PREMIERE EPITRE CATHOLIQUE DE PIERRE APÔTRE

ARGUMENT

L’Apôtre Saint Pierre écrivit cette épître aux chrétiens qui demeuraient dans les provinces de l’Asie mineure et qui étaient la plupart des Juifs dispersés. Elle tend à les affermir dans la foi et dans la sainteté. On y trouve plusieurs instructions très importantes. Elle est pleine de force et de gravité et c’est l’un des plus excellents livres du Nouveau Testament. 

Chapitres  Chapitre I.  Chapitre II.  Chapitre III.  Chapitre IV.   Chapitre V.   Livres du Nouveau Testament.

CHAPITRE I.

St. Pierre loue Dieu de ce qu’il avait appelé les chrétiens au salut par Jésus-Christ et de ce qu’il leur avait donné une espérance qui les soutenait et qui les remplissait même de joie au milieu des afflictions et des persécutions. Il leur représente combien ils étaient heureux de connaître Jésus-Christ et de voir dans l’Évangile l’accomplissement des oracles des prophètes. Et il les exhorte par divers motifs à la sainteté et à une vie digne de leur vocation. 

1 Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux élus qui sont étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie ;

2 qui sont élus selon la prescience de Dieu le Père, pour être sanctifiés par l’Esprit, pour obéir à Jésus-Christ, et pour avoir part à l’aspersion de son sang. Que la grâce et la paix vous soient multipliées !

3 Béni soit le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a fait renaître, en nous donnant, par la résurrection de Jésus-Christ, une espérance vive,

4 de posséder l’héritage qui ne se peut corrompre, ni souiller, ni flétrir, et qui est réservé dans les cieux pour nous,

5 qui sommes gardés par la puissance de Dieu par la foi, pour obtenir le salut qui est prêt à être manifesté dans les derniers temps.

6 C’est en quoi vous vous réjouissez, quoique maintenant vous soyez attristés par diverses épreuves, vu que cela est convenable ;

7 afin que l’épreuve de votre foi, qui est beaucoup plus précieuse que l’or périssable, et qui toutefois est éprouvé par le feu, vous tourne à louange, à honneur et à gloire, lorsque Jésus-Christ paraîtra ;

8 lequel vous aimez, quoique vous ne l’ayez pas vu ; en qui vous croyez, quoique vous ne le voyiez pas encore, et en croyant, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse ;

9 remportant le prix de votre foi qui est le salut des âmes.

10 C’est ce salut qui a été l’objet de l’exacte recherche et de la profonde méditation des prophètes, qui ont prophétisé touchant la grâce qui vous était destinée ;

11 tâchant de découvrir, pour quel temps et pour quelles conjonctures l'Esprit de Christ qui était en eux, et qui rendait témoignage à l’avance, leur faisait connaître les souffrances de Christ et la gloire dont elles seraient suivies.

12 Mais il leur a été révélé que ce n’était pas pour eux-mêmes, mais pour nous, qu’ils étaient dispensateurs de ces choses, que ceux qui vous ont prêché l’évangile, par le Saint-Esprit envoyé du ciel, vous ont maintenant annoncées, et dans lesquelles les anges désirent de voir jusqu’au fond.

13 Vous donc, ayant ceint les reins de votre esprit, et étant sobres, attendez avec une parfaite espérance la grâce qui vous est présentée pour le temps de la manifestation de Jésus-Christ ;

14 comme des enfants obéissants, ne vous conformant point aux convoitises que vous aviez autrefois dans le temps de votre ignorance.

15 Mais comme celui qui vous a appelés est saint, vous aussi de même soyez saints dans toute votre conduite.

16 Selon qu’il est écrit : Soyez saints, car je suis saint.

17 Et si vous invoquez comme votre Père celui qui, sans avoir acception de personnes, juge selon les œuvres de chacun, conduisez-vous avec crainte durant le temps de votre séjour sur la terre ;

18 sachant que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez apprise de vos pères, non par des choses périssables, comme l’argent ou l’or ;

19 mais par le précieux sang de Christ, comme de l’Agneau sans défaut et sans tache,

20 déjà destiné avant la création du monde, et manifesté dans les derniers temps pour vous ;

21 qui par lui croyez en Dieu, qui l’a ressuscité des morts, et l’a glorifié, afin que votre foi et votre espérance fussent en Dieu.

22 Ayant donc purifié vos âmes en obéissant à la vérité, par l’Esprit, pour avoir un amour fraternel et sans hypocrisie, aimez-vous les uns les autres d’un cœur pur, avec une grande affection ;

23 étant régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la parole de Dieu, qui vit et qui demeure éternellement.

24 Car toute chair est comme l’herbe, et toute la gloire de l’homme comme la fleur de l’herbe ; l’herbe sèche, et sa fleur tombe ;

25 mais la parole du Seigneur demeure éternellement ; et c’est cette parole qui vous a été annoncée par l’évangile. 

REFLEXIONS

La lecture de ce chapitre nous engage à trois devoirs principaux.

I. À rendre à Dieu d’ardentes et continuelles actions de grâce de ce qu’il nous a élus pour le salut et de ce qu’il nous a donné, par la résurrection de Jésus-Christ, une si ferme et si glorieuse espérance de l’immortalité ;

II. Nous devons bien considérer le bonheur que nous avons de connaître ces mystères qui étaient le sujet des oracles et de l’attente des prophètes et qui sont encore celui de la méditation et de l’admiration des anges, Dieu nous ayant fait voir dans l’Évangile l’accomplissement des promesses que les prophètes avaient faites touchant la venue du Messie et la rédemption des hommes.

III. Le troisième devoir est de nous souvenir que tous ces glorieux avantages nous obligent à une vie pure et sainte. C’est à quoi St. Pierre nous exhorte en nous représentant :

I. Que Dieu nous a tiré de l’ignorance et de la corruption où les hommes étaient lorsqu’ils ne connaissaient pas Jésus-Christ,

II. Que, comme Dieu qui nous a appelé est saint, nous devons aussi être saints dans toute notre conduite,

IV. Que ce Dieu, que nous invoquons comme notre Père, est aussi notre juge et qu’il nous rendra à tous selon nos œuvres,

I. Que nous avons été rachetés et consacrés à Dieu par le précieux sang de Jésus-Christ

II. Et, enfin, que nous avons reçu une nouvelle naissance par la prédication de l’Évangile qui est la parole du Dieu vivant et qui demeure éternellement.

Ce sont là de puissants motifs à une conduite sainte et chrétienne. Nous devons nous les proposer continuellement et prier Dieu qu’il les rende efficace dans nos cœurs par la vertu du Saint-Esprit. 

CHAPITRE II.

St. Pierre exhorte les chrétiens à vivre dans l’innocence, à croître dans la connaissance et dans la grâce de Jésus-Christ et à s’attacher de plus en plus à lui par la foi et par l’imitation de sa vie, en sorte, qu’étant unis à leur Sauveur et entre eux par la charité, ils composent tous ensemble une même église qui soit comme un temple consacré au Seigneur. Et pour les engager à cela, il leur met devant les yeux d’un côté, le malheur des incrédules qui rejetaient Jésus-Christ et de l’autre, la grâce que Dieu leur avait faite de les choisir pour être son peuple et des personnes consacrées à son service et à sa gloire.

Il les exhorte après cela à renoncer aux désirs de la chair, à édifier les païens par une bonne conduite, à être soumis aux rois et aux magistrats, à aimer et à honorer tout le monde. Il recommande aux esclaves chrétiens qui servaient des maîtres païens de s’assujettir à eux et de supporter patiemment ce que leur état avait de fâcheux et de rude et, à cette occasion, il parle de l’obligation où sont les chrétiens d’imiter la patience de Jésus-Christ. 

1 Ayant donc renoncé à toute sorte de malice, de fraude, de dissimulation, d’envie et de médisance ;

2 désirez avec ardeur, comme des enfants nouvellement nés, le lait spirituel et pur, afin que vous croissiez par son moyen ;

3 puisque vous avez déjà goûté combien le Seigneur est doux.

4 En vous approchant de lui, comme de la pierre vive qui a été rejetée par les hommes, mais que Dieu a choisie, et qui lui est précieuse ;

5 vous aussi, comme des pierres vives, vous entrez dans la structure de l’édifice, pour être une maison spirituelle, et de saints sacrificateurs, pour offrir des sacrifices spirituels et agréables à Dieu, par Jésus-Christ.

6 C’est pourquoi il est dit dans l’Ecriture : Voici, je mets en Sion la principale pierre de l’angle, choisie et précieuse ; et qui croira en elle, ne sera point confus.

7 Vous en recevrez donc de l’honneur, vous qui croyez ; mais pour les incrédules, la pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la principale pierre de l’angle, et une pierre d’achoppement et une pierre de chute ;

8 lesquels heurtent contre la parole, et sont rebelles, à quoi aussi ils ont été destinés.

9 Mais vous êtes la race élue, vous êtes sacrificateurs et rois, la nation sainte, le peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière ;

10 vous qui autrefois n’étiez point son peuple, mais qui êtes maintenant le peuple de Dieu ; vous qui autrefois n’aviez point obtenu miséricorde, mais qui maintenant avez obtenu miséricorde.

11 Mes bien-aimés, je vous exhorte, comme des étrangers et des voyageurs, de vous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme ;

12 ayant une conduite honnête parmi les Gentils, afin qu’au lieu qu’ils parlent mal de vous, comme si vous étiez des malfaiteurs, ils glorifient Dieu au jour qu’il les visitera, à cause de vos bonnes œuvres qu’ils auront vues.

13 Soyez donc soumis à tout ordre humain, pour l’amour du Seigneur, soit au roi, comme à celui qui est au-dessus des autres ;

14 soit aux gouverneurs, comme à ceux qui sont envoyés de sa part, pour punir ceux qui font mal, et pour honorer ceux qui font bien.

15 Car telle est la volonté de Dieu, qu’en faisant bien vous fermiez la bouche aux hommes ignorants et dépourvus de sens.

16 Conduisez-vous comme étant libres, non en faisant servir votre liberté de prétexte pour mal faire ; mais comme des serviteurs de Dieu.

17 Rendez l’honneur à tout le monde ; aimez tous vos frères ; craignez Dieu ; honorez le roi.

18 Vous, serviteurs, soyez soumis à vos maîtres avec toute sorte de crainte, non-seulement à ceux qui sont bons et équitables, mais aussi à ceux qui sont fâcheux.

19 Car cela est agréable à Dieu, lorsque quelqu’un, par un motif de conscience, endure de mauvais traitements en souffrant injustement.

20 Autrement, quelle gloire serait-ce pour vous, si étant battus pour avoir mal fait, vous l’enduriez ? Mais si, en faisant bien, vous êtes maltraités, et que vous le souffriez patiemment, c’est à cela que Dieu prend plaisir.

21 C’est aussi à quoi vous êtes appelés, puisque Christ lui-même a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez ses traces ;

22 lui qui n’a point commis de péché, et dans la bouche duquel il ne s’est trouvé aucune fraude ;

23 qui, lorsqu’on lui disait des outrages, n’en rendait point, et qui, lorsqu’on le maltraitait, ne faisait point de menaces, mais se remettait à celui qui juge justement ;

24 qui a porté nos péchés en son corps sur le bois, afin qu’étant morts au péché, nous vivions à la justice, et par les meurtrissures de qui vous avez été guéris.

25 Car vous étiez comme des brebis errantes, mais vous êtes maintenant retournés au Pasteur et à l’Evêque de vos âmes. 

REFLEXIONS

Nous devons remarquer dans ce chapitre :

I. Que le caractère des vrais enfants de Dieu est l’innocence, la douceur, la simplicité, la sincérité, un grand éloignement pour la malice et pour l’hypocrisie et un désir continuel de s’avancer dans la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ.

II. Nous avons ici une belle description de la vocation des chrétiens. St. Pierre dit que les fidèles sont comme autant de pierres vivantes qui composent une maison sainte où l’on offre des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ et que l’église est une assemblée de rois, de sacrificateurs, de personnes élues et un peuple que Dieu s’est acquis.

Cela nous engage à bien considérer la glorieuse condition où Dieu nous a élevés et la grande grâce qu’il nous a faite de nous choisir pour être son peuple, nous qui étions autrefois de misérables païens. Et ces titres augustes que l’Apôtre nous donne doivent nous inspirer des sentiments dignes d’une vocation aussi sainte que la nôtre et de personnes que Dieu a séparées du monde et qu’il a consacrées à son service et à sa gloire.

Les devoirs que cette vocation nous imposent sont, comme St. Pierre le représente avec tant de force et de douceur,

D’annoncer les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière,

De nous abstenir des convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme, nous souvenant que nous sommes ici-bas des étrangers et des voyageurs,

D’édifier tous les hommes par une conduite sage et innocente,

De craindre Dieu,

D’honorer tous nos supérieurs et

De rendre à tous les hommes ce qui leur est dû. Enfin, l’un des principaux devoirs des chrétiens est de souffrir patiemment tous les maux qu’on pourrait leur faire et de se proposer toujours l’exemple de Jésus-Christ qui n’avait commis aucun péché et qui cependant a souffert avec une patience si admirable, nous laissant en cela un exemple et un patron afin que nous en suivions les traces. 

CHAPITRE III.

St. Pierre continue à marquer les devoirs du christianisme et il prescrit : I. Celui des femmes et des maris. II. Il exhorte tous les chrétiens à s’aimer et à vivre dans la paix et dans l’innocence et il leur dit que c’est là le moyen d’être heureux, même dès cette vie, et au milieu des persécutions. III. Pour engager les chrétiens à souffrir patiemment ces persécutions et à faire toujours une profession ouverte de l’Évangile, il leur parle de ce que Jésus-Christ a souffert pour expier les péchés des hommes et pour amener à Dieu les païens et les peuples qui étaient dans la prison et dans l’esclavage de l’ignorance et du péché, afin qu’entrant dans l’église par le baptême et devenant de nouvelles créatures, ils fussent sauvés, comme Noé et sa famille le furent autrefois dans l’arche lors du déluge. 

1 Que les femmes soient aussi soumises à leurs propres maris, afin que s’il y en a qui n’obéissent point à la parole, ils soient gagnés, même sans la parole, par la conduite de leurs femmes ;

2 lorsqu’ils verront la pureté de votre conduite, accompagnée de crainte.

3 Que leur parure ne soit point celle du dehors, la frisure des cheveux, des ornements d’or ou des habits somptueux ;

4 mais que leur ornement soit celui de l’homme caché et du cœur, savoir, la pureté incorruptible d’un esprit doux et paisible, qui est d’un grand prix devant Dieu.

5 Car c’est ainsi que se paraient autrefois les saintes femmes qui espéraient en Dieu, étant soumises à leurs propres maris ;

6 comme Sara, qui obéissait à Abraham, et l’appelait son seigneur, de laquelle vous êtes les filles en faisant le bien, sans vous effrayer de rien.

7 Et vous, maris, de même, conduisez-vous avec prudence envers vos femmes, comme envers un sexe plus faible, ayant des égards pour elles, puisqu’elles hériteront, aussi bien que vous, la grâce de la vie ; afin que vos prières ne soient point troublées.

8 Enfin, soyez tous d’une parfaite intelligence, pleins de compassion les uns envers les autres, vous aimant fraternellement, étant miséricordieux et doux ;

9 ne rendant point mal pour mal, ni injure pour injure ; mais, au contraire, bénissant ; sachant que c’est à cela que vous êtes appelés, afin que vous héritiez la bénédiction.

10 Car quiconque aime la vie, et souhaite de voir des jours heureux, qu’il garde sa langue de dire du mal, et ses lèvres de prononcer aucune fraude ;

11 qu’il se détourne du mal, et qu’il fasse le bien ; qu’il cherche la paix, et qu’il la poursuive.

12 Car les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles sont attentives à leurs prières ; mais sa face est contre ceux qui font le mal.

13 Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous vous conformez au bien ?

14 Que si, néanmoins, vous souffrez pour la justice, vous êtes heureux ; ne les craignez donc point, n’ayez point peur d’eux et ne soyez point troublés.

15 Mais sanctifiez dans vos cœurs le Seigneur votre Dieu, et soyez toujours prêts à répondre pour votre défense, avec douceur et respect, à tous ceux qui vous demanderont raison de l’espérance que vous avez ;

16 ayant une bonne conscience, afin que ceux qui blâment votre bonne conduite en Christ, soient confus de ce qu’ils parlent mal de vous, comme si vous étiez des malfaiteurs.

17 Car il vaut mieux souffrir, si telle est la volonté de Dieu, en faisant bien, qu’en faisant mal.

18 Car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, lui juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu ; étant mort selon la chair, mais ayant été vivifié par l’esprit ;

19 par lequel aussi il est allé prêcher aux esprits retenus en prison ;

20 qui avaient été autrefois désobéissants, lorsque du temps de Noé la patience de Dieu attendait pour la dernière fois, pendant que l’arche se bâtissait ; dans laquelle un petit nombre, savoir, huit personnes furent sauvées de l’eau.

21 A quoi aussi répond maintenant, comme à une figure, le baptême qui nous sauve ; non pas celui qui nettoie les ordures du corps, mais la réponse d’une bonne conscience devant Dieu, par la résurrection de Jésus-Christ ;

22 qui est à la droite de Dieu, étant allé au ciel, et auquel les anges, les principautés et les puissances sont assujettis. 

REFLEXIONS

St. Pierre exhorte ici I. premièrement les femmes chrétiennes à être soumises à leurs maris, à se conduire avec une grande douceur, à fuir le luxe et l’immodestie dans les habits et à être ornées intérieurement d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu. Sur quoi il représente aux femmes qui avaient des maris païens, que, par des mœurs innocentes et pures et par une conduite modeste et respectueuse, elles pourraient les adoucir et les amener même à la religion chrétienne.

Les femmes qui sont unies à des maris fâcheux peuvent voir par-là combien la piété et la douceur ont de force pour rendre leur état plus supportable.

II. L’Apôtre ordonne aux maris d’aimer leurs femmes et de se conduire envers elles avec circonspection et avec douceur, afin que les prières qu’ils faisaient ensemble ne fussent pas troublées par la désunion.

III. Il recommande aux chrétiens en général de s’aimer cordialement, de ne jamais faire de mal à personne, de ne se venger point et de vivre dans la paix avec tout le monde, leur représentant, après David, que c’est par là qu’on peut passer une vie plus douce, apaiser les ennemis qu’on pourrait avoir et même être heureux lorsqu’on est persécuté.

IV. On voit dans ce chapitre que l’un des principaux devoirs des chrétiens est de faire une profession sincère du christianisme, de conserver une bonne conscience et d’être prêt à rendre raison de leur foi avec douceur et avec respect dans toutes les occasions qui s’en présentent.

V. Sur la fin de ce chapitre, St. Pierre enseigne que Jésus-Christ a souffert, qu’il est ressuscité et qu’il a fait prêcher son Évangile aux païens, pour retirer les hommes de la servitudes du péchés ; et que, comme Noé fut autrefois sauvé dans l’arche, nous sommes aussi sauvés par le baptême qui nous donne entrée dans l’église de Dieu.

Il s’ensuit de là :

  • Que l’on ne peut parvenir au salut que par la foi en Jésus-Christ,
  • Qu’il est nécessaire de faire une profession publique de cette foi dans le baptême, mais que le baptême ne peut sauver s’il n’est pas accompagné de la pureté de la conscience et
  • Enfin, que ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile périront dans leur incrédulité, comme les habitants du premier monde, qui ne profitèrent pas de la patience de Dieu et qui ne crurent pas à la prédication de Noé, périrent dans les eaux du déluge. 

CHAPITRE IV.

 

St. Pierre enseigne dans ce chapitre :

I. Que les souffrances de Jésus-Christ obligeaient les chrétiens à renoncer aux égarements dans lesquels ils vivaient avant leur conversion à la religion chrétienne et particulièrement à la vie impure et dissolue des païens et à vivre dans la sobriété et dans la piété en attendant la venue de notre Seigneur. II. Que les chrétiens devaient sur toutes choses avoir entre eux une grande charité, se secourir mutuellement et employer chacun à la gloire de Dieu les divers dons qu’ils avaient reçus. III. Que bien loin que les souffrances qu’ils enduraient pour l’Évangile dussent les étonner, elles étaient très honorables et qu’au reste, si les fidèles mêmes étaient exposés à tant de maux et si Dieu n’épargnait pas son église en ce monde, ceux qui la persécutaient et qui s’opposaient à l’Évangile ne seraient pas épargnés. 

1 Puis donc que Christ a souffert pour nous dans la chair, vous aussi, armez-vous de cette pensée, que celui qui a souffert en la chair, a cessé de pécher ;

2 afin que tout le temps qui lui reste à vivre dans la chair, il ne vive plus selon les convoitises des hommes, mais qu’il vive selon la volonté de Dieu.

3 Car il nous doit suffire que dans le temps passé nous nous soyons abandonnés aux mêmes passions que les Gentils, vivant dans toutes sortes d’impudicités et de convoitises, dans l’ivrognerie, dans les excès de manger et de boire, et dans les idolâtries détestables.

4 C’est pourquoi ils trouvent étrange que vous ne couriez pas avec eux dans le même débordement à la dissolution, et ils vous en blâment.

5 Mais ils rendront compte à celui qui est prêt à juger les vivants et les morts.

6 Car c’est pour cela que l’évangile a été annoncé aux morts, afin qu’ils fussent jugés selon les hommes dans la chair, et qu’ils vécussent selon Dieu dans l’esprit.

7 Au reste, la fin de toutes les choses est proche ; soyez donc sobres et vigilants dans les prières.

8 Surtout ayez entre vous une grande charité, car la charité couvrira une multitude de péchés.

9 Exercez l’hospitalité les uns envers les autres sans murmures.

10 Que chacun de vous emploie le don qu’il a reçu au service des autres, comme étant de bons dispensateurs des diverses grâces de Dieu.

11 Si quelqu’un parle, qu’il parle selon les oracles de Dieu ; si quelqu’un exerce quelque ministère, qu’il l’exerce selon les forces que Dieu lui fournit, afin qu’en toutes choses Dieu soit glorifié par Jésus-Christ, auquel appartiennent la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen.

12 Mes bien-aimés, ne trouvez point étrange, si vous êtes comme dans une fournaise pour être éprouvés, comme s’il vous arrivait quelque chose d’extraordinaire.

13 Mais réjouissez-vous de ce que vous avez part aux souffrances de Christ, afin que lorsque sa gloire se manifestera vous soyez aussi comblés de joie.

14 Si l’on vous dit des injures pour le nom de Christ, vous êtes bien heureux ; car l’Esprit de gloire, qui est l’Esprit de Dieu, repose sur vous, lequel est blasphémé par eux ; mais il est glorifié par vous.

15 Que nul de vous ne souffre comme meurtrier, ou comme larron, ou comme malfaiteur, ou comme s’ingérant dans les affaires d’autrui.

16 Mais s’il souffre comme chrétien, qu’il n’en ait point de honte, mais qu’il en glorifie Dieu.

17 Car le temps vient auquel le jugement de Dieu doit commencer par sa maison ; et s’il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui n’obéissent pas à l’évangile de Dieu ?

18 Et si le juste ne se sauve que difficilement, que deviendra l’impie et le pécheur ?

19 Que ceux donc qui souffrent par la volonté de Dieu, lui recommandent leurs âmes, comme au fidèle Créateur, en faisant bien. 

REFLEXIONS

Ce chapitre renferme ces cinq instructions principales :

I. Que la considération de ce que Jésus-Christ a souffert nous engage très fortement à renoncer au péché et aux cupidités de la chair et en particulier à fuir l’impureté et l’intempérance,

II. Que, comme ceux qui font profession de craindre Dieu doivent avoir renoncé aux égarements des gens du monde, il ne faut pas qu’ils trouvent étrange si les mondains les blâment de ce qu’ils ne vivent pas comme eux, ni qu’ils soient ébranlés par leur exemple et par leur mépris.

III. La troisième instruction est d’avoir toujours devant les yeux la fin de toutes choses et la dernière venue de notre Seigneur et de s’y préparer par une vie sobre, par l’assiduité dans la prière et par la pratique des devoirs de la charité.

IV. La quatrième, que chacun doit employer les diverses grâces qu’il a reçues, soit les temporelles, soit les spirituelles, pour la gloire de Dieu et pour l’utilité du prochain et que c’est ce que doivent faire surtout, ceux qui ont des dons particuliers ou quelque charge dans l’église.

V. Enfin, St. Pierre nous apprend qu’il y a beaucoup d’honneur et de joie à souffrir en qualité de chrétien et que si les fidèles et les justes sont exposés à tant de maux, les impies et les méchants doivent s’attendre aux peines les plus terribles.

C’est là une considération très propre, pour encourager les chrétiens à souffrir avec patience et même avec joie tous les maux que la profession de l’Évangile peut leur attirer de la part des méchants et pour nous inspirer à tous la crainte du jugement de Dieu et nous animer de plus en plus à une vie sainte. 

CHAPITRE V.

Dans ce chapitre, St. Pierre exhorte :

  • Les pasteurs à s’acquitter de leur devoir,
  • Ceux qui sont jeunes à être soumis aux pasteurs et à être humbles,
  • Et tous les chrétiens à vivre dans la sobriété et dans la vigilance et à résister aux tentations du diable.

Il conclut son épître par des vœux et des salutations. 

1 Je prie les pasteurs qui sont parmi vous, moi qui suis pasteur avec eux, et témoin des souffrances de Christ, et qui suis aussi participant de la gloire qui doit être manifestée :

2 Paissez le troupeau de Dieu qui vous est commis, veillant sur lui, non par contrainte, mais volontairement ; non pour un gain déshonnête, mais par affection ;

3 non comme ayant la domination sur les héritages du Seigneur, mais en vous rendant les modèles du troupeau.

4 Et lorsque le souverain Pasteur paraîtra, vous remporterez la couronne incorruptible de gloire.

5 De même, vous qui êtes jeunes, assujettissez-vous aux anciens, de sorte que vous vous soumettiez tous les uns aux autres. Soyez ornés d’humilité ; car Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles.

6 Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand il en sera temps ;

7 vous déchargeant sur lui de tous vos soucis, parce qu’il a soin de vous.

8 Soyez sobres et veillez ; car le diable, votre ennemi, tourne autour de vous comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra dévorer.

9 Résistez-lui, étant fermes dans la foi, sachant que vos frères, qui sont répandus dans le monde, souffrent les mêmes afflictions que vous.

10 Le Dieu de toute grâce, qui nous a appelés à sa gloire éternelle en Jésus-Christ, après que nous aurons un peu souffert, vous perfectionne, vous affermisse, vous fortifie et vous rende inébranlables.

11 A lui soit la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen.

12 Je vous ai écrit en peu de mots, par Silvain, qui est, comme je l’estime, notre frère fidèle, vous exhortant et vous assurant que la vraie grâce de Dieu est celle dans laquelle vous demeurez fermes.

13 L’Église qui est à Babylone, et qui est élue avec vous, et Marc mon fils, vous saluent.

14 Saluez-vous les uns les autres par un baiser de charité. La paix soit avec vous tous qui êtes en Jésus-Christ. Amen. 

REFLEXIONS

Ce chapitre marque :

I. Le devoir des pasteurs et la glorieuse récompense qu’ils recevront du Seigneur Jésus s’ils le servent fidèlement dans leur ministère. Ce que St. Pierre dit sur ce sujet doit engager ceux qui sont dans cet emploi à s’en acquitter avec intégrité à paître les troupeaux du Seigneur, à veiller soigneusement sur les brebis qui leur sont confiées et à exercer leur charge, non par contrainte, ni dans des vues d’orgueil ou d’intérêt, mais avec affection et volontairement et d’une manière qu’ils soient pour leurs troupeaux des modèles d’humilité et de toutes sortes de vertus.

II. St. Pierre avertit ceux qui étaient jeunes que la soumission envers les pasteurs convient particulièrement à leur état et à leur âge et tous les chrétiens en général doivent se souvenir que l’humilité est l’une des principales vertus du christianisme : puisque Dieu résiste aux orgueilleux et qu’il fait grâce aux humbles.

III. Nous devons remarquer ici que notre condition en ce monde est d’être exposés aux tentations du diable et à divers dangers et que nous ne pouvons-nous en garantir que par la sobriété, par la vigilance et en demeurant ferme dans la foi.

Enfin, les vœux par où St. Pierre conclut cette épître nous enseigne que la profession chrétienne et l’espérance de la gloire éternelle nous obligent à aspirer de plus en plus à la perfection et que le moyen d’y parvenir est de se confier en Dieu et d’implorer l’assistance continuelle de sa grâce en priant : le Dieu de paix, qui nous appelle à la gloire éternelle, qu’il veuille nous rendre parfait ; qu’il nous fortifie et qu’il nous rende inébranlable. À lui soit la gloire et la force aux siècles des siècles. Amen.