LE LIVRE DE RUTH

ARGUMENT

Ce livre contient l’histoire de Ruth qui était une femme moabite, laquelle, étant veuve, vint au pays d’Israël et épousa en secondes noces Booz, parent de son premier mari. Cette histoire a été rédigée par écrit parce qu’elle sert à établir la généalogie du roi David qui fut arrière-petit-fils de Booz et par ce moyen celle de notre Seigneur Jésus-Christ. On ne sait pas avec certitude en quel temps arriva ce qui est rapporté dans ce livre.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.  LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I.

Un homme nommé Élimélec quitte le pays d’Israël à cause de la famine et s’en va au pays de Moab avec Nahomi sa femme et ses deux fils. Il y meurt. Ses deux fils y épousent deux femmes moabites et meurent aussi au bout de quelque temps. Après leur mort, Nahomi leur mère ayant appris que la famine avait cessée retourna au pays d’Israël avec une de ses belles-filles nommée Ruth qui ne voulut pas la quitter.

1 Dans le temps que les juges gouvernaient le peuple d’Israël, il y eut une famine au pays, et un homme de Bethléhem de Juda s’en alla, lui et sa femme, et ses deux fils, au pays de Moab, afin d’y habiter.

2 Le nom de cet homme-là était Elimélec, et le nom de sa femme Nahomi, et les noms de ses deux fils Mahlon et Kiljon ; ils étaient Ephratiens, de Bethléhem de Juda, et ils vinrent au pays de Moab, et ils y demeurèrent.

3 Or, Elimélec, mari de Nahomi, mourut, et elle demeura avec ses deux fils ;

4 qui épousèrent des femmes moabites, dont l’une s’appelait Horpa, et l’autre Ruth ; et ils demeurèrent là environ dix ans.

5 Ses deux fils aussi moururent, savoir, Mahlon et Kiljon. Ainsi cette femme-là demeura seule, après la mort de ses deux fils et de son mari.

6 Et elle se leva avec ses belles-filles, pour s’en retourner du pays de Moab ; car elle apprit au pays de Moab, que l’Éternel avait visité son peuple, en lui donnant du pain.

7 Elle sortit donc du lieu où elle avait demeuré, et ses deux belles-filles avec elle, et elles se mirent en chemin pour retourner au pays de Juda.

8 Et Nahomi dit à ses deux belles-filles : Allez, retournez chacune en la maison de sa mère. L’Éternel vous fasse miséricorde, comme vous avez fait à ceux qui sont morts, et à moi ;

9 l’Éternel vous fasse trouver du repos à chacune dans la maison de son mari ! Et elle les baisa. Mais elles élevèrent leur voix et pleurèrent ;

10 et elles lui dirent : Mais plutôt nous retournerons avec toi vers ton peuple.

11 Et Nahomi répondit : Retournez-vous-en, mes filles ; pourquoi viendriez-vous avec moi ? Ai-je encore des fils dans mon sein, afin que vous les ayez pour maris ?

12 Retournez-vous-en, mes filles, allez-vous-en ; car je suis trop âgée pour être remariée ; et quand je dirais que j’en aurais quelque espérance, même que dès cette nuit je serais avec un mari, et même que j’aurais enfanté des fils,

13 les attendriez-vous jusqu’à ce qu’ils devinssent grands ? Différeriez-vous pour eux d’être remariées ? Non, mes filles, car je suis en plus grande amertume que vous, parce que la main de l’Éternel s’est appesantie sur moi.

14 Alors elles élevèrent leur voix et pleurèrent encore. Et Horpa prit congé de sa belle-mère ; mais Ruth demeura avec elle.

15 Alors Nahomi dit : Voici, ta belle-sœur s’en est retournée vers son peuple et vers ses dieux ; retourne-t-en après ta belle-sœur.

16 Mais Ruth répondit : Ne me prie point de te laisser, pour m’éloigner de toi ; car j’irai où tu iras, et je demeurerai où tu demeureras ; ton peuple sera mon peuple, et ton Dieu sera mon Dieu ;

17 je mourrai où tu mourras, et j’y serai ensevelie. Que l’Éternel me traite avec la dernière rigueur, si jamais rien te sépare de moi que la mort.

18 Nahomi, voyant donc qu’elle était résolue d’aller avec elle, cessa de lui en parler ;

19 Et elles marchèrent toutes deux jusqu’à ce qu’elles arrivèrent à Bethléhem. Et comme elles furent entrées dans Bethléhem, toute la ville fut émue à cause d’elles, et les femmes dirent : N’est-ce pas ici Nahomi ?

20 Et elle leur répondit : Ne m’appelez point Nahomi, appelez-moi Mara ; car le Tout-Puissant m’a remplie d’amertume.

21 Je m’en allai comblée de biens, et l’Éternel me ramène vide. Pourquoi m’appelleriez-vous Nahomi, puisque l’Éternel m’a abattue, et que le Tout-Puissant m’a affligée ?

22 C’est ainsi que Nahomi s’en retourna avec Ruth la Moabite, sa belle-fille, qui était venue du pays de Moab ; et elles entrèrent dans Bethléhem au commencement de la moisson des orges.

REFLEXIONS

Ce qui mérite principalement notre attention dans ce chapitre, c’est la vertu et la piété de Nahomi. Ayant perdu son mari et ses deux fils dans un pays étranger, elle conserva une tendre affection pour ses deux belles-filles quoiqu’elles fussent Moabites. Elle supporta avec patience les diverses afflictions dont Dieu la visita en la privant de son mari et de ses fils et elle retourna dans sa patrie dès qu’elle put le faire afin d’y servir Dieu.

L’on doit aussi remarquer les sentiments de Ruth qui ne voulut pas se séparer de Nahomi et qui déclara même qu’elle voulait suivre la religion de sa belle-mère et adorer le même Dieu qu’elle. On voit par-là que cette femme, quoiqu’elle fût Moabite et étrangère, avait de la vertu et qu’elle quitta l’idolâtrie pour servir le vrai Dieu.

CHAPITRE II.

Ruth, étant arrivée dans le pays d’Israël avec Nahomi sa belle-mère dans le temps des moissons, va glaner dans le champ de Booz qui était un parent de son premier mari et qui la reçut avec bonté.

1 Le mari de Nahomi avait un parent qui était un homme puissant et riche, de la famille d’Elimélec, qui s’appelait Booz.

2 Et Ruth la Moabite dit à Nahomi : Je te prie, que j’aille aux champs, et je glanerai quelques épis après celui devant lequel j’aurai trouvé grâce. Et elle lui répondit : Va, ma fille.

3 Elle s’en alla donc et entra dans un champ, et glana après les moissonneurs. Et il arriva qu’elle se trouva dans un champ qui appartenait à Booz, qui était de la famille d’Elimélec.

4 En même temps, Booz vint de Bethléhem, qui dit aux moissonneurs : Que l’Éternel soit avec vous, et ils lui répondirent : Que l’Éternel te bénisse.

5 Puis Booz dit à son serviteur, qui était commis sur les moissonneurs : A qui est cette jeune fille ?

6 Et le serviteur, qui était commis sur les moissonneurs, répondit et dit : C’est une jeune femme Moabite, qui est revenue avec Nahomi du pays de Moab ;

7 et elle nous a dit : Je vous prie, que je glane et que j’amasse quelques poignées après les moissonneurs ; étant donc venue, elle est demeurée ici depuis le matin jusqu’à présent ; c’est là le peu de temps qu’elle a demeuré dans la maison.

8 Alors Booz dit à Ruth : Ecoute, ma fille, ne va point glaner dans un autre champ, et même ne sors point d’ici, et ne pars pas d’ici, d’auprès de mes servantes ;

9 regarde le champ où l’on moissonnera, et va après elles. N’ai-je pas défendu à mes garçons de te toucher ? et si tu as soif, va aux vaisseaux, et bois de ce que les garçons auront puisé.

10 Alors elle tomba le visage contre terre, et se prosterna, et lui dit : Comment ai-je trouvé grâce devant toi, que tu me connaisses, moi qui suis étrangère ?

11 Booz répondit, et lui dit : Tout ce que tu as fait à ta belle-mère, depuis que ton mari est mort, m’a été entièrement rapporté : comment tu as laissé ton père et ta mère, et le pays de ta naissance, et comment tu es venue vers un peuple que tu n’avais point connu auparavant.

12 Que l’Éternel récompense ce que tu as fait ! et puisses-tu recevoir pleinement ton salaire de l’Éternel, le Dieu d’Israël, sous les ailes duquel tu t’es venue retirer !

13 Et elle dit : Mon seigneur, je trouve grâce devant toi ; car tu m’as consolée, et tu as parlé selon le cœur de ta servante, quoique je ne sois pas autant que l’une de tes servantes.

14 Booz lui dit encore à l’heure du repas : Approche-toi d’ici, et mange du pain, et trempe ton morceau dans le vinaigre. Et elle s’assit à côté des moissonneurs, et il lui donna du grain rôti, et elle en mangea, et fut rassasiée et serra le reste.

15 Puis elle se leva pour glaner. Et Booz commanda à ses garçons, disant : Qu’elle glane même entre les javelles, et ne lui faites point de honte ;

16 et même vous lui laisserez, comme par mégarde, quelques poignées ; vous les lui laisserez, et elle les recueillera, et vous ne l’en reprendrez point.

17 Elle glana donc au champ jusqu’au soir ; et elle battit ce qu’elle avait recueilli, et il y eut environ un épha d’orge.

18 Et elle l’emporta et vint à la ville ; et sa belle-mère vit ce qu’elle avait glané. Elle tira aussi ce qu’elle avait serré de reste, après qu’elle eut été rassasiée, et elle le lui donna.

19 Alors sa belle-mère lui dit : Où as-tu glané, aujourd’hui, et où as-tu travaillé ? Béni soit celui qui t’a reconnue ! Et elle déclara à sa belle-mère chez qui elle avait fait cela, et lui dit : L’homme chez qui j’ai fait ceci aujourd’hui s’appelle Booz.

20 Et Nahomi dit à sa belle-fille : Qu’il soit béni de l’Éternel, puisqu’il a la même bonté pour les vivants qu’il avait eue pour les morts. Et Nahomi lui dit : Cet homme nous est proche parent, et de ceux qui ont le droit de retrait lignager.

21 Et Ruth la Moabite dit : Et même il m’a dit : Ne bouge point d’avec les garçons qui m’appartiennent, jusqu’à ce qu’ils aient achevé toute ma moisson.

22 Et Nahomi dit à Ruth sa belle-fille : Ma fille, il est bon que tu sortes avec ses jeunes filles, de peur qu’on ne te fasse de la peine dans un autre champ.

23 Elle s’attacha donc aux servantes de Booz, afin de glaner jusqu’à ce que la moisson des orges, et la moisson des froments fût achevée ; et elle demeura avec sa belle-mère.

REFLEXIONS

I. On voit dans ce chapitre que Ruth étant pauvre aussi bien que Nahomi sa belle-mère, la providence la conduisit dans le champ de Booz d’où elle remporta de quoi se nourrir. Ce fut ainsi que Dieu pourvut à la subsistance de ces deux femmes qui se confiaient en lui.

II. Il paraît d’ici que Booz fut engagé à faire du bien à Ruth parce qu’il avait été informé de la manière dont elle s’était conduite envers sa belle-mère et du désir qu’elle avait eu de se joindre au peuple de Dieu en quittant le pays de sa naissance. Cela fait voir que Booz lui-même avait de la vertu et que s’il épousa Ruth dans la suite, il le fit par un effet de l’estime qu’il avait conçu pour elle.

Et, puisque ce fut la bonne réputation de Ruth qui lui attira ces marques de la bienveillance de Booz, on doit regarder le bien qui arriva à Ruth comme une récompense de sa sage conduite et comme une de ces bénédictions que Dieu accorde à ceux qui le cherchent et particulièrement à ceux qui s’acquittent de leur devoir envers leurs pères et leurs mères.

Nahomi fit aussi paraître sa piété en bénissant le Seigneur du bien qu’il lui faisait et en reconnaissant qu’il avait la même bonté pour elle et pour sa belle-fille qu’il avait eue pour son mari et pour ses fils qui étaient morts.

C’est ainsi que nous devons remercier Dieu de toutes les grâces qu’il nous accorde et les recevoir comme des marques de son amour.

CHAPITRE III.

Ruth, par l’avis de Nahomi sa belle-mère, fait connaître à Booz qu’il avait le droit de l’épouser puisqu’il était proche parent de son mari défunt.

1 Et Nahomi, sa belle-mère, lui dit : Ma fille, ne chercherai-je pas à te procurer du repos, afin que tu sois heureuse ?

2 Et maintenant, Booz, avec les servantes de qui tu as été, n’est-il pas de notre parenté ? Voici, il vannera cette nuit les orges qui ont été foulées dans l’aire ;

3 c’est pourquoi, lave-toi, et oins-toi, et mets sur toi tes plus beaux habits, et descends dans l’aire ; mais ne te fais point connaître à lui, jusqu’à ce qu’il ait achevé de manger et de boire.

4 Puis quand il se couchera, sache le lieu où il couchera, et entre, et découvre ses pieds et te couche ; alors il te dira ce que tu auras à faire.

5 Et elle lui répondit : Je ferai tout ce que tu me dis.

6 Elle descendit donc à l’aire, et fit tout ce que sa belle-mère lui avait commandé.

7 Et Booz mangea et but et se réjouit, et il se vint coucher au bout d’un tas de javelles. Et elle vint tout doucement ; et découvrit ses pieds et se coucha.

8 Et sur le minuit, cet homme-là eut peur, et il retira ses pieds ; et voici, une femme y était couchée.

9 Alors il lui dit : Qui es-tu ? Et elle répondit : Je suis Ruth, ta servante. Etends le pan de ta robe sur ta servante ; car tu as droit de retrait lignager.

10 Et il dit : Ma fille, que l’Éternel te bénisse ! Cette dernière bonté que tu témoignes est plus grande que la première, de n’être point allée après les jeunes gens, pauvres ou riches.

11 Maintenant donc, ma fille, ne crains point, je te ferai tout ce que tu me diras ; car toute la porte de mon peuple sait que tu es une femme vertueuse.

12 Or, maintenant, il est très vrai que j’ai droit de retrait lignager ; mais il y en a un autre qui a droit de retrait lignager, qui est plus proche que moi.

13 Passe ici cette nuit, et au matin si cet homme-là veut user du droit de retrait lignager envers toi, à la bonne heure, qu’il en use ; mais s’il ne lui plaît pas d’user du droit de retrait lignager envers toi, je le ferai ; l’Éternel est vivant. Demeure ici couchée jusqu’au matin.

14 Elle demeura donc couchée à ses pieds, jusqu’au matin ; et elle se leva avant qu’on pût se reconnaître l’un l’autre. Et il dit : Qu’on ne sache point qu’aucune femme soit entrée dans l’aire.

15 Il lui dit encore : Donne-moi le tablier qui est sur toi, et tiens-le. Et elle le tint et il mesura six mesures d’orge, et il les mit sur elle ; puis il rentra dans la ville.

16 Et elle vint chez sa belle-mère, qui lui dit : Qu’as-tu fait, ma fille ? Et elle lui déclara tout ce qui s’était passé entre cet homme-là et elle.

17 Et elle dit : Il m’a donné ces six mesures d’orge ; car il m’a dit : Tu ne retourneras point à vide vers ta belle-mère.

18 Et Nahomi dit : Ma fille, demeure ici jusqu’à ce que tu saches comment l’affaire se terminera ; car cet homme-là ne se donnera point de repos qu’il n’ait aujourd’hui achevé cette affaire.

REFLEXIONS

L’action de Ruth qui est rapportée dans ce chapitre, considérée en elle-même, paraît contraire à la bienséance. Cependant elle peut être excusée si l’on a égard à la simplicité de ces temps-là. D’ailleurs, la vertu de Ruth, l’âge avancé de Booz, la manière dont il parla à cette femme, le témoignage qu’il rendit à sa sagesse, la démarche publique qu’il fit avant que de l’épouser et les diverses circonstances de cette histoire, mettent la vertu de l’un et de l’autre hors de tout soupçon et font voir que comme il ne se passa rien de criminel dans cette occasion, il n’y a rien ici qui autorise le crime et le libertinage.

CHAPITRE IV.

Booz demanda au plus proche parent d’Élimélec, mari de Nahomi, s’il voulait se prévaloir du droit de retrait lignager et acquérir un champ qui avait appartenu à Élimélec et épouser Ruth, ce que ce parent ayant refusé de faire, Booz fit ce retrait et épousa Ruth.

1 Booz donc monta à la porte, et s’y assit ; et voici, celui qui avait le droit de retrait lignager, duquel Booz avait parlé, passait ; et Booz lui dit : Toi, un tel, détourne-toi, et assieds-toi ici. Et il se détourna, et s’assit.

2 Alors il prit dix hommes des anciens de la ville, et il leur dit : Asseyez-vous ici ; et ils s’assirent.

3 Puis il dit à celui qui avait le droit de retrait lignager : Nahomi, qui est revenue du pays de Moab, a vendu la portion d’un champ qui appartenait à Elimélec notre parent.

4 Et j’ai pensé qu’il fallait te le faire savoir et te le dire. Acquiers-la, en la présence des anciens de mon peuple ; si tu la veux racheter par droit de retrait lignager, rachète-la ; que si tu ne la veux pas racheter, déclare-le-moi, afin que je le sache ; car il n’y en a point d’autre que toi qui la puisse racheter par droit de retrait lignager, et je suis après toi. Il répondit : Je la rachèterai par droit de retrait lignager.

5 Et Booz dit : Au jour que tu acquerras le champ de la main de Nahomi et de Ruth la Moabite, femme du défunt, tu acquerras aussi Ruth, pour conserver le nom du défunt dans son héritage.

6 Et celui qui avait le droit de retrait lignager dit : Je ne le saurais racheter, de peur que je ne perde mon héritage ; toi, prends pour toi le droit de retrait lignager que j’y ai ; car je ne le saurais racheter.

7 Or, c’était une ancienne coutume en Israël, qu’en cas de droit de retrait lignager et de subrogation, pour confirmer la chose, l’homme déchaussait son soulier et le donnait à son parent, et c’était là un témoignage en Israël, qu’on cédait son droit.

8 Quand donc celui qui avait lé droit de retrait lignager eut dit à Booz : Acquiers-le pour toi, il déchaussa son soulier.

9 Et Booz dit aux anciens et à tout le peuple : Vous êtes aujourd’hui témoins que j’ai acquis tout ce qui appartenait à Elimélec, et tout ce qui était à Kiljon et à Mahlon, de la main de Nahomi ;

10 et que je me suis aussi acquis Ruth la Moabite, femme de Mahlon, pour femme, pour conserver le nom du défunt dans son héritage, afin que le nom du défunt ne soit point retranché d’entre ses frères, et de la ville de son habitation ; vous en êtes témoins aujourd’hui.

11 Et tout le peuple qui était à la porte et les anciens dirent : Nous en sommes témoins. L’Eternel fasse que la femme qui entre en ta maison, soit comme Rachel et comme Léa, qui toutes deux ont donné des enfants à la maison d’Israël ; conduis-toi vertueusement en Ephrat, et rends ton nom célèbre dans Bethléhem ;

12 et que de la postérité que l’Eternel te donnera de cette jeune femme, ta maison soit comme la maison de Pharez, que Tamar enfanta à Juda.

13 Ainsi Booz prit Ruth pour femme, et il vint vers elle, et l’Eternel lui fit la grâce de concevoir, et elle enfanta un fils ;

14 et les femmes dirent à Nahomi : Béni soit l’Eternel qui n’a pas voulu te laisser manquer aujourd’hui d’un homme qui eût le droit de retrait lignager, afin que son nom soit conservé en Israël !

15 Qu’il console ton âme et qu’il soit le soutien de ta vieillesse ; car ta belle-fille, qui t’aime, a enfanté, et elle te vaut mieux que sept fils.

16 Alors Nahomi prit l’enfant, et le mit dans son giron, et elle lui tenait lieu de nourrice.

17 Et les voisines lui donnèrent un nom et dirent : Un fils est né à Nahomi ; et elles l’appelèrent Obed ; ce fut le père d’Isaï, père de David.

18 Or, ce sont ici les générations de Pharez : Pharez fut père de Hetsron ;

19 Hetsron fut père de Ram, Ram fut père de Hamminadab ;

20 Hamminadab fut père de Nahasson ; Nahasson fut père de Salmon ;

21 Salmon fut père de Booz ; Booz fut père d’Obed.

22 Obed fut père d’Isaï, et Isaï fut père de David.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce qui est dit dans ce chapitre que Booz, avant que d’épouser Ruth, demanda à un homme, qui était plus proche parent que lui, s’il voulait user de son droit de retrait lignager et que ce ne fut que sur le refus de cet homme que Booz prit Ruth pour sa femme. Cette démarche, que Booz fit publiquement devant les juges et en observant toutes les formalités usitées en semblable cas, prouve la droiture et la pureté de sa conduite. Il paraît aussi de cette histoire qu’on observait alors ce que la loi de Dieu prescrivait pour la conservation et la distinction des familles et des héritages.

Au reste, ce mariage de Booz avec Ruth est rapporté parce que Booz fut le bisaïeul du roi David ainsi qu’on le voit dans la généalogie qui se lit à la fin de ce livre. Et comme Jésus-Christ notre Seigneur est descendu du roi David, il paraît de là que Ruth, qui était Moabite, est comptée parmi les ancêtres du Messie, de même que Rahab qui était Cananéenne, ce que St. Matthieu remarque expressément au chapitre I de son évangile où il fait la généalogie de Jésus-Christ.

On doit enfin considérer que Dieu voulut que ces deux femmes, qui étaient étrangères, se joignissent au peuple d’Israël par leur mariage afin de montrer que les païens et les peuples étrangers seraient un jour reçus dans son alliance, ce qui aussi arrivé après la venue de notre Seigneur.