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ARGUMENT

Le livre des proverbes a le Roi Salomon pour auteur. Ce livre a deux parties :  La première, qui est contenue dans les neuf premiers chapitres, renferme des exhortations, des instructions et des conseils que la sagesse donne aux hommes. La seconde, qui commence au chapitre X est un recueil de proverbes et de sentences morales sur toutes sortes de sujets. Il paraît que Salomon a écrit les XXIV premiers chapitres. Les suivants sont un recueil qui fut fait des sentences de ce prince, environ deux cent quatre-vingts ans après du temps Roi Ézéchias. Les deux derniers chapitres semblent être d’un autre que du roi Salomon. Les sentences de ce livre sont courtes et d’un style figuré selon la manière des Orientaux, mais elles renferment un grand sens et l’on y trouve d’excellentes instructions sur toutes sortes de devoir et pour toutes sortes de personnes.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.   CHAPITRE XXVII.  CHAPITRE XXVIII  CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX.   CHAPITRE XXXI. LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I

Le premier chapitre a trois parties : I. Une préface qui marque le but de ce livre avec une exhortation à acquérir la sagesse. II. Un avertissement à s’éloigner des méchants et à ne pas se laisser séduire par eux. III. Une invitation par laquelle la sagesse sollicite les pécheurs à se convertir avec de sévères menaces contre ceux qui s’endurcissent.

1 Les proverbes de Salomon, fils de David, et roi d’Israël ;

2 pour faire connaître la sagesse et l’instruction, pour faire entendre les discours d’intelligence ;

3 pour recevoir une instruction de bon sens, de justice, de jugement et d’équité ;

4 pour donner du discernement aux simples, de la connaissance et de la science aux jeunes gens.

5 Le sage écoutera, et en deviendra plus éclairé, et l’homme intelligent en acquerra de la prudence ;

6 afin d’entendre les sentences et leur interprétation ; les paroles des sages et leurs discours profonds.

7 La crainte de l’Éternel est le principal point de la science ; mais les fous méprisent la sagesse et l’instruction.

8 Mon fils, écoute l’instruction de ton père, et n’abandonne point l’enseignement de ta mère.

9 Car ce sont des grâces assemblées autour de ta tête, et des colliers à ton cou.

10 Mon fils, si les pécheurs te veulent attirer, n’y consens pas.

11 S’ils disent : Viens avec nous, dressons des embûches pour tuer ; épions secrètement l’innocent, sans qu’il en ait donné de sujet ;

12 engloutissons-les vifs comme le sépulcre, et tout entiers comme ceux qui descendent dans la fosse ;

13 nous trouverons toutes sortes de biens précieux, nous remplirons nos maisons de butin ;

14 tu y auras ton lot parmi nous ; il n’y aura qu’une bourse pour nous tous.

15 Mon fils, ne te mets point en chemin avec eux ; retire ton pied de leur sentier.

16 Car leurs pieds courent au mal, et se hâtent pour répandre le sang.

17 Car comme c’est sans sujet que le filet est tendu devant les yeux de tout ce qui a des ailes ;

18 ainsi, ceux-ci dressent des embûches contre le sang de ceux-là, et ils épient secrètement leurs vies.

19 Tel est le train de tout homme convoiteux du gain déshonnête, lequel enlèvera l’âme de ceux qui y sont adonnés.

20 La souveraine sagesse crie hautement au dehors, elle fait retentir sa voix dans les rues ;

21 elle crie dans les carrefours, où on mène le plus de bruit, aux entrées des portes ; elle prononce ses paroles par la ville :

22 Stupides, dit-elle, jusqu’à quand aimerez-vous la sottise ? Jusqu’à quand les moqueurs prendront-ils plaisir à la moquerie, et les fous auront-ils en haine la science ?

23 Etant repris par moi, convertissez-vous. Voici, je vous communiquerai de mon esprit en abondance, et je vous ferai comprendre mes paroles.

24 Parce que j’ai crié, et que vous avez refusé d’ouïr ; que j’ai étendu ma main, et qu’il n’y a eu personne qui y prît garde ;

25 et que vous avez rebuté tout mon conseil, et n’avez point eu à gré que je vous reprisse :

26 Aussi je me rirai de votre calamité, je me moquerai quand votre effroi surviendra.

27 Quand votre effroi surviendra comme une ruine, et votre calamité comme un tourbillon ; quand la détresse et l’angoisse viendront sur vous ;

28 alors on criera après moi, mais je ne répondrai point ; on me cherchera de grand matin, mais on ne me trouvera point ;

29 parce qu’ils auront haï la science, et qu’ils n’auront point choisi la crainte de l’Éternel.

30 Ils n’ont point pris plaisir à mon conseil ; ils ont dédaigné toutes mes répréhensions.

31 Qu’ils mangent donc le fruit de leur train, et qu’ils se rassasient de leurs conseils.

32 Car l’aise des sots les tue, et la prospérité des insensés les perd.

33 Mais celui qui m’écoutera, habitera en sûreté, et sera tranquille, sans être effrayé d’aucun mal.

REFLEXIONS

Il y a trois choses dans ce premier chapitre qui sont dignes d’une attention particulière.

I. La première que le but de ce livre est de donner aux hommes de la prudence et de l’intelligence et de leur faire acquérir la véritable sagesse qui consiste dans la crainte de Dieu, que c’est là à quoi toutes sortes de personnes, mais surtout les jeunes gens doivent principalement s’appliquer, et que cette sagesse céleste apporte avec elle toutes sortes d’avantages et de bénédictions.

Ces considérations doivent nous disposer à profiter des instructions qui sont contenues dans ce livre.

II. La seconde chose que Salomon nous apprend est que pour parvenir à la sagesse, il faut s’éloigner des pécheurs et de ceux qui cherchent à nuire aux autres, de peur qu’ils ne nous entraînent au mal par leurs sollicitations et par leurs exemples et que nous ne soyons enveloppés dans les malheurs qui les menacent.

III. Il faut faire une très sérieuse attention à cette belle et très grave remontrance que la sagesse adresse sur la fin de ce chapitre aux pécheurs qui, comme des insensés, marchent dans l’égarement. On voit clairement ici que Dieu les cherche et qu’il leur fait entendre sa voix, qu’il ne néglige rien pour les retirer du mal, qu’il est prêt à répandre sur eux son esprit et sa grâce, mais que s’il leur arrive de mépriser ses conseils et d’abuser de sa patience, il les abandonne et que quand ils seront surpris par son jugement il ne sera plus temps pour eux de recourir à sa miséricorde.

Cela met la bonté et la justice de Dieu dans un plein jour et fait voir qu’il ne tient qu’aux hommes d’être heureux, que s’ils ne le sont pas, leur perdition vient d’eux-mêmes et qu’ainsi il faut écouter la voix de Dieu et les conseils salutaires qu’il nous donne et profiter de sa patience et des offres de sa miséricorde pendant qu’il en est temps.

CHAPITRE II

I. Salomon exhorte à travailler sur toutes choses à acquérir la vraie sagesse. Il montre que c’est là ce qu’il y a de plus précieux et que Dieu la donne à ceux qui la cherchent sincèrement. II. Il nous enseigne que ceux qui cherchent la sagesse, et qui la possèdent, sont comblés de biens et qu’elle les garantit des tentations, mais que ceux qui s’en éloignent pour s’abandonner au mal et en particulier à l’impureté se précipitent dans les derniers malheurs.

1 Mon fils, si tu reçois mes paroles, et si tu conserves avec toi mes commandements,

2 tellement que tu rendes attentive ton oreille à la sagesse, et que tu inclines ton cœur à l’intelligence ;

3 si tu appelles à toi la prudence, et que tu adresses ta voix à l’intelligence ;

4 si tu la cherches comme de l’argent, et si tu la recherches soigneusement comme des trésors ;

5 alors tu comprendras la crainte de l’Éternel, et tu trouveras la connaissance de Dieu.

6 Car l’Éternel donne la sagesse, et c’est de sa bouche que procèdent la connaissance et l’intelligence.

7 Il réserve pour ceux qui sont droits un état permanent, et il est le bouclier de ceux qui marchent en intégrité,

8 pour suivre les sentiers de la justice. Il gardera la voie de ses bien-aimés.

9 Alors tu connaîtras la justice, le jugement, l’équité et tout bon chemin.

10 Si la sagesse vient dans ton cœur, et si la connaissance en est agréable à ton âme,

11 la prudence te conservera et l’intelligence te gardera ;

12 pour te délivrer du mauvais chemin, et de l’homme qui parle de perversité ;

13 de ceux qui laissent les chemins de la droiture, pour marcher par les voies des ténèbres ;

14 qui se réjouissent de mal faire et qui prennent plaisir dans les méchancetés que fait le méchant ;

15 desquels les chemins sont détournés, et qui dans leur conduite vont de travers.

16 Tu seras aussi délivré de la femme étrangère, et de la femme d’autrui, dont les paroles sont flatteuses ;

17 qui a abandonné le conducteur de sa jeunesse, et qui a oublié l’alliance de son Dieu.

18 Car sa maison penche vers la mort, son chemin mène vers les trépassés.

19 Pas un de ceux qui vont vers elle n’en revient, ni ne reprend les sentiers de la vie.

20 Afin aussi que tu marches dans la voie des gens de bien, et que tu gardes les sentiers des justes.

21 Car ceux qui sont droits habiteront la terre, et les hommes intègres y subsisteront.

22 Mais les méchants seront retranchés de la terre, et ceux qui agissent perfidement, en seront exterminés.

REFLEXIONS

Les instructions que Salomon nous donne ici sont :

I. Qu’il faut écouter les paroles de la sagesse, se rendre attentif à ses conseils, la chercher de tout son cœur, que pour l’obtenir on n’a qu’à la demander à Dieu qui en est l’auteur et la source, qu’elle n’est pas difficile à acquérir et que Dieu la donne à ceux qui la cherchent sincèrement.

II. Ce chapitre nous met devant les yeux les biens qui reviennent aux hommes de la possession de cette divine sagesse, elle leur communique les lumières et la prudence dont ils ont besoin, elle procure la paix et la tranquillité, elle garantit de tout mal et en particulier des tentations, avec elle on évite les pièges des méchants, on ne craint point leur malice et l’on n’est pas en danger de périr avec eux.

Enfin, Salomon nous enseigne qu’entre les avantages que la sagesse procure aux hommes, elle les détourne en particulier de l’impureté et qu’elle les préserve par là des malheurs dans lesquels s’engagent ceux qui suivent la sensualité et les désirs déréglés de la chair.

CHAPITRE III

Salomon exhorte les hommes à suivre les instructions de la sagesse, à craindre Dieu, à se confier en lui, à l’honorer et à se soumettre à ses châtiments. Ce prince parle ensuite du prix de la sagesse et de l’excellence des biens qu’elle procure. Enfin, il exhorte à faire du bien à tout le monde, à ne nuire à personne et à marcher dans l’intégrité.

1 Mon fils, ne mets point en oubli mon enseignement, et que ton cœur garde mes commandements.

2 Car ils t’apporteront de longs jours, et des années de vie, et la prospérité.

3 Que la miséricorde et la vérité ne t’abandonnent point ; lie-les à ton cou, et les écris sur la table de ton cœur ;

4 et tu trouveras grâce et une bonne intelligence devant Dieu et devant les hommes.

5 Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie point sur ta prudence.

6 Considère-le dans toutes tes voies, et il dirigera tes sentiers.

7 Ne sois point sage à tes yeux, crains l’Éternel, et détourne-toi du mal.

8 Ce sera une santé à tes entrailles et un arrosement à tes os.

9 Honore l’Éternel de ton bien, et des prémices de tout ton revenu.

10 Et tes greniers seront remplis d’abondance, et tes cuves regorgeront de moût.

11 Mon fils, ne rebute point l’instruction de l’Éternel, et ne perds pas courage de ce qu’il te reprend ;

12 Car l’Éternel reprend celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit.

13 Heureux l’homme qui a trouvé la sagesse, et l’homme qui avance dans l’intelligence !

14 Car le trafic qu’on peut faire d’elle est meilleur que le trafic de l’argent, et le revenu qu’on en peut tirer vaut mieux que le fin or.

15 Elle est plus précieuse que les perles, et toutes les choses désirables ne la valent pas.

16 Il y a de longs jours dans sa droite, et des richesses et de la gloire dans sa gauche.

17 Ses voies sont des voies agréables, et tous ses sentiers ne sont que prospérité.

18 Elle est l’arbre de vie à ceux qui l’embrassent, et tous ceux qui la conservent sont rendus bienheureux.

19 L’Éternel a fondé la terre par la sagesse, et agencé les cieux par l’intelligence.

20 Les abîmes s’ouvrent par sa science, et les nuées distillent la rosée.

21 Mon fils, qu’elles ne s’écartent point de devant tes yeux, garde la droite connaissance et la prudence.

22 Et elles seront la vie de ton âme, et un ornement à ton cou.

23 Alors tu marcheras en assurance par ton chemin, et ton pied ne heurtera point.

24 Si tu te couches, tu n’auras point de frayeur ; et quand tu seras couché, ton sommeil sera doux.

25 Ne crains point la frayeur soudaine, ni la ruine des méchants, quand elle arrivera.

26 Car l’Éternel sera ton espérance, et il gardera ton pied d’être pris.

27 Ne retiens pas le bien à ceux auxquels il appartient, encore qu’il fût en ta puissance de le faire.

28 Ne dis point à ton prochain : Va et reviens, et je te le donnerai demain, quand tu l’as par devers toi.

29 Ne machine point de mal contre ton prochain qui habite en assurance avec toi.

30 N’aie point de procès sans sujet avec personne, lorsqu’on ne t’a fait aucun mal.

31 Ne porte point d’envie à l’homme violent, et ne choisis aucune de ses voies.

32 Car celui qui va de travers est en abomination à l’Éternel ; mais son secret est avec ceux qui sont droits.

33 La malédiction de l’Éternel est dans la maison du méchant ; mais il bénit la demeure des justes.

34 S’il se moque des moqueurs, il fait grâce aux débonnaires.

35 Les sages hériteront la gloire ; mais les insensés élèvent leur ignominie.

REFLEXIONS

Ce que nous devons considérer en général sur ce chapitre, ce sont :

I. Ces exhortations si graves et si touchantes que Salomon nous y adresse et la description qu’il fait de la félicité dont on jouit lorsqu’on se laisse conduire par les conseils de la sagesse. Il nous dit sur ce sujet que celui qui craint Dieu et qui se détourne du mal est plus heureux que s’il possédait tous les trésors et tout ce que le monde a de plus précieux, que la sagesse fait jouir des plus doux plaisirs, qu’elle prolonge les jours, qu’elle est une source de vie et de bénédiction, qu’avec elle on ne craint aucun mal, qu’on marche en assurance, qu’on se lève et qu’on se couche sans crainte et qu’on a toujours Dieu pour protecteur.

II. Outre cela, Salomon nous recommande ici certains devoirs particuliers :

Le premier, de nous confier en Dieu et non point dans notre propre sagesse.

Le second, de regarder à lui dans toutes nos voies, de le craindre et de nous détourner du mal.

Le troisième, de l’honorer en faisant un Saint usage de nos revenus et des biens temporels qu’il nous donne.

Le quatrième, de nous soumettre à ses châtiments nous souvenant : que Dieu reprend celui qu’il aime comme un père reprend l’enfant auquel il prend plaisir.

Le cinquième, de ne jamais commettre d’injustice, de ne point nuire à notre prochain et de ne lui point susciter de procès sans sujet et sans nécessité, de prendre au contraire plaisir à lui faire du bien et de ne jamais renvoyer à l’assister lorsque nous pouvons le faire.

Le dernier devoir est de ne porter point envie aux méchants et de nous souvenir que ceux qui ne vont pas droit sont en abomination au Seigneur et que la malédiction est dans leurs maisons au lieu que Dieu bénit toujours ceux qui vivent dans l’intégrité.

CHAPITRE IV

Salomon continue à exhorter les hommes à l’étude de la sagesse et à montrer qu’elle apporte toutes sortes de gloire et de bonheur à ceux qui s’y adonnent. Il ajoute des avertissements à éviter la société des méchants et leurs mauvais exemples et à suivre constamment les règles de la piété et de la justice.

1 Enfants, écoutez l’instruction de votre père, et soyez attentifs pour connaître la prudence.

2 Car je vous propose une bonne doctrine, n’abandonnez donc point mon enseignement.

3 Quand j’étais encore tendre fils de mon père, et unique auprès de ma mère,

4 il m’enseignait et me disait : Que ton cœur retienne mes paroles ; garde mes commandements, et tu vivras.

5 Acquiers la sagesse, acquiers la prudence ; ne l’oublie pas, et ne te détourne point des paroles de ma bouche.

6 Ne l’abandonne pas, elle te gardera ; aime-la, et elle te conservera.

7 La principale chose, c’est la sagesse ; acquiers la sagesse, et sur toutes tes acquisitions acquiers la prudence.

8 Estime-la, et elle t’élèvera ; elle te glorifiera quand tu l’auras embrassée.

9 Elle posera des grâces assemblées autour de ta tête, et te donnera une couronne d’ornement.

10 Ecoute, mon fils, et reçois mes paroles ; et les années de ta vie te seront multipliées.

11 Je t’ai enseigné le chemin de la sagesse, et je t’ai fait marcher par les sentiers de la droiture.

12 Quand tu y marcheras, tes pas ne se trouveront point resserrés, et si tu cours, tu ne broncheras point.

13 Embrasse l’instruction, ne la lâche point ; garde-la, car c’est ta vie.

14 N’entre point au sentier des méchants, et ne pose pas ton pied au chemin des pervers.

15 Détourne-t’en, ne passe point par là ; éloigne-t’en, et passe outre.

16 Car ils ne dormiraient pas, s’ils n’avaient fait quelque mal, et le sommeil leur serait ôté, s’ils n’avaient fait tomber quelqu’un.

17 Car ils mangent le pain de méchanceté, et ils boivent le vin d’extorsion.

18 Mais le sentier des justes est comme la lumière resplendissante, qui augmente son éclat jusqu’à ce que le jour soit en sa perfection.

19 La voie des méchants est comme l’obscurité ; ils ne savent où ils tomberont.

20 Mon fils, sois attentif à mes paroles, incline ton oreille à mes discours.

21 Qu’ils ne partent point de devant tes yeux, garde les dans ton cœur.

22 Car ils sont la vie de ceux qui les trouvent, et la santé de tout leur corps.

23 Garde ton cœur plus que tout autre chose qu’on garde ; car c’est de lui que procèdent les sources de la vie.

24 Eloigne de toi la perversité de la bouche, et la dépravation des lèvres.

25 Que tes yeux regardent ce qui est droit, et que tes paupières dirigent ton chemin devant toi.

26 Balance le chemin de tes pieds, et toutes tes voies seront affermies.

27 Ne te détourne point à droite ni à gauche ; retire ton pied du mal.

REFLEXIONS

Toutes sortes de personnes, et en particulier les jeunes gens, trouvent dans ce chapitre des instructions très salutaires et des motifs pressants à profiter des préceptes qu’on leur donne pour les former à la piété et à la vertu.

Salomon nous exhorte à aimer la sagesse, à l’estimer, à travailler par-dessus toutes choses à l’acquérir et à la conserver et il nous assure que c’est là ce qui rend les hommes heureux et ce qui les élève au comble de la gloire. Il nous enseigne de plus que pour parvenir à cette divine sagesse, il est surtout nécessaire de s’éloigner de la société et de la séduction des méchants, puisque le chemin qu’ils suivent conduit à la mort.

Enfin, il nous recommande d’être attentifs aux divines instructions de la sagesse, de les avoir toujours devant les yeux, de garder notre cœur de tout ce qui pourrait le corrompre et le séduire et de régler tellement nos actions, nos discours et toutes nos voies, que nous ne nous détournions jamais du droit chemin.

CHAPITRE V

Ce chapitre contient des exhortations à fuir les désirs déréglés de la chair et à s’éloigner de l’impureté.

1 Mon fils, sois attentif à ma sagesse, incline ton oreille à ma prudence ;

2 afin que tu prennes garde à tes pensées, et que tes lèvres conservent la science.

3 Car les lèvres de l’étrangère distillent des rayons de miel, et son palais est plus doux que l’huile.

4 Mais ce qui en provient est amer comme de l’absinthe, et perçant comme une épée à deux tranchants.

5 Ses pieds conduisent à la mort, ses démarches aboutissent au sépulcre,

6 et à empêcher que tu ne pèses le chemin de la vie ; ses chemins sont détournés, tu ne la connaîtras point.

7 Maintenant donc, mes enfants, écoutez-moi ; et ne vous détournez point des paroles de ma bouche.

8 Eloigne ton chemin d’elle et n’approche point de l’entrée de sa maison ;

9 de peur que tu ne donnes ton honneur à d’autres, et tes années à un homme cruel ;

10 de peur que les étrangers ne se rassasient de ta force, et que ce que tu auras acquis par ton travail ne passe dans une maison étrangère,

11 et que tu ne rugisses quand tu seras près de ta fin, quand ta chair et ton corps seront consumés,

12 et que tu ne dises : Comment ai-je haï l’instruction, et comment mon cœur a-t-il rejeté les répréhensions ?

13 Comment n’ai-je point obéi à la voix de ceux qui m’instruisaient, et n’ai-je point incliné mon oreille à ceux qui m’enseignaient ?

14 Peu s’en est fallu que je ne me sois plongé dans toutes sortes de maux, au milieu de l’assemblée et de la multitude.

15 Bois des eaux de ta citerne, et des ruisseaux du fond de ton puits ;

16 que tes fontaines se répandent dehors, et les ruisseaux d’eau par les rues ;

17 qu’elles soient à toi seul, et non aux étrangers avec toi.

18 Que ta source soit bénie, et réjouis-toi de la femme de ta jeunesse,

19 comme d’une biche aimable et d’une chèvre agréable ; que ses mamelles te rassasient en tout temps, et sois continuellement épris de son amour.

20 Et pourquoi, mon fils, t’égarerais-tu après l’étrangère, et embrasserais-tu le sein de celle qui est d’un autre pays ?

21 vu que les voies de l’homme sont devant les yeux de l’Éternel, et qu’il pèse toutes ses démarches.

22 Les iniquités du méchant l’attraperont, et il sera arrêté dans les cordes de son péché.

23 Il mourra, faute d’instruction, et il ira errant par la grandeur de sa folie.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce chapitre qu’entre les conseils salutaires que la sagesse donne aux hommes, elle leur recommande d’une façon toute particulière de fuir l’impureté et d’avoir en horreur les personnes débauchées.

Salomon parle de la femme étrangère parce que, comme les nations voisines du pays d’Israël vivaient dans un grand débordement, les Israélites auraient pu être séduits par des femmes venues de ces pays-là. Il exhorte très fortement les hommes, et surtout les jeunes gens, à éviter ces sortes de personnes, il leur met devant les yeux la folie et l’abrutissement de ceux qui se laissent séduire par la sensualité, les malheurs dans lesquels ils s’engagent et le tort qu’ils se font à eux-mêmes, il leur représente surtout que toutes les actions des hommes sont devant les yeux du Seigneur et qu’il examine toutes leurs démarches.

Ces considérations-là, jointes à tant d’autres motifs que l’Évangile nous propose, doivent nous inspirer une grande horreur pour l’impureté. Elles nous apprennent que la sagesse et la piété ne peuvent habiter dans un cœur qui est possédé par cette passion, que l’on doit fuir avec tout le soin possible les tentations, les occasions et les objets qui pourraient l’exciter et s’étudier à la pureté et à la chasteté, tant du corps, que du cœur.

CHAPITRE VI

Salomon dit qu’il ne faut pas être prompt à cautionner quelqu’un envers un étranger. Il exhorte à éviter la paresse dont il représente les suites funestes. Et à fuir la malice, l’orgueil, la cruauté et le mensonge. Il recommande enfin d’éviter l’impureté et d’avoir en horreur les crimes où elle entraîne les hommes.

1 Mon fils, si tu as cautionné quelqu’un envers ton ami, ou si tu as touché de ta main celle de l’étranger,

2 tu es enlacé par les paroles de ta bouche ; tu es pris par les paroles que ta bouche a prononcées.

3 Mon fils, fais promptement ceci, et te dégage ; puisque tu es tombé entre les mains de ton ami, va, prosterne-toi, et encourage tes amis.

4 Ne donne point de sommeil à tes yeux, et ne laisse point sommeiller tes paupières ;

5 dégage-toi comme un daim se dégage de la main du chasseur, et comme un oiseau s’échappe de la main de l’oiseleur.

6 Va, paresseux, vers la fourmi, regarde ses voies et deviens sage,

7 Laquelle n’ayant point de capitaine, ni de prévôt, ni de dominateur,

8 Prépare en été sa viande, et amasse durant la moisson de quoi manger.

9 Paresseux, jusques à quand seras-tu couché ? Quand te lèveras-tu de ton dormir ?

10 Un peu de dormir, un peu de sommeil, un peu les mains pliées pour être couché ;

11 et ta pauvreté viendra comme un passant, et ta disette comme un homme armé.

12 Le méchant homme, l’homme inique va avec une bouche perverse.

13 Il fait signe de ses yeux, il parle de ses pieds, il donne à entendre de ses doigts.

14 Son cœur forme des desseins de nuire, il machine du mal en tout temps, il fait naître des querelles.

15 C’est pourquoi sa ruine viendra tout d’un coup, il sera subitement brisé, et il n’y aura point de guérison.

16 Dieu hait ces six choses, et même, il y en a sept qui lui sont en abomination :

17 les yeux hautains, la fausse langue, les mains qui répandent le sang innocent ;

18 le cœur qui forme de mauvais desseins, les pieds qui se hâtent pour courir au mal ;

19 le faux témoin qui prononce des mensonges, et celui qui sème des querelles entre les frères.

20 Mon fils, garde le commandement de ton père, et n’abandonne point l’enseignement de ta mère.

21 Tiens-les continuellement liés à ton cœur, et les attache à ton cou.

22 Quand tu marcheras, il te conduira ; quand tu te coucheras, il te gardera ; et quand tu te réveilleras, il te parlera.

23 Car le commandement est une lampe, l’enseignement est une lumière, et les corrections propres à instruire sont le chemin de la vie.

24 Pour te garder de la femme corrompue, et des flatteries de la langue d’une étrangère,

25 Ne convoite point sa beauté dans ton cœur, et ne te laisse pas prendre par ses yeux.

26 Car pour l’amour de la femme débauchée on vient jusqu’à un morceau de pain, et la femme chasse après l’âme précieuse de l’homme.

27 Quelqu’un peut-il prendre du feu dans son sein, sans que ses habits brûlent ?

28 Quelqu’un marchera-t-il sur la braise, sans que ses pieds soient brûlés ?

29 Ainsi en prend-il à celui qui entre vers la femme de son prochain ; quiconque la touchera ne sera point innocent.

30 On ne traitera pas ignominieusement un larron, s’il ne dérobe que pour se rassasier, quand il a faim.

31 Et s’il est surpris, il rendra sept fois au double, il donnera tout ce qu’il a dans sa maison.

32 Mais celui qui commet adultère avec une femme, est dépourvu de sens, et celui qui le fera, perdra son âme.

33 Il trouvera des plaies et de l’ignominie, et son opprobre ne sera point effacé ;

34 car la jalousie d’un mari est une fureur, et il n’épargnera point l’adultère au jour qu’il se vengera.

35 Il n’aura égard à aucune rançon, et n’acceptera rien, quand même tu multiplierais les présents.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce chapitre :

I. Que le conseil que Salomon y donne de ne pas se rendre caution pour un autre ne veut pas dire qu’on ne doive jamais cautionner qui que ce soit, mais c’est une maxime de prudence qui signifie que l’on ne doit pas s’engager inconsidérément pour un autre et surtout que les Israélites devaient éviter de se rendre pleiges auprès des étrangers. Cela est fondé sur ce que Dieu ne voulait pas que les Israélites eussent un commerce particulier avec les nations voisines et sur ce que ces cautionnements donnaient lieu à divers inconvénients.

II. Ce que le sage nous a dit de la paresse et des grands maux qu’elle cause doit être bien remarqué, mais l’on doit surtout la fuir parce qu’elle corrompt l’esprit et le cœur et qu’elle engage à diverses tentations et dans le péché.

III. Salomon nous a appris que Dieu haït particulièrement les gens orgueilleux et superbes, les trompeurs, les hommes cruels, ceux qui forment de mauvais desseins, les faux témoins et ceux qui sèment la division par leurs rapports.

Puisque ceux qui commettent ces péchés sont en abomination au Seigneur, nous devons en avoir une extrême horreur et nous souvenir qu’ils seraient encore plus odieux et plus abominables dans les chrétiens qu’ils ne l’étaient dans les Juifs.

IV. Le sage recommande aux jeunes gens de profiter des bonnes instructions de leurs pères et de leurs mères et de ne les jamais oublier.

Enfin, les malheurs qui sont dénoncés dans ce chapitre et dans le suivant aux adultères et aux impurs nous font voir que la vengeance divine les poursuit d’une façon particulière. L’expérience confirme ces menaces, mais ce que l’Évangile dit de ces péchés infâmes doit encore plus nous toucher et ne nous permet pas de douter que Dieu punisse très sévèrement ceux qui s’y abandonnent.

CHAPITRE VII

Ce chapitre contient des exhortations à suivre les conseils et les maximes de la sagesse et surtout à s’étudier à la chasteté et à ne se pas laisser séduire par des personnes impudiques.

1 Mon fils, garde mes paroles et mets en réserve, au dedans de toi, mes commandements.

2 Garde mes commandements, et tu vivras, et mon enseignement comme la prunelle de tes yeux ;

3 lie-les à tes doigts, écris-les sur la table de ton cœur.

4 Dis à la sagesse : Tu es ma sœur ; et appelle la prudence ton amie ;

5 afin qu’elles te préservent de la femme étrangère, et de la femme d’autrui, qui se sert de paroles flatteuses.

6 Comme je regardais par la fenêtre de ma maison, par mes treillis,

7 je vis parmi les insensés, et je considérai parmi les jeunes gens, un jeune homme dépourvu de sens,

8 qui passait par une rue, au coin de la maison d’une telle femme, et qui tenait le chemin de cette maison,

9 sur le soir, à la fin du jour, lorsque la nuit devenait noire et obscure ;

10 Et voici, une femme vint au-devant de lui, parée en courtisane, et fort rusée,

11 qui était turbulente et revêche, dont les pieds ne demeuraient point dans sa maison ;

12 mais qui était tantôt dehors, tantôt dans les rues, et qui épiait à chaque coin.

13 Elle le prit, et le baisa, et avec un visage effronté elle lui dit :

14 J’ai chez moi des sacrifices de prospérités ; j’ai aujourd’hui payé mes vœux.

15 C’est pourquoi je suis sortie au-devant de toi, pour te chercher avec empressement, et je t’ai trouvé.

16 J’ai garni mon lit de garnitures d’ouvrage entrecoupé de fil d’Egypte.

17 J’ai parfumé ma couche de myrrhe, d’aloès, et de cinnamome.

18 Viens, enivrons-nous de délices jusqu’au matin, réjouissons-nous dans les plaisirs.

19 Car mon mari n’est point à la maison ; il s’en est allé bien loin en voyage.

20 Il a pris avec soi un sac d’argent ; il ne retournera en sa maison qu’au jour marqué.

21 Elle l’attira par divers discours, et le fit tomber par les mignardises de ses lèvres.

22 Il s’en alla incontinent après elle, comme un bœuf s’en va à la boucherie, et comme un fou aux ceps pour être châtié ;

23 tant que la flèche lui perça le cœur, comme un oiseau qui se hâte vers le lacet, ne sachant pas qu’on l’a tendu contre sa vie.

24 Maintenant donc, mes enfants, écoutez-moi, et soyez attentifs aux paroles de ma bouche.

25 Que ton cœur ne se détourne point vers les voies de cette femme ; et qu’elle ne te fasse point égarer dans ses sentiers.

26 Car elle en a fait tomber plusieurs blessés à mort, et elle en a tué plusieurs qui étaient des plus forts.

27 Sa maison est le chemin du sépulcre, qui descend aux profondeurs de la mort.

REFLEXIONS

Les fréquents avertissements que le sage donne aux hommes dès le commencement de son livre pour les garantir de l’impureté montrent que ce péché est entièrement incompatible avec la sagesse et avec la crainte de Dieu, qu’il n’y a que des personnes destituées de prudence et de piété qui s’y adonnent, mais que ceux qui sont véritablement sages évitent les pièges de la sensualité.

L’on voit dans ce chapitre que le caractère des personnes qui ne sont pas chastes est le luxe, la parure, l’impudence, la vie dissipée et l’amour des voluptés. Salomon fait voir qu’on ne saurait assez fuir ces personnes-là et que ceux qui se laissent entraîner aux passions charnelles ressemblent aux bêtes destituées de raison et qu’ils courent à leur ruine.

Ces avertissements auront encore plus de force si l’on considère qu’outre les malheurs où l’impureté engage les hommes dès cette vie, elle les précipite dans l’état le plus funeste par rapport à leur âme et à leur salut et si l’on fait attention aux déclarations que l’Évangile contient sur ce sujet et qui sont encore plus expresses que celles de Salomon.

CHAPITRE VIII

La sagesse divine invite les hommes à recevoir ses instructions et les avantages qu’elle leur présente. Elle dit qu’elle a été dès le commencement avec Dieu, que c’est par elle que Dieu a fait toutes ses œuvres et qu’il gouverne le monde, qu’elle comble de biens ceux qui suivent ses instructions et que ceux qui la rejettent se rendent eux-mêmes très malheureux.

1 La sagesse ne crie-t-elle pas, et la prudence ne fait-elle pas entendre sa voix ?

2 Elle s’est présentée au haut des lieux élevés, sur le chemin, aux carrefours.

3 Elle crie près des portes, à l’entrée de la ville, à l’entrée des portes :

4 Ô hommes ! je vous appelle, et ma voix s’adresse aux enfants des hommes.

5 Vous, imprudents, apprenez la prudence, vous, insensés, devenez intelligents de cœur.

6 Ecoutez-moi, car je dirai des choses importantes, et j’ouvrirai mes lèvres pour prononcer des choses droites.

7 Car mon palais parlera de la vérité, et mes lèvres détesteront l’impiété.

8 Tous les discours de ma bouche sont avec justice ; il n’y a rien en eux de détourné ni de mauvais.

9 Ils sont tous aisés à trouver à l’homme intelligent, et droits à ceux qui ont acquis la science.

10 Recevez mon instruction, plutôt que de l’argent ; et la science, plutôt que de l’or choisi.

11 Car la sagesse est meilleure que les perles, et tout ce qu’on saurait souhaiter ne la vaut pas.

12 Moi, la sagesse, j’habite avec la discrétion, et je découvre la connaissance de la prudence.

13 La crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal ; j’ai en haine l’orgueil et l’arrogance, la mauvaise conduite et la bouche qui parle avec perversité.

14 C’est à moi qu’appartient le conseil et l’adresse ; c’est moi qui suis la prudence ; la force est à moi.

15 C’est par moi que les rois règnent, et que les princes ordonnent ce qui est juste.

16 C’est par moi que dominent les seigneurs, les princes et tous les juges de la terre.

17 J’aime ceux qui m’aiment ; et ceux qui me cherchent soigneusement me trouveront.

18 Les richesses et la gloire sont avec moi ; les biens permanents et la justice.

19 Mon fruit est meilleur que le fin or, même que l’or raffiné, et mon revenu est meilleur que l’argent le plus pur.

20 Je fais marcher par le chemin de la justice, et par le milieu des sentiers de la droiture ;

21 pour donner en héritage des choses permanentes à ceux qui m’aiment, et pour remplir leurs trésors.

22 L’Éternel m’a possédée dès le commencement de ses voies ; avant qu’il fît aucune de ses œuvres, j’étais déjà alors avec lui.

23 J’ai été établie princesse dès le siècle, dès le commencement, dès l’origine de la terre.

24 J’ai été engendrée lorsqu’il n’y avait point encore d’abîmes, ni de fontaines chargées d’eaux.

25 J’ai été engendrée avant que les montagnes fussent assises, et avant les coteaux ;

26 lorsqu’il n’avait point encore fait la terre, ni les campagnes, ni le commencement de la poussière du monde.

27 Quand il agençait les cieux, j’y étais ; quand il traçait le cercle au-dessus des abîmes ;

28 quand il affermissait les nuées d’en haut ; quand il rendait fermes les fontaines des abîmes ;

29 quand il établissait son règlement pour la mer, afin que les eaux n’en passassent point le bord ; quand il compassait les fondements de la terre ;

30 alors j’étais auprès de lui son nourrisson, j’étais ses délices de tous les jours, et je me réjouissais devant lui en tout temps.

31 Je me plaisais dans le monde et dans sa terre, et mes plaisirs étaient avec les enfants des hommes.

32 Maintenant donc, mes enfants, écoutez-moi. Heureux ceux qui garderont mes voies.

33 Ecoutez l’instruction, et devenez sages, et ne la rebutez point.

34 Heureux l’homme qui m’écoute, qui veille à mes portes tous les jours, et qui garde les poteaux de l’entrée de ma maison !

35 Car celui qui me trouve, trouve la vie, et attire la faveur de l’Éternel ;

36 mais celui qui m’offense fait tort à son âme ; tous ceux qui me haïssent, aiment la mort.

REFLEXIONS

L’on voit ici :

I. Premièrement, la grande bonté et le soin particulier avec lequel Dieu appelle tous les hommes sans distinction, et même les pécheurs, pour les instruire, pour les retirer de la folie et des égarements du monde et pour les rendre véritablement sages. Dieu les prévenant ainsi et faisant tout ce qui est nécessaire pour les rendre heureux. Si après cela ils ne parviennent pas à la sagesse et au bonheur, ce sera uniquement leur faute.

II. On doit remarquer dans ce chapitre qu’il n’y a rien dans le monde qui soit d’un plus grand prix que cette divine sagesse, qu’elle a toujours été avec Dieu, que c’est par elle que toutes les créatures ont été formées et mises dans l’état et dans l’ordre où on les voit, que c’est elle qui établit les rois et qui leur donne la prudence dont ils ont besoin et que cette sagesse qui était avec Dieu avant la création a été manifestée pour rendre les hommes heureux.

C’est ce qui est surtout arrivé lorsque le Fils de Dieu, qui est sa sagesse et sa parole éternelle, est venu au monde et qu’il a annoncé aux hommes la doctrine du salut.

C’est aussi ce qui doit nous animer d’autant plus à profiter des instructions que Jésus-Christ nous donne dans l’Évangile.

Enfin Salomon nous apprend que cette sagesse céleste ne se communique qu’à ceux qui la désirent et qui la veulent recevoir, que pour la trouver il n’y a qu’à l’aimer et à la chercher, qu’elle ne peut subsister avec l’orgueil et les passions déréglées, que ceux qui l’écoutent sont parfaitement heureux, mais que ceux qui la rejettent font tort à leur propre âme et qu’ils s’engagent volontairement dans la mort.

CHAPITRE IX

La sagesse propose sous l’image d’un festin les biens qu’elle présente aux hommes. Elle les exhorte à recevoir ses instructions. Et elle les avertit de se garantir des tentations par lesquelles la femme folle et débauchée attire les insensés.

1 La souveraine sagesse a bâti sa maison, elle a taillé ses sept colonnes ;

2 elle a apprêté sa viande, elle a préparé son vin ; elle a aussi dressé sa table.

3 Elle a envoyé ses servantes ; elle appelle de dessus les perrons des lieux les plus élevés de la ville, disant :

4 Que celui qui est simple se retire ici ; et elle dit à celui qui manque d’intelligence :

5 Venez, mangez de mon pain, et buvez du vin que j’ai préparé.

6 Laissez là l’imprudence, et vous vivrez ; et marchez dans le chemin de la prudence.

7 Celui qui instruit un moqueur, n’en reçoit que de la honte ; et celui qui reprend un méchant s’attire une tache.

8 Ne reprends point un moqueur, de peur qu’il ne te haïsse ; reprends un homme sage, et il t’aimera.

9 Instruis un sage, et il en deviendra encore plus sage ; enseigne un homme de bien, et il croîtra en doctrine.

10 Le commencement de la sagesse est la crainte de l’Éternel ; et la science des saints est la vraie prudence.

11 Car tes jours seront multipliés par moi, et des années de vie te seront ajoutées.

12 Si tu es sage, tu seras sage pour toi-même ; aussi, si tu es moqueur, tu en porteras seul la peine.

13 La femme insensée est turbulente, sans entendement, et elle ne connaît rien.

14 Et elle s’assied à la porte de sa maison, sur un siège, dans les lieux élevés de la ville,

15 Pour appeler les passants qui vont droit leur chemin, et pour leur dire :

16 Que celui qui est simple se retire ici ; et elle dit à celui qui manque d’intelligence :

17 Les eaux dérobées sont douces, et Le pain pris en cachette est agréable.

18 Et il ne considère pas que c’est là que sont les morts, et que ceux qu’elle a invités sont au fond du sépulcre.

REFLEXIONS

Il y a trois réflexions à faire sur ce chapitre :

I. La première, que puisque la sagesse convie les hommes avec tant d’empressement et avec tant de bonté à la jouissance de ses biens, nous devons profiter de ses invitations, quitter pour cet effet les égarements du siècle et nous appliquer sincèrement à l’étude de la vraie prudence qui consiste dans la crainte de Dieu et qui nous procurera une vie heureuse et une éternité de bonheur et de gloire.

II. Il faut remarquer que ces salutaires conseils de la sagesse ne sont pas reçus de la même manière par tous les hommes, que les gens sages les écoutent avec plaisir et que les profanes s’en moquent et n’en deviennent que plus méchants.

III. Ce chapitre nous montre que l’une des plus grandes folies et l’un des plus dangereux égarements est de se laisser gagner par les attraits de la volupté et que l’on ne saurait trop se précautionner contre cette tentation puisque l’issue en est si funeste à ceux qui s’y adonnent. C’est de quoi le roi Salomon lui-même fut un triste exemple, ayant été entraîné par les femmes dans l’idolâtrie lorsqu’il fut devenu vieux.

CHAPITRE X

C’est ici que commencent les proverbes ou les sentences de Salomon. Celles qui sont contenues dans ce chapitre regardent le devoir des enfants, les richesses mal acquises, le bonheur des justes et le malheur des méchants, la charité et l’amour de la paix, la sagesse dans les discours, l’utilité des corrections, la médisance, le défaut de trop parler, le fruit qu’on reçoit des discours des personnes sages, la ruine des impies et l’état ferme et assuré des justes.

1 Proverbes de Salomon. L’enfant sage réjouit son père ; mais l’enfant insensé est l’ennui de sa mère.

2 Les trésors de méchanceté ne profiteront de rien ; mais la justice délivrera de la mort.

3 L’Éternel ne permettra point que l’âme du juste soit affamée, mais il renverse la malice des méchants.

4 La main paresseuse appauvrit ; mais la main des diligents enrichit.

5 L’enfant prudent amasse en été ; mais celui qui dort durant la moisson, est un enfant qui fait honte.

6 Il y a des bénédictions sur la tête du juste, mais la violence couvrira le visage des méchants.

7 La mémoire du juste sera en bénédiction ; mais le nom des méchants deviendra puant.

8 Celui qui a le cœur sage, recevra les commandements ; mais celui qui a les lèvres insensées, tombera.

9 Celui qui marche en intégrité, marche en assurance ; mais celui qui pervertit ses voies, sera connu.

10 Celui qui fait signe de ses yeux, donne de la peine ; et celui qui a les lèvres insensées tombera.

11 La bouche du juste est une source de vie ; mais la violence couvrira le visage des méchants.

12 La haine excite les querelles ; mais la charité couvre tous les péchés.

13 La sagesse se trouve sur les lèvres d’un homme sage ; mais la verge est pour le dos de celui qui est dépourvu de sens.

14 Les sages cachent la science ; mais la bouche du fou est une ruine prochaine.

15 Les biens du riche sont comme sa ville forte ; mais la pauvreté des misérables est leur ruine.

16 L’œuvre du juste tend à la vie ; mais le fruit du méchant tend au péché.

17 Celui qui garde l’instruction, tient le chemin qui tend à la vie ; mais celui qui néglige la correction, s’égare.

18 Celui qui couvre la haine a des lèvres trompeuses, et celui qui prononce des blâmes est un insensé.

19 Où il y a beaucoup de paroles, il ne manque pas d’y avoir du péché ; mais celui qui retient ses lèvres est prudent.

20 La langue du juste est un argent pur ; mais le cœur des méchants n’est d’aucun prix.

21 Les lèvres du juste en repaissent plusieurs ; mais les fous mourront faute de sens.

22 La bénédiction de l’Éternel est celle qui enrichit, et il n’y joint aucun travail.

23 C’est comme un jeu à l’insensé, de faire quelque méchanceté ; mais la sagesse est la prudence de l’homme.

24 Ce que le méchant craint, lui arrivera ; mais Dieu accordera aux justes ce qu’ils désirent.

25 Comme le tourbillon passe, ainsi le méchant n’est plus ; mais le juste est comme un fondement perpétuel.

26 Ce qu’est le vinaigre aux dents, et la fumée aux yeux, tel est le paresseux à ceux qui l’envoient.

27 La crainte de l’Éternel accroît le nombre des jours ; mais les ans des méchants seront retranchés.

28 L’espérance des justes est la joie ; mais l’attente des méchants périra.

29 La voie de l’Éternel est la force de l’homme intègre ; mais elle est la ruine des ouvriers d’iniquité.

30 Le juste ne sera jamais ébranlé ; mais les méchants n’habiteront point sur la terre.

31 La bouche du juste produira la sagesse ; mais la langue des pervers sera retranchée.

32 Les lèvres du juste connaissent ce qui est agréable ; mais la bouche des méchants n’est que méchanceté.

REFLEXIONS

Les réflexions qu’il faut faire sur ce chapitre sont les suivantes :

Que le plus grand bonheur des pères et des mères est d’avoir des enfants sages,

Que les biens acquis par l’injustice, par la tromperie ou par l’extorsion ne durent pas longtemps,

Que la bénédiction de Dieu est ce qui enrichit et qu’elle repose sur les hommes droits,

Que celui qui marche dans l’intégrité marche en assurance, mais que ceux qui s’écartent du droit chemin ne prospèreront point,

Qu’on doit éviter d’exciter les querelles et

Que la charité couvre les fautes d’autrui. Nous apprenons outre cela, dans ce chapitre,

Qu’on doit apporter beaucoup de prudence et de discernement dans les discours,

Que c’est un grand vice que de trop parler,

Que les gens qui parlent beaucoup ne peuvent que tomber dans le mensonge, dans la médisance et dans plusieurs autres péchés.

Salomon nous avertit encore que ce que les méchants craignent leur arrive, qu’ils tombent enfin dans la ruine, mais que Dieu accorde aux justes ce qu’ils désirent, que la crainte du Seigneur prolonge leurs jours et les rend heureux, que leur espérance n’est que joie et qu’ils ne seront jamais ébranlés.

Ce sont là des vérités très certaines et des maximes tout à fait salutaires que nous devons avoir continuellement devant les yeux.

CHAPITRE XI

Il est parlé dans ce chapitre de l’injustice et de la fraude, de l’orgueil, de l’intégrité, de la vanité des richesses, de la mort des méchants, des maux qu’ils causent dans le monde et du bien qu’y font les hommes droits, de la sincérité et de la discrétion, des fruits de la justice, de la punition des méchants, de la femme sans vertu, de l’avarice, de l’usure, de la folie de ceux qui se fient dans leurs richesses et enfin de ce qui arrive en ce monde aux gens de bien et aux pécheurs.

1 La fausse balance est en abomination à l’Éternel ; mais le poids juste lui est agréable.

2 L’orgueil est-il venu, aussitôt vient l’ignominie ; mais la sagesse est avec ceux qui sont modestes.

3 L’intégrité des hommes droits les conduit ; mais la perversité des perfides les détruit.

4 Les biens ne serviront de rien au jour de l’indignation ; mais la justice délivrera de la mort.

5 La justice de l’homme intègre aplanit son chemin ; mais le méchant tombera par sa méchanceté.

6 La justice des hommes droits les délivrera ; mais les perfides seront pris par leur malice.

7 Quand l’homme méchant meurt, son attente périt, et l’espérance des violents périra.

8 Le juste est délivré de la détresse ; mais le méchant y entre en sa place.

9 L’hypocrite corrompt son prochain par ses discours ; mais les justes sont délivrés par la science.

10 La ville se réjouit du bien des justes ; et il y a un chant de triomphe quand les méchants périssent.

11 La ville est élevée par la bénédiction des hommes droits ; mais elle est renversée par la bouche des méchants.

12 Celui qui méprise son prochain est dépourvu de sens ; mais un homme discret se tait.

13 Celui qui va médisant, révèle le secret ; mais celui qui a un cœur loyal, le cache.

14 Le peuple tombe, faute de prudence ; mais la délivrance est dans la multitude des gens de bon conseil.

15 Celui qui répond pour un étranger, ne peut manquer d’avoir du mal ; mais celui qui hait ceux qui frappent dans la main, est en sûreté.

16 La femme gracieuse obtient de l’honneur, et les hommes violents obtiennent les richesses.

17 L’homme bienfaisant se fait du bien à soi-même ; mais celui qui est cruel trouble sa chair.

18 Le méchant fait une œuvre qui le trompe ; mais la récompense est assurée à celui qui sème la justice.

19 Ainsi la justice tend à la vie, et celui qui poursuit le mal, tend à sa mort.

20 Ceux qui ont le cœur dépravé, sont en abomination à l’Éternel ; mais ceux qui marchent en intégrité, lui sont agréables.

21 De main en main, le méchant ne demeurera point impuni ; mais la race des justes sera délivrée.

22 Une belle femme, qui se détourne de la raison, est comme une bague d’or au museau d’un pourceau.

23 Le souhait des justes ne tend qu’à ce qui est bon ; mais l’attente des méchants n’est qu’indignation.

24 Tel répand son bien, qui l’augmentera encore davantage ; et tel le resserre plus qu’il ne faut, qui sera dans la disette.

25 Celui qui est bienfaisant, sera aussi arrosé lui-même.

26 Le peuple maudira celui qui retient le froment ; mais la bénédiction sera sur la tête de celui qui le débite.

27 Celui qui procure soigneusement le bien, acquiert de la faveur ; mais le mal arrivera à celui qui le cherche.

28 Celui qui se fie en ses richesses, tombera ; mais les justes reverdiront comme la feuille.

29 Celui qui ne gouverne pas sa maison avec ordre, aura le vent pour héritage ; et le fou sera le serviteur de celui qui a le cœur sage.

30 Le fruit du juste est un arbre de vie, et celui qui gagne les âmes, est sage.

31 Voici, le juste reçoit sur la terre sa rétribution : combien plus le méchant et le pécheur ?

REFLEXIONS

Voici ce que ce chapitre nous enseigne :

I. Que Dieu a en abomination la tromperie et l’injustice et qu’il faut s’attacher inviolablement à l’intégrité et à la droiture dans les discours et dans les actions.

II. Que l’orgueil est suivi de la honte au lieu que l’humilité conduit à la gloire.

III. Que les méchants font beaucoup de mal dans le monde et que, quand ils meurent, leur esprit périt, au lieu que les justes procurent de grands biens dans les villes et dans les états et que leur bonheur est toujours stable.

IV. Que les gens sages s’éloignent de la médisance et des rapports et qu’ils sont prudents dans leurs discours, mais qu’il arrive de grands maux au public et aux particuliers par le manque de prudence et de bon conseil. Que tôt ou tard on voit que le méchant ne demeure pas impuni.

V. Que les femmes vertueuses sont dignes d’être estimées, mais que les femmes sans vertu ne méritent que du mépris.

VI. Que c’est une grande folie que d’aimer les richesses et d’y mettre sa confiance et qu’en particulier ceux qui se réjouissent de la cherté et qui en profitent pour s’enrichir seront maudits.

Et enfin, que si le juste même est exposé aux afflictions en ce monde, le pécheur n’échappera pas à la vengeance divine et qu’il recevra infailliblement ce qu’il a mérité.

CHAPITRE XII

Les sentences contenues dans ce chapitre concernent les corrections et leur utilité, la bénédiction que Dieu accorde à l’homme de bien et la punition du méchants, les femmes vertueuses, la prudence, la modestie, l’humanité, la paresse, la sincérité, la prospérité des justes et le malheur de ceux qui s’adonnent à l’injustice et à la tromperie.

1 Celui qui aime l’instruction, aime la science ; mais celui qui hait d’être repris, est un insensé.

2 L’homme de bien attire la faveur de l’Éternel ; mais Dieu condamnera l’homme malicieux.

3 L’homme ne sera point affermi par la méchanceté ; mais la racine des justes ne sera point ébranlée.

4 Une femme vertueuse est la couronne de son mari ; mais celle qui fait honte est comme la vermoulure à ses os.

5 Les pensées des justes vont à la justice ; mais les conseils des méchants ne sont que fraude.

6 Les paroles des méchants ne tendent qu’à dresser des embûches, pour répandre le sang ; mais la bouche des hommes droits les délivrera.

7 Sitôt que les méchants sont renversés, ils ne sont plus ; mais la maison des justes se maintiendra.

8 L’homme sera loué suivant sa prudence ; mais le cœur dépravé sera dans le mépris.

9 L’homme qui ne s’estime point soi-même, bien qu’il ait des serviteurs, vaut mieux que celui qui fait le brave, et qui a besoin de pain.

10 Le juste a égard à la vie de sa bête ; mais les entrailles des méchants sont cruelles.

11 Celui qui cultive sa terre, sera rassasié de pain ; mais celui qui suit les fainéants, est dépourvu de sens.

12 Ce que le méchant désire est un piège de maux ; mais la racine des justes donnera son fruit.

13 Il y a un mauvais piège dans le péché des lèvres ; mais le juste sortira de la détresse.

14 L’homme sera rassasié de biens par le fruit de sa bouche, et on rendra à l’homme la rétribution de ses mains.

15 L’insensé estime droite sa voie ; mais celui qui écoute le conseil, est sage.

16 Le dépit de l’insensé se connaît le même jour ; mais celui qui est bien avisé, dissimule l’injure.

17 Celui qui prononce des choses véritables, rend un témoignage juste ; mais le faux témoin fait des rapports trompeurs.

18 Il y a tel homme dont les paroles blessent comme des pointes d’épée ; mais la langue des sages est santé.

19 La parole véritable est toujours ferme ; mais la fausse langue n’est que pour un moment.

20 Il y a de la tromperie dans le cœur de ceux qui machinent du mal ; mais il y a de la joie pour ceux qui conseillent la paix.

21 Il n’arrivera aucun malheur au juste ; mais les méchants seront remplis de mal.

22 Les fausses lèvres sont en abomination à l’Éternel ; mais ceux qui agissent sincèrement, lui sont agréables.

23 L’homme prudent cache ce qu’il sait ; mais le cœur des insensés publie la folie.

24 La main des diligents dominera ; mais la main paresseuse sera tributaire.

25 Le chagrin qui est dans le cœur de l’homme, l’accable ; mais la bonne parole le réjouit.

26 Le juste a plus de bien que son voisin ; mais la voie des méchants les fera fourvoyer.

27 L’homme paresseux ne rôtit point sa chasse ; mais les biens précieux de l’homme sont pour celui qui est diligent.

28 La vie est dans le chemin de la justice, et la voie de son sentier ne tend point à la mort.

REFLEXIONS

Nous devons apprendre d’ici :

I. Premièrement à aimer l’instruction et la correction et à suivre toujours la droiture, puisque c’est ce qui attire la faveur du Seigneur.

II. Ce qui est dit du prix des femmes sages et vertueuses avertit les femmes chrétiennes de leur devoir.

III. Salomon nous recommande de vivre modestement et de ne pas affecter de paraître avec éclat, d’éviter la dureté et l’inhumanité, d’être laborieux et diligents, de fuir la ruse et la tromperie et de ne jamais nuire à personne. Il nous exhorte de plus à être prudents et véritables dans nos paroles, à aimer la paix et à la procurer et à suivre constamment la justice et la crainte de Dieu, puisque c’est le chemin qui conduit à la vie. Ces maximes sont toutes très importantes et nous devons les pratiquer, non seulement parce qu’elles peuvent contribuer à la tranquillité de cette vie, mais principalement parce qu’elles sont justes en elles-mêmes et qu’en les observant nous faisons ce qui est agréable à Dieu et que nous nous procurons sa faveur.

CHAPITRE XIII

Les enseignements que ce chapitre renferme concernent les enfants sages, la sincérité et la retenue dans les discours et dans la conduite, la diligence et le travail, la modestie, l’orgueil, les biens acquis injustement, l’utilité que l’on trouve dans les instructions des personnes sages, la prudence, les bonnes et les mauvaises compagnies, la nécessité de châtier les enfants et la bénédiction qui arrive aux gens de bien.

1 L’enfant sage écoute l’instruction de son père ; mais le moqueur n’écoute point la correction.

2 L’homme sera rassasié de bien par le fruit de ses discours ; mais l’âme de ceux qui agissent perfidement, mangera l’extorsion.

3 Celui qui garde sa bouche, garde son âme ; mais celui qui ouvre à tout propos ses lèvres, tombera en ruine.

4 L’âme du paresseux ne fait que souhaiter, et il n’a rien ; mais l’âme des diligents sera engraissée.

5 Le juste hait la parole de mensonge ; mais le méchant se met en mauvaise odeur, et tombe dans la confusion.

6 La justice garde celui qui marche dans l’intégrité, mais la méchanceté renversera celui qui s’égare.

7 Tel se fait riche qui n’a rien du tout ; et tel se fait pauvre qui a de grands biens.

8 Les richesses font qu’un homme peut racheter sa vie ; mais le pauvre n’entend point de menaces.

9 La lumière des justes réjouira ; mais la lampe des méchants s’éteindra.

10 L’orgueil ne produit que des querelles ; mais la sagesse est avec ceux qui prennent conseil.

11 Les richesses qui proviennent de fraude, seront diminuées ; mais celui qui amasse par son travail, les multipliera.

12 L’espérance différée fait languir le cœur ; mais le souhait accompli est comme l’arbre de vie.

13 Celui qui méprise la parole, périra par-là ; mais celui qui respecte le commandement, en aura la récompense.

14 L’enseignement du sage est une source de vie, pour se détourner des pièges de la mort.

15 Un bon entendement donne de la grâce ; mais la voie de ceux qui agissent perfidement, est rude.

16 Tout homme bien avisé agira avec connaissance ; mais l’insensé fera voir sa folie.

17 Le mauvais messager tombera dans le mal ; mais le messager fidèle est santé.

18 La pauvreté et l’ignominie arriveront à celui qui rejette l’instruction ; mais celui qui profite de la répréhension, sera honoré.

19 Le souhait accompli est une chose douce à l’âme ; mais se détourner du mal est en abomination aux insensés.

20 Celui qui fréquente les sages, deviendra sage ; mais le compagnon des fous sera accablé.

21 Le mal poursuit les pécheurs ; mais le bien sera rendu aux justes.

22 L’homme de bien laissera de quoi hériter aux enfants de ses enfants ; mais les richesses du pécheur seront réservées au juste.

23 Il y a beaucoup à manger dans les champs des pauvres ; mais il y a tel qui est consumé, faute de jugement.

24 Celui qui épargne sa verge, hait son fils ; mais celui qui l’aime se hâte de le châtier.

25 Le juste mangera jusqu’à être rassasié à son souhait ; mais le ventre des méchants sera dans l’indigence.

REFLEXIONS

Ce chapitre contient diverses sentences dont les principales tendent à nous apprendre combien il est utile aux jeunes gens d’être instruits et corrigés, de quelle importance il est d’observer toujours beaucoup de prudence et de retenue dans les paroles  et d’être sincères, les grands biens qui arrivent de la diligence et de l’humilité et au contraire les maux qui naissent de la paresse, de la négligence et de l’orgueil, la malédiction qui suit les biens qui proviennent d’injustice, l’avantage qu’on retire de la fréquentation des gens craignant Dieu et le danger qu’il y a à fréquenter les méchants.

Enfin, Salomon nous apprend que Dieu bénit les biens et la postérité des hommes droits, que ceux qui aiment leurs enfants doivent les châtier de bonne heure, que les justes verront l’accomplissement de leurs souhaits et jouiront d’une solide paix, mais que la misère sera le partage de ceux qui se détournent de leur devoir.

CHAPITRE XIV

Ce chapitre traite des  femmes  vertueuses,  de la droiture, de la prudence, des faux témoins et  des menteurs, de la sagesse, de l’aveuglement des hommes dans le jugement qu’ils font d’eux-mêmes, de la fausse joie, de la crédulité, de la colère, de l’imprudence, du mépris qu’on fait des pauvres et des égards que l’on a pour les riches, de la compassion envers les misérables, de la sincérité, des fruits que la crainte de Dieu apporte, de la douceur et de ce qui fait le bonheur ou le malheur des états.

1 Toute femme sage bâtit sa maison, mais la folle la ruine de ses mains.

2 Celui qui marche dans la droiture, révère l’Eternel ; mais celui dont les voies sont perverses, le méprise.

3 La bouche de l’insensé est une verge d’orgueil ; mais les lèvres des sages les conservent.

4 Où il n’y a point de bœuf, la grange est vide ; mais l’abondance du revenu provient de la force du bœuf.

5 Le témoin fidèle ne mentira jamais ; mais le faux témoin avance des faussetés.

6 Le moqueur cherche la sagesse et ne la trouve point ; mais la science est aisée à trouver pour un homme entendu.

7 Eloigne-toi de l’homme insensé, puisque tu ne connais pas en lui de paroles sages.

8 La sagesse d’un homme habile est de connaître les règles de sa conduite ; mais la folie des insensés est la fraude.

9 Les insensés excusent le péché ; mais la bienveillance est parmi les hommes droits.

10 Le cœur de chacun sent l’amertume de son âme ; et un autre n’aura point de part à sa joie.

11 La maison des méchants sera détruite, mais la tente des hommes droits fleurira.

12 Il y a telle voie qui semble droite à l’homme, mais dont l’issue sont les voies de la mort.

13 Même en riant le cœur sera triste ; et la joie finit par l’ennui.

14 Celui qui a le cœur pervers, sera rassasié de ses voies ; mais l’homme de bien le sera plus que lui.

15 Un homme simple croit tout ce qu’on dit ; mais un homme bien avisé considère ses pas.

16 Le sage craint, et il évite le mal ; mais l’insensé se met en colère, et se tient assuré.

17 L’homme emporté fait des folies ; et l’homme rusé est haï.

18 Les imprudents possèdent la folie ; mais les bien avisés sont couronnés de science.

19 Les méchants seront humiliés devant les bons, et les impies seront aux portes du juste.

20 Le pauvre est haï, même de son ami ; mais les amis du riche sont en grand nombre.

21 Celui qui méprise son prochain, se fourvoie du droit chemin ; mais celui qui a pitié des affligés, est heureux.

22 Ceux qui machinent du mal, ne se fourvoient-ils pas ? Mais la miséricorde et la vérité seront pour ceux qui procurent le bien.

23 En tout travail il y a quelque profit ; mais les vains discours ne tournent qu’à disette.

24 Les richesses des sages leur sont comme une couronne ; mais la folie des insensés est toujours folie.

25 Le témoin fidèle délivre les âmes ; mais celui qui prononce des mensonges, n’est que tromperie.

26 Il y a une ferme assurance dans la crainte de l’Eternel, et il y aura une sûre retraite pour les enfants de celui qui le craint.

27 La crainte de l’Eternel est une source de vie, pour se détourner des pièges de la mort.

28 La magnificence d’un roi consiste dans la multitude du peuple ; mais quand le peuple manque, c’est la ruine du prince.

29 Celui qui est lent à la colère est d’un grand sens ; mais celui qui est prompt à se courroucer, excite la folie.

30 Le cœur tranquille est la vie du corps ; mais l’envie est la vermoulure des os.

31 Celui qui fait tort au faible, déshonore celui qui l’a fait ; mais celui-là l’honore qui a pitié du nécessiteux.

32 Le méchant sera rejeté par sa malice ; mais le juste trouve une retraite, même en sa mort.

33 La sagesse repose dans le cœur de l’homme entendu ; elle est même reconnue au milieu des insensés.

34 La justice élève une nation ; mais le péché est la honte des nations.

35 La faveur du roi est pour le serviteur prudent ; mais il aura de l’indignation contre celui qui lui fait déshonneur.

REFLEXIONS

Entre les réflexions que ce chapitre nous fournit, voici celles qui méritent particulièrement notre attention :

Que les femmes font beaucoup de bien ou beaucoup de mal dans les familles,

Que la marque d’un homme qui craint Dieu est de marcher dans la droiture,

Qu’on doit toujours parler en vérité et avec sagesse et éviter la mauvaise foi, le mensonge et l’imprudence dans les paroles,

Que les hommes sont sujets à se tromper et que tel croit être sur le bon chemin qui est dans les voies de perdition,

Que la joie des méchants finit par la douleur et par la misère,

Que la crédulité aussi bien que la colère et l’envie font tomber en bien des fautes et que c’est une grande sagesse d’être doux et modéré.

Le sage remarque outre cela :

Que les riches sont ordinairement honorés et les pauvres et les petits négligés et méprisés,

Que c’est faire outrage à Dieu que de mépriser les pauvres, mais que celui qui a pitié d’eux honore le Seigneur, qu’où la crainte de Dieu est, il y a une source de vie, une ferme assurance et qu’on est préservé des pièges de la mort.

Enfin, que la véritable gloire des rois et le plus sûr appui des états est la justice et la droiture et qu’au contraire l’injustice est ce qui en fait la honte et la misère.

CHAPITRE XV

Le sage parle de la douceur et de la prudence dans les paroles, de la connaissance que Dieu a de la conduite de tous les hommes, des prières des justes et de celles des méchants, de la manière dont les sages et les insensés reçoivent les corrections, de la joie et du contentement d’esprit, de la médiocrité, de la colère, de la paresse, des enfants sages, de la ruine des orgueilleux et des injustes et du bonheur des gens intègres et humbles.

1 Une réponse douce apaise la fureur ; mais la parole dure excite la colère.

2 La langue des sages orne la science ; mais la bouche des insensés ne prononce que folie.

3 Les yeux de l’Eternel contemplent en tous lieux les méchants et les bons.

4 Une langue qui corrige est comme l’arbre de vie ; mais la perversité qui est dans la langue, est comme un vent qui brise tout.

5 L’insensé méprise l’instruction de son père ; mais celui qui prend garde à la correction deviendra prudent.

6 Il y a un grand trésor dans la maison du juste ; mais il y a du trouble dans la maison du méchant.

7 Les discours des sages répandent la science ; mais il n’en est pas ainsi du cœur des insensés.

8 Le sacrifice des méchants est en abomination à l’Eternel ; mais la requête des hommes droits lui est agréable.

9 La voie du méchant est en abomination à l’Eternel ; mais il aime celui qui s’adonne soigneusement à la justice.

10 Le châtiment paraît fâcheux à celui qui quitte le droit chemin ; mais celui qui hait d’être repris, mourra.

11 Le sépulcre et le gouffre sont devant l’Eternel ; combien plus les cœurs des enfants des hommes ?

12 Le moqueur n’aime point qu’on le reprenne, et il n’ira jamais vers les sages.

13 Le cœur joyeux embellit le visage ; mais la tristesse du cœur abat l’esprit.

14 Un cœur intelligent cherche la science ; mais la bouche des fous se repaît de folie.

15 Tous les jours de l’affligé sont mauvais ; mais un cœur joyeux est un festin continuel.

16 Peu, avec la crainte de l’Eternel, vaut mieux qu’un grand trésor, où il y a du trouble.

17 Un repas d’herbes, où il y a de l’amitié, vaut mieux que celui d’un bœuf engraissé où il y a de la haine.

18 L’homme furieux excite les débats ; mais l’homme lent à la colère apaise les querelles.

19 La voie du paresseux est comme une haie de ronces ; mais le sentier des hommes droits est comme un chemin battu.

20 L’enfant sage réjouit son père ; mais l’homme insensé méprise sa mère.

21 La folie est la joie de celui qui est dépourvu de sens ; mais l’homme prudent dresse ses pas pour marcher.

22 Les desseins se dissipent où il n’y a point de secret ; mais ils sont fermes où il y a nombre de conseillers sages.

23 L’homme a de la joie de la réponse de sa bouche ; et qu’une parole dite à propos est bonne !

24 Le chemin de la vie élève l’homme prudent, et lui fait éviter l’abîme profond.

25 L’Eternel démolit la maison des orgueilleux ; mais il affermit les bornes de la veuve.

26 Les pensées du méchant sont en abomination à l’Eternel ; mais celles de ceux qui sont purs sont des paroles agréables.

27 Celui qui est adonné au gain déshonnête, trouble sa maison ; mais celui qui hait les présents vivra.

28 Le cœur du juste médite ce qu’il doit répondre ; mais la bouche des méchants prononce des choses mauvaises.

29 L’Eternel est loin des méchants ; mais il exauce la requête des justes.

30 La lumière des yeux réjouit le cœur, et la bonne renommée engraisse les os.

31 L’oreille qui écoute une correction qui donne la vie, habitera parmi les sages.

32 Celui qui rebute l’instruction, méprise son âme ; mais celui qui écoute la répréhension, acquiert du sens.

33 La crainte de l’Eternel est une instruction de sagesse, et l’humilité va devant la gloire.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous enseigne :

Que la douceur et la discrétion en paroles font beaucoup de bien,

Que Dieu connaît et examine la conduite et le cœur de tous les hommes, tant des bons que des méchants,

Que les instructions et les corrections sont très salutaires,

Que les gens sages les reçoivent volontiers, mais que c’est une marque de folie et d’aveuglement de ne pouvoir les souffrir,

Que Dieu bénît les justes et qu’il exauce leurs prières, mais qu’il rejette celles des méchants.

Le sage nous apprend de plus que la joie et le contentement est le plus grand bien de la vie quand il est joint à la piété et que peu de bien avec la crainte de Dieu et avec la paix vaut mieux que les richesses où il y a du trouble et de l’impiété,

Que la colère et la paresse ont des suites fâcheuses,

Que les enfants sages sont la consolation de leurs pères,

Que Dieu détruits les impies et les orgueilleux,

Que la maison de ceux qui aiment le gain déshonnête ne subsistera pas, mais que Dieu fait prospérer ceux qui le craignent et qui vivent dans l’intégrité et dans l’humilité.

CHAPITRE XVI

Salomon enseigne que Dieu connaît et conduit les actions et les pensées des hommes, que c’est en lui qu’il faut se confier, qu’il fait tout avec sagesse, qu’il pardonne les péchés et que ceux qui se convertissent et qui le craignent obtiennent sa grâce, qu’il ne faut rien posséder que justement et que Dieu hait l’orgueil et l’injustice. Il parle, outre de cela, de la puissance et du devoir des rois, du prix de la sagesse, de l’orgueil et de l’humilité, de la prudence, du travail, de la médisance, de la vieillesse honorable, de la modération et du sort.

1 Les dispositions du cœur sont à l’homme, et le discours de la langue est de l’Eternel.

2 Toutes les voies de l’homme lui semblent pures ; mais l’Eternel pèse les esprits.

3 Décharge-toi de tes affaires sur l’Eternel, et tes desseins seront affermis.

4 L’Eternel a fait toutes choses en sorte qu’elles se répondent l’une à l’autre, et même le méchant pour le jour de la calamité.

5 L’Eternel a en abomination tout homme hautain de cœur ; de main en main il ne demeurera point impuni.

6 L’iniquité sera expiée par la miséricorde et la vérité ; et par la crainte de l’Eternel on se détourne du mal.

7 Quand l’Eternel prend plaisir aux voies d’un homme, il apaise même envers lui ses ennemis.

8 Peu, avec justice, vaut mieux que de grands revenus sans droit.

9 Le cœur de l’homme délibère sur sa conduite, mais l’Eternel dirige ses pas.

10 La divination est sur les lèvres du roi, et sa bouche ne se fourvoiera point du droit.

11 La balance et le trébuchet justes sont de l’Eternel, et tous les poids du sachet sont son œuvre.

12 Faire une injustice, doit être en abomination aux rois, car le trône est établi par la justice.

13 Les rois doivent prendre plaisir aux paroles de justice, et aimer celui qui profère des choses droites.

14 La fureur du roi est comme des messagers de mort ; mais l’homme sage l’apaisera.

15 C’est une vie que le visage serein du roi ; et sa faveur est comme la nuée qui donne la pluie de l’arrière-saison.

16 Combien vaut-il mieux acquérir de la sagesse que du fin or ! Et combien est-il plus excellent d’acquérir de la prudence que de l’argent !

17 Le chemin battu des hommes droits, c’est de se détourner du mal ; celui-là garde son âme qui prend garde à sa conduite.

18 L’orgueil va devant l’écrasement, et la fierté d’esprit devant la ruine.

19 Il vaut mieux être humilié d’esprit avec les débonnaires, que de partager le butin avec les orgueilleux.

20 Celui qui prend garde à la parole trouvera le bien ; et celui qui se confie en l’Eternel, sera heureux.

21 On appellera prudent celui qui a un cœur sage ; et la douceur des paroles augmente la science.

22 La prudence est à ceux qui la possèdent une source de vie ; mais la science des insensés est folie.

23 Le cœur sage règle prudemment sa bouche, et ajoute la science à ses discours.

24 Les paroles agréables sont des rayons de miel, une douceur à l’âme, et la santé aux os.

25 Il y a telle voie qui semble droite à l’homme, mais dont la fin sont les voies de la mort.

26 L’âme de celui qui travaille, travaille pour lui, parce que sa bouche l’y contraint.

27 Le méchant homme se creuse le mal, et il y a comme un feu brûlant sur ses lèvres.

28 L’homme pervers sème des querelles, et le rapporteur met les plus grands amis en division.

29 L’homme outrageux séduit son compagnon, et le fait marcher par une voie qui n’est pas bonne.

30 Il cligne des yeux pour méditer des malices, et en remuant ses lèvres il exécute le mal.

31 Les cheveux blancs sont une couronne d’honneur ; elle se trouvera dans la voie de la justice.

32 Celui qui est lent à la colère vaut mieux que l’homme vaillant ; et celui qui maîtrise son courage, que celui qui prend des villes.

33 On jette le sort au giron ; mais tout ce qui en doit arriver vient de l’Eternel.

REFLEXIONS

I. Les enseignements que le sage nous donne ici sont premièrement que Dieu connait le cœur de tous les hommes, que c’est en lui seul qu’il faut mettre sa confiance, qu’il a disposé toutes choses avec une profonde sagesse et une parfaite justice et que c’est par un effet de cette justice qu’il prépare aux méchants la calamité et la misère.

II. Qu’on trouve auprès de Dieu le pardon et la propitiation des péchés, pourvu qu’on ait recours à lui par la repentance, qu’on le craigne et qu’on se détourne du mal.

III. Que peu avec la justice vaut mieux que grands revenus sans la droiture et que l’orgueil va devant la ruine et qu’ainsi l’on ne saurait trop s’éloigner de l’injustice, de la tromperie et de l’orgueil.

IV. Salomon avertit ceux qui sont élevés au-dessus des autres de haïr la fraude, d’aimer la vertu et les hommes droits et de faire un bon usage de leur autorité.

V. Il nous exhorte à nous attacher à la vraie sagesse et à la crainte de Dieu, puisqu’elle vaut plus que tous les trésors du monde, à être prudents, doux, modérés dans nos discours et dans nos actions et à nous abstenir de la médisance, de la malice et de la colère.

Il nous apprend que la vieillesse jointe à la vertu est très honorable et que c’est là une bénédiction que Dieu accorde ordinairement à la piété.

Enfin, il déclare que Dieu préside sur le sort, ce qui montre clairement qu’il sait tout, qu’il conduit tout par sa providence et qu’il n’arrive rien dans le monde que par sa volonté.

CHAPITRE XVII

Les sentences de ce chapitre concernent la concorde, la fidélité des serviteurs, la connaissance que Dieu a des cœurs, le mépris des pauvres, la bénédiction des familles, l’éloignement que les juges doivent avoir pour le mensonge, pour les présents et pour l’injustice, on y voit aussi les sentences sur les répréhensions, la folie, l’ingratitude, les querelles, le prix de l’amitié, le malheur de ceux qui ont des enfants vicieux, la joie et la tristesse, la discrétion dans les discours et le silence.

1 Un morceau de pain sec, où il y a la paix, vaut mieux qu’une maison pleine de viandes apprêtées, où il y a des querelles.

2 Le serviteur prudent dominera sur le fils qui fait honte, et il partagera l’héritage entre les frères.

3 Le fourneau est pour éprouver l’argent, et le creuset est pour l’or ; mais l’Eternel éprouve les cœurs.

4 Le méchant est attentif à la lèvre injuste, et le menteur écoute la langue nuisible.

5 Celui qui se moque du pauvre, déshonore celui qui l’a fait ; et celui qui se réjouit du mal d’autrui, ne demeurera point impuni.

6 Les enfants des enfants sont la couronne des vieillards ; et les pères sont la gloire des enfants.

7 La parole grave ne convient point à un insensé ; combien moins la parole fausse aux principaux du peuple !

8 Le présent est comme une pierre précieuse aux yeux de ceux qui y sont adonnés ; de quelque côté qu’il se tourne, il réussit.

9 Celui qui couvre les fautes, cherche l’amitié ; mais celui qui en fait rapport, met les plus grands amis en division.

10 Une correction se fait mieux sentir à l’homme prudent, que cent coups à l’insensé.

11 Le méchant cherche des querelles, mais un messager cruel sera envoyé contre lui.

12 Que l’homme rencontre plutôt une ourse qui a perdu ses petits, qu’un fou dans sa folie.

13 Le mal ne partira point de la maison de celui qui rend le mal pour le bien.

14 Le commencement d’une querelle est comme quand on lâche les eaux ; mais avant qu’on en vienne à la dispute, retire-toi.

15 Celui qui déclare juste le méchant, et celui qui déclare méchant le juste, sont tous deux en abomination à l’Eternel.

16 Que sert le prix dans la main d’un insensé pour acheter la sagesse, puisqu’il manque de sens ?

17 L’intime ami aime en tout temps, et il naîtra comme un frère dans la détresse.

18 Celui-là est dépourvu de sens, qui touche dans la main, et qui se rend caution envers son prochain.

19 Celui qui aime la perversité, aime les débats ; et celui qui élève sa porte, cherche sa ruine.

20 Celui qui a le cœur pervers, ne trouvera point le bien ; et celui dont la langue est double, tombera dans le mal.

21 Celui qui a mis au monde un insensé, en aura de l’ennui ; et le père d’un fou ne se réjouira point.

22 Le cœur joyeux vaut une médecine ; mais l’esprit abattu dessèche les os.

23 Le méchant accepte le présent, pour renverser les voies de la justice.

24 La sagesse est devant l’homme prudent ; mais les yeux de l’insensé sont au bout de la terre.

25 L’enfant insensé est l’indignation de son père, et l’amertume de celle qui l’a enfanté.

26 Il n’est pas bon aussi de condamner à l’amende le juste, ni que les principaux frappent quelqu’un pour avoir fait ce qui est droit.

27 L’homme retenu dans ses paroles connaît la prudence, et l’homme qui est d’un esprit froid, est un homme entendu.

28 Même l’insensé passe pour sage quand il se tait, et celui qui ferme ses lèvres est réputé intelligent.

REFLEXIONS

L’on doit recueillir de ce chapitre :

I. Que trois choses font le bonheur des familles, savoir la paix, les domestiques fidèles et les enfants élevés dans la vertu.

II. Que Dieu sonde et examine les cœurs des hommes, ce qui est un grand motif à la sainteté.

III. Que c’est pécher contre Dieu et s’exposer à sa colère que de mépriser les pauvres et de se réjouir du mal d’autrui.

IV. Que les magistrats et les juges doivent avoir une forte aversion pour le mensonge et la tromperie, pour les présents et pour l’injustice dans les jugements.

V. Que les rapporteurs sèment la division, mais que des corrections faites à propos sont très utiles.

VI. Que les ingrats et ceux qui rendent le mal pour le bien ne seront pas bénis.

VII. Qu’on doit éviter avec soin les querelles.

VIII. Que l’un des plus grands biens que l’on puisse avoir en ce monde, c’est de trouver de vrais amis.

IX. Que puisque la joie est ce qui fait le bonheur de la vie et que le chagrin et la tristesse la rendent amère, il faut s’attacher à la crainte de Dieu qui seule donne le vrai contentement.

Enfin, que l’un des principaux effets de la sagesse est de parler avec retenue et savoir garder le silence.

Chacun dans son état doit faire réflexion sur ces divers préceptes afin de les pratiquer et d’y conformer sa conduite.

CHAPITRE XVIII

Salomon parle des gens qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, des discours graves et prudents, de ceux qui ont acception des personnes dans les jugements et qui prennent des présents. Il parle aussi des querelles et du soin qu’il faut avoir de les apaiser, de la flatterie, de la paresse et de la confiance en Dieu, de l’orgueil et de la ruine qui le suit, de la précipitation dans les discours et dans les jugements, de l’empressement avec lequel les sages recherchent l’instruction, des procès, du bien et du mal que la langue peut faire, des femmes vertueuses, de l’orgueil des riches et du soin qu’il faut avoir de conserver les vrais amis.

1 L’homme privé cherche ce qu’il désire, et se mêle de toutes sortes d’affaires.

2 Le fou ne prend point de plaisir à la prudence ; mais il manifeste ce qu’il a dans le cœur.

3 Quand le méchant vient, le mépris vient aussi, et l’opprobre avec l’ignominie.

4 Les paroles de la bouche d’un homme sage sont comme des eaux profondes ; et la source de la sagesse est comme un torrent qui bouillonne.

5 Il n’est pas bon d’avoir égard à l’apparence de la personne du méchant, pour faire tort au juste dans le jugement.

6 Les lèvres de l’insensé entrent en querelle, et sa bouche excite les combats.

7 La bouche de l’insensé est une ruine pour lui, et ses lèvres sont un piège à son âme.

8 Les paroles d’un médisant sont comme des paroles douces ; mais elles pénètrent jusqu’au dedans des entrailles.

9 Celui qui se relâche dans son ouvrage, est frère de celui qui dissipe ce qu’il a.

10 Le nom de l’Eternel est une forte tour ; le juste y courra, et il y sera dans une haute retraite.

11 Les biens du riche sont comme sa ville forte, et comme une haute muraille dans son imagination.

12 Le cœur de l’homme s’élève, avant que la ruine arrive ; mais l’humilité précède la gloire.

13 Celui qui répond à un discours, avant que de l'avoir entendu, fait une folie et tombe dans la confusion.

14 L’esprit de l’homme le soutiendra dans son infirmité ; mais si l’esprit est abattu, qui le relèvera ?

15 Le cœur de l’homme intelligent acquiert de la science, et l’oreille des sages cherche la doctrine.

16 Le présent d’un homme lui fait faire place, et le conduit devant les grands.

17 Celui qui plaide le premier paraît avoir raison ; mais sa partie vient et l’examine.

18 Le sort termine les procès, et fait les partages entre les puissants.

19 Un frère offensé est comme une ville forte, et les différends en sont comme les verrous d’un palais.

20 Le ventre de chacun sera rassasié du fruit de sa bouche ; il sera rassasié du revenu de ses lèvres.

21 La mort et la vie sont au pouvoir de la langue, et celui qui aime à parler, mangera de ses fruits.

22 Celui qui a trouvé une femme vertueuse, a trouvé un bien, et il a obtenu une faveur de l’Eternel.

23 Le pauvre ne prononce que des supplications ; mais le riche ne répond que par des paroles rudes.

24 Que l’homme qui a des amis, se tienne à leur amitié, parce qu’il y a tel ami qui est plus attaché qu’un frère.

REFLEXIONS

Le roi Salomon nous enseigne dans ce chapitre à apporter beaucoup de prudence dans notre conduite et dans nos paroles, à rechercher les entretiens des personnes sages et à profiter de leurs instructions, à exercer la justice, à terminer les débats et à procurer la paix de tout notre pouvoir, à ne point écouter les flatteurs et à ne prendre aucun plaisir à leurs discours et à nous éloigner de la paresse. Le sage nous apprend de plus que le nom du Seigneur est une retraite assurée pour le juste, que quand les hommes s’enflent et s’élèvent par orgueil, leur ruine n’est pas éloignée, qu’il arrive de maux infinis par les paroles inconsidérées et qu’en général la langue peut faire beaucoup de mal et beaucoup de bien.

Ce chapitre avertit les juges en particulier de n’avoir point d’égard à l’apparence des personnes, de ne point recevoir de présents et de terminer les procès équitablement.

Enfin, nous voyons ici qu’une femme sage et prudente est l’une des plus précieuses bénédictions que Dieu puisse accorder en cette vie et qu’on ne saurait faire trop de cas des amis fidèles et vertueux. Quand nous lisons ces diverses sentences de Salomon, il ne faut pas les regarder simplement comme des maximes et des règles de prudences qui servent au bonheur de cette vie et à détourner plusieurs maux temporels, mais nous devons les considérer comme des moyens de plaire à Dieu et de nous attirer son amour et son approbation. Et c’est dans cette vue principalement que nous devons les observer.

CHAPITRE XIX

Les sentences de ce chapitre regardent le jugement que les gens sages font des pauvres et des riches et celui qu’on en fait ordinairement dans le monde, l’imprudence, les faux témoins, l’élévation des personnes indignes, le soin qu’il faut avoir de réprimer sa colère, l’indignation des rois, le bien et le mal qui arrivent par les femmes et les enfants, la récompense des personnes charitables, le châtiment des enfants, les maux qui naissent de la colère, de la paresse, et du défaut de crainte de Dieu, les fruits de la piété, les corrections et les malheurs que les méchants s’attirent.

1 Le pauvre qui marche dans son intégrité, vaut mieux que celui qui parle avec perversité et qui est insensé.

2 Une âme sans prudence n’est pas un bien, et celui qui se précipite dans ses démarches, pèche.

3 La folie de l’homme renversera ses voies ; et, cependant, son cœur murmurera contre l’Éternel.

4 Les richesses assemblent beaucoup d’amis ; mais celui qui est pauvre est délaissé, même de son ami.

5 Le faux témoin ne demeurera point impuni, et celui qui profère des mensonges, n’échappera point.

6 Plusieurs supplient celui qui est libéral, et chacun est ami de l’homme qui donne.

7 Tous les frères du pauvre le haïssent ; combien plus ses amis se retireront-ils de lui ! il les presse, mais il n’y a que des paroles pour lui.

8 Celui qui acquiert du sens, aime son âme, et celui qui conservera la prudence, trouvera le bien.

9 Le faux témoin ne demeurera point impuni, et celui qui prononce des mensonges, périra.

10 L’aise ne sied pas bien à un insensé ; combien moins sied-il à un esclave d’être maître par-dessus les seigneurs !

11 La prudence de l’homme retient sa colère, et c’est un honneur pour lui que de passer par-dessus le tort qu’on lui fait.

12 L’indignation du roi est comme le rugissement d’un jeune lion ; mais sa faveur est comme la rosée qui tombe sur l’herbe.

13 L’enfant insensé est un grand malheur à son père ; et les querelles de la femme sont une gouttière continuelle.

14 La maison et les richesses sont l’héritage des pères ; mais une femme prudente est un don de l’Éternel.

15 La paresse produit l’assoupissement, et l’âme paresseuse aura faim.

16 Celui qui garde le commandement, garde son âme ; mais celui qui néglige ses voies, mourra.

17 Celui qui a pitié du pauvre, prête à l’Éternel, et il lui rendra son bienfait.

18 Châtie ton enfant pendant qu’il y a de l’espérance, et n’écoute point ses plaintes.

19 Celui qui se laisse transporter à la colère en porte la peine ; que si tu veux l’en retirer, tu y en ajouteras davantage.

20 Ecoute le conseil et reçois l’instruction, afin que tu sois sage à la fin de tes jours.

21 Il y a plusieurs pensées dans le cœur de l’homme ; mais le conseil de l’Éternel est permanent.

22 Ce que l’homme doit désirer, c’est d’exercer la miséricorde, et le pauvre vaut mieux que l’homme menteur.

23 La crainte de l’Éternel conduit à la vie, et celui qui l’a sera rassasié, et passera la nuit sans être visité d’aucun mal.

24 Le paresseux cache sa main sous l’aisselle ; même il ne daigne pas la porter à sa bouche.

25 Si tu bats le moqueur, le simple en deviendra avisé ; et si tu reprends un homme prudent, il entendra ce qu’il faut savoir.

26 L’enfant qui fait honte et confusion, détruit le père et chasse la mère.

27 Garde-toi, mon fils, d’écouter ce qui pourrait te détourner des paroles de la sagesse.

28 Un témoin qui est méchant se moque de la justice, et la bouche des méchants engloutit l’iniquité.

29 Les jugements sont préparés pour les moqueurs, et les grands coups pour le dos des insensés.

REFLEXIONS

La première réflexion qu’on doit faire sur cette lecture, est qu’un homme pauvre qui marche dans son intégrité vaut mieux qu’un riche sans vertu et qu’ainsi l’on ne doit pas estimer les hommes à cause qu’ils sont riches, ni mépriser les petits à cause de leur bassesse.

La seconde, qu’il est d’une grande importance de se conduire prudemment en toutes choses.

La troisième, que les faux témoins ne demeurent pas impunis.

La quatrième, que c’est un grand mal quand des gens indignes et de basse condition sont élevés en autorité.

La cinquième, que savoir pardonner et modérer sa colère est l’effet d’une grande sagesse.

La sixième, que les femmes et les enfants contribuent au bonheur ou au malheur des familles et qu’il faut châtier les enfants de bonne heure sans être retenu par une fausse tendresse.

Ce chapitre nous enseigne encore que celui qui donne aux pauvres prête au Seigneur et que Dieu le lui rendra, que la colère et la paresse sont la source de plusieurs maux, que garder les commandements de Dieu et le craindre est le vrai moyen d’être heureux à la fin de la vie et enfin qu’il nous revient de grands avantages des corrections, qu’on doit s’y soumettre avec plaisir, mais que ceux qui les rejettent et qui se moquent de l’instruction se préparent les derniers malheurs.

CHAPITRE XX

Les maximes que ce chapitre contient regardent l’excès dans le vin, les rois et leur colère, les procès, la paresse, les louanges qu’on donne à la vertu, le bonheur dont la postérité des justes jouit, la corruption des hommes, l’aversion que Dieu a pour l’injustice, le naturel des enfants, l’excès dans le dormir, le prix de la sagesse, les médisants, les enfants rebelles, la vengeance, les biens acquis par la fraude, le sacrilège, la violation des vœux et ce qui fait la sûreté des états et la gloire des jeunes gens et des vieillards.

1 Le vin est moqueur et la cervoise est tumultueuse, et quiconque y fait excès, n’est pas sage.

2 La terreur du roi est comme le rugissement d’un jeune lion ; celui qui l’irrite pèche contre soi-même.

3 C’est une gloire à l’homme de s’abstenir des disputes ; mais tout insensé s’y engage.

4 Le paresseux ne labourera point à cause du mauvais temps, mais il mendiera durant la moisson, et il n’aura rien.

5 Le conseil est dans le cœur d’un homme sage comme des eaux profondes ; et l’homme intelligent y puisera.

6 La plupart des hommes vantent leur bonté ; mais qui trouvera un homme véritable ?

7 Oh ! que les enfants du juste, qui marchent dans son intégrité, seront heureux après lui !

8 Le roi assis sur le trône de la justice dissipe tout mal par son regard.

9 Qui est-ce qui peut dire : J’ai purifié mon cœur ; je suis net de mon péché ?

10 Le double poids et la double mesure sont tous deux en abomination à l’Éternel.

11 On peut reconnaître par les actions d’un jeune enfant si sa conduite sera pure et droite.

12 L’oreille qui entend, et l’œil qui voit, sont deux choses que l’Éternel a faites.

13 N’aime point le sommeil, de peur que tu ne deviennes pauvre ; ouvre tes yeux, et tu seras rassasié de pain.

14 Celui qui achète, dit : Cela ne vaut rien, cela ne vaut rien ; après cela il s’en va, et il l’estime.

15 Il y a de l’or, et beaucoup de perles ; mais les lèvres sages sont un meuble précieux.

16 Quand quelqu’un aura cautionné un étranger, prends son habit, et prends-le en gage pour cet étranger.

17 Le pain acquis par la tromperie est agréable à l’homme ; mais ensuite sa bouche sera remplie de gravier.

18 Les résolutions s’affermissent par le conseil ; fais donc la guerre avec prudence.

19 Celui qui fait le délateur, révèle le secret ; ne te mêle donc point avec celui qui flatte par ses lèvres.

20 La lampe de celui qui maudit son père ou sa mère, sera éteinte dans les ténèbres les plus noires.

21 L’héritage pour lequel on s’est trop hâté du commencement, ne sera point béni à la fin.

22 Ne dis point : Je rendrai le mal qu’on m’a fait ; mais attends l’Éternel, et il te délivrera.

23 Le double poids est en abomination à l’Éternel, et la fausse mesure n’est pas bonne.

24 Les pas de l’homme sont dirigés par l’Éternel : comment donc l’homme comprendrait-il sa voie ?

25 C’est un piège à l’homme de dévorer les choses consacrées ; et après avoir voué, de s’en informer.

26 Le sage roi dissipe les méchants, et fait tourner la roue sur eux.

27 L’esprit de l’homme est une lampe divine, elle sonde jusqu’aux choses les plus profondes.

28 La bonté et la vérité conserveront le roi, et il soutient le trône par la clémence.

29 La force des jeunes gens est leur gloire, et les cheveux blancs sont l’honneur des vieillards.

30 Les meurtrissures des plaies sont le remède du mal et des coups qui pénètrent jusqu’à l’intérieur.

REFLEXIONS

Salomon nous recommande ici d’éviter l’ivrognerie et l’intempérance, de peur de tomber dans les querelles et dans les autres désordres où ces vices entraînent, de révérer les rois, de nous abstenir des procès, de fuir la paresse et de ne pas nous contenter de louer la vertu, mais de la pratiquer.

Il nous apprend de plus :

Que les descendants des gens de bien sont heureux et bénis,

Que personne ne peut se glorifier d’être entièrement net et exempt de péché,

Que le faux poids, la fausse mesure et toute sorte de tromperie est en abomination au Seigneur.

Que le bon ou le mauvais naturel des hommes se reconnaît dès leur plus tendre enfance et qu’ainsi l’on doit prendre un soin particulier des enfants dès le commencement de leur vie,

Que l’excès dans le dormir est contraire à la vertu,

Que la vraie sagesse est rare parmi les hommes,

Qu’on doit fuir les médisants et les rapporteurs,

Que les enfants rebelles sont maudits, aussi bien que les richesses acquises injustement

Et qu’on ne doit point rendre le mal pour le mal. Enfin, nous devons recueillir d’ici

Que c’est un grand crime de ravir les choses saintes et de ne pas accomplir ses vœux,

Qu’un gouvernement juste est ce qui fait le bonheur d’un état,

Que les jeunes gens doivent faire un bon usage des forces de leur âge et que la vieillesse est respectable lorsqu’elle est accompagnée de la vertu.

CHAPITRE XXI

Nous voyons dans ce chapitre que le cœur des rois et de tous les hommes est entre les mains de Dieu et que rien ne lui est plus agréable que la droiture. Salomon y parle de l’orgueil, des richesses acquises injustement, des femmes querelleuses, de la dureté envers les misérables, des présents, du plaisir que les justes trouvent à bien faire, de ceux qui aiment le vin et la bonne chère, des fruits de la piété et de la sagesse, des paresseux, des avares, du culte que les méchants rendent à Dieu, des faux témoins et de la puissance infinie du Seigneur.

1 Le cœur du roi est dans la main de l’Éternel comme des ruisseaux d’eaux courantes ; il l’incline à tout ce qu’il veut.

2 Chaque voie de l’homme lui semble droite ; mais l’Éternel pèse les cœurs.

3 Faire ce qui est juste et droit, est une chose que l’Éternel aime mieux que des sacrifices.

4 Les yeux élevés et le cœur enflé est la lampe des méchants ; ce n’est que péché.

5 Les projets de celui qui est diligent, produisent l’abondance ; mais tout homme étourdi tombe dans l’indigence.

6 Travailler à avoir des trésors par une langue trompeuse, c’est une vanité chassée par ceux qui cherchent la mort.

7 La rapine des méchants les abattra, parce qu’ils auront refusé de faire ce qui est droit.

8 Quand la voie d’un homme est perverse, il s’égare ; mais l’œuvre de celui qui est pur, est droite.

9 Il vaut mieux habiter au coin d’un toit, qu’avec une femme querelleuse dans une grande maison.

10 L’âme du méchant souhaite le mal, et son prochain ne trouve point de grâce devant lui.

11 Quand on punit le moqueur, le simple en devient sage, et quand on instruit le sage, il acquiert la science.

12 Le juste considère prudemment la maison du méchant, lorsque les méchants sont renversés dans la misère.

13 Celui qui ferme son oreille pour ne pas ouïr le cri du misérable, criera aussi lui-même, et on ne lui répondra point.

14 Le don fait en secret apaise la colère, et le présent mis dans le sein calme la fureur la plus véhémente.

15 C’est une joie pour le juste de faire ce qui est droit ; mais c’est une peine pour les ouvriers d’iniquité.

16 L’homme qui s’écarte du chemin de la prudence, aura sa demeure dans l’assemblée des morts.

17 L’homme qui aime la joie, sera indigent, et celui qui aime le vin et la graisse, ne s’enrichira point.

18 Le méchant sera la rançon du juste, et le déloyal celle des hommes droits.

19 Il vaut mieux habiter dans une terre déserte, qu’avec une femme querelleuse et chagrine.

20 La provision désirable et l’huile est dans la demeure du sage ; mais l’homme insensé l’engloutit.

21 Celui qui s’adonne soigneusement à la justice et à la miséricorde, trouvera la vie, la justice et la gloire.

22 Le sage entre dans la ville des hommes forts, et il abat la force où elle mettait sa confiance.

23 Celui qui garde sa bouche et sa langue, garde son âme de détresse.

24 On appelle moqueur un superbe arrogant, qui agit avec colère et fierté.

25 Le souhait du paresseux le tue, parce que ses mains refusent de travailler.

26 Il ne fait que souhaiter tout le jour ; mais le juste donne, et n’épargne rien.

27 Le sacrifice des méchants est une abomination : combien plus lorsqu’ils l’apportent avec une mauvaise intention !

28 Le témoin menteur périra ; mais l’homme qui écoute parlera et aura la victoire.

29 L’homme méchant a un air imprudent ; mais l’homme droit règle sa conduite.

30 Il n’y a ni sagesse, ni intelligence, ni conseil, pour résister à l’Éternel.

31 Le cheval est équipé pour le jour de la bataille ; mais la délivrance vient de l’Éternel.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous présente les instructions suivantes :

Que le cœur des rois et de tous les hommes est entre les mains de Dieu et qu’il est le juge de toutes leurs pensées,

Que faire ce qui est juste et droit est plus agréable à Dieu que tous les sacrifices,

Qu’il punit très sévèrement les orgueilleux,

Que ceux qui gagnent du bien par de méchantes voies travaillent à leur propre ruine,

Que les femmes doivent s’éloigner de l’aigreur et des querelles et revêtir un esprit de douceur ;

Que celui qui est dur envers les pauvres ne sera pas exaucé dans la calamité.

Ce Outre cela, il faut apprendre d’ici :

Que les justes se portent avec plaisir à faire leur devoir, mais que les méchants s’en font une grande peine,

Qu’il est dangereux d’aimer la bonne chère et le vin,

Que celui qui s’adonne à la piété et à l’étude de la sagesse trouve la vie et la gloire,

Que les avares et les paresseux se tourmentent par des souhaits inutiles, mais que les justes vivent contents et aiment à donner,

Que les prières des méchants sont une abomination,

Enfin, qu’il n’y a ni sagesse, ni conseil qui puissent résister à Dieu et qu’il est le protecteur et le libérateur de ceux qui se confient en lui.

CHAPITRE XXII

Les sentences de ce chapitre concernent la bonne réputation, la providence de Dieu, la douceur et la piété, l’éducation des enfants et la nécessité de les corriger de bonne heure, la charité, la ruine des méchants, la paresse, l’oppression des pauvres, le soin qu’on doit avoir de profiter des instructions, le devoir des princes et des magistrats, la colère, les bornes des possessions et la diligence.

1 La renommée est plutôt à choisir que les grandes richesses, et une bonne estime plus que l’argent ni l’or.

2 Le riche et le pauvre se rencontrent ; celui qui les a faits l’un et l’autre, c’est l’Éternel.

3 L’homme bien avisé prévoit le mal, et se tient caché ; mais les simples passent outre, et en souffrent le dommage.

4 La récompense de la modestie et de la crainte de l’Éternel, sont les richesses, la gloire et la vie.

5 Il y a des épines et des pièges dans la voie du pervers ; celui qui aime son âme s’en retirera loin.

6 Instruis le jeune enfant à l’entrée de sa voie ; lors même qu’il sera devenu vieux, il ne s’en éloignera point.

7 Le riche sera maître par-dessus les pauvres, et celui qui emprunte sera serviteur de l’homme qui prête.

8 Celui qui sème la perversité, moissonnera le tourment, et la verge de sa fureur prendra fin.

9 L’œil bienfaisant sera béni, parce qu’il aura donné de son pain au pauvre.

10 Chasse le moqueur, et la dispute s’en ira, et la querelle et l’outrage cesseront.

11 Le roi est ami de celui qui aime la pureté du cœur, et qui a de la grâce dans ses discours.

12 Les yeux de l’Eternel protègent la sagesse ; mais il confond les paroles du perfide.

13 Le paresseux dit : Le lion est là dehors ; je serai tué par les rues.

14 La bouche des femmes étrangères est une fosse profonde ; celui que l’Eternel a en détestation, y tombera.

15 La folie est liée au cœur du jeune enfant ; mais la verge du châtiment la fera éloigner de lui.

16 Celui qui fait tort au pauvre pour s’enrichir et pour donner au riche, ne peut manquer de tomber dans l’indigence.

17 Prête ton oreille, et écoute les paroles des sages ; applique ton cœur à ma science.

18 Car ce sera une chose agréable pour toi, si tu les gardes au dedans de toi, et elles se répandront ensemble sur tes lèvres.

19 Je te l’ai aujourd’hui fait entendre à toi-même, afin que ta confiance soit en l’Eternel.

20 Ne t’ai-je pas écrit des choses qui conviennent à ceux qui gouvernent, pour le conseil et pour la science ?

21 afin de te donner à connaître la certitude des paroles de vérité, et que tu puisses répondre des paroles de vérité à ceux qui te consultent.

22 Ne pille point le pauvre, parce qu’il est pauvre, et ne foule point l’affligé à la porte.

23 Car l’Eternel plaidera leur cause, et pillera l’âme de ceux qui les auront pillés.

24 Ne te rends point compagnon de l’homme colère, et ne va point avec l’homme furieux ;

25 de peur que tu n’apprennes ses manières, et que tu ne mettes un piège dans ton âme.

26 Ne sois point de ceux qui frappent dans la main, ni de ceux qui cautionnent les dettes.

27 Si tu n’avais pas de quoi payer, pourquoi prendrait-on ton lit de dessous toi ?

28 Ne transporte point la borne ancienne que tes pères ont posée.

29 As-tu vu un homme habile dans son travail ? Il sera au service des rois, et non pas à celui de gens d’une condition obscure.

REFLEXIONS

Voici les instructions qu’il faut retirer de ce chapitre :

Que la bonne réputation est un bien qu’on doit tâcher d’acquérir et de conserver, surtout afin d’être par ce moyen en édification aux autres,

Que Dieu a également fait les riches et les pauvres et qu’il a mis entre les hommes la différence des conditions pour le bien de la société, mais qu’il les jugera tous,

Que la crainte de Dieu et la douceur font toute la félicité de l’homme,

Qu’il importe extrêmement de bien élever les enfants et de les châtier de bonne heure et que les fruits de l’éducation paraissent dans toute la vie,

Que Dieu bénit ceux qui assistent les nécessiteux, qu’il prend en main la cause des petits que l’on opprime et qu’il fait tomber dans la misère ceux qui les foulent,

Que c’est une chose très salutaire et très agréable d’écouter et de suivre les conseils de la sagesse, mais que cela est tout à fait digne de ceux qui gouvernent les peuples,

Qu’on doit s’éloigner des gens colères et se garder de rien faire qui soit contraire à la bonne foi et que le travail et la diligence apportent de grands avantages aux hommes.

Ces maximes sont très utiles pour vivre heureux en ce monde, mais ce sont surtout des devoirs indispensables que la religion et la conscience nous imposent, c’est aussi ce qui doit principalement nous engager à les prendre pour la règle de notre conduite.

CHAPITRE XXIII

Dans ce chapitre, le sage nous enseigne à être sobres, à ne pas désirer les richesses, à ne pas accepter ce qui nous est présenté par des envieux et par des avares, à être prudent dans nos discours et juste dans notre conduite et surtout ne faire aucun tort aux orphelins et aux petits. Salomon exhorte outre cela à châtier les enfants, à ne point porter d’envie aux méchants, à fuir les ivrognes et les débauchés, à honorer père et mère, à acquérir la vérité et la sagesse et à s’éloigner de l’impureté et de l’intempérance.

1 Quand tu seras assis pour manger avec un prince, considère avec attention ce qui sera devant toi ;

2 autrement tu te mettras le couteau à la gorge, si ton appétit te domine.

3 Ne désire point ses délicatesses ; car c’est une viande trompeuse.

4 Ne te travaille point pour t’enrichir ; mais désiste-toi de ta résolution.

5 Jetterais-tu les yeux sur ce qui bientôt ne sera plus ? car, certainement, il se fera des ailes ; il s’envolera aux cieux comme un aigle.

6 Ne mange point le pain de celui qui est envieux, et ne désire point ses viandes agréables.

7 Car il est tel qu’il pense en son âme. Il te dira bien : Mange et bois ; mais son cœur n’est point avec toi.

8 Tu voudrais rejeter ton morceau que tu auras mangé, et tu auras perdu tes belles paroles.

9 Ne parle point quand un fou t’écoute ; car il méprisera la prudence de tes discours.

10 Ne transporte point la borne ancienne, et n’entre point dans les champs des orphelins ;

11 car leur garant est le Dieu fort ; il plaidera leur cause contre toi.

12 Applique ton cœur à l’instruction, et tes oreilles aux paroles de la science.

13 N’épargne point la correction au jeune enfant ; quand tu l’auras frappé de la verge, il n’en mourra pas.

14 Tu le frapperas avec la verge ; mais tu délivreras son âme du sépulcre.

15 Mon fils, si ton cœur est sage, mon cœur s’en réjouira ; oui, moi-même je m’en réjouirai ;

16 et mes reins tressailliront de joie, quand tes lèvres prononceront des choses droites.

17 Que ton cœur ne porte point d’envie aux pécheurs ; mais adonne-toi à la crainte de l’Éternel continuellement.

18 Car il y aura véritablement bonne issue pour toi, et ton attente ne sera point trompée.

19 Toi, mon fils, écoute, et deviens sage, et adresse ton cœur dans la bonne voie.

20 Ne sois point avec les avaleurs de vin, ni avec les gourmands de viande.

21 Car l’avaleur de vin et le gourmand seront appauvris, et le long dormir fait qu’on porte des robes déchirées.

22 Ecoute ton père ; c’est celui qui t’a donné la vie ; et ne méprise point ta mère quand elle sera devenue vieille.

23 Achète la vérité et ne la vends point ; achète la sagesse, l’instruction et la prudence.

24 Le père du juste se réjouit fort ; et celui qui aura mis au monde un enfant sage, en aura de la joie.

25 Que ton père et ta mère se réjouissent, et que celle qui t’a enfanté soit ravie de joie !

26 Mon fils, donne-moi ton cœur, et que tes yeux prennent garde à mes voies.

27 La femme débauchée est une fosse profonde, et l’étrangère est un puits de détresse.

28 Aussi se tient-elle en embûche, comme après la proie, et elle rendra plusieurs hommes infidèles.

29 A qui sont ces plaintes ? Malheur sur moi ! A qui, hélas ? à qui les débats ? à qui le bruit ? à qui les blessures sans cause ? à qui la rougeur des yeux ?

30 A ceux qui s’arrêtent auprès du vin, et qui vont chercher le vin mixtionné.

31 Ne regarde point le vin quand il est rouge, et quand il fait voir sa couleur dans la coupe, et qu’il coule droit ;

32 il mord par derrière comme un serpent, et pique comme un basilic.

33 Ensuite tes yeux regarderont les femmes étrangères, et ton cœur parlera d’une manière déréglée ;

34 et tu seras comme celui qui dort au milieu de la mer, et comme celui qui dort au haut d’un mât.

35 On m’a battu, diras-tu, et je n’en ai point été malade ; on m’a frappé et je ne l’ai point senti. Quand me réveillerai-je ? je me remettrai encore à chercher le vin.

REFLEXIONS

Les principales instructions que nous avons dans ce chapitre sont

D’être sobres et de ne point rechercher la délicatesse dans le manger et dans le boire,

De ne pas désirer les richesses et de considérer qu’elles sont passagères et périssables,

De ne rien recevoir des avares et de ceux qui ne donnent pas de bon cœur,

D’être circonspects en paroles,

De ne point changer les bornes des possessions et de ne faire aucun tort aux petits, nous souvenant qu’ils ont leur garant dans le Ciel qui défendra leur cause.

Après cela, le sage recommande

De châtier les enfants et de n’être pas indulgent à leur égard,

De ne jamais envier la prospérité des méchants, mais de s’adonner à la crainte du Seigneur,

De fuir la compagnie des ivrognes et des débauchés de peur de tomber comme eux dans la misère.

Les enfants doivent en particulier apprendre d’ici à honorer toujours leurs pères et leurs mères et à ne pas les mépriser quand ils sont vieux.

Salomon nous avertit encore qu’il n’y a rien que nous devions acquérir et conserver avec plus de soin que la vérité et la sagesse.

Enfin, ce qu’on lit sur la fin de ce chapitre doit nous détourner fortement de l’impureté et de l’ivrognerie, non seulement par la crainte des malheurs auxquels ces péchés exposent les hommes en ce monde, mais surtout par la considération du mal que l’on fait en s’y adonnant et de la punition que Dieu en fera dans la vie à venir.

CHAPITRE XXIV

Ce chapitre contient des sentences touchant l’envie, le soin d’acquérir la sagesse et la prudence, l’obligation où l’on est de défendre ceux qui sont opprimés et la crainte du jugement de Dieu, la protection du Seigneur sur les justes affligés, l’amour des ennemis, la fin des méchants et le peu de sujet que l’on a de leur porter envie, la crainte de Dieu, l’honneur dû aux rois, la droiture dans les jugements, l’économie, la vengeance et la paresse.

1 Ne porte point d’envie aux hommes méchants, et ne désire point d’être avec eux ;

2 car leur cœur médite la rapine, et leurs lèvres parlent de nuire.

3 La maison sera bâtie par la sagesse ; et elle sera affermie par l’intelligence.

4 Et c’est par la science que les cabinets seront remplis de tous les biens précieux et agréables.

5 L’homme sage est accompagné de force, et l’homme habile surpasse la force.

6 Car avec la prudence tu feras la guerre, et la délivrance consiste dans le nombre des bons conseillers.

7 La sagesse est trop élevée pour un insensé ; il n’ouvrira pas la bouche dans l’assemblée des juges.

8 Celui qui pense à faire mal, on l’appellera maître en malices.

9 Un mauvais dessein est une folie et un péché, et le moqueur est en abomination aux hommes.

10 Si tu perds courage, ta force sera petite au jour de la détresse.

11 Si tu manques de délivrer ceux qui sont traînés à la mort, et qui sont sur le point d’être tués,

12 sous prétexte que tu diras : Voici, nous n’en avons rien su ? celui qui pèse les cœurs ne l’entendra-t-il point, et celui qui garde ton âme ne le saura-t-il point, et ne rendra-t-il pas à chacun selon son œuvre ?

13 Mon fils, mange le miel, car il est bon, et le rayon de miel, qui est doux à ton palais.

14 Telle sera la connaissance de la sagesse à ton âme ; quand tu l’auras trouvée, elle aura une bonne issue, et ton attente ne sera point frustrée.

15 Méchant, n’épie point le domicile du juste, et ne gâte point son habitation.

16 Car le juste tombera sept fois, et il sera relevé ; mais les méchants tombent dans le mal.

17 Quand ton ennemi sera tombé, ne t’en réjouis point ; et quand il sera renversé, que ton cœur ne s’en égaie point ;

18 de peur que l’Éternel ne le voie, et que cela ne lui déplaise, tellement qu’il détourne sa colère de dessus lui sur toi.

19 Ne t’irrite point à cause des gens malins ; ne porte point d’envie aux méchants ;

20 car il n’y aura pas une bonne issue pour le méchant, et la lampe des méchants sera éteinte.

21 Mon fils, crains l’Éternel et le roi, et ne te mêle point avec des gens remuants.

22 Car leur ruine s’élèvera tout d’un coup, et qui sait l’inconvénient qui arrivera à l’un et à l’autre ?

23 Ces choses aussi sont pour les sages : Il n’est pas bon d’avoir égard à l’apparence des personnes dans le jugement.

24 Les peuples maudiront, et les nations auront en détestation celui qui dit au méchant : Tu es juste ;

25 mais pour ceux qui le reprennent, il y aura toute sorte de plaisir, et la bénédiction de tous les biens viendra sur eux.

26 Celui qui répond avec droiture à quelqu’un, lui donne un baiser à la bouche.

27 Règle ton ouvrage au dehors, et mets ordre à ton champ ; et puis tu bâtiras ta maison.

28 Ne sois point témoin contre ton prochain sans qu’il soit nécessaire ; et voudrais-tu séduire par tes lèvres ?

29 Ne dis point : Je lui ferai comme il m’a fait ; je rendrai à cet homme selon ce qu’il m’a fait.

30 J’ai passé près du champ d’un homme paresseux, et près de la vigne d’un homme dépourvu de sens ;

31 et voilà, tout y était monté en chardons, les orties en avaient couvert le dessus, et sa cloison de pierres était démolie.

32 Et ayant vu cela, je le mis dans mon cœur ; je le regardai, j’en tirai une instruction.

33 Un peu de dormir, un peu de sommeil, un peu de mains pliées pour être couché,

34 et ta pauvreté viendra comme un passant, et ta disette comme un homme armé.

REFLEXIONS

L’effet que la lecture de ce chapitre doit produire est de nous apprendre :

À ne porter jamais d’envie aux méchants et à ne nous joindre point à eux,

À faire notre principale étude d’acquérir la sagesse,

À consoler et à défendre les affligés et à craindre les jugements dont Dieu menace ceux qui n’ont point pitié d’eux.

Le sage nous apprend ensuite que si les justes tombent souvent dans l’affliction, Dieu les en retire. C’est le sens de cette sentence :

Le juste tombera sept fois et sera relevé, mais Salomon n’a pas voulu dire

Que le plus juste pèche sept fois le jour, comme plusieurs le disent faussement.

Il paraît de ce chapitre qu’un homme sage et craignant Dieu ne se réjouit point du mal qui arrive à ceux qui ne l’aiment pas et qu’il n’est point jaloux de la prospérité des impies. Il craint Dieu et il honore ses supérieurs, il vit tranquillement sans se mêler de ce qui ne le regarde pas, il n’a point d’égard aux hommes dans l’exercice de la justice et il rend exactement à chacun ce qui lui est dû. Il ne rend jamais le mal pour le mal et il s’abstient de la vengeance, il est prudent et laborieux et il se garde de l’oisiveté et de la paresse, non seulement parce qu’elle est suivie de la pauvreté et de plusieurs maux, mais surtout parce qu’elle est un obstacle à la vertu et qu’elle corrompt le cœur.

Toutes ces maximes que ce chapitre renferme nous sont prescrites dans l’Évangile et même d’une manière encore plus parfaite, ce qui nous impose d’autant plus l’obligation de ne nous en écarter jamais.

CHAPITRE XXV

Le sage propose diverses maximes touchant la grandeur et le devoir des rois, l’humilité, les différends, le secret, les paroles dites à propos et les corrections, la fausse libéralité, la douceur, la tempérance, le commerce qu’on doit avoir avec son prochain, le soin de consoler des affligés, l’amour des ennemis, le moyen de réprimer les médisants. Il parle enfin des femmes querelleuses, du mauvais effet que produisent les chutes des justes et de la colère.

1 Ces choses sont aussi des proverbes de Salomon, que les gens d’Ezéchias, roi de Juda, ont copiés.

2 La gloire de Dieu est de celer la chose ; mais la gloire des rois est de sonder les affaires.

3 Il n’y a pas moyen de sonder, ni les cieux, à cause de leur hauteur, ni la terre, à cause de sa profondeur, ni le cœur des rois.

4 Ote de l’argent la crasse, et il en sortira un vase très pur pour le fondeur.

5 De même, ôte le méchant de devant le roi, et son trône sera affermi par la justice.

6 Ne fais point le magnifique devant le roi, et ne te mets point au rang des grands.

7 Car il vaut mieux qu’on te dise : Monte ici, que si l’on t’abaissait devant un seigneur que tes yeux auront vu.

8 Ne te hâte pas de sortir pour plaider, de peur qu’à la fin tu ne saches que faire, après que ton prochain t’aura rendu confus.

9 Traite tellement ton différend avec ton prochain, que tu ne révèles point le secret d’un autre ;

10 de peur que celui qui l’écoute ne te le reproche, et que tu n’en reçoives un blâme qui ne s’efface point.

11 Une parole dite à propos est comme des pommes d’or dans des paniers d’argent.

12 Quand on reprend le sage qui a l’oreille obéissante, c’est comme une bague d’or, ou comme un joyau de fin or.

13 L’ambassadeur fidèle est à ceux qui l’envoient comme une fraîcheur de neige au temps de la moisson, et il restaure l’âme de son maître.

14 Celui qui se vante d’une fausse libéralité, est comme les nuées et le vent qui sont sans pluie.

15 Le prince est fléchi par la patience, et la langue douce brise les os.

16 Quand tu auras trouvé du miel, manges-en, mais autant qu’il te suffira, de peur qu’en en prenant par excès, tu ne le rejettes.

17 De même, mets rarement le pied dans la maison de ton prochain, de peur qu’étant dégoûté de toi, il ne te haïsse.

18 L’homme qui porte un faux témoignage contre son prochain, est comme un marteau, une épée, et une flèche aiguë.

19 La confiance qu’on met en celui qui est infidèle au temps de l’affliction, est une dent qui se rompt, et un pied qui glisse.

20 Celui qui chante des chansons à un cœur affligé, est comme celui qui ôte son habit dans un temps froid, et comme du vinaigre répandu sur le nitre.

21 Si celui qui te hait a faim, donne-lui à manger du pain ; et s’il a soif, donne-lui à boire de l’eau.

22 Car tu prendras des charbons pour lui mettre sur la tête, et l’Éternel te le rendra.

23 Le vent de bise chasse la pluie, et le visage sévère la langue qui médit en cachette.

24 Il vaut mieux habiter au coin d’un toit, qu’avec une femme querelleuse dans une grande maison.

25 De bonnes nouvelles apportées d’un pays éloigné, sont comme de l’eau fraîche à une personne altérée et lasse.

26 Le juste qui pèche devant le méchant, est comme une fontaine embourbée et une source gâtée.

27 Comme il n’est pas bon de manger trop de miel, aussi n’y a-t-il pas de la gloire pour ceux qui la cherchent avec trop d’ardeur.

28 L’homme qui ne peut pas retenir son esprit est comme une ville où il y a une brèche ou qui est sans murailles.

REFLEXIONS

Ce qui est dit de la grandeur des rois au commencement de ce chapitre montre qu’il faut les respecter et que s’ils veulent être heureux, ils doivent éloigner les méchants.

Après cela, Salomon nous enseigne :

À ne point rechercher l’élévation et la gloire, mais à nous tenir dans l’humilité,

À fuir les querelles,

À garder le secret et à parler à propos dans toutes les occasions,

À nous soumettre avec plaisir aux corrections,

À ne jamais nous vanter de rien et surtout de ce que nous ne sommes pas,

À apaiser par des paroles douces ceux qui sont irrités

Et à être sobres et tempérants. Il nous avertit encore

De ne pas trop entrer dans le commerce du monde et de vivre dans une retraite raisonnable,

De nous conduire charitablement et prudemment envers les affligés.

Il nous exhorte à rendre le bien pour le mal par ces paroles que St. Paul cite au chapitre XII de l’épitre aux Romains :

Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger, s’il a soif donne-lui à boire, car tu prendras des charbons sur sa tête, ce qui veut dire que par là nous gagnerons ceux qui nous haïssent et que nous les délivrerons d’un grand mal, que nous ferons une bonne œuvre que Dieu récompensera ou que s’ils continuent à nous haïr, ils seront inexcusables.

Sur la fin de ce chapitre, le sage nous apprend que le moyen de faire taire les médisants est de témoigner qu’on ne prend pas plaisir à les entendre. Il remarque que les chutes des justes font bien du mal, qu’elles sont d’un exemple dangereux et que les méchants s’autorisent par-là, quoique mal à propos, à pécher et il dit que c’est la marque d’une grande faiblesse que de n’être pas maître de son esprit et de ne pas savoir résister à la colère.

CHAPITRE XXVI

Voici quel est le sujet des sentences de ce chapitre. L’élévation des personnes sans vertu, les malédictions téméraires, les maux qui arrivent de la folie et la manière dont il faut répondre aux insensés, c’est-à-dire à ceux qui manquent de vertu et de sagesse, leur obstination dans le mal, la bonne opinion de soi-même, la paresse, les débats, l’infidélité de ceux qui trompent leurs amis, les querelles, la médisance, la dissimulation et la flatterie.

1 Comme la neige vient mal en été, et la pluie pendant la moisson, ainsi la gloire ne convient point à un fou.

2 Comme l’oiseau va çà et là, et comme l’hirondelle vole, ainsi la malédiction donnée témérairement n’arrivera point.

3 Le fouet est pour le cheval, le mors pour l’âne, et la verge pour le dos des insensés.

4 Ne réponds point au fou selon sa folie, de peur que tu ne sois aussi fait semblable à lui.

5 Réponds au fou selon sa folie, de peur qu’il ne s’imagine qu’il est sage.

6 Celui qui envoie des messages par une personne destituée de sens, se coupe les pieds, et boit la peine du tort qu’il se fait.

7 Faites clocher les jambes d’un boiteux ; tel est un discours sentencieux dans la bouche des insensés.

8 Il en est de celui qui fait honneur à un insensé, comme s’il mettait une pierre précieuse dans un monceau de pierres.

9 Un discours sentencieux dans la bouche des insensés, est comme une épine dans la main d’un homme ivre.

10 Les grands donnent de l’ennui à tous, et prennent à leur service des insensés et des pécheurs.

11 Comme le chien retourne à ce qu’il a vomi, ainsi le fou réitère sa folie.

12 As-tu vu un homme qui croit être sage ? Il y a plus d’espérance d’un fou que de lui.

13 Le paresseux dit : Le grand lion est au chemin, le lion est par les rues.

14 Comme une porte tourne sur ses gonds, ainsi fait le paresseux sur son lit.

15 Le paresseux cache sa main sous l’aisselle ; il a de la peine de la porter à sa bouche.

16 Le paresseux se croit plus sage que sept autres qui donnent de sages conseils.

17 Celui qui en passant se met en colère pour une querelle qui ne le touche en rien, est comme celui qui saisit un chien par les oreilles.

18 Tel qu’est celui qui fait le furieux, et qui jette des tisons, des flèches et des choses propres à tuer,

19 Tel est l’homme qui trompe son ami, et qui dit : Ne me jouais-je pas ?

20 Le feu s’éteint faute de bois ; ainsi, quand il n’y aura plus de rapporteurs, les querelles s’apaiseront.

21 Le charbon est pour faire la braise, et le bois pour faire le feu, et l’homme querelleur pour exciter les querelles.

22 Les paroles d’un rapporteur sont comme des paroles douces ; mais elles descendent jusqu’au dedans des entrailles.

23 Les lèvres brûlantes de zèle, et le mauvais cœur sont comme de l’écume d’argent dont on enduit un pot de terre.

24 Celui qui hait, se contrefait par ses discours ; mais il cache la fraude au dedans de lui.

25 Quand il parlera gracieusement, ne le crois point ; car il y a sept abominations dans son cœur.

26 La malice de celui qui couvre sa haine pour faire du mal, sera manifestée dans l’assemblée.

27 Celui qui creuse une fosse, y tombera, et la pierre retournera sur celui qui la roule.

28 La fausse langue hait celui qu’elle a abattu, et la bouche flatteuse fait tomber.

REFLEXIONS

Voici les réflexions que ce chapitre nous présente :

Que l’élévation et l’honneur ne convient point à des gens sans mérite et sans vertu,

Que les malédictions qu’on prononce contre quelqu’un ne nuisent qu’à celui qui les dit,

Que ceux qui sont privés de sagesse tombent dans le mépris et dans le malheur et qu’ils causent divers maux aux autres,

Qu’on doit se conduire sagement envers ces personnes-là et leur répondre, ou se taire selon que la prudence prescrit.

Nous apprenons de plus d’ici :

Que la plus grande folie et celle d’où l’on revient le moins c’est d’être rempli de bonne opinion de soi-même,

Que la paresse est un vice qui rend l’homme incapable de faire rien de bon, ni d’écouter aucun conseil,

Que c’est une grande imprudence de se mêler dans les querelles des autres,

Que sans les rapporteurs il n’y aurait point d’animosités et qu’ils sont les auteurs de bien des maux, que c’est une perfidie de tromper son ami et de témoigner de l’amitié pendant qu’on a de la haine et de mauvais desseins dans le cœur et que nous devons bannir la flatterie de nos discours.

Les chrétiens doivent avoir tous ces vices en horreur puisqu’ils sont tout à fait indignes de leur vocation et s’étudier pour cet effet à la douceur, à la charité, à l’humilité et à la sincérité dans leurs paroles et dans toute leur conduite.

CHAPITRE XXVII

Ce chapitre traite de l’incertitude de la vie et des événements, des louanges qu’on se donne à soi-même, de la jalousie, des répréhensions, du prix et du devoir de la vraie amitié, des mauvaises femmes, des effets de la louange et de la flatterie, des gens incorrigibles et de l’économie.

1 Ne te vante point du jour du lendemain ; car tu ne sais pas ce que le jour enfantera.

2 Qu’un étranger te loue, et non pas ta propre bouche ; que ce soit un autre et non pas tes lèvres.

3 La pierre est pesante, et le sable charge ; mais la colère d’un insensé est plus pesante que tous les deux.

4 La colère est cruelle ; et la fureur est comme une inondation ; mais qui pourra subsister devant la jalousie ?

5 La correction manifeste vaut mieux qu’une amitié cachée.

6 Les blessures faites par celui qui aime, sont fidèles ; et les baisers de celui qui hait sont à craindre.

7 Celui qui est rassasié, foule aux pieds les rayons de miel ; mais celui qui a faim trouve doux même ce qui est amer.

8 Tel qu’est un oiseau qui s’écarte de son nid, tel est l’homme qui s’écarte de son lieu.

9 L’huile et le parfum réjouissent le cœur, et le conseil d’un ami est la douceur de l’âme.

10 Ne quitte point ton ami, ni l’ami de ton père, et n’entre point dans la maison de ton frère au temps de ton affliction ; car un bon voisin qui est près, vaut mieux qu’un frère qui est loin.

11 Mon fils, sois sage, et réjouis mon cœur, afin que j’aie de quoi répondre à celui qui me fait des reproches.

12 L’homme bien avisé prévoit le mal, et se tient caché ; mais les malavisés passent et, en souffrent le dommage.

13 Quand quelqu’un aura cautionné un étranger, prends son habit ; prends-le-lui en gage pour cet étranger.

14 Celui qui bénit son ami à haute voix, se levant de grand matin, sera réputé comme s’il maudissait.

15 Une gouttière continuelle au temps d’une grosse pluie, et une femme querelleuse, c’est tout un.

16 Celui qui la veut retenir est comme s’il voulait arrêter le vent, et retenir dans sa main une huile qui s’écoule.

17 Comme le fer aiguise le fer, ainsi la vue d’un ami excite son ami.

18 Celui qui garde le figuier, mangera de son fruit ; ainsi celui qui garde son maître, sera honoré.

19 Comme dans l’eau le visage répond au visage ; ainsi le cœur d’un homme répond à celui d’un autre homme.

20 Le sépulcre et le gouffre ne sont jamais rassasiés ; ainsi les yeux des hommes sont insatiables.

21 Comme le fourneau éprouve l’argent, et le creuset l’or ; de même la bouche qui loue éprouve celui qu’elle loue.

22 Quand tu pilerais un insensé dans un mortier, parmi du grain qu’on pile avec un pilon, sa folie ne se détachera pas de lui.

23 Sois diligent à reconnaître l’état de tes brebis, et applique ton cœur aux troupeaux ;

24 car les richesses ne durent pas toujours, et la couronne ne demeure pas d’âge en âge.

25 Le foin se montre, et l’herbe paraît, et les herbes des montagnes sont recueillies.

26 Les agneaux seront pour te vêtir, et les boucs seront le prix du champ ;

27 et l’abondance du lait des chèvres sera pour ton manger, pour le manger de ta maison, et pour la vie de tes servantes.

REFLEXIONS

Cette sentence de Salomon :

Ne te vante point du lendemain, car tu ne sais pas ce que le jour enfantera nous avertit que rien n’est plus incertain que la vie et les événements et qu’ainsi c’est une grande folie de compter sur l’avenir.

Le sage nous apprend ensuite :

Qu’il n’est ni de la prudence, ni de l’humilité de se louer soi-même,

Que l’on doit éviter fort soigneusement la colère et l’emportement,

Que ceux qui nous reprennent avec sincérité sont nos meilleurs amis et qu’au contraire ceux qui ne nous parlent pas sincèrement et qui nous flattent sont nos ennemis,

Que les vrais amis sont un bien très précieux et qu’il ne faut jamais les quitter.

Les femmes doivent apprendre dans ce chapitre à fuir l’humeur aigre et querelleuse et à revêtir un esprit paisible et doux.

Le sage nous y dit qu’il y a des gens tellement incorrigibles que ni les avertissements, ni les châtiments ne peuvent les changer. Enfin, les maximes de Salomon sur l’économie et la diligence doivent être observées, non seulement à cause de l’utilité qui en revient, mais surtout parce qu’en s’attachant à un travail légitime on vit plus innocemment et parce qu’une vie simple et laborieuse est une aide pour la piété et pour le salut.

CHAPITRE XXVIII

Ce chapitre contient de belles sentences sur l’état d’une bonne et d’une mauvaise conscience, sur le gouvernement, sur l’oppression, sur l’intégrité, sur les enfants qui s’adonnent à la vertu et à la piété ou qui s’en écartent, sur la droiture, l’usure, l’observation des commandements de Dieu, sur l’élévation des gens de bien, la crainte de Dieu, la domination tyrannique, la diligence, la bonne foi, l’acception des personnes, sur les malheurs où tombent les envieux et les avares, sur les corrections et le péché des enfants qui dérobent à père et mère et enfin sur la présomption et sur la charité envers les pauvres.

1 Tout méchant fuit sans qu’on le poursuive ; mais les justes seront comme un jeune lion.

2 A cause des péchés d’un pays, il y a plusieurs princes ; mais la domination sera prolongée par un homme intelligent.

3 Un homme qui est pauvre, et qui opprime les petits, est comme une pluie qui, faisant du ravage, cause la disette du pain.

4 Ceux qui abandonnent la loi, louent les méchants ; mais ceux qui gardent la loi leur font la guerre.

5 Les gens adonnés au mal n’entendent point ce qui est droit ; mais ceux qui cherchent l’Eternel entendent tout.

6 Le pauvre qui marche dans son intégrité, vaut mieux que celui dont les voies sont détournées et qui est riche.

7 Celui qui garde la loi est un enfant entendu ; mais celui qui entretient les gourmands fait honte à son père.

8 Celui qui augmente son bien par usure et par surcroît, l’assemble pour celui qui aura pitié des pauvres.

9 La prière même de celui qui détourne son oreille pour ne point écouter la loi, est en abomination.

10 Celui qui fait égarer dans un mauvais chemin ceux qui vont droit, tombera dans la fosse qu’il aura faite ; mais ceux qui sont intègres, hériteront le bien.

11 L’homme riche pense être sage ; mais le pauvre qui est intelligent le sondera.

12 Quand les justes se réjouissent, la gloire est grande ; mais quand les méchants sont élevés, chacun se déguise.

13 Celui qui cache ses transgressions, ne prospérera point ; mais celui qui les confesse et qui les délaisse, obtiendra miséricorde.

14 Heureux est l’homme qui est continuellement dans la crainte ! mais celui qui endurcit son cœur tombera dans la calamité.

15 Un méchant qui domine sur un peuple nécessiteux, est comme un lion rugissant, et un ours qui quête sa proie.

16 Le conducteur qui manque d’intelligence fait beaucoup d’extorsions ; mais celui qui hait le gain déshonnête, prolongera ses jours.

17 L’homme qui fait tort au sang d’une personne, fuira jusque dans la fosse, sans que personne le retienne.

18 Celui qui marche en intégrité, sera délivré ; mais le pervers qui a une conduite double, tombera tout d’un coup.

19 Celui qui laboure sa terre sera rassasié de pain ; mais le compagnon des fainéants aura son soûl de pauvreté.

20 L’homme loyal abondera en bénédictions ; mais celui qui se hâte de s’enrichir ne demeurera point impuni.

21 Il n’est pas bon d’avoir égard à l’apparence des personnes ; car pour un morceau de pain l’homme prévariquera.

22 L’homme qui est envieux se hâte pour avoir des richesses, et il ne considère pas que la disette lui arrivera.

23 Celui qui reprend quelqu’un trouvera grâce à la fin auprès de lui, plutôt que celui qui flatte de la langue.

24 Celui qui pille son père ou sa mère, et qui dit que ce n’est point un crime, est compagnon de l’homme destructeur.

25 Celui qui a le cœur enflé se mêle dans la querelle ; mais celui qui s’assure sur l’Éternel, sera engraissé.

26 Celui qui est plein de confiance en son cœur, est un insensé ; mais celui qui marche sagement sera délivré.

27 Celui qui donne au pauvre, n’aura point de disette ; mais celui qui en détourne ses yeux, abondera en malédictions.

28 Quand les méchants s’élèvent, les hommes se cachent ; mais quand ils périssent, les justes se multiplient.

REFLEXIONS

Cette sentence : Le méchant fuit sans qu’on le poursuive, mais le juste est assuré comme un jeune lion doit être bien considérée, elle nous montre qu’une mauvaise conscience est ordinairement dans la crainte au lieu qu’un homme de bien est toujours tranquille et assuré. Après cela, Salomon nous apprend :

Que Dieu punit quelquefois les peuples par ceux qui les gouvernent et qu’ainsi de bons princes et de bons magistrats sont une bénédiction particulière de Dieu sur les états,

Qu’un pauvre qui est un homme de bien est plus estimable qu’un riche sans vertu,

Que les enfants sages font la gloire des familles, mais que les enfants vicieux en sont la honte,

Que celui qui augmente son bien par l’usure et l’injustice amasse pour les autres,

Que le Seigneur rejette les prières de ceux qui violent sa loi,

Que tout le monde doit se réjouir quand les justes sont élevés, mais que c’est un grand mal quand les méchants dominent.

L’on doit faire une attention particulière à cette sentence : Celui qui cache ses péchés ne prospérera point, mais celui qui les confesse et qui les délaisse obtiendra miséricorde, et à celle-ci : Heureux est l’homme qui a continuellement de la crainte !

Ces paroles nous apprennent que sans la confession des péchés l’on ne peut obtenir le pardon et que la crainte de Dieu est la source du vrai bonheur.

On voit de plus dans ce chapitre :

Que l’oisiveté fait tomber dans la misère,

Qu’il faut exercer la justice sans égard pour personne,

Que l’envie et l’avarice ne sont que pour rendre les hommes misérables,

Que les personnes qui nous reprennent sont celles que nous devons le plus aimer,

Que c’est un grand péché aux enfants de dérober à leurs pères et à leurs mères,

Que la bonne opinion de soi-même est la marque d’une extrême folie

Et enfin Que ceux qui donnent aux pauvres n’auront jamais de disette, mais que les gens sans charité sont maudits.

CHAPITRE XXIX

Le sage parle de ceux qui n’aiment pas d’être repris, de l’élévation des justes et de celle des méchants, des impurs, des rois et de ceux qui gouvernent les états, des flatteurs, du bien que les gens sages font aux autres et du mal que les méchants causent, du soin qu’il faut avoir de procurer la paix et de se modérer, du châtiment d’un peuple qui est privé de la parole de Dieu, de la nécessité qu’il y a de corriger les serviteurs, de ceux qui sont inconsidérés dans leurs affaires et dans leurs discours, de la colère, et l’orgueil et de l’injustice.

1 L’homme qui, étant repris, raidit son cou, sera écrasé subitement, sans qu’il y ait de guérison.

2 Quand les justes sont avancés, le peuple se réjouit ; mais quand le méchant domine, le peuple gémit.

3 L’homme qui aime la sagesse réjouit son père ; mais celui qui entretient des débauchées, dissipe les richesses.

4 Un roi affermit le pays par la justice, mais l’homme qui est adonné aux présents, le ruinera.

5 L’homme qui flatte son prochain, tend un piège devant ses pas.

6 Il y a un piège dangereux dans le crime de l’homme, mais le juste chantera et se réjouira.

7 Le juste prend connaissance de la cause des petits, mais le méchant ne s’en informe pas.

8 Les hommes moqueurs troublent la ville, mais les sages apaisent la colère.

9 Un homme sage contestant avec un homme insensé, soit qu’il se fâche, soit qu’il rie, n’aura point de repos.

10 Les hommes sanguinaires ont en haine l’homme intègre, mais les hommes droits prennent soin de sa vie.

11 L’insensé pousse dehors tout ce qu’il a dans l’esprit, mais le sage le retient pour l’avenir.

12 Tous les serviteurs d’un prince qui prête l’oreille à la parole de mensonge, sont méchants.

13 Le pauvre et l’homme frauduleux se rencontrent, et l’Éternel les éclaire tous deux.

14 Le trône du roi qui fait justice aux pauvres dans la vérité, sera affermi à perpétuité.

15 La verge et la répréhension donnent la sagesse, mais l’enfant abandonné fait honte à sa mère.

16 Quand les méchants sont avancés, les crimes se multiplient, mais les justes verront leur ruine.

17 Corrige ton enfant, et il te mettra en repos et donnera du plaisir à ton âme.

18 Lorsqu’il n’y a point de vision, le peuple se dissipe, mais heureux est celui qui garde la loi !

19 Un esclave ne se corrige pas par des paroles, car il entendra, mais il ne répondra pas.

20 As-tu vu un homme étourdi dans ses affaires, il y a plus d’espérance d’un fou que de lui !

21 Le serviteur sera à la fin le fils de celui qui le nourrit délicatement dès la jeunesse.

22 L’homme colère excite les querelles, et l’homme furieux commet plusieurs crimes.

23 L’orgueil de l’homme l’abaisse, mais celui qui est humble d’esprit, obtient la gloire.

24 Celui qui partage avec un larron, hait son âme, il entend le serment d’exécration, et il ne déclare rien.

25 La crainte qu’on a de l’homme, fait tomber dans le piège, mais celui qui s’assure en l’Éternel aura une haute retraite.

26 Plusieurs recherchent la face de celui qui domine, mais c’est de l’Éternel que vient le jugement des hommes.

27 L’homme inique est en abomination aux justes, et celui qui va droit est en abomination au méchant.

REFLEXIONS

Ce qu’il faut retenir de ce chapitre, c’est :

Que ceux qui ne veulent pas être repris sont ennemis d’eux-mêmes,

Que les impurs s’engagent dans de grands malheurs,

Qu’un peuple est heureux quand il est gouverné par des gens de bien, mais que c’est un grand malheur pour lui d’avoir des conducteurs qui aiment les présents et qui ont sous eux des gens sans vertus,

Que la flatterie est un piège que tout homme sage doit éviter,

Que les gens sages et pieux sont très utiles dans le monde, mais que les méchants y font beaucoup de mal et sont ennemis des justes.

Ce chapitre nous enseigne de plus :

Qu’il est de la sagesse d’éviter les contestations, de modérer ses passions et de réprimer la colère,

Qu’on doit embrasser la défense des gens de bien,

Que les enfants qu’on châtie à propos donnent de la joie,

Que les peuples sont à plaindre et qu’ils se corrompent quand ils manquent d’instruction et de crainte de Dieu,

Qu’il faut se conduire prudemment envers les serviteurs,

Qu’on ne doit jamais entrer en société avec les méchants et que ceux qui partagent avec eux et qui profitent de leurs injustices ont part à leur crime.

Enfin, Salomon nous apprend :

Que la colère pousse à commettre divers péchés,

Que l’orgueil est ce qui abaisse l’homme au lieu que l’humilité l’élève

Et que pour être toujours dans un état ferme il n’y a qu’à se confier en Dieu et à marcher droit.

Chapitre XXX

Dans ce chapitre Agur reconnait le néant de l’homme et la grandeur de Dieu et il le prie de ne lui donner ni la pauvreté, ni les richesses.

1 Les paroles d’Agur, fils de Jaké, savoir, l’instruction que cet homme-là prononça à Ithiel, touchant Ithiel et Ucal.

2 Certainement, je suis plus grossier qu’aucun homme, et il n’y a pas en moi la prudence d’un homme du commun ;

3 et je n’ai point appris la sagesse, et connaîtrais-je la science des saints ?

4 Qui est monté aux cieux, ou qui en est descendu ? Qui a assemblé le vent dans ses poings ? Qui a serré les eaux dans sa robe ? Qui a dressé toutes les bornes de la terre ? quel est son nom, et quel est le nom de son fils, si tu le connais ?

5 Toute la parole de Dieu est épurée ; il est un bouclier à ceux qui ont leur refuge vers lui.

6 N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu’il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur.

7 Je t’ai demandé deux choses ; ne me les refuse pas durant ma vie :

8 Eloigne de moi la vanité et la parole de mensonge. Ne me donne ni pauvreté ni richesses ; nourris-moi du pain de mon ordinaire ;

9 de peur qu’étant rassasié je ne te renie, et que je ne dise : Qui est l’Éternel ? De peur aussi qu’étant appauvri, je ne dérobe et que je ne prenne en vain le nom de mon Dieu.

10 Ne blâme point le serviteur devant son maître, de peur qu’il ne te maudisse, et que tu ne sois trouvé coupable.

11 Il y a une espèce de gens qui maudit son père, et qui ne bénit point sa mère.

12 Il y a une race de gens qui pense être nette, et qui, toutefois, n’est pas lavée de son impureté.

13 Il y a une race de gens dont les yeux sont fort hautains, et les paupières élevées.

14 Il y a une race de gens dont les dents sont comme des épées, et dont les dents mâchelières sont des couteaux, pour consumer de dessus la terre les affligés et les pauvres d’entre les hommes.

15 La sangsue a deux filles, qui disent : Apporte, apporte. Il y a trois choses lesquelles ne se soûlent point, même il y en a quatre qui ne disent point : C’est assez.

16 Le sépulcre, la femme stérile, la terre qui n’est point rassasiée d’eau, et le feu, qui ne dit point : C’est assez.

17 Les corbeaux des torrents crèveront l’œil de celui qui se moque de son père, et qui méprise l’enseignement de sa mère, et les petits de l’aigle le mangeront.

18 Il y a trois choses qui sont trop merveilleuses pour moi, même quatre, lesquelles je ne connais point :

19 La trace de l’aigle dans l’air, la trace du serpent sur un rocher, le chemin d’un navire au milieu de la mer, et la trace de l’homme dans la vierge.

20 Telle est la conduite de la femme adultère. Elle mange, et s’essuie la bouche ; puis elle dit : Je n’ai point commis de mal.

21 La terre tremble pour trois choses, même pour quatre, et elle ne les peut porter :

22 pour le serviteur quand il règne, et pour un insensé quand il est rassasié de viande ;

23 pour une femme digne d’être haie, quand elle se marie, et pour une servante, quand elle hérite de sa maîtresse.

24 Il y a quatre choses des plus petites de la terre, lesquelles, toutefois, sont sages et avisées :

25 Les fourmis qui sont un peuple faible, et néanmoins, elles préparent leur provision durant l’été ;

26 les lapins qui sont un peuple qui n’est pas puissant, et, cependant, ils font leurs maisons dans les rochers ;

27 les sauterelles qui n’ont point de roi, et, cependant, elles vont toutes par bandes ;

28 l’araignée, qui s’attache avec les mains, et qui est dans les palais des rois.

29 Il y a trois choses qui marchent bien, même quatre qui ont une belle démarche :

30 le lion, le plus fort d’entre les animaux, qui ne recule point pour la rencontre de qui que ce soit ;

31 le cheval, qui a les flancs bien troussés, et le bouc, et le roi, devant qui personne ne peut subsister.

32 Si tu t’es conduit follement en t’élevant, et si tu as mal pensé, mets la main sur ta bouche.

33 Comme celui qui bat le lait, fait sortir le beurre, et comme celui qui presse le nez fait sortir le sang, ainsi celui qui provoque la colère, excite la querelle.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a principalement à remarquer dans ce chapitre, c’est :

I. Ce qui est dit du néant de l’homme et de la toute-puissance de Dieu. Cela doit produire en nous un vif sentiment de notre faiblesse, de la grandeur de Dieu et de la dépendance où nous devons être à son égard.

II. Agur nous enseigne ici que l’état de médiocrité par rapport aux biens du monde est le plus heureux, c’est ce que nous apprend ce beau vœu : Seigneur, ne me donne ni pauvreté, ni richesse, mais nourris-moi du pain de mon ordinaire.

CHAPITRE XXXI

Ce chapitre a deux parties : La première contient des instructions que la mère du roi Lémuel, que l’on croit être Salomon, lui donne pour l’éloigner de la sensualité, des guerres injustes et de l’ivrognerie et pour l’engager à protéger les faibles et à gouverner justement.

La seconde partie contient les louanges d’une femme vertueuse.

1 Les paroles du roi Lémuel, et l’instruction suivant laquelle sa mère l’instruisit :

2 Que te dirai-je, mon fils, cher fruit de mes entrailles ? Que te dirai-je, mon fils, pour lequel j’ai tant fait de vœux ?

3 Ne donne point ton bien aux femmes, et ne mets point ton étude à détruire les rois.

4 Lémuel, ce n’est point aux rois, ce n’est point aux rois de boire le vin, ni aux princes de boire la cervoise ;

5 de peur qu’ayant bu, ils n’oublient ce qui est ordonné, et qu’ils ne pervertissent le droit de tous les pauvres affligés.

6 Donnez de la cervoise à celui qui s’en va périr, et le vin à celui qui est dans l’amertume du cœur.

7 afin qu’il en boive, et qu’il oublie sa pauvreté, et qu’il ne se souvienne plus de sa peine.

8 Parle en faveur de celui qui est muet, et pour le droit de tous ceux qui vont périr.

9 Ouvre ta bouche, fais justice, et fais droit à l’affligé et au nécessiteux.

10 Aleph. Qui est-ce qui trouvera une femme vertueuse ? Car son prix surpasse beaucoup celui des perles.

11 Beth. Le cœur de son mari s’assure en elle, et il ne manquera point de dépouilles ;

12 Guimel. Elle lui fera du bien tous les jours de sa vie, et jamais du mal ;

13 Daleth. Elle cherche de la laine et du lin, et elle fait de ses mains ce qu’elle veut ;

14 Hé. Elle est semblable aux navires d’un marchand, et elle amène son pain de loin ;

15 Vau. Elle se lève lorsqu’il est encore nuit, et elle distribue l’ordinaire de sa maison, et la tâche à ses servantes ;

16 Zajin. Elle considère un champ, et l’acquiert, et elle plante la vigne du fruit de ses mains ;

17 Heth. Elle ceint ses reins de force, et elle fortifie ses bras ;

18 Teth. Elle éprouve que son trafic est bon ; sa lampe ne s’éteint point pendant la nuit ;

19 Jod. Elle met ses mains au fuseau, et ses mains tiennent la quenouille ;

20 Caph. Elle tend sa main à l’affligé, et avance ses mains au nécessiteux ;

21 Lamed. Elle ne craint point la neige pour sa famille ; car toute sa famille est vêtue de vêtements doubles ;

22 Mem. Elle se fait des tours de lit ; le fin lin et l’écarlate est ce dont elle s’habille.

23 Nun. Son mari est reconnu dans les portes, quand il est assis avec les anciens du pays ;

24 Samech. Elle fait du linge et le vend ; et des ceintures, qu’elle donne au marchand ;

25 Hajin. La force et la magnificence est son vêtement, et elle se rit du jour à venir ;

26 Pé. Elle ouvre sa bouche avec sagesse, et la loi de bonté est sur sa langue ;

27 Tsadé. Elle examine le train de sa maison, et elle ne mange point le pain de paresse ;

28 Koph. Ses enfants se lèvent, et la disent bienheureuse ; son mari aussi, et il la loue, et dit :

29 Resch. Plusieurs filles se sont conduites vertueusement ; mais tu les surpasses toutes.

30 Scin. La grâce trompe, et la beauté s’évanouit ; mais la femme qui craint l’Éternel est celle qui sera louée.

31 Thau. Donnez-lui les fruits de ses mains, et que ses œuvres la louent dans les portes.

REFLEXIONS

Les instructions qui sont contenues dans la première partie de ce chapitre regardent proprement les rois et ceux qui gouvernent et elles tendent à les détourner de l’impureté, des guerres injustes et de l’intempérance et à leur inspirer des sentiments d’équité et de justice.

Mais il n’y a personne qui ne doive profiter de ces conseils salutaires et s’étudier à la chasteté, à la sobriété et à l’amour de la justice et de la paix.

La seconde partie de ce chapitre nous apprend que ce qui rend les femmes dignes de louange, c’est la diligence et le travail, le soin de leur ménage, l’amour qu’elles portent à leurs maris et à leurs enfants, la charité envers les pauvres, la discrétion et la sagesse dans les discours et surtout la crainte de Dieu.

On voit ici la vie simple et laborieuse des femmes de ce temps-là, même de celles qui étaient riches et qu’elles travaillaient de leurs mains pour les besoins de leurs familles.

Au reste, il ne faut pas croire que ce qui est dit dans ce chapitre ne soient que des maximes et des devoirs d’économie. La religion impose aux femmes ces mêmes devoirs et les qualités qui sont ici louées dans les personnes de ce sexe sont celles qui les rendent recommandables devant Dieu. Saint Paul le montre dans lorsqu’il loue : les femmes qui ont soin de leurs enfants, qui gardent la maison, qui gouvernent leur ménage, qui exercent la charité et qui pratiquent avec soin toutes sortes de bonnes œuvres et lorsqu’il condamne celles qui sont oiseuses, causeuses, curieuses et qui vont de maison en maison.

Ainsi les femmes chrétiennes doivent faire une attention particulière à ce qui est dit dans cet endroit.