CHAPITRE XIX.
Saint Paul annonce l’Évangile dans la vile d’Éphèse et il y fait plusieurs miracles. Certains Juifs voulant chasser les esprits malins au nom de Jésus sont maltraités par ceux qui étaient possédés de ces esprits. Plusieurs personnes qui s’étaient adonnées à la magie se convertissent et donnent des marques publiques de leur repentance. Saint Luc ajoute l’histoire d’une sédition qui fut excitée contre St. Paul par un orfèvre nommé Démétrius. Cet homme gagnait beaucoup en vendant de petits temples en argent qui étaient faits sur le modèle d’un temple fameux qu’il y avait à Éphèse et qui était consacré à une déesse des païens nommée Diane. Comme il vit que St. Paul en prêchant contre l’idolâtrie lui faisait perdre tout son profit, il souleva le peuple contre lui, mais cette émeute fut apaisée par le greffier de la ville.
LA PUISSANCE DU MINISTERE DE SAINT PAUL
1 Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les provinces supérieures de l’Asie mineure, vint à Ephèse ; où, ayant trouvé quelques disciples, il leur dit :
2 Avez-vous reçu le Saint-Esprit, lorsque vous avez cru ? Mais ils lui répondirent : Nous n’avons pas même ouï dire qu’il y ait un Saint-Esprit.
3 Et il leur dit : De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? Ils répondirent : Du baptême de Jean.
4 Alors Paul leur dit : Il est vrai que Jean a baptisé du baptême de la repentance, en disant au peuple qu’ils devaient croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire, en Jésus, qui est le CHRIST.
5 Ce qu’ayant ouï, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus.
6 Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ils parlaient diverses langues et prophétisaient.
7 Et tous ces hommes-là étaient environ douze.
8 Puis il entra dans la synagogue, et il y parla avec hardiesse pendant trois mois, discourant, pour leur persuader ce qui regarde le royaume de Dieu.
9 Mais, comme quelques-uns s’endurcissaient, et étaient incrédules, décriant la voie du Seigneur devant la multitude, il se retira, et sépara les disciples d’avec eux, enseignant tous les jours dans l’école d’un nommé Tirannus.
10 Et cela continua durant deux ans, de sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie, tant Juifs que Grecs, entendirent la parole du Seigneur Jésus.
11 Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul ;
12 en sorte qu’on portait même sur les malades les mouchoirs et les linges qui avaient touché son corps ; et ils étaient guéris de leurs maladies, et les malins esprits sortaient.
LES OEUVRES DU SAINT-ESPRIT NE SE COPIENT PAS : SE DEBARRASSER DES FAUX CROYANCES
13 Alors quelques-uns des exorcistes Juifs, qui couraient de lieu en lieu, entreprirent d’invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui étaient possédés des malins esprits, en disant : Nous vous conjurons par Jésus que Paul prêche.
14 Ceux qui faisaient cela, étaient sept, et fils de Scéva, Juif, l’un des principaux sacrificateurs.
15 Mais le malin esprit leur répondit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?
16 Et l’homme qui était possédé de cet esprit malin, se jeta sur eux, et s’en étant rendu maître, il les maltraita si fort qu’ils s’enfuirent de la maison tout nus et blessés.
17 Ce qui ayant été connu de tous les Juifs et de tous les Grecs qui demeuraient à Ephèse, ils furent tous saisis de crainte ; et le nom du Seigneur Jésus était glorifié.
18 Et plusieurs de ceux qui avaient cru, venaient confesser et déclarer ce qu’ils avaient fait.
19 Il y en eut aussi beaucoup de ceux qui avaient exercé des arts curieux, qui apportèrent leurs livres, et les brûlèrent devant tout le monde ; et quand on en eut supputé le prix, on trouva qu’il montait à cinquante mille deniers d’argent.
20 Ainsi la parole du Seigneur se répandait, et devenait de plus en plus efficace.
LES DANGERS DE L'IDOLATRIE
21 Après cela, Paul se proposa, par un mouvement de l’Esprit, de passer par la Macédoine et par l’Achaïe, et d’aller à Jérusalem, disant : Lorsque j’aurai été là, il faut aussi que je voie Rome.
22 Et ayant envoyé en Macédoine deux de ceux qui le servaient dans le ministère, savoir, Timothée et Eraste, il demeura encore quelque temps en Asie.
23 Mais il arriva en ce temps-là un grand trouble à l’occasion de la doctrine du Seigneur.
24 Car un orfèvre, nommé Démétrius, qui faisait de petits temples d’argent de Diane, et qui donnait beaucoup à gagner aux ouvriers de ce métier,
25 Les assembla avec d’autres qui travaillaient à ces sortes d’ouvrages, et leur dit : O hommes, vous savez que tout notre gain vient de cet ouvrage ;
26 et, cependant, vous voyez et vous entendez dire, que non-seulement à Ephèse, mais presque par toute l’Asie, ce Paul, par ses persuasions, a détourné du culte des dieux un grand nombre de personnes, en disant que les dieux qui sont faits par les mains des hommes, ne sont pas des dieux.
27 Il n’y a pas seulement du danger pour nous que notre métier ne soit décrié, mais il est même à craindre que le temple de la grande Diane ne tombe dans le mépris, et que sa majesté, que toute l’Asie et tout le monde révère, ne s’anéantisse aussi.
28 Ayant entendu cela, ils furent tous transportés de colère, et ils s’écrièrent : Grande est la Diane des Ephésiens !
29 Et toute la ville fut remplie de confusion ; et ils coururent tous ensemble avec fureur au théâtre, et enlevèrent Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul.
30 Sur quoi Paul voulut se présenter devant le peuple ; mais les disciples ne le lui permirent pas.
31 Quelques-uns aussi des Asiarques, qui étaient ses amis, l’envoyèrent prier de ne point se présenter au théâtre.
32 Cependant, les uns criaient d’une manière, et les autres d’une autre ; car l’assemblée était tumultueuse, et plusieurs ne savaient même pas pourquoi ils s’étaient assemblés.
33 Alors Alexandre fut tiré de la foule par les Juifs qui le poussaient devant eux ; et Alexandre faisant signe de la main, voulait parler au peuple pour leur défense.
34 Mais, dès qu’ils eurent reconnu qu’il était Juif, ils s’écrièrent tout d’une voix, durant près de deux heures : Grande est la Diane des Ephésiens !
35 Alors le greffier, ayant apaisé le peuple, dit : Ô Ephésiens, et qui est l’homme qui ne sache que la ville des Ephésiens est dédiée au service de la grande déesse Diane, et à son image descendue de Jupiter ?
36 Cela étant donc incontestable, vous devez vous apaiser, et ne rien faire avec précipitation.
37 Car ces gens que vous avez amenés ici, ne sont ni sacrilèges, ni coupables de blasphème contre votre déesse.
38 Que si Démétrius et les ouvriers qui sont avec lui ont quelque plainte à faire contre quelqu’un, on tient la cour, et il y a des proconsuls ; qu’ils s’y fassent appeler les uns les autres.
39 Et si vous avez quelque autre affaire à proposer, on pourra la décider dans une assemblée légitime.
40 Car nous sommes en danger d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, ne pouvant alléguer aucune raison, pour justifier ce concours de peuple. Et quand il eut dit cela, il congédia l’assemblée.
REFLEXONS DU CHAPITRE
Ce chapitre nous met devant les yeux la continuation des merveilleux succès du ministère de St. Paul. Il baptisa à Éphèse certains disciples qui jusqu’alors n’avaient été instruits que dans la doctrine de Jean Baptiste et aussitôt qu’ils eurent été baptisés au nom de Jésus-Christ et que St. Paul leur eut imposé les mains, ils reçurent les dons miraculeux du Saint-Esprit. Il y convertit outre cela un grand peuple malgré les oppositions des Juifs, il y fit des miracles surprenants et plusieurs personnes qui avaient été adonnées à la magie renoncèrent à leur superstition et à leur impiété. C’est ainsi que cet Apôtre établissait partout le règne de Jésus-Christ et détruisait celui du diable.
LES MECHANTS ET LES HYPOCRITES NE PEUVENT PAS COPIER LES OEUVRES DU SAINT-ESPRIT
Ce qui arriva à ces exorcistes juifs qui, pensant chasser les démons au nom de Jésus, furent maltraités par ceux qui étaient possédés de ces esprits malins, tendait à montrer aux Juifs et à tout le monde qu’il n’y avait que les apôtres et ceux qui croyaient en Jésus-Christ qui pussent véritablement faire des miracles et commander aux démons.
La vertu divine de la religion de notre Seigneur ne se manifeste que par les gens de bien, mais il n’appartient pas aux méchants et aux hypocrites de prendre le nom du Seigneur dans leur bouche.
REPENTANCE PUBLIQUE DES HABITANTS D'EPHESE QUI S'ETAIENT ADDONNES AUX ARTS CURIEUX
Saint Luc rapporte que plusieurs habitants d’Éphèse, touchés par la prédication de Saint Paul, vinrent confesser leurs péchés et qu’ils y en eu qui étant adonnés à la magie et aux arts illicites aimèrent mieux brûler publiquement leurs livres qui traitaient de ces arts-là que de les vendre, quoiqu’ils en eussent pu tirer des sommes très considérables.
Cet exemple est remarquable, il nous apprend que les vrais pénitents ne font point de difficulté de confesser leurs fautes, de donner des marques publiques de leur repentance et de renoncer à tout ce qui a été pour eux ou qui pourrai être pour les autres une occasion de péché et de scandale, quelque précieux et quelque cher qu’il leur pût être et quelque profit qu’ils pussent en tirer.
QUAND LES HOMMES PRENNENT PRETEXE D'UN FAUX ZELE DE LA RELIGIONPOUR ENCOURAGER L'IDOLATRIE
Ce qu’il y a principalement à remarquer sur la sédition qui s’émut à Éphèse contre St. Paul, c’est qu’elle fut excitée par des ouvriers qui craignaient que si l’on cessait d’adorer les idoles, leur métier ne fut décrié et que leur gain ne diminuât et que ces gens-là pour animer le peuple se servirent d’un prétexte de religion et de zèle pour la déesse Diane. Rien n’a plus de force sur l’esprit des hommes que l’amour du gain, c’est ce qui allume le plus leur passion, ils ne peuvent souffrir la vérité lorsqu’elle est contraire à leurs intérêts et ils couvrent cet intérêt, lorsqu’ils le peuvent, d’un zèle apparent pour la religion. Au reste, ce tumulte qui s’était excité fut apaisé, quoi qu’avec peine, par le greffier de la ville et par ce moyen Saint Paul fut préservé du danger qui le menaçait. Cette histoire fait voir que les émeutes et les séditions sont très dangereuses, qu’ainsi l’on doit éviter tout ce qui pourrait les exciter et que les gens sages doivent les prévenir et les apaiser par tous les moyens possibles.