LE LIVRE DE MICHEE

ARGUMENT 

Michée vivait du temps d’Ésaïe et d’Osée. Le but de sa prophétie est de reprendre les péchés des Israélites des dix tribus, et principalement de ceux du Royaume de Juda, de leur annoncer leur ruine et de prédire le rétablissement du peuple de Dieu et la venue du Messie. 

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  LIVRES DU VIEUX TESTAMENT

CHAPITRE I.

Michée dit que Dieu allait détruire Samarie, qui était la capitale du royaume d’Israël, et Jérusalem, qui était la capitale de celui de Juda, à cause de l’idolâtrie à laquelle ces deux royaumes s’étaient abandonnés. Il prédit aussi la ruine de plusieurs villes du pays d’Israël et de Juda, de Saphir, de Tsanan, de Maroth, de Lakis et de quelques autres.

1 La parole de l’Éternel, qui fut adressée à Michée Morasçtite, du temps de Jotham, d’Achaz et d’Ezéchias, rois de Juda, dans une vision contre Samarie et Jérusalem.

2 Vous tous, peuples, écoutez, et toi, terre, sois attentive, et tout ce qui est en elle, et que le Seigneur l’Éternel soit témoin contre vous, le Seigneur qui sort du palais de sa sainteté.

3 Car voici, l’Éternel va sortir de son lieu, il descendra et marchera sur les lieux élevés de la terre.

4 Et les montagnes se fondront sous lui, et les vallées se fondront comme la cire se fond devant le feu, et comme les eaux qui coulent dans une descente.

5 Tout ceci arrivera à cause du péché de Jacob et à cause des péchés de la maison d’Israël. Quel est le péché de Jacob ? N’est-ce pas Samarie ? Et quels sont les lieux élevés ? N’est-ce pas Jérusalem ?

6 C’est pourquoi je réduirai Samarie comme en un monceau de pierres, qu’on fait dans les champs où l’on plante des vignes, et je ferai rouler ses pierres dans la vallée, et je découvrirai ses fondements.

7 Et toutes ses images taillées seront brisées, et tous les salaires de sa prostitution seront brûlés au feu, et je mettrai tous ses faux dieux en désolation : comme elle les a amassés du salaire de sa prostitution, ils retourneront aussi pour le salaire d’une prostituée.

8 C’est pourquoi je me plaindrai, et je gémirai : j’irai dépouiller et nu, je gémirai comme les dragons, et je me lamenterai comme les hiboux.

9 Car chacune de ses plaies est incurable, elles sont venues jusqu’à Juda, elles sont parvenues jusqu’à la porte de mon peuple, jusqu’à Jérusalem.

10 Ne l’annoncez point à Gath, ne pleurez point, vautre-toi dans la poudre dans la maison de Haphra.

11 Habitante de Sçaphir, passe, ayant ta nudité découverte : l’habitante de Tsaanan ne sortira point ; il y aura des lamentations dans la maison d’Etsel, elle apprendra de vous son état.

12 Car l’habitante de Maroth sera dans l’angoisse, à cause de son bien, lorsque le mal descendra de la part de l’Éternel jusqu’à la porte de Jérusalem.

13 Attelle les chevaux légers au chariot, habitante de Lakis, toi par qui le péché de la fille de Sion a commencé ; car c’est en toi que les péchés d’Israël ont été trouvés.

14 C’est pourquoi, tu donneras des présents à cause de Moresceth de Gath ; les maisons d’Aczib tromperont les rois d’Israël.

15 Je t’amènerai encore un possesseur, habitante de Maresça, et la gloire d’Israël viendra jusqu’à Hadullam.

16 Arrache-toi les cheveux et coupe-les, à cause de tes fils chéris ; sois entièrement chauve, comme un aigle qui mue, car ils sont menés captifs loin de toi.

REFLEXIONS

I. Il faut considérer en général sur ce premier chapitre, que la vérité et la divinité des prédictions de Michée parut par l’événement, le royaume d’Israël ayant été détruit par les Assyriens et celui de Juda ayant été attaqué par les mêmes Assyriens sous le règne d’Ézéchias et enfin aussi détruit par les Babyloniens qui menèrent les Juifs en captivité.

II. L’on doit faire attention à cette magnifique description que le prophète fait de la majesté du Seigneur à l’entrée de ce livre. Elle nous apprend que Dieu a un pouvoir sans bornes, que rien ne peut lui résister et qu’il se sert de ce pouvoir pour châtier ceux qui l’offensent, comme il l’emploie pour protéger ceux qui le craignent.

III. Ce fut ce qui parut dans la destruction des principales villes d’Israël et de Juda et dans la ruine de ces deux royaumes qui, pour avoir provoqué la colère de Dieu par leur idolâtrie et par divers crimes, se virent privés de sa protection et livrés à leurs ennemis.

CHAPITRE II.

Michée, après avoir parlé dans le chapitre précédent de l’idolâtrie des Juifs, parle dans celui-ci des injustices et des extorsions qui se commettaient parmi eux, principalement par les grands et par les magistrats, et il leur dénonce une soudaine destruction.

1 Malheur à ceux qui pensent à l’iniquité, qui forgent le mal sur leurs lits, et qui l’exécutent dès le point du jour, parce qu’ils en ont le pouvoir en main.

2 S’ils désirent des possessions, ils les ont aussitôt ravies ; et s’ils désirent des maisons, ils les ont aussitôt prises, et ils oppriment l’homme et sa maison, l’homme et son héritage.

3 C’est pourquoi, l’Éternel a dit : Voici, je pense aussi contre cette famille un mal duquel vous ne pourrez point retirer votre cou, et vous ne marcherez plus avec fierté, car ce temps est très mauvais.

4 En ce temps-là, on fera de vous un proverbe, et on gémira d’un gémissement lamentable, et on dira : Nous sommes entièrement détruits ; on a changé la portion de mon peuple ; comment me l’a-t-on ôtée ? Partage-t-on nos champs pour nous les rendre ?

5 C’est pourquoi, il n’y aura personne pour toi qui étende le cordeau, pour ton partage, dans l’assemblée de l’Éternel.

6 On dit : Ne prophétisez point. Ils prophétiseront ; mais ils ne prophétiseront pas pour ceux-ci ; la confusion ne s’éloignera point.

7 Toi, qu’on appelle la maison de Jacob, l’Esprit de l’Éternel est-il resserré ? Sont-ce là ses pensées ? Mes paroles ne sont-elles pas bonnes pour celui qui marche droitement ?

8 Mais celui qui était ci-devant mon peuple s’est élevé contre moi comme un ennemi ; vous avez dépouillé du manteau et de l’habit ceux qui passaient en assurance, en revenant de la guerre.

9 Vous avez chassé les femmes de mon peuple des maisons où elles étaient en repos : vous avez ôté ma gloire pour toujours de dessus leurs petits-enfants.

10 Levez-vous et marchez, car ce pays n’est plus un lieu de repos pour vous, parce qu’il est souillé ; il vous détruira, même d’une prompte destruction.

11 S’il y a quelque homme qui coure après le vent, et qui mente et parle faussement, en disant : Je te prophétiserai du vin et de la cervoise, ce sera le prophète de ce peuple-ci.

12 Certainement je t’assemblerai tout entier, ô Jacob ! je rassemblerai entièrement les restes d’Israël, et je les mettrai tous ensemble comme des brebis de Bostra, et comme un troupeau au milieu de son étable : il y aura un grand bruit pour la foule des hommes.

13 Le destructeur montera devant eux, ils briseront tout, et passeront outre, et ils sortiront par la porte, et leur roi passera devant eux, et l’Éternel sera à leur tête.

REFLEXIONS

Le prophète se plaint, dans ce chapitre, que les Juifs, et surtout les principaux d’entre eux, étaient des avares et des injustes qui n’avaient en vue que de s’enrichir et qui employaient toutes sortes de moyens pour cela.

Il les accuse de plus de vouloir empêcher les prophètes du Seigneur de leur parler et d’écouter plutôt les faux prophètes.

Enfin, il proteste que Dieu leur ferait bientôt sentir les effets de sa justice en les chassant du pays où ils habitaient.

On ne peut pas douter dès là que les péchés des personnes qui sont en autorité, l’injustice, la violence, le désir de s’enrichir et le mépris des avertissements que Dieu fait donner par sa parole et par ses serviteurs ne soient la marque d’une extrême corruption et que Dieu ne fasse enfin, d’une manière ou d’une autre, la vengeance de ces péchés-là lorsque les hommes y persévèrent avec obstination.

CHAPITRE III.

Le prophète continue ses censures contre les crimes des Juifs. Il reproche aux magistrats leur avarice, leurs iniquités et leurs malversations. Il parle contre les faux prophètes qui trompent les Juifs en leur promettant la paix et cela dans des vues d’intérêt. Et il déclare de la part du Seigneur que ces péchés des chefs du peuple seraient cause que Dieu renverserait bientôt Jérusalem et le temple et les réduirait en masures.

1 C’est pourquoi j’ai dit : Ecoutez maintenant, chefs de Jacob, et vous conducteurs de la maison : N’est-ce point à vous de connaître ce qui est droit ?

2 Ils haïssent le bien, et ils aiment le mal : ils arrachent la peau de ces gens de dessus eux, et leur chair de dessus leurs os.

3 Et ce qu’ils mangent c’est la chair de mon peuple ; ils ont arraché leurs peaux de dessus eux, et ils ont brisé leurs os, et les ont mis par pièces, comme dans un pot, et comme de la chair dans une chaudière.

4 Alors ils crieront à l’Éternel, mais il ne les exaucera point, mais il cachera sa face d’eux en ce temps-là, comme ils ont fait le mal dans toute leur conduite.

5 Ainsi a dit l’Éternel, contre les prophètes qui font égarer mon peuple, qui mordent de leurs dents, et qui crient : Paix ! et si quelqu’un ne leur donne rien dans leur bouche, ils publient la guerre contre lui.

6 C’est pourquoi, au lieu de la vision, vous aurez la nuit, et les ténèbres au lieu de la révélation ; le soleil se couchera sur ces prophètes-là, et le jour deviendra noir sur eux.

7 Et les voyants seront honteux, et les devins rougiront de honte ; tous se couvriront jusque sur la lèvre de dessus, parce qu’il n’y aura aucune réponse de Dieu.

8 Mais moi, je suis rempli, par l’Esprit de l’Éternel, de vertu, de justice et de force, afin que je déclare à Jacob son crime, et à Israël son péché.

9 Ecoutez maintenant ceci, chefs de la maison de Jacob, et vous, conducteurs de la maison d’Israël, qui avez la justice en abomination et qui pervertissez tout ce qui est droit.

10 On bâtit Sion de sang, et Jérusalem d’iniquité.

11 Ses chefs jugent pour des présents ; les sacrificateurs enseignent pour un salaire, et ses prophètes prophétisent pour de l’argent ; cependant ils s’appuient sur l’Éternel, en disant : L’Éternel n’est-il pas parmi nous ? Il ne viendra point de mal sur nous.

12 C’est pourquoi, à cause de vous, Sion sera labourée comme un champ ; Jérusalem sera réduite en monceaux, et la montagne du temple en une haute forêt.

REFLEXIONS

Les censures qui sont contenues dans ce chapitre s’adressent aux principaux, aux magistrats et aux prophètes d’Israël. Elles montrent que la dépravation était générale et sans remède parmi les Juifs du temps de Michée, mais que la source du mal se trouvait dans ceux qui étaient à la tête du peuple. Les juges et les magistrats s’adonnaient ouvertement à l’injustice, ils jugeaient pour des présents et ils prenaient des récompenses. Outre cela, les prophètes et les sacrificateurs, qui auraient dû s’opposer au mal, étaient aussi des prévaricateurs et des mercenaires qui, en flattant le peuple, l’entretenait dans la sécurité. Ce sont là des crimes que les prophètes reprochent très souvent aux principaux des Juifs et pour lesquels Michée déclare que Sion et Jérusalem allaient être réduits en monceaux de pierres.

Par-là chacun peut voir à quel point les crimes des personnes publiques, l’iniquité dans les jugement et l’infidélité dans les ministres de la religion, irritent le Seigneur ; et les grands maux qui en arrivent à tout le peuple. C’est sur quoi les juges et les magistrats, aussi bien que les pasteurs doivent faire une continuelle et sérieuse attention. Les serviteurs de Dieu en particulier doivent imiter la sainte hardiesse de Michée et être comme lui remplis de l’Esprit de Dieu pour dire à Jacob son crime et à Israël son péché, c’est-à-dire pour reprendre le vice avec courage en toutes sortes de personnes et pour déclarer aux hommes tout ce que Dieu leur commande de dire de sa part, se gardant bien surtout, d’endormir les pécheurs en leur donnant des espérances trompeuses, ou en dissimulant les malheurs qui les menacent.

CHAPITRE IV.

 Le prophète prédit : I. Que tous les peuples devaient être appelés à la connaissance de Dieu. II. Que quoi que les Juifs dussent aller en captivité à Babylone, Dieu leur donnerait la paix et la victoire sur leurs ennemis.

1 Mais il arrivera, dans les derniers jours, que la montagne de la maison de l’Éternel sera affermie au sommet des montagnes, et elle sera élevée par-dessus les coteaux, et les peuples y aborderont.

2 Et plusieurs nations y iront, et diront : Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, et a la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies et nous marcherons dans ses sentiers ; car la loi sortira de Sion, et la parole de l’Éternel de Jérusalem.

3 Il exercera le jugement parmi plusieurs peuples, et il châtiera les nations puissantes jusqu’aux pays les plus éloignés ; et elles forgeront leurs épées en hoyaux, et leurs hallebardes en serpes ; une nation ne lèvera plus l’épée contre l’autre, et elles ne s’adonneront plus à faire la guerre.

4 Mais chacun se reposera sous sa vigne et sous son figuier ; et il n’y aura personne qui les épouvante ; car la bouche de l’Éternel des armées a parlé.

5 Certainement tous les autres peuples marcheront, chacun au nom de son dieu ; mais nous marcherons au nom de l’Éternel notre Dieu, pour toujours et à perpétuité.

6 En ce temps-là, dit l’Éternel, je rassemblerai celle qui était boiteuse, et je recueillerai celle qui avait été chassée, et celle que j’avais affligée.

7 Et je réserverai les restes de celle qui était boiteuse ; et celle qui était éloignée, je la ferai devenir une nation puissante, et l’Éternel régnera sur eux dans la montagne de Sion, depuis ce temps jusqu’à toujours.

8 Et toi, tour du troupeau, Hophel, la fille de Sion viendra jusqu’à toi ; et la première domination et le royaume reviendra à la fille de Jérusalem.

9 Pourquoi t’écris-tu si fort maintenant ? N’y a-t-il point de roi au milieu de toi ? Ou, ton conseiller est-il péri, que la douleur t’ait saisie comme celle qui enfante ?

10 Sois en travail et crie, fille de Sion, comme celle qui enfante ; car tu sortiras bientôt de la ville, et tu demeureras aux champs, et tu viendras jusqu’à Babylone ; mais tu y seras délivrée ; c’est là que l’Eternel te rachètera des mains de tes ennemis.

11 Et maintenant, plusieurs nations se sont assemblées contre toi, lesquelles disent : Qu’elle soit profanée, et que notre œil voie en Sion ce que nous souhaitons.

12 Mais elles ne connaissent pas les pensées de l’Eternel, et elles ne comprennent pas que son dessein est de les assembler, comme on assemble des gerbes dans l’aire.

13 Lève-toi et foule, fille de Sion, car je ferai que ta corne sera de fer, et que tes ongles seront d’airain, et tu briseras plusieurs peuples, et je consacrerai comme un interdit leur gain à l’Eternel, et leurs biens au Seigneur de toute la terre.

REFLEXIONS

Ce chapitre contient deux prédictions :

La première est celle qui porte que toutes les nations étrangères seraient éclairées de la connaissance de Dieu et viendraient l’adorer et le servir.

L’état où la religion et le service divin furent à Jérusalem après le retour des Juifs de la captivité de Babylone ne répond point à la majesté de cet oracle. Mais on en trouve l’accomplissement dans la vocation des païens et dans leur conversion à la religion chrétienne. Ce grand et heureux événement doit nous convaincre de la vérité de cette religion et de la divinité des prophéties qui l’ont annoncé et produire en nous une grande reconnaissance envers Dieu et un zèle ardent pour son service.

La seconde prédiction de Michée marque que les Juifs iraient à Babylone, mais qu’ils reviendraient habiter la Judée et que leurs ennemis seraient confondus.

Cette prophétie a été accomplie, de même que la précédente, ce qui doit servir à confirmer d’autant mieux notre foi.

On voit, au reste, éclater ici la bonté de Dieu et son amour envers son peuple, puisqu’à mesure qu’il menace les Juifs de les livrer aux nations étrangères, il leur promet de les ramener et de les faire triompher de tous leurs ennemis.

CHAPITRE V.

Les prédictions de ce chapitre marquent : I. Les guerres qu’il y aurait dans la Judée, le siège de Jérusalem, l’abaissement du gouvernement des Juifs, la venue du Messie qui naîtrait à Bethléhem et l’établissement de son règne. II. Michée prédit que les Israélites seraient délivrés des Assyriens et des Babyloniens et que ceux-ci seraient livrés à leurs ennemis et entièrement détruits.

1 Assemble-toi maintenant par troupes, fille de troupes ; on a mis le siège contre nous ; on frappera le prince d’Israël avec la verge sur la joue.

2 Mais toi, Bethléhem vers Ephrath, quoique tu sois petite entre les milliers de Juda, c’est de toi que me sortira celui qui doit être dominateur en Israël, et ses issues sont d’ancienneté, dès les jours éternels.

3 C’est pourquoi il les livrera jusqu’au temps que celle qui est en travail d’enfant aura enfanté, et le reste de ses frères retournera avec les enfants d’Israël.

4 Et il se maintiendra, et il gouvernera par la force de l’Eternel, et avec la magnificence du nom de l’Eternel son Dieu. Et ils reviendront ; et maintenant il sera glorifié jusqu’aux bouts de la terre, et c’est lui qui fera la paix.

5 Après que l’Assyrien sera entré dans notre pays, et qu’il aura mis le pied dans nos palais, nous établirons contre lui sept pasteurs et huit princes, pris du commun.

6 Ils ravageront le pays d’Assyrie avec l’épée, et la contrée de Nimrod dans ses portes ; et il nous délivrera des Assyriens, après qu’ils seront entrés dans notre pays, et qu’ils auront mis le pied dans nos quartiers.

7 Et le reste de Jacob sera parmi plusieurs peuples, comme une rosée qui vient de l’Eternel, et comme une pluie menue sur l’herbe, et qu’on n’attend point de l’homme, et qu’on n’espère point des enfants des hommes.

8 Le reste de Jacob sera entre les nations, et parmi plusieurs peuples, comme un lion parmi les bêtes des forêts, et comme un lionceau parmi des troupeaux de brebis, qui en passant foule et déchire, sans que personne n’en puisse rien garantir.

9 Ta main sera élevée sur tes adversaires, et tous tes ennemis seront retranchés.

10 Et il arrivera en ce temps-là, dit l’Eternel, que je retrancherai tes chevaux du milieu de toi, et je ferai périr tes chariots.

11 Et je retrancherai les villes de ton pays, et ruinerai toutes tes forteresses.

12 Je retrancherai aussi de ta main les enchantements, et tu n’auras plus aucun devin.

13 Je retrancherai aussi du milieu de toi tes images taillées et tes statues, et tu ne te prosterneras plus devant l’ouvrage de tes mains.

14 J’arracherai aussi tes bocages du milieu de toi, et je détruirai tes villes.

15 Et je ferai vengeance, avec colère et sévérité, de toutes les nations qui ne m’auront point écouté.

REFLEXIONS

Ce chapitre renferme diverses prédictions qui ont toutes été vérifiées par l’événement.

On y voit les malheurs qui affligèrent les Juifs avant la venue de notre Seigneur. On y lit surtout un oracle qui marque formellement que le Messie devait sortir de la ville de Bethléem. Cette prophétie convient parfaitement à Jésus-Christ, comme Saint Matthieu le remarque au chapitre II de son Évangile, et elle ne peut être appliquée à aucun autre.

Les autres prédictions de Michée ont aussi été accomplies. Les Juifs furent délivrés et protégés par des rois suscités de Dieu pour cela et ils revinrent dans la Judée. L’empire des Assyriens et des Babyloniens prit fin et Babylone fut totalement détruite.

De sorte que la divinité des oracles des prophètes et la vérité des promesses de Dieu ne peuvent être révoquées en doute, non plus que la vérité de la religion en général et la nécessité où nous sommes d’en observer les devoirs.

CHAPITRE VI.

Dieu se plaint d’une manière extrêmement forte et touchante de l’ingratitude des Juifs qui, nonobstant les bienfaits qu’il leur avait accordés de tout temps, s’étaient révoltés contre lui et l’avaient abandonné.

Il leur dit que leurs sacrifices et leurs oblations n’étaient pas capables de détourner sa colère et que le seul moyen de lui être agréable était de faire ce qui est droit.

Enfin, il leur reproche les injustices, les violences et les tromperies qu’ils commettaient, mais surtout il les accuse d’avoir gardé les ordonnances de Homri et d’Achab, c’est-à-dire d’avoir suivi le culte idolâtre que ces Rois-là avaient introduits dans le royaume des dix tribus ; et il déclare qu’irrité par tous ces crimes, il les accablerait de ses fléaux.

1 Ecoutez maintenant ce que dit l’Eternel : Lève-toi, plaide devant les montagnes, et que les collines entendent ta voix.

2 Écoutez, montagnes, le procès de l’Éternel : Ecoutez-le, même vous, les plus fermes fondements de la terre ; car l’Éternel a un procès avec son peuple, et il veut plaider avec Israël.

3 Mon peuple, que t’ai-je fait, ou en quoi t’ai-je causé de la peine ? Réponds-moi.

4 Car je t’ai fait remonter du pays d’Égypte, et je t’ai délivré de la maison de servitude, et j’ai envoyé devant toi Moïse, Aaron et Marie.

5 Mon peuple, souviens-toi, je te prie, du dessein que Balak, roi de Moab, avait formé contre toi, et quelle réponse Balaam fils de Béhor, lui fit ; et de ce que j’ai fait, depuis Scittim jusqu’à Guilgal, afin que tu connaisses que l’Éternel est juste.

6 Avec quoi préviendrai-je l’Éternel, et me prosternerai-je devant le Dieu souverain ? Le préviendrai-je avec les holocaustes, avec des veaux d’un an ?

7 L’Éternel prendra-t-il plaisir à des milliers de moutons, ou à dix mille torrents d’huile ? Donnerai-je mon premier-né pour mon forfait, et mes enfants pour le péché de mon âme ?

8 Ô homme ! il t’a déclaré ce qui est bon ; et qu’est-ce que l’Éternel demande de toi, sinon de faire ce qui est droit, d’aimer la miséricorde, et de marcher dans l’humilité avec ton Dieu ?

9 La voix de l’Éternel crie à la ville, et ceux qui sont sages craindront ton nom. Ecoutez la verge, et celui qui l’a ordonnée.

10 Les trésors de méchanceté ne sont-ils pas encore dans la maison du méchant, et un épha trop petit, ce qui est abominable ?

11 Tiendrai-je pour innocent celui qui a de fausses balances, et de fausses pierres à peser dans le sac ?

12 Car ses riches sont remplis de ce qu’ils ont ravi par violence, et ses habitants parlent faussement, et il y a une langue trompeuse dans leur bouche.

13 C’est pourquoi, je t’ai fait venir languissante en te frappant, et je t’ai désolée à cause de tes péchés.

14 Tu mangeras, et tu ne seras point rassasiée, et tu seras abaissée au dedans de toi ; tu ôteras de devant l’ennemi, mais tu ne sauveras point ; et ce que tu auras sauvé, je le livrerai à l’épée.

15 Tu sèmeras, mais tu ne moissonneras point ; tu presseras l’olive, mais tu ne t’oindras point d’huile, et tu fouleras le moût, mais tu ne boiras point de vin.

16 On a gardé les ordonnances de Homri, et tout ce que la maison d’Achab a fait, et vous avez marché dans leurs conseils ; c’est pourquoi je te mettrai en désolation, et on sifflera ceux qui habitent en elle ; et vous porterez l’opprobre de mon peuple.

REFLEXION

Ce qu’il faut recueillir de ce chapitre c’est, premièrement, que Dieu est parfaitement juste et en même temps plein d’amour et de bonté envers les hommes, qu’il ne se propose que leur bien et qu’il les comble de ses bienfaits pour se les attacher et pour les engager à l’aimer et à le craindre. C’est ce que Michée marque en des termes bien touchants, lorsqu’il dit que Dieu plaide avec son peuple et lui demande : Mon peuple, que t’ai-je fait ou en quoi t’ai-je causé la peine ? Réponds-moi.

Ces paroles du Seigneur montrent d’une manière bien claire que les hommes se rendent coupables d’une noire ingratitude lorsqu’il leur arrive de se rebeller contre un Dieu si bon et que s’ils attirent par là sa colère sur eux, ils ne sauraient rien alléguer pour s’excuser.

La seconde instruction est : que ce n’est pas par des sacrifices et par des holocaustes ou des oblations que l’on peut prévenir le Seigneur et lui plaire, que Dieu nous a déclaré ce qui est bon et qu’il ne demande autre chose de l’homme, sinon qu’il fasse ce qui est droit, qu’il aime la miséricorde et qu’il marche dans l’humilité avec son Dieu. Par-là Dieu nous apprend que le seul culte qu’il reçoive est celui qui est accompagné de la droiture, de l’innocence de la vie, de la charité et de l’humilité de cœur.

Ce sont là les devoirs essentiels de la religion   et ce fut pour les avoir négligés que les Juifs, qui étaient d’ailleurs soigneux de pratiquer les cérémonies et les devoirs extérieurs du culte divin, périrent malheureusement.

Enfin, puisque Dieu déclare qu’il ne tiendra point pour innocent les injustes, ceux qui ont de fausses mesures et de faux poids et ceux qui ravissent le bien d’autrui, soit par la violence, soit par la fraude et la tromperie, on ne peut douter que ces crimes-là ne lui soient très odieux et qu’ils n’attirent sur ceux qui y tombent les effets de sa malédiction.

CHAPITRE VII.

I. Michée déplore l’extrême corruption des Juifs et les crimes qui régnaient parmi eux. II. Il leur promet un heureux rétablissement et il les assure, qu’après que Dieu les aurait livrés à leurs ennemis pour quelque temps et qu’il les aurait châtiés avec justice, il leur rendrait la paix et qu’il ferait pour eux des merveilles semblables à celles qu’il avait faites du temps de leurs pères et c’est de quoi Michée loue et bénit le Seigneur.

1 Malheur à moi ! car je suis comme quand on a cueilli les fruits d’été, et les grappillages de la vendange ; il n’y a plus de grappe pour manger, et mon âme désirait des premiers fruits.

2 L’homme de bien est péri de dessus la terre, et il n’y a personne qui soit droit entre les hommes ; tous tendent des pièges pour répandre le sang ; chacun chasse après son frère avec des filets.

3 Pour faire le mal avec les deux mains, le gouverneur exige, et le juge court après la récompense, et les grands ne parlent que des violences qu’ils souhaitent de faire, et qu’ils ont préparées.

4 Le plus homme de bien d’entre eux est comme une ronce ; et l’homme le plus droit est pire qu’une haie d’épines ; le jour de tes sentinelles et de ta punition est venu ; c’est maintenant qu’ils seront dans la perplexité.

5 Ne croyez point à votre intime ami, et ne vous fiez point en vos conducteurs ; garde-toi d’ouvrir ta bouche devant celle qui dort dans ton sein.

6 Car le fils déshonore son père ; la fille s’élève contre sa mère, la belle-fille contre sa belle-mère, et les domestiques de chacun sont ses ennemis.

7 Mais moi, je regarderai vers l’Éternel ; j’attendrai le Dieu de ma délivrance ; mon Dieu m’exaucera.

8 Toi, ô mon ennemie ! ne te réjouis point sur moi. Si je suis tombée, je me relèverai ; si j’ai été couchée dans les ténèbres, l’Éternel m’éclairera.

9 Je porterai l’indignation de l’Éternel, parce que j’ai péché contre lui, jusqu’à ce qu’il défende ma cause, et qu’il me fasse justice ; il me conduira à la lumière, je verrai sa justice.

10 Et mon ennemie le verra, et la honte la couvrira. Celle qui me disait : Où est l’Éternel ton Dieu ? mes yeux la verront, et elle sera bientôt foulée comme la boue des rues.

11 Au jour qu’il rebâtira tes masures, en ce jour-là, les édits seront éloignés.

12 En ce temps-là, on viendra jusqu’à toi, même d’Assyrie et des villes fortes, et depuis les villes fortes jusqu’au fleuve, et depuis une mer jusqu’à l’autre, et depuis une montagne jusqu’à l’autre ;

13 après que le pays aura été en désolation, à cause de ses habitants, à cause du fruit de leurs actions.

14 Pais ton peuple avec ta houlette, le troupeau de ton héritage, qui demeure seul dans les forêts au milieu de Carmel ; qu’ils paissent en Basçan et en Galaad, comme au temps d’autrefois.

15 Je ferai voir à mon peuple des choses merveilleuses, comme au temps que tu sortis du pays d’Égypte.

16 Les nations le verront, et elles seront honteuses avec toute leur force ; elles mettront la main sur la bouche, et leurs oreilles seront sourdes.

17 Elles lécheront la poudre comme le serpent, et elles trembleront dans leurs enclos comme les reptiles de la terre ; elles seront effrayées de l’Éternel notre Dieu, et elles te craindront.

18 Qui est le Dieu fort semblable à toi, qui ôte l’iniquité, et qui passe par-dessus les péchés du reste de son héritage ? Il ne tient pas toujours sa colère, parce qu’il se plaît à faire miséricorde.

19 Il aura encore compassion de nous ; il mettra sous ses pieds nos iniquités, et il jettera tous nos péchés au profond de la mer.

20 Tu feras voir la vérité à Jacob, et ta miséricorde à Abraham, selon que tu l’as juré à nos pères, dès les temps anciens.

REFLEXIONS

On doit remarquer dans ce chapitre les plaintes du prophète, les consolations qu’il donne aux Juifs et les actions de grâce qu’il rend à Dieu.

I. Il se plaint de la dépravation des Juifs en disant qu’on ne trouvait plus d’homme de bien parmi eux, qu’ils ne cherchaient qu’à faire du mal les uns aux autres, que les gens sincères y étaient si rares qu’on ne pouvait pas même se fier à ses plus proches et que les juges couraient après les récompenses et commettaient toutes sortes d’iniquités.

II. Ce tableau de l’étrange corruption des Juifs montre la justice des peines dont Dieu les visita et nous apprend que la crainte de Dieu, la droiture et la sincérité sont bannies d’un pays lorsque la fraude et la tromperie y règnent et que les magistrats y vendent la justice, il n’est pas possible que Dieu ne fasse la punition de ces crimes-là.

Il faut faire attention à ces paroles par lesquelles Michée consolait le peuple de Dieu qui allait bientôt tomber entre les mains de ses ennemis : Toi qui es mon ennemie, ne te réjouis point sur moi, si je suis tombée, je me relèverai, si je suis dans les ténèbres, le Seigneur m’éclairera. Je porterai son indignation parce que j’ai péché contre lui, mais après cela il défendra ma cause.

Ces belles paroles nous instruisent de la conduite de Dieu envers les hommes et en particulier envers son église ; il lui fait ressentir les effets de son indignation lorsqu’elle pèche contre lui, mais après cela il en a pitié et il la délivre et ses ennemis ne prévaudront jamais sur elle.

III. Cette conduite du Seigneur nous engage à reconnaître et à louer sa puissance, sa bonté, sa sagesse et à dire avec Michée : Qui est le Dieu fort semblable à toi, qui ôtes l’iniquité et qui passes par-dessus les péchés de ton héritage ? Il ne garde pas toujours sa colère, il se plaît à exercer sa miséricorde, il aura compassion de nous et il nous pardonnera tous nos péchés.