LE PREMIER LIVRE DE SAMUEL

ARGUMENT

On voit dans le premier livre de Samuel quel a été l’état du peuple d’Israël sous le gouvernement d’Héli qui fut le quatorzième juge, sous celui de Samuel qui fut le quinzième et le dernier et sous le règne de Saül qui fut le premier roi d’Israël.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX. CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.   CHAPITRE XXVII.  CHAPITRE XXVIII.  CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX.   CHAPITRE XXXI.   LIVRES DU VIEUX TESTAMENT

CHAPITRE I.

Le premier chapitre contient l’histoire de la naissance de Samuel. Elkana et Anne, ses père et mère, étant allés à Scilo pour adorer Dieu, Anne pria le Seigneur de lui donner un fils et promis de le vouer à son service. Quelque temps après, Samuel naquit et après qu’il fut sevré, sa mère le mena à Scilo pour accomplir son vœu. Elle le présente à Héli grand sacrificateur et le consacre à Dieu pour toute sa vie.

1 Il y avait un homme de Ramathajim-Tsophim, de la montagne d’Ephraïm, qui s’appelait Elkana, fils de Jéroham, fils d’Elihu, fils de Tohu, fils de Tsuph, Ephratien,

2 qui avait deux femmes, dont l’une s’appelait Anne, et l’autre Péninna ; et Péninna avait des enfants, mais Anne n’en avait point.

3 Or, cet homme-là montait tous les ans de sa ville, pour adorer l’Eternel des armées, et pour lui offrir des sacrifices à Scilo, où étaient les deux fils d’Héli, Hophni et Phinées, sacrificateurs de l’Eternel.

4 Et le jour qu’Elkana sacrifiait, il donnait à Péninna sa femme, et à tous les fils et filles qu’il avait d’elle, leurs portions.

5 Mais il donnait à Anne une portion fort honorable, car il aimait Anne ; mais l’Eternel l’avait rendue stérile.

6 Et Péninna, qui avait de la jalousie contre elle, la piquait, même fort aigrement ; car elle faisait grand bruit, en lui reprochant que l’Eternel l’avait rendue stérile.

7 Et Elkana faisait ainsi tous les ans. Mais quand Anne montait à la maison de l’Eternel, Péninna l’offensait toujours de la même manière ; et Anne pleurait, et ne mangeait point.

8 Et Elkana son mari lui disait : Anne, pourquoi pleures-tu, et pourquoi ne manges-tu point, et pourquoi ton cœur est-il triste ? Ne te vaux-je pas mieux que dix fils ?

9 Après donc qu’elle eut mangé et bu à Scilo, elle se leva, et Héli le sacrificateur était assis sur un siège, auprès d’un des poteaux du tabernacle de l’Eternel.

10 Elle donc, ayant le cœur plein d’amertume, pria l’Eternel, en répandant beaucoup de larmes ;

11 et elle fit un vœu, et dit : Eternel des armées, si tu daignes regarder l’affliction de ta servante, et si tu te souviens de moi, si tu n’oublies point ta servante, et si tu donnes un enfant mâle à ta servante, je le donnerai à l’Eternel pour tous les jours de sa vie, et aucun rasoir ne passera sur sa tête.

12 Et comme elle continuait de faire sa prière devant l’Eternel, Héli prit garde à sa bouche.

13 Or, Anne parlait dans son cœur ; on voyait seulement remuer ses lèvres, et on n’entendait point sa voix. Héli donc crut qu’elle était ivre.

14 Et Héli lui dit : Jusqu’à quand seras-tu ainsi ivre ? Va digérer ton vin.

15 Mais Anne répondit et dit : Je ne suis point ivre, mon seigneur ; je suis une femme affligée en son esprit ; je n’ai bu ni vin ni cervoise, mais j’ai répandu mon âme devant l’Éternel.

16 Ne prends pas ta servante pour une femme qui ne vaille rien ; car c’est de l’excès de ma douleur et de mon affliction que j’ai parlé jusqu’à présent.

17 Alors Héli répondit et dit : Va-t’en en paix, et que le Dieu d’Israël te veuille accorder la demande que tu lui as faite.

18 Et elle dit : Que ta servante trouve grâce devant tes yeux. Et cette femme continua son chemin, et mangea, et son visage ne fut plus tel qu’auparavant.

19 Après cela, ils se levèrent de bon matin, et se prosternèrent devant l’Éternel ; et ils s’en retournèrent et vinrent à leur maison à Rama. Alors Elkana connut Anne sa femme ; et l’Éternel se souvint d’elle.

20 Quelque temps après, Anne ayant conçu, enfanta un fils, et le nomma Samuel ; parce, dit-elle, que je l’ai demandé à l’Éternel.

21 Et Elkana son mari monta, avec toute sa maison, pour offrir à l’Éternel le sacrifice solennel, et pour s’acquitter de son vœu.

22 Mais Anne n’y monta pas ; car elle dit à son mari : Je n’y irai point jusqu’à ce que l’enfant soit sevré ; alors je le mènerai, afin qu’il soit présenté devant l’Éternel, et qu’il demeure toujours là.

23 Et Elkana son mari lui dit : Fais ce qui te semblera bon ; demeure jusqu’à ce que tu l’aies sevré. Que l’Éternel seulement accomplisse sa parole ! Ainsi cette femme demeura, et allaita son fils jusqu’à ce qu’elle l’eut sevré.

24 Et sitôt qu’elle l’eut sevré, elle le fit monter avec elle, et ayant pris trois veaux, et un épha de farine, et un baril de vin, elle le mena dans la maison de l’Éternel à Scilo ; et l’enfant était fort jeune.

25 Puis ils égorgèrent un veau, et ils amenèrent l’enfant à Héli ;

26 et elle dit : Hélas ! mon seigneur, il est vrai, comme il l’est que ton âme vit, mon seigneur, que je suis cette femme qui me tenais en ta présence pour prier l’Éternel.

27 J’ai prié pour avoir cet enfant, et l’Éternel m’a accordé la demande que je lui ai faite.

28 C’est pourquoi, je l’ai prêté à l’Éternel ; il sera prêté à l’Éternel pour tous les jours de sa vie. Et il se prosterna là devant l’Éternel.

REFLEXIONS

On remarque dans ce chapitre :

I. Qu’il y eut quelque chose d’extraordinaire dans la naissance de Samuel, puisqu’Anne sa mère était stérile et qu’elle obtint ce fils par ses prières et par le vœu qu’elle fit à Dieu. Cela marquait que Samuel serait un homme extraordinairement suscité par le Seigneur.

II. On voit ici la piété de cette femme. Elle en donna des marques dans les prières qu’elle adressait à Dieu à Scilo, dans la manière humble et respectueuse dont elle répondit à Héli qui l’accusait d’être chargée de vin, dans le vœu qu’elle fit de consacrer à Dieu l’enfant qu’il lui donnerait et dans le soin qu’elle eut d’accomplir ce vœu en menant le jeune à Scilo.

C’est là un bel exemple de piété, de modération et de douceur, mais surtout la conduite d’Anne doit apprendre aux pères et plus particulièrement aux mères à consacrer leurs enfants au Seigneur et à les élever dans sa crainte.

III. La naissance de Samuel qui fut le fruit des prières et des larmes d’Anne sa mère nous montre que Dieu écoute favorablement les prières de ceux qui ont recours à lui dans leurs afflictions et qui l’invoquent dans de bonnes vues.

Enfin, le jugement que le sacrificateur Héli fit de la mère d’Héli croyant qu’elle était ivre nous avertit d’éviter les jugements téméraires et précipités et de ne pas condamner le prochain sur des apparences, puisqu’il pourrait nous arriver de regarder comme criminel des actions qui seraient non seulement innocentes, mais même très agréables à Dieu.

CHAPITRE II.

Ce chapitre a deux parties :

I. La première contient le cantique d’Anne la mère de Samuel par lequel elle rendit grâce à Dieu de la naissance de son fils.

II. La seconde comprend le récit de la vie déréglée des fils du sacrificateur Héli. On y voit aussi la mollesse de leur père qui ne les reprit et ne les châtia pas comme il devait et les menaces d’un prophète qui dénonça les jugements de Dieu à Héli et à sa famille.

1 Alors Anne pria et dit : Mon cœur s’est réjoui en l’Éternel ; ma corne a été élevée par l’Éternel ; ma bouche s’est ouverte sur mes ennemis, parce que je me suis réjouie de ton salut.

2 Nul n’est saint comme l’Éternel ; car il n’y en a point d’autre que toi, et il n’y a point d’autre rocher que notre Dieu.

3 Ne prononcez plus tant de paroles hautaines ; que des paroles fières ne sortent plus de votre bouche ; car l’Éternel est le Dieu fort qui sait toutes choses ; c’est à lui à peser les entreprises.

4 L’arc des puissants a été brisé, et ceux qui ne faisaient que trébucher ont été ceints de force.

5 Ceux qui avaient accoutumé d’être rassasiés se sont loués pour avoir du pain, et les affamés ont cessé de l’être ; car celle qui était stérile en a enfanté sept, et celle qui avait beaucoup de fils est tombée dans la langueur.

6 L’Éternel est celui qui fait mourir et qui fait vivre, qui fait descendre au sépulcre et qui en fait remonter.

7 L’Éternel appauvrit et enrichit, il abaisse et il élève ;

8 il élève le pauvre de la poudre, et il tire l’indigent du fumier, afin de les faire seoir avec les principaux du peuple ; et il leur donne en héritage un trône de gloire ; car les colonnes de la terre appartiennent à l’Eternel, et il a mis la terre habitable sur elles.

9 Il gardera les pieds de ses bien-aimés, et on fera taire les méchants dans les ténèbres ; car l’homme ne prévaudra point par sa propre force.

10 Ceux qui contestent contre l’Eternel seront froissés ; il tonnera des cieux sur chacun d’eux ; l’Eternel jugera les extrémités de la terre ; il donnera la force à celui qu’il a fait roi, et il élèvera la corne de son Oint.

11 Après cela, Elkana s’en alla à Rama dans sa maison, et le jeune garçon vaquait au service de l’Eternel, en la présence d’Héli le sacrificateur.

12 Or, les fils d’Héli étaient des scélérats, et ils ne connaissaient point l’Eternel.

13 Car la coutume de ces sacrificateurs-là envers le peuple était, que quand quelqu’un faisait quelque sacrifice, le garçon du sacrificateur venait, lorsqu’on faisait bouillir la chair, ayant en sa main une fourchette à trois dents,

14 dont il piquait dans la chaudière, ou dans le chaudron, ou dans la marmite, ou dans le pot ; et le sacrificateur prenait pour lui tout ce que la fourchette enlevait. Ils en faisaient ainsi à tous ceux d’Israël qui venaient là à Scilo.

15 Même avant qu’on fît fumer la graisse, le garçon du sacrificateur venait, et disait à l’homme qui sacrifiait : Donne-moi de la chair à rôtir pour le sacrificateur ; car il ne prendra point de toi de chair bouillie, mais seulement de la chair crue.

16 Que si l’homme lui répondait : Qu’on fasse fumer présentement la graisse, après cela prends-en autant que tu en voudras ; alors il lui disait : Tu en donneras maintenant ; que si tu n’en donnes, j’en prendrai par force.

17 Et ainsi le péché de ces jeunes hommes était très grand devant l'Eternel ; car les hommes méprisaient l’oblation de l’Eternel.

18 Or, Samuel servait en la présence de l’Eternel, étant jeune garçon, ceint d’un éphod de lin.

19 Sa mère lui faisait un petit roquet, qu’elle lui apportait tous les ans, quand elle montait avec son mari pour offrir le sacrifice solennel.

20 Et Héli bénit Elkana et sa femme, et dit : Que l’Eternel te fasse avoir des enfants de cette femme, pour le prêt qui a été fait à l’Eternel. Et ils s’en retournèrent chez eux.

21 Et l’Eternel visita Anne, qui conçut et enfanta trois fils et deux filles, et le jeune garçon Samuel devint grand, en la présence de l’Eternel.

22 Or, Héli était fort vieux, et il apprit tout ce que faisaient ses fils à tout Israël, et comment ils couchaient avec les femmes qui s’assemblaient par troupes à la porte du tabernacle d’assignation.

23 Et il leur dit : Pourquoi faites-vous de telles actions ? car j’apprends vos méchantes actions ; ces choses me sont rapportées par tout le peuple.

24 Ne faites pas ainsi, mes fils, car vous n’êtes pas dans une bonne réputation ; vous faites transgresser le peuple de l’Eternel.

25 Si un homme a péché contre un autre homme, le juge en jugera ; mais si quelqu’un pèche contre l’Eternel, qui priera pour lui ? Mais ils n’obéirent point à la voix de leur père ; c’est pourquoi l’Eternel les voulut faire mourir.

26 Cependant le jeune Samuel allait croissant, et il était agréable à l’Eternel et aux hommes.

27 Or, un homme de Dieu vint à Héli, et lui dit : Ainsi a dit l’Eternel : Ne me suis-je pas clairement manifesté à la maison de ton père, quand ils étaient en Egypte, dans la maison de Pharaon ?

28 Je l’ai aussi choisi, d’entre toutes les tribus d’Israël, pour être mon sacrificateur, afin d’offrir sur mon autel, et de faire fumer les parfums, et de porter l’éphod devant moi ; et j’ai donné à la maison de ton père toutes les oblations des enfants d’Israël faites par le feu.

29 Pourquoi avez-vous foulé aux pieds mon sacrifice et mon oblation, que j’ai commandé de faire au tabernacle ? et pourquoi as-tu honoré tes fils plus que moi, pour vous engraisser du meilleur de toutes les offrandes d’Israël mon peuple ?

30 C’est pourquoi, l’Éternel, le Dieu d’Israël, dit : J’avais dit que ta maison et la maison de ton père marcheraient devant moi à jamais ; mais maintenant l’Éternel dit : Il ne sera pas dit que je fasse cela ; car j’honorerai ceux qui m’honorent ; mais ceux qui me méprisent seront dans le dernier mépris.

31 Voici, les jours viennent que je couperai ton bras, et le bras de la maison de ton père, en sorte qu’il n’y aura point de vieillard dans ta maison ;

32 et tu verras un ennemi dans le tabernacle, pendant que Dieu enverra toute sorte de biens à Israël, et il n’y aura jamais aucun vieillard en ta maison ;

33 et celui de tes descendants que je n’aurai point retranché de mon autel, ne servira qu’à consumer tes yeux, et il tourmentera ton âme, et tous les enfants de ta maison mourront dans la fleur de leur âge ;

34 et ce qui arrivera à tes deux fils, à Hophni et Phinées, t’en sera un signe, c’est qu’ils mourront tous deux dans un même jour ;

35 et je m’établirai un sacrificateur fidèle ; il fera selon mon cœur et selon mon âme ; je lui bâtirai une maison stable, et il marchera toujours devant mon Oint ;

36 et quiconque sera demeuré de reste de ta maison, viendra se prosterner devant lui, pour avoir une pièce d’argent et quelque pièce de pain, et il lui dira : Fais-moi entrer, je te prie, dans quelqu’une des charges du sacerdoce pour manger un morceau de pain.

REFLEXIONS

Le cantique qu’Anne prononça et les louanges publiques et solennelles qu’elle rendit à Dieu à Scilo sont une nouvelle preuve de sa piété et cela nous instruit à témoigner notre reconnaissance à Dieu et à le bénir lorsqu’il nous accorde quelque grâce particulière. Ce qu’Anne dit dans ce cantique nous apprend que la providence gouverne toute chose, que Dieu confond les orgueilleux, qu’il a soin des faibles et des affligés qui le craignent, qu’il les protège et qu’il exauce leurs prières. C’est là une doctrine très propre à consoler et à soutenir les gens de bien dans leurs épreuves et à nous porter à la piété et à la confiance en Dieu.

Le récit des crimes et des sacrilèges des fils d’Héli doit nous faire reconnaître que la mauvaise vie et le relâchement des ministres de la religion est le plus grand de tous les scandales, que c’est ce qui corrompt le plus les peuples et ce qui attire aussi sur eux les jugements de Dieu.

Il faut après cela faire bien de l’attention à la conduite d’Héli, qui au lieu de punir ses fils comme ils le méritaient, ne les repris que mollement et à ce que Dieu lui fit dénoncer par un prophète qui lui déclara qu’à cause de cela Dieu ferait périr ses enfants et sa postérité.

C’est là un exemple bien remarquable qui apprend aux pères et aux mères que la mollesse envers les enfants est un grand péché, que Dieu punit ces pères mous et indulgents par leurs enfants eux-mêmes et que c’est ce qui fait le plus souvent périr les familles. Mais cette mollesse est surtout condamnable dans les personnes publiques et principalement dans les conducteurs de l’église et les magistrats lorsqu’ils ne répriment pas les désordres et le vice et qu’ils ne s’y opposent pas avec la fermeté nécessaire et autant qu’ils le peuvent. Les reproches que Dieu fit faire à Héli par un prophète et les malheurs qui tombèrent peu après sur ses enfants et sur tout le peuple font voir qu’il arrive de très grands maux de cette indulgence et qu’elle expose non seulement les particuliers, mais aussi le public à la vengeance céleste.

CHAPITRE III.

Dieu apparaît pour la première fois à Samuel qui était encore jeune et il l’avertit de la ruine de la maison d’Héli.

Samuel récite à Héli ce que Dieu lui a fait connaître et Héli l’ayant entendu se soumet avec résignation à la volonté du Seigneur.

1 Or, le jeune Samuel servait l’Éternel, en la présence d’Héli ; et la Parole de l’Éternel était rare en ces jours-là, et les visions n’étaient pas communes.

2 Et il arriva un jour qu’Héli, dont les yeux commençaient à se ternir, de sorte qu’il ne pouvait voir, étant couché en son lieu,

3 avant que les lampes de Dieu fussent éteintes, Samuel étant aussi couché au tabernacle de l’Éternel, où était l’arche de Dieu,

4 l’Éternel appela Samuel, et il répondit : Me voici.

5 Et il courut vers Héli, et lui dit : Me voici, car tu m’as appelé. Mais Héli dit : Je ne t’ai point appelé ; retourne-t’en, et couche-toi, et il s’en retourna et se coucha.

6 Et l’Éternel appela encore Samuel, et Samuel se leva et s’en alla vers Héli, et lui dit : Me voici, car tu m’as appelé. Et Héli dit : Mon fils, je ne t’ai point appelé ; retourne-t’en et couche-toi.

7 Or, Samuel ne connaissait point encore la voix de l’Éternel, et la Parole de l’Éternel ne lui avait point encore été révélée.

8 Et l’Éternel appela encore Samuel pour la troisième fois ; et Samuel se leva, et s’en alla vers Héli, et dit : Me voici, car tu m’as appelé. Et Héli reconnut que l’Éternel appelait ce jeune garçon.

9 Alors Héli dit à Samuel : Va, et couche-toi ; et si l’on t’appelle, tu diras : Éternel, parle ; car ton serviteur écoute. Samuel donc s’en alla, et se coucha en son lieu.

10 Et l’Éternel vint, et se tint là, et il appela, comme il avait fait les autres fois, Samuel, Samuel ; et Samuel dit : Parle ; car ton serviteur écoute.

11 Alors l’Éternel dit à Samuel : Voici, je vais faire une chose en Israël que nul ne pourra entendre sans que ses deux oreilles lui cornent ;

12 en ce jour-là, je mettrai en effet contre Héli tout ce que j’ai dit contre sa maison : je commencerai et j’achèverai ;

13 car je l’ai averti que j’allais punir sa maison pour jamais, à cause de l’iniquité qu’il a connue, c’est que ses fils se sont rendus infâmes et il ne les a point réprimés.

14 C’est pourquoi, j’ai juré à la maison d’Héli, si jamais l’iniquité de la maison d’Héli est expiée par quelque sacrifice ou par quelque oblation.

15 Et Samuel demeura couché jusqu’au matin, puis il ouvrit les portes de la maison de l'Eternel. Or, Samuel craignait de déclarer cette vision à Héli.

16 Mais Héli appela Samuel et lui dit : Samuel, mon fils, et il répondit : Me voici.

17 Et Héli dit : Quelle est la parole qui t’a été adressée ? Je te prie, ne me la cache point. Que Dieu te traite avec la dernière rigueur, si tu me caches un seul mot de tout ce qui t’a été dit.

18 Samuel donc lui déclara toutes ces paroles, et il ne lui cacha rien. Et Héli répondit : C’est l’Eternel, qu’il fasse ce qui lui semblera bon.

19 Et Samuel devenait grand, et l’Eternel était avec lui, et aucune de toutes ses paroles ne tomba à terre.

20 Et tout Israël, depuis Dan jusqu’à Béer-sçébah, connut que Samuel était établi pour prophète de l’Eternel.

21 Et l’Eternel continua à apparaître à Scilo, car l’Eternel se manifestait à Samuel, a Scilo, par sa parole.

REFLEXIONS

Voici les enseignements que nous avons dans ce chapitre :

I. Le premier est que comme Dieu se manifesta à Samuel lorsqu’il était encore jeune, Dieu prend plaisir à se faire connaître à ceux qui le craignent, mais qu’il aime surtout à se communiquer à ceux qui se consacrent à lui dès leur jeune âge et à répandre ses dons sur eux.

II. Nous devons à l’exemple de Samuel écouter la voix de Dieu de quelque manière qu’il nous la fasse entendre et dire toujours comme lui avec humilité et avec docilité : Parle Seigneur, car ton serviteur écoute.

III. La conduite de Samuel qui craignit d’abord de dire à Héli ce que Dieu lui avait révélé, mais qui, étant sommé de le faire, lui déclara tout sans lui rien cacher est un bel exemple de modestie et en même temps de fermeté et de courage.

On se fait de la peine à dire aux hommes des choses fâcheuses, mais la honte, ni la crainte ne doivent jamais nous empêcher de leur dire la vérité lorsque nous y sommes appelés.

IV. Ce que Dieu dit à Samuel de la ruine de la maison d’Héli fait voir que ceux qui ne répriment pas le vice et l’impiété sans avoir égard à qui que ce soit se chargent d’un très grand péché et que souvent la colère de Dieu est tellement allumée que rien ne peut en arrêter les effets.

V. La réponse qu’Héli fit à Samuel en disant : C’est l’Éternel, qu’il fasse ce qu’il trouvera bon, marque qu’Héli, quoique coupable, avait cependant des sentiments de piété et qu’il reconnut que Dieu le châtiait justement.

C’est ainsi qu’il faut se soumettre en toutes choses à la volonté de Dieu avec une parfaite résignation et adorer avec humilité la justice de ses jugements, surtout quand on ne s’est pas acquitté de son devoir.

CHAPITRE IV.

Les Israélites font la guerre aux Philistins, ils sont battus par deux fois et la seconde fois, les Philistins en firent un grand carnage et ils prirent l’arche de l’alliance que les Israélites avaient fait venir au camp. Les deux fils d’Héli, Hophni et Phinées, qui étaient sacrificateurs, périrent dans cette guerre. Héli apprenant ces nouvelles tomba à la renverse et se tua et la femme de Phinées mourut aussi dans le même temps.

1 Ce que Samuel avait dit à tout Israël arriva ; car Israël sortit en bataille pour rencontrer les Philistins, et campa près d’Ebenhézer ; et les Philistins campèrent à Aphek.

2 Et les Philistins se rangèrent en bataille pour rencontrer Israël, et, la bataille s’étant donnée, Israël fut battu devant les Philistins, qui en tuèrent environ quatre mille hommes, dans le combat, par la campagne.

3 Et le peuple étant revenu au camp, les anciens d’Israël dirent : Pourquoi l’Eternel nous a-t-il battus aujourd’hui devant les Philistins ? Faisons venir de Scilo l’arche de l’alliance de l’Eternel et qu’il vienne au milieu de nous, et nous délivre des mains de nos ennemis.

4 Le peuple donc envoya à Scilo, et on apporta l’arche de l’alliance de l’Eternel des armées qui habite entre les chérubins ; et les deux fils d’Héli, Hophni et Phinées, y étaient avec l’arche de l’alliance de Dieu.

5 Et comme l’arche de l’Eternel entrait au camp, tout Israël jeta de si grands cris de joie, que la terre en retentissait.

6 Et les Philistins, entendant le bruit de ces cris de joie, dirent : Que veut dire ce bruit et ces grands cris de joie au camp des Hébreux ? Et ils surent que l’arche de l’Eternel était venue au camp.

7 Et les Philistins eurent peur, parce qu’on disait : Dieu est venu au camp ; et ils dirent : Malheur à nous ! il n’en était pas ainsi ces jours passés.

8 Malheur à nous ! qui nous délivrera de la main de ces dieux puissants ? Ce sont ces dieux-là qui ont frappé les Egyptiens au désert, outre toutes les autres plaies.

9 Philistins renforcez-vous, et agissez en hommes, de peur que vous ne soyez esclaves des Hébreux, comme ils ont été les vôtres ; soyez donc hommes et combattez.

10 Les Philistins donc combattirent, et Israël fut battu, et chacun s’enfuit en sa tente, et il y eut une si grande défaite, que trente mille hommes de pied d’Israël y demeurèrent ;

11 et l’arche de Dieu fut prise ; et les deux fils d’Héli, Hophni et Phinées, moururent.

12 Or, un homme de Benjamin, échappé de la bataille, courut et arriva à Scilo ce même jour-là, ayant ses vêtements déchirés, et de la cendre sur sa tête.

13 Et comme il arrivait, voici, Héli était assis sur un siège à côté du chemin, étant dans l’attente ; car son cœur tremblait à cause de l’arche de Dieu. Cet homme-là donc entra dans la ville pour porter ces nouvelles, et toute la ville se mit à crier.

14 Et Héli, entendant le bruit de ce cri, dit : Que veut dire ce grand tumulte ? Et cet homme-là, se hâtant, vint à Héli, et lui récita tout ce qui était arrivé.

15 Or, Héli était âgé de quatre-vingt-dix-huit ans, et ses yeux étaient tout ternis, de sorte qu’il ne pouvait voir.

16 Cet homme-là donc dit à Héli : C’est moi qui viens de la bataille ; car je suis aujourd’hui échappé de la bataille. Et Héli dit : Qu’y est-il arrivé, mon fils ?

17 Et celui qui portait les nouvelles répondit et dit : Israël a fui devant les Philistins, et même il y a eu une grande défaite du peuple, et tes deux fils aussi, Hophni et Phinées, sont morts, et l’arche de Dieu a été prise.

18 Et sitôt qu’il eut fait mention de l’arche de Dieu, Héli tomba à la renverse de dessus son siège, à côté de la porte, et il se rompit la nuque du cou, et mourut ; car c’était un homme vieux et pesant. Il avait jugé Israël quarante ans.

19 Et sa belle-fille, femme de Phinées, qui était grosse et sur le point d’accoucher, ayant appris la nouvelle que l’arche de Dieu était prise, et que son beau-père et son mari étaient morts, se courba et enfanta ; car les douleurs lui survinrent.

20 Et comme elle mourait, celles qui étaient près d’elle, lui dirent : Ne crains point, car tu as enfanté un fils. Et elle ne répondit rien, et n’y fit aucune attention.

21 Mais elle nomma l’enfant I-cabod, disant : La gloire de l’Éternel est transportée d’Israël ; parce que l’arche de l’Éternel était prise, et à cause de son beau-père et de son mari.

22 Elle dit donc : La gloire de Dieu est transportée d’Israël ; car l’arche de Dieu est prise.

REFLEXIONS

Il y a ici deux choses principales à remarquer :

I. On voit dans la défaite des Israélites par les Philistins, dans la mort des fils d’Héli et dans celle d’Héli lui-même des marques de la colère de Dieu sur le peuple d’Israël et sur la famille d’Héli et l’accomplissement des menaces qui avaient été faites à ce sacrificateur de la part de Dieu.

Les menaces du Seigneur ne manquent jamais de s’exécuter et ses jugements tombent tôt ou tard sur les peuples coupables, sur les familles où le vice règne et en particulier sur les ministres de la religion qui ne s’acquittent pas de leur devoir et qui déshonorent leur caractère par une conduite déréglée.

II. L’on doit faire une attention particulière à ce qui arriva aux Israélites. Ayant été battu la première fois, ils crurent que, s’ils faisaient venir l’arche de l’alliance dans leur camp, ils seraient vainqueurs. L’arrivée de l’arche les remplit de confiance et de joie et les Philistins en furent même d’abord effrayés. Mais cela n’empêcha pas que les Israélites ne fussent défaits et même Dieu permit que ces peuples idolâtres prissent cette arche qui était la marque la plus expresse de sa présence au milieu de son peuple. La confiance que l’on a en Dieu est toujours fausse et téméraire lorsqu’on est engagé dans la rébellion et ni l’alliance de Dieu, ni les marques et les sceaux de cette alliance ne garantissent point de la vengeance céleste ceux qui la provoquent par leurs péchés.

CHAPITRE V.

Les Philistins ayant mis l’arche de l’alliance dans le temple de dagon leur idole, cette idole fut renversée et brisée,

Et les Philistins furent tellement tourmentés par une maladie que Dieu leur envoya et par des souris qui désolèrent leur pays, qu’après avoir fait transporter l’arche en divers lieux, ils furent contraints de la renvoyer dans le pays d’Israël.

1 Les Philistins donc prirent l’arche de Dieu, et l’emmenèrent d’Ebenhézer à Asçdod.

2 Les Philistins, dis-je, prirent l’arche de Dieu, et l’emmenèrent dans la maison de Dagon, et la placèrent auprès de Dagon.

3 Le lendemain, les Asçdodiens s’étant levés de bon matin, voici, ils trouvèrent que Dagon était tombé, le visage contre terre, devant l’arche de l’Éternel ; mais ils prirent Dagon, et le remirent à sa place.

4 Ils se levèrent encore le lendemain de bon matin, et voici, ils trouvèrent que Dagon était tombé le visage contre terre, devant l’arche de l’Éternel ; sa tête et les deux paumes de ses mains, ayant été coupées, étaient sur le seuil, et le tronc seul de Dagon était demeuré auprès d’elle.

5 C’est pour cette raison que les sacrificateurs de Dagon, et tous ceux qui entrent en sa maison, ne marchent point sur le seuil de Dagon, à Asçdod, jusqu’à ce jour.

6 Ensuite la main de l’Éternel s’appesantit sur les Asçdodiens, et désola tout leur pays, et les frappa au-dedans du fondement, tant à Asçdod que dans ses confins.

7 Ceux donc d’Asçdod, voyant ce qui leur était arrivé, dirent : L’arche du Dieu d’Israël ne demeurera point avec nous ; car sa main est pesante sur nous et sur Dagon notre dieu.

8 Et ayant envoyé assembler tous les gouverneurs des Philistins vers eux, ils dirent : Que ferons-nous de l’arche du Dieu d’Israël ? Et ils répondirent : Qu’on transporte l’arche du Dieu d’Israël à Gath. Ainsi on transporta l’arche du Dieu d’Israël.

9 Mais après qu’on l’eut transportée à Gath, la main de l’Éternel fut sur la ville avec un fort grand effroi, et il frappa les gens de la ville, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, et leur fondement était interne.

10 Ils envoyèrent donc l’arche de Dieu à Hékron. Or, comme l’arche de Dieu entrait à Hékron, ceux de Hékron s’écrièrent, disant : Ils ont transporté l’arche du Dieu d’Israël vers nous, pour nous faire mourir, et notre peuple.

11 C’est pourquoi ils envoyèrent et assemblèrent tous les gouverneurs des Philistins, et dirent : Laissez aller l’arche du Dieu d’Israël, et qu’elle s’en retourne en son lieu, afin qu’elle ne nous fasse point mourir, nous et notre peuple ; car il y avait une frayeur mortelle par toute la ville, et la main de Dieu y était fort appesantie.

12 Et les hommes qui ne mouraient point, étaient frappés au-dedans du fondement, de sorte que le cri de la ville montait jusqu’au ciel.

REFLEXIONS

Il faut considérer ici que l’arche de l’alliance fut prise par les Philistins et qu’elle fut même menée dans le temple de dagon. Dieu permit cet événement si surprenant pour faire voir combien il était irrité contre les Israélites et en même temps pour faire sentir sa puissance aux Philistins dans leur propre pays. En effet, l’idole dagon tomba et fut brisée devant l’arche, les Philistins furent affligés d’une maladie fâcheuse et les souris firent outre cela un grand dégât dans tous leur pays. Et comme ils firent transporter l’arche dans une autre ville pour voir    si les mêmes maux y arriveraient, Dieu continua à appesantir sa main sur eux. Tout cela arriva pour empêcher que ces peuples idolâtres n’insultassent au Dieu des Israélites de ce qu’ils avaient pris son arche et vaincu son peuple et pour leur montrer que leurs divinités étaient des idoles mortes et sans puissance et que le Dieu d’Israël était le seul vrai Dieu tout puissant. C’est ainsi que Dieu a soin de sa gloire et que s’il permet quelques fois que ses ennemis aient le dessus et qu’il arrive des choses contraires aux intérêts de cette gloire il fait enfin éclater sa puissance à la confusion de ceux qui l’outragent et à l’honneur de son nom.

CHAPITRE VI.

Les Philistins, pour se délivrer des plaies dont ils étaient frappés, renvoient l’arche de l’alliance au pays d’Israël avec une offrande qui était un monument de ce qui leur était arrivé. L’arche ayant été conduite à Beth-scémès, Dieu fit mourir plusieurs personnes de cette ville-là pour avoir touché l’arche et pour avoir regardé dedans. De Beth-scémès, l’arche fut renvoyée à Kirjath-jéhari.

1 L’arche de l’Éternel ayant été pendant sept mois dans le pays des Philistins,

2 les Philistins appelèrent les sacrificateurs et les devins, et leur dirent : Que ferons-nous de l’arche de l’Éternel ? Déclarez-nous comment nous la renverrons en son lieu.

3 Et ils répondirent : Si vous renvoyez l’arche du Dieu d’Israël, ne la renvoyez point à vide, mais ne manquez pas à lui payer l’oblation pour le délit ; alors vous serez guéris, ou vous saurez pourquoi sa main ne se sera point retirée de dessus vous.

4 Et ils dirent : Quelle oblation lui paierons-nous pour le délit ? Et ils répondirent : Selon le nombre des gouvernements des Philistins, vous donnerez cinq figures de fondement d’or, et cinq souris d’or ; car une même plaie a été sur vous tous, et sur vos gouvernements.

5 Vous ferez donc des figures de vos fondements, et des figures des souris qui gâtent le pays, et vous donnerez gloire au Dieu d’Israël ; peut-être lèvera-t-il sa main de dessus vous, et de dessus vos dieux, et de dessus votre pays.

6 Et pourquoi appesantiriez-vous votre cœur, comme l’Egypte et Pharaon ont appesanti le leur ? Après qu’il eut fait de merveilleux exploits parmi eux, ne les laissèrent-ils pas aller, et ne s’en allèrent-ils pas ?

7 Maintenant donc prenez de quoi faire un chariot tout neuf, et deux jeunes vaches qui allaitent leurs veaux, sur lesquelles on n’ait point encore mis de joug, et attelez les deux jeunes vaches au chariot, et faites ramener leurs petits à la maison.

8 Prenez ensuite l’arche de l’Éternel, et mettez-la sur le chariot, et mettez les ouvrages d’or, que vous lui aurez payés pour l’oblation du délit, dans un coffret, à côté d’elle, et renvoyez-la, et elle s’en ira.

9 Et vous prendrez garde à ce qui arrivera ; si l’arche monte vers Beth-scémès, par le chemin qui mène à sa contrée, c’est l’Éternel qui nous a fait tout ce grand mal ; si elle n’y va pas, nous saurons alors que sa main ne nous a point touchés, mais que ceci nous est arrivé à l’aventure.

10 Et ces gens-là firent ainsi. Ils prirent donc deux jeunes vaches qui allaitaient, et les attelèrent au chariot, et enfermèrent leurs petits dans la maison ;

11 et ils mirent l’arche de l’Éternel sur le chariot, et le coffret, avec les souris d’or et les figures de leurs fondements.

12 Alors les jeunes vaches prirent tout droit le chemin de Beth-scémès, tenant toujours le même chemin en marchant et en mugissant ; et elles ne se détournèrent ni à droite ni à gauche ; et les gouverneurs des Philistins allèrent après elles jusqu’à la frontière de Beth-scémès.

13 Or, ceux de Beth-scémès moissonnaient les blés en la vallée ; et ils élevèrent leurs yeux, et virent l’arche, et ils furent fort réjouis quand ils la virent.

14 Et le chariot vint au champ de Josué Bethscémite, et s’arrêta là. Or, il y avait là une grande pierre, et on fendit le bois du chariot, et on offrit les jeunes vaches en holocauste à l’Éternel.

15 Car les Lévites descendirent l’arche de l’Éternel, et le coffret qui était auprès, dans lequel étaient les ouvrages d’or, et ils les mirent sur cette grande pierre. En ce même jour, ceux de Beth-scémès offrirent des holocaustes, et présentèrent des sacrifices à l’Éternel.

16 Et les cinq gouverneurs des Philistins ayant vu cela, retournèrent le même jour à Hékron.

17 Et c’est ici le nombre des fondements d’or que les Philistins donnèrent à l’Éternel, en offrande pour le délit, une pour Asçdod, une pour Gaza, une pour Asçkélon, une pour Gath, une pour Hékron.

18 Et il y eut des souris d’or, selon le nombre de toutes les villes des Philistins, savoir, des cinq gouvernements, tant des villes fermées de murailles, que des villes sans murs ; et ils les emmenèrent jusqu’à la grande pierre sur laquelle on posa l’arche de l’Éternel ; et jusqu’à ce jour cette pierre est dans le champ de Josué, Bethscémite.

19 Et l’Éternel frappa des gens de Beth-scémès, parce qu’ils avaient regardé dans l’arche de l’Éternel ; et il frappa aussi du peuple qui était au nombre de cinquante mille soixante et dix hommes. Et le peuple fit un grand deuil, parce que l’Éternel l’avait frappé d’une grande plaie.

20 Alors ceux de Beth-scémès dirent : Qui pourrait subsister en la présence de l’Éternel, ce Dieu saint ? Et vers qui montera-t-il en s’éloignant de nous ?

21 Et ils envoyèrent des messagers aux habitants de Kirjath-jéharim, disant : Les Philistins ont ramené l’arche de l’Éternel ; descendez, et faites-la monter vers vous.

REFLEXIONS

Ce chapitre fait voir que le triomphe des Philistins fut de courte durée, puisque Dieu ne permit pas que son arche demeurât longtemps parmi eux et qu’il les contraignît de la renvoyer avec une offrande qui marquait la crainte qu’ils avaient du Dieu d’Israël et qui était une reconnaissance solennelle de sa puissance et un monument des plaies dont Dieu les avait frappés. De cette manière Dieu confondit les Philistins et leur fit bien mieux sentir sa puissance après qu’ils eurent pris l’arche qu’il ne l’eût fait s’ils ne l’avaient pas prise et si les Israélites n’avaient pas été vaincus.

Lors même que Dieu semble ne pas soutenir les intérêts de sa gloire, c’est alors qu’il la manifeste avec le plus d’éclat et tôt ou tard il oblige ses ennemis à rendre hommage à sa puissance.

II. Nous devons apprendre de ce que les sacrificateurs des Philistins disaient à ces peuples idolâtres à nous humilier sous la main de Dieu lorsqu’il nous afflige et à ne pas différer à l’apaiser de peur que, si nous nous endurcissons à ses châtiments, nous n’en soyons accablés.

III. Il est à remarquer que les Philistins résolurent de mettre l’arche sur un chariot neuf attelé par des vaches qui allaitaient et de les laisser aller sans les faire conduire d’un côté, ni d’un autre. Leur dessein était d’éprouver encore par là si les fléaux qui les accablaient venaient de Dieu, jugeant que si les vaches allaient du côté du pays d’Israël, ce serait une marque que c’était le Dieu des Israélites qui les avaient frappés. Dieu voulut bien, pour confondre ces peuples superstitieux, s’accommoder à leurs pensées en intervenant par sa providence d’une manière qui répondit à ce que leurs sacrificateurs leur avaient conseillés et en manifestant sa puissance de la même manière qu’ils croyaient qu’il devait la manifester.

IV. Ce qui arriva aux Bethsémites pour avoir touché l’arche et avoir regardé dedans tendait à donner du respect et de la crainte aux Israélites et à leur faire comprendre que si le Seigneur revenait habiter parmi eux, ils devaient craindre de provoquer sa colère de peur que sa présence ne leur fût funeste comme elle l’avait été aux Philistins.

C’est un grand avantage d’avoir Dieu présent au milieu de nous dans les signes de son alliance et de sa grâce, mais cela nous engage à révérer ce Dieu saint et juste de peur que, si nous l’offensons, nous ne nous exposions à sa vengeance.

CHAPITRE VII.

Samuel exhorte les Israélites à se convertir et à ôter du milieu d’eux les idoles, ce qu’ils firent en célébrant un jeûne solennel, après quoi ils remportèrent sur les Philistins une victoire signalée par l’intercession de ce prophète. 

1 Ceux donc de Kirjath-jéharim vinrent, et firent monter l’arche de l’Éternel, et la mirent dans la maison d’Abinadab au coteau, et ils consacrèrent Eléazar, son fils, pour garder l’arche de l’Éternel.

2 Or, il se passa beaucoup de jours, depuis le jour que l’arche de l’Éternel fut posée à Kirjath-jéharim ; et il y avait déjà l’espace de vingt ans, lorsque toute la maison d’Israël soupira après l'Éternel.

3 Et Samuel parla à toute la maison d’Israël, disant : Si vous retournez de tout votre cœur à l’Éternel, ôtez du milieu de vous les dieux des étrangers et Hasçtaroth, et rangez votre cœur à l’Éternel, et ne servez que lui seul, et il vous délivrera de la main des Philistins.

4 Alors les enfants d’Israël ôtèrent les Bahalims et Hasçtaroth, et ils ne servirent que l’Éternel.

5 Et Samuel dit : Assemblez tout Israël à Mitspa, et je prierai l’Éternel pour vous.

6 Ils s’assemblèrent donc à Mitspa, et ils y puisèrent de l’eau, qu’ils répandirent devant l’Éternel, et ils jeûnèrent ce jour-là, et ils dirent : Nous avons péché contre l’Éternel. Et Samuel jugea les enfants d’Israël à Mitspa.

7 Or, quand les Philistins eurent appris que les enfants d’Israël étaient assemblés à Mitspa, les gouverneurs des Philistins montèrent contre Israël. Ce que les enfants d’Israël ayant appris, ils eurent peur des Philistins ;

8 et les enfants d’Israël dirent à Samuel : Ne cesse point de crier pour nous à l’Éternel notre Dieu, afin qu’il nous délivre de la main des Philistins.

9 Alors Samuel prit un agneau de lait, et l’offrit tout entier à l’Éternel en holocauste ; et Samuel cria vers l’Éternel pour Israël, et l’Éternel l’exauça.

10 Il arriva donc, comme Samuel offrait l’holocauste, que les Philistins s’approchèrent pour combattre contre Israël ; mais l’Éternel, en ce jour-là, tonna avec un bruit épouvantable sur les Philistins, et il les mit en déroute, et ils furent battus devant Israël.

11 Et ceux d’Israël sortirent de Mitspa, et poursuivirent les Philistins, et les frappèrent jusqu’au dessous de Bethcar.

12 Alors Samuel prit une pierre, et la mit entre Mitspa et le rocher, et il appela le nom de ce lieu-là, Ebenhezer, et dit : L’Éternel nous a secourus jusqu’ici.

13 Et les Philistins furent humiliés, et depuis ils ne vinrent plus au pays d’Israël ; et la main de l’Éternel fut sur les Philistins pendant tout le temps de Samuel.

14 Et les villes que les Philistins avaient prises sur Israël, retournèrent à Israël, depuis Hékron jusqu’à Gath, avec leurs confins. Samuel donc délivra Israël de la main des Philistins, et il y eut paix entre Israël et les Amorrhéens.

15 Et Samuel jugea Israël tout le reste de sa vie.

16 Et il allait tous les ans faire le tour de Beth-el, et de Guilgal, et de Mitspa, et il jugeait Israël en tous ces lieux-là.

17 Puis il s’en retournait à Rama, parce que sa maison était là, et il jugeait là Israël, et il y bâtit un autel à l’Eternel.

REFLEXIONS

La victoire que les enfants d’Israël remportèrent sur les Philistins après qu’ils furent réconciliés avec Dieu par l’humiliation et par la confession de leurs péchés et par le jeûne et qu’ils eurent ôtés les idoles du milieu d’eux nous apprend que Dieu est toujours prêt à s’apaiser envers les hommes aussitôt qu’ils s’humilient sincèrement et qu’ils renoncent à leurs péchés. On voit ici que le peuple, effrayé à l’approche des Philistins, eut recours à l’intercession de Samuel, que ce prophète obtint par ses prières et par son sacrifice une victoire miraculeuse, Dieu ayant effrayé et dispersé les Philistins par des tonnerres épouvantables et que ces ennemis du peuple de Dieu furent tellement abattus que, pendant que Samuel vécut, ils n’attaquèrent plus les Israélites.

Le plus grand bonheur qui puisse arriver à un peuple c’est d’avoir des conducteurs sages et craignant Dieu. Les prières des gens de bien et des fidèles ministres du Seigneur sont d’un grand secours et souvent c’est pour l’amour d’eux que Dieu bénit les peuples et qu’il les épargne.

Enfin, comme Samuel avait un grand soin d’administrer tous les ans la justice au peuple, les juges et les magistrats doivent s’acquitter des devoirs de leurs charges avec la même application et la même intégrité.

CHAPITRE VIII.

On voit dans ce chapitre l’histoire du changement qui se fit dans le gouvernement du peuple d’Israël à l’occasion de la mauvaise conduite des fils de Samuel.

Ce peuple qui avait été gouverné jusqu’alors par des juges que Dieu suscitait extraordinairement, ayant demandé un roi,

Dieu désapprouva cette demande, cependant il dit à Samuel d’en établir un après avoir averti les Israélites de ce qui leur arriverait de cet établissement et de la manière dont leurs rois les traiteraient.

1 Quand Samuel fut devenu vieux, il établit ses fils pour juges sur Israël.

2 Son premier-né s’appelait Joël, et le second Abija ; et ils jugeaient à Béer-scébah.

3 Et ses fils ne suivaient point son exemple, mais ils se détournaient après le gain déshonnête, et ils prenaient des présents et pervertissaient le droit.

4 C’est pourquoi, tous les anciens d’Israël s’assemblèrent, et vinrent vers Samuel à Rama ;

5 et ils lui dirent : Voici, tu es devenu vieux, et tes fils ne marchent point dans tes voies ; maintenant, établis sur nous un roi pour nous juger comme en ont toutes les nations.

6 Et cette parole déplut à Samuel, parce qu’ils avaient dit : Etablis sur nous un roi pour nous juger ; et Samuel pria l’Eternel.

7 Et l’Eternel dit à Samuel : Obéis à la voix du peuple, dans tout ce qu’ils te diront ; car ils ne t’ont point rejeté, mais ils m’ont rejeté, afin que je ne règne point sur eux ;

8 selon tout ce qu’ils ont fait, depuis le jour que je les ai fait monter hors d’Egypte jusqu’à ce jour, et comme ils m’ont abandonné, et ils ont servi d’autres dieux, ils en usent aussi de même à ton égard.

9 Maintenant donc, obéis à leur voix ; toutefois, ne manque point de protester expressément contre eux, et de leur déclarer comment le roi qui régnera sur eux les traitera.

10 Ainsi Samuel dit toutes les paroles de l’Eternel au peuple, qui lui avait demandé un roi.

11 Il leur dit donc : Voici comment vous traitera le roi qui régnera sur vous ; il prendra vos fils et il les mettra sur ses chariots et parmi ses gens de cheval, et ils courront devant son char ;

12 il les prendra aussi pour les établir gouverneurs sur des milliers, et gouverneurs sur des cinquantaines, pour labourer ses champs, pour faire sa moisson, et les instruments de guerre, et tout l’attirail de ses chariots.

13 Il prendra aussi vos filles pour en faire des parfumeuses, des cuisinières et des boulangères.

14 Il prendra aussi vos champs, vos vignes et vos bons oliviers, et il les donnera à ses serviteurs ;

15 il dîmera ce que vous aurez semé et ce que vous aurez vendangé, et il le donnera à ses officiers et à ses serviteurs ;

16 il prendra vos serviteurs et vos servantes, et l’élite de vos jeunes gens, et vos ânes, et les emploiera à ses ouvrages ;

17 il dîmera vos troupeaux, et vous serez ses esclaves.

18 Alors vous crierez, à cause de votre roi que vous vous serez choisi, et l’Eternel ne vous exaucera point.

19 Mais le peuple ne voulut point écouter les discours de Samuel, et ils dirent : Non, mais il y aura un roi sur nous,

20 et nous serons aussi comme toutes les autres nations, et notre roi nous jugera, et sortira devant nous, et conduira nos guerres.

21 Samuel donc entendit toutes les paroles du peuple, et les rapporta à l’Eternel.

22 Et l’Eternel dit à Samuel : Obéis à leur voix, et établis-leur un roi. Et Samuel dit à ceux d’Israël : Que chacun de vous s’en aille à sa ville.

REFLEXIONS

Ce qui est ici rapporté de la mauvaise conduite des fils de Samuel nous montre premièrement que les enfants qui sont nés de pères pieux ne marchent pas toujours sur leurs traces.

II. En second lieu qu’il arrive de grands maux aux peuples lorsque ceux qui exercent la judicature commettent des injustices et se laissent corrompre par des présents.

III. Il faut considérer que bien que les fils de Samuel abusassent de leur autorité, les Israélites commirent cependant un grand péché en demandant un roi, puisqu’ils témoignaient par là qu’ils aimaient mieux être gouvernés par un prince que de l’être immédiatement par le Seigneur comme ils l’avaient été jusqu’alors.

C’est là un effet de l’ingratitude et de l’aveuglement ordinaire des hommes qui méconnaissent les grâces de Dieu, qui s’en dégoutent et qui recherchent souvent ce qui leur est nuisible.

IV. Les Israélites persistant à demander un roi, Dieu ordonna à Samuel de leur en établir un, mais il les fit auparavant avertir, par Samuel. De la manière dont les rois les traiteraient et des inconvénients qui naîtraient du changement qui allait se faire dans la forme du gouvernement.

Dieu, qui aime les hommes, leur fait connaître sa volonté et leur devoir, il les avertit des malheurs qu’ils attireront sur eux en suivant leur propre volonté plutôt que la sienne. Mais lorsqu’ils ne veulent pas suivre les conseils salutaires qu’il leur fait donner et qu’ils s’obstinent dans ce qu’ils ont résolu, il ne les empêche pas de l’exécuter. C’est ainsi que Dieu permet bien des choses qu’il n’approuve pas et que les hommes sont toujours les auteurs de tous les maux qui leur arrivent.

CHAPITRE IX.

C’est ici que commence l’histoire de Saül premier roi d’Israël. Nous voyons dans ce chapitre à quelle occasion Saül alla voir le prophète Samuel et comment Dieu fit connaître à Samuel qu’il devait oindre Saül pour roi.

1 Il y avait un homme de Benjamin qui s’appelait Kis, fort et vaillant, fils d’Abiel, fils de Tseror, fils de Bécorad, fils d’Aphiad, fils d’un Benjamite ;

2 il avait un fils, nommé Saül, homme parfaitement bien fait, et il n’y avait aucun des enfants d’Israël qui fût plus beau que lui ; il était plus grand qu’aucun du peuple, depuis les épaules en haut.

3 Or, les ânesses de Kis, père de Saül, s’étaient égarées ; et Kis dit à Saül son fils : Prends maintenant avec toi un des serviteurs, et lève-toi, et va chercher les ânesses.

4 Il passa donc par la montagne d’Ephraïm, et il passa par le pays de Sçalisça, mais ils ne les trouvèrent point ; puis ils passèrent par le pays de Sçahalim, et elles n’y étaient point ; ils passèrent encore par le pays de Jémini, et ils ne les trouvèrent point.

5 Quand ils furent venus au pays de Tsuph, Saül dit à son serviteur, qui était avec lui : Viens, et retournons-nous-en, de peur que mon père n’ait cessé d’être en peine des ânesses, et qu’il ne soit en peine de nous.

6 Et le serviteur lui dit : Voici, je te prie, il y a en cette ville un homme de Dieu qui est fort vénérable, et tout ce qu’il dit arrive infailliblement ; allons-y maintenant ; peut-être qu’il nous enseignera le chemin que nous devons suivre.

7 Et Saül dit à son serviteur : Mais si nous y allons, que porterons-nous à l’homme de Dieu, car la provision nous a manqué ; et nous n’avons aucun présent pour porter à l’homme de Dieu. Qu’avons-nous avec nous ?

8 Et le serviteur répondit encore à Saül, et dit : Voici le quart d’un sicle d’argent, que j’ai trouvé sur moi ; je le donnerai à l’homme de Dieu, et il nous enseignera le chemin que nous devons suivre.

9 (Autrefois en Israël, ceux qui allaient consulter Dieu se disaient l’un à l’autre : Venez, allons jusqu’au Voyant ; car celui qu’on appelle aujourd’hui prophète, s’appelait autrefois le Voyant.)

10 Et Saül dit à son serviteur : Ce que tu dis est très bien ; viens, allons. Et ils s’en allèrent à la ville où était l’homme de Dieu.

11 Et comme ils montaient par le coteau qui mène à la ville, ils trouvèrent de jeunes filles qui sortaient pour puiser de l’eau, et ils leur dirent : Le Voyant n’est-il pas ici ?

12 Et elles leur répondirent et dirent : Il y est, le voilà devant toi ; hâte-toi maintenant ; car il est venu aujourd’hui dans la ville, parce que le peuple fait aujourd’hui un sacrifice au haut lieu.

13 Dès que vous serez entrés dans la ville, vous le trouverez, avant qu’il monte au haut lieu pour manger ; car le peuple ne mangera point jusqu’à ce qu’il soit venu, parce qu’il doit bénir le sacrifice ; et après cela ceux qui sont conviés en mangeront. Montez donc maintenant ; car vous le trouverez aujourd’hui.

14 Ils montèrent donc à la ville ; et comme ils y entraient, voici, Samuel, qui sortait pour monter au haut lieu, les rencontra.

15 Or, l’Éternel, un jour avant que Saül vînt, avait révélé à Samuel la venue de Saül, disant :

16 Demain, à cette heure même, je t’enverrai un homme du pays de Benjamin, et tu l’oindras pour être le conducteur de mon peuple d’Israël, et il délivrera mon peuple de la main des Philistins ; car j’ai regardé mon peuple, et son cri est venu jusqu’à moi.

17 Et dès que Samuel eut vu Saül, l’Éternel lui dit : Voici l’homme dont je t’ai parlé ; c’est celui-ci qui dominera sur mon peuple.

18 Et Saül s’approcha de Samuel, à la porte, et dit : Je te prie, enseigne-moi où est la maison du Voyant ;

19 et Samuel répondit à Saül, et dit : Je suis le Voyant ; monte devant moi au haut lieu, et vous mangerez aujourd’hui avec moi ; et je te laisserai aller le matin, et je te déclarerai tout ce que tu as sur le cœur ;

20 car quant aux ânesses que tu as perdues, il y a aujourd’hui trois jours, ne t’en mets point en peine, parce qu’elles ont été trouvées. Et vers qui tend tout le désir d’Israël ? N’est-ce point vers toi, et vers toute la maison de ton père ?

21 Et Saül répondit, et dit : Ne suis-je pas Benjamite, de la moindre tribu d’Israël, et ma famille n’est-elle pas la plus petite de toutes les familles de la tribu de Benjamin ? Et pourquoi m’as-tu tenu de tels discours ?

22 Samuel donc prit Saül et son serviteur, et il les fit entrer dans la salle, et les fit placer au plus haut bout, au-dessus de tous les conviés, qui étaient environ trente hommes.

23 Et Samuel dit au cuisinier : Donne la portion que je t’ai donnée, et que je t’ai dit de réserver.

24 Or, le cuisinier avait levé une épaule, et ce qui était au-dessus, et il le mit devant Saül. Et Samuel dit : Voici ce qui a été réservé, mets-le devant toi, et mange, car il t’a été gardé exprès pour cette heure, lorsque je résolus de convier le peuple. Et Saül mangea avec Samuel ce jour-là.

25 Or, ils descendirent du haut lieu dans la ville, et Samuel parla avec Saül sur la plate-forme.

26 Puis s’étant levé le matin, à la pointe du jour, Samuel appela Saül sur la plate-forme, et lui dit : Lève-toi, et je te laisserai aller. Saül donc se leva, et ils sortirent eux deux, lui et Samuel.

27 Et comme ils descendaient au bas de la ville, Samuel dit à Saül : Dis au serviteur qu’il passe devant nous (et il passa) ; et pour toi, arrête-toi maintenant, afin que je te fasse entendre les ordres de Dieu.

REFLEXIONS

La principale réflexion qu’il faut faire ici c’est que Dieu ayant permis aux enfants d’Israël de s’établir un roi, il ne remit pas à leur choix de prendre le roi qu’ils voudraient, mais qu’il voulut lui-même leur en donner un. Pour cet effet, il intervint dans cet événement d’une manière toute particulière. Saül qui cherchait les ânesses de son père s’étant adressé au prophète Samuel et Dieu ayant fait connaître en même temps à ce prophète par une révélation que Saül devait être établi roi. Ainsi Dieu conduisit Saül vers Samuel sans que ni l’un, ni l’autre, eussent rien su auparavant de ce qui devait arriver, afin qu’il parût que l’établissement de Saül était l’ouvrage de Dieu et que les Israélites reconnussent que quoiqu’ils eussent péché en demandant un roi, Dieu prenait pourtant encore soin d’eux.

Dieu dispose toutes choses pour l’exécution de ses desseins, il les accomplit par des voies auxquelles les hommes ne pensent pas. Sa providence préside sur tout. En particulier, c’est de la part de Dieu que les rois règnent et l’on doit par conséquent leur être soumis.

CHAPITRE X.

Samuel oint Saül pour être roi et afin de l’assurer d’autant mieux que sa vocation était divine, il lui prédit trois choses qui devaient lui arriver. Ensuite ce prophète, ayant assemblé tout le peuple à Mitspa, il nomme et il établit Saül pour être leur roi.

1 Or, Samuel avait pris une fiole d’huile, qu’il répandit sur la tête de Saül ; puis il le baisa, et lui dit : L’Éternel ne t’a-t-il pas oint sur son héritage, afin d’en être le conducteur ?

2 Quand tu seras aujourd’hui parti d’avec moi, tu trouveras deux hommes près du sépulcre de Rachel, sur la frontière de Benjamin, à Tseltsah, qui te diront : Les ânesses que tu étais allé chercher, ont été trouvées ; et voici, ton père ne pense plus aux ânesses, et il est en peine de vous, disant : Que ferai-je pour retrouver mon fils ?

3 Et lorsque, étant parti de là, tu auras passé plus avant, et que tu seras venu jusqu'au chêne de Tabor, tu seras rencontré par trois hommes qui montent vers Dieu, à la maison du Dieu fort, et qui portent, l’un trois chevreaux, l’autre trois tourteaux de pain, et l’autre un baril de vin ;

4 et ils te demanderont comment tu te portes, et ils te donneront deux pains, que tu recevras de leur main.

5 Après cela, tu viendras au coteau de Dieu, où est la garnison des Philistins ; et il arrivera que, lorsque tu seras entré dans la ville, tu rencontreras une compagnie de prophètes, qui descendent du haut lieu, ayant devant eux une lyre, un tambour, une flûte et une harpe, et qui prophétiseront ;

6 alors l’Esprit de l’Éternel te saisira, et tu prophétiseras avec eux, et tu seras changé en un autre homme.

7 Et quand ces signes-là te seront arrivés, fais tout ce qui se présentera à faire ; car Dieu est avec toi.

8 Puis tu descendras devant moi, à Guilgal ; et voici, je descendrai vers toi, pour offrir des holocaustes et des sacrifices de prospérités ; tu m’attendras là sept jours, jusqu’à ce que je sois arrivé vers toi, et je te déclarerai ce que tu devras faire.

9 Aussitôt donc que Saül eut tourné le dos pour s’en aller d’avec Samuel, Dieu lui changea le cœur, et lui en donna un autre, et tous ces signes-là lui arrivèrent en ce jour-là ;

10 car quand ils furent arrivés au coteau, voici, une troupe de prophètes vint au-devant de lui, et l’Esprit de Dieu le saisit, et il prophétisa au milieu d’eux.

11 Et lorsque tous ceux qui le connaissaient auparavant, eurent vu qu’il était avec les prophètes, et qu’il prophétisait, ceux du peuple se dirent l’un à l’autre : Qu’est-il donc arrivé au fils de Kis ? Saül est-il aussi entre les prophètes ?

12 Et quelqu’un répondit et dit : Et qui est leur père ? C’est pourquoi cela passa en proverbe : Saül aussi est-il entre les prophètes ?

13 Or, Saül, ayant cessé de prophétiser, vint au haut lieu.

14 Et un parent de Saül dit à Saül et à son serviteur : Où êtes-vous allés ? Et il répondit : Nous sommes allés chercher les ânesses ; mais voyant qu’elles ne se trouvaient point, nous sommes venus vers Samuel.

15 Et son parent lui dit : Déclare-moi, je te prie, ce que vous a dit Samuel.

16 Et Saül dit à son parent : Il nous a assuré que les ânesses étaient trouvées ; mais il ne lui déclara pas le discours que Samuel lui avait tenu touchant la royauté.

17 Or, Samuel assembla le peuple, devant l’Éternel, à Mitspa ;

18 et il dit aux enfants d’Israël : Ainsi a dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : J’ai fait monter Israël hors d’Égypte, et je vous ai délivrés de la main des Égyptiens, et de la main de tous les royaumes qui vous opprimaient ;

19 mais aujourd’hui vous avez rejeté votre Dieu, qui est celui qui vous a délivrés de tous vos maux et de vos afflictions, et vous avez dit : Non, mais établis-nous un roi. Présentez-vous donc maintenant devant l’Éternel, selon vos tribus, et selon vos milliers.

20 Ainsi Samuel fit approcher toutes les tribus d’Israël ; et la tribu de Benjamin fut saisie.

21 Après, il fit approcher la tribu de Benjamin, selon ses familles, et la famille de Matri fut saisie ; puis Saül, fils de Kis, fut saisi, et ils le cherchèrent ; mais il ne se trouva point.

22 Et ils consultèrent encore l’Éternel, si cet homme ne viendrait pas là ? Et l’Éternel dit : Le voilà caché parmi le bagage.

23 Et ils coururent, et le tirèrent de là, et il se présenta au milieu du peuple, et il était plus haut que tout le peuple depuis les épaules en haut.

24 Et Samuel dit à tout le peuple : Ne voyez-vous pas qu’il n’y en a point dans tout le peuple qui soit semblable à celui que l’Éternel a choisi ? Et le peuple jeta des cris de joie, et dit : Vive le roi !

25 Alors Samuel prononça au peuple le droit du royaume, et l’écrivit dans un livre, qu’il mit devant l’Éternel. Puis Samuel renvoya le peuple chacun en sa maison.

26 Saül aussi s’en alla en sa maison, à Guibha, et les gens de guerre, dont Dieu avait touché le cœur, allèrent avec lui.

27 Mais il y eut de méchants garnements qui dirent : Comment celui-ci nous délivrerait-il ? Et ils le méprisèrent, et ils ne lui apportèrent point de présents ; mais il fit le sourd.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a principalement à considérer sur ce chapitre, c’est que le prophète Samuel pour assurer Saül que Dieu l’avait choisi lui donna trois signes. Il lui prédit diverses choses remarquables qui devaient lui arriver et en particulier qu’il serait inspiré de l’esprit de Dieu. Outre cela, Dieu fit un nouveau miracle pour confirmer la vocation de Saül en faisant tomber le sort sur lui, après quoi il fut établi Roi publiquement et en présence de tout le peuple. Toutes ces merveilles arrivèrent afin que Saül, qui avait de la peine à croire que Dieu voulut le faire régner sur son peuple, en fut pleinement persuadé et qu’il ne se doutât point de l’assistance du Seigneur. Cela devait aussi faire voir à tout le peuple d’Israël que c’était Dieu qui élevait Saül au-dessus d’eux. Ainsi l’on voit dans cet événement des marques sensibles de la bonté du Seigneur tant envers les Israélites qu’envers Saül lui-même. On y découvre des preuves de la connaissance que Dieu a de toutes choses et de la souveraine puissance avec laquelle il dispose de tout ce qui arrive dans le monde. On doit remarquer, outre cela dans ce qui arriva à Saül, que quand Dieu appelle quelqu’un, il lui accorde les dons nécessaires pour remplir les devoirs de sa vocation.

Enfin, il paraît d’ici que si Saül ne fût pas tombé dans la désobéissance, son règne aurait été heureux et que Dieu aurait toujours continué à le favoriser et à le bénir. Il en est de même de tous ceux que Dieu appelle et qu’il prévient par sa grâce. Il ne tient qu’à eux de conserver ces précieux avantages et s’ils les perdent ce n’est que parce qu’ils ne persévèrent pas et qu’ils sont infidèles à la vocation divine et à la grâce de Dieu.

CHAPITRE XI.

Ce chapitre a deux parties :

I. La première contient le récit de la défaite des Hammonites par Saül.

II. Dans la seconde, on voit la clémence de Saül envers ceux qui n’avaient pas voulu le reconnaître pour roi.

1 Or, Nahas, Hammonite, monta, et campa contre Jabès de Galaad ; et tous ceux de Jabès dirent à Nahas : Traite alliance avec nous, et nous te servirons.

2 Mais Nahas, Hammonite, leur répondit : Je traiterai alliance avec vous à cette condition, c’est que je vous crève à tous l’œil droit, et que je mette cet opprobre sur tout Israël.

3 Et les anciens de Jabès lui dirent : Donne-nous sept jours de trêve, et nous enverrons des députés dans tous les quartiers d’Israël, et s’il n’y a personne qui nous délivre, nous nous rendrons à toi.

4 Les députés vinrent donc à Guibha de Saül, et firent entendre ces paroles au peuple, et tout le peuple éleva sa voix et pleura.

5 Et voici, Saül revenait des champs après ses bœufs, et il dit : Qu’a donc ce peuple pour pleurer ainsi ? Et on lui raconta ce qu’avaient dit ceux de Jabès.

6 Or, l’Esprit de Dieu saisit Saül, quand il entendit ces paroles, et il entra dans une grande colère ;

7 Et il prit un couple de bœufs, et les coupa en morceaux, et il en envoya dans tous les quartiers d’Israël, par des messagers exprès, disant : On traitera de même les bœufs de ceux qui ne sortiront point, et qui ne suivront point Saül et Samuel. Et la frayeur de l’Éternel saisit le peuple, et ils sortirent comme si ce n’eût été qu’un seul homme.

8 Et il en fit le dénombrement à Bézec, et il y avait trois cent mille hommes des enfants d’Israël, et trente mille des gens de Juda.

9 Après cela ils dirent aux députés qui étaient venus : Vous parlerez ainsi à ceux de Jabès de Galaad : Vous serez délivrés demain, quand le soleil sera en sa force. Les députés donc s’en revinrent, et rapportèrent cela à ceux de Jabès, qui s’en réjouirent.

10 Et ceux de Jabès dirent aux Hammonites : Demain matin nous nous rendrons à vous, et vous nous ferez tout ce qui vous semblera bon.

11 Et dès le lendemain, Saül mit le peuple en trois bandes, et ils entrèrent dans le camp sur la veille du matin, et ils battirent les Hammonites jusqu’à la chaleur du jour, et ceux qui demeurèrent de reste furent tellement dispersés çà et là, qu’il n’en demeura pas d’entre eux deux ensemble.

12 Et le peuple dit à Samuel : Qui est-ce qui dit : Saül régnera-t-il sur nous ? Donnez-nous ces hommes-là, et nous les ferons mourir.

13 Alors Saül dit : On ne fera mourir personne en ce jour, parce qu’aujourd’hui l’Éternel a délivré Israël.

14 Et Samuel dit au peuple : Venez et allons à Guilgal, et nous confirmerons là la royauté.

15 Et tout le peuple s’en alla à Guilgal ; et ils établirent là Saül pour roi, devant l’Éternel, à Guilgal, et ils y offrirent des sacrifices de prospérités devant l’Éternel ; et Saül, et tous ceux d’Israël se réjouirent beaucoup en ce lieu.

REFLEXIONS

Il y a trois réflexions à faire sur ce chapitre :

I. La première, que le roi des Hammonites ayant attaqué injustement les Israélites et leur ayant même voulu imposer des conditions très dures et tout à fait honteuses, Dieu punit la fierté et la cruauté de ce prince et il fit voir par-là que sa providence abaisse les orgueilleux et ceux qui oppriment les autres.

II. La seconde réflexion est que les commencements du règne de Saül furent très heureux et très glorieux pour lui, puisque Dieu se servit de lui pour détruire les Hammonites et pour délivrer les habitants de Jabès qui étaient réduits aux dernières extrémités. Cela montre que Dieu aurait continué à bénir ce prince et ses sujets si lui et eux ne se fussent rendus indignes de sa protection.

III. La modération et la clémence de Saül qui ne voulut pas qu’on fît mourir certaines personnes qui avaient d’abord refusé de le reconnaître pour roi marquent qu’il avait alors de bons sentiments, mais il ne les conserva pas.

Cependant cet exemple doit apprendre à tout le monde et en particulier à ceux qui sont élevés en autorité à s’éloigner du ressentiment et de la vengeance et à pardonner facilement les offenses qui leur ont été faites.

CHAPITRE XII.

Samuel étant vieux résigne sa charge de juges entre les mains du roi et du peuple et il fait des protestations solennelles de l’intégrité avec laquelle il l’avait exercée.

Il reproche aux Israélites le péché qu’ils avaient commis en demandant un roi,

Et il fait un miracle qui les remplit tous de frayeur, après quoi il les rassure et les exhorte à servir Dieu et à lui obéir constamment.

1 Alors Samuel dit à tout Israël : Voici, je vous ai obéi dans tout ce que vous m’avez dit, et j’ai établi un roi sur vous ;

2 Et maintenant, voici le roi qui marche devant vous ; quant à moi, je suis vieux et déjà tout blanc ; voici aussi, mes fils sont avec vous ; pour moi, j’ai marché devant vous, dès ma jeunesse, jusqu’à ce jour.

3 Me voici, déclarez-le devant l’Éternel et devant son oint ; de qui ai-je pris le bœuf ? de qui ai-je pris l’âne ? à qui ai-je fait tort ? qui ai-je foulé ? et de la main de qui ai-je pris une rançon, afin que je fisse semblant de ne le point voir ? et je vous en ferai restitution.

4 Et ils répondirent : Tu ne nous as point opprimés, et tu ne nous as point foulés, et tu n’as rien pris de personne.

5 Il leur dit encore : L’Éternel est témoin contre vous, son oint aussi est témoin aujourd’hui que vous n’avez trouvé aucune chose entre mes mains. Et ils répondirent : Il en est témoin.

6 Alors Samuel dit au peuple : L’Éternel est celui qui établit Moïse et Aaron, et qui fit monter vos pères du pays d’Égypte,

7 maintenant donc, présentez-vous ici, et je plaiderai contre vous devant l’Éternel ; car l’Éternel s’est montré très-juste envers vous et envers vos pères.

8 Après que Jacob fut entré en Égypte, vos pères crièrent à l’Éternel, et l’Éternel envoya Moïse et Aaron, qui tirèrent vos pères hors d’Égypte, et qui les ont fait habiter en ce lieu ;

9 mais ils oublièrent l’Éternel leur Dieu, et il les livra entre les mains de Sisera, chef de l’armée de Hatsor, et entre les mains des Philistins, et entre les mains du roi de Moab, qui leur firent la guerre ;

10 après cela, ils crièrent à l’Éternel, et dirent : Nous avons péché ; car nous avons abandonné l’Éternel, et nous avons servi les Bahalims et Hasçtaroth : maintenant donc, délivre-nous des mains de nos ennemis, et nous te servirons.

11 Et l’Éternel envoya Jérubbahal, et Bédan, et Jephthé, et Samuel, et il vous délivra de la main de tous vos ennemis, tout autour de vous, et vous avez habité en pleine assurance ;

12 mais, voyant que Nahas, roi des Hammonites, venait contre vous, vous m’avez dit : Non, mais un roi régnera sur nous ; bien que l’Éternel votre Dieu fût votre roi.

13 Maintenant donc, voici le roi que vous avez choisi, que vous avez demandé ; et voici, l’Éternel l’a établi roi sur vous.

14 Si vous craignez l’Éternel, si vous le servez, si vous obéissez à sa voix, et si vous n’êtes point rebelles au commandement de l’Éternel, alors, et vous et votre roi qui règne sur vous, vous aurez l’Éternel votre Dieu devant vous.

15 Mais si vous n’obéissez pas à la voix de l’Éternel, et si vous êtes rebelles au commandement de l’Éternel, la main de l’Éternel sera aussi contre vous, comme elle a été contre vos pères.

16 Or, maintenant arrêtez-vous, et voyez cette grande chose que l’Éternel va faire devant vos yeux.

17 N’est-ce pas aujourd’hui la moisson des blés ? Je crierai à l’Éternel, et il fera tonner et pleuvoir, afin que vous sachiez et que vous voyiez combien le mal que vous avez fait, en la présence de l’Éternel, est grand, d’avoir demandé un roi pour vous.

18 Alors Samuel cria à l’Éternel, et l’Éternel fit tonner et pleuvoir en ce jour-là ; et tout le peuple craignit fort l’Éternel et Samuel.

19 Et tout le peuple dit à Samuel : Prie pour tes serviteurs l’Éternel ton Dieu, afin que nous ne mourions point ; car nous avons ajouté ce mal à tous nos autres péchés, d’avoir demandé un roi pour nous.

20 Alors Samuel dit au peuple : Ne craignez point ; vous avez fait tout ce mal ; toutefois ne vous détournez point d’après l’Éternel, mais servez l’Éternel de tout votre cœur ;

21 ne vous en détournez point, car ce serait vous détourner après des choses de néant, qui ne vous apporteraient aucun profit, et qui ne vous délivreraient point, parce que ce sont des choses de néant.

22 Car l’Éternel n’abandonnera point son peuple, à cause de son grand nom, parce que l’Éternel a voulu vous faire son peuple.

23 Et pour moi, Dieu me garde que je pèche contre l’Éternel, et que je cesse de prier pour vous ; mais je vous enseignerai le bon et droit chemin.

24 Craignez seulement l’Éternel, et servez-le en vérité de tout votre cœur ; car vous avez vu les choses magnifiques qu’il a faites en votre faveur.

25 Que si vous persévérez à faire le mal, vous serez consumés et vous et votre roi.

REFLEXIONS

Les protestations que Samuel fit en présence du roi Saül et du peuple apprennent aux magistrats et aux juges avec quelle intégrité et quel désintéressement ils doivent se conduire dans l’exercice de leurs charges. Elles montrent en particulier que ceux qui ne rendent pas exactement la justice et qui prennent des présents sont obligés de faire restitution, de rendre ce qu’ils ont reçus et de réparer les injustices qu’ils ont commises. Mais pour ce qui est des juges qui se sont acquittés consciencieusement de leur devoir, l’exemple de Samuel fait voir qu’ils jouissent d’une grande consolation lorsqu’ils sont sur le point de rendre compte à Dieu de leur administration.

II. Il faut faire attention à ce que Samuel dit aux Israélites dans cette occasion, en leur présentant que Dieu les avait comblés de ses grâces, eux et leurs pères et que, nonobstant leurs fréquentes révoltes et le péché qu’ils venaient de commettre en demandant un roi, il n’avait pas laissé de les supporter et de les délivrer en diverses rencontres et qu’il était même encore prêt de les bénir, et eux et leur roi, pourvu qu’ils ne l’irritassent pas par de nouveaux péchés.

Ce sont là des preuves bien convaincantes de l’infinie bonté du Seigneur envers les hommes et de son admirable support et cela nous engage à considérer que ce serait en nous une noire ingratitude si, ayant reçu de Dieu des faveurs beaucoup plus excellentes que celles qu’il avait faites au peuple d’Israël, nous tombions dans la rébellion et dans la désobéissance.

III. Ce que Samuel disait aux Israélites que s’ils servaient Dieu fidèlement, Dieu les protègerait, mais s’ils l’offensaient et eux et leur roi seraient détruits, nous apprend que le Seigneur bénit les états où la justice et la religion règnent, mais qu’il ne manque pas de punir les princes et les peuples qui l’irritent par leurs péchés.

IV. On voit ici la grande affection et la tendresse dont Samuel était animé envers les Israélites. Après les avoir gouvernés longtemps en qualité de prophète et de juge, il les assurait que pendant qu’il vivrait il ne cesserait jamais de prier pour eux et de leur montrer le droit chemin.

Ce discours si grave et si touchant de Samuel exprime les sentiments des fidèles pasteurs et des bons magistrats. Ils ont pour ceux qui leur sont soumis l’amour le plus tendre, ils prient toujours pour eux et ils ne se lassent point de leur montrer fidèlement le chemin qu’ils doivent suivre pour être heureux.

CHAPITRE XIII.

I. Jonathan fils de Saül, ayant battu la garnison des Philistins, ils déclarèrent la guerre aux Israélites. II. Saül offre un sacrifice à Guilgal sans attendre Samuel, de quoi il fut très sévèrement repris par ce prophète qui lui déclara que son règne ne subsisterait pas. 

1 Saül avait régné un an quand ces choses arrivèrent, et il régna deux ans sur Israël.

2 Et Saül choisit trois mille hommes d’Israël, dont il y en avait deux mille avec lui à Micmas et sur la montagne de Beth-el, et mille étaient avec Jonathan à Guibha de Benjamin ; et il renvoya le reste du peuple chacun en sa tente.

3 Et Jonathan battit la garnison des Philistins qui était au coteau, et les Philistins le surent, et Saül le fit publier au son de la trompette par tout le pays, et fit dire : Que les Hébreux écoutent ceci.

4 Ainsi tout Israël entendit dire : Saül a battu la garnison des Philistins, et même, Israël a été en mauvaise odeur entre les Philistins. Et le peuple s’assembla auprès de Saül, à Guilgal.

5 Les Philistins aussi s’assemblèrent pour combattre contre Israël, ayant trente mille chariots et six mille hommes de cheval ; et ce peuple était comme le sable qui est sur le bord de la mer, tant il était en grand nombre. Ils montèrent donc et campèrent à Micmas, vers l’orient de Beth-aven.

6 Or, ceux d’Israël virent qu’ils étaient dans une grande extrémité ; car le peuple était consterné, et le peuple se cacha dans les cavernes, dans les buissons épais, dans les rochers, dans les forts et dans les fossés.

7 Et les Hébreux passèrent le Jourdain, pour aller au pays de Gad et de Galaad ; et comme Saül était encore à Guilgal, tout le peuple effrayé se rangea vers lui.

8 et Saül attendit sept jours, selon le terme marqué par Samuel ; mais Samuel ne venait point à Guilgal ; et le peuple s’écartait d’avec Saül ;

9 et Saül dit : Amenez-moi un holocauste et des sacrifices de prospérités ; et il offrit l’holocauste.

10 Or, sitôt qu’il eut achevé d’offrir l’holocauste, voici, Samuel arriva, et Saül sortit au-devant de lui pour le saluer ;

11 et Samuel lui dit : Qu’as-tu fait ? Saül répondit : Parce que je voyais que le peuple s’écartait d’avec moi, et que tu ne venais point au jour assigné, et que les Philistins étaient assemblés à Micmas,

12 j’ai dit : Les Philistins descendront maintenant contre moi à Guilgal, et je n’ai point supplié l’Éternel ; et m’étant retenu quelque temps, enfin j’ai offert l’holocauste.

13 Alors Samuel dit à Saül : Tu as agi follement, tu n’as point gardé le commandement que l’Éternel ton Dieu t’avait donné ; l’Éternel eût maintenant affermi ton règne sur Israël à toujours ;

14 mais maintenant, ton règne ne sera point stable ; l’Éternel s’est cherché un homme selon son cœur, et l’Éternel lui a commandé d’être le conducteur de son peuple, parce que tu n’as point gardé ce que l’Éternel t’avait commandé.

15 Puis Samuel se leva, et monta de Guilgal à Guibha de Benjamin. Et Saül fit le dénombrement du peuple qui se trouva avec lui, et qui fut d’environ six cents hommes.

16 Or, Saül, et son fils Jonathan, et le peuple qui se trouva avec eux, se tenaient à Guibha de Benjamin, et les Philistins étaient campés à Micmas.

17 Et il sortit trois bandes du camp des Philistins pour aller faire du dégât ; l’une des bandes prit le chemin de Hophra, vers le pays de Sçuhal,

18 l’autre bande prit le chemin de Beth-horon, et la troisième prit le chemin de la frontière qui regarde la vallée de Tséboïm, vers le désert.

19 Or, dans tout le pays d’Israël il ne se trouvait aucun forgeron ; car les Philistins avaient dit : Il faut empêcher que les Hébreux ne fassent des épées ou des lances.

20 C’est pourquoi tous ceux d’Israël descendaient vers les Philistins, chacun pour aiguiser son soc, son coutre, sa cognée et son hoyau.

21 Ils avaient des limes pour raccommoder leurs hoyaux, leurs coutres, leurs fourches à trois dents, leurs cognées et leurs aiguillons.

22 Et quand le jour de la bataille fut venu, il ne se trouva personne du peuple qui était avec Saül et Jonathan, qui eût ni épée ni hallebarde ; toutefois, on en trouva à Saül et à Jonathan son fils.

23 Et le corps de garde des Philistins sortit au passage de Micmas.

REFLEXIONS

L’on voit dans ce chapitre :

I. Que comme Dieu avait promis que Saül délivrerait son peuple des philistins, il permit que la guerre s’allumât entre eux et les Israélites. Dans les commencements de cette guerre, Saül et ses sujets furent fort alarmés, mais Dieu leur accorda la victoire par le moyen de Jonathan fils de Saül.

Mais ce que nous devons surtout remarquer ici, c’est l’action du roi Saül qui voulut offrir un sacrifice sans attendre le prophète Samuel. Bien que cette action ne paraisse pas d’abord fort criminelle et que Saül prétendît même l’excuser, le jugement que Dieu, qui connaissait les dispositions de Saül, en fit et la punition que Samuel dénonça à ce prince montrent qu’il avait offert ce sacrifice non seulement par une précipitation indiscrète, mais outre cela par un principe de défiance et de rébellion au commandement de Dieu, Samuel lui ayant expressément défendu de sacrifier avant qu’il fût arrivé, outre que ce procédé de Saül était d’une dangereuse conséquence et d’un mauvais exemple pour le peuple.

Dieu veut qu’on s’attache inviolablement à ce qu’il ordonne sans s’en écarter jamais, sous quelque prétexte que ce soit. Il ne faut point chercher des excuses, ni alléguer des raisons, quand Dieu commande et rien ne lui déplait davantage que la désobéissance à ses ordres. De plus la réjection de Saül nous fait voir que ceux à qui Dieu a accordé des grâces particulières et qui ont bien commencé peuvent perdre tous ces avantages s’ils s’en rendent indignes et être même rejetés de Dieu comme Saül le fut, ce qui doit retenir, même ceux qui ont de la piété et du zèle, dans la crainte et dans une humilité continuelle.

CHAPITRE XIV.

Jonathan attaque une garnison des Philistins, il met toute leur armée en déroute et remporte la victoire sur eux. Saül, poursuivant les Philistins, fait faire serment à tout le peuple de ne rien manger jusqu’au soir. Jonathan, ignorant que ce serment eût été fait, mangea du miel dans une forêt, à cause de quoi son père voulu le faire mourir, mais le peuple ne le permit pas. 

1 Il arriva un jour que Jonathan, fils de Saül, dit à un jeune homme qui portait ses armes : Viens, et passons vers le corps de garde des Philistins qui est au-delà de ce lieu-là : et il ne le dit point à son père.

2 Et Saül se tenait à l’extrémité du coteau, sous un grenadier qui était à Migron ; et le peuple qui était avec lui, était d’environ six cents hommes ;

3 et Ahija, fils d’Ahitub, frère d’I-cabod, fils de Phinées, fils d’Héli, sacrificateur de l’Éternel à Scilo, portait l’éphod ; et le peuple ne savait point que Jonathan s’en fût allé.

4 Or, entre les passages par lesquels Jonathan cherchait de passer au corps de garde des Philistins, il y avait un rocher du côté de deçà, et un autre du côté de delà ; l’un s’appelait Botsets et l’autre Séné.

5 L’un de ces rochers était situé du côté d’aquilon, vis-à-vis de Micmas, et l’autre du côté de midi, vis-à-vis de Guibha.

6 Et Jonathan dit au jeune homme qui portait ses armes : Viens, passons au corps de garde de ces incirconcis, peut-être que l’Eternel fera quelque exploit par nous ; car on ne saurait empêcher l’Eternel de délivrer, soit avec beaucoup, soit avec peu de gens.

7 Et celui qui portait ses armes lui dit : Fais tout ce que tu as au cœur, vas-y, j’irai avec toi où tu voudras.

8 Et Jonathan lui dit : Voici, nous allons passer vers ces gens, et nous nous montrerons à eux ;

9 s’ils nous disent : Attendez jusqu’à ce que nous soyons venus à vous, alors nous demeurerons à notre place, et nous ne monterons point vers eux.

10 Mais s’ils nous disent : Montez vers nous, alors nous y monterons ; car l’Eternel les aura livrés entre nos mains ; que cela nous soit pour un signe.

11 Ils se montrèrent donc tous deux au corps de garde des Philistins ; et les Philistins dirent : Voilà les Hébreux, qui sortent des antres où ils s’étaient cachés.

12 Et ceux du corps de garde dirent à Jonathan et à celui qui portait ses armes : Montez vers nous, et nous vous montrerons quelque chose. Jonathan dit à celui qui portait ses armes : Monte après moi ; car l'Eternel les a livrés entre les mains d’Israël.

13 Et Jonathan monta, en grimpant de ses mains et de ses pieds, avec celui qui portait ses armes ; et ceux du corps de garde tombèrent devant Jonathan, et celui qui portait ses armes les tuait après lui.

14 Et cette première défaite, que fit Jonathan et celui qui portait ses armes, fut d’environ vingt hommes, qui furent tués dans l’espace d’environ la moitié d’un arpent de terre.

15 Et il y eut un grand effroi au camp, à la campagne, et parmi tout le peuple ; le corps de garde aussi, et ceux qui étaient allés faire du dégât, furent effrayés, et le pays fut en trouble ; ce fut comme une frayeur envoyée de Dieu.

16 Et les sentinelles de Saül, qui étaient à Guibha de Benjamin, regardèrent, et voici, la multitude était en un si grand désordre, qu’elle se foulait en s’en allant.

17 Alors Saül dit au peuple qui était avec lui : Faites la revue maintenant, et voyez qui s’en est allé d’entre nous. Ils firent donc la revue, et voici, Jonathan n’y était point, ni celui qui portait ses armes.

18 Et Saül dit à Ahija : Fais approcher l’arche de Dieu (car l’arche de Dieu était alors avec les enfants d’Israël).

19 Mais il arriva que, pendant que Saül parlait au sacrificateur, le tumulte, qui était au camp des Philistins, allait croissant de plus en plus, et Saül dit au sacrificateur : Retire ta main.

20 Et Saül et tout le peuple qui était avec lui, fut assemblé à grand cri, et ils vinrent jusqu’au lieu du combat, et voici, les Philistins avaient les épées tirées les uns contre les autres, et il y avait un fort grand effroi.

21 Or, les Philistins avaient avec eux des Hébreux, comme ils en avaient eu auparavant, qui étaient montés des environs avec eux dans leur camp, et ces Hébreux se joignirent aussi incontinent aux Israélites qui étaient avec Saül et Jonathan.

22 Tous les Israélites aussi qui étaient cachés dans la montagne d’Ephraïm, ayant appris que les Philistins fuyaient, les poursuivirent et les atteignirent dans la bataille.

23 En ce jour-là donc l’Eternel délivra Israël, et ils combattirent jusqu’à Beth-aven.

24 Mais quoi que les Israélites furent fort harassés, et Saül fit faire au peuple ce serment, disant : Maudit soit l’homme qui mangera aucune nourriture jusqu’au soir, jusqu’à ce que je me sois vengé de mes ennemis. Et tout le peuple ne goûta aucune nourriture.

25 Et tout le peuple du pays vint dans une forêt, où il y avait du miel qui coulait sur un champ.

26 Le peuple donc entra dans la forêt, et vit du miel qui découlait, et il n’y en eut aucun qui osât en porter à sa bouche ; car le peuple respectait le serment.

27 Or, Jonathan n’avait point entendu, lorsque son père avait fait jurer le peuple, et il étendit le bout de son bâton, qu’il avait à la main, et l’ayant trempé dans un rayon de miel, il en porta avec la main à sa bouche, et ses yeux furent éclaircis.

28 Alors quelqu’un du peuple prenant la parole, lui dit : Ton père a fait expressément jurer le peuple, disant : Maudit soit l’homme qui mangera aujourd’hui aucune nourriture, bien que le peuple fût fort fatigué.

29 Et Jonathan dit : Mon père a troublé le peuple du pays ; voyez, je vous prie, comme mes yeux sont éclaircis, pour avoir un peu goûté de ce miel ;

30 si le peuple avait aujourd’hui bien mangé de la dépouille de ses ennemis, qu’il a trouvée, combien la défaite des Philistins n’en aurait-elle pas été plus grande ?

31 En ce jour-là donc ils battirent les Philistins depuis Micmas jusqu’à Ajalon, et le peuple fut extrêmement fatigué ;

32 puis il se jeta sur le butin, et ils prirent des brebis, des bœufs et des veaux, et ils les égorgèrent sur la terre, et le peuple les mangeait avec le sang.

33 Et on fit rapport à Saül, disant : Voici, le peuple pèche contre l’Éternel, mangeant la chair avec le sang. Et il dit : Vous avez transgressé la loi de Dieu ; roulez aujourd’hui une grande pierre vers moi.

34 Et Saül dit : Allez çà et là parmi le peuple, et dites-leur que chacun amène vers moi son taureau, et chacun ses brebis ; et vous les égorgerez ici, et vous les mangerez, et vous ne pécherez point contre l’Éternel, en mangeant la chair avec le sang. Et chacun du peuple amena son taureau, à la main, cette nuit-là, et ils les égorgèrent là.

35 Alors Saül bâtit un autel à l’Éternel ; et ce fut le premier autel qu’il bâtit à l’Éternel.

36 Puis Saül dit : Descendons et poursuivons de nuit les Philistins, et pillons-les, jusqu’à ce que le matin soit venu et n’en laissons pas un de reste. Et ils dirent : Fais tout ce qui te semble bon. Mais le sacrificateur dit : Approchons-nous ici de Dieu.

37 Alors Saül consulta Dieu, disant : Descendrai-je, afin de poursuivre les Philistins ? Les livreras-tu entre les mains d’Israël ? Et il ne lui donna point alors de réponse.

38 Et Saül dit : Que toutes les compagnies du peuple s’approchent d’ici, et sachez et voyez comment le péché est aujourd’hui venu parmi nous ;

39 car l’Éternel est vivant, lui qui délivre Israël, qu’encore que cela eût été fait par mon fils Jonathan, il en mourra certainement. Et aucun de tout le peuple ne lui répondit rien.

40 Puis il dit à tout Israël : Mettez-vous d’un côté, et nous serons de l’autre côté, moi et Jonathan mon fils. Le peuple répondit à Saül : Fais tout ce qui te semble bon.

41 Et Saül dit à l’Éternel, le Dieu d’Israël : Fais connaître celui qui est innocent. Et Jonathan et Saül furent saisis, et le peuple échappa.

42 Et Saül dit : Jetez le sort entre moi et Jonathan mon fils. Et Jonathan fut saisi.

43 Alors Saül dit à Jonathan : Déclare-moi ce que tu as fait. Et Jonathan le lui déclara, et dit : Il est vrai que j’ai goûté, avec le bout de mon bâton que j’avais en main, un peu de miel ; me voici, je mourrai.

44 Et Saül dit : Que Dieu me punisse sévèrement si tu ne meurs certainement, Jonathan.

45 Mais le peuple dit à Saül : Jonathan, qui a délivré Israël d’une manière si merveilleuse, mourrait-il ? Cela ne sera point. L’Éternel est vivant, si un seul des cheveux de sa tête tombe sur terre ; car il a aujourd’hui fait un grand exploit avec Dieu. Ainsi le peuple délivra Jonathan, et il ne mourut point.

46 Puis Saül s’en retourna de la poursuite des Philistins, et les Philistins s’en allèrent en leur pays.

47 Saül donc régna sur Israël, et fit la guerre de tous côtés contre ses ennemis, contre les Moabites, et les Hammonites, contre les Iduméens, contre les rois de Tsoba, et contre les Philistins ; partout où il se tournait, il mettait tout en trouble.

48 Il leva aussi une armée, et battit les Hamalékites, et il délivra Israël de la main de ceux qui le pillaient.

49 Or, les fils de Saül étaient Jonathan, Jisçui et Malkisçuah ; et quant aux noms de ses deux filles, le nom de l’aînée était Mérab, et le nom de la cadette était Mical ;

50 et le nom de la femme de Saül était Ahinoham, fille d’Ahimahats ; et le nom du chef de son armée était Abner, fils de Ner, oncle de Saül.

51 Et Kis, père de Saül, et Ner, père d’Abner, étaient fils d’Abiel.

52 Et pendant tout le temps de Saül il y eut une forte guerre contre les Philistins ; et aussitôt que Saül voyait quelque homme fort, et quelque homme vaillant, il le prenait auprès de lui.

REFLEXIONS

Il faut remarquer ici :

I. Le courage et la piété de Jonathan qui prit la résolution d’attaquer les Philistins, mais qui avant que d’exécuter son entreprise voulut s’assurer par le moyen d’un signe si Dieu le bénirait.

II. L’heureux succès que Dieu lui donna fit voir que l’entreprise de ce prince et sa personne lui étaient agréables, la défaite de la garnison des Philistins et un tremblement de terre que Dieu envoya les jeta dans la frayeur et dans le désordre en sorte qu’ils se tuèrent les uns les autres et que les Israélites en firent un grand carnage.

Quoique Dieu fut irrité contre Saül, il voulut cependant lui accorder cette victoire et délivrer dans cette occasion le peuple d’Israël par le moyen de Jonathan qui était un prince craignant Dieu et vertueux.

Dieu accorde quelque fois des grâces à des personnes qui en sont indignes, non à cause d’elles-mêmes, mais à cause de sa gloire et de l’amour qu’il porte à ceux qui le craignent.

Pour ce qui est du serment que Saül fit faire à son armée de ne rien manger de tout ce jour-là, il faut y faire ces quatre réflexions :

I. La première que ce serment fut fait inconsidérément et qu’il manqua d’avoir des suites funestes, ce qui fait voir que l’on doit éviter avec soin les serments téméraires et les vœux inconsidérés.

II. Il faut remarquer que Dieu ne donna aucune réponse à Saül qui le consultait et qu’il permit que Jonathan, qui n’avait pas fait ce serment et qui était innocent, fût découvert par le sort. Dieu le voulut ainsi tant pour faire sentir à Saül le péché qu’il avait commis par ce serment téméraire qu’il avait fait faire au peuple que pour montrer combien l’on doit respecter le serment, et avec quelle exactitude il doit être gardé.

III. On voit que, quoique Saül fût rebelle aux commandements de Dieu, il fit cependant paraître un grand zèle en défendant au peuple de manger du sang et en ordonnant même que Jonathan son fils mourut. C’est là le caractère des hypocrites. Ils jugent sévèrement les autres et ils paraissent même zélés pour la gloire de Dieu dans de certaines occasions, pendant qu’ils ne se reconnaissent, ni ne se condamnent point eux-mêmes et que dans les choses qui sont les plus importantes, ils violent les commandements du Seigneur.

Enfin, Dieu garantit Jonathan et après s’être servi de lui pour détruire les Philistins, il ne permit pas qu’on le fît mourir. Cela montre qu’on ne doit jamais condamner des innocents, ni commettre aucune injustice sous prétexte des serments que l’on peut avoir faits, ni par quelque autre considération que ce puisse être, mais qu’il faut plutôt protéger et défendre l’innocence dans toutes sortes d’occasions.

CHAPITRE XV.

Saül faisant la guerre aux Hamalékites épargna Agag leur roi et leur meilleur butin contre l’ordre exprès du Seigneur, à cause de quoi Samuel, sans avoir égard aux excuses de Saül, lui déclara que Dieu l’avait rejeté. Ce prophète commanda ensuite de faire mourir Agag et s’en alla à Rama sans plus revoir Saül.

1 Or, Samuel dit à Saül : L’Éternel m’a envoyé pour t’oindre, afin d’être roi sur mon peuple, savoir, sur Israël ; maintenant donc, écoute les paroles de l’Éternel.

2 Ainsi a dit l’Éternel des armées : J’ai rappelé en ma mémoire ce qu’a fait Hamalek à Israël, comment il s’opposa à lui sur le chemin, quand il montait d’Égypte ;

3 va maintenant, et frappe Hamalek, et détruisez, à la façon de l’interdit, tout ce qu’il a, et ne l’épargnez point, mais fais mourir tant les hommes que les femmes, tant les grands que ceux qui tètent, tant les bœufs que les brebis, et tant les chameaux que les ânes.

4 Saül donc assembla, à cri public, le peuple, et il en fit le dénombrement à Télaïm, et il se trouva deux cent mille hommes de pied, et dix mille hommes de Juda.

5 Et Saül vint jusqu’à la ville de Hamalek, et il mit des embuscades dans la vallée.

6 Et Saül dit aux Kéniens : Allez, retirez-vous, descendez du milieu des Hamalékites, de peur que je ne vous enveloppe avec eux ; car vous usâtes d’humanité envers tous les enfants d’Israël quand ils montèrent hors d’Égypte. Et les Kéniens se retirèrent du milieu des Hamalékites.

7 Or, Saül battit les Hamalékites, depuis Havila jusqu’à Sçur, qui est vis-à-vis de l’Égypte ;

8 et il prit vif Agag, roi d’Hamalek ; mais il fit passer tout le peuple au fil de l’épée, à la façon de l’interdit.

9 Cependant Saül et le peuple épargnèrent Agag et les meilleures brebis, les meilleurs bœufs, les bêtes grasses, les agneaux, et tout ce qu’il y avait de bon, et ils ne voulurent point les détruire à la façon de l’interdit ; ils détruisirent seulement, à la façon de l’interdit, tout ce qui était méprisable et de peu de valeur.

10 Alors la parole de l’Éternel fut adressée à Samuel, disant :

11 Je me repens d’avoir établi Saül pour roi ; car il s’est détourné de moi, et il n’a point exécuté mes paroles. Et Samuel en fut fort fâché, et cria à l’Éternel toute cette nuit-là.

12 Puis Samuel se leva de bon matin pour aller au-devant de Saül ; et on fit ce rapport à Samuel, et on lui dit : Saül était venu à Carmel, et voici, il s’était fait là dresser une place ; mais il s’en est retourné, et, passant outre, il est descendu à Guilgal.

13 Quand Samuel fut venu à Saül, Saül lui dit : Tu es béni de l’Eternel ; j’ai exécuté la parole de l’Eternel.

14 Et Samuel dit : Quel est donc ce bêlement de brebis qui retentit à mes oreilles, et ce meuglement de bœufs que j’entends ?

15 Et Saül répondit : Ils les ont amenés des Hamalékites ; car le peuple a épargné les meilleures brebis, et les meilleurs taureaux, pour les sacrifier à l’Eternel ton Dieu, et nous avons détruit le reste à la façon de l’interdit.

16 Et Samuel dit à Saül : Laisse-moi te déclarer ce que l’Eternel m’a dit cette nuit. Et il lui répondit : Parle.

17 Samuel donc dit : N’est-il pas vrai que lorsque tu étais petit à tes yeux, tu as été fait le chef des tribus d’Israël, et que l’Éternel t’a oint pour roi sur Israël ?

18 Or, l’Eternel t’avait envoyé en cette expédition, et t’avait dit : Va, et détruis, à la façon de l’interdit, ces pécheurs, savoir, les Hamalékites, et fais-leur la guerre jusqu’à ce qu’ils soient consumés.

19 Pourquoi n’as-tu pas obéi à la voix de l’Eternel, et pourquoi t’es-tu jeté sur le butin, et as-tu fait ce qui déplaît à l’Eternel ?

20 Et Saül répondit à Samuel : J’ai pourtant obéi à la voix de l’Eternel, et je suis allé par le chemin par lequel l’Eternel m’a envoyé, et j’ai amené Agag, roi des Hamalékites, mais j’ai détruit, à la façon de l’interdit, les Hamalékites ;

21 mais le peuple a pris des brebis et des bœufs du butin, comme des prémices de l’interdit, pour sacrifier à l’Eternel ton Dieu à Guilgal.

22 Alors Samuel dit : L’Eternel prend-il plaisir aux holocaustes et aux sacrifices, comme à ce qu’on obéisse à sa voix ? Voici, obéir vaut mieux que sacrifice ; se rendre attentif à la voix de Dieu vaut mieux que la graisse des moutons.

23 Car la rébellion est autant que le péché de deviner, et la résistance lui déplaît autant que les idoles et les marmousets. Parce donc que tu as rejeté la parole de l’Eternel, il t’a aussi rejeté, afin que tu ne sois plus roi.

24 Saül répondit à Samuel : J’ai péché ; car j’ai transgressé le commandement de l’Eternel et tes paroles, parce que je craignais le peuple, et j’ai obéi à sa voix.

25 Mais maintenant, je te prie, pardonne-moi mon péché, et reviens avec moi, et je me prosternerai devant l’Eternel.

26 Et Samuel dit à Saül : Je ne retournerai point avec toi ; car tu as rejeté la parole de l’Eternel, et l’Eternel t’a rejeté, afin que tu ne sois plus roi sur Israël.

27 Et comme Samuel se tournait pour s’en aller, Saül lui prit le pan de son manteau, qui se déchira.

28 Alors Samuel lui dit : L’Eternel a aujourd’hui déchiré le royaume d’Israël de dessus toi, et il l’a donné à ton prochain, qui est meilleur que toi.

29 Et en effet, celui qui est la force d’Israël ne mentira point, et il ne se repentira point ; car il n’est pas un homme pour se repentir.

30 Et Saül répondit : J’ai péché ; mais honore-moi maintenant, je te prie, en la présence des anciens de mon peuple et en la présence d’Israël, et reviens avec moi, et je me prosternerai devant l’Eternel ton Dieu.

31 Samuel donc s’en retourna, et suivit Saül, et Saül se prosterna devant l’Eternel.

32 Puis Samuel dit : Amenez-moi Agag, roi d’Hamalek. Et Agag vint à lui faisant le gracieux. Et Agag disait : Certainement l’amertume de la mort est passée.

33 Mais Samuel lui dit : Comme ton épée a privé les femmes de leurs enfants, ainsi ta mère entre les femmes, sera privée d’un fils. Et Samuel fit mettre Agag en pièces, devant l’Eternel à Guilgal.

34 Puis il s’en alla à Rama ; et Saül monta en sa maison à Guibha de Saül.

35 Et Samuel n’alla plus voir Saül, jusqu’à sa mort ; mais Samuel pleurait Saül, parce que l’Éternel s’était repenti d’avoir établi Saül pour roi sur Israël.

REFLEXIONS

Il y a d’importantes considérations à faire sur l’histoire qui est rapportée dans ce chapitre :

I. La première regarde le péché de Saül qui, contre l’ordre exprès de Dieu, épargna le roi des Hamalékites et leur meilleur butin et la manière dont Samuel reprit ce prince de sa désobéissance. Cela nous apprend qu’il ne nous est jamais permis d’expliquer les commandements de Dieu suivant nos propres pensées, ni d’en omettre la moindre partie par quelque raison que ce puisse être, mais qu’il faut obéir en simplicité de cœur à tout ce que Dieu nous commande, sans chercher des prétextes pour nous en dispenser. Saül voulut s’excuser en disant qu’il avait obéi en partie aux ordres de Dieu et en alléguant l’intention qu’il avait d’honorer Dieu en sacrifiant les bêtes que l’on avait épargnées. Mais le prophète rejeta toutes ces excuses et censura fortement Saül de sa désobéissance.

II. Il n’y a aucune excuse qui puisse nous justifier devant Dieu lorsqu’il nous a fait connaître sa volonté d’une manière claire et expresse et que nous la violons. Cela nous montre de plus que c’est en vain qu’on prétend honorer Dieu quand on s’écarte de ce qu’il a prescrit, que Dieu ne regarde point aux hommages extérieurs qu’on lui rend, quelques apparences de zèle qu’ils aient, lorsqu’on ne lui obéit pas : Que l’obéissance vaut mieux que le sacrifice et que c’est un péché aussi grand que l’idolâtrie que d’être rebelle à sa voix.

III. Nous devons bien remarquer que Saül fut effrayé des censures et des menaces de Samuel qu’il le conjura de lui faire obtenir le pardon de sa faute et de demeurer avec lui. Mais que Dieu ne fut point fléchi par les marques de repentance que ce prince donna, parce que sa repentance n’était pas sincère et que ce n’était que la crainte d’être dépouillé de son royaume et de tomber dans le mépris qui le faisait agir. À cause de cela Samuel persista à lui déclarer que Dieu l’avait rejeté et même il le quitta pour toujours et ne le revit plus.

La douleur que les méchants font paraître n’est pas toujours une vraie repentance, ce n’est souvent qu’une douleur selon le monde. C’est pourquoi Dieu, qui connaît les cœurs, n’y a point d’égard et il les abandonne lorsque leur malice est parvenue à son comble.

CHAPITRE XVI.

Le prophète Samuel oint David pour être roi du peuple d’Israël et Saül étant troublé par un mauvais esprit, David est appelé auprès de lui pour le soulager.

1 Et l’Éternel dit à Samuel : Jusqu’à quand t’affligeras-tu pour Saül, puisque je l’ai rejeté, afin qu’il ne règne plus sur Israël ? Emplis ta corne d’huile, et viens, je t’enverrai vers Isaï Bethléhémite ; car je me suis pourvu d’un de ses fils pour roi.

2 Et Samuel dit : Comment irai-je là ? Car Saül l’ayant appris me tuera. Et l’Éternel répondit : Tu emmèneras avec toi une jeune vache du troupeau, et tu diras : Je suis venu pour sacrifier à l’Éternel.

3 Et tu inviteras Isaï au sacrifice ; je te ferai savoir là ce que tu auras à faire, et tu m’oindras celui que je te dirai.

4 Samuel donc fit comme l’Éternel lui avait dit, et vint à Bethléhem, et les anciens de la ville, tout effrayés, vinrent au-devant de lui, et dirent : Ne viens-tu que pour notre bien ?

5 Et il répondit : Je ne viens que pour votre bien. Je suis venu pour sacrifier à l’Éternel ; purifiez-vous, et venez avec moi au sacrifice. Il fit aussi purifier Isaï et ses fils, et il les invita au sacrifice.

6 Et comme ils entraient, ayant vu Eliab, il dit en lui-même : Certainement l’oint de l’Éternel est devant lui.

7 Et l’Éternel dit à Samuel : Ne prends point garde à son visage ni à la grandeur de sa taille ; car je l’ai rejeté ; l’Éternel n’a point égard aux choses auxquelles l’homme a égard ; l’homme a égard à ce qui paraît à ses yeux ; mais l’Éternel a égard au cœur.

8 Et Isaï appela Abinadab, et le fit passer devant Samuel ; et Samuel dit : L’Éternel n’a point choisi celui-ci non plus.

9 Et Isaï fit passer Sçamma ; et Samuel dit : L’Éternel n’a point choisi celui-ci non plus.

10 Ainsi Isaï fit passer ses sept fils devant Samuel ; et Samuel dit à Isaï : L’Éternel n’a point choisi ceux-ci.

11 Puis Samuel dit à Isaï : Sont-ce là tous tes enfants ? Et il répondit : Il reste encore le plus jeune ; mais voici, il paît les brebis. Alors Samuel dit à Isaï : Envoie-le chercher ; car nous ne nous mettrons point à table jusqu’à ce qu’il soit venu ici.

12 Il l’envoya donc appeler. Or, il était blond, de bonne mine, et beau de visage ; et l’Éternel dit à Samuel : Lève-toi et oins-le ; car c’est celui-là.

13 Alors Samuel prit la corne d’huile, et l’oignit au milieu de ses frères, et depuis ce temps-là l’Esprit de l’Éternel saisit David. Puis Samuel se leva et s’en alla à Rama.

14 Et l’Esprit de l’Éternel se retira de Saül, et un mauvais esprit envoyé par l’Éternel le troublait.

15 Et les serviteurs de Saül lui dirent : Voici, maintenant, un mauvais esprit, envoyé de Dieu, te trouble ;

16 que le roi notre seigneur dise à ses serviteurs, qui sont devant toi, qu’ils cherchent un homme qui sache jouer de la harpe ; et quand le mauvais esprit envoyé de Dieu sera sur toi, il en jouera, et tu en seras soulagé.

17 Saül donc dit à ses serviteurs : Je vous prie, trouvez-moi un homme qui sache bien jouer des instruments et amenez-le-moi.

18 Et l’un de ses serviteurs répondit et dit : Voici, j’ai vu un fils d’Isaï Bethléhémite, qui sait jouer des instruments, et qui est fort, vaillant et guerrier, qui parle bien, bel homme, et l’Éternel est avec lui.

19 Alors Saül envoya des messagers à Isaï, pour lui dire : Envoie-moi David ton fils, qui est avec les brebis.

20 Et Isaï prit un âne chargé de pain, et un baril de vin, et un chevreau de lait, et il les envoya à Saül, par David, son fils.

21 Et David vint vers Saül, et se présenta devant lui ; et Saül l’aima fort, et il en fit son écuyer.

22 Et Saül envoya dire à Isaï : Je te prie que David demeure à mon service ; car il a trouvé grâce devant moi.

23 Quand donc le mauvais esprit, envoyé de Dieu, était sur Saül, David prenait sa harpe, et il en jouait, et Saül en était soulagé et s’en trouvait bien, parce que le mauvais esprit se retirait de lui.

REFLEXIONS

Les deux événements qui sont ici rapportés sont remarquables :

I. Le premier est le choix que Dieu fit de David pour être roi. Sur quoi nous devons faire ces deux considérations :

L’une, qu’afin qu’il parût que David était appelé à régner tout de même que Saül l’avait été, Dieu voulut qu’il fût oint par le même prophète qui avait oint Saül,

L’autre, que, bien que David fût le plus jeune des fils d’Isaï, Dieu le fit oindre par Samuel et qu’il le prit d’entre les brebis pour l’élever sur le trône parce que c’était un homme selon son cœur.

L’instruction que cela nous donne est que Dieu fait choix de ceux qui ont un cœur bon et droit et que comme le prophète Samuel le dit : Le Seigneur n’a point d’égard à ce à quoi l’homme a égard, que l’homme regarde à ce qui a de l’apparence, mais que Dieu a égard au cœur.

II. L’autre événement que ce chapitre rapporte est que Saül fut troublé par un mauvais esprit, c’est-à-dire par une mélancolie noire et que David au contraire fut rempli de l’Esprit Saint, que Dieu même se servit de David pour soulager Saül dans les accès de son mal. Par-là la providence préparait les choses à l’élévation de David sur le trône en le rendant recommandable à la cour de Saül.

Au reste, l’exemple de Saül, qui, après avoir reçu l’Esprit de Dieu, fut livré à un mauvais esprit, nous montre ce qui arrive à ceux qui se rendent indignes de la grâce divine. Ils en sont privés, leur état devient même plus funeste et comme notre Seigneur Jésus-Christ le dit dans l’Évangile,

Le mauvais esprit rentre en eux et leur dernière condition devient pire que la première.

CHAPITRE XVII.

Les Philistins font la guerre aux Israélites et un géant nommé Goliath défie le peuple d’Israël et s’offre de combattre contre celui qui se présenterait, ce que personne n’osa faire. Ensuite David s’assurant sur le secours de Dieu se présente pour combattre contre Goliath. Il le tue et les Israélites remportent une grande victoire sur les Philistins.

1 Or, les Philistins assemblèrent leurs armées pour combattre, et ils furent assemblés à Soco, qui est de Juda ; ils campèrent entre Soco et Hazéca, sur la frontière de Dammim.

2 Saül aussi et ceux d’Israël s’assemblèrent, et campèrent en la vallée du chêne, et ils se rangèrent en ordre de bataille, pour rencontrer les Philistins.

3 Or, les Philistins étaient sur une montagne du côté de deçà, et les Israélites étaient sur une autre montagne du côté de delà ; de sorte que la vallée était entre deux.

4 Alors on vit sortir du camp des Philistins un homme qui se présentait entre les deux armées, et qui s’appelait Goliath ; il était de Gath ; il avait six coudées et une palme de haut ;

5 il avait un casque d’airain sur la tête, et il était armé d’une cuirasse à écailles, et sa cuirasse pesait cinq mille sicles d’airain ;

6 il avait aussi des cuissards d’airain sur ses cuisses, et un bouclier d’airain entre les épaules ;

7 la hampe de sa hallebarde était comme l’ensuble d’un tisserand, et son fer pesait six cents sicles de fer ; et celui qui portait son bouclier marchait devant lui.

8 Il se présentait donc, et criait aux rangs d’Israël, et leur disait : Pourquoi sortez-vous pour vous ranger en bataille ? Ne suis-je pas Philistin, et vous, n’êtes-vous pas serviteurs de Saül ? Choisissez un homme d’entre vous, et qu’il descende pour se battre avec moi ;

9 que s’il a l’avantage sur moi, en combattant avec moi, et s’il me tue, nous vous serons assujettis ; mais si j’ai l’avantage sur lui, et si je le tue, vous nous serez assujettis et vous nous servirez.

10 Et le Philistin disait : J’ai déshonoré aujourd’hui les batailles rangées d’Israël, en leur disant : Donnez-moi un homme et nous combattrons ensemble.

11 Mais Saül et tous les Israélites, ayant entendu les paroles du Philistin, furent étonnés, et eurent une fort grande peur.

12 Or, David était fils de cet homme Ephratien, de Bethléhem de Juda, nommé Isaï, qui avait huit fils, qui était vieux et qui était mis au rang des personnes de qualité, du temps de Saül.

13 Les trois plus grands fils de cet Isaï s’en étaient allés, et avaient suivi Saül dans cette guerre ; et ses trois fils qui étaient allés à la guerre, s’appelaient, le premier-né Eliab, le second Abinadab, et le troisième Sçamma.

14 Et David était le plus jeune ; et les trois plus grands suivaient Saül.

15 Ce David donc allait et revenait d’auprès de Saül pour paître les brebis de son père à Bethléhem.

16 Et le Philistin s’approchait le matin et le soir, et il se présenta ainsi pendant quarante jours.

17 Et Isaï dit à David son fils : Prends maintenant pour tes frères un épha de froment rôti, et ces dix pains, et porte-les en diligence au camp, à tes frères ;

18 tu porteras aussi ces dix fromages de lait au capitaine de leur millier ; et tu visiteras tes frères pour savoir s’ils se portent bien ; et tu m’en apporteras quelques nouvelles certaines.

19 Or, Saül et eux, et tous ceux d’Israël étaient dans la vallée du chêne, pour combattre contre les Philistins.

20 David donc se leva de bon matin et laissa les brebis en garde au berger ; puis ayant pris sa charge, il s’en alla comme son père Isaï lui avait commandé, et il arriva au lieu où était le camp ; et l’armée était sortie pour se ranger en bataille, et on jetait de grands cris pour la bataille ;

21 car les Israélites et les Philistins avaient rangé armée contre armée.

22 Alors David se déchargea de son fardeau, le laissant entre les mains de celui qui gardait le bagage, et courut au lieu où était la bataille rangée et y étant arrivé, il demanda à ses frères s’ils se portaient bien ;

23 et comme il parlait, voici, cet homme qui se présentait entre les deux armées, qui s’appelait Goliath le Philistin, et qui était de Gath, de l’armée des Philistins, s’avança, et prononça les mêmes discours qu’il avait prononcés auparavant ; et David les entendit.

24 Et tous ceux d’Israël voyant cet homme-là s’enfuyaient de devant lui et tremblaient de peur.

25 Et chacun d’Israël disait : N’avez-vous point vu cet homme-là qui est monté ? Il est monté pour déshonorer Israël. S’il se trouve quelqu’un qui le tue, le roi le comblera de richesses, il lui donnera sa fille, et il affranchira la maison de son père de toutes sortes de charges en Israël.

26 Alors David parla aux gens qui étaient là avec lui, et leur dit : Quel bien fera-t-on à l’homme qui aura tué ce Philistin, et qui aura ôté l’opprobre de dessus Israël ? Car qui est ce Philistin incirconcis, pour déshonorer ainsi les batailles rangées du Dieu vivant ?

27 Et le peuple lui répéta ces mêmes paroles-là, et lui dit : C’est là le bien qu’on fera à l’homme qui l’aura tué.

28 Et quand Eliab, son frère aîné, eut entendu qu’il parlait à ces gens-là, sa colère s’embrasa contre David, et il lui dit : Pourquoi es-tu descendu ? et à qui as-tu laissé ce peu de brebis que nous avons à la campagne ? Je connais ton orgueil et la malice de ton cœur, que tu es descendu pour voir le combat.

29 Et David répondit : Qu’ai-je fait maintenant ? Y a-t-il de quoi se fâcher ?

30 Et s’étant détourné de celui-là il alla vers un autre, et lui dit les mêmes paroles ; et le peuple lui répondit de même, comme la première fois.

31 Et les paroles que David avait dites, ayant été entendues, furent rapportées à Saül, et il le fit venir ;

32 et David dit à Saül : Que personne ne perde courage à cause de cet homme ; ton serviteur ira et combattra contre ce Philistin.

33 Mais Saül dit à David : Tu ne saurais aller contre ce Philistin, pour combattre contre lui, car tu n’es qu’un jeune homme, et lui est un homme de guerre dès sa jeunesse.

34 Et David répondit à Saül : lorsque ton serviteur paissait les brebis de son père, il arriva qu’un lion vint et un ours, et ils emportaient une brebis du troupeau ;

35 mais je sortis après eux, et je les frappai, et j’arrachai la brebis de leur gueule ; et comme ils se levaient contre moi, je les saisis par la mâchoire et je les frappai et je les tuai.

36 Ton serviteur donc a tué et un lion et un ours ; et ce Philistin, cet incirconcis, sera comme l’un d’eux ; car il a déshonoré les batailles rangées du Dieu vivant.

37 David dit encore : L’Éternel, qui m’a délivré de la griffe du lion et de la patte de l’ours, me délivrera encore de la main de ce Philistin. Alors Saül dit à David : Va et que l’Éternel soit avec toi !

38 Et Saül fit armer David de ses armes, et lui mit son casque d’airain sur la tête, et le fit armer d’une cuirasse ;

39 puis David ceignit l’épée de Saül sur ses armes, et se mit à marcher ; car jamais il ne l’avait essayé. Et David dit à Saül : Je ne saurais marcher avec ces armes ; car je n’y suis pas accoutumé. Et David les ôta de dessus lui.

40 Mais il prit son bâton à sa main, et se choisit du torrent cinq cailloux bien unis, et les mit dans sa panetière de berger qu’il avait, et dans sa poche, et il avait sa fronde en sa main, et il s’approcha du Philistin.

41 Le Philistin aussi vint, et s’approcha de David, et l’homme qui portait son bouclier, marchait devant lui.

42 Alors le Philistin regarda, et vit David, et le méprisa ; car c’était un jeune homme blond, et beau de visage.

43 Et le Philistin dit à David : Suis-je un chien, que tu viennes contre moi avec des bâtons ? Et le Philistin maudit David par ses dieux.

44 Le Philistin dit encore à David : Viens vers moi, et je donnerai ta chair aux oiseaux du ciel et aux bêtes des champs.

45 Et David répondit au Philistin : Tu viens contre moi avec l’épée, la hallebarde et le bouclier : mais moi, je viens contre toi au nom de l’Éternel des armées, du Dieu des batailles rangées d’Israël, que tu as déshonoré ;

46 aujourd’hui l’Éternel te livrera entre mes mains ; je te frapperai, je t’ôterai la tête, et je donnerai aujourd’hui les cadavres du camp des Philistins aux oiseaux des cieux et aux animaux de la terre ; et toute la terre saura qu’Israël a un Dieu ;

47 et toute cette assemblée saura que l’Éternel ne délivre point par épée, ni par hallebarde ; car ce combat appartient à l’Éternel, qui vous livrera entre nos mains.

48 Et il arriva, dès que le Philistin se fut levé, et qu’il fut venu, s’approchant pour rencontrer David, que David se hâta, et courut au lieu du combat pour rencontrer le Philistin.

49 Alors David ayant mis la main à sa panetière, en prit une pierre, la jeta avec sa fronde, et en frappa le Philistin au front, tellement que la pierre s’enfonça dans son front, et il tomba le visage contre terre.

50 Ainsi David, avec une fronde et une pierre, fut plus fort que le Philistin, et il frappa le Philistin et le fit mourir, et cependant David n’avait point d’épée à la main.

51 David donc courut, se jeta sur le Philistin, prit son épée, la tira du fourreau, le tua, et lui en coupa la tête. Et les Philistins, ayant vu que leur homme fort était mort, s’enfuirent.

52 Alors ceux d’Israël et de Juda se levèrent et jetèrent de grands cris de joie, et poursuivirent les Philistins jusqu’à la vallée, et jusqu’aux portes de Hékron ; et les Philistins, blessés à mort, tombèrent par le chemin de Sçaharajim, jusqu’à Gath, et jusqu’à Hékron.

53 Et les enfants d’Israël, étant revenus de la poursuite des Philistins, pillèrent leurs camps.

54 Et David prit la tête du Philistin, qu’il porta depuis à Jérusalem, et il mit ses armes dans sa tente.

55 Or, comme Saül vit David, sortant pour rencontrer le Philistin, il dit à Abner, chef de l’armée : Abner, de qui est fils ce jeune homme ? Et Abner répondit : Comme ton âme vit, ô roi, je n’en sais rien.

56 Le roi lui dit : Informe-toi de qui ce jeune homme est fils.

57 Sitôt donc que David fut revenu de tuer le Philistin, Abner le prit et le mena devant Saül, avec la tête du Philistin en sa main.

58 Et Saül lui dit : Jeune homme, de qui es-tu fils ? David répondit : Je suis fils d’Isaï, Bethléhémite, ton serviteur.

REFLEXIONS

Il faut remarquer ici :

I. Que Dieu permit que les Philistins déclarassent la guerre aux Israélites et que Goliath les menaçât et les insultât afin de fournir par là une occasion à David de se faire connaître et de délivrer le peuple d’Israël,

II. Qu’il ne se trouva personne parmi ce peuple qui osât combattre contre Goliath, ce qui servit à relever le courage et l’éclat de sa victoire,

III. Que David lui-même n’était pas d’abord allé à cette guerre et que ce ne fut que par occasion qu’il se rencontra à l’armée, son père l’y ayant envoyé pour s’informer de l’état de ses frères. On voit en cela une direction toute particulière de la providence qui acheminait ainsi les choses pour l’élévation de David sans qu’il y pensât et qui voulait le tirer du genre de vie qu’il avait suivi jusqu’alors et en faire le libérateur et ensuite le roi de son peuple.

IV. On doit admirer le courage de David qui se présenta pour combattre Goliath sans être intimidé par ses menaces et sans être découragé par ses frères et surtout la grande confiance qu’il avait en Dieu dont il avait déjà auparavant éprouvé le secours.

Enfin, le succès merveilleux qu’eut David mérite une attention particulière, puisque, sans d’autres armes que sa fronde, il tua ce géant et fit remporter aux Israélites une glorieuse victoire sur les Philistins. En tout cela il parait visiblement que Dieu assistait David d’une façon particulière et qu’il voulait en même temps venger sa gloire que Goliath avait attaquée et faire voir à ces idolâtres d’une manière illustre qu’il était le Dieu tout puissant.

Voilà aussi comment Dieu assiste ceux qui se confient en lui et comment il se sert quand il lui plait des moyens les plus faibles en apparence pour confondre l’orgueil des méchants et pour détruire les puissances les plus formidables. 

CHAPITRE XVIII.

On voit ici :

I. L’étroite amitié qui se forma entre Jonathan fils de Saül et David.

II. L’estime où David était à la cour de Saül et les acclamations que le peuple fit à son honneur après qu’il eut vaincu les Philistin.

III. La jalousie que Saül en conçut et qui le porta à vouloir tuer David et à tâcher de le faire tomber entre les mains des Philistins en lui promettant une de ses filles en mariage.

Enfin, le mariage de David avec Mical l’une des filles de Saül. 

1 Or, sitôt que David eut achevé de parler à Saül, l’âme de Jonathan fut tellement liée a son âme, que Jonathan l’aima comme son âme.

2 Ce jour-là donc Saül le prit, et ne lui permit plus de retourner en la maison de son père.

3 Et Jonathan fit alliance avec David, parce qu’il l’aimait comme son âme.

4 Et Jonathan se dépouilla du manteau qu’il portait, et il le donna à David, avec ses habits, même jusqu’à son épée, son arc et son baudrier.

5 Et David était employé aux affaires, et il réussissait partout où Saül l’envoyait, de sorte que Saül l’établit sur des gens de guerre, et il fut agréable à tout le peuple, et même aux serviteurs de Saül.

6 Or, comme ils revenaient, lorsque David revint de la défaite du Philistin, il sortit des femmes de toutes les villes d’Israël, en chantant et en dansant, au-devant du roi Saül, avec des tambours, avec joie, et avec des cymbales.

7 Et les femmes qui jouaient des instruments s’entre-répondaient, et disaient : Saül en a frappé ses mille, et David ses dix mille.

8 Et cette parole déplut à Saül, et il en fut fort irrité ; elles ont donné, dit-il, dix mille hommes à David, et à moi mille ; il ne lui manque donc plus que d’avoir le royaume.

9 Depuis ce jour-là, Saül voyait David de mauvais œil.

10 Et il arriva, dès le lendemain, que le mauvais esprit envoyé de Dieu, saisit Saül, et il avait des transports au milieu de la maison, et David joua des instruments, comme les autres jours, et Saül avait une hallebarde à sa main ;

11 et Saül lança la hallebarde, disant en soi-même : Je frapperai David et la muraille ; mais David se détourna de devant lui, par deux fois.

12 Saül donc avait peur de la présence de David, parce que l’Éternel était avec lui, et qu’il s’était retiré d’avec Saül.

13 C’est pourquoi Saül l’éloigna d’auprès de lui, et l’établit capitaine de mille hommes, et il marchait à leur tête devant le peuple.

14 Et David réussissait en tout ce qu’il entreprenait ; car l’Éternel était avec lui.

15 Saül donc voyant que David était fort heureux, le craignit.

16 Et tout Israël et Juda aimaient David, parce qu’il marchait à leur tête.

17 Et Saül dit à David : Voici, je te donnerai ma fille aînée pour femme ; sois-moi seulement un fils vertueux, et conduis les batailles de l’Éternel. Car Saül disait : Que ma main ne soit point sur lui, mais que la main des Philistins soit sur lui.

18 Et David répondit à Saül : Qui suis-je et quelle est ma vie, et la famille de mon père en Israël, que je sois gendre du roi ?

19 Or, dans le temps qu’on devait donner Mérab, fille de Saül, à David, on la donna pour femme à Hadriel Méholathite.

20 Mais Mical, seconde fille de Saül, aima David ; ce qu’on rapporta à Saül, et la chose lui plut.

21 Et Saül dit : Je la lui donnerai, afin qu’elle lui soit en piège, et que par ce moyen la main des Philistins soit sur lui. Saül donc dit à David : Tu seras mon gendre aujourd’hui, par l’une ou l’autre de mes deux filles.

22 Et Saül commanda à ses serviteurs de parler à David en secret, et de lui dire : Voici, le roi a de la bonne volonté pour toi, et tous ses serviteurs t’aiment : sois donc maintenant gendre du roi.

23 Les serviteurs donc de Saül rapportèrent toutes ses paroles à David ; et David dit : Croyez-vous que ce soit peu de chose, d’être gendre du roi, pour moi qui suis un pauvre homme, et de nulle estime ?

24 Et les serviteurs de Saül le lui rapportèrent, et lui dirent : David a tenu tels discours.

25 Et Saül dit : Vous parlerez ainsi à David : Le roi ne demande pour douaire que cent prépuces de Philistins, afin que le roi soit vengé de ses ennemis. Or, Saül avait dessein de faire tomber David entre les mains des Philistins.

26 Et les serviteurs de Saül rapportèrent tous ces discours à David, et la chose lui agréa pour être gendre du roi. Et avant que les jours fussent accomplis,

27 David se leva, et s’en alla, lui et ses gens, et frappa deux cents hommes des Philistins ; et David apporta leurs prépuces, et les livra bien comptés au roi, afin qu’il fût gendre du roi. Et Saül lui donna pour femme Mical sa fille.

28 Alors Saül aperçut et connut que l’Éternel était avec David, et Mical, fille de Saül l’aimait.

29 Et Saül continua de craindre David, encore plus qu’auparavant, et fut toujours ennemi de David.

30 Or, les capitaines des Philistins se mirent en campagne, et dès qu’ils furent sortis, David eut plus de bonheur que tous les serviteurs de Saül ; et son nom fut en fort grande estime.

REFLEXIONS

Nous avons en la personne de Jonathan fils du roi Saül, et en celle de David, un rare exemple d’une tendre et sincère amitié et cet exemple est d’autant plus admirable que Jonathan pouvant espérer de régner après Saül son père, il ne laissa pas de donner son cœur et son estime à David sans avoir égard à son propre intérêt. Mais l’amitié se forme facilement entre les personnes vertueuses et désintéressées et ceux qui ont de la religion et de la vertu cherchent toujours à s’unir avec leurs semblables.

II. L’on voit ici que, non seulement Jonathan, mais que tout le peuple avait une haute estime pour David. C’est ce qui parut surtout par les acclamations dont il fut honoré après sa victoire. Cela était ainsi dispensé par la providence afin de disposer les Israélites à se soumettre un jour à David.

III. Pour ce qui est de Saül, il conçut une grande jalousie et même une forte haine contre David jusque-là qu’il voulut le tuer. Et n’ayant pu lui ôter la vie, il tâcha de le faire périr par les mains des Philistins en lui promettant de lui donner en mariage sa fille aînée et ensuite sa seconde fille à condition qu’il fît la guerre à ces ennemis du peuple de Dieu et qu’il en tuât un certain nombre. Ce procédé de Saül était une preuve de son extrême malice et montre qu’il était artificieux, perfide et cruel, mais on voit aussi par-là que parmi les heureux succès que David avait eus, Dieu lui préparait des traverses qui devaient servir à l’éprouver.

IV. Il faut remarquer que malgré tout ce que Saül fit pour perdre David, il fut contraint de lui donner Mical sa fille, que Dieu accordait chaque jour à David de nouveaux succès et que les pièges que Saül lui tendait tournèrent à la propre confusion de ce roi et ne servirent qu’à relever la gloire de David et à le rendre de plus en plus cher à tout le peuple. On voit par-là que rien ne peut nuire à ceux que Dieu aime, il veille toujours pour leur sûreté, en sorte tout ce que l’on entreprend contre eux, il le fait tourner à leur bien et à leur plus grand avantage.

CHAPITRE XIX.

Jonathan travaille à apaiser le roi Saül son père qui était irrité contre David et il fait en sorte que David soit rappelé. Mais peu après, Saül voulut encore tuer David, ce qui obligea Mical, sa femme, à le faire retirer. Il s’enfuit vers le prophète Samuel où étant poursuivi par les gens de Saül et par Saül lui-même, Dieu le préserva miraculeusement. 

1 Et Saül parla à Jonathan son fils, et à tous ses serviteurs, de faire mourir David ; mais Jonathan, fils de Saül, était fort affectionné à David.

2 C’est pourquoi Jonathan le fit savoir à David, et lui dit : Saül, mon père, cherche à te faire mourir ; maintenant donc, tiens-toi sur tes gardes, je te prie, jusqu’au matin, et demeures-en quelque lieu secret, et cache-toi ;

3 et je me tiendrai auprès de mon père, et je sortirai dans le champ où tu seras ; car je parlerai de toi à mon père, et si je découvre quelque chose, je te le ferai savoir.

4 Jonathan donc parla favorablement de David à Saül son père, et lui dit : Que le roi ne pèche point contre David ; car il n’a point péché contre toi ; et même ce qu’il a fait t’est fort avantageux ;

5 car il a exposé sa vie, et il a frappé le Philistin, et l’Éternel a accordé une grande délivrance à tout Israël ; tu l’as vu et tu t’en es réjoui ; pourquoi donc pécherais-tu contre le sang innocent, en faisant mourir David sans cause ?

6 Et Saül prêta l’oreille à la voix de Jonathan, et jura, disant : l’Eternel est vivant, si on le fait mourir.

7 Alors Jonathan appela David, et lui récita toutes ces choses. Et Jonathan amena David à Saül, et il fut à son service comme auparavant.

8 Et la guerre recommença, et David sortit et combattit contre les Philistins, et en fit un si grand carnage qu’ils s’enfuirent de devant lui.

9 Mais le mauvais esprit, envoyé de l’Éternel, fut sur Saül, comme il était assis dans sa maison, ayant sa hallebarde à la main ; et David jouait de sa main d’un instrument ;

10 et Saül cherchait à frapper David, avec la hallebarde jusqu’à la paroi ; mais il se détourna de devant Saül, qui frappa la paroi de la hallebarde ; et David s’enfuit, et échappa cette nuit-là.

11 Mais Saül envoya des gens vers la maison de David, pour le garder et le faire mourir le matin ; ce que Mical, femme de David, lui apprit, disant : Si tu ne te sauves, demain on va te faire mourir.

12 Et Mical fit descendre David par une fenêtre, et il s’en alla, et s’enfuit, et échappa.

13 Ensuite Mical prit un marmouset et le mit au lit, et mit à son chevet de gros poils de chèvre, et le couvrit d’un habit ;

14 et quand Saül envoya des gens pour prendre David, elle dit : Il est malade.

15 Saül envoya encore des gens pour prendre David, disant : Apportez-le-moi dans son lit, afin que je le fasse mourir.

16 Ces gens donc vinrent, et voici, un marmouset était au lit, et de gros poils de chèvre à son chevet.

17 Et Saül dit à Mical : Pourquoi m’as-tu ainsi trompé, et as-tu laissé aller mon ennemi, de sorte qu’il est échappé ? Et Mical répondit à Saül : Il m’a dit : Laisse-moi aller, pourquoi te tuerais-je ?

18 Ainsi David s’enfuit, et échappa et s’en vint vers Samuel à Rama, et lui apprit tout ce que Saül lui avait fait. Puis il s’en alla avec Samuel, et ils demeurèrent à Najoth.

19 Et on le rapporta à Saül, en lui disant : Voilà David qui est à Najoth en Rama.

20 Alors Saül envoya des gens pour prendre David, et ils virent une assemblée de prophètes qui prophétisaient, et Samuel se tenait là, qui présidait sur eux ; et l’Esprit de Dieu vint sur les gens envoyés par Saül, et ils prophétisèrent aussi.

21 Et quand on l’eut rapporté à Saül, il envoya d’autres gens qui prophétisèrent aussi.

22 Et lui-même aussi alla à Rama, et vint jusqu’à la grande fosse qui est à Scécu, et s’informa, disant : Où sont Samuel et David ? Et on lui répondit : Les voilà à Najoth, en Rama.

23 Et il s’en alla à Najoth, en Rama, et l’Esprit de Dieu fut aussi sur lui-même, et continuant son chemin, il prophétisa aussi, jusqu’à ce qu’il fût venu à Najoth, en Rama ;

24 il se dépouilla même de ses vêtements, et prophétisa lui-même en la présence de Samuel, et se jeta par terre, ayant quitté ses habits de dessus, tout ce jour-là et toute la nuit. C’est pourquoi on dit : Saül est-il donc aussi entre les prophètes ?

REFLEXIONS

Jonathan donna de belles preuves de son amitié envers David et de sa vertu en faisant tous ses efforts pour apaiser son père et en lui parlant comme il fit avec respect et avec fermeté pour le faire revenir de l’irritation où il était contre David. Par là il satisfit aux devoirs de l’amitié et en même temps à ce qu’il devait à son père en lui inspirant des sentiments plus équitables.

C’est ainsi qu’il faut embrasser la défense des innocents qui sont injustement persécutés, adoucir par toutes sortes de moyens ceux qui sont dans l’irritation et n’être jamais paresseux à s’employer pour autrui.

L’on découvre ici le mauvais cœur de Saül, qui ayant promis, même avec serment, de ne faire aucun mal à David le prit de nouveau en aversion après qu’il eut vaincu les Philistins une seconde fois et voulut encore lui ôter la vie.

Les personnes qui, comme Saül, sont parvenues à un certain degré de malice et qui sont possédées par la jalousie et par la haine ne reviennent guère à de meilleurs sentiments et quoiqu’ils paraissent quelquefois changés et adoucis, leur méchant naturel se manifeste toujours.

Cependant Saül avec toute sa haine ne put nuire à David et quoiqu’il eût envoyé des gens pour le faire saisir dans sa maison, Dieu garantit David du péril qui le menaçait par le moyen de Mical sa femme. Et Saül lui-même l’ayant poursuivi jusqu’à Rama, il y fut saisi de l’esprit de Dieu et il en revint sans lui faire aucun mal.

Dieu a divers moyens en main pour protéger les innocents et les justes et il arrête les méchants tantôt en les apaisant et tantôt en leur ôtant les moyens et même la volonté de nuire aux gens de bien. C’est là un grand motif pour les fidèles à se confier en Dieu et à espérer en son secours dans tous les états où ils se peuvent rencontrer.

Au reste, David rendit grâces à Dieu de cette délivrance par le Psaume LIX.

CHAPITRE XX.

David, étant fugitif, se plaint à Jonathan de l’injustice de Saül son père. Jonathan lui promet de découvrir les sentiments de Saül et de les lui faire connaître par un moyen dont ils conviennent. Ensuite Jonathan ayant reconnu que son père avait résolu la ruine de David, il vient l’en avertir. Ils se donnent l’un à l’autre de nouveaux témoignages de leur affection, ils se jurent une amitié éternelle et ils se séparent pénétrés de la plus vive douleur. 

1 David s’enfuyant de Najoth, qui est en Rama, s’en vint trouver Jonathan, et dit en sa présence : Qu’ai-je fait, quelle est mon iniquité, et quel est mon péché devant ton père, qu’il cherche ma vie ?

2 Et il lui dit : A Dieu ne plaise ! tu ne mourras point. Voici, mon père ne fait aucune chose, ni grande ni petite, qu’il ne me la communique, et pourquoi mon père me cacherait-il cela ? Cela n’est pas.

3 Alors David jurant, dit encore : Ton père sait certainement que je suis dans tes bonnes grâces, et il aura dit : Que Jonathan ne sache rien de ceci, de peur qu’il n’en soit affligé. Ainsi, certainement, comme l’Éternel est vivant, et comme ton âme vit, il n’y a qu’un pas entre moi et la mort.

4 Alors Jonathan dit à David : Que désires-tu que je fasse ? et je te le ferai.

5 Et David dit à Jonathan : Voici, c’est demain la nouvelle lune, et j’ai accoutumé de m’asseoir auprès du roi pour manger ; laisse-moi donc aller, et je me cacherai aux champs jusqu’au soir du troisième jour.

6 Si ton père vient à demander où je suis, tu lui répondras : On m’a demandé instamment que David allât en diligence à Bethléhem sa ville, parce que toute sa famille fait un sacrifice solennel.

7 Si alors il dit : A la bonne heure, en ce cas tout va bien pour ton serviteur ; mais s’il se met fort en colère, sache que sa malice est venue à son comble.

8 Fais donc cette grâce à ton serviteur, puisque tu as fait entrer ton serviteur en alliance avec toi au nom de l’Éternel, que s’il y a quelque iniquité en moi, fais-moi mourir toi-même ; car pourquoi me mènerais-tu à ton père ?

9 Et Jonathan lui dit : Dieu te garde de ce malheur ; car si je puis connaître, en quelque sorte, que la malice de mon père soit venue à son comble, pour être déchargée sur toi, ne te le ferai-je point savoir ?

10 Et David répondit à Jonathan : Qui me fera savoir ce que ton père t’aura répondu de fâcheux ?

11 Et Jonathan dit à David : Viens, et sortons aux champs. Et ils sortirent eux deux aux champs.

12 Alors Jonathan dit à David : Ô Éternel, Dieu d’Israël, quand j’aurai sondé mon père demain, environ cette heure, ou après-demain, et qu’il y aura du bien pour David, si alors je n’envoie vers toi, et si je ne te le fais savoir,

13 que l’Éternel traite Jonathan à la dernière rigueur. Que si mon père veut te faire quelque mal, je te le ferai savoir aussi, et je te laisserai aller, et tu t’en iras en paix, et l’Éternel sera avec toi comme il a été avec mon père.

14 Mais aussi, si je suis encore vivant, n’auras-tu pas pour moi cette bonté que l’Éternel demande, afin que je ne meure point ;

15 en sorte que tu ne retires point ta bonté de ma maison, à jamais, non pas même quand l’Éternel aura retranché tous les ennemis de David de dessus la terre ?

16 Et Jonathan traita alliance avec la maison de David, et dit : Que l’Éternel le redemande de la main de ceux qui seront ennemis de David.

17 Et Jonathan fit encore jurer David par l’amour qu’il lui portait ; car il l’aimait autant que son âme.

18 Et Jonathan lui dit : C’est demain la nouvelle lune, et on s’enquerra de toi ; car ta place sera vide ;

19 or, ayant attendu jusqu’au troisième soir, tu descendras en diligence, et tu viendras dans un lieu où tu te cacheras, au jour de cette affaire, et tu demeureras auprès de la pierre d’Ezel ;

20 et je tirerai trois flèches à côté d’elle, comme si je tirais à quelque but ;

21 et voici j’enverrai un serviteur, et je lui dirai : Va, trouve les flèches. Si je dis au garçon en termes exprès : Voici, les flèches sont en deçà de toi, prends-les et viens-t’en, alors tout va bien pour toi, et il n’y aura rien à craindre, l’Éternel est vivant ;

22 mais si je dis au jeune garçon : Voilà, les flèches sont au-delà de toi, alors va-t’en ; car l’Éternel te renvoie.

23 Et pour ce qui est de la parole que nous nous sommes donnée, toi et moi, voici, l’Éternel est témoin entre moi et toi, à jamais.

24 David donc se cacha aux champs. Et la nouvelle lune étant venue, le roi s’assit pour prendre son repas ;

25 et le roi s’étant assis en son siège, comme les autres fois, au siège qui était près de la paroi, Jonathan se leva, et Abner s’assit à côté de Saül, mais la place de David était vide.

26 Et Saül n’en dit rien ce jour-là ; car il disait en lui-même : Il lui est arrivé quelque chose, il n’est pas net, certainement il n’est pas net.

27 Mais le lendemain de la nouvelle lune, qui était le second du mois, la place de David fut encore vide ; et Saül dit à Jonathan son fils : Pourquoi le fils d’Isaï n’est-il point venu manger ni hier ni aujourd’hui ?

28 Et Jonathan répondit à Saül : On m’a instamment prié que David allât jusqu’à Bethléhem ;

29 même il m’a dit : Je te prie, laisse-moi aller ; car notre famille fait un sacrifice dans la ville, et mon frère m’a recommandé de m’y trouver ; c’est pourquoi maintenant, si je suis dans tes bonnes grâces, je te prie que j’y aille, afin de voir mes frères ; c’est pour cela qu’il n’est point venu à la table du roi.

30 Alors la colère de Saül s’embrasa contre Jonathan, et il lui dit : Fils méchant et rebelle, ne sais-je pas bien que tu as choisi le fils d’Isaï, à ta honte, et à la honte de ta mère ?

31 Car tant que le fils d’Isaï vivra sur la terre, tu ne seras jamais établi, ni toi, ni ton royaume ; c’est pourquoi envoie-le quérir à cette heure, et amène-le-moi ; car il est digne de mort.

32 Et Jonathan répondit, à Saül son père, et lui dit : Pourquoi le ferait-on mourir ? Qu’a-t-il fait ?

33 Et Saül lança une hallebarde contre lui pour le frapper. Alors Jonathan connut que son père avait résolu de faire mourir David.

34 Et Jonathan se leva de la table tout en colère, et il ne prit point son repas le second jour de la nouvelle lune ; car il était affligé à cause de David, parce que son père l’avait déshonoré.

35 Et il arriva, le matin, que Jonathan sortit aux champs, selon l’assignation qu’il avait donnée à David ; et il amena avec lui un petit garçon ;

36 et il dit à ce garçon : Cours, trouve maintenant les flèches que je vais tirer. Et le garçon courut ; et Jonathan tira une flèche au-delà de lui.

37 Et le garçon étant venu jusqu’au lieu où était la flèche que Jonathan avait tirée, Jonathan cria après lui, et lui dit : La flèche n’est-elle pas au-delà de toi ?

38 Et Jonathan criait après le garçon : Hâte-toi, ne t’arrête point. Et le garçon amassa les flèches, et vint à son seigneur.

39 Et le garçon ne savait rien de cette affaire, il n’y avait que David et Jonathan qui la sussent.

40 Et Jonathan donna son arc et ses flèches au garçon qu’il avait et lui dit : Va, porte-les dans la ville.

41 Et le garçon s’en étant allé, David se leva du côté du midi, et se jeta le visage contre terre, et se prosterna par trois fois, et ils se baisèrent l’un l’autre, et pleurèrent tous deux, jusque-là que David pleura extraordinairement.

42 Et Jonathan dit à David : Va-t’en en paix ; car nous avons juré tous deux, au nom de l’Éternel, disant : L’Éternel soit entre moi et toi, et entre ma postérité et ta postérité, à jamais.

43 David donc se leva, et s’en alla, et Jonathan rentra dans la ville.

REFLEXIONS

La principale considération qu’il y a à faire sur ce chapitre regarde la grande amitié qu’il y avait entre Jonathan et David. Jonathan fit de nouveaux efforts pour faire revenir son père de l’injuste haine qu’il avait conçue contre David et quoi que son père lui représentât qu’il ne règnerait jamais si David demeurait en vie, il n’eut aucun égard à ses intérêts et il continua à parler en faveur de David et voyant enfin que Saül ne pouvait être apaisé et qu’au contraire sa haine et sa colère allaient toujours en croissant, il avertit David du danger qui le menaçait et se sépara de lui après qu’ils se furent faits de nouvelles protestations de s’aimer toujours et qu’ils eurent répandu bien des larmes.

L’on voit dans cette histoire quels sont les devoirs et les effets de la vraie amitié. Nous y apprenons que les vrais amis sont un trésor dont on ne saurait faire trop de cas, que même après leur mort leur mémoire doit nous être chère et que nous devons faire passer notre affection jusqu’à leur postérité, ce que David fit aussi envers Méphiboseth fils de Jonathan. Il paraît de l’entretien que Jonathan et David eurent ensemble que Jonathan était persuadé que David règnerait un jour et que cependant il n’en eut aucune jalousie parce qu’il savait que c’était la volonté de Dieu. Ces sentiments de Jonathan marquent bien de la grandeur d’âme et beaucoup de piété.

La vraie et solide amitié est celle qui est fondée sur la vertu et elle fait qu’au lieu d’être jaloux des avantages de nos amis, nous trouvons notre satisfaction et notre joie dans leur bonheur.

On doit enfin remarquer que Saül au lieu de s’adoucir et d’écouter les sages représentations de Jonathan s’irrita de plus en plus et qu’il en vint même jusqu’à cet excès de fureur que de vouloir le tuer. Ainsi ce prince allait toujours en empirant et c’est ce qui arrive d’ordinaire à ceux qui ont abandonné Dieu et qui se livrent à leurs passions.

CHAPITRE XXI.

David s’enfuit à Nob vers le sacrificateur Ahimélec qui lui donne les pains de proposition et l’épée de Goliath. Après cela il se retire vers Akis roi des Philistins où, étant reconnu, il fit semblant d’être hors de sens pour sauver sa vie.

1 Et David vint à Nob vers Ahimélec le sacrificateur ; et Ahimélec, tout effrayé, courut au-devant de David, et lui dit : D’où vient que tu es seul, et qu’il n’y a personne avec toi ?

2 Et David dit à Ahimélec le sacrificateur : Le roi m’a donné un ordre, et m’a dit : Que personne ne sache rien de l’affaire pour laquelle je t’envoie, ni de ce que je t’ai commandé ; et j’ai assigné à mes gens un certain lieu.

3 Maintenant donc, qu’as-tu en main pour me donner ? Donne-moi cinq pains, ou ce qui se trouvera.

4 Et le sacrificateur répondit à David, et dit : Je n’ai point en main de pain commun, mais j’ai du pain sacré ; au reste, tes gens se sont-ils au moins gardés des femmes ?

5 Et David répondit au sacrificateur, et lui dit : Même depuis que je suis parti, les femmes ont été éloignées de nous, il y a déjà quatre jours, et les corps de mes gens ont été purs, et ce pain est tenu pour commun, principalement parce qu’aujourd’hui on en consacre de nouveau, pour le mettre dans les vaisseaux.

6 Le sacrificateur donc lui donna le pain sacré ; car il n’y avait point-là d’autres pains que les pains de proposition, qui avaient été ôtés de devant l’Éternel, pour y remettre du pain chaud, au jour qu’on avait ôté l’autre.

7 Or, en ce jour-là, un homme d’entre les serviteurs de Saül, nommé Doëg, Iduméen, le plus puissant de tous les bergers qu’avait Saül, était arrêté là devant l’Éternel.

8 Et David dit à Ahimélec : Mais n’as-tu point ici en main quelque hallebarde ou quelque épée ? Car je n’ai point pris mon épée ni mes armes sur moi, parce que l’affaire du roi était pressée.

9 Et le sacrificateur dit : Voici l’épée de Goliath le Philistin, que tu tuas dans la vallée du chêne, elle est enveloppée d’un drap, derrière l’éphod ; si tu la veux prendre pour toi, prends-la ; car il n’y en a point ici d’autre que celle-là. Et David dit : Il n’y en a point de semblable ; donne-la-moi.

10 Alors David se leva, et s’enfuit ce jour-là de devant Saül, et s’en alla vers Akis, roi de Gath.

11 Et les serviteurs d’Akis lui dirent : N’est-ce pas là ce David qui est comme le roi du pays ? N’est-ce pas celui-ci dont on s’entre-répondait dans les danses, en disant : Saül en a tué ses mille, et David ses dix mille ?

12 Et David fut frappé de ces paroles, et il eut une forte grande peur à cause d’Akis, roi de Gath.

13 Et il changea sa contenance devant eux, et contrefit le fou entre leurs mains ; il marquait les portes, et il faisait couler sa salive sur sa barbe.

14 Et Akis dit à ses serviteurs : Ne voyez-vous pas que c’est un fou ? Pourquoi me l’avez-vous amené ?

15 Ai-je besoin de gens insensés, que vous m’ayez amené celui-ci, pour faire l’insensé devant moi ? Quoi, cet homme entrerait-il en ma maison ?

REFLEXIONS

C’est ici que commence l’histoire des persécutions et des adversités auxquelles David fut exposé après qu’il se fut retiré de la cour de Saül et par lesquelles Dieu voulut l’éprouver avant qu’il montât sur le trône.

Il y a deux considérations à faire sur la fuite de David vers Ahimélec le sacrificateur.

L’une que Dieu prenait soin de David et lui faisait trouver des secours dans son exil.

L’autre réflexion est celle que notre Seigneur fait dans l’Évangile sur ce qu’Ahimélec donna à David les pains de propositions que les sacrificateurs seuls avaient droits de manger. Jésus-Christ prouve par cet exemple que les ordonnances cérémonielles n’étaient pas d’une telle importance qu’on ne pût s’en écarter dans des cas de nécessité.

L’action de David qui contrefit l’insensé lorsqu’il fut reconnu dans la ville de Gath par les Philistins doit être regardée comme une faiblesse qui n’était pas exempte de péché puisque David eut recours à un moyen indigne de lui et qu’il marqua par là qu’il ne se confiait pas assez aux promesses du Seigneur.

Cela nous avertit de ne jamais nous servir de mauvais moyens et de ne rien faire d’indigne de notre vocation pour nous tirer des dangers qui nous menacent. Cependant, quoique ce moyen que David employa ne fût pas légitimes, Dieu permit qu’il lui réussît et fit voir en cela qu’il supporte avec bonté les infirmités de ceux qui le craignent. Le Psaume XXXIV fut composé à cette occasion, de même que le LVI.

CHAPITRE XXII.

David se retire dans la caverne de Hadullam, de là il va vers le roi de Moab et ensuite au pays de Juda.

Doëg accuse le sacrificateur Ahimélec devant Saül d’avoir donné des vivres à David et à ses gens, ce qui fut la cause de la mort d’Ahimélec et de quatre-vingts et cinq sacrificateurs aussi bien que de la destruction de la ville de Nob, où Ahimelec demeurait.

1 Or, David partit de là, et se sauva dans la caverne d’Hadullam ; ce que ses frères et toute la maison de son père ayant appris, ils descendirent là vers lui.

2 Tous ceux aussi qui étaient mal dans leurs affaires, qui avaient des créanciers qui les tourmentaient, et qui avaient le cœur plein d’amertume, s’assemblèrent vers lui, et il fut leur chef ; et il y eut avec lui environ quatre cents hommes.

3 Et David s’en alla de là à Mitspé de Moab. Et il dit au roi de Moab : Je te prie, que mon père et ma mère soient avec vous, jusqu’à ce que je sache ce que Dieu fera de moi.

4 Et il les amena devant le roi de Moab ; et ils demeurèrent avec lui tout le temps que David fut dans cette forteresse.

5 Or, Gad, le prophète, dit à David : Ne demeure point dans cette forteresse, mais va-t’en, et entre au pays de Juda. David donc s’en alla, et vint dans la forêt de Héreth.

6 Et Saül apprit qu’on avait découvert David, avec les gens qui étaient avec lui. Or, Saül était assis au coteau, sous un chêne, à Rama, ayant sa hallebarde en sa main ; et tous ses serviteurs se tenaient devant lui.

7 Et Saül dit à ses serviteurs, qui se tenaient devant lui : Ecoutez maintenant, Benjamites ; le fils d’Isaï vous donnera-t-il, à vous tous, des champs et des vignes ? Vous établira-t-il tous gouverneurs sur des milliers et sur des centaines,

8 que vous ayez tous conspiré contre moi, et qu’il n’y en ait aucun qui m’avertisse de ce que mon fils a fait avec le fils d’Isaï, et qu’il n’y ait personne de vous qui soit touché de mon état, et qui m’avertisse ? Car mon fils a soulevé mon serviteur contre moi, pour me dresser des embûches, comme vous le voyez aujourd’hui.

9 Alors Doëg, Iduméen, qui était établi sur les serviteurs de Saül, répondit et dit : J’ai vu le fils d’Isaï venir à Nob, vers Ahimélec, fils d’Ahitub,

10 qui a consulté l’Éternel pour lui, et qui lui a donné des vivres, et l’épée de Goliath le Philistin.

11 Alors le roi envoya appeler Ahimélec le sacrificateur, fils d’Ahitub, et toute la famille de son père, savoir, les sacrificateurs qui étaient à Nob ; et ils vinrent tous vers le roi.

12 Et Saül dit : Ecoute maintenant, fils d’Ahitub. Et il répondit : Me voici, mon seigneur.

13 Alors Saül lui dit : Pourquoi avez-vous conspiré contre moi, toi et le fils d’Isaï, puisque tu lui as donné du pain et une épée, et que tu as consulté Dieu pour lui, afin qu’il s’élevât contre moi, pour me dresser des embûches, comme il fait aujourd’hui ?

14 Et Ahimélec répondit au roi, et dit : Et y a-t-il quelqu’un entre tous tes serviteurs qui te soit aussi fidèle que David, qui est le gendre du roi, et qui est parti par ton commandement, et qui est si honoré dans ta maison ?

15 C’est aujourd’hui la première fois que j’ai consulté Dieu pour lui : Dieu me garde de conspirer contre mon roi. Que le roi n’impute donc aucune chose à son serviteur, ni à toute la maison de son père ; car ton serviteur ne sait aucune chose, ni petite ni grande, de tout ceci.

16 Et le roi lui dit : Certainement, tu mourras, Ahimélec, avec toute la famille de ton père.

17 Alors le roi dit aux archers qui se tenaient devant lui : Tournez-vous, et faites mourir les sacrificateurs de l’Éternel ; car ils sont aussi de la faction de David, parce qu’ils ont bien su qu’il s’enfuyait, et qu’ils ne m’en ont point averti. Mais les serviteurs du roi ne voulurent point porter leurs mains ni se jeter sur les sacrificateurs de l’Éternel.

18 Alors le roi dit à Doëg : Tourne-toi, et jette-toi sur les sacrificateurs. Et Doëg, Iduméen, se tourna, et se jeta sur les sacrificateurs, et tua, en ce jour-là, quatre-vingts et cinq hommes qui portaient l’éphod de lin ;

19 et il fit passer Nob, ville des sacrificateurs, au fil de l’épée, les hommes et les femmes, les grands et ceux qui tètent ; il fit même passer les bœufs, les ânes, et le menu bétail au fil de l’épée.

20 Toutefois, un des fils d’Ahimélec, fils d’Ahitub, et qui s’appelait Abiathar, se sauva et s’enfuit auprès de David.

21 Et Abiathar rapporta à David, que Saül avait fait tuer les sacrificateurs de l’Éternel.

22 Et David dit à Abiathar : Je connus bien, en ce jour-là, que Doëg, Iduméen, se trouvant là, il ne manquerait point de le rapporter à Saül. Je suis cause de ce qui est arrivé à toutes les personnes de la famille de ton père ;

23 Demeure avec moi ; ne crains rien ; car celui qui cherche ma vie, cherche la tienne ; certainement tu seras gardé avec moi.

REFLEXIONS

Dans ce chapitre, de même que dans les précédents et dans les suivants, on voit David fugitif   et obligé d’aller d’un lieu à un autre, mais on y remarque aussi que partout où il allait Dieu le conduisait et l’assistait. Mais ce qu’il y a ici de plus remarquable c’est la méchante action de Doëg qui, par ses faux rapports, fut cause que Saül fit tuer Ahimélec et quatre-vingts et cinq sacrificateurs et qu’il fit passer les habitants de la ville de Nob au fil de l’épée. Il faut faire sur cela les réflexions suivantes.

I. La première, qu’il arrive de grands maux par la calomnie et par les faux rapports, qu’ainsi l’on ne saurait avoir trop d’horreur pour ce péché-là et que les grands, surtout doivent craindre de prêter l’oreille aux calomniateurs et aux flatteurs.

II. La seconde, que Saül, ajoutant foi aux rapports de Doëg, condamna Ahimélec et les autres sacrificateurs à la mort, sans vouloir écouter leurs justifications et sans respecter leur caractère, en quoi il fit paraitre son injustice et son impiété.

III. La troisième, que comme les gardes de Saül refusèrent de faire mourir les sacrificateurs, l’on ne doit pas obéir aux princes lorsque leurs ordres sont évidemment contraires à la justice et à la religion.

IV. La quatrième réflexion regarde la méchanceté et la cruauté de Doëg qui, après avoir prévenu Saül contre des innocents et voyant que les gardes du roi refusaient de mettre la main sur les ministres du Seigneur, leur ôta lui-même la vie.

On reconnait là le caractère des impies et des calomniateurs. Ils ne se font scrupule de rien et par leurs faux rapports ils se mettent dans la nécessité de tout faire pour soutenir leurs calomnies et pour perdre les innocents.

V. En cinquième lieu, il est à remarquer qu’Ahimélec n’avait rien fait que de légitime et que cependant il lui en coûta la vie et aux autres sacrificateurs qui étaient avec lui. Dieu pour de sage raison souffre quelques fois que les innocents soient opprimés, mais l’on doit reconnaître en particulier dans cet événement l’accomplissement des menaces que Dieu avaient faites auparavant contre le grand sacrificateur Héli et contre sa postérité, Ahimélec étant de la famille d’Héli.

Enfin, il parait que David fut vivement touché de ce malheur dont il était l’occasion et la cause innocente et qu’il recueillit avec bonté Abiathar fils d’Ahimélec. C’est là une marque que David avait le cœur bon et un exemple qui nous apprend à nous intéresser pour ceux à qui il arrive du mal, surtout lorsque ce malheur arrive à notre occasion.

Il faut joindre à la lecture de ce chapitre celle du Psaume LII où David déteste cette action de Doëg et où il lui dénonce les jugements de Dieu.

CHAPITRE XXIII.

David délivre la ville de Kéhila et ayant été averti que les habitants de cette ville le livreraient à Saül, il se retire au désert de Ziph où il eut encore une entrevue avec Jonathan.

Saül, averti que David y était, l’y poursuivi et l’y enferma en sorte qu’il l’aurait pris si Saül n’avait été obligé de s’en retourner promptement parce que les Philistins s’étaient jetés sur le pays d’Israël.

 1 Or, on avait fait ce rapport à David : et on lui avait dit : Voilà les Philistins qui font la guerre à Kéhila, et qui pillent les aires.

2 Et David consulta l’Éternel, disant : Irai-je, et frapperai-je ces Philistins ? Et l’Éternel répondit à David : Va, et tu frapperas les Philistins, et tu délivreras Kéhila.

3 Et les gens de David lui dirent : Voici, étant ici dans le pays de Juda, nous avons peur : que sera-ce donc quand nous serons allés à Kéhila, contre les troupes des Philistins ?

4 C’est pourquoi David consulta encore l’Éternel ; et l’Éternel lui répondit et dit : Lève-toi, descends à Kéhila ; car je vais livrer les Philistins entre tes mains.

5 Alors David s’en alla avec ses gens à Kéhila, et combattit les Philistins, et emmena leur bétail, et il en fit un grand carnage ; ainsi David délivra les habitants de Kéhila.

6 Or, quand Abiathar, fils d’Ahimélec, s’enfuit vers David à Kéhila, l’éphod lui tomba entre les mains.

7 Et on rapporta à Saül que David était venu à Kéhila ; et Saül dit : Dieu l’a livré entre mes mains ; car il s’est enfermé, entrant dans une ville qui a des portes et des barres.

8 Et Saül assembla, à cri public, tout le peuple pour aller à la guerre, et pour descendre à Kéhila, afin d’assiéger David et ses gens.

9 Mais David ayant su que Saül lui machinait ce mal, dit au sacrificateur Abiathar : Apporte ici l’éphod.

10 Et David dit : Ô Éternel, Dieu d’Israël, ton serviteur a entendu dire que Saül cherche d’entrer dans Kéhila, pour détruire la ville à cause de moi :

11 Les Seigneurs de Kéhila me livreront-ils entre ses mains ? Saül descendra-t-il, comme ton serviteur l’a ouï dire ? Ô Éternel, Dieu d’Israël, je te prie, enseigne-le à ton serviteur. Et l’Éternel répondit : Il descendra.

12 David dit encore : Les Seigneurs de Kéhila me livreront-ils, moi et mes gens, entre les mains de Saül ? Et l’Éternel répondit : Ils te livreront.

13 Alors David se leva avec six cents hommes qu’il avait avec lui, et ils sortirent de Kéhila, et s’en allèrent où ils purent ; et on rapporta à Saül que David s’était sauvé de Kéhila ; c’est pourquoi il cessa de marcher.

14 Et David demeura au désert, dans des lieux forts, et il demeura sur une montagne, au désert de Ziph. Et Saül le cherchait tous les jours ; mais Dieu ne le livra point entre ses mains.

15 David donc ayant vu que Saül était sorti pour chercher sa vie, se tint au désert de Ziph, dans une forêt.

16 Alors Jonathan, fils de Saül, se leva, et s’en alla à la forêt vers David, et le fortifia en Dieu,

17 et il lui dit : Ne crains point ; car Saül mon père ne te trouvera point, mais tu régneras sur Israël, et moi je serai le second après toi ; et même Saül mon père le sait bien.

18 Ils traitèrent donc, eux deux, alliance devant l’Éternel. Et David demeura dans la forêt, et Jonathan retourna en sa maison.

19 Or, les Ziphiens montèrent vers Saül à Guibha, et lui dirent : David ne se tient-il pas caché parmi nous, dans des lieux forts, dans la forêt, au coteau de Hakila, qui est à main droite de Jescimon ?

20 Maintenant donc, ô roi, si tu souhaites de descendre, descends, et ce sera à nous à le livrer entre les mains du roi.

21 Et Saül dit : Que l’Éternel vous bénisse, de ce que vous avez eu pitié de moi !

22 Allez donc, je vous prie, et préparez toutes choses, et sachez, et reconnaissez le lieu où il fait sa retraite, et qui l’aura vu là ; car on m’a dit qu’il est fort rusé.

23 Reconnaissez donc et sachez en quel lieu il se tient caché ; puis revenez vers moi, quand vous en serez assurés, et j’irai avec vous. Que s’il est au pays, je le chercherai soigneusement dans tous les milliers de Juda.

24 Ils se levèrent donc et s’en allèrent à Ziph, devant Saül ; mais David et ses gens étaient au désert de Mahon, dans la campagne, à main droite de Jescimon.

25 Ainsi Saül et ses gens allèrent le chercher ; mais on le rapporta à David, et il descendit dans la roche, et s’arrêta au désert de Mahon. Saül l’ayant appris, il poursuivit David au désert de Mahon.

26 Et Saül allait de deçà, du côté de la montagne, et David et ses gens allaient de delà, de l’autre côté de la montagne, et David se hâtait tant qu’il pouvait de s’en aller de devant Saül ; mais Saül et ses gens environnèrent David et ses gens pour les prendre.

27 Alors un messager vint à Saül, qui lui dit : Hâte-toi, et viens ; car les Philistins se sont jetés sur le pays.

28 C’est pourquoi Saül s’en retourna de la poursuite de David, et s’en alla pour rencontrer les Philistins. C’est pour cela qu’on a appelé ce lieu-là, Sélah-ham-mahlekoth.

REFLEXIONS

Voici les réflexions qu’il faut faire sur les circonstances de cette histoire :

I. Que Dieu se servi de David pour délivrer la ville de Kéhila qui était attaquée par les Philistins, ce qui montre que dans le temps qu’il était persécuté et fugitif, Dieu était partout avec lui,

II. Que David ayant consulté le Seigneur dans la crainte où il était que les gens de Kéhila ne le livrassent à Saül, Dieu lui fit connaître qu’ils le livreraient.

Cette particularité est bien remarquable. Elle prouve très clairement que Dieu connait ce que les hommes doivent faire, même avant qu’ils en aient formé le dessein.

Il faut remarquer en troisième lieu que David s’étant retiré à Ziph et les habitants de ce lieu en ayant averti Saül, il y aurait été pris si Saül n’avait été obligé de se retirer promptement pour défendre son pays contre les Philistins.

Il paraît de ce chapitre que David n’était en sûreté nulle part et que partout il trouvait des personnes qui le persécutaient ou qui le trahissait.

C’est l’état où se rencontrent souvent ceux que Dieu aime, mais la providence leur suscite des délivrances imprévues et dans le temps qu’ils se croient perdus sans ressource, il les délivre par des voies auxquelles ils ne s’attendaient pas, comme David en fit l’expérience dans cette occasion. Ceci fait voir que Dieu préserve ses enfants tantôt en les avertissant des dangers qui les menacent et tantôt en suscitant à leurs ennemis des obstacles qui les empêchent d’exécuter leurs desseins injustes et cruels. Au reste, Dieu avant que d’élever David à la royauté voulut le faire passer par diverses épreuves pour le rendre plus humble et plus attaché à son devoir comme il le reconnait dans ses Psaumes où il dit qu’il lui avait été bon d’être affligé et où il loue si souvent le Seigneur qui l’avait si heureusement délivré de toutes ses afflictions. On peut voir dans le Psaume LIV les sentiments que la délivrance que Dieu accorda à David dans cette rencontre firent naître dans son cœur.

CHAPITRE XXIV.

Saül poursuivant David au désert de Hengué-di et étant entré dans une caverne, David ne voulut pas lui ôter la vie, quoi qu’il l’eût pu faire. Ce que Saül ayant su, il reconnut l’innocence de David et le bénit et il le fit jurer qu’il ne détruirait pas sa postérité. 

1 Après cela, David monta de là, et demeura dans les lieux forts de Hen-guédi.

2 Et quand Saül fut revenu, après avoir poursuivi les Philistins, on lui fit ce rapport, disant : Voilà David qui est au désert de Hen-guédi.

3 Alors Saül prit trois mille hommes, choisis de tout Israël, et il s’en alla chercher David et ses gens, jusque sur le haut des rochers où se retirent les chamois.

4 Et Saül vint au parc des brebis, auprès du chemin, où était une caverne, dans laquelle il entra pour ses besoins ; et David et ses gens se tenaient au fond de la caverne.

5 Et les gens de David lui dirent : Voici le jour dont l’Éternel t’a dit : Je te livre ton ennemi entre tes mains, afin que tu lui fasses selon qu’il te semblera bon. Et David se leva et coupa tout doucement un pan du manteau de Saül.

6 Après cela, David fut touché en son cœur de ce qu’il avait coupé le pan du manteau de Saül.

7 Et il dit à ses gens : Que l’Éternel me garde de commettre une telle action contre mon seigneur, qui est l’oint de l’Éternel, et de mettre ma main sur lui, car il est l’oint de l’Éternel.

8 Ainsi David arrêta ses gens par ses paroles, et il ne leur permit point de s’élever contre Saül. Puis Saül se leva de la caverne, et il continua son chemin.

9 Après cela, David se leva et sortit de la caverne, et cria après Saül, disant : Mon seigneur et mon roi ! Et Saül regarda derrière lui, et David s’inclina le visage vers terre, et se prosterna.

10 Et David dit à Saül : Pourquoi écouterais-tu les paroles de gens qui disent : Voilà David qui cherche ton mal ?

11 Voici, tes yeux ont vu en ce jour que l’Éternel t’avait livré aujourd’hui entre mes mains dans la caverne, et on m’a dit que je te tuasse ; mais je t’ai épargné, et j’ai dit : Je ne porterai point ma main sur mon seigneur ; car il est l’oint de l’Éternel.

12 Regarde, mon père, regarde le pan de ton manteau qui est en ma main ; car j’ai coupé le pan de ton manteau, et je ne t’ai point tué. Sache donc et reconnais que je ne pense point à te faire du mal, ni aucune injustice, et que je n’ai point péché contre toi ; et cependant tu épies ma vie pour me l’ôter.

13 L’Éternel sera juge entre moi et toi, et l’Éternel me vengera de toi ; mais ma main ne sera point sur toi.

14 Le mal vient des méchants, comme dit le proverbe des anciens ; c’est pourquoi ma main ne sera point sur toi.

15 Après quel homme est sorti un roi d’Israël ? Qui poursuis-tu ? Un chien mort, et une puce ?

16 L’Éternel donc sera juge, et jugera entre moi et toi, et il regardera, et il plaidera ma cause, et me garantira de ta main.

17 Or, sitôt que David eut achevé de dire ces paroles à Saül, Saül dit : N’est-ce pas là ta voix, mon fils David ? Et Saül éleva sa voix, et pleura.

18 Et il dit à David : Tu es plus juste que moi ; car tu m’as rendu le bien pour le mal que je t’ai fait ;

19 et tu m’as fait reconnaître aujourd’hui que tu m’as fait du bien ; car l’Éternel m’avait livré entre tes mains, et cependant tu ne m’as point tué.

20 Et qui est-ce qui, ayant trouvé son ennemi, le laisserait aller sans lui faire du mal ? Que l’Éternel donc te rende du bien pour ce que tu m’as fait aujourd’hui.

21 Et maintenant, voici, je connais que certainement tu régneras, et que le royaume d’Israël sera ferme entre tes mains.

22 C’est pourquoi maintenant jure-moi par l’Éternel, que tu ne détruiras pas ma race après moi, et que tu n’extermineras pas mon nom de la maison de mon père.

23 Et David le jura à Saül. Alors Saül s’en alla en sa maison, et David et ses gens montèrent dans un lieu fort.

REFLEXIONS

Ce qui est récité dans ce chapitre nous met devant les yeux un admirable exemple de modération et de douceur.

David pouvant ôter la vie à Saül qui le persécutait si cruellement et si injustement ne le fit pas. Il ne voulut pas que ses gens fissent aucun mal à ce prince et il lui parla même avec toute sorte d’humilité et de respect.

Jamais un homme de bien ne se garantit par    de mauvaises voies, il est toujours doux et modéré même envers ceux qui lui font le plus de tort et au lieu de se venger, il rend autant qu’il le peut le bien pour le mal.

C’est une chose remarquable que Saül, malgré la haine qu’il portait à David fut touché de son procédé jusqu’à répandre des larmes, qu’il fut même contraint de le bénir et d’avouer qu’il était plus juste que lui et de déclarer hautement que Dieu récompenserait sa vertu et qu’il le ferait régner.

Une conduite douce, sage et modérée a beaucoup de force pour apaiser ceux qui sont prévenus contre nous et, en s’humiliant, on adoucit les cœurs les plus aigris. C’est ce qui doit nous porter d’autant plus à la pratique de ces vertus qui sont d’ailleurs si conformes à la vocation et au devoir des chrétiens et que Jésus-Christ, notre adorable rédempteur, nous a si expressément recommandées tant par ses préceptes que par l’exemple qu’il nous a donné.

Il faut cependant remarquer que Saül changea bientôt de sentiment et persécuta David de nouveau. Les méchants sont quelquefois touchés et confessent leurs fautes, mais ils reprennent bientôt leurs premiers sentiments et ils retournent à leur endurcissement et à leurs péchés.

CHAPITRE XXV.

Il est parlé ici de la mort du prophète Samuel et de la manière brutale dont Nabal reçut les gens que David avait envoyé, ce qui fit que David jura d’exterminer la maison de Nabal. Mais Abigaïl, femme de Nadal l’apaisa et Nadal étant mort, David épousa Abigaïl.

1 En ce temps-là Samuel mourut, et tout Israël s’assembla et le pleura, et on l’ensevelit dans sa maison à Rama. Et David se leva et descendit au désert de Paran.

2 Or, il y avait à Mahon un homme qui avait ses troupes à Carmel, et cet homme-là était fort riche, il avait trois mille brebis et mille chèvres, et il était à Carmel quand on tondait ses brebis ;

3 et cet homme-là s’appelait Nabal, et sa femme s’appelait Abigaïl ; c’était une femme de bon sens, et belle de visage, mais lui était un homme brutal et avec qui il faisait mauvais avoir affaire ; et il était de la race de Caleb.

4 Or, David apprit au désert que Nabal tondait ses brebis.

5 Il envoya donc dix de ses gens, auxquels il dit : Montez à Carmel, et allez-vous-en vers Nabal, et saluez-le de ma part,

6 et dites-lui : Ainsi puisses-tu vivre et être en prospérité, toi et ta maison, et tout ce qui t’appartient !

7 Et maintenant, j’ai appris que tu as les tondeurs ; or, tes bergers ont été avec nous, et nous ne leur avons fait aucune injure, et rien ne s’est perdu du leur, tout le temps qu’ils ont été à Carmel ;

8 demande-le à tes gens et ils te le diront ; que nous soyons donc dans tes bonnes grâces, puisque nous sommes venus en un bon jour ; nous te prions, donne à tes serviteurs et à David ton fils, ce qui te viendra en main.

9 Les gens donc de David vinrent, et dirent à Nabal de la part de David toutes ces paroles, puis ils se turent.

10 Et Nabal répondit aux serviteurs de David : Qui est David, et qui est le fils d’Isaï ? Aujourd’hui le nombre des serviteurs qui se débandent d’avec leurs maîtres est fort grand ;

11 et prendrais-je mon pain, et mon eau et ma viande que j’ai apprêtée pour mes tondeurs, afin de la donner à des gens que je ne sais d’où ils sont ?

12 Ainsi les gens de David retournèrent par leur chemin. Ils revinrent donc, et, étant de retour, ils firent leur rapport à David, selon toutes ces paroles-là.

13 Et David dit à ses gens : Que chacun de vous ceigne son épée ; et ils ceignirent chacun leur épée. David aussi ceignit son épée, et il monta après David environ quatre cents hommes ; mais deux cents demeurèrent auprès du bagage.

14 Or, un des serviteurs d’Abigaïl, femme de Nabal, le lui rapporta et lui dit : Voici, David a envoyé du désert des messagers pour saluer notre maître, et il les a traités rudement ;

15 et cependant ces gens-là ont été bons envers nous, et nous n’en avons reçu aucun outrage, et rien de ce qui est à nous ne s’est perdu, tout le temps que nous avons été avec eux, lorsque nous étions à la campagne ;

16 ils nous ont servi de muraille, et la nuit et le jour, tout le temps que nous avons été avec eux, paissant les troupeaux.

17 C’est pourquoi maintenant, vois, et prends garde à ce que tu auras à faire ; car le mal est résolu contre notre maître et contre toute sa maison, et il est si méchant, qu’on n’oserait lui parler.

18 Abigaïl donc se hâta, et prit deux cents pains, deux barils de vin, cinq moutons tout apprêtés, cinq mesures de grain rôti, cent paquets de raisins secs, et deux cents cabas de figues sèches, et elles les mit sur des ânes,

19 et elle dit à ses gens : Passez devant moi, voici, je m’en vais après vous ; et elle n’en dit rien à Nabal son mari.

20 Et étant montée sur un âne, comme elle descendait par le couvert de la montagne, voici, David et ses gens, descendant, la rencontrèrent, et elle se trouva devant eux.

21 Or, David avait dit : C’est bien en vain que j’ai gardé tout ce que cet homme avait dans le désert, de sorte qu’il ne s’est rien perdu de tout ce qui était à lui ; car il m’a rendu le mal pour le bien.

22 Que Dieu fasse ainsi aux ennemis de David, et qu’il y ajoute de plus grandes peines, si demain matin je laisse rien de reste de tout ce qu’il a, jusqu’à un seul homme.

23 Quand donc Abigaïl eut vu David, elle se hâta de descendre de dessus son âne, et elle tomba sur son visage devant David, et se prosterna en terre.

24 Elle tomba donc à ses pieds, et lui dit : Que l’iniquité soit sur moi, mon seigneur, je te prie que ta servante parle devant toi, et écoute les paroles de ta servante ;

25 je te supplie, que mon seigneur ne prenne pas garde à cet homme de néant, à Nabal ; car il est tel que son nom ; il s’appelle Nabal, et il y a de la folie en lui ; et pour moi, ta servante, je n’ai point vu les gens que mon seigneur a envoyés.

26 Maintenant donc, mon seigneur, l’Éternel est vivant, et ton âme vit, que l’Éternel t’a empêché, et qu’il a gardé ta main d’en venir jusqu’à répandre le sang. Or, que tes ennemis, et que ceux qui cherchent à nuire à mon seigneur, soient comme Nabal.

27 Mais maintenant, voici un présent que ta servante apporte à mon seigneur, afin qu’on le donne aux gens qui suivent mon seigneur ;

28 pardonne, je te prie, le crime de ta servante ; car l’Éternel ne manquera point à établir une maison ferme à mon seigneur, parce que mon seigneur conduit les batailles de l’Éternel, et qu’il ne s’est trouvé en toi aucune méchanceté, pendant tous les jours de ta vie.

29 Que si les hommes se lèvent pour te persécuter et pour chercher ton âme, l’âme de mon seigneur sera liée dans le faisceau de la vie par l’Éternel ton Dieu ; mais il jettera l’âme de tes ennemis au loin, comme une pierre qui est lancée du milieu d’une fronde ;

30 et il arrivera que l’Éternel fera à mon seigneur tout ce qu’il t’a prédit de bien, et qu’il t’ordonnera pour être le conducteur d’Israël ;

31 et ceci ne te sera point en achoppement, et le cœur de mon seigneur n’aura point le remords d’avoir répandu du sang, sans cause, et de s’être vengé soi-même ; et quand l’Éternel aura fait du bien à mon seigneur, tu te souviendras de ta servante.

32 Alors David dit à Abigaïl : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui t’a aujourd’hui envoyée au-devant de moi ;

33 et béni soit ton conseil, et sois bénie toi-même, toi qui m’as aujourd’hui empêché d’en venir jusqu’au sang, et qui as préservé ma main !

34 Certainement l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui m’a empêché de te faire du mal, est vivant, et que si tu ne fusses venue au-devant de moi, il ne fût rien demeuré de reste à Nabal demain matin, non pas même jusqu’à un seul homme.

35 David donc prit de sa main ce qu’elle lui avait apporté, et lui dit : Remonte en paix dans ta maison ; regarde, j’ai écouté ta voix, et je t’ai accordé ta demande.

36 Alors Abigaïl revint vers Nabal, et voici, il faisait un festin dans sa maison, comme un festin de roi ; et Nabal avait le cœur joyeux, et il était plein de vin ; c’est pourquoi elle ne lui dit pas la moindre chose de toute cette affaire jusqu’au matin.

37 Il arriva donc le matin, après que Nabal fut désenivré, que sa femme lui dit toutes ces choses-là ; et son cœur s’amortit en lui, de sorte qu’il devint comme une pierre.

38 Et environ dix jours après, l’Éternel frappa Nabal, et il mourut.

39 Et quand David eut appris que Nabal était mort, il dit : Béni soit l’Éternel qui m’a fait droit de l’outrage que j’avais reçu de la main de Nabal, et qui a préservé son serviteur de faire du mal, et a fait retomber la malice de Nabal sur sa tête ! Puis David envoya des gens à Abigaïl, et lui fit parler afin de la prendre pour sa femme.

40 Les serviteurs donc de David vinrent vers Abigaïl, en Carmel, et lui parlèrent, disant : David nous a envoyés vers toi, afin de te prendre pour sa femme.

41 Alors elle se leva et se prosterna le visage contre terre, et dit : Voici ta servante qui servira à laver les pieds des serviteurs de mon seigneur.

42 Puis Abigaïl se leva promptement et monta sur un âne, et cinq servantes la suivaient, et elle s’en alla après les messagers de David, et elle fut sa femme.

43 Or, David avait aussi épousé Ahinoham de Jizréhel ; de sorte que toutes deux ensemble furent ses femmes.

44 Car Saül avait donné Mical sa fille, femme de David, à Palti, fils de Laïs, qui était de Gallim.

REFLEXIONS

La première chose que l’on voit dans ce chapitre est la mort de Samuel qui fut en son temps un grand prophète et un excellent magistrat et qui se rendit illustre par la sainteté de sa vie, par ses miracles, par son grand zèle, par sa droiture, par son attachement à la justice, par l’amour tendre dont il était animé pour le peuple d’Israël et par plusieurs actions extraordinaires et miraculeuses. La mémoire de ce Saint homme doit être en vénération dans l’église, ses vertus doivent nous servir d’exemple et les ministres de l’église, aussi bien que les magistrats, doivent se le proposer pour modèle.

Il y a ces deux réflexions à faire sur l’histoire de Nabal. La première regarde le procédé de cet homme qui, par son humeur farouche et avare, manqua de causer la ruine de toute sa maison. Cela nous apprend que l’avarice et la brutalité peuvent attirer de grands maux et qu’ainsi il faut éviter ces vices et se conduire toujours avec honnêteté et avec douceur. On peut voir, outre cela, dans la mort de Nabal que l’avarice, la colère et l’ivrognerie ont ordinairement des suites funestes et qu’elles causent même quelques fois la mort de ceux qui se laissent aller à ces excès.

L’autre chose à laquelle il faut faire attention est que David, offensé du procédé de Nabal et emporté par la colère, jura de l’exterminer lui et toute sa maison, ce qu’il aurait fait s’il n’en avait été détourné par la prudence et par la douceur d’Abigaïl.

De là nous devons apprendre qu’il est dangereux de se laisser aller aux mouvements de la colère et du ressentiment, que les conseils sages et modérés sont très salutaires, que les serments que l’on fait dans la colère et qui engagent à des choses mauvaises ne doivent point être gardés, que ce que l’on fait dans la passion cause toujours du repentir et laisse des remords dans la conscience et enfin que nous devons bénir Dieu lorsqu’il nous empêche de l’offenser et d’exécuter les mauvais desseins que nous pourrions avoir formés.

CHAPITRE XXVI.

Saül poursuivant David dans le pays des Ziphiens, David entra de nuit dans le camp de Saül et ne voulut pas le tuer quoiqu’il eût pu le faire et qu’il y fût sollicité mais il se contenta de faire connaître à Saül qu’il aurait pu lui ôter la vie. Ce qui toucha tellement Saül qu’il fut contraint d’avouer qu’il avait tort de poursuivre David et qu’il le bénit. 

1 Les Ziphiens vinrent encore vers Saül à Guibha, et lui dirent : David ne se tient-il pas caché au coteau de Hakila, qui est vis-à-vis de Jescimon ?

2 Et Saül se leva, et descendit au désert de Ziph, ayant avec soi trois mille hommes choisis d’Israël, pour chercher David au désert de Ziph.

3 Et Saül campa au coteau de Hakila, qui est vis-à-vis de Jescimon près du chemin. Et David se tenait au désert, et il s’aperçut que Saül venait au désert afin de le poursuivre.

4 Et il envoya des espions, par lesquels il sut très-certainement que Saül était venu.

5 Alors David se leva et vint au lieu où Saül était campé ; et David vit le lieu où Saül était couché avec Abner, fils de Ner, chef de son armée. Or, Saül était couché dans l’enceinte du camp, et le peuple était campé autour de lui.

6 Et David prit la parole et dit à Ahimélec, Héthien, et à Àbisçaï, fils de Tsérujah et frère de Joab : Qui descendra avec moi vers Saül, au camp ? Et Abisçaï répondit : J’y descendrai avec toi.

7 David donc et Abisçaï vinrent de nuit vers le peuple, et voici, Saül dormait étant couché dans l’enceinte du camp, et sa hallebarde était plantée en terre à son chevet, et Abner et le peuple étaient couchés autour de lui.

8 Alors Abisçaï dit à David : Aujourd’hui Dieu a livré ton ennemi entre tes mains ; maintenant donc, que je le frappe, je te prie, de la hallebarde jusqu’en terre, d’un seul coup, et je n’y retournerai pas une seconde fois.

9 Et David dit à Abisçaï : Ne le mets point à mort ; car qui est-ce qui mettra sa main sur l’oint de l’Éternel, et sera innocent ?

10 David dit encore : L’Éternel est vivant qu’à moins que l’Éternel ne le frappe, ou que le jour de sa mort ne vienne, ou qu’il ne demeure dans une bataille, on ne lui ôtera pas la vie ;

11 que l’Éternel me garde de mettre ma main sur l’oint de l’Éternel ! Mais je te prie, prends maintenant la hallebarde qui est à son chevet, et le pot à eau, et allons-nous-en.

12 David donc prit la hallebarde et le pot à eau, qui étaient au chevet de Saül, et ils s’en allèrent ; et il n’y eut personne qui les vît, ni qui les aperçût, ni qui s’éveillât, car tous dormaient, parce que l’Éternel avait fait tomber sur eux un profond sommeil.

13 Et David passa de l’autre côté, et s’arrêta sur le haut de la montagne, qui était fort loin de là ; car il y avait une grande distance entre eux ;

14 Et il cria au peuple, et à Abner, fils de Ner, disant : Ne répondras-tu pas, Abner ? Et Abner répondit et dit : Qui es-tu, qui cries au roi ?

15 Alors David dit à Abner : N’es-tu pas un vaillant homme ? Et qui est semblable à toi en Israël ? Pourquoi donc n’as-tu pas gardé le roi ton seigneur ? Car quelqu’un du peuple est venu pour tuer le roi ton seigneur.

16 Tu ne fais pas bien ; l’Éternel est vivant, que vous méritez la mort, pour avoir si mal gardé votre seigneur, l’oint de l’Éternel. Et maintenant, regarde où est la hallebarde du roi, et le pot à eau qui étaient à son chevet.

17 Alors Saül reconnut la voix de David, et dit : N’est-ce pas là ta voix, mon fils David ? Et David dit : C’est ma voix, ô roi, mon seigneur.

18 Il dit encore : Pourquoi mon seigneur poursuit-il son serviteur ? Car qu’ai-je fait, et quelle méchanceté y a-t-il en ma main ?

19 Maintenant donc, je te prie, que le roi, mon seigneur, écoute les paroles de ton serviteur : si c’est l’Éternel qui te pousse contre moi, que ton oblation lui soit agréable ; mais si ce sont les hommes, ils sont maudits devant l’Éternel ; car aujourd’hui ils m’ont chassé, afin que je ne demeure pas joint à l’héritage de l’Éternel, et ils m’ont dit : Va, sers les dieux étrangers.

20 Et maintenant, que mon sang ne tombe point en terre devant l’Éternel ; car le roi d’Israël est sorti pour chercher une puce, ou comme si l’on poursuivait une perdrix sur les montagnes.

21 Alors Saül dit : J’ai péché ; retourne-t’en, mon fils David ; car je ne te ferai plus de mal, puisqu’aujourd’hui ma vie t’a été précieuse. Voici, j’ai agi follement, et j’ai fait une très grande faute.

22 Et David répondit, et dit : Voici la hallebarde du roi ; que l’un de vos gens passe ici, et qu’il la prenne.

23 Et l’Éternel rendra à chacun selon sa justice et selon sa fidélité ; car il t’avait livré aujourd’hui entre mes mains, et je n’ai point voulu mettre ma main sur l’oint de l’Éternel ;

24 Comme donc ton âme a été aujourd’hui de grand prix devant mes yeux, ainsi mon âme sera de grand prix devant les yeux de l’Éternel, et il me délivrera de toute affliction.

25 Et Saül dit à David : Béni sois-tu, mon fils David ; certainement tu réussiras, et tu viendras heureusement à bout de tes entreprises. Alors David continua son chemin, et Saül retourna en son lieu.

REFLEXIONS

I. L’on voit premièrement dans ce chapitre que Saül continua à poursuivre David et qu’il alla avec trois mille hommes le chercher au pays de Ziph quoique peu auparavant il eût reconnu l’innocence de David et qu’il eût paru apaisé envers lui. Rarement arrive-t-il aux méchants de changer et il n’y a aucun fond à faire sur la repentance et sur les promesses des gens qui ont le cœur corrompu et mauvais jusqu’à un certain degré.

II. Nous avons ici un nouvel exemple de la vertu et de la modération de David qui, ayant eu une seconde occasion d’ôter la vie à Saül, ne voulut pas le faire. Ce procédé de David est d’autant plus louable qu’il avait déjà épargné Saül une autre fois et que ce prince qui avait été touché de sa générosité avait violé ses promesses et n’avait pas laissé de le poursuivre comme auparavant.

Ceci nous apprend à nous éloigner de la vengeance, à ne jamais faire de mal à ceux qui nous en font et à ne nous point lasser de nous conduire avec douceur envers les personnes qui nous traitent avec le plus d’injustice, quand même elles continueraient toujours à nous faire du mal.

La conduite de David montre en particulier qu’on doit avoir en révérence les rois et les princes, Que leurs personnes sont sacrées, que l’on doit toujours demeurer dans le respect à leur égard, quand même il leur arriverait de manquer à leur devoir.

Enfin, l’effet que la modération de David fit sur Saül nous fait voir que, par l’innocence, par la douceur et par l’humilité, on calme la colère de ceux qui sont irrité et que les méchants sont enfin contraints de rendre justice aux gens de bien. Mais quand même nous ne pourrions pas apaiser par-là ceux qui nous haïssent, nous attirerons toujours sur nous la faveur de Dieu qui, comme le dit David, rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité.

CHAPITRE XXVII.

David ne se fiant pas à Saül et ne trouvant de sûreté nulle part dans le pays d’Israël se retire vers Akis roi des Philistins. Ce prince lui donne la ville de Tsiklag, d’où David fait ses courses sur les peuples voisins.

1 Mais David dit en son cœur : Je périrai quelque jour par les mains de Saül ; ne vaut-il pas mieux que je me sauve au pays des Philistins, afin que Saül n’espère plus de me trouver, et qu’il cesse de me chercher encore en quelqu’une des contrées d’Israël ? Je me sauverai donc de ses mains.

2 David donc se leva, et passa avec les six cents hommes, qui étaient avec lui, vers Akis, fils de Mahoc, roi de Gath.

3 Et David demeura avec Akis, à Gath, lui et ses gens, chacun avec sa famille, David et ses deux femmes, savoir, Ahinoham qui était de Jizréhel, et Abigaïl qui avait été femme de Nabal, et qui était de Carmel.

4 Alors on rapporta à Saül que David s’était enfui à Gath ; ainsi il ne continua plus de le poursuivre.

5 Et David dit à Akis : Je te prie, si j’ai trouvé grâce devant toi, qu’on me donne quelque lieu dans l’une des villes de la campagne, afin que j’y demeure ; car pourquoi ton serviteur demeurerait-il dans la ville royale avec toi ?

6 Akis donc lui donna, en ce jour-là, Tsiklag ; et c’est pourquoi Tsiklag est demeurée aux rois de Juda, jusqu’à ce jour.

7 Le temps que David demeura au pays des Philistins fut de quatre mois et quelques jours.

8 Or, David montait avec ses gens, et ils faisaient des courses sur les Guesçuriens, les Guirziens et les Hamalékites ; car ces nations-là habitaient au pays où elles avaient habité autrefois, depuis Sçur jusqu’au pays d’Égypte.

9 Et David désolait ces pays-là ; il ne laissait ni homme ni femme en vie, et il prenait les brebis, les bœufs, les ânes, les chameaux et les vêtements, et il s’en retournait et venait vers Akis.

10 Et Akis disait : Où avez-vous fait vos courses aujourd’hui ? Et David répondait : Vers le midi de Juda, vers le midi des Jérahméeliens, et vers le midi des Kéniens.

11 Mais David ne laissait ni homme ni femme en vie, pour les amener à Gath, de peur, disait-il, qu’ils ne rapportent quelque chose contre nous, et qu’ils ne disent : Voici ce que David a fait. Et il en usa ainsi pendant tout le temps qu’il demeura au pays des Philistins.

12 Et Akis se fiait à David, disant : Il s’est rendu très odieux à Israël son peuple ; c’est pourquoi il sera mon serviteur à jamais.

REFLEXIONS

Voici ce qu’il faut considérer sur ce chapitre :

Premièrement que, pendant que David était fugitif, Dieu prenait soin de lui et qu’il lui fit trouver une retraite dans le pays des Philistins où son nom devait être odieux, que même durant le séjour qu’il y fit il remporta divers avantages sur les peuples voisins, ennemis des Israélites.

Après cela il faut considérer que ces peuples sur lesquels David faisaient ses courses, étant de ces peuples que Dieu avait commandé de détruire, David pouvait leur faire la guerre légitimement, d’autant plus qu’il était appelé à cela, Dieu l’ayant choisi pour être roi. Cependant la conduite de David n’était pas exempte de péché puisqu’il disait au roi des Philistins qu’il faisait ses courses sur le pays de Juda, ce qui n’était pas vrai.

Ainsi cet exemple de David n’autorise point le mensonge, le déguisement, ni la tromperie et ces vices qui étaient condamnables dans ces temps-là, sont encore plus indignes des chrétiens qui, vivant sous la loi de la charité et de la vérité, doivent être très éloignés du mensonge et se conduire toujours avec ingénuité, avec sincérité et avec candeur.

CHAPITRE XXVIII.

Saül étant attaqué par les Philistins et voyant que Dieu ne lui donnait aucune réponse s’adresse à une devineresse et la prie de faire paraître le prophète Samuel. Un fantôme qui ressemblait à ce prophète paraît qui prédit à Saül sa mort, celle de ses fils et la défaite de son armée.

1 En ces jours-là, les Philistins assemblèrent leurs armées, pour faire la guerre et pour combattre Israël. Et Akis dit à David : Assure-toi que vous viendrez avec moi au camp, toi et tes gens.

2 Alors David répondit à Akis : Certainement tu verras ce que ton serviteur fera. Et Akis dit à David : C’est pour cela que je te confierai toujours la garde de ma personne.

3 Or, Samuel était mort, et tout Israël l’avait pleuré, et on l’avait enseveli à Rama sa ville ; et Saül avait ôté du pays ceux qui avaient l’esprit de python et les devins.

4 Les Philistins donc, assemblés, vinrent et campèrent à Sçunem ; Saül aussi assembla tout Israël, et ils campèrent à Guilboah.

5 Et Saül voyant le camp des Philistins, eut peur, et son cœur fut fort effrayé.

6 Et Saül consulta l’Éternel ; et l’Éternel ne lui répondit rien, ni par songe, ni par Urim, ni par les prophètes.

7 Et Saül dit à ses serviteurs : Cherchez-moi une femme qui ait l’esprit de python, et j’irai vers elle, et je m’enquerrai par son moyen de ce qui doit arriver. Ses serviteurs lui dirent : Voilà, il y a une femme à Hendor qui a un esprit de python.

8 Alors Saül se déguisa, et prit d’autres habits, et s’en alla, lui et deux hommes avec lui ; et ils arrivèrent de nuit chez cette femme-là ; et Saül lui dit : Je te prie, devine-moi par l’esprit de python, et fais monter vers moi celui que je te dirai.

9 Mais la femme lui répondit : Voici, tu sais ce que Saül a fait, comment il a exterminé du pays ceux qui ont l’esprit de python et les devins ; pourquoi donc dresses-tu un piège à ma vie pour me faire mourir ?

10 Alors Saül lui jura par l’Éternel, et lui dit : L’Éternel est vivant, qu’il ne t’arrivera de ceci aucun mal.

11 Et la femme dit : Qui veux-tu que je te fasse monter ? Et il répondit : Fais-moi monter Samuel.

12 Et la femme voyant Samuel, s’écria à haute voix, disant à Saül : Pourquoi m’as-tu trompée ? car tu es Saül.

13 Et le roi lui répondit : Ne crains point ! Mais qu’as-tu vu ? Et la femme dit à Saül : J’ai vu comme un Dieu qui montait de la terre.

14 Il lui dit encore : Comment est-il fait ? Elle répondit : C’est un vieillard qui monte, et il est couvert d’un manteau. Et Saül connut que c’était Samuel, et s’étant baissé le visage contre terre, il se prosterna.

15 Et Samuel dit à Saül : Pourquoi as-tu troublé mon repos, en me faisant monter ? Et Saül répondit : Je suis dans une fort grande extrémité ; car les Philistins me font la guerre, et Dieu s’est retiré de moi, et il ne m’a plus voulu répondre, ni par les prophètes, ni par les songes ; c’est pourquoi je t’ai appelé, afin que tu me fasses entendre ce que j’aurai à faire.

16 Et Samuel dit : Pourquoi donc me consultes-tu, puisque l’Éternel s’est retiré de toi, et qu’il est devenu ton ennemi ?

17 Or, l’Éternel fait selon qu’il en avait parlé par moi ; l’Éternel a déchiré le royaume, et l’a arraché d’entre tes mains, et l’a donné à ton domestique, savoir, à David ;

18 parce que tu n’as point obéi à la voix de l’Éternel, et que tu n’as point exécuté l’arrêt de l’ardeur de sa colère contre Hamalek ; c’est pourquoi l’Éternel t’a fait ceci aujourd’hui.

19 Et l’Éternel livrera même Israël avec toi entre les mains des Philistins, et vous serez demain avec moi, toi et tes fils ; l’Éternel livrera même le camp d’Israël entre les mains des Philistins.

20 Et Saül tomba aussitôt étendu sur la terre, et fut fort effrayé des paroles de Samuel, et même les forces lui manquèrent, parce qu’il n’avait rien mangé de tout ce jour-là, ni de toute la nuit.

21 Alors cette femme-là vint à Saül, et voyant qu’il avait été fort troublé, elle lui dit : Voici, ta servante a obéi à ta voix, et j’ai exposé ma vie, et j’ai obéi aux paroles que tu m’as dites ;

22 maintenant, je te prie, que tu écoutes aussi ce que ta servante te dira ; souffre que je mette devant toi une bouchée de pain, afin que tu manges, et que tu aies des forces pour t’en retourner par ton chemin.

23 Et il le refusa, et dit : Je ne mangerai point. Mais ses serviteurs, et cette femme aussi, le pressèrent tant, qu’il se rendit à leurs instances, et s’étant levé de terre, il s’assit sur un lit.

24 Or, cette femme-là avait un veau qu’elle engraissait en sa maison ; elle se hâta donc de le tuer, puis elle prit de la farine, et la pétrit, et en cuisit des pains sans levain ;

25 ce qu’elle mit devant Saül, et devant ses serviteurs, et ils mangèrent ; puis s’étant levés, ils s’en allèrent cette nuit-là.

REFLEXIONS

L’histoire qui est rapportée dans ce chapitre est très remarquable :

I. Nous y voyons en premier que Saül étant attaqué par les Philistins voulut s’adresser à Dieu, mais que Dieu ne lui donna aucune réponse. Comme il n’était plus temps alors pour Saül de consulter Dieu, le temps vient aussi qu’il est trop tard pour les pécheurs de prévenir leur ruine. Ainsi, l’état déplorable où se trouvait alors ce malheureux prince est une image de l’état des pécheurs que Dieu a abandonnés à leur égarement et qu’il est près de punir.

II. On voit ici que Saül réduit à cette extrémité, au lieu de s’humilier devant Dieu tomba dans un nouveau crime en s’adressant à une personne qui exerçait un art damnable, qu’il avait lui-même défendu sous peine de mort, conformément à la loi de Dieu. Cette démarche de Saül prouve qu’il n’avait pas consulté Dieu dans les mouvements d’une sincère repentance.

C’est là le caractère des méchants qui comblent la mesure de leurs crimes. Ils vont toujours en empirant, ils joignent l’hypocrisie à l’impiété et ils commettent de nouveaux et de plus grands péchés, même dans le temps que les plus sévères jugements de Dieu vont fondre sur eux.

III. Pour ce qui est de l’action même de cette femme que Saül consulta, il faut remarquer que l’art qu’elle exerçait était vain autant que criminel, qu’elle n’avait point la puissance de faire paraître le prophète Samuel qui était mort et que ce serait la dernière folie de croire qu’on puisse faire revenir les morts et savoir par leur moyen ce qui doit arriver. Cependant Dieu permit qu’un corps qui ressemblait à ce prophète apparut et qu’une voix fut entendue qui annonça à Saül sa défaite et qui prédit exactement le temps de sa mort. Dieu voulait par-là punir Saül de son impiété et lui faire trouver sa peine dans le crime même qu’il commettait alors et par ce moyen il parut aussi que sa mort procédait de Dieu. C’est ainsi que Dieu pour éprouver les hommes ou pour les châtier : donne efficace à l’erreur afin que ceux qui n’ont pas cru à la vérité soient condamnés.

Enfin, on voit en la personne de Saül et dans l’effroi dont il fut saisi en cette rencontre combien l’état de ceux qui sont abandonnés de Dieu est funeste. Et puisque c’est le mépris de la voix de Dieu et l’obstination dans le mal qui conduit à cet état-là, nous devons craindre de nous y engager par l’impiété et par l’endurcissement comme cela arriva au roi Saül.

CHAPITRE XXIX.

Les chefs de l’armée des Philistins allant combattre les Israélites et ayant remarqué dans la revue de l’armée que David et ses gens étaient avec eux obligèrent Akis leur roi à le renvoyer à Tsiklag de peur qu’il ne se joignit aux Israélites contre les Philistins.

1 Or, les Philistins assemblèrent toutes leurs armées à Aphek ; et les Israélites étaient campés près de la fontaine qui était à Jizréhel.

2 Et les gouverneurs des Philistins marchèrent par leurs centaines et par leurs milliers ; et David et ses gens marchaient sur l’arrière-garde avec Akis.

3 Alors les chefs des Philistins dirent : Que font là ces Hébreux ? Et Akis répondit aux chefs des Philistins : N’est-ce pas ce David qui a été serviteur de Saül, roi d’Israël, qui a déjà été avec moi quelque temps, même quelques années, et je n’ai rien trouvé à redire en lui, depuis le jour qu’il s’est donné à moi jusqu’à ce jour.

4 Mais les chefs des Philistins se mirent en colère contre lui, et lui dirent : Renvoie cet homme, et qu’il s’en retourne au lieu où tu l’as établi, et qu’il ne descende point avec nous au combat, de peur qu’il ne se tourne contre nous dans la bataille ; car comment pourrait-il se remettre en grâce avec son seigneur ? Ne serait-ce pas par le moyen des têtes de nos gens ?

5 N’est-ce pas ici ce David dont on s’entre-répondit dans les danses, en disant : Saül en a frappé ses mille, et David, ses dix mille ?

6 Akis donc appela David, et lui dit : L’Éternel est vivant, que certainement tu es un homme droit, et tes allées et venues au camp m’ont paru bonnes ; car je n’ai point trouvé de méchanceté en toi depuis le jour que tu es venu à moi jusqu’à présent, mais tu ne plais point aux gouverneurs ;

7 maintenant donc, retourne-t’en, et va-t’en en paix, afin que tu ne fasses rien qui déplaise aux gouverneurs des Philistins.

8 Et David dit à Akis : Mais qu’ai-je fait, et qu’as-tu trouvé en ton serviteur, depuis le jour que j’ai été avec toi jusqu’à maintenant, que je n’aille point combattre contre les ennemis du roi, mon seigneur ?

9 Et Akis répondit et dit à David : Je le sais, car tu m’es très agréable comme un ange de Dieu ; mais les chefs des Philistins ont dit : Il ne montera point avec nous au combat.

10 C’est pourquoi lève-toi de bon matin, avec les serviteurs de ton seigneur qui sont venus avec toi, et après vous être levés de bon matin, sitôt que vous verrez le jour, allez-vous-en.

11 Ainsi David se leva le matin, lui et ses gens, pour partir dès le matin, et pour s’en retourner au pays des Philistins ; mais les Philistins montèrent à Jizréhel.

REFLEXIONS

Il faut considérer ici :

I. Premièrement que David étant engagé à aller à la guerre avec les Philistins contre les Israélites et se trouvant par-là réduit à la nécessité, ou de combattre contre sa patrie ou de trahir le roi des Philistins, Dieu par un effet de sa bonté envers David ne voulut pas l’exposer à cette tentation et qu’il l’en délivra en permettant que les chefs de l’armée des Philistins demandassent qu’il se retirât.

Le procédé de David dans cette occasion n’était pas conforme à la sincérité, puisqu’il avait donné à entendre au roi des Philistins qu’il combattrait avec lui contre les Israélites. Cependant la providence le tira de cet embarras par le moyen des Philistins eux-mêmes qui voulurent qu’on le renvoya. Par ce moyen David fut préservé de commettre un péché. Il n’eut aucune part à la défaite des Israélites, il ne se trouva pas au combat où Saül fut tué et il fut en état d’aller délivrer la ville de Tsiklag qui avait été surprise pendant son absence par les Hamalékite, comme cela est rapporté dans le chapitre suivant.

Voilà comment la providence dispose des événements pour le bien de ceux qu’elle favorise. Le Seigneur leur donne des issues favorables dans les circonstances les plus fâcheuses, il les empêche même de tomber dans le péché et les délivre des tentations auxquelles ils succomberaient.

CHAPITRE XXX.

David arrivant à Tsiklag trouve que la ville avait été brûlée et que ses femmes avaient été emmenées prisonnières avec tout le peuple qui y était. Ayant su que les Hamalékites avaient faits ce dégât, il les poursuivit, il recouvra ce qu’ils avaient pris et fit sur eux un grand butin qui fut partagé entre ceux qui avaient été à la guerre et ceux qui étaient demeurés au camp et au bagage. 

1 Trois jours après, David et ses gens, étant revenus à Tsiklag, trouvèrent que les Hamalékites s’étaient jetés du côté du midi et sur Tsiklag, et qu’ils l’avaient prise et brûlée,

2 et qu’ils avaient fait prisonnières les femmes qui étaient là, sans avoir tué aucun homme, depuis les plus petits jusqu’aux plus grands, mais ils les avaient emmenés et avaient continué leur chemin.

3 David donc et ses gens revinrent à la ville ; et voici, elle était brûlée, et leurs femmes, leurs fils et leurs filles avaient été faits prisonniers.

4 C’est pourquoi David et le peuple qui était avec lui élevèrent leur voix, et pleurèrent jusqu’à ce qu’il n’y eût plus en eux de force pour pleurer.

5 Les deux femmes de David avaient aussi été prises prisonnières, savoir, Ahinoham de Jizréhel, et Abigaïl qui avait été femme de Nabal, qui était de Carmel.

6 Mais David fut dans une grande extrémité, parce que le peuple parlait de le lapider, car tout le peuple était outré à cause de leurs fils et de leurs filles ; toutefois, David se fortifia devant l’Éternel son Dieu.

7 Et il dit à Abiathar le sacrificateur, fils d’Ahimélec : Mets, je te prie, l’éphod pour moi ; et Abiathar mit l’éphod pour David.

8 Alors David consulta l’Éternel, disant : Poursuivrai-je cette troupe-là ? l’atteindrai-je ? Et il lui répondit : Poursuis-la ; car tu ne manqueras point de l’atteindre et de recouvrer le tout.

9 David donc s’en alla, avec les six cents hommes qui étaient avec lui ; et ils arrivèrent jusqu’au torrent de Bésor, où s’arrêtèrent ceux qui demeuraient en arrière.

10 Ainsi David et quatre cents hommes firent la poursuite ; car il y en eut deux cents qui s’arrêtèrent, étant tellement fatigués qu’ils ne purent passer le torrent de Bésor.

11 Or, ayant trouvé un homme égyptien par les champs, ils l’amenèrent à David, et lui donnèrent du pain, qu’il mangea, puis ils lui donnèrent de l’eau à boire ;

12 ils lui donnèrent aussi quelques figues sèches, et deux grappes de raisins secs, et il les mangea, et il reprit ses esprits ; car il y avait trois jours et trois nuits qu’il n’avait ni mangé de pain, ni bu d’eau.

13 Et David lui dit : A qui es-tu, et d’où es-tu ? Et il répondit : Je suis un garçon égyptien, serviteur d’un homme Hamalékite, et mon maître m’a abandonné, parce qu’il y a aujourd’hui trois jours que je suis malade.

14 Nous avons fait une irruption, du côté du midi des Kéréthiens, et sur ce qui est de Juda, et du côté du midi de Caleb, et nous avons brûlé Tsiklag.

15 Et David lui dit : Me conduiras-tu bien vers cette troupe-là ? Et il répondit : Jure-moi par le nom de Dieu que tu ne me feras point mourir, et que tu ne me livreras point entre les mains de mon maître, et je te conduirai vers cette troupe-là.

16 Et il le conduisit là ; et voici, ils étaient dispersés sur toute la terre, mangeant, buvant et dansant à cause de ce grand butin qu’ils avaient fait du pays des Philistins, et du pays de Juda.

17 Et David les chargea, depuis l’aube du jour jusqu’au soir du lendemain qu’il s’était mis à les poursuivre ; et il n’en échappa aucun, excepté quatre cents jeunes hommes qui montèrent sur des chameaux et s’enfuirent.

18 Et David recouvra tout ce que les Hamalékites avaient emporté ; il recouvra aussi ses deux femmes.

19 Et ils trouvèrent que rien ne leur manquait, depuis le plus petit jusqu’au plus grand, tant des fils que des filles, et du butin, et de tout ce qu’ils leur avaient emporté ; David recouvra le tout.

20 David prit aussi tout le reste du gros et du menu bétail, qu’on mena devant les troupeaux qu’on leur avait pris, et on disait : C’est ici le butin de David.

21 Puis David vint vers les deux cents hommes qui avaient été tellement fatigués qu’ils n’avaient pu marcher après David, qui les avait fait demeurer au torrent de Bésor, et ils sortirent au-devant de David, et au-devant du peuple qui était avec lui ; et David, s’étant approché du peuple, les salua amiablement.

22 Mais tous les méchants garnements qui étaient allés avec David, prirent la parole et dirent : Puisqu’ils ne sont point venus avec nous, nous ne leur donnerons rien du butin que nous avons recouvré, sinon à chacun d’eux sa femme et ses enfants ; qu’ils les emmènent, et s’en aillent.

23 Mais David dit : Ce n’est pas ainsi, mes frères, que vous devez disposer de ce que l’Éternel nous a donné, puisqu’il nous a gardés, et qu’il a livré entre nos mains cette troupe qui était venue contre nous.

24 Qui vous croirait dans cette affaire ? Car celui qui demeure au bagage, doit avoir autant de part que celui qui descend au combat ; ils partageront également.

25 Et cela a été pratiqué depuis ce jour-là ; et on en fit une ordonnance et une loi en Israël, jusqu’à ce jour.

26 David donc revint à Tsiklag, et envoya du butin aux anciens de Juda, savoir, à ses amis, disant : Voici un présent, que je vous fais, du butin des ennemis de l’Éternel.

27 Il en envoya à ceux qui étaient à Beth-el, à ceux qui étaient à Ramoth du midi, à ceux qui étaient à Jattir,

28 à ceux qui étaient à Haroher, à ceux qui étaient à Sciphamoth, à ceux qui étaient à Esçtemoah,

29 à ceux qui étaient à Racal, et à ceux qui étaient dans les villes des Jérahméeliens, à ceux qui étaient dans les villes des Kéniens,

30 à ceux qui étaient à Horma, à ceux qui étaient à Cor-hasçan, à ceux qui étaient à Hathac,

31 et à ceux qui étaient à Hébron, et dans tous les lieux où David avait demeuré, lui et ses gens.

REFLEXIONS

Il y a deux réflexions à faire sur ce chapitre :

I. Que la ville de Tsiklag qui appartenait à David, lui ayant été donnée par le roi des Philistins, fut prise par les Hamalékites avec le peuple qui y était et que même David à son retour dans cette ville fut en danger d’être lapidé par le peuple. Ce fut là une épreuve bien fâcheuse pour David, mais ce fut la dernière qu’il eut à soutenir avant que de monter sur le trône.

II. David donna dans cette occasion des marques de sa piété en consultant le Seigneur sur ce qu’il avait à faire et Dieu lui ayant fait dire de poursuivre les Hamalékites, il reprit tout ce qu’ils avaient emmené, il délivra ses femmes et il fit même sur eux un butin fort considérable. De cette manière le malheur qui était arrivé à David tourna à son avantage et à sa plus grande gloire et c’est ainsi que ceux qui, dans les extrémités où ils se rencontrent se laissent conduire par le Seigneur, ne manquent jamais d’éprouver sa protection.

CHAPITRE XXXI.

Ce chapitre contient le récit de la défaite des Israélites par les Philistins. Les fils de Saül furent tués, Saül lui-même mourut dans cette occasion et leurs corps furent pendus à la muraille de Bethsan. Mais ils furent ensuite ensevelis par les habitants de Jabès. C’est ici que finit l’histoire de Saül et le premier livre de Samuel. 

1 Or, les Philistins combattirent contre Israël, et ceux d’Israël prirent la fuite devant les Philistins, et ils furent tués sur la montagne de Guilboah.

2 Et les Philistins atteignirent Saül et ses fils ; et ils tuèrent Jonathan, Abinadab, et Malki-sçuah, fils de Saül.

3 Et tout l’effort du combat tomba sur Saül, et les archers qui tiraient de l’arc le trouvèrent, et il fut blessé dangereusement par ces archers.

4 Alors Saül dit à son écuyer : Tire ton épée, et transperce m’en, de peur que ces incirconcis ne viennent, et ne me transpercent, et ne me fassent des outrages ; mais son écuyer ne le voulut point faire, parce qu’il était fort effrayé. Saül donc prit l’épée, et se jeta dessus.

5 Alors l’écuyer de Saül, ayant vu que Saül était mort, se jeta aussi sur son épée et mourut avec lui.

6 Ainsi Saül mourut, en ce jour-là, avec ses trois fils, et son écuyer, et tous ses gens.

7 Et ceux d’Israël qui étaient en deçà de la vallée, et en deçà du Jourdain, ayant vu que les Israélites s’en étaient fuis, et que Saül et ses fils étaient morts, abandonnèrent les villes, et s’enfuirent ; de sorte que les Philistins y entrèrent et y habitèrent.

8 Et dès le lendemain les Philistins vinrent pour dépouiller les morts, et ils trouvèrent Saül et ses trois fils étendus sur la montagne de Guilboah ;

9 et ils coupèrent la tête de Saül, et le dépouillèrent de ses armes, qu’ils envoyèrent au pays des Philistins, dans tous les environs, pour en faire savoir les nouvelles dans les temples de leurs faux dieux, et parmi le peuple.

10 Et ils mirent ses armes au temple de Hasçtaroth, et pendirent son corps à la muraille de Beth-sçan.

11 Or, les habitants de Jabès de Galaad apprirent ce que les Philistins avaient fait à Saül ;

12 et tous les vaillants hommes d’entre eux se levèrent et marchèrent toute la nuit, et enlevèrent le corps de Saül et les corps de ses fils, de la muraille de Beth-sçan, et ils revinrent à Jabès, où ils les brûlèrent.

13 Puis ils prirent leurs os, et les ensevelirent sous un chêne, près de Jabès, et ils jeûnèrent pendant sept jours.

REFLEXIONS

On doit faire bien de l’attention à la mort de Saül. Les circonstances en furent extrêmement tragiques puisqu’il se donna lui-même la mort, que ses trois fils furent tués dans le combat par les Philistins et que son corps, de même que celui de ses fils, fut traité avec la dernière ignominie, les Philistins les ayant pendus aux murailles de la ville de Bethsçan. L’Écriture dit sur cela, que Saül mourut ainsi parce qu’il n’avait pas obéi aux ordres de Dieu et surtout parce qu’il avait consulté la devineresse d’Andor. Ainsi ce prince qui avait été choisi de Dieu et qui avait si bien commencé finit malheureusement et les menaces que Dieu lui avait fait dénoncer en plusieurs occasions furent exécutées.

Il en a toujours été et il en sera toujours de même de toutes les menaces de Dieu, tant celles qui regardent certaines personnes en particulier que de celles que Dieu fait contre les pécheurs en général. Cet événement doit nous inspirer une crainte salutaire et nous faire reconnaître que ceux que Dieu a enrichis de ses grâces et qui en abusent sont à la fin abandonnée de lui et deviennent des exemples de sa colère.

Sur ce que les fils de Saül et en particulier Jonathan qui avait tant de piété et de vertu périrent avec lui, il faut considérer que les innocents sont quelques fois enveloppés avec les coupables dans les jugements temporels, ce que Dieu fait pour de justes raisons et surtout pour rendre heureux les gens de bien en les retirant du monde. III Il faut encore remarquer que dans cette occasion le peuple d’Israël fut battu par les Philistins, Dieu ayant voulu châtier ce peuple à mesure qu’il punissait Saül. C’est pour les mêmes raisons que Dieu fait tomber ses jugements sur les peuples aussi bien que sur les princes et que c’est en quoi l’on a sujet d’adorer la justice, la sagesse aussi bien que la bonté du Seigneur.