ARGUMENT
Cette épître fut écrite environ l’an 56 de Jésus-Christ. Saint Paul y donne plusieurs instructions tant sur les défauts et sur les désordres qu’il y avait dans l’église de Corinthe et particulièrement sur les divisions qui y régnaient que sur divers articles importants de la religion.
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L’Apôtre commence par des salutations, par des actions de grâce et par des vœux.
Ensuite il reprend les Corinthiens de ce qu’ils étaient divisés entre eux au sujet des ministres qui leur avaient annoncé l’Évangile et de ce qu’ils s’attachaient les uns à Saint Pierre, les autres à Apollos ou à lui-même et il leur fait voir qu’ayant été baptisé au nom de Jésus-Christ et non pas en celui d’aucun des Apôtres, ils ne devaient s’attacher qu’à Jésus-Christ seul.
Et parce que plusieurs s’efforçaient de rendre St. Paul méprisable, cet Apôtre dit que sa prédication n’avait point été accompagnée de la sagesse et de l’éloquence mondaine, mais qu’il avait prêché d’une manière fort simple et conforme à la nature de l’Évangile, qui est la doctrine de la croix, Dieu ayant trouvé à propos dans son infinie sagesse de sauver les hommes par un moyen faible en apparence et qui paraît une folie aux mondains et aux incrédules, savoir par Jésus-Christ crucifié, et d’appeler au salut les personnes qui étaient les moins considérables dans le monde.
1 Paul, appelé par la volonté de Dieu à être apôtre de Jésus-Christ, et Sosthène notre frère :
2 A l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés par Jésus-Christ, qui sont appelés saints, avec tous ceux qui invoquent, en quelque lieu que ce soit, le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est leur Seigneur et le nôtre :
3 Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu, notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !
4 Je rends grâces continuellement à mon Dieu pour vous, à cause de la grâce de Dieu qui vous a été donnée par Jésus-Christ,
5 de ce que vous avez été enrichis par lui en toutes choses, dans la parole et dans la connaissance ;
6 le témoignage de Jésus-Christ ayant été ainsi confirmé parmi vous ;
7 de sorte qu’il ne vous manque aucun don ; en attendant la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ.
8 Dieu vous affermira aussi jusqu’à la fin, pour être irrépréhensibles au jour de notre Seigneur Jésus-Christ.
9 Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ, notre Sauveur, est fidèle.
10 Or, je vous prie, mes frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de tenir tous, le même langage, et qu’il n’y ait point de divisions parmi vous, mais que vous soyez bien unis dans une même pensée, et dans un même sentiment.
11 Car, mes frères, j’ai été informé par ceux de la maison de Chloé, qu’il y a des contestations entre vous.
12 Voici ce que je veux dire ; c’est que parmi vous, l’un dit : Pour moi, je suis disciple de Paul ; l’autre : Et moi, je le suis d’Apollos ; un autre : Et moi, je le suis de Céphas ; et un autre : Et moi, je le suis de Christ.
13 Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou avez-vous été baptisés au nom de Paul ?
14 Je rends grâces à Dieu de ce que je n’ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaïus ;
15 afin que personne ne dise que j’ai baptisé en mon nom.
16 J’ai bien baptisé aussi la famille de Stéphanas ; du reste, je ne sais si j’ai baptisé quelque autre personne.
17 Car ce n’est pas pour baptiser que Jésus-Christ m’a envoyé, mais c’est pour annoncer l’évangile, non avec des discours de la sagesse humaine, de peur que la croix de Christ ne soit rendue inutile.
18 Car la prédication de la croix est une folie à ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance de Dieu.
19 Car il est écrit : J’abolirai la sagesse des sages, et j’anéantirai la science des intelligents.
20 Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le docteur profond de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas fait voir que la sagesse de ce monde n’était qu’une folie ?
21 Car, puisque par cette sagesse le monde n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver par la folie que nous prêchons, ceux qui croiraient.
22 Les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse.
23 Mais pour nous, nous prêchons Christ crucifié, qui est un scandale aux Juifs, et une folie aux Grecs ;
24 mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ;
25 car la folie de Dieu est plus sage que les hommes ; et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.
26 Considérez, mes frères, qui vous êtes, vous que Dieu a appelés ; il n’y a pas parmi vous beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
27 Mais Dieu a choisi les choses folles du monde, pour confondre les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde, pour confondre les fortes ;
28 et Dieu a choisi les choses vils du monde, et les plus méprisées, même celles qui ne sont point, pour anéantir celles qui sont ;
29 afin que personne ne se glorifie devant lui.
30 Or, c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, qui nous a été fait de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ;
31 Afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
REFLEXIONS
Ce que St. Paul dit à l’entrée de cette épître et les vœux qu’il fait pour les Corinthiens nous enseignent que la perfection des chrétiens consiste à être enrichis de toutes sortes de dons spirituels, tellement qu’ils soient trouvés irrépréhensibles à la venue de Jésus-Christ. C’est à quoi ils doivent tous travailler et ce qu’ils doivent aussi se souhaiter les uns aux autres.
II. Les censures que Saint Paul adresse aux Corinthiens sur les partis qui régnaient parmi eux nous montrent qu’il n’y a rien qui nuise plus à l’église que les divisions et les schismes, surtout ceux qui se forment pour des sujets qui concernent la religion, que les chrétiens ne doivent jamais se dire les disciples et les sectateurs d’aucun homme ou docteur quel qu’il soit et que les ministres de l’Évangile, bien loin de donner lieu à ces divisions et de les entretenir, doivent, à l’exemple de Saint Paul, les empêcher de tout leur pouvoir et être toujours animés d’un esprit de paix et d’humilité, cherchant uniquement la gloire de leur maître et l’édification de l’église qui ne s’avance que par l’union et la concorde.
III. Il paraît de ce chapitre que le but de la prédication des ministres de l’Évangile étant d’annoncer Jésus-Christ crucifié, ils doivent prêcher et enseigner avec une grande simplicité sans rechercher la sagesse et l’éloquence du siècle qui ne sont que folie devant Dieu.
IV. On voit ici que ceux que Dieu avait appelés en ce temps-là à la profession de l’Évangile n’avaient rien qui les distinguât dans le monde et que ce fût cependant par leur moyen que Dieu établît son règne d’une manière glorieuse. Cela doit nous apprendre à ne pas estimer les richesses, la noblesse, la puissance et ces autres avantages temporels qui ne donnent aucun droit à la grâce de Dieu et qui sont souvent un obstacle à la foi.
Enfin, puisque la doctrine de l’Évangile et en particulier la croix de Jésus-Christ est le moyen que Dieu a choisi par un effet de sa sagesse et de sa bonté pour sauver les hommes, nous devons nous attacher uniquement à Jésus-Christ qui nous a été donné de Dieu pour nous communiquer la sagesse, la justice et la sainteté et pour nous conduire au salut et à la vie éternelle.
Ce chapitre a trois parties. Saint Paul dit : I. Qu’il avait prêché l’Évangile à Corinthe avec beaucoup de simplicité. II. Que cependant, quoi que sa doctrine fût simple, elle ne laissait pas d’être sublime et d’une origine céleste et divine. III. Il conclut de là que cette doctrine, étant spirituelle et céleste, elle devait être annoncée d’une manière simple et que s’il y avait des gens qui la rejetaient, cela venait de ce que c’était des hommes charnels et attachés aux choses de la terre.
1 Pour moi, mes frères, quand je suis venu parmi vous, je n’y suis point venu pour vous annoncer le témoignage de Dieu avec des discours éloquents, ou avec une sagesse humaine.
2 Car je n’ai pas jugé que je dusse savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.
3 J’ai été moi-même parmi vous dans la faiblesse, dans la crainte, et dans un grand tremblement.
4 Et ma parole et ma prédication n’a point consisté dans des discours pathétiques de la sagesse humaine ; mais dans une démonstration d’esprit et de puissance ;
5 afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.
6 Or, nous prêchons la sagesse entre les parfaits, une sagesse, dis-je, non de ce monde, ni des princes de ce monde, qui vont être anéantis ;
7 mais nous prêchons la sagesse de Dieu, qui était un mystère, c’est-à-dire une chose cachée, que Dieu avait destinée avant les siècles, pour notre gloire,
8 et qu’aucun des princes de ce monde n’a connue ; car s’ils l’eussent connue, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire.
9 Mais, comme il est écrit : Ce sont des choses que l’œil n’avait point vues, que l’oreille n’avait point entendues, et qui n’étaient point venues dans l’esprit de l’homme, et que Dieu avait préparées à ceux qui l’aiment.
10 Mais Dieu nous les a révélées par son Esprit ; car l’Esprit sonde toutes choses, même ce qu’il y a de plus profond en Dieu.
11 Car, qui est-ce qui connaît ce qui est en l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme, qui est en lui ? De même aussi, personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu.
12 Or, nous n’avons pas reçu l’esprit de ce monde ; mais nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu ;
13 lesquelles aussi nous annonçons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne le Saint-Esprit, accommodant les choses spirituelles à ceux qui sont spirituels.
14 Or, l’homme animal ne comprend point les choses qui sont de l’Esprit de Dieu ; car elles lui paraissent une folie ; et il ne les peut entendre, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.
15 Mais l’homme spirituel juge de toutes choses, et personne ne peut juger de lui.
16 Car qui a connu la pensée du Seigneur, pour le pouvoir instruire ? Mais nous avons connu la pensée de Christ.
REFLEXIONS
Les ministres de Jésus-Christ et tous les chrétiens doivent apprendre de ce chapitre :
I. Que la vaine éloquence et la fausse sagesse des gens du monde ne doivent point être mêlées avec la prédication de l’Évangile.
II. Que la doctrine de l’Évangile, quoique fort simple, est la plus sublime et la plus parfaite qui ait jamais été annoncée, qu’elle est infiniment élevée au-dessus de tout ce que les hommes les plus éclairés auraient jamais pu découvrir puisqu’elle enseigne des choses qu’aucun œil n’avait jamais vues, qu’aucune oreille n’avait jamais ouïes et qui n’étaient jamais venues dans l’esprit d’aucun homme, mais qui nous ont été révélées par l’esprit de Dieu. Il suit de là que la révélation divine était absolument nécessaire pour le salut et que ce n’est que par elle que nous pouvons y parvenir et qu’ainsi nous devons estimer la doctrine de l’Évangile par-dessus toute chose. L’Apôtre veut aussi faire voir par-là que ceux qui annoncent cette doctrine ne doivent jamais se départir de la simplicité chrétienne et que l’Évangile n’a pas besoin de l’éloquence du siècle pour se soutenir.
III. St. Paul nous donne une instruction très importante lorsqu’il dit que l’homme animal ne reçoit point les choses qui sont de l’esprit de Dieu et qu’elles lui paraissent même une folie.
Cela nous apprend que s’il y a des gens qui ne comprennent et ne goûtent point la doctrine de Jésus-Christ, cela vient de ce que ce sont des hommes charnels, remplis de préjugés et attachés à la terre. Cette doctrine étant toute spirituelle, elle ne peut être reçue que par des hommes spirituels et pour en sentir l’efficace, il faut être dégagé de l’amour du monde et se laisser conduire par l’esprit de Dieu.
Saint Paul fait quatre choses dans ce chapitre : I. Il dit qu’il n’avait enseigné aux Corinthiens que les premiers fondements du christianisme à cause de l’état de faiblesse où ils étaient et il leur reproche d’être encore dans cet état-là vu les divisions qu’il y avait parmi eux à l’occasion des ministres qui leur avaient prêché l’Évangile. II. Pour faire cesser ces divisions, il dit que les ministres ne sont que des instruments en la main de Dieu pour le salut des hommes et que tout le fruit de leur ministère vient de Dieu seul. III. Il ajoute dans le même but qu’il avait posé le fondement comme un sage architecte, c’est-à-dire qu’il avait le premier annoncé l’Évangile aux Corinthiens et que ceux qui l’annonçaient après lui devaient prendre garde à ne prêcher que des doctrines véritables et utiles, qu’il appelle de l’or, de l’argent et des pierres précieuses et non des doctrines incertaines et inutiles, lesquelles il compare à du bois, à du foin ou à du chaume et il dit que ceux qui annonçaient ces doctrines inutiles perdraient le fruit de leur travail, que cependant s’ils avaient conservé le fondement de la doctrine chrétienne, ils seraient sauvés par une grâce particulière comme en passant par le feu. Enfin, Saint Paul déclare que l’église, étant le temple de Dieu et sa maison, Dieu détruira ceux qui empêchent l’édification de l’église en enseignant des doctrines dangereuses, en y excitant des divisions ou en quelque autre manière et que les Corinthiens ne devaient mettre leur gloire qu’en Dieu seul et non dans ceux qui leur annonçaient l’Évangile puisque les apôtres et les autres ministres n’étaient établis que pour leur utilité et pour la gloire de Dieu.
1 Pour moi, mes frères, je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais je vous ai parlé comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ.
2 Je vous ai donné du lait à boire, et je ne vous ai point donné de la viande, car vous n’étiez pas en état de la supporter ; et même présentement, vous ne le pouvez pas encore, parce que vous êtes encore charnels.
3 Car, puisqu’il y a parmi vous de l’envie, des dissensions et des partis, n’êtes-vous pas charnels, et ne vous conduisez-vous pas à la manière des hommes ?
4 Car quand l’un dit : Pour moi, je suis disciple de Paul ; et l’autre : Pour moi, je le suis d’Apollos ; n’êtes-vous pas charnels ?
5 Qu’est donc Paul, et qu’est Apollos, sinon des ministres par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun d’eux ?
6 J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a donné l’accroissement.
7 C’est pourquoi celui qui plante n’est rien, ni celui qui arrose ; mais c’est Dieu Seul est tout, lui qui donne l’accroissement.
8 Mais celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail.
9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu ; vous êtes le champ que Dieu cultive, l’édifice de Dieu.
10 J’ai posé le fondement, comme fait un sage architecte, selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, et un autre bâtit dessus ; mais que chacun prenne garde comme il bâtit dessus.
11 Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été posé, qui est Jésus-Christ.
12 Que si quelqu’un bâtit sur ce fondement, de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, ou du bois, du foin, du chaume ;
13 l’ouvrage de chacun sera manifesté, car le jour le fera connaître, parce qu’il sera découvert par le feu, et le feu éprouvera l’ouvrage de chacun.
14 Si l’ouvrage de quelqu’un, qui aura bâti sur le fondement, subsiste, il en recevra la récompense.
15 Si l’ouvrage de quelqu’un brûle, il perdra le fruit de son travail ; mais pour lui, il échappera, toutefois comme au travers du feu.
16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?
17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint ; et vous êtes ce temple.
18 Que personne ne s’abuse soi-même. Si quelqu’un d’entre vous pense être sage en ce monde, qu’il devienne fou, pour devenir sage ;
19 car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu ; aussi est-il écrit : C’est lui qui surprend les sages dans leurs finesses.
20 Et ailleurs : Le Seigneur connaît que les pensées des sages ne sont que vanité.
21 Que personne donc ne mette sa gloire dans les hommes, car toutes choses sont à vous ;
22 soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir ; toutes choses sont à vous, et vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu.
REFLEXIONS
Les quatre parties de ce chapitre nous donnent ces quatre instructions :
I. Que les ministres de Jésus-Christ doivent proposer la doctrine chrétienne avec prudence et accommoder leurs instructions à la portée de ceux qu’ils enseignent.
II. Ce que Saint Paul dit : qu’il avait planté, qu’Apollos avait arrosé, mais que Dieu avait donné l’accroissement marque d’un côté que le ministère des pasteurs est très nécessaire et que c’est un moyen que Dieu a trouvé à propos d’employer pour l’édification de l’église et de l’autre que l’efficace de leur prédication doit être attribuée à Dieu seul.
III. La troisième instruction est qu’il est d’une grande importance que l’on retienne dans l’église le fondement d’une bonne et sainte doctrine et qu’outre cela on n’y annonce que des doctrines utiles et édifiantes et qu’ainsi les ministres doivent bien prendre garde qu’il ne leur arrive jamais de mêler avec les vérités essentielles de la religion des choses vaines, incertaines ou peu utiles, de peur de perdre en cela le fruit de leur travail et de retarder l’édification. Ce que Saint Paul représentait aux Corinthiens en leur disant : qu’ils étaient le temple de Dieu et que si quelqu’un détruisait ce temple, Dieu le détruirait doit faire reconnaître à tous les chrétiens et surtout à ceux qui ont charge dans l’église avec combien de soin ils doivent en procurer l’édification et éviter tout ce qui pourrait y causer du scandale et du trouble.
IV. Enfin, l’Apôtre nous montre qu’au lieu de prendre occasion du ministère de l’Évangile de se diviser, les fidèles doivent rapporter cette sainte charge, de même que les autres avantages spirituels dont ils jouissent et généralement toutes choses à la gloire de Dieu et à leur salut et que c’est là le grand but qu’ils doivent toujours se proposer.
Le dessein de Saint Paul est de remédier aux dissensions qu’il y avait dans l’église de Corinthe à l’occasion des ministres qui y avaient prêché l’Évangile de Jésus-Christ. Dans cette vue, il fait trois choses : I. Il dit que les Corinthiens devaient avoir des sentiments de respect pour les ministres du Seigneur, mais que ce n’étaient point à eux de préférer certains ministres à d’autres, que quoiqu’il exerçât sa charge en bonne conscience, il ne s’estimait pas plus que ses collègues, que tout ce que les ministres ont de dons vient de Dieu et que c’est à Dieu seul et non à aucun homme de juger de leur fidélité. II. Et comme les persécutions auxquelles l’apôtre était exposé, encore plus que les autres ministres de l’Évangile, donnaient occasion à plusieurs de le mépriser, il parle des maux qu’il endurait et il témoigne qu’il les souffrait avec patience et même qu’il en faisait gloire. Par où il veut engager les Corinthiens à avoir pour lui les sentiments qu’ils devaient et à l’imiter dans sa patience, dans sa douceur et dans son humilité. III. Il les avertit qu’il irait bientôt les voir et il les menace de se servir de la puissance que Dieu lui avait donnée pour faire cesser les désordres qu’il y avait dans leur église et pour châtier ceux qui en étaient les auteurs.
1 Que chacun donc nous regarde comme des serviteurs de Jésus-Christ et des dispensateurs des mystères de Dieu.
2 Mais au reste, ce qu’on demande dans les dispensateurs, c’est que chacun d’eux soit trouvé fidèle.
3 Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ou par aucun jugement d’homme ; et je ne me juge point aussi moi-même.
4 Car je ne me sens coupable de rien ; mais pour cela, je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge, c’est le Seigneur.
5 C’est pourquoi ne jugez point avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui mettra en évidence les choses cachées dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs ; et alors Dieu donnera à chacun sa louange.
6 Or, mes frères, j’ai tourné ce que je viens de vous dire, sur moi et sur Apollos, à cause de vous, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas penser autrement que ce que je viens de vous écrire ; de peur que vous ne vous enfliez l’un contre l’autre.
7 Car de qui vient la différence entre toi et un autre ? Et qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifies-tu, comme si tu ne l’avais point reçu ?
8 Vous êtes déjà rassasiés, vous êtes déjà enrichis, vous êtes devenus rois sans nous ; et plût à Dieu que vous régnassiez, afin que nous régnassions aussi avec vous !
9 Car je pense que Dieu nous a exposés, nous qui sommes les derniers des apôtres, comme des gens dévoués à la mort, nous faisant servir de spectacle au monde, aux anges et aux hommes.
10 Nous sommes fous à cause de Christ, mais vous êtes sages en Christ ; nous sommes faibles, et vous êtes forts ; vous êtes dans l’honneur, et nous sommes dans le mépris.
11 Jusqu’à présent nous souffrons la faim et la soif, et nous sommes nus ; on nous frappe au visage, et nous sommes errants de tous côtés ;
12 nous nous fatiguons en travaillant de nos propres mains ; on dit du mal de nous, et nous bénissons ; nous sommes persécutés, et nous le souffrons ;
13 on nous dit des injures, et nous prions ; nous sommes jusqu’à présent comme les balayures du monde, et comme le rebut de toute la terre.
14 Je n’écris point ces choses pour vous faire honte ; mais je vous avertis comme mes chers enfants.
15 Car, quand vous auriez dix mille maîtres en Jésus-Christ, néanmoins, vous n’avez pas plusieurs pères ; car c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ, par l’évangile.
16 Je vous prie donc d’être mes imitateurs.
17 C’est pour cela que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon fils bien-aimé, et fidèle en notre Seigneur ; il vous fera ressouvenir de mes voies en Christ, et de quelle manière j’enseigne partout dans toutes les églises.
18 Or, quelques-uns se sont enflés, comme si je ne devais plus vous aller voir.
19 Mais j’irai bientôt vous voir, si le Seigneur le veut, et je connaîtrai, non quelle est la parole, mais quelle est la vertu de ceux qui sont enflés.
20 Car le règne de Dieu consiste, non en paroles, mais en vertu.
21 Lequel aimez-vous mieux, que j’aille à vous avec la verge, ou avec charité, et dans un esprit de douceur ?
REFLEXIONS
I. On voit ici en premier lieu quels sentiments il faut avoir des vrais ministres de Jésus-Christ. On doit les estimer et les avoir en révérence sans pourtant leur attribuer ce qui n’appartient qu’à Dieu et sans s’attacher aux uns pour mépriser les autres.
II. La manière dont Saint Paul parle des jugements différents qu’on pouvait faire de lui nous apprend qu’à la vérité il ne doit pas nous être indifférent qu’on juge bien ou mal de nous, mais que cependant nous ne devons pas nous arrêter au jugement des hommes, que c’est à Dieu seul à juger de notre fidélité et que ce sera lui qui mettra en évidence les choses cachées et les pensées des cœurs et qui rendra à chacun la louange qui lui est due.
III. L’Apôtre nous enseigne que tout ce que nous avons de dons et d’avantages vient de Dieu, que nous n’en possédons aucun que nous n’ayons reçu de lui et qu’ainsi au lieu de nous en glorifier, la gloire est due à Dieu seul.
IV. On voit dans la description que Saint Paul fait de ses souffrances que les vrais chrétiens et principalement les fidèles serviteurs de Dieu peuvent être exposés à toutes sortes de misères et d’opprobres. Mais l’exemple de cet Apôtre montre que ceux qui sont ainsi affligés, bien loin de se croire malheureux dans cet état et de se laisser aller à l’impatience et à des désirs de vengeance, doivent souffrir tous ces maux avec résignation et même avec joie pour l’édification de l’église, prier pour ceux qui leur font du mal et se mettre du reste peu en peine de la haine et du mépris du monde, pourvu qu’ils aient l’approbation de Dieu et de leur conscience.
Les derniers versets de ce chapitre font voir que Saint Paul aimait tendrement les Corinthiens, que ce n’était qu’à regret qu’il les menaçait de les châtier et qu’il n’avait en vue que leur édification. C’est aussi là l’esprit dont tous les vrais ministres du Seigneur sont animés.
Saint Paul censure les Corinthiens de ce qu’ils souffraient parmi eux un homme coupable d’inceste et il le livre à satan, c’est-à-dire à être affligé en son corps par satan, ce qui était une punition extraordinaire que les apôtres avaient le pouvoir d’infliger. Il leur représente par la similitude du levain qu’il est très dangereux de souffrir dans l’église ceux qui vivent d’une manière scandaleuse puisqu’ils infectent et qu’ils corrompent les autres. Enfin, il ordonne aux Corinthiens de retrancher du milieu d’eux par l’excommunication les impurs et tous ceux qui vivaient dans le dérèglement et de ne pas les regarder comme frères et comme membre de l’église.
1 On entend dire de toutes parts qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et une telle impudicité, que même parmi les Gentils on n’entend parler de rien de semblable ; c’est que quelqu’un d’entre vous entretient la femme de son père.
2 Et vous êtes enflés d’orgueil, et vous n’avez pas, au contraire, été dans l’affliction, afin que celui qui a commis cette action, fût retranché du milieu de vous ?
3 Pour moi, étant absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, de livrer celui qui a commis une telle action ;
4 (vous et mon esprit étant assemblés au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, avec la puissance de notre Seigneur Jésus-Christ),
5 de livrer, dis-je, un tel homme à Satan, pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus.
6 Vous n’avez pas sujet de vous glorifier. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ?
7 Otez donc le vieux levain, afin que vous deveniez une nouvelle pâte, comme vous devez être sans levain ; car Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous.
8 C’est pourquoi, célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la méchanceté ; mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.
9 Je vous ai écrit dans ma lettre de n’avoir aucune communication avec les impudiques ;
10 mais non pas absolument avec les impudiques de ce monde, ou avec les avares, ou avec les ravisseurs, ou avec les idolâtres ; autrement, il vous faudrait sortir du monde ;
11 mais quand je vous écris de ne vous point mêler avec eux, cela veut dire que, si quelqu’un qui se nomme frère, est impudique, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur, vous ne mangiez pas même avec un tel homme.
12 Car, qu’ai-je à faire de juger ceux qui sont dehors ? N’est-ce pas à vous de juger ceux qui sont dedans ?
13 Mais Dieu juge ceux qui sont dehors. Otez donc le méchant du milieu de vous.
REFLEXIONS
Ce chapitre contient une doctrine très importante. Nous y voyons quelle est la nécessité de la discipline de l’église et surtout de cette partie de la discipline qui consiste dans l’excommunication.
Saint Paul reprend les Corinthiens de ce qu’ils n’avaient pas ôté de leur église un incestueux qu’il y avait parmi eux. Il dit que quand des personnes, qui se disent chrétiens, tombent dans des péchés qui déshonorent la religion de Jésus-Christ, toute l’église doit être dans la tristesse, qu’elle ne doit point les souffrir dans son sein mais qu’elle doit les retrancher de sa communion. Il déclare de la manière la plus expresse que l’on ne doit point reconnaître pour frères et pour chrétiens les impurs, les injustes, les médisants, les ivrognes, ni les autres pécheurs scandaleux et qu’il n’est pas permis d’avoir un commerce familier avec ces gens-là. C’est la loi de Jésus-Christ. C’est ce que les Saints apôtres ont commandé de sa part et l’ordre qu’il a établi dans toutes les églises du monde pour l’honneur de la religion chrétienne, pour le salut des pécheurs eux-mêmes et pour empêcher que leur mauvais exemple ne corrompe les autres membres de l’église et c’est aussi ce que les premiers chrétiens ont religieusement observé.
Par là on peut reconnaître que l’église n’est point gouvernée aujourd’hui comme elle le devrait être. Cependant le devoir de tous les chrétiens est de s’éloigner autant qu’il leur est possible du commerce des méchants et de se distinguer d’eux par une vie saine et exemplaire et, pour ce qui est des pécheurs qu’on laisse vivre dans la communion extérieure de l’église quoiqu’ils dussent en être ôtés, il faut se souvenir que Jésus-Christ ne les reconnait point pour ses membres et qu’ils n’éviteront pas la punition que mérite leur hypocrisie et leur impiété.
L’Apôtre reprend les Corinthiens de ce qu’ils avaient recours aux juges et aux magistrats païens pour terminer leurs procès. II. Il dit à cette occasion que ceux qui faisaient tort au prochain par l’injustice n’entreront pas dans le Ciel, non plus que les impurs et les autres pécheurs qu’il nomme. III. Il exhorte les Corinthiens à avoir égard à l’édification du prochain dans l’usage des choses indifférentes et permises, mais surtout à fuir l’impureté, montrant par diverses considérations qu’elle n’est pas du nombre des choses indifférentes, mais qu’elle est mauvaise par elle-même et tout-à-fait incompatible avec la profession de la religion chrétienne.
1 Quand quelqu’un d’entre vous a un différend avec un autre, ose-t-il l’appeler en jugement devant les infidèles plutôt que devant les saints ?
2 Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? et si vous jugez le monde, êtes-vous indignes de juger des moindres choses ?
3 Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Combien plus pouvons-nous juger des choses de cette vie.
4 Si donc vous avez des différends pour les choses de cette vie, prenez plutôt pour juges ceux qui sont les moins considérés dans l’Eglise.
5 Je le dis pour vous faire honte : N’y a-t-il donc point de sages parmi vous, non pas même un seul, qui puisse juger entre ses frères ?
6 Mais un frère a des procès contre son frère, et cela devant les infidèles.
7 C’est déjà un défaut parmi vous d’avoir des procès les uns contre les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu’on vous fasse tort ? Pourquoi n’endurez-vous pas plutôt quelque perte ?
8 Mais c’est vous-mêmes qui faites tort et qui causez du dommage aux autres, et à vos frères mêmes !
9 Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ?
10 Ne vous abusez point : ni les impurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables, ni les larrons, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs, n’hériteront point le royaume de Dieu.
11 Cependant vous étiez tels, quelques-uns de vous ; mais vous en avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu.
12 Il m’est permis d’user de toutes choses, mais il n’est pas toujours bon de le faire ; il m’est permis d’user de toutes choses, mais je ne me rendrai esclave de rien.
13 Les viandes sont pour le ventre, et le ventre pour les viandes ; mais Dieu détruira l’un et l’autre. Mais le corps n’est point pour l’impudicité ; il est pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps.
14 Car Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
15 Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Jésus-Christ ? Oterai-je donc les membres de Jésus-Christ pour en faire les membres d’une prostituée ? Dieu m’en garde !
16 Ne savez-vous pas que celui qui s’unit à une prostituée devient un même corps avec elle ? Car il est dit : Les deux seront une seule chair.
17 Mais celui qui est uni au Seigneur devient un même esprit avec lui.
18 Fuyez la fornication. Quelque péché que l’homme commette, il est hors du corps ; mais celui qui commet la fornication pèche contre son propre corps.
19 Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui est en vous, et qui vous a été donné de Dieu, et que vous n’êtes point à vous-mêmes ?
20 Car vous avez été achetés à un grand prix ; glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit, qui appartiennent à Dieu.
REFLEXIONS
Les réflexions qu’il faut faire sur ce chapitre sont ces quatre :
I. Que les chrétiens étant frères doivent éviter les procès autant qu’il leur est possible et tâcher de terminer leurs difficultés à l’amiable et que s’ils ont recours aux juges, il faut que ce soit toujours dans un esprit de justice et d’équité, avec modération et douceur et sans donner aucun scandale.
II. Que ceux qui font tort à autrui, soit par des procès injustes, soit en quelque autre manière, non plus que les impurs, les larrons et les autres pécheurs ne posséderont point le royaume de Dieu. Sur quoi il faut remarquer que quelques-uns des Corinthiens avaient vécu dans ces crimes-là du temps qu’ils étaient païens, mais qu’ils y avaient renoncé et que Dieu les en avait retirés en les appelant à la religion chrétienne et en les nettoyant de leurs péchés par le sang de Jésus-Christ et par la grâce du Saint-Esprit. Ce qui nous apprend que cette sainte religion ne laisse pas les hommes dans leurs souillures, mais qu’elle tend à les purifier et à les sanctifier et qu’elle leur fournit les moyens et les forces nécessaires pour cela.
III. La troisième instruction concerne l’impureté. Saint Paul montre dans ce chapitre que ce péché sépare de la communion de Jésus-Christ ceux qui le commettent et fait qu’ils ne sont plus ses membres, que les impurs sont un grand outrage à notre Sauveur, qu’ils déshonorent leur propre corps qui devrait être le temple du Saint-Esprit et qu’ils se privent de cet Esprit saint.
IV. Enfin, il déclare que, puisque nous avons été rachetés par le précieux sang de Jésus-Christ, nos corps appartiennent à Dieu aussi bien que nos âmes et qu’ainsi nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais que nous devons glorifier Dieu et par nos corps et par nos esprits.
Toutes ces considérations sont extrêmement fortes et, puisque Saint Paul allègue tant de raisons pour détourner les chrétiens de l’impureté, on voit par-là que ce péché est très grand, que nous devons l’avoir en horreur et nous étudier à tous égards à une vie pure et sainte.
St. Paul répond dans ce chapitre à quelques questions que les Corinthiens lui avaient proposées touchant le mariage : I. Il en marque l’institution et les devoirs. II. Il dit qu’il y a de l’avantage à ne point se marier, mais que cependant les chrétiens ont la liberté de le faire. III. Il exhorte les personnes mariées à ne se pas séparer et il montre quel était à cet égard le devoir des hommes et des femmes qui étaient mariée à des païens. IV. Il ordonne à tous les chrétiens de demeurer chacun dans leur vocation et dans l’état où la providence les avait mis et d’y vivre selon la volonté de Dieu. Enfin, il parle des vierges et de ceux qui vivaient dans le célibat aussi bien que des veuves et il dit que l’état de ces personnes-là était plus heureux, principalement dans ces temps-là qui étaient des temps de persécution, mais que cependant ils avaient la liberté de se marier.
1 Pour ce qui est des choses dont vous m’avez écrit, il est bon à l’homme de ne toucher point de femme.
2 Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.
3 Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit ; et que la femme en use de même envers son mari.
4 La femme n’est point maîtresse de son propre corps, mais c’est le mari ; de même aussi, le mari n’est point maître de son propre corps, mais c’est la femme.
5 Ne vous privez point l’un l’autre de ce que vous vous devez, si ce n’est d’un consentement mutuel, et pour un temps, afin de vaquer au jeûne et à l’oraison ; mais après cela, retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence.
6 Or, je dis ceci par conseil, et non pas par commandement ;
7 car je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun a reçu de Dieu son don particulier, l’un d’une manière et l’autre d’une autre.
8 Je dis donc à ceux qui ne sont point mariés, et aux veuves, qu’il leur est avantageux de demeurer comme moi.
9 Mais s’ils ne peuvent pas garder la continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.
10 Quant à ceux qui sont mariés, ce que je leur ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, c’est que la femme ne soit point séparée de son mari ;
11 et si elle en est séparée, qu’elle demeure sans se marier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari, et que le mari de même ne quitte point sa femme.
12 Mais pour ce qui est des autres, ce n’est pas le Seigneur, mais c’est moi qui leur dis : Si quelque frère a une femme qui ne soit pas du nombre des fidèles, et qu’elle consente à demeurer avec lui, qu’il ne la quitte point.
13 Et si quelque femme a un mari qui ne soit pas du nombre des fidèles, et qu’il consente à demeurer avec elle, qu’elle ne le quitte point ;
14 car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle ; et la femme infidèle est sanctifiée par le mari fidèle ; autrement, vos enfants seraient impurs, au lieu qu’ils sont saints.
15 Que si l’infidèle se sépare, qu’il se sépare ; car le frère et la sœur ne sont plus assujettis en ce cas ; mais Dieu nous a appelés à la paix ;
16 car, que sais-tu, femme, si tu ne sauveras point ton mari ? Ou que sais-tu, mari, si tu ne sauveras point ta femme ?
17 Mais que chacun suive l’état que Dieu lui a donné en partage, et dans lequel le Seigneur l’a appelé. C’est là ce que j’ordonne dans toutes les Eglises.
18 Quelqu’un a-t-il été appelé à la foi étant circoncis ? qu’il demeure circoncis. Quelqu’un a-t-il été appelé étant incirconcis ? qu’il ne se fasse pas circoncire.
19 Être circoncis n’est rien ; être incirconcis n’est rien non plus ; mais l’observation des commandements de Dieu est tout.
20 Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il a été appelé.
21 As-tu été appelé étant esclave ? ne t’en fais point de peine ; mais aussi si tu peux être mis en liberté, profites-en.
22 Car l’esclave qui est appelé par le Seigneur est l’affranchi du Seigneur ; de même aussi, celui qui est appelé étant libre, est l’esclave de Christ.
23 Vous avez été achetés par prix ; ne devenez point esclaves des hommes.
24 Mes frères, que chacun demeure devant Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé.
25 Pour ce qui est des vierges, je n’ai point reçu de commandement du Seigneur ; mais je vous donne un conseil, comme ayant eu part à la miséricorde du Seigneur, pour lui être fidèle.
26 J’estime donc qu’il est avantageux à chacun, à cause des afflictions présentes, de demeurer comme il est.
27 Es-tu lié avec une femme ? ne cherche point à t’en séparer. N’es-tu pas lié avec une femme ? ne cherche point de femme.
28 Si pourtant tu te maries, tu ne pèches point ; et si une vierge se marie, elle ne pèche point ; mais ces personnes auront des afflictions dans la chair ; or, je voudrais vous les épargner.
29 Mais voici ce que je dis, mes frères, c’est que le temps est court désormais. Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient point ;
30 Ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient point ; ceux qui sont dans la joie, comme s’ils n’étaient point dans la joie ; ceux qui achètent comme s’ils ne possédaient rien ;
31 et ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient point ; car la figure de ce monde passe.
32 Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n’est pas marié s’occupe des choses qui regardent le Seigneur, cherchant à plaire au Seigneur ;
33 Mais celui qui est marié s’occupe des choses du monde, cherchant à plaire à sa femme.
34 Il y a cette différence entre la femme mariée et la vierge, que celle qui n’est pas mariée, s’occupe des choses qui regardent le Seigneur, pour être sainte de corps et d’esprit ; mais celle qui est mariée s’occupe des choses du monde, pour plaire à son mari.
35 Je vous dis ceci pour votre bien, et non pour vous tendre un piège, mais pour vous porter à ce qui est honnête et propre à vous attacher au service du Seigneur sans distraction.
36 Mais si quelqu’un croit qu’il ne soit pas honorable que sa fille passe la fleur de son âge sans être mariée, et qu’il faille qu’elle le soit, il peut faire ce qu’il voudra, il ne pèche point ; que les filles, dans ce cas, se marient.
37 Mais celui qui, n’étant contraint par aucune nécessité, et étant entièrement maître de faire ce qu’il voudra, a pris une ferme résolution en lui-même de garder sa fille, fait bien.
38 C’est pourquoi celui qui marie sa fille fait bien, mais celui qui ne la marie pas fait mieux.
39 La femme est liée avec son mari par la loi tout le temps qu’il est en vie ; mais si son mari meurt, elle est libre de se remarier à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur.
40 Toutefois, elle sera plus heureuse, selon mon sentiment, si elle demeure comme elle est. Or, je crois que j’ai aussi l’esprit de Dieu.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous enseigne :
I. Que le mariage est un état saint et honorable, mais que le devoir des chrétiens est d’y vivre dans l’union et dans la concorde, dans la pureté et dans la chasteté aussi bien que dans la piété en vaquant au jeûne et à la prière.
II. Que quoi que l’état de ceux qui ne se marient pas soit plus heureux, chacun à la liberté de le faire, qu’en cela on doit se conduire selon qu’on se sent appelé à vivre dans le mariage ou dans le célibat, mais que ceux qui ne sont pas mariés doivent vivre dans une grande pureté et dans la continence.
III. Que les maris et les femmes ne doivent point se séparer les uns des autres, mais qu’au contraire ils sont obligés de vivre ensemble dans la paix et de s’édifier en travaillant à leur salut mutuel.
IV. Que Dieu ayant voulu qu’il y eût divers états et diverses conditions dans le monde, chacun doit demeurer dans la vocation où il se trouve, pourvu qu’elle soit légitime et s’acquitter fidèlement de tous les devoirs auxquels cette vocation l’engage, sans chercher à s’en tirer par de mauvais moyens.
V. Que les personnes qui ne se marient pas ont des avantages particuliers pourvu qu’elles soient chastes, puisqu’elles peuvent servir Dieu avec moins de distraction et que dans le temps de persécution elles sont plus libres et mieux en état de s’acquitter de leur devoir, mais que soit qu’on se marie, soit que l’on vive dans le célibat, on doit être pur, tant du corps que du cœur.
VI. Une autre instruction très salutaire que l’Apôtre nous donne ici et qui peut être appliquée à tous les temps et à toutes sortes de personnes, c’est que notre vie est courte, que notre état en ce monde est incertain et que les choses d’ici-bas sont passagères et vaines, qu’ainsi nous ne devons pas y mettre notre cœur, mais qu’il faut posséder toutes choses comme si nous ne les possédions point, que ceux qui pleurent doivent être comme s’ils ne pleuraient point, que ceux qui sont dans la joie comme s’ils n’étaient pas dans la joie et ceux qui jouissent des choses du monde comme s’ils n’en jouissaient pas, puisque la figure de ce monde passe.
St. Paul examine une question sur laquelle les Corinthiens l’avaient consulté, savoir s’il était permis aux chrétiens de manger des viandes qui avaient été sacrifiées aux idoles et d’assister aux festins que les païens faisaient dans les temples des faux dieux. Il dit sur cela que les chrétiens savaient qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que les idoles étaient des choses mortes et vaines qui ne pouvaient rendre souillées les viandes qui leur avaient été offertes et qu’ainsi il était permis de manger de toutes sortes de viandes.
Cependant, l’Apôtre ajoute que tous n’avaient pas le même degré de connaissance sur ce sujet. C’est pourquoi il avertit les chrétiens les plus éclairés de ne pas abuser de la liberté qu’ils avaient à cet égard de peur, qu’en mangeant des choses sacrifiées aux idoles, ils ne donnassent du scandale à ces chrétiens faibles et qu’ils ne les engageassent à pécher en mangeant contre leur conscience et même à tomber dans l’idolâtrie.
1 A l’égard des choses qui ont été sacrifiées aux idoles, nous savons que nous avons tous assez de connaissance là-dessus ; mais la connaissance enfle, au lieu que la charité édifie.
2 Et si quelqu’un présume de savoir quelque chose, il n’a encore rien connu comme il faut le connaître.
3 Mais si quelqu’un aime Dieu, Dieu est connu de lui.
4 Pour ce qui est donc de manger des choses sacrifiées aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu.
5 Car, quoiqu’il y en ait, soit dans le ciel, soit sur la terre, qui sont appelés dieux, comme, en effet, il y a plusieurs dieux et plusieurs seigneurs ;
6 toutefois, nous n’avons qu’un seul Dieu, qui est le Père, duquel procèdent toutes choses, et nous sommes pour lui ; et un seul Seigneur Jésus-Christ, par lequel sont toutes choses, et nous sommes par lui.
7 Mais tous n’ont pas cette connaissance ; car quelques-uns, dans l’opinion qu’ils ont encore de l’idole, mangent une chose comme sacrifiée à l’idole ; et leur conscience étant faible, elle en est souillée.
8 A la vérité, la viande ne nous rend pas agréables à Dieu ; car si nous mangeons, il ne nous en revient aucun avantage, et si nous ne mangeons pas, nous n’en recevons aucun préjudice.
9 Mais prenez garde que cette liberté que vous avez, ne soit en quelque manière en scandale à ceux qui sont faibles.
10 Car, si quelqu’un d’eux te voit, toi qui as de la connaissance, assis à table dans le temple des idoles, la conscience de celui qui est faible ne sera-t-elle pas déterminée à manger de ce qui est sacrifié à l’idole ?
11 Et ainsi, ton frère qui est faible, pour lequel Christ est mort, périra par ta connaissance.
12 Or, quand vous péchez ainsi contre vos frères, et que vous blessez leur conscience qui est faible, vous péchez contre Christ.
13 C’est pourquoi, si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair, pour ne pas donner du scandale à mon frère.
REFLEXIONS
Quoi que nous n’ayons pas besoin qu’on nous instruise aujourd’hui sur l’usage des choses sacrifiées aux idoles, puisque l’idolâtrie païenne est abolie, et que nous savons tous qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que les idoles ne sont rien, cela n’empêche pas que la doctrine que St. Paul établit dans ce chapitre ne soit d’un usage général. Il nous enseigne que tous les chrétiens, et surtout ceux qui sont le mieux instruits, doivent avoir bien des égards pour ceux qui le sont moins et éviter soigneusement de leur donner du scandale.
L’Apôtre nous apprend de plus que l’on peut scandaliser le prochain, non seulement en faisant ce qui est criminel, mais aussi en faisant des choses permises. Ainsi il faut se conduire avec beaucoup de circonspection et de prudence dans l’usage de ces choses-là et ne pas toujours faire ce qui est permis.
Il nous montre enfin que c’est un très grand péché que de scandaliser qui que ce soit, puisque par là on peut être l’auteur de la perdition du prochain et se rendre extrêmement coupable contre Jésus-Christ lui-même.
Ces maximes sont d’un très grand usage et nous devons nous les proposer continuellement afin de ne rien faire, pas même les choses permises, par où nous puissions offenser Dieu, blesser notre conscience et faire tomber notre prochain dans le péché.
Le dessein de St. Paul dans ce chapitre est de confirmer par son exemple ce qu’il avait enseigné dans le chapitre précédent, savoir que l’on doit s’abstenir des choses permises lorsqu’on peut avancer par ce moyen l’édification du prochain. Dans cette vue il fait trois choses : I. Il dit qu’il avait le droit et la liberté en sa qualité d’Apôtre de tirer un salaire pour son entretien. II. Il ajoute qu’il ne s’était point prévalu de ce droit, mais qu’il avait usé d’une grande condescendance envers toutes sortes de personnes, s’accommodant aux scrupules des faibles, de peur de leur donner de l’éloignement pour l’Évangile. III. Il exhorte les Corinthiens à l’imiter en cela et à renoncer aux choses permises lorsque l’édification du prochain et leur propre salut le demandait et il leur propose pour cet effet l’exemple de ceux qui combattaient autrefois dans les jeux publics de la Grèce et qui vivaient dans une grande continence, s’abstenant de tout ce qui était contraire au genre de vie qu’ils avaient embrassé.
1 Ne suis-je pas apôtre ? Ne suis-je pas libre ? N’ai-je pas vu Jésus-Christ notre Seigneur ? N’êtes-vous pas mon ouvrage en notre Seigneur ?
2 Si je ne suis pas apôtre pour les autres, je le suis au moins pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat en notre Seigneur.
3 C’est là ma défense contre ceux qui me condamnent.
4 N’avons-nous pas le droit de vous demander à manger et à boire ?
5 N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme d’entre nos sœurs, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ?
6 Ou, n’y a-t-il que moi seul et Barnabas, qui n’ayons pas le droit de ne point travailler ?
7 Qui est-ce qui va à la guerre à ses propres dépens ? Qui est-ce qui plante une vigne, et qui n’en mange pas du fruit ? Ou, qui est-ce qui paît un troupeau, et qui ne mange pas du lait du troupeau ?
8 Dis-je ceci seulement selon la coutume des hommes ? La loi ne le dit-elle pas aussi ?
9 Car il est écrit dans la loi de Moïse : Tu n’emmuselleras point le bœuf qui foule le grain. Est-ce que Dieu se met en peine des bœufs ?
10 Ne dit-il point ces choses principalement pour nous ? Oui, elles sont écrites pour nous ; car celui qui laboure, doit labourer dans l’espérance de recueillir ; et celui qui foule le grain, doit le fouler avec espérance d’y avoir part.
11 Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une si grande chose que nous moissonnions de vos biens corporels ?
12 Si d’autres usent de ce droit sur vous, pourquoi n’en userions-nous pas plutôt ? Cependant, nous n’en avons point usé, mais nous souffrons tout, afin de n’apporter aucun obstacle à l’évangile de Christ.
13 Ne savez-vous pas que ceux qui font le service sacré, mangent des choses sacrées, et que ceux qui servent à l’autel, participent à ce qui est offert sur l’autel ?
14 De même aussi, le Seigneur a ordonné que ceux qui annoncent l’évangile, vivent de l’évangile.
15 Mais pour moi, je n’ai usé d’aucun de ces droits, et je n’écris point ceci, afin qu’on en use ainsi envers moi ; car j’aimerais mieux mourir, que si quelqu’un m’ôtait ce sujet de gloire ;
16 car si je prêche l’évangile, je n’ai pas sujet de m’en glorifier, parce que la nécessité m’en est imposée ; et malheur à moi, si je ne prêche pas l’évangile !
17 Que si je le fais volontairement, j’en recevrai la récompense ; mais si je le fais à regret, la dispensation ne laisse pas de m’en être commise.
18 Quelle récompense ai-je donc ? C’est qu’en prêchant l’évangile, j’annonce l’évangile de Christ sans qu’il en coûte rien, et sans me prévaloir du droit que l’évangile me donne.
19 Car, quoique je sois libre à l’égard de tous, je me suis assujetti à tous, afin de gagner plus de personnes.
20 J’ai été comme Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme si j’eusse été sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi ;
21 Avec ceux qui sont sans loi comme si j’eusse été sans loi (quoique je ne sois point sans loi, à l’égard de Dieu, puisque je suis sous la loi de Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi.
22 J’ai été avec les faibles, comme si j’eusse été faible, afin de gagner les faibles ; je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver au moins quelques-uns.
23 Et je fais tout cela à cause de l’évangile, afin d’avoir part aux biens qu’il promet.
24 Ne savez-vous pas que quand on court dans la lice, tous courent, mais qu’il n’y en a qu’un qui remporte le prix ? Courez de manière que vous le remportiez.
25 Tout homme qui combat, s’abstient de tout ; et ces gens-là le font, pour avoir une couronne corruptible ; mais nous le faisons pour en avoir une incorruptible.
26 Je cours donc, non à l’aventure ; je frappe, mais non pas en l’air ;
27 mais je traite durement mon corps, et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même rejeté.
REFLEXIONS
Le but général de ce chapitre est de nous apprendre qu’il ne faut pas toujours faire ce qui est permis et ce que l’on aurait droit de faire, mais que l’on doit s’en abstenir lorsque la gloire de Dieu et le salut du prochain l’exigent et qu’il est du devoir des chrétiens de s’accommoder autant qu’ils le peuvent à toutes sortes de personnes, d’avoir toujours égard à l’édification des autres et principalement à celle des faibles afin de les attirer à la foi.
Outre cette doctrine générale, qui est d’un grand usage, nous avons ici quelques instructions particulières dont les principales sont ces trois.
I. Que les églises sont obligées par la loi divine et par le commandement de Jésus-Christ de pourvoir à l’entretien et à la subsistance des pasteurs et de leurs familles ;
II. Que les ministres de l’Évangile doivent, à l’imitation de Saint Paul, se conduire avec beaucoup de prudence et de charité, n’ayant pas égard à leur intérêt particulier, mais s’accommodant à la faiblesse des hommes et tâchant par toutes sortes de moyens de gagner à Jésus-Christ le plus de personnes qu’ils pourront ;
III. Que l’on ne saurait remplir les devoirs et la vocation de chrétien à moins que l’on ne vive dans une grande tempérance, que pour cela il faut mortifier le corps, le réduire en servitude par la sobriété, la continence et le travail, fuir l’oisiveté, la mollesse et ce qui flatte trop la chair et suivre un genre de vie conforme aux préceptes de l’Évangile et à l’exemple de Jésus-Christ et des apôtres, afin que par ce moyen on puisse obtenir la glorieuse récompense qui n’est destinée qu’à ceux qui se seront acquittés de ces devoirs.
L’Apôtre, continuant la matière qu’il avait traitée dans les deux chapitres précédents touchant l’usage des viandes sacrifiées aux idoles, représente aux Corinthiens que quoique les anciens Israélites fussent le peuple de Dieu et qu’ils eussent des avantages semblables à ceux dont les chrétiens jouissent, ils avaient été entraînés dans l’idolâtrie et dans l’impureté en assistant aux banquets des idolâtres et que, par leur sensualité et leurs fréquentes rebellions, ils avaient attiré sur eux les jugements de Dieu. Il propose ces exemples aux Corinthiens et surtout à ceux qui se croyaient les plus affermis et les plus éclairés pour les empêcher de se rencontrer aux fêtes et aux repas des idolâtres, de peur de s’exposer à la tentation et de tomber dans l’idolâtrie.
II. Il ajoute, pour confirmer cela, que l’usage de la sainte cène où les chrétiens participent tous ensemble au sacrifice de Jésus-Christ en buvant de la coupe sacrée et en mangeant tous d’un même pain, ne leur permettait pas d’assister aux festins que les païens célébraient en l’honneur des idoles puisque ce serait participer à leurs sacrifices et avoir communion avec les démons et les idolâtres, ce qui ne pourrait qu’attirer la vengeance divine.
III. Il dit que les chrétiens pouvaient acheter et manger de toutes sortes de viande et même manger dans les maisons particulières de tout ce qui leur serait présenté, à moins qu’on ne leur dise que ces viandes avaient été sacrifiées aux idoles, auquel cas ils devaient s’en abstenir, non qu’il y eût du péché à en manger, mais de peur de donner du scandale à ceux qui les avaient avertis. Il conclut cette matière en donnant pour règle aux Corinthiens de regarder en toute chose à la gloire de Dieu et à l’édification du prochain.
1 Mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, et qu’ils ont tous passé au travers de la mer ;
2 et qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer ;
3 et qu’ils ont tous mangé de la même viande spirituelle ;
4 et qu’ils ont tous bu du même breuvage spirituel ; car ils buvaient de l’eau du rocher spirituel qui les suivait ; et ce rocher était Christ ;
5 mais Dieu n’a point mis son affection en la plupart d’entre eux ; car ils tombèrent morts dans le désert.
6 Or, ces choses ont été des exemples pour nous, afin que nous ne désirions point de mauvaises choses, comme ils en désirèrent ;
7 et que vous ne deveniez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux, selon qu’il est écrit : Le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ensuite ils se levèrent pour danser ;
8 et que nous ne commettions point de fornication, comme quelques-uns d’eux en commirent ; et il y en eut vingt-trois mille qui périrent en un même jour ;
9 et que nous ne tentions point Christ, comme quelques-uns d’eux le tentèrent ; et ils périrent par les serpents ;
10 et que vous ne murmuriez point, comme quelques-uns d’eux murmurèrent ; et ils périrent par l’ange exterminateur.
11 Toutes ces choses leur arrivaient pour servir de figures ; et elles sont écrites pour nous instruire, nous qui sommes parvenus aux derniers temps.
12 C’est pourquoi, que celui qui croit être debout, prenne garde qu’il ne tombe.
13 Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été une tentation humaine. Dieu est fidèle, qui ne permettra point que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il vous en donnera aussi l’issue, de sorte que vous la puissiez supporter.
14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie.
15 Je vous parle comme à des personnes intelligentes ; jugez vous-mêmes de ce que je dis.
16 La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ ?
17 Comme il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, ne faisons qu’un seul corps ; car nous participons tous au même pain.
18 Voyez l’Israël selon la chair ; ceux qui mangent des victimes n’ont-ils pas communion avec l’autel ?
19 Que dis-je donc ? que l’idole soit quelque chose ? ou, que ce qui est sacrifié à l’idole soit quelque chose ? Non.
20 Mais je dis que ce que les Gentils sacrifient, ils le sacrifient aux démons, et non pas à Dieu. Or, je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons.
21 Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons.
22 Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ?
23 Il m’est permis d’user de toutes choses, mais il n’est pas toujours bon de le faire ; il m’est permis d’user de toutes choses, mais je ne me rendrai esclave de rien.
24 Que personne ne cherche son avantage particulier, mais que chacun cherche aussi celui d’autrui.
25 Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie, sans vous en informer par un scrupule de conscience ;
26 car la terre, et tout ce qu’elle contient, est au Seigneur.
27 Si quelqu’un des infidèles vous convie à manger, et que vous y vouliez aller, mangez de tout ce qui sera mis devant vous, sans vous en informer pour la conscience.
28 Mais si quelqu’un vous dit : Cela a été sacrifié aux idoles, n’en mangez point, à cause de celui qui vous en a averti, et à cause de la conscience ; car la terre, et tout ce qu’elle contient, est au Seigneur.
29 Or, je dis la conscience, non point la tienne, mais celle de l’autre ; car, pourquoi ma liberté serait-elle condamnée par la conscience d’un autre ?
30 Et si j’en suis participant par la grâce, pourquoi suis-je blâmé pour une chose dont je rends grâces ?
31 Soit donc que vous mangiez ou que vous buviez, ou que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu.
32 Conduisez-vous de sorte que vous ne donniez aucun scandale, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Eglise de Dieu ;
33 comme je m’accommode aussi à tous en toutes choses, ne cherchant point ma propre utilité, mais celle de plusieurs, afin qu’ils soient sauvés.
REFLEXIONS
La lecture de ce chapitre nous oblige à considérer :
I. Que si les anciens Juifs ont été punis avec tant de sévérité pour avoir abusé des grâces que Dieu leur avait accordées, nous le serons beaucoup plus rigoureusement si nous abusons de celles que nous avons reçues, puisqu’elles sont infiniment plus excellentes.
II. L’exemple des Israélites qui, en assistant aux festins des idolâtres, tombèrent dans l’impureté et dans l’idolâtrie et la vengeance que Dieu en fit nous avertit, comme le dit Saint Paul, d’éviter les occasions de péché et en particulier de nous éloigner de la sensualité et de l’impureté, ces désordres exposant aux jugements de Dieu ceux qui s’y laissent entraîner.
III. Il faut considérer que si Saint Paul dit que les chrétiens ne pouvaient pas participer à la table du Seigneur et manger de ce qui avait été sacrifié aux idoles, la participation à ce Saint sacrement n’est pas moins incompatible avec une conduite charnelle et corrompue et que la commémoration publique et solennelle que nous faisons du sacrifice de notre sauveur dans l’eucharistie nous oblige indispensablement à une vie pure et sainte.
IV. Nous devons bien retenir cette maxime générale que dans toutes nos actions et même dans celles qui sont indifférentes et permises, il faut toujours avoir pour but la gloire de Dieu et l’édification du prochain, comme Saint Paul le marque par cette règle qu’il nous donne : Soit que vous mangiez, soit que vous buviez ou que vous fassiez quelque autre chose, faites toutes choses à la gloire de Dieu.
Ce chapitre dans lequel Saint Paul reprend les Corinthiens des désordres qui se commettaient dans leurs assemblées religieuses à deux parties.
I. Dans la première, il prescrit la manière dont les hommes et les femmes devaient assister dans l’église, sur quoi il avait sans doute été consulté par les Corinthiens. Il ordonne que les hommes aient la tête découverte lorsqu’ils parlaient des choses divines, mais il veut que les femmes se couvrent la tête et ce qu’il dit à cet égard est fondé sur ce que la bienséance voulait que les femmes ne parussent pas en public sans être voilée, ce qui était aussi de ce temps-là l’usage des Juifs et de plusieurs autres peuples.
II. Dans la seconde partie, il censure les Corinthiens de l’irrévérence et de la confusion avec laquelle ils célébraient la sainte Cène et pour les engager à corriger ces abus, il rapporte l’institution de ce sacrement, il marque l’usage qu’on doit en faire et il dit aux Corinthiens que c’était pour les punir de la manière dont ils y participaient que plusieurs d’entre eux étaient affligés par des maladies et que même quelques-uns étaient morts.
1 Soyez mes imitateurs, comme je le suis aussi de Christ.
2 Mes frères, je vous loue de ce que vous vous souvenez de tout ce qui vient de moi, et de ce que vous retenez mes instructions, telles que je vous les ai données.
3 Mais je veux que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, et que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ.
4 Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte, déshonore son chef.
5 Mais toute femme qui prie ou qui prophétise sans avoir la tête couverte, déshonore son chef ; car c’est la même chose que si elle était rasée.
6 Que si la femme n’a point la tête couverte, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Mais s’il n’est pas honnête à une femme d’avoir les cheveux coupés, ou d’être rasée, elle doit donc avoir la tête couverte.
7 Pour ce qui est de l’homme, il ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l’homme.
8 En effet, l’homme n’a pas été pris de la femme, mais la femme a été prise de l’homme ;
9 et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme a été créée pour l’homme.
10 C’est pourquoi, la femme, à cause des anges, doit avoir sur sa tête une marque de la puissance sous laquelle elle est.
11 Toutefois, l’homme n’est point sans la femme, ni la femme sans l’homme, en notre Seigneur.
12 Car comme la femme a été prise de l’homme, aussi l’homme naît de la femme ; et tout vient de Dieu.
13 Jugez-en vous-mêmes ; est-il de la bienséance qu’une femme prie Dieu sans avoir la tête couverte ?
14 La nature même ne vous apprend-elle pas qu’il est honteux à l’homme de porter de longs cheveux ;
15 et que si la femme porte les cheveux longs, cela lui est honorable, parce que les cheveux lui ont été donnés pour lui servir comme de voile ?
16 Que s’il y a quelqu’un qui se plaise à contester, nous n’avons pas cette coutume, ni les églises de Dieu non plus.
17 Or, en ce que je vais vous dire, je ne vous loue point ; c’est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour empirer.
18 Car, premièrement, j’apprends que lorsque vous vous assemblez dans l’église, il y a des divisions parmi vous ; et j’en crois une partie ;
19 car il faut qu’il y ait même des schismes parmi vous, afin que ceux d’entre vous qui sont dignes d’être approuvés, soient reconnus.
20 Lors donc que vous vous assemblez tous dans un même lieu, ce que vous faîtes, ce n’est pas manger la cène du Seigneur ;
21 car, lorsqu’on vient à manger, chacun se hâte de prendre son souper particulier ; en sorte que l’un a faim, et l’autre est rassasié.
22 N’avez-vous pas des maisons pour manger et pour boire ? Ou méprisez-vous l’Eglise de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont pas de quoi manger ? Que vous dirai-je ? Je ne vous loue point en cela.
23 Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, la nuit qu’il fut livré, prit du pain ;
24 et ayant rendu grâces, il le rompit, et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
25 De même aussi, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez.
26 Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
27 C’est pourquoi, quiconque mangera de ce pain, ou boira de la coupe du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur.
28 Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ;
29 car celui qui en mange et qui en boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant point le corps du Seigneur.
30 C’est pour cela qu’il y a parmi vous plusieurs infirmes et malades, et que plusieurs sont morts.
31 Car si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions point jugés.
32 Mais quand nous sommes ainsi jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons point condamnés avec le monde.
33 C’est pourquoi mes frères, quand vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres.
34 Que si quelqu’un a faim, qu’il mange dans sa maison, afin que vous ne vous assembliez point pour votre condamnation. A l’égard des autres choses, j’en ordonnerai quand je serai arrivé chez vous.
REFLEXIONS
Les avertissements que Saint Paul donnait aux Corinthiens sur ce qui se passait dans leurs assemblées nous apprennent que l’ordre, la gravité et la bienséance doivent être observées dans les assemblées des églises et qu’en particulier les femmes doivent y paraître avec respect et d’une manière qui marque la soumission, l’humilité et la modestie qui conviennent à leur sexe.
Nous devons faire après cela les réflexions les plus sérieuses sur ce que Saint Paul dit ici de la sainte Cène et de son usage. Il parait dans ce chapitre :
I. Que ce Saint sacrement est une institution solennelle de notre divin rédempteur et que du temps de Saint Paul il était célébré dans les églises chrétiennes ;
II. Que le but pour lequel Jésus-Christ l’a établi a été que l’on annonçât la mémoire de sa mort jusqu’à ce qu’il revienne au dernier jour ;
III. Que l’on doit participer à l’eucharistie avec une grande révérence, s’éprouvant soi-même avant de s’y présenter et se mettre dans un état où l’on puisse être approuvé de Dieu et des hommes et que ceux qui ne le sont pas et qui y participent indignement se rendent coupables d’un mépris très criminel contre Jésus-Christ lui-même et mangent et boivent leur condamnation.
Enfin, il est à remarquer que Dieu punissait du temps des apôtres l’abus de la sainte Cène par des maladies et par la mort. Par où il a fait connaître bien clairement que ce sacrement est une cérémonie toute sainte et qu’il ne laissera pas impunie l’irrévérence de ceux qui le profanent par un usage téméraire et hypocrite.
La vue de Saint Paul dans ce chapitre est d’instruire les Corinthiens sur les dons du Saint-Esprit et sur l’usage qu’il faut en faire et d’empêcher qu’il n’y eût des divisions dans l’église à ce sujet. Dans ce dessein il fait deux choses.
I. Il leur fait remarquer que, depuis qu’ils avaient renoncé à l’idolâtrie, Dieu avait répandu sur eux les dons du Saint-Esprit, que Dieu accordait aux ministres de l’église et même à plusieurs fidèles de ce temps-là divers dons extraordinaires, comme le don d’instruire, celui de guérir les maladies, celui de parler et d’interpréter diverses langues, celui de la prophétie et d’autres semblables. Il remarque que tous ces dons venaient d’une même source, mais qu’ils étaient différents en sorte que tous ceux qui avaient reçu l’esprit de Dieu ne possédaient pas les mêmes dons, ni dans la même mesure.
II. Il montre que, ces dons procédant tous du même esprit et que les fidèles ne composant tous ensemble qu’un seul corps, ils devaient employer les divers dons de Dieu à l’utilité des autres et à l’édification de l’église. C’est ce qu’il éclaircit par la comparaison du corps humain en remarquant que, quoi que tous les membres n’aient pas les mêmes fonctions, ni la même dignité, ils ne laissaient pas d’être tous nécessaires et de contribuer au bien du corps. Par-là St. Paul veut faire voir aux Corinthiens qu’il ne fallait pas que ces dons du Saint-Esprit qui leur avaient été accordés pour leur utilité commune, et pour les unir les uns avec les autres, servissent à les diviser.
1 Pour ce qui est des dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l’ignorance sur ce sujet.
2 Vous savez que vous étiez Gentils, entraînés vers les idoles muettes, selon qu’on vous menait.
3 C’est pourquoi je vous déclare qu’aucune personne qui parle par l’Esprit de Dieu, ne dit que Jésus est anathème, et que personne ne peut dire que Jésus est le Seigneur, si ce n’est par le Saint-Esprit.
4 Or, il y a bien diversité de dons, mais il n’y a qu’un même Esprit.
5 Il y a aussi diversité de ministères, mais il n’y a qu’un même Seigneur.
6 Il y a aussi diversité d’opérations, mais il n’y a qu’un même Dieu, qui opère toutes choses en tous.
7 Mais l’esprit qui se manifeste dans chacun lui est donné pour l’utilité commune.
8 Car la parole de sagesse est donnée à l’un par l’Esprit ; la parole de science est donnée à l’autre par ce même Esprit ;
9 un autre reçoit la foi par ce même Esprit ; un autre reçoit du même Esprit le don de guérir les malades ;
10 un autre, les opérations des miracles ; un autre, la prophétie ; un autre, le discernement des esprits ; un autre, la diversité des langues ; et un autre, le don d’interpréter les langues.
11 Mais c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît.
12 Car comme le corps n’est qu’un, quoiqu’il ait plusieurs membres, et que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, ne forment qu’un corps, il en est de même de Christ.
13 Car nous avons été baptisés dans un même Esprit, pour n’être qu’un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés d’un même Esprit.
14 Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais c’en est plusieurs.
15 Si le pied disait : Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps ; ne serait-il pourtant pas du corps ?
16 Et si l’oreille disait : Parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis pas du corps ; ne serait-elle pourtant pas du corps ?
17 Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout ouïe, où serait l’odorat ?
18 Mais Dieu a mis les membres, et chacun d’eux dans le corps, comme il lui a plu.
19 Que s’ils n’étaient tous qu’un seul membre, où serait le corps ?
20 Il y a donc plusieurs membres ; mais il n’y a qu’un seul corps.
21 Et l’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni aussi la tête aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous.
22 Mais bien loin de cela, les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont les plus nécessaires.
23 Et ceux que nous estimons les moins honorables dans le corps, sont ceux auxquels nous faisons le plus d’honneur en les couvrant ; de sorte que ceux qui sont les moins honnêtes, sont les plus honorés ;
24 au lieu que ceux qui sont honnêtes, n’en ont pas besoin ; mais Dieu a tellement disposé le corps, qu’il a donné plus d’honneur à celui qui en manquait ;
25 afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un soin mutuel les uns des autres.
26 Aussi, lorsqu’un des membres souffre, tous les autres membres souffrent avec lui ; et lorsqu’un des membres est honoré, tous les autres membres en ont de la joie.
27 Or, vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun en particulier.
28 Et Dieu a établi dans l’Église, premièrement les apôtres, secondement les prophètes, en troisième lieu les docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses langues.
29 Tous sont-ils apôtres ? Tous sont-ils prophètes ? Tous sont-ils docteurs ? Tous ont-ils le don des miracles ?
30 Tous ont-ils le don de guérir les malades ? Tous parlent-ils diverses langues ? Tous interprètent-ils ?
31 Mais désirez avec ardeur des dons plus utiles ; et je vais vous montrer la voie la plus excellente.
REFLEXIONS
Pour profiter de cette lecture, il faut remarquer :
I. Que les dons miraculeux qu’il y avait autrefois dans l’église étaient une preuve incontestable de la divinité de la religion chrétienne et un moyen très efficace dont Dieu se servit dans le commencement du christianisme pour affermir les chrétiens dans la foi et surtout pour y amener les Juifs et les païens.
Au reste, quoi que ces dons extraordinaires ne se voient pas aujourd’hui, il paraît de ce chapitre que Dieu les accordait aux chrétiens du temps des apôtres, puisque Saint Paul parle de ces dons-là comme d’une chose qui était alors connue de tout le monde et qui était même fort commune dans l’église.
II. Nous devons appliquer aux dons ordinaires de l’esprit de Dieu ce que Saint Paul dit des dons miraculeux et apprendre d’ici que tous les dons et toutes les grâces spirituelles viennent du Saint-Esprit, que Dieu les accorde aux hommes dans un degré différent tant pour leur propre salut que pour le bien de leurs frères. Et que comme nous ne composons tous ensemble qu’un même corps, nous devons aussi rapporter tous les dons que nous avons reçus au même but qui est l’utilité et l’édification de l’église et vivre entre nous dans une parfaite union, nous contentant chacun de nous de la mesure de la grâce qu’il a plu Dieu de nous départir et la possédant avec humilité.
Enfin, St Paul marque qu’il y a des dons plus excellents et plus salutaires que les dons miraculeux, savoir ceux de la vraie foi et de la charité dont il sera parlé dans le chapitre suivant. Ainsi, ce sont principalement ces dons-là que nous devons rechercher avec toute l’ardeur dont nous sommes capables.
Saint Paul, après avoir parlé des dons miraculeux, enseigne que ces dons, quelque excellents qu’ils soient ne servent de rien sans la charité. Ensuite il décrit la nature et les caractères de cette vertu, il montre qu’elle bannit les divisions, la jalousie, l’orgueil, l’irritation, les soupçons et ils dit cela parce que ces défauts-là régnaient parmi les Corinthiens. Enfin, il prouve que la charité est la principale des vertus, par cette considération, que les dons miraculeux ne devaient pas toujours durer dans l’église, au lieu que la charité y doit régner à jamais et qu’elle aura même lieu dans le Ciel.
1 Quand même je parlerais toutes les langues des hommes, et même des anges ; si je n’ai point la charité, je ne suis que comme l’airain qui résonne, ou comme une cymbale qui retentit.
2 Et quand même j’aurais le don de prophétie, et que je connaîtrais tous les mystères et la science de toutes choses ; et quand même j’aurais toute la foi jusqu’à transporter les montagnes ; si je n’ai point la charité, je ne suis rien.
3 Et quand même je distribuerais tout mon bien pour la nourriture des pauvres, et que même je livrerais mon corps pour être brûlé ; si je n’ai point la charité, cela ne me sert de rien.
4 La charité est patiente ; elle est pleine de bonté ; la charité n’est point envieuse ; la charité n’est point insolente ; elle ne s’enfle point d’orgueil ;
5 elle n’est point malhonnête ; elle ne cherche point son intérêt ; elle ne s’aigrit point ; elle ne soupçonne point le mal ;
6 elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité ;
7 elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.
8 La charité ne périt jamais ; pour ce qui est des prophéties, elles seront abolies, et le don des langues cessera, et la connaissance sera anéantie ;
9 car nous ne connaissons qu’imparfaitement, et nous ne prophétisons qu’imparfaitement ;
10 mais quand la perfection sera venue, alors, ce qui est imparfait sera aboli.
11 Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je jugeais comme un enfant, je pensais comme un enfant ; mais lorsque je suis devenu homme, j’ai quitté ce qui tenait de l’enfant.
12 Nous voyons présentement confusément et comme dans un miroir, mais alors nous verrons face à face ; présentement je connais imparfaitement, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.
13 Maintenant donc, ces trois vertus demeurent : la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande est la charité.
REFLEXIONS
Ce chapitre qui traite de la charité doit être sans cesse médité par les chrétiens.
Saint Paul y marque l’excellence et la nature de cette vertu. Il en montre l’excellence par ces deux considérations :
I. L’une que si on n’a pas la charité, c’est-à-dire si l’on n’aime pas véritablement son prochain et si l’on n’est pas animé d’un esprit de paix, d’union et de douceur, tous les autres dons, même les plus excellents, tels qu’étaient le don des langues et celui de faire des miracles, sont inutiles et qu’on n’est rien devant Dieu.
II. L’autre, que les dons miraculeux devaient cesser au lieu que la charité est une vertu qui subsistera toujours et qui sera notre bonheur et notre perfection dans le Ciel comme elle le fait sur la terre.
Après cela l’Apôtre nous apprend dans ce chapitre quelle est la nature de la charité. Il dit que les personnes en qui cette vertu se trouve ne sont ni envieuses, ni hautaines, ni soupçonneuses, ni intéressées, ni aigres, ni querelleuses, mais qu’elles sont patientes, douces, paisibles, qu’elles jugent charitablement du prochain, qu’elles font du bien et qu’elles supportent tout. Cette description que St. Paul fait des caractères de la charité et des divers effets qu’elle produit marque d’une manière bien claire qu’elle comprend toutes les autres vertus et qu’ainsi le vrai moyen de s’acquitter de tous les devoirs du christianisme est de s’attacher à la charité.
Saint Paul continue à parler des dons miraculeux et en particulier du don de parler diverses langues et il dit qu’entre tous les dons spirituels que Dieu accordait à certaines personnes en particulier, celui de la prophétie, c’est-à-dire le don d’enseigner, d’expliquer les Écritures et d’exhorter, était le plus utile pour l’édification de l’église. Il confirme cela en remarquant qu’il était inutile et même absurde de parler des langues étrangères si l’on n’était pas entendu de ceux en présence de qui on parlait. Il ordonne ensuite que ceux qui parlaient ces langues ou qui avaient quelque révélation le fissent avec ordre et l’un après l’autre et qu’il y eût toujours quelqu’un pour interpréter ce qu’ils disaient. Il prescrit de plus que les femmes gardent le silence dans l’église et que tout s’y fasse avec bienséance et avec ordre.
1 Etudiez-vous donc à la charité ; désirez aussi avec ardeur les dons spirituels, mais surtout celui de prophétiser.
2 Car celui qui parle une langue inconnue, ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, puisque personne ne l’entend et qu’il prononce des mystères en son esprit.
3 Mais celui qui prophétise, édifie, exhorte et console les hommes par ses paroles.
4 Celui qui parle une langue inconnue, s’édifie soi-même ; mais celui qui prophétise, édifie l’Eglise.
5 Je souhaite bien que vous parliez tous diverses langues ; mais je souhaite encore plus que vous prophétisiez ; car celui qui prophétise est préférable à celui qui parle des langues étrangères, à moins qu’il ne les interprète, afin que l’Eglise en reçoive de l’édification.
6 En effet, mes frères, si je venais parmi vous en parlant des langues inconnues, à quoi vous serais-je utile, si je ne vous faisais pas entendre par la révélation, par la connaissance, par la prophétie, ou par l’instruction, ce que je vous dirais ?
7 Il en est comme des choses inanimées qui rendent un son, soit une flûte, soit une harpe. Si elles ne forment point des tons distincts, comment connaîtra-t-on ce qui est joué sur la flûte ou sur la harpe ?
8 Et si la trompette ne rend qu’un son confus, qui est-ce qui se préparera au combat ?
9 De même, si les paroles que vous prononcez dans votre langue ne sont pas entendues, comment saura-t-on ce que vous dites ? car vous parlerez en l’air.
10 Combien de sortes de mots n’y a-t-il pas dans le monde ? Et y en a-t-il aucun qui ne signifie quelque chose ?
11 Si donc je ne sais ce que ces mots signifient, je serai barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera barbare pour moi.
12 Ainsi, puisque vous désirez avec ardeur les dons spirituels, cherchez à en avoir abondamment pour l’édification de l’Eglise.
13 C’est pourquoi, que celui qui parle une langue inconnue, prie en sorte qu’il interprète ce qu’il dit.
14 Car, si je prie dans une langue inconnue, mon esprit prie, mais l’intelligence que j’en ai est sans fruit.
15 Que ferai-je donc ? Je prierai dans mon esprit, mais je prierai aussi d’une manière qu’on m’entende. Je chanterai dans mon esprit, mais je chanterai aussi d’une manière qu’on m'entende.
16 Autrement, si tu bénis Dieu seulement en esprit, comment celui qui est du simple peuple répondra-t-il Amen à ton action de grâces, puisqu’il n’entend pas ce que tu dis ?
17 Il est vrai que tes actions de grâces sont bonnes ; mais un autre n’en est pas édifié.
18 Je rends grâces à mon Dieu, de ce que je parle plus de langues que vous tous ;
19 mais j’aimerais mieux prononcer dans l’Eglise cinq paroles en me faisant entendre, afin d’instruire ainsi les autres, que dix mille paroles dans une langue inconnue.
20 Mes frères, ne soyez pas des enfants en intelligence ; mais soyez des enfants à l’égard de la malice ; et pour ce qui est de l’intelligence, soyez des hommes faits.
21 Il est écrit dans la loi : Je parlerai à ce peuple par des gens d’une autre langue, et par des lèvres étrangères, de sorte qu’ils ne m’entendront point, dit le Seigneur.
22 C’est pourquoi les langues étrangères sont un signe, non pour ceux qui croient, mais pour les infidèles ; au lieu que la prophétie est un signe, non pour les infidèles, mais pour ceux qui croient.
23 Si donc toute l’Eglise est assemblée en un même lieu, et que tous parlent des langues étrangères, et que des gens du commun peuple, ou des infidèles y entrent, ne diront-ils pas que vous avez perdu le sens ?
24 Mais si tous prophétisent, et qu’il y entre quelque infidèle, ou quelqu’un du commun peuple, il sera convaincu par tous, il sera jugé par tous.
25 Et ainsi les secrets de son cœur seront manifestés, de sorte qu’il se prosternera la face en terre, il adorera Dieu, et il publiera que Dieu est véritablement parmi vous.
26 Que faut-il donc faire, mes frères ? Lorsque vous vous assemblez, quelqu’un de vous a-t-il un cantique, a-t-il une instruction, a-t-il à parler une langue étrangère, a-t-il une révélation, a-t-il une interprétation ? Que tout se fasse pour l’édification.
27 S’il y en a qui parlent une langue inconnue, qu’il n’y en ait que deux ou trois, au plus, qui parlent, et cela l’un après l’autre ; et qu’il y en ait un qui interprète.
28 Que s’il n’y a point d’interprète, que celui qui parle se taise dans l’Église, et qu’il parle à lui-même et à Dieu.
29 Qu’il n’y ait aussi que deux ou trois prophètes qui parlent, et que les autres en jugent.
30 Et si un autre de ceux qui sont assis, a une révélation, que le premier se taise.
31 Car vous pouvez tous prophétiser l’un après l’autre, afin que tous apprennent, et que tous soient exhortés.
32 Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ;
33 car Dieu n’est point un Dieu de confusion, mais un Dieu de paix, comme on le voit dans toutes les Églises des saints.
34 Que vos femmes se taisent dans les Églises, parce qu’il ne leur est pas permis d’y parler ; mais elles doivent être soumises, comme aussi la loi le dit.
35 Que si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris dans la maison ; car il n’est pas bienséant aux femmes de parler dans l’Église.
36 Est-ce de vous que la parole de Dieu est venue, ou n’est-elle parvenue qu’à vous seuls ?
37 Si quelqu’un croit être prophète, ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont des commandements du Seigneur.
38 Et si quelqu’un le veut ignorer, qu’il l’ignore.
39 C’est pourquoi, mes frères, désirez avec ardeur de prophétiser, et n’empêchez point de parler les langues étrangères.
40 Que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre.
REFLEXIONS
Quoique le don de parler divers langues ait cessé dans l’église et qu’il n’y ait pas aujourd’hui des révélations comme il y en avait du temps des apôtres, nous pouvons recueillir de ce chapitre des instructions importantes :
I. Que ces dons extraordinaires étaient, comme St. Paul le dit ici, une forte preuve de la vérité de l’Évangile ;
II. Que quelque excellent que fut le don des langues, il n’était pas salutaire, à moins qu’on ne le rapportât à l’instruction et à l’édification de toute l’église qui est le grand but que l’on doit toujours se proposer dans la religion.
III. Surtout, St. Paul nous apprend ici qu’il est de la dernière importance et d’une absolue nécessité de donner au peuple une connaissance claire des vérités que Dieu nous a révélées et d’expliquer pour cet effet l’Écriture sainte familièrement et intelligiblement, qu’ainsi la lecture de l’Écriture, les exhortations, les prières, les Psaumes, la célébration du service divin et généralement tout ce qui se dit dans l’église doit se faire dans un langue que le commun peuple entende et d’une manière claire, simple et accommodée à la portée de tout le monde.
Enfin, il faut faire une grande attention à ce que St. Paul établit dans tout ce chapitre et en particulier sur la fin en disant que Dieu n’est pas un Dieu de confusion et de désordre, mais qu’il est un Dieu d’ordre et de paix et que toutes choses doivent se faire dans l’église avec bienséance, avec ordre et avec gravité. Il parait de là que ce qui concerne l’extérieur de la religion et du service divin n’est pas une chose indifférente et que l’intention de Dieu est que l’ordre, la bienséance et l’uniformité soient observées dans toutes les églises chrétiennes.
St. Paul prouve dans ce chapitre la résurrection des morts contre certaines personnes qui la niaient. Pour cet effet, il établit premièrement que notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité, ce qu’il prouve par le témoignage des apôtres et de plusieurs autres personnes. Ensuite il conclut de là que les morts ressusciteront, ce qu’il éclaircit et confirme par quelques autres raisons.
1 Je veux aussi, mes frères, vous faire souvenir de l’évangile que je vous ai annoncé, et que vous avez reçu, dans lequel vous persévérez,
2 et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain.
3 Or, je vous ai enseigné, avant toutes choses, ce que j’avais aussi reçu, savoir, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ;
4 et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures ;
5 et qu’il a été vu de Céphas, ensuite des douze apôtres ;
6 qu’après cela, il a été vu de plus de cinq cents frères, en une seule fois, dont la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts.
7 Depuis il se fit voir à Jacques, et ensuite à tous les apôtres ;
8 et après tous, il m’est aussi apparu comme à un avorton.
9 Car je suis le moindre des apôtres, et je ne suis même pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu.
10 Mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ; et la grâce qu’il m’a faite n’a point été vaine ; mais j’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous ; non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.
11 Soit donc moi, soit eux, c’est là ce que nous prêchons, et ce que vous avez cru.
12 Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité, comment quelques-uns d’entre vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection ?
13 Car s’il n’y a point de résurrection, Christ aussi n’est point ressuscité.
14 Et si Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi est vaine aussi.
15 Et même il se trouverait que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu ; car nous avons rendu ce témoignage de Dieu qu’il a ressuscité Christ, lequel il n’a point ressuscité, si les morts ne ressuscitent point.
16 Car si les morts ne ressuscitent point, Christ n’est point non plus ressuscité.
17 Et si Christ n’est point ressuscité, votre foi est vaine, et vous êtes encore dans vos péchés.
18 Ceux donc aussi qui sont morts en Christ, sont péris.
19 Si nous n’avons d’espérance en Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus misérables de tous les hommes.
20 Mais maintenant, Christ est ressuscité, et il est devenu les prémices de ceux qui sont morts.
21 Car, puisque la mort est venue par un homme, la résurrection des morts est venue aussi par un homme.
22 Car, comme tous meurent par Adam, de même tous revivront par Christ ;
23 mais chacun en son propre rang ; Christ est les prémices, ensuite ceux qui lui appartiennent ressusciteront à son avènement.
24 Après cela viendra la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, et qu’il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance ;
25 car il doit régner jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds.
26 L’ennemi qui sera détruit le dernier, c’est la mort ;
27 car Dieu a mis toutes choses sous ses pieds. Or, quand il est dit que toutes choses lui sont assujetties, il est évident que celui qui lui a assujetti toutes choses, est excepté.
28 Et quand toutes choses lui auront été assujetties, alors aussi le Fils même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.
29 De plus, que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si absolument les morts ne ressuscitent point ? Pourquoi aussi sont-ils baptisés pour les morts ?
30 Et pourquoi nous-mêmes sommes-nous à toute heure en péril ?
31 Je suis tous les jours exposé à la mort ; je vous le proteste par le sujet que j’ai de me glorifier de vous en Jésus-Christ notre Seigneur.
32 Si j’ai combattu contre les bêtes à Ephèse dans des vues humaines, quel avantage m’en revient-il, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons et buvons ; car demain nous mourrons.
33 Ne vous abusez point ; les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs.
34 Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez point ; car il y en a parmi vous qui sont sans connaissance de Dieu ; je vous le dis à votre honte.
REFLEXIONS
Ce chapitre est un excellent traité où la doctrine de la résurrection est clairement expliquée. Saint Paul y enseigne : I. Que toute la religion chrétienne est fondée sur la résurrection de Jésus-Christ et que cette résurrection est un fait certain et indubitable qui a été attesté par les apôtres dont le témoignage ne peut être révoqué en doute ; II. Il montre que les morts ressusciteront infailliblement et les preuves qu’il en allègue sont les suivantes :
- Que si les morts ne ressuscitaient pas, Jésus-Christ ne serait pas ressuscité et que notre foi serait vaine,
- Que les fidèles qui sont morts au Seigneur seraient péris pour toujours,
- Que les chrétiens seraient les plus misérables de tous les hommes puisqu’ils étaient sujets à la persécution,
- Et que le mal qu’Adam nous a fait en nous assujettissant à la mort ne serait pas réparé.
Il dit encore que si Jésus-Christ ne détruisait pas, en nous ressuscitant, la mort qui est le dernier de nos ennemis, il ne règnerait pas pleinement sur toutes choses et qu’enfin s’il n’y avait point de résurrection, ce serait une grande folie aux chrétiens de s’exposer volontairement à tous les maux qu’ils souffraient.
Toutes ces considérations font voir qu’il est très certain que les morts ressusciteront au dernier jour. Nous devons rendre grâce à Dieu de ce que l’espérance de notre résurrection est établie sur des fondements aussi solides et travailler au reste à nous affermir toujours davantage dans cette espérance en prenant garde, comme St. Paul nous y exhorte, que les discours et les exemples des impies et des profanes n’ébranlent notre foi, et étudions-nous à vivre saintement et en nous éloignant du péché.
CHAPITRE XV VERSETS 35 A 58.
St. Paul, après avoir prouvé la résurrection, fait voir que, quoi que nos corps soient détruits par la mort, ils doivent un jour être rétablit en vie, mais il remarque qu’alors ils ne seront plus corruptibles, faibles et mortels comme ils le sont maintenant, mais qu’ils seront incorruptibles, immortels et glorieux. C’est ce qu’il explique par la comparaison du grain que l’on sème et par quelques autres images. Il parle après cela du changement qui se fera en ceux qui seront en vie au jour de la résurrection, et il conclut en marquant les sentiments de joie et de piété que la croyance de cette doctrine doit inspirer aux chrétiens.
35 Mais quelqu’un dira : Comment ressusciteront les morts, et avec quel corps viendront-ils ?
36 Insensé, ce que tu sèmes ne prend point vie, s’il ne meurt auparavant.
37 Et à l’égard de ce que tu sèmes, tu ne sèmes pas le même corps qui doit naître, mais le simple grain, comme il se rencontre, soit de blé, soit de quelque autre semence.
38 Mais Dieu lui donne le corps comme il lui plaît, et à chaque semence le corps qui lui est propre.
39 Toute sorte de chair n’est pas la même chair ; mais autre est la chair des hommes, et autre la chair des bêtes ; autre celle des poissons, et autre celle des oiseaux.
40 Il y a aussi des corps célestes, et des corps terrestres ; mais autre est l’éclat des corps célestes, et autre est celui des terrestres ;
41 autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, et autre l’éclat des étoiles ; car l’éclat d’une étoile est différent de l’éclat d’une autre étoile.
42 Il en sera aussi de même à la résurrection. Le corps est semé corruptible, il ressuscitera incorruptible ;
43 il est semé méprisable, il ressuscitera glorieux ; il est semé infirme, il ressuscitera plein de force ;
44 il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel ; il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel ;
45 suivant qu’il est écrit : Le premier homme, Adam, a été fait avec une âme vivante ; mais le dernier Adam est un Esprit vivifiant.
46 Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier ; c’est ce qui est animal ; et ce qui est spirituel vient après.
47 Le premier homme étant de la terre, est terrestre, et le second homme, qui est le Seigneur, est du ciel.
48 Tel qu’est celui qui est terrestre, tels sont aussi les terrestres ; et tel qu’est le céleste, tels seront aussi les célestes.
49 Et comme nous avons porté l’image de celui qui est terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste.
50 Voici donc ce que je dis, mes frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et que la corruption ne possédera point l’incorruptibilité.
51 Voici un mystère que je vous dis ; c’est que nous ne serons pas tous morts, mais nous serons tous changés ;
52 en un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons changés.
53 Car il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l’immortalité.
54 Et quand ce corps corruptible aura été revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura été revêtu de l’immortalité, alors cette parole de l’Ecriture sera accomplie : La mort est engloutie pour toujours.
55 O mort, où est ton aiguillon ? O sépulcre, où est ta victoire ?
56 Or, l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi.
57 Mais grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ.
58 C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur.
REFLEXIONS
Le but de ce que St. Paul nous enseigne ici est de nous apprendre que quoique la mort détruise nos corps et les réduise en poudre, ils ne laisseront pas de ressusciter par un effet de la toute-puissance de notre Seigneur et que ces corps ressuscités seront incorruptibles et glorieux, en sorte que les fidèles seront alors semblables à Jésus-Christ.
L’Apôtre nous apprend outre cela que ceux qui vivront à la fin du monde seront changés subitement et qu’ainsi tous les fidèles deviendront immortels.
L’attente de cette grande gloire à laquelle nous sommes destinés doit nous remplir d’espérance et de joie, dissiper pleinement les frayeurs de la mort et nous faire dire avec Saint Paul : Où est, ô mort, ton aiguillon. Où est, ô sépulcre, ta victoire ! Grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ !
Mais l’espérance de cette résurrection de nos corps nous oblige aussi à les conserver dans une grande pureté et à pratiquer constamment tous les devoirs du christianisme comme l’Apôtre nous y exhorte par ces paroles qui marquent l’usage auquel nous devons rapporter cette doctrine : Soyez toujours fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur.
I. L’Apôtre exhorte les Corinthiens à contribuer pour une collecte que l’on faisait en faveur des églises de la Judée. II. Il leur promet de les aller voir dans peu de temps. III. Il leur recommande Timothée et quelques autres personnes. IV. Il finit par des salutations et par des vœux et en déclarant que ceux qui n’aimaient pas sincèrement Jésus-Christ étaient sous le jugement de Dieu et que l’on ne devait point les regarder comme membres de l’église.
1 A l’égard de la collecte qui se fait pour les saints, usez-en de la manière que je l’ai ordonné dans les églises de Galatie.
2 C’est que, chaque premier jour de la semaine, chacun de vous mette à part chez soi, et rassemble ce qu’il pourra, selon sa prospérité, afin qu’on n'attende pas que je sois arrivé pour faire les collectes.
3 Et lorsque je serai arrivé chez vous, j’enverrai avec des lettres ceux que vous aurez approuvés, pour porter votre libéralité à Jérusalem.
4 Et si la chose mérite que j’y aille moi-même, ils viendront avec moi.
5 Au reste, j’irai chez vous, après que j’aurai passé par la Macédoine ; car je passerai par la Macédoine ;
6 et peut-être que je ferai quelque séjour chez vous, ou même que j’y passerai l’hiver, afin que vous me conduisiez partout où j’irai.
7 Car je ne veux pas, cette fois, vous voir seulement en passant : mais j’espère de demeurer quelque temps avec vous, si le Seigneur le permet.
8 Cependant je demeurerai à Ephèse jusqu’à la Pentecôte ;
9 car une grande porte m’y est ouverte, avec espérance de succès ; mais il y a beaucoup d’adversaires.
10 Si Timothée va chez vous, ayez soin qu’il soit en sûreté parmi vous, car il travaille à l’œuvre du Seigneur comme moi-même.
11 Que personne donc ne le méprise, et reconduisez-le en paix, afin qu’il vienne me trouver, car je l’attends avec nos frères.
12 Pour ce qui est d’Apollos, notre frère, je l’ai fort prié d’aller vous voir avec nos frères ; mais il n’a pas voulu y aller maintenant ; toutefois il y ira quand il en trouvera l’occasion.
13 Veillez, demeurez fermes dans la foi, agissez courageusement, fortifiez-vous ;
14 que tout ce que vous faites se fasse avec charité.
15 Or, mes frères, vous connaissez la famille de Stéphanas ; vous savez qu’elle est les prémices de l’Achaïe, et qu’ils se sont dévoués au service des saints.
16 Je vous prie d’avoir du respect pour des personnes de ce caractère, et pour tous ceux qui les aident et qui travaillent avec eux.
17 J’ai beaucoup de joie de l’arrivée de Stéphanas, de Fortunat et d’Achaïque, parce qu’ils ont suppléé à votre absence.
18 Car ils ont consolé mon esprit et le vôtre. Ayez donc des égards pour de telles personnes.
19 Les Églises d’Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l’Église qui est dans leur maison, vous saluent avec beaucoup d’affection en notre Seigneur.
20 Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser.
21 Je vous salue, moi Paul, de ma propre main.
22 Si quelqu’un n’aime point le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha !
23 La grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec vous.
24 Mon amour est avec vous tous en Jésus-Christ. Amen.
REFLEXIONS
Ce qu’il faut remarquer dans la première partie de ce chapitre, ce sont les exhortations que St. Paul adresse aux Corinthiens pour les engager à assister les églises de la Judée en faveur desquelles on faisait une collecte et l’ordre qu’il leur donne de mettre quelque chose à part pour cela tous les premiers jours de la semaine.
On voit par-là :
I. Que chacun doit exercer la charité selon son pouvoir dans les occasions qui s’en présentent et en second lieu que le premier jour de la semaine, savoir le dimanche, était consacré de ce temps-là aux œuvres de piété et de charité.
II. La manière dont Saint Paul recommande Timothée et quelques autres serviteurs de Dieu zélés et pieux nous apprend que les chrétiens doivent avoir en révérence les vrais ministres de Jésus-Christ qui se sont dévoués à son service et se soumettre à eux.
III. Les salutations qu’on lit sur la fin de cette épître marquent qu’il doit avoir entre les églises et les chrétiens de tous les lieux une communion très étroite qui les porte à s’aimer affectueusement les uns les autres et que les devoirs des ministres du Seigneur est de prier sans cesse pour tous les fidèles, leur souhaitant l’augmentation de la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ.
Enfin, l’anathème que Saint Paul prononce contre tous ceux qui n’aiment pas sincèrement le Seigneur mérite toute notre attention. L’Apôtre leur dénonce la malédiction divine et il ne veut pas qu’on les regarde comme des chrétiens. Cela marque clairement que l’église ne doit pas souffrir dans sa communion les profanes et les scandaleux et que tous ceux qui n’ont pas un vrai amour pour notre Sauveur et qui violent ouvertement ses saints commandements ne lui appartiennent en aucune manière et qu’ils sont sous la malédiction de Dieu.
La première épître aux Corinthiens a été écrite de Philippes, et portée par Stéphanas, Fortunat, Achaïque, et Timothée.