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ARGUMENT
L’Epître aux Romains fut écrite environ l’an 57 de notre Seigneur. Elle a été mise à la tête des autres épîtres à cause de l’importance des choses qu’elle contient et à cause de la dignité de la ville de Rome. Le but de cette épître est de faire savoir que ce n’est que par l’Évangile et par la foi en Jésus-Christ que les hommes pouvaient être sauvés, que la circoncision et les œuvres de la loi de Moïse ne donnaient en cela aucun avantage aux Juifs par-dessus les païens, qu’il ne fallait pas assujettir les païens qui embrassaient l’Évangile à être circoncis et à observer les cérémonies de la loi comme le prétendaient certains Juifs convertis au christianisme et que Dieu avait pu appeler les Gentils et les recevoir dans son alliance, ce qui avait aussi été prédit par les prophètes.
C’est là ce qui est enseigné dans les onze premiers chapitres de cette épître. Dans les cinq derniers, Saint Paul exhorte les Romains aux principaux devoirs de la vie chrétienne et surtout à la charité, au support et à la paix, parce que les divisions qu’il y avait alors entre les Juifs et les païens convertis troublaient la paix de l’église.
Chapitres: Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Livres du Nouveau Testament
St. Paul fait deux choses : I. Il salue les fidèles de Rome et il leur marque la joie qu’il ressentait en entendant parler de leur foi et le grand désir qu’il avait d’aller les voir. II. Il commence à montrer que tous les hommes étant pécheurs, ils n’avaient pu être sauvés que par Jésus-Christ et pour cet effet il fait voir d’abord que quoi que Dieu se fût fait connaître aux païens par les œuvres de la création, ils ne l’avaient pas servi et qu’ils étaient tombés dans l’idolâtrie et dans toutes sortes de dérèglements.
1 Paul, serviteur de Jésus-Christ, appelé à être apôtre, mis à part pour annoncer l’évangile de Dieu,
2 qu’il avait promis auparavant par ses prophètes, dans les saintes Ecritures,
3 touchant son Fils, qui est né de la race de David, selon la chair,
4 et qui, selon l’esprit de sainteté, a été déclaré Fils de Dieu avec puissance, par sa résurrection d’entre les morts, savoir, Jésus-Christ notre Seigneur,
5 par lequel nous avons reçu la grâce et la charge d’apôtre, afin d’amener tous les Gentils à l’obéissance de la foi en son nom ;
6 du nombre desquels vous êtes aussi, vous qui avez été appelés par Jésus-Christ ;
7 à vous tous qui êtes à Rome, bien-aimés de Dieu, appelés et saints ; la grâce et la paix vous soient données par Dieu notre Père, et par notre Seigneur Jésus-Christ.
8 Avant toutes choses, je rends grâces au sujet de vous tous à mon Dieu, par Jésus-Christ, de ce que votre foi est célèbre par tout le monde.
9 Car Dieu, que je sers en mon esprit dans l’évangile de son Fils, m’est témoin que je fais sans cesse mention de vous,
10 lui demandant toujours dans mes prières, que, si c’est sa volonté, je puisse enfin trouver quelque occasion favorable de vous aller voir ;
11 car je souhaite fort de vous voir, pour vous faire part de quelque don spirituel, afin que vous soyez affermis ;
12 c’est-à-dire, afin qu’étant parmi vous, nous nous consolions ensemble par la foi qui nous est commune, à vous et à moi.
13 Or, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez que j’ai souvent formé le dessein de vous aller voir, afin de recueillir quelque fruit parmi vous, comme parmi les autres nations ; mais j’en ai été empêché jusqu’à présent.
14 Je me dois aux Grecs et aux barbares, aux savants et aux ignorants.
15 Ainsi, autant qu’il dépend de moi, je suis prêt à vous annoncer aussi l’évangile, à vous qui êtes à Rome.
16 Car je n’ai point honte de l’évangile de Christ, puisque c’est la puissance de Dieu, pour le salut de tous ceux qui croient, premièrement des Juifs, et ensuite des Grecs.
17 Car c’est dans cet évangile que la justice de Dieu est révélée de foi en foi, selon qu’il est écrit : Le juste vivra par la foi.
18 Car la colère de Dieu se déclare du ciel contre toute l’impiété et l’injustice des hommes, qui suppriment la vérité injustement ;
19 parce que ce qu’on peut connaître de Dieu a été manifesté parmi eux, Dieu le leur ayant manifesté.
20 Car les perfections invisibles de Dieu, savoir, sa puissance éternelle, et sa divinité, se voient comme à l’œil depuis la création du monde, quand on considère ses ouvrages ; de sorte qu’ils sont inexcusables ;
21 parce qu’ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans de vains raisonnements, et leur cœur destitué d’intelligence a été rempli de ténèbres.
22 Se disant sages, ils sont devenus fous ;
23 et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en des images qui représentent l’homme corruptible, et des oiseaux, et des bêtes à quatre pieds, et des reptiles.
24 C’est pourquoi aussi, Dieu les a livrés aux convoitises de leurs cœurs et à l’impureté, en sorte qu’ils ont déshonoré eux-mêmes leurs propres corps ;
25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en des choses fausses, et qui ont adoré et servi la créature, au lieu du Créateur, qui est béni éternellement. Amen.
26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes ; car les femmes parmi eux ont changé l’usage naturel en un autre qui est contre nature.
27 De même aussi, les hommes, laissant l’usage naturel de la femme, ont été embrasés dans leur convoitise les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes la récompense qui était due à leur égarement.
28 Car, comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, aussi Dieu les a livrés à un esprit dépravé, pour commettre des choses qu’il n’est pas permis de faire.
29 Ils sont remplis de toute injustice, d’impureté, de méchanceté, d’avarice, de malice ; pleins d’envie, de meurtres, de querelles, de tromperies, et de malignité ;
30 rapporteurs, médisants, ennemis de Dieu, outrageux, orgueilleux, vains, inventeurs de méchancetés, désobéissants à leurs pères et à leurs mères ;
31 sans intelligence, sans foi, sans affection naturelle, implacables, sans compassion ;
32 Qui, bien qu’ils aient connu que le droit de Dieu est, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort, ne les commettent pas seulement, mais approuvent encore ceux qui les commettent.
REFLEXIONS
On voit dès l’entrée de cette Epitre l’amour de St. Paul pour les Romains, le désir qu’il avait de contribuer à leur édification et le zèle dont il était animé pour aller annoncer l’Évangile en tous lieux et à toutes sortes de personnes et même dans la ville de Rome.
Tous les chrétiens, mais particulièrement les ministres de l’Évangile doivent imiter St. Paul à cet égard, aimer tendrement l’église de Jésus-Christ et les fidèles, prier continuellement pour eux, procurer leur édification de tout leur pouvoir et n’avoir jamais honte de la vérité, ni de la piété.
I. Nous voyons ici que, bien que Dieu se fût révélé aux païens par les œuvres de la création et de la providence, ils ne l’avaient pas glorifié, qu’ils s’étaient abandonnés à toutes sortes de péchés et que les peuples même où les sciences et les arts fleurissaient étaient tombés dans l’idolâtrie la plus honteuse et la plus indigne de l’homme, par où ils avaient attiré sur eux la colère du Ciel. Si les païens étaient en cela coupables et inexcusables, comme St. Paul le déclare, nous le serions beaucoup plus si Dieu s’étant fait connaître à nous, non seulement par les œuvres de la nature, mais par sa parole, nous ne l’honorions pas comme nous le devons. III. Ce que St. Paul dit dans ce chapitre des deux principaux péchés des païens qui étaient l’idolâtrie et les débordements affreux où ils étaient tombés à l’égard de l’impureté, nous montre en quel état nous serions si Dieu ne nous avait pas éclairés des lumières de l’Évangile et dans quelles horreurs l’impureté et la sensualité peuvent entraîner les hommes.
II. Enfin, l’Apôtre fait dans ce chapitre le tableau des vices et des mœurs des païens en disant qu’ils étaient remplis de souillure, d’avarice, d’injustice et toutes sortes de passions et de péchés et que, quoiqu’ils sussent que ceux qui faisaient ces choses étaient dignes de mort, ils ne laissaient pas de les commettre. Il faut avouer à la honte des chrétiens que c’est là le tableau de la vie et des mœurs d’un grand nombre d’entre eux. Mais nous devons aussi conclure de là que ceux qui, ayant connu beaucoup mieux que les païens le droit de Dieu et sa volonté les imitent dans leurs dérèglements, éprouveront ce qu’il y a de plus terrible dans sa vengeance.
St. Paul ayant montré dans le chapitre précédent que les païens étaient pécheurs, prouve dans celui-ci que les Juifs qui condamnaient les païens l’étaient aussi et même qu’abusant de leurs lumières et de la bonté de Dieu, ils étaient bien plus coupables que les païens qui n’avaient que la loi de la nature et de la conscience, d’où il s’ensuit que les Juifs ne pouvaient pas prétendre être justifiés devant Dieu par les œuvres et qu’ils n’avaient pas plus droit au salut que les Gentils.
Et parce que les Juifs se glorifiaient d’avoir la loi de Dieu et la circoncision qui était une marque de son alliance, l’Apôtre leur déclare que tous ces avantages extérieurs qui les distinguaient des païens leurs devenaient inutiles et ne les rendaient pas plus agréables à Dieu pendant qu’ils n’observaient pas sa loi.
1 Toi donc, ô homme, qui que tu sois, qui condamnes les autres, tu es inexcusable ; car en condamnant les autres, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui les condamnes, tu fais les mêmes choses.
2 Car nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité, contre ceux qui commettent de telles choses.
3 Et penses-tu, ô homme, qui condamnes ceux qui commettent de telles choses, et qui les commets, que tu puisses éviter le jugement de Dieu ?
4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, de sa patience et de son long support, ne considérant pas que la bonté de Dieu te convie à la repentance.
5 Mais par ton endurcissement et par ton cœur impénitent tu t’amasses la colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu,
6 Qui rendra à chacun selon ses œuvres ;
7 savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ;
8 mais l’indignation et la colère seront sur ceux qui sont contentieux et rebelles à la vérité, et qui obéissent à l’injustice.
9 L’affliction et l’angoisse seront sur tout homme qui fait le mal ; sur le Juif premièrement, puis aussi sur le Grec ;
10 mais la gloire, l’honneur et la paix seront pour tout homme qui fait le bien ; premièrement pour le Juif ; et puis aussi pour le Grec ;
11 car Dieu n’a point égard à l’apparence des personnes.
12 Tous ceux qui auront péché sans avoir eu la loi, périront aussi sans être jugés par la loi ; et tous ceux qui auront péché ayant la loi, seront jugés par la loi ;
13 car ce ne sont pas ceux qui écoutent la loi, qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui observent la loi, qui seront justifiés.
14 Or, quand les Gentils, qui n’ont point la loi, font naturellement les choses qui sont selon la loi, n’ayant point la loi, ils se tiennent lieu de loi à eux-mêmes.
15 Ils font voir que ce qui est prescrit par la loi est écrit dans leurs cœurs, puisque leur conscience leur rend témoignage, et que leurs pensées les accusent ou les défendent ;
16 ce qui arrivera au jour auquel Dieu jugera les actions secrètes des hommes, par Jésus-Christ, selon mon évangile.
17 Toi donc, qui portes le nom de Juif, qui te reposes sur la loi, qui te glorifies en Dieu,
18 qui connais sa volonté, et qui sais discerner ce qui est contraire, étant instruit par la loi,
19 qui crois être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres,
20 le docteur des ignorants, le maître des simples, ayant la règle de la science et de la vérité dans la loi ;
21 toi, dis-je, qui enseignes les autres, tu ne t’enseignes pas toi-même ! Toi, qui prêches qu’on ne doit pas dérober, tu dérobes !
22 Toi, qui dis qu’on ne doit pas commettre adultère, tu commets adultère ! Toi, qui as en abomination les idoles, tu commets des sacrilèges !
23 Toi, qui te glorifies dans la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi !
24 Car le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les Gentils, comme cela est écrit.
25 Il est vrai que la circoncision est utile, si tu observes la loi ; mais si tu es transgresseur de la loi, avec ta circoncision tu deviens incirconcis.
26 Si donc l’incirconcis garde les commandements de la loi, ne sera-t-il pas réputé circoncis, quoiqu’il soit incirconcis ?
27 Et si celui qui est incirconcis de naissance accomplit la loi, il te condamnera, toi qui, avec la lettre de la loi et la circoncision, es transgresseur de la loi.
28 Car celui-là n’est pas Juif, qui ne l’est qu’au dehors, et la circoncision n’est pas celle qui se fait extérieurement dans la chair ;
29 mais celui-là est Juif, qui l’est au dedans, et la circoncision est celle du cœur, qui se fait selon l’esprit, et non selon la lettre ; et ce Juif ne tire pas sa louange des hommes, mais il la tire de Dieu.
REFLEXIONS
Le but de ce chapitre est en général de montrer que les Juifs étaient coupables devant Dieu aussi bien et même beaucoup plus que les païens et qu’ainsi ils ne pouvaient être justifiés, ni sauvés que par Jésus-Christ. De tout ce que St. Paul dit là-dessus, nous devons tirer ces instructions :
I. Que ceux qui condamnent le péché dans les autres et qui commettent cependant les mêmes péchés seront inexcusables et qu’ils n’échapperont point au jugement de Dieu ;
II. Que si Dieu use d’un grand support envers les pécheurs, il le fait pour les appeler à la repentance et que ceux qui abusent de ce support attirent sur eux les plus terribles effets de sa colère ;
III. Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;
IV. Qu’au jour du jugement les hommes seront jugés selon le degré de connaissance qu’ils auront eu, que les païens le seront par la loi de la nature, mais que la punition de ceux qui auront péché contre la loi que Dieu a donnée dans sa parole sera beaucoup plus rigoureuse, par où nous pouvons voir à quoi doivent s’attendre les chrétiens qui pèchent contre les lumières de l’Évangile.
Enfin, St. Paul fait voir que c’était en vain que les Juifs se vantaient d’être plus éclairés que les païens et d’avoir la circoncision, il leur reproche de transgresser la loi de Dieu d’une manière encore plus criminelle et d’être cause que le nom de Dieu était blasphémé parmi les Gentils et il conclut de là que la circoncision et les autres privilèges dont ils jouissaient ne leur servaient de rien et qu’ils seraient traités comme s’ils étaient païens et incirconcis.
Ce que St. Paul dit avec tant de force sur ce sujet contre les Juifs nous enseigne qu’il ne faut pas se glorifier de connaître la volonté de Dieu, de vivre dans son alliance et d’en avoir les signes extérieurs à moins qu’on ne fasse cette volonté et que le vrai chrétien n’est pas celui qui ne l’est qu’en dehors, mais que celui-là seulement sera réputé chrétien qui l’est intérieurement et dans le cœur et qui est loué et approuvé, non par les hommes, mais par le Seigneur lui-même.
St. Paul fait voir trois choses dans ce chapitre : I. Que les Juifs avaient de grands avantages par-dessus les païens, que s’ils n’avaient pas cru en Jésus-Christ, cela n’empêchait pas que Dieu ne fût toujours fidèle dans ses promesses et qu’ils ne fussent punis avec justice et qu’au reste, quoique l’incrédulité des Juifs servît à manifester sa justice, la vérité et la bonté de Dieu, ils ne laisseraient pas d’être entièrement inexcusables. II. St. Paul prouve par des passages du Vieux Testament que les Juifs étaient coupables de la violation de la loi de Dieu et il remarque que ces passages ne regardaient que les Juifs. III. Il conclut de là que les Juifs n’avaient pu être justifié par la loi de Moïse et qu’ils ne pouvaient l’être, non plus que les païens, que par la foi en Jésus-Christ et il dit que cette doctrine, bien loin d’être opposée à la loi, l’établissait au contraire plus fortement.
1 Quelle est donc la prérogative du Juif, ou quelle est l’utilité de la circoncision ?
2 Elle est grande en toute manière, surtout en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés.
3 Car quoi ? Si quelques-uns d’entre eux n’ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la fidélité de Dieu ?
4 A Dieu ne plaise ! Mais que Dieu soit reconnu véritable, et tout homme menteur, selon qu’il est écrit : Que tu sois trouvé juste dans tes paroles, et que tu gagnes ta cause lorsqu’on juge de toi.
5 Que si notre injustice fait paraître la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu n’est-il pas injuste quand il punit ? Je parle comme les hommes.
6 Loin de nous cette pensée ! Si cela était, comment Dieu jugerait-il le monde ?
7 Mais, dira-t-on, si la vérité de Dieu reçoit une plus grande gloire par mon infidélité, pourquoi suis-je encore condamné comme pécheur ?
8 Et que ne faisons-nous du mal, afin qu’il en arrive du bien ? comme quelques-uns, qui nous calomnient, assurent que nous le disons ; gens dont la condamnation est juste.
9 Quoi donc ? sommes-nous préférables aux Gentils ? Nullement ; car nous avons déjà fait voir que tous les hommes, tant les Juifs que les Grecs, sont assujettis au péché,
10 selon qu’il est écrit : Il n’y a point de juste, non pas même un seul.
11 Il n’y a personne qui ait de l’intelligence ; il n’y en a point qui cherche Dieu.
12 Ils se sont tous égarés, ils se sont tous corrompus ; il n’y en a point qui fasse le bien, non pas même un seul.
13 Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se sont servis de leurs langues pour tromper ; il y a un venin d’aspic sous leurs lèvres.
14 Leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume.
15 Ils ont les pieds légers pour répandre le sang.
16 La désolation et la ruine sont dans leurs voies.
17 Ils n’ont point connu le chemin de la paix.
18 La crainte de Dieu n’est point devant leurs yeux.
19 Or, nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que tous aient la bouche fermée, et que tout le monde soit reconnu coupable devant Dieu.
20 C’est pourquoi personne ne sera justifié devant lui par les œuvres de la loi, car c’est la loi qui donne la connaissance du péché.
21 Mais maintenant, la justice de Dieu a été manifestée sans la loi, la loi et les prophètes lui rendant témoignage ;
22 la justice, dis-je, de Dieu, qui est par la foi en Jésus-Christ, en tous ceux et sur tous ceux qui croient ; car il n’y a point de distinction, puisque tous ont péché, et sont privés de la gloire de Dieu,
23 et qu’ils sont justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est en Jésus-Christ,
24 que Dieu avait destiné pour être une victime propitiatoire par la foi en son sang, afin de faire paraître sa justice par le pardon des péchés commis auparavant, pendant le temps de la patience de Dieu ;
25 afin, dis-je, de faire paraître sa justice dans le temps présent, en sorte qu’on reconnaisse qu’il est juste, et qu’il justifie celui qui a la foi en Jésus.
26 Où est donc le sujet de se glorifier ? Il est exclu. Par quelle loi ? Est-ce par la loi des œuvres ? Non ; mais c’est par la loi de la foi.
27 Nous concluons donc que l’homme est justifié par la foi, sans les œuvres de la loi.
28 Dieu est-il seulement le Dieu des Juifs ? Ne l’est-il pas aussi des Gentils ? Oui, il l’est aussi des Gentils ;
29 car il y a un seul Dieu, qui justifiera les circoncis par la foi, et les incirconcis aussi par la foi.
30 Anéantissons-nous donc la loi par la foi ? Dieu nous en garde ! Au contraire, nous établissons la loi.
REFLEXIONS
La doctrine que St. Paul enseigne dans tout ce chapitre et qu’il a dessein d’établir est que, puisque les Juifs étaient engagés dans le péché et dans la condamnation aussi bien que les païens, ils ne pouvaient prétendre être justifiés par la loi de Moïse et qu’il n’y avait pour les uns et pour les autres qu’une seule voie de justification, savoir la foi en Jésus-Christ qui a expié les péchés de tous les hommes.
Outre cette doctrine qui est capitale dans la religion chrétienne, ce chapitre contient ces trois instructions particulières.
La première, que comme les privilèges des Juifs ne leur servirent de rien à cause de leur incrédulité, les avantages que Dieu nous a accordés à nous, qui sommes chrétiens, nous deviendront inutiles si nous en abusons et ne nous garantirons point de son jugement.
La seconde que l’incrédulité et l’ingratitude des hommes n’empêchent pas que Dieu ne soit toujours juste quand il les punit, que même cette incrédulité sert à faire voir que Dieu est bon, juste et véritable, mais que cependant il ne faut pas croire que Dieu ne puisse condamner les pécheurs avec justice sous prétexte que le péché sert à la manifestation de sa gloire, puisque si cela arrive, ce n’est que par accident, le but et l’intention des pécheurs n’étant pas d’avancer cette gloire, mais seulement de satisfaire leurs passions. Ce que l’Apôtre dit sur ce sujet nous montre aussi qu’il ne faut jamais faire du mal, quand même il en pourrait arriver du bien.
Enfin, il paraît des derniers versets de ce chapitre que le dessein de Saint Paul, dans ce qu’il enseigne ici, n’a point été d’abolir la loi et de la rendre inutile et qu’on ne doit point en conclure qu’il soit permis aux chrétiens de la violer et de demeurer dans le péché, qu’au contraire la doctrine de la justification par la foi est dans le fond la même que celle de la loi et des prophètes et que bien loin que cette doctrine dispense les hommes des devoirs de la sainteté, elle les y porte très efficacement comme l’Apôtre le fait voir dans les chapitre suivants.
L’Apôtre prouve dans ce chapitre, par l’exemple du patriarche Abraham que les hommes sont justifiés par la foi et non par la circoncision ou par les œuvres de la loi de Moïse. Il remarque dans cette vue que la justification consiste dans le pardon des péchés et qu’Abraham fut justifié par la foi et qu’il reçut les promesses de Dieu longtemps avant qu’il fût circoncis.
Après quoi il représente quelle avait été la vertu et l’efficace de la foi d’Abraham et il conclut que tous ceux qui croient en Jésus-Christ, mort et ressuscité, seraient justifiés par la foi, comme Abraham l’avait été par la sienne.
1 Quel avantage dirons-nous donc qu’Abraham, notre père selon la chair, a obtenu ?
2 Car si Abraham a été justifié par les œuvres, il a sujet de se glorifier, mais non pas devant Dieu.
3 Car que dit l’Ecriture ? Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice.
4 Or, la récompense qu’on donne à celui qui travaille est regardée, non comme une grâce, mais comme une chose qui lui est due.
5 Mais à l’égard de celui qui n’a point travaillé, mais qui croit en celui qui justifie le pécheur, sa foi lui est imputée à justice.
6 C’est aussi de cette manière que David exprime le bonheur de l’homme à qui Dieu impute la justice sans les œuvres, quand il dit :
7 Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées, et dont les péchés sont couverts !
8 Heureux est l’homme à qui le Seigneur n’aura point imputé son péché !
9 Ce bonheur donc, est-il seulement pour ceux qui sont circoncis ? Ou est-il aussi pour les incirconcis ? car nous disons que la foi d’Abraham lui fut imputée à justice.
10 Mais quand lui a-t-elle été imputée ? Est-ce après qu’il a été circoncis, ou lorsqu’il ne l’était pas ? Ce n’a point été après qu’il eut reçu la circoncision, mais ç’a été avant qu’il l’eût reçue.
11 Puis il reçut le signe de la circoncision, comme un sceau de la justice qu’il avait obtenue par la foi, avant que d’être circoncis ; afin qu’il fût le père de tous ceux qui croient et qui ne sont pas circoncis, et que la justice leur fût aussi imputée ;
12 et afin qu’il fût aussi le père de ceux qui sont circoncis, savoir, de ceux qui ne sont point simplement circoncis, mais qui suivent les traces de la foi que notre père Abraham a eue avant que d’être circoncis.
13 En effet, la promesse d’avoir le monde pour héritage, n’a pas été faite à Abraham ou à sa postérité, par la loi, mais elle lui a été faite par la justice de la foi ;
14 car si ceux qui sont de la loi sont les héritiers, la foi est anéantie, et la promesse est vaine.
15 Car la loi produit la colère, parce qu’il n’y a point de transgression où il n’y a point de loi.
16 C’est donc par la foi que nous sommes héritiers, afin que ce soit par grâce, et afin que la promesse soit assurée à toute la postérité d’Abraham, non-seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle qui imite la foi d’Abraham, qui est père de nous tous ;
17 selon qu’il est écrit : Je t’ai établi pour être père de plusieurs nations ; qui est, dis-je, notre père devant Dieu, auquel il avait cru, et qui fait revivre les morts, et appelle les choses qui ne sont point, comme si elles étaient.
18 Et Abraham, espérant contre tout sujet d’espérer, crut qu’il deviendrait le père de plusieurs nations, selon ce qui lui avait été dit : Telle sera ta postérité.
19 Et comme il n’était pas faible dans la foi, il n’eut point d’égard à ce que son corps était déjà amorti, puisqu’il avait près de cent ans, ni à ce que Sara n’était plus en âge d’avoir des enfants ;
20 et il n’eut point de doute ni de défiance sur la promesse de Dieu, mais il fut fortifié par sa foi, et par là il donna gloire à Dieu,
21 Etant pleinement persuadé que celui qui le lui avait promis était aussi puissant pour l’accomplir.
22 C’est pourquoi aussi cela lui fut imputé à justice.
23 Or, ce n’est pas seulement pour lui qu’il est écrit que cela lui avait été imputé à justice,
24 mais c’est aussi pour nous, à qui il sera aussi imputé ; pour nous, dis-je, qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur,
25 lequel a été livré pour nos offenses, et qui est ressuscité pour notre justification.
REFLEXIONS
Saint Paul enseigne dans ce chapitre d’une manière tout-à-fait claire ce que c’est que la justification et comment on peut y avoir part.
Il montre premièrement que la justification et la béatitude de l’homme pécheur consiste dans le pardon des péchés que Dieu accorde aux hommes par un effet de sa miséricorde et il fait voir ensuite que cette grâce s’obtient par la foi en Jésus-Christ et non par les œuvres de la loi de Moïse. C’est ce qu’il prouve très clairement en remarquant qu’Abraham avait été justifié par la foi et que les promesses avaient été faites à sa postérité plusieurs années avant qu’il fût circoncis. D’où il suit évidemment que ce n’était pas la circoncision, mais que c’était la foi qui l’avait rendu agréable à Dieu, qu’ainsi la circoncision n’était pas nécessaire pour être sauvé et que tous ceux qui imiteraient la foi de ce patriarche seraient réputés les enfants de sa postérité et justifiés comme lui.
Mais la manière dont l’Apôtre parle de la foi d’Abraham et de ses effets prouve aussi invinciblement qu’il est impossible d’être justifié et d’obtenir le salut si l’on ne croit pas comme Abraham crut et si la foi en Dieu et en ses promesses n’est pas efficace et agissante pour nous porter à tout attendre de lui, à espérer fermement ce qu’il nous a promis et à lui obéir même dans les choses les plus difficiles comme le dit ce Saint patriarche. C’est là une doctrine très importante que tous les chrétiens doivent bien comprendre et bien retenir et qui doit servir de règle non seulement à leurs sentiments, mais aussi à leur conduite.
Ce chapitre a trois parties : I. St. Paul y décrit les fruits de la justification et les admirables effets que la foi et la persuasion de l’amour de Dieu produisent dans les fidèles, même au milieu des afflictions et des persécutions. II. Il représente la grandeur de cet amour que Dieu a témoigné aux hommes en donnant son fils à la mort pour eux. III. Il montre que Jésus-Christ est seul la source de tous ces précieux avantages. Dans cette vue il compare Jésus-Christ avec Adam et il fait voir que si Adam avait assujetti tous les hommes sans exception au péché et à la mort, même ceux qui avaient vécu avant Moïse et à qui Dieu n’avait pas donné une loi expresse et révélée comme à Adam. À plus forte raison doit-on croire que la miséricorde de Dieu se répandrait sur tous les hommes par Jésus-Christ. D’où St. Paul conclut que notre Seigneur est l’auteur du salut et de la vie pour tous ceux qui croient véritablement en lui.
1 Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ,
2 qui nous a aussi fait avoir accès par la foi, à cette grâce, dans laquelle nous demeurons fermes et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu.
3 Et non-seulement cela, mais nous nous glorifions même dans les afflictions, sachant que l’affliction produit la patience,
4 et la patience produit l’épreuve, et l’épreuve produit l’espérance.
5 Or, l’espérance ne confond point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs, par le Saint-Esprit qui nous a été donné.
6 Car, lorsque nous étions encore sans force, Christ est mort en son temps, pour nous qui étions des méchants.
7 Car, à peine arrive-t-il que quelqu’un voulût mourir pour un homme de bien ; mais encore pourrait-il être que quelqu’un se résoudrait à mourir pour un bienfaiteur.
8 Mais Dieu fait éclater son amour envers nous, en ce que, lorsque nous n’étions que pécheurs, Christ est mort pour nous.
9 Etant donc maintenant justifiés par son sang, à plus forte raison serons-nous garantis par lui de la colère de Dieu.
10 Car si, lorsque nous étions ennemis de Dieu, nous avons été réconciliés avec lui par la mort de son Fils, combien plutôt, étant déjà réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie ?
11 Non-seulement cela ; mais nous nous glorifions même en Dieu, par notre Seigneur Jésus-Christ ; par lequel nous avons maintenant obtenu la réconciliation.
12 C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, de même aussi la mort est passée sur tous les hommes, parce que tous ont péché.
13 Car jusqu’à la loi le péché a été dans le monde ; or, le péché n’est point imputé, quand il n’y a point de loi.
14 Mais la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient point péché par une transgression semblable à celle d'Adam, qui était la figure de celui qui devait venir.
15 Mais il n’en est pas du don de la grâce de Dieu, comme du péché. Car, si par le péché d’un seul plusieurs sont morts, combien plus la grâce de Dieu, et le don qu’il nous a fait en sa grâce d’un seul homme, qui est Jésus-Christ, se répandront-ils abondamment sur plusieurs.
16 Et il n’en est pas de ce don, comme de ce qui est arrivé par un seul homme qui a péché ; car le jugement de condamnation vient d’un seul péché ; mais le don de la grâce nous justifie de plusieurs péchés.
17 Car, si par le péché d’un seul homme la mort a régné par ce seul homme, combien plus ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils dans la vie par un seul, savoir, par Jésus-Christ.
18 Comme donc c’est par un seul péché que la condamnation est venue sur tous les hommes, de même c’est par une seule justice que tous les hommes recevront la justification qui donne la vie.
19 Car, comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été rendus pécheurs ; ainsi par l’obéissance d’un seul plusieurs seront rendus justes.
20 Or, la loi est survenue pour faire abonder le péché ; mais où le péché a abondé, la grâce y a surabondé ;
21 afin que comme le péché a régné pour donner la mort, ainsi la grâce régnât par la justice, pour donner la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur.
REFLEXIONS
Nous devons reconnaître par la lecture de ce chapitre :
I. Combien l’état des vrais fidèles est heureux, puisqu’étant justifiés par la foi, ils ont une persuasion si ferme et un sentiment si vif et si doux de l’amour de Dieu et qu’ils se réjouissent continuellement dans l’attente de la gloire du Ciel, même au milieu des plus grandes afflictions. II. Il faut bien méditer ce qui est dit ici de ce grand amour que Dieu a témoigné aux hommes pécheurs en livrant son fils à la mort pour eux et dont il est surtout animé en faveur de ceux qui sont reconciliés avec lui et qui croient sincèrement à l’Évangile. Nous trouvons dans cette considération de puissants motifs à la reconnaissance et elle est aussi très propre à remplir les fidèles de consolation et à les affermir dans l’amour de Dieu.
III. La comparaison que Saint Paul fait dans ce chapitre entre Adam et Jésus-Christ tend à montrer que notre Seigneur est venu délivrer les hommes du péché et de la mort à laquelle ils étaient tous sujet par la chute d’Adam. Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent.
Mais nous devons reconnaître par cela même qu’il n’y a que ceux qui ont part à la justice et à la vie de Jésus-Christ qui puissent obtenir le salut et que ceux qui ne reçoivent pas ce grand sauveur par une véritable foi et qui imitent Adam dans sa désobéissance demeurent dans la condamnation et dans la mort.
Le dessein de Saint Paul dans ce chapitre est de montrer qu’en enseignant, comme il venait de faire, que les hommes sont justifiés par la foi en Jésus-Christ et que la grâce de Dieu avait abondé, même sur les plus grands pécheurs, cette doctrine n’autorisait en aucune façon les chrétiens à demeurer dans le péché, mais qu’au contraire elle les en retirait puissamment et que le baptême les engageait à vivre dans la sainteté.
Il fait voir dans la même vue que tant s’en faut qu’il nous soit permis de pécher parce que nous ne sommes plus sous la loi mais que nous sommes sous la grâce, la grâce nous retire de la servitude et de l’esclavage du péché pour nous rendre esclave de Dieu, c’est-à-dire pour nous consacrer entièrement à son service.
1 Que dirons-nous donc ? Demeurerons-nous dans le péché, afin que la grâce abonde ?
2 Dieu nous en garde ! car nous qui sommes morts au péché, comment y vivrions-nous encore ?
3 Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés en Jésus-Christ, nous avons été baptisés en sa mort ?
4 Nous sommes donc ensevelis avec lui en sa mort, par le baptême, afin que comme Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père, nous aussi marchions dans une vie nouvelle.
5 Car, si nous avons été faits une même plante avec lui, par la conformité à sa mort, nous le serons aussi par la conformité à sa résurrection ;
6 sachant que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché fût détruit, et que nous ne fussions plus asservis au péché.
7 Car celui qui est mort, est affranchi du péché.
8 Or, si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui,
9 Sachant que Christ, étant ressuscité des morts, ne meurt plus, et que la mort n’a plus de pouvoir sur lui.
10 Car s’il est mort, il est mort une seule fois pour le péché ; mais maintenant qu’il est vivant, il est vivant pour Dieu.
11 Vous aussi, mettez-vous bien dans l’esprit que vous êtes morts au péché, et que vous vivez à Dieu en Jésus-Christ notre Seigneur.
12 Que le péché ne règne donc point dans votre corps mortel, pour lui obéir en ses convoitises ;
13 et ne livrez point vos membres au péché, pour servir d’instruments d’iniquité ; mais donnez-vous à Dieu, comme étant devenus vivants, de morts que vous étiez, et consacrez vos membres à Dieu, pour être des instruments de justice.
14 Car le péché n’aura point de domination sur vous, parce que vous n’êtes point sous la loi, mais sous la grâce.
15 Quoi donc, pécherons-nous, parce que nous ne sommes point sous la loi, mais sous la grâce ? Dieu nous en garde !
16 Ne savez-vous pas bien que quand vous vous rendez esclaves de quelqu’un pour lui obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour la mort, soit de l’obéissance pour la justice ?
17 Mais grâces à Dieu, de ce que, après avoir été esclaves du péché, vous avez obéi de tout votre cœur, en vous conformant à la doctrine qui vous a été donnée pour règle.
18 Ayant donc été affranchis du péché, vous êtes devenus les esclaves de la justice.
19 Je parle suivant l’usage des hommes, pour m’accommoder à votre faiblesse. Comme donc vous avez livré vos membres pour servir à l’impureté et à l’injustice, et pour commettre l’iniquité, donnez aussi maintenant vos membres pour servir à la justice dans la sainteté.
20 Car, lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice.
21 Quel fruit tiriez-vous donc alors des choses dont vous avez honte présentement ? Car leur fin est la mort.
22 Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ;
23 car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don de Dieu, c’est la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur.
REFLEXIONS
La doctrine qui est contenue dans ce chapitre doit être bien considérée. Elle revient à ceci :
I. Que nous ne devons pas croire que parce que la grâce de Jésus-Christ s’est répandue sur les hommes qui étaient engagés dans une grande corruption, il nous soit permis de vivre dans le péché ;
II. Que, bien loin de là, le baptême que nous avons reçu et la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité nous obligent de la manière la plus forte à renoncer au péché et à mener une vie spirituelle et semblable à celle de notre Seigneur ;
III. Que ce serait une chose bien indigne de notre vocation et de notre état de chrétien si le péché régnait en nous et si nous nous laissions entraîner par les désirs déréglés de la chair, mais que nous devons plutôt nous attacher à Dieu, ne vivre que pour lui et employer nos corps et nos âmes à sa gloire et à son service. ;
IV. Que c’est abuser de la doctrine de la grâce et faire un grand outrage à Jésus-Christ et à l’Évangile de s’imaginer que l’on peut pécher sans rien craindre sous prétexte que nous ne sommes plus sous la loi, mais que nous sommes sous la grâce, qu’au contraire l’effet que la grâce doit produire et le but pour lequel elle nous a été donnée est de nous affranchir de l’esclavage honteux du péché pour nous soumettre et nous assujettir entièrement à Dieu et à la justice et nous faire porter les fruits de la sainteté afin que nous obtenions la vie éternelle.
Ce sont là des vérités tout à fait importantes et ce chapitre où elles sont contenues doit être lu et médité avec un soin particulier.
L’Apôtre, avait enseigné dans le chapitre qui précédé que quoi que les chrétiens ne soient plus sous la loi, mais qu’ils sont sous la grâce, il ne leur est en aucune façon permis de vivre dans le péché, il confirme encore cette doctrine dans ce chapitre. Il y fait voir : I. Que comme une femme a la liberté de se remarier après la mort de son mari, les chrétiens avaient pu quitter la loi de Moïse pour s’attacher à l’Évangile et qu’ils n’avaient été affranchis de la loi que pour être assujettis à Jésus-Christ qui les appelle et qui les forme à la vraie sainteté. II. Il montre ensuite que ce changement leur était très avantageux, puisque par ce moyen ils étaient en état de porter des fruits de justice et de servir Dieu dans un esprit nouveau. Pour mieux expliquer sa pensée, il dit que la loi était sainte et bonne en elle-même, qu’elle n’était point la cause du péché, mais qu’elle n’avait pas la même efficace que l’Évangile a pour sanctifier les hommes et pour les affranchir de leur corruption. C’est dans ce dessein que l’apôtre représente en sa personne l’état d’un homme qui vit sous la loi et qui est assujetti au péché et à la mort et qu’il rend grâce à Dieu de ce qu’il a été délivré de cet état-là par Jésus-Christ notre Seigneur.
1 Ne savez-vous pas, mes frères (car je parle à des personnes qui connaissent la loi), que la loi n’a de pouvoir sur l’homme que pendant qu’il est en vie ?
2 Car une femme qui est sous la puissance d’un mari, est liée par la loi à son mari, tant qu’il est vivant ; mais si le mari meurt, elle est dégagée de la loi qui la liait à son mari.
3 Si donc, durant la vie de son mari, elle épouse un autre homme, elle sera appelée adultère ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de cette loi, en sorte qu’alors elle n’est point adultère, si elle épouse un autre mari.
4 Ainsi, mes frères, vous êtes aussi morts à l’égard de la loi, par le corps de Christ, pour être à un autre, savoir, à celui qui est ressuscité des morts, afin que nous portions des fruits pour Dieu.
5 Car quand nous étions dans la chair, les passions des péchés qui s’excitent par la loi, agissaient dans nos membres et produisaient des fruits pour la mort.
6 Mais maintenant, nous sommes délivrés de la loi, étant morts à celle sous laquelle nous étions retenus, afin que nous servions Dieu dans un esprit nouveau, et non point selon la lettre, qui a vieilli.
7 Que dirons-nous donc ? La loi est-elle la cause du péché ? Dieu nous en garde ! Au contraire, je n’ai connu le péché que par la loi ; car je n’eusse point connu la convoitise, si la loi n’eût dit : Tu ne convoiteras point.
8 Mais le péché, ayant pris occasion du commandement, a produit en moi toute sorte de convoitise ; car sans la loi le péché est mort.
9 Car autrefois que j’étais sans loi, je vivais ; mais quand le commandement est venu, le péché a repris la vie,
10 et moi, je suis mort ; de sorte qu’il s’est trouvé que le commandement, qui m’était donné pour avoir la vie, m’a donné la mort.
11 Car le péché, prenant occasion du commandement, m’a séduit, et m’a fait mourir par le commandement même.
12 La loi donc est sainte, et le commandement est saint, juste et bon.
13 Ce qui est bon m’a-t-il donc donné la mort ? Nullement ; mais le péché, pour paraître péché, m’a causé la mort par une chose qui était bonne, en sorte que le péché a pris de nouvelles forces par le commandement.
14 Car nous savons que la loi est spirituelle ; mais je suis charnel, vendu au péché.
15 Car je n’approuve point ce que je fais, parce que je ne fais point ce que je voudrais faire, mais je fais ce que je hais.
16 Or, si je fais ce que je ne voudrais pas faire, je reconnais par-là que la loi est bonne.
17 Ce n’est donc plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.
18 Car je sais que le bien n’habite point en moi, c'est-à-dire dans ma chair, parce que j’ai bien la volonté de faire ce qui est bon ; mais je ne trouve pas le moyen de l’accomplir.
19 Car je ne fais pas le bien que je voudrais faire ; mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire.
20 Que si je fais ce que je ne voudrais pas faire, ce n’est plus moi qui le fais, mais c’est le péché qui habite en moi.
21 Je trouve donc cette loi en moi : c’est que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.
22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur ;
23 mais je vois une autre loi dans mes membres, qui combat contre la loi de mon esprit, et qui me rend captif sous la loi du péché, qui est dans mes membres.
24 Misérable que je suis ! qui me délivrera de ce corps de mort ?
25 Je rends grâces à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur. Je sers donc moi-même, de l’esprit, à la loi de Dieu, mais de la chair, à la loi du péché.
REFLEXIONS
C’est ici un chapitre qui doit être bien entendu et dont il ne faut pas abuser.
Le dessein de St. Paul est d’y enseigner que la doctrine de la grâce tend à sanctifier les hommes, comme il l’avait établi dans le chapitre précédent. Ainsi quand il parle d’un homme charnel vendu au péché en qui il n’y a aucun bien, qui est esclave de la loi du péché, qui ne fait pas le bien qu’il approuve et fait le mal qu’il désapprouve, il ne faut pas croire qu’il ait voulu parler d’un homme régénéré et d’un chrétien en qui l’esprit de Jésus-Christ habite. Car l’Apôtre dit dans ce même chapitre que les chrétiens sont délivrés de cet état de péché et de condamnation afin qu’ils portent des fruits pour Dieu et qu’ils le servent dans un esprit nouveau et il enseigne dans le chapitre suivant que les fidèles ne sont plus sous l’esclavage de la chair et du péché et qu’ils ont été affranchis par Jésus-Christ notre Seigneur.
Mais Saint Paul a voulu représenter en sa personne, par une manière de parler figurée et qui lui est ordinaire, l’état d’un homme qui est sous la loi et qui, n’ayant pas la foi et l’esprit de Jésus-Christ, est esclave de ses passions. La doctrine de l’Apôtre revient donc à ceci que la loi n’avait pas la même vertu que l’Évangile a pour délivrer les hommes de leur corruption et pour les sanctifier, d’où il suit que bien loin que la doctrine de la justification par la foi leur donne la liberté de pécher, elle tend à les rendre saints et à les délivrer de la servitude des passions et qu’ainsi ceux qui sont encore engagés dans cette servitude et en qui les désirs de la chair règnent n’ont pas une véritable foi et n’appartiennent point à Jésus-Christ.
St. Paul continue à montrer que les chrétiens ne sont plus assujettis à la condamnation et au péché comme ceux qui sont sous la loi et qu’ils se conduisent non par les mouvements de la chair, mais par ceux de l’esprit de Dieu. Et de là il conclut que les fidèles étaient dans une obligation indispensable de renoncer aux désirs de la chair et de vivre selon l’esprit comme étant des enfants de Dieu et les héritiers de son royaume.
Et parce qu’on aurait pu croire que les chrétiens n’étaient pas réconciliés avec Dieu puisqu’ils étaient exposés aux persécutions, l’Apôtre fait voir que ces persécutions n’empêchent pas qu’ils n’eussent part à l’amour de Dieu. C’est ce qu’il exprime en disant que toutes les créatures, c’est-à-dire les fidèles, souffraient de grands maux mais qu’ils attendaient cependant avec une ferme espérance la manifestation de la gloire des enfants de Dieu.
Saint Paul ajoute que Dieu les soutenait par son esprit dans leurs souffrances, qu’il exauçait leurs prières et que les afflictions, bien loin de leur nuire, contribuaient à leur bonheur, Dieu ayant arrêté que les fidèles parviendraient à la gloire par les souffrances comme Jésus-Christ.
De tout cela, l’Apôtre il conclut que le bonheur des élus de Dieu est assuré et que, Dieu leur ayant donné son propre fils qui est mort et ressuscité, et qui intercède pour eux dans le Ciel, il n’y a aucune créature, ni aucuns maux qui puissent les empêcher de parvenir à la félicité éternelle.
1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent, non selon la chair, mais selon l’esprit ;
2 parce que la loi de l’esprit de vie qui est en Jésus-Christ, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort.
3 Car ce qui était impossible à la loi, à cause qu’elle était faible dans la chair, Dieu l’a fait, en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle des hommes pécheurs, et pour le péché, et il a condamné le péché dans la chair ;
4 afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit.
5 Car ceux qui sont conduits par la chair, s’affectionnent aux choses de la chair ; mais ceux qui sont conduits par l’esprit, s’affectionnent aux choses de l’esprit.
6 Car l’affection de la chair donne la mort ; mais l’affection de l’esprit produit la vie et la paix ;
7 parce que l’affection de la chair est ennemie de Dieu ; car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu ; et aussi elle ne le peut.
8 C’est pourquoi ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu.
9 Or, vous n’êtes point dans la chair, mais vous êtes dans l’esprit, s’il est vrai que l’Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a point l’Esprit de Christ, il n’est point à lui.
10 Et si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vivant à cause de la justice.
11 Si donc l’esprit de celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts, habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus-Christ d’entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels, par son Esprit qui habite en vous.
12 Ainsi, mes frères, nous ne sommes point redevables à la chair, pour vivre selon la chair.
13 Car, si vous vivez selon la chair, vous mourrez ; mais si par l’Esprit vous mortifiez les œuvres du corps, vous vivrez.
14 Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, sont enfants de Dieu.
15 Ainsi vous n’avez point reçu un esprit de servitude pour être encore dans la crainte ; mais vous avez reçu l’Esprit d’adoption, par lequel nous crions : Abba, c’est-à-dire, Père.
16 C’est ce même Esprit qui rend témoignage à notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu.
17 Et si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers ; héritiers, dis-je, de Dieu, et cohéritiers de Christ ; si toutefois nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui.
18 Car j’estime qu’il n’y a point de proportion entre les souffrances du temps présent et la gloire à venir, qui doit être manifestée en nous.
19 Aussi les créatures attendent-elles, avec un ardent désir, que les enfants de Dieu soient manifestés ;
20 car ce n’est pas volontairement que les créatures sont assujetties à la vanité, mais c’est à cause de celui qui les y a assujetties.
21 Et elles espèrent qu’elles seront aussi délivrées de la servitude de la corruption, pour être dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu.
22 Car nous savons que toutes les créatures ensemble soupirent, et sont comme en travail jusqu’à maintenant ;
23 et non-seulement elles, mais nous aussi, qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous-mêmes, nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, savoir, la rédemption de notre corps.
24 Car nous ne sommes sauvés qu’en espérance. Or, quand on voit ce qu’on avait espéré, ce n’est plus espérance ; car comment espérerait-on ce qu’on voit ?
25 Mais si nous espérons ce que nous ne voyons point, c’est que nous l’attendons avec patience.
26 Et même aussi l’Esprit nous soulage dans nos faiblesses ; car nous ne savons pas ce que nous devons demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous par des soupirs qui ne se peuvent exprimer.
27 Mais celui qui sonde les cœurs, connaît quelle est l’affection de l’Esprit, lorsqu’il prie pour les saints, selon la volonté de Dieu.
28 Or, nous savons que toutes choses concourent ensemble au bien de ceux qui aiment Dieu, savoir, à ceux qui sont appelés, selon le dessein qu’il en avait formé.
29 Car ceux qu’il avait auparavant connus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils ; afin qu’il soit le premier-né entre plusieurs frères ;
30 et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
31 Que dirons-nous donc à tout cela ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ?
32 Lui, qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il point aussi toutes choses avec lui ?
33 Qui accusera les élus de Dieu ? Dieu est celui qui les justifie.
34 Qui condamnera ? Christ est celui qui est mort, et qui, de plus, est ressuscité, qui est assis à la droite de Dieu, et qui intercède même pour nous.
35 Qui nous séparera de l’amour de Christ ? Sera-ce l’affliction, ou l’angoisse, ou la persécution, ou la faim, ou la nudité, ou le péril, ou l’épée ?
36 Selon qu’il est écrit : Nous sommes livrés à la mort tous les jours à cause de toi, et on nous regarde comme des brebis destinées à la boucherie.
37 Au contraire, dans toutes ces choses nous sommes plus que vainqueurs, par celui qui nous a aimés.
38 Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir,
39 Ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre créature, ne nous pourra séparer de l’amour que Dieu nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur.
REFLEXIONS
Les instructions que la première partie de ce chapitre nous donne sont :
I. Que l’état des vrais fidèles est très heureux puisqu’il n’y a plus de condamnation pour eux et qu’ils sont affranchis du péché et de la mort par la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ et par l’efficace de son esprit ;
II. Que la vraie et la plus sûre marque à laquelle on reconnait ceux qui appartiennent à Jésus-Christ, c’est qu’ils ne vivent pas selon la chair, mais qu’ils en mortifient les désirs, qu’ils sont affectionnés aux choses spirituelles et qu’ils suivent les mouvements de l’esprit de Dieu dans toute leur conduite ;
III. Qu’ainsi les chrétiens doivent s’étudier à une vie sainte, que ceux qui vivent dans le péché n’ont point l’esprit de Jésus-Christ, qu’ils ne peuvent plaire à Dieu et qu’ils demeurent engagés dans la mort, mais que ceux qui travaillent à mortifier les passions du corps ont part à la vie spirituelle et à l’héritage que Dieu réserve à tous ses enfants.
La seconde partie de ce chapitre nous enseigne
I. Que les afflictions et les maux de cette vie ne sont point à comparer avec la gloire céleste et que tant s’en faut que ces maux empêchent le bonheur des enfants de Dieu, qu’au contraire ils y contribuent et qu’en général toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu ;
II. Que les fidèles et ceux que Dieu aime le plus soupirent et gémissent en attendant cette grande gloire qui leur est destinée, qu’ils passent même quelquefois par de grandes épreuves, mais que cependant Dieu les soutient et les console dans leurs combats par son esprit et qu’il se sert des afflictions mêmes pour les conduire à la gloire et pour les rendre conforme à Jésus-Christ.
III. L’Apôtre nous assure que Dieu glorifiera infailliblement tous ses élus, que ,leur ayant donné son fils, il n’est pas possible qu’il ne leur accorde tout ce qui leur est nécessaire, que la mort de Jésus-Christ, sa résurrection, son entrée dans le Ciel et son intercession les remplissent d’une ferme confiance au milieu des plus grands maux et qu’il n’y a aucune créature, ni dans le ciel, ni sur la terre qui puisse les séparer de l’amour de Dieu.
Ces considérations sont très propres pour soutenir et pour consoler les fidèles dans leurs afflictions, pour les remplir de joie et d’espérance et pour les affermir de plus en plus dans l’amour de Dieu et dans la piété.
L’Apôtre ayant enseigné que les païens avaient part à la grâce de Dieu aussi bien que les Juifs, répond à ce qu’on aurait pu lui opposer qu’il s’ensuivait de sa doctrine que les Juifs, qui étaient le peuple que Dieu avait élu, étaient exclus de ses promesses et que les Gentils, qui ne descendaient pas d’Abraham, étaient devenus le peuple de Dieu. Il déclare sur cela :
I. Qu’il aimait tendrement les Juifs jusque-là qu’il voudrait se dévouer à la mort et être traité comme le dernier des hommes si cela pouvait contribuer à leur salut.
II. Il montre après cela que tous ceux qui descendent d’Abraham ne sont pas regardés comme sa postérité, ni compris dans l’alliance divine. C’est ce qu’il fait voir par l’exemple d’Isaac que Dieu choisi plutôt qu’Ismaël qui était aussi fils d’Abraham et par l’exemple de Jacob qui fut choisi préférablement à Ésaü, quoique tous deux eussent le même père et la même mère et qu’ils fussent jumeaux.
Saint Paul établit ensuite que Dieu peut recevoir dans son alliance et élire pour le salut ceux qu’il trouve à propos et que les hommes n’ont aucun sujet de s’en plaindre puisqu’il est libre dans la distribution de ses grâces et qu’il ne fait rien, même à l’égard des méchants, qu’avec justice et avec bonté, usant d’un grand support envers eux et ne les rejetant qu’à cause de leur endurcissement.
Enfin, il conclut de tout ce qu’il avait dit que Dieu avait pu appeler les païens au salut, ce qu’il confirme dans les oracles des prophètes qui avaient clairement prédit la vocation des Gentils et la réjection des Juifs.
1 Je dis la vérité en Christ, je ne mens point, et ma conscience m’en rend témoignage par le Saint-Esprit,
2 que j’ai une grande tristesse, et un continuel tourment dans le cœur.
3 Car je désirerais moi-même d’être anathème à cause de Jésus-Christ, pour mes frères, qui sont mes parents selon la chair ;
4 qui sont Israélites, à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, l’établissement de la loi, le service divin et les promesses ;
5 qui descendent des pères, et de qui est sorti, selon la chair, Christ, qui est Dieu au-dessus de toutes choses, béni éternellement. Amen.
6 Cependant il n’est pas possible que la parole de Dieu soit anéantie ; car tous ceux qui descendent d’Israël ne sont pas pour cela d’Israël ;
7 et pour être la postérité d’Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants ; mais il est dit : C’est en Isaac que ta postérité sera appelée de ton nom ;
8 c’est-à-dire, que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu ; mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés être la postérité d’Abraham.
9 Car, voici les termes de la promesse : Je reviendrai en cette même saison, et Sara aura un fils.
10 Et non-seulement cela ; mais la même chose arriva aussi à Rébecca, quand elle eut conçu en une fois deux enfants d’Isaac, notre père.
11 Car, avant que les enfants fussent nés, et qu’ils eussent fait ni bien ni mal, afin que ce que Dieu avait arrêté par le choix qu’il avait fait, demeurât ferme ;
12 non à cause des œuvres, mais par la volonté de celui qui appelle, il lui fut dit : L’aîné sera assujetti au plus jeune.
13 C’est ainsi qu’il est écrit : J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Esaü.
14 Que dirons-nous donc ? Y a-t-il de l’injustice en Dieu ? Nullement.
15 Car il dit à Moïse : Je ferai miséricorde à celui à qui je ferai miséricorde ; et j’aurai pitié de celui de qui j’aurai pitié.
16 Cela ne vient donc point ni de celui qui veut, ni de celui qui court ; mais de Dieu qui fait miséricorde.
17 Car l’Ecriture dit, touchant Pharaon : C’est pour cela que je t’ai fait subsister, afin de faire voir en toi ma puissance, et afin que mon nom soit célébré par toute la terre.
18 Il fait donc miséricorde à qui il veut, et il endurcit celui qu’il veut.
19 Mais tu me diras : Pourquoi se plaint-il encore ? Car qui est-ce qui peut résister à sa volonté ?
20 Mais plutôt, toi, homme, qui es-tu, pour contester avec Dieu ? Le vase d’argile dira-t-il à celui qui l’a formé : Pourquoi m’as-tu fait ainsi ?
21 Un potier n’a-t-il pas le pouvoir de faire, d’une même masse de terre, un vaisseau pour des usages honorables, et un autre vaisseau pour des usages vils ?
22 Et qu’y a-t-il à dire, si Dieu, voulant montrer sa colère et faire connaître sa puissance, a supporté avec une grande patience les vaisseaux de colère, disposés à la perdition ?
23 Et pour faire connaître les richesses de sa gloire dans les vaisseaux de miséricorde, qu’il a préparés pour la gloire,
24 et qu’il a aussi appelés, savoir, nous, non-seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les Gentils,
25 Selon qu’il le dit en Osée : J’appellerai mon peuple, celui qui n’était point mon peuple, et la bien-aimée, celle qui n’était point la bien-aimée ;
26 et il arrivera que dans le lieu où il leur avait été dit : Vous n’êtes point mon peuple, là même ils seront appelés les enfants du Dieu vivant.
27 Aussi Esaïe s’écrie-t-il à l’égard d’Israël : Quand le nombre des enfants d’Israël égalerait le sable de la mer, il n’y en aura qu’un petit reste de sauvé.
28 Car le Seigneur va achever et décider la chose avec justice ; le Seigneur va faire une grande diminution sur la terre.
29 Et comme Esaïe avait dit auparavant : Si le Seigneur des armées ne nous eût laissé quelque reste de notre race, nous serions devenus comme Sodome, et nous aurions été semblables à Gomorrhe.
30 Que dirons-nous donc ? C’est que les Gentils, qui ne cherchaient point la justice, sont parvenus à la justice, je dis la justice qui est par la foi ;
31 et qu’Israël, qui cherchait la loi de la justice, n’est point parvenu à la loi de la justice.
32 Pourquoi ? Parce qu’ils ne l’ont point cherchée par la foi, mais par les œuvres de la loi ; car ils ont heurté contre la pierre d’achoppement ;
33 selon qu’il est écrit : Voici, je mets en Sion la pierre d’achoppement et la pierre de scandale ; mais quiconque croira en lui, ne sera point confus.
REFLEXIONS
L’abrégé et la substance de ce chapitre est que Dieu, qui est le maître de toutes choses et avec cela parfaitement juste et souverainement bon, peut faire part de ses grâces à ceux qu’il trouve à propos, sans que les hommes aient aucun sujet de s’en plaindre et qu’ainsi il a pu destiner le salut aux païens aussi bien qu’aux Juifs et même rejeter justement les Juifs incrédules comme les prophètes l’avaient expressément prédit.
Cette doctrine nous engage à louer la miséricorde du Seigneur qui a bien voulu nous appeler à son alliance, nous qui étions païens d’origine, et à reconnaître que si nous sommes élus pour le salut, c’est à la seule grâce de Dieu que nous en sommes redevables.
Nous devons considérer après cela que, comme tous ceux qui descendaient d’Abraham n’avaient pas part aux promesses de Dieu et que même les Juifs à qui ces promesses avaient été faites furent rejetés, nonobstant les privilèges de leur vocation pour n’avoir pas cru en Jésus-Christ, aussi les avantages de l’alliance divine ne nous serviront de rien si nous ne répondons pas à la bonté du Seigneur envers nous et si nous nous excluons nous-mêmes du salut par notre ingratitude et par notre incrédulité.
I. Saint Paul continue à parler de la réjection des Juifs et de la vocation des Gentils. Il fait paraître une tendre affection pour les Juifs, il leur rend même témoignage qu’ils avaient la plupart du zèle pour Dieu, mais il dit qu’ils avaient rejeté l’Évangile parce qu’ils cherchaient leur justice dans la loi de Moïse, ne comprenant pas que la loi les conduisait à Jésus-Christ.
II. Il fait voir ensuite par les paroles de Moïse que la foi est un moyen beaucoup plus facile d’être justifié devant Dieu que la loi ne l’était et que ce moyen d’obtenir le salut consiste à croire de cœur en Jésus-Christ et à faire une profession publique de sa doctrine.
III. Il dit que ce salut était offert à tous les hommes par la prédication de l’Évangile et il prouve par les prophètes et en particulier par les oracles de Moïse et d’Ésaïe que les païens devaient être appelés et que les Juifs devaient être rejetés à cause de leur endurcissement et de leur incrédulité.
1 Mes frères, le souhait de mon cœur, et la prière que je fais à Dieu pour les Israélites, c’est qu’ils soient sauvés.
2 Car je leur rends ce témoignage, qu’ils ont du zèle pour Dieu ; mais ce zèle est sans connaissance ;
3 parce que, ne connaissant point la justice de Dieu, et cherchant à établir leur propre justice, ils ne sont point soumis à la justice de Dieu.
4 Car Christ est la fin de la loi, pour justifier tous ceux qui croient.
5 En effet, Moïse décrit la justice qui est par la loi, en disant, que l’homme qui fera ces choses vivra par elles.
6 Mais la justice qui est par la foi parle ainsi : Ne dis point en ton cœur : Qui montera au ciel ? C’est vouloir en faire descendre Christ ;
7 ou, qui descendra dans l’abîme ? C’est rappeler Christ d’entre les morts.
8 Mais que dit-elle ? La parole est proche de toi, dans ta bouche et dans ton cœur. C’est là la parole de la foi que nous prêchons ;
9 car, si tu confesses le Seigneur Jésus de ta bouche, et que tu croies dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé ;
10 parce qu’on croit du cœur, pour obtenir la justice, et que l’on fait confession de la bouche, pour obtenir le salut.
11 Car l’Ecriture dit : Quiconque croit en lui, ne sera point confus.
12 Ainsi il n’y a point de distinction entre le Juif et le Grec, parce qu’ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent.
13 Car quiconque invoquera le nom du Seigneur, sera sauvé.
14 Mais comment invoqueront-ils celui auquel ils n’ont point cru ? Et comment croiront-ils en celui duquel ils n’ont point ouï parler ? Et comment en entendront-ils parler, s’il n’y a quelqu’un qui le leur prêche ?
15 Et comment le prêchera-t-on, s’il n’y en a pas qui soient envoyés ? selon ce qui est écrit : Que les pieds de ceux qui annoncent la paix sont beaux, de ceux, dis-je, qui annoncent de bonnes nouvelles !
16 Mais tous n’ont pas obéi à l’évangile ; car Esaïe dit : Seigneur, qui a cru à notre prédication ?
17 La foi vient donc de ce qu’on entend ; et ce qu’on entend, vient de la parole de Dieu.
18 Mais je demande, ne l’ont-ils point entendue ? Au contraire, la voix de ceux qui l’ont prêchée, est allée par toute la terre, et leurs paroles se sont fait entendre jusqu’aux extrémités du monde.
19 Je demande encore : Israël n’en a-t-il point eu de connaissance ? Moïse a dit le premier : Je vous provoquerai à la jalousie par un peuple qui n’est pas mon peuple ; je vous exciterai à l’indignation par une nation privée d’intelligence.
20 Et Esaïe parle encore plus hardiment, et dit : J’ai été trouvé par ceux qui ne me cherchaient point, et je me suis manifesté clairement à ceux qui ne s’informaient point de moi.
21 Mais à l’égard d’Israël, il dit : J’ai tout le jour étendu mes mains vers un peuple rebelle et contredisant.
REFLEXIONS
Nous apprenons ici :
I. Qu’il n’y a point de moyen de parvenir au salut que celui qui nous est présenté en Jésus-Christ et que ceux qui cherchent d’autres moyens que celui-là ne sauraient être sauvés ;
II. Que la voie que l’Évangile prescrit pour être justifié n’a rien qui soit au-dessus de nos forces et qui ne soit même très facile et qu’ainsi nous sommes inexcusables si nous ne prévalons pas d’un si précieux avantage.
III. Saint Paul nous apprend dans ce chapitre que tous ceux qui croient en Jésus-Christ du cœur et qui le confessent de leur bouche seront sauvés, ce qui fait voir qu’une foi sincère et une profession publique de l’Évangile sont d’une absolue nécessité pour le salut.
IV. L’Apôtre nous enseigne de plus que Dieu a voulu que sa grâce fût offerte à tous les hommes par l’Évangile, que la foi se produit par la prédication de la parole de Dieu et qu’afin que cette parole soit entendue, il faut qu’il y ait des personnes qui soient envoyées pour l’annoncer. Par là nous devons reconnaître la nécessité de la prédication de l’Évangile et le cas qu’on doit faire de la parole de Dieu et du ministère évangélique.
Enfin, nous voyons dans ce chapitre que la vocation des Gentils et l’incrédulité des Juifs avaient été formellement prédites.
Ce qu’il y a à considérer là-dessus, c’est :
- D’un côté que Dieu avait prévu et prédit longtemps à l’avance ce qui devait arriver un jour tant aux Juifs qu’aux païens, ce qui prouve d’une manière invincible qu’il y a une providence qui conduit toute chose et que la religion chrétienne est d’une origine céleste,
- D’un autre côté cela nous avertit que les chrétiens qui n’obéissent pas à l’Évangile et qui sont rebelles à la vocation divine seront privés du salut comme les Juifs le furent autrefois et que même la punition de ces chrétiens sera beaucoup plus.
Saint Paul, après avoir parlé de la réjection des Juifs demande si Dieu avait rejeté entièrement ce peuple qu’il avait choisi ? Il répond à cela deux choses.
L’une, que tous les Juifs n’étaient pas rejetés et que, comme du temps d’Élie, il y avait encore un grand nombre d’adorateur du vrai Dieu dans le royaume d’Israël, il y avait aussi plusieurs Juifs qui avaient cru en Jésus-Christ et qui croiraient encore, mais que le reste de cette nation était demeurée dans l’incrédulité selon les oracles des prophètes.
L’autre chose que Saint Paul répond, c’est que les Juifs n’étaient pas rejetés pour toujours, qu’ils ne l’étaient que pour un temps et que leur chute avait donné occasion à la vocation des païens, mais qu’un jour ils rentreraient dans l’alliance de Dieu.
Ensuite, l’Apôtre exhorte les Gentils à profiter de la bonté de Dieu envers eux et de sa sévérité envers les juifs, de peur que, s’ils s’élevaient par orgueil et s’ils devenaient incrédules, ils ne fussent aussi retranchés. C’est dans cette vue qu’il se sert de la comparaison de l’olivier sauvage qui aurait été enté sur un olivier franc, voulant marquer par cet olivier sauvage les Gentils et par l’olivier franc les Juifs.
Enfin, il prédit ouvertement la conversion des Juifs, il la prouve par les prophètes et il conclut cette matière en adorant la sagesse et la miséricorde de Dieu qui paraissent dans la conduite qu’il a tenu envers les païens et envers les Juifs et dans ce qui doit encore arriver aux uns et aux autres avant la fin du monde.
1 Je demande donc : Dieu a-t-il rejeté son peuple ? Nullement ; car je suis moi-même Israélite, de la postérité d’Abraham, de la tribu de Benjamin.
2 Dieu n’a point rejeté son peuple qu’il a connu auparavant. Ne savez-vous pas ce que l’Ecriture rapporte d’Elie, comme il fit à Dieu cette plainte contre Israël :
3 Seigneur, ils ont tué tes prophètes, et ils ont démoli tes autels ; et je suis demeuré seul, et ils cherchent à m’ôter la vie.
4 Mais qu’est-ce que Dieu lui répondit ? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n’ont point fléchi le genou devant Bahal.
5 Il y en a donc aussi en ce temps qui ont été réservés, selon l’élection de la grâce.
6 Que si c’est par la grâce, ce n’est plus par les œuvres ; autrement, la grâce ne serait plus une grâce ; et si c’est par les œuvres, ce n’est plus par la grâce ; autrement, les œuvres ne seraient plus des œuvres.
7 Que dirons-nous donc ? C’est qu’Israël n’a point obtenu ce qu’il cherchait, mais les élus l’ont obtenu, et les autres ont été endurcis ;
8 selon qu’il est écrit : Dieu leur a donné un esprit d’étourdissement ; des yeux pour ne point voir, et des oreilles pour ne point entendre jusqu’à ce jour.
9 Et David dit : Que leur table leur devienne un filet et un piège ; qu’elle les fasse tomber ; et cela pour leur rétribution ;
10 que leurs yeux soient obscurcis pour ne point voir ; et fais que leur dos soit continuellement courbé.
11 Je demande donc : Ont-ils tellement bronché qu’ils soient tombés pour toujours ? A Dieu ne plaise ! Mais le salut a été annoncé aux Gentils par leur chute, afin de les exciter à la jalousie.
12 Or, si leur chute a fait la richesse du monde, et leur réduction à un petit nombre, la richesse des Gentils, que ne fera pas la conversion de ce peuple entier ?
13 Car c’est à vous, Gentils, que je parle, parce qu’étant l’apôtre des Gentils, je rends mon ministère glorieux,
14 pour donner, si je puis, de l’émulation à ceux qui sont de mon sang, et pour en sauver quelques-uns.
15 Car, si leur réjection est la réconciliation du monde, que sera leur rappel, sinon une résurrection d’entre les morts ?
16 Or, si les prémices sont saintes, la masse l’est aussi ; et si la racine est sainte, les branches le sont aussi.
17 Que si quelques-unes des branches ont été retranchées, et si toi, qui étais un olivier sauvage, as été enté en leur place, et as été fait participant de la racine et du suc de l’olivier,
18 Ne t’élève pas contre les branches ; que si tu t’élèves, sache que ce n’est pas toi qui portes la racine, mais que c’est la racine qui te porte.
19 Tu diras : Les branches ont été retranchées, afin que j’y fusse enté.
20 Cela est vrai ; elles ont été retranchées à cause de leur incrédulité ; et toi, tu subsistes par la foi ; ne t’élève point par orgueil, mais crains.
21 Car si Dieu n’a point épargné les branches naturelles, prends garde qu’il ne t’épargne pas non plus.
22 Considère donc la bonté et la sévérité de Dieu ; sa sévérité à l’égard de ceux qui sont tombés, et sa bonté envers toi, pourvu que tu persévères dans cette bonté ; autrement, tu seras aussi retranché.
23 Et quant à ceux-là, s’ils ne persévèrent pas dans leur incrédulité, ils seront encore entés ; car Dieu a le pouvoir de les enter de nouveau.
24 Car, si tu as été coupé de l’olivier qui, de sa nature, était sauvage, et si, contre l’ordre de la nature, tu as été enté sur l’olivier franc ; combien plutôt les branches naturelles seront-elles entées sur leur propre olivier ?
25 Car, mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez ce mystère, de peur que vous ne présumiez de vous-mêmes ; c’est que, si une partie d’Israël est tombée dans l’endurcissement, ce n’est que jusqu’à ce que toute la multitude des Gentils soit entrée dans l’Eglise ;
26 et ainsi tout Israël sera sauvé, comme il est écrit : Le libérateur viendra, de Sion, et il éloignera de Jacob toute impiété.
27 Et c’est là l’alliance que je ferai avec eux, lorsque j’effacerai leurs péchés.
28 Il est vrai qu’ils sont encore ennemis par rapport à l’évangile, à cause de vous ; mais à l’égard de l’élection, ils sont aimés à cause de leurs pères ;
29 car les dons et la vocation de Dieu sont irrévocables.
30 Et comme vous avez été autrefois rebelles à Dieu, et que maintenant vous avez obtenu miséricorde par la rébellion de ceux-ci :
31 De même, ils ont été maintenant rebelles, afin qu’à l’occasion de la miséricorde qui vous a été faite, ils obtiennent aussi miséricorde.
32 Car Dieu les a tous renfermés dans la rébellion, pour faire miséricorde à tous.
33 O profondeur des richesses, et de la sagesse, et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables, et que ses voies sont incompréhensibles !
34 Car qui est-ce qui a connu la pensée du Seigneur, ou, qui a été son conseiller ?
35 Ou, qui lui a donné quelque chose le premier, et il lui sera rendu ?
36 Car toutes choses sont de lui, et par lui, et pour lui : à lui soit la gloire dans tous les siècles. Amen.
REFLEXIONS
La réflexion générale qu’il faut faire sur tout ce chapitre c’est que Dieu n’avait pas rejeté entièrement les Juifs, puisque le temps doit venir auquel cette nation se convertira toute entière. Cela prouve la vérité des promesses de Dieu et confirme bien fortement la vérité de la religion et de la divinité de l’Écriture Sainte.
À cette considération générale il faut ajouter ces quatre réflexions particulières.
I. La première que comme du temps des apôtres et du temps d’Élie il y avait eu des fidèles parmi les Juifs et les Israélites, Dieu a aussi toujours des élus, même au milieu de la plus grande corruption.
II. Saint Paul marque l’usage que nous devons faire de la doctrine qu’il a enseignée dans cette épitre touchant la réjection des Juifs et la vocation des Gentils, c’est qu’elle doit nous donner de la crainte, nous inspirer des sentiments d’humilité et de reconnaissance à nous qui descendons des Païens et nous engager à profiter de la bonté de Dieu et à persévérer dans la foi, de peur qu’il ne nous arrive de perdre le droit que nous avons à sa grâce et au salut. III. Ce chapitre contient une prédiction très remarquable qui nous apprend qu’un jour la nation des Juifs embrassera l’Évangile et que tous les autres peuples entreront dans l’église. La divinité de l’Écriture et l’accomplissement des autres prédictions des prophètes doivent nous persuader de la certitude de ce grand et heureux événement. On peut même voir que Dieu veut rappeler un jour la nation des Juifs et qu’il la réserve pour cela, puisque cette nation subsiste toujours, quoiqu’elle soit dispersée par tout le monde depuis tant de siècles.
Ainsi nous devons attendre avec foi et avec joie l’accomplissement de cette prédiction, prier pour la venue du règne de Dieu et pour la conversion des Juifs et avoir toujours pour ce peuple, que Dieu aime encore une tendre compassion et une vraie charité.
Enfin, quand nous considérons cette conduite de Dieu, tant envers les païens qu’envers les Juifs et comment il se propose de les réunir tous un jour dans son église, cela doit nous inciter à adorer les voies du Seigneur, à célébrer sa miséricorde et sa sagesse et à dire avec St. Paul : Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! Que ses jugements sont impénétrables et ses voies incompréhensibles ! Toutes choses sont de lui, par lui et pour lui. À lui soit la gloire éternellement, amen !
Après que Saint Paul a montré que les Gentils avaient été appelés au salut par un effet de la grande miséricorde de Dieu, il parle dans le reste de cette épître des devoirs de la vie chrétienne et particulièrement de la charité et de la paix. Dans ce chapitre il fait trois choses : I. Il exhorte les fidèles à se consacrer au service de Dieu et à renoncer au monde. II. Il recommande aux chrétiens et surtout à ceux qui avaient quelque charge et quelque vocation dans l’église ou des dons qui les distinguaient des autres, d’exercer ces vocations et d’employer ces dons pour l’édification publique. III. Il les exhorte surtout à la charité, il marque les principaux devoirs de cette vertu tant par rapport à la conduite que les chrétiens devaient tenir entre eux que par rapport à la manière dont ils devaient en user envers ceux qui les persécutaient et qui ne les aimaient pas.
1 Je vous exhorte donc, mes frères, par les compassions de Dieu, que vous offriez vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui est votre service raisonnable.
2 Et ne vous conformez point au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de votre esprit, afin que vous éprouviez que la volonté de Dieu est bonne, agréable et parfaite.
3 Or, j’avertis chacun de vous, par la grâce qui m’a été donnée, de n’avoir pas d’eux-mêmes une plus haute opinion qu’ils ne doivent, mais d’avoir des sentiments modestes, selon la mesure de la foi que Dieu a départie à chacun.
4 Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n’ont pas une même fonction,
5 ainsi nous, quoique nous soyons plusieurs, nous sommes un seul corps en Christ ; et nous sommes chacun en particulier les membres les uns des autres.
6 C’est pourquoi, puisque nous avons des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée, que celui qui a le don de prophétie, l’exerce selon la mesure de la foi qu’il a reçue ;
7 que celui qui est appelé au ministère, s’attache à son ministère ; que celui qui a le don d’enseigner, s’applique à l’instruction ;
8 que celui qui est chargé d’exhorter, exhorte ; que celui qui distribue les aumônes, le fasse avec simplicité ; que celui qui préside, le fasse avec soin ; que celui qui exerce les œuvres de miséricorde, s’en acquitte avec joie.
9 Que la charité soit sincère. Ayez le mal en horreur, et attachez-vous fortement au bien.
10 Aimez-vous réciproquement d’une affection tendre et fraternelle ; prévenez-vous les uns les autres par honneur ;
11 ne soyez point paresseux à vous employer pour autrui. Soyez fervents d’esprit ; servez le Seigneur.
12 Soyez joyeux dans l’espérance, patients dans l’affliction, persévérants dans la prière.
13 Prenez part aux nécessités des saints ; empressez-vous à exercer l’hospitalité.
14 Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez-les, et ne les maudissez point.
15 Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie, et pleurez avec ceux qui pleurent.
16 Ayez les mêmes sentiments entre vous ; n’aspirez point aux choses relevées, mais marchez avec les humbles ; ne présumez pas de vous-mêmes.
17 Ne rendez à personne le mal pour le mal ; attachez-vous aux choses honnêtes devant tous les hommes.
18 S’il se peut faire, et autant qu’il dépend de vous, ayez la paix avec tous les hommes.
19 Ne vous vengez point vous-mêmes, mes bien-aimés, mais donnez lieu à la colère ; car il est écrit : C’est à moi que la vengeance appartient ; je le rendrai, dit le Seigneur.
20 Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela, tu lui amasseras des charbons de feu sur la tête.
21 Ne te laisse point surmonter par le mal ; mais surmonte le mal par le bien.
REFLEXIONS
Saint Paul, après avoir traité de la justification et de la vocation des Gentils, parle dans ce chapitre et dans les suivants, des devoirs de la morale chrétienne, nous apprend en général que le but de l’Évangile est la pratique de la sainteté et des bonnes œuvres et que c’est surtout l’effet que doit produire la doctrine de notre rédemption et la considération de la grande miséricorde que Dieu nous a témoignée en son fils.
Ce chapitre nous donne outre cela ces trois leçons :
I. La première que la vraie piété et le vrai service que Dieu demande de nous consiste à nous consacrer tout entier à lui, à renoncer au monde, à ne point nous conformer aux mondains dans leur manière de vivre et à être renouvelés dans notre esprit par une entière conformité à la volonté de Dieu.
II. La seconde, qu’étant tous membres du corps de Christ qui est l’église chrétienne, chacun de nous doit rapporter les dons qu’il a reçus à l’utilité de ses frères, c’est ce que doivent faire surtout ceux qui sont appelés à quelque emploi dans l’église, en s’en acquittant avec zèle et avec intégrité.
III. La troisième que la charité est le plus important de nos devoirs et qu’elle les renferme tous. L’Apôtre spécifie ici les principaux devoirs auxquels la charité engage les chrétiens.
C’est premièrement de s’aimer sincèrement les uns les autres, de se rendre mutuellement toutes sortes de bons offices, de prendre part aux biens et aux maux qui arrivent à leurs frères, de consoler et d’assister ceux qui sont dans la souffrance et de vivre entre eux dans un esprit de paix, d’union et d’humilité.
Après cela, la charité règle notre conduite à l’égard de ceux qui ne nous aiment pas ou qui nous font du mal. Elle nous oblige à les aimer, à les bénir, à tâcher d’avoir la paix avec eux, à nous abstenir de la vengeance et à rendre le bien pour le mal qu’on nous a fait.
Ce sont là les devoirs les plus essentiels de la religion que nous professons et nous ne sommes chrétiens qu’autant que nous nous attachons à les pratiquer.
Saint Paul parle dans ce chapitre :
I. Du devoir envers les puissances supérieures. II. De l’amour du prochain qui est l’abrégé de la loi de Dieu. III. Il montre que les chrétiens doivent vivre dans une grande sainteté et surtout dans la sobriété et dans la chasteté, puisque Dieu les a tirés des ténèbres de l’ignorance et qu’il les a éclairés de la lumière de l’Évangile.
1 Que toute personne soit soumise aux puissances supérieures ; car il n’y a point de puissance qui ne vienne de Dieu ; et les puissances qui subsistent ont été établies de Dieu.
2 C’est pourquoi, celui qui s’oppose à la puissance, s’oppose à l’ordre que Dieu a établi ; et ceux qui s’y opposent, attireront la condamnation sur eux-mêmes.
3 Car les princes ne sont pas à craindre lorsqu’on ne fait que de bonnes actions ; ils le sont seulement lorsqu’on en fait de mauvaises. Veux-tu donc ne point craindre les puissances ? Fais bien, et tu en seras loué.
4 Car le prince est le ministre de Dieu, pour ton bien ; mais si tu fais mal, crains, parce qu’il ne porte point l’épée en vain ; car il est ministre de Dieu, et vengeur pour punir celui qui fait mal.
5 C’est pourquoi il est nécessaire d’être soumis, non-seulement par la crainte de la punition, mais aussi à cause de la conscience.
6 C’est aussi pour cela que vous payez les tributs, parce qu’ils sont les ministres de Dieu, qui s’appliquent sans cesse à leur emploi.
7 Rendez donc à chacun ce qui lui est dû ; le tribut, à qui vous devez le tribut ; les impôts, à qui vous devez les impôts ; la crainte, à qui vous devez la crainte ; l’honneur, à qui vous devez l’honneur.
8 Ne soyez redevables à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres, a accompli la loi.
9 Car ce qui est dit : Tu ne commettras point adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; tu ne convoiteras point ; et s’il y a quelque autre commandement, tout est compris sommairement dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
10 La charité ne fait point de mal au prochain ; la charité est donc l’accomplissement de la loi.
11 Et vous devez faire cela, vu le temps où nous sommes ; car c’est ici l’heure de nous réveiller du sommeil, puisque le salut est maintenant plus près de nous, que lorsque nous avons cru.
12 La nuit est passée, et le jour est approché ; rejetons donc les œuvres de ténèbres, et revêtons-nous des armes de lumière.
13 Marchons honnêtement comme de jour, et non dans les débauches et dans l’ivrognerie, dans la luxure et dans les impudicités, dans les querelles et dans l’envie ;
14 mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour satisfaire ses convoitises.
REFLEXIONS
Les trois parties de ce chapitre nous donnent ces trois instructions :
I. La première que les rois, les princes et les magistrats sont établis de la part de Dieu, que c’est Dieu qui leur a donné l’autorité de gouverner les peuples et de punir ceux qui troublent la société et qu’ainsi chacun est obligé en conscience de se soumettre aux puissances, de leur être fidèle et de leur rendre tout ce qui leur est dû.
II. La seconde instruction est que l’amour du prochain est l’abrégé de toute la loi, ce qui nous apprend que la charité tient un rang très considérable entre les devoirs du christianisme et que le vrai moyen d’accomplir ce que la loi commande, c’est de revêtir un esprit de paix, de douceur et de support et d’aimer sincèrement notre prochain.
III. Saint Paul nous enseigne ici que, puisque les ténèbres de l’ignorance dans laquelle les hommes vivaient autrefois sont passées et que la lumière de l’Évangile nous éclaire, nous devons nous éloigner de la sensualité, de la dissolution, de l’impureté et de tous les désirs de la chair et vivre dans la tempérance et dans une grande chasteté, conformant ainsi notre vie à celle de notre Seigneur et à ses divins préceptes.
Pour nous animer à l’observation de ces saintes maximes, nous devons nous représenter l’heureux état où Dieu nous a mis et penser que le temps d’obtenir le salut approche afin que notre principale étude soit de travailler à en être rendus participants par la miséricorde de notre Seigneur Jésus-Christ.
Pour entendre ce chapitre, il faut savoir qu’il y avait du temps de St. Paul des chrétiens qui, ayant été Juifs et n’étant pas assez instruits, se faisaient un scrupule de manger de certaines viandes et observaient la distinction de certains jours à la manière des Juifs. Saint Paul montre comment on devait se conduire envers ces gens-là qui étaient faibles dans la foi. Il dit qu’il fallait les supporter et éviter d’entrer en contestation avec eux, puisque ceux qui étaient dans des sentiments différents sur ces points-là suivaient chacun les mouvements de leur conscience et pour le reste, ils croyaient en Jésus-Christ et avaient part à sa grâce.
Pour confirmer cette doctrine, il représente que les chrétiens ne vivant tous que pour le Seigneur qui seul a une entière autorité sur eux, ils devaient rapporter toutes les actions de leur vie à l’édification et à la gloire de Dieu et qu’il n’appartient à personne de condamner les autres, mais que chacun rendra compte pour soi-même au Seigneur.
III. Il montre que ceux qui étaient éclairés et instruits de la liberté chrétienne ne devaient pas abuser de cette liberté, ni scandaliser les faibles qui faisaient scrupule de manger de certaines viandes.
IV. Enfin il dit que l’esprit du christianisme est un esprit de paix et de support, que c’était un très grand péché que de condamner son prochain, de le décourager et de lui donner du scandale et qu’au reste chacun devait s’abstenir de ce qu’il croyait être défendu et même des choses sur lesquelles il était en doute, puisque tout ce qui se fait sans foi et sans l’approbation de la conscience est un péché.
1 Quant à celui qui est faible dans la foi, recevez-le avec bonté, sans contestations et sans disputes.
2 L’un croit qu’on peut manger de tout ; et celui qui est faible dans la foi, ne mange que des herbes.
3 Que celui qui mange de tout, ne méprise pas celui qui ne mange que des herbes ; et que celui qui ne mange que des herbes, ne condamne pas celui qui mange de tout ; car Dieu l’a pris à lui.
4 Qui es-tu, toi, qui condamnes le serviteur d’autrui ? S’il se tient ferme, ou s’il tombe, c’est à son maître de le juger ; mais il sera affermi, car Dieu est puissant pour l’affermir.
5 L’un met de la différence entre un jour et un autre ; l’autre juge que tous les jours sont égaux ; que chacun agisse selon qu’il est pleinement persuadé dans son esprit.
6 Celui qui observe les jours, les observe, ayant égard au Seigneur ; et celui qui ne les observe pas, ne les observe pas, ayant aussi égard au Seigneur ; celui qui mange de tout, mange, ayant égard au Seigneur, car il en rend grâces à Dieu ; et celui qui ne mange pas de tout, ne mange pas, ayant égard au Seigneur ; et il en rend aussi grâces à Dieu.
7 En effet, aucun de nous ne vit pour soi-même, et aucun de nous ne meurt pour soi-même.
8 Car, soit que nous vivions, nous vivons pour le Seigneur ; soit que nous mourions, nous mourons pour le Seigneur ; soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur ;
9 car c’est pour cela que Christ est mort, et qu’il est ressuscité, et a repris la vie, afin qu’il dominât sur les morts et sur les vivants.
10 Mais toi, pourquoi juges-tu ton frère ? Et toi, pourquoi méprises-tu ton frère ? puisque nous comparaîtrons tous devant le tribunal de Christ.
11 Car il est écrit : Je suis vivant, dit le Seigneur, que tout genou fléchira devant moi, et que toute langue donnera gloire à Dieu.
12 Ainsi chacun de nous rendra compte à Dieu pour soi-même.
13 Ne nous jugeons donc plus les uns les autres ; mais jugez plutôt qu’il ne faut donner aucune occasion de chute, ni aucun scandale à votre frère.
14 Je sais, et je suis persuadé par le Seigneur Jésus, qu’il n’y a point d’aliment qui soit souillé par soi-même ; mais celui qui croit qu’une chose est souillée, elle est souillée pour lui.
15 Mais si, en mangeant de quelque viande, tu affliges ton frère, tu ne te conduis plus selon la charité. Ne fais pas périr, par ton aliment, une personne pour qui Christ est mort.
16 Que ce que vous faites de bon, ne soit donc point blâmé.
17 Car le royaume de Dieu ne consiste point dans le manger, ni dans le boire, mais dans la justice, dans la paix, et dans la joie par le Saint-Esprit.
18 Celui qui sert Jésus-Christ de cette manière est agréable à Dieu, et il est approuvé des hommes.
19 Recherchons donc les choses qui vont à la paix, et à nous édifier les uns les autres.
20 Ne détruis point l’œuvre de Dieu pour une viande. Il est vrai que toutes les choses sont nettes ; mais il y a du péché pour celui qui donne du scandale en mangeant.
21 Il vaut mieux ne manger point de chair, ne boire point de vin, et s’abstenir de tout ce qui peut faire tomber ton frère, ou le scandaliser, ou l’affaiblir.
22 As-tu la foi que tu peux manger de tout? garde-la en toi-même devant Dieu. Heureux celui qui ne se condamne point soi-même en ce qu’il approuve !
23 Mais celui qui doute s’il est permis de manger d’une viande, est condamné s’il en mange, car il n’en mange point avec foi ; or, tout ce que l’on ne fait pas avec foi, est un péché.
REFLEXIONS
Le précis de la doctrine que Saint Paul enseigne dans ce chapitre c’est :
Que les chrétiens sont obligés de se supporter mutuellement, que ceux qui ont plus de lumières que les autres doivent ménager ceux qui sont faibles ou moins instruits, ne les point mépriser et ne rien faire qui puisse les affliger ou les scandaliser, que même il faut s’abstenir des choses indifférentes et permises lorsqu’on prévoit que quelqu’un pourrait en prendre matière de scandale. Ce sont là des maximes de charité et de support dont on ne doit jamais se départir et c’est de l’observation de ces maximes que dépend surtout l’avancement de la gloire de Dieu, la paix de l’église et notre salut mutuel. Nous recueillons encore d’ici que les contestations et les disputes nuisent extrêmement à l’édification de l’église et qu’ainsi on les doit éviter autant qu’il est possible.
Il faut outre cela faire une attention particulière à ce que St. Paul établit dans tout ce chapitre et principalement sur la fin, savoir : que chacun doit avoir de grands égards pour sa conscience et que : tout ce qui ne se fait pas avec foi est un péché.
Cela nous apprend que ceux qui agissent contre leur conscience ou même font une chose sans être assurée qu’elle est permise se rendent très coupable devant Dieu, quand même cette chose-là serait innocente. Ainsi pour plaire au Seigneur et pour avoir la conscience tranquille, nous devons travailler premièrement à la bien éclairer et à nous bien instruire de notre devoir et après cela agir conformément à ce qu’elle nous prescrit et nous conduire avec tant de prudence que nous ne troublions jamais la paix et que nous ne donnions aucun scandale à personne.
L’Apôtre continue à exhorter les Romains à la charité et au support envers ceux qui sont faibles dans la foi, leur proposant pour cet effet l’exemple de Jésus-Christ et il prie Dieu qu’il leur donne ces sentiments de paix et de charité.
Pour les leur inspirer, il leur représente que Jésus-Christ avait été envoyé pour réunir les Juifs et les Gentils dans son église selon que cela avait été prédit par les anciens oracles, par où il veut montrer qu’il n’y devait avoir aucune division entre eux.
Il parle dans ces mêmes vues de son ministère et des fruits admirables de sa prédication parmi les Gentils et en divers lieux du monde.
Enfin, il dit aux Romains qu’il était dans le dessein d’aller les voir après qu’il aurait fait un voyage à Jérusalem au sujet d’une collecte qui se faisait pour les chrétiens de ce lieu-là, il se recommande à leurs prières et il fait des vœux pour eux.
1 Nous devons donc, nous qui sommes plus forts, supporter les infirmités des faibles, et non pas chercher notre propre satisfaction.
2 Que chacun de nous donc ait de la condescendance pour son prochain, et cela pour le bien et pour l’édification ;
3 car aussi, Christ n’a point cherché sa propre satisfaction ; mais au contraire, selon ce qui est écrit de lui : Les outrages de ceux qui t’ont outragé, sont tombés sur moi.
4 Or, toutes les choses qui ont été écrites autrefois, ont été écrites pour notre instruction, afin que, par la patience et par la consolation que les Ecritures nous donnent, nous retenions notre espérance.
5 Que le Dieu de patience et de consolation vous fasse donc la grâce d’avoir, les uns et les autres, un même sentiment selon Jésus-Christ :
6 Afin que, d’un même cœur et d’une même bouche, vous glorifiiez le Dieu et le Père de notre Seigneur Jésus-Christ !
7 C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres avec bonté, comme Christ nous a reçus pour la gloire de Dieu.
8 Je dis donc que Jésus-Christ a été ministre parmi les Juifs, pour montrer la fidélité de Dieu, et pour accomplir les promesses faites aux pères ;
9 Et afin que les Gentils glorifient Dieu à cause de sa miséricorde, selon qu’il est écrit : C’est pour cela que je te louerai parmi les Gentils, et que je chanterai des cantiques à ton nom.
10 Il est dit encore : Gentils, réjouissez-vous avec son peuple.
11 Et encore : Nations, louez toutes le Seigneur, et vous, tous les peuples, célébrez-le.
12 Esaïe dit aussi : Il sortira de la racine de Jessé un rejeton pour gouverner les Gentils ; les Gentils espéreront en lui.
13 Que le Dieu d’espérance vous remplisse donc de toute sorte de joie et de paix dans la foi, afin que vous abondiez en espérance, par la puissance du Saint-Esprit.
14 Or, mes frères, j’ai cette persuasion de vous, que vous êtes pleins de charité, remplis de toute sorte de connaissance, et que vous êtes en état de vous exhorter les uns les autres.
15 Cependant, mes frères, je n’ai pas laissé de vous écrire plus librement, pour vous remettre ces choses en mémoire, selon la grâce qui m’a été donnée de Dieu,
16 pour être ministre de Jésus-Christ parmi les Gentils, exerçant les saintes fonctions de l’évangile de Dieu, afin que l’oblation que je lui fais des Gentils lui soit agréable, étant sanctifiée par le Saint-Esprit.
17 J’ai donc sujet de me glorifier en Jésus-Christ, dans les choses qui regardent Dieu.
18 Car je n’oserais dire qu’il y ait quelque chose que Jésus-Christ n’ait pas fait par moi, pour amener les Gentils à son obéissance, par la parole et par les œuvres ;
19 par la vertu des miracles et des prodiges ; par la puissance de l’Esprit de Dieu ; de sorte que j’ai répandu l’évangile de Christ depuis Jérusalem et les lieux voisins jusqu’à l’Illyrie.
20 Et cela de manière que j’ai pris à tâche d’annoncer l’évangile où l’on n’avait point encore parlé de Jésus-Christ, afin de ne pas bâtir sur le fondement qu’un autre aurait posé ;
21 selon qu’il est écrit : Ceux à qui il n’avait point été annoncé, le verront, et ceux qui n’en avaient point ouï parler, l’entendront.
22 C’est aussi ce qui m’a souvent empêché d’aller vous voir.
23 Mais, comme à présent je n’ai plus rien qui m’arrête dans ce pays-ci, et que depuis plusieurs années j’ai un grand désir d’aller vers vous,
24 j’irai chez vous quand je ferai le voyage d’Espagne ; car j’espère que je vous verrai en passant, et que vous m'y conduirez, après que j’aurai contenté en partie le désir que j’ai d’être avec vous.
25 Mais présentement je vais à Jérusalem, pour y porter des aumônes aux saints.
26 Car ceux de Macédoine et d’Achaïe ont bien voulu faire une contribution pour les pauvres d’entre les saints qui sont à Jérusalem.
27 Ils l’ont ainsi trouvé bon ; et aussi leur étaient-ils redevables ; car si les Gentils ont eu part aux biens spirituels des Juifs, ils doivent aussi leur faire part de leurs biens temporels.
28 Après donc que j’aurai fait cela, et que je leur aurai remis fidèlement ce fruit de la charité des Gentils, je passerai par vos quartiers, en allant en Espagne.
29 Et je suis persuadé que, lorsque je viendrai chez vous, j’y viendrai avec une grande abondance des bénédictions de l’évangile de Christ.
30 Je vous conjure donc, mes frères, par notre Seigneur Jésus-Christ, et par la charité de l’Esprit, de combattre avec moi dans les prières que vous ferez à Dieu pour moi.
31 Afin que je sois délivré des incrédules qui sont en Judée, et que l’assistance que je porte à Jérusalem soit agréable aux saints ;
32 en sorte que j’arrive chez vous avec joie, si c’est la volonté de Dieu, et que je me console avec vous.
33 Que le Dieu de paix soit avec vous tous. Amen.
REFLEXIONS
Nous apprenons d’ici en premier lieu que ceux qui sont avancés dans la connaissance et dans la piété doivent se conduire avec beaucoup de condescendance et de charité envers ceux qui le sont moins et imiter en cela la douceur et la grande bonté de notre Seigneur Jésus-Christ.
I. Saint Paul a marqué le but de cette épître aux Romains et de sa doctrine en disant que Jésus-Christ est venu pour sauver non seulement les Juifs, mais aussi les Gentils et pour accomplir par ce moyen les promesses que Dieu avait faites aux anciens pères par les prophètes. C’est là une vérité que nous devons méditer pour l’affermissement de notre foi et pour nous exciter à la reconnaissance envers Dieu.
III. Nous devons bien considérer ce que Saint Paul dit dans ce chapitre de ses voyages, de ses travaux, du succès merveilleux de son ministère et de tant d’églises qu’il a fondées en divers pays du monde, aussi bien que du dessein qu’il avait d’aller à Rome et dans d’autres lieux. Tout cela doit nous faire reconnaître son le grand zèle de cet Apôtre, sa parfaite charité et surtout la puissance de Dieu et la vertu toute divine de l’Évangile qui paraissent d’une manière si sensible dans les miracles dont la prédication de St. Paul était accompagnée et dans les fruits surprenants qu’elle produisait. C’est là aussi un exemple que les ministres de Jésus-Christ doivent imiter autant qu’ils en sont capables en travaillant sans relâche à l’établissement du règne de Dieu.
Enfin, l’ardeur avec laquelle St. Paul se recommande aux prières des chrétiens de Rome nous montre que les ministres de Jésus-Christ ont un grand besoin d’être assistés par les prières de l’église et que l’un des principaux devoirs des chrétiens est de prier pour leurs conducteurs spirituels, comme c’est aussi le devoir des pasteurs de faire des prières continuelles pour leurs troupeaux.
Ce chapitre contient : I. Les salutations que Saint Paul fait à divers chrétiens de Rome, tant en son nom qu’au nom des ministres du Seigneur et des fidèles qui étaient à Corinthe avec lui. II. Des exhortations à se donner garde de ceux qui causaient des troubles dans l’église et qui y enseignaient de fausses doctrines. III. Les vœux et les prières que l’Apôtre fait en faveur des Romains.
1 Je vous recommande notre sœur Phébé, diaconesse de l’Eglise de Cenchrée ;
2 Afin que vous la receviez pour l’amour du Seigneur, et d’une manière digne des saints ; et que vous l’assistiez dans toutes les choses où elle pourrait avoir besoin de vous ; car elle a reçu chez elle plusieurs personnes, et moi en particulier.
3 Saluez Priscille et Aquilas, qui ont travaillé avec moi pour Jésus-Christ,
4 Et qui ont exposé leur vie pour la mienne ; auxquels je ne rends pas grâces moi seul, mais aussi toutes les Eglises des Gentils.
5 Saluez aussi l’Eglise qui est dans leur maison. Saluez Epaïnète qui m’est fort cher, et qui est les prémices de ceux de l’Achaïe qui ont cru en Jésus-Christ.
6 Saluez Marie, qui a pris beaucoup de peine pour nous.
7 Saluez Andronique et Junias, mes parents, qui ont été prisonniers avec moi, qui sont considérables parmi les apôtres, et qui même ont cru en Jésus-Christ avant moi.
8 Saluez Amplias, mon bien-aimé en notre Seigneur.
9 Saluez Urbain, compagnon de nos travaux dans le service de Jésus-Christ, et Stachys, qui m’est très cher.
10 Saluez Appelles, qui est reconnu fidèle à Jésus-Christ. Saluez ceux de la maison d’Aristobule.
11 Saluez Hérodion, mon parent. Saluez ceux de la maison de Narcisse qui croient en notre Seigneur.
12 Saluez Tryphène et Tryphose, qui travaillent pour le Seigneur. Saluez Perside qui m’est très chère, et qui a beaucoup travaillé pour le Seigneur.
13 Saluez Rufus, élu du Seigneur, et sa mère, que je regarde comme la mienne.
14 Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermas, Patrobas, Hermès, et les frères qui sont avec eux.
15 Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, et Olympe, et tous les saints qui sont avec eux.
16 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Les Eglises de Jésus-Christ vous saluent.
17 Au reste, je vous exhorte, mes frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise, et à vous éloigner d’eux.
18 Car ces sortes de gens ne servent point notre Seigneur Jésus-Christ, mais ils servent leur propre ventre ; et par des paroles douces et flatteuses ils séduisent l’esprit des simples.
19 Votre obéissance est connue de tout le monde ; je m’en réjouis donc à cause de vous, mais je souhaite que vous soyez prudents à l’égard du bien, et simples à l’égard du mal.
20 Le Dieu de paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous. Amen.
21 Timothée, qui est le compagnon de mes travaux, et Lucius, et Jason, et Sosipater, mes parents, vous saluent.
22 Je vous salue au Seigneur, moi Tertius, qui ai écrit cette épître.
23 Gaïus, chez qui je loge, et chez qui toute l’Eglise s’assemble, vous salue. Eraste, le trésorier de la ville, et Quartus, notre frère, vous saluent.
24 La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.
25 A celui qui peut vous affermir dans l’évangile que j’annonce, et que Jésus-Christ a prêché, suivant la révélation qui a été faite du mystère caché pendant plusieurs siècles,
26 mais qui est présentement manifesté par les écrits des prophètes, selon l’ordre du Dieu éternel, et publié à toutes les nations, afin qu’elles obéissent à la foi ;
27 à Dieu seul sage soit rendue la gloire dans tous les siècles, par Jésus-Christ. Amen.
REFLEXIONS
Il y a deux réflexions à faire sur les salutations qui sont contenue dans ce chapitre :
I. L’une que l’Évangile avait déjà fait alors des progrès considérables à Rome et qu’il y avait dans cette ville-là un bon nombre de personnes qui faisaient profession de la religion chrétienne.
II. L’autre réflexion regarde la charité de St. Paul et l’amour qu’il portait à toute l’église de Rome et particulièrement aux fidèles qui sont ici nommés.
Tel est l’esprit dont les vrais chrétiens sont animés. Ils s’aiment cordialement, ils sont unis étroitement entre eux et ils prient les uns pour les autres quand même ils seraient dans des lieux différents et éloignés. Mais ils chérissent particulièrement les personnes qui se distinguent par leur zèle et par leur piété.
Saint Paul nous enseigne après cela dans ce chapitre comment on doit se conduire envers ceux qui enseignent des erreurs ou qui forment des partis et des sectes dans l’église. C’est qu’il faut se donner garde de ces gens-là, les éviter et se tenir toujours attaché à la pure doctrine de l’Évangile et aux fidèles docteurs qui l’annoncent. Enfin, nous devons joindre nos actions de grâces à celles que Saint Paul rend à Dieu sur la fin de cette épître et le bénir : de ce qu’il a manifesté par Jésus-Christ le mystère de la vocation des Gentils et de la rédemption des hommes qui avait été caché dans les temps précédents et de ce qu’il a fait pour prêcher son Évangile à toutes les nations afin qu’elles obéissent à la foi. À ce grand Dieu seul sage soit la gloire à jamais par Jésus-Christ. Amen !
Écrite de Corinthe aux Romains, par Phébè, diaconesse de l’Église de Cenchrée.
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ARGUMENT
Cette épître fut écrite environ l’an 56 de Jésus-Christ. Saint Paul y donne plusieurs instructions tant sur les défauts et sur les désordres qu’il y avait dans l’église de Corinthe et particulièrement sur les divisions qui y régnaient que sur divers articles importants de la religion.
Chapitres Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI Chapitre VII. Chapitre VIII. Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV. Chapitre XV. Chapitre XVI. Livres du Nouveau Testament.
L’Apôtre commence par des salutations, par des actions de grâce et par des vœux.
Ensuite il reprend les Corinthiens de ce qu’ils étaient divisés entre eux au sujet des ministres qui leur avaient annoncé l’Évangile et de ce qu’ils s’attachaient les uns à Saint Pierre, les autres à Apollos ou à lui-même et il leur fait voir qu’ayant été baptisé au nom de Jésus-Christ et non pas en celui d’aucun des Apôtres, ils ne devaient s’attacher qu’à Jésus-Christ seul.
Et parce que plusieurs s’efforçaient de rendre St. Paul méprisable, cet Apôtre dit que sa prédication n’avait point été accompagnée de la sagesse et de l’éloquence mondaine, mais qu’il avait prêché d’une manière fort simple et conforme à la nature de l’Évangile, qui est la doctrine de la croix, Dieu ayant trouvé à propos dans son infinie sagesse de sauver les hommes par un moyen faible en apparence et qui paraît une folie aux mondains et aux incrédules, savoir par Jésus-Christ crucifié, et d’appeler au salut les personnes qui étaient les moins considérables dans le monde.
1 Paul, appelé par la volonté de Dieu à être apôtre de Jésus-Christ, et Sosthène notre frère :
2 A l’Eglise de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés par Jésus-Christ, qui sont appelés saints, avec tous ceux qui invoquent, en quelque lieu que ce soit, le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, qui est leur Seigneur et le nôtre :
3 Que la grâce et la paix vous soient données par Dieu, notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ !
4 Je rends grâces continuellement à mon Dieu pour vous, à cause de la grâce de Dieu qui vous a été donnée par Jésus-Christ,
5 de ce que vous avez été enrichis par lui en toutes choses, dans la parole et dans la connaissance ;
6 le témoignage de Jésus-Christ ayant été ainsi confirmé parmi vous ;
7 de sorte qu’il ne vous manque aucun don ; en attendant la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ.
8 Dieu vous affermira aussi jusqu’à la fin, pour être irrépréhensibles au jour de notre Seigneur Jésus-Christ.
9 Dieu, par qui vous avez été appelés à la communion de son Fils Jésus-Christ, notre Sauveur, est fidèle.
10 Or, je vous prie, mes frères, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de tenir tous, le même langage, et qu’il n’y ait point de divisions parmi vous, mais que vous soyez bien unis dans une même pensée, et dans un même sentiment.
11 Car, mes frères, j’ai été informé par ceux de la maison de Chloé, qu’il y a des contestations entre vous.
12 Voici ce que je veux dire ; c’est que parmi vous, l’un dit : Pour moi, je suis disciple de Paul ; l’autre : Et moi, je le suis d’Apollos ; un autre : Et moi, je le suis de Céphas ; et un autre : Et moi, je le suis de Christ.
13 Christ est-il divisé ? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou avez-vous été baptisés au nom de Paul ?
14 Je rends grâces à Dieu de ce que je n’ai baptisé aucun de vous, sinon Crispus et Gaïus ;
15 afin que personne ne dise que j’ai baptisé en mon nom.
16 J’ai bien baptisé aussi la famille de Stéphanas ; du reste, je ne sais si j’ai baptisé quelque autre personne.
17 Car ce n’est pas pour baptiser que Jésus-Christ m’a envoyé, mais c’est pour annoncer l’évangile, non avec des discours de la sagesse humaine, de peur que la croix de Christ ne soit rendue inutile.
18 Car la prédication de la croix est une folie à ceux qui périssent ; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est la puissance de Dieu.
19 Car il est écrit : J’abolirai la sagesse des sages, et j’anéantirai la science des intelligents.
20 Où est le sage ? Où est le scribe ? Où est le docteur profond de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas fait voir que la sagesse de ce monde n’était qu’une folie ?
21 Car, puisque par cette sagesse le monde n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver par la folie que nous prêchons, ceux qui croiraient.
22 Les Juifs demandent des miracles, et les Grecs cherchent la sagesse.
23 Mais pour nous, nous prêchons Christ crucifié, qui est un scandale aux Juifs, et une folie aux Grecs ;
24 mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, Christ est la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu ;
25 car la folie de Dieu est plus sage que les hommes ; et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes.
26 Considérez, mes frères, qui vous êtes, vous que Dieu a appelés ; il n’y a pas parmi vous beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles.
27 Mais Dieu a choisi les choses folles du monde, pour confondre les sages ; et Dieu a choisi les choses faibles du monde, pour confondre les fortes ;
28 et Dieu a choisi les choses vils du monde, et les plus méprisées, même celles qui ne sont point, pour anéantir celles qui sont ;
29 afin que personne ne se glorifie devant lui.
30 Or, c’est par lui que vous êtes en Jésus-Christ, qui nous a été fait de la part de Dieu, sagesse, justice, sanctification et rédemption ;
31 Afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
REFLEXIONS
Ce que St. Paul dit à l’entrée de cette épître et les vœux qu’il fait pour les Corinthiens nous enseignent que la perfection des chrétiens consiste à être enrichis de toutes sortes de dons spirituels, tellement qu’ils soient trouvés irrépréhensibles à la venue de Jésus-Christ. C’est à quoi ils doivent tous travailler et ce qu’ils doivent aussi se souhaiter les uns aux autres.
II. Les censures que Saint Paul adresse aux Corinthiens sur les partis qui régnaient parmi eux nous montrent qu’il n’y a rien qui nuise plus à l’église que les divisions et les schismes, surtout ceux qui se forment pour des sujets qui concernent la religion, que les chrétiens ne doivent jamais se dire les disciples et les sectateurs d’aucun homme ou docteur quel qu’il soit et que les ministres de l’Évangile, bien loin de donner lieu à ces divisions et de les entretenir, doivent, à l’exemple de Saint Paul, les empêcher de tout leur pouvoir et être toujours animés d’un esprit de paix et d’humilité, cherchant uniquement la gloire de leur maître et l’édification de l’église qui ne s’avance que par l’union et la concorde.
III. Il paraît de ce chapitre que le but de la prédication des ministres de l’Évangile étant d’annoncer Jésus-Christ crucifié, ils doivent prêcher et enseigner avec une grande simplicité sans rechercher la sagesse et l’éloquence du siècle qui ne sont que folie devant Dieu.
IV. On voit ici que ceux que Dieu avait appelés en ce temps-là à la profession de l’Évangile n’avaient rien qui les distinguât dans le monde et que ce fût cependant par leur moyen que Dieu établît son règne d’une manière glorieuse. Cela doit nous apprendre à ne pas estimer les richesses, la noblesse, la puissance et ces autres avantages temporels qui ne donnent aucun droit à la grâce de Dieu et qui sont souvent un obstacle à la foi.
Enfin, puisque la doctrine de l’Évangile et en particulier la croix de Jésus-Christ est le moyen que Dieu a choisi par un effet de sa sagesse et de sa bonté pour sauver les hommes, nous devons nous attacher uniquement à Jésus-Christ qui nous a été donné de Dieu pour nous communiquer la sagesse, la justice et la sainteté et pour nous conduire au salut et à la vie éternelle.
Ce chapitre a trois parties. Saint Paul dit : I. Qu’il avait prêché l’Évangile à Corinthe avec beaucoup de simplicité. II. Que cependant, quoi que sa doctrine fût simple, elle ne laissait pas d’être sublime et d’une origine céleste et divine. III. Il conclut de là que cette doctrine, étant spirituelle et céleste, elle devait être annoncée d’une manière simple et que s’il y avait des gens qui la rejetaient, cela venait de ce que c’était des hommes charnels et attachés aux choses de la terre.
1 Pour moi, mes frères, quand je suis venu parmi vous, je n’y suis point venu pour vous annoncer le témoignage de Dieu avec des discours éloquents, ou avec une sagesse humaine.
2 Car je n’ai pas jugé que je dusse savoir autre chose parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.
3 J’ai été moi-même parmi vous dans la faiblesse, dans la crainte, et dans un grand tremblement.
4 Et ma parole et ma prédication n’a point consisté dans des discours pathétiques de la sagesse humaine ; mais dans une démonstration d’esprit et de puissance ;
5 afin que votre foi fût fondée, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu.
6 Or, nous prêchons la sagesse entre les parfaits, une sagesse, dis-je, non de ce monde, ni des princes de ce monde, qui vont être anéantis ;
7 mais nous prêchons la sagesse de Dieu, qui était un mystère, c’est-à-dire une chose cachée, que Dieu avait destinée avant les siècles, pour notre gloire,
8 et qu’aucun des princes de ce monde n’a connue ; car s’ils l’eussent connue, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de gloire.
9 Mais, comme il est écrit : Ce sont des choses que l’œil n’avait point vues, que l’oreille n’avait point entendues, et qui n’étaient point venues dans l’esprit de l’homme, et que Dieu avait préparées à ceux qui l’aiment.
10 Mais Dieu nous les a révélées par son Esprit ; car l’Esprit sonde toutes choses, même ce qu’il y a de plus profond en Dieu.
11 Car, qui est-ce qui connaît ce qui est en l’homme, si ce n’est l’esprit de l’homme, qui est en lui ? De même aussi, personne ne connaît ce qui est en Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu.
12 Or, nous n’avons pas reçu l’esprit de ce monde ; mais nous avons reçu l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été données de Dieu ;
13 lesquelles aussi nous annonçons, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine, mais avec ceux qu’enseigne le Saint-Esprit, accommodant les choses spirituelles à ceux qui sont spirituels.
14 Or, l’homme animal ne comprend point les choses qui sont de l’Esprit de Dieu ; car elles lui paraissent une folie ; et il ne les peut entendre, parce que c’est spirituellement qu’on en juge.
15 Mais l’homme spirituel juge de toutes choses, et personne ne peut juger de lui.
16 Car qui a connu la pensée du Seigneur, pour le pouvoir instruire ? Mais nous avons connu la pensée de Christ.
REFLEXIONS
Les ministres de Jésus-Christ et tous les chrétiens doivent apprendre de ce chapitre :
I. Que la vaine éloquence et la fausse sagesse des gens du monde ne doivent point être mêlées avec la prédication de l’Évangile.
II. Que la doctrine de l’Évangile, quoique fort simple, est la plus sublime et la plus parfaite qui ait jamais été annoncée, qu’elle est infiniment élevée au-dessus de tout ce que les hommes les plus éclairés auraient jamais pu découvrir puisqu’elle enseigne des choses qu’aucun œil n’avait jamais vues, qu’aucune oreille n’avait jamais ouïes et qui n’étaient jamais venues dans l’esprit d’aucun homme, mais qui nous ont été révélées par l’esprit de Dieu. Il suit de là que la révélation divine était absolument nécessaire pour le salut et que ce n’est que par elle que nous pouvons y parvenir et qu’ainsi nous devons estimer la doctrine de l’Évangile par-dessus toute chose. L’Apôtre veut aussi faire voir par-là que ceux qui annoncent cette doctrine ne doivent jamais se départir de la simplicité chrétienne et que l’Évangile n’a pas besoin de l’éloquence du siècle pour se soutenir.
III. St. Paul nous donne une instruction très importante lorsqu’il dit que l’homme animal ne reçoit point les choses qui sont de l’esprit de Dieu et qu’elles lui paraissent même une folie.
Cela nous apprend que s’il y a des gens qui ne comprennent et ne goûtent point la doctrine de Jésus-Christ, cela vient de ce que ce sont des hommes charnels, remplis de préjugés et attachés à la terre. Cette doctrine étant toute spirituelle, elle ne peut être reçue que par des hommes spirituels et pour en sentir l’efficace, il faut être dégagé de l’amour du monde et se laisser conduire par l’esprit de Dieu.
Saint Paul fait quatre choses dans ce chapitre : I. Il dit qu’il n’avait enseigné aux Corinthiens que les premiers fondements du christianisme à cause de l’état de faiblesse où ils étaient et il leur reproche d’être encore dans cet état-là vu les divisions qu’il y avait parmi eux à l’occasion des ministres qui leur avaient prêché l’Évangile. II. Pour faire cesser ces divisions, il dit que les ministres ne sont que des instruments en la main de Dieu pour le salut des hommes et que tout le fruit de leur ministère vient de Dieu seul. III. Il ajoute dans le même but qu’il avait posé le fondement comme un sage architecte, c’est-à-dire qu’il avait le premier annoncé l’Évangile aux Corinthiens et que ceux qui l’annonçaient après lui devaient prendre garde à ne prêcher que des doctrines véritables et utiles, qu’il appelle de l’or, de l’argent et des pierres précieuses et non des doctrines incertaines et inutiles, lesquelles il compare à du bois, à du foin ou à du chaume et il dit que ceux qui annonçaient ces doctrines inutiles perdraient le fruit de leur travail, que cependant s’ils avaient conservé le fondement de la doctrine chrétienne, ils seraient sauvés par une grâce particulière comme en passant par le feu. Enfin, Saint Paul déclare que l’église, étant le temple de Dieu et sa maison, Dieu détruira ceux qui empêchent l’édification de l’église en enseignant des doctrines dangereuses, en y excitant des divisions ou en quelque autre manière et que les Corinthiens ne devaient mettre leur gloire qu’en Dieu seul et non dans ceux qui leur annonçaient l’Évangile puisque les apôtres et les autres ministres n’étaient établis que pour leur utilité et pour la gloire de Dieu.
1 Pour moi, mes frères, je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais je vous ai parlé comme à des hommes charnels, comme à des enfants en Christ.
2 Je vous ai donné du lait à boire, et je ne vous ai point donné de la viande, car vous n’étiez pas en état de la supporter ; et même présentement, vous ne le pouvez pas encore, parce que vous êtes encore charnels.
3 Car, puisqu’il y a parmi vous de l’envie, des dissensions et des partis, n’êtes-vous pas charnels, et ne vous conduisez-vous pas à la manière des hommes ?
4 Car quand l’un dit : Pour moi, je suis disciple de Paul ; et l’autre : Pour moi, je le suis d’Apollos ; n’êtes-vous pas charnels ?
5 Qu’est donc Paul, et qu’est Apollos, sinon des ministres par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun d’eux ?
6 J’ai planté, Apollos a arrosé, mais Dieu a donné l’accroissement.
7 C’est pourquoi celui qui plante n’est rien, ni celui qui arrose ; mais c’est Dieu Seul est tout, lui qui donne l’accroissement.
8 Mais celui qui plante et celui qui arrose sont égaux, et chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail.
9 Car nous sommes ouvriers avec Dieu ; vous êtes le champ que Dieu cultive, l’édifice de Dieu.
10 J’ai posé le fondement, comme fait un sage architecte, selon la grâce de Dieu qui m’a été donnée, et un autre bâtit dessus ; mais que chacun prenne garde comme il bâtit dessus.
11 Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui a été posé, qui est Jésus-Christ.
12 Que si quelqu’un bâtit sur ce fondement, de l’or, de l’argent, des pierres précieuses, ou du bois, du foin, du chaume ;
13 l’ouvrage de chacun sera manifesté, car le jour le fera connaître, parce qu’il sera découvert par le feu, et le feu éprouvera l’ouvrage de chacun.
14 Si l’ouvrage de quelqu’un, qui aura bâti sur le fondement, subsiste, il en recevra la récompense.
15 Si l’ouvrage de quelqu’un brûle, il perdra le fruit de son travail ; mais pour lui, il échappera, toutefois comme au travers du feu.
16 Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ?
17 Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint ; et vous êtes ce temple.
18 Que personne ne s’abuse soi-même. Si quelqu’un d’entre vous pense être sage en ce monde, qu’il devienne fou, pour devenir sage ;
19 car la sagesse de ce monde est une folie devant Dieu ; aussi est-il écrit : C’est lui qui surprend les sages dans leurs finesses.
20 Et ailleurs : Le Seigneur connaît que les pensées des sages ne sont que vanité.
21 Que personne donc ne mette sa gloire dans les hommes, car toutes choses sont à vous ;
22 soit Paul, soit Apollos, soit Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la mort, soit les choses présentes, soit les choses à venir ; toutes choses sont à vous, et vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu.
REFLEXIONS
Les quatre parties de ce chapitre nous donnent ces quatre instructions :
I. Que les ministres de Jésus-Christ doivent proposer la doctrine chrétienne avec prudence et accommoder leurs instructions à la portée de ceux qu’ils enseignent.
II. Ce que Saint Paul dit : qu’il avait planté, qu’Apollos avait arrosé, mais que Dieu avait donné l’accroissement marque d’un côté que le ministère des pasteurs est très nécessaire et que c’est un moyen que Dieu a trouvé à propos d’employer pour l’édification de l’église et de l’autre que l’efficace de leur prédication doit être attribuée à Dieu seul.
III. La troisième instruction est qu’il est d’une grande importance que l’on retienne dans l’église le fondement d’une bonne et sainte doctrine et qu’outre cela on n’y annonce que des doctrines utiles et édifiantes et qu’ainsi les ministres doivent bien prendre garde qu’il ne leur arrive jamais de mêler avec les vérités essentielles de la religion des choses vaines, incertaines ou peu utiles, de peur de perdre en cela le fruit de leur travail et de retarder l’édification. Ce que Saint Paul représentait aux Corinthiens en leur disant : qu’ils étaient le temple de Dieu et que si quelqu’un détruisait ce temple, Dieu le détruirait doit faire reconnaître à tous les chrétiens et surtout à ceux qui ont charge dans l’église avec combien de soin ils doivent en procurer l’édification et éviter tout ce qui pourrait y causer du scandale et du trouble.
IV. Enfin, l’Apôtre nous montre qu’au lieu de prendre occasion du ministère de l’Évangile de se diviser, les fidèles doivent rapporter cette sainte charge, de même que les autres avantages spirituels dont ils jouissent et généralement toutes choses à la gloire de Dieu et à leur salut et que c’est là le grand but qu’ils doivent toujours se proposer.
Le dessein de Saint Paul est de remédier aux dissensions qu’il y avait dans l’église de Corinthe à l’occasion des ministres qui y avaient prêché l’Évangile de Jésus-Christ. Dans cette vue, il fait trois choses : I. Il dit que les Corinthiens devaient avoir des sentiments de respect pour les ministres du Seigneur, mais que ce n’étaient point à eux de préférer certains ministres à d’autres, que quoiqu’il exerçât sa charge en bonne conscience, il ne s’estimait pas plus que ses collègues, que tout ce que les ministres ont de dons vient de Dieu et que c’est à Dieu seul et non à aucun homme de juger de leur fidélité. II. Et comme les persécutions auxquelles l’apôtre était exposé, encore plus que les autres ministres de l’Évangile, donnaient occasion à plusieurs de le mépriser, il parle des maux qu’il endurait et il témoigne qu’il les souffrait avec patience et même qu’il en faisait gloire. Par où il veut engager les Corinthiens à avoir pour lui les sentiments qu’ils devaient et à l’imiter dans sa patience, dans sa douceur et dans son humilité. III. Il les avertit qu’il irait bientôt les voir et il les menace de se servir de la puissance que Dieu lui avait donnée pour faire cesser les désordres qu’il y avait dans leur église et pour châtier ceux qui en étaient les auteurs.
1 Que chacun donc nous regarde comme des serviteurs de Jésus-Christ et des dispensateurs des mystères de Dieu.
2 Mais au reste, ce qu’on demande dans les dispensateurs, c’est que chacun d’eux soit trouvé fidèle.
3 Pour moi, il m’importe fort peu d’être jugé par vous, ou par aucun jugement d’homme ; et je ne me juge point aussi moi-même.
4 Car je ne me sens coupable de rien ; mais pour cela, je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge, c’est le Seigneur.
5 C’est pourquoi ne jugez point avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui mettra en évidence les choses cachées dans les ténèbres, et qui manifestera les desseins des cœurs ; et alors Dieu donnera à chacun sa louange.
6 Or, mes frères, j’ai tourné ce que je viens de vous dire, sur moi et sur Apollos, à cause de vous, afin que vous appreniez en nos personnes à ne pas penser autrement que ce que je viens de vous écrire ; de peur que vous ne vous enfliez l’un contre l’autre.
7 Car de qui vient la différence entre toi et un autre ? Et qu’as-tu que tu n’aies reçu ? Et si tu l’as reçu, pourquoi t’en glorifies-tu, comme si tu ne l’avais point reçu ?
8 Vous êtes déjà rassasiés, vous êtes déjà enrichis, vous êtes devenus rois sans nous ; et plût à Dieu que vous régnassiez, afin que nous régnassions aussi avec vous !
9 Car je pense que Dieu nous a exposés, nous qui sommes les derniers des apôtres, comme des gens dévoués à la mort, nous faisant servir de spectacle au monde, aux anges et aux hommes.
10 Nous sommes fous à cause de Christ, mais vous êtes sages en Christ ; nous sommes faibles, et vous êtes forts ; vous êtes dans l’honneur, et nous sommes dans le mépris.
11 Jusqu’à présent nous souffrons la faim et la soif, et nous sommes nus ; on nous frappe au visage, et nous sommes errants de tous côtés ;
12 nous nous fatiguons en travaillant de nos propres mains ; on dit du mal de nous, et nous bénissons ; nous sommes persécutés, et nous le souffrons ;
13 on nous dit des injures, et nous prions ; nous sommes jusqu’à présent comme les balayures du monde, et comme le rebut de toute la terre.
14 Je n’écris point ces choses pour vous faire honte ; mais je vous avertis comme mes chers enfants.
15 Car, quand vous auriez dix mille maîtres en Jésus-Christ, néanmoins, vous n’avez pas plusieurs pères ; car c’est moi qui vous ai engendrés en Jésus-Christ, par l’évangile.
16 Je vous prie donc d’être mes imitateurs.
17 C’est pour cela que je vous ai envoyé Timothée, qui est mon fils bien-aimé, et fidèle en notre Seigneur ; il vous fera ressouvenir de mes voies en Christ, et de quelle manière j’enseigne partout dans toutes les églises.
18 Or, quelques-uns se sont enflés, comme si je ne devais plus vous aller voir.
19 Mais j’irai bientôt vous voir, si le Seigneur le veut, et je connaîtrai, non quelle est la parole, mais quelle est la vertu de ceux qui sont enflés.
20 Car le règne de Dieu consiste, non en paroles, mais en vertu.
21 Lequel aimez-vous mieux, que j’aille à vous avec la verge, ou avec charité, et dans un esprit de douceur ?
REFLEXIONS
I. On voit ici en premier lieu quels sentiments il faut avoir des vrais ministres de Jésus-Christ. On doit les estimer et les avoir en révérence sans pourtant leur attribuer ce qui n’appartient qu’à Dieu et sans s’attacher aux uns pour mépriser les autres.
II. La manière dont Saint Paul parle des jugements différents qu’on pouvait faire de lui nous apprend qu’à la vérité il ne doit pas nous être indifférent qu’on juge bien ou mal de nous, mais que cependant nous ne devons pas nous arrêter au jugement des hommes, que c’est à Dieu seul à juger de notre fidélité et que ce sera lui qui mettra en évidence les choses cachées et les pensées des cœurs et qui rendra à chacun la louange qui lui est due.
III. L’Apôtre nous enseigne que tout ce que nous avons de dons et d’avantages vient de Dieu, que nous n’en possédons aucun que nous n’ayons reçu de lui et qu’ainsi au lieu de nous en glorifier, la gloire est due à Dieu seul.
IV. On voit dans la description que Saint Paul fait de ses souffrances que les vrais chrétiens et principalement les fidèles serviteurs de Dieu peuvent être exposés à toutes sortes de misères et d’opprobres. Mais l’exemple de cet Apôtre montre que ceux qui sont ainsi affligés, bien loin de se croire malheureux dans cet état et de se laisser aller à l’impatience et à des désirs de vengeance, doivent souffrir tous ces maux avec résignation et même avec joie pour l’édification de l’église, prier pour ceux qui leur font du mal et se mettre du reste peu en peine de la haine et du mépris du monde, pourvu qu’ils aient l’approbation de Dieu et de leur conscience.
Les derniers versets de ce chapitre font voir que Saint Paul aimait tendrement les Corinthiens, que ce n’était qu’à regret qu’il les menaçait de les châtier et qu’il n’avait en vue que leur édification. C’est aussi là l’esprit dont tous les vrais ministres du Seigneur sont animés.
Saint Paul censure les Corinthiens de ce qu’ils souffraient parmi eux un homme coupable d’inceste et il le livre à satan, c’est-à-dire à être affligé en son corps par satan, ce qui était une punition extraordinaire que les apôtres avaient le pouvoir d’infliger. Il leur représente par la similitude du levain qu’il est très dangereux de souffrir dans l’église ceux qui vivent d’une manière scandaleuse puisqu’ils infectent et qu’ils corrompent les autres. Enfin, il ordonne aux Corinthiens de retrancher du milieu d’eux par l’excommunication les impurs et tous ceux qui vivaient dans le dérèglement et de ne pas les regarder comme frères et comme membre de l’église.
1 On entend dire de toutes parts qu’il y a parmi vous de l’impudicité, et une telle impudicité, que même parmi les Gentils on n’entend parler de rien de semblable ; c’est que quelqu’un d’entre vous entretient la femme de son père.
2 Et vous êtes enflés d’orgueil, et vous n’avez pas, au contraire, été dans l’affliction, afin que celui qui a commis cette action, fût retranché du milieu de vous ?
3 Pour moi, étant absent de corps, mais présent d’esprit, j’ai déjà jugé, comme si j’étais présent, de livrer celui qui a commis une telle action ;
4 (vous et mon esprit étant assemblés au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, avec la puissance de notre Seigneur Jésus-Christ),
5 de livrer, dis-je, un tel homme à Satan, pour la destruction de la chair, afin que l’esprit soit sauvé au jour du Seigneur Jésus.
6 Vous n’avez pas sujet de vous glorifier. Ne savez-vous pas qu’un peu de levain fait lever toute la pâte ?
7 Otez donc le vieux levain, afin que vous deveniez une nouvelle pâte, comme vous devez être sans levain ; car Christ, notre Pâque, a été immolé pour nous.
8 C’est pourquoi, célébrons la fête, non avec le vieux levain, ni avec le levain de la malice et de la méchanceté ; mais avec les pains sans levain de la sincérité et de la vérité.
9 Je vous ai écrit dans ma lettre de n’avoir aucune communication avec les impudiques ;
10 mais non pas absolument avec les impudiques de ce monde, ou avec les avares, ou avec les ravisseurs, ou avec les idolâtres ; autrement, il vous faudrait sortir du monde ;
11 mais quand je vous écris de ne vous point mêler avec eux, cela veut dire que, si quelqu’un qui se nomme frère, est impudique, ou avare, ou idolâtre, ou médisant, ou ivrogne, ou ravisseur, vous ne mangiez pas même avec un tel homme.
12 Car, qu’ai-je à faire de juger ceux qui sont dehors ? N’est-ce pas à vous de juger ceux qui sont dedans ?
13 Mais Dieu juge ceux qui sont dehors. Otez donc le méchant du milieu de vous.
REFLEXIONS
Ce chapitre contient une doctrine très importante. Nous y voyons quelle est la nécessité de la discipline de l’église et surtout de cette partie de la discipline qui consiste dans l’excommunication.
Saint Paul reprend les Corinthiens de ce qu’ils n’avaient pas ôté de leur église un incestueux qu’il y avait parmi eux. Il dit que quand des personnes, qui se disent chrétiens, tombent dans des péchés qui déshonorent la religion de Jésus-Christ, toute l’église doit être dans la tristesse, qu’elle ne doit point les souffrir dans son sein mais qu’elle doit les retrancher de sa communion. Il déclare de la manière la plus expresse que l’on ne doit point reconnaître pour frères et pour chrétiens les impurs, les injustes, les médisants, les ivrognes, ni les autres pécheurs scandaleux et qu’il n’est pas permis d’avoir un commerce familier avec ces gens-là. C’est la loi de Jésus-Christ. C’est ce que les Saints apôtres ont commandé de sa part et l’ordre qu’il a établi dans toutes les églises du monde pour l’honneur de la religion chrétienne, pour le salut des pécheurs eux-mêmes et pour empêcher que leur mauvais exemple ne corrompe les autres membres de l’église et c’est aussi ce que les premiers chrétiens ont religieusement observé.
Par là on peut reconnaître que l’église n’est point gouvernée aujourd’hui comme elle le devrait être. Cependant le devoir de tous les chrétiens est de s’éloigner autant qu’il leur est possible du commerce des méchants et de se distinguer d’eux par une vie saine et exemplaire et, pour ce qui est des pécheurs qu’on laisse vivre dans la communion extérieure de l’église quoiqu’ils dussent en être ôtés, il faut se souvenir que Jésus-Christ ne les reconnait point pour ses membres et qu’ils n’éviteront pas la punition que mérite leur hypocrisie et leur impiété.
L’Apôtre reprend les Corinthiens de ce qu’ils avaient recours aux juges et aux magistrats païens pour terminer leurs procès. II. Il dit à cette occasion que ceux qui faisaient tort au prochain par l’injustice n’entreront pas dans le Ciel, non plus que les impurs et les autres pécheurs qu’il nomme. III. Il exhorte les Corinthiens à avoir égard à l’édification du prochain dans l’usage des choses indifférentes et permises, mais surtout à fuir l’impureté, montrant par diverses considérations qu’elle n’est pas du nombre des choses indifférentes, mais qu’elle est mauvaise par elle-même et tout-à-fait incompatible avec la profession de la religion chrétienne.
1 Quand quelqu’un d’entre vous a un différend avec un autre, ose-t-il l’appeler en jugement devant les infidèles plutôt que devant les saints ?
2 Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? et si vous jugez le monde, êtes-vous indignes de juger des moindres choses ?
3 Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Combien plus pouvons-nous juger des choses de cette vie.
4 Si donc vous avez des différends pour les choses de cette vie, prenez plutôt pour juges ceux qui sont les moins considérés dans l’Eglise.
5 Je le dis pour vous faire honte : N’y a-t-il donc point de sages parmi vous, non pas même un seul, qui puisse juger entre ses frères ?
6 Mais un frère a des procès contre son frère, et cela devant les infidèles.
7 C’est déjà un défaut parmi vous d’avoir des procès les uns contre les autres. Pourquoi ne souffrez-vous pas plutôt qu’on vous fasse tort ? Pourquoi n’endurez-vous pas plutôt quelque perte ?
8 Mais c’est vous-mêmes qui faites tort et qui causez du dommage aux autres, et à vos frères mêmes !
9 Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu ?
10 Ne vous abusez point : ni les impurs, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les abominables, ni les larrons, ni les avares, ni les ivrognes, ni les médisants, ni les ravisseurs, n’hériteront point le royaume de Dieu.
11 Cependant vous étiez tels, quelques-uns de vous ; mais vous en avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus, et par l’Esprit de notre Dieu.
12 Il m’est permis d’user de toutes choses, mais il n’est pas toujours bon de le faire ; il m’est permis d’user de toutes choses, mais je ne me rendrai esclave de rien.
13 Les viandes sont pour le ventre, et le ventre pour les viandes ; mais Dieu détruira l’un et l’autre. Mais le corps n’est point pour l’impudicité ; il est pour le Seigneur et le Seigneur pour le corps.
14 Car Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.
15 Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres de Jésus-Christ ? Oterai-je donc les membres de Jésus-Christ pour en faire les membres d’une prostituée ? Dieu m’en garde !
16 Ne savez-vous pas que celui qui s’unit à une prostituée devient un même corps avec elle ? Car il est dit : Les deux seront une seule chair.
17 Mais celui qui est uni au Seigneur devient un même esprit avec lui.
18 Fuyez la fornication. Quelque péché que l’homme commette, il est hors du corps ; mais celui qui commet la fornication pèche contre son propre corps.
19 Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit, qui est en vous, et qui vous a été donné de Dieu, et que vous n’êtes point à vous-mêmes ?
20 Car vous avez été achetés à un grand prix ; glorifiez donc Dieu en votre corps et en votre esprit, qui appartiennent à Dieu.
REFLEXIONS
Les réflexions qu’il faut faire sur ce chapitre sont ces quatre :
I. Que les chrétiens étant frères doivent éviter les procès autant qu’il leur est possible et tâcher de terminer leurs difficultés à l’amiable et que s’ils ont recours aux juges, il faut que ce soit toujours dans un esprit de justice et d’équité, avec modération et douceur et sans donner aucun scandale.
II. Que ceux qui font tort à autrui, soit par des procès injustes, soit en quelque autre manière, non plus que les impurs, les larrons et les autres pécheurs ne posséderont point le royaume de Dieu. Sur quoi il faut remarquer que quelques-uns des Corinthiens avaient vécu dans ces crimes-là du temps qu’ils étaient païens, mais qu’ils y avaient renoncé et que Dieu les en avait retirés en les appelant à la religion chrétienne et en les nettoyant de leurs péchés par le sang de Jésus-Christ et par la grâce du Saint-Esprit. Ce qui nous apprend que cette sainte religion ne laisse pas les hommes dans leurs souillures, mais qu’elle tend à les purifier et à les sanctifier et qu’elle leur fournit les moyens et les forces nécessaires pour cela.
III. La troisième instruction concerne l’impureté. Saint Paul montre dans ce chapitre que ce péché sépare de la communion de Jésus-Christ ceux qui le commettent et fait qu’ils ne sont plus ses membres, que les impurs sont un grand outrage à notre Sauveur, qu’ils déshonorent leur propre corps qui devrait être le temple du Saint-Esprit et qu’ils se privent de cet Esprit saint.
IV. Enfin, il déclare que, puisque nous avons été rachetés par le précieux sang de Jésus-Christ, nos corps appartiennent à Dieu aussi bien que nos âmes et qu’ainsi nous ne sommes plus à nous-mêmes, mais que nous devons glorifier Dieu et par nos corps et par nos esprits.
Toutes ces considérations sont extrêmement fortes et, puisque Saint Paul allègue tant de raisons pour détourner les chrétiens de l’impureté, on voit par-là que ce péché est très grand, que nous devons l’avoir en horreur et nous étudier à tous égards à une vie pure et sainte.
St. Paul répond dans ce chapitre à quelques questions que les Corinthiens lui avaient proposées touchant le mariage : I. Il en marque l’institution et les devoirs. II. Il dit qu’il y a de l’avantage à ne point se marier, mais que cependant les chrétiens ont la liberté de le faire. III. Il exhorte les personnes mariées à ne se pas séparer et il montre quel était à cet égard le devoir des hommes et des femmes qui étaient mariée à des païens. IV. Il ordonne à tous les chrétiens de demeurer chacun dans leur vocation et dans l’état où la providence les avait mis et d’y vivre selon la volonté de Dieu. Enfin, il parle des vierges et de ceux qui vivaient dans le célibat aussi bien que des veuves et il dit que l’état de ces personnes-là était plus heureux, principalement dans ces temps-là qui étaient des temps de persécution, mais que cependant ils avaient la liberté de se marier.
1 Pour ce qui est des choses dont vous m’avez écrit, il est bon à l’homme de ne toucher point de femme.
2 Toutefois, pour éviter l’impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari.
3 Que le mari rende à sa femme ce qu’il lui doit ; et que la femme en use de même envers son mari.
4 La femme n’est point maîtresse de son propre corps, mais c’est le mari ; de même aussi, le mari n’est point maître de son propre corps, mais c’est la femme.
5 Ne vous privez point l’un l’autre de ce que vous vous devez, si ce n’est d’un consentement mutuel, et pour un temps, afin de vaquer au jeûne et à l’oraison ; mais après cela, retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence.
6 Or, je dis ceci par conseil, et non pas par commandement ;
7 car je voudrais que tous les hommes fussent comme moi ; mais chacun a reçu de Dieu son don particulier, l’un d’une manière et l’autre d’une autre.
8 Je dis donc à ceux qui ne sont point mariés, et aux veuves, qu’il leur est avantageux de demeurer comme moi.
9 Mais s’ils ne peuvent pas garder la continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler.
10 Quant à ceux qui sont mariés, ce que je leur ordonne, non pas moi, mais le Seigneur, c’est que la femme ne soit point séparée de son mari ;
11 et si elle en est séparée, qu’elle demeure sans se marier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari, et que le mari de même ne quitte point sa femme.
12 Mais pour ce qui est des autres, ce n’est pas le Seigneur, mais c’est moi qui leur dis : Si quelque frère a une femme qui ne soit pas du nombre des fidèles, et qu’elle consente à demeurer avec lui, qu’il ne la quitte point.
13 Et si quelque femme a un mari qui ne soit pas du nombre des fidèles, et qu’il consente à demeurer avec elle, qu’elle ne le quitte point ;
14 car le mari infidèle est sanctifié par la femme fidèle ; et la femme infidèle est sanctifiée par le mari fidèle ; autrement, vos enfants seraient impurs, au lieu qu’ils sont saints.
15 Que si l’infidèle se sépare, qu’il se sépare ; car le frère et la sœur ne sont plus assujettis en ce cas ; mais Dieu nous a appelés à la paix ;
16 car, que sais-tu, femme, si tu ne sauveras point ton mari ? Ou que sais-tu, mari, si tu ne sauveras point ta femme ?
17 Mais que chacun suive l’état que Dieu lui a donné en partage, et dans lequel le Seigneur l’a appelé. C’est là ce que j’ordonne dans toutes les Eglises.
18 Quelqu’un a-t-il été appelé à la foi étant circoncis ? qu’il demeure circoncis. Quelqu’un a-t-il été appelé étant incirconcis ? qu’il ne se fasse pas circoncire.
19 Être circoncis n’est rien ; être incirconcis n’est rien non plus ; mais l’observation des commandements de Dieu est tout.
20 Que chacun demeure dans la vocation dans laquelle il a été appelé.
21 As-tu été appelé étant esclave ? ne t’en fais point de peine ; mais aussi si tu peux être mis en liberté, profites-en.
22 Car l’esclave qui est appelé par le Seigneur est l’affranchi du Seigneur ; de même aussi, celui qui est appelé étant libre, est l’esclave de Christ.
23 Vous avez été achetés par prix ; ne devenez point esclaves des hommes.
24 Mes frères, que chacun demeure devant Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé.
25 Pour ce qui est des vierges, je n’ai point reçu de commandement du Seigneur ; mais je vous donne un conseil, comme ayant eu part à la miséricorde du Seigneur, pour lui être fidèle.
26 J’estime donc qu’il est avantageux à chacun, à cause des afflictions présentes, de demeurer comme il est.
27 Es-tu lié avec une femme ? ne cherche point à t’en séparer. N’es-tu pas lié avec une femme ? ne cherche point de femme.
28 Si pourtant tu te maries, tu ne pèches point ; et si une vierge se marie, elle ne pèche point ; mais ces personnes auront des afflictions dans la chair ; or, je voudrais vous les épargner.
29 Mais voici ce que je dis, mes frères, c’est que le temps est court désormais. Que ceux qui ont une femme soient comme s’ils n’en avaient point ;
30 Ceux qui pleurent, comme s’ils ne pleuraient point ; ceux qui sont dans la joie, comme s’ils n’étaient point dans la joie ; ceux qui achètent comme s’ils ne possédaient rien ;
31 et ceux qui usent de ce monde, comme s’ils n’en usaient point ; car la figure de ce monde passe.
32 Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n’est pas marié s’occupe des choses qui regardent le Seigneur, cherchant à plaire au Seigneur ;
33 Mais celui qui est marié s’occupe des choses du monde, cherchant à plaire à sa femme.
34 Il y a cette différence entre la femme mariée et la vierge, que celle qui n’est pas mariée, s’occupe des choses qui regardent le Seigneur, pour être sainte de corps et d’esprit ; mais celle qui est mariée s’occupe des choses du monde, pour plaire à son mari.
35 Je vous dis ceci pour votre bien, et non pour vous tendre un piège, mais pour vous porter à ce qui est honnête et propre à vous attacher au service du Seigneur sans distraction.
36 Mais si quelqu’un croit qu’il ne soit pas honorable que sa fille passe la fleur de son âge sans être mariée, et qu’il faille qu’elle le soit, il peut faire ce qu’il voudra, il ne pèche point ; que les filles, dans ce cas, se marient.
37 Mais celui qui, n’étant contraint par aucune nécessité, et étant entièrement maître de faire ce qu’il voudra, a pris une ferme résolution en lui-même de garder sa fille, fait bien.
38 C’est pourquoi celui qui marie sa fille fait bien, mais celui qui ne la marie pas fait mieux.
39 La femme est liée avec son mari par la loi tout le temps qu’il est en vie ; mais si son mari meurt, elle est libre de se remarier à qui elle voudra, pourvu que ce soit selon le Seigneur.
40 Toutefois, elle sera plus heureuse, selon mon sentiment, si elle demeure comme elle est. Or, je crois que j’ai aussi l’esprit de Dieu.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous enseigne :
I. Que le mariage est un état saint et honorable, mais que le devoir des chrétiens est d’y vivre dans l’union et dans la concorde, dans la pureté et dans la chasteté aussi bien que dans la piété en vaquant au jeûne et à la prière.
II. Que quoi que l’état de ceux qui ne se marient pas soit plus heureux, chacun à la liberté de le faire, qu’en cela on doit se conduire selon qu’on se sent appelé à vivre dans le mariage ou dans le célibat, mais que ceux qui ne sont pas mariés doivent vivre dans une grande pureté et dans la continence.
III. Que les maris et les femmes ne doivent point se séparer les uns des autres, mais qu’au contraire ils sont obligés de vivre ensemble dans la paix et de s’édifier en travaillant à leur salut mutuel.
IV. Que Dieu ayant voulu qu’il y eût divers états et diverses conditions dans le monde, chacun doit demeurer dans la vocation où il se trouve, pourvu qu’elle soit légitime et s’acquitter fidèlement de tous les devoirs auxquels cette vocation l’engage, sans chercher à s’en tirer par de mauvais moyens.
V. Que les personnes qui ne se marient pas ont des avantages particuliers pourvu qu’elles soient chastes, puisqu’elles peuvent servir Dieu avec moins de distraction et que dans le temps de persécution elles sont plus libres et mieux en état de s’acquitter de leur devoir, mais que soit qu’on se marie, soit que l’on vive dans le célibat, on doit être pur, tant du corps que du cœur.
VI. Une autre instruction très salutaire que l’Apôtre nous donne ici et qui peut être appliquée à tous les temps et à toutes sortes de personnes, c’est que notre vie est courte, que notre état en ce monde est incertain et que les choses d’ici-bas sont passagères et vaines, qu’ainsi nous ne devons pas y mettre notre cœur, mais qu’il faut posséder toutes choses comme si nous ne les possédions point, que ceux qui pleurent doivent être comme s’ils ne pleuraient point, que ceux qui sont dans la joie comme s’ils n’étaient pas dans la joie et ceux qui jouissent des choses du monde comme s’ils n’en jouissaient pas, puisque la figure de ce monde passe.
St. Paul examine une question sur laquelle les Corinthiens l’avaient consulté, savoir s’il était permis aux chrétiens de manger des viandes qui avaient été sacrifiées aux idoles et d’assister aux festins que les païens faisaient dans les temples des faux dieux. Il dit sur cela que les chrétiens savaient qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que les idoles étaient des choses mortes et vaines qui ne pouvaient rendre souillées les viandes qui leur avaient été offertes et qu’ainsi il était permis de manger de toutes sortes de viandes.
Cependant, l’Apôtre ajoute que tous n’avaient pas le même degré de connaissance sur ce sujet. C’est pourquoi il avertit les chrétiens les plus éclairés de ne pas abuser de la liberté qu’ils avaient à cet égard de peur, qu’en mangeant des choses sacrifiées aux idoles, ils ne donnassent du scandale à ces chrétiens faibles et qu’ils ne les engageassent à pécher en mangeant contre leur conscience et même à tomber dans l’idolâtrie.
1 A l’égard des choses qui ont été sacrifiées aux idoles, nous savons que nous avons tous assez de connaissance là-dessus ; mais la connaissance enfle, au lieu que la charité édifie.
2 Et si quelqu’un présume de savoir quelque chose, il n’a encore rien connu comme il faut le connaître.
3 Mais si quelqu’un aime Dieu, Dieu est connu de lui.
4 Pour ce qui est donc de manger des choses sacrifiées aux idoles, nous savons qu’une idole n’est rien dans le monde, et qu’il n’y a qu’un seul Dieu.
5 Car, quoiqu’il y en ait, soit dans le ciel, soit sur la terre, qui sont appelés dieux, comme, en effet, il y a plusieurs dieux et plusieurs seigneurs ;
6 toutefois, nous n’avons qu’un seul Dieu, qui est le Père, duquel procèdent toutes choses, et nous sommes pour lui ; et un seul Seigneur Jésus-Christ, par lequel sont toutes choses, et nous sommes par lui.
7 Mais tous n’ont pas cette connaissance ; car quelques-uns, dans l’opinion qu’ils ont encore de l’idole, mangent une chose comme sacrifiée à l’idole ; et leur conscience étant faible, elle en est souillée.
8 A la vérité, la viande ne nous rend pas agréables à Dieu ; car si nous mangeons, il ne nous en revient aucun avantage, et si nous ne mangeons pas, nous n’en recevons aucun préjudice.
9 Mais prenez garde que cette liberté que vous avez, ne soit en quelque manière en scandale à ceux qui sont faibles.
10 Car, si quelqu’un d’eux te voit, toi qui as de la connaissance, assis à table dans le temple des idoles, la conscience de celui qui est faible ne sera-t-elle pas déterminée à manger de ce qui est sacrifié à l’idole ?
11 Et ainsi, ton frère qui est faible, pour lequel Christ est mort, périra par ta connaissance.
12 Or, quand vous péchez ainsi contre vos frères, et que vous blessez leur conscience qui est faible, vous péchez contre Christ.
13 C’est pourquoi, si ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai jamais de chair, pour ne pas donner du scandale à mon frère.
REFLEXIONS
Quoi que nous n’ayons pas besoin qu’on nous instruise aujourd’hui sur l’usage des choses sacrifiées aux idoles, puisque l’idolâtrie païenne est abolie, et que nous savons tous qu’il n’y a qu’un seul Dieu et que les idoles ne sont rien, cela n’empêche pas que la doctrine que St. Paul établit dans ce chapitre ne soit d’un usage général. Il nous enseigne que tous les chrétiens, et surtout ceux qui sont le mieux instruits, doivent avoir bien des égards pour ceux qui le sont moins et éviter soigneusement de leur donner du scandale.
L’Apôtre nous apprend de plus que l’on peut scandaliser le prochain, non seulement en faisant ce qui est criminel, mais aussi en faisant des choses permises. Ainsi il faut se conduire avec beaucoup de circonspection et de prudence dans l’usage de ces choses-là et ne pas toujours faire ce qui est permis.
Il nous montre enfin que c’est un très grand péché que de scandaliser qui que ce soit, puisque par là on peut être l’auteur de la perdition du prochain et se rendre extrêmement coupable contre Jésus-Christ lui-même.
Ces maximes sont d’un très grand usage et nous devons nous les proposer continuellement afin de ne rien faire, pas même les choses permises, par où nous puissions offenser Dieu, blesser notre conscience et faire tomber notre prochain dans le péché.
Le dessein de St. Paul dans ce chapitre est de confirmer par son exemple ce qu’il avait enseigné dans le chapitre précédent, savoir que l’on doit s’abstenir des choses permises lorsqu’on peut avancer par ce moyen l’édification du prochain. Dans cette vue il fait trois choses : I. Il dit qu’il avait le droit et la liberté en sa qualité d’Apôtre de tirer un salaire pour son entretien. II. Il ajoute qu’il ne s’était point prévalu de ce droit, mais qu’il avait usé d’une grande condescendance envers toutes sortes de personnes, s’accommodant aux scrupules des faibles, de peur de leur donner de l’éloignement pour l’Évangile. III. Il exhorte les Corinthiens à l’imiter en cela et à renoncer aux choses permises lorsque l’édification du prochain et leur propre salut le demandait et il leur propose pour cet effet l’exemple de ceux qui combattaient autrefois dans les jeux publics de la Grèce et qui vivaient dans une grande continence, s’abstenant de tout ce qui était contraire au genre de vie qu’ils avaient embrassé.
1 Ne suis-je pas apôtre ? Ne suis-je pas libre ? N’ai-je pas vu Jésus-Christ notre Seigneur ? N’êtes-vous pas mon ouvrage en notre Seigneur ?
2 Si je ne suis pas apôtre pour les autres, je le suis au moins pour vous ; car vous êtes le sceau de mon apostolat en notre Seigneur.
3 C’est là ma défense contre ceux qui me condamnent.
4 N’avons-nous pas le droit de vous demander à manger et à boire ?
5 N’avons-nous pas le pouvoir de mener partout avec nous une femme d’entre nos sœurs, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ?
6 Ou, n’y a-t-il que moi seul et Barnabas, qui n’ayons pas le droit de ne point travailler ?
7 Qui est-ce qui va à la guerre à ses propres dépens ? Qui est-ce qui plante une vigne, et qui n’en mange pas du fruit ? Ou, qui est-ce qui paît un troupeau, et qui ne mange pas du lait du troupeau ?
8 Dis-je ceci seulement selon la coutume des hommes ? La loi ne le dit-elle pas aussi ?
9 Car il est écrit dans la loi de Moïse : Tu n’emmuselleras point le bœuf qui foule le grain. Est-ce que Dieu se met en peine des bœufs ?
10 Ne dit-il point ces choses principalement pour nous ? Oui, elles sont écrites pour nous ; car celui qui laboure, doit labourer dans l’espérance de recueillir ; et celui qui foule le grain, doit le fouler avec espérance d’y avoir part.
11 Si nous avons semé parmi vous les biens spirituels, est-ce une si grande chose que nous moissonnions de vos biens corporels ?
12 Si d’autres usent de ce droit sur vous, pourquoi n’en userions-nous pas plutôt ? Cependant, nous n’en avons point usé, mais nous souffrons tout, afin de n’apporter aucun obstacle à l’évangile de Christ.
13 Ne savez-vous pas que ceux qui font le service sacré, mangent des choses sacrées, et que ceux qui servent à l’autel, participent à ce qui est offert sur l’autel ?
14 De même aussi, le Seigneur a ordonné que ceux qui annoncent l’évangile, vivent de l’évangile.
15 Mais pour moi, je n’ai usé d’aucun de ces droits, et je n’écris point ceci, afin qu’on en use ainsi envers moi ; car j’aimerais mieux mourir, que si quelqu’un m’ôtait ce sujet de gloire ;
16 car si je prêche l’évangile, je n’ai pas sujet de m’en glorifier, parce que la nécessité m’en est imposée ; et malheur à moi, si je ne prêche pas l’évangile !
17 Que si je le fais volontairement, j’en recevrai la récompense ; mais si je le fais à regret, la dispensation ne laisse pas de m’en être commise.
18 Quelle récompense ai-je donc ? C’est qu’en prêchant l’évangile, j’annonce l’évangile de Christ sans qu’il en coûte rien, et sans me prévaloir du droit que l’évangile me donne.
19 Car, quoique je sois libre à l’égard de tous, je me suis assujetti à tous, afin de gagner plus de personnes.
20 J’ai été comme Juif avec les Juifs, afin de gagner les Juifs ; avec ceux qui sont sous la loi, comme si j’eusse été sous la loi, afin de gagner ceux qui sont sous la loi ;
21 Avec ceux qui sont sans loi comme si j’eusse été sans loi (quoique je ne sois point sans loi, à l’égard de Dieu, puisque je suis sous la loi de Christ), afin de gagner ceux qui sont sans loi.
22 J’ai été avec les faibles, comme si j’eusse été faible, afin de gagner les faibles ; je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver au moins quelques-uns.
23 Et je fais tout cela à cause de l’évangile, afin d’avoir part aux biens qu’il promet.
24 Ne savez-vous pas que quand on court dans la lice, tous courent, mais qu’il n’y en a qu’un qui remporte le prix ? Courez de manière que vous le remportiez.
25 Tout homme qui combat, s’abstient de tout ; et ces gens-là le font, pour avoir une couronne corruptible ; mais nous le faisons pour en avoir une incorruptible.
26 Je cours donc, non à l’aventure ; je frappe, mais non pas en l’air ;
27 mais je traite durement mon corps, et je le tiens assujetti, de peur qu’après avoir prêché aux autres, je ne sois moi-même rejeté.
REFLEXIONS
Le but général de ce chapitre est de nous apprendre qu’il ne faut pas toujours faire ce qui est permis et ce que l’on aurait droit de faire, mais que l’on doit s’en abstenir lorsque la gloire de Dieu et le salut du prochain l’exigent et qu’il est du devoir des chrétiens de s’accommoder autant qu’ils le peuvent à toutes sortes de personnes, d’avoir toujours égard à l’édification des autres et principalement à celle des faibles afin de les attirer à la foi.
Outre cette doctrine générale, qui est d’un grand usage, nous avons ici quelques instructions particulières dont les principales sont ces trois.
I. Que les églises sont obligées par la loi divine et par le commandement de Jésus-Christ de pourvoir à l’entretien et à la subsistance des pasteurs et de leurs familles ;
II. Que les ministres de l’Évangile doivent, à l’imitation de Saint Paul, se conduire avec beaucoup de prudence et de charité, n’ayant pas égard à leur intérêt particulier, mais s’accommodant à la faiblesse des hommes et tâchant par toutes sortes de moyens de gagner à Jésus-Christ le plus de personnes qu’ils pourront ;
III. Que l’on ne saurait remplir les devoirs et la vocation de chrétien à moins que l’on ne vive dans une grande tempérance, que pour cela il faut mortifier le corps, le réduire en servitude par la sobriété, la continence et le travail, fuir l’oisiveté, la mollesse et ce qui flatte trop la chair et suivre un genre de vie conforme aux préceptes de l’Évangile et à l’exemple de Jésus-Christ et des apôtres, afin que par ce moyen on puisse obtenir la glorieuse récompense qui n’est destinée qu’à ceux qui se seront acquittés de ces devoirs.
L’Apôtre, continuant la matière qu’il avait traitée dans les deux chapitres précédents touchant l’usage des viandes sacrifiées aux idoles, représente aux Corinthiens que quoique les anciens Israélites fussent le peuple de Dieu et qu’ils eussent des avantages semblables à ceux dont les chrétiens jouissent, ils avaient été entraînés dans l’idolâtrie et dans l’impureté en assistant aux banquets des idolâtres et que, par leur sensualité et leurs fréquentes rebellions, ils avaient attiré sur eux les jugements de Dieu. Il propose ces exemples aux Corinthiens et surtout à ceux qui se croyaient les plus affermis et les plus éclairés pour les empêcher de se rencontrer aux fêtes et aux repas des idolâtres, de peur de s’exposer à la tentation et de tomber dans l’idolâtrie.
II. Il ajoute, pour confirmer cela, que l’usage de la sainte cène où les chrétiens participent tous ensemble au sacrifice de Jésus-Christ en buvant de la coupe sacrée et en mangeant tous d’un même pain, ne leur permettait pas d’assister aux festins que les païens célébraient en l’honneur des idoles puisque ce serait participer à leurs sacrifices et avoir communion avec les démons et les idolâtres, ce qui ne pourrait qu’attirer la vengeance divine.
III. Il dit que les chrétiens pouvaient acheter et manger de toutes sortes de viande et même manger dans les maisons particulières de tout ce qui leur serait présenté, à moins qu’on ne leur dise que ces viandes avaient été sacrifiées aux idoles, auquel cas ils devaient s’en abstenir, non qu’il y eût du péché à en manger, mais de peur de donner du scandale à ceux qui les avaient avertis. Il conclut cette matière en donnant pour règle aux Corinthiens de regarder en toute chose à la gloire de Dieu et à l’édification du prochain.
1 Mes frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, et qu’ils ont tous passé au travers de la mer ;
2 et qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer ;
3 et qu’ils ont tous mangé de la même viande spirituelle ;
4 et qu’ils ont tous bu du même breuvage spirituel ; car ils buvaient de l’eau du rocher spirituel qui les suivait ; et ce rocher était Christ ;
5 mais Dieu n’a point mis son affection en la plupart d’entre eux ; car ils tombèrent morts dans le désert.
6 Or, ces choses ont été des exemples pour nous, afin que nous ne désirions point de mauvaises choses, comme ils en désirèrent ;
7 et que vous ne deveniez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux, selon qu’il est écrit : Le peuple s’assit pour manger et pour boire, et ensuite ils se levèrent pour danser ;
8 et que nous ne commettions point de fornication, comme quelques-uns d’eux en commirent ; et il y en eut vingt-trois mille qui périrent en un même jour ;
9 et que nous ne tentions point Christ, comme quelques-uns d’eux le tentèrent ; et ils périrent par les serpents ;
10 et que vous ne murmuriez point, comme quelques-uns d’eux murmurèrent ; et ils périrent par l’ange exterminateur.
11 Toutes ces choses leur arrivaient pour servir de figures ; et elles sont écrites pour nous instruire, nous qui sommes parvenus aux derniers temps.
12 C’est pourquoi, que celui qui croit être debout, prenne garde qu’il ne tombe.
13 Aucune tentation ne vous est survenue qui n’ait été une tentation humaine. Dieu est fidèle, qui ne permettra point que vous soyez tentés au-delà de vos forces ; mais avec la tentation il vous en donnera aussi l’issue, de sorte que vous la puissiez supporter.
14 C’est pourquoi, mes bien-aimés, fuyez l’idolâtrie.
15 Je vous parle comme à des personnes intelligentes ; jugez vous-mêmes de ce que je dis.
16 La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps de Christ ?
17 Comme il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, ne faisons qu’un seul corps ; car nous participons tous au même pain.
18 Voyez l’Israël selon la chair ; ceux qui mangent des victimes n’ont-ils pas communion avec l’autel ?
19 Que dis-je donc ? que l’idole soit quelque chose ? ou, que ce qui est sacrifié à l’idole soit quelque chose ? Non.
20 Mais je dis que ce que les Gentils sacrifient, ils le sacrifient aux démons, et non pas à Dieu. Or, je ne veux pas que vous ayez communion avec les démons.
21 Vous ne pouvez boire la coupe du Seigneur, et la coupe des démons ; vous ne pouvez participer à la table du Seigneur, et à la table des démons.
22 Voulons-nous provoquer la jalousie du Seigneur ? Sommes-nous plus forts que lui ?
23 Il m’est permis d’user de toutes choses, mais il n’est pas toujours bon de le faire ; il m’est permis d’user de toutes choses, mais je ne me rendrai esclave de rien.
24 Que personne ne cherche son avantage particulier, mais que chacun cherche aussi celui d’autrui.
25 Mangez de tout ce qui se vend à la boucherie, sans vous en informer par un scrupule de conscience ;
26 car la terre, et tout ce qu’elle contient, est au Seigneur.
27 Si quelqu’un des infidèles vous convie à manger, et que vous y vouliez aller, mangez de tout ce qui sera mis devant vous, sans vous en informer pour la conscience.
28 Mais si quelqu’un vous dit : Cela a été sacrifié aux idoles, n’en mangez point, à cause de celui qui vous en a averti, et à cause de la conscience ; car la terre, et tout ce qu’elle contient, est au Seigneur.
29 Or, je dis la conscience, non point la tienne, mais celle de l’autre ; car, pourquoi ma liberté serait-elle condamnée par la conscience d’un autre ?
30 Et si j’en suis participant par la grâce, pourquoi suis-je blâmé pour une chose dont je rends grâces ?
31 Soit donc que vous mangiez ou que vous buviez, ou que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu.
32 Conduisez-vous de sorte que vous ne donniez aucun scandale, ni aux Juifs, ni aux Grecs, ni à l’Eglise de Dieu ;
33 comme je m’accommode aussi à tous en toutes choses, ne cherchant point ma propre utilité, mais celle de plusieurs, afin qu’ils soient sauvés.
REFLEXIONS
La lecture de ce chapitre nous oblige à considérer :
I. Que si les anciens Juifs ont été punis avec tant de sévérité pour avoir abusé des grâces que Dieu leur avait accordées, nous le serons beaucoup plus rigoureusement si nous abusons de celles que nous avons reçues, puisqu’elles sont infiniment plus excellentes.
II. L’exemple des Israélites qui, en assistant aux festins des idolâtres, tombèrent dans l’impureté et dans l’idolâtrie et la vengeance que Dieu en fit nous avertit, comme le dit Saint Paul, d’éviter les occasions de péché et en particulier de nous éloigner de la sensualité et de l’impureté, ces désordres exposant aux jugements de Dieu ceux qui s’y laissent entraîner.
III. Il faut considérer que si Saint Paul dit que les chrétiens ne pouvaient pas participer à la table du Seigneur et manger de ce qui avait été sacrifié aux idoles, la participation à ce Saint sacrement n’est pas moins incompatible avec une conduite charnelle et corrompue et que la commémoration publique et solennelle que nous faisons du sacrifice de notre sauveur dans l’eucharistie nous oblige indispensablement à une vie pure et sainte.
IV. Nous devons bien retenir cette maxime générale que dans toutes nos actions et même dans celles qui sont indifférentes et permises, il faut toujours avoir pour but la gloire de Dieu et l’édification du prochain, comme Saint Paul le marque par cette règle qu’il nous donne : Soit que vous mangiez, soit que vous buviez ou que vous fassiez quelque autre chose, faites toutes choses à la gloire de Dieu.
Ce chapitre dans lequel Saint Paul reprend les Corinthiens des désordres qui se commettaient dans leurs assemblées religieuses à deux parties.
I. Dans la première, il prescrit la manière dont les hommes et les femmes devaient assister dans l’église, sur quoi il avait sans doute été consulté par les Corinthiens. Il ordonne que les hommes aient la tête découverte lorsqu’ils parlaient des choses divines, mais il veut que les femmes se couvrent la tête et ce qu’il dit à cet égard est fondé sur ce que la bienséance voulait que les femmes ne parussent pas en public sans être voilée, ce qui était aussi de ce temps-là l’usage des Juifs et de plusieurs autres peuples.
II. Dans la seconde partie, il censure les Corinthiens de l’irrévérence et de la confusion avec laquelle ils célébraient la sainte Cène et pour les engager à corriger ces abus, il rapporte l’institution de ce sacrement, il marque l’usage qu’on doit en faire et il dit aux Corinthiens que c’était pour les punir de la manière dont ils y participaient que plusieurs d’entre eux étaient affligés par des maladies et que même quelques-uns étaient morts.
1 Soyez mes imitateurs, comme je le suis aussi de Christ.
2 Mes frères, je vous loue de ce que vous vous souvenez de tout ce qui vient de moi, et de ce que vous retenez mes instructions, telles que je vous les ai données.
3 Mais je veux que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, et que l’homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ.
4 Tout homme qui prie ou qui prophétise la tête couverte, déshonore son chef.
5 Mais toute femme qui prie ou qui prophétise sans avoir la tête couverte, déshonore son chef ; car c’est la même chose que si elle était rasée.
6 Que si la femme n’a point la tête couverte, qu’elle se coupe aussi les cheveux. Mais s’il n’est pas honnête à une femme d’avoir les cheveux coupés, ou d’être rasée, elle doit donc avoir la tête couverte.
7 Pour ce qui est de l’homme, il ne doit pas se couvrir la tête, puisqu’il est l’image et la gloire de Dieu ; mais la femme est la gloire de l’homme.
8 En effet, l’homme n’a pas été pris de la femme, mais la femme a été prise de l’homme ;
9 et l’homme n’a pas été créé pour la femme, mais la femme a été créée pour l’homme.
10 C’est pourquoi, la femme, à cause des anges, doit avoir sur sa tête une marque de la puissance sous laquelle elle est.
11 Toutefois, l’homme n’est point sans la femme, ni la femme sans l’homme, en notre Seigneur.
12 Car comme la femme a été prise de l’homme, aussi l’homme naît de la femme ; et tout vient de Dieu.
13 Jugez-en vous-mêmes ; est-il de la bienséance qu’une femme prie Dieu sans avoir la tête couverte ?
14 La nature même ne vous apprend-elle pas qu’il est honteux à l’homme de porter de longs cheveux ;
15 et que si la femme porte les cheveux longs, cela lui est honorable, parce que les cheveux lui ont été donnés pour lui servir comme de voile ?
16 Que s’il y a quelqu’un qui se plaise à contester, nous n’avons pas cette coutume, ni les églises de Dieu non plus.
17 Or, en ce que je vais vous dire, je ne vous loue point ; c’est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour empirer.
18 Car, premièrement, j’apprends que lorsque vous vous assemblez dans l’église, il y a des divisions parmi vous ; et j’en crois une partie ;
19 car il faut qu’il y ait même des schismes parmi vous, afin que ceux d’entre vous qui sont dignes d’être approuvés, soient reconnus.
20 Lors donc que vous vous assemblez tous dans un même lieu, ce que vous faîtes, ce n’est pas manger la cène du Seigneur ;
21 car, lorsqu’on vient à manger, chacun se hâte de prendre son souper particulier ; en sorte que l’un a faim, et l’autre est rassasié.
22 N’avez-vous pas des maisons pour manger et pour boire ? Ou méprisez-vous l’Eglise de Dieu, et faites-vous honte à ceux qui n’ont pas de quoi manger ? Que vous dirai-je ? Je ne vous loue point en cela.
23 Car j’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai aussi enseigné ; c’est que le Seigneur Jésus, la nuit qu’il fut livré, prit du pain ;
24 et ayant rendu grâces, il le rompit, et dit : Prenez, mangez ; ceci est mon corps, qui est rompu pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.
25 De même aussi, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang ; faites ceci en mémoire de moi, toutes les fois que vous en boirez.
26 Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain, et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
27 C’est pourquoi, quiconque mangera de ce pain, ou boira de la coupe du Seigneur indignement, sera coupable du corps et du sang du Seigneur.
28 Que chacun donc s’éprouve soi-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de cette coupe ;
29 car celui qui en mange et qui en boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant point le corps du Seigneur.
30 C’est pour cela qu’il y a parmi vous plusieurs infirmes et malades, et que plusieurs sont morts.
31 Car si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions point jugés.
32 Mais quand nous sommes ainsi jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons point condamnés avec le monde.
33 C’est pourquoi mes frères, quand vous vous assemblez pour manger, attendez-vous les uns les autres.
34 Que si quelqu’un a faim, qu’il mange dans sa maison, afin que vous ne vous assembliez point pour votre condamnation. A l’égard des autres choses, j’en ordonnerai quand je serai arrivé chez vous.
REFLEXIONS
Les avertissements que Saint Paul donnait aux Corinthiens sur ce qui se passait dans leurs assemblées nous apprennent que l’ordre, la gravité et la bienséance doivent être observées dans les assemblées des églises et qu’en particulier les femmes doivent y paraître avec respect et d’une manière qui marque la soumission, l’humilité et la modestie qui conviennent à leur sexe.
Nous devons faire après cela les réflexions les plus sérieuses sur ce que Saint Paul dit ici de la sainte Cène et de son usage. Il parait dans ce chapitre :
I. Que ce Saint sacrement est une institution solennelle de notre divin rédempteur et que du temps de Saint Paul il était célébré dans les églises chrétiennes ;
II. Que le but pour lequel Jésus-Christ l’a établi a été que l’on annonçât la mémoire de sa mort jusqu’à ce qu’il revienne au dernier jour ;
III. Que l’on doit participer à l’eucharistie avec une grande révérence, s’éprouvant soi-même avant de s’y présenter et se mettre dans un état où l’on puisse être approuvé de Dieu et des hommes et que ceux qui ne le sont pas et qui y participent indignement se rendent coupables d’un mépris très criminel contre Jésus-Christ lui-même et mangent et boivent leur condamnation.
Enfin, il est à remarquer que Dieu punissait du temps des apôtres l’abus de la sainte Cène par des maladies et par la mort. Par où il a fait connaître bien clairement que ce sacrement est une cérémonie toute sainte et qu’il ne laissera pas impunie l’irrévérence de ceux qui le profanent par un usage téméraire et hypocrite.
La vue de Saint Paul dans ce chapitre est d’instruire les Corinthiens sur les dons du Saint-Esprit et sur l’usage qu’il faut en faire et d’empêcher qu’il n’y eût des divisions dans l’église à ce sujet. Dans ce dessein il fait deux choses.
I. Il leur fait remarquer que, depuis qu’ils avaient renoncé à l’idolâtrie, Dieu avait répandu sur eux les dons du Saint-Esprit, que Dieu accordait aux ministres de l’église et même à plusieurs fidèles de ce temps-là divers dons extraordinaires, comme le don d’instruire, celui de guérir les maladies, celui de parler et d’interpréter diverses langues, celui de la prophétie et d’autres semblables. Il remarque que tous ces dons venaient d’une même source, mais qu’ils étaient différents en sorte que tous ceux qui avaient reçu l’esprit de Dieu ne possédaient pas les mêmes dons, ni dans la même mesure.
II. Il montre que, ces dons procédant tous du même esprit et que les fidèles ne composant tous ensemble qu’un seul corps, ils devaient employer les divers dons de Dieu à l’utilité des autres et à l’édification de l’église. C’est ce qu’il éclaircit par la comparaison du corps humain en remarquant que, quoi que tous les membres n’aient pas les mêmes fonctions, ni la même dignité, ils ne laissaient pas d’être tous nécessaires et de contribuer au bien du corps. Par-là St. Paul veut faire voir aux Corinthiens qu’il ne fallait pas que ces dons du Saint-Esprit qui leur avaient été accordés pour leur utilité commune, et pour les unir les uns avec les autres, servissent à les diviser.
1 Pour ce qui est des dons spirituels, je ne veux pas, mes frères, que vous soyez dans l’ignorance sur ce sujet.
2 Vous savez que vous étiez Gentils, entraînés vers les idoles muettes, selon qu’on vous menait.
3 C’est pourquoi je vous déclare qu’aucune personne qui parle par l’Esprit de Dieu, ne dit que Jésus est anathème, et que personne ne peut dire que Jésus est le Seigneur, si ce n’est par le Saint-Esprit.
4 Or, il y a bien diversité de dons, mais il n’y a qu’un même Esprit.
5 Il y a aussi diversité de ministères, mais il n’y a qu’un même Seigneur.
6 Il y a aussi diversité d’opérations, mais il n’y a qu’un même Dieu, qui opère toutes choses en tous.
7 Mais l’esprit qui se manifeste dans chacun lui est donné pour l’utilité commune.
8 Car la parole de sagesse est donnée à l’un par l’Esprit ; la parole de science est donnée à l’autre par ce même Esprit ;
9 un autre reçoit la foi par ce même Esprit ; un autre reçoit du même Esprit le don de guérir les malades ;
10 un autre, les opérations des miracles ; un autre, la prophétie ; un autre, le discernement des esprits ; un autre, la diversité des langues ; et un autre, le don d’interpréter les langues.
11 Mais c’est un seul et même Esprit qui opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier, comme il lui plaît.
12 Car comme le corps n’est qu’un, quoiqu’il ait plusieurs membres, et que tous les membres de ce seul corps, quoiqu’ils soient plusieurs, ne forment qu’un corps, il en est de même de Christ.
13 Car nous avons été baptisés dans un même Esprit, pour n’être qu’un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres ; et nous avons tous été abreuvés d’un même Esprit.
14 Ainsi le corps n’est pas un seul membre, mais c’en est plusieurs.
15 Si le pied disait : Parce que je ne suis pas la main, je ne suis pas du corps ; ne serait-il pourtant pas du corps ?
16 Et si l’oreille disait : Parce que je ne suis pas l’œil, je ne suis pas du corps ; ne serait-elle pourtant pas du corps ?
17 Si tout le corps était œil, où serait l’ouïe ? S’il était tout ouïe, où serait l’odorat ?
18 Mais Dieu a mis les membres, et chacun d’eux dans le corps, comme il lui a plu.
19 Que s’ils n’étaient tous qu’un seul membre, où serait le corps ?
20 Il y a donc plusieurs membres ; mais il n’y a qu’un seul corps.
21 Et l’œil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi ; ni aussi la tête aux pieds : Je n’ai pas besoin de vous.
22 Mais bien loin de cela, les membres du corps qui paraissent les plus faibles, sont les plus nécessaires.
23 Et ceux que nous estimons les moins honorables dans le corps, sont ceux auxquels nous faisons le plus d’honneur en les couvrant ; de sorte que ceux qui sont les moins honnêtes, sont les plus honorés ;
24 au lieu que ceux qui sont honnêtes, n’en ont pas besoin ; mais Dieu a tellement disposé le corps, qu’il a donné plus d’honneur à celui qui en manquait ;
25 afin qu’il n’y ait point de division dans le corps, mais que les membres aient un soin mutuel les uns des autres.
26 Aussi, lorsqu’un des membres souffre, tous les autres membres souffrent avec lui ; et lorsqu’un des membres est honoré, tous les autres membres en ont de la joie.
27 Or, vous êtes le corps de Christ, et vous êtes ses membres, chacun en particulier.
28 Et Dieu a établi dans l’Église, premièrement les apôtres, secondement les prophètes, en troisième lieu les docteurs, ensuite ceux qui ont le don des miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de parler diverses langues.
29 Tous sont-ils apôtres ? Tous sont-ils prophètes ? Tous sont-ils docteurs ? Tous ont-ils le don des miracles ?
30 Tous ont-ils le don de guérir les malades ? Tous parlent-ils diverses langues ? Tous interprètent-ils ?
31 Mais désirez avec ardeur des dons plus utiles ; et je vais vous montrer la voie la plus excellente.
REFLEXIONS
Pour profiter de cette lecture, il faut remarquer :
I. Que les dons miraculeux qu’il y avait autrefois dans l’église étaient une preuve incontestable de la divinité de la religion chrétienne et un moyen très efficace dont Dieu se servit dans le commencement du christianisme pour affermir les chrétiens dans la foi et surtout pour y amener les Juifs et les païens.
Au reste, quoi que ces dons extraordinaires ne se voient pas aujourd’hui, il paraît de ce chapitre que Dieu les accordait aux chrétiens du temps des apôtres, puisque Saint Paul parle de ces dons-là comme d’une chose qui était alors connue de tout le monde et qui était même fort commune dans l’église.
II. Nous devons appliquer aux dons ordinaires de l’esprit de Dieu ce que Saint Paul dit des dons miraculeux et apprendre d’ici que tous les dons et toutes les grâces spirituelles viennent du Saint-Esprit, que Dieu les accorde aux hommes dans un degré différent tant pour leur propre salut que pour le bien de leurs frères. Et que comme nous ne composons tous ensemble qu’un même corps, nous devons aussi rapporter tous les dons que nous avons reçus au même but qui est l’utilité et l’édification de l’église et vivre entre nous dans une parfaite union, nous contentant chacun de nous de la mesure de la grâce qu’il a plu Dieu de nous départir et la possédant avec humilité.
Enfin, St Paul marque qu’il y a des dons plus excellents et plus salutaires que les dons miraculeux, savoir ceux de la vraie foi et de la charité dont il sera parlé dans le chapitre suivant. Ainsi, ce sont principalement ces dons-là que nous devons rechercher avec toute l’ardeur dont nous sommes capables.
Saint Paul, après avoir parlé des dons miraculeux, enseigne que ces dons, quelque excellents qu’ils soient ne servent de rien sans la charité. Ensuite il décrit la nature et les caractères de cette vertu, il montre qu’elle bannit les divisions, la jalousie, l’orgueil, l’irritation, les soupçons et ils dit cela parce que ces défauts-là régnaient parmi les Corinthiens. Enfin, il prouve que la charité est la principale des vertus, par cette considération, que les dons miraculeux ne devaient pas toujours durer dans l’église, au lieu que la charité y doit régner à jamais et qu’elle aura même lieu dans le Ciel.
1 Quand même je parlerais toutes les langues des hommes, et même des anges ; si je n’ai point la charité, je ne suis que comme l’airain qui résonne, ou comme une cymbale qui retentit.
2 Et quand même j’aurais le don de prophétie, et que je connaîtrais tous les mystères et la science de toutes choses ; et quand même j’aurais toute la foi jusqu’à transporter les montagnes ; si je n’ai point la charité, je ne suis rien.
3 Et quand même je distribuerais tout mon bien pour la nourriture des pauvres, et que même je livrerais mon corps pour être brûlé ; si je n’ai point la charité, cela ne me sert de rien.
4 La charité est patiente ; elle est pleine de bonté ; la charité n’est point envieuse ; la charité n’est point insolente ; elle ne s’enfle point d’orgueil ;
5 elle n’est point malhonnête ; elle ne cherche point son intérêt ; elle ne s’aigrit point ; elle ne soupçonne point le mal ;
6 elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité ;
7 elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle supporte tout.
8 La charité ne périt jamais ; pour ce qui est des prophéties, elles seront abolies, et le don des langues cessera, et la connaissance sera anéantie ;
9 car nous ne connaissons qu’imparfaitement, et nous ne prophétisons qu’imparfaitement ;
10 mais quand la perfection sera venue, alors, ce qui est imparfait sera aboli.
11 Quand j’étais enfant, je parlais comme un enfant, je jugeais comme un enfant, je pensais comme un enfant ; mais lorsque je suis devenu homme, j’ai quitté ce qui tenait de l’enfant.
12 Nous voyons présentement confusément et comme dans un miroir, mais alors nous verrons face à face ; présentement je connais imparfaitement, mais alors je connaîtrai comme j’ai été connu.
13 Maintenant donc, ces trois vertus demeurent : la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande est la charité.
REFLEXIONS
Ce chapitre qui traite de la charité doit être sans cesse médité par les chrétiens.
Saint Paul y marque l’excellence et la nature de cette vertu. Il en montre l’excellence par ces deux considérations :
I. L’une que si on n’a pas la charité, c’est-à-dire si l’on n’aime pas véritablement son prochain et si l’on n’est pas animé d’un esprit de paix, d’union et de douceur, tous les autres dons, même les plus excellents, tels qu’étaient le don des langues et celui de faire des miracles, sont inutiles et qu’on n’est rien devant Dieu.
II. L’autre, que les dons miraculeux devaient cesser au lieu que la charité est une vertu qui subsistera toujours et qui sera notre bonheur et notre perfection dans le Ciel comme elle le fait sur la terre.
Après cela l’Apôtre nous apprend dans ce chapitre quelle est la nature de la charité. Il dit que les personnes en qui cette vertu se trouve ne sont ni envieuses, ni hautaines, ni soupçonneuses, ni intéressées, ni aigres, ni querelleuses, mais qu’elles sont patientes, douces, paisibles, qu’elles jugent charitablement du prochain, qu’elles font du bien et qu’elles supportent tout. Cette description que St. Paul fait des caractères de la charité et des divers effets qu’elle produit marque d’une manière bien claire qu’elle comprend toutes les autres vertus et qu’ainsi le vrai moyen de s’acquitter de tous les devoirs du christianisme est de s’attacher à la charité.
Saint Paul continue à parler des dons miraculeux et en particulier du don de parler diverses langues et il dit qu’entre tous les dons spirituels que Dieu accordait à certaines personnes en particulier, celui de la prophétie, c’est-à-dire le don d’enseigner, d’expliquer les Écritures et d’exhorter, était le plus utile pour l’édification de l’église. Il confirme cela en remarquant qu’il était inutile et même absurde de parler des langues étrangères si l’on n’était pas entendu de ceux en présence de qui on parlait. Il ordonne ensuite que ceux qui parlaient ces langues ou qui avaient quelque révélation le fissent avec ordre et l’un après l’autre et qu’il y eût toujours quelqu’un pour interpréter ce qu’ils disaient. Il prescrit de plus que les femmes gardent le silence dans l’église et que tout s’y fasse avec bienséance et avec ordre.
1 Etudiez-vous donc à la charité ; désirez aussi avec ardeur les dons spirituels, mais surtout celui de prophétiser.
2 Car celui qui parle une langue inconnue, ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, puisque personne ne l’entend et qu’il prononce des mystères en son esprit.
3 Mais celui qui prophétise, édifie, exhorte et console les hommes par ses paroles.
4 Celui qui parle une langue inconnue, s’édifie soi-même ; mais celui qui prophétise, édifie l’Eglise.
5 Je souhaite bien que vous parliez tous diverses langues ; mais je souhaite encore plus que vous prophétisiez ; car celui qui prophétise est préférable à celui qui parle des langues étrangères, à moins qu’il ne les interprète, afin que l’Eglise en reçoive de l’édification.
6 En effet, mes frères, si je venais parmi vous en parlant des langues inconnues, à quoi vous serais-je utile, si je ne vous faisais pas entendre par la révélation, par la connaissance, par la prophétie, ou par l’instruction, ce que je vous dirais ?
7 Il en est comme des choses inanimées qui rendent un son, soit une flûte, soit une harpe. Si elles ne forment point des tons distincts, comment connaîtra-t-on ce qui est joué sur la flûte ou sur la harpe ?
8 Et si la trompette ne rend qu’un son confus, qui est-ce qui se préparera au combat ?
9 De même, si les paroles que vous prononcez dans votre langue ne sont pas entendues, comment saura-t-on ce que vous dites ? car vous parlerez en l’air.
10 Combien de sortes de mots n’y a-t-il pas dans le monde ? Et y en a-t-il aucun qui ne signifie quelque chose ?
11 Si donc je ne sais ce que ces mots signifient, je serai barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera barbare pour moi.
12 Ainsi, puisque vous désirez avec ardeur les dons spirituels, cherchez à en avoir abondamment pour l’édification de l’Eglise.
13 C’est pourquoi, que celui qui parle une langue inconnue, prie en sorte qu’il interprète ce qu’il dit.
14 Car, si je prie dans une langue inconnue, mon esprit prie, mais l’intelligence que j’en ai est sans fruit.
15 Que ferai-je donc ? Je prierai dans mon esprit, mais je prierai aussi d’une manière qu’on m’entende. Je chanterai dans mon esprit, mais je chanterai aussi d’une manière qu’on m'entende.
16 Autrement, si tu bénis Dieu seulement en esprit, comment celui qui est du simple peuple répondra-t-il Amen à ton action de grâces, puisqu’il n’entend pas ce que tu dis ?
17 Il est vrai que tes actions de grâces sont bonnes ; mais un autre n’en est pas édifié.
18 Je rends grâces à mon Dieu, de ce que je parle plus de langues que vous tous ;
19 mais j’aimerais mieux prononcer dans l’Eglise cinq paroles en me faisant entendre, afin d’instruire ainsi les autres, que dix mille paroles dans une langue inconnue.
20 Mes frères, ne soyez pas des enfants en intelligence ; mais soyez des enfants à l’égard de la malice ; et pour ce qui est de l’intelligence, soyez des hommes faits.
21 Il est écrit dans la loi : Je parlerai à ce peuple par des gens d’une autre langue, et par des lèvres étrangères, de sorte qu’ils ne m’entendront point, dit le Seigneur.
22 C’est pourquoi les langues étrangères sont un signe, non pour ceux qui croient, mais pour les infidèles ; au lieu que la prophétie est un signe, non pour les infidèles, mais pour ceux qui croient.
23 Si donc toute l’Eglise est assemblée en un même lieu, et que tous parlent des langues étrangères, et que des gens du commun peuple, ou des infidèles y entrent, ne diront-ils pas que vous avez perdu le sens ?
24 Mais si tous prophétisent, et qu’il y entre quelque infidèle, ou quelqu’un du commun peuple, il sera convaincu par tous, il sera jugé par tous.
25 Et ainsi les secrets de son cœur seront manifestés, de sorte qu’il se prosternera la face en terre, il adorera Dieu, et il publiera que Dieu est véritablement parmi vous.
26 Que faut-il donc faire, mes frères ? Lorsque vous vous assemblez, quelqu’un de vous a-t-il un cantique, a-t-il une instruction, a-t-il à parler une langue étrangère, a-t-il une révélation, a-t-il une interprétation ? Que tout se fasse pour l’édification.
27 S’il y en a qui parlent une langue inconnue, qu’il n’y en ait que deux ou trois, au plus, qui parlent, et cela l’un après l’autre ; et qu’il y en ait un qui interprète.
28 Que s’il n’y a point d’interprète, que celui qui parle se taise dans l’Église, et qu’il parle à lui-même et à Dieu.
29 Qu’il n’y ait aussi que deux ou trois prophètes qui parlent, et que les autres en jugent.
30 Et si un autre de ceux qui sont assis, a une révélation, que le premier se taise.
31 Car vous pouvez tous prophétiser l’un après l’autre, afin que tous apprennent, et que tous soient exhortés.
32 Et les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ;
33 car Dieu n’est point un Dieu de confusion, mais un Dieu de paix, comme on le voit dans toutes les Églises des saints.
34 Que vos femmes se taisent dans les Églises, parce qu’il ne leur est pas permis d’y parler ; mais elles doivent être soumises, comme aussi la loi le dit.
35 Que si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris dans la maison ; car il n’est pas bienséant aux femmes de parler dans l’Église.
36 Est-ce de vous que la parole de Dieu est venue, ou n’est-elle parvenue qu’à vous seuls ?
37 Si quelqu’un croit être prophète, ou spirituel, qu’il reconnaisse que les choses que je vous écris sont des commandements du Seigneur.
38 Et si quelqu’un le veut ignorer, qu’il l’ignore.
39 C’est pourquoi, mes frères, désirez avec ardeur de prophétiser, et n’empêchez point de parler les langues étrangères.
40 Que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre.
REFLEXIONS
Quoique le don de parler divers langues ait cessé dans l’église et qu’il n’y ait pas aujourd’hui des révélations comme il y en avait du temps des apôtres, nous pouvons recueillir de ce chapitre des instructions importantes :
I. Que ces dons extraordinaires étaient, comme St. Paul le dit ici, une forte preuve de la vérité de l’Évangile ;
II. Que quelque excellent que fut le don des langues, il n’était pas salutaire, à moins qu’on ne le rapportât à l’instruction et à l’édification de toute l’église qui est le grand but que l’on doit toujours se proposer dans la religion.
III. Surtout, St. Paul nous apprend ici qu’il est de la dernière importance et d’une absolue nécessité de donner au peuple une connaissance claire des vérités que Dieu nous a révélées et d’expliquer pour cet effet l’Écriture sainte familièrement et intelligiblement, qu’ainsi la lecture de l’Écriture, les exhortations, les prières, les Psaumes, la célébration du service divin et généralement tout ce qui se dit dans l’église doit se faire dans un langue que le commun peuple entende et d’une manière claire, simple et accommodée à la portée de tout le monde.
Enfin, il faut faire une grande attention à ce que St. Paul établit dans tout ce chapitre et en particulier sur la fin en disant que Dieu n’est pas un Dieu de confusion et de désordre, mais qu’il est un Dieu d’ordre et de paix et que toutes choses doivent se faire dans l’église avec bienséance, avec ordre et avec gravité. Il parait de là que ce qui concerne l’extérieur de la religion et du service divin n’est pas une chose indifférente et que l’intention de Dieu est que l’ordre, la bienséance et l’uniformité soient observées dans toutes les églises chrétiennes.
St. Paul prouve dans ce chapitre la résurrection des morts contre certaines personnes qui la niaient. Pour cet effet, il établit premièrement que notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité, ce qu’il prouve par le témoignage des apôtres et de plusieurs autres personnes. Ensuite il conclut de là que les morts ressusciteront, ce qu’il éclaircit et confirme par quelques autres raisons.
1 Je veux aussi, mes frères, vous faire souvenir de l’évangile que je vous ai annoncé, et que vous avez reçu, dans lequel vous persévérez,
2 et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, vous auriez cru en vain.
3 Or, je vous ai enseigné, avant toutes choses, ce que j’avais aussi reçu, savoir, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Ecritures ;
4 et qu’il a été enseveli, et qu’il est ressuscité le troisième jour, selon les Ecritures ;
5 et qu’il a été vu de Céphas, ensuite des douze apôtres ;
6 qu’après cela, il a été vu de plus de cinq cents frères, en une seule fois, dont la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont morts.
7 Depuis il se fit voir à Jacques, et ensuite à tous les apôtres ;
8 et après tous, il m’est aussi apparu comme à un avorton.
9 Car je suis le moindre des apôtres, et je ne suis même pas digne d’être appelé apôtre, parce que j’ai persécuté l’Église de Dieu.
10 Mais c’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis ; et la grâce qu’il m’a faite n’a point été vaine ; mais j’ai travaillé beaucoup plus qu’eux tous ; non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi.
11 Soit donc moi, soit eux, c’est là ce que nous prêchons, et ce que vous avez cru.
12 Or, si l’on prêche que Christ est ressuscité, comment quelques-uns d’entre vous disent-ils qu’il n’y a point de résurrection ?
13 Car s’il n’y a point de résurrection, Christ aussi n’est point ressuscité.
14 Et si Christ n’est point ressuscité, notre prédication est donc vaine, et votre foi est vaine aussi.
15 Et même il se trouverait que nous sommes de faux témoins à l’égard de Dieu ; car nous avons rendu ce témoignage de Dieu qu’il a ressuscité Christ, lequel il n’a point ressuscité, si les morts ne ressuscitent point.
16 Car si les morts ne ressuscitent point, Christ n’est point non plus ressuscité.
17 Et si Christ n’est point ressuscité, votre foi est vaine, et vous êtes encore dans vos péchés.
18 Ceux donc aussi qui sont morts en Christ, sont péris.
19 Si nous n’avons d’espérance en Christ que pour cette vie seulement, nous sommes les plus misérables de tous les hommes.
20 Mais maintenant, Christ est ressuscité, et il est devenu les prémices de ceux qui sont morts.
21 Car, puisque la mort est venue par un homme, la résurrection des morts est venue aussi par un homme.
22 Car, comme tous meurent par Adam, de même tous revivront par Christ ;
23 mais chacun en son propre rang ; Christ est les prémices, ensuite ceux qui lui appartiennent ressusciteront à son avènement.
24 Après cela viendra la fin, quand il aura remis le royaume à Dieu le Père, et qu’il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance ;
25 car il doit régner jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds.
26 L’ennemi qui sera détruit le dernier, c’est la mort ;
27 car Dieu a mis toutes choses sous ses pieds. Or, quand il est dit que toutes choses lui sont assujetties, il est évident que celui qui lui a assujetti toutes choses, est excepté.
28 Et quand toutes choses lui auront été assujetties, alors aussi le Fils même sera assujetti à celui qui lui a assujetti toutes choses, afin que Dieu soit tout en tous.
29 De plus, que feront ceux qui sont baptisés pour les morts, si absolument les morts ne ressuscitent point ? Pourquoi aussi sont-ils baptisés pour les morts ?
30 Et pourquoi nous-mêmes sommes-nous à toute heure en péril ?
31 Je suis tous les jours exposé à la mort ; je vous le proteste par le sujet que j’ai de me glorifier de vous en Jésus-Christ notre Seigneur.
32 Si j’ai combattu contre les bêtes à Ephèse dans des vues humaines, quel avantage m’en revient-il, si les morts ne ressuscitent point ? Mangeons et buvons ; car demain nous mourrons.
33 Ne vous abusez point ; les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs.
34 Réveillez-vous pour vivre justement, et ne péchez point ; car il y en a parmi vous qui sont sans connaissance de Dieu ; je vous le dis à votre honte.
REFLEXIONS
Ce chapitre est un excellent traité où la doctrine de la résurrection est clairement expliquée. Saint Paul y enseigne : I. Que toute la religion chrétienne est fondée sur la résurrection de Jésus-Christ et que cette résurrection est un fait certain et indubitable qui a été attesté par les apôtres dont le témoignage ne peut être révoqué en doute ; II. Il montre que les morts ressusciteront infailliblement et les preuves qu’il en allègue sont les suivantes :
- Que si les morts ne ressuscitaient pas, Jésus-Christ ne serait pas ressuscité et que notre foi serait vaine,
- Que les fidèles qui sont morts au Seigneur seraient péris pour toujours,
- Que les chrétiens seraient les plus misérables de tous les hommes puisqu’ils étaient sujets à la persécution,
- Et que le mal qu’Adam nous a fait en nous assujettissant à la mort ne serait pas réparé.
Il dit encore que si Jésus-Christ ne détruisait pas, en nous ressuscitant, la mort qui est le dernier de nos ennemis, il ne règnerait pas pleinement sur toutes choses et qu’enfin s’il n’y avait point de résurrection, ce serait une grande folie aux chrétiens de s’exposer volontairement à tous les maux qu’ils souffraient.
Toutes ces considérations font voir qu’il est très certain que les morts ressusciteront au dernier jour. Nous devons rendre grâce à Dieu de ce que l’espérance de notre résurrection est établie sur des fondements aussi solides et travailler au reste à nous affermir toujours davantage dans cette espérance en prenant garde, comme St. Paul nous y exhorte, que les discours et les exemples des impies et des profanes n’ébranlent notre foi, et étudions-nous à vivre saintement et en nous éloignant du péché.
CHAPITRE XV VERSETS 35 A 58.
St. Paul, après avoir prouvé la résurrection, fait voir que, quoi que nos corps soient détruits par la mort, ils doivent un jour être rétablit en vie, mais il remarque qu’alors ils ne seront plus corruptibles, faibles et mortels comme ils le sont maintenant, mais qu’ils seront incorruptibles, immortels et glorieux. C’est ce qu’il explique par la comparaison du grain que l’on sème et par quelques autres images. Il parle après cela du changement qui se fera en ceux qui seront en vie au jour de la résurrection, et il conclut en marquant les sentiments de joie et de piété que la croyance de cette doctrine doit inspirer aux chrétiens.
35 Mais quelqu’un dira : Comment ressusciteront les morts, et avec quel corps viendront-ils ?
36 Insensé, ce que tu sèmes ne prend point vie, s’il ne meurt auparavant.
37 Et à l’égard de ce que tu sèmes, tu ne sèmes pas le même corps qui doit naître, mais le simple grain, comme il se rencontre, soit de blé, soit de quelque autre semence.
38 Mais Dieu lui donne le corps comme il lui plaît, et à chaque semence le corps qui lui est propre.
39 Toute sorte de chair n’est pas la même chair ; mais autre est la chair des hommes, et autre la chair des bêtes ; autre celle des poissons, et autre celle des oiseaux.
40 Il y a aussi des corps célestes, et des corps terrestres ; mais autre est l’éclat des corps célestes, et autre est celui des terrestres ;
41 autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune, et autre l’éclat des étoiles ; car l’éclat d’une étoile est différent de l’éclat d’une autre étoile.
42 Il en sera aussi de même à la résurrection. Le corps est semé corruptible, il ressuscitera incorruptible ;
43 il est semé méprisable, il ressuscitera glorieux ; il est semé infirme, il ressuscitera plein de force ;
44 il est semé corps animal, il ressuscitera corps spirituel ; il y a un corps animal, et il y a un corps spirituel ;
45 suivant qu’il est écrit : Le premier homme, Adam, a été fait avec une âme vivante ; mais le dernier Adam est un Esprit vivifiant.
46 Mais ce qui est spirituel n’est pas le premier ; c’est ce qui est animal ; et ce qui est spirituel vient après.
47 Le premier homme étant de la terre, est terrestre, et le second homme, qui est le Seigneur, est du ciel.
48 Tel qu’est celui qui est terrestre, tels sont aussi les terrestres ; et tel qu’est le céleste, tels seront aussi les célestes.
49 Et comme nous avons porté l’image de celui qui est terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste.
50 Voici donc ce que je dis, mes frères, c’est que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu, et que la corruption ne possédera point l’incorruptibilité.
51 Voici un mystère que je vous dis ; c’est que nous ne serons pas tous morts, mais nous serons tous changés ;
52 en un moment, en un clin d’œil, au son de la dernière trompette ; car la trompette sonnera et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous serons changés.
53 Car il faut que ce corps corruptible soit revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel soit revêtu de l’immortalité.
54 Et quand ce corps corruptible aura été revêtu de l’incorruptibilité, et que ce corps mortel aura été revêtu de l’immortalité, alors cette parole de l’Ecriture sera accomplie : La mort est engloutie pour toujours.
55 O mort, où est ton aiguillon ? O sépulcre, où est ta victoire ?
56 Or, l’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et la puissance du péché, c’est la loi.
57 Mais grâces à Dieu, qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ.
58 C’est pourquoi, mes frères bien-aimés, soyez fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur.
REFLEXIONS
Le but de ce que St. Paul nous enseigne ici est de nous apprendre que quoique la mort détruise nos corps et les réduise en poudre, ils ne laisseront pas de ressusciter par un effet de la toute-puissance de notre Seigneur et que ces corps ressuscités seront incorruptibles et glorieux, en sorte que les fidèles seront alors semblables à Jésus-Christ.
L’Apôtre nous apprend outre cela que ceux qui vivront à la fin du monde seront changés subitement et qu’ainsi tous les fidèles deviendront immortels.
L’attente de cette grande gloire à laquelle nous sommes destinés doit nous remplir d’espérance et de joie, dissiper pleinement les frayeurs de la mort et nous faire dire avec Saint Paul : Où est, ô mort, ton aiguillon. Où est, ô sépulcre, ta victoire ! Grâces à Dieu qui nous a donné la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ !
Mais l’espérance de cette résurrection de nos corps nous oblige aussi à les conserver dans une grande pureté et à pratiquer constamment tous les devoirs du christianisme comme l’Apôtre nous y exhorte par ces paroles qui marquent l’usage auquel nous devons rapporter cette doctrine : Soyez toujours fermes, inébranlables, abondant toujours dans l’œuvre du Seigneur, sachant que votre travail ne sera pas vain auprès du Seigneur.
I. L’Apôtre exhorte les Corinthiens à contribuer pour une collecte que l’on faisait en faveur des églises de la Judée. II. Il leur promet de les aller voir dans peu de temps. III. Il leur recommande Timothée et quelques autres personnes. IV. Il finit par des salutations et par des vœux et en déclarant que ceux qui n’aimaient pas sincèrement Jésus-Christ étaient sous le jugement de Dieu et que l’on ne devait point les regarder comme membres de l’église.
1 A l’égard de la collecte qui se fait pour les saints, usez-en de la manière que je l’ai ordonné dans les églises de Galatie.
2 C’est que, chaque premier jour de la semaine, chacun de vous mette à part chez soi, et rassemble ce qu’il pourra, selon sa prospérité, afin qu’on n'attende pas que je sois arrivé pour faire les collectes.
3 Et lorsque je serai arrivé chez vous, j’enverrai avec des lettres ceux que vous aurez approuvés, pour porter votre libéralité à Jérusalem.
4 Et si la chose mérite que j’y aille moi-même, ils viendront avec moi.
5 Au reste, j’irai chez vous, après que j’aurai passé par la Macédoine ; car je passerai par la Macédoine ;
6 et peut-être que je ferai quelque séjour chez vous, ou même que j’y passerai l’hiver, afin que vous me conduisiez partout où j’irai.
7 Car je ne veux pas, cette fois, vous voir seulement en passant : mais j’espère de demeurer quelque temps avec vous, si le Seigneur le permet.
8 Cependant je demeurerai à Ephèse jusqu’à la Pentecôte ;
9 car une grande porte m’y est ouverte, avec espérance de succès ; mais il y a beaucoup d’adversaires.
10 Si Timothée va chez vous, ayez soin qu’il soit en sûreté parmi vous, car il travaille à l’œuvre du Seigneur comme moi-même.
11 Que personne donc ne le méprise, et reconduisez-le en paix, afin qu’il vienne me trouver, car je l’attends avec nos frères.
12 Pour ce qui est d’Apollos, notre frère, je l’ai fort prié d’aller vous voir avec nos frères ; mais il n’a pas voulu y aller maintenant ; toutefois il y ira quand il en trouvera l’occasion.
13 Veillez, demeurez fermes dans la foi, agissez courageusement, fortifiez-vous ;
14 que tout ce que vous faites se fasse avec charité.
15 Or, mes frères, vous connaissez la famille de Stéphanas ; vous savez qu’elle est les prémices de l’Achaïe, et qu’ils se sont dévoués au service des saints.
16 Je vous prie d’avoir du respect pour des personnes de ce caractère, et pour tous ceux qui les aident et qui travaillent avec eux.
17 J’ai beaucoup de joie de l’arrivée de Stéphanas, de Fortunat et d’Achaïque, parce qu’ils ont suppléé à votre absence.
18 Car ils ont consolé mon esprit et le vôtre. Ayez donc des égards pour de telles personnes.
19 Les Églises d’Asie vous saluent. Aquilas et Priscille, avec l’Église qui est dans leur maison, vous saluent avec beaucoup d’affection en notre Seigneur.
20 Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser.
21 Je vous salue, moi Paul, de ma propre main.
22 Si quelqu’un n’aime point le Seigneur Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha !
23 La grâce du Seigneur Jésus-Christ soit avec vous.
24 Mon amour est avec vous tous en Jésus-Christ. Amen.
REFLEXIONS
Ce qu’il faut remarquer dans la première partie de ce chapitre, ce sont les exhortations que St. Paul adresse aux Corinthiens pour les engager à assister les églises de la Judée en faveur desquelles on faisait une collecte et l’ordre qu’il leur donne de mettre quelque chose à part pour cela tous les premiers jours de la semaine.
On voit par-là :
I. Que chacun doit exercer la charité selon son pouvoir dans les occasions qui s’en présentent et en second lieu que le premier jour de la semaine, savoir le dimanche, était consacré de ce temps-là aux œuvres de piété et de charité.
II. La manière dont Saint Paul recommande Timothée et quelques autres serviteurs de Dieu zélés et pieux nous apprend que les chrétiens doivent avoir en révérence les vrais ministres de Jésus-Christ qui se sont dévoués à son service et se soumettre à eux.
III. Les salutations qu’on lit sur la fin de cette épître marquent qu’il doit avoir entre les églises et les chrétiens de tous les lieux une communion très étroite qui les porte à s’aimer affectueusement les uns les autres et que les devoirs des ministres du Seigneur est de prier sans cesse pour tous les fidèles, leur souhaitant l’augmentation de la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ.
Enfin, l’anathème que Saint Paul prononce contre tous ceux qui n’aiment pas sincèrement le Seigneur mérite toute notre attention. L’Apôtre leur dénonce la malédiction divine et il ne veut pas qu’on les regarde comme des chrétiens. Cela marque clairement que l’église ne doit pas souffrir dans sa communion les profanes et les scandaleux et que tous ceux qui n’ont pas un vrai amour pour notre Sauveur et qui violent ouvertement ses saints commandements ne lui appartiennent en aucune manière et qu’ils sont sous la malédiction de Dieu.
La première épître aux Corinthiens a été écrite de Philippes, et portée par Stéphanas, Fortunat, Achaïque, et Timothée.
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- Catégorie parente: Bible
- Catégorie : Nouveau Testament
ARGUMENT
La seconde épître aux Corinthiens fut écrite environ l’an 56 de notre Seigneur. Le but principal de Saint Paul dans cette épître est de soutenir son ministère contre ceux qui le décriaient parmi les Corinthiens.
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St. Paul, après la salutation, parle des persécutions qu’il avait souffertes en Asie dans la ville d’Éphèse et dont Dieu l’avait délivré par une espèce de miracle.
Il dit ensuite aux Corinthiens que s’il n’était pas allé les voir comme il le leur avait promis, cela ne venait pas de légèreté ou d’inconstance, ni de défaut d’affection pour eux, mais qu’il avait différé son voyage pour n’être pas obligé de les censurer et de les châtier à cause des désordres qu’il y avait dans leur église.
1 Paul, apôtre de Jésus-Christ, par la volonté de Dieu, et Timothée, notre frère, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe.
2 La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et par le Seigneur Jésus-Christ.
3 Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père des miséricordes, et le Dieu de toute consolation ;
4 qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que par la consolation dont Dieu nous console nous-mêmes, nous puissions aussi consoler les autres, dans quelque affliction qu’ils se trouvent.
5 Car, comme les souffrances de Christ abondent en nous, notre consolation abonde aussi par Christ.
6 Ainsi, soit que nous soyons affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut, qui s’avance en souffrant les mêmes maux que nous souffrons aussi ; soit que nous soyons consolés, c’est aussi pour votre consolation et pour votre salut.
7 Et l’espérance que nous avons de vous est ferme, sachant que, comme vous avez part aux souffrances, vous aurez aussi part à la consolation.
8 Car, mes frères, nous ne voulons pas que vous ignoriez l’affliction qui nous est survenue en Asie, et dont nous avons été accablés excessivement, et au-dessus de nos forces, en sorte que nous avons été dans une extrême perplexité, même pour notre vie.
9 Et nous nous regardions nous-mêmes comme étant condamnés à la mort, afin que nous n’eussions point de confiance en nous-mêmes, mais en Dieu qui ressuscite les morts ;
10 qui nous a délivrés d’un si grand danger de mort, et qui nous en délivre ; et nous avons cette espérance en lui, qu’il nous délivrera encore dans la suite ;
11 étant aussi aidés par vous et par les prières que vous ferez pour nous, afin que, plusieurs personnes ayant contribué à nous faire obtenir cette faveur, plusieurs aussi en rendent grâces pour nous.
12 Car ce qui fait notre gloire, c’est le témoignage que notre conscience nous rend, que nous nous sommes conduits dans le monde, et surtout à votre égard, en simplicité et en sincérité devant Dieu, non point avec une sagesse charnelle, mais avec la grâce de Dieu.
13 Car nous ne vous écrivons rien ici que ce que vous avez lu, et que vous avez reconnu, et j’espère que vous le reconnaîtrez jusqu’à la fin ;
14 de même que vous avez aussi reconnu en quelque sorte que nous sommes votre gloire, comme vous serez aussi la nôtre au jour du Seigneur Jésus.
15 C’est dans cette confiance, et afin que vous reçussiez une double grâce, que j’avais résolu d’aller premièrement vous voir,
16 et de passer chez vous, en allant en Macédoine ; puis, de revenir de Macédoine chez vous, d’où vous m’auriez fait conduire en Judée.
17 Ayant donc eu ce dessein, l’ai-je formé par légèreté, ou les résolutions que je prends, les prends-je selon la chair, de sorte qu’il y ait eu en moi, oui, oui ; et puis, non, non ?
18 Dieu, qui est véritable, m’est témoin qu’il n’y a point eu de oui et de non dans mes paroles.
19 Car Jésus-Christ, le Fils de Dieu, que nous avons prêché parmi vous, moi et Silvain, et Timothée, n’a point été oui et non ; mais il a toujours été oui en lui.
20 Car autant qu’il y a de promesses de Dieu, elles sont oui en lui, et Amen en lui, afin que Dieu soit glorifié par nous.
21 Or, celui qui nous affermit avec vous en Christ, et qui nous a oints, c’est Dieu,
22 qui nous a aussi marqués de son sceau, et nous a donné dans nos cœurs les arrhes de son Esprit.
23 Or, je prends Dieu à témoin sur mon âme, que ç’a été pour vous épargner, que je ne suis point encore allé à Corinthe.
24 Non que nous dominions sur votre foi, mais nous contribuons à votre joie, puisque vous demeurez fermes dans la foi.
REFLEXIONS
Saint Paul parle dès l’entrée de cette Epitre de ses souffrances aussi bien que de l’assistance et des consolations qu’il avait éprouvées. De là il faut recueillir
I. Que si les fidèles sont quelques fois exposés à de grands dangers et à des afflictions extrêmes, Dieu les console et les fortifie dans cet état et qu’il les en tire heureusement,
II. Que ces afflictions produisent par là des effets très salutaires, non seulement pour la consolation de ceux qui sont affligés, mais aussi pour l’édification de leurs frères, puisque ceux qui ont ainsi souffert sont plus propres à consoler et à encourager ceux qui se trouvent engagés dans quelque affliction que ce soit.
III. Comme Saint Paul souhaitait d’être toujours aidé par les prières des Corinthiens, nous devons aussi reconnaître que les prières mutuelles des fidèles sont un puissant secours pour obtenir de Dieu les délivrances, les consolations et toutes les grâces qui nous sont nécessaires.
La seconde partie de ce chapitre nous fait remarquer deux choses dans la conduite de Saint Paul, savoir :
I. La sincérité avec laquelle il s’était toujours conduit, particulièrement envers les Corinthiens
II. Et en second lieu sa douceur et sa prudence qui paraissent en ce qu’il avait différé d’aller les voir afin de les épargner.
Voilà quel doit être le caractère des ministres du Seigneur. Servant un maître qui est la vérité et la charité même, ils doivent d’un côté fuir tout ce qui sent la légèreté et l’inconstance parlant et agissant toujours avec sincérité et avec candeur afin de se rendre par-là approuvés devant Dieu et devant les hommes et de l’autre épargner les pécheurs autant qu’ils le peuvent, leur donner le temps de se corriger et n’employer la sévérité que lorsque cela est absolument nécessaire et qu’ils ne peuvent s’en dispenser.
St. Paul dit encore aux Corinthiens que s’avait été pour les épargner et pour n’avoir pas lui-même de la tristesse en les reprenant de leurs désordres qu’il n’était pas allé à Corinthe et il leur ordonne de recevoir à la paix de l’église cet incestueux qui avait été excommunié et dont il leur avait parlé dans l’épitre précédente, mais qui s’était repenti. Il les informe ensuite de quelques voyages qu’il avait faits et il leur parle à cette occasion de l’efficace et des fruits de son ministère.
1 J’avais donc résolu en moi-même de ne point retourner vers vous pour vous donner de la tristesse.
2 Car si je vous affligeais, qui est-ce qui me donnerait de la joie, sinon celui que j’aurais moi-même affligé ?
3 Et je vous ai écrit ceci, afin que quand je serai arrivé, je ne reçoive pas de la tristesse de ceux qui devraient me donner de la joie ; car j’ai cette confiance en vous tous, que vous faites tous votre joie de la mienne.
4 Je vous écrivis alors, dans une grande affliction et le cœur serré de douleur, avec beaucoup de larmes ; non pour vous affliger, mais pour vous faire connaître l’affection toute particulière que j’ai pour vous.
5 Que si quelqu’un a été cause de cette tristesse, ce n’est pas moi seul qu’il a affligé, mais c’est vous tous en quelque manière ; ce que je dis, pour ne pas vous trop charger.
6 C’est assez pour cet homme-là, d’avoir subi la correction qui lui a été faite par plusieurs ;
7 de sorte que vous devez plutôt lui pardonner et le consoler, de peur qu’il ne soit accablé par une trop grande tristesse.
8 C’est pourquoi je vous prie de lui donner des preuves de votre charité.
9 C’est pour cela aussi que je vous ai écrit, afin d’éprouver et de connaître si vous êtes obéissants en toutes choses.
10 Celui donc à qui vous pardonnez, je lui pardonne aussi ; car pour moi, si j’ai pardonné, je l’ai fait pour l’amour de vous, en la présence de Christ ;
11 afin que Satan n’ait pas le dessus sur nous ; car nous n’ignorons pas ses desseins.
12 Au reste, étant venu à Troas pour prêcher l’évangile de Christ, quoique le Seigneur m’y eût ouvert une porte,
13 je n’eus point l’esprit en repos, parce que je n’y trouvai pas Tite mon frère ; c’est pourquoi, ayant pris congé d’eux, je vins en Macédoine.
14 Or, grâces à Dieu qui nous fait toujours triompher en Christ, et qui répand par nous l’odeur de sa connaissance en tous lieux.
15 Car nous sommes la bonne odeur de Christ devant Dieu, à l’égard de ceux qui sont sauvés et à l’égard de ceux qui périssent ;
16 à ceux-ci, une odeur mortelle, qui leur donne la mort ; et à ceux-là, une odeur vivifiante, qui leur donne la vie. Et qui est suffisant pour ces choses ?
17 Car nous ne falsifions point la parole de Dieu, comme plusieurs font ; mais nous parlons avec sincérité, comme de la part de Dieu, et en la présence de Dieu, en Jésus-Christ.
REFLEXIONS
Saint Paul fait voir dans ce chapitre une extrême tendresse pour les Corinthiens et même beaucoup de charité pour un grand pécheur qu’il avait livré à satan et qui était venu à repentance. Ces sentiments affectueux et pleins de bonté que St. Paul fait paraître doivent servir de modèle aux pasteurs et leur inspirer un tendre amour pour leurs troupeaux et en particulier pour les plus grands pécheurs.
C’est un grand sujet de tristesse pour les ministres du Seigneur lorsqu’ils sont obligés d’user de sévérité et ils n’ont pas de plus grande joie que lorsqu’ils voient les pécheurs revenir de leurs égarements. L’Apôtre, après avoir censuré l’église de Corinthe de ce qu’elle n’avait pas excommunié l’incestueux et après l’avoir excommunié lui-même, il ordonne qu’on le reçoive et qu’on lui pardonne puisqu’il avait profité de ce châtiment.
C’est là le juste tempérament de sévérité et de douceur que les pasteurs doivent observer dans l’exercice de la discipline, ne tolérant pas les pécheurs scandaleux et les retranchant de la communion de l’église et étant aussi toujours prêts à les recevoir avec cordialité et avec joie dès qu’ils s’humilient et que l’on voit en eux des marques suffisantes d’amendement.
Les actions de grâces que Saint Paul rend à Dieu pour les glorieux succès de son ministère sont une preuve de son humilité aussi bien que de son grand zèle.
Les vrais ministres de Jésus-Christ n’ont point de plus grande joie que quand ils peuvent répandre la connaissance de Dieu, mais ils attribuent toujours à Dieu seul et à l’efficace de sa grâce tous les heureux succès qu’ils ont.
III. Les derniers versets de ce chapitre nous apprennent que la prédication de l’Évangile ne produit pas toujours le même effet en toutes sortes de personnes. Elle est aux uns
Une odeur mortelle,
C’est-à-dire une occasion de condamnation puisque rejetant cet Évangile ils deviennent plus méchants et qu’ils aggravent leur peine, mais elle est aux autres
Une odeur vivifiante,
C’est-à-dire un moyen efficace qui les conduit à la vie spirituelle et au salut.
Saint Paul représente aux Corinthiens que leur conversion à la religion chrétienne était une preuve suffisante de sa vocation et qu’il n’avait pas besoin d’autre recommandation auprès d’eux que du témoignage de leur conscience et des dons du Saint-Esprit desquels ils avaient été enrichis, mais il reconnait en même temps que l’efficace de son ministère venait de Dieu seul.
Il fait voir après cela que le ministère de l’Évangile est beaucoup plus excellent que celui de la loi, puisque celui-ci était imparfait, incapable de donner de la vie et ne devait pas toujours durer, au lieu que celui de l’Évangile est spirituel, vivifiant et éternel. D’où St. Paul conclut que ceux qui s’attachent aux cérémonies et à la loi de Moïse demeuraient dans l’ignorance et dans la misère et qu’il n’y a que ceux qui s’attachent à l’Évangile qui soient véritablement éclairés et qui jouissaient de la liberté et de la gloire des enfants de Dieu. L’Apôtre dit tout cela pour se défendre contre certains docteurs qui lui étaient opposés et qui faisaient paraître un grand zèle pour la loi de Moïse.
1 Commencerons-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes, ou avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation auprès de vous, ou de lettres de recommandation de votre part auprès des autres ?
2 Vous êtes vous-mêmes notre lettre de recommandation, écrite dans nos cœurs, et qui est connue et lue par tous les hommes ;
3 car il est évident que vous êtes la lettre de Christ, qui a été écrite par notre ministère, non avec de l’encre, mais avec l’Esprit du Dieu vivant ; non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, qui sont vos cœurs.
4 Or, c’est par Jésus-Christ que nous avons une telle confiance en Dieu.
5 Ce n’est pas que nous soyons capables de penser quelque chose de nous-mêmes comme de nous-mêmes ; mais notre capacité vient de Dieu,
6 qui nous a aussi rendus capables d’être ministres de la nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit donne la vie.
7 Que si le ministère de mort, qui a été écrit et gravé sur des pierres, a été si glorieux que les enfants d’Israël ne pouvaient regarder fixement le visage de Moïse, à cause de l’éclat de son visage, bien que cet éclat dût s’évanouir ;
8 combien le ministère de l’Esprit ne sera-t-il pas plus glorieux ?
9 Car, si le ministère de condamnation a été glorieux, le ministère de la justice le surpasse de beaucoup en gloire.
10 Et même, ce premier ministère, qui a été si glorieux, ne l’a point été en comparaison du second, qui le surpasse de beaucoup en gloire.
11 Car, si ce qui devait prendre fin a été glorieux, ce qui doit toujours subsister l’est bien davantage.
12 Ayant donc une telle espérance, nous parlons avec une grande liberté.
13 Et nous ne faisons pas comme Moïse, qui mettait un voile sur son visage, afin que les enfants d’Israël ne vissent point la fin d’un éclat qui devait disparaître.
14 Mais leurs esprits ont été endurcis jusqu’à présent, parce que ce voile, qui n’est ôté que par Jésus-Christ, demeure lorsqu’on lit le Vieux Testament.
15 Et ce voile demeure même jusqu’à aujourd’hui sur leur cœur, lorsqu’on leur lit Moïse.
16 Mais quand ils se convertiront au Seigneur, le voile sera ôté.
17 Or, le Seigneur est cet Esprit-là ; et où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté.
18 Ainsi nous tous qui contemplons comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, à visage découvert, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par l’Esprit du Seigneur.
REFLEXIONS
Ce chapitre nous enseigne :
I. Que ce qui fait la véritable gloire les ministres de Jésus-Christ et ce qui les rend recommandables devant Dieu et devant les hommes, ce sont les fruits de leur prédication et la part qu’ils ont à l’amour et à l’affection des chrétiens.
II. Qu’ils ne doivent point présumer d’eux-mêmes, ni s’attribuer les succès de leur ministère, mais que l’honneur en est dû à Dieu seul.
III. Que l’Évangile est beaucoup plus excellent que la loi et le ministère de cet Évangile infiniment plus glorieux que celui de Moïse, puisque la doctrine chrétienne nous donne une connaissance bien plus parfaite de la volonté de Dieu par Jésus-Christ et qu’elle nous fait avoir part à la vraie liberté et à la gloire du Seigneur lui-même en nous sanctifiant et en produisant en nous une ferme et glorieuse espérance de l’immortalité. D’où il s’en suit que s’il y a des personnes qui ne croient pas, cela vient de leur aveuglement volontaire, qu’il faut estimer cet Évangile par-dessus toutes choses et que tant ceux qui l’annoncent que ceux qui en font profession doivent le faire avec sincérité, ouvertement et sans en avoir honte, ainsi que Saint Paul le fera voir dans le chapitre suivant.
L’Apôtre continue à parler du courage et de la sincérité avec laquelle il avait annoncé la doctrine de l’Évangile, mais il remarque qu’il y avait des incrédules qui rejetaient cette doctrine et qui fermaient volontairement les yeux à cette divine lumière qui devait les éclairer.
Il dit ensuite que, lui et les autres ministres de Jésus-Christ étant des hommes faibles, l’efficace de leur prédication ne venait point d’eux-mêmes, mais elle ne procédait que de Dieu. Il parle des persécutions et des maux extrêmes dont il était accablé et il dit que la foi en Jésus-Christ, l’espérance de la résurrection et l’attente ferme de la gloire éternelle faisaient qu’il ne perdait point courage, mais qu’il souffrait tous ces maux avec constance et même avec joie.
1 C’est pourquoi, ayant ce ministère par la miséricorde qui nous a été faite, nous ne perdons point courage ;
2 mais nous avons rejeté loin de nous les choses honteuses qu’on cache ; ne nous conduisant point avec artifice, et n’altérant point la parole de Dieu, mais nous rendant recommandables à la conscience de tous les hommes devant Dieu, par la manifestation de la vérité.
3 Que si notre évangile est encore couvert, il est couvert à ceux qui périssent,
4 savoir, aux incrédules, dont le Dieu de ce siècle a aveuglé l’esprit, afin qu’ils ne fussent pas éclairés par la lumière du glorieux évangile de Christ, qui est l’image de Dieu.
5 Car nous ne nous prêchons point nous-mêmes, mais nous prêchons Jésus-Christ, le Seigneur ; et pour nous, nous sommes vos serviteurs, pour l’amour de Jésus.
6 Car Dieu, qui a dit que la lumière sortît des ténèbres, a répandu sa lumière dans nos cœurs, afin que nous éclairions les hommes par la connaissance de Dieu, en la présence de Jésus-Christ.
7 Mais nous avons ce trésor dans des vaisseaux de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous.
8 Nous sommes pressés de toutes les manières, mais nous ne sommes pas réduits à l’extrémité ; nous sommes en perplexité, mais nous ne sommes pas sans espérance ;
9 nous sommes persécutés, mais nous ne sommes pas abandonnés ; nous sommes abattus, mais nous ne sommes pas entièrement perdus ;
10 nous portons toujours, partout, dans notre corps, la mort du Seigneur Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps.
11 Car, tandis que nous vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort pour l’amour de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle ;
12 de sorte que la mort agit en nous, et la vie en vous.
13 Et comme nous avons un même esprit de foi, selon qu’il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ; nous croyons aussi, et c’est pour cela que nous parlons ;
14 étant persuadés que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera aussi par Jésus, et nous fera paraître en sa présence avec vous.
15 Car toutes choses sont pour vous, afin que cette grâce se répandant de tous côtés, elle abonde à la gloire de Dieu, par les actions de grâces que plusieurs lui en rendront.
16 C’est pourquoi nous ne perdons point courage ; mais si notre homme extérieur se détruit, l’intérieur se renouvelle de jour en jour ;
17 car notre légère affliction du temps présent produit en nous le poids éternel d’une gloire infiniment excellente ;
18 ainsi, nous ne regardons point aux choses visibles, mais aux invisibles ; car les choses visibles ne sont que pour un temps, mais les invisibles sont éternelles.
REFLEXIONS
Les réflexions que l’on doit faire ici sont :
I. Que les ministres de Jésus-Christ doivent fuir la dissimulation, s’éloigner de tout artifice et de tout déguisement et parler toujours franchement et sincèrement comme en la présence de Dieu, cherchant uniquement à manifester la vérité dans la conscience de tous les hommes.
II. Que s’il se trouve des gens qui ne soient pas éclairés et sanctifiés par la lumière de l’Évangile et qui demeurent dans l’incrédulité, cela n’arrive que par leur faute et parce qu’ils sont aveuglés par l’amour du monde.
III. Que les serviteurs de Dieu et tous les chrétiens doivent supporter avec courage les afflictions les plus rudes, surtout lorsqu’elles servent à l’édification de l’église, puisqu’ils savent qu’après avoir eu part aux souffrances de Jésus-Christ, ils auront part à sa résurrection, à sa vie et à sa gloire.
IV. Que les afflictions de cette vie ne peuvent nuire qu’au corps, mais qu’elles donnent à l’âme une nouvelle force et une nouvelle vie, qu’elles sont avec cela légères et d’une courte durée et qu’enfin elles produisent en nous une gloire infiniment excellente. Mais pour en tirer ces avantages et pour ne se point laisser abattre, il faut juger des afflictions par les lumières de la foi en regardant non pas aux choses visibles qui ne sont que pour un temps, mais aux choses invisibles qui sont éternelles.
L’Apôtre continuant le discours qu’il avait commencé touchant les afflictions qu’il endurait et la consolation que lui donnait l’espérance de la résurrection et d’une meilleure vie, parle du bonheur dont les fidèles jouiront après leur mort et il dit que la considération de ce bonheur, aussi bien que celle du jugement dernier, faisait qu’il désirait avec ardeur de sortir de ce monde pour être avec le Seigneur et que dans cette attente, il souffrait courageusement les afflictions et travaillait à se rendre agréable à Dieu en s’acquittant fidèlement de son devoir.
Il revient après cela à parler de son ministère et il dit qu’il n’avait d’autre but que d’amener les hommes à la foi et que ce n’était que par là qu’il prétendait soutenir la gloire de son Apostolat contre ses adversaires. Il ajoute que la charité de Jésus-Christ, qui est mort pour tous les hommes, le pressait fortement à ne vivre que pour l’édification des fidèles.
Enfin il déclare qu’il n’avait aucun égard aux choses extérieures, tels qu’étaient les avantages que les Juifs avaient eu par-dessus les païens et dont ils se glorifiaient et que comme Dieu avait réuni ces deux peuples en se réconciliant tous les hommes par Jésus-Christ, il ne se proposait d’autre but dans les fonctions de sa charge que de conduire tous les hommes à Dieu et de les rendre de nouvelles créatures.
1 Car nous savons que si notre demeure terrestre dans cette tente est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui vient de Dieu, une maison éternelle, qui n’a point été faite par la main des hommes.
2 Et c’est à cause de cela que nous gémissons, désirant avec ardeur d’être revêtus de notre demeure céleste ;
3 si toutefois nous sommes trouvés vêtus, et non pas nus.
4 Car nous qui sommes dans cette tente, nous gémissons comme sous un poids, parce que nous souhaitons, non d’être dépouillés, mais d’être revêtus, afin que ce qu’il y a de mortel soit absorbé par la vie.
5 Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a aussi donné pour arrhes son Esprit.
6 Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons que pendant que nous habitons dans ce corps, nous sommes éloignés du Seigneur.
7 Car c’est par la foi que nous marchons et non par la vue.
8 Mais nous sommes remplis de confiance, et nous aimons mieux quitter ce corps, pour être avec le Seigneur.
9 C’est pourquoi aussi, nous nous efforçons de lui être agréables, soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous en sortions.
10 Car il nous faut tous comparaître devant le tribunal de Christ, afin que chacun reçoive selon le bien ou le mal qu’il aura fait, étant dans son propre corps.
11 Sachant donc quelle est la crainte qu’on doit avoir du Seigneur, nous tâchons d’en persuader les hommes ; et Dieu nous connaît, et je crois que vous nous connaissez aussi dans vos consciences.
12 Nous disons ceci, non pour nous faire valoir auprès de vous, mais pour vous donner occasion de vous glorifier à notre sujet, afin que vous puissiez répondre à ceux qui se glorifient de ce qui est extérieur, et non pas de ce qui est dans le cœur.
13 Car, soit que nous soyons ravis en extase, c’est pour Dieu ; soit que nous soyons de sens rassis, c’est pour vous.
14 Car la charité de Christ nous presse, étant persuadés que si un est mort pour tous, tous donc sont morts ;
15 et qu’il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent, ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.
16 C’est pourquoi, dès maintenant, nous ne connaissons plus personne selon la chair ; même si nous avons connu Christ selon la chair, nous ne le connaissons plus de cette manière.
17 Si donc quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature ; les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
18 Et tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par Jésus-Christ, et qui nous a confié le ministère de cette réconciliation.
19 Car Dieu a reconcilié le monde avec soi-même, par Christ, en n’imputant point aux hommes leurs péchés ; et il a mis en nous la parole de la réconciliation.
20 Nous faisons donc la fonction d’ambassadeurs pour Christ, comme si Dieu exhortait par nous ; et nous vous supplions au nom de Christ, que vous soyez réconciliés avec Dieu.
21 Car celui qui n’avait point connu le péché, il l’a traité, à cause de nous, comme un pécheur, afin que nous devinssions justes devant Dieu par lui.
REFLEXIONS
Ce chapitre contient des instructions très consolantes et très salutaires :
Nous y voyons premièrement que les fidèles savent et croient avec une pleine certitude que si leur corps est détruit par la mort, il y a pour eux un autre état plus heureux et une gloire éternelle qui les attend et que lorsqu’ils ont quitté ce corps, ils sont avec le Seigneur. C’est cette douce et glorieuse espérance qui les soutient dans leurs afflictions et dans leurs combats et qui les anime continuellement à une vie sainte.
II. Saint Paul nous enseigne dans ce chapitre : qu’il y a un jugement où nous devons tous paraître et où chacun recevra selon le bien ou le mal qu’il aura fait et il marque quel est l’usage qu’il faut faire de cette doctrine : c’est de vivre dans la crainte du Seigneur, de s’étudier à lui être agréable en tout temps et d’inspirer les mêmes sentiments aux autres hommes. L’Apôtre nous propose un autre motif bien pressant à nous acquitter de ces justes devoirs lorsqu’il dit que la grande charité que Jésus-Christ nous a marquée en mourant pour notre salut nous presse très fortement, si nous l’avons bien sentie, à ne vivre plus pour nous-mêmes et à employer toute notre vie pour l’édification de nos frères et pour la gloire de celui qui est mort et ressuscité pour nous.
III. Enfin, puisque le but du ministère de l’Évangile a été, comme St. Paul nous l’apprend ici, de rendre les hommes de nouvelles créatures et de les réconcilier avec Dieu par Jésus-Christ, tous ceux qui prétendent être chrétiens doivent faire un très grand cas de cet Évangile, profiter avec empressement de ce moyen que Dieu leur présente pour être réconciliés avec lui et travailler à se détacher de plus en plus du monde et des choses sensibles pour devenir des hommes nouveaux par la régénération et par une étude constante de la sainteté.
Ce chapitre a deux parties :
I. L’Apôtre dit qu’il s’était attaché à s’acquitter de son ministère avec intégrité, avec zèle, avec charité et avec patience, et cela au milieu des afflictions et des opprobres par où il est passé et il conjure les Corinthiens de répondre de leur côté à ce grand zèle et à cet amour ardent dont il était animé en leur faveur.
II. Il les exhorte à imiter son zèle et sa sincérité en faisant une profession pure du christianisme et il leur recommande surtout de n’avoir aucun commerce avec les idolâtres, soit en s’unissant avec eux par le mariage, soit en assistant à leur culte et à leurs fêtes et de s’adonner à la pureté du corps et de l’esprit.
1 Puis donc que nous travaillons avec le Seigneur, nous vous prions que ce ne soit pas en vain que vous ayez reçu la grâce de Dieu.
2 Car il est dit : Je t’ai exaucé dans le temps favorable, et je t’ai secouru au jour du salut. Voici maintenant ce temps favorable ; voici maintenant ce jour du salut.
3 Nous ne donnons aucun scandale en quoi que ce soit, afin que notre ministère ne soit point blâmé.
4 Mais nous nous rendons recommandables en toutes choses, comme des ministres de Dieu, par une grande patience dans les afflictions, dans les douleurs, dans les maux extrêmes ;
5 Dans les blessures, dans les prisons, au milieu des séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes ;
6 par la pureté, par la connaissance, par un esprit patient, par la douceur, par le Saint-Esprit, par une charité sincère ;
7 par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes de la justice, comme de celles que l’on tient de la droite et de la gauche ;
8 parmi l’honneur et l’ignominie ; parmi la mauvaise et la bonne réputation ;
9 étant regardés comme des séducteurs, quoique nous soyons connus, comme mourants, et cependant nous vivons encore ; comme châtiés, mais nous n’en mourons pas ;
10 comme affligés, et cependant toujours dans la joie ; comme pauvres, et cependant enrichissant plusieurs ; comme n’ayant rien, et cependant possédant toutes choses.
11 Ô Corinthiens ! notre bouche s’est ouverte pour vous, notre cœur s’est élargi.
12 Vous n’êtes point à l’étroit au dedans de nous ; mais vos entrailles se sont rétrécies pour nous.
13 Or, pour nous rendre la pareille (je vous parle comme à mes enfants), élargissez aussi votre cœur.
14 Ne vous unissez point avec les infidèles ; car qu’y a-t-il de commun entre la justice et l’iniquité ? et quelle union y a-t-il entre la lumière et les ténèbres ?
15 Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou qu’est-ce que le fidèle a de commun avec l’infidèle ?
16 Et quel rapport y a-t-il du temple de Dieu avec les idoles ? Car vous êtes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : J’habiterai au milieu d’eux, et j’y marcherai ; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.
17 C’est pourquoi, sortez du milieu d’eux, et vous en séparez, dit le Seigneur, et ne touchez point à ce qui est impur, et je vous recevrai ;
18 je serai votre père, et vous serez mes fils et mes filles, dit le Seigneur tout-puissant.
REFLEXIONS
Nous trouvons dans ce chapitre une description remarquable des vertus qui doivent se rencontrer dans les ministres de l’Évangile.
I. St. Paul leur apprend, par son exemple, à s’acquitter fidèlement de leur charge, à se conduire d’une manière qu’ils ne donnent aucun scandale et que leur ministère ne soit pas déshonoré et à se rendre recommandables par la pureté de leur vie, par une profession franche et ouverte de la vérité, par une charité parfaite, par la douceur, par l’humilité et par la patience dans les afflictions. Ce sont là les vertus qui font la gloire des ministres du Seigneur et qui donnent une grande efficace à l’Évangile qu’ils annoncent.
II. On voit ici en second lieu que, si les pasteurs doivent être entièrement dévoués à l’église et animés d’un amour tendre pour leurs troupeaux, les troupeaux doivent leur rendre la pareille et les aimer aussi tendrement au Seigneur.
III. Comme St. Paul défendait aux Corinthiens de se mêler avec les idolâtres, il n’est pas permis non plus aux chrétiens de s’unir avec les hommes charnels et de joindre à la profession de l’Évangile une vie mondaine. Il n’y peut avoir à cet égard aucun accord de la justice avec l’iniquité, ni de la lumière avec les ténèbres. Ainsi, nous devons fuir le commerce des mondains, nous séparer d’eux afin de ne point participer à leurs péchés et travailler à nous purifier de toutes souillures du corps et de l’esprit et à achever notre sanctification dans la crainte de Dieu. C’est à quoi nous engage la considération des grandes et excellentes promesses que le Seigneur nous a faites d’être notre Dieu et notre Père et de nous regarder comme son peuple, ses enfants et ses héritiers.
St. Paul exhorte les Corinthiens à avoir pour lui la même affection dont il était rempli pour eux. Il leur marque combien il avait été réjoui d’apprendre par Tite l’effet que l’épître qu’il leur avait écrite avait produit sur eux par rapport à l’incestueux qu’il y avait dans leur église, ce qui lui donne l’occasion de parler de la nature et des effets de la vraie repentance.
1 Ayant donc, mes bien-aimés, de telles promesses, nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu.
2 Recevez-nous, nous n’avons fait tort à personne ; nous n’avons corrompu personne ; nous n’avons trompé personne.
3 Je ne dis pas ceci pour vous condamner ; car j’ai dit ci-devant que vous êtes dans nos cœurs, pour mourir et pour vivre ensemble.
4 Je vous parle avec beaucoup de confiance ; j’ai tout sujet de me glorifier de vous ; je suis rempli de consolation ; je suis comblé de joie dans toutes nos afflictions.
5 Car, depuis que nous sommes arrivés en Macédoine, nous n’avons eu aucun repos, mais nous avons été affligés en toutes manières, ayant eu des combats au dehors, et des craintes au dedans.
6 Mais Dieu, qui console ceux qui sont abattus, nous a consolés par l’arrivée de Tite ;
7 et non-seulement par son arrivée, mais aussi par la consolation qu’il a reçue de vous, nous ayant raconté votre grand désir, vos larmes, votre zèle pour moi ; en sorte que ma joie en a été augmentée.
8 Car quoique je vous aie contristés par ma lettre, je ne m’en repens plus, bien que je m’en fusse d’abord repenti, parce que je vois que cette lettre ne vous a donné de la tristesse que pour un peu de temps.
9 Présentement je me réjouis, non de ce que vous avez été contristés, mais de ce que votre tristesse vous a portés à la repentance ; car vous avez été contristés selon Dieu, en sorte que vous n’avez reçu de notre part aucun préjudice.
10 Car la tristesse qui est selon Dieu produit une repentance qui conduit au salut, et dont on ne se repent jamais ; au lieu que la tristesse du monde produit la mort.
11 En effet, cette tristesse que vous avez eue selon Dieu, quel empressement n’a-t-elle pas produit en vous ? Quelles excuses, quelle indignation, quelle crainte, quel désir, quel zèle, quelle punition ? Vous avez montré à tous égards que vous étiez purs dans cette affaire.
12 Ainsi, quand je vous ai écrit, ce n’a pas été seulement à cause de celui qui a fait l’injure, ni à cause de celui à qui elle a été faite, mais pour vous faire connaître à tous le soin que nous prenons de vous devant Dieu.
13 C’est pourquoi votre consolation nous a consolés ; mais nous avons eu encore plus de joie de celle que vous avez donnée à Tite, en réjouissant son esprit ;
14 et si je me suis glorifié de vous devant lui en quelque chose, je n’en ai point eu de confusion ; mais comme nous avons toujours parlé selon la vérité, aussi ce que nous avons dit à Tite, en nous glorifiant de vous, s’est trouvé véritable.
15 Aussi quand il se souvient de l’obéissance que vous lui avez tous rendue, et comment vous l’avez reçu avec crainte et respect, son affection pour vous en devient plus grande.
16 Je me réjouis donc de ce qu’en toutes choses je puis me confier en vous.
REFLEXIONS
Il faut faire sur ce chapitre les considérations suivantes :
I. La première, qu’il doit y avoir entre les pasteurs et les troupeaux une grande affection et une tendresse réciproque telle qu’était celle que St. Paul avait pour les Corinthiens et qu’il souhaitait qu’ils eussent aussi pour lui.
II La manière dont les Corinthiens avaient reçu Tite et l’effet que les censures de Saint Paul avaient produites sur eux nous enseignent que les églises doivent recevoir avec amour et avec confiance les fidèles ministres du Seigneur et se soumettre à leurs corrections et à leurs remontrances.
III. La grande joie dont Saint Paul fut rempli lorsque Tite l’eut informé de l’heureux état de l’église de Corinthe montre que la plus douce satisfaction que les pasteurs puissent goûter est de voir le fruit de leur ministère et les marques de l’affection de leurs troupeaux. IV. Enfin, ce chapitre nous instruit sur la nature de la vraie repentance. St. Paul dit qu’il y a une tristesse selon le monde, c’est celle qui ne nait que de l’amour du monde et les considérations temporelles et qui n’est suivie d’aucun changement salutaire, cette tristesse ne produit que la mort, au lieu que la tristesse selon Dieu est suivie d’une paix et d’une consolation très douce et qu’elle produit des effets tout à fait avantageux, puisqu’elle remplit ceux qui en sont touchés d’une vive douleur et d’une juste indignation contre eux-mêmes, qu’elle leur inspire de la crainte et du zèle et qu’elle les porte à réparer par tous les moyens possibles le mal qu’ils ont faits.
L’Apôtre informe les Corinthiens de la libéralité que les églises de Macédoine avaient exercée dans une collecte qu’on faisait en faveur des églises de la Judée. Il les exhorte à imiter cet exemple et à achever cette collecte qui avait commencé l’année précédente et il leur dit qu’il leur envoyait pour cela Tite et une autre personne qui était apparemment Saint Luc.
1 Au reste, mes frères, nous voulons que vous sachiez la grâce que Dieu a faite aux Eglises de Macédoine ;
2 C’est qu’ayant été éprouvés par plusieurs afflictions, ils ont été remplis de joie, et que dans leur profonde pauvreté, ils ont répandu avec abondance les richesses de leur libéralité.
3 Car je leur rends ce témoignage, qu’ils ont donné volontairement, selon leur pouvoir, et même au-delà de leur pouvoir,
4 Nous priant très instamment de recevoir les aumônes et la contribution qu’ils avaient faites pour les saints.
5 Et ils n’ont pas seulement fait ce que nous avions espéré d’eux, mais ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur, et ensuite à nous, selon la volonté de Dieu ;
6 ce qui nous a fait prier Tite, que comme il avait commencé parmi vous cette œuvre de charité, il allât l’achever.
7 C’est pourquoi, comme vous abondez en toutes choses, dans la foi, dans la parole, dans la connaissance, en toutes sortes de soins, et dans l’amour que vous avez pour nous, faites-en sorte que vous abondiez aussi dans cette œuvre de charité.
8 Je ne le dis point par commandement, mais je le dis pour éprouver par l’empressement des autres la sincérité de votre charité.
9 Car vous savez quelle a été la charité de notre Seigneur Jésus-Christ qui, étant riche, s’est fait pauvre pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez rendus riches.
10 C’est donc un conseil que je vous donne sur cette affaire, car cela vous convient, à vous qui non-seulement avez commencé de le faire, mais qui en aviez eu le dessein dès l’année précédente.
11 Achevez donc maintenant ce que vous avez commencé, afin que comme la promptitude de la bonne volonté y a été, vous l’exécutiez aussi selon vos moyens.
12 Car, pourvu que la promptitude de la bonne volonté y soit, on est agréable à Dieu, selon ce qu’on a, et non selon ce qu’on n’a pas.
13 Je ne veux pas que pour soulager les autres, vous soyez surchargés ; mais je veux qu’il y ait de l’égalité.
14 Que votre abondance supplée donc présentement à leur indigence, afin que leur abondance supplée aussi à votre indigence, et qu’ainsi il y ait de l’égalité,
15 selon qu’il est écrit : Celui qui avait recueilli beaucoup de manne, n’en profitait pas davantage, et celui qui en avait recueilli peu, n’en manquait pas.
16 Je rends grâces à Dieu de ce qu’il a mis la même affection pour vous dans le cœur de Tite ;
17 de ce qu’il a reçu agréablement mon exhortation, et de ce qu’il est parti, avec un plus grand empressement et de son bon gré, pour aller vous voir.
18 Nous avons aussi envoyé avec lui ce frère qui s’est rendu célèbre dans toutes les Eglises par l’Evangile ;
19 et non-seulement cela ; mais il a été choisi, par les suffrages des Eglises, pour nous accompagner dans le voyage, et pour porter les aumônes que nous administrons à la gloire du Seigneur même, et afin de répondre à l’ardeur de votre zèle.
20 Nous l’avons fait, pour n’être point blâmés dans l’administration qui nous est confiée de ces aumônes abondantes ;
21 ayant soin de faire ce qui est bon, non-seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes.
22 Nous avons aussi envoyé avec eux un de nos frères, dont nous avons éprouvé l’affection en plusieurs rencontres, et qui en aura encore plus en celle-ci, à cause de la grande confiance qu’il a en vous.
23 Pour ce qui est de Tite, il est mon compagnon, et il travaille avec moi pour vous ; et à l’égard de nos autres frères qui l’accompagnent, ils sont les envoyés des Eglises, et la gloire de Christ.
24 Donnez-leur donc, en présence des Eglises, des preuves de votre charité, et faites voir que c’est avec sujet que nous nous glorifions de vous.
REFLEXIONS
Ce chapitre contient diverses instructions sur l’aumône.
I. La première est que les chrétiens sont obligés d’exercer la charité toutes les fois que l’occasion s’en présente et qu’ils peuvent le faire, surtout quand il s’agit d’assister leurs frères. St. Paul dit sur ce sujet que les personnes qui se sont données elles-mêmes à Dieu et qui ont bien connu et bien senti la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ s’acquittent toujours avec plaisir de ce devoir.
II. L’exemple de la grande charité et du zèle des églises de Macédoine que St. Paul propose aux Corinthiens fait voir que ceux qui exercent la charité font un très grand bien, puisqu’ils ne soulagent pas seulement les nécessiteux, mais qu’outre cela ils sont en bon exemple à toute l’église et qu’ils incitent les autres à les imiter.
III. La troisième instruction est que, dans les œuvres de la charité, Dieu a surtout égard à la promptitude et à la bonne volonté avec laquelle on donne.
IV. La quatrième que la charité doit être faite dans une juste proportion, en sorte que chacun contribue selon son pouvoir et que les uns ne soient pas plus chargés que les autres. Il paraît aussi de ce que St. Paul dit sur ce sujet qu’il est juste que ceux qui ont été assistés assistent les autres à leur tour.
V. Enfin, les grandes précautions que St. Paul apportait dans la distribution des collectes pour que personne ne pût le blâmer et le soin qu’il avait de les faire remettre à des gens fidèles et approuvées montrent qu’il faut administrer la charité avec une grande intégrité et beaucoup de prudence et que ceux qui ont les aumônes des fidèles entre les mains doivent les dispenser d’une manière qu’ils ne donnent lieu à aucun reproche, ni même, s’il se peut, à aucun soupçon.
St. Paul continue à exhorter les Corinthiens à assister les églises de la Judée et à le faire libéralement et volontairement. Et pour les engager à ce devoir, il leur propose la bénédiction que les personnes charitables ont à attendre de Dieu et les bons effets que l’exercice de la charité produit pour la gloire de Dieu et pour l’édification de l’église.
1 Il serait superflu de vous écrire plus au long, au sujet de l’assistance qu’on destine aux saints.
2 Car je sais quelle est la promptitude de votre affection ; ce qui me donne sujet de me louer de vous auprès des Macédoniens, à qui j’ai dit que l’Achaïe est toute prête dès l’année passée ; en sorte que votre zèle a excité celui de plusieurs.
3 Cependant, je vous ai envoyé nos frères, afin qu’il paraisse que ce n’est pas sans sujet que je me suis glorifié de vous à cet égard, et que vous soyez prêts, comme j’ai dit que vous l’étiez ;
4 de peur que, si les Macédoniens qui viendront avec moi ne vous trouvaient pas prêts, cela ne tournât à notre confusion, pour ne pas dire à la vôtre, après nous être loués de vous avec tant de confiance.
5 C’est pourquoi j’ai cru qu’il était nécessaire de prier nos frères de vous aller trouver avant moi, et d’achever de préparer la libéralité que vous avez promise, afin qu’elle soit prête comme une libéralité, et non comme un fruit de l’avarice.
6 Au reste, je vous avertis que celui qui sème peu moissonnera peu, et que celui qui sème abondamment moissonnera abondamment.
7 Que chacun donne selon qu’il l’a résolu en son cœur, non à regret, ni par contrainte ; car Dieu aime celui qui donne gaiement.
8 Et Dieu est tout-puissant pour vous combler de toutes sortes de grâces, afin qu’ayant toujours tout ce qui vous est nécessaire, vous ayez abondamment de quoi faire toutes sortes de bonnes œuvres ;
9 selon qu’il est écrit : Il a répandu, il a donné aux pauvres ; sa justice demeure éternellement.
10 Que celui donc qui fournit la semence au semeur, veuille aussi vous donner du pain pour manger et multiplier ce que vous avez semé, et augmenter les fruits de votre justice ;
11 afin que vous soyez enrichis en toute manière, pour faire toutes sortes de libéralités, et qu’ainsi nous ayons sujet de rendre des actions de grâces à Dieu.
12 Car l’administration de cette offrande ne pourvoira pas seulement aux besoins des saints, mais elle abondera aussi par les actions de grâces que plusieurs rendront à Dieu ;
13 A la vue des preuves de votre assistance envers les Saints, ils glorifieront Dieu, de la soumission que vous faites profession d’avoir pour l’évangile de Christ, et de la libéralité sincère dont vous usez envers eux, et envers tous les autres ;
14 et ils prieront pour vous, vous aimant affectueusement, à cause de l’excellente grâce que Dieu vous a faite.
15 Or, grâces soient rendues à Dieu de son don ineffable.
REFLEXIONS
Ce chapitre traite de l’aumône et de la charité, de même que le précédent et Paul y marque particulièrement trois choses sur ce sujet, savoir la manière dont on doit faire la charité, la récompense des gens charitables et les bons effets que la charité produit.
I. Sur la manière, St. Paul dit que pour plaire à Dieu il faut donner autant qu’on le peut, avec abondance, avec joie et de bon cœur, parce que : Dieu aime celui qui donne gaiement.
II. Les promesses qu’il fait aux Corinthiens ne nous permettent pas de douter que Dieu ne récompense les personnes bienfaisantes et charitables, même par des bénédictions temporelles en multipliant leurs biens, en sorte qu’elles ont toujours, non seulement ce qui leur est nécessaire, mais aussi de quoi assister ceux qui sont dans l’indigence.
III. Nous devons bien considérer les bons effets que la charité produit, elle réjouit les Saints, elle console les affligés et les engage à louer Dieu, elle édifie l’église, elle fait que plusieurs, voyant la libéralité des fidèles, glorifient le Saint nom de Dieu, prient pour les personnes charitables et sont portées à les imiter, ce qui tourne à un plus grand avancement de la religion et de la piété.
Ces considérations doivent inciter fortement tous les chrétiens à la charité et c’est particulièrement à ceux à qui Dieu a donné du bien de profiter de ce que Saint Paul dit dans ce chapitre et dans le précédent.
La vue de St. Paul dans ce chapitre et dans les suivants est de se défendre contre ceux qui tâchaient de diminuer son autorité parmi les Corinthiens et de le rendre méprisable. C’est dans ce dessein qu’il parle premièrement de la puissance spirituelle que Dieu lui avait donnée et de l’usage qu’il en faisait pour l’édification de l’église. Ensuite il dit qu’il n’était point rempli d’orgueil comme ceux qui parlaient mal de lui, qu’il ne prétendait point s’ingérer dans les travaux des autres, ni de s’attribuer la gloire, mais qu’il se contentait de la mesure de la grâce que Dieu lui avait départie et qu’au reste il espérait que, comme il avait annoncé le premier l’Évangile à Corinthe, il irait encore le prêcher dans des lieux plus éloignés où il n’avait pas encore été annoncé.
1 Au reste, je vous prie, moi Paul, par la douceur et par la bonté de Christ, moi, qui parais méprisable quand je suis avec vous, mais qui suis plein de hardiesse envers vous, quand je suis absent.
2 Je vous prie, dis-je, que quand je serai présent, je ne sois pas obligé de me servir avec confiance de cette hardiesse, avec laquelle j’ai dessein d’agir contre certaines personnes qui nous regardent comme si nous nous conduisions selon la chair.
3 Car, quoique nous vivions dans la chair, nous ne combattons point selon la chair.
4 Et les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes par la vertu de Dieu pour renverser les forteresses,
5 et détruire tous les conseils et toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, et pour amener captives toutes les pensées, et les soumettre à l’obéissance de Christ ;
6 étant prêts à punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance aura été accomplie.
7 Regardez-vous les choses selon l’apparence ? Si quelqu’un se persuade qu’il appartient à Christ, qu’il pense aussi en lui-même, que comme il appartient à Christ, nous lui appartenons aussi.
8 Et quand même je me glorifierais de quelque chose de plus, à cause de la puissance que le Seigneur nous a donnée pour l’édification, et non pour votre destruction, je n’en recevrais point de confusion,
9 afin qu’on ne croit pas que je veuille vous intimider par mes lettres.
10 Car ses lettres, dit-on, sont à la vérité graves et fortes ; mais la présence de son corps est faible, et sa parole est méprisable.
11 Que celui qui parle ainsi, considère que tels que nous sommes en paroles, dans nos lettres, étant absents, tels aussi nous sommes par nos actions, étant présents.
12 Car nous n’oserions nous mettre au rang de certaines personnes, qui se louent eux-mêmes, ni nous comparer à eux. Mais ils ne considèrent pas qu’ils se mesurent eux-mêmes par eux-mêmes, et qu’ils se comparent eux-mêmes avec eux-mêmes.
13 Mais, pour nous, nous ne nous glorifions point outre mesure ; mais nous nous glorifions de ce que, selon la mesure du partage que Dieu nous a assigné, nous sommes parvenus jusqu’à vous.
14 Car nous ne nous étendons pas plus que nous ne devons, comme si nous n’étions pas parvenus jusqu’à vous, puisque nous y sommes parvenus en prêchant l’évangile de Christ.
15 Nous ne nous glorifions point outre mesure, c’est-à-dire, dans le travail des autres ; mais nous espérons que votre foi étant augmentée, nous nous étendrons beaucoup plus loin, selon le partage qui nous est assigné,
16 en prêchant l’évangile dans les pays qui sont au-delà du vôtre, sans nous glorifier de ce qui a déjà été fait dans le partage des autres.
17 Que celui donc qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur.
18 Car ce n’est pas celui qui se recommande soi-même, qui est approuvé, mais c’est celui que le Seigneur recommande.
REFLEXIONS
Le soin que Saint Paul prend de se justifier et de se défendre contre ceux qui le blâmaient et ce qu’il dit de son autorité et de la puissance spirituelle que Dieu lui avait donnée fait voir qu’on peut soutenir son innocence, pourvu qu’on le fasse avec modération et dans de bonnes vues.
Cela montre en particulier que bien que les serviteurs de Dieu doivent être entièrement éloignés de l’orgueil, il leur est pourtant permis et qu’ils y sont même obligés de soutenir l’honneur de leur ministère et de se servir de l’autorité qu’ils ont reçue de Jésus-Christ, conformément à ses intentions, résistant avec fermeté à tous ceux qui veulent empêcher l’édification de l’église et se proposant pour but, non leur propre gloire ou leurs intérêts, mais d’avancer le règne de Dieu, de détruire tout ce qui s’oppose à sa connaissance et d’amener les pensées des hommes à l’obéissance de Jésus-Christ.
Cela nous apprend aussi que les chrétiens doivent avoir leurs pasteurs en révérence et se soumettre à eux puisque leur charge vient aussi de Jésus-Christ et que, quoi qu’ils soient inférieurs aux apôtres, le Seigneur les a établis pour conduire son église.
Enfin, la manière dont Saint Paul parle de lui-même et les réflexions qu’il fait sur l’orgueil de ces docteurs qui lui étaient opposés nous doit faire reconnaître que l’humilité est le caractère des vrais ministres de Jésus-Christ, qu’ils doivent se renfermer dans les bornes de leur vocation et dans les fonctions auxquelles ils sont appelés er que c’est un très grand malheur pour l’église quand les ministres sont animés d’un esprit d’orgueil, de présomption, d’envie et de jalousie et qu’ils causent de la division et du trouble.
St. Paul dit aux corinthiens : I. Que le grand amour qu’il avait pour eux et la crainte qu’ils ne se laissassent séduire par ceux qui travaillaient à l’abaisser le contraignait à leur parler, quoique malgré lui, des avantages dont Dieu l’avait enrichi et de ce qu’il avait fait pour eux. II. Il les fait souvenir qu’il leur avait annoncé l’Évangile sans rien recevoir d’eux afin d’ôter tout prétexte aux faux apôtres qui n’en usaient pas comme lui. III. Il montre qu’il pouvait se glorifier d’être au-dessus de ces faux docteurs qui étaient Juifs et cela par ses grands travaux et par ses souffrances dont il fait un dénombrement très remarquable.
1 Plût à Dieu que vous supportassiez un peu mon imprudence ! mais, je vous prie, supportez-moi.
2 Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai engagés à un seul Époux, pour vous présenter à Christ comme une vierge chaste.
3 Mais je crains que, comme le serpent séduisit Ève par sa ruse, vos esprits ne se laissent corrompre, se détournant de la simplicité qui est en Christ.
4 Car s’il venait quelqu’un qui vous prêchât un autre Jésus que celui que nous vous avons prêché, ou un autre Esprit que celui que vous avez reçu, ou un autre évangile que celui que vous avez embrassé, vous le souffririez fort bien ;
5 Mais j’estime que je n’ai été en rien inférieur aux plus excellents apôtres.
6 Que si je suis comme un homme du commun à l’égard du langage, je ne le suis pas à l’égard de la connaissance ; mais nous nous sommes fait connaître parmi vous à tous égards et en toutes choses.
7 Ai-je donc mal fait de m’abaisser moi-même, afin que vous fussiez élevés, vous ayant annoncé gratuitement l’évangile de Dieu ?
8 J’ai dépouillé les autres Églises, en recevant d’elles de quoi m’entretenir, pour vous servir.
9 Et lorsque je me suis trouvé dans le besoin parmi vous, je n’ai été à charge à personne ; car les frères qui étaient venus de Macédoine, ont suppléé à ce qui me manquait ; et je me suis gardé de vous être à charge en quoi que ce fût, et je m’en garderai encore.
10 J’atteste la vérité de Christ, laquelle est en moi, que ce sujet que j’ai de me glorifier dans toute l’Achaïe, ne me sera point ôté.
11 Pourquoi ? Est-ce parce que je ne vous aime pas ? Dieu le sait.
12 Mais ce que j’en fais, et que je ferai encore, c’est afin d’ôter tout prétexte à ceux qui ne cherchent que des prétextes, et afin qu’il se trouve qu’ils n’ont aucun avantage sur nous dans les choses dont ils se vantent.
13 Car ces sortes de faux apôtres sont des ouvriers trompeurs, qui se déguisent en apôtres de Christ.
14 Et il ne faut pas s’en étonner, car Satan même se déguise en ange de lumière.
15 Il n’est donc pas surprenant si ses ministres se déguisent aussi en ministres de la justice, mais leur fin sera telle que leurs œuvres.
16 Je le dis encore : Que personne ne me regarde comme un imprudent ; sinon supportez mon imprudence, afin que je me glorifie aussi un peu.
17 Ce que je dis dans cette confiance avec laquelle je me glorifie, je ne le dis pas selon le Seigneur, mais comme par imprudence.
18 Puisque plusieurs se glorifient selon la chair, je me glorifierai aussi.
19 Car vous souffrez sans peine les imprudents, parce que vous êtes sages.
20 Même, si quelqu’un vous assujettit, si quelqu’un vous mange, si quelqu’un prend ce qui est à vous, si quelqu’un vous frappe au visage, vous le souffrez.
21 J’ai honte de le dire, on nous regarde comme si nous n’avions aucun pouvoir ; mais de quelque chose que quelqu’un ose se vanter (je parle en imprudent), j’ose aussi m’en vanter.
22 Sont-ils Hébreux ? je le suis aussi. Sont-ils Israélites ? je le suis aussi. Sont-ils de la postérité d’Abraham ? j’en suis aussi.
23 Sont-ils ministres de Christ (je parle en imprudent) ? je le suis plus qu’eux ; j’ai souffert plus de travaux qu’eux, plus de blessures, plus de prisons ; j’ai été plusieurs fois en danger de mort ;
24 j’ai reçu des Juifs cinq fois quarante coups de fouet moins un ;
25 J’ai été battu de verges trois fois ; j’ai été lapidé une fois ; j’ai fait naufrage trois fois ; j’ai passé un jour et une nuit dans le profond de la mer ;
26 j’ai été souvent en voyage ; j’ai été en danger sur les rivières, en danger de la part des voleurs, en danger parmi ceux de ma nation, en danger parmi les Gentils, en danger dans les déserts, en danger sur la mer, en danger parmi les faux frères ;
27 dans les peines, dans les travaux, dans les veilles, dans la faim, dans la soif, dans les jeûnes, dans le froid, dans la nudité.
28 Outre les choses qui me viennent du dehors, je suis comme assiégé tous les jours par les soucis que me donnent toutes les Églises.
29 Quelqu’un est-il affligé, que je n’en sois aussi affligé ? Quelqu’un est-il scandalisé, que je n’en sois aussi comme brûlé ?
30 S’il faut se glorifier, je me glorifierai de ce qui regarde mes afflictions.
31 Dieu qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, et qui est béni éternellement, sait que je ne mens point.
32 A Damas, celui qui en était gouverneur pour le roi Arrétas, faisait faire la garde dans la ville des Damascéniens, voulant se saisir de moi ;
33 mais on me descendit de la muraille par une fenêtre, dans une corbeille, et j’échappai ainsi de ses mains.
REFLEXIONS
Ce qu’on remarque en général dans ce chapitre, c’est que Saint Paul y soutient l’honneur de son apostolat, mais d’une manière extrêmement humble et que, s’il parle avantageusement de soi-même, les adoucissements et les excuses qu’il apporte montrent assez qu’il était contraint d’en user ainsi. De là on doit conclure qu’il faut toujours parler de soi-même avec une grande modestie et qu’en particulier cette humilité et cette modestie conviennent aux ministres de Jésus-Christ, mais qu’ils peuvent pourtant défendre leur innocence et leur ministère lorsque cela est nécessaire pour l’édification publique.
II. La crainte que Saint Paul avait que les Corinthiens ne se laissassent détourner de la pureté et de la simplicité de l’Évangile par de faux docteurs et ce qu’il dit que les ministres de satan se transforment en anges de lumière avertit les chrétiens d’être sur leurs gardes, de bien discerner les doctrines et ceux qui les enseignent et de ne pas se laisser surprendre par de fausses apparences de piété et de zèle.
III. On voit ici que Saint Paul n’avait rien voulu recevoir des Corinthiens quoiqu’il les aimât et qu’il fût aimé d’eux. Il en usa de la sorte pour ne donner aucun prétexte à ceux qui cherchaient à le rendre suspect et pour montrer qu’il ne ressemblait pas aux faux docteurs qui le décriaient et qui étaient dans le fond des mercenaires. Ce caractère de prudence et de désintéressement doit se rencontrer dans tous les pasteurs et c’est ce qui donne un grand poids à leur ministère et à toutes leurs fonctions.
IV. On doit bien considérer le récit que l’Apôtre fait ici de ses grandes souffrances et de tant de dangers et de persécutions par où il avait passé et dont Dieu l’avait tiré. C’est là une belle preuve de son zèle, de sa sincérité et de la vérité de la doctrine qu’il annonçait. Cela montre aussi que les souffrances ne doivent point étonner les chrétiens et surtout les serviteurs de Jésus-Christ.
V. Enfin, St. Paul fait connaître qu’outre les souffrances qu’il endurait en sa personne, il était continuellement en souci pour les églises du Seigneur et qu’il n’arrivait aucun mal à l’église ou à quelqu’un des fidèles qu’il n’en fût affligé et comme brûlé. Tous les vrais pasteurs sont animés du même esprit, les devoirs de leur ministère, le soin des âmes et les divers besoins de leurs troupeaux les occupent et les inquiètent jour et nuit et ils sont sensibles à ce qui regarde l’édification de l’église plus qu’à tout autre chose.
Saint Paul continuant à parler des avantages qui le distinguaient, des autres ministres fait le récit de son ravissement au Ciel, mais il le fait avec beaucoup d’humilité et de modestie. Après cela il dit aux Corinthiens qu’il irait bientôt vers eux et comme il ne leur avait pas été à charge par le passé, il ne serait point encore. Il leur témoigne une extrême tendresse et il déclare qu’il ne leur avait écrit comme il venait de le faire que pour leur édification et afin qu’il ne fût pas obligé de les traiter avec sévérité lorsqu’il irait à Corinthe.
1 Certainement il ne me convient pas de me vanter, car j’en viendrai jusqu’aux visions et aux révélations du Seigneur.
2 Je connais un homme en Christ, qui fut ravi jusqu’au troisième ciel, il y a plus de quatorze ans (si ce fut en corps, je ne sais ; si ce fut sans son corps, je ne sais ; Dieu le sait),
3 et je sais que cet homme (si ce fut en son corps, ou si ce fut sans son corps, je ne sais, Dieu le sait),
4 fut ravi dans le paradis, et y entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas possible à l’homme d’exprimer.
5 Je puis me glorifier d’être cet homme-là ; mais pour ce qui est de moi, je ne me glorifierai que de mes afflictions.
6 Si je voulais me glorifier, je ne serais point imprudent, car je ne dirais que la vérité ; mais je m’en abstiens, afin que personne ne m’estime au-dessus de ce qu’il voit en moi, ou de ce qu’il m’entend dire.
7 Et de peur que je ne m’élevasse trop, à cause de l’excellence de mes révélations, il m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan, pour me souffleter, et pour m’empêcher de m’élever.
8 Trois fois j’ai prié le Seigneur, que cet ange de Satan se retirât de moi.
9 Mais il m’a dit : Ma grâce te suffit ; car ma force s’accomplit dans la faiblesse. Je me glorifierai donc plus volontiers dans mes faiblesses, afin que la force de Christ habite en moi.
10 C’est pourquoi je me plais dans les faiblesses, dans les opprobres, dans les misères, dans les persécutions, dans les afflictions extrêmes pour Christ ; car lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.
11 J’ai été imprudent en me vantant ; c’est vous qui m’y avez contraint, car c’était à vous à parler avantageusement de moi, vu que je n’ai été inférieur en rien aux plus excellents apôtres, quoique je ne sois rien.
12 Aussi les preuves de mon apostolat ont-elles éclaté parmi vous par une patience à toute épreuve, par des prodiges, par des merveilles et par des miracles.
13 Car, en quoi avez-vous été inférieurs aux autres Eglises, sinon en ce que je ne vous ai point été à charge ; pardonnez-moi ce tort que je vous ai fait.
14 Voici pour la troisième fois que je suis prêt à vous aller voir ; et je ne vous serai point à charge, car ce n’est pas vos biens que je cherche, c’est vous-mêmes ; aussi n’est-ce pas aux enfants à amasser du bien pour leurs pères ; mais c’est aux pères à en amasser pour leurs enfants.
15 Et pour moi je dépenserai très volontiers pour vous tout ce que j’ai, et je me donnerai encore moi-même pour vos âmes ; quoique, vous aimant avec tant d’affection, je sois moins aimé.
16 On dira peut-être que, si je ne vous ai point été à charge, c’est qu’étant un homme artificieux, j’ai voulu user de finesse pour vous surprendre.
17 Mais ai-je tiré du profit de vous par quelqu’un de ceux que je vous ai envoyés ?
18 J’ai prié Tite d’aller vous voir, et j’ai envoyé un de nos frères avec lui. Tite a-t-il tiré du profit de vous ? N’avons-nous pas agi par le même esprit ? n’avons-nous pas marché sur les mêmes traces ?
19 Pensez-vous que nous voulions encore nous justifier auprès de vous ? Nous parlons devant Dieu en Christ ; et tout cela, mes très chers frères, pour votre édification.
20 Car je crains qu’à mon arrivée je ne vous trouve pas tels que je voudrais, et que vous aussi ne me trouviez pas tel que vous voudriez, et qu’il n’y ait parmi vous des contestations, des jalousies, des animosités, des dissensions, des médisances, des rapports, de l’orgueil et des troubles ;
21 et qu’étant retourné vers vous, mon Dieu ne m’humilie, et que je ne sois en pleurs au sujet de plusieurs, qui ayant péché ci-devant, ne se sont point amendés de l’impureté, de la fornication et des impudicités qu’ils ont commises.
REFLEXIONS
Le ravissement de Saint Paul dont il est parlé dans ce chapitre a été un privilège tout à fait glorieux pour cet Apôtre et qui prouve que sa vocation était divine et en même temps qu’il y a une vie et une gloire éternelle réservée dans le Ciel pour les fidèles. La manière dont St. Paul rapporte ce ravissement et les excuses dont il se sert en faisant ce récit montrent qu’il peut nous être permis de parler des grâces que Dieu nous a accordées, mais il ne faut le faire que lorsque cela est nécessaire pour la gloire de Dieu et toujours avec un humble sentiment de notre indignité et nullement pour nous vanter ou pour nous élever.
Cet Apôtre dit que Dieu avait mis une écharde en sa chair, c’est-à-dire en son corps, afin qu’il ne s’élevât pas à cause des révélations qu’il avait eues lorsqu’il fut ravi dans le paradis et qu’un mauvais ange le faisait souffrir par la permission de Dieu. Cela nous montre qu’il est dangereux qu’on ne s’élève quand on a quelque avantage considérable et qu’il est nécessaire que Dieu envoie, même aux plus Saints, des afflictions et des sujets de mortification pour les contenir dans l’humilité. Saint Paul nous apprend qu’il avait prié instamment pour être délivré de cette affliction, mais que le Seigneur ne lui accorda pas sa demande et qu’il dit : Ma grâce te suffit.
Dieu ne manque jamais d’accorder les grâces qui regardent les besoins de l’âme et du salut à ceux qui les lui demandent, mais il n’exauce pas toujours les prières qui tendent à obtenir la délivrance des maux du corps. Alors sa grâce qui donne la force de les endurer doit nous suffire et il ne nous laisse dans la souffrance qu’afin de faire voir d’autant mieux sa vertu dans notre faiblesse.
Enfin, Saint Paul marque ici l’affection tendre et paternelle dont il était animé envers les Corinthiens. Il n’avait en vue que de les édifier, il était prêt à donner sa vie pour eux et il craignait même d’être obligé de traiter avec sévérité ceux qui ne s’étaient pas amendés.
Tels sont les sentiments des fidèles pasteurs, ils aiment tendrement leurs troupeaux, ils se dévouent entièrement à leur édification et c’est toujours un sujet de douleur pour eux de se voir contraints d’employer la rigueur des censures contre ceux qui donnent du scandale et qui sont incorrigibles.
L’Apôtre avertit encore une fois les Corinthiens qu’il irait les voir, qu’il n’épargnerait point ceux qui ne se seraient pas amendés et que, puisque quelques-uns d’entre eux semblaient douter de son autorité, il leur ferait sentir par l’expérience et par les effets que, comme Jésus-Christ quoi qu’il eût été un homme faible régnait par la puissance de Dieu, lui aussi, quoiqu’on le regardât comme un homme infirme et même méprisable, avait pourtant reçu la puissance et l’autorité d’un apôtre de Jésus-Christ. Il les exhorte à s’examiner eux-mêmes et à se corriger et il leur dit qu’il ne souhaitait rien tant que de les trouver dans un bon état afin qu’il ne fût pas contraint d’user de sévérité envers eux, dût-on même révoquer en doute sa qualité d’apôtre. Il finit par une exhortation générale à l’amendement et à la paix et par des vœux.
1 Voici la troisième fois que je suis prêt à vous aller voir. Sur le rapport de deux ou trois témoins toute affaire sera décidée.
2 J’ai déjà dit, et je le dis encore pour la seconde fois, comme si j’étais présent, et maintenant étant absent, je l’écris à ceux qui ont péché ci-devant, et à tous les autres, que si je retourne chez vous, je n’épargnerai personne ;
3 puisque vous cherchez une preuve que Christ parle par moi, lui qui n’est point faible à votre égard, mais qui est puissant au milieu de vous.
4 Car encore qu’il ait été crucifié selon la faiblesse de la chair, toutefois, il est vivant par la puissance de Dieu ; et nous de même, nous sommes aussi faibles comme lui, mais nous vivrons avec lui par la puissance de Dieu au milieu de vous.
5 Examinez-vous vous-mêmes, pour voir si vous êtes dans la foi ; éprouvez-vous vous-mêmes ; ne reconnaissez-vous pas vous-mêmes que Jésus-Christ est en vous ? à moins que, peut-être, vous ne fussiez réprouvés.
6 Mais j’espère que vous reconnaîtrez que pour nous, nous ne sommes point réprouvés.
7 Et je prie Dieu que vous ne fassiez aucun mal ; non pour nous attirer de l’approbation, mais afin que vous fassiez ce qui est bon, dussions-nous être désapprouvés nous-mêmes.
8 Car nous n’avons aucune puissance contre la vérité, nous n’en avons que pour la vérité.
9 Et nous avons de la joie, lorsque nous sommes dans la faiblesse, pourvu que vous soyez forts ; et ce que nous demandons à Dieu, c’est votre parfait affermissement.
10 C’est pourquoi j’écris ces choses étant absent, afin que lorsque je serai présent, je ne sois pas obligé d’user de sévérité, selon la puissance que le Seigneur m’a donnée pour édifier, et non pour détruire.
11 Au reste, mes frères, soyez joyeux ; tendez à la perfection ; consolez-vous ; ayez un même sentiment ; vivez en paix ; et le Dieu de charité et de paix sera avec vous.
12 Saluez-vous les uns les autres par un saint baiser. Tous les saints vous saluent.
13 La grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communication du Saint-Esprit soient avec vous tous. Amen.
REFLEXIONS
On doit remarquer dans ce chapitre le zèle et en même temps la douceur, la charité et l’humilité de St. Paul. Cet Apôtre était résolu à ne pas épargner ceux qui seraient incorrigibles, cependant il souhaitait qu’ils s’amendassent et qu’il ne se vît pas obligé de se servir contre eux de la puissance qu’il avait reçue de Jésus-Christ en qualité d’Apôtre.
À l’imitation de St. Paul, les ministres de Jésus-Christ doivent être animés d’un esprit de charité et d’humilité, se servir autant qu’ils le peuvent de la douceur plutôt que de la rigueur et cependant ne pas épargner les pécheurs endurcis lorsque la nécessité le demande. Il paraît aussi de là qu’il est plus louable et plus agréable à Dieu que les chrétiens fassent leur devoir d’eux-mêmes et volontairement que s’il fallait employer les menaces ou les censures de l’église pour les y engager.
St. Paul conclut cette épître en exhortant les Corinthiens à la joie spirituelle, à l’amendement et à la paix par ces paroles : Au reste mes frères, soyez dans la joie, tendez à la perfection, consolez-vous, ayez un même sentiment, vivez en paix et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous.
C’est là l’état auquel tous les chrétiens doivent aspirer et dans lequel ils doivent s’affermir de plus en plus et c’est aussi le moyen d’avoir part à l’amour de Dieu, à sa paix et aux effets de sa miséricorde en Jésus-Christ notre Seigneur.
La seconde épître aux Corinthiens a été écrite de Philippes de Macédoine, et portée par Tite et Luc.
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ARGUMENT
Saint Paul, étant prisonnier à Rome, écrivit cette épître vers l’an 61 de notre Seigneur à l’église d’Éphèse qu’il avait fondée, ayant fait un assez long séjour dans cette ville-là, comme on le voit dans le livre des Actes. Cette épître à deux parties. Dans la première, qui est contenue dans les trois premiers chapitres, il représente aux Éphésiens la grâce que Dieu leur avait faite de les recevoir dans son alliance, eux qui avaient été païens pour la plupart. Dans la seconde, il les exhorte à la sainteté et il les instruit des principaux devoirs de la vie chrétienne et c’est ce qu’il fait dans les trois derniers chapitres.
Chapitres Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Chapitre V. Chapitre VI. Livres du Nouveau Testament.
L’apôtre rend grâce à Dieu de ce qu’il avait élu les Éphésiens pour le salut et de ce qu’ils avaient été enrichis de la connaissance de Jésus-Christ et des dons du Saint-Esprit. Après cela il prie le Seigneur qu’il leur augmente ces lumières et ces dons et qu’il leur fasse la grâce de bien comprendre l’excellence de leur vocation et de la gloire à laquelle ils étaient appelés en Jésus-Christ notre Seigneur.
1 Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, aux saints et fidèles en Jésus-Christ, qui sont à Ephèse.
2 La grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et du Seigneur Jésus-Christ.
3 Béni soit Dieu, qui est le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, par Jésus-Christ ;
4 comme il nous avait élus en lui avant la création du monde, afin que nous fussions saints et irrépréhensibles devant lui par la charité ;
5 nous ayant prédestinés à nous adopter pour être ses enfants par Jésus-Christ, par un effet de sa bonne volonté ;
6 à la louange de la gloire de sa grâce, qu’il nous a gratuitement accordée en son Fils bien-aimé.
7 C’est en lui que nous avons la rédemption par son sang, savoir, la rémission des péchés selon les richesses de sa grâce,
8 qu’il a répandue avec abondance sur nous par toute sorte de sagesse et d’intelligence ;
9 nous ayant fait connaître le secret de sa volonté par un effet de sa bienveillance, selon qu'il l’avait auparavant résolu en soi-même ;
10 afin que, quand les temps de la dispensation de sa grâce seraient accomplis, il réunît toutes choses en Christ, tant ce qui est dans les cieux, que ce qui est sur la terre.
11 C’est en lui aussi que nous avons été appelés à l’héritage, ayant été prédestinés, suivant la résolution de celui qui fait toutes choses selon son bon plaisir;
12 afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui avons les premiers espéré en Christ.
13 Et vous êtes aussi en lui, après avoir entendu la parole de la vérité, qui est l’évangile de votre salut, et ayant cru en lui, vous avez été scellés du Saint-Esprit qui avait été promis ;
14 lequel est un gage de notre héritage, jusqu’à l’entière rédemption de ceux qu’il s’est acquis, à la louange de sa gloire.
15 C’est pourquoi, ayant aussi entendu parler de la foi que vous avez en notre Seigneur Jésus, et de votre charité envers tous les saints,
16 je ne cesse de rendre des actions de grâces pour vous, faisant mention de vous dans mes prières ;
17 afin que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne l’esprit de sagesse et de révélation par sa connaissance ;
18 qu’il éclaire les yeux de votre esprit, afin que vous connaissiez quelle est l’espérance à laquelle vous êtes appelés, et quelles sont les richesses de la gloire de son héritage dans les saints ;
19 et quelle est l’infinie grandeur de sa puissance envers nous qui croyons, par l’efficace de sa vertu toute-puissante,
20 qu’il a déployée en Christ, quand il l’a ressuscité des morts, et qu’il l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes,
21 au-dessus de toute principauté, de toute puissance, de toute dignité, de toute domination, et de tout nom qui se peut nommer, non-seulement dans ce siècle, mais aussi dans celui qui est à venir.
22 Et il a mis toutes ces choses sous ses pieds, et l’a établi sur toutes choses, pour être le chef de l’Eglise,
23 qui est son corps, et l’accomplissement de celui qui accomplit tout en tous.
REFLEXIONS
Le premier chapitre de cette épitre nous apprend :
I. Que le plus grand bien que Dieu ait jamais fait aux hommes a été de leur donner la connaissance de Jésus-Christ, de leur destiner le salut et de les y appeler par l’Évangile ;
II. Que la source d’une si grande grâce et de toutes les bénédictions spirituelles dont nous jouissons est la seule miséricorde de Dieu qui a bien voulu nous élire pour le salut en son fils ;
III. Que nos cœurs doivent être touchés d’une faveur si précieuse et que nous devons en louer Dieu continuellement disant avec Saint Paul : Bénit soit Dieu qui est le père de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes par Jésus-Christ !
IV. Que le but que Dieu s’est proposé en nous choisissant ainsi et en nous appelant à sa connaissance a été de nous rendre saints et irrépréhensibles devant lui dans la charité et qu’ainsi la sainteté doit être notre principale tâche comme c’est aussi l’unique moyen de parvenir à la gloire.
V. Les vœux que Saint Paul fait pour les Éphésiens nous apprennent que ce n’est pas assez d’avoir été éclairés une fois des lumières de l’Évangile et d’avoir eu quelque sentiment de Dieu, mais qu’il faut aller toujours en croissant dans le bien et travailler à acquérir tous les jours de nouvelles lumières et à faire des progrès continuels dans la sainteté.
VI. Enfin, puisque tout notre bonheur et notre avancement dans la foi et dans la piété dépend, comme Saint Paul le dit en des termes si forts, de bien connaître l’excellence de la vocation divine et des biens du Ciel, nous devons y penser continuellement et demander à Dieu qu’il nous éclaire et qu’il nous fortifie de plus en plus par sa grâce faisant sans cesse ce beau vœu de l’apôtre : Que le Dieu de notre Seigneur Jésus-Christ, le Père de gloire, nous donne l’esprit de sagesse et les yeux de notre esprit éclairés afin que nous connaissions quelle est l’espérance de sa vocation et quelles sont les richesses et la gloire de son héritage qu’il a destinées aux Saints !
L’apôtre montre premièrement dans ce chapitre que dans le temps que tous les hommes, tant Juifs que païens, étaient morts dans leurs péchés, Dieu les avait sauvés par Jésus-Christ et il remarque surtout qu’ils étaient redevables d’un si grand avantage à la seule miséricorde de Dieu qui les avait tirés de cet état de condamnation et de corruption et les avait rendus propres à faire de bonnes œuvres.
Après cela, il rappelle aux Éphésiens qu’ils avaient autrefois été païens et exclus de l’alliance de Dieu, de la grâce que Dieu avait accordée en ôtant la distinction qu’il y avait entre eux et les Juifs et en les réunissant ainsi tous pour n’être plus qu’un seul peuple et ne composer désormais tous ensemble qu’une seule maison et un seul temple consacré au Seigneur.
1 Vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés.
2 dans lesquels vous avez vécu autrefois, selon le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l’air, qui est l’esprit qui agit maintenant dans les enfants de rébellion ;
3 du nombre desquels aussi nous étions tous autrefois, vivant selon nos passions charnelles, accomplissant les désirs de la chair et de nos pensées ; et nous étions naturellement des enfants de colère, comme les autres.
4 Mais Dieu, qui est riche en miséricorde par sa grande charité dont il nous a aimés,
5 lorsque nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec Christ, par la grâce duquel vous êtes sauvés ;
6 et il nous a ressuscités ensemble et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes, en Jésus-Christ ;
7 afin qu’il fît connaître dans les siècles à venir les immenses richesses de sa grâce, par la bonté dont il a usé envers nous en Jésus-Christ.
8 Car vous êtes sauvés par grâce, par la foi ; et cela ne vient pas de vous, c’est un don de Dieu ;
9 ce n’est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie.
10 Car nous sommes son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour les bonnes œuvres, pour lesquelles Dieu nous a préparés, afin que nous y marchions.
11 C’est pourquoi souvenez-vous que vous, qui étiez autrefois Gentils dans la chair, et qui étiez appelés incirconcis par ceux qu’on appelle circoncis, à cause de la circoncision, faite dans la chair par la main des hommes,
12 étiez en ce temps-là sans Christ, séparés de la république d’Israël, étrangers par rapport aux alliances et aux promesses, n’ayant point d’espérance, et étant sans Dieu dans le monde.
13 Mais maintenant, étant en Jésus-Christ, vous qui étiez autrefois éloignés, vous avez été rapprochés par le sang de Christ.
14 Car c’est lui qui est notre paix, et qui des deux peuples n’en a fait qu’un, en abattant le mur de séparation ;
15 ayant détruit par sa chair la cause de leur inimitié, qui était la loi des préceptes, laquelle consistait en des ordonnances ; afin que des deux peuples il formât en lui-même un seul homme nouveau, après avoir fait la paix ;
16 et qu’il les réconciliât les uns et les autres avec Dieu, par sa croix, pour ne faire qu’un seul corps, ayant détruit par elle l’inimitié.
17 Ainsi il est venu annoncer la paix, à vous qui étiez loin, et à ceux qui étaient près ;
18 car c’est par lui que nous avons, les uns et les autres, accès auprès du Père, dans un même Esprit.
19 Ainsi vous n’êtes plus des étrangers, ni des gens de dehors, mais vous êtes concitoyens des saints, et domestiques de Dieu ;
20 étant un édifice bâti sur le fondement des apôtres et des prophètes ; Jésus-Christ lui-même étant la pierre de l’angle ;
21 sur qui tout l’édifice, posé et lié dans toutes ses parties, s’élève pour être un temple consacré au Seigneur ;
22 par qui vous êtes entrés dans la structure de cet édifice, pour être la maison de Dieu en esprit.
REFLEXIONS
Nous avons à considérer ici :
I. Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ. Il s’ensuit de là que si nous sommes sauvés, c’est par la pure grâce de Dieu et que cela ne vient point de nous-mêmes.
Mais cette doctrine nous fait voir en même temps que le but de Dieu a été de retirer les hommes de leur corruption et de les sanctifier et que, quoique nous ne soyons pas sauvés par les œuvres,
Dieu nous a pourtant créés et destinés pour les bonnes œuvres comme le dit St Paul, et qu’il nous a préparés afin que nous y marchions.
II. L’on voit dans ce chapitre que la distinction qu’il y avait autrefois entre les Juifs et les païens a été abolie, Jésus-Christ ayant fait annoncer le salut aux païens qui étaient éloignés de son alliance aussi bien qu’aux Juifs. Cette doctrine doit produire en nous, qui descendons des païens, un vif sentiment de la bonté de Dieu et nous faire souvenir : que nous étions autrefois Gentils, n’ayant point d’espérance et étant sans Dieu au monde, mais que nous avons été rapprochés par Jésus-Christ en sorte que nous ne sommes plus des étrangers, mais que nous sommes les concitoyens des saints et les domestiques de Dieu.
Une si grande faveur nous engage à beaucoup de reconnaissance et à une vie qui soit digne de la gloire de notre condition et de l’heureux état où Dieu a bien voulu nous mettre.
Après que Saint Paul a enseigné dans le chapitre précédent que les païens, qui étaient devenus chrétiens, ne composaient plus qu’un même peuple avec les Juifs convertis, il dit aux Éphésiens qu’il était prisonnier à Rome pour avoir annoncé cette doctrine, les Juifs l’ayant accusé et livré aux païens à cette occasion. Il remarque que la vocation des Gentils avait été dans les siècles précédents un mystère caché et inconnu aux hommes, mais que Dieu, qui l’avait fait annoncer par les prophètes, l’avait révélé aux apôtres par le Saint-Esprit et il exhorte les Éphésiens à ne point perdre courage à cause des afflictions qu’il endurait et qui leur étaient si glorieuses et si utiles.
Ensuite il prie Dieu de les affermir dans sa vocation, de les fortifier dans la foi, dans la charité et dans toutes sortes de dons spirituels et de leur faire la grâce de connaître de plus en plus la grandeur et la merveille de la charité de notre Seigneur Jésus-Christ.
1 C’est à cause de cela que moi, Paul, je suis prisonnier de Jésus-Christ pour vous, les Gentils ;
2 car vous avez sans doute appris quelle est la dispensation de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée pour vous ;
3 et que c’est par révélation que Dieu m’a fait connaître ce mystère, comme je viens de vous l’écrire en peu de mots ;
4 par où vous pouvez connaître, en le lisant, quelle est l'intelligence que j’ai du mystère de Christ ;
5 mystères qui n’a point été découvert aux enfants des hommes dans les temps passés, comme il a été révélé dans ce temps-ci, par l’Esprit, à ses saints apôtres et aux prophètes ;
6 qui est, que les Gentils sont cohéritiers, qu’ils font un même corps, et qu’ils participent à la promesse que Dieu a faite en Christ par l’Evangile ;
7 duquel j’ai été fait le ministre, par un don de la grâce de Dieu, qui m’a été donnée par l’efficace de sa puissance.
8 Cette grâce, dis-je, m’a été donnée, à moi qui suis le moindre de tous les saints, pour annoncer parmi les Gentils les richesses incompréhensibles de Christ ;
9 et pour mettre en évidence devant tous les hommes, quelle est la dispensation du mystère qui a été caché de tout temps en Dieu, qui a créé toutes choses par Jésus-Christ ;
10 afin que la sagesse de Dieu, qui est infiniment diverse, soit maintenant manifestée par l’Eglise aux principautés et aux puissances dans les lieux célestes,
11 selon le dessein qu’il avait formé de tout temps, et qu’il a exécuté par Jésus-Christ notre Seigneur,
12 en qui nous avons la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance, par la foi que nous avons en lui.
13 C’est pourquoi je vous prie de ne vous point décourager à cause des afflictions que je souffre pour vous ; ce qui fait votre gloire.
14 C’est pour ce sujet que je fléchis les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
15 duquel toute la famille qui est dans les cieux et sur la terre, tire son nom ;
16 afin que, selon les richesses de sa gloire, il vous accorde la grâce d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur ;
17 en sorte que Christ habite dans vos cœurs par la foi ;
18 et qu’étant enracinés et fondés dans la charité, vous puissiez comprendre, avec tous les saints, quelle en est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur ;
19 et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, afin que vous soyez remplis de toute la plénitude des dons de Dieu.
20 Or, à celui qui, par la puissance qui agit en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et que nous pensons ;
21 à lui soit rendue la gloire dans l’Eglise, par Jésus-Christ, dans tous les âges, aux siècles des siècles. Amen.
REFLEXIONS
Saint Paul enseigne dans ce chapitre que la vocation des païens était un mystère inconnu avant la venue de Jésus-Christ, mais que ce mystère avait été révélé par le Saint-Esprit aux apôtres. Cela nous engage à bénir Dieu de tout notre cœur, non seulement de ce que nous vivons dans un temps où ce mystère a été manifesté, mais surtout de ce que nous sommes de ces nations qui étaient autrefois dans les ténèbres de l’idolâtrie et qui ont aujourd’hui part aux promesses de Dieu par l’Évangile, tellement que nous avons un libre accès à Dieu par Jésus-Christ son fils.
Cette grande miséricorde que Dieu a exercée envers nous mérite que nous la méditions perpétuellement et que nous nous appliquions à bien connaître le prix et l’étendue de l’amour de notre Seigneur Jésus-Christ, afin d’être de plus en plus animés par là à l’aimer et à aspirer à la gloire qu’il nous prépare. C’est l’effet que doit produire sur nous la doctrine que l’apôtre établit dans ce chapitre et c’est dans cette vue que nous devons prier le Seigneur avec Saint Paul que, selon les richesses de sa gloire, il nous accorde d’être fortifiés par son esprit dans l’homme intérieur en sorte que Jésus-Christ habite dans nos cœurs par la foi et qu’étant enracinés et fondés dans la charité nous puissions comprendre avec tous les saints quelle est la grandeur de l’amour que Dieu nous a témoigné en Jésus-Christ et être rempli de toute l’abondance des grâces de Dieu, amen !
Saint Paul commence ici à exhorter les Éphésiens aux devoirs de la vie chrétienne et il leur recommande avant toutes choses la concorde et la paix. Pour les y engager, il leur représente que tous les chrétiens possèdent en commun les mêmes avantages spirituels, que les divers dons que Jésus-Christ avaient accordés aux hommes après être monté au Ciel et les différentes charges qu’il avait établies dans l’église tendaient à l’édification commune des fidèles, à les unir les uns avec les autres pour ne faire qu’un même corps, à les affermir dans la vérité et dans la piété et à les conduire par ce moyen à la perfection et au salut.
Après cela, l’apôtre exhorte les Éphésiens à ne plus vivre comme ils avaient vécu avant leur conversion au christianisme et comme les païens vivaient encore, mais à mener une vie toute nouvelle et conforme aux préceptes de Jésus-Christ. Il leur recommande particulièrement de fuir les impudicités et les dissolutions des païens aussi bien que le mensonge, le larcin, la colère, les discours déshonnêtes, la médisance et toute sorte d’aigreur et d’emportement.
1 Je vous prie donc, moi qui suis prisonnier pour le Seigneur, de vous conduire d’une manière digne de votre vocation que Dieu vous a adressé ;
2 avec toute sorte d’humilité et de douceur, avec un esprit patient, vous supportant les uns les autres avec charité ;
3 ayant soin de conserver l’unité de l’esprit, par le lien de la paix.
4 Il y a un seul corps et un seul esprit, comme vous êtes appelés à une seule espérance, par votre vocation à l’évangile.
5 Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ;
6 un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en vous tous.
7 Mais la grâce est donnée à chacun de nous, selon la mesure du don de Christ.
8 C’est pourquoi il est dit : Etant monté en haut, il a mené captive une grande multitude de captifs, et il a distribué des dons aux hommes.
9 Or, que veut dire cela : Qu’il est monté, si ce n’est qu’auparavant il était descendu dans les parties les plus basses de la terre ?
10 Celui qui était descendu, c’est le même qui est monté par-dessus tous les cieux, afin qu’il remplît toutes choses.
11 Lui-même donc a donné les uns pour être apôtres, les autres pour être prophètes, les autres pour être évangélistes, les autres pour être pasteurs et docteurs ;
12 pour l’assemblage des saints, pour l’œuvre du ministère, pour l’édification du corps de Christ ;
13 jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, et à la mesure de la stature parfaite de Christ ;
14 afin que nous ne soyons plus des enfants, ni flottants et emportés par le vent de toutes sortes de doctrines, par la tromperie des hommes, et par l’adresse qu’ils ont de séduire artificieusement ;
15 mais, afin que, suivant la vérité avec la charité, nous croissions en toutes choses dans celui qui est le chef, savoir, Christ ;
16 duquel tout le corps bien proportionné et bien joint, par la liaison de ses parties qui communiquent les unes aux autres, tire son accroissement, selon la force qu’il distribue dans chaque membre, afin qu’il soit édifié dans la charité.
17 Voici donc ce que je vous dis et que je vous déclare de la part du Seigneur, c’est de ne vivre plus comme le reste des Gentils, qui suivent la vanité de leurs pensées ;
18 ayant leur esprit obscurci de ténèbres, et étant éloignés de la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux, par l’endurcissement de leur cœur ;
19 qui, ayant perdu tout sentiment, se sont abandonnés à la dissolution, pour commettre toutes sortes d’impuretés, avec une ardeur insatiable.
20 Mais ce n’est pas ainsi que vous avez appris Jésus-Christ ;
21 au moins, si vous l’avez écouté, et si conformément à la vérité qu’il a enseignée, vous avez appris de lui,
22 à vous dépouiller, pour ce qui est de votre conduite précédente, du vieil homme, qui se corrompt par les convoitises qui séduisent ;
23 à être renouvelés dans votre esprit et dans votre entendement,
24 et à vous revêtir du nouvel homme créé à l’image de Dieu, dans une justice et une sainteté véritables.
25 C’est pourquoi, renonçant au mensonge, que chacun de vous parle en vérité à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres.
26 Si vous vous mettez en colère, ne péchez point ; que le soleil ne se couche point sur votre colère ;
27 et ne donnez point de lieu au diable.
28 Que celui qui dérobait, ne dérobe plus, mais qu’il s’occupe plutôt à travailler de ses mains à de bonnes choses, afin qu’il ait de quoi donner à celui qui est dans le besoin.
29 Qu’il ne sorte de votre bouche aucune parole déshonnête ; mais que vos discours servent à l’édification, et qu’ils communiquent la grâce à ceux qui les entendent.
30 Et n’attristez point le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption.
31 Que toute aigreur, toute animosité, toute colère, toute crierie, toute médisance, et toute malice, soient bannies du milieu de vous.
32 Mais soyez bons les uns envers les autres, pleins de compassion, vous pardonnant les uns aux autres, comme Dieu vous a aussi pardonné par Jésus-Christ.
REFLEXIONS
Nous devons recueillir d’ici et en général :
I. Que les chrétiens doivent vivre d’une manière digne de la vocation dont ils ont été honorés.
II. Qu’étant tous, membres d’un même corps, ayant tous une même foi, une même espérance, un même Dieu et un même Sauveur, il faut que l’on voie régner parmi eux la paix et une parfaite union.
III. Que puisque notre Seigneur a distribué divers dons aux hommes et qu’en particulier il a établi, après son ascension, des ministres extraordinaires, tels qu’étaient les apôtres, et des ministres ordinaires, tels que sont les pasteurs et les docteurs, nous devons reconnaître l’utilité et la nécessité du ministère, en faire un bon usage et nous en servir pour nous avancer dans la foi, dans la piété et dans la charité.
IV. Qu’il ne faut pas que les chrétiens soient comme des enfants, qu’ils soient flottants dans leur croyance, ni qu’ils ajoutent foi à toutes sortes de doctrines et à tout ce que des hommes artificieux peuvent leur dire, mais qu’ils doivent être fermes dans la vérité et dans la charité et s’attacher pour cet effet invariablement à l’Évangile et à la doctrine de Jésus-Christ qui seule peut les conduire à la perfection et au bonheur éternel.
V. Saint Paul nous enseigne ici, que la religion chrétienne nous appelle à la sainteté, qu’il n’est pas permis à des personnes qui ont été enseignées dans la vérité par Jésus-Christ de vivre comme les païens qui, étant engagés dans l’ignorance et ne connaissant point Dieu, s’abandonnaient à toutes sortes de dérèglements, que le but de l’Évangile est que nous nous dépouillions du vieil homme qui se corrompt par les convoitises qui séduisent et que nous soyons renouvelés en notre esprit et revêtus du nouvel homme qui est créé selon Dieu dans la justice et dans une vraie sainteté.
VI. Les péchés particuliers que Saint Paul condamne comme tout à fait indigne des chrétiens sont premièrement l’impureté et la dissolution qu’il représente comme le péché dominant des païens, après cela, le mensonge et la tromperie, l’injustice et le larcin, l’oisiveté, les discours déshonnêtes qui scandalisent le prochain et qui contristent l’esprit de Dieu et enfin, l’aigreur, la médisance et la colère. Le christianisme nous engage à fuir tous ces péchés-là et à nous étudier à la pureté, à la sincérité, à la justice et à la douceur et ce sera par-là que nous porterons l’image de notre Père céleste et que nous serons reconnus pour les vrais disciples de son fils Jésus-Christ notre Seigneur.
On voit dans ce chapitre :
I. Premièrement des exhortations à la charité et à la pureté. Saint Paul, pour détourner les Éphésiens de l’impureté en particulier, leur déclare que ce péché attirait sur les hommes la colère du Ciel et il leur représente que Dieu les avait délivrés des ténèbres du paganisme en les éclairant par la lumière de l’Évangile.
II. Il les avertit de se conduire avec prudence, de racheter le temps, de fuir les excès du vin et la joie profane et il les exhorte à la joie spirituelle et aux actions de grâces.
III. Il prescrit les devoirs des femmes et des maris.
1 Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme ses enfants bien-aimés ;
2 et marchez dans la vérité, de même que Christ, qui nous a aimés, et qui s’est offert lui-même à Dieu pour nous comme une oblation et une victime d’agréable odeur.
3 Que la fornication, ni aucune impureté, ni l’avarice, ne soient pas même nommées parmi vous, comme il convient à des saints ;
4 ni aucune parole déshonnête, ni bouffonnerie, ni plaisanterie, qui sont des choses malséantes ; mais qu’on y entende plutôt des actions de grâces.
5 Car vous savez qu'aucun fornicateur, aucun impudique, ni aucun avare, qui est un idolâtre, n’a part à l’héritage du royaume de Christ et de Dieu.
6 Que personne ne vous séduise par de vains discours ; car c’est à cause de ces choses-là que la colère de Dieu vient sur les enfants rebelles.
7 N’ayez donc point de part avec eux.
8 Car vous étiez autrefois ténèbres, mais à présent vous êtes lumière dans le Seigneur ; marchez donc comme des enfants de lumière.
9 Car le fruit de l’Esprit consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité ;
10 Examinant ce qui est agréable au Seigneur.
11 Et n’ayez aucune part aux œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt condamnez-les.
12 Car il est même déshonnête de dire ce qu’ils font en secret.
13 Mais toutes ces choses, étant condamnées par la lumière, sont manifestées ; car c’est la lumière qui manifeste tout.
14 C’est pour cela qu’il est dit : Réveille-toi, toi qui dors, et te relève d’entre les morts, et Christ t’éclairera.
15 Prenez donc garde à vous conduire avec circonspection, non comme des gens dépourvus de sagesse, mais comme des personnes sages ;
16 rachetant le temps ; car les jours sont mauvais.
17 C’est pourquoi ne soyez pas sans prudence, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur.
18 Ne vous enivrez point de vin, dans lequel il y a de la dissolution, mais soyez remplis de l’Esprit ;
19 vous entretenant par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de votre cœur au Seigneur ;
20 rendant toujours grâces pour toutes choses à Dieu notre Père, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ.
21 Soumettez-vous les uns aux autres dans la crainte de Dieu.
22 Femmes, soyez soumises à vos propres maris, comme au Seigneur,
23 Parce que le mari est le chef de la femme, comme Christ aussi est le chef de l’Eglise, qui est son corps, dont il est le Sauveur.
24 Comme donc l’Eglise est soumise à Christ, que les femmes le soient aussi à leurs propres maris en toutes choses.
25 Vous, maris, aimez vos femmes, comme Christ a aussi aimé l’Eglise, et s’est livré lui-même pour elle ;
26 afin qu’il la sanctifiât, après l’avoir nettoyée en la lavant d’eau, et par sa parole ;
27 pour la faire paraître devant lui une Eglise glorieuse, n’ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais étant sainte et irrépréhensible.
28 C’est ainsi que les maris doivent aimer leurs femmes comme leurs propres corps. Celui qui aime sa femme, s’aime soi-même.
29 Car personne n’a jamais haï sa propre chair, mais il la nourrit et l’entretient, comme le Seigneur le fait à l’égard de l’Eglise ;
30 parce que nous sommes les membres de son corps, étant de sa chair et de ses os.
31 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne seront qu’une seule chair.
32 Ce mystère est grand ; je dis cela par rapport à Christ et à l’Eglise.
33 Ainsi, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari.
REFLEXIONS
Nous devons apprendre d’ici :
I. Que la qualité d’enfants de Dieu que nous portons nous oblige à l’imiter principalement dans sa charité et dans sa bonté et à marcher sur les traces de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a aimés jusqu’à se donner soi-même pour nous.
II. Que les chrétiens ne sauraient avoir trop d’horreur pour l’impureté, qu’on ne doit pas même entendre parler de ce vice parmi eux, qu’ils ne doivent jamais prononcer aucune paroles libres, folles ou malhonnêtes, ni rien qui soit contraire à la bienséance, mais qu’il faut que tous leurs discours soient graves et édifiants et qu’au reste ceux qui violent les lois de la pureté et de la chasteté et qui vivent dans la souillure attirent sur eux la colère de Dieu et qu’ils n’auront point de part à son royaume.
III. Saint Paul nous représente que la lumière de l’Évangile, qui nous éclaire et qui nous a tiré des ténèbres du paganisme, ne nous permet pas d’imiter les païens dans leurs dérèglements et que, bien loin de participer aux péchés des gens du monde, nous devons plutôt les reprendre.
IV. Saint Paul nous donne une règle de prudence en nous recommandant de nous conduire avec sagesse et circonspection dans toutes sortes de circonstances et de faire un bon usage du temps.
V. Il dit que l’intempérance et l’ivrognerie sont des vices tout-à-fait indignes des chrétiens et qu’au lieu de s’abandonner à la sensualité et à la joie charnelle et profane, ils doivent rechercher la joie spirituelle que le Saint-Esprit produit et qui porte les fidèles à s’édifier les uns les autres et à louer Dieu continuellement du cœur et de la bouche, rendant toujours grâces à Dieu notre Père pour toutes choses par notre Seigneur Jésus-Christ.
Enfin, l’apôtre passant aux devoirs particuliers, il exhorte les maris et les femmes à vivre dans une parfaite concorde. Il recommande aux maris d’aimer leurs femmes et aux femmes d’honorer leurs maris et de leurs être soumises et il représente l’amour que les maris doivent à leurs femmes par celui que Jésus-Christ a pour son église et la soumission où les femmes doivent être à l’égard de leurs maris par la dépendance où l’église est à l’égard de Jésus-Christ. Cette image que Saint Paul emploie marque de la manière la plus forte combien ces devoirs réciproques des maris et des femmes sont nécessaires et combien leur union doit être sincère et par là on doit reconnaître quelle est l’importance des avertissements qu’il donne sur ce sujet.
St. Paul marque les devoirs des enfants et des pères et ceux des serviteurs et des maîtres. Il représente aux Éphésiens que puisqu’ils avaient à combattre, non seulement contre des hommes faibles, mais contre ce qu’il y avait de plus puissant dans le monde et même contre leurs ennemis spirituels, qui sont les mauvais anges, ils devaient se revêtir et s’armer de la foi, de la justice et de l’espérance et se servir de la parole de Dieu et de la prière pour résister à tous ces ennemis et pour les vaincre. Il conclut cette épître en se recommandant aux prières des Éphésiens et en priant aussi pour eux.
1 Enfants, obéissez à vos pères et à vos mères, selon le Seigneur ; car cela est juste.
2 Honore ton père et ta mère, (c’est le premier commandement qui ait une promesse),
3 afin que tu sois heureux, et que tu vives longtemps sur la terre.
4 Et vous, pères, n’aigrissez point vos enfants, mais élevez-les, en les instruisant et en les avertissant selon le Seigneur.
5 Serviteurs, obéissez avec crainte et tremblement, et dans la simplicité de votre cœur, à ceux qui sont vos maîtres selon la chair, comme à Christ ;
6 ne les servant pas seulement sous leurs yeux, comme si vous ne pensiez qu’à plaire aux hommes, mais faisant de bon cœur la volonté de Dieu, comme serviteurs de Christ ;
7 servant avec affection le Seigneur, et non pas seulement les hommes ;
8 sachant que chacun, soit esclave, soit libre, recevra du Seigneur selon le bien qu’il aura fait.
9 Et vous, maîtres, usez-en de même envers eux, et modérez les menaces, sachant que vous avez, aussi bien qu’eux, le même Maître dans le ciel, et que devant lui il n'y a point d'acception de personnes.
10 Au reste, mes frères, fortifiez-vous dans le Seigneur, et par sa force toute-puissante.
11 Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister aux embûches du diable.
12 Car ce n’est pas seulement contre la chair et le sang que nous avons à combattre, mais c’est contre les principautés, contre les puissances, contre les princes des ténèbres de ce siècle, contre les esprits malins qui sont dans les airs.
13 C’est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu, afin que vous puissiez résister dans le mauvais jour, et qu’ayant tout surmonté, vous demeuriez fermes.
14 Soyez donc fermes, ayant la vérité pour ceinture de vos reins, et étant revêtus de la cuirasse de la justice ;
15 et ayant pour chaussure les dispositions que donne l’évangile de paix ;
16 prenant, par-dessus tout cela, le bouclier de la foi, par le moyen duquel vous puissiez éteindre tous les traits enflammés du malin.
17 Prenez aussi le casque du salut, et l’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu ;
18 faisant en tout temps par l’Esprit toutes sortes de prières et de supplications ; veillant à cela avec persévérance, et priant pour tous les saints,
19 et pour moi en particulier, afin que Dieu me donne la grâce de parler librement et avec hardiesse, pour faire connaître le mystère de l’évangile,
20 pour lequel je fais la fonction d’ambassadeur dans les chaînes, afin, dis-je, que j’en parle avec hardiesse, comme je dois en parler.
21 Or, afin que vous sachiez aussi mon état, et ce que je fais, Tychique, notre frère bien-aimé et fidèle ministre du Seigneur, vous informera de tout.
22 Je vous l’ai envoyé exprès, afin que vous appreniez quel est notre état, et qu’il console vos cœurs.
23 Que la paix et la charité, avec la foi, soient avec tous les frères, de la part de Dieu le Père et du Seigneur Jésus-Christ.
24 Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ avec pureté. Amen.
REFLEXIONS
Les devoirs qui sont ici prescrits sont très importants et tout à fait nécessaires, non seulement pour le bonheur des familles et de la société civile, mais aussi pour l’édification de l’église.
Le premier de ces devoirs regarde les enfants. Ils sont obligés par le commandement de Dieu aussi bien que par la loi de la nature d’obéir à leurs pères et à leurs mères selon le Seigneur et les pères doivent de leur côté avoir soin de leurs enfants et surtout les élever dans la crainte de Dieu et d’une manière chrétienne en leur donnant les instructions nécessaires et en y joignant les remontrances et les corrections dont ils ont besoin.
Pour ce qui est des personnes qui sont en service, leur état les engage à obéir à leurs maîtres et à les servir fidèlement en leur absence aussi bien qu’en leur présence. Et les maîtres doivent traiter leurs domestiques avec douceur et avec équité, se souvenant qu’il y a dans le Ciel un Maître de qui ils dépendent aussi bien que les serviteurs et qui n’a point d’égard aux personnes. Sur quoi il faut considérer que, si St. Paul voulait que les maîtres eussent ces égards d’équité pour les serviteurs qui étaient alors la plupart païens et outre cela esclaves, les maîtres sont encore plus obligés maintenant à s’acquitter de ce devoir, puisque leurs serviteurs sont des personnes libres et des chrétiens aussi bien qu’eux.
La seconde partie de ce chapitre nous engage à nous souvenir toujours, qu’étant exposés en ce monde à divers dangers et surtout à nos ennemis spirituels et aux tentations qui nous environnent, nous avons sujet de nous tenir sur nos gardes pour résister à ces ennemis et pour nous garantir de leurs embûches, que pour cet effet nous devons nous fortifier toujours dans la foi, dans la vérité et dans l’espérance, lire et méditer continuellement la parole de Dieu et prier avec persévérance et avec ferveur.
Les derniers versets de cette épître nous enseignent que les chrétiens sont obligés par l’amour qu’ils doivent à Jésus-Christ et pour leur propre intérêt de prier pour ceux qui annoncent la parole de Dieu et qui travaillent à l’avancement de son règne et que les serviteurs de Dieu de leur côté doivent aussi prier pour les églises du Seigneur et faire en faveur de tous les fidèles le vœu que St. Paul faisait pour les Éphésiens :Que la paix, la charité et la foi soient avec tous les frères de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ ! Que la grâce soit avec tous ceux qui aiment notre Seigneur Jésus-Christ avec pureté, amen !
Écrite de Rome aux Éphésiens, et portée par Tychique.
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ARGUMENT
Saint Paul écrivit cette épitre, de même que la précédente, étant prisonnier à Rome, environ l’an 61 de Jésus-Christ, pour remercier les chrétiens de la ville de Philippes d’une subvention qu’ils lui avaient envoyée à Rome par Épaphrodite, l’un de leurs pasteurs. Il les informe de son état et il leur adresse diverse exhortations.
Chapitres Chapitre I. Chapitre II. Chapitre III. Chapitre IV. Livres du Nouveau Testament.
Saint Paul commence par des actions de grâces et par des prières qu’il fait pour l’affermissement des Philippiens dans la foi et dans la sainteté. II. Il leur dit que sa prison avait servi à l’avancement de l’Évangile dans la ville de Rome. III. Il témoigne qu’il était disposé à glorifier Jésus-Christ, soit par la vie, soit par la mort et qu’il ne souhaitait la vie que pour l’utilité de l’église. IV. Il exhorte les Philippiens à une conduite digne de l’Évangile et à la patience dans les afflictions.
1 Paul et Timothée, serviteurs de Jésus-Christ, à tous les saints en Jésus-Christ, qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres.
2 Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père, et de Jésus-Christ notre Seigneur.
3 Je rends grâces à mon Dieu, toutes les fois que je me souviens de vous ;
4 priant toujours pour vous tous avec joie, dans toutes les prières que je fais,
5 A cause de votre attachement à l’évangile, depuis le premier jour que vous l’avez reçu, jusqu’à maintenant ;
6 étant persuadé que celui qui a commencé cette bonne œuvre en vous, la perfectionnera jusqu’au jour de Jésus-Christ.
7 Et il est bien juste que j’aie ce sentiment de vous tous, car je vous ai dans mon cœur, parce que vous avez tous pris part à la grâce qui m’a été donnée dans mes liens, et dans la défense et la confirmation de l’évangile.
8 Aussi, Dieu m’est témoin que je vous chéris tous d’une affection cordiale en Jésus-Christ.
9 Et ce que je lui demande, c’est que votre charité augmente de plus en plus avec la connaissance et toute sorte d’intelligence ;
10 pour bien discerner la différence des choses, afin que vous soyez purs, et que vous marchiez sans broncher, jusqu’au jour de Jésus-Christ ;
11 étant remplis par Jésus-Christ des fruits de la justice, qui servent à la gloire et à la louange de Dieu.
12 Or, mes frères, je souhaite que vous sachiez que ce qui m’est arrivé, a même contribué aux progrès de l’évangile ;
13 en sorte que les liens que je porte à cause de Jésus-Christ, ont été rendus célèbres dans tout le prétoire, et partout ailleurs ;
14 et que plusieurs de nos frères en notre Seigneur, étant encouragés par mes liens, osent annoncer la parole plus hardiment et sans crainte.
15 Il est vrai que quelques-uns annoncent Christ par envie et dans un esprit de contention ; et d’autres le font avec une intention sincère.
16 Les uns annoncent Christ dans un esprit de contention, et non pas purement, croyant ajouter un surcroît d’affliction à mes liens ;
17 mais les autres le font par affection, sachant que je suis établi pour la défense de l’évangile.
18 Mais quoi ? de quelque manière que ce soit, soit par un zèle apparent, soit avec sincérité, Christ est toujours annoncé ; c’est de quoi je me réjouis, et je m’en réjouirai toujours.
19 Car je sais que cela tournera à mon salut par vos prières et par le secours de l’Esprit de Jésus-Christ,
20 selon ma ferme attente et l’espérance que j’ai, de ne recevoir aucune confusion en rien, mais que parlant avec hardiesse, Christ, qui a toujours été glorifié dans mon corps, le sera encore à présent, soit par ma vie, soit par ma mort.
21 Car Christ est ma vie, et la mort m’est un gain.
22 Or, s’il m’est avantageux de vivre dans ce corps, et ce que je dois souhaiter, c’est ce que je ne sais pas.
23 Car je suis pressé des deux côtés, mon désir étant de partir de ce monde et d’être avec Christ, ce qui me serait beaucoup meilleur ;
24 mais il est plus nécessaire pour vous que je demeure dans ce corps.
25 Et je suis aussi persuadé que j’y demeurerai, et même que je demeurerai quelque temps avec vous, pour votre avancement dans la foi, et pour votre joie ;
26 afin que vous ayez en moi un sujet de vous glorifier de plus en plus en Jésus-Christ, lorsque je serai de retour auprès de vous.
27 Conduisez-vous seulement d’une manière digne de l’évangile de Christ, afin que, soit que je vienne vous voir, soit que je sois absent, j’entende toujours dire de vous, que vous persistez à combattre pour la foi de l’évangile, avec un même esprit et un même courage, sans être intimidés en aucune manière par vos adversaires ;
28 ce qui est pour eux une preuve de leur perdition, mais pour vous une preuve de votre salut, et cela de la part de Dieu ;
29 parce qu’il vous a fait la grâce, par rapport à Jésus-Christ, non-seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui,
30 en soutenant le même combat où vous m’avez vu et où vous apprenez que je suis encore.
REFLEXIONS
On voit dès l’entrée de cette épître le grand zèle et la parfaite charité de St. Paul dans les vœux qu’il présente à Dieu en faveur des Philippiens et dans les témoignages qu’il leur donne de son amour et de la joie qu’il avait ressentie en apprenant leur constance dans la foi.
Ceci apprend aux pasteurs à aimer leurs troupeaux d’une affection cordiale en Jésus-Christ et à prier sans cesse pour l’entière sanctification des fidèles.
II. On doit admirer les voies de la providence qui voulut que St. Paul fût emprisonné à Rome afin qu’il eût occasion d’annoncer l’Évangile dans cette première ville du monde et que ses souffrances servissent à y étendre la religion chrétienne et même à exciter le zèle de plusieurs personnes qui auparavant n’osaient pas faire une profession ouverte de l’Évangile.
C’est ici un de ces exemples où l’on voit que ce que les ennemis de la vérité font pour la détruire ne fait souvent que contribuer à ses progrès.
III. Il faut remarquer que quoiqu’il y eût des gens qui prêchaient l’Évangile par envie et par jalousie contre St. Paul, il se réjouissait pourtant de ce que le règne de Jésus-Christ était avancé par là.
Dieu se sert quelquefois des personnes même qui n’agissent pas par un bon principe pour faire son œuvre, mais de quelque manière qu’elle se fasse, ceux qui, comme St. Paul, sont animés d’un vrai zèle en ont de la joie quand même il leur en arriverait quelque préjudice.
IV. Les sentiments de cet apôtre sur la vie et sur la mort sont ceux de tous les vrais chrétiens. Ils sont toujours prêts à vivre et à mourir pour la gloire de Dieu, leur désir est de quitter ce monde et d’être auprès du Seigneur et s’ils souhaitent de vivre, ce n’est que pour être utiles à l’église et à leurs prochains.
Au reste, cet endroit de l’épître aux Philippiens, où St. Paul dit que son désir était de partir de ce monde pour être avec le Seigneur, prouve clairement que les fidèles sont heureux et avec le Seigneur après leur mort en attendant la résurrection, puisque si cela n’était pas, cet apôtre n’aurait eu aucune raison de souhaiter la mort plutôt que la vie.
V. La fin de ce chapitre marque que le devoir de tous les chrétiens est de se conduire d’une manière digne de l’Évangile et de ne se point laisser ébranler par les afflictions, surtout lorsqu’ils souffrent à cause de Jésus-Christ.
St. Paul exhorte d’une manière fort affectueuse les Philippiens à la concorde et à l’humilité. Et pour cet effet il leur propose l’exemple de l’humiliation de Jésus-Christ et de la gloire où il a été élevé. Et il leur représente que cela les engageait à travailler à leur salut avec humilité et avec persévérance.
Il leur recommande de vivre dans la paix et d’édifier par une conduite pure et innocente les païens parmi lesquels ils vivaient et il les assure qu’il souffrirait la mort avec joie pour confirmer leur foi si cela était nécessaire.
Il leur promet de leur envoyer Timothée, duquel il loue le zèle et la fidélité, et il leur recommande aussi Épaphrodite, l’un de leurs pasteurs, qui s’en retournait vers eux après être relevé d’une grande maladie.
1 S’il y a donc quelque consolation en Christ, s’il y a quelque soulagement dans la charité, s’il y a quelques affections cordiales et quelque compassion ;
2 rendez ma joie parfaite, étant en bonne intelligence, ayant une même charité, étant bien unis ensemble, ayant les mêmes sentiments ;
3 ne faites rien par un esprit de contestation, ni par vaine gloire ; mais que chacun de vous regarde les autres, par humilité, comme plus excellents que soi-même.
4 Ne regardez pas seulement chacun à votre intérêt particulier, mais ayez aussi égard à celui des autres.
5 Ayez les mêmes sentiments que Jésus-Christ a eus,
6 lequel, étant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une usurpation d’être égal à Dieu ;
7 mais il s’est anéanti soi-même, en prenant la forme de serviteur, et se rendant semblable aux hommes ;
8 et ayant paru comme un simple homme, il s’est abaissé lui-même, s’étant rendu obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix.
9 C’est pourquoi aussi, Dieu l’a souverainement élevé, et lui a donné un nom qui est au-dessus de tout autre nom ;
10 afin qu’au nom de Jésus, tout ce qui est dans les cieux, et sur la terre, et sous la terre, fléchisse le genou,
11 et que toute langue confesse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.
12 Ainsi, mes bien-aimés, comme vous avez toujours obéi, travaillez à votre salut avec crainte et tremblement, non-seulement comme vous avez fait en ma présence, mais beaucoup plus en mon absence.
13 Car c’est Dieu qui produit en vous et la volonté et l’exécution, selon sa bienveillance.
14 Faites toutes choses sans murmures et sans disputes ;
15 afin que vous soyez sans reproche, sans tache, enfants de Dieu, irrépréhensibles au milieu de la race dépravée et perverse, parmi laquelle vous brillez comme des flambeaux dans le monde, y portant la parole de vie ;
16 en sorte qu’au jour de Christ je puisse me glorifier de n’avoir point couru en vain, ni travaillé en vain.
17 Et si même je sers d’aspersion sur le sacrifice et l’offrande de votre foi, j’en ai de la joie, et je m’en réjouis avec vous tous.
18 Vous aussi de même, ayez-en de la joie et vous en réjouissez avec moi.
19 Or, j’espère qu’avec la grâce du Seigneur Jésus, je vous enverrai bientôt Timothée, afin que j’aie plus de courage, lorsque j’aurai appris votre état.
20 Car je n’ai personne d’une pareille affection, ni qui s’intéresse plus sincèrement dans ce qui vous regarde ;
21 parce que tous cherchent leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ.
22 Vous savez qu’il est éprouvé, et qu’il a servi avec moi dans l’évangile, comme un fils qui sert son père.
23 J’espère donc de vous l’envoyer, dès que j’aurai vu l’état de mes affaires.
24 Et je m’assure au Seigneur que j’irai aussi moi-même vous voir bientôt.
25 Mais j’ai cru qu’il était nécessaire de vous envoyer présentement Epaphrodite, notre frère, qui est le compagnon de mes travaux et de mes combats, qui a été envoyé de votre part, et qui m’avait secouru dans mes besoins.
26 Car il désirait fort de vous voir tous, et il était fort en peine de ce que vous aviez appris qu’il avait été malade.
27 En effet, il a été malade, et même près de la mort ; mais Dieu a eu pitié de lui ; et non-seulement de lui, mais aussi de moi, afin que je n’eusse pas tristesse sur tristesse.
28 Je l’ai donc envoyé avec d’autant plus d’empressement, afin qu’en le revoyant, vous ayez de la joie, et que j’aie moins de tristesse.
29 Recevez-le donc en notre Seigneur avec toute sorte de joie, et honorez ceux qui sont tels que lui.
30 Car il a été près de la mort pour le service de Christ, ayant exposé sa vie pour suppléer aux services que vous ne pouviez pas me rendre vous-mêmes.
REFLEXIONS
Nous apprenons d’ici :
I. Que l’un des importants devoirs des chrétiens est d’être animés d’une véritable charité, de vivre entre eux dans une parfaite union et dans un esprit d’humilité et de regarder à l’intérêt des autres aussi bien qu’au leur.
II. Saint Paul nous met ici devant les yeux la profonde humiliation de Jésus-Christ qui, bien qu’il fût en forme de Dieu, s’est abaissé jusqu’à la mort de la croix et qui, par son obéissance et par ses souffrances, a été élevé à une gloire suprême. L’apôtre propose cet exemple pour nous apprendre que, si nous avons les mêmes sentiments d’humilité qui ont été en Jésus-Christ, nous parviendrons comme lui à la gloire.
III. Cette grave exhortation : Travaillez à votre propre salut avec crainte et tremblement doit nous inspirer à tous une grande ardeur pour travailler continuellement et avec une profonde humilité à l’ouvrage de notre salut, nous servant pour cela des moyens que Dieu nous présente, entre lesquels l’un des plus efficaces est de recourir à lui par la prière comme à celui : qui produit en nous et la volonté et l’exécution par un effet de sa bonté.
IV. Ce chapitre nous apprend de plus que les chrétiens doivent être éloignés des contestations et des disputes et se distinguer par une conduite irrépréhensible en sorte qu’ils brillent comme des astres parmi les gens pervers et corrompus.
V. La protestation que St. Paul fait qu’il était prêt à donner avec joie son sang et sa vie pour l’édification des Philippiens montre que les vrais ministres de Jésus-Christ sont entièrement dévoués au service de Dieu et de son église, que c’est là le but de tous leurs travaux et que, quand il faudrait même perdre la vie pour l’avancement du salut des hommes, ils la perdraient avec joie.
VI. Le témoignage que l’apôtre rend à Timothée, l’éloge qu’il fait de sa sincérité et de son zèle, ce qu’il dit d’Épaphrodite, de sa maladie et de sa guérison et la manière pressante dont il le recommande aux Philippiens, tout cela fait voir que les vrais pasteurs, qui ne cherchent que les intérêts de Jésus-Christ et qui exercent leur charge avec sincérité, méritent tout l’amour et toute l’estime des chrétiens, que leur vie et leur conservation doit être chère à l’église et qu’on doit les recevoir avec toute sorte de joie, les avoir en estime et se soumettre à leurs instructions et à leurs exhortations.
St. Paul avertit les Philippiens de ne pas écouter les faux docteurs qui prêchent l’observation de la circoncision et qui se glorifiaient des avantages extérieurs qui distinguaient les Juifs des autres peuples.
II. Il fait voir, par son exemple, que tous ces avantages qu’il avait possédés lorsqu’il vivait dans le judaïsme étaient inutiles pour le salut et même nuisibles et il dit qu’à cause de cela il y avait renoncé pour s’attacher à Jésus-Christ seul et qu’il faisait des efforts continuels pour s’avancer de plus en plus dans la connaissance de notre Seigneur et pour parvenir à la perfection et à la gloire par une entière conformité à ses souffrances et à sa résurrection.
III. Il exhorte les Philippiens à avoir les mêmes sentiments que lui et à éviter les faux docteurs desquels il marque le caractère en disant que c’étaient des hommes charnels au lieu que les vrais chrétiens sont des hommes spirituels qui n’aspirent qu’au Ciel.
1 Au reste, mes frères, réjouissez-vous au Seigneur. Je ne me lasse point de vous écrire les mêmes choses, et c’est votre sûreté.
2 Donnez-vous garde des chiens ; donnez-vous garde des mauvais ouvriers ; donnez-vous garde de la fausse circoncision.
3 Car c’est nous qui sommes la vraie circoncision, nous qui servons Dieu en esprit, qui nous glorifions en Jésus-Christ, et qui ne mettons point notre confiance en la chair.
4 Ce n’est pas que je ne pusse aussi me confier en la chair. Si quelqu’un croit qu’il a sujet de se confier en la chair, j’en ai encore davantage ;
5 moi qui ai été circoncis le huitième jour, qui suis de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin, Hébreu, descendu des Hébreux ; Pharisien en ce qui regarde la loi ;
6 à l’égard du zèle, ayant persécuté l’Église, à l’égard de la justice de la loi, étant sans reproche.
7 Mais ce qui m’était alors un gain, je l’ai regardé comme une perte, à cause de Christ.
8 Et même, je regarde toutes les autres choses comme une perte, en comparaison de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ mon Seigneur, pour qui je me suis privé de toutes ces choses, et je ne les regarde que comme des ordures, pourvu que je gagne Christ,
9 et que je sois trouvé en lui, ayant, non la justice qui me venait de la loi, mais celle qui vient de la foi en Christ, savoir, la justice qui vient de Dieu par la foi ;
10 afin que je le connaisse, et l’efficace de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, me rendant conforme à lui dans sa mort ;
11 pour parvenir, si je puis, à la résurrection des morts.
12 Non que j’aie déjà atteint le but, ou que je sois déjà parvenu à la perfection, mais je fais mes efforts pour y parvenir, et c’est pour cela aussi que Jésus-Christ m’a pris à lui.
13 Mes frères, pour moi, je ne me persuade pas d’être encore parvenu au but ;
14 mais ce que je fais, c’est qu’oubliant les choses qui sont derrière moi, et m’avançant vers celles qui sont devant moi, je cours vers le but, vers le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ.
15 Nous tous donc qui sommes parfaits, ayons ce même sentiment ; et si vous pensez autrement, Dieu vous fera connaître ce qui en est.
16 Cependant, suivons la même règle dans les choses à la connaissance desquelles nous sommes parvenus, et soyons unis ensemble.
17 Soyez tous mes imitateurs, mes frères, et regardez à ceux qui se conduisent suivant le modèle que vous avez en nous.
18 Car il y en a plusieurs qui ont une telle conduite que je vous ai dit souvent, et que je vous le dis encore maintenant en pleurant, qu’ils sont ennemis de la croix de Christ ;
19 dont la fin sera la perdition ; qui ont leur ventre pour Dieu, qui mettent leur gloire dans ce qui est leur confusion, et qui attachent leurs affections aux choses de la terre.
20 Mais pour nous, nous nous conduisons comme étant bourgeois des cieux, d’où nous attendons aussi le Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ,
21 Qui transformera notre corps vil, pour le rendre conforme à son corps glorieux, par le pouvoir qu’il a de s’assujettir toutes choses.
REFLEXIONS
Il faut considérer en général sur tout ce chapitre que, comme Saint Paul exhortait les Philippiens à prendre garde aux faux docteurs qui voulaient les assujettir aux cérémonies de la loi de Moïse, il est très important que les chrétiens se garantissent de l’erreur et de tout ce qui est contraire à la pureté de la foi.
Outre cela, on peut recueillir d’ici que les vrais chrétiens se reconnaissent à ces quatre caractères. Le premier qu’ils ont pour les choses du monde les mêmes sentiments que Saint Paul avait pour les avantages extérieurs qu’ils possédaient lorsqu’ils étaient Juifs, c’est-à-dire qu’ils ne font aucun cas de ces choses-là au prix de l’excellence de la connaissance de Jésus-Christ leur Seigneur et qu’ils les regardent même comme nuisibles lorsqu’elles les empêchent de suivre leur vocation.
II. Le second caractère des fidèles est, qu’à l’imitation de Saint Paul, ils tendent à la perfection, se proposant toujours de devenir de plus en plus conforme à leur Sauveur, laissant les choses qui sont derrière eux et s’avançant vers celles qui sont devant eux et tendant par des efforts continuels au but et au prix de leur vocation en Jésus-Christ.
III. La troisième marque des fidèles est, qu’étant tous unis par une foi commune et par la croyance des mêmes vérités essentielles au salut, ils vivent dans la paix et que, quand même il y aurait entre eux quelque diversité de sentiments sur des articles de moindre importance, ils ne se divisent point pour ce sujet.
IV Le dernier caractère que Saint Paul donne aux vrais disciples de notre Seigneur c’est, qu’au lieu que les hommes charnels ne sont affectionnés qu’aux choses de la terre et ont leur ventre pour Dieu, les vrais chrétiens vivent d’une manière spirituelle et céleste et se conduisent comme des gens qui ont leur patrie dans le Ciel d’où ils attendent le Seigneur Jésus-Christ qui en doit venir pour les ressusciter et pour les recevoir dans la gloire de son royaume.
Ce chapitre a deux parties : La première contient des exhortations à la persévérance, à l’union, à la joie spirituelle, à la confiance en Dieu et à une vie sainte. Dans la seconde, St. Paul remercie les Philippiens de la subvention qu’ils lui avaient envoyée pour l’assister dans sa prison et il prie pour eux.
1 C’est pourquoi, mes très chers et bien-aimés frères, qui êtes ma joie et ma couronne, demeurez fermes de cette manière en notre Seigneur, mes bien-aimés.
2 Je prie Evodie, et je prie Syntiche, d’avoir un même sentiment en notre Seigneur.
3 Je te prie aussi, mon fidèle collègue, d’avoir soin d’elles, parce qu’elles ont combattu avec moi pour l’évangile, aussi bien que Clément et mes autres compagnons de travaux, dont les noms sont écrits dans le livre de vie.
4 Réjouissez-vous toujours en notre Seigneur ; je vous le dis encore : Réjouissez-vous.
5 Que votre douceur soit connue de tous les hommes. Le Seigneur est proche.
6 Ne vous inquiétez d’aucune chose, mais exposez vos besoins à Dieu en toutes occasions, par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.
7 Et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos esprits en Jésus-Christ.
8 Au reste, mes frères, que toutes les choses qui sont véritables, toutes les choses qui sont honnêtes, toutes les choses qui sont justes, toutes les choses qui sont pures, toutes les choses qui sont aimables, toutes les choses qui sont de bonne réputation, et où il y a quelque vertu, et qui sont dignes de louange ; que toutes ces choses occupent vos pensées.
9 Vous les avez apprises, reçues et entendues de moi, et vous les avez vues en moi. Faites-les aussi, et le Dieu de paix sera avec vous.
10 Au reste, j’ai eu une grande joie en notre Seigneur, de ce qu’enfin vous avez fait revivre le soin que vous avez de moi, à quoi vous pensiez aussi, mais vous n’en aviez pas l’occasion.
11 Je ne dis pas cela par rapport à mon indigence ; car j’ai appris à être content de l’état où je me trouve.
12 Je sais être dans la pauvreté, je sais aussi être dans l’abondance ; partout et en toutes rencontres, j’ai appris à être rassasié, et à avoir faim ; à être dans l’abondance, et à être dans la disette.
13 Je puis tout par Christ, qui me fortifie.
14 Néanmoins vous avez bien fait de prendre part à mon affliction.
15 Vous savez bien aussi, vous, Philippiens, que lorsque je partis de Macédoine, et que je commençai à vous prêcher l’évangile, il n’y eut aucune Eglise qui me donnât, ou de qui je reçusse quelque chose, que la vôtre ;
16 et même, vous m’envoyâtes plus d’une fois à Thessalonique de quoi fournir à mes besoins.
17 Ce n’est pas que je recherche des présents, mais je cherche à faire abonder le fruit qui vous en doit revenir.
18 J’ai donc tout reçu, et je suis dans l’abondance ; j’ai été comblé de biens, en recevant d’Epaphrodite ce que vous m’avez envoyé, comme un parfum de bonne odeur, et un sacrifice que Dieu accepte, et qui lui est agréable.
19 Et mon Dieu pourvoira aussi à tous vos besoins selon ses richesses, et avec gloire, par Jésus-Christ.
20 Or, à Dieu notre Père soit gloire aux siècles des siècles. Amen.
21 Saluez tous les saints en Jésus-Christ ; les frères qui sont avec moi vous saluent.
22 Tous les saints vous saluent et principalement ceux qui sont de la maison de César.
23 La grâce de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Amen.
REFLEXIONS
La première partie de ce chapitre nous instruit sur ces cinq devoirs : Le premier est de persévérer constamment dans la pureté de la foi et dans la piété. Le Deuxième : Les exhortations à la paix que St. Paul adresse à Évodie et à Syntiche, qui étaient deux femmes chrétiennes, lesquelles étaient sans doute dans des sentiments différents sur quelque article de la religion, font voir que les chrétiens doivent vivre en concorde les uns avec les autres, tâcher d’être unis de sentiments dans les choses de la foi et se supporter s’ils ne sont pas à tous égards dans les mêmes pensées. Le troisième devoir est de nous réjouir toujours en Dieu d’une joie spirituelle. Le quatrième, de n’être point en inquiétude pour les choses de cette vie, mais de recourir à Dieu dans tous nos besoins et de nous reposer sur sa providence. Le cinquième devoir est d’une très grande étendue, il consiste à nous attacher constamment à toutes les choses qui sont honnêtes, justes, pures, saintes, où il y a de la vertu et qui sont dignes de louanges.
Il faut faire deux réflexions sur la seconde partie de ce chapitre :
I. St Paul nous y enseigne, par son exemple, à être content dans quelque état que nous nous rencontrions, soit que nous nous trouvions dans la pauvreté, soit que nous soyons dans l’abondance.
II. Les remerciements que cet apôtre fait aux Philippiens de l’assistance qu’ils lui avait envoyée à Rome pour le secourir dans sa prison marquent un grand désintéressement et en même temps beaucoup de reconnaissance et les vœux qu’il adresse à Dieu pour eux à cette occasion nous apprennent que c’est une œuvre très agréable à Dieu que d’assister les nécessiteux et en particuliers ses fidèles serviteurs et ceux qui souffrent pour l’Évangile, que ces œuvres de charité réjouissent et consolent les gens de bien et que ce sont des sacrifices de bonne odeur que Dieu accepte et qu’il récompense selon les richesses de sa grâce et avec gloire en Jésus-Christ.
Écrite à Rome aux Philippiens et portée par Épaphrodite.