se détourner ; et Abner le frappa, à la cinquième côte, du bout de derrière de sa hallebarde, de sorte que sa hallebarde lui sortait par derrière ; et il tomba là mort sur la place ; et tous ceux qui venaient au lieu où Hasaël était tombé et où il était mort, s’arrêtaient.

24 Joab donc et Abisçaï poursuivirent Abner, et le soleil se coucha quand ils arrivèrent au coteau d’Amma, qui est vis-à-vis de Gujah, au chemin du désert de Gabaon.

25 Et les Benjamites se rallièrent auprès d’Abner, et se rangèrent en un bataillon, et se tinrent sur le sommet d’un coteau.

26 Alors Abner cria à Joab, et dit : L’épée dévorera-t-elle sans cesse ? Ne sais-tu pas bien qu’il y a de l’amertume à la fin ? Et jusqu’à quand différeras-tu de dire au peuple qu’il cesse de poursuivre ses frères ?

27 Et Joab dit : Dieu est vivant, que si tu eusses ainsi parlé dès le matin, le peuple se serait déjà retiré, chacun loin de son frère.

28 Joab donc sonna de la trompette, et tout le peuple s’arrêta, et ils ne poursuivirent plus Israël, et ne continuèrent plus à se battre.

29 Ainsi Abner et ses gens marchèrent toute cette nuit-là par la campagne, et passèrent le Jourdain, et traversèrent tout Bithron, et ils arrivèrent à Mahanajim.

30 Joab revint aussi de la poursuite d’Abner ; et quand il eut assemblé tout le peuple, on trouva qu’il n’en manquait que dix-neuf des gens de David et Hasaël.

31 Mais les gens de David frappèrent de ceux de Benjamin, savoir, des gens d’Abner, trois cent soixante hommes, qui moururent.

32 Et ils enlevèrent Hasaël, et l’ensevelirent dans le sépulcre de son père, qui était à Bethléhem ; et toute cette nuit-là, Joab et ses gens marchèrent, et ils arrivèrent à Hébron au point du jour.

REFLEXIONS

David fit paraître sa piété et le respect qu’il avait eu pour Saül en faisant remercier et en bénissant les gens de Jabès de ce qu’ils avaient enseveli les corps de Saül et de ses fils.

Après la mort de Saül, Dieu, selon ses promesses, éleva David sur le trône, mais cependant il ne l’y éleva que par degrés. David n’obtint pas d’abord le royaume entier et il ne régna sur toutes les tribus d’Israël qu’au bout de sept ans. Il eut même à soutenir une guerre de plusieurs années contre Isc-bosceth fils de Saül dans laquelle pourtant il remporta divers avantages. Dieu voulait encore exercer David par de nouvelles épreuves avant que de le faire jouir du repos et de la prospérité qu’il lui avait promise et il en usa ainsi pour lui faire d’autant mieux sentir que c’était de Dieu seul qu’il tenait la royauté.

C’est là une image de l’état où les enfants de Dieu sont en ce monde et de la conduite que Dieu tient envers eux. Il leur a fait d’excellentes promesses et il ne manque jamais de les exécuter, mais il les expose pourtant à divers combats pour les éprouver et il accomplit enfin pleinement ce qu’il leur a promis. Ce qu’Abner fît à l’égard de Hasaël, afin de ne pas être obligé de lui ôter la vie, montre qu’il faut éviter, autant qu’on le peut, de faire du mal même à ceux qui veulent nous en faire et surtout de répandre le sang. C’est ce qui est encore à remarquer sur la conduite sage et modérée d’Abner qui fit tout ce qu’il put pour empêcher les deux armées d’en venir aux mains et de se poursuivre.

Les chrétiens devraient être encore plus prompts et plus empressés à terminer les guerres, à empêcher l’effusion du sang de ceux qui sont chrétiens comme eux, à procurer en toutes occasions la réconciliation et à rétablir partout la concorde et la paix.

CHAPITRE III

On voit ici :   

I. Un dénombrement des enfants qui naquirent à David à Hébron.

II. Comment Abner qui était général de l’armée d’Isc-bosceth fils de Saül et qui avait fait jusqu’alors la guerre à David, quitta le parti d’Isc-bosceth pour embrasser celui de David, de quoi Joab, général de l’armée de David, ayant eu du chagrin et de la jalousie, il tua Abner en trahison voulant aussi venger la mort de Hasaël son frère qu’Abner avait tué.

III. David étant informé de ce que Joab avait fait en témoigna un grand déplaisir, mais son autorité n’étant pas encore assez affermie, il ne put faire alors la punition du crime de Joab. 

1 Or, il y eut une longue guerre entre la maison de Saül et la maison de David ; mais David s’avançait et se fortifiait, et la maison de Saül allait en s’affaiblissant.

2 Et il naquit des fils à David à Hébron ; son premier-né fut Amnon, d’Ahinoham, qui était de Jizréhel ;

3 le second, fut Kiléad, d’Abigaïl, qui avait été femme de Nabal, qui était de Carmel ; le troisième fut Absçalom, fils de Mahaca, fille de Talmaï, roi de Guesçur ;

4 le quatrième fut Adonija, fils de Haggith ; le cinquième fut Scéphatja, fils d’Abital ;

5 et le sixième fut Jithréham, d’Hégla, femme de David. Ceux-ci naquirent à David à Hébron.

6 Mais il arriva, pendant qu’il y eut guerre entre la maison de Saül et la maison de David, qu’Abner soutenait la maison de Saül.

7 Or, Saül avait eu une concubine qui s’appelait Ritspa, fille d’Aja ; et Isç-bosceth dit à Abner : Pourquoi es-tu venu vers la concubine de mon père ?

8 Et Abner fut fort irrité des paroles d’Isç-bosceth, et lui dit : Suis-je une tête de chien, moi qui, contre Juda, ai usé aujourd’hui de bonté envers la maison de Saül ton père, et envers ses frères et ses amis, et qui ne t’ai point fait tomber entre les mains de David, que tu me recherches aujourd’hui pour le péché d’une femme ?

9 Que Dieu punisse sévèrement Abner, si je ne fais à David tout ce que l’Éternel lui a juré,

10 en transportant le royaume de la maison de Saül, et en établissant le trône de David sur Israël et sur Juda, depuis Dan jusqu’à Béer-scébah !

11 Et Isç-bosceth ne put pas répondre un seul mot à Abner, parce qu’il le craignait.

12 Abner donc envoya des députés à David de sa part, pour lui dire : À qui appartient ce pays ? si ce n’est à toi ? et pour ajouter : Traite avec moi, et, voici, ma main sera avec toi, pour réunir à toi tout Israël.

13 Et David répondit : Je le veux bien, je traiterai avec toi ; je ne te demande qu’une chose ; tu ne me verras point, que premièrement tu ne me ramènes Mical, fille de Saül, quand tu viendras me voir.

14 Alors David envoya des députés à Isç-bosceth, fils de Saül, pour lui dire : Rends-moi ma femme Mical, que j’ai épousée pour cent prépuces de Philistins.

15 Et Isç-bosceth l’envoya querir, et l’ôta à son mari Paltiel, fils de Laïs.

16 Et son mari s’en alla avec elle, pleurant continuellement après elle, jusqu’à Bahurim. Et Abner lui dit : Va, et retourne-t’en ; et il s’en retourna.

17 Or, Abner parla aux anciens d’Israël et leur dit : Vous cherchiez autrefois David, afin qu’il fût roi sur vous ;

18 maintenant donc, faites-le ; car l’Éternel a parlé à David, et a dit de lui : Je délivrerai, par David mon serviteur, mon peuple d’Israël de la main des Philistins, et de la main de tous leurs ennemis.

19 Et Abner fit entendre les mêmes choses à ceux de Benjamin. Après cela, il s’en alla pour faire entendre expressément à David, à Hébron, ce qui avait été approuvé par Israël et par toute la maison de Benjamin.

20 Et Abner vint vers David à Hébron, et il y avait vingt hommes avec lui ; et David fit un festin à Abner et aux hommes qui étaient avec lui.

21 Et Abner dit à David : Je me lèverai, et je m’en irai rassembler tout Israël, afin qu’ils se rendent au roi mon seigneur, et qu’ils traitent alliance avec toi, et tu régneras comme ton âme le souhaite. Et David renvoya Abner, qui s’en alla en paix.

22 Et voici les gens de David qui revenaient avec Joab de faire une course, et qui amenaient avec eux un grand butin ; mais Abner n’était plus avec David à Hébron ; car il l’avait renvoyé, et il s’en était allé en paix.

23 Joab donc et toute l’armée qui était avec lui, revint ; et on fit ce rapport à Joab, et on lui dit : Abner, fils de Ner, est venu vers le roi, qui l’a renvoyé, et il s’en est allé en paix.

24 Et Joab vint au roi, et dit : Qu’as-tu fait ? Voici, Abner est venu vers toi, pourquoi l’as-tu ainsi renvoyé, et pourquoi as-tu souffert qu’il s’en soit allé ?

25 Tu sais bien qu’Abner, fils de Ner, est venu pour te tromper, pour reconnaître tes démarches, et pour savoir tout ce que tu fais.

26 Alors Joab sortit d’avec David, et envoya des gens après Abner, qui le ramenèrent de la fosse de Sira, sans que David le sût.

27 Abner donc étant revenu à Hébron, Joab le tira à part, au dedans de la porte, pour lui parler en secret, et il le frappa là à la cinquième côte ; c’est ainsi que mourut Abner, à cause du sang de Hasaël, frère de Joab.

28 Et David ayant appris ce qui était arrivé, dit : Je suis innocent, moi et mon royaume, devant l’Éternel, à jamais, du sang d’Abner, fils de Ner ;

29 que ce sang s’arrête sur la tête de Joab et sur toute la maison de son père ; et que la maison de Joab ne soit jamais sans quelque homme découlant, ou qui ait la lèpre, ou qui s’appuie sur un bâton, ou qui tombe par l’épée, ou qui ait besoin de pain !

30 Ainsi Joab et Abisçaï son frère tuèrent Abner, parce qu’il avait tué Hasaël leur frère, près de Gabaon, dans le combat.

31 Et David dit à Joab et à tout le peuple qui était avec lui : Déchirez vos vêtements, et couvrez-vous de sacs, et pleurez, marchant devant Abner ; et le roi David marchait après la bière.

32 Et quand ils eurent enseveli Abner à Hébron, le roi éleva sa voix et pleura près du sépulcre d’Abner ; tout le peuple pleura aussi ;

33 et le roi fit une complainte sur Abner, et dit : Abner est-il mort comme meurt un lâche ?

34 Tes mains n’étaient point liées, et tes pieds n’avaient point été mis dans les fers ; mais tu es tombé comme on tombe devant les méchants. Et tout le peuple recommença à pleurer sur lui.

35 Puis tout le peuple vint pour faire prendre quelque nourriture à David, pendant qu’il était encore jour ; mais David protesta, et dit : Que Dieu me punisse très sévèrement, si avant que le soleil soit couché, je goûte du pain ou de quelque autre chose.

36 Et tout le peuple l’entendit, et le trouva bon ; et tout le peuple approuva tout ce que le roi fit.

37 En ce jour-là donc, tout le peuple et tout Israël connut que ce n’était point par ordre du roi qu’on avait fait mourir Abner, fils de Ner.

38 Et le roi dit à ses serviteurs : Ne savez-vous pas qu’un capitaine, et un grand capitaine, a été mis à mort aujourd’hui en Israël ?

39 Et je suis encore faible aujourd’hui, bien que j’aie été oint roi ; mais ces gens, les fils de Tsérujah, sont trop puissants pour moi ; l’Éternel rendra à celui qui a fait le mal selon sa malice.

REFLEXIONS

La première réflexion qu’il faut faire est que David ayant épousé plusieurs femmes selon la coutume qui s’était établie parmi les Israélites contre la première institution du mariage, et ayant eu plusieurs enfants, ces enfants furent dans la suite l’occasion des malheurs de sa famille et des instruments dans la main de Dieu pour le châtier.

C’était là les suites ordinaires de cette mauvaise coutume d’avoir plusieurs femmes et cette considération fait voir que les lois du mariage que Jésus-Christ a rétabli dans la pureté de son institution sont très justes et tout à fait nécessaires pour le bonheur des hommes.

La deuxième réflexion est qu’Abner irrité d’un reproche qu’Isc-bosceth lui avait fait embrassa le parti de David et conseilla aux tribus d’Israël de se soumettre à lui. On voit par là qu’Abner était un homme de peu de vertu et que quoiqu’il alléguât la vocation divine en faveur de David, il se déclara pour lui plutôt par ressentiment contre Isc-bosceth et pour se mettre bien dans l’esprit de David que par devoir et par obéissance aux ordres du Ciel.

Les hommes qui agissent par de méchants motifs couvrent leur passion quand ils le peuvent d’une apparence de la religion et ils se conforment aux ordres de Dieu lorsque leur intérêt le demande. Dieu connait leur hypocrisie et les motifs qui les font agir, cependant il les laisse faire et il exécute par leur moyen les desseins de sa providence.

Ce fut ainsi que Dieu se servit d’Abner pour accomplir les promesses faites à David de le faire régner sur tout le peuple d’Israël. Cependant Abner ne jouit pas longtemps du fruit de ce qu’il avait fait, Joab le tua en trahison pour venger la mort de Hazaël son frère qu’Abner avait tué et sans doute aussi par jalousie et par dépit de le voir dans les bonnes grâces de David, ce qui fait voir que l’esprit de jalousie, de vengeance et de ressentiment porte les hommes à commettre de grands crimes.

Enfin, les malédictions que David dénonça à Joab et à ses descendants nous montrent que la postérité des hommes méchants et sanguinaires est menacée de la malédiction de Dieu, que si les hommes ne font pas la vengeance des crimes qui se commettent, Dieu ne les laisse pas impunis et qu’il en fait même souvent la punition dès cette vie comme cela arriva à Joab qui fit une fin digne de lui ainsi que cela est dit au chapitre II du premier livre des rois.

CHAPITRE IV

Deux capitaines du roi Isc-bosceth le tuent et apportent la tête à David qui, au lieu de les récompenser comme ils s’y attendaient, les fait mourir.

1 Quand le fils de Saül eut appris qu’Abner était mort à Hébron, ses mains devinrent lâches, et tout Israël fut étonné.

2 Or, le fils de Saül avait deux capitaines de compagnies ; l’un s’appelait Bahana, et l’autre s’appelait Récab, et ils étaient fils de Rimmon Beérothien, des descendants de Benjamin ; car Beéroth aussi était réputée de Benjamin ;

3 et les Beérothiens s’étaient enfuis à Guittajim ; et ils y ont fait leur séjour jusqu’à aujourd’hui.

4 Et Jonathan, fils de Saül, avait un fils blessé au pied ; il était âgé de cinq ans quand le bruit de la mort de Saül et de Jonathan vint de Jizréhel, et sa gouvernante le prit, et s’enfuit ; et comme elle se hâtait de fuir, il tomba et devint boiteux, et il fut nommé Méphibosceth.

5 Récab donc et Bahana, fils de Rimmon Beérothien, vinrent, et entrèrent, à la chaleur du jour, dans la maison d’Isç-bosceth, comme il prenait son repos du midi.

6 Ainsi Récab et Bahana son frère entrèrent jusqu’au milieu de la maison, comme pour y prendre du froment, et ils le frappèrent à la cinquième côte, et se sauvèrent.

7 Ils entrèrent donc dans la maison, lorsque Isç-bosceth était couché sur son lit, dans la chambre où il dormait, et ils le frappèrent, et le firent mourir ; puis ils lui ôtèrent la tête, et la prirent, et marchèrent par le chemin de la campagne toute cette nuit-là.

8 Et ils apportèrent la tête d’Isç-bosceth à David à Hébron, et ils dirent au roi : Voici la tête d’Isç-bosceth, fils de Saûl, ton ennemi, qui cherchait ta vie ; et l’Éternel a aujourd’hui vengé le roi mon seigneur, de Saül et de sa race.

9 Mais David répondit à Récab et à Bahana son frère, enfants de Rimmon Beérothien, et leur dit : L’Éternel est vivant, qui a délivré mon âme de toutes mes détresses,

10 que je saisis celui qui me vint annoncer et me dire : Voilà, Saül est mort, et qui pensait m’apprendre de bonnes nouvelles, et que je le fis mourir à Tsiklag ; c’était le salaire que je lui devais donner pour ses bonnes nouvelles ;

11 combien plus dois-je faire mourir des méchants qui ont tué un homme de bien dans sa maison, sur son lit ? Maintenant donc, ne redemanderai-je pas son sang de votre main, et ne vous exterminerai-je pas de la terre ?

12 Et David commanda à ses gens de les tuer, et de leur couper les mains et les pieds ; et ils les pendirent sur l’étang d’Hébron. Puis ils prirent la tête d’Isç-bosceth, et l’ensevelirent au sépulcre d’Abner à Hébron.

 

REFLEXIONS

Il y a deux réflexions à faire sur cette histoire :

I. La première, que quoi que Dieu ne fût point l’auteur du crime de ces deux traitres qui assassinèrent Isc-bosceth leur roi, la providence permit qu’ils exécutassent leur complot criminel pour assurer à David la paisible possession du royaume.

Il faut faire le même jugement des péchés que les hommes commettent. Dieu n’en est en aucune façon l’auteur et ceux qui les commettent en porteront la peine, mais sa providence conduit tellement toutes choses que le péché même sert à accomplir les desseins de Dieu.

II. La conduite de David mérite qu’on y fasse attention. On y découvre sa vertu, sa droiture et l’horreur qu’il avait pour l’infidélité, pour la trahison et pour la cruauté, puisqu’au lieu d’approuver et de récompenser ceux qui avaient tué le roi Isc-bosceth comme ils s’y attendaient, il les fit mourir, quoique par cette mort tout le royaume d’Israël lui fût soumis.

Les rois et les princes ne doivent jamais se servir de méchants moyens pour réussir dans leurs desseins, quoique justes et leurs intérêts ne doit pas les empêcher de punir les traîtres et ceux qui commettent de méchantes actions. Et ceci nous apprend en général que non seulement nous ne devons faire aucun mal à ceux qui nous haïssent, mais que nous ne devons pas même nous réjouir du mal qui pourrait leur arriver sans que nous y eussions contribué, ni favoriser en aucune façon l’injustice et le crime, quelque avantage qu’il nous en pût revenir.

CHAPITRE V

Isc-bosceth étant mort, David est reconnu roi par toutes les tribus d’Israël.

Il prend Jérusalem sur les Jébusiens, il y bâtit la cité de David et il lui naît plusieurs enfants.

Il reçoit des présents du roi de Tyr, et il remporte deux victoires sur les Philistins

1 Alors toutes les tribus d’Israël vinrent vers David à Hébron, et lui dirent : Voici nous sommes tes os et ta chair ;

2 et même ci-devant, quand Saül était roi sur nous, tu étais celui qui menait et qui ramenait Israël ; et l’Éternel t’a dit : tu gouverneras mon peuple d’Israël, et tu seras le conducteur d’Israël.

3 Tous les anciens donc d’Israël vinrent vers le roi à Hébron ; et le roi David fit alliance avec eux à Hébron, devant l’Éternel ; et ils oignirent David pour roi sur Israël.

4 David était âgé de trente ans, quand il commença à régner, et il régna quarante ans ;

5 il régna à Hébron, sur Juda, sept ans et six mois, puis il régna trente-trois ans, dans Jérusalem, sur tout Israël et Juda.

6 Or, le roi s’en alla avec ses gens à Jérusalem, contre les Jébusiens qui habitaient ce pays-là ; et ils dirent à David : Tu n’entreras point ici que tu n’aies ôté les aveugles et les boiteux ; voulant dire : David n’entrera point ici.

7 Mais David prit la forteresse de Sion ; c’est la cité de David.

8 Et David dit en ce jour-là : Quiconque battra les Jébusiens, et se sera rendu maître du canal, et de ces aveugles et de ces boiteux, qui sont les ennemis de David, sera récompensé. C’est pourquoi on dit : L’aveugle et le boiteux n’entrera point dans cette maison.

9 Et David habita dans la forteresse, et il l’appela la cité de David, et il y bâtit tout autour, depuis Millo jusqu’au dedans.

10 Et David allait toujours en avançant et en croissant ; car l’Éternel, le Dieu des armées, était avec lui.

11 Et Hiram, roi de Tyr, envoya des ambassadeurs à David, et du bois de cèdre, et des charpentiers, et des tailleurs de pierres à bâtir, et ils bâtirent la maison de David.

12 Alors David connut que l’Éternel l’avait affermi roi sur Israël, et qu’il avait élevé son royaume, à cause de son peuple d’Israël.

13 Et David prit encore des concubines et des femmes de Jérusalem, après qu’il fut venu d’Hébron ; et il lui naquit encore des fils et des filles.

14 Ce sont ici les noms de ceux qui lui naquirent à Jérusalem : Sçammuah, Sçobab, Nathan, Salomon,

15 Jibhar, Elisçuah, Népheg, Japhiah,

16 Elisçama, Êljadah et Eliphélet.

17 Mais quand les Philistins eurent appris qu’on avait oint David pour roi sur Israël, ils montèrent tous pour attaquer David ; et David, l’ayant appris, descendit vers la forteresse.

18 Et les Philistins vinrent, et se répandirent dans la vallée des Réphaïns.

19 Alors David consulta l’Éternel, disant : Monterai-je contre les Philistins ? les livreras-tu entre mes mains ? Et l’Éternel répondit à David : Monte ; car, certainement je livrerai les Philistins entre tes mains.

20 Alors David vint à Bahal-pératsim, et il les battit là, et dit : L’Éternel a fait écouler mes ennemis devant moi, comme par un débordement d’eaux, c’est pourquoi il nomma ce lieu-là, Bahal-pératsim.

21 Et ils laissèrent même là leurs faux dieux, que David et ses gens emportèrent.

22 Et les Philistins remontèrent encore une autre fois, et ils se répandirent dans la vallée des Réphaïns.

23 Et David consulta l’Éternel, qui répondit : Tu ne monteras pas, mais tu tourneras derrière eux, et iras contre eux vis-à-vis des mûriers ;

24 Et quand tu entendras au haut des mûriers un bruit comme de gens qui marchent, alors marche ; car alors l’Éternel sortira devant toi, pour battre le camp des Philistins.

25 David fit donc ce que l’Éternel lui avait commandé, et il battit les Philistins depuis Guébah jusqu’à Guézer. 

REFLEXIONS

Dieu après avoir exercé pendant longtemps David par plusieurs afflictions l’établit enfin roi sur toutes les tribus d’Israël. Il lui fit remporter de glorieux avantages tant sur les Jébusiens que sur les Philistins et il le mit en grande considération auprès des rois voisins. Cette heureuse issue que David eut après tant de traverses nous fait voir que Dieu est fidèle dans ses promesses, que, quoi qu’il diffère de les accomplir, il ne manque jamais de les exécuter et de délivrer ceux qui l’aiment et qu’après les avoir fait passer par diverses épreuves, il leur accorde enfin le repos et le bonheur qu’il leur a promis.

Apprenons de là à nous laisser conduire à la providence en faisant cependant toujours notre devoir, puisqu’elle ne veille pas moins pour le bien et pour le salut de ceux qui craignent Dieu qu’elle veilla autrefois pour David.

CHAPITRE VI

David veut faire transporter l’arche de l’alliance à Jérusalem, mais Huza, étant mort pour l’avoir touchée et prise entre ses mains, David la fait mettre dans la maison de Hobed-Edom, d’où, trois mois après, il la fit transporter à Jérusalem avec pompe et avec de grandes marques de joie. 

1 David assembla encore tous les gens d’élite qui étaient en Israël, qui montèrent à trente mille hommes.

2 Et David se leva et partit de Bahalé de Juda avec tout le peuple qui était avec lui, pour transporter l’arche de Dieu, sur laquelle est invoqué le nom de l’Éternel des armées, qui habite sur elle entre les chérubins ;

3 et ils mirent l’arche de Dieu sur un chariot tout neuf, et ils l’emmenèrent de la maison d’Abinadab, qui était au coteau, et Huza et Ahjo, enfants d’Abinadab, conduisaient le chariot.

4 Et ils l’emmenèrent de la maison d’Abinadab, qui était au coteau avec l’arche de Dieu, et Ahjo allait devant l’arche.

5 Et David et toute la maison d’Israël jouaient devant l’Eternel de toutes sortes d’instruments faits de bois de sapin, et des harpes, des lyres, des tambours, des sistres et des cymbales.

6 Et quand ils furent venus jusqu’à l’aire de Nacon, Huza porta sa main à l’arche de Dieu, et la retint, parce que les bœufs avaient glissé ;

7 et la colère de l’Eternel s’embrasa contre Huza, et Dieu le frappa là à cause de son indiscrétion, et il mourut là, près de l’arche de Dieu.

8 Et David fut affligé de ce que l’Eternel avait fait une brèche, en faisant mourir Huza ; et on a appelé jusqu’à ce jour ce lieu-là Pérets-Huza.

9 Et David eut une grande frayeur de l’Eternel, en ce jour-là, et dit : Comment l’arche de l’Eternel entrerait-elle chez moi ?

10 Et David ne voulut point retirer l’arche de l’Eternel chez lui, dans la cité de David, mais il la fit détourner dans la maison d’Hobed-Edom, Guittien.

11 Et l’arche de l’Eternel demeura dans la maison d’Hobed-Edom, Guittien, trois mois ; et l’Eternel bénit Hobed-Edom, et toute sa maison.

12 Depuis, on vint dire à David : L’Eternel a béni la maison d’Hobed-Edom, et tout ce qui était à lui, à cause de l’arche de Dieu. C’est pourquoi David s’en alla, et amena l’arche de Dieu, de la maison d’Hobed-Edom, en la cité de David avec joie.

13 Et quand ceux qui portaient l’arche de Dieu eurent marché six pas, on sacrifia des taureaux et des béliers gras ;

14 et David sautait de toute sa force devant l’Eternel, et il était ceint d’un éphod de lin.

15 Ainsi David et toute la maison d’Israël conduisaient l’arche de l’Eternel, avec des cris de joie, et au son des trompettes.

16 Mais comme l’arche de l’Eternel entrait dans la ville de David, Mical, fille de Saül, regardant par la fenêtre, vit le roi David sautant de toute sa force, devant l’Eternel, et elle le méprisa en son cœur.

17 Ils emmenèrent donc l’arche de l’Eternel, et la posèrent en son lieu, savoir, dans un tabernacle que David lui avait tendu ; et David offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités devant l’Eternel.

18 Quand David eut achevé d’offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérités, il bénit le peuple au nom de l’Eternel des armées ;

19 et il partagea à tout le peuple, savoir, à toute la multitude d’Israël, tant aux hommes qu’aux femmes, à chacun d’eux un gâteau de pain, et une pièce de chair, et une bouteille de vin ; et tout le peuple s’en retourna, chacun en sa maison.

20 Puis David s’en retourna pour bénir sa maison ; et Mical, fille de Saül, vint au-devant de lui, et dit : Le roi d’Israël s’est fait aujourd’hui beaucoup d’honneur en se découvrant devant les yeux des servantes de ses serviteurs, sans en avoir honte, comme ferait un fou.

21 Alors David dit à Mical : C’a été, devant l’Eternel, qui m’a choisi plutôt que ton père et que toute sa maison, et qui m’a commandé d’être le conducteur de son peuple d’Israël ; c’est pourquoi je me réjouirai devant l’Eternel.

22 Et je me rendrai encore plus vil que je n’ai paru, et je m’estimerai encore moins, et, cependant, je m’en ferai un honneur devant les servantes dont tu as parlé.

23 Et Mical, fille de Saül, n’eut point d’enfants jusqu’au jour de sa mort.

REFLEXIONS

Il faut faire attention à ces quatre choses qui sont contenues dans ce chapitre :

II. Que l’un des premiers soins de David, après que Dieu lui eut donné la paix, fut de faire transporter l’arche à Jérusalem et qu’il donna dans cette occasion des marques d’un zèle et d’une joie extraordinaire en présence de tout son peuple.

À l’exemple de David, nous devons tous avoir un très grand zèle pour la gloire de Dieu et pour son service, mais c’est principalement le devoir des princes et des magistrats que Dieu a honorés de sa connaissance.

Il faut remarquer en second lieu que Dieu fit mourir Huza parce qu’au lieu de faire porter l’arche par les Lévites, comme Dieu l’avait expressément ordonné, on l’avait mise sur un chariot, ce qui fut cause de l’inconvénient auquel elle fut exposée et parce qu’Huza la toucha et la prit entre ses mains, ce que les Lévites seuls avaient le droit de faire. Mais au reste, ce ne fut pas proprement pour punir Huza et à cause de lui seul que Dieu le frappa de mort puisqu’il n’avait péché que par imprudence et que ce qu’il en avait fait n’était qu’à bonne intention. Cela arriva principalement pour inspirer aux Israélites et à David lui-même du respect pour l’arche qui devait être désormais à Jérusalem et pour leur apprendre à ne s’écarter en aucune façon de ce que Dieu avait prescrit à l’égard de la manière de transporter l’arche et à observer exactement tout ce qu’il avait établi pour son service. Ce fut l’effet que la mort de Huza produisit sur David, il en fut pénétré de frayeur, il craignit de la faire mener alors dans la ville de Jérusalem et lorsqu’au bout de trois mois il l’y fit conduire, il répara la faute qu’il avait commise la première fois et il la fit porter par les Lévites.

C’est ainsi que les personnes sages et religieuses profitent des malheurs qui arrivent aux autres et des avertissements que Dieu leur fait donner.

III. La bénédiction que le séjour de l’arche dans la maison d’Hobed-Edom y apporta fut dispensée par la providence pour engager le roi David à faire conduire l’arche à Jérusalem, ce qu’il n’aurait osé faire si tôt après la mort d’Huza. Il faut considérer sur cela que la présence de Dieu et sa faveur sont la source du vrai bonheur. La dernière réflexion regarde le jugement que Mical fit de David lorsque ce prince sautait de joie devant l’arche. Il lui parut qu’il faisait en cela une chose indécente et indigne de lui et elle le méprisa.

Voilà comment les mondains jugent de la piété et des personnes pieuses et zélées. Ce qui est très digne de louange et très agréable à Dieu leur paraît souvent une bassesse et une faiblesse.

Mais le zèle que David témoigna dans cette occasion et la sage réponse qu’il fit à Mical doivent apprendre à tous les chrétiens et particulièrement aux personnes distinguées à n’avoir jamais honte de la religion et de la piété.

Les moqueries et les faux jugements des profanes ne doivent point nous arrêter lorsqu’il s’agit de rendre à Dieu ce qui lui est dû et nous devons plutôt faire gloire de nous acquitter de ces justes devoirs de la manière la plus parfaite et la plus solennelle.

Au reste, les Psaumes XCVI, CV et CVI doivent être rapportés à ce qui se passa au transport de l’arche comme on le voit dans I Chroniques XVI.

CHAPITRE VII

David voulant faire bâtir un temple à Jérusalem, le prophète Nathan lui fit connaître que Dieu ne trouvait pas à propos qu’il exécutât ce dessein, mais qu’il lui donnerait un fils qui le ferait, de quoi David remercie le Seigneur avec beaucoup de zèle, le priant en même temps d’accomplir cette promesse et de bénir sa maison et sa postérité. 

1 Après que le roi fut assis en sa maison, et que l’Eternel lui eut donné quelque repos de tous ses ennemis, tout autour,

2 Il dit à Nathan le prophète : Regarde maintenant, j’habite dans une maison faite de cèdres, et l’arche de Dieu habite au milieu d’une tente.

3 Et Nathan dit au roi : Va, fais tout ce qui est en ton cœur, car l’Éternel est avec toi.

4 Mais il arriva, cette nuit-là, que la parole de l’Éternel fut adressée à Nathan, et qu’il lui dit :

5 Va, et dis à David mon serviteur : Ainsi a dit l’Éternel : Me bâtirais-tu une maison, afin que j’y habite,

6 puisque je n’ai habité dans aucune maison, depuis le jour que j’ai fait monter les enfants d’Israël hors d’Égypte jusqu’à ce jour, mais que j’ai marché çà et là, dans un tabernacle et dans un pavillon.

7 Dans tous les lieux où j’ai passé, avec tous les enfants d’Israël, en ai-je dit un mot à quelqu’une des tribus d’Israël, à laquelle j’ai commandé de gouverner mon peuple d’Israël ? Lui ai-je dit : Pourquoi ne m’avez-vous point bâti une maison de cèdres ?

8 Maintenant donc, tu diras ainsi à David mon serviteur : Ainsi a dit l’Éternel des armées : Je t’ai tiré d’une cabane, d’après les brebis, afin que tu fusses le conducteur de mon peuple d’Israël.

9 Et j’ai été avec toi partout où tu as été ; j’ai exterminé tous tes ennemis de devant toi, et j’ai rendu ton nom grand, comme le nom des grands qui sont sur la terre.

10 Et j’établirai un lieu à mon peuple d’Israël ; je le planterai, et il habitera chez lui ; il ne sera plus agité, et les enfants d’iniquité ne les affligeront plus, comme ils ont fait auparavant,

11 savoir, depuis le jour que j’ai ordonné des juges sur mon peuple d’Israël, et que je t’ai donné du repos de tous tes ennemis, et que l’Éternel t’a fait entendre qu’il établira ta famille.

12 Quand tes jours seront accomplis, et que tu te seras endormi avec tes pères, alors je ferai lever ta postérité après toi, un fils qui sortira de toi, et j’affermirai son règne.

13 Ce sera lui qui bâtira une maison à mon nom, et j’affermirai le trône de son règne à toujours.

14 Je lui serai père, et il me sera fils. Que s’il commet quelque iniquité, je le châtierai avec une verge d’homme, et par des plaies des fils des hommes.

15 Mais ma miséricorde ne se retirera point de lui comme je l’ai retirée de Saül, que j’ai ôté de devant toi.

16 Ainsi ta maison et ton règne seront assurés pour jamais devant tes yeux, et ton trône sera affermi à jamais.

17 Nathan parla donc à David selon toutes ces paroles et selon toute cette vision.

18 Alors le roi David entra et se tint devant l’Éternel, et dit : Qui suis-je, Seigneur Éternel, et quelle est ma maison, que tu m’aies fait venir jusqu’au point où je suis ?

19 Encore cela t’a-t-il paru peu de chose, Seigneur Éternel, tu as même parlé de la maison de ton serviteur, pour le temps à venir. Est-ce là la manière d’agir des hommes, Seigneur Éternel ?

20 Que te pourrait donc encore dire David ? Car, Seigneur Éternel, tu connais ton serviteur.

21 Tu as fait toutes ces grandes choses pour l’amour de ta parole, et selon ton cœur, pour les faire connaître à ton serviteur.

22 C’est pourquoi tu t’es montré grand, Dieu Éternel ; car il n’y en a point de tel que toi, et il n’y a point de Dieu que toi, selon tout ce que nous avons entendu de nos oreilles.

23 Et qui est le peuple semblable à ton peuple d’Israël, la seule nation de la terre que Dieu est venu lui-même se racheter, pour en faire son peuple, pour rendre son nom célèbre, et pour faire en sa faveur ces grandes choses et ces choses terribles dans ton pays, chassant de devant ton peuple, que tu t’es racheté d’Égypte, les nations et leurs dieux ?

24 Car tu t’es assuré ton peuple d’Israël, pour être ton peuple à jamais, et toi, Éternel, tu as été leur Dieu.

25 Maintenant donc, Dieu Éternel, confirme pour jamais la parole que tu as prononcée touchant ton serviteur, et touchant sa maison, et fais comme tu en as parlé ;

26 Et que ton nom soit reconnu grand à jamais, et que l’on dise : L’Éternel des armées est le Dieu d’Israël ; et que la maison de David ton serviteur demeure stable devant toi.

27 Car toi, Éternel des armées, Dieu d’Israël, tu as fait entendre ces choses à ton serviteur, et tu as dit : Je t’établirai une famille ; c’est pourquoi ton serviteur a été incité dans son cœur à te faire cette prière.

28 Maintenant donc, Seigneur Éternel, tu es Dieu, et tes paroles seront véritables ; or, tu as promis à ton serviteur de lui faire ce bien ;

29 veuille donc maintenant bénir la maison de ton serviteur, afin qu’elle soit éternellement devant toi ; car tu en as ainsi parlé, Seigneur Éternel, et la maison de ton serviteur sera comblée de ta bénédiction éternellement.

REFLEXIONS

I. Le pieux dessein que David eut de bâtir un temple lorsqu’il se vit paisible possesseur de son royaume nous apprend que nous devons avoir plus de zèle pour la gloire de Dieu que pour nos avantages particuliers et que le plus digne usage que nous puissions faire des biens et de la prospérité dont Dieu nous fait jouir est de les employer pour l’établissement de son service et pour l’avancement de sa gloire.

II. Il faut remarquer que quoique la résolution de David fut sainte et agréable à Dieu, le prophète Nathan lui dit que ce ne serait pas lui qui bâtirait le temple, mais que ce serait son fils dont le règne glorieux et paisible serait plus propre pour l’exécution de cette entreprise.

Dieu ne trouve pas toujours à propos que des desseins bons et louables en eux-mêmes s’exécutent dans le temps et de la manière que nous le voudrions, cependant il ne laisse pas de les avoir pour agréables et de récompenser la piété et les bonnes intentions de ceux qui les ont formés.

III. Pour ce qui est des promesses que Nathan fit à David en lui disant que Dieu lui donnerait un fils dont le trône serait affermi à jamais, elles regardent premièrement Salomon, mais elles se rapportent principalement à Jésus-Christ qui est né de la postérité de David et dont le règne est éternel, ce qui fait que St. Paul lui applique ces paroles : Je lui serai Père et il me sera Fils.

IV. David rendit à Dieu de très ardentes actions de grâce et il lui présenta une excellente prière après que le prophète lui eut fait toutes ces promesses.

On voit dans cette prière la foi de David et la ferme persuasion où il était que les promesses de Dieu s’accompliraient. On y découvre son grand zèle pour la gloire de Dieu, il y fait éclater sa joie et sa reconnaissance, il y marque surtout une profonde humilité, enfin il y demande avec beaucoup d’ardeur la bénédiction de Dieu sur lui et sur sa famille.

C’est ainsi que nous devons célébrer les bontés du Seigneur envers nous avec des cœurs vivement touchés de sa miséricorde et du sentiment de notre indignité et implorer continuellement sa faveur et sa bénédiction avec toute l’ardeur dont nous sommes capables. 

CHAPITRE VIII

David remporte diverses victoires sur les Philistins, sur les Moabites, sur les Syriens et sur les Iduméens. Le roi de Hamath lui envoie des présents. David consacre à Dieu ces présents, de même que l’or et l’argent qu’il avait pris sur ces divers peuples. On lit sur la fin de ce chapitre les noms de ceux qui étaient dans les premières charges du temps de David. 

1 Après cela David battit les Philistins et les humilia ; et David retira Méthég-amma de la puissance des Philistins.

2 Il battit aussi les Moabites, et les mesura au cordeau, les faisant coucher par terre ; il en mesura deux cordeaux pour les faire mourir, et un plein cordeau pour leur sauver la vie ; et le pays des Moabites fut à David, à condition qu’ils lui seraient esclaves et tributaires.

3 David battit aussi Hadadhézer, fils de Réhob, roi de Tsoba, qui allait pour rétablir sa domination sur le fleuve d’Euphrate.

4 Et David lui prit dix-sept cents hommes de cheval, et vingt mille hommes de pied, et il coupa les jarrets des chevaux de tous les chariots ; mais il en réserva cent chariots.

5 Or, les Syriens de Damas étaient venus pour donner du secours à Hadadhézer, roi de Tsoba ; et David battit vingt et deux mille Syriens.

6 Après cela David mit garnison dans la Syrie de Damas, et le pays de ces Syriens fut à David, à condition qu’ils lui seraient esclaves et tributaires. Et l’Éternel gardait David partout où il allait.

7 Et David prit les boucliers d’or qui étaient aux serviteurs de Hadadhézer, et il les apporta à Jérusalem.

8 Le roi David emporta aussi une prodigieuse quantité d’airain de Betah et de Bérothaï, villes de Hadadhézer.

9 Or, Tobi, roi de Hammath, apprit que David avait défait toutes les forces de Hadadhézer.

10 Et il envoya Joram son fils vers le roi David, pour le féliciter et pour le bénir de ce qu’il avait fait la guerre contre Hadadhézer, et de ce qu’il l’avait défait ; (car Hadadhézer était en guerre continuellement avec Tobi) ; et Joram porta des vaisseaux d’argent et des vaisseaux d’or, et des vaisseaux d’airain,

11 que David consacra à l’Éternel ; avec l’argent et l’or qu’il avait déjà consacré du butin de toutes les nations qu’il s’était assujetties ;

12 de la Syrie, de Moab, des Hammonites, des Philistins, de Hamalek, et du butin d’Hadadhézer, fils de Réhob, roi de Tsoba.

13 David s’acquit aussi une grande réputation, de ce qu’en retournant de la défaite des Syriens, il tailla en pièces, dans la vallée du Sel, dix-huit mille Iduméens ;

14 et il mit garnison dans l’Idumée ; il mit, dis-je, garnison dans toute l’Idumée, et tous les Iduméens furent assujettis à David, et l’Éternel gardait David partout où il allait.

15 Ainsi David régna sur tout Israël, faisant droit et justice à tout son peuple ;

16 et Joab, fils de Tsérujah, avait le commandement de l’armée ; et Jéhosçaphat, fils d’Ahilud, était commis sur les registres ;

17 et Tsadok, fils d’Ahitud, et Ahimélec, fils d’Abiathar, étaient les sacrificateurs, et Scéraja était secrétaire ;

18 Et Bénaja, fils de Jéhojadah, était établi sur les Kéréthiens et les Péléthiens, et les fils de David étaient les principaux officiers. 

REFLEXIONS

On remarque dans ce chapitre la continuation des faveurs et des bénédictions de Dieu sur le roi David. Sa gloire allait toujours en croissant et comme l’histoire sacrée le remarque : partout où il allait, Dieu le gardait et était avec lui. David de son côté faisait hommage à Dieu de toutes les victoires et de tous les avantages qu’il remportait par son assistance et il lui consacrait le butin qu’il faisait sur les peuples qu’il avait vaincus.

Tant que David fut zélé pour Dieu et qu’il s’acquitta de son devoir, Dieu le soutint ainsi contre ses ennemis et le combla de gloire et de bonheur, mais les choses changèrent lorsqu’il offensa Dieu par ses crimes comme la suite de cette histoire nous l’apprendra.

Reconnaissons que ce qui fait le bonheur et la sureté des hommes c’est l’amour et la protection du Seigneur et que le moyen d’avoir part à cette protection, c’est de lui être fidèle. Il faut aussi qu’à l’imitation de David, qui consacra à Dieu le butin qu’il avait fait, nous lui marquions notre reconnaissance pour tous ses bienfaits en faisant servir à sa gloire, autant que nous le pouvons, tous les avantages que nous recevons de lui.

CHAPITRE IX

David se souvenant de la promesse qu’il avait faite à Saül et surtout à Jonathan de prendre soin de leur postérité fait donner à Méphibosceth fils de Jonathan tous les biens qui appartenaient à Saül et il en donne l’administration à Tsiba. 

1 Alors David dit : Mais, n’y a-t-il plus personne qui soit demeuré de reste de la maison de Saül ? et je lui ferai du bien pour l’amour de Jonathan.

2 Or il y avait dans la maison de Saül un serviteur nommé Tsiba, qu’on appela pour venir vers David ; et le roi lui dit : es-tu Tsiba ? Et il répondit : Je suis ton serviteur Tsiba.

3 Et le roi lui dit : N’y a-t-il plus personne de la maison de Saül ? et j’aurai pour lui cette bonté qui est si agréable à Dieu. Et Tsiba répondit au roi : Il y a encore un des fils de Jonathan, qui est blessé aux pieds.

4 Et le roi lui dit : Où est-il ? Et Tsiba répondit au roi : Il est dans la maison de Makir, fils de Hammiel, à Lodébar.

5 Alors le roi David l’envoya querir, et le fit amener de la maison de Makir, fils de Hammiel, de Lodébar.

6 Et quand Méphibosceth, le fils de Jonathan, fils de Saül, fut venu vers David, il tomba sur son visage, et se prosterna. Et David dit : Méphibosceth ! Et il répondit : Voici ton serviteur.

7 Et David lui dit : Ne crains point : car certainement je te ferai du bien, pour l’amour de Jonathan ton père ; et je te ferai rendre toutes les terres de Saül ton père ; et pour toi, tu mangeras toujours à ma table.

8 Et Méphibosceth se prosterna, et dit : Qui suis-je, moi ton serviteur, pour avoir daigné regarder un chien mort comme je suis ?

9 Le roi donc appela Tsiba, serviteur de Saül, et lui dit : J’ai donné au fils de ton maître tout ce qui appartenait à Saül et à toute sa maison ;

10 c’est pourquoi, cultive ces terres-là pour lui, toi et tes fils, et tes serviteurs, et recueilles-en les fruits, afin que le fils de ton maître ait du pain à manger ; mais pour ce qui est de Méphibosceth, le fils de ton maître, il mangera toujours à ma table. Ce Tsiba avait quinze fils et vingt serviteurs.

11 Et Tsiba dit au roi : Ton serviteur fera tout ce que le roi mon seigneur a commandé à son serviteur. Et pour Méphibosceth, dit le roi, il mangera à ma table comme un des fils du roi.

12 Or, Méphibosceth avait un petit-fils nommé Mica ; et tous ceux qui demeuraient dans la maison de Tsiba étaient serviteurs de Méphibosceth.

13 Et Méphibosceth demeurait à Jérusalem, parce qu’il mangeait continuellement à la table du roi ; et il était boiteux des deux pieds.

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre le soin que David prit de Méphibosceth, fils de Jonathan son intime ami, et petit-fils du roi Saül, et comment il lui fit rendre tous les biens de Saül son grand-père. Cette conduite de David fait voir qu’il avait beaucoup de droiture, de justice et de bonté. Il ne voulut pas que Méphibosceth fût privé des biens qui lui appartenaient, il conserva au milieu de la prospérité dont il jouissait un tendre souvenir de Jonathan son intime ami et il accomplit religieusement les promesses qu’il lui avait faites d’avoir soin de sa famille.

D’ici nous devons apprendre

I. Qu’il faut rendre à chacun ce qui lui appartient et qu’on doit observer exactement les promesses qu’on a faites.

II. Que les devoirs de l’amitié sont sacrés et inviolables, que les vrais et sincères amis se souviennent des personnes qu’ils ont aimées lors même qu’elles ne sont plus au monde et qu’ils font passer leur affection jusqu’à la postérité de ces personnes-là.

Enfin, ce que David fit à l’égard de Méphibosceth qui était privé de ses biens et avec cela infirme de son corps nous montre que ceux qui sont dans la prospérité doivent penser à ceux qui souffrent et à qui il arrive quelque tort et qu’il faut toujours être prêt à consoler les malheureux et à faire du bien à tout le monde.

CHAPITRE X

Le roi des Hammonites ayant outragé les ambassadeurs du roi David, cela donne occasion à une guerre dans laquelle David défit les Hammonites et les Syriens par deux fois.

1 Après cela, le roi des Hammonites mourut, et Hanun son fils régna en sa place.

2 Et David dit : J’aurai de la bonté pour Hanun, fils de Nahas, comme son père a eu de la bonté pour moi ; c’est pourquoi David envoya ses serviteurs pour le consoler sur la mort de son père ; et les serviteurs de David vinrent au pays des Hammonites.

3 Mais les principaux d’entre les Hammonites dirent à Hanun leur seigneur : Penses-tu que ce soit pour honorer ton père que David t’a envoyé des consolateurs ? N’est-ce pas pour reconnaître exactement la ville, et pour l’épier afin de la détruire, que David a envoyé ses serviteurs vers toi ?

4 Hanun prit donc les serviteurs de David, et il leur fit raser la moitié de la barbe, et couper la moitié de leurs habits, depuis le haut des cuisses jusqu’aux pieds, et il les renvoya.

5 Ce qu’ils firent savoir à David, et il envoya au-devant d’eux ; car ces hommes-là étaient dans une grande confusion. Et le roi leur donna cet ordre : Tenez-vous à Jérico jusqu’à ce que votre barbe soit revenue, et alors vous reviendrez.

6 Or, les Hammonites voyant qu’ils s’étaient mis en mauvaise odeur auprès de David, envoyèrent des gens pour lever à leurs dépens vingt mille hommes de pied des Syriens de Both-Réhob et des Syriens de Tsoba, et mille hommes du roi de Mahaca, et douze mille hommes de ceux de Tob.

7 David l’ayant appris, envoya Joab et toute l’armée, savoir, les plus vaillants.

8 Alors les Hammonites sortirent, et se rangèrent en bataille à l’entrée de la porte ; et les Syriens de Tsoba, et de Réhob, et ceux de Tob et de Mahaca, étaient à part dans la campagne.

9 Et Joab, voyant que l’armée des ennemis était tournée contre lui, pour l’attaquer devant et derrière, choisit de tous les gens d’élite d’Israël, et les rangea contre les Syriens ;

10 et il donna la conduite du reste de ses troupes à Abisçaï son frère, et il les rangea contre les Hammonites.

11 Et Joab lui dit : Si les Syriens sont plus forts que moi, tu viendras m’en délivrer ; et si les Hammonites sont plus forts que toi, j’irai aussi pour t’en délivrer.

12 Sois vaillant, et combattons vaillamment pour notre peuple et pour les villes de notre Dieu ; et que l’Éternel fasse ce qui lui semblera bon.

13 Alors Joab et le peuple qui était avec lui s’approchèrent pour livrer le combat aux Syriens, et les Syriens fuirent devant lui ;

14 et les Hammonites voyant que les Syriens avaient pris la fuite, s’enfuirent aussi de devant Abisçaï, et rentrèrent dans la ville ; et Joab s’en retourna, et cessa de poursuivre les Hammonites, et il vint à Jérusalem.

15 Mais les Syriens, voyant qu’ils avaient été battus par ceux d’Israël, se rallièrent de nouveau ;

16 et Hadarhézer envoya vers eux, et fit venir des Syriens de delà le fleuve, et ils vinrent à Hélam ; et Sçobac, chef de l’armée de Hadarhézer, les conduisait.

17 Ce qui fut rapporté à David ; et il assembla tout Israël, passa le Jourdain, et vint à Hélam ; et les Syriens se rangèrent en bataille contre David, et le combattirent.

18 Mais les Syriens fuirent de devant Israël ; et David défit sept cents chariots des Syriens, et quarante mille cavaliers ; il frappa aussi Sçobac, chef de leur armée, qui mourut là.

19 Et quand tous les rois qui étaient soumis à Hadarhézer, eurent vu qu’ils avaient été battus par ceux d’Israël, ils firent la paix avec Israël, et ils leur furent assujettis ; et les Syriens craignirent de donner du secours aux Hammonites.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce qui vient d’être lu :

En premier lieu que le roi David envoya ses ambassadeurs au roi des Hammonites dans des vues D’amitié, mais que ce prince écoutant les mauvais conseils des principaux de sa cour crut que ces ambassadeurs étaient des espions et les traita avec la dernière indignité.

On peut considérer sur cela que les démarches les personnes sincères font pour entretenir la paix et l’amitié sont souvent mal interprétées et mal reçues, que les gens sans vertu jugent des sentiments des autres par les leurs et qu’ils leur attribuent les vues qu’ils auraient eux-mêmes, que la défiance et la fausse politique font souvent prendre de fausses mesures et que les princes et en général tous ceux qui écoutent et suivent de mauvais conseils s’engagent dans de grands malheurs.

Pour ce qui est de la guerre que David fit aux Hammonites, elle était très juste puisque leur roi avait violé le droit des gens en outrageant les ambassadeurs que David lui avait envoyés pour lui témoigner son amitié et que même les Hammonites déclarèrent les premiers la guerre à David. L’issue de cette guerre, dans laquelle David défit les Hammonites avec les Syriens qui s’étaient joints à eux, fait voir que Dieu favorise les personnes qui ont de la droiture et de bonnes intentions et en particulier qu’il assiste les princes qui aiment la paix et la justice et qu’au contraire les hommes injustes et superbes s’attirent les derniers malheurs par leur orgueil et par leur fierté.

CHAPITRE XI

C’est ici l’histoire du crime que David commit avec Bath-scébah.

1 Un an après, lorsque ces rois se mettaient en campagne, David envoya Joab et ses serviteurs, et tout Israël ; et ils détruisirent les Hammonites, et ils assiégèrent Rabba ; mais David demeura à Jérusalem.

2 Et il arriva sur le soir que David se leva de dessus son lit, et comme il se promenait sur la plate-forme du palais royal, il vit de dessus cette plate-forme une femme qui se baignait, et cette femme-là était fort belle à voir.

3 Et David envoya des gens pour s’enquérir de cette femme-là ; et on lui dit : N’est-ce pas Bath-scébah, fille d’Eliham, femme d’Urie le Héthien ?

4 Et David envoya des messagers, et l’enleva ; et étant venue vers lui, il dormit avec elle ; car elle était nettoyée de souillure, et elle s’en retourna dans sa maison.

5 Et cette femme-là conçut ; et elle envoya le faire savoir à David, disant : Je suis enceinte.

6 Alors David envoya à Joab des gens pour lui dire : Envoie-moi Urie le Héthien ; et Joab envoya Urie à David.

7 Et Urie vint à lui, et David l’interrogea en quel état était Joab et le peuple, et ce qui se passait à la guerre.

8 Puis David dit à Urie : Descends dans ta maison, et lave tes pieds. Urie donc sortit de la maison du roi, et on porta après lui un présent royal.

9 Mais Urie dormit à la porte de la maison du roi, avec tous les serviteurs de son seigneur, et ne descendit point dans sa maison.

10 Et on le rapporta à David, et on lui dit : Urie n’est point descendu dans sa maison. Et David dit à Urie : Ne viens-tu pas de voyage ? Pourquoi n’es-tu pas descendu dans ta maison ?

11 Et Urie répondit à David : L’arche, et Israël, et Juda, logent sous des tentes, mon seigneur Joab aussi, et les serviteurs de mon seigneur campent à la campagne ; et moi, j’entrerais dans ma maison pour y manger et boire, et pour dormir avec ma femme ? Tu es vivant, et ton âme vit, si je fais cela.

12 Et David dit à Urie : Demeure ici encore aujourd’hui, et demain je te renverrai. Urie donc demeura encore à Jérusalem ce jour-là et le lendemain.

13 Puis David l’appela, et il mangea et but devant lui, et David l’enivra ; et néanmoins il sortit au soir pour dormir dans son lit, avec tous les serviteurs du roi, et ne descendit point dans sa maison.

14 Et le lendemain matin, David écrivit à Joab, et envoya sa lettre par les mains d’Urie.

15 Et il écrivit en ces termes : Mettez Urie dans l’endroit où sera le plus fort du combat, et retirez-vous d’auprès de lui, afin qu’il soit frappé, et qu’il meure.

16 Après donc que Joab eut considéré la ville, il mit Urie à l’endroit où il savait qu’il y aurait les plus vaillants hommes.

17 Et ceux de la ville sortirent et combattirent contre Joab, et quelques-uns du peuple qui étaient des serviteurs de David, moururent ; Urie le Héthien mourut aussi.

18 Alors Joab envoya un messager à David, pour lui faire savoir tout ce qui était arrivé dans ce combat-là ;

19 et il donna ce commandement au messager, et lui dit : Quand tu auras achevé de parler au roi de tout ce qui est arrivé au combat ;

20 S’il arrive que le roi se mette en colère, et qu’il te dise : Pourquoi vous êtes-vous approchés de la ville pour combattre ; ne savez-vous pas bien qu’on jette toujours quelque chose de dessus la muraille ?

21 Qui tua Abimélec, fils de Jérubesceth ? Une femme ne jeta-t-elle pas une pièce de dessus la muraille, dont il mourut à Tébets ? Pourquoi vous êtes-vous approchés de la muraille ? Tu lui diras : Ton serviteur Urie le Héthien y est mort aussi.

22 Ainsi le messager partit, et étant arrivé, il fit savoir à David toutes les choses pour lesquelles Joab l’avait envoyé ;

23 et le messager dit à David : Ils ont été plus forts que nous, et ils sont sortis contre nous à la campagne ; mais nous les avons chargés, et nous les avons repoussés jusqu’à l’entrée de la porte ;

24 et les archers ont tiré contre tes serviteurs de dessus la muraille, et quelques-uns des serviteurs du roi sont morts ; ton serviteur Urie le Héthien est mort aussi.

25 Et David dit au messager : Tu diras ainsi à Joab : Que cela ne te fâche point ; car l’épée emporte autant l’un que l’autre ; redouble le combat contre la ville, et détruis-la ; et toi, encourage-le.

26 Alors la femme d’Urie apprit qu’Urie son mari était mort, et elle fit le deuil de son mari.

27 Et après que le deuil fut passé, David envoya vers elle, et la retira dans sa maison, et elle fut sa femme, et elle lui enfanta un fils. Mais la chose que David avait faite, déplut à l’Éternel.

REFLEXIONS

C’est ici l’histoire du grand péché que le roi David commit en tombant dans l’adultère et en faisant ensuite périr Urie.

Les diverses circonstances de cette chute de David nous engagent à faire les réflexions suivantes :

I. Que quand on est dans le repos et dans la prospérité, comme David y était alors, on oublie aisément Dieu et qu’on est exposé à de grandes tentations,

II. Que les regards séduisent le cœur et y allument des désirs criminels et qu’ainsi on doit détourner les yeux de tout ce qui peut faire naître ces sortes de désirs, comme Jésus-Christ nous y exhorte dans l’Évangile.

III. Qu’il faut rejeter les mauvaises pensées dans les commencements et que quand on n’y résiste pas, elles s’emparent du cœur et qu’elles entraînent dans le péché,

IV. Que l’impureté, qui est un grand péché en soi-même, le devient encore plus par les suites qu’il a ordinairement et par les nouveaux crimes que l’on commet pour le couvrir.

David, au lieu d’expier sa faute par la confession et la repentance, ne pense qu’à la cacher. Il a recours pour cela à toutes sortes de moyens indignes et enfin, voyant que ces moyens ne lui réussissent pas, il en vient jusqu’à faire périr par une trahison noire et préméditée Urie son fidèle serviteur.

Quand on s’est engagé une fois dans le mal et que l’on a fait de certaines démarches, on va toujours plus loin et l’on pousse le crime jusqu’au dernier degré.

V. Il ne faut pas regarder ce que David fit comme une de ces fautes que les gens de bien commettent par infirmité et qui peuvent subsister avec la piété. C’était un crime atroce et d’autant plus grand qu’il était commis par une personne éclairée qui connaissait son devoir et qui était comblée des grâces de Dieu. Ainsi on ne doit pas croire que David dans sa chute fût dans un état de salut. S’il ne s’était relevé par une repentance sérieuse, publique et proportionnée à la grandeur de ses crimes, il serait péri dans son péché.

Il ne faut donc pas abuser de cet exemple, au contraire, il nous oblige à veiller sur nous avec plus de soin et à concevoir une forte horreur pour l’impureté. Surtout par cette raison que ces sortes de péchés seraient bien plus énormes dans des chrétiens qu’ils ne l’étaient en David et qu’il serait aussi plus difficile de s’en repentir comme il faut et d’en obtenir le pardon.

 CHAPITRE XII

Dieu envoie le prophète Nathan à David pour lui reprocher son crime.

David confesse son péché, l’enfant qu’il avait eu de Bathscébah meurt et Salomon nait quelque temps après. Joab assiège la ville de Rabba et la prend.

1 Et l’Éternel envoya Nathan vers David ; et Nathan étant venu vers lui, lui dit : Il y avait deux hommes dans une ville, l’un riche, et l’autre pauvre.

2 Le riche avait du gros et du menu bétail en fort grande abondance ;

3 mais le pauvre n’avait rien du tout, qu’une petite brebis qu’il avait achetée et nourrie, et qui était crue chez lui et avec ses enfants, en mangeant de ses morceaux, buvant dans sa coupe, et dormant en son sein ; et il la regardait comme sa fille.

4 Mais un voyageur étant venu chez cet homme riche, l’homme riche a épargné son gros et son menu bétail, pour en apprêter au passant qui était entré chez lui ; et il a pris la brebis du pauvre homme, et l’a apprêtée à cet homme qui était entré chez lui.

5 Alors la colère de David s’embrasa fort contre cet homme-là ; et il dit à Nathan : L’Éternel est vivant, que l’homme qui a fait cela a mérité la mort.

6 Et parce qu’il a fait cela et qu’il n’a point épargné cette brebis, pour une brebis il en rendra quatre.

7 Alors Nathan dit à David : Tu es cet homme-là. Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je t’ai oint pour être roi sur Israël, et je t’ai délivré de la main de Saül ;

8 même je t’ai donné la maison de ton seigneur, et les femmes de ton seigneur en ton sein, et je t’ai donné la maison d’Israël et de Juda ; et si cela te paraît peu, je t’eusse ajouté telle et telle chose.

9 Pourquoi donc as-tu méprisé la parole de l’Éternel, en faisant ce qui lui déplaît ? Tu as fait périr avec l’épée Urie le Héthien, et tu as enlevé sa femme, afin qu’elle fût ta femme, et tu l’as tué par l’épée des Hammonites ;

10 c’est pourquoi maintenant, l’épée ne partira jamais de ta maison, parce que tu m’as méprisé, et que tu as enlevé la femme d’Urie le Héthien, afin qu’elle fût ta femme.

11 Ainsi a dit l’Éternel : Voici, je vais faire sortir contre toi un mal de ta propre maison, et j’enlèverai tes femmes devant tes yeux, et je les donnerai à un de tes proches, et il dormira avec tes femmes à la vue de ce soleil ;

12 car tu l’as fait en secret ; mais pour moi, je le ferai aux yeux de tout Israël et à la vue du soleil.

13 Alors David dit à Nathan : J’ai péché contre l’Éternel. Et Nathan dit à David : L’Éternel aussi a fait passer ton péché, tu ne mourras point ;

14 toutefois, parce que par cette action tu as donné occasion aux ennemis de l’Éternel de blasphémer avec un grand mépris, le fils qui t’est né mourra certainement.

15 Après cela, Nathan retourna dans sa maison, et l’Éternel frappa l’enfant que la femme d’Urie avait enfanté à David, et il devint extrêmement malade ;

16 et David pria Dieu pour l’enfant, et il jeûna, et il vint et passa la nuit, couché sur la terre.

17 Et les anciens de sa maison se levèrent pour le venir trouver, afin de le faire lever de terre ; mais il ne le voulut point, et il ne mangea point avec eux.

18 Et le septième jour l’enfant mourut ; et les serviteurs de David craignaient de lui faire savoir que l’enfant était mort ; car ils disaient : Quand l’enfant était en vie, nous lui avons parlé, et il n’a point voulu écouter notre voix ; comment donc lui dirions-nous que l’enfant est mort, afin qu’il s’afflige davantage ?

19 Et David aperçut que ses serviteurs parlaient tout bas, et il comprit que l’enfant était mort ; et David dit à ses serviteurs : L’enfant n’est-il pas mort ? Ils répondirent : Il est mort.

20 Alors David se leva de terre, se lava, s’oignit, et changea d’habits ; et il entra dans la maison de l’Éternel, et se prosterna devant l’Éternel. Puis il revint dans sa maison, et ayant demandé à manger, on lui présenta du pain, et il mangea.

21 Et ses serviteurs lui dirent : Que veut dire cela ? Tu as jeûné et pleuré pour cet enfant lorsqu’il était encore en vie ; et après qu’il est mort tu t’es levé, et tu as mangé du pain.

22 Et il dit : Quand l’enfant était encore en vie, j’ai jeûné et j’ai pleuré ; car je disais : Qui sait si l’Éternel n’aura point pitié de moi, et si l’enfant ne vivra point ?

23 Mais maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Pourrais-je le faire revenir encore ? Je m’en irai vers lui, et il ne reviendra point vers moi.

24 Et David consola sa femme Bath-scébah, et il vint vers elle, et dormit avec elle, et elle lui enfanta un fils qu’il nomma Salomon, et l’Éternel l’aima.

25 Et il l’envoya dire par le ministère de Nathan le prophète qui lui imposa le nom de Jédidja, à cause de l’Éternel.

26 Or, Joab avait battu Rabba qui appartenait aux Hammonites, et il avait pris la ville royale.

27 Et Joab avait envoyé des députés vers David pour lui dire : J’ai battu Rabba, j’ai aussi pris la ville des eaux.

28 C’est pourquoi assemble maintenant le reste du peuple, et campe contre la ville et prends-la ; de peur que si je la prenais, on ne lui donnât mon nom.

29 David donc assembla tout le peuple ; et il marcha contre Rabba, et il la battit, et la prit.

30 Et il prit la couronne de dessus la tête de leur roi, qui valait un talent d’or, et il y avait des pierres précieuses ; et on la mit sur la tête de David, qui emmena un fort grand butin de la ville.

31 Il emmena aussi le peuple qui y était, et le mit sous des scies, et sous des herses de fer, et sous des haches de fer, et il les fit passer par un fourneau où l’on cuit les briques ; il en fit ainsi à toutes les villes des Hammonites. Puis David s’en retourna avec tout le peuple à Jérusalem.

REFLEXIONS

Voici les considérations qu’il y a à faire sur ce chapitre :

I. La première que Dieu par un effet de sa bonté envers David lui envoya Nathan pour réveiller sa conscience et pour lui dénoncer ses jugements.

Il est nécessaire que Dieu emploie certains moyens pour amener les pécheurs à la repentance. C’est ce qu’il fait aussi toujours par un effet de sa bonté en diverses manières et surtout par le ministère de ses serviteurs.

II. La conduite du prophète qui proposa d’abord à David une histoire feinte et qui lui reprocha ensuite ouvertement son péché montre que les serviteurs de Dieu doivent parler aux pécheurs avec prudence et de la manière la plus propre à les faire rentrer en eux-mêmes et à les obliger à se reconnaître mais qu’ils doivent en même temps leur parler avec fermeté sans les flatter et sans avoir égard à l’apparence des personnes.

III. David confessa son péché non seulement en présence de Nathan, mais même d’une manière publique comme on le voit dans le Psaume LI.

C’est là le caractère de la repentance. Un vrai pénitent bien touché de sa faute n’a point honte de la confesser et il le fait même publiquement si cela est nécessaire pour réparer le mal qu’il a fait et le scandale qu’il a donné.

IV. Le pardon que Nathan annonça à David nous enseigne que la miséricorde et le pardon suivent la confession des péchés dès qu’elle est faite avec sincérité et humilité et qu’elle est accompagnée de l’amendement.

V. Il est à remarquer que Dieu ne révoqua pourtant pas les peines temporelles qu’il avait fait dénoncer à David et que pour lui faire sentir que ces menaces s’exécuteraient, il retira du monde l’enfant qui lui était né.

Quoique Dieu remette aux pécheurs les peines éternelles, il ne les exempte pas toujours des peines de cette vie. Il y a surtout de certains péchés qu’il a accoutumer de punir en ce monde et il en use ainsi pour entretenir et pour augmenter le sentiment que les pécheurs doivent avoir de leurs fautes et pour les faire servir d’exemple aux autres. Au reste toutes les menaces de Nathan s’accomplirent comme on le voit par la suite de cette histoire.

VI. La tristesse que David ressentit pendant la maladie de son enfant et la résignation qu’il fit paraître après sa mort nous apprennent qu’il nous est bien permis de prier Dieu qu’il éloigne de nous l’affliction, mais que, quand Dieu nous fait comprendre qu’il ne veut pas nous exaucer, nous devons nous soumettre à sa volonté, surtout quand nous nous sommes attirés ces châtiments par nos péchés.

On peut voir aussi par cette histoire qu’il ne faut pas s’affliger excessivement de la mort des personnes qui nous sont chères et particulièrement de la mort des enfants.

Enfin, la naissance de Salomon et les avantages que David remporta sur les Hammonites font voir que Dieu avait été apaisé par sa repentance.

CHAPITRE XIII

Amnon fils du roi David ayant violé Tamar sa sœur, elle se rendit auprès d’Absçalom son frère.

Et au bout de deux ans, Absçalom fit tuer Amnon dans un festin après quoi il s’enfuit vers le roi de Guesçur, père de sa mère.

1 Il arriva après cela qu’Absçalom, fils de David, ayant une sœur qui était belle et qui se nommait Tamar, Amnon, fils de David, l’aima.

2 Et cette passion le tourmenta si fort qu’il tomba malade, pour l’amour de Tamar sa sœur, car elle était vierge, et il semblait trop difficile à Amnon de rien obtenir d’elle.

3 Et Amnon avait un intime ami nommé Jonadab, fils de Scimha frère de David ; et Jonadab était un homme fort adroit.

4 Et Jonadab lui dit : Fils du roi, pourquoi deviens-tu ainsi exténué de jour en jour ? Ne me le déclareras-tu pas ? Amnon lui dit : J’aime Tamar, la sœur de mon frère Absçalom.

5 Alors Jonadab lui dit : Couche-toi dans ton lit et fais le malade, et quand ton père te viendra voir, tu lui diras : Que ma sœur Tamar vienne, je te prie, afin qu’elle me fasse manger, en apprêtant devant moi quelque viande, et que, voyant ce qu’elle aura apprêté, je le mange de sa main.

6 Amnon donc se coucha et fit le malade, et quand le roi le vint voir, il lui dit : Je te prie, que ma sœur Tamar vienne et fasse deux beignets devant moi, et que je les mange de sa main.

7 David envoya donc vers Tamar, dans sa maison, et lui fit dire : Va-t’en maintenant dans la maison de ton frère Amnon, et apprête-lui quelque chose à manger.

8 Et Tamar s’en alla dans la maison de son frère Amnon, qui était couché. Et elle prit de la pâte, et la pétrit, et elle en fit devant lui des beignets, et les cuisit.

9 Puis elle prit la poêle et les versa devant lui ; mais Amnon refusa d’en manger et il dit : Faites retirer tous ceux qui sont auprès de moi. Et chacun se retira.

10 Alors Amnon dit à Tamar : Apporte-moi dans le cabinet ce que tu m’as apprêté, et que j’en mange de ta main. Et Tamar prit les beignets qu’elle avait faits, et les apporta à Amnon son frère dans le cabinet.

11 Et elle les lui présenta afin qu’il en mangeât, mais il se saisit d’elle et lui dit : Viens, couche avec moi, ma sœur.

12 Et elle lui répondit : Non, mon frère, ne me fais point violence ; car cela ne se fait point en Israël. Ne fais point cette action infâme.

13 Et moi, que deviendrais-je avec mon opprobre ? Et pour toi, tu passerais pour un insensé en Israël. Maintenant donc, parles-en, je te prie, au roi, et il n’empêchera point que tu ne m’aies pour femme.

14 Mais il ne voulut point l’écouter, et il fut plus fort qu’elle ; il lui fit violence et coucha avec elle.

15 Ensuite Amnon eut pour elle une très grande haine ; et la haine qu’il lui portait était plus grande que l’amour qu’il avait eu pour elle. Ainsi Amnon lui dit : Lève-toi, va-t’en.

16 Et elle lui répondit : Tu n’as aucun sujet de me faire ce grand mal, que de me chasser, après ce que tu as fait avec moi ; mais il ne voulut point l’écouter.

17 Il appela donc le garçon qui le servait, et lui dit : Qu’on la chasse maintenant d’auprès de moi, hors de la maison, et ferme la porte après elle.

18 Or, elle était vêtue d’une robe bigarrée ; car les filles du roi qui étaient filles, étaient ainsi habillées. Celui donc qui servit Amnon, la fit sortir de la maison, et ferma la porte après elle.

19 Alors Tamar prit de la cendre sur sa tête, et déchira la robe bigarrée qu’elle avait sur elle, et mit la main sur sa tête et s’en allait criant.

20 Et son frère Absçalom lui dit : Ton frère Amnon n’a-t-il pas été avec toi ? Mais maintenant, ma sœur, tais-toi, c’est ton frère ; ne prends point ceci à cœur. Ainsi Tamar demeura toute désolée, dans la maison d’Absçalom son frère.

21 Et lorsque le roi David eut entendu toutes ces choses, il en fut fort en colère.

22 Or, Absçalom ne parlait ni en bien ni en mal à Amnon, parce qu’Absçalom haïssait Amnon, à cause qu’il avait violé Tamar sa sœur.

23 Et au bout de deux ans entiers, il arriva qu’Absçalom ayant les tondeurs à Bahal-hatsor, qui était près d’Ephraïm, il invita tous les fils du roi.

24 Et Absçalom vint vers le roi et lui dit : Voici maintenant, ton serviteur a les tondeurs, je te prie donc que le roi et ses serviteurs viennent avec ton serviteur.

25 Mais le roi dit à Absçalom : Non, mon fils, je te prie que nous n’y allions pas tous, de peur que nous ne te soyons à charge ; et bien qu’il le pressât fort, cependant il n’y voulut point aller ; mais il le bénit.

26 Et Absçalom dit : Si tu ne viens point, je te prie que mon frère Amnon vienne avec nous. Et le roi lui répondit : Pourquoi irait-il avec toi ?

27 Et Absçalom le pressa tant qu’il laissa aller Amnon, et tous les fils du roi avec lui.

28 Or, Absçalom avait commandé à ses serviteurs et leur avait dit : Prenez bien garde, je vous prie, quand le cœur d’Amnon sera gai de vin, et que je vous dirai : Frappez Amnon : Alors tuez-le, ne craignez point ; n’est-ce pas moi qui vous l’ai commandé ? fortifiez-vous et soyez vaillants.

29 Et les serviteurs d’Absçalom firent à Amnon comme Absçalom le leur avait commandé ; et tous les fils du roi se levèrent, et montèrent chacun sur sa mule, et s’enfuirent.

30 Et il arriva que lorsqu’ils étaient encore en chemin, le bruit vint jusqu’à David qu’Absçalom avait tué tous les fils du roi, et qu’il n’en était pas resté un seul d’entre eux.

31 Alors le roi se leva et déchira ses vêtements, et se coucha par terre : tous ses serviteurs aussi étaient là avec leurs vêtements déchirés.

32 Et Jonadab, fils de Scimha frère de David, prit la parole et dit : Que mon seigneur ne dise point qu’on a tué tous les jeunes gens, fils du roi ; car Amnon seul est mort ; parce que ce qu’Absçalom avait résolu dès le jour qu’Amnon viola Tamar sa sœur, a été exécuté selon ses ordres.

33 C’est pourquoi maintenant, que le roi mon seigneur ne prenne point ceci à cœur, disant, que tous les fils du roi sont morts ; car Amnon seul est mort.

34 Alors Absçalom s’enfuit. Mais celui qui était en sentinelle, levant ses yeux, regarda ; et voici, un grand peuple venait par le chemin de derrière, à côté de la montagne.

35 Et Jonadab dit au roi : Voici les fils du roi qui viennent ; ce que ton serviteur disait est arrivé.

36 Or, aussitôt qu’il eut achevé de parler, voici arriver les fils du roi, qui élevèrent leur voix et pleurèrent. Le roi aussi et tous ses serviteurs fondirent en larmes.

37 Mais Absçalom s’enfuit, et se retira vers Talmaï, fils de Hammihud roi de Guesçur ; et David pleurait tous les jours sur son fils.

38 Et Absçalom s’enfuit, et s’en alla à Guesçur ; et il demeura là trois ans.

39 Et le roi David cessa de poursuivre Absçalom, parce qu’il était consolé de la mort d’Amnon.

REFLEXIONS

L’on doit faire une grande attention à ce qui est rapporté dans ce chapitre et dans les suivants.

On commence à voir dans celui-ci que, quoique Dieu eût pardonné au roi David, cependant il voulait le châtier en diverses manières pour empêcher qu’il ne perdît le sentiment de sa faute et pour réparer le grand scandale qu’il avait donné à tous ses sujets.

Comme il avait offensé Dieu par l’adultère et par le meurtre, il fut puni par l’inceste d’Amnon son fils et ensuite par sa mort et ses propres enfants Amnon, Tamar et Absçalom furent une verge dans la main de Dieu pour le châtier. Les grandes afflictions sont tout-à-fait nécessaires aux grands pécheurs ; et d’ordinaire les hommes sont punis par des péchés semblables à ceux qu’ils ont commis.

Les pères coupables trouvent le plus souvent leur punition dans leur propre famille et en particulier ceux qui s’adonnent à l’impureté ont ordinairement des enfants qui leur ressemblent à cet égard.

À cette réflexion générale il faut ajouter ces trois réflexions particulières.

On voit dans l’inceste d’Amnon et dans les suites que ce crime eut que les passions déréglées de la chair engagent souvent les hommes dans les péchés les plus énormes et dans les derniers malheurs et que la vengeance divine poursuit ceux qui se livrent à l’impureté et à la sensualité.

II. Il importe de remarquer que cet inceste d’Amnon et tous les malheurs qui en arrivèrent furent l’effet du pernicieux conseil que Jonadab son cousin et son ami lui avait donné.

En cela on peut voir que les conseils donnés par de faux amis et par des personnes qui flattent et qui favorisent nos passions sont ruineux à ceux qui les suivent.

La troisième réflexion est que, quoiqu’Absçalom commit un crime atroce en faisant assassiner Amnon son frère, Dieu permit pourtant ce crime pour la punition d’Amnon et pour châtier en même temps David.

C’est ainsi qu’il se commet bien des péchés que Dieu punira très sévèrement. Cependant Dieu ne les empêche pas, mais il se sert des passions et de la méchanceté des hommes pour faire justice et pour punir les coupables.

CHAPITRE XIV

Joab ayant fait demander à David par une femme de Tékoab le rappel d’Absçalom qui s’était exilé depuis qu’il avait tué Amon son frère, David permit qu’il revînt à Jérusalem à condition qu’il ne se présenterait pas devant lui. Mais au bout de deux ans, Absçalom obligea Joab à demander à David qu’il lui permit de paraître à la cour, ce qu’il obtint. 

1 Alors Joab, fils de Tsérujah, connaissant que le cœur du roi se rapprochait d’Absçalom,

2 envoya à Tékoah, et fit venir de là une femme sage, à laquelle il dit : Je te prie, fais semblant d’être dans l’affliction, et prends maintenant des habits de deuil, et ne t’oins point d’huile de senteur ; mais sois comme une femme qui pleure un mort depuis longtemps ;

3 et entre vers le roi et tiens-lui ces discours. Et Joab lui mit dans la bouche ce qu’elle devait dire.

4 La femme Tékohite donc parla au roi, et tomba sur son visage en terre, et se prosterna, et dit : O roi, aide-moi !

5 Et le roi lui dit : Qu’as-tu ? Et elle répondit : Je suis une femme veuve, et mon mari est mort.

6 Or, ta servante avait deux fils qui se sont querellés dans les champs, il n’y avait personne qui les séparât ; ainsi l’un a frappé l’autre, et l’a tué.

7 Et voici, toute la famille s’est élevée contre ta servante, disant : Donne-nous celui qui a frappé son frère, afin que nous le fassions mourir, parce qu’il a ôté la vie à son frère, et afin que nous exterminions même l’héritier ; et ils veulent éteindre le charbon vif qui m’est demeuré, afin qu’ils ne laissent personne de reste sur la terre qui fasse revivre le nom de mon mari.

8 Le roi dit à la femme : Va-t’en en ta maison, et je donnerai les ordres nécessaires pour toi.

9 Alors la femme Tékohite dit au roi : Mon seigneur et mon roi, que l’iniquité soit sur moi et sur la maison de mon père, et que le roi et son trône en soient innocents !

10 Et le roi répondit : Amène-moi celui qui parlera contre toi, et jamais il ne lui arrivera de te toucher.

11 Et elle dit : Je te prie que le roi se souvienne de l’Eternel son Dieu, afin qu’il ne laisse point augmenter le nombre des garants du sang, pour perdre mon fils, et qu’on ne l’extermine point. Et il répondit : L’Eternel est vivant, si un seul des cheveux de ton fils tombe en terre.

12 Et la femme dit : Je te prie, que ta servante dise un mot au roi mon seigneur, et il répondit : Parle.

13 Et la femme dit : Mais pourquoi as-tu pensé une chose toute semblable à celle-ci contre le peuple de Dieu ? et le roi, en tenant ce discours, ne se condamne-t-il pas lui-même comme coupable, en ce qu’il ne fait point retourner celui qu’il a banni ?

14 Car, certainement nous mourrons, et nous sommes semblables aux eaux qui s’écoulent sur la terre et qu’on ne rassemble point. Or, Dieu ne lui a point ôté la vie, mais il a trouvé un moyen pour ne pas rejeter loin de lui celui qui a été rejeté.

15 Et maintenant, je suis venue pour tenir ce discours au roi, mon seigneur, parce que le peuple m’a épouvantée. Et ta servante a dit : Je parlerai maintenant au roi ; peut-être que le roi fera ce que sa servante lui dira.

16 Si donc le roi écoute sa servante, pour la délivrer de la main de celui qui veut nous exterminer de l’héritage de Dieu, et moi et mon fils ;

17 ta servante lui demande aussi, que maintenant la parole du roi, mon seigneur, nous apporte du repos ; car le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu pour peser le bien et le mal ; et que l’Éternel ton Dieu soit avec toi.

18 Et le roi répondit à cette femme et lui dit : Je te prie, ne me cache rien de ce que je te vais demander. Et la femme dit : Je prie que le roi, mon seigneur, parle.

19 Et le roi dit : N’est-ce pas Joab qui te fait faire tout ceci ? Et la femme répondit et dit : Ton âme vit, ô roi, mon seigneur, qu’on ne saurait se détourner ni à droite ni à gauche de tout ce que dit le roi, mon seigneur ; car c’est ton serviteur Joab qui me l’a commandé, et lui-même a mis dans la bouche de ta servante toutes ces paroles.

20 Ton serviteur Joab m’a fait donner ce tour à mon discours. Mais mon seigneur est sage comme un ange de Dieu, pour savoir tout ce qui se passe dans le pays.

21 Alors le roi dit à Joab : Voici maintenant, c’est toi qui as conduit cette affaire ; va-t’en donc, et fais revenir le jeune homme Absçalom.

22 Alors Joab tomba sur son visage en terre, et se prosterna, et bénit le roi. Et Joab dit : Aujourd’hui ton serviteur a connu qu’il a trouvé grâce devant toi, ô roi, mon seigneur ; car le roi a fait ce que son serviteur lui demandait.

23 Joab donc se leva et s’en alla à Guesçur, et il ramena Absçalom à Jérusalem.

24 Et le roi dit : Qu’il se retire dans sa maison et qu’il ne me voie point. Et Absçalom se retira dans sa maison et il ne vit point le roi.

25 Or, il n’y avait point d’homme dans tout Israël comme Absçalom, qu’on pût si fort louer pour sa beauté ; depuis la plante des pieds jusqu’au sommet de la tête, il n’y avait point en lui de défaut.

26 Et quand il faisait faire ses cheveux, (et il arrivait tous les ans qu’il les faisait faire, parce que ses cheveux lui chargeaient trop la tête,) il pesait les cheveux de sa tête, et on trouvait qu’ils pesaient deux cents sicles, au poids du roi.

27 Et il naquit trois fils à Absçalom et une fille nommée Tamar, et qui était une très belle femme.

28 Et Absçalom demeura à Jérusalem deux ans entiers sans voir le roi.

29 C’est pourquoi Absçalom manda Joab pour l’envoyer vers le roi, et il ne voulut point venir vers lui. Il le manda encore pour la seconde fois, mais il ne voulut point venir.

30 Alors il dit à ses serviteurs : Vous voyez là le champ de Joab qui est auprès du mien, où il y a de l’orge ; allez, mettez-y le feu. Et les serviteurs d’Absçalom brûlèrent ce champ-là.

31 Alors Joab se leva et vint vers Absçalom dans sa maison, et lui dit : Pourquoi tes serviteurs ont-ils mis le feu à mon champ ?

32 Et Absçalom répondit à Joab : Voici, je t’ai envoyé dire : Viens ici, et je t’enverrai vers le roi, et tu lui diras de ma part : Pourquoi suis-je venu de Guesçur ? Il vaudrait mieux que j’y fusse encore. Maintenant donc, que je voie le roi ; et s’il y a de l’iniquité en moi, qu’il me fasse mourir.

33 Joab donc vint vers le roi, et lui rapporta ce qu’Absçalom avait dit. Et le roi appela Absçalom, qui vint vers lui, et se prosterna le visage en terre, devant le roi ; et le roi baisa Absçalom.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a principalement à considérer dans ce chapitre, c’est la bonté de David et sa tendresse envers Absçalom son fils. Cette bonté paraît en ce qu’il voulut bien pardonner à Absçalom le crime qu’il avait commis en tuant Amnon son frère et lui permettre de revenir à Jérusalem. Quoique l’événement fit voir que David avait été trompé en croyant qu’Absçalom était rentré dans son devoir, il ne laissa pas de faire une action digne de louange et à cet égard, nous devons, comme lui, pardonner facilement à ceux qui nous ont offensés, surtout quand ils paraissent touchés de leur faute. D’un autre côté, ce procédé de David fait voir le mauvais naturel d’Absçalom, puisqu’au lieu d’être touché du pardon que son père lui avait accordé, il se servit de la liberté qu’il avait d’être à Jérusalem pour former une conspiration contre lui.

Il n’y a rien à attendre de bon des gens qui ont un mauvais cœur. Ils ne profitent ni de leurs malheurs, ni de la prospérité et bien loin de changer, ils prennent occasion des délivrances que Dieu leur accorde et du bien qu’on leur fait, pour en devenir plus méchant et d’exécuter leurs mauvais desseins.

Enfin, il faut remonter ici aux vues de la providence et considérer que Dieu permit qu’Absçalom fut rappelé à Jérusalem afin de châtier David par le moyen de ce fils rebelle et dénaturé, comme le chapitre suivant le montrera.

CHAPITRE XV

Absçalom conspire contre David son père et se fait déclarer roi.

David est contraint de sortir de Jérusalem et de s’enfuir de devant son fils.

Il renvoie dans cette ville les sacrificateurs qui voulaient le suivre avec l’arche de l’alliance.

Il y envoie aussi Cusçaï pour empêcher par son moyen l’effet des conseils d’Abithophel qui s’était mis du parti d’Absçalom. 

1 Après cela, Absçalom s’équipa de chariots et de chevaux, et il avait cinquante hommes qui couraient devant lui.

2 Et Absçalom se levait le matin, et se tenait à côté du chemin qui allait à la porte ; et s’il y avait quelqu’un qui eût quelque affaire pour laquelle il fallût aller vers le roi pour demander justice, Absçalom l’appelait à lui et lui disait : De quelle ville es-tu ? Et il répondait : Ton serviteur est d’une telle tribu d’Israël.

3 Et Absçalom lui disait : Regarde, ta cause est bonne et droite ; mais tu n’as personne qui ait ordre du roi de t’écouter.

4 Absçalom disait encore : Oh ! que ne m’établit-on pour juge au pays ! Tout homme qui aurait des procès, et qui aurait le droit, viendrait vers moi, et je lui ferais justice.

5 Il arrivait aussi que quand quelqu’un s’approchait de lui pour se prosterner devant lui, il lui tendait la main, et le prenait, et le baisait.

6 Absçalom faisait ainsi à tous ceux d’Israël qui venaient vers le roi pour avoir justice, et Absçalom gagna les cœurs de ceux d’Israël.

7 Il arriva donc, au bout de quarante ans, qu’Absçalom dit au roi : Je te prie que je m’en aille, et que je rende le vœu que j’ai fait à l’Eternel, à Hébron.

8 Car, quand ton serviteur demeurait à Guesçur en Syrie, il fit un vœu, disant : Si l’Eternel me ramène pour être en repos à Jérusalem, j’en témoignerai ma reconnaissance à l’Eternel.

9 Et le roi lui répondit : Va-t’en en paix. Il se leva donc et s’en alla à Hébron.

10 Or, Absçalom avait envoyé des espions par toutes les tribus d’Israël, pour dire : Aussitôt que vous aurez entendu le son de la trompette, dites : Absçalom est établi roi à Hébron.

11 Et deux cents hommes de Jérusalem qui avaient été invités, s’en allèrent avec Absçalom ; et ils allaient avec lui dans la simplicité de leur cœur, ne sachant rien du dessein d’Absçalom.

12 Absçalom envoya aussi appeler, lorsqu’il offrait ses sacrifices, Ahithophel Guilonite, conseiller de David, de sa ville de Guilo ; et il se forma une puissante conjuration, parce que le peuple qui allait avec Absçalom croissait de plus en plus.

13 Alors il vint un messager à David, disant : Tous ceux d’Israël ont leur cœur tourné vers Absçalom.

14 Et David dit à tous ses serviteurs qui étaient avec lui à Jérusalem : Levez-vous et fuyons, car nous ne saurions échapper de devant Absçalom. Hâtez-vous d’aller, de peur qu’il ne se hâte et qu’il ne nous atteigne, et qu’il ne fasse venir le mal sur nous, et qu’il ne fasse passer toute la ville au fil de l’épée.

15 Et les serviteurs du roi répondirent au roi : Tes serviteurs sont prêts à faire tout ce que le roi, notre seigneur, trouvera bon.

16 Le roi donc sortit, et toute sa maison le suivait ; cependant le roi laissa ses dix femmes concubines pour garder la maison.

17 Le roi donc sortit, et tout le peuple le suivait, et ils s’arrêtèrent dans un lieu éloigné.

18 Et tous ses serviteurs marchaient à côté de lui, et tous les Kéréthiens, tous les Péléthiens, et tous les Guittiens, qui étaient six cents hommes venus de Gath pour être à sa suite, marchaient devant le roi.

19 Mais le roi dit à Ittaï Guittien : Pourquoi viendrais-tu aussi avec nous ? Retourne-t’en, et demeure avec le nouveau roi ; car tu es étranger, et même tu vas retourner bientôt en ton lieu.

20 Tu ne fais que de venir ; et te ferais-je aller errant çà et là avec nous ? Car quant à moi, je m’en vais où je pourrai ; retourne-t’en et ramène tes frères. Que la miséricorde et la vérité soient avec toi !

21 Mais Ittaï répondit au roi, disant : L’Eternel est vivant, et le roi, mon seigneur, vit, qu’en quelque lieu où le roi, mon seigneur, sera, soit à la mort, soit à la vie, ton serviteur y sera aussi.

22 David donc dit à Ittaï : Viens et marche. Alors Ittaï marcha, avec tous ses gens et tous les petits enfants qui étaient avec lui.

23 Et tout le pays pleurait et jetait de grands cris, et tout le peuple qui passait ; puis le roi passa le torrent de Cédron, et tout le peuple passa vis-à-vis du chemin qui tire vers le désert.

24 Tsadok était aussi là, avec tous les Lévites qui portaient l’arche de l’alliance de Dieu, et ils posèrent là l’arche de Dieu. Et Abiathar monta pendant que tout le peuple achevait de sortir de la ville.

25 Et le roi dit à Tsadok : Reporte à la ville l’arche de Dieu. Si j’ai trouvé grâce devant l’Éternel, il me ramènera et il me fera voir son arche et son tabernacle ;

26 que s’il me dit ainsi : Je ne prends plus de plaisir en toi ; me voici, qu’il fasse de moi ce qu’il lui plaira.

27 Le roi dit encore au sacrificateur Tsadok : Ne vois-tu pas ? Retourne-t’en en paix à la ville, et Ahimahats ton fils, et Jonathan, fils d’Abiathar, vos deux fils avec vous.

28 Regardez, je m’en vais demeurer dans les campagnes du désert, jusqu’à ce qu’on vienne m’apporter des nouvelles de votre part.

29 Tsadok donc et Abiathar reportèrent l’arche de Dieu à Jérusalem, et ils demeurèrent là.

30 Et David montait par la montée des Oliviers, et en montant il pleurait ; il avait la tête couverte, et marchait nu-pieds. Tout le peuple aussi qui était avec lui montait, chacun ayant sa tête couverte ; et il pleurait en montant.

31 Alors on fit ce rapport à David, et on lui dit : Ahithophel est parmi ceux qui ont conjuré avec Absçalom. Et David dit : Je te prie, ô Éternel, rends inutile le conseil d’Ahithophel.

32 Et lorsque David fut venu jusqu’au sommet de la montagne où il se prosterna devant Dieu, voici, Cusçaï Arkite lui vint au-devant, ayant ses habits déchirés et de la terre sur sa tête.

33 Et David lui dit : Tu me seras à charge, si tu passes plus avant avec moi.

34 Mais si tu t’en retournes à la ville, et si tu dis à Absçalom : O roi, je serai ton serviteur, et je te servirai maintenant comme j’ai été serviteur de ton père dès longtemps, tu dissiperas le conseil d’Ahithophel.

35 Et n’auras-tu pas là avec toi les sacrificateurs Tsadok et Abiathar ? Et ne rapporteras-tu pas tout ce que tu sauras de la maison du roi aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar ?

36 Voici, ils ont leurs deux fils avec eux, savoir, Ahimahats fils de Tsadok, et Jonathan fils d’Abiathar ; vous m’apprendrez par eux tout ce que vous aurez appris.

37 Ainsi Cusçaï, l’intime ami de David, revint dans la ville ; et Absçalom vint à Jérusalem.

REFLEXIONS

I. Il faut d’abord remarquer ici la continuation des jugements de Dieu sur David et la vérité de ce que le prophète Nathan lui avait dit : Que Dieu ferait venir de sa propre maison du mal contre lui.

David est chassé par son propre fils, réduit à sortir de Jérusalem et abandonné de la plus grande partie de ses sujets, ce qui devait lui être plus sensible que toutes les épreuves par où il était passé.

II. On voit ici la méchanceté d’Absçalom, son ingratitude et son inhumanité contre son père qui lui avait pardonné. On y remarque les artifices dont il se servit pour gagner l’affection du peuple et surtout son extrême impiété qui paraît en ce qu’il feignit d’aller rendre un vœu à Dieu à Hébron dans le temps qu’il y allait pour se faire déclarer roi.

Les méchants sont capables de tout et ils se servent de la trahison et même du prétexte de religion pour venir à bout de leurs mauvais desseins.

Cependant, quoique l’entreprise d’Absçalom fût tout à fait injuste et criminelle, il eut d’abord des succès heureux.

C’est ce qui arrive quelquefois aux méchants, mais ils n’échappent pas pour cela à la justice divine.

III. L’on doit faire une grande attention à ces paroles que David prononça en renvoyant les sacrificateurs avec l’arche à Jérusalem : Si j’ai trouvé grâce devant le Seigneur, il me ramènera et me fera revoir son arche et son tabernacle, que s’il me dit : Je ne prends plus mon plaisir en toi, me voici, qu’il fasse de moi ce qui lui plaira.

On voit dans ce langage la profonde humilité avec laquelle David recevait le châtiment que Dieu lui envoyait, on y remarque sa résignation à la volonté de Dieu, on y découvre aussi son zèle et son grand attachement pour le lieu où Dieu était adoré.

C’est ainsi que ceux que Dieu afflige, mais surtout les grands pécheurs, doivent s’humilier sous sa main, se soumettre à sa volonté et se juger indignes de ses grâces.

La prière que David adressa à Dieu afin qu’il lui plût de rendre vain le conseil d’Ahithophel montre que les conseils des personnes artificieuses et accréditées sont infiniment à craindre, mais cela fait voir aussi que David avait tout son recours à Dieu dans l’extrémité où il se trouvait et que quoiqu’il souffrît la peine de ses péchés, il se confiait encore en lui.

IV. Enfin, David renvoya Cusçaï à Jérusalem avec ordre de faire semblant d’être du parti d’Absçalom et de tâcher de découvrir et de rendre inutiles les conseils d’Ahithophel. Il faut considérer sur cela que David put faire légitimement ce qu’il fit à l’égard d’Absçalom, non seulement en qualité de roi, mais principalement en qualité de père qui était attaqué par son propre fils, surtout son dessein n’étant pas de nuire en aucune façon à Absçalom pour lequel il conservait toujours une grande affection, mais se proposant de l’empêcher de faire davantage de mal et de le ramener à son devoir. Ainsi cette action de David n’autorise nullement la tromperie, le mensonge, ni la trahison.

Enfin, il paraît du Psaume III que David dans cette extrémité avait toujours une parfaite confiance en Dieu et en son secours.

CHAPITRE XVI

Dans le temps que David était fugitif, Tsiba obtient de lui, par surprise et par calomnie, les biens de Méphibosceth petit-fils de Saül.

David étant outragé par un homme nommé Scimhi fait paraître une grande modération et une parfaite soumission à la providence. Absçalom entre à Jérusalem et reçoit Cusçaï à son service. 

1 Quand David eut un peu passé le haut de la montagne, voici, Tsiba, serviteur de Méphibosceth, vint au-devant de lui avec deux ânes bâtés, sur lesquels il y avait deux cents pains, et cent paquets de raisins secs, et cent d’autres fruits d’été, et un baril de vin.

2 Et le roi dit à Tsiba : Que veux-tu faire de cela ? Et Tsiba répondit : Les ânes sont pour la famille du roi, afin qu’ils montent dessus ; et le pain et les autres fruits d’été, à manger, sont pour les jeunes gens, et il y a du vin pour boire, afin que ceux qui se trouveront fatigués dans le désert en boivent.

3 Et le roi lui dit : Mais où est le fils de ton maître ? Et Tsiba répondit au roi : Voilà, il est demeuré à Jérusalem ; car il a dit : Aujourd’hui la maison d’Israël me restituera le royaume de mon père.

4 Alors le roi dit à Tsiba : Voilà, tout ce qui est à Méphibosceth est à toi. Et Tsiba dit : Je me prosterne devant toi, puisque je trouve grâce devant toi, ô roi, mon seigneur !

5 Et le roi David vint jusqu’à Bahurim ; et voici, il en sortit un homme de la famille de la maison de Saül, nommé Scimhi, fils de Guéra, qui, étant sorti, maudissait David.

6 Et il jetait des pierres contre David et contre tous les serviteurs du roi David ; et tout le peuple et tous les hommes vaillants étaient à la droite et à la gauche du roi.

7 Or, Scimhi parlait ainsi en le maudissant : Sors, sors, homme de sang et méchant homme !

8 L’Éternel a fait retomber sur toi tout le sang de la maison de Saül, en la place duquel tu as régné ; et l’Éternel a mis le royaume entre les mains de ton fils Absçalom ; et voilà tu souffres le mal que tu as fait, parce que tu es un homme de sang.

9 Alors Abisçaï, fils de Tsérujah, dit au roi : D’où vient que ce chien mort maudit le roi, mon seigneur ? Que je passe, je te prie et que je lui ôte la tête.

10 Mais le roi répondit : Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Tsérujah ? Qu’il me maudisse ; car l’Éternel lui a dit : Maudis David ; et qui lui dira : Pourquoi l’as-tu fait ?

11 David dit aussi à Abisçaï et à tous ses serviteurs : Voici, mon propre fils, qui est sorti de mes entrailles, cherche ma vie ; combien plus maintenant un fils de Jémini me traitera-t-il indignement ? Laissez-le, et qu’il me maudisse ; car l’Éternel le lui a dit.

12 Peut-être que l’Éternel regardera mon affliction, et que l’Éternel me rendra du bien au lieu des malédictions que celui-ci me donne aujourd’hui.

13 David donc et ses gens continuaient leur chemin ; et Scimhi allait à côté de la montagne, vis-à-vis de lui ; et en allant il maudissait, et il jetait des pierres contre lui, et il élevait de la poussière.

14 Ainsi le roi David, et tout le peuple qui était avec lui, étant fatigués, vinrent et se rafraîchirent là.

15 Et Absçalom et tout le peuple, savoir, les hommes d’Israël, entrèrent dans Jérusalem, et Ahithophel était avec lui.

16 Or il arriva que, quand Cusçaï Arkite, l’intime ami de David, fut venu vers Absçalom, il dit à Absçalom : Vive le roi ! vive le roi !

17 Et Absçalom dit à Cusçaï : Est-ce donc là l’affection que tu as pour ton intime ami ? Pourquoi n’es-tu point allé avec ton intime ami ?

18 Mais Cusçaï répondit à Absçalom : Non, mais je serai à celui qui a été choisi par l’Éternel, par ce peuple et tous les hommes d’Israël, et je demeurerai avec lui.

19 Et de plus, qui servirai-je ? Ne sera-ce pas son fils ? je serai ton serviteur, comme j’ai été le serviteur de ton père.

20 Alors Absçalom dit à Ahithophel : Consultez ensemble pour voir ce que nous avons à faire.

21 Et Ahithophel dit à Absçalom : Va vers les concubines de ton père, qu’il a laissées pour garder la maison ; afin que, quand tout Israël saura que tu te seras rendu odieux à ton père, les mains de tous ceux qui sont avec toi soient fortifiées.

22 On dressa donc un pavillon à Absçalom sur la plate-forme de la maison ; et Absçalom vint vers les concubines de son père, à la vue de tout Israël.

23 Or, le conseil qu’Ahithophel donnait en ce temps-là était autant estimé que si quelqu’un eût demandé le conseil de Dieu. C’est ainsi qu’on considérait tous les conseils qu’Ahithophel donnait, tant à David qu’à Absçalom.

REFLEXIONS

Nous devons réfléchir :

I. Sur la perfidie de Tsiba, qui, pour les biens de Méphibosceth, vint l’accuser vers David de s’être rebellé contre lui et sur la facilité de David qui se laissa surprendre à cette accusation fausse et calomnieuse.

On voit par là qu’il est dangereux d’ajouter foi aux rapports et de juger sur les apparences. Il ne faut jamais croire légèrement ceux qui accusent les autres et la précipitation de David montre que ceux-là mêmes qui ont de la vertu peuvent se laisser prévenir et commettre de grandes injustices à moins qu’ils ne soient sur leur gardes à cet égard.

II. Dans ce qui se passa entre Scimhi et David, l’on remarque d’un côté le crime de Scimhi qui maudissait son roi et l’outrageait avec tant d’indignité et de l’autre la modération de David qui, pouvant justement punir l’audace de ce malheureux et étant sollicité de le faire, ne voulut pas qu’on lui fit aucun mal, mais souffrit patiemment tous ces outrages reconnaissant que c’était Dieu qui l’avait réduit dans l’état où il se trouvait alors et qui voulait se servir de Scimhi pour l’humilier et pour l’éprouver. C’est ce que marquent ces paroles que David prononça dans cette occasion : Laissez-le faire, car le Seigneur lui a dit : Maudit David.

Mais cela ne signifie pas que Dieu eût recommandé à Scimhi de maudire son roi ou qu’il le poussât à cela. Ainsi David marqua sa soumission à la volonté de Dieu, sa grande modération et sa profonde humilité et il reconnut que quoique Scimhi l’outrageait très injustement, Dieu le punissait justement par son moyen.

Voici un exemple qui nous apprend à ne nous venger jamais, à ne pas même souffrir que les autres nous vengent et à supporter avec patience tous les maux que les hommes nous font, considérant qu’il ne nous arrive rien que par la permission de Dieu et que nous n’ayons bien mérité.

III. Il paraît, que dans l’extrémité où le roi David était alors réduit, Dieu prenait soin de lui, puisque Cusçaï son ami fut reçu auprès d’Absçalom et que par ce moyen il put être averti des desseins que ce fils dénaturé formerait.

Enfin, le crime qu’Absçalom commit avec les femmes de son père est une nouvelle marque de l’impiété et de la méchanceté de ce malheureux fils. On remarque ici la juste punition de Dieu sur David à cause de l’adultère qu’il avait commis et l’accomplissement de ce que le prophète Nathan lui avait dénoncé que : Dieu donnerait ses femmes à un de sa maison.

Et puisqu’Absçalom se laissa aller à cette action détestable par le conseil d’Ahithophel qui avait en vue de se maintenir et d’amener les choses à un point qu’Absçalom ne pût jamais faire la paix avec David, on doit reconnaître par là qu’il peut arriver bien du mal par les mauvais conseils et ce qui arriva dans la suite à Absçalom et à Ahithophel lui-même nous montre que ces conseils sont tôt ou tard funestes à ceux qui les suivent et à ceux qui les donnent.

CHAPITRE XVII

Ahithophel conseille à Absçalom de faire mourir David seul, mais Cusçaï empêcha que cet avis ne fût suivi et il en fit avertir David par Jonathan et Ahimahats. Ahithophel voyant que son conseil n’avait pas été suivi et jugeant qu’il était perdu se pend de désespoir. David passe le Jourdain et arrive à Mahanajim où il reçoit des rafraichissements de plusieurs personnes. 

1 Après cela Ahithophel dit à Absçalom : Je choisirai maintenant douze mille hommes, et je me lèverai et je poursuivrai David cette nuit.

2 Et je me jetterai sur lui. Il est fatigué, et ses mains sont affaiblies, et je l’épouvanterai tellement que tout le peuple qui est avec lui s’enfuira ; et je frapperai le roi tout seul.

3 Et je ferai que le peuple retournera à toi ; car l’homme que tu cherches vaut autant que si tous retournaient à toi ; ainsi tout le peuple sera en paix.

4 Cet avis fut approuvé par Absçalom et par tous les anciens d’Israël.

5 Mais Absçalom dit : Qu’on appelle maintenant aussi Cusçaï, Arkite, et que nous entendions aussi son avis.

6 Or, quand Cusçaï fut venu vers Absçalom, Absçalom lui dit : Ahithophel a donné un tel avis ; ferons-nous ce qu’il a dit ou non ? Parle, toi.

7 Alors Cusçaï dit à Absçalom : Le conseil qu’Ahithophel a donné maintenant n’est pas bon.

8 Cusçaï dit encore : Tu connais ton père et ses gens, que ce sont des gens vaillants, et qui ont le cœur outré, comme une ourse qui est aux champs, à qui on a pris ses petits : et même ton père est un homme de guerre, et il ne passera point la nuit avec le peuple.

9 Voici, il est maintenant caché dans quelque caverne ou dans quelque autre lieu. S’il arrive qu’au commencement on soit battu par eux, quiconque en entendra parler, l’ayant su, dira : Le peuple qui suit Absçalom a été défait.

10 Alors le plus vaillant, même celui qui avait le cœur comme un lion, perdra courage, et son cœur se fondra ; car tout Israël sait que ton père est un homme de cœur, et que ceux qui sont avec lui sont vaillants.

11 Mais je suis d’avis qu’en diligence on assemble vers toi tout Israël, depuis Dan jusqu’à Béer-scébah, et leur nombre sera aussi grand que le sable qui est au bord de la mer ; et que toi-même en personne, tu marches le premier en bataille.

12 Alors nous viendrons à lui en quelque lieu que nous le trouvions, et nous nous jetterons sur lui comme lorsque la rosée tombe sur la terre ; et il ne lui restera aucun de tous les hommes qui sont avec lui.

13 Que s’il se retire en quelque ville, tout Israël portera des cordes vers cette ville-là, et nous la traînerons jusque dans le torrent ; et on n’en trouvera pas même une petite pierre.

14 Alors Absçalom et tous les hommes d’Israël dirent : Le conseil de Cusçaï, Arkite, est meilleur que le conseil d’Ahithophel. Car l’Eternel avait ordonné que le conseil d’Ahithophel, qui était le plus utile pour Absçalom, fût dissipé, afin qu’il fît venir le mal sur Absçalom.

15 Alors Cusçaï dit aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar : Ahithophel a donné un tel et tel conseil à Absçalom et aux anciens d’Israël ; mais moi, j’ai donné tel et tel conseil.

16 Maintenant donc envoyez en diligence et faites-le savoir à David, et dites-lui : Ne demeure point cette nuit dans les campagnes du désert, et même ne manque point de passer plus avant, de peur que le roi ne soit englouti, et tout le peuple qui est avec lui.

17 Or, Jonathan et Ahimahats se tenaient auprès de la fontaine de Roguel, parce qu’ils n’osaient pas se montrer lorsqu’ils venaient dans la ville ; et une servante leur alla rapporter le tout, afin qu’ils s’en allassent et le rapportassent au roi David.

18 Mais un garçon les vit, et le rapporta à Absçalom, et ils marchèrent tous les deux en diligence, et ils vinrent à Bahurim, dans la maison d’un homme qui avait un puits en sa cour, dans lequel ils descendirent.

19 Et la femme de cet homme-là prit une couverture, et l’étendit sur l’ouverture du puits, et répandit sur elle du grain pilé ; et la chose ne fut point découverte.

20 Car les serviteurs d’Absçalom vinrent vers cette femme-là, jusque dans la maison, et lui dirent : Où sont Ahimahats et Jonathan ? Et la femme leur répondit : Ils ont passé le gué de l’eau. Les ayant donc cherchés, et ne les ayant point trouvés, ils s’en retournèrent à Jérusalem.

21 Et après qu’ils s’en furent allés, Ahimahats et Jonathan remontèrent du puits, et s’en allèrent, et rapportèrent cela au roi David, en lui disant : Levez-vous, et passez l’eau en diligence ; car Ahithophel a donné un tel conseil contre vous.

22 Alors David se leva, et tout le peuple qui était avec lui, et ils passèrent le Jourdain jusqu’au point du jour ; et il n’y en eut pas un qui ne passât le Jourdain.

23 Or, Ahithophel voyant qu’on n’avait point fait ce qu’il avait conseillé, bâta son âne, se leva, et s’en alla dans sa maison, dans sa ville ; et après qu’il eut disposé des affaires de sa maison, il s’étrangla et mourut, et il fut enseveli dans le sépulcre de son père.

24 Et David arriva à Mahanajim ; et Absçalom passa le Jourdain, lui et tous ceux d’Israël qui étaient avec lui.

25 Et Absçalom établit Hamasa sur l’armée, à la place de Joab. Or, Hamasa était fils d’un homme nommé Jithra, Israélite, qui était entré vers Abigaïl, fille de Nahas, et sœur de Tsérujah, mère de Joab.

26 Et Israël avec Absçalom campa au pays de Galaad.

27 Or, il arriva qu’aussitôt que David fut arrivé à Mahanajim, Sçobi, fils de Nahas de Rabba, qui avait été aux Hammonites, et Makir, fils de Hammiel de Lodébar, et Barzillaï, Galaadite de Roguélim,

28 amenèrent des lits, des bassins, des vaisseaux de terre, du froment, de l’orge, de la farine, du grain rôti, des fèves, des lentilles, et d’autres grains rôtis ;

29 du miel, du beurre, des brebis, et des fromages de vaches ; ils les amenèrent à David et au peuple qui était avec lui, afin qu’ils mangeassent ; car ils disaient : Ce peuple est affamé, et il est las, et il a soif dans ce désert.

REFLEXIONS

On voit d’abord ici une chose très remarquable, c’est qu’Ahithophel ayant conseillé à Absçalom de poursuivre David pendant qu’il était fatigué et sans secours et s’étant même offert de le tuer, Absçalom donna les mains à ce conseil détestable et consentit au meurtre de son père. C’est là une circonstance qui fait horreur et qui prouve que ce fils dénaturé était capable de tout et qu’il achevait de combler la mesure de ses crimes.

Mais c’est là ce qui arrive ordinairement à ceux qui se sont engagés dans des entreprises criminelles et qui ont étouffé la voix de la conscience. Ils veulent se soutenir à quelque prix que ce soit et ils se résolvent enfin aux crimes les plus affreux.

D’un autre côté, on remarque ici les soins de la providence qui, voulant sauver David, empêcha par le moyen de Cusçaï que le conseil d’Ahithophel, qui n’aurait pas manqué de causer la totale ruine de David, ne fût suivi. La providence parut encore en ce que Jonathan et Ahimahats qui allaient avertir le roi de ce qui se passait à Jérusalem, ayant été poursuivis, ils ne furent pas découverts. Tous cela fait voir que Dieu prenait David en sa protection et qu’il voulait enfin donner des bornes et à l’orgueil et à la méchanceté d’Absçalom.

Cette histoire montre aussi que Dieu tourne, quand il lui plaît, le cœur des hommes du côté qu’il veut, qu’il rend inutiles les conseils les plus prudents et qu’il fait échouer les entreprises les mieux concertées.

La fin d’Ahithophel qui se pendit voyant que son avis n’avait pas prévalu et qu’Absçalom ne le soutiendrait pas mérite aussi une singulière attention. C’est un exemple tout à fait remarquable de la vengeance divine sur les traitres et sur ceux qui forment des entreprises injustes et criminelles.

CHAPITRE XVIII

David envoie ses troupes combattre l’armée d’Absçalom et recommande qu’on épargne Absçalom dans le combat.

L’armée d’Absçalom est défaite et comme il se retirait il demeura pendu à un chêne où Joab le tua, ce que David ayant appris il en fut extraordinairement affligé. 

1 Or, David fit le dénombrement du peuple qui était avec lui, et il établit sur eux des capitaines sur milliers et sur centaines.

2 Et David envoya le peuple, savoir, la troisième partie de ses troupes, sous la conduite de Joab ; l’autre troisième partie sous la conduite d’Abisçaï, fils de Tsérujah et frère de Joab ; et l’autre troisième partie, sous la conduite d’Ittaï Guittien ; puis le roi dit au peuple : Certainement je sortirai aussi avec vous.

3 Mais le peuple lui dit : Tu ne sortiras point ; car encore que nous viendrions à fuir, on n’en fera aucun cas ; et même, quand la moitié de nous y serait tuée, on n’en ferait pas grand cas non plus ; quand même, dans l’état où nous nous trouvons, nous serions dix mille hommes. Maintenant donc, il vaut mieux que tu nous secoures de la ville.

4 Et le roi leur dit : Je ferai ce que vous voudrez. Le roi donc s’arrêta à la place de la porte, et tout le peuple sortit par centaines et par milliers.

5 Et le roi commanda à Joab, et à Abisçaï, et à Ittaï, disant : Epargnez-moi le jeune homme Absçalom ; et tout le peuple entendit ce que le roi recommandait à tous les capitaines touchant Absçalom.

6 Ainsi le peuple sortit aux champs pour aller contre Israël ; et le combat fut donné dans la forêt d’Ephraïm.

7 Ce fut là que le peuple d’Israël fut battu par les gens de David, et il y eut ce jour-là et dans ce même lieu une grande défaite, savoir, de vingt mille hommes.

8 Et le combat s’étendit par tout le pays, et en ce jour-là la forêt consuma beaucoup plus de peuple que ne fit l’épée.

9 Or, Absçalom se rencontra devant les serviteurs de David, et Absçalom était monté sur un mulet, et son mulet étant entré sous les branches entrelacées d’un grand chêne, sa tête se trouva embarrassée dans les branches du chêne, où il demeura entre le ciel et la terre, le mulet qui était sous lui passant outre.

10 Et un homme ayant vu cela, le rapporta à Joab, et lui dit : Voici, j’ai vu Absçalom pendu à un chêne.

11 Et Joab répondit à celui qui lui disait ces nouvelles : Quoi, tu l’as-vu ? Et pourquoi ne l’as-tu pas tué là, en le jetant par terre ? Et c’eût été à moi de te donner dix pièces d’argent et un baudrier.

12 Mais cet homme-là dit à Joab : Quand je compterais dans ma main mille pièces d’argent, je ne mettrais point ma main sur le fils du roi ; car nous avons entendu que le roi t’a fait ce commandement, et à Abisçaï, et à Ittaï, disant : Prenez garde chacun au jeune Absçalom.

13 Autrement il me faudrait dire un mensonge au péril de ma vie ; car rien ne serait caché au roi, et toi-même, tu eusses été contre moi.

14 Et Joab répondit : Je n’attendrai pas tant en ta présence. Et ayant pris trois dards en sa main, il en perça le cœur d’Absçalom, qui était encore vivant au milieu du chêne.

15 Puis dix jeunes hommes, qui portaient les armes de Joab, environnèrent Absçalom, et le frappèrent, et l’achevèrent.

16 Alors Joab fit sonner de la retraite ; et le peuple retourna et cessa de poursuivre Israël, parce que Joab retint le peuple.

17 Et ils prirent Absçalom, et le jetèrent dans la forêt dans une grande fosse ; et ils mirent sur lui un fort grand monceau de pierres ; mais tout Israël s’enfuit chacun dans sa tente.

18 Or, Absçalom avait pris pendant sa vie une statue, et se l’était fait dresser dans la vallée du roi ; car il disait : Je n’ai point de fils pour laisser la mémoire de mon nom ; et il nomma cette statue-là de son nom ; et jusqu’à ce jour on l’appelle la place d’Absçalom.

19 Et Ahimahats, fils de Tsadok, dit : Je vous prie que je coure maintenant, et que je porte ces bonnes nouvelles au roi, que l’Éternel l’a garanti de la main de ses ennemis.

20 Et Joab lui répondit : Tu ne seras pas aujourd’hui porteur de bonnes nouvelles, mais tu le seras un autre jour ; car aujourd’hui tu ne porterais pas de bonnes nouvelles, parce que le fils du roi est mort.

21 Et Joab dit à Cusci : Va et rapporte au roi ce que tu as vu. Cusci se prosterna devant Joab, puis il se mit à courir.

22 Ahimahats, fils de Tsadok, dit encore à Joab : Quoi qu’il en soit, je courrai aussi maintenant après Cusci. Joab lui dit : A quel propos veux-tu courir, mon fils, puisqu’il n’y a point de bonne nouvelle à porter pour toi ?

23 Mais il dit : Quoi qu’il en soit, je courrai. Et Joab lui répondit : Cours. Ahimahats donc courut par le chemin de la plaine, et passa Cusci.

24 Or, David était assis entre les deux portes, et la sentinelle était allée sur le toit de la porte vers la muraille ; et élevant ses yeux elle regarda, et voilà un homme qui courait tout seul.

25 Et la sentinelle cria, et le fit savoir au roi ; et le roi dit : S’il est seul, il apporte de bonnes nouvelles ; et cet homme marchait toujours, et s’approchait.

26 Puis la sentinelle vit un autre homme qui courait ; et elle cria au portier, et dit : Voilà un homme qui court tout seul ; et le roi dit : Il apporte aussi de bonnes nouvelles.

27 Et la sentinelle dit : Il me semble à voir courir le premier, que c’est ainsi que court Ahimahats, fils de Tsadok ; et le roi dit : C’est un homme de bien ; il vient quand il est question de bonnes nouvelles.

28 Alors Ahimahats cria, et dit au roi : Tout va bien, et il se prosterna devant le roi, le visage contre terre, et il dit : Béni soit l’Éternel ton Dieu, qui a livré entre nos mains les hommes qui s’étaient soulevés contre le roi mon seigneur.

29 Et le roi dit : Le jeune homme Absçalom se porte-t-il bien ? Et Ahimahats lui répondit : J’ai vu s’élever un grand tumulte, lorsque Joab envoyait le serviteur du roi et moi ton serviteur ; au reste, je ne sais ce que c’était.

30 Et le roi lui dit : Détourne-toi, et tiens-toi là. Il se détourna donc, et s’arrêta.

31 Alors Cusci parut, et dit : Que le roi, mon seigneur, ait ces bonnes nouvelles, c’est que l’Éternel aujourd’hui t’a garanti de la main de tous ceux qui s’étaient soulevés contre toi.

32 Et le roi dit à Cusci : Le jeune homme Absçalom se porte-t-il bien ? Et Cusci lui répondit : Que les ennemis du roi, mon seigneur, et tous ceux qui se sont élevés contre toi pour te faire du mal, deviennent comme ce jeune homme.

33 Alors le roi fut fort ému, et monta à la chambre haute de la porte, et se mit à pleurer, et il disait en marchant : Mon fils Absçalom, mon fils, mon fils Absçalom ! Plût à Dieu que je fusse mort moi-même pour toi ! Absçalom, mon fils, mon fils !

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre l’issue et la fin de la rébellion d’Absçalom et la punition que Dieu fit tomber sur ce fils impie et dénaturé qui avait voulu ôter à son père la vie et le royaume. L’on découvre dans cet événement des marques bien évidentes de la malédiction de Dieu sur Absçalom, puisqu’il perdit la vie nonobstant que son père eût recommandé très expressément qu’on l’épargnât. Outre cela, il périt d’une manière tout à fait tragique étant demeuré pendu à un arbre et y ayant été tué par Joab.

C’est ici un grand exemple de la malédiction divine sur les impies et particulièrement sur les ambitieux, sur les enfants rebelles et sur ceux qui se révoltent contre leurs princes légitimes.

Mais l’on remarque aussi dans cette histoire que Dieu, après avoir permis la rébellion d’Absçalom pour châtier David son père et pour l’humilier, le délivra de ce grand danger et lui rendit la paix. Il faut de plus considérer que ce ne fut pas seulement sur Absçalom que la vengeance céleste tomba. Les Israélites l’éprouvèrent aussi et il en périt vingt-mille, Dieu ayant voulu punir ceux qui avaient suivi le parti d’Absçalom et qui s’étaient soulevés contre leur roi. Enfin, la vive douleur que David ressentit lorsqu’il apprit la mort d’Absçalom doit être attribuée non seulement à l’extrême tendresse qu’il avait pour lui, bien que ce fut un fils rebelle et dénaturé, mais aussi à sa piété. Il pleurait encore plus son crime et l’état dans lequel il est mort que sa mort même.

L’amour paternel est bien fort. Les crimes mêmes et l’ingratitude des enfants ne peuvent l’arracher du cœur, mais les pères qui craignent Dieu sont surtout inconsolables quand ils ont des enfants engagés dans le crime et quand ils les voient mourir dans un état de péché et de condamnation.

CHAPITRE XIX

David étant averti que le deuil auquel il s’abandonnait à cause de la mort d’Absçalom décourageait ses sujets, il se montre à eux et il est rétabli dans son royaume par ceux de Juda.

Il pardonne à Scimhi qui lui avait dit des injures lorsqu’il fuyait de devant Absçalom.

Il rend à Méphibosceth le bien que Tsiba avait obtenu par surprise.

Il renvoie Barzillaï qui l’avait assisté pendant la guerre d’Absçalom et il prend son fils à son service.

Ceux d’Israël se plaignent de ce qu’on ne les avait pas appelés pour reconduire David à Jérusalem. 

1 Et on fit ce rapport à Joab : Voilà le roi qui pleure et qui s’afflige à cause d’Absçalom.

2 Ainsi la victoire fut ce jour-là changée en deuil pour tout le peuple, parce que le peuple avait entendu qu’on disait : Le roi a été affligé à cause de son fils.

3 Et ce jour-là le peuple revint dans la ville à la dérobée, comme ferait un peuple qui serait honteux d’avoir fui dans la bataille.

4 Et le roi couvrit sa face, et criait à haute voix : Mon fils Absçalom, Absçalom, mon fils, mon fils !

5 Et Joab entra vers le roi dans la maison, et lui dit : Tu as aujourd’hui couvert de confusion tous tes serviteurs, qui ont aujourd’hui garanti ta vie, et la vie de tes fils et de tes filles, et la vie de tes femmes, et la vie de tes concubines.

6 Tu aimes ceux qui te haïssent, et tu hais ceux qui t’aiment ; car tu as aujourd’hui montré que tes capitaines et tes serviteurs ne te sont rien ; et je connais aujourd’hui que si Absçalom vivait, et que nous eussions tous été tués aujourd’hui, cela te plairait.

7 Maintenant donc, lève-toi, sors et parle selon le cœur de tes serviteurs ; car je te jure par l’Éternel, que si tu ne sors, il ne demeurera pas cette nuit un seul homme avec toi ; et ce mal sera pire que tous ceux qui te sont arrivés depuis ta jeunesse jusqu’à présent.

8 Alors le roi se leva et s’assit à sa porte ; et on le fit savoir à tout le peuple, en disant : Voilà, le roi est assis à la porte ; et tout le peuple vint devant le roi ; mais Israël s’enfuit, chacun dans sa tente.

9 Et tout le peuple se disputait dans toutes les tribus d’Israël ; car ils disaient : Le roi nous a délivrés de la main de nos ennemis ; et il nous a garantis de la main des Philistins, et maintenant il s’est enfui du pays à cause d’Absçalom.

10 Or, Absçalom, que nous avions oint pour roi sur nous, est mort dans la bataille ; et maintenant donc, pourquoi ne parlez-vous point de ramener le roi ?

11 Et le roi David envoya dire aux sacrificateurs Tsadok et Abiathar : Parlez aux anciens de Juda, et dites-leur : Pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi dans sa maison ; (car les discours que tout Israël avait tenus, étaient parvenus jusqu’au roi dans sa maison.)

12 Vous êtes mes frères, vous êtes mes os et ma chair ; et pourquoi seriez-vous les derniers à ramener le roi ?

13 Dites même à Hamasa : N’es-tu pas mon os et ma chair ? Que Dieu me traite avec la dernière rigueur, si tu n’es le chef de l’armée devant moi pour toujours, en la place de Joab.

14 Ainsi il fléchit le cœur de tous les hommes de Juda, comme si ce n’eût été qu’un seul homme ; et ils envoyèrent dire au roi : Reviens avec tous tes serviteurs.

15 Le roi donc revint et arriva jusqu’au Jourdain ; et Juda vint jusqu’à Guilgal pour aller au-devant du roi, pour lui faire repasser le Jourdain.

16 Et Scimhi, fils de Guéra, fils de Jémini, qui était de Bahurim, descendit en diligence avec les hommes de Juda au-devant du roi David.

17 Et il y avait mille hommes avec lui de Benjamin ; et Tsiba, serviteur de la maison de Saül, et ses quinze enfants, et ses vingt serviteurs étaient aussi avec lui, et ils passèrent le Jourdain devant le roi.

18 Le bateau passa aussi, afin de passer la famille du roi, et de faire ce qui lui plairait. Alors Scimhi, fils de Guéra, se jeta à genoux devant le roi, comme il passait le Jourdain ;

19 et il dit au roi : Que mon seigneur ne m’impute point mon iniquité, et ne se souvienne point de ce que ton serviteur fit avec méchanceté, le jour que le roi, mon seigneur, sortait de Jérusalem, et que le roi ne le prenne point à cœur.

20 Car ton serviteur connaît qu’il a péché ; et voilà, je suis venu aujourd’hui le premier de la famille de Joseph, pour descendre au-devant du roi, mon seigneur.

21 Mais Abisçaï, fils de Tsérujah, répondit et dit : Sous ombre de ceci ne fera-t-on point mourir Scimhi, puisqu’il a maudit l’oint de l’Éternel ?

22 Et David dit : Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Tsérujah ? car vous êtes aujourd’hui mes ennemis. Ferait-on mourir aujourd’hui quelqu’un en Israël ? Car ne connais-je pas bien qu’aujourd’hui je deviens roi sur Israël ?

23 Et le roi dit à Scimhi : Tu ne mourras point ; et le roi le lui jura.

24 Après cela, Méphibosceth, fils de Saûl, descendit au-devant du roi ; il n’avait point lavé ses pieds, ni fait sa barbe, ni lavé ses habits, depuis que le roi s’en était allé jusqu’au jour qu’il revint en paix.

25 Il se trouva donc au-devant du roi, comme le roi entrait dans Jérusalem. Et le roi lui dit : Pourquoi n’es-tu point venu avec moi, Méphibosceth ?

26 Et il lui répondit : Mon seigneur, mon serviteur m’a trompé, car ton serviteur avait dit : Je ferai seller mon âne, et je monterai dessus, et j’irai vers le roi, parce que ton serviteur est boiteux.

27 Et il a calomnié ton serviteur auprès du roi, mon seigneur ; mais le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu. Fais donc ce qu’il te semblera bon.

28 Car, bien que tous ceux de la maison de mon père ne soient que des gens dignes de mort envers le roi, mon seigneur ; cependant, tu as mis ton serviteur entre ceux qui mangeaient à ta table. Et quel droit ai-je donc pour me plaindre encore au roi ?

29 Et le roi lui dit : Pourquoi me parlerais-tu encore de tes affaires ? Je l’ai dit : Toi et Tsiba, partagez les terres.

30 Et Méphibosceth répondit au roi : Qu’il prenne même tout, puisque le roi, mon seigneur, est revenu en paix en sa maison.

31 Or, Barzillaï de Galaad était descendu de Roguélim, et il avait passé le Jourdain avec le roi, pour l’accompagner jusqu’au-delà du Jourdain.

32 Et Barzillaï était fort vieux, âgé de quatre-vingts ans ; et il avait nourri le roi, tandis qu’il avait demeuré à Mahanajim ; car c’était un homme fort riche.

33 Et le roi avait dit à Barzillaï : Passe plus avant avec moi, et je te nourrirai avec moi à Jérusalem.

34 Mais Barzillaï avait répondu au roi : Combien d’années ai-je vécu, que je monte encore avec le roi à Jérusalem ?

35 Je suis aujourd’hui âgé de quatre-vingts ans ; pourrai-je discerner ce qui est bon d’avec ce qui est mauvais ? Ton serviteur pourrait-il savourer ce qu’il mangerait et boirait ? Pourrais-je encore entendre la voix des chantres et des chanteuses ? Et pourquoi ton serviteur serait-il à charge au roi, mon seigneur ?

36 Ton serviteur passera un peu plus avant que le Jourdain avec le roi. Mais pourquoi le roi me voudrait-il donner une telle récompense ?

37 Je te prie que ton serviteur s’en retourne, et que je meure dans ma ville pour être mis dans le sépulcre de mon père et de ma mère ; mais voici, ton serviteur Kimham, mon fils, passera avec le roi, mon seigneur ; fais-lui ce qui te plaira.

38 Et le roi dit : Que Kimham passe avec moi, et je lui ferai tout ce qui te plaira ; car je t’accorderai tout ce que tu pourrais me demander.

39 Tout le peuple donc passa le Jourdain avec le roi ; puis le roi baisa Barzillaï, et le bénit ; et il s’en retourna chez lui.

40 De là le roi passa à Guilgal, et Kimham passa avec lui. Ainsi tout le peuple de Juda et même la moitié du peuple d’Israël ramenèrent le roi.

41 Mais voici, tous les hommes d’Israël vinrent vers le roi, et lui dirent : Pourquoi nos frères, les hommes de Juda, t’ont-ils enlevé et ont-ils fait passer le Jourdain au roi, à sa famille et à tous ses gens ?

42 Et tous les hommes de Juda répondirent aux hommes d’Israël : Parce que le roi nous est plus proche. Et pourquoi vous fâchez-vous de cela ? Avons-nous mangé quelque chose de ce qui est au roi, ou en recevrions-nous quelques présents ?

43 Mais les hommes d’Israël répondirent aux hommes de Juda, et dirent : Nous avons dix parts au roi, et même nous sommes à David quelque chose de plus que vous ; pourquoi donc nous avez-vous méprisés ? Et n’avons-nous pas parlé les premiers de ramener notre roi ? Mais les hommes de Juda parlèrent plus durement que les hommes d’Israël.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous apprend que Dieu rétablit David dans son royaume après que la conjuration d’Absçalom fut dissipée. Telle est l’issue des afflictions lorsqu’on les reçoit comme il faut. Dieu fait cesser ses châtiments quand il voit que les hommes s’humilient et qu’ils en profitent. Outre cela, il faut faire réflexion sur ces quatre particularités qui sont rapportées.

I. La première, que David, qui avait souffert si patiemment, lorsqu’il était fugitif, les outrages de Scimhi, lui pardonna son crime en retournant à Jérusalem, bien qu’Abisçaï voulût qu’on le fit mourir et qu’il eût lieu de croire que ce sujet rebelle ne s’humiliait que par la crainte d’être puni. Cette clémence de David apprend à tout le monde et surtout aux grands à pardonner autant que cela est possible les injures, mêmes celles qui sont les plus atroces et à ne pas écouter ceux qui leur inspirent la vengeance.

II. David fit acte de justice en rendant à Méphibosceth ses biens que Tsiba avait obtenus par une calomnie. Un homme consciencieux restitue et fait restituer lorsqu’il le peut à chacun ce qui lui appartient. Il répare autant qu’il lui est possible le mal qu’il a fait quand il ne l’aurait fait que par imprudence et les traités où il y a de la surprise, qui ont été obtenus par de mauvais moyens et qui sont contraires à la justice ne doivent pas subsister.

Il est vrai que David partagea les terres entre Méphibosceth et Tsiba au lieu qu’il semble qu’il devait rendre à Méphibosceth tout son bien. Mais il se peut que David n’ordonna cela que provisionnellement en attendant qu’il prît une connaissance plus exacte de ce différent et que dans la suite, ayant été mieux informé, il fit tout rendre à Méphibosceth ou qu’il le dédommagea d’une autre manière. La droiture de ce prince nous oblige à le croire ainsi. Il se peut aussi que le roi ordonna simplement que Tsiba qui avait la conduite des biens de Méphibosceth aurait pour son salaire la moitié du revenu.

III. La reconnaissance que David témoigna à Barzillaï qui l’avait assisté pendant sa fuite nous montre qu’il ne faut jamais être ingrats envers ceux qui nous ont fait du bien et le refus que fit Barzillaï d’aller avec le roi à Jérusalem dans l’âge avancé où il était nous apprend que les personnes âgées et généralement tous ceux qui cherchent le repos et la tranquillité doivent s’éloigner du grand monde et fuir l’embarras et qu’une vie privée est accompagnée de beaucoup plus de douceur et d’innocence que celle que l’on passe dans l’éclat et dans les plaisirs.

Enfin, il faut remarquer sur ce que David ne fut d’abord rétabli que par ceux de Juda et sur les plaintes que ceux d’Israël firent dans la suite de ce qu’ils n’avaient pas été appelés pour reconduire David à Jérusalem, qu’il y avait déjà dès lors des semences de division entre ceux d’Israël et ceux de Juda. Ce fut ce qui donna lieu à la sédition que Sçébah excita et plusieurs années après à la révolte des dix tribus d’Israël qui arriva sous le règne de Roboam.

CHAPITRE XX

Sçébab fait révolter les tributs d’Israël. David commande à Hamasa d’assembler son armée, mais Hamasa ayant trop tardé, David envoie Abisçaï contre Sçébab et Joab prenant ombrage de la confiance que David avait marquée à Hamasa en lui donnant le commandement de l’armée le tua en trahison. Ensuite Joab assiégea la ville d’Abel où Sçébah s’était retiré et les habitants de cette ville, par l’avis d’une femme, coupèrent la tête à Sçébab et par ce moyen la guerre finit.

1 Alors il se trouva là un méchant homme nommé Scébah, fils de Bicri, homme de Jémini, qui sonna de la trompette, et dit : Nous n’avons point de part avec David, ni d’héritage à attendre du fils d’Isaï. O Israël, que chacun se retire en ses tentes.

2 Ainsi tous les hommes d’Israël se séparèrent de David, et suivirent Scébah, fils de Bicri ; mais les hommes de Juda s’attachèrent à leur roi, et l’accompagnèrent depuis le Jourdain jusqu’à Jérusalem.

3 Et quand David fut venu dans sa maison à Jérusalem, il prit ses dix femmes concubines qu’il avait laissées pour garder sa maison, et il les fit garder dans une maison où il les nourrissait ; mais il n’allait point vers elles ; ainsi elles furent enfermées jusqu’au jour de leur mort, pour vivre en veuvage.

4 Puis le roi dit à Hamasa : Assemble-moi à cri public les hommes de Juda dans trois jours ; et toi trouve-toi ici.

5 Hamasa donc s’en alla pour assembler à cri public ceux de Juda ; mais il tarda au-delà du temps qu’on lui avait assigné.

6 Et David dit à Abisçaï : Maintenant, Scébah, fils de Bicri, nous fera plus de mal que n’a fait Absçalom ; toi donc, prends les serviteurs de ton seigneur, et poursuis-le, de peur qu’il ne trouve quelques villes fortes, et que nous ne le perdions de vue.

7 Ainsi les gens de Joab sortirent après lui avec les Kéréthiens, et les Péléthiens et tous les hommes vaillants. Ils sortirent donc de Jérusalem, pour poursuivre Scébah, fils de Bicri.

8 Et comme ils étaient auprès de cette grande pierre qui est à Gabaon, Hamasa vint au-devant d’eux. Et Joab avait sa casaque, dont il était vêtu, ceinte, et pardessus il avait la ceinture de son épée, qui était attachée à son côté, joignant ses reins, dans son fourreau ; et elle se retira et tomba.

9 Et Joab dit à Hamasa : Te portes-tu bien, mon frère ? Puis Joab saisit de la main droite la barbe de Hamasa pour le baiser.

10 Or, Hamasa ne prenait point garde à l’épée qui était en la main de Joab ; et Joab l’en frappa à la cinquième côte, et il répandit ses entrailles en terre, sans le frapper une seconde fois ; et il mourut. Après cela, Joab et Abisçaï son frère poursuivirent Scébah, fils de Bicri.

11 Alors un des serviteurs de Joab s’arrêta auprès de Hamasa, et dit : Que quiconque aime Joab, et quiconque est pour David, suive Joab.

12 Et Hamasa se vautrait dans son sang au milieu du chemin. Mais cet homme-là, voyant que tout le peuple s’arrêtait, poussa Hamasa hors du chemin dans un champ, et jeta un habit sur lui, après qu’il eut vu que tous ceux qui venait à lui s’arrêtaient.

13 Et quand on l’eut ôté du chemin, tous les hommes qui suivaient Joab passaient outre, afin de poursuivre Scébah fils de Bicri,

14 qui passa par toutes les tribus d’Israel, jusqu’à Abel et Beth-Mahaca, avec tous les Bériens qui s’étaient assemblés, et qui même l’avaient suivi.

15 Les gens de Joab vinrent donc et l’assiégèrent à Abel et Beth-Mahaca, et ils élevèrent contre la ville une terrasse joignant la muraille ; et tout le peuple qui était avec Joab sapait la muraille pour la faire tomber.

16 Alors une femme de la ville, qui était sage, s’écria : Ecoutez, écoutez ; dites, je vous prie, à Joab qu’il s’approche d’ici afin que je lui parle.

17 Et quand il se fut approché d’elle, elle lui dit : Es-tu Joab ? il répondit : Je le suis. Elle lui dit : Ecoute les paroles de ta servante. Il répondit : J’écoute.

18 Elle continua donc, et dit : On disait communément autrefois : Qu’on aille demander conseil à Abel ; et on a ainsi continué.

19 Je suis une des plus paisibles entre les villes fidèles d’Israël ; tu cherches à détruire une ville qui est des capitales d’Israël. Pourquoi détruirais-tu l’héritage de l’Eternel ?

20 Joab lui répondit et dit : Dieu me garde, Dieu me garde de détruire et de ruiner !

21 La chose ne va pas ainsi ; mais un homme de la montagne d’Ephraïm, nommé Scébah, fils de Bicri, s’est soulevé contre le roi David. Livrez-le-moi lui seul, et je me retirerai de devant la ville. Et la femme dit à Joab : Voici, on va te jeter sa tête par-dessus la muraille.

22 Cette femme-là donc vint vers tout le peuple, et leur parla sagement ; et ils coupèrent la tête à Scébah, fils de Bicri, et la jetèrent à Joab. Alors on sonna de la trompette, et chacun se retira de devant la ville en sa tente, et Joab s’en retourna vers le roi à Jérusalem.

23 Joab donc demeura le chef de toute l’armée d’Israël, et Bénajah, fils de Jéhojadah, fut établi sur les Kéréthiens et sur les Péléthiens ;

24 et Adoram était sur les tributs ; et Jéhosçaphat, fils d’Ahilud, était commis sur les registres ;

25 Scéja était le secrétaire, et Tsadok et Abiathar étaient les sacrificateurs ;

26 et Hira Jaïrite était aussi le principal officier de David. 

REFLEXIONS

Les réflexions qu’il faut faire sur la révolte de Sçébah sont celles-ci. Que les esprits factieux et remuants sont très dangereux, qu’ils peuvent causer bien du trouble dans les Etats et qu’il ne faut jamais écouter, ni soutenir ces gens-là.

Sur ce que Joab tua Hamasa, il faut remarquer d’un côté la méchanceté de Joab, qui après avoir tué Abner et Absçalom tua encore Hamasa par une trahison noire et détestable et de l’autre le juste jugement de Dieu sur Hamasa qui s’était révolté contre son roi en prenant le parti d’Absçalom. Et puisque ce fut l’envie et la jalousie que Joab avait conçue contre Hamasa qui le poussa à lui ôter la vie, on voit par-là combien il est dangereux d’écouter cette passion et les suites funestes qu’elle peut avoir.

Ce qui est ajouté que la sédition de Sçébah fut apaisée par le sage avis d’une femme qui conseilla de le faire mourir, montre que les bons conseils sont très salutaires et qu’il faut les suivre de quelque part qu’ils viennent. Cela montre aussi que les séditieux sont ordinairement une fin funeste.

Au reste, cette révolte que Sçébah excita fut un nouveau châtiment de Dieu sur David et à ce sujet nous devons considérer de la manière la plus sérieuse à combien de maux ce prince fut exposé et comment les jugements de Dieu le poursuivirent depuis qu’il se fut souillé par l’adultère où il tomba et par le meurtre d’Urie. David vit la mort de son enfant, le déshonneur et les malheurs de sa famille, sa fille Tamar violée par son propre frère Amnon, Amnon tué par son frère Absçalom, Absçalom se révolter contre lui avec presque tous ses sujets, ses femmes déshonorées à la vue de tout Israël. Il se vit chassé de Jérusalem par son fils et obligé de prendre la fuite, il eut la douleur de voir périr ce fils dénaturé et il manqua enfin de perdre son royaume par la révolte de Sçébah.

Tout cela montre que Dieu déteste l’adultère et le meurtre et ceux qui commettent ces crimes-là reçoivent ordinairement leur punition par les mêmes endroits par lesquels ils ont offensés Dieu, savoir par l’impureté et par l’effusion de sang. Cependant il faut se souvenir que Dieu envoya tous ces maux à David pour l’humilier et pour lui faire sentir son péché.

C’est dans les mêmes vues qu’il châtie les pécheurs en diverses manières et lorsqu’ils profitent de ses châtiments, il leur pardonne comme il pardonna aussi à David.

CHAPITRE XXI

Dieu envoie une famine sur le royaume d’Israël parce que Saül avait fait mourir les Gabaonites contre le traité que Josué avait fait autrefois avec eux et cette famine ne put être apaisée que par la mort de sept fils de Saül. On ne saurait déterminer précisément en quel temps ceci arriva, mais le verset 12 donne lieu de croire que ce ne fut pas bien longtemps après la mort de Saül.

Il est aussi parlé dans ce chapitre de quatre guerres que David eut avec les Philistins et de quatre géants qui y furent tués. 

1 Il y eut du temps de David une famine qui dura trois ans de suite. Et David consulta l’Eternel et l’Eternel lui répondit : C’est à cause de Saül et de sa maison sanguinaire, parce qu’il a fait mourir les Gabaonites.

2 Alors le roi appela les Gabaonites pour leur parler. (Or, les Gabaonites n’étaient point des enfants d’Israël, mais c’était un reste des Amorrhéens ; et les enfants d’Israël leur avaient juré de les laisser vivre. Cependant Saül, par un faux zèle qu’il avait pour les enfants d’Israël et de Juda, avait cherché de les faire mourir.)

3 Et David dit aux Gabaonites : Que vous ferai-je, et par quel moyen vous apaiserai-je, afin que vous bénissiez l’héritage de l’Eternel ?

4 Et les Gabaonites lui répondirent : Nous n’avons que faire ni de l’or ni de l’argent de Saül et de sa maison, ni qu’on fasse mourir personne en Israël. Et le roi leur dit : Que demandez-vous donc que je fasse pour vous ?

5 Et ils répondirent au roi : Puisque cet homme nous a détruits, et qu’il a tellement machiné contre nous, que nous avons été exterminés, sans pouvoir subsister dans aucune des contrées d’Israël ;

6 qu’on nous livre sept hommes de ses fils, et nous les mettrons en croix devant l’Eternel, au coteau de Saûl, l’élu de l’Eternel ; et le roi leur dit : Je vous les livrerai.

7 Or, le roi épargna Méphibosceth, fils de Jonathan, fils de Saül, à cause du serment que David et Jonathan, fils de Saül, avaient prêté entre eux au nom de l'Eternel.

8 Mais le roi prit les deux fils de Ritspa, fille d’Aja, qu’elle avait enfantés à Saül, savoir, Armoni et Méphibosceth, et les cinq fils de Mical, fille de Saül, qu’elle avait élevés à Hadriel, fils de Barzillaï Méholathite ;

9 Et il les livra entre les mains des Gabaonites qui les mirent en croix sur la montagne devant l’Éternel ; et ces sept-là furent tués ensemble, et on les fit mourir aux premiers jours de la moisson, savoir au commencement de la moisson des orges.

10 Alors Ritspa, fille d’Aja, prit un sac, et l’étendit sur un roc, dès le commencement de la moisson jusqu’à ce qu’il tombât de l’eau du ciel sur eux ; et elle ne souffrait point qu’aucun oiseau du ciel se posât sur eux de jour, ni aucune bête des champs la nuit.

11 Et on rapporta à David ce que Ritspa, fille d’Aja, concubine de Saül, avait fait.

12 Et David s’en alla, et prit les os de Saül, et les os de Jonathan son fils, que les habitants de Jabès de Galaad avaient enlevés de la place de Beth-scéan, où les Philistins les avaient pendus au jour qu’ils tuèrent Saül en Guilboah.

13 Il emporta donc de là les os de Saül et les os de Jonathan son fils ; et on recueillit aussi les os de ceux qui avaient été mis en croix.

14 Et on les ensevelit avec les os de Saül et de Jonathan son fils au pays de Benjamin, à Tsélah, au sépulcre de Kis, père de Saül ; et l’on fit tout ce que le roi avait commandé ; et après cela, Dieu fut apaisé envers le pays.

15 Or, il y avait eu aussi une autre guerre des Philistins contre les Israélites ; et David y était allé avec ses serviteurs ; et ils avaient tellement combattu contre les Philistins que David se trouva extrêmement fatigué.

16 Et Isçbi-Bénob, qui était des enfants de Rapha, et qui avait une lance dont le fer pesait trois cents sicles d’airain, et qui était armé de neuf, avait résolu de frapper David.

17 Mais Abisçaï, fils de Tsérujah, vint à son secours, et frappa le Philistin, et le fit mourir. Alors les gens de David jurèrent, et dirent : Tu ne sortiras plus avec nous en bataille, de peur que tu n’éteignes la lampe d’Israël.

18 Après cela, il y eut une autre guerre à Gob contre les Philistins, où Sibbécaï le Husçathite tua Saph, qui était des enfants de Rapha.

19 Il y eut encore une autre guerre à Gob contre les Philistins, dans laquelle Elhanan, fils de Jaharé-Oréguim, Bethléhémite, tua le frère de Goliath Guittien, qui avait une hallebarde dont la hampe était comme l’ensuble d’un tisserand.

20 Il y eut encore une autre guerre à Gath, où il se trouva un homme d’une taille extraordinaire, qui avait six doigts aux mains et aux pieds, qui étaient en tout vingt et quatre doigts, et qui était aussi de la race de Rapha.

21 Cet homme défia Israël ; mais Jonathan, fils de Scimha, frère de David, le tua.

22 Ces quatre-là étaient nés à Gath ; ils étaient de la race de Rapha, et ils moururent par les mains de David et par les mains de ses serviteurs.

REFLEXIONS

C’est ici une histoire qui doit être bien considérée. Dieu envoya une famine sur le royaume de David parce que Saül, par un faux zèle, avait fait mourir plusieurs des Gabaonites contre le traité que Josué avait fait avec leurs prédécesseurs quatre cents ans auparavant et il fallut que les fils de Saül fussent mis à mort pour détourner ce fléau de Dieu.

Cela montre bien clairement que les traités qui ont été faits et confirmés par serment doivent être observés, quand même ils auraient été faits depuis longtemps et qu’il y aurait eu quelque surprise et qu’on ne doit jamais les violer sous prétexte de religion, ni par aucune autre considération que ce puisse être, la violation des promesses et du serment exposant aux plus sévères jugements de Dieu non seulement les princes et ceux qui gouvernent lorsqu’ils se rendent coupables de ce crime, mais aussi leurs familles et même quelquefois leurs états.

L’on doit aussi remarquer dans cette histoire la malédiction de Dieu sur la postérité de Saül et apprendre de là que les méchants attirent sur eux-mêmes et sur leurs enfants toutes sortes de malheurs.

Il faut encore faire ces deux considérations :

La première que David fit mourir justement les fils de Saül puisqu’il ne les livra aux Gabaonites qu’après avoir consulté Dieu comme cela est dit au commencement de ce chapitre et leur mort ayant fait cesser la famine, Dieu fit bien voir par-là que sa volonté était qu’ils mourussent. Ainsi David ne pécha point contre la loi de Dieu qui défend de punir les enfants pour les péchés de leurs pères.

L’autre considération est que si Dieu permit que ces fils de Saül fussent mis à mort, ce ne fut qu’une peine temporelle.

Ce qui est dit à la fin de ce chapitre de ces géants qui avaient été tués dans les guerres que David avait eues contre les Philistins fait voir que Dieu accorda à ce roi de grands avantages et que, quoiqu’il eût à faire à des ennemis redoutables, il le protégea toujours et qu’il se servit de lui pour achever de détruire les ennemis de son peuple.

CHAPITRE XXII

David, étant délivré de ses ennemis et se voyant paisible possesseur de son royaume, loue Dieu par un cantique dans lequel il décrit les grands dangers où il s’était vu et il y célèbre la puissance, la bonté et la justice que Dieu avait fait paraître en le délivrant. 

1 Après cela David prononça à l’Éternel les paroles de ce cantique, au jour que l’Éternel l’eut délivré de la main de tous ses ennemis, et même de la main de Saül.

2 Il dit donc : L’Éternel est mon rocher, ma forteresse et mon libérateur.

3 Dieu est mon rocher, je me retirerai vers lui ; il est mon bouclier et la force de mon salut ; il est ma haute retraite et mon asile. Mon Sauveur, tu me garantis de la violence.

4 Je crierai à l’Éternel qui est digne de louange, et je serai délivré de mes ennemis.

5 Car les angoisses de la mort m’avaient environné, et les torrents des méchants m’avaient effrayé.

6 Les liens du sépulcre m’avaient environné ; les filets de la mort m’avaient surpris.

7 Quand j’étais dans l’adversité, je criai à l’Éternel ; je criai à mon Dieu, et il entendit ma voix de son palais ; et mes cris parvinrent jusqu’à ses oreilles.

8 Alors la terre fut ébranlée et trembla, les fondements des cieux croulèrent et furent ébranlés, parce qu’il était en colère.

9 Une fumée montait de ses narines, et un feu dévorant sortait de sa bouche, et des charbons en étaient allumés.

10 Il abaissa donc les cieux, et il descendit, ayant une épaisse obscurité sous ses pieds.

11 Il était monté sur un chérubin, il volait et était porté sur les ailes du vent.

12 Et il mit autour de lui les ténèbres comme une tente, des amas d’eaux, les nuées qui sont dans les airs.

13 La splendeur qui était devant lui allumait des charbons de feu.

14 L’Éternel tonna des cieux, et le Souverain fit retentir sa voix.

15 Il tira des flèches, et il écarta mes ennemis ; il fit briller l’éclair, et il les mit en déroute.

16 Alors on vit le fond de la mer, et les fondements de la terre habitable furent découverts par l’Éternel qui les menaçait, et par le souffle du vent de sa colère.

17 Il étendit sa main d’en haut, et il m’enleva, et me tira des grosses eaux.

18 Il me délivra de mon ennemi puissant, et de ceux qui me haïssaient, quoiqu’ils fussent plus forts que moi.

19 Ils m’avaient prévenu au jour de ma calamité, mais l’Éternel fut mon appui.

20 Il m’a mis au large ; il m’a délivré, parce qu’il a pris son plaisir en moi.

21 L’Éternel m’a rendu selon ma justice ; il m’a rendu selon la pureté de mes mains ;

22 car j’ai suivi les voies de l’Éternel, et je n’ai point commis d’infidélité contre mon Dieu.

23 J’ai eu devant les yeux tous ses statuts, et je ne me suis détourné d’aucune de ses ordonnances.

24 J’ai vécu dans l’intégrité devant lui, et je me suis gardé de l’iniquité.

25 L’Éternel m’a donc rendu selon ma justice, et selon ma pureté qu’il a connue.

26 Tu es bon avec celui qui est bon, tu es parfaitement juste avec l’homme qui vit dans l’intégrité.

27 Tu es pur avec celui qui est pur, mais tu luttes fortement contre le pervers.

28 Car tu sauves le peuple affligé, et tu abaisses les yeux des superbes.

29 Tu es même ma lampe, ô Éternel, et l’Éternel éclairera mes ténèbres.

30 Avec toi je me jetterai sur toute une troupe, et avec mon Dieu je franchirai la muraille.

31 La voie du Dieu fort est parfaite, la parole de l’Éternel est purifiée par le feu ; c’est un bouclier à tous ceux qui se retirent vers lui.

32 Car qui est un Dieu fort, sinon l’Éternel ? Et qui est un rocher, sinon notre Dieu ?

33 Le Dieu fort, qui est ma force, est la véritable force, et il a aplani mon chemin parfaitement.

34 Il a rendu mes pieds semblables à ceux des biches, et il m’a fait tenir debout sur mes lieux élevés.

35 C’est lui qui dresse tellement mes mains au combat, que mes bras ont rompu un arc d’airain.

36 Tu m’as aussi donné le bouclier de ton salut, et ta bonté m’a fait devenir grand.

37 Tu as élargi le chemin sous mes pas, et mes pieds n’ont point glissé.

38 J’ai poursuivi mes ennemis, et je les ai exterminés ; et je ne m’en suis point retourné jusqu’à ce que je les eusse consumés.

39 Je les ai consumés, et je les ai transpercés, et ils ne se sont point relevés, mais ils sont tombés sous mes pieds.

40 Car tu m’as revêtu de force pour le combat ; tu as fait plier sous moi ceux qui s’élevaient contre moi.

41 Tu as fait aussi que mes ennemis et ceux qui me haïssaient ont tourné le dos devant moi, et je les ai détruits.

42 Ils regardaient çà et là, mais il n’y avait point de libérateur ; ils criaient à l’Éternel, mais il ne leur répondait point.

43 Et je les ai menuisés comme la poussière de la terre ; je les ai écrasés et les ai foulés comme la boue des rues.

44 Et tu m’as délivré des oppositions de mon peuple ; tu m’as gardé pour être le chef des nations ; le peuple que je ne connaissais point m’a été soumis.

45 Les étrangers m’ont menti ; ayant entendu parler de moi, ils se sont rendus obéissants.

46 Les étrangers se sont écoulés, et ils ont tremblé de peur dans leurs retraites cachées.

47 L’Éternel est vivant, et mon rocher est béni ; c’est pourquoi, que Dieu, qui est le rocher de ma délivrance, soit exalté.

48 Le Dieu fort est celui qui me donne les moyens de me venger, et qui m’assujettit les peuples.

49 C’est lui aussi qui me retire d’entre les mains de mes ennemis ; tu me mets au-dessus de ceux qui s’élèvent contre moi ; tu me délivres de l’homme violent.

50 C’est pourquoi, ô Éternel, je te célébrerai parmi les nations, et je chanterai des psaumes à ton nom.

51 C’est lui qui délivre magnifiquement son roi, et qui fait miséricorde à David son oint, et à sa postérité à jamais.

REFLEXIONS

Les considérations qu’il a à faire sur ce cantique sont ces quatre principales :

I. La première, que David, quoiqu’il fût un roi aimé et chéri de Dieu, avait été exposé à des dangers où sa perte semblait inévitable.

La même chose peut arriver à ceux que Dieu aime, mais ils ne laissent pas d’être toujours l’objet de son amour et ils ne doivent jamais désespérer de son assistance.

II. La seconde réflexion regarde la magnifique description que David fait dans ce cantique de la puissance que Dieu avait déployée en sa faveur et de la facilité avec laquelle il avait confondu tous ses ennemis.

De là nous devons tirer des motifs à la confiance, considérant que Dieu, étant tout puissant, rien ne peut nuire à ceux qu’il prend en sa protection.

III. Ce que David dit dans ce cantique : que Dieu lui avait rendu selon sa pureté, qu’il avait marché dans les commandements et qu’il n’avait point commis d’infidélité contre son Dieu mérite une attention particulière.

Cela ne veut pas dire que David se crût innocent devant Dieu, mais cela signifie que Dieu avait soutenu la justice de la cause de David et son innocence contre Saül et tous ses ennemis qui le persécutaient injustement. Cela marque aussi que ce prince n’avait pas abandonné le culte de Dieu et qu’il n’était jamais tombé dans l’idolâtrie. Au reste il avait commis de grands péchés, mais Dieu avait eu égard à sa repentance.

Les hommes ne méritent rien devant Dieu, cependant, Dieu, qui est saint et juste, a égard selon ses promesses à la droiture et à l’intégrité de ceux qui le servent. C’est ce qui est exprimé par ces paroles : envers celui qui est juste, tu es juste, envers celui qui est pur, tu es pur, mais tu rends au méchant selon sa malice.

Dieu protège les gens de bien, il les exauce dans leurs afflictions au lieu qu’il rejette les prières des méchants, comme David le marque en disant : que lorsqu’ils sont en détresse, il n’y a point de libérateur pour eux et que quand ils crient à l’Éternel, il ne les exauce point.

Enfin, les actions de grâce que David rend à Dieu avec tant d’ardeur dans ce cantique doivent nous engager à conserver la mémoire des dangers où nous avons été exposés et d’où Dieu a eu la bonté de nous tirer afin de nous exciter par là à lui en témoigner notre reconnaissance et à célébrer continuellement ses bontés.

CHAPITRE XXIII

Deux choses sont rapportées dans ce chapitre.

I. Les dernières paroles de David.

II. Les noms des principaux et des plus vaillants officiers de ce prince et quelques-unes de leurs actions mémorables.

1 Ce sont ici les dernières paroles de David. David, fils d’Isaï, dit : L’homme qui a été élevé pour être l’oint du Dieu de Jacob, et qui compose les agréables cantiques d’Israël, dit :

2 L’Esprit de l’Éternel a parlé par moi, et sa parole a été sur ma langue.

3 Le Dieu d’Israël a dit : Le rocher d’Israël a parlé de moi, disant : Celui qui domine sur les hommes avec justice, et qui règne dans la crainte de Dieu,

4 est comme la lumière du matin, lorsque le soleil se lève d’un matin qui est sans nuages ; comme la lumière du soleil qui fait germer la terre après la pluie.

5 Il n’en était pas ainsi de ma maison devant Dieu ; mais il m’a établi une alliance éternelle et bien ordonnée, et ferme en toutes choses ; il est toute ma délivrance et tout mon plaisir, et ne fera-t-il pas fleurir ma maison ?

6 Mais les méchants seront tous ensemble comme des épines qu’on jette au loin, parce qu’on ne les prend pas avec la main.

7 Mais celui qui les veut manier, s’arme pour cela d’un fer ou du bois d’une hallebarde ; et on les brûle entièrement sur le lieu même.

8 Ce sont ici les noms des vaillants hommes que David avait : Josceb Bascébeth Tachkémonite était un des trois principaux capitaines ; Hadino le Hetsnite, qui eut le dessus sur huit cents hommes, qu’il tua en une seule occasion.

9 Après lui était Eléazar, fils de Dodo, fils d’Ahohi ; c’était l’un de ces trois vaillants hommes qui étaient avec David, lorsqu’on rendit confus les Philistins assemblés pour combattre, et que ceux d’Israël montèrent contre eux.

10 Il se leva, et il battit les Philistins, jusqu’à ce que sa main, se lassant de tuer, demeura attachée à son épée. En ce jour-là l’Éternel accorda une grande victoire, et le peuple retourna seulement après Eléazar, pour prendre la dépouille.

11 Après lui était Sçamma, fils d’Agué Hararite ; car les Philistins s’étant assemblés dans un village où il y avait un endroit d’un champ plein de lentilles, et le peuple fuyant devant les Philistins,

12 il se tint au milieu de cet endroit-là du champ, et le défendit, et frappa les Philistins ; ainsi l’Éternel fit remporter une grande victoire.

13 Il en descendit encore trois d’entre les trente capitaines qui vinrent, au temps de la moisson, vers David, dans la caverne d’Hadullam, lorsqu’une compagnie des Philistins était campée dans la vallée des Réphaïns.

14 David était alors dans la forteresse, et la garnison des Philistins était en ce même temps-là à Bethléhem.

15 Et David fit ce souhait, et dit : Qui est-ce qui me ferait boire de l’eau du puits qui est à la porte de Bethléhem ?

16 Alors ces trois vaillants hommes passèrent au travers du camp des Philistins, et puisèrent de l’eau du puits qui était à la porte de Bethléhem, et l’ayant apportée, la présentèrent à David, qui n’en voulut point boire, mais qui la répandit en la présence de l’Éternel.

17 Car il dit : Dieu me garde de faire une telle chose. Boirais-je le sang de ces hommes qui ont fait ce voyage au péril de leur vie ? Et il n’en voulut point boire. Voilà ce que firent ces trois vaillants hommes.

18 Il avait aussi Abisçaï, frère de Joab, fils de Tsérujah, qui était un des principaux capitaines. Celui-ci, lançant sa hallebarde contre trois cents hommes, les blessa à mort, et il s’acquit un grand nom entre les trois.

19 C’était le plus considéré des trois et il fut leur chef ; cependant il n’égala point les trois précédents.

20 Bénaja aussi, fils de Jéhojadah, fils d’un vaillant homme de Kabsaël, avait fait de grands exploits ; il tua deux des plus puissants hommes de Moab ; il descendit aussi, et tua un lion au milieu d’une fosse dans un jour de neige.

21 Il tua aussi un homme égyptien, qui était un bel homme. Cet Égyptien avait en sa main une hallebarde ; mais Bénaja descendit contre lui avec un bâton, et il arracha à cet Égyptien la hallebarde de la main, et le tua de sa propre hallebarde.

22 Voilà ce que fit Bénaja, fils de Jéhojadah ; et il fut illustre entre les trois hommes vaillants ;

23 et il fut plus honoré que les trente, encore qu’il n’égalât point ces trois-là. C’est pourquoi David l’établit sur ses gens de commandement.

24 Hasaèl, frère de Joab, était des trente. Elhanan, fils de Dodo, de Bethléhem,

25 Sçamma Harodite, Elika Harodite,

26 Hélets Paltite, Hira, fils de Hikkès Tékohite,

27 Abihézer Hanathothite, Mébunaï Husçathite,

28 Tsalmon Ahohite, Maharaï Nétophathite,

29 Héleb, fils de Bahana, Nétophathite, Ittaï, fils de Ribaï de Guibha, des enfants de Benjamin,

30 Bénaja Pirhathothite, Hiddaï des vallées de Gahas,

31 Abi-Halbon Harbathite, Hatzmaveth Barhumite,

32 Eliachbah Sçahalbonite ; des enfants de Jescen, Jonathan,

33 Sçamma Hararite, Ahiam, fils de Scarar Hararite,

34 Eliphélet, fils d’Ahasbaï, fils de Mahakati, Eliham, fils d’Ahithophel Guilonite,

35 Hetsraï Carmélite, Paharaï Arbite,

36 Jiguéal, fils de Nathan, de Tsoba, Bani Gadite,

37 Tsélek Hammonite, Naharaï Béérothite, qui portait les armes de Joab fils de Tsérujah,

38 Hira Jithrite, Hared Jithrite,

39 Urie Héthien ; qui font en tout trente-sept.

REFLEXIONS

Ce qui doit être principalement observé dans ce chapitre, ce sont les dernières paroles de David dont voici le sens.

Il y donne l’idée d’un bon prince et il le compare au soleil qui par ses rayons échauffe la terre après qu’elle a été humectée par la pluie et qui la rend fertile. Il témoigne qu’il était persuadé qu’il en serait de même de sa famille, qu’elle donnerait après sa mort de bons conducteurs au peuple d’Israël et que Dieu la comblerait de ses faveurs pendant qu’il déplorerait ses jugements sur les méchants, lesquels il compare à des épines qu’on brûle après les avoir coupées.

On voit ici quel est le devoir des rois, c’est d’avoir de la piété, d’être juste et bienfaisants et de procurer le bonheur de ses sujets. Les sentiments que David avait sur cela conviennent encore mieux aux rois et aux princes chrétiens. Ces paroles nous apprennent aussi que des princes religieux et justes sont une source de bénédictions pour les peuples, qu’on ne saurait trop les estimer et les honorer, ni demander à Dieu avec trop d’ardeur qu’il en suscite de semblables.

Enfin, nous devons recueillir des derniers discours de David que la faveur de Dieu se répand sur les personnes qui le craignent et sur leur postérité, mais que les méchants éprouvent sa colère.

Pour ce qui est du dénombrement des vaillants hommes qui étaient au service de David et dont les actions remarquables sont ici rapportées, il faut considérer que quand Dieu veut élever un prince et protéger un peuple, il suscite des personnes propres à exécuter de grandes choses et qu’en général lorsqu’il se propose une fin, il ne manque jamais de moyens pour y parvenir.

On remarque dans l’actions de ces trois vaillants hommes qui allèrent puiser de l’eau à Bethléhem leur courage et leur amour pour leur roi. Cependant David ne voulut pas boire de cette eau parce qu’ils étaient allés la chercher au péril de leur vie. Il montra par là qu’il n’approuvait pas qu’ils se fussent ainsi exposés sans nécessité. Mais il fit un usage religieux de cette eau en la répandant en l’honneur de Dieu, ce qui était plus honorable à ceux qui étaient allé la puiser que s’il en eût bu.

Cela marque la prudence de David et le cas qu’il faisait de la valeur de ces trois hommes-là et cela nous apprend que nous ne devons jamais exposer les autres à aucun danger pour notre intérêt et pour notre satisfaction particulière, ni permettre qu’ils s’y exposent eux-mêmes sans nécessité.

CHAPITRE XXIV

David, ayant péché en faisant faire le dénombrement de ses sujets,

Dieu lui fit dire par le prophète Gad qu’il devait choisir d’être puni par la famine, par la guerre ou par la mortalité.

Ce roi choisi ce dernier fléau, et septante mille de ses sujets périrent, mais il apaisa Dieu par sa profonde humiliation et par un sacrifice qu’il offrit par le commandement de Dieu dans un lieu que Gad lui marqua.

1 La colère de l’Éternel s’alluma encore contre Israël, et David fut incité contre eux, et il dit : Va, fais le dénombrement d’Israël et de Juda.

2 Et le roi dit à Joab, chef de l’armée, lequel était auprès de lui : Traverse maintenant toutes les tribus d’Israël, depuis Dan jusqu’à Béer-scébah, et fais le dénombrement du peuple, afin que j’en sache le nombre.

3 Mais Joab répondit au roi : Que l’Eternel ton Dieu veuille augmenter ton peuple autant et cent fois autant qu’il est maintenant, et que les yeux du roi, mon seigneur, le voient. Mais pourquoi le roi, mon seigneur, veut-il faire cela ?

4 Néanmoins la parole et la volonté du roi l’emporta sur Joab et sur les chefs de l’armée ; et Joab et les chefs de l’armée sortirent de la présence du roi, pour faire le dénombrement du peuple d’Israël.

5 Ils passèrent donc le Jourdain, et ils campèrent à Haroher, à main droite de la ville, qui est au milieu du torrent de Gad, et vers Jahzer ;

6 et ils vinrent à Galaad, et dans la terre de ceux qui habitent au bas pays d’Hodsci ; et ils vinrent à Dan-Jahan, et puis aux environs de Sidon.

7 Et de là ils passèrent jusque près de Tyr, et dans toutes les villes des Héviens et des Cananéens, et ils sortirent vers le midi de Juda à Béer-scébah.

8 Ils traversèrent tout le pays, et revinrent à Jérusalem, au bout de neuf mois et vingt jours.

9 Alors Joab donna le rôle du dénombrement du peuple au roi, et il se trouva de ceux d’Israël huit cent mille hommes de guerre, tirant l’épée, et de ceux de Juda cinq cent mille hommes.

10 Alors David fut touché en son cœur, après qu’il eut ainsi fait faire le dénombrement du peuple ; et David dit à l’Eternel : J’ai commis un très grand péché dans cette action ; mais je te prie, ô Eternel, fais maintenant passer l’iniquité de ton serviteur ; car j’ai agi très follement.

11 Après cela, David se leva de bon matin, et la parole de l’Eternel fut adressée à Gad le prophète, qui était le Voyant de David, disant :

12 Va, et dis à David : Ainsi a dit l’Eternel : J’apporte trois choses contre toi ; choisis l’une des trois, afin que je te la fasse.

13 Gad vint donc vers David, et le lui fit savoir, disant : Que veux-tu qu’il t’arrive, ou sept ans de famine sur ton pays, ou que par l’espace de trois mois tu fuies devant tes ennemis, et qu’ils te poursuivent, ou que pendant trois jours la mortalité soit en ton pays ? Maintenant consulte et vois ce que tu veux que je réponde à celui qui m’a envoyé.

14 Alors David répondit à Gad : Je suis dans une très grande extrémité ; je te prie que nous tombions entre les mains de l’Eternel ; car ses compassions sont en grand nombre ; et que je ne tombe point entre les mains des hommes.

15 L’Eternel envoya donc la mortalité en Israël, depuis le matin jusqu’au temps marqué ; et il mourut du peuple, depuis Dan jusqu’à Béer-scébah, soixante et dix mille hommes.

16 Mais quand l’ange eut étendu sa main sur Jérusalem pour la détruire, l’Eternel se repentit de ce mal-là, et dit à l’ange qui détruisait le peuple : C’est assez, retire à cette heure ta main. Or, l’ange de l’Eternel était auprès de l’aire d’Arauna Jébusien.

17 Et David voyant l’ange qui frappait le peuple, parla à l’Eternel, et dit : Voici, c’est moi qui ai péché, c’est moi qui ai commis iniquité, mais ces brebis qu’ont-elles fait ? Je te prie que ta main soit contre moi et contre la maison de mon père.

18 Et en ce jour-là, Gad vint vers David, et lui dit : Monte et dresse un autel à l’Eternel dans l’aire d’Arauna Jébusien.

19 Et David monta, suivant la parole de Gad, comme l’Eternel l’avait commandé.

20 Et Arauna regarda, et vit le roi et ses serviteurs qui venaient vers lui ; et Arauna sortit, et se prosterna devant le roi, le visage contre terre.

21 Et Arauna dit : D’où vient que le roi, mon seigneur, vient vers son serviteur ? Et David répondit : C’est pour acheter ton aire, afin d’y bâtir un autel à l’Eternel ; et que cette plaie soit arrêtée de dessus le peuple.

22 Et Arauna dit à David : Que le roi, mon seigneur, prenne et offre ce qu’il lui plaira. Voilà des taureaux pour l’holocauste, et des chariots, et un attelage de bœufs au lieu de bois.

23 Arauna donna tout cela au roi, comme s’il eût été roi ; et même Arauna dit au roi : L’Éternel ton Dieu veuille t’avoir pour agréable.

24 Et le roi répondit à Arauna : Non, mais je l’achèterai de toi pour un certain prix, et je n’offrirai point à l’Éternel mon Dieu des holocaustes qui ne me coûtent rien. Ainsi David acheta l’aire, et acheta aussi les bœufs pour cinquante sicles d’argent.

25 Puis David bâtit là un autel à l’Éternel, et il offrit des holocaustes et des sacrifices de prospérités ; et l’Éternel fut apaisé envers le pays, et la plaie fut arrêtée de dessus Israël.

REFLEXIONS

Il y a quatre choses dans ce chapitre sur lesquelles il faut faire réflexion, savoir le péché de David, sa punition, sa repentance et le pardon qu’il obtint.

Il pécha en faisant dénombrer le peuple parce qu’il le fit sans nécessité contre le commandement de Dieu et par principe d’orgueil. Et il fut d’autant plus coupable qu’il avait été averti par Joab et par ses officiers qu’il pécherait en cela et qu’il arriverait du mal au peuple d’Israël. D’ailleurs, David après ses péchés et les châtiments qu’il avait soufferts devait être plus humilié.

Il est mal aisé de conserver l’humilité dans la prospérité et dans l’élévation et ce n’est pas toujours en faisant des choses criminelles en elles-mêmes qu’on pèche, on peut aussi péché dans les choses permises lorsqu’on les fait autrement que Dieu ne le permet ou que l’on agit par un mauvais principe.

II. Sur la punition que Dieu envoya à David il faut remarquer que Dieu, en faisant mourir un si grand nombre de ses sujets et en si peu de temps, le punit de ce qu’il s’était glorifié de leur multitude et qu’en lui ordonnant de choisir l’un des trois fléaux que Gad lui proposa, il voulait l’éprouver et voir s’il se remettait entièrement à Dieu ou s’il se confierait aux moyens humains. Mais surtout il voulait lui faire d’autant mieux sentir par-là que c’était lui qui avait attiré la colère de Dieu. Cependant, il lui donna aussi en cela un témoignage de sa bonté et David marqua son humilité, sa confiance en Dieu et sa résignation en choisissant la mortalité qui procède plus particulièrement de Dieu et qui pouvait tomber sur lui aussi bien que sur ses sujets au lieu qu’il pouvait se précautionner contre la guerre et la famine. C’est ainsi que Dieu emploie les moyens les plus propres pour amener les hommes à la repentance, et qu’il leur marque son amour dans le temps qu’il les châtie.

Et voilà aussi comment, lorsque Dieu veut nous affliger, nous devons nous abandonner entièrement à lui et nous soumettre à tout ce qu’il lui plaît de nous dispenser.

III. David témoigna une amère douleur de son péché et s’il s’était oublié en se laissant aller à des mouvements d’orgueil, il s’humilia d’une manière bien édifiante en se prosternant et en disant devant tous son peuple : C’est moi qui ai péché, mais ces brebis qu’ont-elles fait ?

Je te prie, Seigneur, que ta main soit contre la maison de mon père, mais qu’elle ne soit pas contre ton peuple pour le détruire.

Ce langage marque une profonde humilité en David, un vif sentiment de son péché et un grand amour pour ses sujets et c’est ainsi que ceux qui sont bien touchés de leurs fautes n’ont point de honte de les confesser publiquement, surtout lorsqu’en péchant ils ont causé du mal aux autres.

Nous avons aussi en cela un bel et rare exemple de la tendresse que les rois doivent avoir pour leurs sujets.

Enfin, le pardon que Dieu accorda à David ensuite de sa repentance et de son sacrifice montre que Dieu fait cesser sa colère et qu’il fait grâce aux pécheurs lorsqu’ils s’humilient sincèrement et qu’ils ont recours à sa bonté.