LE SECOND LIVRE DES CHRONIQUES

ARGUMENT

Ce livre contient l’histoire des rois qui ont régnés à Jérusalem depuis Salomon, fils de David, jusqu’au temps de la captivité de Babylone. On trouve dans ce livre plusieurs histoires qui sont rapportées dans les livres des rois, mais avec cette différence que ce livre ne traite proprement que du règne des rois de Juda et qu’il n’y est parlé des rois d’Israël que par occasion, au lieu que les livres des rois renferment l’histoire des rois d’Israël aussi bien que celle des rois de Juda.

Chapitres  CHAPITRE I. CHAPITRE II.  CHAPITRE III.  CHAPITRE IV.   CHAPITRE V.  CHAPITRE VI.  CHAPITRE VII.  CHAPITRE VIII.   CHAPITRE IX.  CHAPITRE X.   CHAPITRE XI.   CHAPITRE XII. CHAPITRE XIII.  CHAPITRE XIV.   CHAPITRE XV.   CHAPITRE XVI. CHAPITRE XVII.  CHAPITRE XVIII.  CHAPITRE XIX.   CHAPITRE XX.  CHAPITRE XXI.  CHAPITRE XXII.  CHAPITRE XXIII.  CHAPITRE XXIV.   CHAPITRE XXV.   CHAPITRE XXVI.   CHAPITRE XXVII.  CHAPITRE XXVIII.  CHAPITRE XXIX. CHAPITRE XXX.   CHAPITRE XXXI. CHAPITRE XXXII.  CHAPITRE XXXIII.  CHAPITRE XXXIV.  CHAPITRE XXXV.   CHAPITRE XXXVI.  LIVRES DU VIEUX TESTAMENT.

CHAPITRE I.

Le roi Salomon, étant monté sur le trône, va à Gabaon pour y offrir un sacrifice solennel. Dieu y apparaît à lui et lui promet de lui donner tout ce qu’il lui demanderait et ce prince, ayant prié le Seigneur de lui donner la sagesse plutôt que les richesses, Dieu lui accorda l’un et l’autre de ces avantages. On voit sur la fin de ce chapitre une description abrégée de la puissance et des richesses de Salomon.

1 Salomon fils de David, se fortifia dans son règne ; et l’Éternel son Dieu fut avec lui, et il l’éleva souverainement.

2 Et Salomon parla à tout Israël, savoir, aux chefs des milliers et des centaines, aux juges et à tous les principaux de tout Israël, chefs des pères.

3 Et Salomon et toute l’assemblée qui était avec lui, allèrent au lieu haut qui était à Gabaon ; car c’était là que le tabernacle d’assignation de Dieu, que Moïse, serviteur de l’Éternel, avait fait au désert, avait été placé.

4 Mais David avait amené l’arche de Dieu de Kirjath-jéharim, dans le lieu qu’il avait préparé ; car il lui avait tendu un tabernacle dans Jérusalem.

5 Et l’autel d’airain que Bethsaléel, fils d’Uri, fils de Hur, avait fait, était à Gabaon devant le pavillon de l’Éternel, qui fut aussi recherché par Salomon et par l’assemblée.

6 Et Salomon offrit là, devant l’Éternel, sur l’autel d’airain qui était auprès du tabernacle mille holocaustes.

7 En cette même nuit-là Dieu apparut à Salomon, et lui dit : Demande ce que tu voudras que je te donne.

8 Et Salomon répondit à Dieu : Tu as usé de grande miséricorde envers David mon père, et tu m’as établi roi en sa place.

9 Maintenant donc, Éternel mon Dieu ! que la parole que tu as donnée à David mon père, soit stable ; car tu m’as établi roi, sur un peuple grand en nombre comme la poudre de la terre.

10 Donne-moi donc maintenant de la sagesse et de la connaissance, afin de pouvoir gouverner ce peuple ; car qui pourrait juger ton peuple qui est si grand ?

11 Et Dieu dit à Salomon : Parce que tu as eu cette pensée, et que tu n’as pas demandé des richesses, ni des biens, ni de la gloire, ni la mort de ceux qui te haïssent, et même, que tu n’as pas demandé de vivre longtemps, mais que tu as demandé pour toi de la sagesse et de la connaissance, afin de pouvoir juger mon peuple, sur lequel je t’ai établi roi ;

12 la sagesse et la connaissance te sont données ; je te donnerai aussi des richesses, des biens, et de la gloire, ce qui n’est point ainsi arrivé aux rois qui ont été avant toi, et qui n’arrivera jamais ainsi après toi.

13 Et Salomon revint à Jérusalem du haut lieu qui était à Gabaon, de devant le tabernacle d’assignation, et il régna sur Israël.

14 Et il fit amas de chariots et de cavalerie, de sorte qu’il avait mille et quatre cents chariots et douze mille hommes de cheval, et il les mit dans les villes où il tenait ses chariots, et auprès du roi dans Jérusalem.

15 Et le roi fit que l’argent et l’or étaient aussi communs à Jérusalem que les pierres ; et les cèdres, que les figuiers sauvages qui sont par les plaines, tant il y en avait.

16 Or, quant au péage, qui appartenait à Salomon, de la traite des chevaux qu’on tirait d’Egypte, et du fil, les fermiers du roi se payaient en fil.

17 Mais on faisait remonter et sortir d’Egypte chaque chariot, pour six cents pièces d’argent, et chaque cheval pour cent cinquante. Et ainsi on en tirait par le moyen de ces fermiers, pour tous les rois des Héthiens et pour les rois de Syrie.

REFLEXIONS

Salomon donna dès le commencement de son règne des marques de son attachement à la religion et de son zèle en allant à Gabaon où le tabernacle était pour y adorer Dieu, pour lui rendre grâces et pour implorer sa bénédiction. Mais il fit surtout paraître sa piété, lorsque Dieu lui ayant permis de demander tout ce qu’il souhaitait, il le pria de lui accorder les lumières et la sagesse dont il avait besoin pour gouverner son peuple justement. Ce qui plut tellement à Dieu qu’il donna à Salomon une sagesse extraordinaire, qu’il l’éleva au-dessus de tous les autres rois et avec cela les richesses, la puissance et la gloire qu’il n’avait pas demandées.

Cette histoire montre aux rois et aux princes que dans l’élévation où ils sont, rien ne leur est plus nécessaire que la prudence et la justice, que le moyen d’obtenir cette grâce, c’est de la demander à Dieu et que c’est même ce qui attire sa faveur sur leurs personnes et sur leurs états et ce qui les fait prospérer. Nous devons tous apprendre d’ici à préférer la véritable sagesse et les lumières de l’esprit de Dieu aux avantages de la terre. Dieu, qui exauça les prières de Salomon, ne refuse jamais les véritables biens à ceux qui désirent les obtenir et qui les lui demandent et outre cela, il leur accorde souvent la prospérité temporelle qu’ils ne lui demandent pas.

CHAPITRE II.

Salomon envoie des ambassadeurs à Huram, roi de Tyr, et lui demande des ouvriers et des matériaux pour bâtir le temple de Jérusalem. Huram félicite Salomon sur son avènement à la couronne et lui accorde ce qu’il avait demandé.

1 Salomon ayant résolu de bâtir une maison au nom de l’Eternel, et une maison pour sa cour royale,

2 fit un dénombrement de soixante et dix mille hommes, qui portaient les fardeaux, et de quatre-vingt mille qui coupaient le bois sur la montagne, et de trois mille six cents commis sur eux.

3 Et il envoya vers Hiram, roi de Tyr, pour lui dire : Uses-en avec moi comme tu en as usé avec David mon père, et envoie-moi des cèdres, comme tu lui en envoyas pour lui bâtir une maison afin d’y habiter.

4 Voici, je m’en vais bâtir une maison au nom de l’Eternel mon Dieu, pour la consacrer, afin de faire fumer devant lui le parfum des odeurs aromatiques, et pour lui présenter les pains de proposition qu’on pose continuellement devant lui, et pour lui offrir les holocaustes du matin et du soir, pour les sabbats, et pour les nouvelles lunes, et pour les fêtes solennelles de l’Eternel notre Dieu, ce qui est perpétuel en Israël.

5 Or la maison que je vais bâtir sera grande, car notre Dieu est grand par-dessus tous les dieux.

6 Qui est-ce donc qui aurait le pouvoir de lui bâtir une maison, si les cieux, même les cieux des cieux ne le peuvent contenir ? Et qui suis-je moi, que je lui bâtisse une maison, si ce n’est pour faire des parfums devant lui ?

7 C’est pourquoi, envoie-moi maintenant quelque homme qui s’entende à travailler en or, en argent, en airain, en fer, en écarlate, en cramoisi et en hyacinthe, qui sache graver ; afin qu’il soit avec les hommes experts que j’ai avec moi, dans la Judée et à Jérusalem, et que David mon père a destinés à cela.

8 Envoie-moi aussi du Liban du bois de cèdre, de sapin et d’Algummim ; car je sais que tes serviteurs s’entendent bien à couper le bois du Liban ; et voilà, mes serviteurs seront avec les tiens.

9 Et qu’on me prépare du bois en grande quantité, car la maison que je vais bâtir sera grande et magnifique.

10 Et je donnerai à tes serviteurs, qui couperont les bois, vingt mille cores de froment foulé, vingt mille cores d’orge, vingt mille baths de vin, et vingt mille baths d’huile.

11 Et Hiram, roi de Tyr, écrivit et manda à Salomon : C’est parce que l’Eternel a aimé son peuple, qu’il t'a établi roi sur eux.

12 Et Hiram dit : Béni soit l’Eternel, le Dieu d’Israël, qui a fait les cieux et la terre, de ce qu’il a donné au roi David un fils sage, prudent et intelligent, qui doit bâtir une maison à l’Eternel, et une maison pour sa cour royale.

13 Je t’envoie donc maintenant un homme expert et habile, qui a servi Hiram mon père ;

14 fils d’une femme sortie de la tribu de Dan, avec son père qui est Tyrien, qui sait travailler en or, en argent, en airain, en fer, en pierres et en bois, en écarlate, en hyacinthe, en fin lin et en cramoisi, et qui sait faire toute sorte de gravure et de dessin de toutes les choses qu’on lui proposera, avec les hommes habiles que tu as, et ceux qu’a eus mon seigneur David ton père.

15 Et maintenant, que mon seigneur envoie à ses serviteurs le froment, l’orge, l’huile et le vin qu’il a dit.

16 Et nous couperons du bois du Liban autant qu’il t’en faudra, et nous te le mettrons en radeaux, et nous les conduirons par mer jusqu’à Japho, et tu les feras monter à Jérusalem.

17 Et Salomon fit le dénombrement de tous les étrangers qui étaient au pays d’Israël, après le dénombrement que David son père en avait fait ; et on en trouva cent cinquante-trois mille et six cents.

18 Et il en établit soixante et dix mille qui portaient les fardeaux, quatre-vingt mille qui coupaient le bois sur la montagne, et trois mille six cents commis pour faire travailler le peuple.

REFLEXIONS

Le dessein que Salomon forma de bâtir un temple et les démarches qu’il fit auprès du roi de Tyr pour ce sujet nous engagent à considérer que rien n’est plus digne des princes qui ont le bonheur de connaître Dieu que de travailler à l’établissement de son service et de la vraie religion et que c’est le meilleur usage qu’ils puissent faire de leur puissance et de leurs richesses. Il y a deux réflexions à faire sur la réponse qu’Huram fit à Salomon.

L’une, que le roi de Tyr avait quelque connaissance du vrai Dieu, cela paraît parce qu’il bénit l’Éternel, qui a fait les cieux et la terre, de ce que Salomon avait succédé à David son père.

L’autre, qu’Huram fournit à Salomon les matériaux et les ouvriers qu’il avait demandés.

C’est ainsi que Dieu bénit ordinairement les entreprises qui ont pour but l’avancement de sa gloire et qu’il leur donne des succès heureux.

CHAPITRE III.

On voit dans ce chapitre une description du temple que Salomon fit bâtir, de ses dimensions, du lieu très-saint, des chérubins, des tapisseries et des colonnes qui étaient à l’entrée du temple. Et dans le chapitre IV, celle de l’autel des holocaustes, de la grande cuve, appelée la mer d’airain, des cuviers, des chandeliers, des tables, des parvis et des autres ouvrages qui furent faits pour le temple, tant par Salomon, que par Huram.

1 Salomon commença donc de bâtir la maison de l’Éternel à Jérusalem, sur la montagne de Morija, qui avait été montrée à David son père, au lieu que David son père avait préparé dans l’aire d’Ornan, Jébusien.

2 Il commença de la bâtir au second jour du second mois, la quatrième année de son règne.

3 Voici quel fut le plan de Salomon pour bâtir la maison de Dieu : Il y avait pour la première mesure, soixante coudées de long, et vingt coudées de large.

4 Et le portique, qui était vis-à-vis de la longueur, en front de la largeur de la maison, était de vingt coudées ; et il le couvrit en dedans d’or pur.

5 Et il couvrit la grande maison de bois de sapin ; il la revêtit d’or excellent, y ayant relevé en bosse par-dessus des palmes et des chaînettes.

6 Et il revêtit la maison de pierres précieuses, afin qu’elle en fût ornée ; et l’or était de l’or de Parvaïm.

7 Il revêtit donc d’or la maison, ses sommiers, ses poteaux, ses murailles et ses portes ; et il entailla des chérubins dans les parois.

8 Il fit aussi le lieu très saint, dont la longueur était de vingt coudées, selon la largeur de la maison, et la largeur de vingt coudées ; et il le couvrit d’or excellent, qui montait à six cents talents.

9 Et le poids des clous montait à cinquante sicles d’or. Il revêtit aussi d’or les voûtes.

10 Il fit aussi des chérubins dans le lieu très saint, d’ouvrage dont les pièces se pouvaient démonter, et il les couvrit d’or ;

11 et la longueur des ailes des chérubins était de vingt coudées, de sorte qu’une aile avait cinq coudées, et touchait la muraille de la maison, et l’autre aile avait cinq coudées, et touchait l’aile de l’autre chérubin.

12 Et une des ailes de l’autre chérubin, qui avait cinq coudées, touchait la muraille de la maison, et l’autre aile, qui avait cinq coudées, était jointe à l’aile de l’autre chérubin.

13 Ainsi, les ailes de ces chérubins-là étaient étendues vingt coudées en long ; et ils se tenaient droits sur leurs pieds, et leurs faces regardaient vers la maison.

14 Il fit aussi le voile d’hyacinthe, d’écarlate, de cramoisi et de fin lin ; et il fit par-dessus des chérubins.

15 Et au-devant de la maison il fit deux colonnes, qui avaient trente-cinq coudées de hauteur ; et les chapiteaux, qui étaient sur le sommet de chacune, étaient de cinq coudées.

16 Or, comme il avait fait des chaînettes pour l’oracle, il en mit aussi sur le sommet des colonnes. Il fit aussi cent pommes de grenade, qu’il mit aux chaînettes.

17 Et il dressa les colonnes au-devant du temple, l’une à main droite, et l’autre à main gauche ; il appela celle qui était à la droite, Jakin, et celle qui était à la gauche, Bohaz.

CHAPITRE IV.

1 Il fit aussi un autel d’airain de vingt coudées de long, de vingt coudées de large, et de dix coudées de haut.

2 Et il fit une mer de fonte de dix coudées, depuis un bord jusqu’à l’autre, ronde tout autour, et haute de cinq coudées, et un cordon de trente coudées l’environnait tout autour ;

3 et au-dessous, il y avait des figures de bœufs, qui environnaient la mer tout autour, dix à chaque coudée. Il y avait deux rangs de ces bœufs, qui avaient été jetés en fonte avec la mer.

4 Elle était posée sur douze bœufs ; trois desquels regardaient le septentrion, trois l’occident, trois le midi, et trois l’orient. Et la mer était dessus, et tous les derrières du corps des bœufs étaient tournés en dedans.

5 Et son épaisseur était d’une paume, et son bord était comme le bord d’une coupe à façon de fleurs de lis. Elle contenait trois mille baths.

6 Il fit aussi dix cuviers, et en mit cinq à droite et cinq à gauche, pour s’en servir à laver. On y lavait ce qui appartenait aux holocaustes ; mais la mer était pour les sacrificateurs, afin de s’y laver.

7 Il fit aussi dix chandeliers d’or, selon la façon qu’ils devaient avoir ; et il les mit au temple, cinq à droite, et cinq à gauche.

8 Il fit aussi dix tables, et il les mit au temple, cinq à droite, et cinq à gauche ; et il fit cent bassins d’or.

9 Et il fit le parvis des sacrificateurs, et le grand parvis, et les portes pour les parvis, lesquelles il couvrit d’airain.

10 Et il mit la mer au côté droit, tirant vers l’orient, du côté du midi.

11 Hiram fit aussi des chaudières, des racloirs et des bassins ; et il acheva de faire tout l’ouvrage qu’il fit au roi Salomon pour le temple de Dieu :

12 deux colonnes, et les pommeaux, et les deux chapiteaux qui étaient sur le haut des colonnes, et les deux rets pour couvrir les deux pommeaux des chapiteaux qui étaient sur le haut des colonnes,

13 et les quatre cents pommes de grenade pour les deux rets, de sorte qu’il y avait deux rangs de pommes de grenade pour chaque rets, pour couvrir les deux pommeaux des chapiteaux qui étaient au-dessus des colonnes.

14 Il fit aussi les soubassements et les cuviers pour mettre sur les soubassements ;

15 une mer et douze bœufs au-dessous.

16 Et Hiram, son père, fit d’airain poli, au roi Salomon, des chaudières, des racloirs, des fourchettes, et tous leurs meubles, pour la maison de l’Eternel.

17 Le roi les fondit dans la plaine du Jourdain, dans de la terre grasse, entre Succoth et le chemin qui tend vers Tséréda.

18 Et le roi fit tous ces ustensiles-là en si grand nombre, qu’on ne pouvait savoir le poids de l’airain.

19 Salomon fit aussi tous les ustensiles qui appartenaient au temple de Dieu, savoir, l'autel d’or, et les tables sur lesquelles on mettait les pains de proposition ;

20 et les chandeliers avec leurs lampes de fin or, pour les allumer devant l’oracle selon la coutume ;

21 et des fleurs, et des lampes, et les mouchettes d’or, qui étaient d’un or exquis ;

22 et les serpes, les bassins, les coupes et les encensoirs de fin or. Et pour ce qui est de l’entrée de la maison, les portes de dedans du lieu très saint, et les portes de la maison du temple étaient d’or.

REFLEXIONS

On doit remarquer sur ces deux chapitres que le roi Salomon, en faisant bâtir le temple, le disposa à l’égard de ses principales parties sur le modèle de l’ancien tabernacle qui avait été autrefois construit dans le désert du temps de Moïse et qu’il se conforma à ce qui avait été prescrit alors par le Seigneur. Mais il y ajouta plusieurs riches ornements et il n’épargna rien pour rendre ce temple plus magnifique qu’il se pourrait.

Quoi que ce que Salomon fit fût agréable à Dieu parce qu’il le faisait par zèle pour le service divin, il faut se souvenir que cette magnificence n’était pas ce que Dieu demandait principalement alors et qu’il l’exige encore moins des chrétiens. Tout ce qui est ordonné pour l’extérieur de la religion, c’est qu’on observe ce qu’il a établi à cet égard et que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. Du reste, le culte évangélique est intérieur et spirituel et si les chrétiens n’appliquent pas les richesses qu’ils possèdent à la pompe et à la cérémonie, ils doivent les employer à des œuvres véritablement saintes et bonnes, ce que Dieu leur a aussi recommandé très expressément.

CHAPITRE V.

Salomon commence à bâtir le temple l’an quatrième de son règne et ce bâtiment étant achevé au bout de sept ans, il y fait transporter l’arche et les vaisseaux sacrés qui étaient à Jérusalem dans le tabernacle. Il fait offrir des sacrifices et Dieu donne des marques de sa présence par la nuée qui remplit le temple.

1 Ainsi tout l’ouvrage que Salomon fit pour la maison de l’Eternel, fut achevé.

Et Salomon fit apporter ce que David son père avait consacré, avec l’argent, l’or et tous les vaisseaux, qu’il mit dans les trésors de la maison de Dieu.

2 Alors Salomon assembla à Jérusalem les anciens d’Israël, et tous les chefs des tribus, les principaux des pères des enfants d’Israël, pour emporter l’arche de l’alliance de l’Éternel, de la ville de David, qui est Sion.

3 Et tous ceux d’Israël furent assemblés vers le roi, pour la fête solennelle qui est au septième mois.

4 Tous les anciens d’Israël vinrent donc, et les Lévites portèrent l’arche.

5 Ainsi on emporta l’arche, et le tabernacle d’assignation, et tous les saints vaisseaux qui étaient dans le tabernacle ; les sacrificateurs et les Lévites les emportèrent.

6 Et le roi Salomon et toute l’assemblée d’Israël, qui s’était rendue vers lui, étaient devant l’arche, sacrifiant du gros et du menu bétail en si grand nombre, qu’on ne le pouvait nombrer ni évaluer.

7 Et les sacrificateurs apportèrent l’arche de l’alliance de l’Éternel en son lieu dans l’oracle de la maison, au lieu très saint, sous les ailes des chérubins.

8 Car les chérubins étendaient les ailes sur le lieu où devait être l’arche ; et les chérubins couvraient l’arche et ses barres par-dessus.

9 Et ils retirèrent les barres en dedans, de sorte que les bouts des barres se voyaient hors de l’arche, sur le devant de l’oracle ; mais ils ne se voyaient pas en dehors ; et elles sont demeurées là jusqu’à ce jour.

10 Il n’y avait dans l’arche que les deux tables que Moïse y avait mises à Horeb, quand l’Éternel traita alliance avec les enfants d’Israël, lorsqu’ils sortirent d’Egypte.

11 Or, comme les sacrificateurs sortaient du lieu saint (car tous les sacrificateurs qui se trouvèrent là, se sanctifièrent sans observer les départements ;

12 et les Lévites qui étaient chantres, selon tous leurs départements, tant d’Asaph que d’Héman, et de Jédithun, et de leurs fils, et de leurs frères, étant vêtus de fin lin, avec des cymbales, des lyres et des harpes, se tenaient vers l’orient de l’autel, et il y avait avec eux cent vingt sacrificateurs qui sonnaient des trompettes),

13 comme donc ils étaient ensemble avec ceux qui sonnaient des trompettes et qui chantaient et faisaient retentir leur voix d’un même accord, pour louer et pour célébrer l’Éternel, et comme ils élevaient leur voix, en jouant des trompettes, des cymbales et d’autres instruments de musique, et qu’ils louaient l’Éternel, disant : Qu’il est bon, et que sa miséricorde demeure à toujours ; il arriva que la maison de l’Éternel fût remplie d’une nuée ;

14 de sorte que les sacrificateurs ne se pouvaient tenir debout pour faire le service, à cause de la nuée ; car la gloire de l’Éternel avait rempli la maison de Dieu.

REFLEXIONS

L’arche de l’alliance étant le gage le plus précieux et le plus exprès de la présence de Dieu au milieu de son peuple, il était convenable qu’elle fût placée dans le temple que Salomon avait fait bâtir. À cause de cela, il l’y fit transporter avec tous les vaisseaux sacrés qui avaient été jusqu’alors dans le tabernacle que le roi David, son père, avait construit et il voulut que ce transport se fit d’une manière solennelle et religieuse en offrant des sacrifices et en louant Dieu par des cantiques et par le son des instruments sacrés. Ce qui se passa dans cette occasion est une preuve du zèle et de la piété de Salomon et nous montre qu’il n’y a rien qui doive nous toucher plus vivement et nous donner plus de joie que ce qui tend à la gloire de Dieu et ce qui nous procure sa protection et les effets de son amour. On voit dans cette histoire que ce qu’on fait dans ces vues lui est toujours agréable, puisqu’après que l’arche eut été posée dans le lieu très saint, Dieu donna des marques de sa présence par le moyen de la nuée qui remplit le temple et qui assurait les Israélites que le Seigneur y habitait désormais.

CHAPITRE VI.

Le roi Salomon fait la dédicace du temple de Jérusalem par une prière dans laquelle il bénit Dieu premièrement de ce qu’il avait heureusement exécuté le dessein de lui bâtir un temple. Ensuite il le prie d’exaucer les prières qui lui seraient adressées dans ce lieu-là par toutes sortes de personnes et d’y donner toujours des marques de sa présence et de sa faveur.

1 Alors Salomon dit : L’Éternel a dit qu’il habiterait dans l’obscurité ;

2 or, je t’ai bâti une maison pour ta demeure et un domicile arrêté, afin que tu y habites à jamais.

3 Et le roi, se tournant, bénit toute l’assemblée d’Israël ; car toute l’assemblée d’Israël se tenait là debout.

4 Et il dit : Béni soit l’Éternel, le Dieu d’Israël, qui a parlé de sa bouche à David mon père, et qui a aussi accompli par sa puissance ce qu’il avait promis, en disant :

5 Depuis le jour que je retirai mon peuple hors du pays d’Egypte, je n’ai choisi aucune ville d’entre toutes les tribus d’Israël, pour y bâtir une maison, afin que mon nom y fût établi ; et je n’ai point choisi d’autre homme pour être le conducteur de mon peuple d’Israël.

6 Mais j’ai choisi Jérusalem, afin que mon nom y soit ; et j’ai choisi David, afin qu’il ait le gouvernement de mon peuple d’Israël.

7 Et David mon père avait dessein de bâtir une maison au nom de l’Éternel, le Dieu d’Israël ;

8 Mais l’Éternel dit à David mon père : Quant au dessein que tu as eu de bâtir une maison à mon nom, tu as bien fait d’avoir formé ce dessein ;

9 néanmoins, tu ne bâtiras point cette maison ; mais ton fils, qui sortira de toi, sera celui qui bâtira cette maison à mon nom.

10 L’Éternel a donc accompli la parole qu’il avait prononcée ; et j’ai succédé à David mon père, et je me suis assis sur le trône d’Israël, comme l’Éternel en avait parlé ; et j’ai bâti cette maison au nom de l’Éternel, le Dieu d’Israël.

11 Et j’y ai mis l’arche, dans laquelle est l’alliance de l’Éternel, qu’il a traitée avec les enfants d’Israël.

12 Puis il se tint debout devant l’autel de l’Éternel, en la présence de toute l’assemblée d’Israël, et il étendit ses mains.

13 Car Salomon avait fait une estrade d’airain, et il l’avait mise au milieu du grand parvis, laquelle était longue de cinq coudées, large de cinq coudées, et haute de trois coudées, et il se mit dessus ; et ayant étendu ses mains vers les cieux, il dit :

14 Ô Éternel, Dieu d’Israël ! Il n’y a point de Dieu semblable à toi dans les cieux, ni sur la terre ; c’est toi qui gardes l’alliance et la miséricorde envers tes serviteurs qui marchent devant toi de tout leur cœur ;

15 qui as tenu à ton serviteur David, mon père, ce que tu lui avais promis ; et en effet, ta main a accompli ce que ta bouche lui avait prononcé, comme il paraît aujourd’hui.

16 Maintenant donc, ô Éternel, Dieu d’Israël ! tiens à ton serviteur David, mon père, ce que tu lui as dit : Tu ne manqueras jamais de successeur, qui soit assis devant ma face sur le trône d’Israël ; pourvu seulement que tes fils prennent garde à leur voie, pour marcher dans ma loi, comme tu as marché devant ma face.

17 Et maintenant, ô Éternel, Dieu d’Israël ! que ta parole que tu as prononcée à David, ton serviteur, soit ratifiée.

18 Mais serait-il vrai que Dieu habitât sur la terre avec les hommes ? Voilà, les cieux, même les cieux des cieux, ne te peuvent contenir, et combien moins cette maison que j’ai bâtie ?

19 Toutefois, ô Éternel, mon Dieu ! aie égard à la prière de ton serviteur et à sa supplication, pour entendre le cri et la prière que ton serviteur te présente :

20 C’est que tes yeux soient ouverts jour et nuit sur cette maison, qui est le lieu où tu as promis de mettre ton nom, exauçant la prière que ton serviteur te fait en ce lieu.

21 Exauce donc les supplications de ton serviteur et de ton peuple d’Israël, quand ils te feront des prières en ce lieu ; exauce-les du lieu de ta demeure, des cieux ; exauce et pardonne.

22 Si quelqu’un pèche contre son prochain, et qu’on lui défère le serment, pour faire jurer avec imprécation, et que le serment soit fait devant ton autel en cette maison,

23 exauce-les, toi, des cieux, et exécute ce que portera l’imprécation du serment, et juge tes serviteurs, en donnant au méchant son salaire, et lui rendant selon qu’il aura fait ; et en justifiant le juste, et lui rendant selon sa justice.

24 Si ton peuple d’Israël est battu par l’ennemi, parce qu’ils auront péché contre toi, et qu’ensuite ils se retournent vers toi, en réclamant ton nom et en te présentant des prières et des supplications dans cette maison,

25 exauce-les, toi, des cieux, et pardonne le péché de ton peuple d’Israël, et ramène-les dans la terre que tu as donnée à eux et à leurs pères.

26 Quand les cieux seront fermés, et qu’il n’y aura point de pluie, parce que ceux d’Israël auront péché contre toi, s’ils te prient dans ce lieu, et qu’ils réclament ton nom, et s’ils se détournent de leurs péchés, parce que tu les auras affligés,

27 Exauce-les, toi, des cieux, et pardonne le péché de tes serviteurs et de ton peuple d’Israël, après que tu leur auras enseigné le bon chemin, par lequel ils doivent marcher ; et donne de la pluie sur la terre que tu as donnée à ton peuple pour son héritage.

28 Quand il y aura de la famine au pays, ou de la mortalité ; quand les blés seront brûlés, ou que la nielle, les sauterelles et les vermisseaux les gâteront ; même quand leurs ennemis les assiégeront jusque dans leur propre pays, ou qu’il y aura quelque plaie, ou quelque maladie ;

29 quelque prière, et quelque supplication que te fasse quelque homme que ce soit de tout ton peuple d’Israël, selon qu’ils auront reconnu chacun sa plaie et sa douleur, et que chacun aura étendu ses mains vers cette maison,

30 alors exauce-les, toi, des cieux, du domicile arrêté de ta demeure, et pardonne, et rends à chacun selon toutes ses œuvres, selon que tu auras connu son cœur, car toi seul connais le cœur des hommes ;

31 afin qu’ils te craignent, pour marcher dans tes voies, tout le temps qu’ils vivront sur la terre que tu as donnée à nos pères.

32 Ecoute aussi l’étranger qui ne sera pas de ton peuple d’Israël, mais qui sera venu d’un pays éloigné, à cause de ton nom qui est grand, et de ta main forte, et de ton bras étendu. Quand donc il sera venu, et qu’il te priera dans cette maison,

33 exauce-le, toi, des cieux, du domicile arrêté de ta demeure, et fais tout ce que cet étranger t’aura prié de faire ; afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom, et qu’ils te craignent comme ton peuple d’Israël, et qu’ils connaissent que ton nom est réclamé sur cette maison que j’ai bâtie.

34 Quand ton peuple sera sorti en guerre contre ses ennemis, par le chemin par lequel tu les auras envoyés ; s’il te prie en regardant vers cette ville que tu as choisie, et vers cette maison que j’ai bâtie à ton nom,

35 alors, exauce des cieux leur prière et leur supplication, et soutiens leur droit.

36 Quand ils auront péché contre toi (car il n’y a point d’homme qui ne pèche) et qu’étant en colère contre eux, tu les auras livrés entre les mains de leurs ennemis, et que ceux qui les auront pris les auront emmenés captifs en quelque pays, soit loin, soit près ;

37 si dans le pays où ils auront été menés captifs, ils reviennent à eux-mêmes, et que, se repentant, ils te supplient dans le pays de leur captivité, disant : Nous avons péché, nous avons fait l’iniquité, et nous avons agi perfidement ;

38 s’ils retournent à toi de tout leur cœur et de toute leur âme, étant au pays de leur captivité où on les aura menés captifs, et s’ils t’adressent leurs prières, en regardant vers leur pays que tu as donné à leurs pères, et vers cette ville que tu as choisie, et vers cette maison que j’ai bâtie à ton nom,

39 exauce des cieux, du domicile arrêté de ta demeure, leurs prières et leurs supplications, et soutiens leur droit, et pardonne à ton peuple qui aura péché contre toi.

40 Maintenant, ô mon Dieu ! je te prie que tes yeux soient ouverts, et que tes oreilles soient attentives à la prière qu’on te fera en ce lieu !

41 Maintenant donc, ô Éternel, mon Dieu ! lève-toi pour entrer en ton repos, toi et l’arche de ta force. Éternel Dieu ! que tes sacrificateurs soient revêtus de salut, et que tes bien-aimés se réjouissent du bien que tu leur auras fait !

42 Ô Éternel mon Dieu ! ne rebute point ton oint, et souviens-toi des bontés dont tu as usé envers David ton serviteur.

REFLEXIONS

La première chose qu’on remarque dans la prière que Salomon prononça à la dédicace du temple c’est la vive reconnaissance dont il était pénétré de ce que Dieu avait accompli les promesses qu’il avait faites à David son père.

On découvre ensuite dans cette prière de beaux sentiments de religion et de piété. Il paraît que ce prince savait que Dieu est partout et que sa majesté remplit les cieux et la terre et qu’ainsi il ne croyait pas que Dieu dût être renfermé dans cette maison qu’on lui consacrait.

Nous voyons de plus ici que, quoi que Salomon eût fait bâtir le temple avec une grande somptuosité et que le service divin y fut célébré avec pompe, il n’avait pas la pensée que cette magnificence fût agréable à Dieu par elle-même, non plus qu’un service purement extérieur. Mais il regardait le temple comme un lieu destiné principalement à la prière et où les Israélites viendraient offrir à Dieu leurs supplications dans leurs divers besoins et surtout dans les adversités et dans les calamités que Dieu leur enverrait pour les punir de leurs péchés.

Cela nous apprend que l’invocation du nom de Dieu est la plus importante partie de son service et que c’est à la prière que nous devons avoir recours, soit dans les afflictions générales, soit dans toutes nos autres nécessités.

Enfin, ce que Salomon dit dans cette occasion solennelle nous enseigne que Dieu exauce du Ciel ceux qui s’adressent à lui dans leurs besoins, pourvu qu’ils le fassent avec une humble et sincère confession de leurs péchés et dans les dispositions d’un véritable amendement.

CHAPITRE VII.

Salomon ayant achevé sa prière, Dieu donna de nouvelles marques de sa présence par le feu qui tomba du ciel sur les sacrifices et par la nuée qui remplit le temple. Après la fête de la dédicace, on célébra celle des tabernacles. Ensuite Dieu apparut encore à Salomon, lui promettant d’habiter dans le temple et d’affermir son règne, si lui et le peuple lui obéissaient et menaçant au contraire de détruire les Israélites et le temple même s’ils abandonnaient son service.

1 Dès que Salomon eut achevé de faire sa prière, le feu descendit des cieux et consuma l’holocauste et les autres sacrifices ; et la gloire de l’Éternel remplit le temple.

2 Et les sacrificateurs ne pouvaient entrer dans la maison de l’Éternel, parce que la gloire de l’Éternel avait rempli sa maison.

3 Et tous les enfants d’Israël voyant comment le feu descendait, et comment la gloire de l’Éternel était sur la maison, se courbèrent le visage en terre sur le pavé, et se prosternèrent, et célébrèrent l’Éternel, disant : Qu’il est bon, et que sa miséricorde demeure éternellement.

4 Or, le roi et tout le peuple offraient des sacrifices devant l’Éternel.

5 Et en effet, le roi Salomon offrit un sacrifice de vingt-deux mille taureaux, et cent vingt mille brebis. Ainsi le roi et tout le peuple dédièrent la maison de Dieu.

6 Et les sacrificateurs se tenaient là faisant leurs fonctions, et les Lévites avec les instruments de musique de l’Éternel, que le roi David avait faits pour célébrer l’Éternel, en disant : Que sa miséricorde demeure éternellement ; louant Dieu par les cantiques de David, avec les instruments qu’ils avaient dans leurs mains ; les sacrificateurs aussi sonnaient des trompettes vis-à-vis d’eux, et tout Israël était debout.

7 Et Salomon consacra le milieu du parvis, qui était devant la maison de l’Éternel ; car il offrit là les holocaustes et les graisses des sacrifices de prospérités, parce que l’autel d’airain qu’il avait fait ne pouvait contenir les holocaustes, et les gâteaux et les graisses.

8 En ce temps-là donc, Salomon célébra une fête solennelle pendant sept jours, avec tout Israël. Il y avait une fort grande assemblée qui y était venue depuis qu’on entre à Hamath jusqu’au torrent d’Égypte.

9 Et au huitième jour, ils firent une assemblée solennelle ; car ils célébrèrent la dédicace de l’autel pendant sept jours, et ils y firent la fête solennelle pendant sept autres jours.

10 Et au vingt-troisième jour du septième mois, il renvoya le peuple dans ses tentes, qui se réjouissait et avait le cœur plein de joie, à cause du bien que l’Éternel avait fait à David, à Salomon, et à Israël son peuple.

11 Salomon donc acheva la maison de l’Éternel et la maison royale ; et il réussit dans tout ce qu’il avait eu dessein de faire dans la maison de l’Éternel et dans la sienne.

12 Et l’Éternel apparut à Salomon de nuit, et lui dit : J’ai exaucé ta prière, et je me suis choisi ce lieu pour une maison de sacrifices.

13 Si je ferme les cieux, et qu’il n’y ait point de pluie, et si je commande aux sauterelles de consumer la terre, et si j’envoie la mortalité parmi mon peuple ;

14 et que mon peuple, sur lequel mon nom est réclamé, s’humilie, et prie, et recherche ma face, et se détourne de son mauvais train, alors je l’exaucerai des cieux, je pardonnerai leurs péchés, et je guérirai leur pays.

15 Mes yeux seront désormais ouverts, et mes oreilles seront attentives à la prière qu’on fera dans ce lieu.

16 Car j’ai choisi maintenant et j’ai sanctifié cette maison, afin que mon nom y soit à toujours ; mes yeux et mon cœur seront toujours là.

17 Et pour toi, si tu marches devant moi comme David ton père a marché, faisant tout ce que je t’ai commandé, et si tu gardes mes statuts et mes ordonnances,

18 Alors j’affermirai le trône de ton royaume, comme je l’ai promis à David ton père, en lui disant : Il ne te manquera point de successeur qui règne en Israël.

19 Mais si vous vous détournez, et que vous abandonniez mes statuts et mes commandements que je vous ai proposés, et que vous vous en alliez et serviez d’autres dieux, et vous prosterniez devant eux,

20 je les arracherai de ma terre que je leur ai donnée, je rejetterai loin de moi cette maison que j’ai consacrée à mon nom, et je ferai qu’elle sera l’objet de la raillerie de tous les peuples.

21 Et pour ce qui est de cette maison qui aura été haut élevée, quiconque passera près d’elle sera étonné, et on dira : Pourquoi l’Éternel a-t-il ainsi traité ce pays et cette maison ?

22 Et on répondra : Parce qu’ils ont abandonné l’Éternel, le Dieu de leurs pères, qui les avait retirés hors du pays d’Égypte, et qu’ils se sont attachés à d’autres dieux, et qu’ils se sont prosternés devant eux, et les ont servis ; c’est pour cela qu’il a fait venir sur eux tous ces maux.

REFLEXIONS

Ce qu’il faut observer sur la première partie de ce chapitre, c’est que quoi qu’il n’y ait plus de lieu où Dieu habite comme il habitait autrefois dans le temple de Jérusalem et où l’on voie des marques sensibles et miraculeuses de sa présence comme l’on en vit autrefois dans la dédicace de ce temple, nous devons cependant croire qu’il est présent partout où on l’invoque sincèrement et que les prières qui lui sont adressées dans les assemblées religieuses lui sont très agréables, de quoi Jésus-Christ nous assure en disant : Que là où deux ou trois personnes seront assemblées en son nom, il y sera au milieu d’elles.

On voit dans la seconde partie de ce chapitre que Dieu apparut une seconde fois à Salomon, qu’il lui réitéra les promesses qu’il avait faites de sa protection tant sur la ville et le temple de Jérusalem que sur sa famille et sur ses sujets si lui et son peuple lui étaient fidèles, mais qu’il le menaça aussi de les rejeter et d’abandonner ce lieu qui venait de lui être consacré s’il leur arrivait de tomber dans la désobéissance et dans l’idolâtrie. Tout cela tendait à affermir Salomon dans les bons sentiments où il était alors et c’est ainsi que Dieu se sert des moyens les plus propres pour engager les hommes à le craindre. Il emploie surtout pour cela les promesses et les menaces et il les exécute aussi infailliblement en bénissant ceux qui gardent ses commandements et en abandonnant ceux qui se rebellent contre lui.

Les Juifs en firent l’expérience lorsque Dieu les livra à leurs ennemis et que le temple de Jérusalem, que Salomon avait bâti avec tant de magnificence et dédié d’une manière si solennelle et si religieuse, fut pris et brûlé par les Caldéens au bout d’environ quatre cent vingt ans.

CHAPITRE VIII.

Le roi Salomon bâtit des villes et des forteresses, il rend divers peuples tributaires, il donne des emplois aux Israélites ses sujets, il loge la reine son épouse dans le palais qu’il lui avait bâti, il présente à Dieu des sacrifices solennels, il fait observer l’ordre que David son père avait établi pour le service de Dieu et il fait équiper une flotte pour aller quérir de l’or à Ophir.

1 Il arriva, au bout des vingt ans pendant lesquels Salomon bâtit la maison de l’Éternel, et la sienne,

2 qu’il bâtit aussi les villes que Hiram lui avait données, et y fit habiter des enfants d’Israël.

3 Puis Salomon s’en alla à Hamath de Tsoba, et la conquit.

4 Salomon bâtit aussi Tadmor au désert, et toutes les villes fortifiées qu’il bâtit à Hamath.

5 Et il bâtit aussi Beth-Horon la haute, et Beth-Horon la basse, villes fortes de murailles, de portes et de barres ;

6 et Banalath, et toutes les villes fortifiées qu’eut Salomon, et toutes les villes où il tenait ses chariots, et les villes où il tenait ses gens de cheval, et tout ce que Salomon prit plaisir de bâtir à Jérusalem, et au Liban, et dans tout le pays de sa domination.

7 Et quant à tout le peuple qui était resté des Héthiens, des Amorrhéens, des Phérésiens, des Héviens et des Jébusiens, qui n’étaient point d’Israël ;

8 d’entre leurs descendants qui étaient restés après eux dans le pays, et que les enfants d’Israël n’avaient pas entièrement détruits, Salomon les rendit tributaires, et ils l’ont été jusqu’à ce jour.

9 Mais Salomon ne souffrit point que les enfants d’Israël fussent asservis pour faire son ouvrage ; mais ils étaient gens de guerre, et principaux chefs de ses capitaines, et les chefs de ses chariots et de sa cavalerie.

10 Il y en avait aussi deux cent cinquante, qui étaient les principaux chefs de ceux qui étaient établis sur les ouvrages du roi Salomon, qui avaient l’intendance sur le peuple.

11 Or, Salomon fit monter la fille de Pharaon, de la cité de David dans la maison qu’il lui avait bâtie ; car il dit : Ma femme n’habitera point dans la maison de David, roi d’Israël, parce que les lieux auxquels l’arche de l’Éternel est entrée, sont saints.

12 Alors Salomon offrit des holocaustes à l’Éternel, sur l’autel de l’Éternel, qu’il avait bâti vis-à-vis du vestibule.

13 Et il offrait des sacrifices, selon qu’il échoyait chaque jour, et selon le commandement de Moïse, dans les sabbats, les nouvelles lunes, et les fêtes solennelles, trois fois l’année ; savoir, dans la fête solennelle des pains sans levain, dans la fête solennelle des semaines, et dans la fête solennelle des tabernacles.

14 Et il établit, comme David son père l’avait ordonné, les départements des sacrificateurs selon leur ministère, et les Lévites selon leurs charges, afin qu’ils louassent Dieu et fissent le service en présence des sacrificateurs, selon l’office de chaque jour. Il établit aussi les portiers dans leurs départements à chaque porte ; car tel avait été le commandement de David, homme de Dieu.

15 Et on ne se détourna point du commandement du roi, dans ce qui regardait les sacrificateurs et les Lévites, ni dans toute autre affaire, ni dans ce qui regardait les trésors.

16 Et tout l’ouvrage de Salomon était préparé, depuis le jour que la maison de l’Éternel fut fondée, jusqu’à ce qu’elle fût achevée. Et quand la maison de l’Éternel fut achevée,

17 alors Salomon alla à Hetsjon-Guéber et à Eloth, sur le bord de la mer, qui est au pays de l’Idumée.

18 Et Hiram lui envoya, sous la conduite de ses serviteurs, des navires, et de ses serviteurs expérimentés dans la marine, qui s’en allèrent avec les serviteurs de Salomon à Ophir, et qui rapportèrent de là quatre cent cinquante talents d’or, et les apportèrent au roi Salomon.

REFLEXIONS

Après que Salomon eut dédié le temple, il pourvut au bien et à la sûreté de son royaume et de ses sujets. Il eut soin, outre cela, de faire en sorte que le service divin fut célébré régulièrement et d’une manière convenable selon que Dieu l’avait ordonné.

C’est ainsi que les rois que Dieu a honoré de sa connaissance doivent procurer le bonheur de leurs peuples et surtout faire fleurir la religion. Dieu bénit les princes qui en usent de la sorte. Il donna d’heureux succès aux bons desseins de Salomon et il affermit et étendit même sa domination en lui assujettissant les peuples voisins et en augmentant ses revenus et ses richesses.

CHAPITRE IX.

On voit ici : I. L’arrivée de la reine de Scéba à Jérusalem. II. Une description des richesses de Salomon. III. Sa mort.

1 La reine de Scéba ayant entendu la réputation de Salomon, vint à Jérusalem pour éprouver Salomon par des questions obscures, avec un fort grand train, et avec des chameaux qui portaient des choses aromatiques et une grande quantité d’or et de pierres précieuses ; et étant venue à Salomon, elle lui parla de tout ce qu’elle avait dans le cœur.

2 Et Salomon lui expliqua tout ce qu’elle proposa ; et il n’y eut rien que Salomon n’entendît et ne lui expliquât.

3 Alors la reine de Scéba voyant la sagesse de Salomon et la maison qu’il avait bâtie,

4 et les mets de sa table, les logements de ses serviteurs, l’ordre de service de ses officiers, leurs vêtements, ses échansons et leurs vêtements, et la montée par laquelle il montait dans la maison de l’Éternel, elle fut toute ravie en elle-même ;

5 et elle dit au roi : Ce que j’ai appris dans mon pays, de ton état et de ta sagesse, est véritable ;

6 et je n’ai point cru ce qu’on en disait, jusqu’à ce que je sois venue, et que mes yeux l’aient vu ; et voici, on ne m’avait pas rapporté la moitié de la grandeur de ta sagesse ; tu surpasses ce que j’en avais appris de la renommée.

7 Oh ! qu’heureux sont tes gens ! qu’heureux sont tes serviteurs qui se tiennent continuellement devant toi et qui entendent ta sagesse !

8 Béni soit l’Éternel ton Dieu, qui t’a eu pour agréable, pour te mettre sur son trône, afin que tu sois roi pour l’Éternel ton Dieu ! C’est parce que ton Dieu aime Israël, pour le faire subsister à jamais, qu’il t’a établi roi sur eux, afin que tu rendes le droit et la justice.

9 Et elle donna au roi cent vingt talents d’or, et une grande abondance de choses aromatiques et de pierres précieuses ; et jamais il n’y eut depuis, à Jérusalem, de telles choses aromatiques, que celles que la reine de Scéba donna au roi Salomon.

10 Et les serviteurs de Hiram, et les serviteurs de Salomon, qui avaient apporté de l’or d’Ophir, apportèrent du bois d’Algummim, et des pierres précieuses.

11 Et le roi fit de ce bois d’Algummim les balustrades de la maison de l’Éternel et de la maison royale ; il en fit aussi des guitares et des harpes, ou des lyres pour les chantres. On n’avait point vu de ce bois auparavant dans le pays de Juda.

12 Et le roi Salomon donna à la reine de Scéba tout ce qu’elle souhaita et qu’elle lui demanda, et plus que ce qu’elle avait apporté au roi ; et elle s’en retourna, et revint en son pays, elle et ses serviteurs.

13 Le poids de l’or qui revenait à Salomon chaque année, était de six cent soixante-six talents d’or ;

14 sans ce qui lui revenait des facteurs des marchands en gros, et sans ce que lui apportaient les marchands qui vendaient en détail ; et tous les rois d’Arabie et les gouverneurs de ces pays-là apportaient de l’or et de l’argent à Salomon.

15 Le roi Salomon fit aussi deux cents boucliers d’or étendu au marteau, employant six cents pièces d’or étendu au marteau pour chaque bouclier ;

16 et trois cents boucliers plus petits, d’or aussi étendu au marteau, employant trois cents pièces d’or pour chaque bouclier ; et le roi les mit dans la maison du parc du Liban.

17 Et le roi fit un grand trône d’ivoire, qu’il couvrit d’or pur ;

18 et ce trône avait six degrés, et un marchepied d’or, attaché au trône, et des accoudoirs de côté et d’autre du siège, et deux lions près des accoudoirs.

19 Il y avait aussi douze lions sur les six degrés du trône de côté et d’autre. Il ne s’en était point fait de tel dans aucun royaume.

20 Et toute la vaisselle du buffet du roi Salomon était d’or, et toute la vaisselle de la maison du parc du Liban était de fin or ; il n’y en avait point d’argent ; l’argent n’était point estimé du temps de Salomon.

21 Car les navires du roi allaient à Tarscis avec les serviteurs de Hiram ; et les navires de Tarscis revenaient en trois ans une fois, apportant de l’or, de l’argent, des éléphants, des singes et des paons.

22 Ainsi le roi Salomon fut plus grand que tous les rois de ces pays-là, tant en richesses qu’en sagesse.

23 Et tous les rois de ces pays-là cherchaient à voir Salomon, pour entendre la sagesse que Dieu lui avait mise dans le cœur.

24 Et chacun d’eux lui apportait chaque année son présent, savoir, des vases d’argent, des vases d’or, des habits, des armes, des choses aromatiques, des chevaux et des mulets.

25 Salomon avait aussi quatre mille écuries, et des chevaux, et des chariots, et douze mille hommes de cheval, qu’il mit dans les villes où il tenait ses chariots, et auprès du roi dans Jérusalem.

26 Et il dominait sur tous les rois, depuis le fleuve d’Euphrate, jusqu’au pays des Philistins, et jusqu’à la frontière d’Egypte.

27 Et le roi fit que l’argent était aussi commun à Jérusalem que les pierres, et les cèdres que les figuiers sauvages qui sont dans les plaines, tant il y en avait.

28 Et on tirait des chevaux d’Egypte pour Salomon, et de tous les pays.

29 Le reste des actions de Salomon, tant les premières que les dernières, n’est-il pas écrit dans le livre de Nathan le prophète et dans la prophétie d’Ahija Scilonite, et dans la vision de Jeddo le Voyant, touchant Jéroboam, fils de Nébat ?

30 Et Salomon régna quarante ans à Jérusalem sur tout Israël ;

31 puis il s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit dans la cité de David son père, et Roboam son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

L’arrivée de la reine de Scéba qui vint à Jérusalem y étant attirée par le bruit de la magnificence et de la sagesse de Salomon fait voir que la réputation de ce prince était très grande et ce voyage servit même à l’augmenter, en quoi Salomon devait reconnaître la vérité des promesses que Dieu lui avait faites. Il est à remarquer après cela que cette reine bénit Dieu de ce qu’il avait fait monter Salomon sur le trône et qu’elle reconnut que c’était Dieu qui avait donné en sa grâce ce prince au peuple d’Israël. Ainsi la venue de la reine de Scéba put servir à lui donner, et à ses sujets, quelque connaissance du vrai Dieu.

Mais la principale réflexion que les chrétiens doivent faire sur cette histoire est celle que notre Seigneur propose dans l’Évangile lorsque, parlant de ceux qui avaient ouï la prédication de l’Évangile et vu ses miracles, il dit : La reine de Midi s’élèvera en jugement contre cette nation et la condamnera parce qu’elle vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon ; et il y a ici plus que Salomon.

Il paraît enfin de ce chapitre que Dieu, selon ses promesses, accorda au roi Salomon, avec cette sagesse extraordinaire qu’on admirait en lui, des richesses et une puissance qui le distinguaient de tous les princes voisins. Cela devait l’obliger à lui en témoigner sa reconnaissance pendant toute sa vie, mais il abusa de ces avantages au bout de quelque temps, ces richesses le corrompirent, et corrompirent aussi ses sujets et ce fut ce qui attira sur eux les jugements dont Dieu les avait menacés.

L’abondance et la paix sont ordinairement funestes aux hommes et l’ingratitude où ils tombent envers Dieu est ce qui l’engage à les en priver et à les punir.

CHAPITRE X.

Salomon étant mort et Roboam son fils lui ayant succédé, dix tribus d’Israël se révoltent de son obéissance et s’établissent Jéroboam pour roi.

1 Et Roboam vint à Sichem, parce que tout Israël était venu à Sichem pour l’établir roi.

2 Or il arriva que, quand Jéroboam, fils de Nébat, qui était en Egypte, où il s’était fui de devant le roi Salomon, l’eut appris, il revint d’Egypte.

3 Car on l’avait envoyé appeler. Ainsi Jéroboam et tout Israël vinrent et parlèrent à Roboam, disant :

4 Ton père a mis sur nous un pesant joug ; mais toi, allège maintenant cette rude servitude de ton père, et ce pesant joug que ton père a mis sur nous ; et nous te servirons.

5 Et il leur répondit : Retournez vers moi dans trois jours ; et le peuple s’en alla.

6 Et le roi Roboam demanda conseil aux vieillards qui avaient été auprès de Salomon son père lorsqu’il vivait, et il leur dit : Quelle réponse me conseillez-vous de faire à ce peuple ?

7 Et ils lui répondirent, disant : Si tu traites doucement ce peuple, que tu aies de la complaisance pour eux, et que tu leur donnes de bonnes paroles, ils seront toujours tes serviteurs.

8 Mais il laissa le conseil que les vieillards lui avaient donné, et demanda conseil aux jeunes gens qui avaient été nourris avec lui, et qui étaient auprès de lui.

9 Et il leur dit : Que me conseillez-vous de répondre à ce peuple qui m’a parlé et qui m’a dit : Allège le joug que ton père a mis sur nous ?

10 Alors les jeunes gens qui avaient été nourris avec lui, lui répondirent, disant : Tu diras ainsi à ce peuple qui t’a parlé et qui t’a dit : Ton père a mis sur nous un pesant joug ; mais toi, allège-le ; tu leur répondras ainsi : Ce qui est le plus petit en moi est plus gros que les reins de mon père.

11 Mon père a imposé sur vous un pesant joug, mais moi je rendrai votre joug encore plus pesant ; mon père vous a châtiés avec des verges ; mais moi je vous châtierai avec des fouets garnis de pointes.

12 Trois jours après, Jéroboam avec tout le peuple vint vers Roboam, comme le roi le leur avait dit, disant : Retournez vers moi dans trois jours.

13 Mais le roi leur répondit rudement ; car le roi Roboam ne suivit point le conseil des vieillards.

14 Et il leur parla selon que les jeunes gens lui avaient conseillé, et il leur dit : Mon père a mis sur vous un pesant joug ; mais moi, je rendrai votre joug encore plus pesant ; mon père vous a châtiés avec des verges ; mais moi, je vous châtierai avec des fouets garnis de pointes.

15 Le roi donc n’écouta point le peuple, car cela était dispensé de la part de Dieu, afin que l’Eternel ratifiât la parole qu’il avait prononcée par Ahija, Scilonite, à Jéroboam fils de Nébat.

16 Et quand tout Israël eut vu que le roi ne les avait point écoutés, le peuple répondit au roi, disant : Quelle part avons-nous avec David ? Nous n’avons point d’héritage avec le fils d’Isaï. Israël, que chacun se retire en ses tentes ! Maintenant, David, pourvois à ta maison. Ainsi tout Israël s’en alla dans ses tentes.

17 Mais pour ce qui est des enfants d’Israël qui habitaient dans les villes de Juda, Roboam régna sur eux.

18 Alors le roi Roboam envoya Hadoram, qui était commis sur les tributs ; mais les enfants d’Israël l’assommèrent de pierres, et il mourut, et le roi Roboam se hâta de monter sur un chariot, et il s’enfuit à Jérusalem.

19 Ainsi Israël se rebella contre la maison de David, ce qui a duré jusqu’à ce jour.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous apprend que, des douze tribus d’Israël sur lesquelles Salomon et David son père avaient régné, il y en eut dix qui se révoltèrent contre Roboam, fils de Salomon, de sorte qu’il n’y en eut que deux qui demeurassent sous l’obéissance des descendants de David et que les dix autres s’établirent un roi, savoir Jéroboam, et formèrent un royaume séparé. Ce fut là un événement remarquable et on peut recueillir du récit qui en est fait dans ce chapitre que ce fut là le fruit du mauvais conseil que les jeunes conseillers de Roboam lui donnèrent en l’engageant à traiter avec rigueur le peuple qui lui demandait quelque soulagement.

Par où l’on peut voir que les conseils violents et imprudents, tels que sont ordinairement ceux des personnes qui manquent d’âge et d’expérience, sont funestes à ceux qui les suivent et peuvent même exposer les états à de grands maux.

Mais ce qu’il faut surtout considérer, c’est que la révolte des dix tribus fut la punition de l’idolâtrie et des péchés de Salomon qui subsistaient encore sous Roboam son fils. L’histoire sainte remarque : Que tout cela était conduit par le Seigneur, afin d’accomplir les paroles qu’il avait prononcées par le prophète Ahija, lequel avait prédit que dix tribus seraient séparées du royaume d’Israël et que Jéroboam règnerait sur elles.

Cette prédiction ne tarda pas à s’accomplir. Dieu punit par ce moyen les péchés des descendants de David et ceux de tout le peuple et ce fut la persévérance dans ces mêmes péchés qui causa enfin la dernière ruine, tant du royaume de Juda que de celui d’Israël.

CHAPITRE XI.

Roboam, voulant faire la guerre aux dix tribus qui s’étaient rebellées contre lui, abandonne son entreprise sur la défense que Dieu lui fit faire par un prophète de l’exécuter. Il pourvoit à la sûreté de son royaume et bâtit plusieurs forteresses. Les sacrificateurs et les Lévites qui étaient dans le royaume des dix tribus se retirèrent vers Roboam à Jérusalem avec plusieurs autres personnes à cause de l’idolâtrie que Jéroboam avait introduite. Roboam prend plusieurs femmes et il lui naît un grand nombre d’enfants.

1 Et Roboam vint à Jérusalem, et il assembla la maison de Juda et de Benjamin, savoir, cent quatre-vingt mille hommes choisis et faits à la guerre, pour combattre contre Israël, et pour réduire le royaume à son obéissance.

2 Mais la parole de l’Eternel fut adressée à Scémahja, homme de Dieu, et il lui dit :

3 Parle à Roboam, fils de Salomon, roi de Juda, et à tous ceux d’Israël, qui sont en Juda et en Benjamin, et dis-leur :

4 Ainsi a dit l’Eternel : Vous ne monterez point, et vous ne combattrez point contre vos frères ; retournez-vous-en chacun dans sa maison, car ceci a été fait par moi. Et ils obéirent à la parole de l'Eternel, et s’en retournèrent sans aller contre Jéroboam.

5 Ainsi Roboam demeura à Jérusalem, et il bâtit des villes en Juda pour forteresses.

6 Il bâtit Bethléhem, Hétam, Tékoah,

7 Beth-Sur, Soco, Hadullam,

8 Gath, Maresça, Ziph,

9 Adorajim, Lakis, Hazéka,

10 Tsorha, Ajalon et Hébron, qui étaient des villes de forteresses, en Juda et en Benjamin.

11 Il fortifia donc ces forteresses-là, et il y mit des gouverneurs et des provisions de vivres, d’huile et de vin.

12 Et il mit en chaque ville des boucliers et des javelines, et il les fortifia bien. Ainsi Juda et Benjamin fut à lui.

13 Or, les sacrificateurs et les Lévites, qui étaient dans tout Israël, se rangèrent vers lui, de toutes leurs contrées ;

14 car les Lévites abandonnèrent leurs faubourgs et leurs possessions, et vinrent à Juda et à Jérusalem, parce que Jéroboam et ses fils les avaient chassés, afin qu’ils ne servissent plus de sacrificateurs à l’Éternel.

15 Car Jéroboam s’était établi des sacrificateurs pour les hauts lieux, pour les démons et pour les veaux qu’il avait faits.

16 Et après eux, ceux d’entre toutes les tribus d’Israël qui s’étaient appliqués à chercher l’Éternel, le Dieu d’Israël, vinrent à Jérusalem pour sacrifier à l’Éternel, le Dieu de leurs pères.

17 Et ils fortifièrent le royaume de Juda, et ils affermirent Roboam, fils de Salomon, pendant trois ans ; car on suivit les voies de David et de Salomon pendant trois ans.

18 Or, Roboam prit pour femme Mahalath, fille de Jérimoth, fils de David ; et aussi Abihaïl, fille d’Eliab, fils d’Isaï ;

19 qui lui enfanta ces fils, Jéhus, Scémarja et Zaham.

20 Et après elle, il prit Mahaca, fille d’Absçalom, qui lui enfanta Abija, Hattaï, Zizi et Scélomith.

21 Mais Roboam aima Mahaca, fille d’Absçalom, par-dessus toutes ses femmes et ses concubines ; car il avait pris dix-huit femmes et soixante concubines, dont il eut vingt-huit fils et soixante filles.

22 Et Roboam établit pour chef Abija, fils de Mahaca, afin qu’il fût le chef par-dessus ses frères ; son intention était de le faire roi.

23 Et il le faisait instruire, et il dispersa tous ses fils par toutes les contrées de Juda et de Benjamin, savoir, par toutes les villes fortes, et il leur donna abondamment de quoi vivre, et il demanda pour eux beaucoup de femmes.

REFLEXIONS

Dieu ne voulut pas que Roboam fît la guerre aux dix tribus révoltées, tant parce que la volonté du Seigneur était que ces tribus fussent séparées du royaume de Juda et qu’elles fissent un royaume à part, que parce que les Israélites des dix tribus étaient les frères de ceux de Juda.

D’où nous pouvons recueillir que quand Dieu trouve à propos de nous châtier en permettant certains événements, nous devons y acquiescer et qu’on doit éviter de faire la guerre à ceux avec qui l’on est uni par les liens de la nature et surtout par ceux de la religion, ce qui serait encore plus criminel dans les chrétiens qu’il ne l’eût été dans les Juifs.

Ce qui mérite après cela notre attention dans ce chapitre, c’est que Jéroboam chassa les sacrificateurs et les Lévites de son royaume parce qu’ils ne voulurent pas consentir à l’idolâtrie qu’il y avait établie, en quoi il donna une nouvelle preuve de son impiété et de son ingratitude envers Dieu qui l’avait élevé sur le trône. Les ministres du Seigneur, de leur côté, donnèrent alors un bel exemple de zèle et de fermeté, puisqu’ils aimèrent mieux quitter leurs maisons et leurs possessions, que de demeurer dans un pays où l’idolâtrie était publiquement exercée, en quoi ils furent imités par un grand nombre d’Israélites qui vinrent à Jérusalem avec eux.

Il faut toujours s’éloigner des lieux où l’on ne peut pas servir Dieu purement et avec liberté et préférer l’avantage de le servir à toutes les commodités de la vie. Mais surtout, les ministres de la religion doivent être les premiers à s’acquitter de ce devoir et marquer en toutes occasions un zèle et un attachement inviolable pour la gloire de Dieu et pour son service. Après cela, cette retraite des sacrificateurs, des Lévites et des Israélites qui abandonnèrent ainsi leurs demeures, servit à affermir le règne de Roboam et cela devait l’engager à maintenir la vraie religion, mais ce prince ingrat abandonna Dieu au bout de trois ans et devint idolâtre. Il marqua de plus son impiété en prenant ce grand nombre de femmes qu’il eut, ce que Dieu avait défendu dans sa loi aux rois de son peuple. Et ce fut aussi par là qu’il attira sur lui et sur son royaume les jugements de Dieu.

CHAPITRE XII.

Roboam et ses sujets étant tombés dans l’idolâtrie et dans plusieurs autres crimes, Dieu, pour les punir, envoya contre eux Scisçak, roi d’Égypte, qui prit diverses villes de Juda. Mais Roboam et les principaux s’étant humiliés ensuite des remontrances du prophète Scémahja, Dieu ne permit pas à Scisçak de les détruire et ce roi se retira après avoir pris les trésors du temple et de la maison royale. Roboam meurt ayant régné dix-sept ans et Abija, son fils, lui succéda.

1 Dès que le royaume de Roboam fut établi et fortifié, il abandonna la loi de l’Éternel, et tout Israël avec lui.

2 C’est pourquoi il arriva que la cinquième année du roi Roboam, Scisçak, roi d’Égypte, monta contre Jérusalem (parce qu’ils avaient péché contre l’Éternel),

3 avec mille deux cents chariots et soixante mille hommes de cheval, et le peuple qui était venu avec lui d’Égypte était sans nombre, savoir, les Libyens, les Sukiens et les Ethiopiens.

4 Et il prit les villes fortes qui appartenaient à Juda, et vint jusqu’à Jérusalem.

5 Alors Scémahja le prophète vint vers Roboam et vers les principaux de Juda, qui s’étaient assemblés à Jérusalem, à cause de Scisçak, et leur dit : Ainsi a dit l’Éternel : Vous m’avez abandonné, c’est pourquoi aussi je vous ai abandonnés entre les mains de Scisçak.

6 Alors les principaux d’Israël et le roi s’humilièrent et dirent : L’Éternel est juste !

7 Et quand l’Éternel eut vu qu’ils s’étaient humiliés, la parole de l’Éternel fut adressée à Scémahja, et il lui dit : Ils se sont humiliés, je ne les détruirai point ; mais je leur donnerai dans peu de temps quelque moyen d’échapper, et mon courroux ne se répandra point sur Jérusalem par Scisçak.

8 Toutefois, ils lui seront asservis, afin qu’ils sachent ce que c’est que de me servir, et que d’être dans la servitude des royaumes de la terre.

9 Scisçak donc, roi d’Égypte, monta contre Jérusalem, et prit les trésors de la maison de l’Éternel, et les trésors de la maison royale ; il prit tout ; il prit aussi les boucliers d’or que Salomon avait faits.

10 Et le roi Roboam fit des boucliers d’airain, au lieu de ceux-là, et il les mit entre les mains des capitaines des archers qui gardaient la porte de la maison du roi.

11 Et quand le roi entrait dans la maison de l’Éternel, les archers venaient, et les portaient ; puis ils les rapportaient dans la chambre des archers.

12 Parce donc qu’il s’humilia, la colère de l’Éternel se détourna de lui, de sorte qu’il ne les détruisit pas entièrement ; car il y avait quelque chose de bon en Juda.

13 Ainsi le roi Roboam se fortifia dans Jérusalem, et y régna ; il était âgé de quarante et un ans quand il commença à régner, et il régna dix-sept ans à Jérusalem, qui est la ville que l’Éternel avait choisie, d’entre toutes les tribus d’Israël, pour y mettre son nom. Sa mère s’appelait Nahama, et elle était Hammonite.

14 Mais il fit ce qui déplaît à l’Éternel ; car il ne disposa point son cœur pour chercher l’Éternel.

15 Quant aux actions de Roboam, tant les premières que les dernières, ne sont-elles pas écrites dans les livres de Scémahja le prophète, et de Hiddo le Voyant, parmi les généalogies, avec les guerres que Roboam et Jéroboam ont eues, tout le temps qu’ils ont vécu ?

16 Et Roboam s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli dans la ville de David ; et Abija son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

I. Quoi que Dieu eût châtié Roboam par la révolte des dix tribus, ce prince abandonna Dieu dès qu’il se vit affermi dans son royaume, il y introduisit l’idolâtrie et toutes sortes d’abominations et il s’exposa par ce moyen à la colère de Dieu.

Quand les hommes ne profitent, ni des châtiments de Dieu, ni de son support, ils s’attirent de nouveaux malheurs, comme cela arriva à Roboam et à ses sujets qui furent attaqués par le roi d’Égypte et par ses alliés.

II. Roboam et les principaux de son royaume se voyant menacés s’humilièrent ensuite des remontrances du prophète Scémahja. Dieu les épargna à cause de cela et parce qu’il y avait encore de la religion et de la piété dans le royaume de Juda, comme cela est dit dans ce chapitre et il ne permit pas au roi d’Égypte de détruire Jérusalem.

Il est raisonnable que ceux qui ont offensé Dieu s’humilient et surtout que les grands qui, d’ordinaire allument la colère céleste, soient les premiers à l’apaiser. Cette humiliation des pécheurs et la piété des gens de bien détournent les jugements de Dieu et garantissent même les états.

Cependant, Dieu, pour punir Roboam, voulut que Scisçak emportât tout ce que le roi Salomon avait mis de plus précieux dans le temple et dans son palais. Par-là, Roboam et ses sujets devaient reconnaître que, s’ils continuaient à offenser Dieu, il les abandonnerait et qu’il livrerait enfin aux idolâtres Jérusalem et le temple que Salomon y avait bâti. L’on voit au reste ici un grand exemple de l’inconstance des choses humaines. Salomon avait laissé à Roboam, son fils, des richesses immenses et des trésors remplis d’or et d’argent, mais Roboam ne les posséda pas longtemps et il s’en vit dépouillé comme il l’avait déjà été de la plus grande partie de ses états il y avait cinq ans par la révolte des dix tribus.

Enfin, il faut remarquer que quoi que Roboam se fut humilié, il n’ôta pas cependant l’idolâtrie de son royaume et qu’elle continua sous le règne d’Abija, son fils.

La repentance des pécheurs n’est pas toujours de durée et ils retombent souvent dans leur endurcissement aussitôt que Dieu leur donne du repos.

CHAPITRE XIII.

C’est ici l’histoire d’Abija, fils de Roboam, et second roi de Juda. Il fit la guerre à Jéroboam roi d’Israël et après lui avoir reproché et à ses sujets de s’être rebellés contre la maison de David et d’avoir abandonné le service de Dieu, il le vainquit par l’assistance du Seigneur. Abija mourut étant frappé de Dieu et n’ayant régné que trois ans.

1 La dix-huitième année du roi Jéroboam, Abija commença à régner sur Juda ;

2 et il régna trois ans dans Jérusalem. Sa mère s’appelait Micaja, et elle était fille d’Uriel de Guibha. Or il y eut guerre entre Abija et Jéroboam.

3 Et Abija rangea en bataille une armée composée de gens vaillants à la guerre, qui étaient quatre cent mille hommes choisis. Et Jéroboam avait rangé contre lui en bataille huit cent mille hommes choisis, forts et vaillants.

4 Et Abija se posta sur la montagne de Tsémarajim, qui était dans les montagnes d’Ephraïm, et il dit : Jéroboam et tout Israël, écoutez-moi !

5 Ne devez-vous pas savoir que l’Éternel, le Dieu d’Israël, a donné pour toujours le royaume à David sur Israël, à lui et à ses fils, par une alliance inviolable ?

6 Mais Jéroboam, fils de Nébat, serviteur de Salomon, fils de David, s’est élevé, et s’est rebellé contre son seigneur ;

7 et des hommes de néant et de méchants garnements se sont assemblés vers lui, qui se sont fortifiés contre Roboam, fils de Salomon, parce que Roboam était comme un enfant et de petit courage, et il ne tint pas devant eux.

8 Et maintenant, vous pensez de tenir contre le royaume de l’Éternel, qui est entre les mains des fils de David, parce que vous êtes une grande multitude, et que les veaux d’or, que Jéroboam vous a faits pour vos dieux sont avec vous ?

9 N’avez-vous pas rejeté les sacrificateurs de l’Éternel, les fils d’Aaron, et les Lévites ? Et ne vous êtes-vous pas fait des sacrificateurs à la façon des peuples des autres pays, tous ceux qui sont venus pour être consacrés avec un jeune veau et avec sept béliers, pour être sacrificateurs de ce qui n’est pas Dieu ?

10 Mais pour nous, l’Éternel est notre Dieu, et nous ne l’avons point abandonné, et les sacrificateurs qui font le service à l’Éternel, sont enfants d’Aaron, et les Lévites sont employés à cette œuvre.

11 Et on fait fumer les holocaustes chaque matin et chaque soir à l’Éternel, et le parfum des choses aromatiques, et les pains de proposition sont arrangés sur la table pure, et on allume le chandelier d’or, avec ses lampes, chaque soir, car nous gardons ce que l’Éternel notre Dieu veut qu’on garde ; mais vous l’avez abandonné.

12 C’est pourquoi, voici, Dieu est avec nous pour être notre chef, et nous avons les sacrificateurs, et les trompettes de son éclatant, pour les faire retentir contre vous. Enfants d’Israël, ne combattez pas contre l’Éternel, le Dieu de vos pères ; car il ne vous en prendra pas bien.

13 Mais Jéroboam fit prendre un détour à une embuscade, afin qu’elle se jetât sur eux par derrière, de sorte que les Israélites se présentèrent en face à Juda, et l’embuscade était par derrière.

14 Et ceux de Juda regardèrent, et voici, ils avaient la bataille en face et par derrière, et ils s’écrièrent à l’Eternel, et les sacrificateurs sonnèrent des trompettes.

15 Tous ceux de Juda poussèrent aussi des cris de joie, et il arriva, comme ils poussaient des cris de joie, que Dieu frappa Jéroboam et tout Israël devant Abija et Juda ;

16 et les enfants d’Israël s’enfuirent de devant Juda, parce que Dieu les avait livrés entre leurs mains.

17 Abija donc et son peuple en firent un fort grand carnage, de sorte qu’il tomba d’Israël cinq cent mille hommes choisis qui furent blessés à mort.

18 Ainsi les enfants d’Israël furent abaissés en ce temps-là ; mais les enfants de Juda furent fortifiés, parce qu’ils s’étaient appuyés sur l’Eternel, le Dieu de leurs pères.

19 Et Abija poursuivit Jéroboam, et lui prit des villes, savoir, Beth-el et les villes de son ressort, Jesçana et les villes de son ressort, Héphrajim et les villes de son ressort.

20 Et Jéroboam n’eut plus de force pendant les temps d’Abija ; mais l’Eternel le frappa et il mourut.

21 Ainsi, Abija se fortifia, et il prit quatorze femmes, et il en eut vingt-deux fils et seize filles.

22 Le reste des actions d’Abija, et sa conduite, et ses paroles sont écrites dans les mémoires de Hiddo le prophète.

REFLEXIONS

Ce qu’il faut remarquer sur ce chapitre, c’est premièrement que dans la guerre qu’Abija eut contre Jéroboam, roi d’Israël, il lui reprocha et aux dix tribus d’avoir abandonné le service et la loi de Dieu et de s’être fait des idoles et qu’il fit même paraître une grande confiance en Dieu. Ces reproches étaient justes et bien fondés, cependant Abija était lui-même un prince impie, et quoiqu’il se glorifiât d’avoir conservé avec ses sujets le pur service de Dieu, il était aussi idolâtre.

Mais les méchants marquent aussi du zèle pour Dieu et pour la religion lorsque cela peut servir à leurs intérêts et ils condamnent les autres dans le temps qu’ils sont eux-mêmes très coupables.

Toutefois, parce qu’Abija était de la famille de David et parce qu’il y avait dans son royaume des gens qui craignaient Dieu et qui se confiaient en lui, ce prince vainquit Jéroboam.

Il faut remarquer enfin que Dieu, qui n’avait pas permis que Roboam, père d’Abija, fit la guerre à Jéroboam, quelques années auparavant, parce qu’il voulait que le royaume des dix tribus demeurât séparé de celui de Juda, et parce que l’idolâtrie n’y était pas encore établie, n’empêcha pas Abija de faire la guerre à ce même prince et qu’il lui accorda une victoire signalée, un très grand nombre d’Israélites ayant été défaits. Dieu voulut par-là punir le roi Jéroboam, humilier les Israélites ses sujets et leur montrer que l’idolâtrie qui régnait parmi eux l’irritait et que le vrai service divin et son alliance étaient attachés au royaume de Juda. Si Dieu donna des succès heureux à Abija, il le fit pour la gloire de son nom et pour le bien de son peuple et c’est ainsi que Dieu permet quelquefois que les entreprises des méchants réussissent lorsqu’elles sont bonnes en elles-mêmes ou qu’elles peuvent servir à l’avancement de sa gloire.

CHAPITRE XIV.

Abija, second roi de Juda, étant mort, il eut pour successeur Asa, son fils, qui fut un roi craignant Dieu et qui ôta l’idolâtrie et rétablit le service divin. Il gouverna son royaume avec beaucoup de sagesse et de valeur et les Éthiopiens étant venus lui faire la guerre avec une nombreuse armée, il implora le secours du Seigneur et il les défit.

1 Puis Abija s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit dans la ville de David, et Asa son fils régna en sa place, et de son temps le pays fut en repos pendant dix ans.

2 Or, Asa fit ce qui est bon et droit devant l’Eternel son Dieu.

3 Car il ôta les autels des dieux des étrangers, et les hauts lieux, et brisa les statues et coupa les bocages ;

4 et il commanda à Juda d’invoquer l’Eternel, le Dieu de leurs pères, et d’observer sa loi et ses commandements.

5 Il ôta aussi de toutes les villes de Juda les hauts lieux et les tabernacles ; et le royaume fut en repos sous son gouvernement.

6 Il bâtit aussi des villes fortes en Juda, parce que le pays était en repos ; et pendant ces années-là, il n’y eut point de guerre contre lui, parce que l’Eternel lui donnait du repos.

7 Car il dit à Juda : Bâtissons ces villes, et les environnons de murailles, de tours, de portes et de barres, pendant que nous sommes maîtres du pays ; parce que nous avons cherché l’Eternel notre Dieu, et que nous l’avons invoqué, il nous a donné du repos de tous côtés. C’est pourquoi ils bâtirent et ils prospérèrent.

8 Or, Asa avait dans son armée trois cent mille hommes de ceux de Juda qui portaient des boucliers et des javelines, et deux cent quatre-vingt mille de ceux de Benjamin, qui portaient le bouclier, et qui tiraient de l'arc, qui étaient tous forts et vaillants.

9 Et Zéraph Ethiopien sortit contre eux avec une armée d'un million d’hommes, et de trois cents chariots ; et il vint jusqu’à Maresça.

10 Et Asa alla au-devant de lui, et on rangea la bataille dans la vallée de Tséphath, auprès de Maresça.

11 Alors Asa cria à l’Eternel son Dieu, et dit : Eternel ! il ne t’est pas plus difficile d’aider celui qui n’a point de force, que celui qui est en grand nombre : Aide-nous, Eternel notre Dieu ! car nous nous sommes appuyés sur toi, et nous sommes venus en ton nom contre cette multitude. Tu es l’Eternel notre Dieu ! que l’homme ne prévale pas contre toi !

12 Et l’Eternel frappa les Ethiopiens devant Asa et devant Juda, de sorte que les Ethiopiens s’enfuirent.

13 Et Asa et le peuple qui était avec lui, les poursuivirent jusqu’à Guérar, et il tomba tant d’Ethiopiens, qu’ils n’eurent plus aucune force ; car ils furent défaits devant l’Éternel et devant son camp, et on en emporta un fort grand butin.

14 Ils battirent aussi toutes les villes qui étaient autour de Guérar, parce que la terreur de l’Éternel était sur eux ; et ils pillèrent toutes ces villes-là, parce qu’il y avait un gros butin.

15 Ils battirent aussi les tentes des troupeaux, et emmenèrent des brebis et des chameaux en abondance ; puis ils retournèrent à Jérusalem.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous met devant les yeux la piété du roi Asa et la récompense que Dieu lui accorda.

I. Asa signala sa piété en ôtant de son royaume les autels des faux dieux et les idoles qui avaient été introduites sous le règne de Salomon et conservées sous celui de Roboam et d’Abija ses prédécesseurs et ses pères.

C’est là un bel exemple qui doit inciter les princes à ne pas souffrir l’impiété dans leurs Etats et à y faire fleurir la religion et les bonnes mœurs.

II. Dieu bénit le roi Asa, il fortifia son royaume et il lui accorda la paix et le repos. Il est vrai qu’Asa fut attaqué par les Cusçiens qui vinrent contre lui avec une armée formidable, mais ce prince ayant invoqué le Seigneur avec une profonde humilité et une grande confiance, il mit les Cusçiens en fuite.

Dieu bénit et protège ainsi les bons princes et généralement tous ceux qui ont un vrai zèle pour sa gloire et qui le craignent et s’il permet qu’ils soient exposés à de grands dangers, il déploie sa puissance en leur faveur pour les en délivrer.

CHAPITRE XV.

Le prophète Hazarja exhorte Asa, troisième roi de Juda, à achever d’ôter l’idolâtrie.Ce prince, touché des remontrances du prophète, renouvelle l’alliance avec Dieu et la fait jurer à tout le peuple. Il brise une idole que Mahaca, sa mère, avait faite et qu’elle servait et il remet dans le temple les choses qui étaient consacrées à Dieu. À cause de cela, le Seigneur continua à le bénir et le fit jouir d’une longue paix.

1 Alors l’esprit de Dieu fut sur Hazaria, fils de Hoded.

2 Et il sortit au-devant d’Asa, et lui dit : Asa, et tout Juda et Benjamin, écoutez-moi : L’Éternel est avec vous, tandis que vous êtes avec lui ; et si vous le cherchez, vous le trouverez ; mais si vous l’abandonnez, il vous abandonnera.

3 Ceux d’Israël ont été longtemps sans le vrai Dieu, sans sacrificateur qui enseignât, et sans loi ;

4 mais quand ils se sont retournés, dans leur angoisse, vers l’Éternel, le Dieu d’Israël, et qu’ils l’ont cherché, ils l’ont trouvé.

5 En ce temps-là, il n’y avait point de paix pour ceux qui allaient et venaient, parce qu’il y avait de grands troubles parmi tous les habitants du pays.

6 Car une nation était foulée par l’autre, et une ville par l’autre, parce que Dieu les avait troublés par toute sorte d’angoisses.

7 Vous donc, fortifiez-vous, et que vos mains ne soient point lâches ; car il y a un salaire pour ce que vous ferez.

8 Dès qu’Asa eut entendu ces paroles-là, et la prophétie de Hoded le prophète, il se fortifia, et il ôta les abominations de tout le pays de Juda et de Benjamin, et des villes qu’il avait prises dans la montagne d’Ephraïm ; et il rétablit l’autel de l’Éternel, qui était devant le portique de l’Éternel.

9 Puis il assembla tout Juda et tout Benjamin, et ceux d’Ephraïm, de Manassé et de Siméon, qui demeuraient avec eux ; car plusieurs d’Israël s’étaient rendus à lui, voyant que l’Éternel son Dieu était avec lui.

10 Ils s’assemblèrent donc à Jérusalem, le troisième mois de la quinzième année du règne d’Asa ;

11 et ils sacrifièrent, en ce jour-là, à l’Éternel, sept cents taureaux et sept mille brebis, du butin qu’ils avaient amené.

12 Et ils rentrèrent dans l’alliance pour chercher l’Éternel, le Dieu de leurs pères, de tout leur cœur et de toute leur âme ;

13 de sorte qu’il fut résolu de faire mourir tous ceux qui ne rechercheraient point l’Éternel, le Dieu d’Israël, tant les petits que les grands, tant les hommes que les femmes.

14 Et ils jurèrent à l’Éternel à haute voix et avec des cris de joie, avec des trompettes et des cors ;

15 et tout Juda se réjouit de ce serment-là, parce qu’ils avaient juré de tout leur cœur, et qu’ils avaient recherché l’Éternel de toute leur affection, et qu’ils l’avaient trouvé ; et l’Éternel leur donna du repos tout autour.

16 Et même, Asa ôta la régence à Mahaca sa mère, parce qu’elle avait fait une idole infâme pour un bocage. De plus, Asa mit en pièces son marmouset, et le brisa, et le brûla près du torrent de Cédron.

17 Toutefois les hauts lieux ne furent point ôtés du milieu d’Israël ; et néanmoins, le cœur d’Asa fut droit tout le temps de sa vie.

18 Et il remit dans la maison de Dieu les choses que son père avait consacrées, et ce qu’il avait aussi consacré, argent, or et vaisseaux.

19 Et il n’y eut point de guerre jusqu’à la trente-cinquième année du règne d’Asa.

REFLEXIONS

Ce chapitre nous apprend que le roi Asa, encouragé par la victoire signalée qu’il venait de remporter sur les Éthiopiens et par les exhortations du prophète Hazarja, s’appliqua avec un nouveau zèle à rétablir le service divin dans sa pureté. Il voulut que tout le peuple renouvelât l’alliance avec Dieu par un serment solennel, ce qui fut exécuté avec de grandes démonstrations de joie. Il ordonna que, conformément à la loi divine, on fit mourir tous ceux qui adoreraient les idoles. Il ôta même l’autorité à sa mère parce qu’elle était idolâtre. Toutes ces marques de la piété d’Asa furent si agréables à Dieu qu’il lui accorda et à ses sujets une grande tranquillité et une très longue paix.

Les principaux soins des princes et des peuples doivent être de se rendre Dieu favorable par un attachement sincère à la religion et à ses lois. C’est par là qu’ils s’affermissent et qu’ils assurent leur bonheur comme le prophète Hazarja le représentait au roi Asa et à son peuple en leur disant : Le Seigneur est avec vous pendant que vous êtes avec lui. Si vous le cherchez-vous le trouverez, mais si vous l’abandonnez, il vous abandonnera.

Il faut pourtant remarquer que ce qui est dit dans ce chapitre que : le cœur d’Asa fut droit tout le temps de sa vie signifie qu’il conserva toujours le service de Dieu et qu’il ne devint pas idolâtre, car au reste, ce prince tomba dans de grandes fautes sur la fin de sa vie, comme on le voit dans le chapitre suivant.

CHAPITRE XVI.

Asa, roi de Juda, étant attaqué par Bahasça, roi d’Israël, appelle Benhadad, roi de Syrie, à son secours. Le prophète Hanani l’en reprend et le censure de ce qu’il ne s’était pas confié en Dieu seul qui l’avait assisté dans la guerre qu’il avait eue avec les Éthiopiens. Asa, irrité de ces reproches, fit mettre le prophète en prison et il commença alors à opprimer quelques personnes. Quelques temps, après il tomba malade et eut recours aux médecins plutôt qu’à Dieu. Il mourut l’an quarante et un de son règne et Josaphat son fils régna après lui.

1 La trente-sixième année du règne d’Asa, Bahasça, roi d’Israël, monta contre Juda, et fortifia la ville de Rama, afin de ne laisser sortir ni entrer personne vers Asa, roi de Juda.

2 Et Asa tira l’or et l’argent des trésors de la maison de l’Eternel et de la maison royale, et il envoya vers Ben-Hadad, roi de Syrie, qui habitait à Damas, pour lui dire :

3 Il y a alliance entre moi et toi, et entre mon père et le tien ; voici, je t’envoie de l’argent et de l’or ; va, romps l’alliance que tu as avec Bahasça, roi d’Israël, afin qu’il se retire de moi.

4 Et Ben-Hadad fit ce que le roi Asa souhaitait ; et il envoya les capitaines de l’armée qu’il avait, contre les villes d’Israël, qui battirent Hijon, Dan, Abel-majim, et tous les magasins des villes de Nephthali.

5 Et il arriva que dès que Bahasça eut entendu cela, il cessa de bâtir Rama, et il fit cesser le travail.

6 Alors le roi Asa prit tous ceux de Juda, qui emportèrent les pierres et le bois de Rama, que Bahasça faisait bâtir, et il en bâtit Guébah et Mitspa.

7 En ce temps-là, Hanani le Voyant vint vers Asa, roi de Juda, et lui dit : Parce que tu ne t’es point appuyé sur l’Eternel ton Dieu, l’armée du roi de Syrie est échappée de ta main.

8 Les Ethiopiens et les Libyens n’étaient-ils pas une fort grande armée, ayant des chariots et de la cavalerie en grand nombre ? Mais parce que tu t’appuyais sur l’Eternel, il les livra entre tes mains.

9 Car les yeux de l’Eternel regardent çà et là par toute la terre, afin qu’il se montre puissant, en faveur de ceux qui sont d’un cœur droit envers lui. Tu as agi follement en cela ; car désormais tu auras toujours des guerres.

10 Et Asa, irrité contre le Voyant, le mit en prison ; car il fut fort indigné contre lui à cause de cela. Asa opprima aussi en ce temps-là quelques-uns du peuple.

11 Quant aux autres actions d’Asa, tant les premières que les dernières, voilà, elles sont écrites dans le livre des rois de Juda et d’Israël.

12 Et Asa, dans la trente-neuvième année de son règne, fut malade des pieds, et sa maladie fut extrême ; et cependant il ne chercha point l’Eternel dans sa maladie ; mais il chercha les médecins.

13 Puis Asa s’endormit avec ses pères, et il mourut la quarante-unième année de son règne.

14 Et on l’ensevelit dans le sépulcre qu’il s’était fait creuser dans la cité de David, et on le coucha dans un lit qu’il avait rempli de choses aromatiques et d’épiceries, préparées par art de parfumeur, et on en brûla sur lui une fort grande abondance.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a principalement à considérer dans ce chapitre, c’est qu’Asa, qui avait fait paraître tant de piété pendant longtemps, s’oublia dans les dernières années de son règne. Se voyant attaqué par Bahasça, roi d’Israël, au lieu de se confier en Dieu dont il avait éprouvé l’assistance lorsque les Éthiopiens lui avaient fait la guerre, il cherche du secours auprès de Ben-hadad, roi de Syrie. Il le sollicite même et l’engage par de l’argent à rompre l’alliance qu’il avait avec Bahasça, roi d’Israël, ce qui était une action contraire à la bonne foi et à la justice. Censuré par le prophète Hanani, il s’irrite contre lui et le fait mettre en prison, il commence   à opprimer ses sujets. Enfin, il tombe malade et dans sa maladie, il n’a recours qu’aux médecins et il ne se tourne pas du côté du Seigneur et ce fut ainsi que finit le roi Asa.

Voilà une suite d’actions qui répondent bien mal à ce qu’il avait fait auparavant et qui marquent que son cœur s’était détourné de Dieu.

Ce changement qui arriva en Asa nous montre qu’il ne sert de rien d’avoir bien commencé et d’avoir fait son devoir pendant quelque temps si l’on ne persévère pas. Ceci avertit les personnes qui ont de la piété de se tenir sur leurs gardes, de peur que, tombant dans le relâchement, elles ne se privent des effets de l’amour du Seigneur et de sa protection, Dieu n’accordant et ne continuant ses grâces qu’à ceux qui le servent d’un cœur droit et sincère, comme le prophète Hanani nous l’apprend dans ces belles paroles : Les yeux du Seigneur regardent par toute la terre afin de montrer sa puissance en faveur de tous ceux qui sont droits de cœur devant lui.

CHAPITRE XVII.

C’est ici que commence l’histoire de Josaphat, quatrième roi de Juda. Ce fut un bon prince. Il détruisit l’idolâtrie et il envoya des Lévites par tout son royaume pour instruire le peuple dans la loi de Dieu. Le Seigneur le bénit à cause de sa piété, en sorte qu’il devint extrêmement puissant.

1 Et Josaphat, fils d’Asa, régna en sa place, et se fortifia contre Israël.

2 Car il mit des gens de guerre dans toutes les villes fortes de Juda, et des garnisons par le pays de Juda, et dans les villes d’Ephraïm qu’Asa son père avait prises.

3 Et l’Eternel fut avec Josaphat, parce qu’il suivit les premières voies de David son père, et qu’il ne rechercha point les Bahalims.

4 Mais il rechercha le Dieu de son père, et il marcha dans ses commandements, et non pas selon ce qu’Israël faisait.

5 L’Eternel affermit donc le royaume entre ses mains ; et tous ceux de Juda apportaient des présents à Josaphat, de sorte qu’il eut de grandes richesses et une grande gloire ;

6 et appliquant de plus en plus son cœur aux voies de l’Eternel, il ôta encore de Juda les hauts lieux et les bocages.

7 Et la troisième année de son règne, il envoya de ses principaux gouverneurs, savoir, Benhajil, Hobadja, Zacharie, Nathanaël et Micaja, pour enseigner dans les villes de Juda ;

8 et avec eux des Lévites, savoir, Scémaja, Néthanja, Zébadja, Hazaël, Scémiramoth, Jéhonathan, Adonija, Tobija et Tobadonija, Lévites, et avec eux Elisçamah et Jéhoram sacrificateurs ;

9 qui enseignèrent ceux qui étaient en Juda, ayant avec eux le livre de la loi de l’Éternel, et qui firent le tour de toutes les villes de Juda, enseignant le peuple.

10 Et la terreur de l’Éternel fut sur tous les royaumes des pays qui étaient tout autour de Juda ; de sorte qu’ils ne firent point la guerre à Josaphat.

11 On apportait encore des présents de la part des Philistins à Josaphat, et de l’argent de tribut ; même les Arabes lui amenaient des troupeaux, sept mille sept cents moutons, et sept mille sept cents boucs.

12 Ainsi Josaphat allait croissant jusqu’au plus haut point ; et il bâtit en Juda des châteaux et des villes fortes.

13 Et il eut de grands biens dans les villes de Juda, et des gens de guerre forts et vaillants à Jérusalem.

14 Et c’est ici leur dénombrement selon la maison de leurs pères : Les chefs des milliers de Juda furent : Hadna le capitaine ; et avec lui trois cent mille hommes forts et vaillants ;

15 et après lui Johanan le capitaine, et avec lui deux cent quatre-vingt mille ;

16 et après lui Hamasia, fils de Zicri, qui s’était volontairement offert à l’Éternel, et avec lui deux cent mille hommes forts et vaillants ;

17 et de Benjamin, Eljadah, homme fort et vaillant, et avec lui deux cent mille hommes équipés d’arcs et de boucliers ;

18 et après lui Jéhozabad, et avec lui cent quatre-vingt mille hommes équipés pour le combat.

19 Ce sont là ceux qui servaient le roi, outre ceux que le roi avait mis dans les villes fortes par tout le pays de Juda.

REFLEXIONS

La vie du pieux roi Josaphat mérite d’être bien considérée. Ce prince se rendit agréable à Dieu dès le commencement de son règne. Il imita ce qu’il y avait eu de louable dans la vie d’Asa, son père, il ôta même en plusieurs endroits les hauts lieux où l’idolâtrie était encore exercée et il envoya des Lévites par tout son royaume pour instruire ses sujets dans la loi du Seigneur et pour leur enseigner à le craindre, ce qui fit que Dieu le bénit et l’éleva à une grande puissance qui le rendit redoutable à ses voisins. Les rois et les magistrats chrétiens ne doivent pas avoir moins de zèle pour procurer l’avancement de la gloire de Dieu et surtout faire en sorte que les peuples soient instruits dans la religion par de bons et fidèles ministres. C’est aussi là ce qui attire sur ceux qui gouvernent et sur les états qui leur sont soumis la protection du Ciel et ce qui les fait prospérer.

CHAPITRE XVIII.

Le roi Josaphat s’allie avec Achab, roi d’Israël, en faisant épouser la fille d’Achab à Joram, son fils. Il se joignit à Achab pour faire la guerre aux Syriens, mais il voulut premièrement s’informer de la volonté du Seigneur qui lui fut déclarée par le prophète Michée, lequel, contre le sentiment de quatre cents faux prophètes, dit que Dieu ne bénirait pas cette entreprise. Achab irrité contre Michée le fit mettre en prison et livra bataille au roi de Syrie, mais il y fut tué et Josaphat manqua d’y perdre aussi la vie.

1 Josaphat, ayant beaucoup de richesses et d’honneur, fit alliance avec Achab ;

2 et au bout de quelques années, il descendit vers Achab à Samarie. Et Achab tua pour lui, et pour le peuple qui était avec lui, un grand nombre de brebis et de taureaux, et il le porta à monter contre Ramoth de Galaad.

3 Car Achab, roi d’Israël, dit à Josaphat, roi de Juda : Ne viendras-tu pas avec moi à Ramoth de Galaad ? Et il lui répondit : Dispose de moi comme de toi, et de mon peuple comme de ton peuple, et sache que nous irons avec toi à cette guerre.

4 Mais Josaphat dit au roi d’Israël : Je te prie qu’aujourd’hui tu t’informes de la parole de l’Éternel.

5 Et le roi d’Israël assembla quatre cents prophètes, auxquels il dit : Irons-nous à la guerre contre Ramoth de Galaad, ou m’en désisterai-je ? Et ils répondirent : Monte, car Dieu la livrera entre les mains du roi.

6 Mais Josaphat dit : N’y a-t-il point ici encore quelque prophète de l’Éternel, afin que nous nous enquérions de lui ?

7 Et le roi d’Israël dit à Josaphat : Il y a encore un homme par qui on peut consulter l’Éternel ; mais je le hais, car il ne prophétise rien de bien, quand il est question de moi, mais toujours du mal ; c’est Michée, fils de Jimla. Et Josaphat répondit : Que le roi ne parle pas ainsi.

8 Alors le roi d’Israël appela un officier, auquel il dit : Fais venir en diligence Michée, fils de Jimla.

9 Or, le roi d’Israël, et Josaphat, roi de Juda, étaient assis chacun sur son trône, revêtus de leurs habits, et ils étaient assis dans la place vers l’entrée de la porte de Samarie ; et tous les prophètes prophétisaient en leur présence.

10 Alors Tsidkija, fils de Kenahana, s’étant fait des cornes de fer, dit : Ainsi a dit l’Éternel : Avec ces cornes tu heurteras les Syriens, jusqu’à les détruire entièrement.

11 Et tous les prophètes prophétisaient de même, disant : Monte à Ramoth de Galaad, et tu prospéreras, et l’Éternel la livrera entre les mains du roi.

12 Or, le messager qui était allé appeler Michée, lui parla et lui dit : Voici, les prophètes prédisent tous d’une voix du bien au roi ; je te prie donc que ta parole soit semblable à celle de chacun d’eux, et prédis-lui du bien.

13 Mais Michée répondit : L’Eternel est vivant, que je dirai ce que mon Dieu dira.

14 Il vint donc vers le roi, et le roi lui dit : Michée, irons-nous à la guerre contre Ramoth de Galaad, ou m’en désisterai-je ? Et il répondit : Montez, et vous prospérerez, et ils seront livrés entre vos mains.

15 Et le roi lui dit : Jusqu’à combien de fois te conjurerai-je, afin que tu ne me dises que la vérité au nom de l’Eternel ?

16 Et il répondit : J’ai vu tout Israël dispersé par les montagnes, comme un troupeau de brebis qui n’a point de pasteur ; et l’Eternel a dit : Ces gens-ci sont sans seigneurs ; que chacun s’en retourne dans sa maison en paix.

17 Alors le roi d’Israël dit à Josaphat : Ne t’ai-je pas bien dit, qu’il ne prophétise rien de bien, quand il est question de moi ; mais seulement du mal ?

18 Et Michée dit : C’est pourquoi écoutez la parole de l’Eternel : J’ai vu l’Eternel assis sur son trône, et toute l’armée des cieux qui se tenait à sa droite et à sa gauche.

19 Et l’Eternel a dit : Qui est-ce qui séduira Achab, roi d’Israël, afin qu’il monte et qu’il périsse à Ramoth de Galaad ? Sur quoi l’un disait d’une sorte, et l’autre d’une autre ;

20 Alors un esprit s’avança, et se tint devant l’Eternel, et dit : Je le séduirai. Et l’Eternel lui dit : Comment ?

21 Et il répondit : Je sortirai, et je serai un esprit menteur en la bouche de tous ses prophètes. Et l’Eternel dit : Tu le séduiras, et même tu en viendras à bout ; sors et fais ainsi.

22 Maintenant donc, voici, l’Eternel a mis un esprit menteur dans la bouche de tes prophètes, et l’Eternel a prononcé du mal contre toi.

23 Alors Tsidkija, fils de Kénahana, s’approcha, et frappa Michée sur la joue, et lui dit : Par quel chemin l’Esprit de l’Eternel s’est-il éloigné de moi, pour te parler ?

24 Et Michée répondit : Voici, tu le verras, en ce jour-là que tu iras de chambre en chambre pour te cacher.

25 Alors le roi d’Israël dit : Qu’on prenne Michée, et qu’on le mène vers Amon, capitaine de la ville, et vers Joas, fils du roi ;

26 et qu’on leur dise : Ainsi a dit le roi : Mettez cet homme en prison, et donnez-lui très peu de pain à manger et fort peu d’eau, jusqu’à ce que je retourne en paix.

27 Et Michée répondit : Si jamais tu retournes en paix, l'Eternel n’aura point parlé par moi. Il dit encore : Ecoutez ceci, peuples, vous tous qui êtes ici.

28 Le roi d’Israël donc monta, avec Josaphat, roi de Juda, contre Ramoth de Galaad.

29 Et le roi d’Israël dit à Josaphat : Que je me déguise, et que j’aille au combat ; mais toi, revêts-toi de tes habits ; le roi d’Israël donc se déguisa, et ainsi ils vinrent au combat.

30 Or, le roi des Syriens avait donné cet ordre aux capitaines de ses chariots : Vous ne combattrez contre qui que ce soit, ni petit ni grand, sinon contre le roi d’Israël.

31 Il arriva donc que, dès que les capitaines des chariots eurent vu Josaphat, ils dirent : C’est ici le roi d’Israël ; et ils l’environnèrent pour combattre contre lui ; mais Josaphat s’écria, et l’Eternel vint à son secours, et Dieu fit qu’ils s’éloignèrent de lui.

32 Et dès que les capitaines des chariots eurent vu que ce n’était pas le roi d’Israël, ils se détournèrent de lui.

33 Alors quelqu’un tira de son arc de toute sa force, et frappa le roi d’Israël entre les jointures de la cuirasse ; et il dit au cocher : Détourne-toi, et mène-moi hors du camp ; car on m’a fort blessé.

34 Et en ce jour-là le combat se renforça ; et le roi d’Israël demeura dans son chariot, vis-à-vis des Syriens, jusqu’au soir, et il mourut dans le temps que le soleil se couchait.

REFLEXIONS

I. Josaphat commit une grande faute en faisant épouser à Joram, son fils, Hatalie, fille d’Achab, qui était un prince impie et idolâtre et en allant avec lui à la guerre contre les Syriens. Les grands maux qu’Hatalie fit dans la suite et le mauvais succès qu’eut cette guerre nous montrent qu’il est toujours dangereux d’être dans la société des méchants et qu’en particulier les rois pieux ne doivent pas s’unir avec les princes impies ou idolâtres.

II. Josaphat fit cependant paraître sa piété en ce qu’avant d’aller combattre contre les Syriens il fit consulter un prophète du Seigneur, mais il pécha en ce qu’après avoir entendu Michée il ne suivit pas ses conseils et qu’il ne laissa pas d’aller à cette guerre.

Avant que de rien entreprendre, on doit consulter le Seigneur et examiner si ce que l’on veut faire est conforme à ses intentions et lorsqu’elles nous sont connues, il faut les suivre. Plusieurs écoutent la voix de Dieu et de ses ministres et connaissent sa volonté, mais quand elle est contraire à ce qu’ils souhaitent et à ce qu’ils ont résolus, ils n’y ont point égard.

III. Le roi Achab n’aimait pas Michée parce que ce prophète ne lui disait pas des choses agréables et qu’il ne lui prédisait que du mal, il le fit même mettre en prison et il eut plus de confiance à ses prophètes qui lui promettaient la victoire qu’en ce que Michée lui annonçait.

Il vaut mieux écouter ceux qui nous parlent sincèrement, quand même ils nous diraient des choses fâcheuses, que ceux qui nous flattent. Mais quand les hommes s’offensent de la vérité et qu’ils veulent être trompés, Dieu les laisse dans leur aveuglement. Ce fut ce qui arriva à Achab, Dieu le voyant obstiné permit qu’il fût séduit par ses faux prophètes. Mais il ne faut pas croire que Dieu inspirât à ces prophètes un esprit de mensonge ou qu’il fut la cause de l’incrédulité et de l’obstination de ce roi.

Enfin, l’événement vérifia la prédiction de Michée. Achab fut vaincu et tué et pour ce qui est de Josaphat qui n’avait pas eu le courage de se dégager d’avec Achab, il manqua de perdre la vie, mais Dieu l’épargna par un effet de sa bonté.

Voilà quelle est d’ordinaire l’issue des entreprises que l’on forme contre la volonté de Dieu et c’est aussi là le fruit des liaisons que l’on prend avec les méchants et des complaisances que l’on a pour eux au préjudice de son devoir.

CHAPITRE XIX.

Josaphat, revenant de la guerre contre le roi de Syrie, est repris par un prophète de ce qu’il s’était allié avec Achab, qui était un prince impie. Josaphat s’appliqua ensuite à faire régner la piété et la justice dans son royaume. Il établit des juges dans toutes les villes et les instruisit de leurs devoirs et il ordonna aussi que l’on se soumît aux sacrificateurs et aux Lévites dans les choses qui concernaient la religion.

1 Josaphat, roi de Juda, revint plein de santé dans sa maison à Jérusalem.

2 Alors Jéhu, fils de Hanani, le Voyant, sortit au-devant du roi Josaphat et lui dit : Est-il possible que tu aies donné du secours au méchant, et que tu aimes ceux qui haïssent l’Eternel ? C’est pourquoi, l'Eternel est irrité contre toi.

3 Mais il s’est trouvé de bonnes choses en toi, parce que tu as ôté du pays les bocages, et que tu as disposé ton cœur pour rechercher Dieu.

4 Depuis, Josaphat se tint à Jérusalem ; toutefois, il fit encore la revue du peuple, depuis Béer-Scébah jusqu’à la montagne d’Ephraïm, et il les ramena à l’Eternel, le Dieu de leurs pères.

5 Et il établit des juges dans le pays, par toutes les villes fortes de Juda, de ville en ville.

6 Et il dit aux juges : Regardez ce que vous ferez ; car vous n’exercez pas la justice de la part d’un homme, mais vous l’exercez de la part de l’Eternel, lequel est au milieu de vous en jugement.

7 Maintenant donc, que la crainte de l’Eternel soit sur vous ; prenez garde à faire votre devoir ; car il n’y a point d’iniquité dans l’Eternel notre Dieu, ni d’acception de personnes, ni de réception de présents.

8 Et Josaphat établit à Jérusalem quelques-uns des Lévites, et des sacrificateurs, et des chefs des pères d’Israël, pour le jugement de l’Eternel, et pour les procès, car on revenait à Jérusalem ;

9 et il leur donna des ordres, en leur disant : Vous agirez ainsi dans la crainte de l’Eternel, avec fidélité et avec intégrité de cœur.

10 Et pour tous les différends qui viendront devant vous, de la part de vos frères qui habitent dans leurs villes, lorsqu’il faudra juger entre meurtre et meurtre, entre loi et commandement, entre statuts et ordonnances, vous les en instruirez, afin qu’ils ne se trouvent point coupables devant l’Eternel, et qu’il n’y ait point de colère sur vous et sur vos frères ; vous agirez donc ainsi, et vous ne serez point trouvés coupables.

11 Et voici, Amarja, le principal sacrificateur, sera par-dessus vous dans toutes les affaires de l’Eternel, et Zébadia, fils d’Ismaël, sera le conducteur de la maison de Juda, dans toutes les affaires du roi, et les prévôts Lévites seront devant vous. Prenez courage, et agissez ainsi, et l’Eternel sera avec ceux qui seront gens de bien.

REFLEXIONS

Il faut remarquer ici :

I. Que Dieu par un effet de l’amour qu’il avait pour le roi Josaphat lui fit reprocher par le prophète Jéhu la faute dont il s’était rendu coupable en donnant du secours au roi Achab contre les Syriens.

Ces reproches montrent que l’on ne peut se joindre aux impies sans déplaire à Dieu et sans s’exposer à sa colère.

II. Quoi que Josaphat eût péché en cela, Dieu lui pardonna cette faute parce qu’il avait trouvé de bonnes choses en lui et surtout parce que ce roi avait travaillé à abolir l’idolâtrie dans son royaume.

Cette conduite du Seigneur envers ce prince fait voir que Dieu supporte les infirmités de ceux qui ont le cœur droit et qu’il leur pardonne lorsqu’ils se repentent.

III. Josaphat, touché des remontrances du prophète Jéhu, fit de grands actes de piété et de zèle. Il travailla à faire régner la religion et la justice dans son royaume, il eut soin d’établir des juges et il leur recommanda très expressément leur devoir conformément à ce que Dieu avait ordonné dans sa loi.

Les princes chrétiens doivent avoir encore plus de zèle pour le service de Dieu et pour l’exercice de la justice et les juges doivent faire une attention continuelle à ce qui est dit dans ce chapitre, exerçant leurs charges consciencieusement et comme en la présence de Dieu, sans avoir acception de personnes et sans recevoir aucun présent.

Et comme Josaphat établit un bon ordre, non seulement dans les affaires civiles, mais aussi dans celles de la religion, en ordonnant que le souverain sacrificateur présiderait et jugerait dans les choses qui regardaient Dieu, il paraît de là que l’ordre doit régner dans la société religieuse aussi bien que dans la société civile.

Dieu a établi des personnes à qui il a donné la conduite de l’église comme il en a établi pour gouverner les peuples et les états. Et les fonctions de ministres de la religion et des magistrats qui étaient séparées et distinctes parmi les Juifs doivent beaucoup moins être confondues parmi les chrétiens, puisque les fonctions des pasteurs sont toutes spirituelles et que l’église chrétienne n’est pas renfermée dans un état particulier comme l’était l’église judaïque, mais qu’elle est répandue par tout le monde.

CHAPITRE XX.

Josaphat étant attaqué par les Hammonites et par les Moabites fait publier un jeûne solennel, il s’humilie devant Dieu et lui présente sa prière. Dieu lui promet par un prophète que les Moabites seraient détruits, ce qui arriva miraculeusement. Après cette victoire, Josaphat fit son entrée à Jérusalem en bénissant Dieu.

Il s’associe ensuite avec Achazia, roi d’Israël, pour envoyer une flotte à Tarsis, mais leur entreprise ne réussit pas.

1 Après ces choses, les Moabites et les Hammonites vinrent (car avec les Moabites il y avait des Hammonites) pour faire la guerre à Josaphat.

2 Alors on vint faire ce rapport à Josaphat, et on lui dit : Il est venu contre toi une grande multitude de gens, des quartiers de delà la mer et de Syrie, et voici, ils sont à Hatsatson-tamar, qui est Henguédi.

3 Alors Josaphat craignit, et il se disposa à rechercher l’Eternel, et il publia un jeûne par tout Juda.

4 Ainsi Juda fut assemblé pour demander du secours à l’Eternel ; et même on vint de toutes les villes de Juda, pour invoquer l’Eternel.

5 Et Josaphat se tint debout dans l’assemblée de Juda et de Jérusalem, dans la maison de l’Eternel, au-devant du nouveau parvis ;

6 et il dit : O Eternel, Dieu de nos pères ! n’es-tu pas le Dieu qui es dans les cieux, et qui domines sur tous les royaumes des nations ? Et n’as-tu pas en ta main la force et la puissance, de sorte que nul ne peut te résister ?

7 N’est-ce pas toi, ô notre Dieu ! qui as dépossédé les habitants de ce pays de devant ton peuple d’Israël, et qui l’a donné pour toujours à la postérité d’Abraham, qui t’aimait ?

8 De sorte qu’ils y ont habité et t’y ont bâti un sanctuaire pour ton nom, disant :

9 S’il nous arrive quelque mal, ou quelque guerre par ton jugement, ou quelque mortalité, ou quelque famine, nous nous tiendrons devant cette maison, et en ta présence ; car ton nom est dans cette maison, et nous crierons à toi à cause de notre angoisse, et tu nous exauceras, et tu nous délivreras.

10 Or, maintenant, voici les Hammonites, les Moabites, et ceux du mont de Séhir, parmi lesquels tu ne permis pas aux enfants d’Israël de passer quand ils venaient du pays d’Egypte ; car ils se détournèrent d’eux, et ils ne les détruisirent pas ;

11 voici, pour nous récompenser, ils viennent nous chasser hors de ton héritage que tu nous as fait posséder.

12 Notre Dieu ! ne les jugeras-tu pas ? car il n’y a point de force en nous, pour subsister devant cette grande multitude qui vient contre nous, et nous ne savons ce que nous devons faire ; mais nos yeux sont sur toi.

13 Et tous ceux de Juda se tenaient debout devant l’Eternel, avec leurs familles, leurs femmes et leurs enfants.

14 Alors l’Esprit de l’Eternel fut sur Jahaziel, fils de Zacharie, fils de Bénaja, fils de Jéhiel, fils de Mattanja Lévite, d’entre les enfants d’Asaph, au milieu de l’assemblée ;

15 et il dit : Ô vous tous de Juda, et vous qui habitez à Jérusalem, et toi, roi Josaphat, soyez attentifs : Ainsi vous dit l’Eternel : Ne craignez point, et ne soyez point effrayés à cause de cette grande multitude ; car ce ne sera pas à vous à conduire cette guerre, mais ce sera à Dieu.

16 Descendez demain vers eux ; voici, ils vont monter par la montée de Tsits, et vous les trouverez au bout du torrent, vis-à-vis du désert de Jéruel.

17 Ce ne sera point à vous de combattre dans cette bataille ; présentez-vous, tenez-vous debout, et voyez la délivrance que l’Eternel vous va donner ! Juda et Jérusalem, ne craignez point et ne soyez point effrayés. Demain, sortez au-devant d’eux ; car l’Eternel sera avec vous.

18 Alors Josaphat s’inclina le visage contre terre, et tout Juda et les habitants de Jérusalem se jetèrent devant l’Eternel, se prosternant devant l’Eternel.

19 Et les Lévites d’entre les enfants des Kéhathites, et d’entre les enfants des Corites, se levèrent pour louer l’Eternel, le Dieu d’Israël, d’une voix fort haute.

20 Puis ils se levèrent de grand matin et sortirent vers le désert de Tékoah ; et comme ils sortaient, Josaphat se tenant debout, dit : Juda, et vous, habitants de Jérusalem, écoutez-moi : Croyez à l’Eternel notre Dieu, et vous serez assurés ; croyez à ses prophètes, et vous prospérerez.

21 Et ayant consulté avec le peuple, il établit des gens qui chantassent à l’Eternel, et qui louassent sa sainte magnificence ; et marchant devant l’armée ils disaient : Célébrez l’Eternel, car sa miséricorde demeure à toujours.

22 Et à l’heure qu’ils commencèrent le chant du triomphe et la louange, l’Eternel mit des embuscades contre les Hammonites, les Moabites et ceux du mont de Séhir, qui venaient contre Juda, de sorte qu’ils furent battus.

23 Car les Hammonites et les Moabites se dressèrent contre les habitants du mont de Séhir, pour les détruire à la façon de l’interdit, et les exterminer, et quand ils eurent achevé d’exterminer les habitants de Séhir, ils s’aidèrent l’un l’autre à se détruire.

24 Et ceux de Juda vinrent jusqu’à l’endroit de Mitspa vers le désert, et regardant vers cette multitude, voilà, c’étaient tous des corps abattus par terre, sans qu’il en fût échappé un seul.

25 Ainsi Josaphat et son peuple vinrent pour piller leur butin, et ils trouvèrent de grandes richesses parmi les corps morts, et des hardes précieuses, et ils en prirent tant, qu’ils n'en pouvaient pas porter davantage ; ils pillèrent le butin pendant trois jours, car il y en avait en abondance.

26 Et au quatrième jour, ils s’assemblèrent dans la vallée de bénédiction, parce qu’ils bénirent là l’Eternel ; c’est pourquoi, on a appelé ce lieu-là jusqu’à ce jour, la vallée de bénédiction.

27 Et tous les hommes de Juda et de Jérusalem, et Josaphat, marchant le premier, tournèrent visage pour revenir à Jérusalem avec joie ; car l’Eternel leur avait donné la joie de voir la défaite de leurs ennemis.

28 Et ils entrèrent à Jérusalem dans la maison de l’Eternel, avec des lyres, des harpes et des trompettes.

29 Et la terreur de Dieu fut sur tous les royaumes de ce pays-là, après qu’ils eurent appris que l'Eternel avait combattu contre les ennemis d’Israël.

30 Ainsi le royaume de Josaphat fut tranquille, parce que son Dieu lui donna repos de tous côtés.

31 Josaphat régna donc sur Juda ; il était âgé de trente-cinq ans quand il commença à régner, et il régna vingt-cinq ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Hazuba, et elle était fille de Scilhi.

32 Et il suivit les traces d’Asa son père, et il ne se détourna point de ce chemin, faisant ce qui est droit devant l’Eternel.

33 Toutefois, les hauts lieux ne furent point ôtés ; car le peuple n’avait pas encore entièrement tourné son cœur vers le Dieu de ses pères.

34 Le reste des actions de Josaphat, tant les premières que les dernières, voilà, elles sont écrites dans les mémoires de Jéhu, fils de Hanani, comme il a été enregistré dans le livre des rois d’Israël.

35 Après cela, Josaphat, roi de Juda, se joignit à Achazia, roi d’Israël, qui ne s’employait qu’à faire du mal.

36 Et il s’associa avec lui pour faire des navires pour aller à Tarscis, et ils firent ces vaisseaux à Hetsjon-Guéber.

37 Alors Elihézer, fils de Dodava, de Maresça, prophétisa contre Josaphat, disant : Parce que tu t’es joint à Achazia, l’Eternel a défait tes ouvrages. Les navires furent donc brisés, et ils ne purent point aller à Tarscis.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à remarquer dans cette histoire, c’est premièrement que Josaphat étant attaqué par les Hammonites et les Moabites eut recours à Dieu par un jeûne solennel qu’il célébra avec ses sujets et par cette belle prière qui est ici rapportée dans laquelle on voit paraître tant d’humilité et une si grande confiance en Dieu. Il marqua la même confiance lorsque, dans le temps qu’il marchait contre les ennemis, il disait à son armée : Vous les habitants de Juda et de Jérusalem, croyez au Seigneur votre Dieu et vous serrez assurés, croyez à ses prophètes et vous prospérerez.

Cette confiance de Josaphat ne fut pas vaine. Un prophète lui promit de la part de Dieu qu’il remporterait la victoire sans combattre et par un miracle. Ce fut aussi ce qui arriva, les ennemis ayant tournés leurs armes contre eux-mêmes et s’étant tués les uns les autres dans le temps que les sacrificateurs louaient le Seigneur. Ainsi il parut bien clairement que cette victoire procédait de Dieu. Comme Josaphat avait invoqué Dieu dans le danger, il s’acquitta aussi d’une manière bien édifiante des devoirs de la reconnaissance en rendant à Dieu des actions de grâces solennelles lorsqu’il entra à Jérusalem au retour de cette guerre.

Les instructions que nous devons retirer d’ici sont donc ces trois :

I. Que la prière, le jeûne et l’humiliation sont les moyens les plus efficaces auxquels on puisse avoir recours dans les dangers et dans les nécessités, soit publiques, soit particulières.

II. Que Dieu délivre ceux qui l’invoquent et qui se confient en lui et qu’il est magnifique en moyens et en conseils.

III Que lorsque Dieu nous a exaucé, nous devons lui en rendre nos louanges et nos bénédictions avec ardeur et avec sincérité.

La dernière chose qu’il faut remarquer dans la vie de Josaphat, c’est qu’il retomba dans la même faute qu’il avait déjà commise. Il s’associa avec Achazia, roi d’Israël, duquel l’Écriture dit : Qu’il ne s’employait qu’à faire du mal comme il s’était auparavant joint avec Achab, père d’Achazia. Mais il en fut puni comme il l’avait déjà été, le prophète Élihézer l’en reprit, la flotte qu’il avait mise en mer avec Achazia périt et cette entreprise, que l’espérance du gain lui avait fait former, tourna à la confusion et à son dommage.

On ne se trouve jamais bien de se lier avec des impies et on doit éviter autant qu’il est possible d’avoir rien de commun avec eux.

CHAPITRE XXI.

Joram, cinquième roi de Juda, fils de Josaphat, tue ses frères et devient idolâtre comme Achab l’avait été. Dieu le punit par la révolte des Iduméens et de ceux de Libna. Il reçoit une lettre du prophète Élie qui lui dénonçait les jugements de Dieu sur son royaume, sur sa famille et sur sa personne. Peu après, les Philistins et les Arabes pillent son pays et lui enlèvent ses trésors, ses femmes et ses enfants. Après tous ces malheurs, il tombe dans une maladie longue et cruelle et il meurt dans de grandes douleurs, laissant pour successeur Achazia son fils qui fut le sixième roi de Juda.

1 Et Josaphat s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli avec eux dans la cité de David ; et Joram son fils régna en sa place.

2 Il avait des frères, fils de Josaphat, savoir, Hasaria, Jéhiel, Zacharie, Hazaria, Micaël et Scéphatja : tous ceux-là étaient fils de Josaphat, roi d’Israël.

3 Et leur père leur avait fait de grands dons d’argent, d’or et de choses précieuses, avec des villes fortes en Juda ; mais il avait donné le royaume à Joram, parce qu’il était l’aîné.

4 Et Joram étant élevé sur le royaume de son père, se fortifia et fit mourir par l’épée tous ses frères, et quelques-uns des principaux d’Israël.

5 Joram était âgé de trente-deux ans quand il commença à régner, et il régna huit ans à Jérusalem.

6 Et il suivit le train des rois d’Israël, comme avait fait la maison d’Achab ; car la fille d’Achab était sa femme ; de sorte qu’il fit ce qui est mauvais devant l’Eternel.

7 Toutefois, l’Eternel, à cause de l’alliance qu’il avait traitée avec David, ne voulut pas détruire la maison de David, selon ce qu’il avait dit qu’il lui donnerait une lampe et à ses fils pour toujours.

8 De son temps, ceux de l’Idumée se révoltèrent de l’obéissance de Juda, et ils établirent un roi sur eux.

9 C’est pourquoi, Joram passa à Tsahir, avec ses capitaines et avec tous les chariots qu’il avait, et s’étant levé de nuit, il battit les Iduméens qui étaient autour de lui, et tous les gouverneurs des chariots.

10 Et néanmoins les Iduméens se révoltèrent de l’obéissance de Juda, et cela a duré jusqu’à ce jour. En ce même temps-là, Libna se révolta de l'obéissance de Joram, parce qu’il avait abandonné l’Eternel, le Dieu de ses pères.

11 Il fit encore des hauts lieux dans les montagnes de Juda ; il fit que les habitants de Jérusalem se prostituèrent, et il y poussa aussi ceux de Juda.

12 Alors on lui apporta un écrit de la part d’Elie le prophète, conçu en ces termes : Ainsi a dit l'Eternel, le Dieu de David ton père : Parce que tu n’as point suivi les traces de Josaphat ton père, ni celles d’Asa, roi de Juda,

13 Mais que tu as suivi le train des rois d’Israël, et que tu as fait prostituer ceux de Juda, et les habitants de Jérusalem, comme la maison d’Achab a fait prostituer Israël, et même que tu as tué tes frères, qui étaient la famille de ton père, et qui étaient meilleurs que toi,

14 voici, l’Eternel s’en va frapper de grandes plaies ton peuple, tes enfants, tes femmes et tous tes biens ;

15 et tu auras de grosses maladies, une maladie d’entrailles, jusque-là que tes entrailles sortiront par la force de la maladie, qui augmentera de jour en jour.

16 L’Eternel donc excita contre Joram l’esprit des Philistins et des Arabes, qui habitent près des Cusciens ;

17 lesquels montèrent contre Juda, et se jetèrent tout au travers, et pillèrent toutes les richesses qui furent trouvées dans la maison du roi, et même ils emmenèrent captifs ses enfants et ses femmes, de sorte qu’il ne lui demeura aucun fils, sinon Jéhoachaz, le plus jeune de ses fils.

18 Et après toutes ces choses, l’Eternel le frappa dans ses entrailles d’une maladie incurable.

19 Et il arriva qu’un jour s’écoulant après l’autre, le temps de deux ans étant expiré, ses entrailles sortirent par la force de la maladie ; ainsi il mourut avec de grandes douleurs ; et le peuple ne fit point brûler sur lui de choses aromatiques, comme on avait fait sur ses pères.

20 Il était âgé de trente-deux ans quand il commença à régner, et il régna huit ans à Jérusalem, et il mourut sans être regretté. On l’ensevelit dans la cité de David, mais non pas dans les sépulcres des rois.

REFLEXIONS

Les réflexions que ce chapitre présente regardent les péchés du roi Joram et la punition que Dieu en fit. Joram, fils du pieux roi Josaphat, fut un très méchant prince. Il commença son règne par tuer ses frères, il suivit l’idolâtrie des rois d’Israël et il engagea les habitants de Jérusalem et le royaume de Juda dans la même impiété.

On voit, par cet exemple, que les pères craignant Dieu peuvent avoir des enfants impies et que Dieu, pour punir les peuples, leur donne quelquefois des princes cruels et sans religion.

Et comme il est remarqué que Joram fut entraîné dans l’idolâtrie par Athalie sa femme qui était fille d’Achab, il paraît de là que les alliances que l’on fait, soit par mariage, soir autrement, avec des personnes qui ne craignent pas Dieu ont des suites funestes et surtout que les rois qui connaissent la vraie religion ne peuvent s’allier dans des familles impies ou idolâtres sans exposer leur royaume et leur propre famille aux derniers malheurs. C’est ce que la suite de cette histoire montrera encore plus clairement.

Quoi que ces crimes de Joram provoquassent la colère de Dieu, Dieu ne voulut pourtant pas détruire la famille du Roi David. Mais Joram ne demeura pas impuni. Les Iduméens et ceux de Libna se révoltèrent contre lui. Il reçut un écrit du prophète Élie qui lui dénonçait les jugements de Dieu. Les Philistins et les Arabes désolèrent ses états, lui enlevèrent ses trésors et emmenèrent captifs ses femmes et ses enfants. Et après qu’il eut été puni dans son royaume, dans ses biens et dans sa famille, il le fut dans sa personne étant tombé dans une maladie étrange qui dura deux ans et qui le fit mourir dans d’horribles douleurs en rendant ses entrailles et après sa mort il ne fut pas enseveli avec les rois.

Voilà qui marque bien sensiblement qu’il y a une malédiction particulière qui tombe sur les princes cruels, injustes et impies, que leur fin est rarement heureuse, que, quand ils sont morts, leur mémoire est en détestation et qu’en général les méchants deviennent souvent dès cette vie les objets de la vengeance divine, ce qui doit nous faire adorer la providence et nous donner une grande frayeur d’offenser Dieu.

CHAPITRE XXII.

Achazia, fils de Joram, règne après lui. Il fut le sixième roi de Juda et il conserva l’idolâtrie. Après qu’il eut régné un an, Jéhu qui venait d’être oint roi d’Israël, le tua avec plusieurs des principaux de Juda. Quand il fut mort, Hathalie sa mère, qui était fille d’Achab et adonnée à l’idolâtrie, s’empara du royaume et fit tuer tous les princes du sang royal de Juda et même les enfants de son fils Achazia. Il n’en échappa qu’un, savoir Joas qui n’avait alors qu’un an et fut caché dans le temple et nourrit pendant six ans par les soins de sa tante, la femme du grand sacrificateur Jéhojadah.

1 Et les habitants de Jérusalem établirent pour roi en sa place Achazia, le plus jeune de ses fils, parce que les troupes qui étaient venues avec les Arabes au camp, avaient tué tous ceux qui étaient plus âgés que lui. Ainsi Achazia, fils de Joram, roi de Juda, régna.

2 Achazia était âgé de quarante-deux ans quand il commença à régner, et il régna un an à Jérusalem. Sa mère s’appelait Hathalie, et elle était fille de Homri.

3 Et il suivit aussi le train de la maison d’Achab, car sa mère était sa conseillère à faire du mal.

4 Il fit donc ce qui est mauvais devant l’Eternel, comme ceux de la maison d’Achab ; parce qu’ils furent ses conseillers, après la mort de son père, à sa ruine.

5 Et même, se gouvernant selon leurs conseils, il alla, avec Joram, fils d’Achab, roi d’Israël, à la guerre à Ramoth de Galaad, contre Hazaël, roi de Syrie, où les Syriens frappèrent Joram,

6 qui s’en retourna pour se faire panser à Jizréhel, parce qu’il avait des plaies, ayant été blessé à Rama, lorsqu’il faisait la guerre contre Hazaël, roi de Syrie ; et Hazaria, fils de Joram, roi de Juda, descendit pour voir Joram, le fils d’Achab, à Jizréhel, parce qu’il était malade.

7 Et ce fut là l’entière ruine d’Achazia, laquelle procédait de Dieu, d’être venu vers Joram ; parce qu’après y être venu, il sortit avec Joram contre Jéhu, fils de Nimsçi, que l’Eternel avait oint pour exterminer la maison d’Achab.

8 Car, quand Jéhu exerçait les jugements de Dieu sur la maison d’Achab, il trouva les principaux de Juda et les fils des frères d’Achazia, qui servaient Achazia, et il les tua.

9 Et ayant cherché Achazia, qui s’était caché à Samarie, on le prit et on l’amena vers Jéhu, et on le fit mourir ; puis on l’ensevelit ; car on dit : C’est le fils de Josaphat, qui a recherché l’Eternel de tout son cœur. Ainsi la maison d’Achazia ne put se conserver le royaume.

10 Et Hathalie, mère d’Achazia, ayant vu que son fils était mort, s’éleva, et elle extermina tout le sang royal de la maison de Juda.

11 Mais Jéhosçabhath, fille du roi Joram, prit Joas, fils d’Achazia, et le déroba d’entre les fils du roi qu’on faisait mourir ; et elle le mit avec sa nourrice dans la chambre des lits. Ainsi Jéhosçabhath, fille du roi Joram et femme de Jéhojadah le sacrificateur, le cacha de devant Hathalie, à cause qu’elle était sœur d’Achazia ; de sorte qu'Hathalie ne le fit point mourir.

12 Et il fut caché avec eux dans la maison de Dieu, l’espace de six ans ; cependant Hathalie régnait sur le pays.

REFLEXIONS

On voit d’abord dans ce chapitre qu’Achazia succéda à Joram son père parce que tous ses frères, qui étaient plus âgés que lui, avaient été tués par des troupes ennemies. Cette marque de la colère de Dieu contre la famille de Joram et de sa bonté envers Achazia qui fut épargné devait engager ce prince à ne pas irriter le Seigneur par ses crimes et il est étonnant qu’Achazia, après avoir vu tous les malheurs et la fin tragique de son père, se jeta dans les mêmes égarements que lui.

Mais c’est ce qui arrive le plus souvent dans les familles d’où la crainte de Dieu est bannie, les enfants ressemblent aux pères et c’est ce qu’on remarque surtout chez les princes qui d’ordinaire se livrent à leurs passions et sont environnés de flatteurs et de mauvais exemples.

Il faut remarquer en second lieu qu’Achazia se perdit en suivant les conseils d’Hathalie, sa mère, et en se liant avec Joram, roi d’Israël. L’Écriture dit que ce fut là l’entière ruine d’Achazia de venir vers Joram et que cela procédait de Dieu. Achazia fut tué par Jéhu et comme il avait participé aux crimes de la maison d’Achab, il fut aussi enveloppé dans les jugements que Dieu exerça sur cette maison par le moyen de Jéhu, roi d’Israël.

Et voilà comment les mauvais conseils et la société des méchants sont la source de toute sorte de malheurs.

L’élévation de la méchante Hathalie sur le trône et la mort des enfants d’Achazia son fils, lesquels elle fit mourir, nous montrent que Dieu permet quelquefois qu’il s’élève des usurpateurs et des tyrans qui s’emparent des états et que les entreprises des méchants réussissent. Mais Dieu donne des bornes à leur malice et il n’abandonne pas toujours ceux qui sont opprimés.

Joaz, fils d’Achazia, fut sauvé par une providence de Dieu toute particulière et par les soins de sa tante, la femme du grand sacrificateur Jéhojadah, qui le cacha et le nourrit pendant six ans et au bout de ce temps-là Joas fut déclaré roi, il rétablit la religion dans sa pureté et Hathalie fut punie des maux qu’elle avait faits.

Il importe d’observer encore sur cela que comme il ne restait plus que Joas du sang royal de Juda, Dieu voulut qu’il fût conservé, non seulement parce qu’il avait promis que les descendants de David régneraient, mais aussi parce que le Messie devait naître de la postérité de David, ce qui ne serait pas arrivé si Joas avait été mis à mort, puisque la race de David aurait été éteinte.

CHAPITRE XXIII.

Joas, fils d’Achazia, roi de Juda, ayant été caché six ans pendant qu’Hathalie régnait, le souverain sacrificateur Jéhojadab, son oncle, le fit proclamer roi et fit mourir Hathalie. Il renouvela l’alliance entre Dieu et le peuple, il détruisit le culte de Bahal qu’Hathalie avait introduit dans le royaume de Juda et il rétablit le service du Seigneur.

1 Mais dans la septième année, Jéhojadah se fortifia, et prit avec soi des capitaines, savoir, Hazaria, fils de Jéroham, Ismaël, fils de Jéhohanan, Hazaria, fils de Hobed, Mahaséja, fils de Hadaja, et Elisçaphat, fils de Zicri ; et il fit un traité avec eux.

2 Et ils firent le tour de Juda, et assemblèrent de toutes les villes de Juda, les Lévites et les chefs des pères d’Israël ; et ils vinrent à Jérusalem.

3 Et toute cette assemblée-là traita alliance avec le roi, dans la maison de Dieu. Et Jéhojadah leur dit : Voici, le fils du roi régnera, comme l’Eternel a parlé touchant les fils de David.

4 Voici donc ce que vous ferez : La troisième partie de ceux d’entre vous qui entrerez en semaine, tant des sacrificateurs que des Lévites, sera à la porte de Sippim ;

5 et la troisième partie sera vers la maison du roi, et la troisième partie à la porte du fondement ; et que tout le peuple se tienne aux parvis de la maison de l’Eternel.

6 Que nul n’entre dans la maison de l’Eternel, sinon les sacrificateurs et les Lévites servants : ceux-ci y entreront, parce qu’ils sont consacrés, et le reste du peuple fera la garde de l’Eternel.

7 Et ces Lévites environneront le roi de tous côtés, chacun ayant ses armes à la main ; et que celui qui entrera dans la maison soit mis à mort, et soyez avec le roi quand il sortira et quand il entrera.

8 Les Lévites donc, et tous ceux de Juda, firent tout ce que Jéhojadah le sacrificateur avait commandé, et ils prirent chacun ses gens, tant ceux qui entraient dans la semaine, que ceux qui en sortaient ; car Jéhojadah le sacrificateur n’avait point donné congé à ceux qui devaient sortir de semaine selon les départements qui avaient été faits.

9 Et Jéhojadah le sacrificateur donna aux capitaines des hallebardes, des boucliers et des rondelles, qui venaient du roi David, et qui étaient dans la maison de Dieu.

10 Et il rangea tout le peuple, chacun tenant ses armes à la main, depuis le côté droit du temple jusqu’au côté gauche du temple, tant pour l’autel que pour le temple, auprès du roi tout autour.

11 Alors on amena le fils du roi, et on mit sur lui une couronne et le témoignage, et ils l’établirent roi, et Jéhojadah et ses fils l’oignirent et dirent : Vive le roi !

12 Et Hathalie, entendant le bruit du peuple qui courait et qui chantait des louanges de Dieu autour du roi, vint vers le peuple dans la maison de l’Éternel,

13 Et elle regarda, et voilà, le roi était près de sa colonne à l’entrée, et les capitaines et les trompettes étaient près du roi, et tout le peuple du pays était en joie, et on sonnait des trompettes ; les chantres chantaient aussi avec des instruments de musique, et ils exhortaient à chanter les louanges de Dieu. Alors Hathalie déchira ses vêtements, et dit : Conjuration, conjuration !

14 Et le sacrificateur Jéhojadah fit sortir les capitaines qui avaient la charge de l’armée, et leur dit : Menez-la hors des rangs, et que celui qui la suivra soit mis à mort par l’épée ; car le sacrificateur avait dit : Ne la mettez point à mort dans la maison de l’Eternel.

15 Ils lui firent donc place, et elle revint par l’entrée de la porte des chevaux, dans la maison du roi, et ils la firent mourir là.

16 Et Jéhojadah, tout le peuple et le roi firent une alliance, promettant qu’ils seraient le peuple de l’Eternel.

17 Alors tout le peuple entra dans la maison de Bahal, et ils la démolirent et ils brisèrent ses autels et ses images ; ils tuèrent aussi Mattan, sacrificateur de Bahal, devant les autels.

18 Jéhojadah rétablit aussi les charges de la maison de l’Eternel entre les mains des sacrificateurs lévites, que David avait distribués pour la maison de l’Eternel, afin qu’ils offrissent les holocaustes à l’Eternel, comme il est écrit dans la loi de Moïse, avec joie et avec des cantiques, selon l’établissement de David.

19 Il établit aussi des portiers dans les portes de la maison de l'Eternel, afin qu’aucune personne souillée, de quelque manière que ce fût, n’y entrât.

20 Et il prit les capitaines, et les plus considérables, et ceux qui étaient établis sur le peuple, et tout le peuple du pays, et il fit descendre le roi de la maison de l’Eternel, et ils entrèrent par le milieu de la haute porte, dans la maison du roi ; puis ils firent asseoir le roi sur le trône royal.

21 Et tout le peuple du pays fut en joie, et la ville fut en repos, quoiqu’on eût mis à mort Hathalie par l’épée.

REFLEXIONS

La providence et la justice de Dieu paraissent d’une façon toute particulière dans l’élévation du jeune prince Joas sur le trône et dans la punition de la méchante reine Hathalie qui avait usurpé le royaume, qui y entretenait l’idolâtrie et qui avait répandu tant de sang. Cette heureuse révolution qui délivra le royaume de Juda de l’oppression d’une reine impie et cruelle et qui, en rendant ce royaume à son prince légitime, rétablit la religion dans sa pureté, nous fait voir que Dieu ne saurait accorder de plus grande grâce à un peuple que lorsqu’il ôte les méchants princes pour en établir de bons.

Et puisque Joas fut élevé sur le trône par le zèle et par la prudence du souverain sacrificateur Jéhojadah, qui fit en cela un acte de justice en rendant la couronne à celui à qui elle appartenait, on peut voir par-là que c’est un grand bonheur pour les princes et pour les états d’être conduits par les conseils de personnes sages et pieuses.

CHAPITRE XXIV.

C’est ici l’histoire de Joas, septième, roi de Juda. Il commença à régner à l’âge de sept ans et il fit son devoir pendant la vie du sacrificateur Jéhojadab. Mais après sa mort, il se corrompit, jusque-là qu’il introduisit de nouveau l’idolâtrie qui avait été ôtée dans les commencements de son règne et qu’il fit lapider dans le temple Zacharie, fils de Jéhojabah, parce que ce prophète lui reprochait d’avoir abandonné le Seigneur. Dieu punit Joas en le livrant entre les mains des Syriens et après qu’il eut régné quarante ans, il fut tué par ses propres officiers qui conjurèrent contre lui et Amasias, son fils, lui succéda.

1 Joas était âgé de sept ans quand il commença à régner, et il régna quarante ans dans Jérusalem ; sa mère s’appelait Tsibja, et elle était de Béer-scébah.

2 Or, Joas fit ce qui est droit devant l’Eternel, pendant tout le temps de la vie de Jéhojadah le sacrificateur.

3 Et Jéhojadah lui donna deux femmes, desquelles il eut des fils et des filles.

4 Après cela Joas prit à cœur de réparer la maison de l’Eternel.

5 Et il assembla les sacrificateurs et les Lévites, et leur dit : Allez par les villes de Juda, et amassez de l’argent de tout Israël pour réparer la maison de votre Dieu, d’année en année, et hâtez cette affaire. Mais les Lévites ne se hâtèrent point.

6 Et le roi appela Jéhojadah, le principal sacrificateur, et lui dit : Pourquoi n’as-tu pas fait diligence envers les Lévites, afin qu’ils apportassent de Juda et de Jérusalem l’impôt que Moïse, serviteur de l’Eternel, mit sur l’assemblée d’Israël, pour le tabernacle du témoignage ?

7 Car la méchante Hathalie et ses enfants avaient fourragé la maison de Dieu, et même ils avaient approprié aux Bahalims toutes les choses consacrées à la maison de l’Eternel.

8 C’est pourquoi le roi commanda qu’on fît un coffre et qu’on le mît à la porte de la maison de l’Eternel, en dehors.

9 Ensuite on publia dans Juda et dans Jérusalem, qu’on apportât à l’Eternel l’impôt sur Israël, que Moïse, serviteur de Dieu, avait ordonné dans le désert.

10 Et tous les principaux, et tout le peuple s’en réjouirent, et ils apportèrent, et ils jetèrent dans le coffre, jusqu’à ce qu’on eût achevé de réparer le temple.

11 Or, quand les Lévites emportaient le coffre, suivant l’ordre du roi (savoir, sitôt qu’on voyait qu’il y avait beaucoup d’argent), le secrétaire du roi et le commis du principal sacrificateur venaient et vidaient le coffre ; puis ils le reportaient et le remettaient en sa place ; ils faisaient ainsi de jour en jour, et ils amassèrent beaucoup d’argent.

12 Et le roi et Jéhojadah le distribuaient à ceux qui avaient la charge de l’ouvrage qui se faisait pour le service de la maison de l’Eternel, qui louaient des tailleurs de pierres et des charpentiers pour réparer la maison de l’Eternel, et des ouvriers qui travaillaient en fer et en airain, pour réparer la maison de l’Eternel.

13 Ceux donc qui avaient la charge de faire l’ouvrage, travaillèrent, et l’ouvrage fut entièrement achevé par leur moyen, de sorte qu’ils rétablirent la maison de Dieu en son état, et qu’ils l’affermirent.

14 Et dès qu’ils eurent achevé, ils apportèrent devant le roi et devant Jéhojadah le reste de l’argent, dont il fit faire des ustensiles pour la maison de l’Eternel, savoir, des ustensiles pour servir et pour offrir, et d’autres ustensiles d’or et d’argent ; et ils offrirent continuellement des holocaustes dans la maison de l’Eternel, pendant tout le temps de Jéhojadah.

15 Or, Jéhojadah étant devenu vieux et rassasié de jours, mourut ; il était âgé de cent trente ans quand il mourut.

16 Et on l’ensevelit dans la cité de David avec les rois, parce qu’il avait fait du bien en Israël, et envers Dieu et envers sa maison.

17 Mais après que Jéhojadah fut mort, les principaux de Juda vinrent et se prosternèrent devant le roi, et alors le roi les écouta.

18 Et ils abandonnèrent la maison de l’Eternel, le Dieu de leurs pères, et ils servirent les idoles des bocages et les faux dieux ; c’est pourquoi la colère de l’Eternel s’embrasa contre Juda et contre Jérusalem, parce qu’ils s’étaient rendus coupables dans cette affaire.

19 Et bien qu’il leur envoyât des prophètes, pour les faire retourner à l’Eternel, et qu’ils les en sommassent, toutefois ils ne voulurent point les écouter.

20 Et même, l’Esprit de Dieu revêtit Zacharie, fils de Jéhojadah le sacrificateur, de sorte qu’il se tint debout devant le peuple, et leur dit : Ainsi a dit Dieu : Pourquoi transgressez-vous les commandements de l’Eternel ? Vous ne prospérerez point ; et parce que vous avez abandonné l’Eternel, l’Eternel vous abandonnera aussi.

21 Et ils conjurèrent contre lui, et ils l’assommèrent de pierres, par le commandement du roi, dans le parvis de la maison de l’Eternel ;

22 de sorte que le roi Joas ne se souvint point de la bonté dont Jéhojadah, père de Zacharie, avait usé envers lui ; mais il tua son fils, lequel mourant, dit : L’Eternel le voit, et il le redemandera.

23 Et il arriva que l’année suivante l’armée de Syrie monta contre lui, et vint en Juda et à Jérusalem, et les Syriens détruisirent tous les principaux du peuple ; et ils envoyèrent au roi, à Damas, tout leur butin.

24 Bien que l’armée qui vint de Syrie fût composée de peu de gens, l’Eternel néanmoins, livra entre leurs mains une très grosse armée, parce qu’ils avaient abandonné l’Eternel, le Dieu de leurs pères ; ainsi les Syriens exécutèrent sur Joas les jugements de Dieu.

25 Et quand ils furent partis d’avec lui, quoiqu’ils l’eussent laissé dans de grandes langueurs, ses serviteurs conjurèrent contre lui, à cause du meurtre qu’il avait fait des enfants de Jéhojadah le sacrificateur, et ils le tuèrent sur son lit, et ainsi il mourut, et on l’ensevelit dans la cité de David ; mais on ne l’ensevelit pas dans les sépulcres des rois.

26 Et ce sont ici ceux qui conjurèrent contre lui, savoir, Zabad, fils de Scimhat, femme Hammonite, et Jéhozabad, fils de Scimrith, femme Moabite.

27 Pour ce qui est de ses enfants, et de la grande charge qui fut imposée sous lui, pour le rétablissement de la maison de Dieu, voilà, ces choses sont écrites dans les mémoires du livre des Rois. Et Amasias son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

Pour retirer du fruit de cette histoire, il faut considérer :

Que le roi Joas craignit Dieu et travailla pour établir son service pendant la vie du sacrificateur Jéhojadah, mais qu’après sa mort il se corrompit et qu’écoutant de mauvais conseils, il abandonna avec les principaux de son royaume le culte du Dieu de leurs pères pour servir de faux dieux.

Ce grand changement qui se fit en Joas montre combien il importe que les grands aient près d’eux des gens sages et vertueux et que les ministres de la religion soient revêtus de zèle et de prudence. La mort des personnes de ce caractère est une grande perte et les mauvais conseils sont très pernicieux aux princes qui les suivent.

Dieu voyant Joas dans cet égarement le fit avertir par un effet de sa bonté en lui envoyant ses prophètes, mais il méprisa ces avertissements et même il fit lapider dans le temple le prophète Zacharie qui le reprenait de ses crimes. Voilà l’exemple d’une extrême impiété en Joas aussi bien que d’une noire ingratitude, puisque Zacharie était son cousin, fils de la sœur du roi son père et du sacrificateur Jéhojadah, à qui Joas était redevable de la couronne et de la vie.

Les personnes qui ont eu de la piété et d’heureux commencements peuvent tomber dans les derniers crimes lorsqu’elles se relâchent et elles finissent quelque fois très mal.

Enfin, Joas eut le sort des méchants rois. L’Écriture dit que Dieu le livra aux Syriens ses ennemis quoiqu’ils fussent en petit nombre, il fut tué dans son lit par ses sujets et on l’ensevelit avec ignominie, d’où l’on doit recueillir que ceux qui provoquent la colère de Dieu par leurs péchés éprouvent tôt ou tard la sévérité de ses jugements.

CHAPITRE XXV.

Ce chapitre contient l’histoire d’Amasias, huitième roi de Juda. Il marqua de la piété dans les commencements et ayant la guerre contre les Iduméens, il renvoya, suivant les exhortations d’un prophète, les Israélites qu’il avait pris à sa solde et remporta la victoire. Mais il tomba dans l’idolâtrie en servant les idoles des Iduméens qu’il avait vaincu, à cause de quoi un prophète lui dénonça sa ruine. Après cela, il déclara la guerre à Joas roi d’Israël et il fut vaincu. Joas entra à Jérusalem et pilla le temple. Enfin, Amasias, ayant régné vingt-neuf ans, fut tué dans une conspiration et Hosias son fils lui succéda.

1 Amasias commença de régner étant âgé de vingt-cinq ans, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Jéhohaddan, et elle était de Jérusalem.

2 Il fit ce qui est droit devant l’Eternel, mais il ne le fit pas avec intégrité de cœur.

3 Or, il arriva, après qu’il fut affermi dans son royaume, qu’il fit mourir ses serviteurs qui avaient tué le roi son père.

4 Cependant, il ne fit point mourir leurs enfants ; mais il fit selon ce qui est écrit dans la loi, au livre de Moïse, dans lequel l’Eternel fait ce commandement disant : Les pères ne mourront point pour les enfants ; les enfants aussi ne mourront point pour les pères ; mais chacun mourra pour son péché.

5 Puis Amasias assembla ceux de Juda, et il les établit selon les familles des pères, selon les capitaines de milliers et de centaines, par tout Juda et Benjamin ; et il en fit le dénombrement depuis l’âge de vingt ans et au-dessus, et il en trouva trois cent mille choisis, qui marchaient en bataille et qui portaient la javeline et le bouclier.

6 Il prit aussi à sa solde cent mille hommes forts et vaillants, de ceux d’Israël, pour cent talents d’argent.

7 Mais un homme de Dieu vint à lui, et lui dit : O roi ! que l’armée d’Israël ne marche point avec toi ; car l’Eternel n’est point avec Israël, ils sont tous enfants d’Ephraïm.

8 Sinon, vas-y, fais ce que tu voudras, fortifie-toi pour le combat ; mais Dieu te fera tomber devant l’ennemi, car Dieu a la puissance d’aider et de faire tomber.

9 Et Amasias répondit à l’homme de Dieu : Mais que deviendront les cent talents que j’ai donnés aux troupes d’Israël ? Et l’homme de Dieu dit : L’Eternel en a pour t’en donner beaucoup plus.

10 Ainsi Amasias sépara les troupes qui lui étaient venues d’Ephraïm, afin qu’elles retournassent chez elles ; et leur colère s’enflamma contre Juda, et ils s’en retournèrent chez eux avec une grande colère.

11 Alors Amasias, ayant pris courage, conduisit son peuple et s’en alla dans la vallée du sel, où il battit dix mille hommes des enfants de Séhir.

12 Et les enfants de Juda prirent dix mille hommes vifs, et ils les amenèrent sur le haut d’une roche, et les jetèrent du haut de la roche, de sorte qu’ils périrent tous.

13 Mais les troupes qu’Amasias avait renvoyées, afin qu’elles ne vinssent point avec lui à la guerre, se jetèrent sur les villes de Juda, depuis Samarie jusqu’à Beth-Horon ; et après qu’ils en eurent frappé mille hommes, ils emportèrent un gros butin.

14 Or, il arriva qu’Amasias étant revenu de la défaite des Iduméens, et ayant apporté les dieux des enfants de Séhir, il se les établit pour dieux, et se prosterna devant eux, et leur fit des encensements.

15 Et la colère de l’Eternel s’alluma contre Amasias, et il envoya vers lui un prophète, qui lui dit : Pourquoi as-tu recherché les dieux d’un peuple, qui n’ont point délivré leur peuple de ta main ?

16 Et comme il parlait au roi, le roi lui dit : T’a-t-on établi conseiller du roi ? Retire-toi, pourquoi te ferais-tu tuer ? Et le prophète se retira ; et cependant, il dit : Je sais bien que Dieu a délibéré de te détruire, parce que tu as fait ceci, et que tu n’as point obéi à mon conseil.

17 Et Amasias, roi de Juda, ayant tenu conseil, envoya vers Joas, fils de Jéhoachaz, fils de Jéhu, roi d’Israël, pour lui dire : Viens, que nous nous voyions l’un l’autre.

18 Et Joas, roi d’Israël, envoya dire à Amasias, roi de Juda : L’épine qui est au Liban a envoyé dire au cèdre qui est au Liban : Donne ta fille pour femme à mon fils ; mais les bêtes sauvages qui sont au Liban, ont passé et ont foulé l’épine.

19 C’est ainsi que tu as parlé : Parce que tu as battu les Iduméens, ton cœur s’est élevé pour faire le glorieux. Tiens-toi maintenant dans ta maison ; pourquoi t’engagerais-tu dans un mal par lequel tu tomberais, toi et Juda avec toi ?

20 Mais Amasias ne l’écouta pas ; car cela venait de Dieu, afin de les livrer entre les mains de Joas, parce qu’ils avaient recherché les dieux des Iduméens.

21 Ainsi Joas, roi d’Israël, monta, et il se virent l’un l’autre, lui et Amasias, roi de Juda, à Beth-scémès, qui est de Juda.

22 Et Juda ayant été défait par Israël, ils s’enfuirent chacun dans leurs tentes.

23 Et Joas, roi d’Israël, prit Amasias, roi de Juda, fils de Joas, fils de Jéhoachaz, à Beth-scémès, et il l’emmena à Jérusalem, et il fit une brèche de quatre cents coudées dans la muraille de Jérusalem, depuis la porte d’Ephraïm, jusqu’à la porte du coin.

24 Et ayant pris tout l’or et l’argent, et tous les vaisseaux qui furent trouvés dans la maison de Dieu, sous la direction de Hobed-Edom, avec les trésors de la maison royale, et des gens pour être en otage, il s’en retourna à Samarie.

25 Et Amasias, fils de Joas, roi de Juda, vécut quinze ans, après que Joas, fils de Jéhoachaz, roi d’Israël, fut mort.

26 Le reste des actions d’Amasias, tant les premières que les dernières, voilà, n’est-il pas écrit dans le livre des rois de Juda et d’Israël ?

27 Or, depuis le temps qu’Amasias se fut détourné de l’Éternel, on fit une conspiration contre lui à Jérusalem, et il s’enfuit à Lakis ; mais on envoya après lui à Lakis et on le tua là.

28 Et de là on l’apporta sur des chevaux, et on l’ensevelit avec ses pères dans la ville de Juda.

REFLEXIONS

Il faut remarquer ici :

I. Ce qu’il y eut de bon et de louable dans le roi Amasias. L’Écriture le loue de ce que lorsqu’il fit mourir ceux qui avaient tué le roi Josias son père, il ne fit pas mourir leurs enfants, en quoi il fit paraître sa justice, sa modération et son obéissance à la loi de Dieu qui défend de faire mourir les enfants pour les péchés de leurs pères. Amasias marqua encore sa soumission aux ordres de Dieu, lorsqu’ayant pris cent mille Israélites à sa solde pour une grande somme d’argent, il les renvoya sur ce qu’un prophète lui ordonna de faire et lui dit que quand même il perdrait cette somme qu’il avait donnée au roi d’Israël, Dieu était assez puissant pour le dédommager de cette perte. Amasias fut récompensé de la déférence qu’il eut pour la volonté de Dieu et il remporta de grands avantages sur les Iduméens.

Cela nous montre que jamais des raisons d’intérêt, ni aucune autre considération, ne doivent nous empêcher d’obéir à ce que Dieu nous commande et qu’il ne manque jamais de moyens de récompenser ceux qui font sa volonté et qui se confient en lui.

Mais le roi Amasias tomba dans l’ingratitude et dans la rébellion contre Dieu. Au lieu de lui faire hommage de sa victoire, il adora les idoles des peuples qu’il avait vaincus et en étant repris par un prophète, il lui ordonna de se taire et le menaça de lui ôter   la vie. Aussi Dieu retira sa protection de dessus ce prince, le roi d’Israël qu’Amasias avait provoqué témérairement et avec orgueil vint ravager son pays, il entra à Jérusalem et pilla même le temple et le palais du roi, ce que les rois d’Israël n’avaient point encore fait jusqu’alors. De cette manière, Dieu qui n’avait pas voulu que les Israélites aidassent Amasias contre le roi des Iduméens, se servit d’eux pour châtier Amasias lui-même et ses sujets.

Enfin, ce prince périt malheureusement comme son père et fut tué par une conjuration que l’on fit contre lui.

La leçon que cela nous donne, c’est qu’il ne sert de rien d’avoir fait son devoir pendant quelque temps si l’on ne persévère pas et que ceux qui, après avoir bien commencé, se détournent de la crainte de Dieu peuvent se corrompre jusqu’à devenir tout-à-fait méchants et à attirer sur eux les effets les plus terribles de la colère du Seigneur.

CHAPITRE XXVI.

Ce chapitre contient l’histoire d’Hozias, nommé autrement Azarias, neuvième roi de Juda. Il fut attaché au service de Dieu dans le commencement de son règne et il prospéra. Mais il se corrompit dans la suite et il voulut même faire les fonctions de sacrificateur, à cause de quoi Dieu le frappa de lèpre et il fut séquestré jusqu’à sa mort. Jotham, son fils, lui succéda.

1 Alors tout le peuple de Juda prit Hozias, qui était âgé de seize ans, et ils l’établirent roi en la place d’Amasias son père.

2 Il bâtit Eloth, l’ayant remise en la puissance de Juda, après que le roi se fut endormi avec ses pères.

3 Hozias était âgé de seize ans quand il commença à régner, et il régna cinquante-deux ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Jécolia, et elle était de Jérusalem.

4 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, comme avait fait Amasias son père,

5 et il s’appliqua à rechercher Dieu pendant la vie de Zacharie, homme intelligent dans les visions de Dieu ; et pendant les jours qu’il rechercha l’Éternel, Dieu le fit prospérer.

6 Car il sortit et fit la guerre contre les Philistins, et il fit une brèche dans la muraille de Gath, et dans la muraille de Jabné, et dans la muraille d’Asçdod ; et il bâtit des villes à Asçdod, et entre les autres Philistins.

7 Et Dieu lui donna du secours contre les Philistins et contre les Arabes qui habitaient à Gur-Bahal, et contre les Méhunites.

8 Et même, les Hammonites donnaient des présents à Hozias, de sorte que sa réputation se répandit jusqu’à l’entrée d’Égypte ; car il avait très bien fortifié le pays.

9 Hozias bâtit aussi des tours à Jérusalem, sur la porte du coin, sur la porte de la vallée, et sur l’encoignure ; et il les fortifia.

10 Il bâtit aussi des tours dans le désert, et il creusa plusieurs puits, parce qu’il avait beaucoup de bétail dans la plaine et dans la campagne, et des laboureurs et des vignerons sur les montagnes et en Carmel, parce qu’il aimait l’agriculture.

11 Et Hozias avait une armée composée de gens de guerre, qui marchaient en bataille par bandes, selon le compte de leur dénombrement fait par Jéhiel scribe et Mahaséja prévôt, sous la conduite de Hananjà, l’un des principaux capitaines du roi.

12 Tout le nombre des chefs des pères, d’entre ceux qui étaient forts et vaillants, était de deux mille et six cents.

13 Et il y avait sous leur conduite, une armée de trois cent sept mille et cinq cents combattants, tous gens de guerre, forts et vaillants, pour aider le roi contre l’ennemi.

14 Et Hozias leur prépara, savoir, à toute cette armée-là, des boucliers, des javelines, des casques et des cuirasses, des arcs et des pierres de fronde.

15 Et il fit à Jérusalem des machines de l’invention d’un ingénieur, afin qu’elles fussent sur les tours et sur les coins, pour jeter des flèches et de grosses pierres. Ainsi sa réputation alla fort loin ; car il fut merveilleusement secouru jusqu’à ce qu’il fût fortifié.

16 Mais sitôt qu’il fut fortifié, son cœur s’éleva jusqu’à se corrompre, de sorte qu’il commit un grand péché contre l’Éternel son Dieu ; car il entra au temple de l’Éternel pour faire un parfum sur l’autel du parfum.

17 Et Asarias le sacrificateur entra après lui, et il avait avec lui des sacrificateurs de l’Éternel, quatre-vingts vaillants hommes,

18 qui s’opposèrent au roi Hozias, et lui dirent : Hozias, il ne t’appartient point de faire le parfum à l’Éternel ; car c’est la fonction des sacrificateurs, fils d’Aaron, qui sont consacrés pour faire le parfum. Sors du sanctuaire ; car tu as péché, et tu n’en recevras point d’honneur de l’Éternel Dieu.

19 Alors Hozias, ayant en sa main le parfum pour faire des encensements, fut irrité ; et comme il s’irritait contre les sacrificateurs, la lèpre parut sur son front, en la présence des sacrificateurs, en la maison de l’Éternel, auprès de l’autel des parfums.

20 Alors Asarias, le principal sacrificateur, le regarda avec tous les sacrificateurs, et voilà, il était lépreux en son front, et ils le firent sortir en hâte de là ; et il se hâta de sortir, parce que l’Éternel l’avait frappé.

21 Et ainsi le roi Hozias fut lépreux jusqu’au jour qu’il mourut, et demeura lépreux dans une maison écartée, et même il fut retranché de la maison de l’Éternel ; et Jotham son fils, avait le commandement de la maison du roi, jugeant le peuple du pays.

22 Or, Esaïe, fils d’Amos, prophète, a écrit le reste des actions d’Hozias, tant les premières que les dernières.

23 Et Hozias s’endormit avec ses pères, et il fut enseveli avec eux dans le champ des sépulcres des rois ; car dirent-ils, il est lépreux ; et Jotham son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

L’histoire d’Hozias, roi de Juda, nous apprend qu’il commença bien mais qu’il finit mal. Il eut d’abord de la piété et il s’appliqua à servir Dieu et à lui plaire étant aidé en cela par les conseils d’un prophète, nommé Zacharie, et pendant qu’il se conduisit de la sorte, il prospéra. Il fut victorieux des Philistins, il se maintint contre les Arabes, les Hammonites lui furent tributaires, il fortifia Jérusalem et sa réputation s’accrut extrêmement. Mais ces prospérités lui enflèrent le cœur et il s’oublia jusqu’à violer ouvertement les lois de la religion en voulant offrir le parfum dans le temple, ce qui n’était permis qu’aux sacrificateurs. Et comme il s’irrita et se raidit contre les sacrificateurs qui voulaient l’en empêcher, Dieu le punit en le rendant lépreux, ce qui fit qu’on le mit hors du temple et qu’on le séquestra pour tout le reste de sa vie.

L’on doit considérer sur cela que les personnes pieuses se corrompent lorsqu’elles ne se tiennent pas sur leurs gardes et que la prospérité est un état où l’on s’oublie facilement.

Ce qui arriva à Hozias pour avoir entrepris d’offrir le parfum dans le temple montrait que Dieu ne voulait pas que les rois ne changeassent rien dans la religion, ni qu’ils empiétassent sur la charge de ceux qui en étaient les ministres.

De là on peut recueillir que chacun doit se tenir dans les bornes de sa vocation sans s’ingérer dans celle des autres et que comme les conducteurs de l’église ne doivent point usurper les fonctions et l’autorité des princes et des magistrats, ceux-ci ne doivent pas non plus usurper celles des pasteurs, ni prétendre disposer à leur gré des choses de la religion.

CHAPITRE XXVII.

Jotham, dixième roi de Juda, succéda à Hozias, son père. Ce fut un prince recommandable par sa piété et son règne fut favorisé du Seigneur. Il mourut après avoir régné seize ans et il laissa le royaume à Achaz, son fils.

1 Jotham était âgé de vingt-cinq ans quand il commença à régner, et il régna seize ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Jérusça, et elle était fille de Tsadok.

2 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, comme Hozias son père avait fait, excepté qu’il n’entra pas dans le temple de l’Éternel ; et néanmoins le peuple se corrompait encore.

3 Il bâtit la plus haute porte de la maison de l’Éternel ; et il bâtit beaucoup en la muraille de Hophel.

4 Il bâtit aussi des villes sur les montagnes de Juda, et des châteaux, et des tours dans les forêts.

5 De plus, il combattit contre le roi des Hammonites, et il fut le plus fort. Et cette année-là les Hammonites lui donnèrent cent talents d’argent, et dix mille cores de blé, et dix mille d’orge. Les Hammonites lui donnèrent ces choses-là, même la seconde et la troisième année.

6 Jotham se fortifia donc, parce qu’il avait rendu ses voies droites devant l’Éternel son Dieu.

7 Le reste des actions de Jotham, et toutes ses batailles, et sa conduite, voilà, toutes ces choses sont écrites au livre des rois d’Israël et de Juda.

8 Il était âgé de vingt-cinq ans quand il commença à régner, et il régna seize ans à Jérusalem.

9 Puis Jotham s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit dans la cité de David ; et Achaz son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

I. Jotham est compté entre les bons rois de Juda. Il marcha sur les traces d’Hozias son père en ce qu’il avait eu de bon, mais il ne l’imita pas dans ses fautes et par là il attira sur lui la faveur du Seigneur dont il ressentit particulièrement les effets dans la guerre qu’il eut avec les Hammonites.

II. On doit remarquer ici qu’au lieu que tous les rois d’Israël sans exception furent idolâtres, il y eut divers bons rois dans le royaume de Juda, quoi que pourtant ils ne pussent pas venir à bout d’abolir entièrement dans leur royaume toutes les pratiques idolâtres et superstitieuses. Mais si parmi les rois de Juda il s’en trouva plusieurs qui firent de si grandes choses pour faire régner la crainte de Dieu dans leur état, le nombre de ces bons rois devrait être beaucoup plus grand parmi les princes chrétiens.

III. L’on voit dans l’histoire de Jotham et dans celle de tous les autres rois pieux que Dieu les bénit tous et les fit prospérer pendant que les rois idolâtres étaient punis dans leur règne, dans leurs familles et en plusieurs autres manières. C’était là pour tout le peuple d’Israël une preuve bien sensible du soin que Dieu prenait d’eux et un puissant motif à le craindre. Et c’est ainsi que Dieu a donné de tout temps aux hommes des marques convaincantes de sa providence et de sa justice afin de les engager à le servir et à le regarder comme l’auteur de toute leur félicité.

CHAPITRE XXVIII.

Achaz, onzième roi de Juda, s’adonne à l’idolâtrie la plus abominable. Dieu le punit par le moyen de Retsin, roi de Syrie, et de Pékah, roi d’Israël, qui lui font la guerre. Son armée est défaite par les Israélites qui emmenèrent à Samarie un très grand nombre de prisonniers et un gros butin. Mais, sur les remontrances du prophète Hoded, ils renvoyèrent tous les prisonniers et tout ce butin au pays de Juda. Achaz appelle le roi des Assyriens à son secours contre les rois de Syrie et d’Israël, mais il ne lui en revint aucun avantage. Cependant il continua dans ses péchés, il adora les idoles. Après avoir donné des marques du plus grand endurcissement et de la dernière impiété pendant son règne, il mourut ayant régné seize ans et il eut pour successeur Ézéchias, son fils.

1 Achaz était âgé de vingt ans quand il commença à régner, et il régna seize ans à Jérusalem ; et il ne fit point ce qui est droit devant l’Eternel, comme David son père, avait fait.

2 Mais il suivit le train des rois d’Israël, et même il fit des images de fonte aux Bahalims.

3 Il fit aussi des encensements dans la vallée des fils de Hinnom, et il fit brûler de ses fils au feu, selon les abominations des nations que l’Eternel avait chassées de devant les enfants d’Israël.

4 Il sacrifiait aussi et faisait des encensements dans les hauts lieux, et sur les coteaux, et sous tout arbre chargé de feuilles.

5 C’est pourquoi l’Eternel son Dieu le livra entre les mains du roi de Syrie, de sorte que les Syriens le défirent et prirent sur lui un fort grand nombre de prisonniers, qu’ils emmenèrent à Damas ; il fut aussi livré entre les mains du roi d’Israël, qui lui fit un grand carnage.

6 Car Pékah, fils de Rémalja, tua en un jour cent vingt mille hommes de ceux de Juda, tous vaillants hommes parce qu’ils avaient abandonné l’Eternel, le Dieu de leurs pères.

7 Et Zicri, homme puissant d’Ephraïm, tua Mahaséja, fils du roi, et Hazrikam, qui avait la conduite de la maison, et Elkana, qui tenait le second rang après le roi.

8 Et les enfants d’Israël emmenèrent prisonniers, de leurs frères, deux cent mille personnes, tant femmes que fils et filles ; et firent aussi sur eux un gros butin, et ils l’emmenèrent à Samarie.

9 Or, un prophète de l’Eternel, nommé Hoded, était là ; il sortit au-devant de cette armée, qui allait entrer à Samarie, et il leur dit : voici, l’Eternel, le Dieu de vos pères, étant indigné contre Juda, les a livrés entre vos mains, et vous les avez tués en furie, de sorte que cela est parvenu jusqu’aux cieux.

10 Et maintenant, vous faites votre compte de vous assujettir pour serviteurs et pour servantes les enfants de Juda et de Jérusalem. N’est-ce pas vous seuls, qui êtes coupables envers l’Eternel votre Dieu ?

11 Maintenant donc, écoutez-moi, et ramenez les prisonniers que vous avez pris d’entre vos frères ; car l’ardeur de la colère de l’Eternel est sur vous.

12 Alors quelques-uns des chefs des enfants d’Ephraïm se levèrent ; savoir Hazaria, fils de Jéhohanan, Bérecja, fils de Mescillémoth, Ezéchias, fils de Sçallum, et Hamasa, fils de Hadlaï, contre ceux qui retournaient de la guerre ;

13 et ils leur dirent : Vous ne ferez point entrer ici ces prisonniers ; car vous prétendez nous rendre coupables devant l’Eternel, en ajoutant ce péché à nos péchés et à notre crime, bien que nous soyons très coupables, et que l’ardeur de la colère de l'Eternel soit grande sur Israël.

14 Alors les soldats relâchèrent les prisonniers et le butin devant les principaux et toute l’assemblée.

15 Et ces hommes, qui ont été nommés ci-dessus par leurs noms, se levèrent et prirent les prisonniers, et ils revêtirent du butin tous ceux d’entre eux qui étaient nus ; et quand ils les eurent vêtus et chaussés, et qu’ils leur eurent donné à manger et à boire, et qu’ils les eurent oints, ils conduisirent sur des ânes tous ceux qui ne pouvaient pas se soutenir, et ils les amenèrent à Jérico, qui est la ville des palmes, chez leurs frères ; puis ils s’en retournèrent à Samarie.

16 En ce temps-là le roi Achaz envoya vers les rois d’Assyrie, afin qu’ils lui donnassent du secours.

17 Car outre cela les Iduméens étaient venus, et avaient emmené des prisonniers.

18 Les Philistins s'étaient aussi jetés sur les villes de la campagne et du midi de Juda, et ils avaient pris Beth-scémès, Ajalon, Guédéroth, Soco avec les villes de son ressort, Timna avec les villes de son ressort, et Guimzo avec les villes de son ressort ; et ils habitaient là.

19 Car l’Éternel avait abaissé Juda, à cause d’Achaz, roi de Juda, parce qu’il avait détourné Juda du service de Dieu, de sorte qu’il s’était entièrement adonné à pécher contre l’Éternel.

20 Ainsi Tiglath-Pilnéeser, roi d’Assyrie, vint vers lui ; mais il l’opprima, bien loin de le fortifier.

21 Car Achaz prit bien une partie des trésors de la maison de l’Éternel, et de la maison royale, et des principaux du peuple, et ils les donna au roi d’Assyrie ; toutefois, il ne le secourut point.

22 Et dans le temps qu’on l’affligeait, il continuait toujours plus à pécher contre l’Éternel ; c’était toujours le roi Achaz.

23 Car il sacrifia aux dieux de Damas qui l’avaient frappé ; et il dit : Puisque les dieux des rois de Syrie leur sont en aide, je leur sacrifierai, afin qu’ils me soient en aide. Mais ils furent cause de sa chute et de celle de tout Israël.

24 Et Achaz prit tous les vaisseaux de la maison de Dieu, et les rompit, les vaisseaux, dis-je, de la maison de Dieu ; et il ferma les portes de la maison de l’Éternel, et se fit des autels dans tous les coins de Jérusalem.

25 Et il fit des hauts lieux dans chaque ville de Juda, pour faire des encensements à d’autres dieux ; et il irrita l’Éternel, le Dieu de ses pères.

26 Quant au reste de ses actions, et toutes ses démarches, tant les premières que les dernières, voilà, toutes ces choses sont écrites au livre des rois de Juda et d’Israël.

27 Puis Achaz s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit dans la cité, à Jérusalem ; mais on ne le mit point dans les sépulcres des rois d’Israël ; et Ezéchias son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

On doit considérer ici :

I. Le récit des impiétés d’Achaz qui, étant fils du pieux roi Jotham, dégénéra de la piété de son père et introduisit à Jérusalem des horreurs qu’on n’y avait point encore vues, jusques là qu’il fit passer ses enfants par le feu en l’honneur des idoles comme les anciens Cananéens le faisaient. Une telle impiété dans un prince qui connaissait le vrai Dieu est inconcevable, aussi ne tarda-t-il pas à ressentir les effets de la vengeance divine, Dieu l’ayant livré au roi de Syrie et ensuite au roi d’Israël qui le défi, lui tua cent vingt mille hommes en emmena deux cent mille prisonniers avec un butin considérable. C’était là un exemple bien remarquable de la justice de Dieu contre ce roi et contre son royaume.

II. Il faut observer que quoi que Dieu, pour punir Achaz, eût permis que le roi d’Israël lui tuât beaucoup de monde et emmenât prisonniers un grand nombre de ses sujets, le prophète Hoded censura les Israélites des cruautés qu’ils avaient commises dans cette guerre contre ceux de Juda qui étaient leurs frères et qu’il commanda de renvoyer les prisonniers et le butin qu’ils avaient faits, à quoi les Israélites obéirent avec promptitude, renvoyant avec toute sorte d’humanité les prisonniers, rendant tout le butin et reconduisant au pays de Juda ceux qui ne pouvaient pas marcher.

Cette histoire fait voir bien clairement que Dieu n’approuve point les excès et les cruautés qui se commettent dans la guerre et qu’on doit toujours traiter tout le monde et même les ennemis avec modération et avec douceur. Et s’il est dit que Dieu fut indigné contre les Israélites de ce qu’ils avaient fait un si grand carnage de leurs frères, il l’est beaucoup plus contre les chrétiens qui, étant tous frères, sont si portés à se faire continuellement la guerre et à se détruire les uns les autres.

On voit ici l’extrême méchanceté et l’étrange endurcissement d’Achaz. Au lieu de s’humilier et de recourir à Dieu lorsqu’il fut attaqué par les rois de Syrie et d’Israël, il eut recours au roi d’Assyrie et il vint jusqu’à cet excès d’impiété que d’attribuer la puissance des Syriens à leurs faux dieux et de dire : Puisque ces dieux des Syriens leur donnent du secours, je leur sacrifierai afin qu’ils me secourent aussi.

Dieu irrité contre lui le livra à ses ennemis. Les Iduméens et les Philistins remportèrent plusieurs avantages sur lui. Le roi d’Assyrie, auquel il s’était confié, ravagea ses états. Mais ce qui fait surtout horreur, c’est ce que l’Écriture remarque, que dans le temps qu’Achaz était le plus en détresse il continuait d’autant plus à pécher contre le Seigneur.

C’est la marque d’un endurcissement désespéré lorsque les châtiments de Dieu ne servent de rien et qu’au lieu d’en profiter, on devient plus méchant dans l’affliction.

La dernière considération que l’on doit faire c’est que Dieu, en châtiant Achaz, voulut en même temps punir par le moyen du roi d’Assyrie les Israélites et les Syriens qui avaient déclaré injustement la guerre au royaume de Juda. C’est ce que l’on voit au chapitre VIII d’Ésaïe.

L’on doit reconnaître dans ces sortes d’événements les voies de la providence qui emploie souvent les méchants, soit pour punir ceux qui offensent le Seigneur, soit pour protéger ceux qu’il favorise.

CHAPITRE XXIX.

Ézéchias, douzième roi de Juda, fut illustre par sa piété. Il ôta l’idolâtrie qu’Achaz, son père, avait introduite, il rétablit le service divin, il assembla pour cet effet les sacrificateurs et les Lévites auxquels il adressa une grave exhortation. Ensuite il fit renouveler l’alliance avec Dieu à tout le peuple d’une manière solennelle et il donna à cette occasion des marques éclatantes de son zèle et de sa joie.

1 Ezéchias commença à régner étant âgé de vingt-cinq ans, et il régna vingt-neuf ans à Jérusalem. Sa mère s’appelait Abija et elle était fille de Zacharie.

2 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, comme avait fait David son père.

3 La première année de son règne, au premier mois, il ouvrit les portes de la maison de l’Éternel, et il les répara.

4 Et il fit venir les sacrificateurs et les Lévites, et les assembla dans la place orientale.

5 Et il leur dit : Ecoutez-moi, Lévites ; purifiez-vous, maintenant, et purifiez la maison de l’Éternel, le Dieu de vos pères, et jetez hors du sanctuaire les choses souillées.

6 Car nos pères ont péché et fait ce qui est mauvais devant l’Éternel notre Dieu ; et ils l’ont abandonné, et ils ont détourné leurs visages du pavillon de l’Éternel, et lui ont tourné le dos.

7 Et même ils ont fermé les portes du portique ; et ils ont éteint les lampes ; et ils n’ont point fait de parfum, et ils n’ont point offert d’holocauste dans le lieu saint, au Dieu d’Israël.

8 C’est pourquoi, l’indignation de l’Éternel a été sur Juda et sur Jérusalem, et il les a livrés pour être agités, désolés et moqués, comme vous le voyez de vos yeux.

9 Car, voici, nos pères sont tombés par l’épée ; nos fils, nos filles et nos femmes sont en captivité à cause de cela.

10 Maintenant donc, j’ai dessein de traiter alliance avec l’Éternel, le Dieu d’Israël ; et l’ardeur de sa colère se détournera de nous.

11 Or, mes enfants, ne vous abusez point ; car l’Éternel vous a choisis, afin que vous vous teniez devant lui pour le servir, et pour être ses serviteurs, et pour lui faire le parfum.

12 Les Lévites donc se levèrent, savoir, Mahath, fils de Hamasaï, et Joël, fils de Hazaria, d’entre les descendants des Kéhathites ; et des descendants de Mérari, Kis, fils de Habdi, et Hazaria, fils de Jahalléléel ; et des Guersçonites, Joah, fils de Zimma, et Héden, fils de Joah ;

13 et des descendants d’Elitsaphan, Scimri et Jéhiel ; et des descendants d’Asaph, Zacharie et Mattanja ;

14 et des descendants d’Héman, Jéhiel et Scimhi ; et des descendants de Jédithun, Scémahja et Huziel.

15 Ils assemblèrent leurs frères et se purifièrent ; et ils entrèrent selon le commandement du roi, et suivant la parole de l’Éternel, pour nettoyer la maison de l’Éternel.

16 Ainsi les sacrificateurs entrèrent dans la maison de l’Éternel, afin de la nettoyer ; et ils portèrent dehors au parvis de la maison de l’Éternel, toute l’ordure qu’ils trouvèrent dans le temple de l’Éternel, que les Lévites prirent pour l’emporter au torrent de Cédron.

17 Et ils commencèrent à purifier le temple, le premier jour du premier mois ; et le huitième jour du mois ils entrèrent au portique de l’Éternel, et ils purifièrent la maison de l’Éternel pendant huit jours ; et le seizième jour de ce premier mois, ils eurent achevé.

18 Après cela, ils entrèrent dans la chambre du roi Ézéchias, et dirent : Nous avons nettoyé toute la maison de l’Éternel, et l’autel des holocaustes avec ses ustensiles, et la table des pains de proposition avec tous ses ustensiles ;

19 et nous avons dressé et nettoyé tous les ustensiles que le roi Achaz avait écartés, durant son règne, par son péché ; et voici, ils sont devant l’autel de l’Éternel.

20 Alors le roi Ézéchias, se levant de bon matin, assembla les principaux de la ville, et il monta dans la maison de l’Éternel.

21 Et ils amenèrent sept veaux, sept béliers, sept agneaux et sept boucs entiers, afin de les offrir en sacrifice pour le péché, pour le royaume, pour le sanctuaire et pour Juda. Puis le roi dit aux sacrificateurs, fils d’Aaron, qu’ils les offrissent sur l’autel.

22 Et ainsi ils égorgèrent les veaux ; et les sacrificateurs reçurent le sang, et ils le répandirent vers l’autel ; ils égorgèrent aussi les béliers, et ils répandirent le sang vers l’autel ; ils égorgèrent aussi les agneaux, et ils répandirent le sang vers l’autel.

23 Puis on fit approcher les boucs pour le péché, devant le roi et devant l’assemblée, et ils posèrent leurs mains sur eux.

24 Alors les sacrificateurs les égorgèrent, et offrirent en expiation leur sang vers l’autel, pour faire la propitiation pour tout Israël ; car le roi avait ordonné cet holocauste et ce sacrifice pour le péché, pour tout Israël.

25 Il fit aussi que les Lévites se tinssent en la maison de l’Éternel avec des cymbales et des lyres et des harpes, selon le commandement de David et de Gad le Voyant du roi, et de Nathan le prophète ; car ce commandement avait été donné de la part de l’Éternel, par ses prophètes.

26 Les Lévites y assistèrent donc avec les instruments de David, et les sacrificateurs avec les trompettes.

27 Alors Ézéchias commanda qu’on offrît l’holocauste sur l’autel ; et à l’heure qu’on commença l’holocauste, le cantique de l’Éternel commença, et le son des trompettes et des instruments de David, roi d’Israël.

28 Et toute l’assemblée était prosternée, et le cantique se chantait, et les trompettes sonnaient ; et tout cela se fit jusqu’à ce qu’on eût achevé l’holocauste.

29 Et quand on eut achevé d’offrir l’holocauste, le roi et tous ceux qui se trouvèrent avec lui s’inclinèrent et se prosternèrent.

30 Puis le roi Ézéchias et les principaux dirent aux Lévites qu’ils louassent l’Éternel, selon les paroles de David et d’Asaph le Voyant ; et ils louèrent l’Éternel jusqu’à avoir des transports de joie, et ils s’inclinèrent et se prosternèrent.

31 Alors Ézéchias prit la parole, et dit : Vous avez maintenant consacré vos mains à l’Éternel ; approchez-vous de lui, et offrez-lui des sacrifices, et célébrez ses louanges dans la maison de l’Éternel. Et ainsi, l’assemblée offrit des sacrifices et chanta des louanges et tous ceux qui étaient pleins de bonne volonté offrirent des holocaustes.

32 Or, le nombre des holocaustes que l’assemblée offrit, fut de soixante et dix taureaux, cent béliers, deux cents agneaux, le tout en holocauste à l’Éternel.

33 Et les autres choses consacrées furent six cents taureaux et trois mille béliers.

34 Mais les sacrificateurs étaient en petit nombre, de sorte qu’ils ne purent pas écorcher toutes les bêtes qu’on offrait en holocauste ; c’est pourquoi les Lévites leurs frères les aidèrent, jusqu’à ce que les autres sacrificateurs se fussent purifiés ; car les Lévites eurent le cœur plus droit pour se purifier, que les sacrificateurs.

35 Car il y eut un grand nombre d’holocaustes, avec les graisses des sacrifices de prospérités, et avec les aspersions des holocaustes ; et ainsi le service de la maison de l’Éternel fut rétabli.

36 Et Ézéchias et tout le peuple se réjouirent de ce que Dieu avait ainsi disposé le peuple, et de ce que la chose s’était faite promptement.

REFLEXIONS

Ézéchias, prince religieux, quoique fils d’un père impie et idolâtre, ne fut pas plutôt monté sur le trône que, touché de l’état où la religion était alors aussi bien que des marques de la colère de Dieu contre les Juifs, il pensa à abolir l’idolâtrie et à remettre en état le service divin. Il assembla les sacrificateurs et les Lévites pour nettoyer le temple. On en ôta tout ce qui avait servi à des usages idolâtres et tout cela fut jeté à la voierie, après quoi le service de Dieu y fut rétabli. Ensuite, Ézéchias assembla les principaux du royaume et le peuple et il renouvela solennellement l’alliance avec le Seigneur.

Il n’y a rien à quoi les princes et les grands doivent s’employer avec plus d’ardeur qu’à déraciner l’impiété et à maintenir la religion. Ils doivent pour cet effet encourager tant les ministres du Seigneur que les magistrats à les seconder dans une si belle entreprise et les peuples doivent aussi de leur côté, à l’imitation des sujets d’Ézéchias, répondre aux bonnes intentions de leurs conducteurs. C’est là ce qui attire le plus sûrement sur les états la protection et la faveur du Ciel comme nous le voyons dans les bénédictions et dans les délivrances signalées que Dieu accorda à Ézéchias en considération de sa piété et de son zèle.

CHAPITRE XXX.

Le roi Ézéchias fait publier la fête de pâque dans tout son royaume et il fait même inviter à cette fête ceux des Israélites qui étaient demeurés de reste dans le pays des dix tribus. Après quoi, le peuple étant assemblé, il ôta de Jérusalem tous les autels idolâtres et la pâque fut célébrée avec beaucoup de solennité et avec de grandes démonstrations de dévotion et de joie.

1 Et Ézéchias envoya vers tout Israël et Juda, et même il écrivit des lettres à Ephraïm et à Manassé, afin qu’ils vinssent à la maison de l’Éternel à Jérusalem, pour célébrer la Pâque à l’Éternel, le Dieu d’Israël.

2 Car le roi et ses principaux officiers, avec toute l’assemblée, avaient tenu conseil à Jérusalem, de célébrer la Pâque au second mois ;

3 parce qu’ils ne l’avaient pas pu célébrer en son temps, à cause qu’il n’y avait pas assez de sacrificateurs sanctifiés, et que le peuple n’avait pas été assemblé à Jérusalem.

4 Et la chose plut tellement au roi et à toute l’assemblée,

5 qu’ils déterminèrent de publier par tout Israël, depuis Béer-scébah jusqu’à Dan, qu’on vînt célébrer la Pâque à l’Éternel, le Dieu d’Israël, à Jérusalem ; car ils ne l’avaient pas célébrée depuis longtemps de la manière qu’il est prescrit.

6 Les courriers donc allèrent avec des lettres de la part du roi et de ses principaux officiers, par tout Israël et Juda, et selon que le roi l’avait commandé, disant : Vous, enfants d’Israël, retournez à l’Éternel, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et d’Israël, et il se retournera vers le reste d’entre vous, qui est échappé des mains des rois d’Assyrie.

7 Et ne soyez pas comme vos pères, ni comme vos frères, qui ont péché contre l’Éternel, le Dieu de leurs pères, de sorte qu’il les a mis en désolation, comme vous voyez.

8 Maintenant, ne raidissez point votre cou, comme ont fait vos pères ; tendez les mains à l’Éternel, et venez à son sanctuaire, qu’il a consacré pour toujours, et servez l’Éternel votre Dieu ; et l’ardeur de sa colère se détournera de vous.

9 Car si vous retournez à l’Éternel, vos frères et vos enfants trouveront miséricorde auprès de ceux qui les ont emmenés prisonniers, et ils reviendront en ce pays, parce que l’Éternel votre Dieu est plein de pitié et miséricordieux ; et il ne détournera point sa face de vous, si vous vous retournez à lui.

10 Ainsi les courriers passaient de ville en ville, par le pays d’Ephraïm et de Manassé, même jusqu’à Zabulon ; mais on se moquait d’eux, et on s’en raillait.

11 Toutefois quelques-uns d’Ascer, de Manassé et de Zabulon s’humilièrent, et vinrent à Jérusalem.

12 La main de l’Éternel fut aussi sur Juda pour leur donner un même cœur, afin d’exécuter le commandement du roi et des principaux, selon la parole de l’Éternel.

13 C’est pourquoi il s’assembla un grand peuple à Jérusalem, pour célébrer la fête solennelle des pains sans levain, au second mois ; de sorte qu’il y eut une fort grande assemblée.

14 Et ils se levèrent, et ils ôtèrent les autels qui étaient à Jérusalem, ils ôtèrent aussi tous les tabernacles où l’on faisait des encensements, et ils les jetèrent au torrent de Cédron.

15 Et on égorgea la Pâque, au quatorzième jour du second mois ; car les sacrificateurs et les Lévites, ayant de la confusion, s’étaient purifiés, et ils avaient apporté des holocaustes dans la maison de l’Éternel ;

16 et ils se présentèrent en leur place, selon leur charge, suivant la loi de Moïse, homme de Dieu. Et les sacrificateurs répandaient le sang, le prenant des mains des Lévites.

17 Car il y en avait une grande partie dans cette assemblée qui ne s’étaient pas purifiés ; et les Lévites eurent la charge d’égorger les Pâques pour tous ceux qui n’étaient pas purs, afin de les consacrer à l’Éternel.

18 Car une grande partie du peuple, savoir, la plupart de ceux d’Ephraïm, de Manassé, d’Issacar et de Zabulon, ne s’étaient pas purifiés, et, cependant ils mangèrent la Pâque autrement qu’il n’est prescrit. Mais Ézéchias pria pour eux, disant : Que l’Éternel qui est bon, tienne pour faite la propitiation

19 de tous ceux qui ont disposé tout leur cœur pour rechercher Dieu, l’Éternel, le Dieu de leurs pères, bien qu’ils ne se soient pas purifiés selon la purification du sanctuaire.

20 Et l’Éternel exauça Ézéchias, et fut favorable au peuple.

21 Les enfants d’Israël donc, qui se trouvèrent à Jérusalem, célébrèrent la fête solennelle des pains sans levain, pendant sept jours, avec une grande joie ; et les Lévites et les sacrificateurs louaient l’Éternel chaque jour, avec des instruments qui résonnaient à la louange de l’Éternel.

22 Et Ézéchias parla à tous les Lévites qui avaient de l’intelligence dans les choses qui regardaient le service de l’Éternel ; il leur parla selon leur cœur, et ils mangèrent des sacrifices durant la fête solennelle pendant sept jours, offrant des sacrifices de prospérités, et louant l’Éternel, le Dieu de leurs pères.

23 Et toute l’assemblée résolut de célébrer sept autres jours ; et ainsi ils célébrèrent encore sept autres jours dans la joie.

24 Car Ézéchias, roi de Juda, fit présent à l’assemblée de mille veaux et de sept mille béliers ; les principaux aussi firent présent à l’assemblée, de mille veaux et de dix mille béliers ; et beaucoup de sacrificateurs se purifièrent.

25 Et toute l’assemblée de Juda se réjouit, avec les sacrificateurs et les Lévites, et toute l’assemblée qui était venue d’Israël, et les étrangers mêmes qui étaient venus du pays d’Israël, et qui habitaient en Juda.

26 Et il y eut une grande joie à Jérusalem ; car depuis le temps de Salomon, fils de David, roi d’Israël, il ne s’était rien fait de semblable à Jérusalem.

27 Après cela, les sacrificateurs lévites se levèrent et bénirent le peuple, et leur voix fut exaucée ; car leur prière parvint jusqu’aux cieux, la sainte demeure de l’Éternel.

REFLEXIONS

I. Comme la pâque était le principal signe de l’alliance de Dieu avec les Israélites, Ézéchias, qui voulait rétablir cette alliance et le service divin, voulut que cette fête fût célébrée et il fournit libéralement, de même que les principaux de son royaume, ce qui était nécessaire pour cela. Ce sont là de nouvelles preuves du grand zèle dont Ézéchias était animé pour la gloire de Dieu.

II. Ce qui marque un zèle encore plus admirable c’est qu’Ézéchias invita à cette dévotion solennelle les Israélites qu’il y avait encore dans le pays des dix tribus, quoi qu’ils ne fussent pas ses sujets, leur écrivant pour cet effet des lettres fort touchantes et pleines de piété.

Le vrai zèle s’étend le plus loin qu’il peut et ceux qui ont véritablement de la religion font tous leurs efforts pour engager les autres hommes à craindre Dieu et à le servir et pour retirer les pécheurs de l’égarement.

Ces invitations d’Ézéchias ne produisirent pas le même effet sur tous les Israélites, les uns s’en moquèrent et les autres s’humilièrent et vinrent célébrer la pâque à Jérusalem.

C’est là ce qui arrive ordinairement. Les âmes bien disposées reçoivent avec humilité et avec joie les invitations de la grâce divine, mais les profanes les rejettent et en font même le sujet de leurs railleries et de leur mépris.

L’on voit au reste par ce qui est dit ici que, parmi les Israélites qui étaient demeurés dans le pays des dix tribus après que les Assyriens eurent ravagé ce royaume-là, il y en avait encore un reste de gens de bien, mais que le plus grand nombre étaient impies et des endurcis qui n’avaient point profité des châtiments de Dieu.

Enfin, il y a une circonstance digne d’attention dans cette histoire. Ceux qui étaient venus du pays des dix tribus à Jérusalem n’ayant pas pu faire tout ce qui est prescrit par la loi de Moïse avant que de célébrer la pâque, ne laissèrent pas de la manger. Mais Ézéchias, craignant que Dieu n’en fût offensé le pria de leur pardonner et d’agréer la dévotion de tous ceux qui l’avaient cherché de bon cœur, bien qu’ils ne se fussent pas purifiés selon tous les usages et toutes les cérémonies de la loi. Cela fait voir que la piété d’Ézéchias était éclairée. Ce prince savait que l’on ne doit jamais négliger volontairement et par mépris les devoirs extérieurs du service divin, mais il était aussi persuadé que Dieu regarde au cœur plus qu’aux cérémonies et que lorsqu’on ne peut pas les observer, il reçoit favorablement la dévotion et les prières de tous ceux qui le cherchent avec sincérité. Ézéchias ne fut pas trompé dans son attente, puisqu’il est dit dans ce chapitre que Dieu l’exauça, que la dévotion du peuple, des sacrificateurs et des Lévites lui fut agréable et que leur prière parvint jusqu’au Ciel et à la sainte demeure du Seigneur.

CHAPITRE XXXI.

Le roi Ézéchias fait ôter l’idolâtrie par tout son royaume et même dans le pays des dix tribus. Il rétablit l’ordre à l’égard du service divin et de l’entretien et des fonctions des sacrificateurs et des Lévites, commandant qu’on payât les dîmes et les prémices selon la loi de Dieu, ce que le peuple fit avec joie.

1 Dès qu’on eut achevé tout cela, tous ceux d’Israël qui s’étaient trouvés là, allèrent par les villes de Juda et brisèrent les statues, coupèrent les bocages et démolirent les hauts lieux et les autels dans tout le pays de Juda et de Benjamin. Ils en firent de même en Ephraïm et en Manassé, jusqu’à tout détruire ; ensuite tous les enfants d’Israël retournèrent, chacun en sa possession, dans leurs villes.

2 Et Ézéchias rétablit les départements des sacrificateurs et des Lévites, selon les départements qui en avaient été faits, chacun selon son ministère : savoir, tant les sacrificateurs que les Lévites, pour les holocaustes, et pour les sacrifices de prospérités, pour faire le service, pour célébrer et pour chanter les louanges de Dieu aux portes du camp de l’Éternel.

3 Il fit aussi une ordonnance, par laquelle le roi serait chargé d’une contribution, prise de ses finances, pour les holocaustes ; savoir, pour les holocaustes du matin et du soir, et pour les holocaustes des sabbats, et des nouvelles lunes, et des fêtes solennelles, selon qu’il est écrit dans la loi de l’Éternel.

4 Et il ordonna au peuple, savoir, aux habitants de Jérusalem, de donner la portion des sacrificateurs et des Lévites, afin qu’ils prissent courage, pour faire ce que la loi de l’Éternel commande.

5 Et aussitôt que la chose fut publiée, les enfants d’Israël apportèrent en abondance les prémices du froment, du vin, de l’huile, du miel et de tout ce que rapportent les champs ; ils apportèrent les dîmes de tout en abondance.

6 Et les enfants d’Israël et de Juda qui habitaient dans les villes de Juda, apportèrent aussi les dîmes du gros et du menu bétail, et les dîmes des choses saintes, qui étaient consacrées à l’Éternel leur Dieu ; et ils les mirent par monceaux.

7 Ils commencèrent au troisième mois de faire les premiers monceaux, et au septième mois ils les achevèrent.

8 Alors Ézéchias et les principaux vinrent, et virent ces monceaux, et ils bénirent l’Éternel et son peuple d’Israël.

9 Et Ézéchias s’informa des sacrificateurs et des Lévites touchant ces monceaux.

10 Et Hazaria, le principal sacrificateur, qui était de la famille de Tsadok, lui répondit et lui dit : Depuis qu’on a commencé à apporter des offrandes dans la maison de l’Éternel, nous avons mangé, et nous avons été rassasiés ; et il en est demeuré de reste en grande abondance, car l’Éternel a béni son peuple, et ce qui est demeuré de reste, c’est cette grande quantité.

11 Alors Ézéchias commanda qu’on préparât des chambres dans la maison de l’Éternel ; et ils les préparèrent ;

12 et ils y portèrent fidèlement les offrandes, et les dîmes, et les choses consacrées ; et Conanja Lévite en eut l’intendance, et Scimhi son frère était son commis sous lui ;

13 et Jéhiel, Hazazia, Nahath, Hasaël, Jérimoth, Jozabad, Eliel, Jismacja, Mahath, et Bénaja, étaient commis sous l’autorité de Conanja et de Scimhi son frère, par le commandement du roi Ézéchias et de Hazaria, gouverneur de la maison de Dieu.

14 Et Coré, fils de Jimna Lévite, qui était portier vers l’orient, avait la charge des choses qui étaient volontairement offertes à Dieu, pour fournir l’offrande élevée de l’Éternel, et les choses très saintes.

15 Et il avait sous lui Héden, Minjamin, Jesçuah, Scémahja, Amarja, et Scécanja, dans les villes des sacrificateurs, pour distribuer fidèlement les portions à leurs frères, tant aux petits qu’aux plus grands.

16 Outre cela on fit un dénombrement selon les généalogies des mâles d’entre eux, depuis ceux de trois ans et au-dessus, savoir, de tous ceux qui entraient dans la maison de l’Éternel, pour y faire ce qu’il y fallait faire chaque jour, selon leur ministère et selon leurs charges, suivant leurs départements.

17 On fit encore un dénombrement des sacrificateurs selon leurs généalogies, et selon la maison de leurs pères, et des Lévites, depuis ceux de vingt ans et au-dessus, selon leurs départements.

18 On fit outre cela un dénombrement selon leurs généalogies, de tous leurs petits-enfants, de leurs femmes, de leurs fils et de leurs filles, pour toute l’assemblée ; et on leur distribuait fidèlement les choses saintes.

19 Et pour ce qui est des descendants d’Aaron, sacrificateurs, qui étaient à la campagne et dans les faubourgs de leurs villes, il y avait dans chaque ville des gens nommés par leur nom, pour distribuer la portion à tous les mâles des sacrificateurs, et à tous ceux des Lévites dont on avait fait le dénombrement, selon leurs généalogies.

20 Ézéchias en usa ainsi par tout Juda, et il fit ce qui est bon, droit et véritable, en la présence de l’Éternel son Dieu ;

21 et il travailla de tout son cœur dans tout l’ouvrage qu’il entreprit pour le service de la maison de Dieu, et dans la loi, et dans les commandements, recherchant son Dieu, et il prospéra.

REFLEXIONS

Ce chapitre fait voir dans le bon roi Ézéchias l’exemple d’une piété qui ne relâchait point. Après que la pâque eut été célébrée, il commanda qu’on abattit les statues et qu’on ôtât tout ce qui avait servi à l’idolâtrie, non seulement dans son royaume, mais même autant qu’il le pût dans le pays des dix tribus, ce que le peuple exécuta avec beaucoup de zèle, tellement que ce prince fut le restaurateur de la pure religion dans tout le pays d’Israël.

La véritable piété ne paraît pas seulement dans la pratique des actes extérieurs de la religion et du culte, elle se manifeste aussi et principalement par les œuvres et par les effets lorsqu’on s’attache à faire ce qui est agréable à Dieu et à ôter ce qui lui déplaît.

Après cela, Ézéchias s’appliqua à remettre le service divin en état et à rétablir les sacrificateurs et les Lévites dans leurs charges. Il fournit de ses propres revenus une partie de ce qui était nécessaire pour cela et il ordonna que les dîmes, les prémices et les offrandes fussent payées à l’avenir suivant la loi de Dieu, à quoi ses sujets obéirent promptement et avec plaisir en apportant de tous côtés en abondance tout ce qui était prescrit.

Il n’y a point de chrétien qui ne doive contribuer selon son état, sa vocation et son pouvoir à ce que la religion fleurisse et que le service divin et le saint ministère soient exercés convenablement. C’est surtout là un soin qui est bien digne des princes chrétiens et c’est par là qu’ils pourraient acquérir une grande gloire devant Dieu et devant les hommes.

La promptitude avec laquelle les sujets d’Ézéchias répondirent aux bonnes intentions de leur roi montre que le zèle et le bon exemple des princes est d’un grand poids et qu’il ne tient qu’à eux de faire beaucoup pour Dieu et pour la religion.

Les dernières paroles de ce chapitre sont remarquables. Il est dit : Qu’Ézéchias fit ce qui est bon et droit devant le Seigneur, qu’il travailla de tout son cœur pour le service de la maison de Dieu, qu’il rechercha son Dieu et qu’il prospéra.

Ce que l’on fait sincèrement pour le service de Dieu lui est toujours agréable et il ne manque jamais de bénir ceux qui travaillent de bon cœur pour l’avancement de sa gloire.

CHAPITRE XXXII.

Ézéchias, étant attaqué par Sanchérib roi d’Assyrie, fortifie la ville de Jérusalem et exhorte le peuple à se confier en Dieu. Sanchérib envoie des officiers de son armée qui somment Ézéchias et ses sujets de se rendre et qui prononcent des discours outrageant contre Dieu. Mais Dieu, fléchi par les prières d’Ézéchias et par celles du prophète Ésaïe, fait périr par un ange l’armée de Sanchérib, qui étant retourné en son pays, y fut tué par ses fils. Ézéchas fut guéri en ce temps-là d’une maladie mortelle, mais il s’oublia dans sa prospérité ayant montré ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone. Enfin il mourut après un règne de vingt-neuf ans et Manassé son fils régna après lui.

1 Après ces choses, et après qu’elles furent bien établies, Sanchérib, roi d’Assyrie, vint et entra en Juda, et campa contre les villes fortes, ayant résolu de faire brèche pour les prendre.

2 Et Ézéchias voyant que Sanchérib était venu, et qu’il se tournait contre Jérusalem pour y faire la guerre,

3 tint conseil avec ses principaux officiers, et avec les plus vaillants hommes qu’il eût, pour boucher les sources des fontaines qui étaient hors de la ville ; et ils l’aidèrent à le faire.

4 Car un grand peuple s’assembla, et ils bouchèrent toutes les fontaines, et le torrent qui se répandait par le pays, disant : Pourquoi les rois des Assyriens trouveraient-ils à leur venue des eaux en abondance ?

5 Il se fortifia aussi, et bâtit toute la muraille où l’on avait fait brèche, et il l’éleva jusqu’aux tours ; il bâtit une autre muraille par dehors ; il fit rétablir Millo dans la cité de David, et il fit faire beaucoup de javelots et de boucliers.

6 Et il ordonna des capitaines de guerre sur le peuple, et il les assembla avec lui dans la place de la porte de la ville, et il leur parla selon leur cœur, et leur dit :

7 Fortifiez-vous et prenez courage, ne craignez point et ne soyez point effrayés du roi des Assyriens, ni de toute la multitude qui est avec lui ; car il y a beaucoup plus avec nous qu’avec lui.

8 Le bras de la chair est avec lui ; mais l’Éternel notre Dieu est avec nous, pour nous aider et pour conduire nos combats. Alors le peuple se rassura sur les paroles d’Ézéchias, roi de Juda.

9 Après ces choses, Sanchérib, roi des Assyriens, envoya ses serviteurs à Jérusalem (pendant qu’il était contre Lakis, et qu’il avait toutes les forces de son royaume avec lui) vers Ézéchias, roi de Juda, et vers tous les Juifs qui étaient à Jérusalem, pour leur dire :

10 Ainsi a dit Sanchérib, roi des Assyriens : Sur quoi vous assurez-vous, que vous demeuriez à Jérusalem pour y être assiégés ?

11 Ézéchias ne vous pousse-t-il pas à vous exposer à la mort par la famine et par la soif, en vous disant : L’Éternel notre Dieu nous délivrera de la main du roi des Assyriens ?

12 Cet Ézéchias n’a-t-il pas ôté les hauts lieux et les autels de l’Éternel, et n’a-t-il pas fait ce commandement à Juda et à Jérusalem, disant : Vous vous prosternerez devant un seul autel, et vous y ferez fumer vos sacrifices ?

13 Ne savez-vous pas ce que nous avons fait, moi et mes ancêtres, à tous les peuples de divers pays ? Les dieux des nations de ces pays ont-ils pu délivrer leur pays de ma main ?

14 Qui sont ceux de tous les dieux de ces nations, que mes ancêtres ont entièrement détruites, qui aient délivré leur peuple de ma main, pour croire que votre Dieu vous puisse délivrer de ma main ?

15 Maintenant donc, qu’Ézéchias ne vous abuse point, et ne vous séduise plus de cette manière, et ne le croyez pas ; car si aucun dieu d’aucune nation ou d’aucun royaume, n’a pu délivrer son peuple de ma main, ni de la main de mes ancêtres, combien moins votre Dieu vous pourra-t-il délivrer de ma main ?

16 Et ses serviteurs dirent encore d’autres choses contre l’Eternel Dieu, et contre Ezéchias son serviteur.

17 Il écrivit aussi des lettres pour blasphémer l’Eternel, le Dieu d’Israël, et pour parler ainsi contre lui : Comme les dieux des nations des autres pays n’ont pu délivrer leur peuple de ma main, ainsi le Dieu d’Ezéchias ne pourra délivrer son peuple de ma main.

18 Ils crièrent aussi à haute voix en langue judaïque, au peuple de Jérusalem qui était sur les murailles, pour leur donner de la crainte et pour les épouvanter, afin de prendre la ville ;

19 et ils parlèrent du Dieu de Jérusalem comme des dieux des peuples de la terre, qui sont un ouvrage de mains d’hommes.

20 C’est pourquoi le roi Ezéchias et Esaïe le prophète, fils d’Amos, prièrent et crièrent vers les cieux.

21 Et l’Eternel envoya un ange, qui extermina entièrement tous les hommes forts et vaillants ; et les chefs et les capitaines qui étaient dans le camp du roi des Assyriens, de sorte qu’il s’en retourna confus en son pays ; et étant entré dans la maison de son Dieu, ceux qui étaient sortis de ses propres entrailles le tuèrent avec l’épée.

22 Ainsi l’Eternel délivra Ezéchias et les habitants de Jérusalem de la main de Sanchérib, roi des Assyriens, et de la main de tous ces gens-là ; et il leur donna moyen d’aller de tous côtés.

23 Et plusieurs apportèrent des présents à l'Eternel, à Jérusalem, et des choses précieuses à Ezéchias, roi de Juda ; de sorte qu’après cela il fut élevé à la vue de toutes les nations.

24 En ces jours-là Ezéchias fut malade à la mort, et pria l’Eternel qui l’exauça et fit un miracle en sa faveur.

25 Mais Ezéchias ne fut pas reconnaissant du bienfait qu’il avait reçu ; car son cœur fut élevé, et il y eut de l’indignation contre lui, et contre Juda et Jérusalem.

26 Mais Ezéchias s’humilia de ce qu’il avait élevé son cœur, tant lui que les habitants de Jérusalem, et l’indignation de l’Eternel ne vint pas sur eux pendant la vie d’Ezéchias.

27 Car Ezéchias eut beaucoup de richesses et d’honneur, et il s’amassa des trésors d’argent, d’or, de pierres précieuses, de choses aromatiques, de boucliers, et de toutes sortes de meubles précieux ;

28 et il se fit des magasins pour la récolte du froment, du vin et de l’huile, et des étables pour toute sorte de bêtes ; et il eut des troupeaux dans ses étables.

29 Il fit aussi bâtir des villes, et il acquit un grand nombre de troupeaux de gros et de menu bétail ; car Dieu lui avait donné de fort grandes richesses.

30 Ezéchias boucha aussi le haut canal des eaux de Guihon, et les conduisit droit en bas vers l’Occident de la cité de David. Ainsi Ezéchias prospéra dans tout ce qu’il fit.

31 Mais lorsque les ambassadeurs des princes de Babylone, qui avaient envoyé vers lui pour s’enquérir du miracle qui était arrivé sur la terre, furent venus vers lui, Dieu l’abandonna pour l’éprouver, afin de connaître tout ce qui était en son cœur.

32 Le reste des actions d’Ezéchias, et ses œuvres de piété, voilà, elles sont écrites dans la vision d’Esaïe le prophète, fils d’Amos, outre ce qui est dans le livre des rois de Juda et d’Israël.

33 Puis Ezéchias s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit au plus haut des sépulcres des fils de David ; et tout Juda et les habitants de Jérusalem lui firent honneur à sa mort ; et Manassé son fils régna en sa place.

REFLEXIONS

I. Le roi Ézéchias agit en prince prudent lorsqu’apprenant que Sanchérib voulait assiéger Jérusalem, il fit fortifier cette ville et boucher les fontaines qui étaient aux environs afin que les Assyriens ne trouvassent point d’eau. Mais il donna en même temps des marques de sa grande piété et de sa confiance en Dieu en exhortant ses sujets à ne rien craindre et à s’assurer au Seigneur.

Les personnes sages et pieuses unissent ainsi les maximes de la prudence avec celles de la religion. Elles ne négligent pas les moyens légitimes que la providence leur présente pour éviter les dangers qui les menacent, mais elles mettent principalement leur confiance en Dieu.

II. L’on doit faire attention à la manière insolente et impie dont les envoyés de Sanchérib parlèrent du vrai Dieu en le comparant aux idoles et en disant que, comme les dieux des divers peuples que Sanchérib avait vaincus n’avaient pu garantir ces peuples, le Dieu qu’Ézéchias adorait ne le garantirait pas non plus. Ces discours fiers et blasphématoires et ces menaces de ce roi idolâtre qui étonnèrent Ézéchias furent ce qui hâta la ruine de Sanchérib et ce qui engagea le Seigneur à le détruire en envoyant un ange qui fit périr en une nuit son armée nombreuse et en permettant que ses propres fils le tuassent lorsqu’il fut de retour dans son pays.

Si Dieu vengea ainsi les outrages qui lui avaient été faits par un prince idolâtre, il vengera beaucoup plus sévèrement ceux qui lui sont faits par les chrétiens impies qui l’attaquent ouvertement.

III. Cette délivrance que Dieu accorda à Ézéchias le mit en grande considération chez les princes voisins et même l’on apportait de tous côtés des offrandes à Dieu dans le temple de Jérusalem.

C’est ainsi que Dieu fait servir toutes choses au bien de ceux qui l’aiment et à la gloire de son nom.

IV. Dieu donna en ce temps-là à Ézéchias une nouvelle marque de sa faveur en le guérissant d’une maladie mortelle, mais l’histoire sainte remarque que ce prince ne fut pas reconnaissant du bienfait qu’il avait reçu et qu’il pécha en montrant ses trésors aux ambassadeurs du roi de Babylone, ce qu’il fit sans doute par ostentation et pour s’attirer la considération de leur maître.

Les hommes s’oublient facilement et se relâchent dans la prospérité et ils engagent par là le Seigneur à leur dispenser de nouveaux châtiments.

V. Ce qui est dit dans ce chapitre que les ambassadeurs du roi de Babylone avaient ordre de s’informer du miracle qui était arrivé lorsque l’ombre du soleil recula de dix degrés dans le temps qu’Ézéchias était malade est une preuve de la certitude de ce miracle et montre qu’il avait été remarqué à Babylone. Enfin, Ézéchias mourut comblé de gloire. Il fut honoré d’une façon particulière après sa mort, mais il l’a été surtout par le témoignage que l’Écriture rend à sa piété et à son zèle et c’est par là que la mémoire de ce prince sera toujours en bonne odeur dans l’église et qu’il servira de modèle à ceux que Dieu a établis pour gouverner les peuples.

CHAPITRE XXXIII.

C’est ici l’histoire de Manassé, 13ème roi de Juda, dans laquelle on voit :

I. Les péchés de ce roi qui s’abandonna à l’idolâtrie et à toutes sortes de crimes. II. La punition que Dieu lui envoya en permettant qu’il fut mené captif à Babylone. III. Sa repentance et le pardon que le Seigneur lui accorda. IV. Son rétablissement dans son royaume et le zèle avec lequel il s’appliqua à réparer le mal qu’il avait fait et à abolir l’idolâtrie. V. Sa mort et le règne d’Amon, son fils.

1 Manassé était âgé de douze ans quand il commença à régner, et il régna cinquante-cinq ans à Jérusalem.

2 Il fit ce qui est mauvais devant l’Eternel, selon les abominations des nations que l’Éternel avait chassées de devant les enfants d’Israël.

3 Et il rebâtit les hauts lieux qu’Ézéchias son père avait démolis ; il redressa les autels des Bahalims, et il fit des bocages, et il se prosterna devant toute l’armée des cieux, et il les servit.

4 Il bâtit aussi des autels dans la maison de l’Éternel, de laquelle l’Éternel avait dit : Mon nom sera dans Jérusalem à jamais.

5 Il bâtit des autels à toute l’armée des cieux, dans les deux parvis de la maison de l’Éternel.

6 Il fit aussi passer ses fils par le feu dans la vallée du fils de Hinnom ; il prédisait les temps, il usait de divination et de sortilèges, et il dressa un oracle d’esprit de Python et des diseurs de bonne aventure ; en un mot, il s’adonna fort à faire ce qui est mauvais devant l’Éternel, pour l’irriter.

7 Il posa aussi une image taillée, qu’il avait faite pour représentation dans la maison de Dieu, dont Dieu avait dit à David et à Salomon son fils : Je mettrai à perpétuité mon nom dans cette maison et dans Jérusalem, que j’ai choisie d’entre toutes les tribus d’Israël ;

8 et je ne ferai plus sortir Israël de la terre que j’ai assignée à leurs pères, pourvu seulement qu’ils prennent garde à faire tout ce que je leur ai commandé par Moïse, savoir, toute la loi, les statuts et les ordonnances.

9 Manassé donc fit que Juda et les habitants de Jérusalem s’égarèrent, jusqu’à faire pis que les nations que l’Éternel avait exterminées de devant les enfants d’Israël.

10 Et l’Éternel parla à Manassé et à son peuple ; mais ils n’y voulurent point entendre.

11 C’est pourquoi il fit venir contre eux les capitaines de l’armée du roi des Assyriens, lesquels mirent Manassé dans les fers, et le lièrent de doubles chaînes d’airain, et l’emmenèrent à Babylone.

12 Mais dès qu’il fut en angoisse, il supplia l’Éternel son Dieu, et il s’humilia fort devant le Dieu de ses pères.

13 Il lui adressa donc ses supplications, et Dieu fut fléchi par ses prières, de sorte qu’il exauça sa supplication, et il le fit retourner à Jérusalem dans son royaume ; et Manassé reconnut que l’Éternel est celui qui est Dieu.

14 Après cela il bâtit la muraille du dehors pour la cité de David, vers l’occident de Guihon, dans la vallée, et jusqu’à l’entrée de la porte des poissons, et il environna Hophel, qu’il éleva fort ; il établit aussi des capitaines de l’armée par toutes les villes fortes de Juda.

15 Et il ôta les dieux des étrangers et l’idole de la maison de l’Éternel et tous les autels qu’il avait bâtis sur la montagne de la maison de l’Éternel, et à Jérusalem ; et il les jeta hors de la ville.

16 Et il rebâtit l’autel de l’Éternel et il y offrit des sacrifices de prospérités et de louanges ; et il commanda à Juda de servir l’Éternel, le Dieu d’Israël.

17 Mais le peuple sacrifiait encore dans les hauts lieux ; toutefois il sacrifiait à l’Éternel leur Dieu.

18 Le reste des actions de Manassé, et la prière qu’il fit à son Dieu, et les paroles des Voyants qui lui parlaient au nom de l’Éternel, le Dieu d’Israël, voilà, toutes ces choses sont parmi les actions des rois d’Israël.

19 Et sa prière, et comment Dieu fut fléchi par ses prières, tout son péché et son crime ; les places dans lesquelles il bâtit des hauts lieux, et dressa des bocages et des images taillées, avant qu’il s’humiliât, voilà, toutes ces choses sont écrites dans les paroles des Voyants.

20 Puis Manassé s’endormit avec ses pères, et on l’ensevelit dans sa maison, et Amon, son fils, régna en sa place.

21 Amon était âgé de vingt-deux ans quand il commença à régner ; et il régna deux ans à Jérusalem.

22 Et il fit ce qui est mauvais devant l’Éternel, comme avait fait Manassé son père ; car il sacrifia à toutes les images taillées que Manassé son père avait faites, et il les servit.

23 Mais il ne s’humilia point devant l’Éternel, comme Manassé son père s’était humilié, et il se rendit coupable de plus en plus.

24 Et ses serviteurs ayant fait une conspiration contre lui, le tuèrent dans sa maison.

25 Mais le peuple du pays fit mourir tous ceux qui avaient conspiré contre le roi Amon, et le peuple du pays établit pour roi en sa place Josias son fils.

REFLEXIONS

Il y a quatre choses à remarquer dans l’histoire du roi Manassé :

I. La première, qu’au lieu d’imiter la piété d’Ézéchias son père, il tomba dans l’idolâtrie la plus détestable, qu’il répandit du sang innocent en abondance, qu’il surpassa en impiété tous les méchants rois de Juda qui l’avaient précédé et que quoi que Dieu envoyât ses prophètes à Manassé et à son peuple pour les avertir, ils continuèrent de plus en plus à l’offenser.

II. La seconde, que Dieu irrité des péchés de ce roi et de son peuple fit dénoncer par ses prophètes l’entière ruine du royaume de Juda et que Manassé fut mené à Babylone chargé de chaînes, en quoi l’on vit l’accomplissement de ce qu’Ésaïe avait prédit à Ézéchias.

III. La troisième, que ce prince étant captif s’humilia et pria le Seigneur et que Dieu, voyant son humiliation, le rétablit à Jérusalem.

IV. La quatrième, que Manassé, après son rétablissement, marqua la sincérité de sa repentance en retranchant les idoles et l’idolâtrie et en apportant tous ses soins pour remettre la religion en bon état.

Les réflexions que l’on doit faire sur cette histoire sont que les pères qui craignent Dieu n’ont pas toujours des enfants qui héritent de leur piété, que ceux qui, comme Manassé, abandonnent Dieu dès leur jeunesse et qui ont les moyens de satisfaire leurs passions, se jettent dans les derniers excès du crime et que les princes impies sont les auteurs des calamités publiques et attirent la colère de Dieu sur eux et sur leurs sujets.

La repentance de Manassé doit être bien considérée. Elle nous met devant les yeux d’un côté le fruit et la nécessité des afflictions et de l’autre un grand exemple de la miséricorde de Dieu envers les plus grands pécheurs lorsqu’ils s’humilient et qu’ils profitent de ses châtiments.

L’on doit faire une grande attention à la conduite qu’eut Manassé après son rétablissement. Elle fut entièrement opposée à sa conduite précédente et il répara pendant un long règne les fautes qu’il avait commises dans sa jeunesse.

La vraie repentance consiste à ôter et à réparer autant qu’on le peut le mal qu’on a fait et à changer de vie. Pour entrer encore mieux dans ces réflexions, il faut joindre à cette lecture celle de la prière que Manassé fit étant captif à Babylone et qui se trouve dans les livres apocryphes

Pour ce qui est d’Amon, fils de Manassé et quatorzième roi de Juda, il introduisit de nouveau l’idolâtrie et il ne profita pas de ce qui était arrivé à son père. Mais il reçut la punition qu’il méritait ayant été tué dans une conspiration.

CHAPITRE XXXIV.

C’est ici que commence l’histoire de Josias, quinzième roi de Juda, qui fut un excellent prince. Étant encore fort jeune, il entreprit d’abolir l’idolâtrie et il fit réparer le temple. On trouva de son temps le livre de la loi dont il fit faire la lecture et ayant consulté sur cela Hulda la prophétesse, elle lui dit que les menaces contenues dans ce livre allaient être exécutées et que   le royaume de Juda serait bientôt détruit, mais que Dieu retirerait Josias avant que ces malheurs arrivassent. Le roi, ayant entendu cela, renouvela l’alliance avec Dieu et travailla de tout son pouvoir à rétablir la religion dans sa pureté.

1 Josias était âgé de huit ans quand il commença à régner, et il régna trente et un ans à Jérusalem.

2 Il fit ce qui est droit devant l’Éternel, il marcha sur les traces de David son père, et ne s’en détourna ni à droite ni à gauche.

3 Et la huitième année de son règne, comme il était encore jeune, il commença à rechercher le Dieu de David son père ; et la douzième année il commença à nettoyer Juda et Jérusalem des hauts lieux, des bocages et des images de taille ou de fonte.

4 Et on détruisit en sa présence les autels des Bahalims, et les idoles qui étaient dessus. Il brisa aussi les bocages et les images de taille ou de fonte, et les ayant réduites en poudre, il la répandit sur les tombeaux de ceux qui leur avaient sacrifié.

5 De plus, il brûla les os des sacrificateurs sur leurs autels, et purifia Juda et Jérusalem.

6 Il en fit de même dans les villes de Manassé, d’Ephraïm et de Siméon, et même jusqu’à Nephthali, tout autour dans leurs lieux déserts.

7 Il démolit les autels et les bocages, et brisa les images jusqu’à les réduire en poudre, et il détruisit toutes ces idoles par tout le pays d’Israël, et il revint à Jérusalem.

8 Et la dix-huitième année de son règne depuis qu’il eut nettoyé le pays et le temple, il envoya Sçaphan, fils d’Atsalja, et Mahaséja, le capitaine de la ville, et Joah, fils de Joachaz, commis sur les registres, pour réparer la maison de l’Éternel son Dieu.

9 Et ils vinrent vers Hilkija, le grand sacrificateur, et on délivra l’argent qu’on apportait dans la maison de Dieu ; les Lévites, gardes des vaisseaux, avaient recueilli de Manassé et d’Ephraïm, et de tout le reste d’Israël, et de tout Juda et de Benjamin ; après quoi ils s’en étaient retournés à Jérusalem.

10 On délivra, dis-je, cet argent entre les mains de ceux qui avaient la charge de l’ouvrage, qui étaient commis sur la maison de l’Éternel ; et ceux qui avaient la charge de l’ouvrage, qui travaillaient dans la maison de l’Éternel, le distribuaient pour refaire et réparer le temple.

11 Et ils le distribuaient aux charpentiers et aux maçons, pour acheter des pierres de taille et du bois pour les lambris, et pour planchéier les maisons que les rois de Juda avaient détruites.

12 Et ces gens-là s’employaient fidèlement au travail. Or, Jahath et Hobadja, Lévites, des enfants de Mérari, étaient commis sur eux ; et Zacharie et Mesçullam, des descendants des Kéhathites, avaient la charge de les presser au travail ; et ces Lévites étaient tous intelligents dans les instruments de musique.

13 Il y en avait aussi de commis sur ceux qui portaient les fardeaux, et d’autres qui pressaient tous ceux qui vaquaient à l’ouvrage, dans quelque service que ce fût ; les scribes, les prévôts et les portiers étaient d’entre les Lévites.

14 Or, comme on tirait l’argent qui avait été apporté dans la maison de l’Éternel, Hilkija le sacrificateur trouva le livre de la loi de l’Éternel qui avait été donné par Moïse.

15 Alors Hilkija prenant la parole, dit à Sçaphan le secrétaire : J’ai trouvé le livre de la loi dans la maison de l’Éternel ; et Hilkija donna ce livre à Sçaphan.

16 Et Sçaphan apporta le livre au roi ; et il rapporta tout au roi, et lui dit : Tes serviteurs font tout ce qu’on leur a donné à faire.

17 Et ils ont amassé l’argent qui a été trouvé dans la maison de l’Eternel, et ils l’ont livré entre les mains des commissaires et entre les mains de ceux qui ont la charge de l’ouvrage.

18 Sçaphan le secrétaire dit aussi au roi : Hilkija le sacrificateur m’a donné un livre ; et Sçaphan le lut devant le roi.

19 Et il arriva que dès que le roi eut entendu les paroles de la loi, il déchira ses vêtements ;

20 et il donna cet ordre à Hilkija, à Ahikam, fils de Sçaphan, à Habdon, fils de Mica, à Sçaphan le secrétaire, et à Hasaja, serviteur du roi, et il leur dit :

21 Allez, consultez l’Eternel pour moi et pour ce qu’il y a de reste en Israël et en Juda, touchant les paroles de ce livre qui a été trouvé ; car la colère de l’Eternel qui s’est répandue sur nous, est grande, parce que nos pères n’ont point gardé la parole de l’Eternel, pour faire tout ce qui est écrit dans ce livre.

22 Hilkija donc et les gens du roi s’en allèrent vers Hulda, la prophétesse, femme de Sçallum, fils de Tokhath, fils de Hasra, garde des vêtements, qui habitait à Jérusalem, dans la seconde enceinte de la ville ; et ils lui parlèrent de cela.

23 Et elle leur répondit : Ainsi a dit l’Eternel, le Dieu d’Israël : Dites à l’homme qui vous a envoyés vers moi :

24 Ainsi a dit l’Eternel : Voici, je m’en vais faire venir du mal, sur ce lieu et sur ses habitants, savoir, toutes les imprécations du serment, qui sont écrites dans le livre qu’on a lu devant le roi de Juda.

25 Parce qu’ils m’ont abandonné, et qu’ils ont fait des encensements à d’autres dieux, pour m’irriter par toutes les œuvres de leurs mains, ma colère s’est répandue sur ce lieu, et elle ne sera point éteinte.

26 Mais pour ce qui est du roi de Juda, qui vous a envoyés pour consulter l’Eternel, vous lui direz : Ainsi a dit l’Eternel, le Dieu d’Israël, touchant les paroles que tu as entendues :

27 Parce que ton cœur a été attendri, et que tu t’es humilié devant Dieu, quand tu as entendu ces paroles contre ce lieu et contre ses habitants ; et parce que t’étant humilié devant moi, tu as déchiré tes vêtements, et que tu as pleuré devant moi, je t’ai aussi exaucé, dit l’Eternel.

28 Voici, je vais te retirer avec tes pères, et tu seras retiré dans tes sépulcres en paix, et tes yeux ne verront point tout ce mal que je vais faire venir sur ce lieu et sur ses habitants. Et ils rapportèrent le tout au roi.

29 Alors le roi envoya assembler tous les anciens de Juda et de Jérusalem.

30 Et le roi monta dans la maison de l’Eternel avec tous les hommes de Juda, et les habitants de Jérusalem, et les sacrificateurs et les Lévites, et tout le peuple, depuis le plus grand jusqu’au plus petit ; et on lut devant eux toutes les paroles du livre de l’alliance, qui avait été trouvé dans la maison de l’Eternel.

31 Et le roi se tint debout en sa place, et il traita alliance devant l’Eternel, promettant qu’ils suivraient l’Eternel et qu’ils garderaient ses commandements, ses lois et ses statuts, chacun de tout son cœur et de toute son âme, en faisant selon les paroles de l’alliance écrites dans ce livre-là.

32 Et il fit paraitre tous ceux qui se trouvèrent à Jérusalem et en Benjamin, et ceux qui étaient à Jérusalem firent selon l’alliance de Dieu, le Dieu de leurs pères.

33 Josias ôta donc, de tous les pays qui appartenaient aux enfants d’Israël, toutes les abominations, et il obligea tous ceux qui se trouvèrent en Israël, de servir l’Eternel leur Dieu ; et pendant sa vie, ils ne se détournèrent point de l’Eternel, le Dieu de leurs pères.

REFLEXIONS

Ceux qui sont élevés en autorité et tous les chrétiens en général ont un très bel exemple d’attachement pour la religion et de zèle pour la gloire de Dieu en la personne du roi Josias et dans les soins qu’il prit de repurger Jérusalem et tout le pays de l’idolâtrie qui avait été introduite de nouveau par Amon, son père.

Les rois et les princes qui font profession du christianisme devraient donner la même attention à ce qui regarde la religion et avoir autant de zèle pour déraciner l’impiété, l’irréligion et le vice de leurs états que les bons rois de Juda en eurent pour bannir l’idolâtrie.

Josias marqua surtout sa sincère piété, lorsqu’après avoir entendu la lecture du livre de la loi, qui avait été trouvé dans le temple, il fut effrayé des malédictions qui y étaient contenues et qu’il envoya consulter la prophétesse Hulda sur ce qu’il y avait à faire pour détourner les malheurs dont les Juifs étaient menacés.

C’est là l’effet que la parole de Dieu et ses menaces produisent sur ceux qui le craignent, ils s’humilient à l’ouïe de la voix du Seigneur et lorsqu’ils voient sa colère allumée, ils cherchent les moyens de l’apaiser.

La réponse que Hulda fit faire au roi est remarquable. Elle dit que Dieu allait enfin exécuter sur Jérusalem et sur ses habitants les menaces qui étaient écrites dans la loi de Moïse parce qu’ils avaient provoqué sa colère par leur idolâtrie et par leurs crimes. Mais elle fit dire au roi Josias que Dieu l’ôterait du monde avant que cette ruine arrivât.

Quand les péchés des hommes sont parvenus à un certain degré, il faut que Dieu en fasse la vengeance, alors les gens de bien ne peuvent plus détourner ses jugements, mais Dieu les retire du monde afin qu’ils ne soient pas enveloppés dans les maux qui doivent arriver. Ainsi la mort n’est pas toujours une marque de la colère de Dieu et il abrège quelquefois les jours de ceux qu’il aime le plus, comme cela arriva au bon roi Josias qui était si agréable à Dieu à cause de sa piété et qui mourut cependant à la fleur de son âge.

Il faut considérer enfin que, quoi que Dieu eût fait dire à Josias que la ruine du royaume de Juda était irrévocable et qu’il mourrait lui-même bientôt, il ne relâcha rien de son zèle. Il fit assembler les principaux de l’état et tout le peuple pour renouveler l’alliance avec Dieu, il travailla de tout son pouvoir à abolir l’idolâtrie et la débauche et il employa le reste de sa vie à des actes de religion et de piété.

Dans quelque circonstance qu’un homme de bien se rencontre et quel que doive être l’événement, il fait toujours son devoir et il consacre avec joie tout ce que Dieu lui donne de vie et de forces à l’avancement de sa gloire et de l’édification publique.

CHAPITRE XXXV.

Le roi Josias fait célébrer la pâque avec une grande solennité la dix-huitième année de son règne. Treize ans après, étant allé combattre le roi d’Égypte, il est blessé dans le combat et il meurt à Jérusalem, pleuré et regretté de tous ses sujets.

1 Or Josias célébra la Pâque à l’Eternel, à Jérusalem, et on égorgea la Pâque le quatorzième jour du premier mois.

2 Et il établit les sacrificateurs dans leurs charges, et les anima au service de la maison de l’Éternel.

3 Il dit aussi aux Lévites qui enseignaient tout Israël, et qui étaient consacrés à l’Éternel : Mettez l’arche sainte dans le temple que Salomon, fils de David, roi d’Israël, a bâti ; vous n’avez plus la charge de la porter sur vos épaules ; maintenant, servez l’Éternel votre Dieu et son peuple d’Israël ;

4 et rangez-vous par les maisons de vos pères, selon vos départements, selon l’ordre qui a été établi par David, roi d’Israël, et selon l’ordre qui a été prescrit par Salomon son fils.

5 Et demeurez dans le sanctuaire, selon les départements des familles de vos pères, pour vos frères, les enfants du peuple, et selon le partage de chaque famille des Lévites ;

6 et égorgez la Pâque. Sanctifiez-vous donc, et préparez-la pour vos frères, afin qu’ils la puissent faire selon la parole que l’Éternel a fait entendre par Moïse.

7 Et Josias fit présent à ceux du peuple qui se trouvèrent là, d’un troupeau d’agneaux et de chevreaux, au nombre de trente mille, le tout pour faire la Pâque, et de trois mille taureaux ; tout cela était du propre bien du roi.

8 Et ses principaux officiers firent un présent de leur bon gré, pour le peuple, aux sacrificateurs et aux Lévites ; Hilkija, Zacharie et Jéhiel, conducteurs de la maison de Dieu, donnèrent aux sacrificateurs, pour faire la Pâque, deux mille six cents, tant agneaux que chevreaux, et trois cents taureaux.

9 Et Conanja, Scémahja et Nathanaël ses frères, et Hasçabja, Jéhiel et Jozabad, les principaux des Lévites, présentèrent cinq cents taureaux.

10 Ainsi, le service étant tout préparé, les sacrificateurs se tinrent en leurs places, et les Lévites dans leurs départements, selon le commandement du roi.

11 Et on égorgea la Pâque ; et les sacrificateurs répandaient le sang, le prenant des mains des Lévites, et les Lévites écorchaient les victimes.

12 Et comme il les distribuaient selon les départements des maisons des pères de ceux du peuple, ils mirent à part l’holocauste pour l’offrir à l’Éternel, selon qu’il est écrit au livre de Moïse ; ils en firent de même des taureaux.

13 Ils rôtirent donc la Pâque au feu, selon la coutume ; mais ils cuisirent les choses consacrées, dans des chaudières, des chaudrons et des poêles, et ils les firent distribuer parmi tout le peuple.

14 Ensuite ils apprêtèrent ce qu’il fallait pour eux et pour les sacrificateurs, car les sacrificateurs, descendants d’Aaron, avaient été occupés jusqu’à la nuit, à l’oblation des holocaustes et des graisses ; c’est pourquoi, les Lévites apprêtèrent ce qu’il fallait pour eux et pour les sacrificateurs, descendants d’Aaron.

15 Et les chantres, descendants d’Asaph, se tinrent en leur place, selon le commandement de David et d’Asaph, et avec les enfants d’Héman et de Jédithun, Voyant du roi ; les portiers étaient aussi à chaque porte, et ils ne se détournaient pas de leurs fonctions ; car les Lévites leurs frères apprêtaient ce qu’il fallait pour eux.

16 Ainsi, tout le service de l’Éternel fut ordonné en ce jour-là pour faire la Pâque, et pour offrir les holocaustes sur l’autel de l’Éternel, selon le commandement du roi Josias.

17 Les enfants d’Israël qui s’y trouvèrent, célébrèrent donc la Pâque en ce temps-là, et la fête solennelle des pains sans levain pendant sept jours.

18 On n’avait point célébré de Pâque semblable en Israël depuis les jours de Samuel le prophète, et aucun des rois d’Israël n’avait jamais célébré une telle Pâque comme fit Josias, et avec les sacrificateurs et les Lévites, et tout Juda et Israël, qui s’y étaient trouvés avec les habitants de Jérusalem.

19 Cette Pâque-là fut célébrée la dix-huitième année du règne de Josias.

20 Après tout cela, et après que Josias eut rétabli l’ordre du temple, Néco, roi d’Égypte, monta pour faire la guerre à Carkémis sur l’Euphrate ; et Josias s’en alla pour le rencontrer.

21 Mais Néco envoya vers lui des députés pour lui dire : Qu’y a-t-il entre moi et toi, roi de Juda ? Ce n’est pas à toi que j’en veux aujourd’hui, mais à une maison qui me fait la guerre, et Dieu m’a dit que je me hâtasse ; désiste-toi donc de venir contre Dieu, qui est avec moi, de peur qu’il ne te détruise.

22 Mais Josias ne voulut point se détourner de lui, mais il se déguisa pour combattre contre lui, et il n’écouta point les paroles de Néco, qui procédaient de la bouche de Dieu. Il vint donc pour combattre dans la campagne de Méguiddo.

23 Et les archers tirèrent contre le roi Josias ; et le roi dit à ses serviteurs : Otez-moi d’ici ; car on m’a fort blessé.

24 Et ses serviteurs l’ôtèrent du chariot, et ils le mirent sur un second chariot qu’il avait, et le menèrent à Jérusalem, où il mourut ; et il fut enseveli dans les sépulcres de ses pères, et tous ceux de Juda et de Jérusalem pleurèrent Josias.

25 Jérémie aussi fît des lamentations sur Josias ; et tous les chantres et toutes les chanteuses en parlèrent dans leurs lamentations sur Josias, qui durent jusqu’à ce jour, ayant été établies en coutume en Israël. Or, voici, ces choses sont écrites dans les lamentations.

26 Le reste des actions de Josias, et les œuvres de piété qu’il fit, selon ce qui est écrit dans la loi de l’Éternel,

27 Ses actions, dis-je, tant les premières que les dernières, sont écrites dans les livres des rois d’Israël et de Juda.

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre de nouvelles preuves du grand zèle dont le roi Josias était animé. Pendant qu’il vécut, il ne négligea rien pour rétablir la religion dans sa pureté et pour apaiser la colère de Dieu qui était prête à se répandre sur les Juifs. Il célébra la pâque d’une manière solennelle avec tout son peuple et l’Écriture dit même qu’il ne s’était rien fait de semblable sous les rois ses prédécesseurs et depuis le temps du prophète Samuel. Ainsi ce bon prince fit tout ce qu’il put pour plaire au Seigneur et pour animer ses sujets à la piété.

Cela doit nous apprendre à ne nous relâcher jamais dans le bien et à y persévérer de plus en plus. Cet exemple doit surtout faire impression sur les princes et sur les magistrats chrétiens et les inciter à prendre aussi à cœur l’avancement de la vraie piété et de la religion et à se rendre recommandables devant Dieu et devant les hommes par les mêmes endroits qui ont rendu Josias l’un des meilleurs et des plus excellents rois qu’il y ait jamais eu. Mais quelque grande qu’ait été la piété de Josias, les rois et les princes qui font profession de croire en Jésus-Christ devraient surpasser à cet égard les meilleurs rois du peuple de Dieu.

Il paraît cependant que ce prince fit une faute en s’engageant inconsidérément à faire la guerre au roi d’Égypte, aussi fut-il tué dans cette occasion.

Après sa mort, tout le peuple de Jérusalem et de Juda le pleura et le prophète Jérémie prononça des lamentations sur ce sujet.

Les peuples font une grande perte et souvent une perte irréparable lorsque Dieu leur ôte des princes et des conducteurs sages et religieux. Ce fut ce que les Juifs éprouvèrent après que Dieu eut retiré Josias. Il fut le dernier bon roi de Juda, ses successeurs furent tous des impies et dans peu de temps le royaume de Juda prit fin, comme on le voit dans le chapitre suivant.

CHAPITRE XXXVI.

Ce chapitre comprend l’histoire des quatre derniers rois de Juda. Le premier fut Jéhoachaz, fils de Josias, qui régna trois mois et fut déposé par le roi d’Égypte. Le second fut Eliakim, nommé autrement Jéhojakim, qui fut aussi idolâtre et qui régna onze ans. Nébucadnetsar le transporta à Babylone avec une partie des vaisseaux sacrés. Il revint pourtant à Jérusalem où il fut tué et jeté à la voierie ainsi qu’on le lit dans le livre de Jérémie. Après lui régna pendant trois ans Jéhojakim son fils qui fut aussi emmené à Babylone par Nébucadnetsar, lequel établit en sa place Sédécias, oncle de Jéhojakim, dix-neuvième et dernier roi de Juda. Ce fut sous son règne que les Juifs, continuant dans leurs péchés et dans leur endurcissement, Jérusalem fut prise et brûlée avec son temple et que les Juifs allèrent en captivité à Babylone où ils demeurèrent jusqu’au temps de Cyrus roi de Perse qui les mit en liberté et leur permit de retourner à Jérusalem et de rebâtir le temple.

1 Alors le peuple du pays prit Jéhoachaz, fils de Josias, et ils l’établirent pour roi à Jérusalem, en la place de son père.

2 Jéhoachaz était âgé de vingt-trois ans quand il commença à régner, et il régna trois mois à Jérusalem.

3 Et le roi d’Égypte le déposa dans Jérusalem, et il condamna le pays à une amende de cent talents d’argent et d’un talent d’or.

4 Et le roi d’Égypte établit pour roi sur Juda et Jérusalem, Eliakim son frère, et il lui changea son nom, l’appelant Jéhojakim. Puis Néco prit Jéhoachaz son frère, et l’emmena en Égypte.

5 Jéhojakim était âgé de vingt-cinq ans quand il commença à régner. Il régna onze ans à Jérusalem, et il fit ce qui était mauvais devant l’Éternel.

6 Et Nébucadnetsar, roi de Babylone, monta contre lui, et le lia de doubles chaînes d’airain, pour le mener à Babylone.

7 Nébucadnetsar emporta aussi à Babylone des vaisseaux de la maison de l’Éternel, et il les mit dans son temple à Babylone.

8 Le reste des actions de Jéhojakim, et les abominations qu’il commit, voilà, ces choses sont écrites dans le livre des rois d’Israël et de Juda. Et Jéhojakim son fils régna en sa place.

9 Jéhojakim était âgé de huit ans quand il commença à régner, et il régna trois mois et dix jours à Jérusalem, et il fit ce qui était mauvais devant l’Éternel.

10 Et l’année suivante, le roi Nébucadnetsar envoya et le fit amener à Babylone, avec les riches vaisseaux de la maison de l’Éternel ; et il établit pour roi sur Juda et Jérusalem, Sédécias, son proche parent.

11 Sédécias était âgé de vingt-un an quand il commença à régner ; et il régna onze ans à Jérusalem.

12 Il fit ce qui était mauvais devant l’Éternel son Dieu, et il ne s’humilia point, nonobstant la présence de Jérémie le prophète, qui lui parlait de la part de l’Éternel.

13 Et même, il se révolta contre le roi Nébucadnetsar, qui l’avait fait jurer par le nom de Dieu ; et il raidit son cou, et il obstina son cœur, pour ne pas se convertir à l’Eternel, le Dieu d’Israël.

14 Et tous les principaux des sacrificateurs, avec le peuple, continuèrent, de plus en plus, à commettre de grands crimes, selon toutes les abominations des nations, et ils souillèrent la maison que l’Eternel avait consacrée à Jérusalem.

15 Or, l’Eternel, le Dieu de leurs pères, les avait sommés par ses envoyés, qu’il leur envoyait en toute diligence, parce qu’il était touché de compassion envers son peuple et envers sa demeure.

16 Mais ils se moquaient des envoyés de Dieu, et ils méprisaient ses paroles et se raillaient de ses prophètes, jusqu’à ce que la colère de l’Eternel s’embrasa contre son peuple, de sorte qu’il n’y eut plus de remède.

17 C’est pourquoi, il fit venir contre eux le roi des Caldéens, qui tua leurs jeunes gens avec l’épée, dans la maison de leur sanctuaire ; et il ne fut point touché de pitié des jeunes hommes, ni des filles, ni des vieillards et décrépits ; il les livra tous entre ses mains.

18 Et Nébucadnetsar fit emmener à Babylone tous les vaisseaux de la maison de Dieu, grands et petits, et les trésors de la maison de l’Eternel, et les trésors du roi et de ses principaux officiers.

19 On brûla aussi la maison de Dieu, et on démolit les murailles de Jérusalem ; on mit aussi le feu à tous ses palais, et on détruisit tout ce qu’il y avait de précieux.

20 Et le roi de Babylone transporta à Babylone tous ceux qui étaient échappés de l’épée, et ils furent esclaves de lui et de ses fils, jusqu’à la monarchie du royaume des Perses ;

21 afin que la parole de l’Eternel, prononcée par Jérémie fût accomplie, jusqu’à ce que la terre eût pris plaisir à ses sabbats ; pendant tout le temps qu’elle demeura désolée, elle se reposa, pour accomplir les soixante-dix ans.

22 Mais la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, afin que la parole de l’Eternel, prononcée par Jérémie, fût accomplie, l’Eternel toucha le cœur de Cyrus, roi de Perse, et il fit publier par tout son royaume, et même par lettres, cet édit :

23 Ainsi a dit Cyrus, roi de Perse : L’Eternel, le Dieu des cieux, m’a donné tous les royaumes de la terre, et lui-même m’a ordonné de lui bâtir une maison à Jérusalem, qui est dans la Judée. Qui est-ce d’entre vous, de tout son peuple, qui s’y veuille employer ? Que l’Eternel son Dieu soit avec lui, et qu’il monte.

REFLEXIONS

On voit dans l’histoire des quatre derniers rois de Juda que, nonobstant les avertissements que Dieu leur faisait donner et quoi qu’ils vissent que sa protection se retirait de dessus eux, ils irritèrent de plus en plus le Seigneur par l’idolâtrie et que tout le peuple les suivit dans leur égarement. L’Écriture remarque expressément que Dieu avant que de détruire les Juifs leur envoya ses serviteurs pour les exhorter à la repentance parce qu’il était ému de compassion envers son peuple, mais que ce peuple endurci se moquait d’eux et méprisait la parole du Seigneur, tellement que sa colère s’enflamma en sorte qu’il n’y eut plus de remède.

Voilà comment Dieu, qui est juste et bon, redouble ses avertissements envers les hommes à mesure qu’ils l’offensent avec plus de fierté et voilà aussi ce que produit le mépris ouvert et continué de la parole de Dieu et de ses grâces.

Dieu livra les Juifs aux Babyloniens qui prirent Jérusalem et la brûlèrent et qui répandirent le sang d’une infinité de personnes jusque dans le temple, sans avoir compassion des femmes, des enfants, ni des vieillards. Le temple même ne fut pas épargné, ayant été pillé et brûlé par les Caldéens et les Juifs qui échappèrent à cette désolation furent conduits à Babylone où ils demeurèrent captifs. Ce fut ainsi que les menaces que Dieu leur avait fait entendre tant de fois s’exécutèrent et c’est là un grand exemple par où l’on peut voir à quoi doivent s’attendre ceux qui abusent des grâces de Dieu et de sa patience et qui persévèrent avec obstination dans leurs péchés.