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LE SAINT EVANGILE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST SELON S. MATTHIEU

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Nouveau Testament
  • Evangile de St. Matthieu

ARGUMENT 

Nous avons dans l’évangile l’histoire de la naissance de notre Seigneur, de sa vie, de sa mort, de sa résurrection, et de son ascension au ciel. Le devoir des chrétiens est d’apporter une grande attention et un grand respect à la lecture de ces livres divins, de les méditer continuellement et de profiter des instructions qui y sont contenues. Le premier des quatre Evangiles a été écrit par l’Apôtre St. Matthieu environ huit ans, comme l’on croit, après que Jésus-Christ fu monté au ciel.

Chapitres :  Chapitre I.  Chapitre II.  Chapitre III.  Chapitre IV.   Chapitre V. Chapitre VI  Chapitre VII.  Chapitre VIII.  Chapitre IX.   Chapitre X.   Chapitre XI.   Chapitre XII.   Chapitre XIII.   Chapitre XIV. Chapitre XV.   Chapitre XVI.   Chapitre XVII. Chapitre XVIII.  Chapitre XIX.   Chapitre XX.   Chapitre XXI.  Chapitre XXII.  Chapitre XXIII. Chapitre XXIV. Chapitre XXV. XXVI. Chapitre XXVII. Chapitre XXVIII.   Livres du Nouveau Testament.

CHAPITRE I.

Ce chapitre contient, I. La généalogie de Jésus-Christ, depuis Abraham jusqu’à Joseph l’époux de la Sainte vierge Marie. II. Un récit abrégé de la naissance de notre Seigneur. 

1 La généalogie de JÉSUS-CHRIST, fils de David, fils d’Abraham.

2 Abraham fut père d’Isaac. Isaac fut père de Jacob. Jacob fut père de Juda et de ses frères.

3 Juda eut de Thamar Pharez et Zara. Pharez fut père d’Esrom. Esrom fut père d’Aram.

4 Aram fut père d’Aminadab. Aminadab fut père de Naasson. Naasson fut père de Salmon.

5 Salmon eut Booz de Rahab. Booz eut Obed de Ruth. Obed fut père de Jessé.                                 

6 Jessé fut père du roi David. Le roi David eut Salomon, de celle qui avait été femme d’Urie.

7 Salomon fut père de Roboam. Roboam fut père d’Abia. Abia fut père d’Asa.

8 Asa fut père de Josaphat. Josaphat fut père de Joram. Joram fut père d’Hosias.

9 Hosias fut père de Joatham. Joatham fut père d’Achas. Achas fut père d’Ézéchias.

10 Ézéchias fut père de Manassé. Manassé fut père d’Amon. Amon fut père de Josias.

11 Josias fut père de Joakim. Joakim fut père de Jéchonias et de ses frères, vers le temps qu’ils furent transportés à Babylone.

12 Et après qu’ils eurent été transportés à Babylone, Jéchonias fut père de Salathiel. Salathiel fut père de Zorobabel.

13 Zorobabel fut père d’Abiud. Abiud fut père d’Eliakim. Eliakim fut père d’Azor.

14 Azor fut père de Sadoc. Sadoc fut père d’Achim. Achim fut père d’Eliud.

15 Eliud fut père d’Eléazar. Eléazar fut père de Matthan. Matthan fut père de Jacob ;

16 et Jacob fut père de Joseph, l’époux de Marie, de laquelle est né Jésus, qui est appelé CHRIST.

17 Ainsi toutes les générations depuis Abraham jusqu’à David sont quatorze générations ; et depuis David jusqu’au temps qu’ils furent emmenés à Babylone, quatorze générations ; et depuis qu’ils eurent été emmenés à Babylone jusqu’au Christ, quatorze générations.

18 Or, la naissance de Jésus-Christ arriva ainsi : Marie sa mère ayant été fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par la vertu du Saint-Esprit, avant qu’ils fussent ensemble.

19 Alors Joseph son époux, étant un homme de bien, et ne voulant pas la diffamer, voulut la quitter secrètement.

20 Mais comme il pensait à cela, un ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : Joseph, fils de David, ne crains point de prendre Marie pour ta femme, car ce qu’elle a conçu est du Saint-Esprit ;

21 et elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de leurs péchés.

22 Or, tout cela arriva afin que s’accomplît ce que le Seigneur avait dit par le prophète :

23 Voici, une vierge sera enceinte, et elle enfantera un fils, et on le nommera EMMANUEL, ce qui signifie : DIEU AVEC NOUS.

24 Joseph donc étant réveillé de son sommeil, fit comme l’ange du Seigneur lui avait commandé, et il prit sa femme.

25 Mais il ne la connut point jusqu’à ce qu’elle eût enfanté son fils premier-né, et il lui donna le nom de Jésus. 

RÉFLEXIONS

La généalogie de Jésus-Christ qui est rapportée dans ce premier chapitre de S. Matthieu sert à montrer qu’il est descendu du patriarche Abraham et du roi David selon que les prophètes l’avaient prédit et l’histoire de sa conception et de sa naissance nous apprend qu’il est né de la vierge Marie d’une manière miraculeuse par l’opération du Saint-Esprit conformément à ce qui avait été dit autrefois par le prophète Esaïe. L’une et l’autre de ces choses prouvent que Jésus est le Messie que Dieu avait promis d’envoyer et que c’est en lui que les promesses de Dieu et les oracles du Vieux Testament ont eu leur accomplissement, ce qui nous engage à le recevoir comme notre sauveur, à nous soumettre à sa doctrine et à rendre grâce à Dieu de ce qu’il nous a donnés pour rédempteur son Fils unique qui est né de la postérité de David selon la chair et qui est Dieu sur toutes choses bénit éternellement. Amen. Romains I.3 et IX.5. 

CHAPITRE II.

Saint Matthieu rapporte quatre choses : I. L’arrivée des mages qui vinrent adorer Jésus après qu’il fut né. Ces mages étaient des personnes éclairées et d’un rang distingué et ils venaient de l’Arabie ou de quelque autre pays situé à l’orient de la Judée. II. La retraite de Joseph et de Marie qui s’enfuirent en Égypte pour éviter la fureur d’Hérode. III. Le massacre des enfants de Bethléem qu’Hérode fît tuer pensant faire périr notre Seigneur. IV. Le retour de Joseph et de Marie en Judée après la mort d’Hérode.

1 JESUS étant né à Bethléem, ville de Judée, au temps du roi Hérode, des Mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem,

2 Et dirent : Où est le Roi des Juifs qui est né ? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus l’adorer.

3 Le Roi Hérode l'ayant appris, en fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.                                                     

4 Et ayant assemblé tous les principaux sacrificateurs et les Scribes du peuple, il s’informa d’eux où le Christ devait naître.

5 Et ils lui dirent : C’est à Bethléem, ville de Judée ; car c’est ainsi que l’a écrit un prophète :

6 Et toi, Bethléem, terre de Juda, tu n’es pas la moindre entre les principales villes de Juda, car c’est de toi que sortira le Conducteur qui paîtra Israël mon peuple.

7 Alors Hérode ayant appelé en secret les Mages, il s’informa d’eux exactement du temps auquel ils avaient vu l’étoile ;

8 et les envoyant à Bethléem, il leur dit : Allez, et informez-vous exactement de ce petit enfant, et quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’y aille aussi, et que je l’adore.

9 Eux donc, ayant ouï le roi, s’en allèrent ; et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient allait devant eux, jusqu’à ce qu’étant arrivée sur le lieu où était le petit enfant, elle s’y arrêta.

10 Et quand ils virent l’étoile s’arrêter, ils eurent une fort grande joie.

11 Et étant entrés dans la maison, ils trouvèrent le petit enfant, avec Marie sa mère, lequel ils adorèrent en se prosternant ; et après avoir ouvert leurs trésors, ils lui présentèrent des dons, de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

12 Et ayant été divinement avertis par un songe de ne pas retourner vers Hérode, ils se retirèrent en leur pays par un autre chemin.

13 Après qu’ils furent partis, un ange du Seigneur apparut en songe à Joseph, et lui dit : Lève-toi ; prends le petit enfant et sa mère, et t'enfuis en Égypte, et te tiens là jusqu’à ce que je te le dise ; car Hérode cherchera le petit enfant pour le faire mourir.

14 Joseph donc étant réveillé, prit de nuit le petit enfant et sa mère, et se retira en Égypte.

15 Et il y demeura jusqu’à la mort d’Hérode. C’est ainsi que s’accomplit ce que le Seigneur avait dit par un prophète : J’ai appelé mon fils hors d’Égypte.

16 Alors Hérode voyant que les Mages s’étaient moqués de lui, fut fort en colère ; et ayant envoyé ses gens, il mit à mort tous les enfants qui étaient dans Bethléem et dans tout son territoire, depuis ceux de deux ans et au-dessus, selon le temps dont il s’était exactement informé des Mages.

17 Alors s’accomplit ce qui avait été dit par Jérémie le prophète :

18 On a ouï dans Rama des cris, des lamentations, des pleurs et de grands gémissements, Rachel pleurant ses enfants ; et elle n’a pas voulu être consolée, parce qu’ils ne sont plus.

19 Mais après qu’Hérode fut mort, l’ange du Seigneur apparut à Joseph en songe en Égypte.

20 Et il lui dit : Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, et retourne au pays d’Israël ; car ceux qui en voulaient à la vie du petit enfant sont morts.

21 Joseph donc s’étant levé, prit le petit enfant et sa mère, et s’en vint au pays d’Israël.

22 Mais ayant appris qu’Archélaüs régnait en Judée en la place d’Hérode son père, il craignit d’y aller, et ayant été averti divinement en songe, il se retira dans les quartiers de la Galilée,

23 Et alla demeurer dans une ville appelée Nazareth, de sorte que fut accompli ce qui avait été dit par les prophètes : Il sera appelé Nazarien. 

RÉFLEXIONS

I. La première réflexion qu’il faut faire sur ce chapitre est que les mages vinrent adorer Jésus après sa naissance, étant conduits vers lui par une étoile miraculeuse que Dieu fit paraître et sans doute aussi par un avertissement qu’ils reçurent du ciel. Dieu voulut par-là rendre cette naissance illustre, montrer la dignité de la personne de Jésus et apprendre aux Juifs que le Messie qu’ils attendaient allait paraître. Cela marquait aussi que les païens seraient bientôt reçus dans l’alliance divine. II. La démarche d’Hérode qui consulta les sacrificateurs et les docteurs juifs et la réponse qu’ils leur firent prouvent que l’on était alors dans l’attente du Messie et que l’on croyait que Bethléem serait le lieu de sa naissance. III. Les hommages que ces étrangers rendirent à Jésus petit enfant en se prosternant devant lui et en lui présentant leurs dons doivent nous engager, nous qui savons qu’il est notre Sauveur et notre Dieu à lui offrir nos adorations, nos louanges et notre amour et à lui consacrer tout ce qui est en notre puissance. IV. L’on voit dans la conduite d’Hérode envers les mages et dans le massacre qu’il fit faire des enfants de Bethléem que ce prince artificieux et cruel employa tous les moyens possibles pour ôter la vie à l’enfant Jésus et qu’ainsi notre Seigneur fut exposé dès sa naissance à de grands dangers, ce qui montrait dès lors que son règne ne serait pas de ce monde et qu’il était né pour souffrir. V. Enfin, l’on remarque dans cette histoire que Dieu par les avertissements qu’il fit donner aux mages et ensuite à Joseph rendit les efforts d’Hérode inutiles, en sorte que les mesures que ce roi injuste et barbare avait prises pour faire périr Jésus quelques sûres qu’elles parussent être n’empêchèrent pas que notre Seigneur ne fût conservé en vie, qu’il ne revint dans la Judée et qu’il n’y exerça dans la suite son ministère. Tous ces événements font voir que la providence dirigeait d’une façon particulière tout ce qui arrivait à Jésus-Christ. On peut aussi recueillir de là que tous les efforts que les hommes peuvent faire ne sauraient empêcher l’exécution des desseins de Dieu, ni nuire à ceux qu’il favorise. 

CHAPITRE III.

Ce chapitre a deux parties. Dans la première, il est parlé de la prédication et du ministère de Jean Baptiste, Et dans la seconde, Saint Matthieu rapporte le baptême de notre Seigneur. 

1 En ce temps-là Jean-Baptiste vint, prêchant dans le désert de Judée,

2 Et disant : Amendez-vous, car le royaume des cieux est proche ;

3 Car c’est celui dont Esaïe le prophète a parlé, en disant : La voix de celui qui crie dans le désert, dit : Préparez le chemin du Seigneur, dressez ses sentiers.

4 Or ce Jean avait un habit de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins, et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage.

5 Alors ceux de Jérusalem, et de toute la Judée, et de tout le pays des environs du Jourdain venaient à lui ;

6 Et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain, confessant leurs péchés.

7 Lui donc voyant plusieurs des Pharisiens et des Sadducéens venir à son baptême, leur dit : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?

8 Faites donc des fruits convenables à la repentance.

9 Et n’allez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que, même de ces pierres, Dieu peut faire naître des enfants à Abraham.

10 Et la cognée est déjà mise à la racine des arbres ; tout arbre donc qui ne produit point de bon fruit va être coupé et jeté au feu.

11 Pour moi, je vous baptise d’eau, pour vous porter à la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de lui porter les souliers ; c’est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.

12 Il a son van dans ses mains, et il nettoiera parfaitement son aire, et amassera son froment dans le grenier ; mais il brûlera la balle au feu qui ne s’éteint point.

13 Alors Jésus vint de Galilée au Jourdain vers Jean, pour être baptisé par lui.

14 Mais Jean s’y opposait, disant : C’est moi qui ai besoin d’être baptisé par toi, et tu viens à moi !

15 Et Jésus répondant, lui dit : Ne t’y oppose pas pour le présent ; car c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir tout ce qui est juste. Alors il ne s’y opposa plus.

16 Et quand Jésus eut été baptisé, il sortit incontinent de l’eau, et à l'instant les cieux s’ouvrirent sur lui, et Jean vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe et venant sur lui.

17 En même temps une voix vint des cieux, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection. 

RÉFLEXIONS

Il faut faire d’abord cette considération générale sur la première partie de ce chapitre qu’avant que Jésus-Christ parût, Jean-Baptiste fut envoyé de Dieu selon les oracles des prophètes pour annoncer aux Juifs la venue du Messie et pour les exhorter à la repentance.

Par-là Dieu voulait leur apprendre que le temps de la manifestation du règne du Messie était arrivé, mais que ce serait un règne spirituel et céleste et non un règne temporel et mondain comme ils le croyaient. C’était dans les mêmes vues que Jean Baptiste déclarait aux Juifs que le privilège qu’ils avaient de descendre du patriarche Abraham ne les garantissait point de la vengeance divine qui était prête à tomber sur leur nation à cause de son incrédulité et que Dieu appellerait d’autres peuples à leur place qui deviendraient les enfants d’Abraham par la foi. Enfin, il leur donnait à entendre que Jésus allait paraître et que ce serait lui qui exécuterait les jugements de Dieu sur les incrédules et sur les impénitents et qui donnerait de glorieuses récompenses aux gens de bien. Ce fut ainsi que Dieu, par sa sagesse, voulut disposer les Juifs à recevoir Jésus-Christ et les faire revenir des préjugés où ils étaient sur le règne du Messie et qui les auraient empêchés de croire en lui. Ce que nous devons recueillir de la prédication de Jean-Baptiste, c’est que sans l’amendement et la sainteté de la vie, on ne peut être disciple de Jésus-Christ, ni entrer dans le royaume de Dieu. Elle nous apprend que, comme les Juifs incrédules se vantaient en vain d’être les enfants d’Abraham, il ne sert de rien aux hypocrites d’être extérieurement dans l’alliance divine, que Jésus-Christ les discerne et les connaît, qu’il les séparera d’avec les justes et qu’il nettoiera son Église en envoyant les méchants au feu éternel et en recevant les vrais fidèles dans son royaume. Pour ce qui est du baptême de notre Seigneur, il faut considérer que dans le temps qu’il allait commencer les fonctions de sa charge, Dieu voulut qu’il fût baptisé par St. Jean son précurseur, que même il fit descendre le Saint-Esprit sur lui d’une manière visible et qu’il déclara par une voix venue du Ciel que Jésus était son fils bien-aimé. Ces choses arrivèrent pour montrer premièrement à Jean Baptiste et ensuite à tout le peuple que Jésus était le Messie promis. Ainsi, l’histoire du baptême de Jésus-Christ nous oblige de le regarder comme le fils de Dieu et à lui rendre une obéissance inviolable. Elle nous engage aussi à respecter le baptême par lequel nous avons été consacrés à Dieu pour être ses enfants et les héritiers de son royaume. 

CHAPITRE IV.

Saint Matthieu rapporte dans ce chapitre : I. L’histoire de la tentation de Jésus-Christ. II. La manière dont il commença à exercer son ministère dans la Galilée en annonçant la venue du règne de Dieu, en choisissant des apôtres et en faisant des miracles. 

1 Alors Jésus fut emmené par l’Esprit dans un désert pour être tenté par le diable.

2 Et après qu’il eut jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim.

3 Et le tentateur s’étant approché de lui, lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.

4 Mais Jésus répondit : Il est écrit : L’homme ne vivra pas seulement de pain, mais il vivra de tout ce qui sort de la bouche de Dieu.

5 Alors le diable le mena dans la ville sainte et le mit sur le haut du temple.

6 Et il lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit qu’il ordonnera à ses anges d’avoir soin de toi ; et ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre.

7 Jésus lui dit : Il est aussi écrit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.

8 Le diable le mena encore sur une montagne fort haute, et lui montra tous les royaumes du monde et leur gloire ;

9 Et lui dit : Je te donnerai toutes ces choses, si, en te prosternant, tu m’adores.

10 Alors Jésus lui dit : Retire-toi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.

11 Alors le diable le laissa ; et aussitôt les anges vinrent et le servirent.

12 Or, Jésus ayant appris que Jean avait été mis en prison, se retira dans la Galilée.

13 Et ayant quitté Nazareth, il vint demeurer à Capernaüm, ville proche de la mer, sur les confins de Zabulon et de Nephthali.

14 En sorte que ce qui avait été dit par Esaïe le prophète fut accompli :

15 Le pays de Zabulon et de Nephthali, le pays qui est sur le chemin de la mer, au-delà du Jourdain, la Galilée des gentils,

16 Le peuple qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et la lumière s’est levée sur ceux qui étaient assis dans la région et dans l’ombre de la mort.

17 Dès lors Jésus commença à prêcher et à dire : Amendez-vous ; car le royaume des cieux est proche.

18 Et Jésus, marchant le long de la mer de Galilée, vit deux frères, Simon, qui fut appelé Pierre, et André son frère, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car ils étaient pêcheurs.

19 Et il leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.

20 Et eux, laissant incontinent leurs filets, le suivirent.

21 De là, étant passé plus avant, il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère, dans une barque, avec Zébédée leur père, qui raccommodaient leurs filets, et il les appela.

22 Et eux, laissant incontinent leur barque et leur père, le suivirent.

23 Et Jésus allait par toute la Galilée, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu, et guérissant toutes sortes de maladies et de langueurs parmi le peuple.

24 Et sa renommée se répandit par toute la Syrie ; et on lui présentait tous ceux qui étaient malades et détenus de divers maux et de divers tourments, les démoniaques, les lunatiques, les paralytiques ; et il les guérissait.

25 Et une grande multitude le suivit de Galilée, de la Décapole, de Jérusalem, de Judée, et de delà le Jourdain. 

RÉFLEXIONS

Il faut remarquer en général sur l’histoire de la tentation que le diable en tentant notre Seigneur voulait éprouver s’il était le fils de Dieu et que Dieu permit cette tentation afin que le diable convaincu de cette vérité révérât la puissance de Jésus-Christ et afin qu’il parût que notre Seigneur était venu au monde pour détruire le règne du diable. Il faut considérer après cela sur cette histoire que puisque Jésus-Christ a été tenté, il ne faut pas être surpris si nous le sommes en diverses manières, mais que nous devons, à l’exemple de notre Seigneur, résister aux tentations et particulièrement à celles qui pourraient nous porter à la défiance, à la présomption, à l’amour de la gloire et des biens du monde, ou qui tendraient à nous détourner du vrai service de Dieu et de la fidélité que nous lui devons. La manière dont Jésus-Christ repoussa les tentations de satan en se servant de l’Écriture sainte nous montre que c’est par la parole de Dieu que nous pouvons rendre les tentations inutiles et éteindre tous les traits enflammés du malin. Il y a trois choses à remarquer sur la seconde partie de ce chapitre. I. La première que Jésus-Christ commença à exercer son ministère dans la Galilée en prêchant l’amendement comme Jean Baptiste avait fait. Cela doit nous convaincre de plus en plus que la sainteté de la vie était le but de l’Évangile que Jésus-Christ venait annoncer et que c’est aussi ce qu’il exige principalement de ses disciples. II. Le choix que notre Seigneur fit en appelant des pêcheurs pour en faire des apôtres est remarquable, il prouve que le succès que leur prédication eut dans la suite ne venait pas d’eux-mêmes et qu’on ne peut l’attribuer qu’à Dieu qui les revêtit de ses dons. III. Enfin, les guérisons miraculeuses par lesquelles Jésus se fit d’abord connaître tendaient à faire voir qu’il était envoyé de Dieu, que sa doctrine venait du ciel et qu’il n’était venu au monde que pour le bien et le salut des hommes. 

CHAPITRE V VERSETS 1 A 20

Ce chapitre contient avec les deux suivants le sermon que Jésus fit sur la montagne. Dans la première partie de ce chapitre, notre Seigneur fait deux choses. I. Il enseigne dans quelles dispositions il faut être pour parvenir au vrai bonheur. Il parle de l’obligation où sont ses disciples de vivre dans une grande sainteté. 

1 JESUS voyant le peuple, monta sur une montagne, et s’étant assis, ses disciples s’approchèrent de lui.

2 Et ouvrant sa bouche, il les enseignait, en disant :

3 Heureux les pauvres en esprit ; car le royaume des cieux est à eux.

4 Heureux ceux qui sont dans l’affliction ; car ils seront consolés.

5 Heureux les débonnaires ; car ils hériteront la terre.

6 Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice ; car ils seront rassasiés.

7 Heureux les miséricordieux ; car ils obtiendront miséricorde.

8 Heureux ceux qui ont le cœur pur ; car ils verront Dieu.

9 Heureux ceux qui procurent la paix ; car ils seront appelés enfants de Dieu.

10 Heureux ceux qui seront persécutés pour la justice ; car le royaume des cieux est à eux.

11 Vous serez heureux, lorsqu’à cause de moi on vous dira des injures, qu’on vous persécutera, et qu’on dira faussement contre vous toute sorte de mal.

12 Réjouissez-vous alors, et tressaillez de joie, parce que votre récompense sera grande dans les cieux ; car on a ainsi persécuté les prophètes qui ont été avant vous.

13 Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la salera-t-on ? Il ne vaut plus rien qu’à être jeté dehors, et à être foulé aux pieds par les hommes.

14 Vous êtes la lumière du monde ; une ville située sur une montagne ne peut être cachée ;

15 Et on n’allume point une chandelle pour la mettre sous un boisseau, mais on la met sur un chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.

16 Que votre lumière luise ainsi devant les hommes, afin qu’ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ils glorifient votre père qui est dans les cieux.

17 Ne pensez point que je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; je suis venu non pour les abolir, mais pour les accomplir ;

18 Car je vous dis en vérité que, jusqu’à ce que le ciel et la terre passent, il n’y aura rien dans la loi qui ne s’accomplisse, jusqu’à un seul iota, et à un seul trait de lettre.

19 Celui donc qui aura violé l’un de ces plus petits commandements, et qui aura ainsi enseigné les hommes, sera estimé le plus petit dans le royaume des cieux ; mais celui qui les aura observés et enseignés, celui-là sera estimé grand dans le royaume des cieux.

20 Car je vous dis, que si votre justice ne surpasse celle des Scribes et des Pharisiens, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux. 

RÉFLEXIONS

Le but de Jésus-Christ dans ce discours, qui est contenu dans les chapitres V, VI et VII de Saint Matthieu, est en général d’instruire ses disciples des principaux devoirs de la vie chrétienne. C’est pourquoi nous devons le lire avec une grande application et régler notre conduite par les divins préceptes qu’il contient. Il y a deux considérations à faire sur la première partie de ce chapitre : I. Les béatitudes nous enseignent en quoi consiste le vrai bonheur de l’homme et à quoi l’on reconnaît les vrais disciples de Jésus-Christ. Leur caractère est de n’avoir point le cœur attaché aux richesses, ni aux plaisirs, ni à la gloire du monde, de vivre dans le détachement des biens de la terre, dans la douceur, dans l’humilité, dans la pureté et dans la paix, de désirer ardemment et par-dessus toutes choses d’être justes et de plaire à Dieu ; et enfin, de souffrir avec joie la persécution pour l’Évangile. II. Jésus-Christ nous apprend que les disciples sont le sel de la terre et la lumière du monde, ce qui veut dire qu’ils doivent se distinguer des autres hommes par la sainteté de leur vie et travailler à les éclairer et à les édifier par leurs instructions et par leurs bons exemples. Il dit expressément que, tant s’en faut qu’il est venu au monde pour dispenser les hommes d’observer la loi de Dieu, il était venu au contraire pour les obliger encore plus fortement à l’accomplir et cela de la manière la plus parfaite. III. Enfin, il déclare qu’il ne recevra pas dans son royaume ceux qui n’auront pas une justice et une sainteté plus accomplie que celle qui était enseignée par les docteurs de la loi et par les pharisiens qui passaient parmi les Juifs pour les plus éclairés et les plus saints. Toutes ces instructions de notre Seigneur doivent nous faire sentir l’obligation indispensable où nous sommes de nous étudier à une vie sainte et même d’aspirer de toutes nos forces à une grande perfection. 

CHAPITRE V VERSETS 21 A 48

Jésus-Christ, voulant montrer que ses disciples sont appelés à une grande sainteté, enseigne qu’il ne suffit pas de s’abstenir des grands crimes qui sont condamnés expressément dans la loi de Dieu, mais qu’il faut encore éviter les péchés qui paraissent moins considérables et régler surtout les mouvements du cœur.

Dans cette vue il rapporte les commandements qui regardent : le meurtre, adultère, les serments, la vengeance, et l’amour du prochain. Il corrige les fausses interprétations que les Juifs donnaient à ces commandements-là et il en marque le véritable sens.

21 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; et celui qui tuera sera punissable par les juges.

22 Mais moi je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère, sans cause, sera puni par les juges ; et celui qui dira à son frère, Racha, sera puni par le conseil, et celui qui lui dira, fou, sera puni par la géhenne du feu.

23 Si donc tu apportes ton offrande à l’autel, et que là tu te souviennes que ton frère a quelque chose contre toi,

24 Laisse là ton offrande devant l’autel, et va-t’en premièrement te réconcilier avec ton frère ; et après cela viens et offre ton offrande.

25 Accorde-toi au plus tôt avec ta partie adverse, pendant que tu es en chemin avec elle, de peur que ta partie adverse ne te livre au juge, et que le juge ne te livre au sergent, et que tu ne sois mis en prison.

26 Je te dis en vérité, que tu ne sortiras pas de là, jusqu’à ce que tu aies payé le dernier quadrin.

27 Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne commettras point adultère.

28 Mais moi je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter, il a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.

29 Que si ton œil droit te fait tomber dans le péché, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.

30 Et si ta main droite te fait tomber dans le péché, coupe-la, et jette-la loin de toi ; car il vaut mieux pour toi qu’un de tes membres périsse, que si tout ton corps était jeté dans la géhenne.

31 Il a été dit aussi : Si quelqu’un répudie sa femme, qu’il lui donne la lettre de divorce.

32 Mais moi je vous dis que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, il l’expose à devenir adultère ; et que quiconque se mariera à la femme qui aura été répudiée, commet un adultère.

33 Vous avez encore entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne te parjureras point, mais tu t’acquitteras envers le Seigneur de ce que tu auras promis avec serment.

34 Mais moi je vous dis : Ne jurez du tout point ; ni par le ciel, car c’est le trône de Dieu ;

35 Ni par la terre, car c’est son marchepied ; ni par Jérusalem, car c’est la ville du grand Roi.

36 Ne jure pas non plus par ta tête, car tu ne peux faire devenir un seul cheveu blanc ou noir.

37 Mais que votre parole, soit, oui, oui, non, non ; ce qu’on dit de plus, vient du malin.

38 Vous avez entendu qu’il a été dit : Œil pour œil, et dent pour dent.

39 Mais moi je vous dis de ne pas résister à celui qui vous fait du mal ; mais si quelqu’un te frappe à la joue droite, présente-lui aussi l’autre ;

40 Et si quelqu’un veut plaider contre toi et t’ôter ta robe, laisse-lui encore l’habit ;

41 Et si quelqu’un te veut contraindre d’aller une lieue avec lui, vas-en deux.

42 Donne à celui qui te demande, et ne te détourne point de celui qui veut emprunter de toi.

43 Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi.

44 Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous outragent et qui vous persécutent ;

45 Afin que vous soyez enfants de votre Père qui est dans les cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes.

46 Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quelle récompense en aurez-vous ? Les péagers même n’en font-ils pas autant ?

47 Et si vous ne faites accueil qu’à vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les péagers même n’en font-ils pas autant ?

48 Soyez donc parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait.

REFLEXIONS

L’explication que notre Seigneur donne aux principaux commandements de la loi nous enseigne que Dieu ne défend et ne punit pas seulement les grands crimes et les péchés criants qui sont exprimés dans le décalogue, mais qu’il condamne et punit aussi les mauvaises pensées et les mauvais désirs que les docteurs juifs ne regardaient que comme des fautes légères.

Outre cette leçon générale et qui est fort importante, Jésus-Christ nous instruit sur ces quatre devoirs particuliers :

Le premier, que la colère et les termes méprisants et injurieux qui procèdent de la haine dont  on est animé contre le prochain assujettissent aussi bien à la condamnation que le meurtre, que bien loin de haïr personne, il faut travailler à avoir la paix avec tous les hommes et qu’il ne nous est pas permis de nous présenter devant Dieu et de lui offrir nos prières,  à moins que nous n’ayons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour nous réconcilier avec ceux qui ont quelque chose contre nous.

Le second devoir regarde la pureté et la chasteté. Notre Seigneur nous enseigne que les désirs impurs rendent coupables devant Dieu, tout de même que l’adultère et les crimes de l’impureté, que pour être chaste, il faut veiller sur soi-même, mortifier ses sens, arracher son œil, couper sa main, c’est-à-dire se priver de ce qui nous serait le plus cher et le plus agréable, se mortifier et renoncer à tout ce qui pourrait être une occasion de chute. Il nous apprend aussi à cette occasion que les liens du mariage ne peuvent être rompus que par l’adultère, ce qui montre combien les chrétiens doivent être chastes.

La troisième instruction concerne le serment. La doctrine du fils de Dieu sur cet article est qu’il ne suffit pas d’éviter le parjure, qui est l’un des plus grands crimes, mais qu’il faut même se faire un scrupule de violer les serments qui ne sont pas faits par le nom de Dieu et s’abstenir entièrement des serments vains et téméraires, en quelques termes qu’ils soient conçus, puisqu’ils sont défendus par la loi de Jésus-Christ et d’ailleurs contraires au respect qui est dû à la divinité.

Le quatrième devoir est celui de la charité et de l’amour du prochain. Ce que Jésus-Christ nous ordonne à cet égard c’est de nous abstenir de la vengeance, de souffrir les injures, plutôt que de rendre le mal pour le mal, de nous relâcher de notre droit pour avoir la paix et pour éviter les disputes, d’aimer tous les hommes, même ceux qui nous haïssent et d’imiter en cela Dieu notre Père qui fait du bien à tous et même aux méchants et aux ingrats. C’est la loi de l’Évangile et de la vraie charité et ce sera dans la pratique de tous ces devoirs que nous trouverons notre perfection et notre gloire. 

CHAPITRE VI.

Jésus-Christ instruit ses disciples sur l’aumône, sur la prière et sur le jeûne. I. Il leur montre comment il faut s’acquitter de ces actes religieux et il recommande surtout d’y éviter l’hypocrisie et l’ostentation. II. II leur défend de travailler pour amasser les biens du monde et d’être en souci pour les besoins de cette vie et il les exhorte à se reposer sur la providence et à chercher avant toutes choses le royaume de Dieu et sa justice. 

1 Prenez garde de ne pas faire votre aumône devant les hommes, afin d’en être vus ; autrement vous n’en aurez point de récompense de votre Père qui est aux cieux.

2 Quand donc tu feras l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme font les hypocrites dans les synagogues et dans les rues, afin qu’ils en soient honorés des hommes. Je vous dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.

3 Mais quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite ;

4 Afin que ton aumône se fasse en secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te le rendra publiquement.

5 Et quand tu prieras, ne fais pas comme les hypocrites ; car ils aiment à prier en se tenant debout dans les synagogues et aux coins des rues, afin d’être vus des hommes. Je vous dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.

6 Mais toi, quand tu pries, entre dans ton cabinet, et ayant fermé la porte, prie ton Père qui est dans ce lieu secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te le rendra publiquement.

7 Or, quand vous priez, n’usez pas de vaines redites, comme les païens ; car ils croient qu’ils seront exaucés en parlant beaucoup.

8 Ne leur ressemblez donc pas ; car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.

9 Vous donc priez ainsi : Notre Père qui est aux cieux, ton nom soit sanctifié ;

10 Ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ;

11 Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien ;

12 Pardonne-nous nos péchés, comme aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ;

13 Et ne nous abandonne point à la tentation ; mais délivre-nous du malin ; car à toi appartient le règne, la puissance, et la gloire à jamais. Amen.

14 Si vous pardonnez aux hommes leurs offenses, votre Père céleste vous pardonnera aussi les vôtres.

15 Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes leurs offenses, votre Père ne vous pardonnera pas non plus les vôtres.

16 Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites ; car ils se rendent le visage tout défait, afin qu’il paraisse aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous, dis en vérité qu’ils reçoivent leur récompense.

17 Mais toi, quand tu jeûnes, oins ta tête et lave ton visage ;

18 Afin qu’il ne paraisse pas aux hommes que tu jeûnes, mais seulement à ton Père qui est en secret ; et ton Père qui te voit dans le secret, te récompensera publiquement.

19 Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où les vers et la rouille gâtent tout, et où les larrons percent et dérobent ;

20 Mais amassez-vous des trésors dans le ciel, où les vers ni la rouille ne gâtent rien, et où les larrons ne percent ni ne dérobent point.

21 Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur.

22 L’œil est la lumière du corps. Si donc ton œil est sain, tout ton corps sera éclairé ;

23 Mais si ton œil est mauvais, tout ton corps sera ténébreux. Si donc la lumière qui est en toi n’est que ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres !

24 Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.

25 C’est pourquoi, je vous dis : Ne soyez point en souci de votre vie, de ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez ; ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus. La vie n’est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ?

26 Regardez les oiseaux de l’air ; car ils ne sèment ni ne moissonnent, ni n’amassent rien dans des greniers, et votre Père céleste les nourrit. N’êtes-vous pas beaucoup plus excellents qu’eux ?

27 Et qui est-ce d’entre vous qui par son souci puisse ajouter une coudée à sa taille ?

28 Et pour ce qui est du vêtement, pourquoi en êtes-vous en souci ? Apprenez comment les lis des champs croissent ; ils ne travaillent ni ne filent.

29 Cependant je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a point été vêtu comme l’un d’eux.

30 Si donc Dieu revêt ainsi l’herbe des champs, qui est aujourd’hui, et qui demain sera jetée dans le four, ne vous revêtira-t-il pas beaucoup plutôt, ô gens de petite foi ?

31 Ne soyez donc point en souci, disant : Que mangerons-nous ? que boirons-nous ? ou de quoi serons-nous vêtus ?

32 Car ce sont les païens qui recherchent toutes ces choses, et votre Père céleste sait que vous avez besoin de toutes ces choses-là.

33 Mais cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

34 Ne soyez donc point en souci pour le lendemain ; car le lendemain aura soin de ce qui le regarde. A chaque jour suffit sa peine. 

REFLEXIONS

JESUS-CHRIST nous apprend ici :

I. Premièrement que l’aumône, la prière et le jeûne sont trois devoirs très importants. Quant au jeûne en particulier, puisque Jésus-Christ donne des règles là-dessus, aussi bien que la prière et sur l’aumône, il paraît évidemment que son intention a été que ses disciples jeûnassent. Les jeûnes particuliers sont ceux dont il s’agit dans ce chapitre, étant très utiles pour mortifier la chair et pour se disposer à l’humiliation et à la prière et ayant aussi été pratiqué par les apôtres et ensuite par tous les chrétiens.

II. Notre Seigneur recommande d’éviter avec soin l’hypocrisie et la vaine gloire lorsqu’on fait la charité, lorsqu’on prie et lorsqu’on jeûne et de s’acquitter de ces devoirs avec sincérité et avec humilité, nous souvenant que nous sommes devant Dieu qui voit tout ce qui se passe dans le secret de notre cœur et que les hypocrites n’ont aucune récompense à attendre de lui.

III. Puisque l’oraison dominicale est un formulaire de prière qui a Jésus-Christ pour auteur et qu’elle comprend tout ce qui est nécessaire pour la gloire de Dieu et pour notre propre bonheur, l’usage que nous en devons faire est premièrement d’apporter un très grand respect et beaucoup d’attention et de dévotion lorsque nous la présentons à Dieu et en second lieu de conformer non seulement nos prières, mais aussi nos sentiments et notre conduite à cet excellent modèle que Jésus-Christ nous a laissé.

IV. Notre Seigneur nous déclare ici de la manière la plus expresse que nous ne devons pas espérer que Dieu nous exauce et nous pardonne si nous ne pardonnons pas à ceux qui nous ont offensés. C’est sur quoi nous devons bien nous examiner toutes les fois que nous nous présentons devant Dieu pour lui offrir nos prières.

V. La cinquième leçon que ce chapitre nous donne est de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont divers accidents peuvent nous priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.

VI. Notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’immortalité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.

VII. Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel. 

CHAPITRE VII.

Notre Seigneur parle des jugements téméraires, de la prudence avec laquelle il faut proposer la vérité, de la prière et de son efficace. Il prescrit la règle de la justice et de la charité, il exhorte à entrer par la porte étroite et à éviter les faux docteurs. Il dit que ceux qui l’appellent Seigneur n’entreront pas tous dans le Ciel et il montre par une similitude qu’il ne sert de rien d’écouter sa parole si l’on ne pratique pas ce qu’elle enseigne. 

1 Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés ;

2 Car on vous jugera du même jugement que vous aurez jugé ; et on vous mesurera de la même mesure que vous aurez mesuré les autres.

3 Et pourquoi regardes-tu une paille qui est dans l’œil de ton frère, tandis que tu ne vois pas une poutre qui est dans ton œil ?

4 Ou, comment dis-tu à ton frère : Permets que j’ôte cette paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ?

5 Hypocrite ! ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu penseras à ôter la paille hors de l’œil de ton frère.

6 Ne donnez point les choses saintes aux chiens, et ne jetez point vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent à leurs pieds, et que se tournant ils ne vous déchirent.

7 Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et on vous ouvrira.

8 Car quiconque demande, reçoit ; et qui cherche, trouve ; et l’on ouvre à celui qui heurte.

9 Et qui sera même l’homme d’entre vous qui donne une pierre à son fils, s’il lui demande du pain ?

10 Et s’il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent ?

11 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez bien donner à vos enfants de bonnes choses, combien plus votre Père qui est dans les cieux donnera-t-il des biens à ceux qui les lui demandent ?

12 Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les-leur aussi de même ; car c’est là la loi et les prophètes.

13 Entrez par la porte étroite ; car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui y entrent.

14 Mais la porte étroite et le chemin étroit mènent à la vie, et il y en a peu qui le trouvent.

15 Gardez-vous des faux prophètes, qui viennent à vous en habits de brebis, mais qui au dedans sont des loups ravissants.

16 Vous les reconnaîtrez à leurs fruits ; cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des chardons ?

17 Ainsi tout arbre qui est bon, porte de bons fruits ; mais un mauvais arbre porte de mauvais fruits.

18 Un bon arbre ne peut porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre porter de bons fruits.

19 Tout arbre qui ne porte point de bon fruit est coupé et jeté au feu.

20 Vous les connaîtrez donc à leurs fruits.

21 Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n’entreront pas tous au royaume des cieux ; mais celui-là seulement qui fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux.

22 Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? Et n’avons-nous pas chassé les démons en ton nom ? Et n’avons-nous pas fait plusieurs miracles en ton nom ?

23 Alors je leur dirai ouvertement : Je ne vous ai jamais connus ; retirez-vous de moi, vous qui faites métier d’iniquité.

24 Quiconque donc entend ces paroles que je dis, et les met en pratique, je le comparerai à un homme prudent qui a bâti sa maison sur le roc ;

25 Et la pluie est tombée, et les torrents se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là ; elle n’est point tombée, car elle était fondée sur le roc.

26 Mais quiconque entend ces paroles que je dis, et ne les met pas en pratique, sera comparé à un homme insensé qui a bâti sa maison sur le sable ;

27 Et la pluie est tombée, et les torrents se sont débordés, et les vents ont soufflé, et sont venus fondre sur cette maison-là ; elle est tombée, et sa ruine a été grande.

28 Et quand Jésus eut achevé ces discours, le peuple fut étonné de sa doctrine ;

29 Car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les Scribes. 

RÉFLEXIONS

Ce chapitre contient plusieurs instructions importantes. I. La première, de ne pas juger témérairement du prochain, de ne pas le condamner avec rigueur et de reconnaître nos propres défauts, afin de nous en corriger, plutôt que de rechercher curieusement et de reprendre les défauts des autres. II. La seconde, de ne pas donner les choses saintes aux chiens ; c’est une leçon de prudence dont le sens est que quand on a affaire à des hommes charnels et profanes qui rejettent avec mépris et avec fierté la doctrine de l’Évangile, il ne faut pas la leur proposer de peur qu’on n’expose la vérité et la piété à leur mépris et qu’on s’attire leur haine. III. Notre Seigneur nous exhorte à prier Dieu avec confiance et il nous assure que la prière est d’une très grande efficace, moyennant qu’elle soit accompagnée de zèle et de persévérance et que l’on demande à Dieu les véritables biens ; c’est ce qu’il montre par la comparaison qu’il fait de Dieu avec les pères qui ne refusent pas à leurs enfants les choses nécessaires.

IV. Il nous donne ici la règle de la justice et de la charité qui est de faire aux autres, tout ce que nous voudrions qu’ils nous fissent. C’est là une règle très parfaite et en même temps très simple et très claire que nous devons toujours avoir devant les yeux. V. Il exhorte ses disciples à entrer par la porte étroite, c’est-à-dire à suivre le chemin de la foi et de la piété qui conduit au salut, bien que ce chemin soit suivi de peu de personnes, qu’il soit contraire aux passions et aux inclinaisons des hommes et que l’on y soit quelquefois exposé à la persécution et il veut que l’on fuie le chemin de l’erreur et du vice qui paraît agréable à la chair et où l’on voit marcher beaucoup de gens, mais qui mène à la perdition. VI. Il avertit ses disciples de se donner garde des faux docteurs et des imposteurs dont on devait voir un grand nombre dans la suite. La règle qu’il donne là-dessus est de les examiner par leurs fruits, c’est-à-dire, par leurs œuvres et par leur conduite et d’avoir aussi égard aux effets que leur doctrine peut produire, en voyant si elle tend à la gloire de Dieu et à rendre les hommes meilleurs. VII. Jésus-Christ déclare que ceux qui l’appellent leur Seigneur n’entreront pas tous dans le Ciel, qu’il n’y recevra que ceux qui font sa volonté et que plusieurs qui l’auront connu et qui auront même fait des miracles en son nom seront exclus de son royaume parce qu’ils n’auront pas gardé ses commandements. VIII. Enfin, Jésus-Christ conclut ce discours par la comparaison d’une maison qui serait bâtie sur le roc ou sur le sable, par là il nous apprend que c’est en vain qu’on écoute sa parole si l’on n’observe pas ce qu’il nous commande et que ceux qui manquent à ce devoir essentiel ne sauraient jamais persévérer dans le bien, ni résister aux tentations. Ainsi cette similitude nous montre l’usage que nous devons faire de la doctrine de notre Seigneur et en particulier des instructions qui sont contenues dans ce chapitre et dans les deux précédents. 

CHAPITRE VIII VERSETS 1 A 17.

St. Matthieu récite divers miracles de Jésus-Christ : la guérison d’un lépreux. Celle du serviteur d’un capitaine païen. Celle de la belle-mère de Saint Pierre et de plusieurs autres malades.

 1 Quand Jésus fut descendu la montagne, une grande multitude de peuple le suivit.

2 Alors un lépreux vint se prosterner devant lui, et lui dit : Seigneur, si tu le veux, tu peux me nettoyer.

3 Et Jésus étendant la main, le toucha et lui dit : Je le veux : sois nettoyé ; et incontinent il fut nettoyé de sa lèpre.

4 Puis Jésus lui dit : Garde-toi de le dire à personne ; mais va-t’en, montre-toi au sacrificateur, et offre le don que Moïse a ordonné, afin que cela leur serve de témoignage.

5 Et Jésus étant entré dans Capernaüm, un centenier vint à lui, le priant,

6 Et lui disant : Seigneur, mon serviteur est au lit dans la maison, malade de paralysie, et fort tourmenté.

7 Et Jésus lui dit : J’irai, et je le guérirai.

8 Et le centenier répondit et lui dit : Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres chez moi ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.

9 Car quoique je ne sois qu’un homme soumis à la puissance d’autrui, j’ai sous moi des soldats, et je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais cela, et il le fait.

10 Ce que Jésus ayant ouï, il en fut étonné, et dit à ceux qui le suivaient : Je vous dis en vérité que je n’ai point trouvé une si grande foi, pas même en Israël.

11 Aussi je vous dis que plusieurs viendront d’Orient et d’Occident, et seront à table au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob ;

12 Et les enfants du royaume seront jetés dans les ténèbres de dehors ; il y aura là des pleurs et des grincements de dents.

13 Alors Jésus dit au centenier : Va, et qu’il te soit fait selon que tu as cru ; et à l’heure même son serviteur fut guéri.

14 Puis Jésus étant venu à la maison de Pierre, vit sa belle-mère couchée au lit et ayant la fièvre.

15 Et il lui toucha la main, et la fièvre la quitta ; puis elle se leva et les servit.

16 Sur le soir on lui présenta plusieurs démoniaques, dont il chassa les mauvais esprits par sa parole ; il guérit aussi tous ceux qui étaient malades ;

17 C’est ainsi que s’accomplît ce qui avait été dit par Esaïe le prophète : Il a pris nos langueurs, et s’est chargé de nos maladies.

RÉFLEXIONS

Comme c’est dans ce chapitre que commence le récit des miracles de Jésus-Christ, la première réflexion qu’il faut faire ici regarde ces miracles en général. On y découvre d’un côté la puissance infinie de notre Seigneur qui guérissait toutes sortes de maladies par sa seule parole et de l’autre sa bonté et son amour envers les hommes, puisque ces miracles n’ont été que des bienfaits. Après cela, il faut savoir, que le but de ces miracles était de convaincre les hommes que Jésus était envoyé de Dieu et de les engager à l’écouter et à croire en lui. C’est à cause de cela qu’il ne faisait ordinairement ses miracles qu’en faveur de ceux qui croyaient qu’il avait le pouvoir de les faire. Outre ces réflexions générales qu’on doit toujours avoir devant les yeux lorsqu’on lit l’Évangile, il faut remarquer dans la guérison du lépreux que Jésus-Christ le guérit ayant égard à sa foi et à sa prière, par où nous pouvons voir que notre Seigneur sauve et délivre ceux qui s’adressent à lui avec confiance et avec humilité. Au reste, si Jésus-Christ ordonna au lépreux d’aller se montrer au sacrificateur et d’offrir ce qui est prescrit par la loi, ce fut pour convaincre les Juifs que cet homme était véritablement guéri et afin qu’ils ne puissent pas accuser Jésus d’être ennemi de la loi de Moïse. L’histoire du centenier qui demanda la guérison de son serviteur à Jésus-Christ est surtout remarquable par la grande humilité et par la foi admirable de cet homme. Il ne se croyait pas digne de recevoir Jésus dans sa maison, mais il était persuadé que notre Seigneur pouvait, sans y aller, guérir son serviteur par une seule parole, avec la même facilité que lui, qui était officier, se faisait obéir par ses soldats. Les grandes louanges que Jésus-Christ donna à la foi du centenier, qui était païen de naissance, en disant qu’il n’avait pas trouvé une si grande foi parmi les Juifs, nous obligent à faire beaucoup d’attention à cet endroit de l’Évangile et à imiter un si bel exemple d’humilité et de foi. Jésus-Christ prédit à cette occasion que plusieurs viendraient d’Orient et d’Occident et seraient à table au royaume de Dieu et que les enfants du royaume seraient jetés dehors. Cela voulait dire que les païens viendraient de divers endroits du monde pour entrer dans l’alliance divine et que les Juifs seraient rejetés. Ce fut ce que l’événement vérifia peu après. Enfin, la réflexion que St. Matthieu fait sur la guérison de la belle-mère de Saint Pierre et de divers autres malades, en rapportant cet oracle d’Ésaïe. Il a pris nos langueurs et il s’est chargé de nos maladies, nous instruit du but de tous ces miracles. Ils tendaient à montrer que Jésus était un sauveur charitable et qu’il n’était venu au monde que pour faire du bien aux hommes et pour les délivrer de tous leurs maux et principalement de leurs péchés. 

CHAPITRE VIII VERSETS 18 A 34

Notre Seigneur : I. Répond à un docteur de la loi et à un de ses disciples qui voulaient le suivre. II. Il apaise une tempête. III. Il délivre deux démoniaques. 

18 JÉSUS voyant une grande foule de peuple autour de lui, ordonna qu’on passât à l’autre bord du lac.

19 Alors un Scribe s’étant approché lui dit : Maître, je te suivrai partout où tu iras.

20 Et Jésus lui dit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux de l’air ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.

21 Et un autre de ses disciples lui dit : Seigneur, permets que j’aille auparavant ensevelir mon père.

22 Mais Jésus lui dit : Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.

23 Ensuite il entra dans la barque, et ses disciples le suivirent.

24 Et il s’éleva tout à coup une grande tourmente sur la mer, en sorte que la barque était couverte des flots ; mais il dormait.

25 Et ses disciples, s’approchant de lui, le réveillèrent et lui dirent : Seigneur, sauve-nous ; nous périssons.

26 Et il leur dit : Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ? Et s’étant levé, il parla avec autorité aux vents et à la mer ; et il se fit un grand calme.

27 Et ces gens-là furent dans l’admiration, et ils disaient : Quel est cet homme à qui les vents mêmes et la mer obéissent ?

28 Quand il fut arrivé à l’autre bord, dans le pays des Gergéséniens, deux démoniaques, étant sortis des sépulcres, vinrent à lui ; ils étaient si furieux que personne n’osait passer par ce chemin-là.

29 Et ils se mirent à crier : Qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus, Fils de Dieu ? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps ?

30 Or, il y avait assez loin d’eux un grand troupeau de pourceaux qui paissait.

31 Et les démons le prièrent et lui dirent : Si tu nous chasses, permets-nous d’entrer dans ce troupeau de pourceaux.

32 Et il leur dit : Allez. Et étant sortis, ils allèrent dans ce troupeau de pourceaux ; et aussitôt tout ce troupeau se précipita avec impétuosité dans la mer, et ils moururent dans les eaux.

33 Alors ceux qui les paissaient s’enfuirent, et étant venus dans la ville, ils y racontèrent tout ce qui s’était passé, et ce qui était arrivé aux démoniaques.

34 Aussitôt toute la ville sortit au-devant de Jésus, et dès qu’ils le virent, ils le prièrent de se retirer de leurs quartiers. 

RÉFLEXIONS

La réponse que Jésus-Christ fit à ce docteur de la loi, qui voulait le suivre, tendait à lui apprendre qu’il ne devait pas s’attendre à trouver auprès de lui les avantages du monde. Et ce qu’il dit à l’un de ses disciples, de laisser les morts ensevelir leurs morts, signifiait, qu’il devait laisser le soin des choses temporelles à ceux qui n’étaient pas éclairés des lumières de l’Évangile et que ceux qu’il appelait à être ses disciples devaient le suivre sans délai et être prêts à tout quitter et à renoncer aux choses de cette vie, même à celles qui étaient innocentes et permises lorsqu’elles pouvaient les empêcher de s’acquitter des devoirs de leur vocation. II. Dans le miracle que Jésus-Christ fit en apaisant une tempête, nous avons à remarquer, d’un côté, le pouvoir de notre Seigneur qui calmait les vents et la mer par sa seule parole et de l’autre, la faiblesse des apôtres qui craignaient de périr. Cet événement, qui tendait à confirmer leur foi, doit fortifier la nôtre et nous inspirer une parfaite confiance en la bonté et en la puissance de Jésus-Christ. On peut être dans une entière assurance, même au milieu des grands dangers, lorsqu’on est aimé de lui et quand on l’a pour protecteur. III. L’histoire de ces démoniaques que le Seigneur guérit nous fait voir que le démon exerçait alors sa puissance sur les hommes, mais que Jésus-Christ était venu pour lui ôter cette puissance et pour détruire son règne. À l’égard de ce qui arriva aux pourceaux qui se précipitèrent dans la mer, après que les démons furent entrés dans leurs corps par la permission de Jésus-Christ, il faut considérer que cette perte fut une épreuve et un châtiment pour les habitants de ces quartiers-là. Notre Seigneur voulut aussi faire voir que cet homme qu’il venait de guérir était véritablement possédé ; il montra encore par là qu’il avait le pouvoir de commander aux démons et que ces mauvais esprits ne pouvaient rien faire que par sa permission. Tout cela devait convaincre les hommes de l’autorité divine de Jésus-Christ, les instruire du but de sa venue au monde et les persuader de la vérité de sa doctrine. 

CHAPITRE IX.

Jésus-Christ guérit un paralytique. Il appelle Saint Matthieu à la charge d’apôtre et il répond à ceux qui se scandalisaient de ce qu’il mangeait avec les pécheurs. Il répond aussi à ceux qui lui demandaient pourquoi ses disciples ne jeûnaient pas comme ceux de Jean-Baptiste. Il guérit une femme qui avait une perte de sang, il ressuscite une jeune fille, il rend la vue à deux aveugles et il délivre un homme possédé du démon et muet. Enfin, il exhorte ses disciples à prier Dieu d’envoyer des personnes qui travaillassent à la conversion des peuples. 

JÉSUS étant entré dans une barque, repassa le lac, et vint en sa ville.

2 Et on lui présenta un paralytique couché sur un lit ; et Jésus voyant la foi de ces gens-là, dit au paralytique : Prends courage, mon fils, tes péchés te sont pardonnés.

3 Là-dessus quelques Scribes disaient en eux-mêmes : Cet homme blasphème.

4 Mais Jésus connaissant leurs pensées, leur dit : Pourquoi avez-vous de mauvaises pensées dans vos cœurs ?

5 Car lequel est le plus aisé de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, et marche ?

6 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a l’autorité sur la terre de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il alors au paralytique, charge-toi de ton lit, et t’en va dans ta maison.

7 Et il se leva, et s’en alla dans sa maison.

8 Ce que le peuple ayant vu, il fut rempli d’admiration, et il glorifia Dieu d’avoir donné un tel pouvoir aux hommes.

9 Et Jésus étant parti de là, vit un homme assis au bureau des impôts, nommé Matthieu ; et il lui dit : Suis-moi ; et lui se levant, le suivit.

10 Et un jour Jésus étant à table dans la maison de cet homme, beaucoup de péagers et de gens de mauvaise vie y vinrent et se mirent à table avec Jésus et ses disciples.

11 Les Pharisiens, voyant cela, dirent à ses disciples : Pourquoi votre maître mange-t-il avec des péagers et des gens de mauvaise vie ?

12 Et Jésus ayant entendu cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, ce sont ceux qui se portent mal.

13 Mais allez et apprenez ce que signifie cette parole : Je veux la miséricorde, et non pas le sacrifice ; car ce ne sont pas les justes que je suis venu appeler à la repentance, mais ce sont les pécheurs.

14 Alors les disciples de Jean vinrent à Jésus, et lui dirent : D’où vient que les Pharisiens et nous jeûnons souvent, et que tes disciples ne jeûnent point ?

15 Et Jésus leur répondit : Les amis de l’époux peuvent-ils s’affliger, pendant que l’époux est avec eux ? mais le temps viendra que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront.

16 Personne ne met une pièce de drap neuf à un vieil habit ; parce que la pièce emporterait une partie de l’habit, et la déchirure en serait pire.

17 On ne met pas non plus le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement les vaisseaux se rompent, le vin se répand, et les vaisseaux sont perdus ; mais on met le vin nouveau dans des vaisseaux neufs, et l’un et l’autre se conservent.

18 Comme il leur disait ces choses, un des chefs de la synagogue vint, qui se prosterna devant lui et lui dit : Ma fille vient de mourir ; mais viens lui imposer les mains, et elle vivra.

19 Et Jésus, s’étant levé, le suivit avec ses disciples.

20 Et une femme, qui était malade d’une perte de sang depuis douze ans, s’approcha par derrière et toucha le bord de son habit.

21 Car elle disait en elle-même : Si je puis seulement toucher son habit, je serai guérie.

22 Jésus s’étant retourné et la regardant lui dit : Prends courage, ma fille, ta foi t’a guérie ; et cette femme fut guérie dès cette heure-là.

23 Quand Jésus fut arrivé à la maison du chef de la synagogue, et qu’il eut vu les joueurs de flûte et une troupe de gens qui faisait grand bruit,

24 Il leur dit : Retirez-vous ; car cette jeune fille n’est pas morte, mais elle dort. Et ils se moquaient de lui.

25 Et après qu’on eut fait sortir tout le monde, il entra, et prit par la main cette jeune fille, et elle se leva.

26 Et le bruit s’en répandit par tout ce quartier-là.

27 Comme Jésus partait de là, deux aveugles le suivirent, criant et disant : Fils de David, aie pitié de nous.

28 Et quand il fut arrivé à la maison, ces aveugles vinrent à lui, et Jésus leur dit : Croyez-vous que je  puisse faire cela ? Ils lui répondirent : Oui, Seigneur.

29 Alors il leur toucha les yeux, en leur disant : Qu’il vous soit fait selon votre foi.

30 Et leurs yeux furent ouverts ; et Jésus leur défendit fortement d’en parler, en leur disant : Prenez garde que personne ne le sache.

31 Mais étant sortis, ils répandirent sa réputation dans tout ce quartier-là.

32 Et comme ils sortaient, on lui présenta un homme muet, démoniaque.

33 Et le démon ayant été chassé, le muet parla. Et le peuple, étant dans l’admiration, disait : Rien de semblable n’a jamais été vu en Israël.

34 Mais les Pharisiens disaient : Il chasse les démons par le prince des démons.

35 Et Jésus allait par toutes les villes et par toutes les bourgades, enseignant dans leurs synagogues, prêchant l’évangile du règne de Dieu, et guérissant toutes sortes de maladies et toutes sortes d’infirmités parmi le peuple.

36 Et voyant la multitude du peuple, il fut ému de compassion envers eux, de ce qu’ils étaient dispersés et errants comme des brebis qui n’ont point de berger.

37 Alors il dit à ses disciples : La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvriers.

38 Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson. 

RÉFLEXIONS

Il y a deux réflexions à faire sur la guérison du paralytique :

L’une, que notre Seigneur eut égard à la foi de cet homme et de ceux qui le lui présentaient, ce qui nous montre que c’est par la foi et par un humble recours à Jésus-Christ que nous pouvons avoir part aux effets de sa grâce. L’autre, que puisque Jésus-Christ avait non seulement le pouvoir de guérir les malades, mais aussi l’autorité de pardonner les péchés, nous devons le regarder comme notre juge et nous soumettre en état d’obtenir de lui la rémission de nos offenses par la repentance et par la foi. II. Ce que Jésus répondit à ceux qui trouvaient mauvais qu’il mangea avec les péagers et les gens de mauvaise vie nous apprend qu’il est venu au monde pour sauver les pécheurs, mais que le but de sa venue est aussi de les amener à la repentance et qu’ainsi sans l’amendement on ne saurait parvenir au salut. III. Il faut considérer que si Jésus-Christ n’assujettissait pas ses disciples à des jeûnes réglés, tels qu’étaient ceux des disciples de Jean Baptiste, ce n’était pas que sa doctrine sur cet article fut différente de celle de son précurseur, ni qu’il condamnât le jeûne, il les a recommandés par son exemple et par ses préceptes et il appelle ses disciples à vivre dans la mortification et non dans l’aise et dans les plaisirs. Mais il en usait ainsi par la même raison qu’il ne menait pas lui-même une vie aussi retirée et aussi austère que Jean Baptiste, savoir parce que son ministère l’obligeait à aller de lieu en lieu et à se rencontrer avec toutes sortes de personnes. Au reste, il déclare que dans la suite ses disciples seraient appelés non seulement à jeûner, mais à souffrir ce qu’il y avait de plus fâcheux et que s’il ne les exposait pas à ces rudes épreuves pendant qu’il était avec eux, c’était parce qu’ils n’auraient pas pu les supporter, c’est ce qu’il représente par la comparaison du vieil habit et des vaisseaux à vin. IV. On voit dans la guérison de cette femme qui était malade depuis douze ans d’une perte de sang, que notre Seigneur guérissait les maladies les plus invétérées et les plus incurables, surtout on doit y remarquer l’humilité et la foi admirable de cette femme, qui n’osant pas s’adresser à Jésus, était persuadée que si elle pouvait seulement toucher son habit, elle serait guérie, ce qui arriva aussi comme elle l’avait crû. Cet exemple montre que quand on a recours à Jésus-Christ avec une profonde humilité et une ferme confiance, on obtient infailliblement les effets de sa miséricorde. V. La résurrection de la jeune fille à qui notre Seigneur rendit la vie prouve qu’il ne guérissait pas seulement les malades, mais qu’il rendait même la vie aux morts. Cela doit nous convaincre pleinement qu’il était envoyé de Dieu et nous confirmer dans la croyance et dans l’attente de notre résurrection. VI. Il est dit sur la fin de ce chapitre que Jésus-Christ, voyant que le peuple qui le suivait manquait d’instruction et de bons conducteurs, en eut pitié et qu’il exhorta ses disciples à prier le maître de la moisson qu’il poussât des ouvriers dans sa moisson. Ces paroles, qui marquent la grande bonté dont notre Seigneur était animé, doivent nous inspirer les mêmes sentiments de compassion en faveur de ceux qui sont dans l’égarement et nous exciter à prier Dieu qu’il envoie en tous lieux de fidèles ministres qui travaillent efficacement à la conversion des hommes et à l’établissement de son règne. 

CHAPITRE X.

On voit dans ce chapitre : I. La vocation et les noms des douze apôtres. II. Les ordres que Jésus-Christ leur donna lorsqu’il les envoya la première fois annoncer la venue du règne de Dieu dans la Judée. Il leur dit qu’il s’élèverait de grands troubles dans le monde à l’occasion de l’Évangile et qu’on les persécuterait, mais il les assure de la protection de Dieu, il leur propose son exemple, il les exhorte à ne point craindre les hommes et à ne craindre que Dieu seul, il déclare ce qui arrivera à ceux qui le confesseront ou qui le renieront devant les hommes, enfin il promet de récompenser ceux qui recevront ses disciples et qui leur feront du bien. 

JÉSUS ayant appelé ses douze disciples, il leur donna le pouvoir de chasser les esprits immondes et de guérir toutes sortes de maladies et toutes sortes d’infirmités.

2 Or, voici les noms des douze apôtres : Le premier est Simon, nommé Pierre, et André son frère ; Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère ;

3 Philippe et Barthélemi, Thomas, et Matthieu le péager, Jacques, fils d’Alphée, et Lebbée surnommé Thaddée ;

4 Simon le Cananite, et Judas Iscariot, qui même trahit Jésus.

5 Jésus envoya ces douze-là, et il leur donna ses ordres, en disant : N’allez point vers les Gentils, et n’entrez dans aucune ville des Samaritains.

6 Mais allez plutôt aux brebis de la maison d’Israël qui sont perdues.

7 Et quand vous serez partis, prêchez et dites : Que le royaume des cieux approche.

8 Guérissez les malades, nettoyez les lépreux, ressuscitez les morts, chassez les démons ; vous l’avez reçu gratuitement, donnez-le gratuitement.

9 Ne prenez ni or, ni argent, ni monnaie dans vos ceintures ;

10 Ni sac pour le voyage, ni deux habits, ni souliers, ni bâton ; car l’ouvrier est digne de sa nourriture.

11 Et dans quelque ville ou dans quelque bourgade que vous entriez, informez-vous qui y est digne de vous recevoir ; et demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez de ce lieu-là.

12 Et quand vous entrerez dans quelque maison, saluez-la.

13 Et si la maison en est digne, que votre paix vienne sur elle ; mais si elle n’en est pas digne, que votre paix retourne à vous.

14 Et partout où l’on ne vous recevra pas, et où l’on n’écoutera pas vos paroles, en sortant de cette maison ou de cette ville, secouez la poussière de vos pieds.

15 Je vous dis en vérité que Sodome et Gomorrhe seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.

16 Voici, je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme des serpents, et simples comme des colombes.

17 Mais donnez-vous de garde des hommes ; car ils vous livreront aux tribunaux, et ils vous feront fouetter dans les synagogues ;

18 Et vous serez menés devant les gouverneurs, et devant les rois, à cause de moi, pour me rendre témoignage devant eux et devant les nations.

19 Mais quand on vous livrera à eux, ne soyez point en peine, ni de ce que vous direz, ni comment vous parlerez ; car ce que vous aurez à dire vous sera inspiré à l’heure même.

20 Car ce n’est pas vous qui parlerez, mais c’est l’Esprit de votre Père qui parlera par vous.

21 Or, le frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant, et les enfants se soulèveront contre leurs pères et leurs mères, et les feront mourir.

22 Et vous serez haïs de tous, à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.

23 Or, quand ils vous persécuteront dans une ville, fuyez dans une autre ; je vous dis en vérité que vous n’aurez pas achevé d’aller par toutes les villes d’Israël, que le Fils de l’homme ne soit venu.

24 Le disciple n’est pas plus que son maître, ni le serviteur plus que son seigneur.

25 Il suffit au disciple d’être comme son maître, et au serviteur d’être comme son seigneur. S’ils ont appelé le père de famille Béelzébul, combien plus appelleront-ils ainsi ses domestiques ?

26 Ne les craignez donc point ; car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu.

27 Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le dans la lumière ; et ce que je vous dis à l’oreille, prêchez-le sur le haut des maisons.

28 Et ne craignez point ceux qui ôtent la vie du corps, et qui ne peuvent faire mourir l’âme ; mais craignez plutôt celui qui peut perdre et l’âme et le corps dans la géhenne.

29 Deux passereaux ne se vendent-ils pas une pite ? Et néanmoins il n’en tombera pas un seul à terre sans la permission de votre Père.

30 Les cheveux même de votre tête sont tous comptés.

31 Ne craignez donc rien ; vous valez mieux que beaucoup de passereaux.

32 Quiconque donc me confessera devant les hommes, je le confesserai aussi devant mon Père qui est aux cieux.

33 Mais quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai aussi devant mon Père qui est aux cieux.

34 Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu apporter, non la paix, mais l’épée.

35 Car je suis venu mettre la division entre le fils et le père, entre la fille et la mère, entre la belle-fille et la belle-mère.

36 Et on aura pour ennemis ses propres domestiques.

37 Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi, n’est pas digne de moi ; et qui aime son fils ou sa fille plus que moi, n’est pas digne de moi ;

38 Et celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi.

39 Celui qui aura conservé sa vie la perdra ; mais celui qui aura perdu sa vie à cause de moi, la retrouvera.

40 Celui qui vous reçoit me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.

41 Celui qui reçoit un prophète, en qualité de prophète, recevra une récompense de prophète ; et qui reçoit un juste, en qualité de juste, recevra une récompense de juste.

42 Et quiconque aura donné à boire seulement un verre d’eau froide à un de ces petits, parce qu’il est mon disciple, je vous dis en vérité qu’il ne perdra point sa récompense. 

RÉFLEXIONS

Jésus-Christ choisit autrefois les apôtres pour être les témoins de sa vie, de sa prédication et de ses miracles, pour annoncer l’Évangile et pour faire aussi des miracles premièrement parmi les Juifs et ensuite par tout le monde. Puisque le Seigneur les a choisis et que leurs noms ont été conservés dans les livres sacrés, leur mémoire doit être en bénédiction dans l’Église et nous devons au reste les imiter dans leurs vertus et nous soumettre à la doctrine qu’ils ont enseignées tant de vive voix que par leurs écrits. II. Jésus-Christ défendit alors aux apôtres d’aller vers les païens et vers les Samaritains et il leur ordonna d’annoncer l’Évangile aux Juifs seuls, parce que le temps n’était pas encore venu auquel les apôtres devaient aller par toute la terre. Ce fut pour la même raison qu’il leur dit de ne prendre aucune provision pour le chemin, cela n’était pas nécessaire alors puisqu’ils n’allaient pas bien loin et que leur voyage devait être court, le but de cette première mission des apôtres n’étant pas de répandre plus promptement parmi les Juifs la nouvelle de l’approche du règne de Dieu. Jésus voulait aussi leur apprendre par là à se reposer sur la providence. III. Les instructions que notre Seigneur donna aux apôtres montrent que ceux qui prêchent l’Évangile doivent le faire d’une manière désintéressée, avec beaucoup de prudence et avec zèle et hardiesse, sans craindre les hommes, ni la mort. IV. Il nous apprend que sa doctrine n’est reçue que par des gens qui ont le cœur bon et un esprit paisible et doux, que c’est aux personnes de ce caractère que les ministres de l’Évangile doivent s’attacher, que quand ils rencontrent des gens qui ne veulent pas les recevoir, ils doivent se retirer et que ceux qui auront ainsi rejeté les offres de la grâce de Dieu seront punis de la manière la plus rigoureuse. V. On a dans ce discours de Jésus-Christ une forte preuve de la divinité de la religion chrétienne en ce que les apôtres qui l’ont annoncée et ceux qui l’embrassèrent les premiers ont été exposés à diverses persécutions et qu’ils ont scellé de leur sang la vérité de l’Évangile et la sincérité de leur témoignage. VI. On peut faire ici diverses réflexions très utiles et principalement les suivantes :

- Que ceux qui font profession de la vérité et de la piété sont souvent haïs et persécutés, mais que Dieu les assiste d’une façon particulière ;

- Qu’il ne faut pas craindre les hommes qui ne peuvent nuire qu’au corps et qu’on ne doit craindre que Dieu seul qui peut jeter le corps et l’âme dans la géhenne ;

- Que les chrétiens doivent faire une profession ouverte de leur foi devant les hommes, même au péril de leur vie ;

-Qu’il s’élève souvent des troubles et des divisions dans le monde à l’occasion de l’Évangile, mais que cela n’arrive que par la faute des hommes ;

-Que les chrétiens doivent être prêts à renoncer à ce qu’ils ont de plus cher au monde pour suivre Jésus-Christ ;

-Et Enfin, que notre Seigneur récompensera abondamment la piété et la charité de ceux qui auront reçu ses disciples et qui les auront assistés. Toutes ces considérations tendent à nous animer à faire une profession sincère et constante de la religion de notre Sauveur, à en pratiquer tous les devoirs et à exercer avec plaisirs les œuvres de charité. 

CHAPITRE XI.

Jean Baptiste ayant envoyé deux de ses disciples vers Jésus-Christ pour lui demander s’il était le messie, notre Seigneur fait des miracles en leur présence. II. Il parle de la nature et de l’excellence de la charge de Jean Baptiste. III. Il se plaint de l’endurcissement des Juifs qui n’avaient profité, ni du ministère de Jean Baptiste, ni du sien et il menace les villes de la Galilée où il avait prêché et fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées. IV. Il loue Dieu de ce que les personnes qui avaient un esprit doux et humble recevaient sa doctrine pendant que ceux qui passaient dans le monde pour les plus éclairés la rejetaient et il convie tous ceux qui étaient travaillés et chargés de venir vers lui. 

1 Après que Jésus eut achevé de donner ces ordres à ses douze disciples, il partit de là pour aller enseigner et prêcher dans leurs villes.

2 Or, Jean ayant ouï parler dans la prison de ce que Jésus-Christ faisait, il envoya deux de ses disciples pour lui dire :

3 Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?

4 Et Jésus répondant leur dit : Allez et rapportez à Jean les choses que vous entendez et que vous voyez :

5 Les aveugles recouvrent la vue, les boiteux marchent, les lépreux sont nettoyés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et l’évangile est annoncé aux pauvres.

6 Heureux celui qui ne se scandalisera pas de moi.

7 Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à parler de Jean au peuple, et dit : Qu’êtes-vous allés voir au désert ? Était-ce un roseau agité du vent ?

8 Mais encore, qu’êtes-vous allés voir ? Était-ce un homme vêtu d’habits précieux ? Voilà, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois.

9 Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.

10 Car c’est celui-ci de qui il est écrit : Voici, j’envoie mon ange devant ta face, qui préparera ton chemin devant toi.

11 Je vous dis en vérité qu’entre ceux qui sont nés de femme il n’en a été suscité aucun plus grand que Jean-Baptiste ; toutefois, celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui.

12 Mais depuis le temps de Jean-Baptiste jusqu’à maintenant le royaume des cieux est forcé, et les violents le ravissent.

13 Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean.

14 Et si vous voulez recevoir ce que je dis, il est cet Élie qui devait venir.

15 Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.

16 Mais à qui comparerai-je cette génération ? Elle ressemble aux petits enfants qui sont assis dans les places publiques, et qui crient à leurs compagnons,

17 Et leur disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des plaintes devant vous, et vous n’avez point pleuré.

18 Car Jean est venu ne mangeant ni ne buvant ; et ils disent : Il a un démon.

19 Le Fils de l’homme est venu mangeant et buvant ; et ils disent : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des péagers et des gens de mauvaise vie ; mais la sagesse a été justifiée par ses enfants.

20 Alors il se mit à faire des reproches aux villes où il avait fait plusieurs de ses miracles, de ce qu’elles ne s’étaient point amendées.

21 Malheur à toi, Corazin ! Malheur à toi, Bethsaïde ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous, eussent été faits à Tyr et à Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties en prenant le sac et la cendre.

22 C’est pourquoi je vous dis que Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que vous.

23 Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’en enfer ; car si les miracles qui ont été faits au milieu de toi eussent été faits à Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui.

24 C’est pourquoi je te dis que ceux de Sodome seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que toi.

25 En ce temps-là, Jésus, prenant la parole, dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants.

26 Oui, mon Père, cela est ainsi, parce que tu l’as trouvé bon.

27 Toutes choses m’ont été données par mon Père ; et nul ne connaît le Fils que le père, et nul ne connaît le Père que le Fils, et celui à qui le Fils aura voulu le faire connaître.

28 Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous soulagerai.

29 Chargez-vous de mon joug, et apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes ;

30 Car mon joug est aisé, et mon fardeau léger.

RÉFLEXIONS

Pour profiter de cette lecture, il faut remarquer : I. Que si Jean Baptiste envoya demander à notre Seigneur s’il était le Messie, on ne doit pas croire qu’il en doutât. Ce serait injurieux à ce Saint homme qui avait constamment déclaré que Jésus était le fils de Dieu et à qui notre Seigneur rend dans tout l’Évangile et dans ce chapitre même le témoignage le plus glorieux. Mais Jean Baptiste envoya ses disciples vers Jésus pour les convaincre que Jésus était celui que les Juifs attendaient. II. Cependant le Seigneur étant interrogé sur cela ne voulut pas dire ouvertement qu’il fut le messie, il se contenta de faire voir par des miracles qu’il l’était et d’avertir les disciples de Jean de n’être pas scandalisés s’ils le voyaient dans un état de bassesse. III. Ce fut dans les mêmes vues qu’il fit remarquer à ceux qu’ils l’écoutaient que lorsqu’ils étaient allés entendre Jean Baptiste dans le désert, ils n’y avaient pas vu un roseau agité du vent c’est-à-dire, qu’ils n’y étaient pas allés pour un sujet de petite importance ou pour voir une personne peu considérable. Il ajoute qu’ils n’y avaient pas vu non plus un homme qui parût avec éclat et avec pompe, comme ceux qui sont à la cour des rois. Mais il dit qu’ils avaient vu en Jean Baptiste un prophète et même le plus grand des prophètes, puisqu’il était le précurseur du Messie et que cependant depuis qu’il avait commencé à paraître, on s’était opposé à lui et au règne de Dieu dont il annonçait la venue. Jésus-Christ disait tout cela pour montrer que le règne du messie ne serait pas de ce monde et qu’on ne devait pas être surpris si on le voyait aussi dans un état si humble et si abject et s’il était rejeté. IV. On voit ici que les Juifs n’avaient profité, ni de la prédication de Jean Baptiste, ni de celle de notre Seigneur, trouvant que la vie de Jean Baptiste était trop austère et trouvant que celle de Jésus-Christ ne l’était pas assez. Rien ne peut satisfaire les hommes incrédules et corrompus, ils rejettent tous les différents moyens que Dieu emploie pour les gagner et ils en prennent même occasion des endurcir davantage. V. Les menaces que Jésus-Christ faisait contre ces villes où il avait fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées nous avertissent que les peuples auxquels Dieu fait le plus de grâces et à qui l’Évangile est annoncé et qui n’en profitent pas seront traités avec la dernière sévérité. VI. Notre Seigneur rend grâce à Dieu de ce que les petits et les humbles recevaient sa doctrine tandis qu’elle était rejetée par les grands et les sages du monde. Cela nous apprend que l’on ne saurait recevoir l’Évangile si l’on n’a un cœur droit, simple et humble et si l’on ne renonce à la gloire du monde et à sa fausse sagesse. VII. Enfin, les invitations que notre Seigneur adresse à tous ceux qui sont travaillés et chargés les conviant de devenir ses disciples et les assurant que son joug est aisé et que son fardeau est léger doivent nous inciter à aller à lui avec un humble et vif sentiment de notre misère et avec un ardent désir d’en être délivrés, à nous soumettre à sa doctrine et à ses divins préceptes et à être comme lui doux et humble de cœur. C’est ainsi que nous trouverons auprès de lui le repos de nos âmes et une parfaite félicité. 

CHAPITRE XII VERSETS 1 A 21

I. Notre Seigneur justifie ses disciples qui arrachaient des épis de blé en un jour de sabbat. II. Il guérit un homme qui avait une main sèche et il répond aux pharisiens qui se scandalisaient de ce qu’il avait aussi fait ce miracle en pareil jour. III. Il défend au peuple de publier ses miracles, sur quoi St. Matthieu rapporte un oracle d’Ésaïe qui marque la prudence, l’humilité et la douceur qui paraîtraient dans la manière dont le Messie exercerait son ministère. 

1 En ce temps-là, Jésus passait par des blés un jour de sabbat ; et ses disciples ayant faim se mirent à arracher des épis et à en manger.

2 Les Pharisiens voyant cela lui dirent : Voilà tes disciples qui font ce qu’il n’est pas permis de faire le jour du sabbat.

3 Mais il leur dit : N’avez-vous pas lu ce que fit David, ayant faim, tant lui que ceux qui étaient avec lui ;

4 Comment il entra dans la maison de Dieu, et mangea les pains de proposition, dont il n’était pas permis de manger, ni à lui, ni à ceux qui étaient avec lui, mais aux seuls sacrificateurs ?

5 Ou n’avez-vous pas lu dans la loi, que les sacrificateurs, au jour du sabbat, violent le sabbat dans le temple, sans être coupables pour cela ?

6 Or, je vous dis qu’il y a ici quelqu’un qui est plus grand que le Temple.

7 Que si vous saviez ce que signifie ceci : Je veux la miséricorde et non pas le sacrifice, vous n’auriez pas condamné ceux qui ne sont point coupables ;

8 Car le Fils de l’homme est maître même du Sabbat.

9 Étant parti de là, il vint dans leur synagogue ;

10 Et il y trouva un homme qui avait une main sèche ; et ils lui demandèrent, pour avoir lieu de l’accuser : Est-il permis de guérir dans les jours de Sabbat ?

11 Et il leur dit : Qui sera celui d’entre vous, qui ayant une brebis, si elle tombe au jour du Sabbat dans une fosse, ne la prenne et ne l’en retire ?

12 Et combien un homme ne vaut-il pas mieux qu’une brebis ? Il est donc permis de faire du bien dans les jours de sabbat.

13 Alors il dit à cet homme : Étends ta main. Et il l’étendit ; et elle devint saine comme l’autre.

14 Là-dessus les Pharisiens, étant sortis, délibérèrent entre eux, comment ils le feraient périr.

15 Mais Jésus, connaissant cela, partit de là ; et une grande multitude le suivit, et il les guérit tous.

16 Et il leur défendit fortement de le faire connaître.

17 De sorte que ce qui avait été dit par Esaïe le prophète, fut accompli :

18 Voici mon serviteur que j’ai élu, mon bien-aimé en qui mon âme a mis toute son affection ; je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera la justice aux nations ;

19 Il ne contestera point, et ne criera point, et on n’entendra point sa voix dans les places ;

20 Il ne rompra pas tout à fait le roseau froissé, et il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore, jusqu’à ce qu’il ait rendu la justice victorieuse.

21 Et les nations espèreront en son Nom. 

RÉFLEXIONS

Il faut faire ici ces trois considérations : I. La première regarde la malice et l’hypocrisie des pharisiens qui trouvaient mauvais que les disciples de Jésus-Christ eussent arraché des épis en un jour de sabbat et que leur maître eût guéri en un semblable jour un homme qui avait une main sèche. Tel est le caractère des hypocrites et de ceux qui n’ont qu’un faux zèle. Ils se scandalisent des choses qui sont innocentes et même quelquefois de celles qui sont bonnes, nécessaires et agréables à Dieu, pendant qu’ils négligent eux-mêmes les devoirs les plus essentiels de la religion et surtout celui de la charité. II. On doit faire une attention sérieuse à ce que notre Seigneur dit dans cette occasion et principalement à ces paroles : Je veux la miséricorde plutôt que le sacrifice. Apprenons de là que la religion ne consiste pas simplement dans des devoirs extérieurs et dans l’observation des cérémonies, qu’à la vérité ces devoirs sont indispensables et ont leur usage lorsqu’on les pratique conformément aux intentions de Dieu qui les a établis, mais que ce que Dieu exige sur toutes ces choses c’est que nous obéissions à ses commandements, que nous ayons une vraie charité et que nous exercions les œuvres de miséricorde. III. La troisième réflexion est tirée de la conduite de Jésus-Christ qui ne voulait pas que l’on publiât ses miracles et de ces paroles d’Ésaïe : Il n’éteindra pas le lumignon qui fume encore et il ne rompra pas entièrement le roseau froissé. On voit reluire ici la grande prudence de notre Seigneur qui évitait ce qui aurait pu faire trop d’éclat. On y découvre son humilité, sa douceur et sa condescendance, on y remarque surtout qu’il ne rebute personne, qu’il supporte les faiblesses des hommes avec beaucoup de patience et que pendant qu’il y a encore en eux quelque chose de bon, il ne les abandonne pas. Cela doit, d’un côté, nous encourager et nous remplir de confiance et, de l’autre, nous engager à imiter notre Sauveur, à être comme lui humbles, doux et paisibles, à fuir l’ostentation, la veine gloire et à éviter les aigreurs et les disputes, usant d’un grand support envers les hommes et ayant des égards et de la condescendance pour leurs faiblesses. Ce sera par la pratique de ces devoirs que nous ressemblerons à Jésus-Christ et qu’il paraîtra que nous sommes véritablement ses disciples. 

CHAPITRE XII VERSETS 22 A 50

Jésus-Christ guérit un démoniaque et comme les pharisiens attribuaient ce miracle à la puissance du diable, notre Seigneur fait voir la fausseté et l’impiété de cette accusation en disant que le diable ne détruirait pas son propre règne. Il fait remarquer qu’il ne pourrait chasser les démons s’il n’avait pas une puissance plus grande que la leur et il dit aux pharisiens que leur blasphème ne leur serait jamais pardonné et que leurs discours impies étaient une preuve de l’extrême malice de leur cœur. II. Étant prié par les pharisiens de faire un miracle, il le refuse et il les renvoie à sa résurrection qui devait être la dernière et la plus forte preuve de sa mission divine. Il se plaint de leur incrédulité et il allègue, dans cette vue, l’exemple des Ninivites, celui de la reine de Sçéba et une similitude. III. Il déclare que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses propres parents. 

22 Alors on présenta à Jésus un démoniaque aveugle et muet, lequel il guérit, de sorte que celui qui avait été aveugle et muet, parlait et voyait.

23 De quoi tout le peuple fut étonné, et ils disaient : Cet homme ne serait-il point le fils de David ?

24 Mais les Pharisiens entendant cela, disaient : Cet homme ne chasse les démons que par Béelzébul, le prince des démons.

25 Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert ; et toute ville ou toute maison divisée contre elle-même ne subsistera point.

26 Si donc Satan chasse Satan, il est divisé contre lui-même ; comment donc son royaume subsistera-t-il ?

27 Que si je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront eux-mêmes vos juges.

28 Mais si je chasse les démons par l’Esprit de Dieu, il est donc vrai que le règne de Dieu est venu à vous.

29 Et comment quelqu’un pourrait-il entrer dans la maison d’un homme fort, et piller son bien, s’il n’avait auparavant lié cet homme fort ? Après quoi il pourrait piller sa maison.

30 Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse.

31 C’est pourquoi je vous dis que tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes ; mais le blasphème contre l’Esprit ne leur sera point pardonné.

32 Et si quelqu’un a parlé contre le Fils de l’homme, il pourra lui être pardonné ; mais celui qui aura parlé contre le Saint-Esprit n’en obtiendra le pardon, ni dans ce siècle, ni dans celui qui est à venir.

33 Ou dites que l’arbre est bon, et son fruit bon ; ou dites que l’arbre est mauvais, et que son fruit est mauvais aussi ; car on connaît l’arbre par le fruit.

34 Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, étant méchants ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.

35 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur ; mais le méchant tire de mauvaises choses du mauvais trésor de son cœur.

36 Or, je vous dis que les hommes rendront compte au jour du jugement de toutes les paroles impies qu’ils auront dites ;

37 Car tu seras justifié par tes paroles, et par tes paroles tu seras condamné.

38 Alors quelques-uns des Scribes et des Pharisiens lui dirent : Maître, nous voudrions te voir faire quelque miracle.

39 Mais lui, répondant, leur dit : La race méchante et adultère demande un miracle ; mais il ne lui en sera accordé aucun autre que celui du prophète Jonas.

40 Car comme Jonas fut dans le ventre d’un grand poisson trois jours et trois nuits, ainsi le Fils de l’homme sera dans le sein de la terre trois jours et trois nuits.

41 Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette nation, et la condamneront, parce qu’ils s’amendèrent à la prédication de Jonas ; et il y a ici plus que Jonas

42 La reine du Midi s’élèvera au jour du jugement contre cette nation, et la condamnera ; car elle vint d’un pays éloigné pour entendre la sagesse de Salomon ; et il y a ici plus que Salomon.

43 Lorsqu’un esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point.

44 Alors il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti ; et étant revenu, il la trouve vide, balayée et ornée.

45 Alors il s’en va et prend avec soi sept autres esprits plus méchants que lui, lesquels, y étant entrés, habitent là ; et la dernière condition de cet homme-là est pire que la première. Il en arrivera ainsi à cette méchante race.

46 Et comme Jésus parlait encore au peuple, sa mère et ses frères, qui étaient dehors, demandèrent à lui parler.

47 Et quelqu’un lui dit : Voilà, ta mère et tes frères sont là dehors qui demandent à te parler.

48 Mais il répondit à celui qui lui avait dit cela : Qui est ma mère, et qui sont mes frères ?

49 Et étendant sa main sur ses disciples, il dit : Voici ma mère et mes frères.

50 Car quiconque fera la volonté de mon père qui est aux cieux, c’est celui-là qui est mon frère et ma sœur et ma mère. 

RÉFLEXIONS

Cette lecture nous engage à considérer : I. Que les pharisiens, au lieu de reconnaître la vertu divine qui éclatait dans les miracles de notre Seigneur, disaient qu’il chassait les démons par la puissance du diable. On voit dans cet exemple que les gens aveuglés par leurs passions résistent aux moyens les plus forts que Dieu emploie pour vaincre leur endurcissement. II. Jésus-Christ déclare aux pharisiens que ce blasphème, par lequel ils attribuaient au diable ce qui venait de l’esprit de Dieu, ne leur serait jamais pardonné parce qu’un tel blasphème marquait une malice désespérée et un endurcissement insurmontable. On ne peut pas aujourd’hui commettre ce péché-là, mais on se rend extrêmement coupable lorsqu’on tient des discours et que l’on a des sentiments profanes et impies et lorsqu’on résiste à la vérité après l’avoir connue et à la grâce du Saint-Esprit dont on sent l’opération en soi-même. III. À l’occasion du blasphème des pharisiens, Jésus-Christ nous enseigne que les bons discours sont la marque d’un bon cœur, que les mauvais discours procèdent d’un cœur gâté et que les hommes rendront compte de toutes les mauvaises paroles qu’ils auront dites. Cela nous apprend qu’un homme de bien se reconnaît par ses paroles et que le moyen de les régler bien est de régler notre cœur. IV. Sur ce que les pharisiens, après tant de miracles que le Seigneur avait déjà faits en leur présence, le prièrent encore d’en faire un nouveau, nous devons considérer que les incrédules et ceux qui ont le cœur mauvais ne sont jamais contents et qu’il n’y a rien d’assez clair ni d’assez fort pour les convaincre. Et le refus que notre Seigneur fit de faire ce signe nous montre que quand Dieu a fait inutilement ce qui était nécessaire pour surmonter l’endurcissement des hommes, il les abandonne justement à leur obstination. V. Si l’exemple de la reine de Sçeba et celui des Ninivites condamnaient les juifs incrédules, ces exemples condamneront beaucoup plus les chrétiens qui ne s’amendent pas, puisque Dieu leur a fait plus de grâces qu’à ces Juifs dont Jésus-Christ parle. VI. Par la similitude du mauvais esprit qui rentre dans un homme après en être sorti, notre Seigneur marquait les malheurs qui allaient tomber sur les Juifs, lesquels après tout ce qu’il avait fait pour les délivrer de leur incrédulité, y persévéraient. Cela nous avertit que ceux qui ont eu part à la grâce de Dieu et qui en abusent perdent cette grâce et qu’ils tombent dans une plus grande condamnation. VII. Enfin, puisque Jésus-Christ déclare que ceux qui font la volonté de Dieu lui étaient aussi chers que sa mère et ses parents, nous devons reconnaître que la piété et l’observation des commandements de Dieu est la vraie marque des disciples de notre Seigneur et ce qui nous fait avoir part à son amour, qu’ainsi nous devons nous appliquer sur toutes choses à écouter sa parole et à la garder. Cela nous montre aussi que les personnes qui aiment Dieu et le craignent sont celles à qui l’on doit surtout donner son amour et son estime. 

CHAPITRE XIII VERSET 1 A 23.

Notre Seigneur propose la parabole de la semence, et ensuite il l’explique en particulier à ses disciples. 

1 Ce même jour, Jésus étant sorti de la maison, s’assit au bord de la mer.

2 Et une grande foule de peuple s’assembla vers lui, en sorte qu’il monta dans une barque. Il s’y assit, et toute la multitude se tenait sur le rivage.

3 Et il leur dit plusieurs choses par des similitudes ; et il leur parla ainsi : Un semeur sortit pour semer ;

4 Et comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la mangèrent toute.

5 L’autre partie tomba sur des endroits pierreux où elle n’avait que peu de terre, et elle leva aussitôt, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre ;

6 mais le soleil étant levé, elle fut brûlée ; et parce qu’elle n’avait point de racine, elle sécha.

7 L’autre partie tomba parmi des épines, et les épines crûrent et l’étouffèrent.

8 Et l’autre partie tomba dans une bonne terre, et rapporta du fruit ; un grain en rapporta cent, un autre soixante, et un autre trente.

9 Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.

10 Alors les disciples s’étant approchés, lui dirent : Pourquoi leur parles-tu par des similitudes ?

11 Il répondit et leur dit : Parce qu’il vous est donné de connaître les mystères du royaume des cieux, mais cela ne leur est point donné.

12 Car on donnera à celui qui a déjà, et il aura encore davantage ; mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.

13 C’est à cause de cela que je leur parle en similitudes, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent et ne comprennent point.

14 Ainsi s’accomplit en eux la prophétie d’Esaïe qui dit : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; vous verrez de vos yeux, et vous n’apercevrez point.

15 Car le cœur de ce peuple est appesanti ; ils ont ouï dur de leurs oreilles, ils ont fermé les yeux, afin qu’ils ne perçoivent pas de leurs yeux, et qu’ils n’entendent pas de leurs oreilles, et qu’ils ne comprennent pas du cœur, et qu’ils ne se convertissent pas, et que je ne les guérisse pas.

16 Mais pour vous, vous êtes heureux d’avoir des yeux qui voient et des oreilles qui entendent.

17 Car je vous dis en vérité que plusieurs prophètes et plusieurs justes ont désiré de voir ce que vous voyez et ne l’ont pas vu ; et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont pas entendu.

18 Vous donc, écoutez ce que signifie la similitude du semeur.

19 Lorsqu’un homme entend la parole du royaume de Dieu, et qu’il ne la comprend point, le malin vient et ravit ce qui est semé dans le cœur ; c’est celui qui a reçu la semence le long du chemin.

20 Et celui qui a reçu la semence dans des endroits pierreux, c’est celui qui entend la parole, et qui la reçoit d’abord avec joie ;

21 Mais il n’a point de racine en lui-même ; c’est pourquoi il n’est que pour un temps ; et lorsque l’affliction ou la persécution survient à cause de la parole, il se scandalise aussitôt.

22 Et celui qui a reçu la semence parmi les épines, c’est celui qui entend la parole ; mais les soucis de ce monde et la séduction des richesses étouffent la parole, et elle devient infructueuse.

23 Mais celui qui a reçu la semence dans une bonne terre, c’est celui qui entend la parole et qui la comprend, et qui porte du fruit, en sorte qu’un grain en produit cent, un autre soixante, et un autre trente. 

RÉFLEXIONS

Il est nécessaire de remarquer en général sur les similitudes qui sont contenues dans ce chapitre et dans divers autres endroits de l’Évangile que notre Seigneur avait accoutumé, lorsqu’il enseignait, de se servir de similitudes et de paraboles et qu’afin que ses disciples et le peuple puissent mieux les retenir, il les tirait des choses les plus simples et les plus familières. Ces paraboles étaient de deux sortes. Il y en avait dont le sens était clair, mais les autres avaient quelque obscurité et Jésus-Christ employait ces dernières lorsqu’il s’agissait de certaines vérités que les auditeurs n’étaient pas alors en l’état de comprendre et qu’il ne voulait pas dire ouvertement avant sa mort. Telles sont celles qui marquaient qu’on le ferait mourir, que les Juifs seraient rejetés et que les païens seraient reçus à leur place. Il proposait ces vérités-là sous des images et des similitudes qui étaient fort simples et aisées à retenir et qui dans peu de temps seraient faciles à entendre, l’événement devant les rendre parfaitement claires. Ainsi l’on voit reluire une grande sagesse dans ces paraboles, elles montrent que Jésus-Christ connaissait l’avenir, elles étaient la plupart prophétiques et nous trouvons dans leur exact accomplissement des preuves convaincantes de la divinité de l’Évangile. Le dessein de Jésus-Christ dans la parabole de la semence est d’enseigner à ses disciples comment la parole de Dieu est reçue par ceux à qui elle est annoncée. Il y parle de quatre sortes de personnes. I. Les premiers sont ceux sur qui cette parole ne fait aucune impression et dont le cœur est entièrement endurci, c’est ce qui est représenté par la semence qui tombe sur le chemin. II. Les seconds sont ceux qui reçoivent et qui goûtent la parole de Dieu, mais qui s’étant engagés dans la profession de l’Évangile, sans s’être bien examinés eux-mêmes, abandonnent la vérité et la piété lorsqu’ils sont exposés à la persécution ou à quelque autre tentation, c’est ce qui est signifié par la semence qui tombe parmi les pierres et qui lève, mais qui, n’ayant point de racine, sèche bientôt. III. Notre Seigneur parle de ceux en qui la parole est rendue inutile par l’amour des richesses et par les soins de cette vie, tout de même que la semence qui tomberait parmi les épines y serait étouffée. IV. Les derniers sont ceux qui la reçoivent dans un bon cœur, en qui elle produit son fruit et son effet et qui persévèrent, ce qui est figuré par la semence qui est reçue dans une bonne terre et qui y fructifie abondamment. C’est là le sens et le but de cette belle parabole, elle tend à nous instruire de l’usage que nous devons faire de l’Évangile lorsqu’il nous est annoncé. Ce que Jésus-Christ dit à ses disciples dans le temps qu’il le leur expliqua doit nous faire reconnaître combien nous sommes heureux d’être instruits de ces divines vérités et d’avoir sur les mystères du royaume de Dieu des lumières que les prophètes même n’avaient pas. C’est là un avantage précieux dont nous devons nous prévaloir de peur que nous tombions dans le crime et dans la condamnation de ceux qui voient et qui entendent, mais qui ne reçoivent pas la vérité et qui refusent de se convertir. 

CHAPITRE XIII, VERSETS 24 A 58

Jésus-Christ propose la similitude de l’ivraie, celle d’un grain de moutarde, celle du levain, celle d’un trésor caché et d’une perle de grand prix et celle d’un filet. Il exhorte ses disciples à faire un bon usage de ses instructions et il va à Nazareth où peu de gens crurent en lui. 

24 Jésus leur proposa une autre similitude, en disant : Le royaume des cieux est semblable à un homme qui avait semé de bonne semence en son champ.

25 Mais pendant que les hommes dormaient, son ennemi vint, qui sema de l’ivraie parmi le blé, et s’en alla.

26 Et après que la semence eut poussé, et qu’elle eut produit du fruit, l’ivraie parut aussi.

27 Alors les serviteurs du père de famille lui vinrent dire : Seigneur, n’as-tu pas semé de bonne semence dans ton champ ? D’où vient donc qu’il y a de l’ivraie ?

28 Et il leur dit : C’est un ennemi qui a fait cela. Et les serviteurs lui répondirent : Veux-tu donc que nous allions la cueillir ?

29 Et il leur dit : Non, de peur qu’il n’arrive qu’en cueillant l’ivraie vous n’arrachiez le froment en même temps.

30 Laissez-les croître tous deux ensembles jusqu’à la moisson ; et au temps de la moisson je dirai aux moissonneurs : Cueillez premièrement l’ivraie, et liez-la en faisceaux pour la brûler ; mais assemblez le froment dans mon grenier.

31 Il leur proposa une autre similitude, et il dit : Le royaume des cieux est semblable à un grain de moutarde que quelqu’un prend et sème dans son champ ;

32 Ce grain est la plus petite de toutes les semences ; mais quand il a crû, il est plus grand que les autres légumes, et il devient un arbre, tellement que les oiseaux du ciel y viennent et font leurs nids dans ses branches.

33 Il leur dit une autre similitude : Le royaume des cieux est semblable à du levain qu’une femme prend et qu’elle met parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.

34 Jésus dit toutes ces choses au peuple en similitudes, et il ne leur parlait point sans similitudes.

35 De sorte que ce qui avait été dit par le prophète fut accompli : J’ouvrirai ma bouche en similitudes, j’annoncerai les choses qui ont été cachées depuis la création du monde.

36 Alors Jésus, ayant renvoyé le peuple, s’en alla à la maison ; et ses disciples, étant venus vers lui, lui dirent : Explique-nous la similitude de l’ivraie du champ.

37 Il leur répondit et leur dit : Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme ;

38 Le champ, c’est le monde ; la bonne semence, ce sont les enfants du royaume ; l’ivraie, ce sont les enfants du malin ;

39 L’ennemi qui l’a semée, c’est le diable ; la moisson, c’est la fin du monde ; et les moissonneurs sont les anges.

40 Comme donc on amasse l’ivraie et qu’on la brûle dans le feu, il en sera de même à la fin du monde.

41 Le Fils de l’homme enverra ses anges, qui ôteront de son royaume tous les scandales et ceux qui font l’iniquité ;

42 Et ils les jetteront dans la fournaise ardente ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

43 Alors les justes luiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.

44 Le royaume des cieux est encore semblable à un trésor caché dans un champ, qu’un homme a trouvé, et qu’il cache ; et de la joie qu’il en a, il s’en va, et vend tout ce qu’il a, et achète ce champ-là.

45 Le royaume des cieux est encore semblable à un marchand qui cherche de belles perles,

46 Et qui ayant trouvé une perle de grand prix, s’en va et vend tout ce qu’il a, et l’achète.

47 Le royaume des cieux est encore semblable à un filet qui, étant jeté dans la mer, ramasse toutes sortes de choses ;

48 Quand il est rempli, les pêcheurs le tirent sur le rivage ; et s’étant assis, ils mettent ce qu’il y a de bon à part dans leurs vaisseaux, et ils jettent ce qui ne vaut rien.

49 Il en sera de même à la fin du monde ; les anges viendront, et sépareront les méchants du milieu des justes ;

50 Et ils jetteront les méchants dans la fournaise ardente ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

51 Et Jésus dit à ses disciples : Avez-vous compris toutes ces choses ? Ils lui répondirent : Oui, Seigneur.

52 Et il leur dit : C’est pour cela que tout docteur qui est bien instruit dans ce qui regarde le royaume des cieux, est semblable à un père de famille qui tire de son trésor des choses nouvelles et des choses vieilles.

53 Et il arriva que quand Jésus eut achevé ces similitudes, il se retira de ce lieu-là.

54 Et étant venu en sa patrie, il les enseignait dans leur synagogue ; de sorte qu’ils étaient étonnés, et qu’ils disaient : D’où viennent à cet homme cette sagesse et ces miracles ?

55 N’est-ce pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères, Jacques, Joses, Simon et Jude ?

56 Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où lui viennent donc toutes ces choses ?

57 De sorte qu’ils se scandalisaient de lui. Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa maison.

58 Et il ne fit là que peu de miracles, à cause de leur incrédulité. 

RÉFLEXIONS

Les similitudes de l’ivraie et d’un filet ont un même sens. Elles signifient suivant l’explication que notre Seigneur en donna que, parmi ceux qui embrassent la profession de l’Évangile, il y aurait des hypocrites qui seraient mêlés avec les bons et que cela aura lieu jusqu’à la fin du monde, mais qu’alors ils seront séparés, que les méchants seront envoyés au feu éternel et que les justes seront reçus dans la gloire céleste. L’usage que nous devons faire de ces paraboles, c’est de n’être pas scandalisés si nous voyons parmi les chrétiens des personnes qui suivent l’erreur et le vice, d’être sur nos gardes et d’éviter le commerce des méchants, de peur qu’ils ne nous séduisent, d’avoir cependant toujours pour eux des sentiments de charité et de travailler au reste, pour ce qui nous regarde, à être du nombre des justes afin qu’à la venue de Jésus-Christ nous soyons reçus dans son royaume. Par les similitudes d’un grain de moutarde et du levain, notre Seigneur voulait marquer que, quoi qu’il n’eût alors qu’un petit nombre de disciples et que sa doctrine ne fut presque pas connue dans le monde, elle se répandrait bientôt sur toute la terre. Mais Jésus-Christ disait cela en termes couverts et figurés, parce qu’il ne voulait pas alors dire ouvertement, crainte de scandaliser les Juifs, que les païens et tous les peuples entreraient dans l’Église. Ces similitudes sont prophétiques et l’on en voit le sens et la divinité dans l’établissement de la religion de Jésus-Christ qui a été annoncée et reçue dans tant d’endroits du monde, comme il l’avait prédit. La similitude d’un trésor caché et celle de la perle tendent à nous montrer qu’il n’y a rien de plus précieux et de plus excellent que l’Évangile et les biens qu’il renferme, que le plus grand bonheur qui puisse nous arriver est de les posséder et qu’ainsi il faut faire avec joie tout ce qui peut nous les procurer et renoncer même à ce que nous avons de plus cher au monde pour acquérir un si précieux trésor. Nous devons, comme Jésus-Christ y exhortait ses disciples, retenir ces divines instructions, les mettre et les serrer dans notre cœur afin d’en tirer continuellement les secours et les encouragements nécessaires pour résister aux tentations et pour nous animer à l’amour de Dieu et à la pratique des bonnes œuvres. L’on voit sur la fin de ce chapitre, que, bien que les habitants de Nazareth entendissent la doctrine de Jésus-Christ et qu’ils vissent quelques-uns de ses miracles, ils ne crurent point en lui parce qu’ils le regardaient comme le fils d’un charpentier et qu’il avait été élevé parmi eux, ce qui fit que notre Seigneur leur dit qu’un prophète n’était méprisé que dans son pays. Les hommes méprisent souvent les faveurs que Dieu leur accorde et les avantages les plus précieux, lorsqu’ils sont communs et qu’ils peuvent en jouir sans peine et Dieu voyant leur ingratitude les en prive, comme cela arriva à ceux de Nazareth à cause de leur incrédulité. 

CHAPITRE XIV.

Saint Matthieu récite trois choses. I. L’histoire de la mort de Jean-Baptiste. II. Comment Jésus-Christ donna à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons. III. Un autre miracle que notre Seigneur fit, lorsque ses disciples étant exposés à une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer.

1 En ce temps-là, Hérode le Tétrarque entendit ce qu’on publiait de Jésus ;

2 Et il dit à ses serviteurs : C’est Jean-Baptiste ; il est ressuscité, et c’est pour cela qu’il se fait des miracles par lui.

3 Car Hérode avait fait prendre Jean, et l’avait fait lier et mettre en prison, au sujet d’Hérodias, femme de Philippe son frère.

4 Parce que Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis de l’avoir pour femme.

5 Et il aurait bien voulu le faire mourir ; mais il craignait le peuple, parce qu’on regardait Jean comme un prophète.

6 Or, comme on célébrait le jour de la naissance d’Hérode, la fille d’Hérodias dansa au milieu de l’assemblée, et plut à Hérode.

7 De sorte qu’il lui promit avec serment de lui donner tout ce qu’elle demanderait.

8 Elle donc, étant poussée par sa mère, lui dit : Donne-moi ici dans un plat la tête de Jean-Baptiste.

9 Et le roi en fut fâché ; mais à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il commanda qu’on la lui donnât.

10 Et il envoya couper la tête à Jean dans la prison.

11 Et on apporta sa tête dans un plat, et on la donna à la fille, et elle la présenta à sa mère.

12 Puis ses disciples vinrent, et emportèrent son corps et l’ensevelirent, et ils vinrent l’annoncer à Jésus.

13 Et Jésus ayant appris ce qu’Hérode disait de lui, se retira de là dans une barque, en un lieu écarté, à part. Et quand le peuple le sut, il sortit des villes et le suivit à pied.

14 Et Jésus étant sorti de la barque, vit une grande multitude, et il fut ému de compassion envers eux, et guérit leurs malades.

15 Et comme il se faisait tard, ses disciples vinrent à lui et lui dirent : Ce lieu est désert, et l’heure est déjà passée ; renvoie ce peuple, afin qu’ils aillent dans les bourgades, et qu’ils y achètent des vivres.

16 Mais Jésus leur dit : Il n’est pas nécessaire qu’ils y aillent ; donnez-leur vous-mêmes à manger.

17 Et ils lui dirent : Nous n’avons ici que cinq pains et deux poissons.

18 Et il leur dit : Apportez-les-moi ici.

19 Et après avoir commandé que le peuple s’assît sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il rendit grâces ; et ayant rompu les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent au peuple.

20 Tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restèrent.

21 Et ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants.

22 Aussitôt après, Jésus obligea ses disciples d’entrer dans la barque et de passer avant lui de l’autre côté pendant qu’il renverrait le peuple.

23 Et après qu’il l’eut renvoyé, il monta sur une montagne, pour être à part, afin de prier ; et la nuit étant venue, il était là seul.

24 Cependant la barque était déjà au milieu de la mer, battue des flots ; car le vent était contraire.

25 Et, à la quatrième veille de la nuit, Jésus alla vers eux, marchant sur la mer.

26 Et ses disciples le voyant marcher sur la mer, furent troublés et ils dirent : C’est un fantôme ; et de la frayeur qu’ils eurent ils s’écrièrent.

27 Mais aussitôt Jésus leur parla et leur dit : Rassurez-vous ; c’est moi, n’ayez point de peur.

28 Et Pierre, répondant, lui dit : Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi en marchant sur les eaux.

29 Jésus lui dit : Viens. Et Pierre étant descendu de la barque, marcha sur les eaux pour aller à Jésus.

30 Mais voyant que le vent était fort, il eut peur, et comme il commençait à enfoncer, il s’écria et dit : Seigneur, sauve-moi.

31 Et incontinent Jésus étendit la main et le prit, lui disant : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?

32 Et quand ils furent entrés dans la barque, le vent cessa.

33 Alors ceux qui étaient dans la barque vinrent et l’adorèrent, disant : Tu es véritablement le Fils de Dieu.

34 Et ayant passé le lac, ils vinrent dans le pays de Génézareth.

35 Et quand les gens de ce lieu-là l’eurent reconnu, ils envoyèrent par toute la contrée d’alentour, et ils lui présentèrent tous les malades.

36 Et ils le priaient qu’ils pussent seulement toucher le bord de son habit ; et tous ceux qui le touchèrent furent guéris. 

RÉFLEXIONS

Il faut d’abord faire cette considération générale sur la mort de Jean-Baptiste, que Dieu voulut que ce Saint homme, qui avait annoncé la venue du règne du Messie mourût d’une mort violente pour faire voir aux Juifs que ce règne ne serait pas un règne temporel et afin qu’ils ne fussent pas scandalisés lorsque Jésus-Christ lui-même serait mis à mort. Après cela il faut remarquer que ce qui donna occasion à la mort de Jean-Baptiste fut le zèle de ce prophète qui reprit Hérode de son commerce criminel avec Hérodias, la haine que cette femme impudique avait conçue contre Jean-Baptiste et la complaisance qu’Hérode eut pour elle. Les réflexions qu’il y a à faire sur cela sont : I. que les serviteurs de Dieu doivent reprendre toutes sortes de personnes avec courage et avec zèle, quand même ils s’attireraient par-là la haine des méchants ; II. Que l’impureté et l’amour des plaisirs font commettre bien des crimes ; III. Et Enfin qu’il peut arriver de grands maux par les serments téméraires aussi bien que par la mauvaise honte et par la complaisance qu’on a pour les personnes vicieuses. Le miracle de cinq pains a ceci de particulier qu’il fut fait en présence de plusieurs milliers d’hommes qui en furent les témoins et qui y eurent part. Cette circonstance rend ce miracle encore plus certain et elle prouve la merveilleuse puissance de notre Seigneur, de même que la grande bonté dont il était animé envers le peuple qui le suivait. Enfin, cet autre miracle que notre Seigneur fit lorsqu’il vint à ses disciples en marchant sur la mer est aussi une preuve de son pouvoir sans borne et de son amour pour ses disciples. Il voulut dans cette occasion faire marcher St. Pierre sur l’eau pour fortifier la foi de cet apôtre et celle de ses collègues et pour les assurer par là qu’ils feraient dans la suite des miracles les plus extraordinaires et qu’aucun péril ne devait les ébranler.

Pour ce qui nous regarde, nous devons faire ici ces deux considérations : I. l’une, que si les fidèles se trouvent dans le danger, Dieu vient à leur secours lorsqu’il en est temps ; II. L’autre, que comme le zèle et la foi de Saint Pierre le firent d’abord marcher sur l’eau, mais que la peur le fit enfoncer, ce n’est aussi que le manque de foi qui nous fait succomber dans les tentations et dans les dangers, mais qu’avec la foi et le secours du Seigneur nous les surmonterons heureusement. 

CHAPITRE XV.

Jésus-Christ justifie ses disciples sur ce qu’ils n’observaient pas la coutume des pharisiens et des Juifs qui se lavaient les mains avant les repas, ce que les juifs faisaient, non pour la propreté, mais par un principe de religion, croyant que sans cela ils n’auraient pas été nets. Notre Seigneur reproche aux pharisiens qui se scandalisaient du procédé de ses disciples de violer eux-mêmes la loi divine par leurs traditions et surtout en enseignant que si quelqu’un consacrait à Dieu le bien dont il aurait pu assister père et mère il ne lui était plus permis après un tel vœu d’employer son bien au soulagement de son père ou de sa mère. Ensuite le Seigneur montre ce qui souille l’homme et ce qui ne le souille pas. Il guérit la fille d’une femme cananéenne et plusieurs malades. Il donna à manger à quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons. 

1 Alors des Scribes et des Pharisiens vinrent de Jérusalem à Jésus, et lui dirent :

2 Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens ? car ils ne se lavent point les mains lorsqu’ils prennent leurs repas.

3 Mais il leur répondit : Et vous, pourquoi transgressez-vous le commandement de Dieu par votre tradition ?

4 Car Dieu a donné ce commandement : Honore ton père et ta mère ; et que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.

5 Mais vous, vous dites : Celui qui aura dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais t’assister, est un don consacré à Dieu, n’est pas coupable, quoiqu’il n’honore pas son père ou sa mère.

6 Et ainsi vous avez anéanti le commandement de Dieu par votre tradition.

7 Hypocrites ! Esaïe a bien prophétisé de vous, lorsqu’il a dit :

8 Ce peuple s’approche de moi de sa bouche et m’honore de ses lèvres ; mais leur cœur est bien éloigné de moi.

9 Mais ils m’honorent en vain, en enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes.

10 Et ayant appelé le peuple, il leur dit : Écoutez, et comprenez ceci :

11 Ce n’est pas ce qui entre dans la bouche, qui souille l’homme ; mais ce qui sort de la bouche, c’est ce qui souille l’homme.

12 Alors ses disciples s’approchant, lui dirent : N’as-tu pas remarqué que les Pharisiens ont été scandalisés quand ils ont ouï ce discours ?

13 Mais il leur répondit : Toute plante que mon Père céleste n’a point plantée sera déracinée.

14 Laissez-les ; ce sont des aveugles qui conduisent des aveugles ; que si un aveugle conduit un autre aveugle, ils tomberont tous deux dans la fosse.

15 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Explique-nous cette parabole.

16 Et Jésus dit : Vous aussi, êtes-vous encore sans intelligence ?

17 Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche s’en va dans le ventre et est jeté aux lieux secrets ?

18 Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur ; c’est là ce qui souille l’homme.

19 Car c’est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les fornications, les larcins, les faux témoignages, les médisances.

20 Ce sont ces choses-là qui souillent l’homme ; mais de manger sans s’être lavé les mains, cela ne souille point l’homme.

21 Et Jésus, partant de là, se retira aux quartiers de Tyr et de Sidon.

22 Et une femme Cananéenne, qui venait de ces quartiers-là, s’écria et lui dit : Seigneur, fils de David, aie pitié de moi ; ma fille est misérablement tourmentée par le démon.

23 Mais il ne lui répondit rien. Sur quoi ses disciples, s’étant approchés, le prièrent, disant : Renvoie-la ; car elle crie après nous.

24 Et il répondit : Je ne suis envoyé qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël.

25 Et elle vint et se prosterna, en disant : Seigneur, aide-moi.

26 Il lui répondit : Il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, pour le jeter aux petits chiens.

27 Mais elle dit : Il est vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent des miettes qui tombent de la table de leurs maîtres.

28 Alors Jésus, répondant, lui dit : O femme, ta foi est grande ; qu’il te soit fait comme tu le désires. Et à cette heure même sa fille fut guérie.

29 Jésus, partant de là, vint près de la mer de Galilée, et étant monté sur une montagne, il s’y assit.

30 Alors une grande multitude de peuple vint à lui, ayant avec eux des boiteux, des aveugles, des muets, des estropiés, et plusieurs autres qu’ils mirent aux pieds de Jésus ; et il les guérit.

31 De sorte que le peuple était dans l’admiration, voyant que les muets parlaient, que les estropiés étaient guéris, que les boiteux marchaient, que les aveugles voyaient, et ils glorifiaient le Dieu d’Israël.

32 Alors Jésus, ayant appelé ses disciples, leur dit : J’ai pitié de cette multitude ; car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger ; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur que les forces ne leur manquent en chemin.

33 Et ses disciples lui dirent : D’où pourrions-nous avoir, dans ce lieu désert, assez de pain pour rassasier une telle multitude ?

34 Et Jésus leur dit : Combien avez-vous de pains ? Ils lui dirent : Nous en avons sept et quelque peu de petits poissons.

35 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre.

36 Et ayant pris les sept pains et les poissons, et ayant rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples, et les disciples les donnèrent au peuple.

37 Et tous en mangèrent et furent rassasiés ; et on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restèrent.

38 Or, ceux qui en avaient mangé étaient quatre mille hommes, sans compter les femmes et les petits enfants.

39 Alors Jésus ayant renvoyé le peuple, entra dans une barque, et il vint au territoire de Magdala. 

RÉFLEXIONS

L’entretien de Jésus-Christ avec les pharisiens nous présente les réflexions suivantes. I. Que les hypocrites font uniquement consister la religion et la piété dans des devoirs extérieurs et souvent vains et de très petite importance, qu’ils observent scrupuleusement ces sortes de choses et condamnent ceux qui ne les observent pas, pendant qu’eux-mêmes manquent aux devoirs les plus importants et pèchent contre les commandements de Dieu les plus exprès. II. Que le devoir des enfants envers père et mère est tout à fait inviolable, que rien ne les en peut dispenser et qu’ils sont particulièrement obligés d’assister leurs pères et leurs mères dans le besoin. III. Que les vœux et les serments téméraires et contraires à la loi divine ne doivent point être gardés. IV. Que Dieu rejette le culte de ceux qui ne l’honorent que de la bouche et des lèvres et dont le cœur est éloigné de lui et qu’il veut être servi suivant qu’il l’a commandé dans sa parole et non pas suivant les inventions et les commandements des hommes. V. Le sauveur du monde nous enseigne que ce ne sont pas seulement les actions extérieures qui souillent les hommes et qui les rendent coupables devant Dieu, mais que ce sont aussi et principalement les mauvaises pensées, les mouvements du cœur et les désirs qui tendent à l’impureté, à l’injustice, à l’orgueil, à la médisance et aux autres péchés. C’est là une doctrine très importante et d’un grand usage, elle nous oblige à nous étudier surtout à la sainteté intérieure et à la pureté du cœur et de la conscience. VI. On doit faire une attention particulière au miracle que notre Seigneur fit en guérissant la fille de la Cananéenne. Il refusa d’abord de guérir cette fille parce que sa mère était païenne et il en usa de la sorte, non seulement pour exciter le zèle de cette femme, mais aussi à cause le temps n’était pas encore venu auquel les païens devaient être appelés et parce que pendant son séjour sur terre, il ne faisait des miracles qu’en faveur des Juifs. Mais voyant la persévérance et la profonde humilité de cette femme il fit enfin ce qu’elle lui avait demandé. Dans cet exemple, nous voyons que les prières faites avec foi, avec humilité et avec persévérance sont très agréables à Dieu et très efficaces, que si Dieu ne nous exauce pas d’abord, il le fait afin de nous éprouver, d’animer par là notre zèle et de nous faire mieux sentir notre indignité, mais lorsque nous continuons à l’invoquer avec ferveur, il nous accorde enfin les grâces que nous lui demandons. VII. Au reste, on découvre dans ce miracle, de même que dans ceux que notre Seigneur fit en guérissant un grand nombre de malades et en nourrissant quatre mille hommes avec sept pains et quelques poissons, de nouvelles preuves de sa toute puissance et de sa bonté et le récit de toutes ces merveilles doit nous inciter à louer Dieu et à lui donner gloire comme le firent autrefois ceux qui furent témoins de ces miracles.

CHAPITRE XVI.

Ce chapitre a quatre parties. I. Jésus-Christ refuse de faire un prodige que les pharisiens lui demandaient et il leur reproche leur aveuglement. II. Il avertit ses disciples de se garder du levain des pharisiens et des sadducéens. III. Ayant demandé aux apôtres quelle opinion ils avaient de lui, St. Pierre reconnaît qu’il était le Christ, le fils du Dieu vivant et notre Seigneur lui fait des promesses très avantageuses. IV. Il prédit sa mort, il exhorte ses disciples à se préparer eux-mêmes aux souffrances et pour les y engager, il leur montre de quelle importance sont le salut et la perte de l’âme. Il prédit aussi que quelques-uns de ses disciples ne mourraient point que son règne n’eût été établi et qu’il ne fût venu pour détruire les Juifs, ce qui a été accompli en ceux des disciples de Jésus-Christ qui vécurent jusqu’à ce temps-là et particulièrement en l’apôtre Saint Jean. 

1 Alors des Pharisiens et des Sadducéens vinrent à lui, et ils lui demandèrent en le tentant, qu’il leur fît voir quelque miracle du ciel.

2 Mais il leur répondit : Quand le soir est venu, vous dites : Il fera beau temps, car le ciel est rouge.

3 Et le matin vous dites : Il y aura aujourd’hui de l’orage, car le ciel est sombre et rouge. Hypocrites ! vous savez bien discerner l’apparence du ciel, et vous ne pouvez pas discerner les signes des temps où vous vivez.

4 Cette race méchante et adultère demande un miracle, mais on ne lui en accordera aucun autre que celui du prophète Jonas. Et, les laissant, il s’en alla.

5 Et ses disciples, qui étaient assis à l’autre bord, avaient oublié de prendre des pains.

6 Et Jésus leur dit : Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens et des Sadducéens.

7 Sur quoi ils pensaient en eux-mêmes, et disaient : C’est parce que nous n’avons point pris de pains.

8 Et Jésus, connaissant cela, leur dit : Gens de peu de foi, pourquoi pensez-vous ainsi en vous-mêmes, sur ce que vous n’avez point pris de pains ?

9 N’avez-vous point encore d’intelligence et ne vous souvenez-vous plus des cinq pains des cinq mille hommes, et combien vous en remportâtes de paniers ?

10 Ni des sept pains des quatre mille hommes, et combien vous en remportâtes de corbeilles ?

11 Comment ne comprenez-vous pas que je ne vous parlais pas du pain, lorsque je vous ai dit de vous garder du levain des Pharisiens et des Sadducéens ?

12 Alors ils comprirent que ce n’était pas du levain du pain, mais que c’était du levain de la doctrine des Pharisiens et des Sadducéens qu’il leur avait dit de se garder.

13 Et Jésus, étant arrivé dans le territoire de Césarée de Philippe, demanda à ses disciples : Qui disent les hommes que je suis, moi, le Fils de l’homme ?

14 Et ils lui répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Élie, et les autres, Jérémie, ou l’un des prophètes.

15 Il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ?

16 Simon Pierre, prenant la parole, dit : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

17 Et Jésus lui répondit : Tu es heureux, Simon, fils de Jona ; car ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les cieux.

18 Et moi je te dis aussi, que tu es Pierre, et que sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l’enfer ne prévaudront point contre elle.

19 Et je te donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.

20 Alors il défendit à ses disciples de dire à personne que lui Jésus fût le Christ.

21 Dès lors Jésus commença à déclarer à ses disciples qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, et qu’il y souffrît beaucoup de la part des sénateurs, et des principaux sacrificateurs, et des Scribes, et qu’il y fût mis à mort, et qu’il ressuscitât le troisième jour.

22 Alors Pierre, l’ayant pris à part, se mit à le reprendre et à lui dire : À Dieu ne plaise, Seigneur, cela ne t’arrivera point.

23 Mais Jésus, se tournant, dit à Pierre : Retire-toi de moi, Satan, tu m’es en scandale ; car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes.

24 Alors Jésus dit à ses disciples : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, et qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive.

25 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra, et quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi la trouvera ;

26 Car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ? Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ?

27 Car le Fils de l’homme doit venir dans la gloire de son Père, avec ses anges ; et alors il rendra à chacun selon ses œuvres.

28 Je vous dis en vérité qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point qu’ils n’aient vu le Fils de l’homme venir en son règne. 

REFLEXIONS

La première réflexion qu’on doit faire ici, concerne l’aveuglement des pharisiens, qui bien que Jésus-Christ eût fait tant de miracles et qu’ils dussent voir par-là que le temps de la venue du Messie était arrivé, voulaient qu’il leur fît voir quelque miracle au ciel, ce qu’il refusa très justement de faire. Après que Dieu a donné des preuves suffisantes de la vérité de l’Évangile, si les hommes ne s’y rendent pas, ils ne doivent pas s’attendre que Dieu fasse des miracles continuels pour vaincre leur incrédulité. II. Le sens de l’avertissement que Jésus-Christ donna aux apôtres en leur disant de se garder du levain des pharisiens et des sadducéens était qu’ils devaient s’éloigner de la doctrine des pharisiens qui s’attachaient aux dehors de la religion et aux traditions et de celles des sadducéens qui niaient la résurrection et l’immortalité de l’âme. Cet avertissement nous montre que l’on doit éviter avec un grand soin dans la religion, la superstition et l’hypocrisie, aussi bien que les sentiments impies et libertins. III. Il paraît de ce chapitre que l’on avait une haute opinion de Jésus-Christ parmi les Juifs et surtout que les apôtres avaient été pleinement persuadés qu’il était le Christ, le fils du Dieu vivant. C’est aussi là la grande et la principale vérité que les chrétiens doivent croire et confesser devant tout le monde. IV. La promesse que Jésus-Christ fit à St. Pierre en lui disant : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église et je te donnerai les clefs du royaume des cieux, signifie que Saint Pierre serait l’un des principaux ministres dont il se servirait pour établir son Église et que ce serait lui qui jetterait les fondements de l’Église chrétienne en annonçant le premier l’Évangile tant aux Juifs qu’aux païens. V. Jésus-Christ prédit sa mort et il censura fortement Saint Pierre, qui, étant rempli des préjugés des Juifs, ne pouvait croire que le Messie dût mourir. Notre Seigneur parla de la sorte et il s’exprima en ces termes forts, non qu’il n’aimât Saint Pierre, mais pour lui faire tant mieux sentir et à tous ses disciples qu’il était nécessaire qu’il souffrît la mort et qu’il y était résolu. VI. Enfin, les derniers versets de ce chapitre contiennent des instructions très remarquables et particulièrement ces trois :

I. Que la première chose que Jésus-Christ exige de ses disciples c’est qu’ils renoncent à eux-mêmes et qu’ils se disposent aux souffrances et que jamais le désir de conserver notre vie ne doit nous empêcher de suivre Jésus-Christ et de lui obéir.

II. Que le salut ou la perte de l’âme sont ce qu’il y a de plus important et qu’il ne servirait de rien de gagner le monde entier si l’on perdait son âme.

III. Que le Fils de Dieu viendra du ciel avec gloire pour rendre à tous les hommes selon leurs œuvres. 

CHAPITRE XVII.

Ce chapitre contient : I. l’histoire de la transfiguration de Jésus-Christ, II. L’entretien qu’il eut avec les apôtres sur la venue d’Élie que les Juifs attendaient, III. La guérison d’un démoniaque que les apôtres n’avaient pu délivrer, IV. Un miracle que Jésus fit pour payer le tribut que les Juifs donnaient pour l’entretien du temple et du service divin.

 1 Six jours après, Jésus prit Pierre, Jacques et Jean son frère, et les mena sur une haute montagne, à part.

2 Et il fut transfiguré en leur présence ; son visage devint resplendissant comme le soleil, et ses habits devinrent éclatants comme la lumière.

3 En même temps, Moïse et Élie apparurent, qui s’entretenaient avec lui.

4 Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Seigneur, il est bon que nous demeurions ici ; si tu veux, faisons-y trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie.

5 Comme il parlait encore, une nuée resplendissante les couvrit ; et tout d’un coup une voix sortit de la nuée, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection ; écoutez-le.

6 Ce que les disciples ayant entendu, ils tombèrent le visage contre terre, et furent saisis d’une très grande crainte.

7 Mais Jésus, s’approchant, les toucha, et leur dit : Levez-vous, et n’ayez point de peur.

8 Alors élevant leurs yeux, ils ne virent plus que Jésus seul.

9 Et comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur fit cette défense : Ne dites à personne ce que vous avez vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme soit ressuscité des morts.

10 Et ses disciples l’interrogèrent, disant : Pourquoi donc les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne premièrement ?

11 Et Jésus leur répondit : Il est vrai qu’Élie devait venir premièrement, et rétablir toutes choses.

12 Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, et ils ne l’ont point reconnu, mais ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu ; c’est ainsi aussi qu’ils feront souffrir le Fils de l’homme.

13 Alors les disciples comprirent que c’était de Jean-Baptiste qu’il leur avait parlé.

14 Et lorsqu’ils furent venus vers le peuple, un homme vint à lui, qui se jeta à genoux devant lui,

15 Et lui dit : Seigneur, aie pitié de mon fils, car il est lunatique, et fort tourmenté, et il tombe souvent dans le feu, et souvent dans l’eau.

16 Et je l’ai présenté à tes disciples, mais ils n’ont pu le guérir.

17 Et Jésus, répondant, dit : O race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi ici.

18 Et Jésus reprit sévèrement le démon, qui sortit de cet enfant ; et dès cette heure-là l’enfant fut guéri.

19 Alors les disciples vinrent en particulier à Jésus, et lui dirent : Pourquoi n’avons-nous pu chasser ce démon ?

20 Et Jésus leur répondit : C’est à cause de votre incrédulité ; car je vous dis en vérité que si vous aviez de la foi, aussi gros qu’un grain de moutarde, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d’ici là, et elle s’y transporterait, et rien ne vous serait impossible.

21 Mais cette sorte de démons ne sort que par la prière et par le jeûne.

22 Et comme ils étaient dans la Galilée, Jésus leur dit : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes ;

23 Et ils le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour. Et les disciples en furent fort attristés.

24 Et quand ils furent arrivés à Capernaüm, ceux qui recevaient les didrachmes s’adressèrent à Pierre, et lui dirent : Votre maître ne paie-t-il pas les didrachmes ?

25 Il dit : Oui. Et quand il fut entré dans la maison, Jésus le prévint et lui dit : Que t’en semble, Simon ? Les rois de la terre, de qui tirent-ils des tributs ou des impôts ? Est-ce de leurs enfants, ou des étrangers ?

26 Pierre dit : C’est des étrangers. Jésus lui répondit : Les enfants en sont donc exempts.

27 Mais afin que nous ne les scandalisions point, va-t’en à la mer, jette l’hameçon, et tire le premier poisson qui se prendra ; et quand tu lui auras ouvert la bouche, tu trouveras un statère ; prends-le, et le leur donne pour moi et pour toi. 

REFLEXIONS

Notre Seigneur voulut être transfiguré peu avant sa mort en présence de ses disciples afin de fortifier leur foi et de les affermir contre le scandale que sa mort aurait pu leur donner. L’apparition de Moïse et d’Élie qui furent vus alors marquait que Jésus-Christ était celui dont les prophètes avaient prédit la venue et qu’il était plus grand que les plus excellents prophètes. Cela prouve aussi que ces Saints hommes n’étaient pas anéantis et qu’ainsi il y a pour les gens de bien une autre vie après celle-ci. La voix que Dieu fit entendre du ciel dans cette occasion nous apprend que Jésus est le fils de Dieu, que c’est lui seul que nous devons écouter et à qui nous devons une parfaite obéissance. Ce que Jésus-Christ dit à ses disciples que Jean-Baptiste était cet Élie dont les prophètes avaient parlé doit nous convaincre de la dignité de la personne de Jean-Baptiste et de l’autorité de son ministère.

III. Dans l’histoire du lunatique, que les apôtres n’avaient pu guérir, on voit que notre Seigneur était revêtu d’un pouvoir auquel rien ne pouvait résister et qu’il était en même temps plein de compassion envers les misérables. On y remarque d’un autre côté que le défaut de foi dans les apôtres fut cause qu’ils ne purent faire ce miracle et qu’au contraire le père du lunatique obtint par la foi la guérison de son fils.

La foi est d’une grande efficace, elle n’est pas moins nécessaire pour le salut qu’elle l’était autrefois pour faire ou pour obtenir des miracles, ainsi nous devons travailler à nous y affermir.

IV. La tristesse que les apôtres firent paraître lorsque Jésus-Christ prédit sa mort est une autre preuve de l’imperfection de leur foi, mais les chrétiens qui savent que Jésus-Christ est mort afin de nous procurer le salut doivent regarder cette mort comme le fondement de leur bonheur et de leur espérance.

V. Enfin, la manière miraculeuse dont Jésus-Christ paya le tribut est un effet remarquable de sa puissance. Il fit voir dans cette rencontre qu’il ne méprisait pas ce qui regardait la religion et c’est là un exemple qui nous apprend à nous soumettre à l’ordre public et à donner sans répugnance et avec plaisir quelque portion de nos biens quand il s’agit du service de Dieu et des œuvres de piété. 

CHAPITRE XVIII.

Les apôtres demandent à notre Seigneur lequel d’entre eux serait le plus grand dans le royaume des cieux. Ils lui firent cette question parce qu’ils croyaient avec les Juifs que le Messie établirait son règne sur la terre et qu’il y aurait des dignités dans son royaume. Notre Seigneur, pour les désabuser de cette opinion met un petit enfant au milieu d’eux, il les exhorte à devenir semblables aux petits enfants, il les avertit de ne point mépriser ceux qui croyaient en lui, quoi qu’ils fussent petits selon le monde. Il leur représente que c’est un grand péché que de scandaliser aucun des fidèles et qu’il appelle même les plus grands pécheurs à la repentance et au salut. Tout ce discours de Jésus-Christ tendait à retirer les apôtres de l’opinion où ils étaient sur le règne du Messie et à leur inspirer des sentiments de charité et d’humilité. Dans la seconde partie de ce chapitre, Jésus-Christ enseigne à ses disciples comment ils devaient se conduire envers leurs frères qui les avaient offensés et ce que l’église doit faire à l’égard de ceux qui ne veulent pas profiter de ses avertissements. Après cela, il montre par une parabole que nous devons nous pardonner les uns aux autres. 

1 En cette même heure-là, les disciples vinrent à Jésus et lui dirent : Qui est le plus grand dans le royaume des cieux ?

2 Et Jésus ayant fait venir un enfant, le mit au milieu d’eux,

3 Et dit : Je vous le dis en vérité, que si vous ne changez et si vous ne devenez comme des enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux.

4 C’est pourquoi, quiconque s’humiliera soi-même, comme cet enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux.

5 Et quiconque reçoit un tel enfant à cause de mon nom, il me reçoit.

6 Mais si quelqu’un scandalise un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui attachât au cou une meule, et qu’on le jetât au fond de la mer.

7 Malheur au monde à cause des scandales ; car il est nécessaire qu’il arrive des scandales ; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive.

8 Que si ta main ou ton pied te fait tomber dans le péché, coupe-les, et jette-les loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres boiteux ou manchot dans la vie, que d’avoir deux pieds ou deux mains, et d’être jeté dans le feu éternel.

9 Et si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le, et jette-le loin de toi ; car il vaut mieux que tu entres dans la vie n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne du feu.

10 Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits ; car je vous dis que leurs anges voient sans cesse dans les cieux la face de mon Père qui est aux cieux.

11 Car le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui était perdu.

12 Que vous en semble ? Si un homme a cent brebis, et qu’il y en ait une égarée, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf, pour s’en aller par les montagnes chercher celle qui s’est égarée ?

13 Et s’il arrive qu’il la trouve, je vous dis en vérité qu’il en a plus de joie que des quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont point égarées.

14 Ainsi la volonté de votre Père qui est aux cieux n’est pas qu’aucun de ces petits périsse.

15 Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu auras gagné ton frère.

16 Mais s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que tout soit confirmé sur la parole de deux ou trois témoins.

17 Que s’il ne daigne pas les écouter, dis-le à l’Église ; et s’il ne daigne pas écouter l’Église, regarde-le comme un païen et un péager.

18 Je vous dis en vérité, que tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel ; et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel.

19 Je vous dis encore, que si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander quelque chose, tout ce qu’ils demanderont leur sera accordé par mon Père qui est aux cieux.

20 Car où il y a deux ou trois personnes assemblées en mon nom, j’y suis au milieu d’elles.

21 Alors Pierre, s’étant approché, lui dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il m’aura offensé ? Sera-ce jusqu’à sept fois ?

22 Jésus lui répondit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois.

23 C’est pourquoi ce qui arrive dans le royaume des cieux est comparé à ce que fit un Roi qui voulut faire compte avec ses serviteurs.

24 Quand il eut commencé à compter, on lui en présenta un qui lui devait dix mille talents.

25 Et parce qu’il n’avait pas de quoi payer, son maître commanda qu’il fût vendu, lui, sa femme et ses enfants, et tout ce qu’il avait, afin que la dette fût payée.

26 Et ce serviteur, se jetant à terre, le suppliait en lui disant : Seigneur, aie patience envers moi, et je te paierai tout.

27 Alors le Maître de ce serviteur, ému de compassion, le laissa aller et lui quitta la dette.

28 Mais ce serviteur étant sorti, rencontra un de ses compagnons de service, qui lui devait cent deniers ; et l’ayant saisi, il l’étranglait en lui disant : Paie-moi ce que tu me dois.

29 Et son compagnon de service se jetant à ses pieds, le suppliait en lui disant : Aie patience envers moi, et je te paierai tout.

30 Mais il n’en voulut rien faire, et s’en étant allé, il le fit mettre en prison, pour y être jusqu’à ce qu’il eût payé la dette.

31 Ses autres compagnons de service, voyant ce qui s’était passé, en furent fort indignés, et ils vinrent rapporter à leur Maître tout ce qui était arrivé.

32 Alors son Maître le fit venir et lui dit : Méchant serviteur, je t’avais quitté toute cette dette, parce que tu m’en avais prié ;

33 Ne te fallait-il pas aussi avoir pitié de ton compagnon de service, comme j’avais eu pitié de toi ?

34 Et son Maître, étant irrité, le livra aux sergents, jusqu’à ce qu’il lui eût payé tout ce qu’il lui devait.

35 C’est ainsi que vous fera mon Père céleste, si vous ne pardonnez pas chacun de vous, de tout son cœur, à son frère ses fautes. 

RÉFLEXIONS

Jésus-Christ nous enseigne dans la première partie de ce chapitre : I. Que pour entrer dans le royaume des cieux, il faut être extrêmement humble et avoir aussi peu d’attachement que les petits enfants pour la gloire et pour les bonheurs du monde. II. Que l’on doit faire un très grand cas de ses vrais disciples, quand même ils seraient peu considérables dans le monde, que les gens de bien sont chers à Dieu, qu’il faut les honorer et les consoler, que Dieu les fait garder par ses anges et qu’il punira sévèrement ceux qui les auront méprisés, affligés ou scandalisés. Ces considérations doivent aussi encourager les fidèles et les remplir d’une grande confiance. III. Jésus-Christ nous enseigne que les scandales font un grand mal, qu’il n’est pas possible qu’il n’en arrive, que cependant Dieu n’en est point la cause, qu’ils n’arrivent que par la faute des hommes et que ceux qui en sont les auteurs porteront la peine de leur péché. Il s’ensuit de là que nous devons éviter soigneusement le péché et le scandale et que nous pouvons le faire en pratiquant les conseils que Jésus-Christ nous donne et en évitant tout ce qui pourrait être, pour nous ou pour les autres, une occasion de chute. IV. Enfin, ce que notre Seigneur dit ici, qu’il y a de la joie au ciel pour un seul pécheur qui s’amende, fait voir qu’il ne nous est pas permis de mépriser personne, que nous devons au contraire procurer l’édification et le salut de tous les hommes et en particulier la conversion des pécheurs autant que nous le pouvons. Dans la seconde partie de ce chapitre :

I. Jésus-Christ établit l’autorité et la discipline de l’église et la nécessité des avertissements tant particuliers que publics, il montre que tous les membres de l’église doivent se soumettre à l’ordre qui y est établi et que ceux qui refusent d’écouter l’église doivent être réputés comme des païens et des péages, c’est-à-dire qu’on ne peut plus les regarder comme membres de l’église et qu’il faut les retrancher de la communion et il déclare au reste que Dieu ratifie et confirme dans le ciel ce que l’église fait conformément à ses intentions.

II. La promesse que notre Seigneur fait d’exaucer ceux qui s’assembleraient en son nom et d’être présent au milieu d’eux nous enseigne que les prières qui se font dans un esprit d’union et de charité sont très agréables à Dieu, de même que les assemblées que l’on forme pour le servir et pour l’invoquer.

III. Enfin, Jésus-Christ nous instruit sur la nature et sur la nécessité du pardon des offenses. Il en explique la nature, en disant, que l’on doit pardonner jusqu’à septante fois sept fois, ce qui marque que ce pardon doit être général et sans borne et qu’il faut pardonner à toutes sortes de personnes et toutes sortes d’offenses, même celles qui seraient continuées et réitérées et cela en tout temps, sans jamais se rebuter. Il fait voir la nécessité de ce pardon par la parabole du serviteur à qui son maître avait quitté une dette fort considérable et qui ne voulut pas en quitter une très petite à l’un de ses compagnons de service. Cette parabole nous met devant les yeux :

I. L’infinie bonté de Dieu qui veut bien nous pardonner à nous qui sommes ses créatures et ses serviteurs, quoique nos péchés soient grands et en grands nombres.

II. Le crime et l’ingratitude de ceux qui refusent de pardonner aux hommes qui sont leurs égaux et dont les offenses sont très légères en comparaison des péchés commis contre Dieu.

III. La terrible et juste punition de tous ceux qui ne pardonneront pas de bon cœur et à tout le monde les offenses qu’ils pourraient avoir reçues. 

CHAPITRE XIX.

I. Les pharisiens demandent à notre Seigneur s’il était permis aux maris de répudier leurs femmes comme cela se faisait parmi les Juifs. Il leur répond que ces divorces étaient contraires à la première institution du mariage et qu’ils ne devaient plus avoir lieu II. Jésus-Christ bénit des petits enfants qu’on lui présente. III. Un jeune homme riche lui demande ce qu’il fallait faire pour être sauvé et notre Seigneur voulant l’éprouver et voir s’il serait disposé à le suivre lui dit de quitter tous ses biens. Cette réponse ayant rebuté ce jeune homme, Jésus-Christ déclara que l’attachement aux richesses empêcherait le salut de bien des gens et il promet aux apôtres qui avaient tout quitté pour le suivre «de les faire seoir sur douze trônes pour juger les douze tributs d’Israël », ce qui signifie qu’ils seraient élevés à une grande gloire lorsque son règne s’établirait et qu’ils tiendraient un rang très considérable dans l’Église. Il promet aussi de récompenser ceux qui auraient tout abandonné pour l’Évangile. 

1 Quand Jésus eut achevé ces discours, il partit de Galilée, et s’en alla dans les quartiers de la Judée, au-delà du Jourdain.

2 Et beaucoup de peuple l’y suivit, et il guérit là leurs malades.

3 Des Pharisiens y vinrent aussi pour le tenter, et ils lui dirent : Est-il permis à un homme de répudier sa femme, pour quelque sujet que ce soit ?

4 Et il leur répondit : N’avez-vous pas lu que celui qui créa l’homme, au commencement du monde, fit un homme et une femme ;

5 Et qu’il est dit : C’est à cause de cela que l’homme quittera son père et sa mère, et qu’il s’attachera à sa femme, et les deux ne seront qu’une seule chair ?

6 Ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair. Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni.

7 Ils lui dirent : Pourquoi donc Moïse a-t-il commandé de donner la lettre de divorce, quand on veut répudier sa femme ?

8 Il leur dit : C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes ; mais il n’en était pas ainsi au commencement.

9 Mais je vous dis, moi, que quiconque répudiera sa femme, si ce n’est pour cause d’adultère, et en épousera une autre, commet un adultère ; et celui qui épousera celle qui a été répudiée, commet aussi un adultère.

10 Ses disciples lui dirent : Si telle est la condition de l’homme avec la femme, il ne convient pas de se marier.

11 Mais il leur dit : Tous ne sont pas capables de cela, mais ceux-là seulement à qui il a été donné.

12 Car il y a des eunuques qui sont nés tels, dès le ventre de leur mère ; il y en a qui ont été faits eunuques par les hommes, et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes pour le royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre ceci, le comprenne.

13 Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu’il leur imposât les mains, et qu’il priât pour eux ; mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.

14 Mais Jésus leur dit : Laissez ces petits enfants, et ne les empêchez point de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.

15 Et leur ayant imposé les mains, il partit de là.

16 Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ?

17 Il lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? il n’y a qu’un seul bon : c’est Dieu. Que si tu veux entrer dans la vie, garde les commandements.

18 Il lui dit : Quels commandements ? Et Jésus lui répondit : Tu ne tueras point ; tu ne commettras point d’adultère ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ;

19 Honore ton père et ta mère ; et tu aimeras ton prochain comme toi-même.

20 Le jeune homme lui dit : J’ai observé toutes ces choses-là dès ma jeunesse ; que me manque-t-il encore ?

21 Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, vends ce que tu as, et le donne aux pauvres ; et tu auras un trésor dans le ciel : après cela viens et suis-moi.

22 Mais quand le jeune homme eut entendu cette parole, il s’en alla tout triste ; car il possédait de grands biens.

23 Alors Jésus dit à ses disciples : Je vous dis en vérité, qu’un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux.

24 Et je vous dis encore : Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.

25 Ses disciples, ayant entendu cela, furent fort étonnés, et ils disaient : Qui peut donc être sauvé ?

26 Et Jésus, les regardant, leur dit : Quant aux hommes, cela est impossible ; mais quant à Dieu, toutes choses sont possibles.

27 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi ; que nous en arrivera-t-il donc ?

28 Et Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, à vous qui m’avez suivi, que lorsque le Fils de l’homme sera assis sur le trône de sa gloire, dans le renouvellement qui doit arriver, vous aussi serez assis sur douze trônes, jugeant les douze tribus d’Israël.

29 Et quiconque aura quitté des maisons, ou des frères, ou des sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou des champs, à cause de mon nom, il en recevra cent fois autant, et héritera la vie éternelle.

30 Mais plusieurs de ceux qui étaient les premiers seront les derniers ; et ceux qui étaient les derniers seront les premiers.  

RÉFLEXIONS

I. Ce que Jésus-Christ dit ici au sujet des divorces qui étaient en usages parmi les Juifs, nous enseigne en général, que bien des choses qui avaient été tolérées jusqu’alors à cause de l’état de ce peuple et de leur humeur grossière et charnelle ne doivent plus l’être parmi les chrétiens parce qu’ils sont éclairés et que Dieu les appelle à une plus grande sainteté. II. Nous apprenons ici que, par l’institution divine, les lois du mariage unissent inséparablement et lient également l’homme et la femme, que ces lois doivent être gardées inviolablement et qu’il n’y a que l’adultère qui puisse autoriser le divorce et donner la liberté de se remarier. Jésus-Christ dit de plus que l’Évangile appelle les hommes à une grande chasteté et que même qu’il y aurait des chrétiens qui renonceraient absolument au mariage pour mieux servir Dieu et pour travailler avec plus de liberté à l’avancement de l’Évangile. III. La bénédiction que notre Seigneur donna aux petits enfants qui lui furent présentés nous fait voir que les enfants lui sont chers et qu’il est disposé à les recevoir et à les bénir, d’où l’on doit conclure que c’est une chose tout à fait conforme à ses intentions de les lui consacrer par la prière et le baptême. Il a aussi voulu nous apprendre par-là que, pour entrer dans le royaume de Dieu, nous devons ressembler aux petits enfants, en simplicité, en douceur et en innocence. L’entretien que notre Seigneur eut avec le jeune homme riche dont il est parlé dans ce chapitre nous apprend que pour entrer dans la vie éternelle, il faut garder les commandements de Dieu et être outre cela disposé à quitter tout ce que l’on possède en ce monde lorsqu’on ne pourrait conserver ses biens sans manquer ce qu’on doit à Jésus-Christ. La tristesse que ce jeune homme fit paraître à l’ouïe de ce que le Seigneur lui dit marque que les richesses attachent ordinairement le cœur au monde. C’est pourquoi Jésus-Christ déclara qu’il était bien difficile que les riches voulussent se résoudre à renoncer à leurs biens pour entrer dans l’Église. Cependant il dit que ce renoncement aux biens du monde n’est point une chose impossible, mais qu’il est au contraire possible et même facile et agréable avec les lumières de la foi et le secours de l’esprit de Dieu. Si tous les chrétiens ne sont pas appelés à abandonner leurs biens comme les apôtres le firent autrefois, ils doivent prendre garde que ces biens ne soient un obstacle à leur salut, éviter d’y mettre leur cœur, les posséder sans en abuser et s’en servir à des usages de piété et de charité. C’est le moyen de se procurer un trésor dans le ciel et d’avoir part aux bénédictions par lesquelles Jésus-Christ promet de récompenser en ce monde et en l’autre, ceux qui auront accompli tous ces devoirs. 

CHAPITRE XX.

I. Jésus-Christ propose la parabole des ouvriers, qui étant allé travailler à la vigne à diverses heures du jour, reçurent tous le même salaire. II. Il prédit sa mort et sa résurrection. III. Il répond à la mère de Saint Jacques et de Saint Jean, qui le priait que ses fils pussent tenir le premier rang dans son royaume. IV. Il rend la vue à des aveugles 

1 Car le royaume des cieux est semblable à un père de famille, qui sortit dès la pointe du jour, afin de louer des ouvriers pour travailler à sa vigne.

2 Et ayant accordé avec les ouvriers à un denier par jour, il les envoya à sa vigne.

3 Il sortit encore environ la troisième heure du jour, et il en vit d’autres qui étaient dans la place sans rien faire,

4 Auxquels il dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable.

5 Et ils y allèrent. Il sortit encore environ la sixième et la neuvième heure, et il fit la même chose.

6 Et vers la onzième heure, il sortit, et il en trouva d’autres qui étaient sans rien faire, auxquels il dit : Pourquoi vous tenez-vous ici tout le jour sans rien faire ?

7 Et ils lui répondirent : Parce que personne ne nous a loués. Et il leur dit : Allez-vous-en aussi à ma vigne, et vous recevrez ce qui sera raisonnable.

8 Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à celui qui avait le soin de ses affaires : Appelle les ouvriers, et leur paie leur salaire, en commençant depuis les derniers jusqu’aux premiers.

9 Et ceux qui avaient été loués sur la onzième heure étant venus, ils reçurent chacun un denier.

10 Or, quand les premiers furent venus, ils s’attendaient à recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier.

11 Et l’ayant reçu, ils murmuraient contre le père de famille,

12 Disant : Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les as égalés à nous qui avons supporté la fatigue de tout le jour et la chaleur.

13 Mais il répondit à l’un d’eux et lui dit : Mon ami, je ne te fais point de tort ; n’as-tu pas accordé avec moi à un denier par jour ?

14 Prends ce qui est à toi, et t’en va ; mais je veux donner à ce dernier autant qu’à toi.

15 Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est à moi ? Ton œil est-il malin de ce que je suis bon ?

16 Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers ; car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

17 Et Jésus montant à Jérusalem, prit à part sur le chemin ses douze disciples, et leur dit :

18 Nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux Scribes, et ils le condamneront à la mort.

19 Et ils le livreront aux Gentils, pour être exposé à la moquerie, et pour être fouetté et crucifié ; mais il ressuscitera le troisième jour.

20 Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de lui avec ses fils, et se prosterna pour lui demander quelque chose.

21 Et il lui dit : Que veux-tu ? Elle lui dit : Ordonne que mes deux fils, qui sont ici, soient assis l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ton royaume.

22 Mais Jésus, répondant, leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? Ils lui dirent : Nous le pouvons.

23 Et il leur dit : Il est vrai que vous boirez ma coupe, et que vous serez baptisés du même baptême dont je serai baptisé ; mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; cela ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a destiné.

24 Les dix autres ayant ouï cela, furent indignés contre ces deux frères.

25 Et Jésus les ayant appelés, leur dit : Vous savez que les princes des nations les dominent, et que les grands leur commandent avec autorité.

26 Mais il n’en doit pas être ainsi parmi vous ; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur ;

27 Et quiconque voudra être le premier entre vous, qu’il soit votre esclave ;

28 Comme le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie pour la rançon de plusieurs.

29 Et comme ils partaient de Jérico, une grande foule le suivit.

30 Et deux aveugles qui étaient assis près du chemin, ayant entendu que Jésus passait, crièrent en disant : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous.

31 Et le peuple les reprit pour les faire taire ; mais ils criaient encore plus fort : Seigneur, Fils de David, aie pitié de nous.

32 Et Jésus, s’arrêtant, les appela et leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?

33 Ils lui dirent : Seigneur, que nos yeux soient ouverts.

34 Et Jésus, étant ému de compassion, toucha leurs yeux, et aussitôt ils virent, et ils le suivirent. 

RÉFLEXIONS

I. Le but de Jésus-Christ dans la parabole des ouvriers était d’apprendre à ses disciples que les glorieuses promesses qu’il venait de faire à ceux qui quitteraient tout pour l’Évangile ne regardaient pas ses disciples seuls, mais que ceux qui seraient appelés après eux, même d’entre les païens, auraient part aux mêmes récompenses que ceux qui auraient été appelés les premiers et que bien loin d’en avoir de la jalousie, ils devaient s’en réjouir. Il ne faut pas, au reste, abuser de cette parabole, ni en conclure qu’il serait assez tôt de se convertir à la fin de sa vie. Il faut considérer sur cela, que tous ces ouvriers qui allèrent à la vigne à diverses heures du jour y allèrent dès que le maître de la vigne les y envoya, que ceux qui n’y allèrent qu’à la fin du jour n’y étaient pas allés plus tôt parce que le maître de la vigne ne les y avait pas envoyés et que ce fut à cause de cela qu’ils reçurent le même salaire que les autres. De là il paraît que ceux qui obéissent à leur vocation, en quelque temps que Dieu les appelle, obtiendront le salut. Mais cela ne regarde en aucune façon ceux qui étant appelés depuis longtemps et même dès le commencement de leur vie refusent de suivre leur vocation, au contraire cette parabole prouve qu’ils n’ont point d’excuse et que nous sommes indispensablement obligés de travailler chacun de nous avec fidélité et avec persévérance et aussitôt que Dieu nous y appelle à faire sa volonté. II. Il faut remarquer dans ce chapitre que notre Seigneur voulut avertir ses disciples de sa mort qui devait arriver dans peu afin qu’ils n’en fussent pas surpris. III. L’on doit considérer ce qu’il répondit à la mère de St. Jacques et de St. Jean. Cette femme, croyant avec les Juifs que le Messie règnerait sur la terre comme les rois de ce monde, espérait que ses deux fils tiendraient le premier rang dans son royaume parce qu’ils étaient les parents de notre Seigneur et qu’il les avait même distingués des autres apôtres en diverses occasions. Jésus-Christ condamna cette demande qui marquait que cette femme ne connaissait pas la nature de son règne et qui était d’ailleurs capable de causer de la jalousie et de la division entre les apôtres. Il leur dit qu’au lieu de penser à tenir un rang distingué comme les grands de ce monde, ils devaient plutôt s’humilier et s’abaisser et même se préparer à boire la même coupe que lui et à être baptisé de son baptême, c’est-à-dire à souffrir comme lui. Et pour leur inspirer ces sentiments, il leur allègue son exemple disant qu’il était venu au monde pour y paraître comme un serviteur et y souffrir la mort.

Ceci nous avertit d’ôter de notre cœur l’ambition et l’orgueil, de ne point rechercher à nous élever les uns par-dessus les autres, mais de vivre dans l’humilité et de porter notre croix, suivant en cela l’exemple que le fils de Dieu nous a laissé. IV. On voit sur la fin de ce chapitre que Jésus-Christ donna en ce temps-là des marques de sa puissance aussi bien que de la compassion dont il était animé envers les affligés en rendant la vue à deux aveugles.

CHAPITRE XXI, VERSETS 1 A 22

I. Notre Seigneur fait son entrée royale à Jérusalem, II. Il chasse du temple ceux qui le profanaient. III. Il répond aux pharisiens qui trouvaient mauvais que le peuple lui fit des acclamations. IV. Il fit sécher un figuier.

 1 Comme ils approchaient de Jérusalem, et qu’ils étaient déjà à Bethphagé, près du mont des Oliviers, Jésus envoya deux disciples,

2 Leur disant : Allez à la bourgade qui est devant vous ; vous y trouverez d’abord une ânesse attachée, et son ânon avec elle ; détachez-les et amenez-les-moi.

3 Et si quelqu’un vous dit quelque chose, vous direz que le Seigneur en a besoin, et aussitôt il les enverra.

4 Or, tout cela se fit afin que ces paroles du prophète fussent accomplies :

5 Dites à la fille de Sion : Voici ton Roi qui vient à toi, débonnaire et monté sur un âne, sur le poulain de celle qui porte le joug.

6 Les disciples s’en allèrent donc, et firent comme Jésus leur avait ordonné ;

7 Et ils amenèrent l’ânesse et l’ânon ; et ayant mis leurs vêtements dessus, ils l’y firent asseoir.

8 Alors des gens, en grand nombre, étendaient leurs vêtements par le chemin ; et d’autres coupaient des branches d’arbres, et les étendaient par le chemin ;

9 Et ceux qui allaient devant, et ceux qui suivaient, criaient, disant : Hosanna au Fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !

10 Et quand il fut entré dans Jérusalem, toute, la ville fut émue, et on disait : Qui est celui-ci ?

11 Et le peuple disait : C’est Jésus le prophète, de Nazareth de Galilée.

12 Et Jésus entra dans le temple de Dieu, et il chassa tous ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple ; et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons.

13 Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée une maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.

14 Alors des aveugles et des boiteux vinrent à lui dans le temple, et il les guérit.

15 Mais les principaux sacrificateurs et les Scribes, voyant les merveilles qu’il avait faites, et que les enfants criaient dans le temple et disaient : Hosanna au Fils de David ! ils en furent fort indignés ;

16 Et ils lui dirent : Entends-tu ce que ces enfants disent ? Et Jésus leur dit : Oui. N’avez-vous jamais lu ces paroles : Tu as tiré une parfaite louange de la bouche des enfants et de ceux qui tètent ?

17 Et les ayant laissés, il sortit de la ville, et s’en alla à Béthanie, où il passa la nuit.

18 Le matin, comme il retournait à la ville, il eut faim ;

19 Et voyant un figuier sur le chemin, il y alla, mais il n’y trouva que des feuilles, et il lui dit : Qu’il ne naisse à jamais aucun fruit de toi ; et incontinent le figuier sécha.

20 Les disciples ayant vu cela, s’étonnèrent et dirent : Comment est-ce que ce figuier est devenu sec à l’instant ?

21 Jésus, répondant, leur dit : Je vous dis en vérité que si vous aviez la foi, et que vous ne doutassiez point, non-seulement vous feriez ce qui a été fait au figuier ; mais aussi si vous disiez à cette montagne : Ôte-toi de là, et te jette dans la mer, cela se ferait.

22 Et tout ce que vous demanderez en priant, si vous croyez, vous le recevrez. 

RÉFLEXIONS

Pour comprendre la raison et le but de l’entrée royale de Jésus-Christ à Jérusalem, il faut savoir qu’il avait évité jusqu’alors de paraitre avec éclat et d’être reconnu publiquement pour le Messie. Mais il voulut, six jours avant sa mort, montrer qu’il était le Messie promis par les prophètes, être reconnu en cette qualité par le peuple qui l’accompagnait et entrer dans le temple au milieu des acclamations d’une grande multitude de personnes. Cependant il le fit d’une manière qui ne ressentait point la pompe des rois de la terre, mais qui marquait beaucoup d’humilité et de douceur et qui était conforme à ce que Zacharie avait prédit : Que le Messie viendrait doux et humble, monté sur un âne, ce qui tendait à faire voir qu’il était ce grand roi que Dieu avait promis à son peuple, mais que son règne n’était pas de ce monde.

Nous devons reconnaître ici la gloire de notre Rédempteur et en même temps sa grande bonté et les acclamations de la multitude qui entra avec lui à Jérusalem doivent nous inciter, nous qui le connaissons beaucoup mieux que ce peuple ne le connaissait, à lui rendre hommages et à nous réjouir de sa venue en disant : Béni soit celui qui est venu au nom du Seigneur. L’action de Jésus-Christ qui chassa ceux qui achetaient et qui vendaient aux environs du temple les choses nécessaires pour les sacrifices était un effet de son grand zèle et il voulut donner dans cette occasion, dans le temple même des marques de son autorité céleste et divine. D’ici nous devons apprendre à ne pas profaner les lieux où Dieu est servi, soit en y paraissant avec irrévérence, soit en y rendant à Dieu un culte hypocrite. Pour ce qui est du miracle du figuier séché, notre Seigneur le fit pour affermir la foi de ses disciples dans le temps qu’il allait souffrir la mort et pour les instruire de la vertu et de l’efficace de la foi et de la prière.

CHAPITRE XXI, VERSETS 23 A 46

I. Jésus-Christ répond à ceux qui lui demandaient raison de son autorité. II. Il leur propose la parabole des deux fils qui avaient été envoyés à la vigne par leur père III. Et celle des vignerons qui après avoir tué les serviteurs de leur maître tuèrent son propre fils. 

23 Quand Jésus fut venu dans le temple, les principaux sacrificateurs et les sénateurs du peuple vinrent à lui, comme il enseignait, et lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses ? Et qui est-ce qui t’a donné cette autorité ?

24 Jésus, répondant, leur dit : Je vous ferai aussi une question, et si vous m’y répondez, je vous dirai aussi par quelle autorité je fais ces choses.

25 Le baptême de Jean, d’où venait-il ? du ciel ou des hommes ? Or, ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes : Si nous disons, du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ?

26 Et si nous disons, des hommes, nous craignons le peuple ; car tous regardent Jean comme un prophète.

27 Ainsi ils répondirent à Jésus : Nous n’en savons rien. Et moi, leur dit-il, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.

28 Mais que vous semble-t-il de ceci. Un homme avait deux fils, et, s’adressant au premier, il lui dit : Mon fils, va, et travaille aujourd’hui dans ma vigne.

29 Mais il répondit : Je n’y veux point aller ; cependant, s’étant repenti ensuite, il y alla.

30 Puis il vint à l’autre, et lui dit la même chose. Celui-ci répondit : J’y vais, Seigneur ; mais il n’y alla pas.

31 Lequel des deux fit la volonté de son père ? Ils lui dirent : C’est le premier. Jésus leur dit : Je vous dis en vérité, que les péagers et les femmes de mauvaise vie vous devancent au royaume de Dieu.

32 Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous ne l’avez point cru ; mais les péagers et les femmes de mauvaise vie l’ont cru ; et vous, ayant vu cela, vous ne vous êtes point repentis ensuite pour le croire.

33 Écoutez une autre similitude : Il y avait un père de famille qui planta une vigne ; il l’environna d’une haie, il y creusa un pressoir et il y bâtit une tour, puis il la loua à des vignerons, et s’en alla faire un voyage.

34 La saison de la récolte étant proche, il envoya ses serviteurs vers les vignerons pour recevoir les fruits de sa vigne.

35 Mais les vignerons s’étant saisis des serviteurs, battirent l’un, tuèrent l’autre, et en lapidèrent un autre.

36 Il envoya encore d’autres serviteurs, en plus grand nombre que les premiers, et ils les traitèrent de même.

37 Enfin il envoya vers eux son propre Fils, disant : Ils auront du respect pour mon Fils.

38 Mais quand les vignerons virent le Fils, ils dirent entre eux : C’est ici l’héritier ; venez, tuons-le, et nous saisissons de son héritage.

39 Et, l’ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne, et le tuèrent.

40 Quand donc le maître de la vigne sera venu, que fera-t-il à ces vignerons ?

41 Ils lui répondirent : Il fera périr misérablement ces méchants et il louera sa vigne à d’autres vignerons qui lui en rendront les fruits en leur saison.

42 Et Jésus leur dit : N’avez-vous jamais lu dans les Écritures ces paroles : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée est devenue la principale pierre de l’angle ; ceci a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux ?

43 C’est pourquoi je vous dis que le royaume de Dieu vous sera ôté, et qu’il sera donné à une nation qui en rendra les fruits.

44 Celui qui tombera sur cette pierre sera brisé ; et celui sur qui elle tombera sera écrasé.

45 Et quand les principaux sacrificateurs et les Pharisiens eurent entendu ces similitudes, ils reconnurent qu’il parlait d’eux.

46 Et ils cherchaient à se saisir de lui, mais ils craignirent le peuple, parce qu’il regardait Jésus comme un prophète. 

RÉFLEXIONS

Il faut remarquer en premier lieu que lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus-Christ d’où il tenait son autorité, il ne voulut pas leur répondre directement, mais qu’il se contenta de leur fermer la bouche en leur demandant ce qu’ils croyaient du baptême de Jean-Baptiste. Par là il voulait les convaincre d’une ignorance volontaire et malicieuse et leur faire sentir qu’ils pouvaient facilement reconnaître que son autorité, aussi bien que celle de Jean-Baptiste son précurseur, venait du Ciel. Les chrétiens à qui cette autorité est parfaitement connue et qui savent que la doctrine de Jésus-Christ, de même que celle de Jean Baptiste, est divine, doivent s’y soumettre s’ils ne veulent pas tomber dans une incrédulité encore plus condamnable que celle des pharisiens. La parabole des deux fils signifie que les personnes qu’on regarde comme les plus corrompues avaient cru à la prédication de Jean Baptiste plutôt que les pharisiens et les principaux des Juifs qui devaient être les premiers à la recevoir, puisqu’ils faisaient profession d’être plus éclairés et plus saints que les autres. Nous avons dans cette parabole une image des pécheurs qui, touchés de repentance, rentrent dans leur devoir et des mauvais chrétiens, qui s’étant engagés à servir Dieu et à lui obéir, violent leurs promesses et ne répondent pas à leur vocation. La similitude des vignerons marquait trois choses. I. Les grâces que Dieu avait faites de tout temps aux Juifs en les choisissant pour son peuple et en leur envoyant à diverses fois ses serviteurs et enfin son propre fils. II. L’ingratitude et la méchanceté des Juifs qui, au lieu de répondre à ces grâces, avaient rejeté et même persécuté les prophètes et qui, enfin, crucifièrent notre Seigneur. III. Que Dieu punirait les Juifs en les détruisant, en leur ôtant son alliance et en appelant les païens à leur place et que Jésus-Christ, après avoir été rejeté par les chefs du peuple juif, seraient élevé à une gloire suprême, comme cela avait été prédit par l’oracle du Psaume CXVIII. Ce que cette parabole marquait est exactement arrivé, les Juifs ayant été détruits et rejetés, l’Évangile ayant été annoncé aux païens et le règne de Dieu s’étant établi par tout le monde. C’est ainsi que Dieu prive de sa grâce et de son alliance ceux qui n’en profitent pas et qui ne rapportent pas les fruits qu’il attend d’eux. 

CHAPITRE XXII, VERSETS 1 A 22

I. Jésus-Christ continue les discours du chapitre précédent et il propose une nouvelle parabole, savoir celle des noces. II. Il répond aux pharisiens qui lui demandèrent s’il était permis de payer le tribut à l’empereur. 

JESUS, prenant la parole, continua à leur parler en paraboles et leur dit :

2 Le royaume des cieux est semblable à un Roi qui fit les noces de son fils ;

3 Et il envoya ses serviteurs pour appeler ceux qui avaient été invités aux noces ; mais ils n’y voulurent point venir.

4 Il envoya encore d’autres serviteurs avec cet ordre : Dites à ceux qui ont été invités : J’ai fait préparer mon dîner ; mes taureaux et mes bêtes grasses sont tués, et tout est prêt ; venez aux noces.

5 Mais eux, n’en tenant compte, s’en allèrent, l’un à sa métairie, et l’autre à son trafic.

6 Et les autres prirent ses serviteurs, et les outragèrent, et les tuèrent.

7 Le roi, l’ayant appris, se mit en colère, et y ayant envoyé ses troupes, il fit périr ces meurtriers et brûla leur ville.

8 Alors il dit à ses serviteurs : Le festin des noces est prêt, mais ceux qui y étaient invités n’en étaient pas dignes.

9 Allez donc dans les carrefours des chemins, et invitez aux noces tous ceux que vous trouverez.

10 Et ses serviteurs étant allés dans les chemins, assemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, tant mauvais que bons, en sorte que la salle de noces fut remplie de gens qui étaient à table.

11 Et le roi, étant entré pour voir ceux qui étaient à table, aperçut un homme qui n’avait pas un habit de noces.

12 Et il lui dit : Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces ? Et il eut la bouche fermée.

13 Alors le roi dit aux serviteurs : Liez-le pieds et mains, emportez-le, et le jetez dans les ténèbres de dehors ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

14 Car il y en a beaucoup d’appelés, mais peu d’élus.

15 Alors les Pharisiens s’étant retirés, consultèrent pour le surprendre dans ses discours.

16 Et ils lui envoyèrent de leurs disciples, avec des Hérodiens, qui lui dirent : Maître, nous savons que tu es sincère, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans avoir égard à qui que ce soit ; car tu ne regardes point l’apparence des hommes.

17 Dis-nous donc ce qui te semble de ceci : Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?

18 Mais Jésus, connaissant leur malice, leur dit : Hypocrites, pourquoi me tentez-vous ?

19 Montrez-moi la monnaie dont on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.

20 Et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ?

21 Ils lui dirent : De César. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.

22 Et ayant entendu cette réponse, ils l’admirèrent ; et le laissant, ils s’en allèrent. 

REFLEXIONS

Le sens de la parabole des noces est que les juifs avaient été appelés les premiers au salut par Jésus-Christ, mais qu’ils le rejetteraient et qu’ils le feraient mourir et qu’à cause de cela ils seraient détruits, qu’ensuite Dieu ferait présenter sa grâce aux païens, que les païens la recevraient et seraient admis dans son alliance, mais qu’il y aurait cependant des hypocrites parmi ceux qui entreraient dans l’Église et que ces hypocrites recevraient aussi la juste peine qu’ils méritaient.

Tout ce que Jésus-Christ avait prédit par cette similitude a été accompli, la vengeance de Dieu étant tombée sur les Juifs incrédules et les païens ayant été appelés et reçus dans l’Église.

Ce sont là des preuves incontestables de la divinité de l’Évangile et de la certitude des menaces qui y sont contenues. Cela nous apprend aussi que Dieu fait une très grande grâce aux hommes lorsqu’il les appelle au salut et que ceux qui ne profitent pas des invitations que Dieu a la bonté de leur adresser doivent s’attendre à sa plus sévère vengeance.

Nous devons surtout considérer ce qui est dit de cet homme qui se mit à table sans avoir un habit nuptial et qui fut chassé de la salle du festin. Ce ne sont pas seulement ceux qui rejettent ouvertement l’Évangile que Dieu punira, les hypocrites qui, se disant chrétiens et vivant dans la communion extérieure de l’Église, n’ont pas une foi et une piété sincère n’éviteront pas la peine due à leur témérité.

Ceux qui demandèrent à notre Seigneur s’il était permis de payer le tribut à l’empereur se proposaient de le rendre odieux au peuple s’il disait qu’on devait le payer ou de l’accuser auprès de Pilate s’il répondait qu’il ne fallait pas le payer.

La réponse que Jésus-Christ fit à cette question captieuse marque sa profonde sagesse et elle nous enseigne que le devoir envers les rois et les princes et de devoir envers Dieu sont tous deux indispensables et que ces deux devoirs ne sont point opposés l’un à l’autre, mais qu’au contraire ils s’accordent parfaitement. Ainsi, nous devons les observer religieusement, nous soumettant aux puissances supérieures et leur rendant ce qui leur est dû, en telle sorte que nous nous souvenions que les devoirs envers Dieu tiennent le premier rang et que ce sont ceux dont il faut toujours s’acquitter premièrement et principalement. 

CHAPITRE XXII, VERSETS 23 A 46

I. Les sadducéens, qui niaient la résurrection des morts, proposent à Jésus-Christ le cas d’une femme qui avait eu sept maris et lui demandent pour l’embarrasser duquel des sept elle serait femme après la résurrection, le Seigneur leur répond en leur disant que le mariage n’aurait pas lieu dans la vie à venir et en prouvant par l’Écriture que les morts ressusciteront.

II. Il répond à une question qu’un docteur lui fit sur le plus grand commandement de la loi.

III. Il demande aux pharisiens comment le Messie pouvait être tout ensemble le fils et le Seigneur de David, à quoi ils ne purent répondre et ce qu’il ne trouva pas à propos de leur expliquer.

 23 Ce jour-là les Sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, vinrent à Jésus, et lui firent cette question :

24 Maître, Moïse a dit : Si quelqu’un meurt sans enfants, son frère épousera sa veuve, et suscitera lignée à son frère.

25 Or, il y avait parmi nous sept frères, dont le premier, s’étant marié, mourut ; et n’ayant point eu d’enfants, il laissa sa femme à son frère.

26 De même aussi le second, puis le troisième, jusqu’au septième.

27 Or, après eux tous, la femme mourut aussi.

28 Duquel donc des sept sera-t-elle femme dans la résurrection ? Car tous les sept l’ont eue.

29 Mais Jésus, répondant, leur dit : Vous êtes dans l’erreur, parce que vous n’entendez pas les Écritures, ni quelle est la puissance de Dieu.

30 Car après la résurrection, les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges de Dieu qui sont dans le ciel.

31 Et quant à la résurrection des morts, n’avez-vous point lu ce que Dieu vous a dit :

32 Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Dieu n’est pas le Dieu des morts ; mais il est le Dieu des vivants.

33 Et le peuple, entendant cela, admirait sa doctrine.

34 Les Pharisiens, ayant appris qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, ils s’assemblèrent.

35 Et l’un d’entre eux, qui était docteur de la loi, l’interrogea pour l’éprouver, et lui dit :

36 Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ?

37 Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée.

38 C’est là le premier et le grand commandement.

39 Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même.

40 Toute la loi et les prophètes se rapportent à ces deux commandements.

41 Et les Pharisiens étant assemblés, Jésus les interrogea,

42 Et leur dit : Que vous semble-t-il du Christ ? De qui doit-il être fils ? Ils lui répondirent : De David.

43 Et il leur dit : Comment donc David l’appelle-t-il par l’Esprit son Seigneur, en disant :

44 Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied ?

45 Si donc David l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ?

46 Et personne ne put lui répondre un seul mot ; et depuis ce jour-là personne n’osa plus l’interroger.             

 REFLEXIONS

I. On doit remarquer dans l’entretien que Jésus-Christ eut avec les sadducéens sur la résurrection sa sagesse toute divine et en même temps la force et l’évidence avec laquelle il les confondit et prouva la résurrection des morts. Cet endroit de l’Évangile nous enseigne clairement deux choses :

II. L’une qu’il est très certain que les morts ressusciteront et que ceux qui ont été agréables à Dieu pendant leur vie, comme les patriarches, ne sont pas anéantis par la mort ; c’est là une doctrine qui est l’appui de notre foi et de toutes nos espérances.

III. L’autre chose que le Sauveur du monde nous enseigne regarde l’état des fidèles glorifiés. Il nous dit que les liens de la chair et du sang ne subsisteront plus dans la vie à venir et que les bienheureux ne seront plus sujets aux nécessités du corps et de cette vie, mais qu’ils seront comme les anges de Dieu.

Cette considération doit nous engager à devenir dès à présent des hommes spirituels et à vivre dans une grande pureté, cela étant nécessaire pour parvenir à une heureuse résurrection.

I. Jésus-Christ nous propose ici une autre doctrine fort importante, c’est que le plus grand commandement de la Loi est d’aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes. Puisque c’est là l’abrégé de toute la religion, notre grand soin doit être d’établir dans notre cœur ce vrai amour de Dieu et de tous les hommes.

II. Pour ce qui est de la question que Jésus-Christ fit aux pharisiens, comment le Messie pouvait être tout à la fois le fils et le Seigneur de David, il faut remarquer qu’il la leur proposa pour leur faire sentir leur ignorance, surtout en ce qui regardait la personne du Messie et la nature de son règne, mais qu’il ne voulut pas leur expliquer cette question parce qu’ils n’auraient pas compris, ni cru ce qu’il leur aurait dit et parce aussi qu’il n’était pas à propos qu’il leur parlât alors ouvertement de la gloire et de la dignité de sa personne.

Mais cette question est tout à fait  claire pour les chrétiens qui savent que Jésus-Christ en tant qu’homme est fils de David, puisqu’il est né de la postérité de ce roi, mais qu’en tant que fils de Dieu il est le Seigneur de David et de tous les hommes, Dieu l’ayant fait asseoir à sa droite comme le roi du monde et de l’Église, qui a une souveraine autorité sur toutes choses et à qui aussi nous devons faire gloire d’obéir et d’être soumis. 

CHAPITRE XXIII.

Notre Seigneur parle contre les pharisiens et les docteurs de la Loi. Il reconnaît ce qu’il y avait de bon et de légitime dans leur doctrine et dans leur ministère, mais il les accuse d’être des hypocrites qui affectaient une grande apparence de sainteté.

Il dit qu’ils étaient remplis d’orgueil et que c’est eux qui rejetaient l’Évangile et qui empêchaient les autres de le recevoir.

Il les représente comme des avares et des impies qui faisaient servir la religion et la prière à leur intérêt, il remarque que leur doctrine sur les serments était une preuve de leur impiété et de leur détestable avarice, en tant qu’ils enseignaient que les serments faits par l’or et par les dons que l’on offrait dans le temple et sur l’autel liaient la conscience plus que ceux que l’on aurait faits par l’autel ou par le temple même. Il ajoute qu’outre les dîmes prescrites par la Loi, ils donnaient la dîme des herbes et de tout ce qui leur croissait, ce que Dieu n’avait pas commandé et que cependant ils négligeaient les devoirs qui étaient de la plus grande importance.

Il dit encore qu’ils paraissaient purs au dehors, mais que leur cœur était très corrompu et qu’ils ornaient les tombeaux des prophètes pendant qu’ils faisaient mourir les serviteurs de Dieu.

Enfin il déclare qu’ils attiraient sur eux et sur toute la nation les plus terribles jugements de Dieu et il déplore d’une manière fort tendre la destruction de Jérusalem qui devait arriver dans peu d’années,

1 Alors Jésus parla au peuple et à ses disciples,

2 Et leur dit : Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse.

3 Observez donc et faites tout ce qu’ils vous diront d’observer ; mais ne faites pas comme ils font, parce qu’ils disent et ne font pas.

4 Car ils lient des fardeaux pesants et insupportables, et les mettent sur les épaules des hommes ; mais ils ne voudraient pas les remuer du doigt.

5 Et ils font toutes leurs actions, afin que les hommes les voient ; car ils portent de larges phylactères, et ils ont de plus longues franges à leurs habits.

6 Ils aiment à avoir les premières places dans les festins, et les premiers sièges dans les synagogues,

7 Et à être salués dans les places publiques, et à être appelés par les hommes, Maître, Maître.

8 Mais vous, ne vous faites point appeler Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, qui est le Christ ; et pour vous, vous êtes tous frères.

9 Et n’appelez personne sur la terre votre Père ; car vous n’avez qu’un seul Père, savoir, celui qui est dans les cieux.

10 Et ne vous faites point appeler Docteurs ; car vous n’avez qu’un seul Docteur, qui est le Christ.

11 Mais que le plus grand d’entre vous soit votre serviteur.

12 Car quiconque s’élèvera sera abaissé ; et quiconque s’abaissera sera élevé.

13 Mais malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous fermez aux hommes le royaume des cieux ; vous n’y entrez point, et vous n’y laissez point entrer ceux qui voudraient y entrer.

14 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous dévorez les maisons des veuves, en affectant de faire de longues prières ; à cause de cela vous serez punis d’autant plus sévèrement.

15 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous courez la mer et la terre pour faire un prosélyte ; et quand il l’est devenu, vous le rendez digne de la géhenne deux fois plus que vous.

16 Malheur à vous, conducteurs aveugles, qui dites : Si quelqu’un jure par le temple, cela n’est rien ; mais celui qui aura juré par l’or du temple, est obligé de tenir son serment.

17 Insensés et aveugles ! car lequel est le plus considérable, ou l’or, ou le temple qui rend cet or sacré ?

18 Et si quelqu’un, dites-vous, jure par l’autel, cela n’est rien ; mais celui qui aura juré par le don qui est sur l’autel, est obligé de tenir son serment.

19 Insensés et aveugles ! car lequel est le plus grand, le don, ou l’autel qui rend ce don sacré ?

20 Celui donc qui jure par l’autel, jure par l’autel et par ce qui est dessus ;

21 Et celui qui jure par le temple, jure par le temple et par celui qui y habite ;

22 Et celui qui jure par le ciel, jure par le trône de Dieu et par celui qui est assis dessus.

23 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous payez la dîme de la menthe, de l’anet et du cumin, et vous négligez les choses les plus importantes de la loi, la justice, la miséricorde et la fidélité. Ce sont là les choses qu’il fallait faire, sans néanmoins omettre les autres.

24 Conducteurs aveugles, qui coulez un moucheron et qui avalez un chameau.

25 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat, pendant qu’au dedans vous êtes pleins de rapines et d’intempérance.

26 Pharisien aveugle, nettoie premièrement le dedans de la coupe et du plat, afin que ce qui est dehors devienne aussi net.

27 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous ressemblez à des sépulcres blanchis, qui paraissent beaux par dehors, mais qui au dedans sont pleins d’ossements de morts et de toute sorte de pourriture.

28 De même aussi, au dehors vous paraissez justes aux hommes, mais au dedans vous êtes remplis d’hypocrisie et d’injustice.

29 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites ; car vous bâtissez les tombeaux des prophètes, et vous ornez les sépulcres des justes ;

30 Et vous dites : Si nous eussions été du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes.

31 Ainsi vous êtes témoins contre vous-mêmes que vous êtes les enfants de ceux qui ont tué les prophètes.

32 Vous donc aussi, vous achevez de combler la mesure de vos pères.

33 Serpents, race de vipères, comment éviterez-vous le jugement de la géhenne ?

34 C’est pourquoi, voici, je vous envoie des prophètes, des sages et des scribes ; vous ferez mourir et vous crucifierez les uns ; vous ferez fouetter les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville ;

35 Afin que tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre retombe sur vous, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l’autel.

36 Je vous dis en vérité, que toutes ces choses viendront sur cette génération.

37 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes ; et vous ne l’avez pas voulu !

38 Voici, votre demeure va devenir déserte.

39 Car je vous dis que désormais vous ne me verrez plus, jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. 

REFLEXIONS

Il faut faire ces deux considérations générales sur ce chapitre :

I. La première, que notre Seigneur étant sur le point de mourir, reprocha avec une sainte liberté et avec une autorité toute divine aux scribes et aux pharisiens leur hypocrisie, parce qu’il importait qu’il les fît connaître au peuple pour ce qu’ils étaient.

II. Les malédictions redoublées que Jésus-Christ prononce dans tout ce discours contre les hypocrites doivent nous faire regarder l’hypocrisie comme un péché qui est très odieux, surtout en ceux qui font profession d’avoir de la piété et du zèle.

Les réflexions particulières que ce chapitre nous présente sont :

I. Que quand les ministres de la religion enseignent une doctrine pure et qu’ils vivent mal, il ne faut pas les imiter dans leurs actions, mais qu’on doit pourtant toujours les écouter et leur obéir quand ils disent la vérité.

II. Que tous les disciples de Jésus-Christ, et particulièrement ceux qui ont charge dans l’église, doivent être entièrement éloignés de l’hypocrisie, de l’ambition et de l’avarice, s’ils ne veulent pas ressembler aux pharisiens que Jésus-Christ maudit.

III. Que leur devoir est d’entrer eux-mêmes les premiers dans le chemin du ciel et d’y faire entrer ensuite les autres en contribuant de tout leur pouvoir à la conversion des pécheurs et à l’édification de tout le monde.

IV. La censure que notre Seigneur fait de la doctrine des pharisiens sur l’article des serments montre que le serment se rapportant toujours à Dieu lui-même, on doit l’avoir en grande révérence et que le parjure et la violation des vœux sont un très grand crime.

V. Nous voyons ici que l’une des marques auxquelles on reconnaît les hypocrites, c’est qu’ils affectent une sainteté extérieure et qu’ils sont exacts et scrupuleux dans les choses de peu de conséquences, mais qu’ils négligent ce qu’il y a de plus essentiel dans la religion, savoir la miséricorde, la fidélité et l’obéissance à ce que Dieu commande.

Ainsi nous devons nous attacher surtout à l’observation de ces devoirs les plus essentiels, purifier notre cœur et y établir la foi et une vraie crainte de Dieu.

Cependant, quoique les devoirs extérieurs ne soient pas les plus nécessaires, on ne doit pas les négliger, ni les mépriser.

Jésus-Christ marque cela quand il dit, si l’on ne peut se dispenser des devoirs essentiels : Il ne faut pas non plus omettre les autres.

Les menaces que notre Seigneur fait contre les Juifs, qui après avoir fait mourir les prophètes, le feraient mourir lui-même, montèrent que Dieu les détruisit avec justice et que l’ingratitude de ceux qui rejettent la parole de Dieu et de ses serviteurs ne demeure pas impunie.

VI Enfin, la tendresse avec laquelle Jésus-Christ déplore la ruine des Juifs qui avaient si mal répondu à la bonne volonté dont il était animé en leur faveur prouve bien clairement que Dieu ne cherche que le salut des hommes et qu’ils ne périssent que par le refus volontaire et obstiné qu’ils font des offres de sa grâce. 

CHAPITRE XXIV.

Notre Seigneur prédit la ruine du temple Jérusalem et il parle des signes qui précéderaient cette ruine et la fin du monde.

Il dit qu’il s’élèverait de faux prophètes et de faux messies, qu’il y aurait des guerres, des famines et toutes sortes de calamité,

Que ses disciples seraient persécutés et que l’Évangile serait prêché en divers lieux du monde.

Il dit de plus que quand l’abomination qui doit causer la désolation entrerait dans le lieu saint, c’est-à-dire quand les idolâtres entreraient dans la Judée et assiégeraient Jérusalem et le temple, ce serait une marque que sa ruine allait arriver et qu’alors il faudrait s’en retirer et prendre la fuite.

Il ajoute que le soleil et les astres seraient obscurcis. Ce sont des expressions figurées tirées des prophètes et elles signifient qu’il arriverait de grands changements dans le monde et dans l’état des Juifs et que l’on verrait des signes de la colère de Dieu qui rempliraient les hommes d’effroi.

Il dit encore que le signe du fils de l’homme paraîtrait, ce qui signifie que Jésus-Christ ferait voir d’une manière illustre et éclatante, en détruisant les Juifs et en établissant son règne, qu’il était le fils de Dieu. Il déclare que tout cela arriverait avant que la génération d’alors fût passée, que le temps de sa venue ne serait connu de personne et que cette venue surprendrait tout le monde, comme le déluge surprit les hommes du temps de Noé.

Enfin, il exhorte ses disciples à veiller et à se tenir prêt, de peur qu’ils ne fussent surpris lorsqu’il viendrait. 

1 Comme Jésus sortait du temple et qu’il s’en allait, ses disciples vinrent pour lui faire considérer les édifices.

2 Et Jésus leur dit : voyez-vous tous ces bâtiments ? Je vous dis en vérité, qu’il ne restera ici pierre sur pierre qui ne soit renversée.

3 Et s’étant assis sur la montagne des Oliviers, ses disciples vinrent à lui en particulier et lui dirent : Dis-nous quand ces choses arriveront, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde.

4 Et Jésus, répondant, leur dit : Prenez garde que personne ne vous séduise.

5 Car plusieurs viendront en mon nom, disant : Je suis le Christ ; et ils séduiront beaucoup de gens.

6 Vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerres ; prenez garde de ne vous pas troubler ; car il faut que toutes ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.

7 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des famines, des pestes et des tremblements de terre en divers lieux.

8 Mais tout cela ne sera qu’un commencement de douleurs.

9 Alors ils vous livreront pour être tourmentés, et ils vous feront mourir ; et vous serez haïs de toutes les nations à cause de mon nom.

10 Alors aussi plusieurs se scandaliseront et se haïront les uns les autres.

11 Et plusieurs faux prophètes s’élèveront, et séduiront beaucoup de gens.

12 Et parce que l’iniquité sera multipliée, la charité de plusieurs se refroidira.

13 Mais celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé.

14 Et cet évangile du royaume de Dieu sera prêché par toute la terre, pour servir de témoignage à toutes les nations ; et alors la fin arrivera.

15 Quand donc vous verrez dans le lieu saint l’abomination qui cause la désolation, et dont le prophète Daniel a parlé (que celui qui le lit y fasse attention) ;

16 alors que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient aux montagnes ;

17 que celui qui sera au haut de la maison ne descende point pour s’arrêter à emporter quoi que ce soit de sa maison ;

18 et que celui qui est aux champs ne retourne point en arrière pour emporter ses habits.

19 Malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là !

20 Priez que votre fuite n’arrive pas en hiver, ni en un jour de sabbat ;

21 Car il y aura une grande affliction ; telle que depuis le commencement du monde jusqu’à présent il n’y en a point eu, et qu’il n’y en aura jamais de semblable.

22 Que si ces jours-là n’avaient pas été abrégés, personne n’échapperait ; mais ils seront abrégés à cause des élus.

23 Alors si quelqu’un vous dit : Le Christ est ici, ou : Il est là ; ne le croyez point.

24 Car de faux Christs et de faux prophètes s’élèveront et feront de grands signes et des prodiges, pour séduire les élus même, s’il était possible.

25 Voilà, je vous l’ai prédit.

26 Si donc on vous dit : Le voici dans le désert ; n’y allez point : Le voici dans des lieux retirés ; ne le croyez point.

27 Car, comme un éclair sort de l’Orient et se fait voir jusqu’à l’Occident, il en sera aussi de même de l’avènement du Fils de l’homme.

28 Car où sera le corps mort, les aigles s’y assembleront.

29 Et aussitôt après l’affliction de ces jours-là le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera point sa lumière, les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées.

30 Alors le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel ; alors aussi toutes les tribus de la terre se lamenteront, en se frappant la poitrine, et elles verront le Fils de l’homme venir sur les nuées du ciel, avec une grande puissance et une grande gloire ;

31 Il enverra ses anges avec un grand son de trompette, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis un bout des cieux jusqu’à l’autre bout.

32 Apprenez ceci par la similitude du figuier : Quand ses branches commencent à être tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.

33 Vous aussi de même, quand vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche et à la porte.

34 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point que toutes ces choses n’arrivent.

35 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

36 Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, non pas même les anges du ciel, mais mon Père seul.

37 Mais comme il en était dans les jours de Noé, il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme ;

38 Car, comme dans les jours avant le déluge les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et donnaient en mariage, jusqu’au jour que Noé entra dans l’arche ;

39 Et qu’ils ne pensèrent au déluge que lorsqu’il vint et qu’il les emporta tous ; il en sera aussi de même à l’avènement du Fils de l’homme.

40 Alors, de deux hommes qui seront dans un champ, l’un sera pris et l’autre laissé ;

41 De deux femmes qui moudront au moulin, l’une sera prise et l’autre laissée.

42 Veillez donc ; car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur doit venir.

43 Vous savez que si un père de famille était averti à quelle veille de la nuit un larron doit venir, il veillerait et ne laisserait pas percer sa maison.

44 C’est pourquoi vous aussi tenez-vous prêts ; car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne pensez pas.

45 Qui est donc le serviteur fidèle et prudent que son maître a établi sur ses domestiques, pour leur donner la nourriture dans le temps qu’il faut ?

46 Heureux ce serviteur que son maître trouvera faisant ainsi quand il arrivera.

47 Je vous dis en vérité, qu’il l’établira sur tous ses biens.

48 Mais si c’est un méchant serviteur, qui dise en lui-même : Mon maître tarde à venir ;

49 Et qu’il se mette à battre ses compagnons de service, et à manger et à boire avec des ivrognes ;

50 Le maître de ce serviteur-là viendra le jour qu’il ne l’attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas ;

51 Et il le séparera, et il lui donnera sa portion avec les hypocrites : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

 REFLEXIONS

Il faut considérer premièrement que tout ce que Jésus-Christ prédit touchant la ruine de Jérusalem arriva peu après son ascension.

Il s’éleva plusieurs faux messies et plusieurs imposteurs, qui, sous prétexte de zèle et de religion, séduisirent les Juifs et excitèrent des séditions dans toute la Judée.

Il y eut des guerres dans lesquelles il périt une infinité de Juifs, la famine et la peste firent de grands ravages parmi eux, les apôtres et les chrétiens furent persécutés, l’Évangile fut prêché et s’établit en divers lieux, les Romains entrèrent dans la Judée, ils assiégèrent Jérusalem et ils la détruisirent avec son temple et les chrétiens qui profitèrent des avertissements de Jésus-Christ et qui se retirèrent de cette ville-là furent garantis, pendant que les Juifs périrent misérablement.

Tout cela arriva comme Jésus-Christ l’avait déclaré en termes formels avant que la génération d’alors fût passée, environ quarante ans après sa mort, ce qui prouve avec la dernière évidence la vérité et la divinité de ces prédictions qui étaient déjà répandues dans le monde longtemps avant la destruction de Jérusalem.

On voit dans cette ruine un exemple remarquable des jugements de Dieu sur les incrédules et de sa protection sur les fidèles.

Enfin, l’exact accomplissement de ce que notre Seigneur avait dit de la destruction des Juifs doit nous convaincre que ce qu’il a dit si expressément de la fin du monde et de la punition des méchants, s’accomplira de même.

Le temps de cette seconde venue du fils de Dieu nous est caché, aussi bien que celui de notre mort, ainsi nous devons nous y préparer continuellement, de peur que ce jour redoutable nous surprenne comme le déluge surprit les hommes du temps de Noé et comme les Juifs furent surpris par leur ruine.

Jésus-Christ nous montre lui-même que c’est là l’usage que nous devons faire de tous ces discours par la similitude du bon et du mauvais serviteur et par cette exhortation qui marque le but de cette similitude et de tout ce qui est contenu dans ce chapitre : Veillez, car vous ne savez pas à quelle heure votre Seigneur viendra. 

CHAPITRE XXV.

Notre Seigneur, après avoir parlé dans le chapitre précédent de sa venue et avoir exhorté ses disciples à la vigilance, continue son discours et il montre : I. Par la parabole des dix vierges, et II. Par celle des talents, la nécessité de veiller et de se préparer pour cette venue. Il parle ensuite du jugement dernier. 

1 Alors le royaume des cieux sera semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, allèrent au-devant de l’époux.

2 Or, il y en avait cinq d’entre elles qui étaient sages, et cinq qui étaient folles.

3 Celles qui étaient folles, en prenant leurs lampes, n’avaient point pris d’huile avec elles.

4 Mais les sages avaient pris de l’huile dans leurs vaisseaux, avec leurs lampes.

5 Et comme l’époux tardait à venir, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent.

6 Et sur le minuit on entendit crier : Voici l’époux qui vient, sortez au-devant de lui.

7 Alors ces vierges se levèrent toutes et préparèrent leurs lampes.

8 Et les folles dirent aux sages : Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent.

9 Mais les sages répondirent : Nous ne le pouvons, de peur que nous n’en ayons pas assez pour nous et pour vous ; allez plutôt vers ceux qui en vendent, et en achetez pour vous.

10 Mais pendant qu’elles en allaient acheter, l’époux vint ; et celles qui étaient prêtes entrèrent avec lui aux noces, et la porte fut fermée.

11 Après cela, les autres vierges vinrent aussi et dirent : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !

12 Mais il leur répondit : Je vous dis en vérité, que je ne vous connais point.

13 Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure à laquelle le Fils de l’homme viendra.

14 Car il en est comme d’un homme qui, s’en allant en voyage, appela ses serviteurs et leur remit ses biens.

15 Et il donna cinq talents à l’un, à l’autre deux, et à l’autre un ; à chacun selon ses forces ; et il partit aussitôt.

16 Or, celui qui avait reçu cinq talents s’en alla et en trafiqua ; et il gagna cinq autres talents.

17 De même, celui qui en avait reçu deux, en gagna deux autres.

18 Mais celui qui n’en avait reçu qu’un s’en alla et creusa dans la terre, et y cacha l’argent de son maître.

19 Longtemps après, le maître de ces serviteurs revint, et il leur fit rendre compte.

20 Alors celui qui avait reçu cinq talents, vint et présenta cinq autres talents, et dit : Seigneur, tu m’avais remis cinq talents ; en voici cinq autres que j’ai gagnés de plus.

21 Et son maître lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.

22 Et celui qui avait reçu deux talents, vint et dit : Seigneur, tu m’avais remis deux talents ; en voici deux autres que j’ai gagnés de plus.

23 Et son maître lui dit : Cela va bien, bon et fidèle serviteur ; tu as été fidèle en peu de chose, je t’établirai sur beaucoup ; entre dans la joie de ton seigneur.

24 Mais celui qui n’avait reçu qu’un talent, vint et dit : Seigneur, je savais que tu étais un homme dur, qui moissonnes où tu n’as pas semé, et qui recueilles où tu n’as pas répandu ;

25 C’est pourquoi, te craignant, je suis allé et j’ai caché ton talent dans la terre ; voici, tu as ce qui est à toi.

26 Et son maître lui répondit : Méchant et paresseux serviteur, tu savais que je moissonnais où je n’ai pas semé, et que je recueillais où je n’ai pas répandu ;

27 Il te fallait donc donner mon argent aux banquiers, et à mon retour j’aurais retiré ce qui est à moi avec l’intérêt.

28 Ôtez-lui donc le talent, et le donnez à celui qui a dix talents.

29 Car on donnera à celui qui a, et il aura encore davantage ; mais à celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.

30 Jetez donc le serviteur inutile dans les ténèbres de dehors ; c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents.

31 Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire avec tous les saints anges, alors il s’assiéra sur le trône de sa gloire.

32 Et toutes les nations seront assemblées devant lui, et il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs.

33 Et il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.

34 Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde ;

35 Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger, et vous m’avez recueilli ;

36 J’étais nu, et vous m’avez vêtu ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous m’êtes venus voir.

37 Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, et que nous t’avons donné à manger ; ou avoir soif, et que nous t’avons donné à boire ?

38 Et quand est-ce que nous t’avons vu étranger, et que nous t’avons recueilli ; ou nu, et que nous t’avons vêtu ?

39 Ou quand est-ce que nous t’avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus te voir ?

40 Et le roi, répondant, leur dira : Je vous dis en vérité, qu’en tant que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, vous me les avez faites.

41 Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits, et allez dans le feu éternel, qui est préparé au Diable et à ses anges ;

42 Car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ;

43 J’étais étranger, et vous ne m’avez pas recueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas vêtu ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.

44 Alors ceux-là lui répondront aussi : Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim, ou soif, ou être étranger, ou nu, ou malade, ou en prison, et que nous ne t’avons point assisté ?

45 Et il leur répondra : Je vous dis en vérité, qu’en tant que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, vous ne me l’avez pas fait non plus.

46 Et ceux-ci s’en iront aux peines éternelles ; mais les justes s’en iront à la vie éternelle. 

REFLEXIONS

La parabole des vierges est prise de ce qui se pratiquait parmi les Juifs dans les noces, où les filles avaient accoutumé d’aller au-devant de l’époux et de l’épouse avec des lampes allumées. Par cette parabole Jésus-Christ voulait apprendre à ses disciples qu’ils devaient attendre continuellement sa venue et s’y préparer.

Les vierges sages représentent les vrais fidèles qui vivent dans la foi, dans la vigilance et dans la pratique de leurs devoirs en attendant que le Seigneur vienne et les vierges folles sont l’image des faux chrétiens qui négligent ces devoirs.

La venue de l’époux, qui vint à minuit, et l’état où les vierges sages et les vierges folles se trouvèrent alors signifie que Jésus-Christ viendra pour juger les hommes lorsqu’ils ne s’y attendront pas, qu’alors ceux qui se seront tenus prêts seront remplis d’une sainte assurance et entreront avec lui dans sa gloire, pendant que ceux qui auront négligé de se préparer n’auront pour leur partage que la misère et le désespoir et feront d’inutiles efforts pour être admis à la félicité des justes.

La parabole des talents marque trois choses :

I. Que Dieu appelle les hommes à le servir et qu’il leur accorde sa grâce et ses dons dans une mesure différente afin qu’ils les emploient chacun selon leur vocation pour la gloire et le salut des autres.

II. Que les uns, comme de fidèles serviteurs, font un bon usage de ces grâces et que les autres les rendent inutiles par leur négligence.

III. Que Dieu fera rendre compte aux uns et aux autres de leur conduite, qu’il louera et récompensera la fidélité de ceux qui se seront servis de ses dons pour avancer sa gloire et que ceux qui en auront abusé seront punis de leur infidélité.

Notre Seigneur dit expressément que ces derniers n’auront aucune excuse puisque Dieu n’est pas un maître rude et injuste, qui veuille moissonner où il n’a pas semé, c’est-à-dire qui exige des hommes ce qu’ils ne sauraient faire.

Par l’une et l’autre de ces similitudes Jésus-Christ nous enseigne de quelle manière il jugera ceux à qui il a donné sa connaissance et il nous avertit de nous tenir constamment attachés à notre devoir et de le servir fidèlement chacun dans notre vocation.

Il y a quatre choses principales à remarquer dans la description du jugement dernier :

I. Que Jésus-Christ descendra du ciel avec gloire et que ce sera lui qui jugera le monde.

II. Que tous les hommes sans exception paraîtront devant lui et qu’ils seront tous jugés.

III. Qu’il les jugera par leurs œuvres et qu’il aura principalement égard aux œuvres de charité et au bien que l’on aura fait à ses membres, parce que ces œuvres-là sont des preuves et des effets de la foi et de l’amour qu’on a pour lui.

IV. Qu’il séparera les bons d’avec les méchants en recevant les bons dans le royaume des cieux et en envoyant les méchants aux peines éternelles.

Puisque Jésus-Christ nous a expressément avertis de toutes ces choses et que nous savons qu’il nous faudra paraître devant son tribunal pour recevoir selon le bien et le mal que nous aurons faits, notre plus grande attention doit être de nous conduire avec piété et avec crainte pendant tout le temps de notre séjour en ce monde, de nous attacher à la pratique des bonnes œuvres et surtout des œuvres de charité et de miséricorde afin qu’au jour de la glorieuse et dernière apparition du fils de Dieu, nous puissions paraître devant lui avec confiance et avec joie et être du nombre de ceux auxquels il dira : Venez, vous qui êtes béni de mon Père, possédez en héritage le royaume qui vous a été préparé dès la création du monde.

 CHAPITRE XXVI VERSETS 1 A 35.

C’est ici que commence l’histoire de la passion de notre Seigneur : I. Les sacrificateurs prennent la résolution de faire mourir Jésus-Christ. II. Une femme l’oint avec une huile précieuse. III. Judas traite avec les sacrificateurs pour leur livrer son Maître. IV. Jésus-Christ célèbre la Pâque et pendant le repas il parle de la trahison de Judas, il institue la sainte Cène et il prédit que St. Pierre le renierait. 

1 Quand Jésus eut achevé tous ces discours, il dit à ses disciples :

2 Vous savez que la Pâque se fera dans deux jours, et que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié.

3 Alors les principaux sacrificateurs, les scribes et les sénateurs du peuple s’assemblèrent dans la salle du souverain sacrificateur nommé Caïphe,

4 Et délibérèrent ensemble de se saisir de Jésus par adresse et de le faire mourir.

5 Mais ils disaient : Il ne faut pas que ce soit pendant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.

6 Et Jésus étant à Béthanie dans la maison de Simon surnommé le lépreux,

7 Une femme était venue vers lui, ayant un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix, et elle le lui avait répandu sur la tête lorsqu’il était à table.

8 Et ses disciples, voyant cela, en furent indignés et dirent : A quoi sert cette perte ?

9 Car on pouvait vendre bien cher ce parfum, et en donner l’argent aux pauvres.

10 Mais Jésus, connaissant cela, leur dit : Pourquoi faites-vous de la peine à cette femme ? car elle a fait une bonne action à mon égard ;

11 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais vous ne m’aurez pas toujours ;

12 Et si elle a répandu ce parfum sur mon corps, elle l’a fait pour ma sépulture.

13 Je vous dis en vérité, que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu’elle a fait sera aussi raconté en mémoire d’elle.

14 Alors l’un des douze, appelé Judas Iscariot, s’en alla vers les principaux sacrificateurs,

15 Et leur dit : Que voulez-vous me donner et je vous le livrerai ? Et ils convinrent de lui donner trente pièces d’argent.

16 Et depuis ce temps-là il cherchait une occasion propre pour le livrer.

17 Or, le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples vinrent à Jésus et lui dirent : Où veux-tu que nous préparions ce qu’il faut pour manger la Pâque ?

18 Et il leur répondit : Allez dans la ville chez un tel et lui dites : Le Maître dit : Mon temps est proche ; je ferai la Pâque chez toi avec mes disciples.

19 Et les disciples firent comme Jésus leur avait ordonné, et préparèrent la Pâque.

20 Quand le soir fut venu, il se mit à table avec les douze apôtres.

21 Et comme ils mangeaient, il dit : Je vous dis en vérité que l’un de vous me trahira.

22 Et ils furent fort affligés, et chacun d’eux se mit à lui dire : Seigneur, est-ce moi ?

23 Mais il répondit : Celui qui met la main dans le plat avec moi, c’est celui qui me trahira.

24 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est trahi ; il eût mieux valu pour cet homme-là de n’être jamais né.

25 Et Judas, qui le trahissait, répondit : Maître, est-ce moi ? Jésus lui dit : Tu l’as dit.

26 Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le donna à ses disciples et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.

27 Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna, disant : Buvez-en tous ;

28 Car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, lequel est répandu pour plusieurs, en rémission des péchés.

29 Or, je vous dis que désormais je ne boirai point de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour auquel je le boirai de nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.

30 Et après qu’ils eurent chanté le cantique, ils sortirent pour aller à la montagne des Oliviers.

31 Alors Jésus leur dit : Je vous serai cette nuit à tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées.

32 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.

33 Et Pierre, prenant la parole, lui dit : Quand même tous les autres se scandaliseraient en toi, je ne serai jamais scandalisé.

34 Jésus lui dit : Je te dis en vérité, que cette nuit même, avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois.

35 Pierre lui dit : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les disciples dirent la même chose. 

REFLEXIONS

I. La première réflexion que l’on doit faire ici regarde le temps de la passion de notre Seigneur. Sachant qu’il devait être crucifié à la fête de Pâque, il se rendit à Jérusalem dans ce temps-là et quoique les sacrificateurs n’eussent pas intention de le faire mourir durant cette fête, Dieu voulut qu’il mourût alors parce que c’était le temps auquel on immolait l’agneau de Pâque qui représentait le sacrifice de Jésus-Christ et afin que les Juifs qui se rendaient à Jérusalem de toutes parts pour la Pâque fussent témoin de sa mort.

II. L’exemple de cette femme qui oignit Jésus-Christ avec un parfum précieux doit nous inciter à honorer notre Seigneur par tous les moyens qui sont en notre puissance. Et ce que le Seigneur dit pour défendre l’action de cette femme nous apprend qu’il reçoit avec bonté tout ce que nous faisons pour lui marquer notre amour et notre respect, qu’il faut juger charitablement des actions des autres, surtout lorsqu’elles partent d’un bon principe et que nous ne devons jamais négliger d’assister les nécessiteux.

III. La convention de Judas avec les sacrificateurs nous fait voir dans quels crimes et dans quel endurcissement l’avarice peut jeter les hommes et avec quel soin il faut prendre garde que cette passion ne se glisse et ne s’enracine dans notre cœur.

IV. Jésus-Christ prédit la trahison de Judas afin de lui faire comprendre que son dessein lui était connu et afin que les apôtres vissent qu’il ne devait rien arriver à leur Maître qu’il n’eût prévu et à quoi il n’eut voulu bien s’exposer.

V. Ce qui mérite surtout notre attention dans ce chapitre, c’est que Jésus-Christ étant sur le point d’être crucifié, institua la sainte Cène pour être jusqu’à la fin du monde un mémorial de ses souffrances et de sa mort. Cela nous oblige à avoir cet auguste sacrement en grande révérence et à le célébrer d’une manière conforme aux intentions de notre divin rédempteur.

VI. Enfin, la prédiction que Jésus-Christ fit du reniement de St. Pierre prouve que notre Seigneur connaît les cœurs et l’avenir et ce qu’il dit à cet apôtre qui lui répondait avec tant d’assurance, nous apprend à ne présumer jamais de nos forces, à nous défier de nous-même et à nous tenir sans cesse en garde contre la tentation. 

CHAPITRE XXVI VERSETS 36 A 75

On voit ici :

I. Ce que Jésus souffrit dans le jardin. II. Comment il fut pris par Judas. III. Ce qui se passa lorsqu’il parut devant le conseil et qu’il y fût condamné. IV. La chute et la repentance de St. Pierre. 

36 Alors Jésus s’en alla avec eux dans un lieu appelé Gethsémané ; et il dit à ses disciples : Asseyez-vous ici pendant que je m’en irai là pour prier.

37 Et ayant pris avec lui Pierre et les deux fils de Zébédée, il commença à être fort triste et dans une amère douleur.

38 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez avec moi.

39 Et étant allé un peu plus avant, il se jeta le visage contre terre, priant et disant : Mon Père, que cette coupe passe loin de moi, s’il est possible ! Toutefois, qu’il en soit non comme je le voudrais, mais comme tu le veux.

40 Puis il vint vers ses disciples et les trouva endormis ; et il dit à Pierre : Est-il possible que vous n’ayez pu veiller une heure avec moi ?

41 Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.

42 Il s’en alla encore pour la seconde fois et pria, disant : Mon père, s’il n’est pas possible que cette coupe passe loin de moi sans que je la boive, que ta volonté soit faite.

43 Et revenant à eux il les trouva encore endormis ; car leurs yeux étaient appesantis.

44 Et les ayant laissés, il s’en alla encore et pria pour la troisième fois, disant les mêmes paroles.

45 Alors il vint vers ses disciples et leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez ? Voici, l’heure est venue, et le Fils de l’homme va être livré entre les mains des méchants.

46 Levez-vous, allons ; voici, celui qui me trahit s’approche.

47 Et comme il parlait encore, voici Judas, l’un des douze, qui vint, et avec lui une grande troupe de gens armés d’épées et de bâtons, de la part des principaux sacrificateurs et des sénateurs du peuple.

48 Et celui qui le trahissait leur avait donné ce signal : Celui que je baiserai, c’est lui, saisissez-le.

49 Et aussitôt, s’approchant de Jésus, il lui dit : Maître, je te salue ; et il le baisa.

50 Jésus lui dit : Mon ami, pour quel sujet es-tu ici ? Alors ils s’approchèrent, et jetèrent les mains sur Jésus, et le saisirent.

51 En même temps un de ceux qui étaient avec Jésus, portant la main à l’épée, la tira et en frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta une oreille.

52 Alors Jésus lui dit : Remets ton épée dans le fourreau ; car tous ceux qui prendront l’épée périront par l’épée.

53 Penses-tu que je ne pusse pas maintenant prier mon Père, qui me donnerait aussitôt plus de douze légions d’anges ?

54 Comment donc s’accompliraient les Écritures qui disent qu’il faut que cela arrive ainsi ?

55 En même temps, Jésus dit à cette troupe : Vous êtes sortis avec des épées et des bâtons, comme après un brigand pour me prendre ; j’étais tous les jours assis parmi vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi.

56 Mais tout ceci, est arrivé, afin que ce qui est écrit dans les prophètes fût accompli. Alors tous les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent.

57 Mais ceux qui avaient saisi Jésus l’emmenèrent chez Caïphe, le souverain sacrificateur, où les scribes et les sénateurs étaient assemblés.

58 Et Pierre le suivit de loin jusqu’à la cour du souverain sacrificateur, et, y étant entré, il s’assit avec les officiers pour voir quelle en serait la fin.

59 Or, les principaux sacrificateurs, et les sénateurs, et tout le conseil cherchaient quelque faux témoignage contre Jésus, pour le faire mourir.

60 Mais ils n’en trouvaient point, et bien que plusieurs faux témoins se fussent présentés, ils n’en trouvaient point de suffisant. Enfin deux faux témoins s’approchèrent,

61 Qui dirent : Cet homme a dit : Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir dans trois jours.

62 Alors le souverain sacrificateur se leva et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ?

63 Mais Jésus se tut. Alors le souverain sacrificateur, prenant la parole, lui dit : Je t’adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu ?

64 Jésus lui répondit : Tu l’as dit ; et même je vous dis que vous verrez ci-après le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venant sur les nuées du ciel.

65 Alors le souverain sacrificateur déchira ses habits, disant : Il a blasphémé ; qu’avons-nous plus besoin de témoins ? Vous venez d’entendre son blasphème. Que vous en semble ?

66 Ils répondirent : Il a mérité la mort.

67 Alors ils lui crachèrent au visage, et ils lui donnèrent des coups de poing, et les autres le frappaient avec leurs bâtons,

68 Disant : Christ, devine qui est celui qui t’a frappé ?

69 Cependant, Pierre était assis dehors dans la cour ; et une servante s’approcha de lui, et lui dit : Tu étais aussi avec Jésus le Galiléen.

70 Et il le nia devant tous, disant : Je ne sais ce que tu dis.

71 Et comme il sortit au vestibule, une autre servante le vit, et dit à ceux qui étaient là : Celui-ci était aussi avec Jésus de Nazareth.

72 Et il le nia encore avec serment, disant : Je ne connais point cet homme-là.

73 Et un peu après, ceux qui étaient là s’approchèrent et dirent à Pierre : Assurément tu es aussi de ces gens-là ; car ton langage te fait connaître.

74 Alors il se mit à faire des imprécations contre soi-même et à jurer, disant : Je ne connais point cet homme-là ; et incontinent le coq chanta.

75 Alors Pierre se souvint de la parole de Jésus qui lui avait dit : Avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois. Et étant sorti, il pleura amèrement. 

REFLEXIONS

On doit faire une grande attention à ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin. Dieu voulut qu’il ressentît cette tristesse et ces frayeurs afin que l’on vît qu’il mourait pour les péchés des hommes et qu’il était sujet à toutes les infirmités innocentes de la nature humaine.

Et nous devons juger par l’état où notre Seigneur fut alors réduit quelle est l’horreur du péché et combien les peines que les méchants souffriront un jour seront terribles.

Ces prières si humbles et si ferventes que Jésus-Christ adressait à Dieu dans son agonie nous enseignent à prier avec persévérance et avec humilité lorsque nous sommes dans la souffrance.

Nous avons dans la résignation de notre Seigneur à la volonté de son Père une preuve de sa parfaite obéissance aussi bien que de son grand amour envers nous et un modèle de patience que nous devons imiter en quelque état qu’il plaise à Dieu de nous mettre.

L’avertissement que Jésus-Christ donna aux apôtres de veiller et de prier de peur qu’ils ne succombassent à la grande tentation où ils allaient être exposés est un conseil salutaire qui nous apprend que la vigilance et la prière sont les principaux moyens de résister aux tentations et qu’on y succombe dès qu’on néglige ces moyens-là.

Dans la manière dont Jésus fut pris par Judas, on voit d’un côté la perfidie de ce malheureux disciple et de l’autre que notre Seigneur s’exposait volontairement à la mort.

L’action de St. Pierre qui frappa avec l’épée un de ceux qui venaient prendre Jésus était l’effet d’un zèle inconsidéré et la censure que le Seigneur fit à cet apôtre nous montre qu’il n’est jamais permis de se venger, ni d’en venir à la violence, en quelque occasion, ni pour quelque sujet que ce puisse être.

Ce qui est à remarquer sur la comparution de Jésus-Christ devant le conseil des Juifs, c’est :

I. Que quelque effort que les Juifs fissent pour trouver des faux témoins et un prétexte pour le condamner, il ne pût être convaincu d’aucun crime et qu’il ne fut condamné que parce qu’il avoua être le fils de Dieu, en quoi on découvre la haine et l’injustice des Juifs et la parfaite innocence de notre Seigneur.

II. La grande patience avec laquelle il souffrit tous les outrages qu’on lui fit doit nous rappeler ce que St. Pierre dit à ce sujet : Que Christ a souffert pour nous, nous laissant un modèle, afin que nous suivions ses traces.

III. Ce que notre Seigneur dit aux Juifs : qu’ils le verraient venant dans les nuées du ciel, mérite une attention particulière. Jésus-Christ parlait comme roi et fils de Dieu, dans le temps qu’on le condamnait et l’établissement de son règne, de même que la ruine des juifs, firent voir bientôt après la vérité de ce qu’il avait dit dans cette occasion.

IV. La chute de St. Pierre qui, après avoir été averti par notre Seigneur et avoir protesté qu’il ne le renierait jamais, le renia jusqu’à trois fois est un grand exemple de l’inconstance et de l’infirmité humaine.

Ceux-là même qui ont de bonnes intentions peuvent faire de grandes chutes quand ils ne se précautionnent pas contre la tentation et pour s’en garantir, il importe de se défier de soi-même, de prier sans cesse et d’éviter les lieux et les occasions qui peuvent entraîner dans le péché.

Enfin, il faut considérer que si le péché de St. Pierre fut grand, sa repentance fut prompte et qu’il pleura amèrement sa faute.

C’est ainsi que nous devons nous relever promptement de nos chutes et les réparer par les larmes d’une sincère pénitence et par un vrai amendement. 

CHAPITRE XXVII VERSETS 1 A 26.

I. Judas voyant que Jésus était condamné reconnaît son crime et se donne la mort. II. Jésus parait devant Pilate, gouverneur de Jérusalem, qui, après avoir fait divers efforts pour le délivrer et pour apaiser les Juifs, prononce la sentence de sa condamnation. 

1 Dès que le matin fut venu, tous les principaux sacrificateurs et les sénateurs du peuple tinrent conseil pour faire mourir Jésus.

2 Et l’ayant fait lier, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Ponce-Pilate, gouverneur.

3 Alors Judas, qui l’avait trahi, voyant qu’il était condamné, se repentit et reporta les trente pièces d’argent aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs,

4 Disant : J’ai péché en trahissant le sang innocent. Mais ils dirent : Que nous importe ? tu y pourvoiras.

5 Alors, après avoir jeté les pièces d’argent dans le temple, il se retira, et s’en alla, et s’étrangla.

6 Et les principaux sacrificateurs, ayant pris les pièces d’argent, dirent : Il n’est pas permis de les mettre dans le trésor sacré ; car c’est le prix du sang.

7 Et ayant délibéré, ils en achetèrent le champ d’un potier, pour la sépulture des étrangers.

8 C’est pourquoi ce champ-là a été appelé jusqu’à aujourd’hui le champ du sang.

9 Alors s’accomplit ce qui avait été dit par Jérémie le prophète : Ils ont pris trente pièces d’argent, qui étaient le prix de celui qui a été apprécié, et que les enfants d’Israël ont mis à prix ;

10 Et ils les ont données pour acheter le champ d’un potier, comme le Seigneur me l’avait ordonné.

11 Or, Jésus parut devant le gouverneur, et le gouverneur l’interrogea, disant : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus lui dit : Tu le dis.

12 Et comme il était accusé par les principaux sacrificateurs et les sénateurs, il ne répondait rien.

13 Alors Pilate lui dit : N’entends-tu pas combien de choses ils déposent contre toi ?

14 Mais il ne lui répondit quoi que ce soit ; de sorte que le gouverneur en était fort surpris.

15 Or, le gouverneur avait accoutumé à chaque fête de Pâque, de relâcher au peuple celui des prisonniers qu’ils voulaient.

16 Et il y avait alors un prisonnier insigne, nommé Barabbas.

17 Comme ils étaient donc assemblés, Pilate leur dit : Lequel voulez-vous que je vous relâche, Barabbas, ou Jésus qu’on appelle Christ ?

18 Car il savait bien que c’était par envie qu’ils l’avaient livré.

19 Et pendant qu’il était assis sur le tribunal, sa femme lui envoya dire : N’aie rien à faire avec cet homme de bien ; car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui en songe à son sujet.

20 Alors les principaux sacrificateurs et les sénateurs persuadèrent au peuple de demander Barabbas, et de faire périr Jésus.

21 Et le gouverneur, prenant la parole, leur dit : Lequel des deux voulez-vous que je vous relâche ? Et ils dirent : Barabbas.

22 Pilate leur dit : Que ferai-je donc de Jésus qu’on appelle Christ ? Tous lui dirent : Qu’il soit crucifié.

23 Et le gouverneur leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Alors ils crièrent encore plus fort : Qu’il soit crucifié.

24 Pilate donc, voyant qu’il ne gagnait rien, mais que le tumulte s’augmentait de plus en plus, prit de l’eau et se lava ses mains devant le peuple, disant : Je suis innocent du sang de ce juste ; c’est à vous d’y penser.

25 Et tout le peuple répondit : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants.

26 Alors il leur relâcha Barabbas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le leur livra pour être crucifié. 

REFLEXIONS

Les remords que Judas ressentit lorsqu’il vit qu’on allait faire mourir Jésus, l’aveu qu’il fit de son crime et sa fin tragique font voir que Jésus était innocent et qu’il avait été condamné injustement.

On voit aussi en cela l’état d’une conscience criminelle et l’horreur des remords et du désespoir dont les méchants sont agités lorsqu’elle se réveille et que la vengeance divine les poursuit.

L’usage que les Juifs firent de l’argent que Judas leur rendit servit à perpétuer la mémoire de cet événement. C’était une preuve de l’injustice qu’ils avaient commise et l’on y remarque l’accomplissement d’un oracle de Zacharie.

Sur ce qui se passa devant Pilate, il faut observer que Jésus-Christ avoua en sa présence, comme il l’avait avoué devant le conseil, qu’il était le Messie.

À l’exemple de notre Seigneur, nous devons confesser la vérité, même au péril de notre vie, toutes les fois que nous y sommes appelés.

On voit de plus, dans cette histoire, la fureur des Juifs que rien ne pût adoucir et qui préféraient à Jésus-Christ un meurtrier et un séditieux. On y découvre l’innocence de Jésus qui fut reconnue par Pilate, mais on y remarque surtout l’iniquité de ce juge qui après avoir longtemps résisté consentit à sa mort, nonobstant les avertissements que sa femme lui fit donner et quoi qu’il fût persuadé qu’il condamnait un innocent.

Nous avons en Pilate une image de ceux qui pêchent contre leurs lumières et qui sacrifient leur devoir et leur conscience à la crainte, à la complaisance et à l’intérêt, aussi bien que de ceux qui se croient innocents dans le temps qu’ils commettent les plus grands crimes et qui rejettent sur les autres les fautes dont ils sont eux-mêmes les auteurs.

Ceci nous avertit d’être toujours inviolablement attachés à notre devoir et de suivre les mouvements de notre conscience sans qu’aucune considération que ce soit nous en détourne.

Enfin, l’on doit faire une grande attention à ces paroles que les Juifs prononcèrent lorsque notre Seigneur fut condamné : Que son sang soit sur nous et sur nos enfants.

Ils éprouvèrent eux et leur postérité les effets   de cette imprécation qu’ils firent contre eux-mêmes, Dieu ayant vengé sur cette nation la mort de son Fils par la ruine de leur ville et par l’état où ils sont depuis et où ils sont encore aujourd’hui. 

CHAPITRE XXVII VERSETS 27 A 66.

Saint Matthieu rapporte ici : I. Le crucifiement de Jésus-Christ et sa mort. II. Les prodiges qui arrivèrent alors. III. Sa sépulture. 

27 Et les soldats du gouverneur amenèrent Jésus au prétoire, et ils assemblèrent autour de lui toute la compagnie des soldats.

28 Et l’ayant dépouillé, ils le revêtirent d’un manteau d’écarlate.

29 Puis ayant fait une couronne d’épines, ils la lui mirent sur la tête, et ils lui mirent un roseau à la main droite, et s’agenouillant devant lui, ils se moquaient de lui, en disant : Je te salue, roi des juifs.

30 Et crachant contre lui, ils prenaient le roseau, et ils lui en donnaient des coups sur la tête.

31 Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau et lui remirent ses habits, et ils l’emmenèrent pour le crucifier.

32 Et comme ils sortaient, ils trouvèrent un homme de Cyrène, nommé Simon, qu’ils contraignirent de porter la croix de Jésus.

33 Et étant arrivés au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire la place du crâne,

34 Ils lui présentèrent à boire du vinaigre mêlé avec du fiel ; mais quand il en eut goûté, il n’en voulut pas boire.

35 Et après l’avoir crucifié ils partagèrent ses habits, en jetant le sort ; afin que ce qui a été dit par le prophète s’accomplît : Ils se sont partagé mes habits, et ils ont jeté le sort sur ma robe.

36 Et s’étant assis, ils le gardaient là.

37 Ils mirent aussi au-dessus de sa tête cet écriteau, pour marquer le sujet de sa condamnation ; CELUI-CI EST JÉSUS, LE ROI DES JUIFS.

38 On crucifia en même temps avec lui deux brigands, l’un à sa droite et l’autre à sa gauche.

39 Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, branlant la tête,

40 Et disant : Toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même ; si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix.

41 De même aussi, les principaux sacrificateurs, avec les Scribes et les sénateurs, disaient en se moquant :

42 Il a sauvé les autres, et il ne se peut sauver lui-même. S’il est le roi d’Israël, qu’il descende maintenant de la croix, et nous croirons en lui.

43 Il se confie en Dieu, que Dieu le délivre maintenant, s’il lui est agréable ; car il a dit : Je suis le Fils de Dieu.

44 Les brigands qui étaient crucifiés avec lui, lui faisaient les mêmes reproches.

45 Or depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur tout le pays, jusqu’à la neuvième heure.

46 Et environ la neuvième heure, Jésus s’écria à haute voix, disant : Eli, Eli, lamma sabachthani ? c’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

47 Et quelques-uns de ceux qui étaient présents, ayant ouï cela, disaient : Il appelle Elie.

48 Et aussitôt quelqu’un d’entre eux courut, et prit une éponge, et l’ayant remplie de vinaigre, il la mit au bout d’une canne, et lui en donna à boire.

49 Et les autres disaient : Attendez, voyons si Elie viendra le délivrer.

50 Et Jésus ayant encore crié à haute voix, rendit l’esprit.

51 En même temps le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas, la terre trembla, des rochers se fendirent ;

52 Des sépulcres s’ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent ;

53 Et étant sortis de leurs sépulcres après sa résurrection, ils entrèrent dans la sainte cité, et ils furent vus de plusieurs personnes.

54 Et le centenier et ceux qui gardaient Jésus avec lui, ayant vu le tremblement de terre et ce qui était arrivé, furent fort effrayés, et dirent : Véritablement, cet homme était le Fils de Dieu.

55 Il y avait aussi là plusieurs femmes qui regardaient de loin, et qui avaient suivi Jésus depuis la Galilée, en le servant ;

56 Entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques et de Joses, et la mère des fils de Zébédée.

57 Et le soir étant venu, un homme riche, nommé Joseph, qui était d’Arimathée, et qui avait aussi été disciple de Jésus,

58 Vint vers Pilate et demanda le corps de Jésus ; et Pilate commanda qu’on le lui donnât.

59 Ainsi Joseph prit le corps et l’enveloppa dans un linceul blanc,

60 Et le mit dans son sépulcre, qui était neuf et qu’il avait fait tailler pour lui-même dans le roc ; et ayant roulé une grande pierre à l’entrée du sépulcre, il s’en alla.

61 Et Marie-Magdelaine et l’autre Marie étaient là assises vis-à-vis du sépulcre.

62 Le jour suivant, qui était le lendemain de la préparation du sabbat, les principaux sacrificateurs et les Pharisiens allèrent ensemble vers Pilate,

63 Et lui dirent : Seigneur, nous nous souvenons que, quand ce séducteur vivait, il disait : Je ressusciterai dans trois jours.

64 Commande donc que le sépulcre soit gardé sûrement jusqu’au troisième jour, de peur que ses disciples ne viennent de nuit, et n’enlèvent son corps, et qu’ils ne disent au peuple : Il est ressuscité des morts. Cette dernière séduction serait pire que la première.

65 Pilate leur dit : Vous avez la garde ; allez, et faites-le garder comme vous l’entendrez.

66 Ils s’en allèrent donc, et ils s’assurèrent du sépulcre, en scellant la pierre, et en y mettant des gardes. 

REFLEXIONS

L’histoire de la passion de Jésus-Christ et le récit des ignominies et des douleurs auxquelles il fut exposé avant d’être crucifié et pendant qu’il était sur la croix nous engage à considérer qu’il a souffert toutes ces choses et qu’il est mort pour expier nos péchés et pour confirmer par ce moyen les promesses qu’il nous a faites de l’immortalité.

L’usage que nous devons faire de cet endroit si important de l’Évangile est de regarder cette mort comme le moyen admirable par lequel nous avons été sauvés, de bénir la miséricorde de Dieu qui a ainsi livré son fils à la mort et la charité de notre bon Sauveur qui s’est donné soi-même pour nous et de l’aimer comme il nous a aimés.

Les souffrances de Jésus-Christ doivent aussi nous faire renoncer au péché puisqu’il est mort pour le détruire et nous apprendre à souffrir et à porter patiemment notre croix.

Les divers prodiges qui arrivèrent à la mort de Jésus-Christ tendaient à faire sentir l’horreur du crime que les Juifs venaient de commettre en le crucifiant et à montrer à tout le monde que Jésus était le fils de Dieu.

Le déchirement du voile du temple marquait visiblement que le culte des Juifs allait prendre fin, que le temple allait être détruit et que le ciel serait désormais ouvert aux hommes.

L’ouverture des sépulcres de ceux qui ressuscitèrent avec notre Seigneur marquait que Jésus devait sortir du tombeau et que les morts ressusciteront au dernier jour par la vertu de la mort de Jésus-Christ et de sa résurrection.

Notre Seigneur fut enseveli afin que l’on ne pût pas douter qu’il était véritablement mort et Dieu voulut qu’on le mît dans un sépulcre où personne n’avait été mis pour faire voir que ce serait bien lui qui ressusciterait.

Les circonstances de sa sépulture, de même que celles de sa passion nous découvrent l’accomplissement de plusieurs prophéties et la pensée que Jésus a été enseveli est très propre pour dissiper l’horreur que nous aurions sans cela du tombeau et de la mort et pour nous élever à l’espérance de la résurrection et d’une meilleure vie.

C’est enfin une chose digne de remarque que les Juifs firent fermer et garder soigneusement le sépulcre de notre Seigneur de peur que les disciples n’enlevassent son corps, par là ils fournirent contre leur dessein des preuves incontestables de sa résurrection.

CHAPITRE XXVIII.

Ce chapitre contient : I. Un récit abrégé de la résurrection de Jésus-Christ. II. Ce que les Juifs firent pour persuader au peuple que ses disciples avaient enlevés son corps. III. l’apparition de Jésus-Christ aux apôtres et les ordres qu’il leur donna avant que de monter au ciel. 

1 Après que le sabbat fut passé, comme le premier jour de la semaine commençait à luire, Marie-Magdelaine et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre.

2 Et il se fit un grand tremblement de terre, car un ange du Seigneur descendit du ciel, et vint rouler la pierre de devant l’entrée du sépulcre, et s’assit dessus.

3 Son visage était comme un éclair, et son vêtement était blanc comme la neige.

4 Et de la frayeur que les gardes en eurent, ils furent tout émus, et ils devinrent comme morts.

5 Mais l’ange, prenant la parole, dit aux femmes : Pour vous, ne craignez point, car je sais que vous cherchez Jésus qui a été crucifié.

6 Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. Venez, voyez le lieu où le Seigneur était couché ;

7 Et allez-vous-en promptement dire à ses disciples qu’il est ressuscité des morts ; et voilà qu’il s’en va devant vous en Galilée ; vous le verrez là ; je vous l’ai dit.

8 Alors elles sortirent promptement du sépulcre, avec crainte et avec une grande joie, et elles coururent l’annoncer à ses disciples.

9 Mais comme elles allaient pour le leur annoncer, voilà Jésus qui vint au-devant d’elles, et qui leur dit : Je vous salue. Et elles s’approchèrent, et lui embrassèrent les pieds et l’adorèrent.

10 Alors Jésus leur dit : Ne craignez point ; allez et dites à mes frères de se rendre en Galilée, et que c’est là qu’ils me verront.

11 Quand elles furent parties, quelques-uns de ceux de la garde vinrent à la ville et rapportèrent aux principaux sacrificateurs tout ce qui était arrivé.

12 Alors ils s’assemblèrent avec les sénateurs et, après qu’ils eurent délibéré, ils donnèrent une bonne somme d’argent aux soldats,

13 Et ils leur dirent : Dites : Ses disciples sont venus de nuit, et ont dérobé son corps pendant que nous dormions ;

14 Et si ceci vient à la connaissance du gouverneur, nous l’apaiserons, et nous vous tirerons de peine.

15 Et les soldats ayant pris l’argent, firent comme ils avaient été instruits ; et ce bruit a été divulgué parmi les Juifs, jusqu’à aujourd’hui.

16 Mais les onze disciples s’en allèrent en Galilée, sur la montagne où Jésus leur avait ordonné d'aller.

17 Et quand ils le virent, ils l’adorèrent, même ceux qui avaient douté.

18 Et Jésus s’approchant, leur parla et leur dit : Toute puissance m’est donnée dans le ciel et sur la terre ;

19 Allez donc et instruisez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit ;

20 Et leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé ; et voici, je suis toujours avec vous jusqu’à la fin du monde. Amen ! 

REFLEXIONS

Il y a trois considérations principales à faire sur la résurrection de Jésus :

I. La première que Dieu, ayant envoyé ses anges pour le retirer du tombeau comme il l’avait prédit, cela prouve incontestablement qu’il est le fils de Dieu.

II. Que cette résurrection est un fait certain qui a été attesté par les anges, par les femmes qui virent Jésus-Christ et ensuite par les apôtres et par un grand nombre d’autres personnes.

III. Et surtout, que la résurrection notre Seigneur est le fondement de notre salut et de toutes nos espérances, puisqu’elle nous assure que nous sommes pleinement réconciliés avec Dieu et que nous ressusciteront au dernier jour.

Les principaux des Juifs firent paraître leur obstination invincible et leur extrême malice en s’efforçant de persuader au peuple que les disciples de Jésus avaient enlevé son corps, mais toutes leurs précautions furent inutiles et ce qu’ils craignaient ne laissa pas d’arriver.

C’est ainsi que Dieu confond les méchants dans leurs desseins et que la vérité triomphe des efforts de ceux qui veulent l’opprimer.

Enfin, ce que Jésus-Christ disait à ses apôtres de sa suprême puissance où il allait être élevé doit être bien considéré, de même que les ordres qu’il leur donna, de prêcher l’Évangile et de baptiser et la promesse qu’il leur fit d’être avec eux jusqu’à la fin du monde.

On voit que Jésus-Christ parlait alors comme le roi du ciel et de la terre, il marquait clairement que sa doctrine allait se répandre parmi toutes les nations, qu’un grand nombre de personnes embrasseraient cette doctrine et recevraient le baptême et que son Église subsisterait à jamais.

Le succès prompt et merveilleux de la prédication des apôtres et l’établissement de la religion chrétienne prouvèrent dans la suite et prouvent encore aujourd’hui la vérité de ces derniers discours de notre Seigneur.

Ce sont là tout autant de puissants motifs à croire en Jésus-Christ, à reconnaître la divinité de sa doctrine et à garder tout ce qu’il nous a commandé de garder.

En particulier, les chrétiens doivent apprendre d’ici à regarder le baptême comme une institution sacrée de notre Sauveur et à avoir en révérence cette sainte cérémonie par laquelle ils ont été consacrés au Père, au Fils et au Saint-Esprit. 

 

BROCHURE D'EVANGELISATION

COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?

Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.

Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).

L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.

Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.

Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.

Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.  

Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père,qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.

Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.  

Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).

Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.

Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui. 

Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).

Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?

Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.

Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.

Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).

L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la  perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes. 

Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)

Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;

Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent. 

Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)

Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !

 Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)

Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.

 Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)

 Amen ! 

LE SAINT EVANGILE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST SELON S. MARC

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Nouveau Testament
  • Evangile de St. Marc

ARGUMENT

Cet Évangile a été écrit quelque temps après celui de Saint Matthieu et comme l’on croit, environ dix ans après l’ascension de Jésus-Christ, et cela par Saint Marc, sous les yeux de l’Apôtre Saint Pierre. 

Chapitres   Chapitre I.  Chapitre II. Chapitre III.  Chapitre IV.  Chapitre V. Chapitre VI  Chapitre VII. Chapitre VIII.  Chapitre IX. Chapitre X. Chapitre  XI. Chapitre XII. Chapitre XIII. Chapitre XIV.   Chapitre XV.  Chapitre XVI. Livres du Nouveau Testament.

CHAPITRE I

Saint Marc rapporte en abrégé la prédication de Jean-Baptiste, le baptême de Jésus-Christ, sa tentation, le commencement de sa prédication dans la Galilée et la vocation de quelques apôtres. Il récite ensuite la guérison d’un homme possédé d’un esprit malin, celle de la belle-mère de Saint Pierre, de divers malades et d’un lépreux. 

1 Le commencement de l’évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu,

2 conformément à ce qui est écrit dans les prophètes : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, qui préparera le chemin devant toi ;

3 La voix de celui qui crie dans le désert est : Préparez le chemin du Seigneur ; aplanissez ses sentiers.

4 Conformément à cela, dis-je, Jean baptisait dans le désert, et prêchait le baptême de repentance, pour la rémission des péchés.

5 Et toute la Judée, ceux de Jérusalem allaient à lui, et ils étaient tous baptisés par lui dans le fleuve du Jourdain, en confessant leurs péchés.

6 Jean était vêtu de poils de chameau, il avait une ceinture de cuir autour de ses reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage.

7 Et il prêchait en disant : Il en vient un après moi, qui est plus puissant que moi, et dont je ne suis pas digne, en me baissant, de délier la courroie des souliers.

8 Il est vrai que je vous ai baptises d’eau ; mais il vous baptisera du Saint-Esprit.

9 Il arriva, en ce temps-là, que Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée, et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.

10 Et comme Jésus sortait de l’eau, Jean vit tout d’un coup les cieux se fendre et le Saint-Esprit descendre sur lui comme une colombe.

11 Et on entendit une voix qui venait des cieux et qui dit : Tu es mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.

12 Et incontinent l’Esprit le poussa au désert.

13 Et il fut là au désert quarante jours étant tenté par Satan ; et il était parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient.

14 Or, après que Jean eut été mis en prison, Jésus s’en alla en Galilée, prêchant l’évangile du règne de Dieu,

15 Et disant : Le temps est accompli, et le règne de Dieu approche. Amendez-vous et croyez à l’évangile.

16 Et comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André son frère qui jetaient leurs filets dans la mer ; car ils étaient pêcheurs.

17 Alors Jésus leur dit : Suivez-moi, et je vous ferai pêcheurs d’hommes.

18 Et aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent.

19 Et de là passant un peu plus loin, il vit dans une barque Jacques, fils de Zébédée, et Jean son frère qui raccommodaient leurs filets.

20 Au même instant il les appela ; et eux, laissant Zébédée leur père dans la barque avec les ouvriers, ils le suivirent.

21 Ensuite ils entrèrent à Capernaüm ; et Jésus étant d’abord entré dans la synagogue le jour du sabbat, il y enseignait.

22 Et ils étaient étonnés de sa doctrine ; car il les enseignait comme ayant autorité, et non pas comme les Scribes.

23 Or, il se trouva dans leur synagogue un homme possédé d’un esprit immonde, qui s’écria,

24 Et dit : Ah ! qu’y a-t-il entre toi et nous, Jésus Nazarien ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es ; tu es le Saint de Dieu.

25 Mais Jésus, le menaçant, lui dit : Tais-toi, et sors de lui.

26 Alors l’esprit immonde, l’agitant avec violence et jetant un grand cri, sortit de lui.

27 Et ils en furent tous étonnés, de sorte qu’ils se demandaient entre eux : Qu’est-ce que ceci ? Quelle est cette nouvelle doctrine, qu’il commande avec autorité même aux esprits immondes, et qu’ils lui obéissent ?

28 Et sa réputation se répandit incontinent par toute la contrée des environs de la Galilée.

29 Aussitôt après, étant sortis de la synagogue, ils vinrent avec Jacques et Jean dans la maison de Simon et d’André.

30 Or, la belle-mère de Simon était au lit, malade de la fièvre ; et d’abord ils lui parlèrent d’elle.

31 Alors s’approchant, il la fit lever en la prenant par la main ; et au même instant la fièvre la quitta et elle les servit.

32 Et le soir étant venu, après le coucher du soleil, ils lui amenèrent tous ceux qui étaient malades, et les démoniaques.

33 Et toute la ville était assemblée à la porte de la maison.

34 Et il guérit plusieurs malades de diverses maladies, et chassa plusieurs démons, ne permettant pas aux démons de dire qu’ils le connaissaient.

35 Le lendemain matin, comme il faisait encore fort obscur, s’étant levé, il sortit et s’en alla dans un lieu écarté, et il y priait.

36 Et Simon, et ceux qui étaient avec lui le suivirent.

37 Et l’ayant trouvé, ils lui dirent : Tous te cherchent.

38 Et il leur dit : Allons-nous-en aux bourgs des environs, afin que j’y prêche aussi, car c’est pour cela que je suis venu.

39 Et il prêchait dans leurs synagogues, par toute la Galilée, et il chassait les démons.

40 Et un lépreux vint à lui, qui, s’étant jeté à genoux, le pria et lui dit : Si tu veux, tu peux me nettoyer.

41 Et Jésus, ému de compassion, étendit la main, et le toucha, et lui dit : Je le veux, sois nettoyé.

42 Et dès qu’il eut dit cela, la lèpre quitta aussitôt cet homme, et il fut nettoyé.

43 Et Jésus lui ayant défendu sévèrement d’en parler, le renvoya incontinent.

44 Et il lui dit : Garde-toi d’en rien dire à personne ; mais va-t’en et montre-toi au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a commandé, afin que cela leur serve de témoignage.

45 Mais cet homme, étant sorti, se mit à publier hautement la chose et à la divulguer, en sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans la ville ; mais il se tenait dehors dans des lieux écartés, et de toutes parts on venait à lui. 

REFLEXIONS

I. Saint Marc nous apprend, au commencement de son Évangile, que Jean-Baptiste fut envoyé, conformément aux oracles des prophètes, pour annoncer la manifestation du règne de Dieu, en prêchant la repentance, en baptisant ceux qui confessaient leurs péchés et en avertissant le peuple que le Messie allait paraître. Par-là Dieu voulait préparer les Juifs à recevoir Jésus-Christ et leur apprendre que le règne du Messie serait un règne spirituel et qu’il venait au monde pour y établir sa sainteté et pour convertir les hommes à Dieu.

Ainsi, nous devons regarder l’amendement et la pureté de la vie comme le but de la venue de notre Seigneur. C’est aussi ce qu’il nous a appris lui-même, puisqu’il commença son ministère en prêchant la repentance, comme Jean-Baptiste son précurseur et en disant : Amendez-vous et croyez à l’Évangile.

II. Ce qui arriva lors du baptême de Jésus-Christ, la descente du Saint-Esprit et la voix que Dieu fit entendre du Ciel, tendait à faire connaître à Jean-Baptiste et au peuple que Jésus était le fils de Dieu et celui dont tous les hommes doivent recevoir la doctrine avec obéissance et avec foi. Ce fut aussi pour faire voir que notre Seigneur était véritablement le fils de Dieu et pour en convaincre le diable que Dieu voulut que Jésus-Christ fût tenté dans le désert.

III. Le choix que Jésus-Christ fit de quelques pêcheurs pour en faire des apôtres marquait qu’il ne venait pas établir un royaume temporel et mondain, puisque ces gens-là n’avaient rien qui les distinguât dans le monde, cela prouve que les fruits de leurs admirables ministères ne venaient point d’eux, mais que toute la gloire doit en être donnée à Dieu seul.

IV. Notre Seigneur se fit d’abord connaître par des miracles dans lesquels on voyait paraître une puissance infinie et en même temps une grande bonté. Ce fut là la voie que la providence choisit pour prouver aux Juifs que Jésus était envoyé de Dieu et que sa doctrine était véritable et divine et ce qui devait encore plus en convaincre les hommes, c’est qu’il ne faisait ordinairement ces miracles qu’en faveur de ceux qui croyaient qu’il avait le pouvoir de les faire et qui l’en priaient. Cependant il empêchait, autant qu’il le pouvait, que ces miracles ne fissent trop d’éclat et il en usait ainsi par des raisons de prudence, de peur que ceux d’entre les Juifs qui l’auraient regardé comme le Messie ne fissent des émeutes pour le déclarer roi, dans la pensée où ils étaient que le Messie serait un roi temporel, ce qui aurait causé du trouble et engagé les Romains à s’opposer aux disciples de Jésus-Christ.

V. Enfin, nous devons penser en lisant le récit de toutes ces merveilles que notre Sauveur, n’étant ni moins puissant, ni moins bon que lorsqu’il était sur la terre, il nous accordera tout ce qui regarde la guérison et le salut de nos âmes encore plus certainement qu’il n’accordait autrefois aux malades la guérison des maux du corps. 

CHAPITRE II

Jésus-Christ guérit un paralytique : Il appelle Levi, qui est Saint Matthieu, à la charge d’apôtre. Il rend raison pourquoi il mangeait avec les pécheurs et pourquoi il n’obligeait pas ses disciples à observer des jeûnes réglés comme les disciples de Jean-Baptiste et les pharisiens en observaient. Et il répond aux pharisiens qui blâmaient les apôtres de ce qu’ils avaient arraché des épis de blé en un jour de sabbat. 

1 Quelques jours après, Jésus revint à Capernaüm, et on ouït dire qu’il était dans la maison.

2 Et aussitôt tant de gens s’y assemblèrent, que l’espace qui était devant la porte ne les pouvait contenir ; et il leur annonçait la parole de Dieu.

3 Alors il vint à lui des gens qui lui présentèrent un paralytique, porté par quatre hommes.

4 Mais ne pouvant approcher de lui à cause de la foule, ils découvrirent le toit de la maison où il était, et l’ayant percé, ils descendirent le lit où le paralytique était couché.

5 Alors Jésus, voyant leur foi, dit au paralytique : Mon fils, tes péchés te sont pardonnés.

6 Et quelques Scribes, qui étaient là assis, raisonnaient ainsi en eux-mêmes :

7 Pourquoi cet homme prononce-t-il ainsi des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ?

8 Et Jésus, ayant connu d’abord, par son esprit, qu’ils raisonnaient ainsi en eux-mêmes, leur dit : Pourquoi avez-vous ces pensées dans vos cœurs ?

9 Lequel est le plus aisé, de dire à ce paralytique : Tes péchés te sont pardonnés, ou de lui dire : Lève-toi, et emporte ton lit, et marche ?

10 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre l’autorité de pardonner les péchés, il dit au paralytique :

11 Je te dis : Lève-toi, et emporte ton lit, et t’en va en ta maison.

12 Et aussitôt il se leva, et s’étant chargé de son lit, il sortit, en la présence de tout le monde, de sorte qu’ils furent tous dans l’étonnement, et qu’ils glorifièrent Dieu, disant : Nous ne vîmes jamais rien de pareil.

13 Alors Jésus retourna du côté de la mer ; et tout le peuple venait à lui, et il les enseignait.

14 Et en passant, il vit Lévi, fils d’Alphée, assis au bureau des impôts ; et il lui dit : Suis-moi. Et lui, s’étant levé, le suivit.

15 Jésus étant à table dans la maison de cet homme, plusieurs péagers et gens de mauvaise vie se mirent aussi à table avec Jésus et ses disciples ; car il y en avait beaucoup qui l’avaient suivi.

16 Et les Scribes et les Pharisiens, voyant qu’il mangeait avec des péagers et des gens de mauvaise vie, disaient à ses disciples : Pourquoi votre Maître mange-t-il et boit-il avec les péagers et les gens de mauvaise vie ?

17 Et Jésus, ayant ouï cela, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais ce sont ceux qui se portent mal ; je suis venu appeler à la repentance non les justes, mais les pécheurs.

18 Or, les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnaient souvent ; et ils vinrent à Jésus et lui dirent : D’où vient que les disciples de Jean et des Pharisiens jeûnent, et que tes disciples ne jeûnent point ?

19 Et Jésus leur dit : Les amis de l’époux peuvent-ils jeûner pendant que l’époux est avec eux ? Tout le temps qu’ils ont l’époux avec eux, ils ne peuvent jeûner.

20 Mais les jours viendront que l’époux leur sera ôté, et alors ils jeûneront.

21 Personne ne coud une pièce de drap neuf à un vieux habit ; autrement la pièce de drap neuf, qui aurait été mise, emporterait une pièce du vieux drap et la déchirure en serait pire.

22 De même, personne ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement le vin nouveau rompt les vaisseaux, et le vin se répand, et les vaisseaux se perdent ; mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs.

23 Et il arriva, comme il passait par les blés un jour de sabbat, que ses disciples, en marchant, se mirent à arracher des épis.

24 Et les Pharisiens lui dirent : Regarde, pourquoi font-ils ce qui n’est pas permis dans les jours de sabbat ?

25 Mais il leur dit : N’avez-vous jamais lu ce que fit David, quand il fut dans la nécessité et qu’il eut faim, lui et ceux qui étaient avec lui ?

26 Comment il entra dans la maison de Dieu, du temps d’Abiathar, souverain sacrificateur, et mangea les pains de proposition, qu’il n’était permis de manger qu’aux sacrificateurs, et en donna même à ceux qui étaient avec lui ?

27 Puis il leur dit : Le sabbat a été fait pour l’homme, et non pas l’homme pour le sabbat.

28 Ainsi le Fils de l’homme est maître même du sabbat. 

REFLEXIONS

I. Ce qu’il faut premièrement remarquer dans la guérison du paralytique, c’est la foi de ceux qui le présentèrent à Jésus-Christ, elle paraît en ce que ne pouvant approcher de notre Seigneur, ils dévalèrent ce malade par le toit de la maison et Jésus, voyant leur foi si admirable, fit en leur faveur le miracle qu’ils croyaient qu’il avait le pouvoir de faire.

Par là nous pouvons voir combien la foi est agréable à notre Seigneur et combien elle est efficace pour obtenir de lui les grâces qui nous sont nécessaires.

Après cela il paraît d’ici que Jésus-Christ, outre le pouvoir de délivrer des maladies, avait le droit et l’autorité de pardonner les péchés aux hommes.

Cela nous apprend que Jésus est non seulement un prophète envoyé de Dieu, mais qu’il est le juge du monde de qui seul nous pouvons attendre le salut et le pardon de nos fautes moyennant la foi et la repentance.

II. Ce chapitre nous enseigne que notre Seigneur est venu au monde pour appeler les pécheurs à la repentance, c’est ce qu’il fit connaître en mangeant avec des péagers et avec des personnes que les Juifs regardaient comme de grands pécheurs.

Cette doctrine doit nous remplir de confiance et nous faire reconnaître en même temps qu’il est absolument nécessaire de se repentir et de s’amender pour être sauvé.

III. Ce qui est dit ici, que Jésus-Christ n’obligeait pas ses disciples à jeûner régulièrement comme ceux de Jean-Baptiste, doit s’entendre de cette manière : C’est que notre Seigneur avait des raisons particulières de ne pas astreindre alors ses disciples à ces sortes de jeûnes, savoir parce que, tant lui que ses disciples, étaient sans cesse occupés à aller en divers lieux et qu’ils conversaient avec toutes sortes de personnes.

Cependant, il déclare que quand il ne serait plus au monde, ils seraient appelés, non seulement à jeûner, mais à de grandes souffrances et que s’il ne les y exposait pas encore, c’était parce qu’ils n’étaient pas alors capables de les supporter tout de même qu’une pièce d’étoffe neuve ne conviendrait pas à un vieux habit et que du vin nouveau romprait de vieux vaisseaux.

Ainsi, il ne faut pas conclure de cet endroit de l’Évangile que Jésus-Christ condamne le jeûne et la mortification, au contraire, cette doctrine suppose évidemment que notre Seigneur appelle ses disciples à une vie mortifiée et à porter leur croix.

IV. Enfin Jésus-Christ justifia l’action de ses disciples, qui, pressés par la faim, avaient arrachés des épis en un jour de sabbat, et il allégua dans cette vue ce que le roi David avait fait dans un cas à peu près semblable.

Cela nous enseigne que dans une extrême nécessité et lorsqu’on ne pourrait observer les lois extérieures de la religion, sans qu’il en arrivât un grand mal, on peut s’en dispenser, pourvu que ce ne soit pas par mépris et que l’on s’attache à l’essentiel de la piété. Ce serait hypocrisie et une superstition semblable à celle des pharisiens d’en user autrement. 

CHAPITRE III

L’Évangéliste rapporte : I. premièrement la guérison d’un homme qui avait une main sèche et celle de plusieurs autres malades. II. la vocation des douze apôtres ; III. ce que Jésus-Christ dit aux pharisiens qui attribuaient ses miracles à la puissance du diable. IV la déclaration qu’il fit que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses parents. 

1 Jésus entra une autre fois dans la synagogue, et il y avait là un homme qui avait une main sèche.

2 Et ils l’observaient, pour voir s’il le guérirait au jour du sabbat, afin de pouvoir l’accuser.

3 Alors il dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi et tiens-toi là au milieu.

4 Puis il leur dit : Est-il permis de faire du bien dans les jours de sabbat, ou de faire du mal ? de sauver une personne ou de la laisser périr ? Et ils se turent

5 Alors les regardant tous avec indignation, et étant affligé de l’endurcissement de leur cœur, il dit à cet homme : Étends ta main. Et il l’étendit, et sa main devint saine comme l’autre.

6 Alors les Pharisiens, étant sortis, tinrent d’abord conseil avec les Hérodiens contre lui, pour le faire périr.

7 Mais Jésus se retira avec ses disciples vers la mer, et une grande multitude de peuple le suivait de la Galilée, de la Judée,

8 De Jérusalem, de l’Idumée et de delà le Jourdain. Et ceux des environs de Tyr et de Sidon, ayant entendu parler des grandes choses qu’il faisait, vinrent à lui en grand nombre.

9 Et il dit à ses disciples qu’il y eût une petite barque toute prête auprès de lui, à cause de la multitude, de peur qu’elle ne le pressât trop.

10 Car il en avait guéri plusieurs, de sorte que tous ceux qui étaient affligés de quelque mal, se jetaient sur lui pour le toucher.

11 Et quand les esprits immondes le voyaient, ils se prosternaient devant lui, et s’écriaient : Tu es le Fils de Dieu !

12 Mais il leur défendait, avec menace, de le faire connaître.

13 Il monta ensuite sur une montagne, et appela ceux qu’il jugea à propos, et ils vinrent à lui.

14 Et il en établit douze pour être avec lui, pour les envoyer prêcher,

15 Et pour avoir la puissance de guérir les maladies et de chasser les démons.

16 Le premier fut Simon, à qui il donna le nom de Pierre ;

17 Puis Jacques fils de Zébédée, et Jean frère de Jacques, auxquels il donna le nom de Boanerges, c’est-à-dire enfants du tonnerre ;

18 Et André, Philippe, Barthélemi, Matthieu, Thomas, Jacques fils d’Alphée, Thaddée, Simon le Cananite,

19 Et Judas Iscariot, qui fut celui qui le trahit.

20 Puis ils retournèrent à la maison ; et une multitude s’y assembla encore, de sorte qu’ils ne pouvaient pas même prendre leur repas.

21 Et quand ses parents eurent appris cela, ils sortirent pour le prendre ; car on disait qu’il tombait en défaillance.

22 Et les Scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : Il est possédé de Béelzébul, et il chasse les démons par le prince des démons.

23 Mais Jésus, les ayant appelés, leur dit par des similitudes : Comment Satan peut-il chasser Satan ?

24 Car si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume-là ne saurait subsister ;

25 Et si une maison est divisée contre elle-même, cette maison-là ne saurait subsister ;

26 De même, si Satan s’élève contre lui-même et est divisé, il ne peut subsister ; mais il est près de sa fin.

27 Personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller son bien, s’il n’a auparavant lié cet homme fort ; et alors il pillera sa maison.

28 Je vous dis en vérité, que toutes sortes de péchés seront pardonnés aux enfants des hommes, et toutes sortes de blasphèmes par lesquels ils auront blasphémé ;

29 Mais quiconque aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il n’en obtiendra jamais le pardon ; mais il sera sujet à une condamnation éternelle.

30 Jésus parla ainsi, parce qu’ils disaient : Il est possédé d’un esprit immonde.

31 Ses frères et sa mère arrivèrent donc, et se tenant dehors, ils l’envoyèrent appeler ; et la multitude était assise autour de lui.

32 Et on lui dit : Voilà, ta mère et tes frères sont là dehors, qui te demandent.

33 Mais il répondit : Qui est ma mère, ou qui sont mes frères ?

34 Et jetant les yeux sur ceux qui étaient autour de lui, il dit : Voici ma mère et mes frères.

35 Car quiconque fera la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, et ma sœur et ma mère. 

REFLEXIONS

I. On découvre la grande bonté et la souveraine puissance de notre Seigneur dans les guérisons dont il est parlé dans ce chapitre. Ainsi l’histoire de ces divers miracles est très propre à affermir notre foi et à nous remplir de confiance en lui.

On voit en particulier dans la guérison de cet homme qui avait une main sèche, l’aveuglement et la malice des pharisiens, qui, au lieu de se rendre à cette merveille, se scandalisaient de ce que Jésus l’avait faite un jour de sabbat.

Ce qu’il dit à ces ennemis de sa doctrine et la juste indignation qu’il témoignât nous montre combien il est offensé quand on résiste à la vérité et quand on se sert du prétexte de la religion pour condamner des œuvres de piété.

II. Le choix que notre Seigneur fit des douze apôtres pour être avec lui et le pouvoir qu’il leur donna d’annoncer l’Évangile et de faire des miracles semblables aux siens était un effet de sa grande sagesse aussi bien que de sa grande bonté envers les hommes puisqu’il devait se servir dans la suite du ministère de ces apôtres pour faire prêcher l’Évangile par tout le monde.

III. La troisième réflexion concerne le crime des pharisiens que Jésus-Christ accuse de blasphémer contre le Saint Esprit. Saint Marc explique clairement, en quoi ce blasphème consistait ; c’était en ce que les pharisiens, voyant que notre Seigneur chassait les démons, disaient qu’il faisait ces miracles par la puissance du diable, ce qui était un blasphème énorme contre le Saint Esprit et la marque d’une méchanceté d’où il n’y avait point de retour.

C’est là un exemple où l’on voit que, quand les hommes se sont une fois livrés à leurs préjugés et à leurs passions, ils s’endurcissent contre tout ce qu’on peut leur proposer de plus clair et de plus fort et qu’au lieu de se rendre, ils en deviennent encore plus méchants.

IV. Ce que Jésus-Christ déclare qu’il aimait autant ses disciples que ses plus proches parents, nous apprend que le plus sûr moyen d’être aimé de lui est de s’attacher à écouter sa parole et à faire sa volonté et que nous devons aussi à son imitation chérir particulièrement les Hommes qui craignent Dieu et à les estimer préférablement à tous les hommes. 

CHAPITRE IV

Ce chapitre contient : I. La similitude de la semence et son explication. II. Une autre similitude de la semence qu’on jette dans la terre et qui produit son fruit quelque temps après. III. la parabole du grain de moutarde. IV. Le miracle que Jésus-Christ fit en apaisant une tempête. 

1 Jésus se mit encore à enseigner près de la mer, et une grande multitude s’étant assemblée auprès de lui, il monta dans une barque où il s’assit, et tout le peuple était à terre sur le rivage.

2 Il leur enseignait beaucoup de choses par des similitudes, et il leur disait dans ses instructions :

3 Ecoutez : un semeur s’en alla pour semer ;

4 Et il arriva qu’en semant, une partie de la semence tomba le long du chemin, et les oiseaux vinrent et la mangèrent toute ;

5 Une autre partie tomba sur des endroits pierreux, où elle avait peu de terre ; et elle leva d’abord, parce qu’elle n’entrait pas profondément dans la terre ;

6 mais quand le soleil fut levé, elle fut brûlée, et parce qu’elle n’avait pas de racine, elle sécha ;

7 Une autre partie tomba parmi les épines ; et les épines crûrent et l’étouffèrent, et elle ne rapporta point de fruit ;

8 Et une autre partie tomba dans une bonne terre et rendit du fruit, qui monta et crût, en sorte qu’un grain en rapporta trente, un autre soixante, et un autre cent.

9 Et il leur dit : Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende.

10 Et quand il fut en particulier, ceux qui étaient autour de lui, avec les douze apôtres, l’interrogèrent touchant le sens de cette parabole.

11 Et il leur dit : Il vous est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu, mais pour ceux qui sont de dehors, tout se traite par des paraboles ;

12 De sorte qu’en voyant, ils voient et n’aperçoivent point ; et qu’en entendant, ils entendent et ne comprennent point ; de peur qu’ils ne se convertissent et que leurs péchés ne leur soient pardonnés.

13 Et il leur dit : N’entendez-vous pas cette similitude ? Et comment entendrez-vous les autres ?

14 Le semeur, c’est celui qui sème la Parole ;

15 Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux en qui la Parole est semée ; mais aussitôt qu’ils l’ont ouïe, Satan vient et enlève la Parole qui avait été semée dans leurs cœurs ;

16 De même, ceux qui reçoivent la semence dans des endroits pierreux, sont ceux qui, ayant ouï la Parole, la reçoivent d’abord avec joie ;

17 mais ils n’ont point de racine en eux-mêmes, et ils ne sont que pour un temps, de sorte que l’affliction ou la persécution survenant pour la Parole, ils sont aussitôt scandalisés.

18 Et ceux qui reçoivent la semence parmi les épines, ce sont ceux qui, à la vérité, écoutent la Parole ;

19 mais les soucis de ce monde, la séduction des richesses et les passions pour les autres choses survenant, étouffent la Parole, et elle devient infructueuse ;

20 Mais ceux qui ont reçu la semence dans une bonne terre, ce sont ceux qui écoutent la Parole, qui la reçoivent, et qui portent du fruit, un grain trente, un autre soixante, et un autre cent.

21 Il leur disait encore : Apporte-t-on une chandelle pour la mettre sous un boisseau, ou sous un lit ? N’est-ce pas pour la mettre sur un chandelier ?

22 Car il n’y a rien de secret qui ne doive être manifesté, et il n’y a rien de caché qui ne doive venir en évidence.

23 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.

24 Il leur dit encore : Prenez garde à ce que vous entendez. On vous mesurera de la même mesure dont vous aurez mesuré, et on y ajoutera encore davantage pour vous qui écoutez.

25 Car on donnera à celui qui a ; mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il a.

26 Il dit encore : Il en est du royaume de Dieu comme si un homme avait jeté de la semence en terre ;

27 Soit qu’il dorme ou qu’il se lève, la nuit ou le jour, la semence germe et croît sans qu’il sache comment.

28 Car la terre produit d’elle-même, premièrement l’herbe, ensuite l’épi, et puis le grain tout formé dans l’épi.

29 Et quand le fruit est dans sa maturité, on y met aussitôt la faucille, parce que la moisson est prête.

30 Il disait encore : À quoi comparerons-nous le royaume de Dieu, ou par quelle similitude le représenterons-nous ?

31 Il en est comme du grain de moutarde, lequel, lorsqu’on le sème, est la plus petite de toutes les semences que l’on jette en terre ;

32 Mais après qu’on l’a semé, il monte et devient plus grand que tous les autres légumes, et pousse de grandes branches, en sorte que les oiseaux du ciel peuvent demeurer sous son ombre.

33 Il leur annonçait ainsi la Parole par plusieurs similitudes de cette sorte, selon qu’ils étaient capables de l’entendre.

34 Et il ne leur parlait point sans similitude ; mais lorsqu’il était en particulier, il expliquait tout à ses disciples.

35 Ce jour-là, quand le soir fut venu, il leur dit : Passons de l’autre côté de l’eau.

36 Et après avoir renvoyé le peuple, ils emmenèrent Jésus avec eux dans la barque où il était, et il y avait aussi d’autres petites barques qui l’accompagnaient.

37 Alors un grand tourbillon de vent s’éleva, et les vagues entraient dans la barque, en sorte qu’elle commençait à s’emplir.

38 Mais il était à la poupe, dormant sur un oreiller ; et ils le réveillèrent et lui dirent : Maître, ne te soucies-tu point que nous périssions ?

39 Mais lui, étant réveillé, parla avec autorité aux vents, et il dit à la mer : Tais-toi, sois tranquille. Et le vent cessa, et il se fit un grand calme.

40 Puis il leur dit : Pourquoi avez-vous peur ? Comment n’avez-vous point de foi ?

41 Et ils furent saisis d’une fort grande crainte, et ils se disaient l’un à l’autre : Mais qui est celui-ci, que le vent même et la mer lui obéissent ? 

REFLEXIONS

L’explication que Jésus-Christ a donnée lui-même de la similitude de la semence l’éclaircit parfaitement et en marque le sens et l’usage.

Voici ce que le Sauveur du monde a voulu nous enseigner.

La semence qui tombe sur le chemin représente ceux qui entendent l’Évangile, mais qui ne le reçoivent point ou qui n’en sont point touché.

La semence qui tombe en des lieux pierreux marque ceux qui ne reçoivent la parole de Dieu que pour un temps et qui dans la persécution ou dans la tentation abandonnent Jésus-Christ.

La semence qui tombe parmi les épines et qui y est étouffée est une image de ceux en qui cette parole produirait du fruit si le cœur n’était pas possédé par l’amour des biens ou des plaisirs du monde et par les soins de cette vie.

Et la semence qui est reçue dans une bonne terre désigne ceux qui ont le cœur bon et bien disposé et en qui l’Évangile produit du fruit et des effets salutaires. L’usage que nous devons faire de cette parabole est de nous examiner nous-mêmes et de voir si nous sommes du nombre :

- De ces endurcis sur qui la parole de Dieu ne fait aucune impression ;

- Ou de ces inconstants et de ces lâches, qui, après avoir été touchés, ne persévèrent pas ;

- Ou de ces hommes charnels et attachés au monde en qui la parole est rendue inutile par l’amour des biens et des plaisirs de cette vie ;

- Ou, enfin, si nous sommes de ces fidèles auditeurs qui rapportent avec abondance les fruits que Dieu attend d’eux.

Mettons ces divines instructions dans notre cœur et prenons garde, selon que Jésus-Christ nous y exhorte, à la manière dont nous les entendons, nous souvenant que Dieu augmente ses lumières et ses dons à ceux qui en font un bon usage, mais qu’il les ôte à ceux qui n’en profitent pas.

Le dessein de Jésus-Christ dans la similitude de la semence qui germe et qui croît peu à peu et dans celle du grain de moutarde était de marquer que quoi qu’il n’y eût pas alors beaucoup d’apparence que sa doctrine fit de grands progrès, vu la bassesse où il était et le petit nombre de ceux qui embrassaient sa doctrine, elle serait reçue dans peu par tout le monde.

Jésus-Christ disait ces choses en parabole au peuple parce que s’il eût dit ouvertement que son Évangile serait annoncé aux autres nations, cela aurait rebuté et scandalisé les Juifs. Mais ces paraboles devinrent très claires dans la suite par l’établissement de l’Église chrétienne, en sorte qu’elles nous fournissent aujourd’hui une preuve invincible de la vérité de l’Évangile.

Dans le récit du miracle que notre Seigneur fit en calmant une tempête, on remarque l’extrême frayeur des apôtres qui craignaient de périr, quoiqu’ils eussent Jésus avec eux, ce qui montre que leur foi était encore faible, comme le Seigneur le leur reprocha. Mais on y découvre aussi sa bonté envers eux et une merveilleuse puissance qui les jeta tous dans l’admiration.

Les enfants de Dieu sont exposés à divers dangers, ils ont leurs faiblesses et leurs craintes, mais Dieu subvient à leur infirmité et après les avoir fait passer par l’affliction pour leur épreuve, il leur donne, en les délivrant, des témoignages de sa bonté qui fortifient leur foi et qui les remplissent de consolation et de joie. 

CHAPITRE V

Saint Marc récite, I. un miracle très remarquable que Jésus-Christ fit en délivrant un homme qui était possédé d’une légion de démons. II. La guérison d’une femme malade d’une perte de sang et la résurrection de la fille de Jaïrus. 

1 Ils arrivèrent de l’autre côté de la mer, dans la contrée des Gadaréniens.

2 Et aussitôt que Jésus fut descendu de la barque, un homme qui était possédé d’un esprit immonde, sortit des sépulcres et vint au-devant de lui.

3 Il faisait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne le pouvait tenir lié, pas même avec des chaînes ;

4 car souvent, ayant eu les fers aux pieds, et ayant été lié de chaînes, il avait rompu les chaînes et brisé les fers ; et personne ne le pouvait dompter.

5 Et il demeurait continuellement, nuit et jour, sur les montagnes et dans les sépulcres, criant et se meurtrissant avec des pierres.

6 Quand il eut vu Jésus de loin, il accourut et se prosterna devant lui.

7 Et il dit, criant à haute voix : Qu’y a-t-il entre toi et moi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? Je te conjure par le nom, de Dieu de ne me point tourmenter.

8 Car Jésus lui disait : Esprit immonde, sors de cet homme.

9 Et Jésus lui demanda : Comment t’appelles-tu ? Et il répondit : Je m’appelle Légion ; car nous sommes plusieurs.

10 Et il le priait fort de ne le pas envoyer hors de cette contrée.

11 Or, il y avait là, vers les montagnes, un grand troupeau de pourceaux qui paissait.

12 Et tous ces démons le priaient en disant : Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous y entrions. Et aussitôt Jésus le leur permit.

13 Alors ces esprits immondes, étant sortis, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita avec impétuosité dans la mer, et ils se noyèrent dans la mer ; or, il y en avait environ deux mille.

14 Et ceux qui paissaient les pourceaux s’enfuirent, et en portèrent les nouvelles dans la ville et par la campagne.

15 Alors le peuple sortit pour voir ce qui était arrivé ; et ils vinrent vers Jésus, et virent celui qui avait été possédé de la Légion, assis, habillé et dans son bon sens ; et ils furent remplis de crainte.

16 Et ceux qui avaient vu cela, leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux.

17 Alors ils se mirent à le prier de se retirer de leurs quartiers.

18 Et quand il fut entré dans la barque, celui qui avait été possédé le pria de lui permettre d’être avec lui.

19 Mais Jésus ne le lui permit pas, et il lui dit : Va-t’en dans ta maison vers tes parents, et raconte-leur les grandes choses que le Seigneur t’a faites, et comment il a eu pitié de toi.

20 Et il s’en alla, et se mit à publier dans le pays de Décapolis les grandes choses que Jésus lui avait faites ; et ils étaient tous dans l’admiration.

21 Jésus étant repassé dans la barque à l’autre bord, une grande foule de peuple s’assembla auprès de lui, et il était près de la mer.

22 Et un des chefs de la synagogue, nommé Jaïrus, vint, et l’ayant vu, il se jeta à ses pieds.

23 Et il le pria instamment, disant : Ma petite fille est à l’extrémité ; je te prie de venir lui imposer les mains, et elle sera guérie, et elle vivra.

24 Et Jésus s’en alla avec lui ; et il fut suivi d’une grande foule qui le pressait.

25 Alors une femme, malade d’une perte de sang, depuis douze ans,

26 qui avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins, et qui avait dépensé tout son bien sans en avoir reçu aucun soulagement, et qui était plutôt allée en empirant,

27 ayant ouï parler de Jésus, vint dans la foule par derrière, et toucha son habit.

28 Car elle disait : Si je touche seulement ses habits, je serai guérie.

29 Et au même instant la perte de sang s’arrêta ; et elle sentit en son corps qu’elle était guérie de son mal.

30 Aussitôt Jésus, connaissant en soi-même la vertu qui était sortie de lui, se tourna vers la foule, disant : Qui a touché mon habit ?

31 Et ses disciples lui dirent : Tu vois que la foule te presse, et tu dis : Qui est-ce qui m’a touché ?

32 Et il regardait tout autour, pour découvrir celle qui avait fait cela.

33 Alors la femme effrayée et tremblante, sachant ce qui avait été fait en sa personne, vint et se jeta à ses pieds, et lui dit toute la vérité.

34 Et Jésus lui dit : Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va-t’en en paix et sois guérie de ta maladie.

35 Comme il parlait encore, des gens du chef de la synagogue vinrent lui dire : Ta fille est morte ; ne donne pas davantage de peine au Maître.

36 Aussitôt que Jésus eut ouï cela, il dit au chef de la synagogue : Ne crains point, crois seulement.

37 Et il ne permit à personne de le suivre, sinon à Pierre, à Jacques et à Jean, frère de Jacques.

38 Etant arrivé à la maison du chef de la synagogue, il vit qu’on y faisait un grand bruit, et des gens qui pleuraient et qui jetaient de grands cris.

39 Et étant entré, il leur dit : Pourquoi faites-vous ce bruit, et pourquoi pleurez-vous ? Cette petite fille n’est pas morte, mais elle dort.

40 Et ils se moquaient de lui ; mais les ayant tous fait sortir, il prit le père et la mère de la jeune fille, et ceux qui étaient avec lui, et il entra dans le lieu où elle était couchée.

41 Et l’ayant prise par la main il lui dit : Talitha cumi ; c’est-à-dire : Petite fille, lève-toi, je te le dis.

42 Incontinent la petite fille se leva et se mit à marcher, car elle était âgée de douze ans. Et ils en furent dans un grand étonnement.

43 Et il leur commanda fortement que personne ne le sût ; et il dit qu’on donnât à manger à la fille. 

REFLEXIONS

L’histoire du démoniaque est tout-à-fait digne d’attention. On y voit d’une manière sensible l’empire que les démons exerçaient alors sur les hommes par la permission de Dieu, mais on y voit aussi que Jésus-Christ avait un souverain pouvoir sur eux, qu’il devait détruire le règne du diable et qu’il était toujours prêt à déployer sa puissance en faveur de ceux qui avaient besoin de son secours.

Notre Seigneur, après avoir délivré ce démoniaque, permit aux démons d’entrer dans les pourceaux et de les précipiter dans la mer afin de faire voir que cet homme avait été véritablement possédé du démon et de prouver par ce moyen la vérité et la grandeur du miracle qu’il venait de faire. Il le fit aussi pour montrer que les démons ne pouvaient rien faire que par sa permission et pour châtier les habitants de ces quartiers-là, lesquels, selon que cela est dit dans cette histoire, ne voulurent pas souffrir le Seigneur parmi eux.

Nous devons bénir Dieu de ce que, depuis la venue de Jésus-Christ, le diable n’a plus le pouvoir qu’il avait autrefois sur les hommes et considérer au reste que l’état de ce démoniaque, quelque déplorable qu’il fut, n’était pas si funeste que celui des pécheurs qui s’adonnent au mal et qui sont les esclaves de leurs passions.

Cet homme ne s’était pas mis volontairement dans ce triste état et le démon ne pouvait lui nuire qu’en son corps, au lieu que les pécheurs se rendent eux-mêmes les esclaves du diable en faisant sa volonté, par où cet ennemi de Dieu et des hommes entraîne leurs âmes dans l’abîme de la perdition éternelle.

La guérison de cette femme dont le Seigneur loua la foi et qui fut délivrée de son mal en touchant le bord du vêtement de Jésus-Christ prouve que l’humilité et la foi ont une grande efficace, que la confiance en Jésus-Christ n’est jamais vaine et qu’il est toujours prêt à répandre ses grâces sur ceux qui s’adressent à lui dans ces dispositions.

La souveraine puissance de notre Seigneur paraît encore avec plus d’éclat dans la résurrection de la fille de Jaïrus. Sur quoi il faut considérer que Jésus-Christ qui rendait la santé aux malades, rendait aussi la vie aux morts, et cela non seulement pour montrer d’autant mieux sa puissance infinie, mais aussi pour confirmer les promesses qu’il nous a faites dans l’Évangile de nous ressusciter au dernier jour.

Ainsi la considération de ce miracle doit produire en nous une ferme espérance de l’immortalité, nous remplir de consolation dans cette attente et nous animer de plus en plus à l’étude de la sainteté et des bonnes œuvres, afin que nous puissions avoir part à cette résurrection bienheureuse que Jésus-Christ nous a promise. 

CHAPITRE VI VERSET 1 A 29

Il est ici parlé : I. De l’arrivée de Jésus-Christ à Nazareth et de l’incrédulité des habitants de cette ville. II. De l’envoi des apôtres dans la Judée. III. De la mort de Jean-Baptiste. 

1 Jésus étant parti de là, vint en sa patrie, et ses disciples le suivirent.

2 Et quand le sabbat fut venu, il commença à enseigner dans la synagogue ; et plusieurs de ceux qui l’entendaient, s’étonnaient et disaient : D’où viennent toutes ces choses à cet homme ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et d’où vient que de si grands miracles se font par ses mains ?

3 N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie, le frère de Jacques, de Joses, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ? Et ils se scandalisaient à son sujet.

4 Mais Jésus leur dit : Un prophète n’est méprisé que dans son pays, parmi ses parents et ceux de sa famille.

5 Et il ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il guérit quelque peu de malades, en leur imposant les mains.

6 Et il s’étonnait de leur incrédulité ; et il parcourut les bourgades des environs en enseignant.

7 Alors il appela les douze, et il commença à les envoyer deux à deux, et leur donna pouvoir sur les esprits immondes.

8 Et il leur ordonna de ne rien prendre pour le chemin, sinon un bâton ; de n'avoir ni sac, ni pain, ni monnaie dans leur ceinture ;

9 Ni d’autres souliers que ceux qu’ils avaient aux pieds, et de ne porter pas deux habits.

10 Il leur dit aussi : En quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu'à ce que vous sortiez de ce lieu-là.

11 Et lorsqu’il se trouvera des gens qui ne vous recevront pas, et qui ne vous écouteront pas, en partant de là, secouez la poussière de vos pieds en témoignage contre eux. Je vous dis en vérité, que ceux de Sodome et de Gomorrhe seront traités moins rigoureusement au jour du jugement que cette ville-là.

12 Étant donc partis, ils prêchèrent qu’on s’amendât ;

13 et ils chassèrent plusieurs démons, et oignirent d’huile plusieurs malades, et ils les guérirent.

14 Or, le roi Hérode entendit parler de Jésus, car son nom était fort célèbre, et il dit : Ce Jean qui baptisait, est ressuscité d’entre les morts ; c’est pour cela que les puissances du ciel agissent en lui.

15 D’autres disaient : C’est Élie ; et d’autres disaient : C’est un prophète, ou un homme semblable aux prophètes.

16 Mais Hérode en ayant ouï parler, dit : C’est ce Jean que j’ai fait décapiter ; il est ressuscité d’entre les morts.

17 Car Hérode avait envoyé prendre Jean, et l’avait fait lier dans la prison, à cause d’Hérodias, femme de Philippe, son frère, parce qu’il l’avait épousée.

18 Car Jean disait à Hérode : Il ne t’est pas permis d’avoir la femme de ton frère.

19 C’est pourquoi Hérodias lui en voulait, et elle désirait de le faire mourir, mais elle ne pouvait en venir à bout ;

20 parce qu’Hérode craignait Jean, sachant que c’était un homme juste et saint ; il le considérait ; il faisait même beaucoup de choses selon ses avis, et il l’écoutait avec plaisir.

21 Mais un jour vint à propos, auquel Hérode faisait le festin du jour de sa naissance aux grands de sa cour, aux officiers de ses troupes et aux principaux de la Galilée.

22 La fille d’Hérodias étant entrée et ayant dansé, et ayant plu à Hérode et à ceux qui étaient à table avec lui, le roi dit à la jeune fille : Demande-moi ce que tu voudras, et je te le donnerai.

23 Et il le lui jura, disant : Tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, jusqu’à la moitié de mon royaume.

24 Et étant sortie, elle dit à sa mère : Que demanderai-je ? Et sa mère lui dit : Demande la tête de Jean-Baptiste.

25 Et étant incontinent rentrée avec empressement vers le roi, elle lui fit sa demande, et lui dit : Je voudrais que tout à l’heure tu me donnasses, dans un bassin, la tête de Jean-Baptiste.

26 Et le roi en fut fort triste ; cependant, à cause du serment qu’il avait fait, et de ceux qui étaient à table avec lui, il ne voulut pas la refuser.

27 Et il envoya incontinent un de ses gardes, et lui commanda d’apporter la tête de Jean.

28 Le garde y alla et lui coupa la tête dans la prison ; et l’ayant apportée dans un bassin, il la donna à la jeune fille, et la jeune fille la présenta à sa mère.

29 Et les disciples de Jean l’ayant appris, vinrent et emportèrent son corps, et le mirent dans un sépulcre. 

REFLEXIONS

Voici les réflexions qu’il faut faire sur les trois parties de cette lecture.

I. La première regarde l’incrédulité et l’ingratitude de ceux de Nazareth, qui, ayant le bonheur d’avoir Jésus-Christ parmi eux, ne reconnurent pas que la sagesse et la puissance qui étaient en lui venaient de Dieu et profitèrent si mal de sa présence, ce qui fut cause qu’il ne fit que si peu de miracles dans ce lieu-là.

Voilà comment les préjugés et la malice des hommes font qu’ils négligent les grands avantages dans le temps qu’ils leurs sont offerts. Cela montre aussi que si Dieu les prive de sa grâce, c’est parce qu’ils la méconnaissent et qu’ils y mettent eux-mêmes des obstacles.

Sur l’envoi des apôtres, il faut remarquer :

II. Que Jésus-Christ, par un effet de sa sagesse et de sa bonté envers les Juifs, envoya les apôtres pour annoncer la venue du règne de Dieu dans la Judée et qu’afin de rendre leur prédication plus efficace, Il leur donna le pouvoir de faire des miracles ; II. Il leur défendit de prendre des provisions pour ce voyage parce qu’il devait être court et pour leur apprendre de bonne heure à se confier en la providence ;

III. Il leur déclara que ceux qui ne voudraient pas les recevoir seraient punis très rigoureusement, en quoi l’on voit la condamnation de ceux à qui Dieu fait présenter le salut et qui rejettent les offres de sa grâce. Pour ce qui est de la mort de Jean-Baptiste, elle doit être attribuée à la haine dont Hérodias était animée contre lui parce qu’il condamnait son mariage avec Hérode et à la lâche complaisance d’Hérode qui sacrifia à cette femme impudique Jean-Baptiste pour lequel il avait d’ailleurs de la vénération et qu’il regardait comme un homme juste et saint. On voit ici que les personnes vicieuses haïssent d’ordinaire ceux qui les reprennent de leur vie déréglée, que l’impureté aussi bien que la complaisance que l’on a pour les méchants ont toujours des suites funestes et qu’il est dangereux de se lier par des serments téméraires. Il est cependant à remarquer que Dieu permit que Jean-Baptiste perdît ainsi la vie afin de préparer les Juifs à ce qui devait arriver à Jésus-Christ lui-même dont ce Saint prophète avait été le précurseur. C’est enfin une chose digne d’attention, qu’Hérode qui était dans les sentiments des Sadducéens, lesquels ne croient pas la résurrection, crût que Jean-Baptiste, qu’il avait fait décapiter, était revenu en vie.

Cela fait voir que les impies et les incrédules n’ont aucune croyance fixe et arrêtée. Une conscience coupable est toujours en crainte et dans les remords dont les méchants sont agités, ils admettent les vérités qu’ils rejetaient auparavant et ils se persuadent des choses qui sont contraires aux sentiments dont ils font profession.

 CHAPITRE VI VERSETS 30 A 56

Notre Seigneur nourrit cinq milles hommes d’une manière miraculeuse, ses disciples étant exposés à une tempête, il va vers eux en marchant sur la mer, et étant arrivé au pays de Génézareth, il y guérit plusieurs malades.

 30 Et les apôtres se rassemblèrent auprès de Jésus, et lui racontèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné.

31 Et il leur dit : Venez-vous-en à l’écart, dans un lieu retiré, et prenez un peu de repos. Car il allait et venait tant de monde qu’ils n’avaient pas même le temps de manger.

32 Ils s’en allèrent donc dans une barque, à l’écart et dans un lieu retiré.

33 Mais le peuple les ayant vus partir, plusieurs le reconnurent ; et ils y accoururent par terre, de toutes les villes, et ils arrivèrent avant eux, et s’assemblèrent auprès de lui.

34 Alors Jésus étant sorti, vit là une grande multitude ; et il fut touché de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont point de berger ; et il se mit à leur enseigner plusieurs choses.

35 Et comme il était déjà tard, ses disciples s’approchèrent de lui et lui dirent : Ce lieu est désert, et il est déjà tard ;

36 renvoie-les, afin qu’ils aillent dans les villages et dans les bourgs des environs, et qu’ils s’achètent du pain ; car ils n’ont rien à manger.

37 Et il leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Ils lui répondirent : Irions-nous acheter pour deux cents deniers de pain, afin de leur donner à manger ?

38 Et il leur dit : Combien avez-vous de pains ? Allez et regardez. Et l’ayant vu, ils dirent : Nous en avons cinq et deux poissons.

39 Alors il leur commanda de les faire tous asseoir, en diverses troupes, sur l’herbe verte.

40 Et ils s’assirent par rangées, par centaines et par cinquantaines.

41 Et Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il rendit grâces, et rompit les pains, et il les donna à ses disciples, afin qu’ils les missent devant eux ; il leur distribua aussi à tous les deux poissons.

42 Et tous en mangèrent et furent rassasiés ;

43 et on emporta douze paniers pleins des morceaux de pain, et quelque reste des poissons.

44 Or, ceux qui avaient mangé de ces pains étaient environ cinq mille hommes.

45 Aussitôt après il obligea ses disciples d’entrer dans la barque, et de passer avant lui de l’autre côté de la mer, vers Bethsaïde, pendant qu’il congédierait le peuple.

46 Et quand il l’eut congédié, il s’en alla sur la montagne pour prier.

47 Le soir étant venu, la barque était au milieu de la mer, et il était seul à terre.

48 Et il vit qu’ils avaient beaucoup de peine à ramer, parce que le vent leur était contraire ; et environ la quatrième veille de la nuit il vint à eux, marchant sur la mer ; et il voulait les devancer.

49 Mais quand ils le virent marchant sur la mer, Ils crurent que c’était un fantôme et ils s’écrièrent.

50 Car ils le voyaient tous, et ils furent troublés ; mais aussitôt il leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi ; n’ayez point de peur.

51 Alors il monta dans la barque vers eux, et le vent cessa ; et ils furent encore plus dans l’étonnement et dans l’admiration.

52 Car ils n’avaient pas fait assez d’attention au miracle des pains, parce que leur esprit était appesanti.

53 Et quand ils eurent traversé la mer, ils vinrent en la contrée de Génézareth ; et ils abordèrent.

54 Et dès qu’ils furent sortis de la barque, ceux du lieu le reconnurent.

55 Et ils coururent dans toute cette contrée, et apportèrent de tous côtés sur de petits lits ceux qui étaient malades, partout où ils entendaient dire qu’il était.

56 Et en quelque lieu qu’il entrât, dans les bourgs ou dans les villes, ou dans les villages, on mettait les malades dans les places publiques, et on le priait qu’au moins ils pussent toucher le bord de son habit ; et tous ceux qui le touchaient étaient guéris. 

REFLEXIONS

Nous devons faire ici attention, en premier lieu à la bonté de notre Seigneur, qui, voyant les besoins du peuple qui le suivait, fut ému de compassion envers eux et leur donna avec la nourriture de l’âme celle du corps en multipliant les pains d’une manière miraculeuse. Il y a une circonstance particulière dans ce miracle et qui le distingue des autres. C’est qu’il le fit en faveur d’un grand peuple, au lieu qu’il ne faisait les autres qu’en faveur de certaines personnes en particulier, ce qui devait rendre ce miracle plus fameux et plus éclatant.

Notre Seigneur fit voir ensuite cette même bonté, aussi bien que sa puissance et sa sagesse, lorsque ses disciples étant en danger de périr dans une tempête, il alla vers eux en marchant sur la mer et qu’il fit cesser l’orage. Il parait qu’il était nécessaire que le Seigneur fît ce nouveau miracle pour convaincre pleinement ses disciples de sa puissance, puisque, comme l’évangéliste le remarque, ils n’avaient pas fait assez attention aux miracles qu’ils lui avaient vu faire auparavant. C’est ainsi que Jésus-Christ voulut confirmer leur foi qui était encore assez faible et les persuader de plus en plus qu’il était le fils de Dieu. Ce qui arriva dans cette occasion doit aussi produire en nous une pleine persuasion de la puissance sans borne de Jésus-Christ et du soin qu’il a des siens et qu’il n’y a aucun péril d’où il ne puisse les tirer, ni aucune affliction dont il ne leur donne une heureuse issue et c’est même dans ces occasions qu’il leur fait le mieux sentir combien il les aime.

Enfin, quand nous lisons que l’on apportait de toutes parts des malades à notre Seigneur et qu’ils étaient tous guéris, même par le simple attouchement de ses habits, nous devons penser que s’il déployait ainsi sa puissance pour le soulagement et la guérison de ceux qu’on lui présentait, il n’est pas moins disposé à sauver tous ceux qui cherchent auprès de lui la délivrance des maux de l’âme et c’est ce qui doit nous inciter à nous adresser avec confiance à ce Rédempteur charitable pour être aidé dans tous nos besoins. 

CHAPITRE VII

Ce chapitre a deux parties :

Les pharisiens se plaignant de ce que les disciples de Jésus-Christ ne se lavaient pas selon la coutume des Juifs, il leur reproche qu’ils violaient eux-mêmes les commandements de Dieu en enseignant que si un enfant avait consacré à Dieu le bien dont il aurait pu assister son père ou sa mère, il était obligé d’accomplir ce vœu à la rigueur et qu’il ne lui était plus permis de secourir son père et sa mère dans leur nécessité avec ce bien là. Notre Seigneur enseigne ensuite au peuple et à ses disciples ce que c’est qui souille l’homme et ce qui ne le souille pas. Après cela il va du côté de Tyr et de Sidon où il guérit la fille d’une femme cananéenne et, revenant dans la Galilée, il guérit un homme sourd et muet. 

1 Alors des Pharisiens et quelques Scribes, qui étaient venus de Jérusalem, s’assemblèrent vers Jésus ;

2 et voyant que quelques-uns de ses disciples prenaient leur repas avec des mains souillées, c’est-à-dire qui n’avaient pas été lavées, ils les en blâmaient.

3 (Car les Pharisiens et tous les Juifs ne mangent point sans se laver les mains jusqu’au coude, gardant en cela la tradition des anciens ;

4 et lorsqu’ils reviennent des places publiques, ils ne mangent point non plus sans s’être lavés. Il y a aussi beaucoup d’autres choses qu’ils ont reçues pour les observer, comme de laver les coupes, les pots, les vaisseaux d’airain et les lits.)

5 Là-dessus les Pharisiens et les Scribes lui demandèrent : D’où vient que tes disciples ne suivent pas la tradition des anciens, et qu’ils prennent leurs repas sans se laver les mains ?

6 Il leur répondit : Hypocrites, c’est de vous qu’Esaïe a prophétisé, quand il a dit : Ce peuple m’honore des lèvres ; mais leur cœur est bien éloigné de moi.

7 Mais c’est en vain qu’ils m’honorent, enseignant des doctrines qui ne sont que des commandements d’hommes.

8 Car en abandonnant le commandement de Dieu, vous observez la tradition des hommes, lavant les pots et les coupes, et faisant beaucoup d’autres choses semblables.

9 Il leur dit aussi : Vous annulez fort bien le commandement de Dieu, pour garder votre tradition.

10 Car Moïse a dit : Honore ton père et ta mère ; et que celui qui maudira son père ou sa mère soit puni de mort.

11 Mais vous, vous dites : Si quelqu’un dit à son père ou à sa mère : Tout ce dont je pourrais t’assister est corban, c’est-à-dire, un don consacré à Dieu,

12 Il ne lui ai plus permis de rien faire pour son père ou pour sa mère ;

13 et vous anéantissez ainsi la parole de Dieu par votre tradition, que vous avez établie ; et vous faites beaucoup d’autres choses semblables.

14 Alors ayant appelé toute la multitude, il leur dit : Écoutez-moi tous, et comprenez ceci :

15 Rien de ce qui est hors de l’homme et qui entre dans lui, ne le peut souiller ; mais ce qui sort de lui, voilà ce qui souille l’homme.

16 Si quelqu’un a des oreilles pour entendre, qu’il entende.

17 Quand il fut entré dans la maison, après s’être retiré d’avec la multitude, ses disciples l’interrogèrent sur cette parabole.

18 Et il leur dit : Êtes-vous aussi sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui entre de dehors dans l’homme, ne le peut souiller ?

19 Parce que cela n’entre pas dans son cœur, mais qu’il va au ventre, et qu’il sort aux lieux secrets avec tout ce que les aliments ont d’impur.

20 Il leur disait donc : Ce qui sort de l’homme, c’est ce qui souille l’homme.

21 Car du dedans, c’est-à-dire, du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres,

22 les larcins, les mauvais moyens pour avoir le bien d’autrui, les méchancetés, la fraude, l’impudicité, l’œil envieux, la médisance, la fierté, la folie.

23 Tous ces vices sortent du dedans, et souillent l’homme.

24 Puis étant parti de là, il s’en alla aux frontières de Tyr et de Sidon ; et étant entré dans une maison, il ne voulait pas que personne le sût ; mais il ne put être caché.

25 Car une femme, dont la fille était possédée d’un esprit immonde, ayant ouï parler de lui, vint et se jeta à ses pieds.

26 Cette femme était Grecque, Syrophénicienne de nation ; et elle le pria de chasser le démon hors de sa fille.

27 Et Jésus lui dit : Laisse premièrement rassasier les enfants ; car il n’est pas juste de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.

28 Mais elle répondit et lui dit : Il est vrai, Seigneur ; cependant les petits chiens mangent, sous la table, des miettes du pain des enfants.

29 Alors il lui dit : À cause de cette parole, va-t-en ; le démon est sorti de ta fille.

30 Et étant de retour dans sa maison, elle trouva que le démon était sorti de sa fille, et qu’elle était couchée sur le lit.

31 Et Jésus, étant parti des quartiers de Tyr et de Sidon, vint près de la mer de Galilée, traversant le pays de Décapolis.

32 Et on lui amena un homme sourd, qui avait la parole empêchée ; et on le pria de lui imposer les mains.

33 Et l’ayant tiré de la foule à part, il lui mit les doigts dans les oreilles ; et ayant pris de sa salive, il lui en toucha la langue.

34 Puis levant les yeux au ciel, il soupira et dit : Ephphatah, c’est-à-dire, ouvre-toi.

35 Aussitôt ses oreilles furent ouvertes, et sa langue fut déliée, et il parlait sans peine.

36 Et Jésus leur défendit de le dire à qui que ce fût ; mais plus il le leur défendait, plus ils le publiaient.

37 Et frappés d’étonnement ils disaient : Tout ce qu’il fait est admirable ; il fait ouïr les sourds et parler les muets. 

REFLEXIONS

Nous devons apprendre d’ici :

I. Que c’est hypocrisie de pratiquer scrupuleusement des coutumes établies par les hommes et de violer les lois divines et les devoirs que Dieu a le plus expressément prescrits et que le vrai service de Dieu consiste à garder les commandements, mais qu’il a en abomination le culte des hypocrites qui prétendent l’honorer de la bouche ou par des pratiques extérieures pendant que leur cœur est souillé et éloigné de lui ;

II. ce discours de Jésus-Christ nous enseigne que Dieu veut que les enfants honorent et assistent leurs pères et leurs mères et que rien ne peut les dispenser de ce devoir ;

III. que les serments et les vœux par lesquels on s’engage à faire des choses contraires à la loi de Dieu ne lient point la conscience et que ce serait pécher que de les accomplir ;

IV. que ce qui nous souille devant Dieu c’est proprement ce qui vient du cœur, les mauvaises pensées, les désirs impurs et injustes, la haine du prochain, l’envie, l’orgueil, la fierté et les autres passions de cette nature, que ces mauvaises pensées sont de vrais péchés et que c’est là la source de toutes les mauvaises actions que les hommes commettent. Lorsque Jésus-Christ donnait ces instructions, il disait au peuple : Écoutez tous ceci et comprenez le bien.

Cet avertissement marque l’importance de cette doctrine et nous oblige à éviter sur toutes choses ce qui souille l’âme et de tâcher d’acquérir la véritable pureté qui est celle du cœur.

Sur la seconde partie de ce chapitre, il faut remarquer que notre Seigneur, étant prié par une femme païenne de guérir sa fille, il refusa de le faire alléguant qu’il n’était pas juste de donner aux chiens le pain des enfants ; ce qui voulait dire qu’il n’était pas raisonnable que Jésus-Christ fît en faveur des païens, qui étaient des étrangers, les miracles qu’il faisait en faveur des Juifs qui étaient le peuple de Dieu et comme les enfants de sa maison. Notre Seigneur disait cela parce que les païens ne devaient pas encore alors être égalés aux Juifs. Mais cette femme obtint enfin de lui, par sa profonde humilité, par sa persévérance, par sa foi et par l’ardeur de son zèle la grâce qu’elle venait lui demander. On peut voir dans cette histoire que les païens n’étaient pas exclus de la grâce de Dieu et qu’ils devaient bientôt y être admis aussi bien que les Juifs. On y voit aussi que des prières accompagnées d’humilité et de zèle ont une grande efficace et que si Dieu ne nous accorde pas incontinent ce que nous lui demandons, il en use ainsi pour exciter notre ardeur et pour nous donner un sentiment plus vif de notre indignité, mais qu’enfin on obtient tout de lui par la persévérance.

Au reste, on doit admirer dans ce miracle et dans la guérison de cet homme à qui Jésus-Christ rendit l’ouïe et la parole la facilité et la souveraine puissance avec laquelle il guérissait toutes sortes de maladies et cette grande charité qui le portait en toutes occasions à secourir les malheureux et à faire du bien à tout le monde. 

CHAPITRE VIII VERSETS 1 A 21

Jésus-Christ nourrit miraculeusement quatre mille hommes. Il refuse de faire un miracle que les pharisiens lui demandaient, et il avertit ses disciples de se donner garde du levain des pharisiens et du levain d’Hérode. 

1 En ces jours-là, il y avait avec Jésus une grande multitude de gens, et comme ils n’avaient rien à manger, il appela ses disciples et leur dit :

2 J’ai compassion de ce peuple ; car il y a déjà trois jours qu’ils ne me quittent point, et ils n’ont rien à manger.

3 Et si je les renvoie à jeun en leurs maisons, les forces leur manqueront en chemin ; car quelques-uns sont venus de loin.

4 Et ses disciples lui répondirent : D’où pourrait-on avoir des pains pour les rassasier dans ce lieu désert ?

5 Et il leur demanda : Combien avez-vous de pains ? Et ils dirent : Nous en avons sept.

6 Alors il commanda aux troupes de s’asseoir à terre ; et ayant pris les sept pains, et rendu grâces, il les rompit et les donna à ses disciples pour les distribuer ; et ils les distribuèrent au peuple.

7 Ils avaient aussi quelques petits poissons ; et Jésus ayant rendu grâces, il ordonna qu’on les leur présentât aussi.

8 Ils en mangèrent donc et furent rassasiés ; et on remporta sept corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés.

9 Or, ceux qui mangèrent étaient environ quatre mille ; après quoi il les renvoya.

10 Aussitôt il entra dans une barque avec ses disciples, et alla aux quartiers de Dalmanutha.

11 Et il vint là des Pharisiens qui se mirent à disputer avec lui, lui demandant, en le tentant, qu’il leur fît voir quelque miracle du ciel.

12 Et Jésus, soupirant profondément en son esprit, dit : Pourquoi cette race demande-t-elle un miracle ? Je vous dis en vérité, qu’il ne lui en sera donné aucun.

13 Et les ayant laissés, il rentra dans la barque, et passa à l’autre bord.

14 Or, ils avaient oublié de prendre des pains, et n’en avaient qu’un avec eux dans la barque.

15 Et il leur fit cette défense : Gardez-vous avec soin du levain des Pharisiens, et du levain d’Hérode.

16 Sur quoi ils se disaient entre eux : C’est parce que nous n’avons point de pains.

17 Et Jésus, connaissant cela, leur dit : Pourquoi raisonnez-vous sur ce que vous n’avez point de pains ? N’entendez-vous et ne comprenez-vous point encore ? Avez-vous toujours un cœur stupide ?

18 Ayant des yeux, ne voyez-vous point ? Ayant des oreilles, n’entendez-vous point ? Et n’avez-vous point de mémoire ?

19 Lorsque je distribuai les cinq pains aux cinq mille hommes, combien remportâtes-vous de paniers pleins des morceaux qui étaient restés ? Ils lui dirent : Douze.

20 Et lorsque je distribuai les sept pains aux quatre mille hommes, combien remportâtes-vous de corbeilles pleines des morceaux qui étaient restés ? Ils lui dirent : Sept.

21 Et il leur dit : Comment donc ne comprenez-vous point encore ma pensée ? 

REFLEXIONS

I. On doit premièrement admirer ici la manière miraculeuse et pleine de bonté dont Jésus-Christ nourrit plusieurs milliers de personnes avec sept pains et quelques poissons, comme il avait déjà fait peu auparavant. En faisant ce miracle, il se proposait non seulement de pourvoir à la nourriture et aux besoins corporels de ceux qui le suivaient, mais il voulait les disposer à recevoir de lui la véritable nourriture, savoir celle de l’âme. Au reste, la grande multitude de ceux en faveur de qui notre Seigneur multiplia ainsi les pains et les poissons et les pièces qui demeurèrent de reste et dont les apôtres emplirent sept corbeilles sont deux circonstances qui servirent à confirmer la certitude de ce miracle et à le répandre de tous côtés.

II. Les pharisiens demandèrent à Jésus de leur faire voir miracle du Ciel, mais il ne voulut en faire aucun. Il en usa ainsi très justement, puisqu’ayant déjà fait tant de miracles dont ils n’avaient pas profité, ce signe n’aurait servi de rien et ne les aurait point touchés. Dieu qui répond aux désirs des âmes simples et sincères abandonne avec justice ceux qui résistent à la vérité et après qu’il a mis en usage les moyens les plus propres pour convaincre les hommes, il n’est pas obligé d’en faire d’avantage et il emploierait même inutilement de nouveaux moyens pour persuader des gens dont l’aveuglement est volontaire et accompagné de malice.

III. Les apôtres ayant oublié de prendre du pain avec eux, le Seigneur les avertit de se garder du levain des pharisiens et du levain d’Hérode qui était la secte des saducéens. Cela voulait dire qu’ils devaient se  garder, d’un côté, de la doctrine des pharisiens qui étaient des hypocrites et qui ne s’attachaient qu’aux traditions et aux dehors de la religion et de l’autre des sentiments impies des saducéens qui niaient la résurrection et qui avaient encore d’autres erreurs pernicieuses. C’est ainsi que ce divin Sauveur, par un effet de sa sagesse, prenait ordinairement occasion des choses qui se présentaient de donner à ses disciples des instructions salutaires. Ce qu’il dit dans cette rencontre nous apprend de quelle importance il est de fuir toutes sortes de fausses doctrines et surtout de s’éloigner des sentiments qui conduisent à la superstition et à l’hypocrisie ou à l’impiété et à l’incrédulité. 

CHAPITRE VIII, VERSETS 22 A 38

Jésus-Christ guérit un aveugle. II. Il demande à ses disciples quelle opinion le peuple avait de lui et ce qu’ils en croyaient eux-mêmes et St. Pierre reconnait qu’il est le fils de Dieu. III. Notre Seigneur prédit sa mort. IV. Il exhorte ses disciples à se disposer à la souffrance et à faire une profession publique de l’Évangile devant les hommes et pour les y engager, il leur montre que c’est là l’unique moyen d’éviter la perte de leur âme. 

22 Et Jésus étant venu à Bethsaïde, on lui présenta un aveugle qu’on le pria de toucher.

23 Alors il prit l’aveugle par la main, et l’ayant mené hors du bourg, il lui mit de la salive sur les yeux, et lui ayant imposé les mains, il lui demanda s’il voyait quelque chose.

24 Et l’homme, ayant regardé, dit : Je vois marcher des hommes qui me paraissent comme des arbres.

25 Jésus lui mit encore les mains sur les yeux, et lui dit de regarder ; et il fut guéri, et il les voyait tous distinctement.

26 Et il le renvoya dans sa maison, et lui dit : Ne rentre pas dans le bourg, et ne le dis à personne du bourg.

27 Et Jésus étant parti de là avec ses disciples, ils vinrent dans les bourgs de Césarée de Philippe ; et sur le chemin il demanda à ses disciples : Qui dit-on que je suis ?

28 Ils répondirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; et les autres, Elie, et les autres, quelqu’un des prophètes.

29 Et il leur dit : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Pierre, répondant, lui dit : Tu es le Christ.

30 Et il leur défendit très sévèrement de dire cela de lui à personne.

31 Alors il commença à leur apprendre qu’il fallait que le Fils de l’homme souffrît beaucoup, et qu’il fût rejeté par les sénateurs, par les principaux sacrificateurs, et par les Scribes, et qu’il fût mis à mort, et qu’il ressuscitât trois jours après.

32 Et il leur tenait ces discours tout ouvertement. Alors Pierre, l’embrassant, se mit à le reprendre.

33 Mais Jésus, se tournant et regardant ses disciples, censura Pierre et lui dit : Retire-toi de moi, Satan ; car tu ne comprends point les choses qui sont de Dieu, mais seulement celles qui sont des hommes.

34 Et ayant appelé le peuple avec ses disciples, il leur dit : Quiconque veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge de sa croix et qu’il me suive.

35 Car quiconque voudra sauver sa vie, la perdra ; mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi et de l’Évangile, il la sauvera.

36 Car que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perdait son âme ?

37 Ou que donnerait l’homme en échange de son âme ?

38 Car quiconque aura eu honte de moi et de mes paroles, parmi cette race adultère et pécheresse, le Fils de l’homme aura aussi honte de lui, lorsqu’il viendra dans la gloire de son Père avec les saints anges. 

REFLEXIONS

Il y a ceci de particulier dans la guérison de l’aveugle, dont il est parlé dans ce chapitre :

I. Que notre Seigneur ne le guérit pas d’un coup, mais qu’il le fit successivement. Il en usa de la sorte pour éprouver la foi de cet aveugle qui n’était peut-être pas assez forte, pour lui faire remarquer sa puissance d’une manière sensible par les progrès de sa guérison et pour montrer, en ne faisant pas toujours ses miracles de la même manière, qu’il pouvait déployer la puissance divine qui était en lui ou tout d’un coup ou peu à peu et par degrés et qu’il était le maître de faire de ses miracles comme il le trouvait à propos.

II. On voit ici, en second lieu, que Jésus-Christ était regardé parmi les Juifs comme un grand prophète, mais que St. Pierre et les apôtres le regardaient comme le fils de Dieu. C’est aussi là ce que nous devons tous croire du cœur et confesser de la bouche si nous voulons être sauvés. Cependant, le Seigneur défendit à ses disciples de publier qu’il fût le Messie, parce qu’il ne devait pas prendre ouvertement cette qualité avant sa mort.

III. Sur la prédication que Jésus-Christ fit de ses souffrances, il est à remarquer qu’il en avertit ses disciples afin de les disposer peu-à-peu à cet évènement auquel ils ne s’attendaient pas et qui aurait été capable d’ébranler leur foi. Ce fut pour les persuader tant mieux de la nécessité de cette mort qu’il reprit si fortement St. Pierre, qui étant dans les préjugés des Juifs, ne pouvait comprendre, que celui qu’il venait de reconnaitre pour le Messie et le fils de Dieu, dût mourir. Mais ce que cet apôtre ne comprenait pas alors est clair pour nous qui savons que cette mort est le moyen dont Dieu s’est servi pour nous racheter.

IV. Enfin, Jésus-Christ nous apprend dans ce chapitre que ceux qui veulent devenir ses disciples doivent renoncer à eux-mêmes et être prêts à souffrir et même à perdre la vie pour l’Évangile s’ils y étaient appelés, qu’il n’y a rien de plus important que la perte ou le salut de notre âme et que nous devons faire une profession ouverte de la piété et de la vérité si nous voulons que le Seigneur nous reconnaisse pour ses vrais disciples et qu’il nous reçoive dans sa gloire lorsqu’il viendra juger le monde. C’est ainsi que Jésus-Christ instruisait les hommes des devoirs les plus nécessaires de la religion et qu’il leur proposait les motifs les plus forts à s’en acquitter. 

CHAPITRE IX VERSETS 1 A 29

La première partie de ce chapitre contient trois choses. I. La transfiguration de Jésus-Christ. II. L’explication qu’il donna à ses disciples de ce qu’il avait été prédit qu’Élie devait venir au monde. III. La guérison d’un lunatique que les apôtres n’avaient pu guérir. 

1 Il leur dit aussi : Je vous dis en vérité, qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point, qu’ils n’aient vu le règne de Dieu venir avec puissance.

2 Six jours après, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les mena seuls à part sur une haute montagne ; et il fut transfiguré en leur présence.

3 Ses vêtements devinrent resplendissants et blancs comme la neige, et tels qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui pût ainsi blanchir.

4 Et ils virent paraître Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec Jésus.

5 Alors Pierre, prenant la parole, dit à Jésus : Maître, il est bon que nous demeurions ici ; faisons-y donc trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie.

6 Car il ne savait pas bien ce qu’il disait, parce qu’ils étaient effrayés.

7 Et il vint une nuée qui les couvrit ; et une voix sortit de la nuée, qui dit : C’est ici mon Fils bien-aimé, écoutez-le.

8 Et aussitôt les disciples, ayant regardé tout autour, ne virent plus personne que Jésus, qui était seul avec eux.

9 Et comme ils descendaient de la montagne, il leur défendit de dire à personne ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité des morts.

10 Ils retinrent donc cette parole en eux-mêmes, se demandant les uns aux autres ce que cela voulait dire, ressusciter des morts.

11 Et ils l’interrogèrent, en disant : Pourquoi les Scribes disent-ils qu’il faut qu’Élie vienne auparavant ?

12 Il leur répondit : Il est vrai qu’Élie devait venir premièrement et rétablir toutes choses ; et qu’il en devait être de lui comme du Fils de l’homme, duquel il est écrit qu’il faut qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit méprisé.

13 Mais je vous dis qu’Élie est déjà venu, comme il est écrit de lui, et qu’ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu.

14 Et étant venu vers les autres disciples, il vit une grande foule autour d’eux, et des Scribes qui disputaient avec eux.

15 Et dès que toute cette foule le vit, elle fut saisie d’étonnement, et tous, étant accourus, le saluèrent.

16 Alors il demanda aux Scribes : De quoi disputez-vous avec eux ?

17 Et un homme de la troupe, prenant la parole, dit : Maître, je t’ai amené mon fils qui est possédé d’un esprit muet,

18 Qui l’agite par des convulsions partout où il le saisit ; alors il écume, grince les dents, et devient tout sec, et j’ai prié tes disciples de le chasser ; mais ils n’ont pu le faire.

19 Alors Jésus leur répondit : Ô race incrédule, jusqu’à quand serai-je avec vous ? jusqu’à quand vous supporterai-je ? Amenez-le-moi.

20 Ils le lui amenèrent donc ; et dès qu’il vit Jésus, l’esprit l’agita avec violence, et il tomba par terre, et se roulait en écumant.

21 Alors Jésus demanda à son père : Combien y a-t-il de temps que cela lui arrive ? Le père dit : Dès son enfance.

22 Et l’esprit l’a souvent jeté dans le feu et dans l’eau, pour le faire périr ; mais si tu y peux quelque chose, aide-nous et aie compassion de nous.

23 Jésus lui dit : Si tu le peux croire, toutes choses sont possibles pour celui qui croit.

24 Aussitôt le père de l’enfant, s’écriant, dit avec larmes : Je crois, Seigneur, aide-moi dans mon incrédulité.

25 Et quand Jésus vit que le peuple y accourait en foule, il reprit sévèrement l’esprit immonde et lui dit : Esprit muet et sourd, je te commande, moi, sors de lui, et ne rentre plus en lui.

26 Alors l’esprit sortit en jetant un grand cri et en l’agitant avec violence ; et l’enfant devint comme mort, de sorte que plusieurs disaient : Il est mort.

27 Mais Jésus l’ayant pris par la main, le fit lever ; et il se leva.

28 Lorsque Jésus fut entré dans la maison, ses disciples lui demandèrent en particulier : Pourquoi n’avons-nous pas pu chasser ce démon ?

29 Et il leur répondit : Cette espèce de démons ne peut sortir que par la prière et par le jeûne. 

REFLEXIONS

I. Notre Seigneur fit voir sa gloire à trois de ses apôtres dans sa transfiguration afin de les convaincre pleinement par cette apparition magnifique qu’il était le fils de Dieu. Il le fit aussi pour fortifier leur foi qui devait être ébranlée par sa mort dans peu temps. Moïse et Élie parurent dans cette occasion pour faire voir que Jésus était ce grand Rédempteur, dont les prophètes avaient parlé, et qu’il était même au-dessus des prophètes les plus illustres entre lesquels Moïse et Élie tenaient le premier rang. Outre cela, Dieu déclara alors par une voix venue du Ciel que Jésus-Christ était son fils bien-aimé afin qu’il parût encore plus clairement que c’était lui que tous les hommes devaient désormais écouter et à qui ils devaient obéir. Cette transfiguration de Jésus-Christ est au reste une image de la gloire dans laquelle il paraîtra au dernier jour et la présence de Moïse et d’Élie prouve que ces saints hommes vivaient après leur sortie du monde et qu’ainsi il y a une autre vie après celle-ci pour les justes.

II. Notre Seigneur apprit à ses disciples dans cette occasion que Jean-Baptiste était cet Élie qui devait venir selon la prédiction de Malachie. Ce nom avait été donné au précurseur du Messie parce que, comme le prophète Élie, il devait réformer les mœurs des hommes et rétablir le pur service de Dieu. La manière honorable et distinguée dont Jésus-Christ parla dans cette occasion de Jean-Baptiste nous engage à reconnaitre la dignité de la personne de ce grand prophète, à bien considérer le but de son ministère et à nous soumettre à sa doctrine, aussi bien qu’à celle de Jésus-Christ qui est encore plus grand que son précurseur.

III. On doit remarquer dans la guérison du lunatique que les apôtres ne purent le délivrer parce qu’ils n’étaient pas assez persuadés qu’ils pouvaient opérer ce grand miracle au nom de Jésus-Christ. Mais le Seigneur ayant égard à l’état déplorable de ce jeune homme aussi bien qu’à sa foi et aux larmes de son père le guérit parfaitement et par sa seule parole. Ce que Jésus-Christ dit aux apôtres dans cette occasion nous montre que c’était par la foi, par la prière et par le jeûne qu’ils pouvaient obtenir de Dieu le pouvoir de faire des miracles. Ces moyens ne sont ni moins efficaces, ni moins nécessaires pour résister aux tentations et pour engager le Seigneur à nous accorder les secours les plus puissants de sa grâce. Ainsi, nous devons les pratiquer avec soin.

CHAPITRE IX, VERSETS 30 A 51

I. Notre Seigneur avertit ses disciples que sa mort approchait. II. Il les reprend sur ce qu’ils avaient disputé entre eux qui serait le plus grand dans le royaume du Messie et il leur enseigne l’humilité en mettant un petit enfant au milieu d’eux.

III. Il blâme Saint Jean et ses autres disciples de ce qu’ils s’étaient opposés à un homme qui chassait les démons en son nom et il les avertit de ne scandaliser et de ne rejeter aucun de ceux qui croyaient en lui.

IV. Il les exhorte à éviter tout ce qui pouvait être pour les autres ou pour eux-mêmes une occasion de scandale et chute. ll menace des peines de l’enfer  ceux qui n’évitent pas les scandales et il leur représente qu’étant comme le sel de la terre, ils devaient travailler à édifier tous les hommes, ce qu’ils feraient surtout en ne rebutant personne, en ayant pour tout le monde des sentiments de charité et en vivant entre eux dans l’union et dans la paix,

30 Puis étant partis de là, ils traversèrent la Galilée ; et Jésus ne voulut pas que personne le sût.

31 Cependant il instruisait ses disciples, et il leur disait : Le Fils de l’homme va être livré entre les mains des hommes, et ils le feront mourir ; mais après avoir été mis à mort, il ressuscitera le troisième jour.

32 Mais ils ne comprenaient point ce discours ; et ils craignaient de l’interroger.

33 Il vint ensuite à Capernaüm, et étant dans la maison, il leur demanda : De quoi discouriez-vous ensemble en chemin ?

34 Et ils se turent ; car ils avaient disputé en chemin, qui d’entre eux serait le plus grand.

35 Et s’étant assis, il appela les douze et leur dit : Si quelqu’un veut être le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous.

36 Et ayant pris un petit enfant, il le mit au milieu d’eux ; et le tenant entre ses bras, il leur dit :

37 Quiconque reçoit un de ces petits enfants à cause de mon nom, il me reçoit ; et quiconque me reçoit, ce n’est pas moi qu’il reçoit, mais il reçoit celui qui m’a envoyé.

38 Alors Jean, prenant la parole, lui dit : Maître, nous avons vu quelqu’un qui chasse les démons en ton nom, et qui ne nous suit pas ; et nous nous y sommes opposés, parce qu’il ne nous suit pas.

39 Et Jésus leur dit : Ne vous y opposez pas, car il n’y a personne qui fasse des miracles en mon nom, et qui puisse en même temps parler mal de moi.

40 Car qui n’est pas contre nous est pour nous.

41 Et quiconque vous donnera un verre d’eau en mon nom, parce que vous appartenez à Christ, je vous dis en vérité qu’il ne perdra pas sa récompense ;

42 mais quiconque scandalisera l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît une meule au cou, et qu’on le jetât dans la mer.

43 Que si ta main te fait tomber dans le péché, coupe-là ; il vaut mieux pour toi que tu entres dans la vie, n’ayant qu’une main, que d’avoir deux mains et d’aller dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point,

44 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.

45 Et si ton pied te fait tomber dans le péché, coupe-le ; il vaut mieux pour toi que tu entres dans la vie, n’ayant qu’un pied, que d’avoir deux pieds et d’être jeté dans la géhenne, dans le feu qui ne s’éteint point,

46 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.

47 Et si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le ; il vaut mieux pour toi que tu entres au royaume de Dieu, n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux, et d’être jeté dans la géhenne du feu,

48 où leur ver ne meurt point, et où le feu ne s’éteint point.

49 Car chacun sera salé de feu ; et toute oblation sera salée.

50 C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi la lui rendra-t-on ?

51 Ayez du sel en vous-mêmes, et soyez en paix entre vous. 

REFLEXIONS

Il faut considérer ici :

I. Que si les apôtres ne comprenaient pas ce que notre Seigneur leur disait de sa mort, cela venait de ce qu’ils ne pouvaient concevoir que le Messie dût mourir et souffrir un supplice ignominieux et cruel.

II. La dispute qu’ils eurent pour savoir lequel d’entre eux serait le plus grand dans le royaume du Messie venait aussi de l’opinion où ils étaient que ce devait être un royaume temporel et semblable à ceux des rois de la terre. Jésus-Christ les désabusa de ces pensées en mettent devant leurs yeux un petit enfant, par où il voulait leur inspirer des sentiments humbles et leur apprendre à ne point s’élever les uns par-dessus les autres et à ne mépriser personne. Cette leçon est pour tous les chrétiens, ainsi nous devons bannir de nos cœurs toutes les pensées d’orgueil et d’élévation et ressembler aux enfants en douceur, en innocence et en humilité.

III. Il est à remarquer que notre Seigneur reprit ses disciples de ce qu’ils avaient voulu empêcher un homme qui ne les suivait pas de chasser les démons au nom de Jésus-Christ. Cette censure nous enseigne bien clairement qu’il ne nous est jamais permis de rejeter aucun de ceux qui font profession d’aimer le Seigneur Jésus, mais qu’au contraire nous devons les regarder tous comme nos frères, les chérir et nous joindre à eux. C’est ce que Jésus-Christ nous apprend encore plus expressément en disant que c’est un des plus grands péchés de mépriser ou de scandaliser aucun de ses disciples, quand même il y aurait quelque faiblesse en eux ou qui paraitraient méprisables selon le monde.

IV. Enfin, notre Sauveur nous exhorte fortement et sous les plus sévères menaces à résister à tout ce qui peut être une occasion de chute, à renoncer courageusement à ce qui nous serait le plus cher, à mortifier nos inclinaisons et à souffrir même ce qu’il y a de plus fâcheux, plutôt que de tomber ou de faire tomber les autres dans le péché et que de s’exposer par là à être jeté dans la géhenne où le ver ne meurt point et où le feu ne s’éteint point. 

CHAPITRE X VERSETS 1 A 31

Jésus-Christ fait trois choses :

I. Il répond aux pharisiens qui l’avaient interrogé sur le divorce et il dit que la coutume qui était établie parmi les Juifs de répudier les femmes pour toutes sortes de raisons était contraire à l’institution du mariage. II. Il bénit de petits enfants. III. Il répond à un jeune homme riche qui lui avait demandé ce qu’il fallait faire pour être sauvé et à cette occasion il dit que les richesses empêcheraient plusieurs personnes de croire en lui, mais qu’il récompenserait abondamment ceux qui abandonneraient leurs biens et tout ce qu’ils avaient de plus cher pour le suivre. 

1 Jésus étant parti de là, vint aux confins de la Judée, le long du Jourdain, et le peuple s’assembla encore vers lui, et il continua à les instruire, comme il avait accoutumé.

2 Alors les Pharisiens vinrent et lui demandèrent pour l’éprouver : Est-il permis à un homme de quitter sa femme ?

3 Il répondit et leur dit : Qu’est-ce que Moïse vous a commandé ?

4 Ils lui dirent : Moïse a permis d’écrire la lettre de divorce, et de la répudier.

5 Et Jésus, répondant, leur dit : Il vous a laissé cette loi par écrit, à cause de la dureté de votre cœur.

6 Mais au commencement de la création, Dieu ne fit qu’un homme et qu’une femme.

7 C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ;

8 et les deux seront une seule chair ; ainsi ils ne sont plus deux, mais ils sont une seule chair.

9 Que l’homme ne sépare donc point ce que Dieu a uni.

10 Et les disciples l’interrogèrent encore sur ce sujet dans la maison ;

11 et il leur dit : Quiconque quittera sa femme et en épousera une autre, commet adultère à l’égard d’elle ;

12 et si la femme quitte son mari, et en épouse un autre, elle commet adultère.

13 Alors on lui présenta de petits enfants, afin qu’il les touchât ; mais les disciples reprenaient ceux qui les présentaient.

14 Et Jésus voyant cela, il en fut indigné, et il leur dit : Laissez venir à moi ces petits enfants, et ne les en empêchez point ; car le royaume de Dieu est pour ceux qui leur ressemblent.

15 Je vous dis en vérité, que quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point.

16 Et les ayant pris entre ses bras, il leur imposa les mains et les bénit.

17 Et comme il sortait pour se mettre en chemin, un homme accourut, et s’étant mis à genoux devant lui, il lui demanda : Mon bon maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?

18 Mais Jésus lui répondit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu.

19 Tu sais les commandements : Ne commets point d’adultère ; ne tue point ; ne dérobe point ; ne dis point de faux témoignage ; ne fais tort à personne ; honore ton père et ta mère.

20 Il répondit : Maître, j’ai observé toutes ces choses dès ma jeunesse.

21 Et Jésus, ayant jeté les yeux sur lui, l’aima et lui dit : Il te manque une chose : va, vends tout ce que tu as, et le donne aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela viens, et suis-moi, t’étant chargé de la croix.

22 Mais cet homme fut affligé de cette parole, et il s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.

23 Alors Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu’il est difficile que ceux qui ont des richesses entrent dans le royaume de Dieu !

24 Et ses disciples furent étonnés de ce discours. Mais Jésus, reprenant la parole, leur dit : Mes enfants, qu’il est difficile à ceux qui se confient aux richesses d’entrer dans le royaume de Dieu !

25 Il est plus aisé qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est qu’un riche entre dans le royaume de Dieu.

26 Et ils furent encore plus étonnés, et ils se disaient l’un à l’autre : Et qui peut donc être sauvé ?

27 Mais Jésus, les regardant, leur dit : Quant aux hommes, cela est impossible, mais non pas quant à Dieu ; car toutes choses sont possibles à Dieu.

28 Alors Pierre, prenant la parole, lui dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi.

29 Et Jésus répondit : Je vous dis en vérité qu’il n’y a personne qui ait quitté maison, ou frères, ou sœurs, ou père, ou mère, ou femme, ou enfants, ou des terres, pour l’amour de moi et de l’Évangile,

30 qui n’en reçoive dès à présent, en ce siècle, cent fois autant, des maisons, des frères, des sœurs, des mères, des enfants, et des terres, avec des persécutions ; et dans le siècle à venir la vie éternelle.

31 Mais plusieurs qui étaient les premiers seront les derniers ; et ceux qui étaient les derniers seront les premiers. 

REFLEXIONS

Ce que notre Seigneur dit aux pharisiens sur le mariage nous apprend que Dieu n’approuvait point les divorces tels que les Juifs les pratiquaient, quoique ces divorces eussent été tolérés jusqu’alors à cause de l’humeur charnelle de ce peuple et de leur naturel porté à la désobéissance. Jésus-Christ dit expressément que ces sortes de divorces ne devaient plus avoir lieu parmi les chrétiens, non plus que diverses autres choses semblables que Dieu supportait autrefois, que les lois du mariage sont inviolables et qu’elles lient aussi bien l’homme que la femme. Par où nous voyons que le fils de Dieu a rétabli ces lois telles qu’elles étaient au commencement du monde et qu’ainsi il n’est plus permis aux hommes ni aux femmes de se séparer et de se remarier, si ce n’est pour cause d’adultère.

La cérémonie d’imposition des mains que Jésus-Christ pratiqua à l’égard des petits enfants et les prières qu’il fit pour eux ne permettent pas de douter qu’il n’aime les petits enfants et que ce ne soit une pratique conforme à ses intentions de les offrir à Dieu par le baptême et par la prière. Cela nous montre aussi que le royaume des cieux n’est que pour ceux qui, comme les petits enfants, sont doux, innocents et vides de l’amour du monde et de sa gloire.

Nous devons apprendre de l’entretien que Jésus-Christ eu avec cet homme riche, dont il est parlé  ici, que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle  si l’on ne garde les commandements de Dieu, mais qu’il faut outre cela, en de certaines occasions abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre.

Au reste, l’exemple de cet homme qui avait quelque chose de bon et que Jésus-Christ aima à cause de cela, mais qui se rebuta lorsque le Seigneur lui dit qu’il devait se défaire de ses biens, prouve qu’il se peut faire que des gens qui ont de bonnes intentions et quelques bonnes dispositions ne parviennent pas au salut. Cela leur arrive lorsqu’ils n’ont pas le courage de faire tout ce qu’il faut pour l’obtenir et de renoncer à certaines passions qui les dominent et qui y font un obstacle et en particulier à l’amour des richesses et à l’attachement pour les biens du monde. 

CHAPITRE X VERSETS 32 A 53

I. Notre Seigneur avertit ses disciples de sa mort et de sa résurrection. II. Il répond à Saint Jacques et à Saint Jean qui, croyant comme le reste des Juifs que le Messie règnerait glorieusement sur la terre, le priaient qu’ils possédassent les premières dignités dans son royaume. III. Il rend la vue à un aveugle près de Jéricho. 

32 Comme ils étaient en chemin, en montant à Jérusalem, Jésus marchait devant eux ; et ils étaient effrayés et craignaient en le suivant. Et Jésus, prenant encore à part les douze, commença à leur dire ce qui lui devait arriver.

33 Voici, leur dit-il, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux Scribes, et ils le condamneront à la mort, et le livreront aux Gentils.

34 Ils se moqueront de lui, ils le fouetteront, ils lui cracheront au visage, et le feront mourir ; mais il ressuscitera le troisième jour.

35 Alors Jacques et Jean, fils de Zébédée, vinrent à lui et lui dirent : Maître, nous voudrions que tu nous fisses ce que nous te demanderons.

36 Et il leur dit : Que voulez-vous que je vous fasse ?

37 Ils lui dirent : Accorde-nous que nous soyons assis dans ta gloire, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche.

38 Et Jésus leur dit : Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, et être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ?

39 Ils lui dirent : Nous le pouvons. Et Jésus leur dit : Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé ;

40 mais d’être assis à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; cela ne sera donné qu’à ceux à qui il est destiné.

41 Ce que les dix autres ayant entendu, ils en furent indignés contre Jacques et Jean.

42 Mais Jésus, les ayant appelés, leur dit : Vous savez que ceux qui veulent commander aux nations les maîtrisent ; et que les grands d’entre eux leur commandent avec autorité.

43 Mais il n’en sera pas de même parmi vous ; au contraire, quiconque voudra être grand parmi vous, sera votre serviteur.

44 Et quiconque d’entre vous voudra être le premier, sera l’esclave de tous.

45 Car le Fils de l’homme lui-même est venu, non pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie pour la rançon de plusieurs.

46 Ensuite ils arrivèrent à Jérico ; et comme il en repartait avec ses disciples et une grande troupe, un aveugle, nommé Bartimée, c’est-à-dire, fils de Timée, était assis auprès du chemin, demandant l’aumône.

47 Et ayant entendu que c’était Jésus de Nazareth qui passait, il se mit à crier et à dire : Jésus, fils de David, aie pitié de moi !

48 Et plusieurs le reprenaient, pour le faire taire ; mais il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !

49 Et Jésus, s’étant arrêté, dit qu’on l’appelât. Ils appelèrent donc l’aveugle, lui disant : Prends courage, lève-toi, il t’appelle.

50 Et jetant son manteau, il se leva et vint vers Jésus.

51 Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Que veux-tu que je te fasse ? Et l’aveugle dit : Maître, que je recouvre la vue.

52 Et Jésus lui dit : Va-t’en, ta foi t’a sauvé.

53 Et incontinent il recouvra la vue, et il suivit Jésus dans le chemin. 

REFLEXIONS

On doit considérer ici en premier lieu que le temps de la mort de Jésus-Christ approchant, il déclara plus ouvertement aux apôtres qu’il serait crucifié  et qu’il ressusciterait, mais ils furent troublés et effrayés à l’ouïe de ces discours parce qu’ils s’attendaient à voir leur maître régner glorieusement sur la terre. En cela on découvre la sagesse et la bonté de Jésus-Christ qui voulait ainsi préparer ses disciples à ce qui devait lui arriver et l’on y remarque aussi que ses disciples étaient dans de grands préjugés et qu’ils ne savaient pas encore ce que notre Seigneur devait faire pour sauver les hommes.

Il faut faire ensuite attention à ce que Jésus-Christ dit à Saint Jacques et à Saint Jean, qui prétendaient occuper un rang distingué dans son royaume. Il leur dit qu’au lieu de s’attendre à être élevés à ces dignités, ils devaient se préparer à boire la même coupe et à être baptisés du même baptême que lui, c’est-à-dire à passer par de grandes souffrances et même à endurer la mort et qu’ainsi ils devaient s’humilier et être les serviteurs les uns des autres, à l’exemple de leur maître qui n’était venu au monde que pour servir et pour souffrir. Ces leçons et ce grand exemple d’humilité regardent tous les chrétiens aussi bien que les apôtres et nous devons nous les proposer continuellement afin de régler par-là nos sentiments et nos mœurs.

Enfin, la guérison que notre Seigneur accorda à cet aveugle qui implorait son secours avec tant d’ardeur est une nouvelle preuve de sa puissance et de sa grande charité et nous en devons conclure que, s’il était si prompt à assister les misérables, il sauvera encore plus certainement tous ceux qui l’invoquent avec humilité et qui cherchent auprès de lui le salut et la vie. 

CHAPITRE XI

Jésus-Christ fait son entrée royale à Jérusalem. Il chasse du temple ceux qui le profanaient en y vendant des pigeons et d’autres bêtes pour les sacrifices et en y changeant de l’argent. Il fait sécher un figuier par sa parole. Et il répond aux pharisiens qui lui demandaient raison de son autorité. 

1 Comme ils approchaient de Jérusalem et qu’ils étaient près de Bethphagé et de Béthanie, vers le mont des Oliviers, Jésus envoya deux de ses disciples,

2 et il leur dit : Allez-vous-en à la bourgade qui est devant vous ; et aussitôt que vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, sur lequel personne n’a encore monté ; détachez-le et amenez-le-moi.

3 Et si quelqu’un vous dit : Pourquoi faites-vous cela ? dites que le Seigneur en a besoin ; et aussitôt il le laissera amener.

4 Ils s’en allèrent donc ; et ils trouvèrent l’ânon qui était attaché dehors devant une porte, entre deux chemins, et ils le détachèrent.

5 Et quelques-uns de ceux qui étaient là leur dirent : Pourquoi détachez-vous cet ânon ?

6 Ils leur répondirent comme Jésus leur avait commandé ; et on les laissa aller.

7 Ils amenèrent donc l’ânon à Jésus, et mirent leurs vêtements sur l’ânon ; et Jésus monta dessus.

8 Et plusieurs étendaient leurs vêtements par le chemin, et les autres coupaient des branches d’arbres, et les étendaient par le chemin.

9 Et ceux qui marchaient devant, et ceux qui suivaient, criaient : Hosanna ! béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !

10 Béni soit le règne de David notre père qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna dans les lieux très hauts !

11 Ainsi Jésus entra dans Jérusalem, et alla au temple ; et ayant tout considéré, comme il était déjà tard, il sortit pour aller à Béthanie avec les douze apôtres.

12 Le lendemain, comme ils sortaient de Béthanie, il eut faim.

13 Et voyant de loin un figuier qui avait des feuilles, il y alla pour voir s’il y trouverait quelque chose ; et s’en étant approché, il n’y trouva que des feuilles ; car ce n’était pas la saison des figues.

14 Alors Jésus, prenant la parole, dit au figuier : Que jamais personne ne mange de ton fruit. Et ses disciples l’entendirent.

15 Ils vinrent donc à Jérusalem ; et Jésus étant entré dans le temple, se mit à chasser ceux qui vendaient et qui achetaient dans le temple, et il renversa les tables des changeurs, et les sièges de ceux qui vendaient des pigeons.

16 Et il ne permettait pas que personne ne portât aucun vaisseau par le temple.

17 Et il les instruisait, en leur disant : N’est-il pas écrit : Ma maison sera appelée, par toutes les nations, une maison de prière mais vous en avez fait une caverne de voleurs ?

18 Ce que les Scribes et les principaux sacrificateurs ayant entendu, ils cherchaient les moyens de le faire périr ; car ils le craignaient, parce que tout le peuple était ravi de sa doctrine.

19 Le soir étant venu, Jésus sortit de la ville.

20 Et le matin, comme ils passaient, ses disciples virent le figuier séché jusqu’aux racines.

21 Alors Pierre, s’étant souvenu de ce qui s’était passé, lui dit : Maître, voilà le figuier que tu as maudit, qui est séché.

22 Et Jésus, répondant, leur dit : Ayez la foi en Dieu ;

23 Car je vous dis en vérité, que quiconque dira à cette montagne : Ôte-toi de là et te jette dans la mer, et qui ne doutera point dans son cœur, mais qui croira fermement que ce qu’il dit arrivera, tout ce qu’il aura dit lui sera accordé.

24 C’est pourquoi je vous dis : Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez ; et il vous sera accordé !

25 Mais quand vous vous présenterez pour faire votre prière, pardonnez, si vous avez quelque chose contre quelqu’un, afin que votre Père qui est dans les cieux vous pardonne aussi vos fautes.

26 Que si vous ne pardonnez pas, votre Père qui est dans les cieux ne vous pardonnera point non plus vos fautes.

27 Puis ils revinrent à Jérusalem ; et comme il allait par le temple, les principaux sacrificateurs, les Scribes et les sénateurs s’approchèrent de lui,

28 et ils lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné l’autorité de les faire ?

29 Jésus, répondant, leur dit : Je vous demanderai aussi une chose, et répondez-moi ; et alors je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses.

30 Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ? Répondez-moi.

31 Or, ils raisonnaient entre eux, disant : Si nous disons : Du ciel ; il dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru ?

32 Et si nous disons : Des hommes, nous craignons le peuple ; car tous croyaient que Jean avait été un vrai prophète.

33 Alors ils répondirent à Jésus : Nous n’en savons rien. Et Jésus leur répondit : Et moi, je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses. 

REFLEXIONS

Notre Seigneur fit son entrée royale à Jérusalem peu de jours avant sa mort pour montrer qu’il était ce grand roi et ce Sauveur que les Juifs attendaient et dont les prophètes avaient prédit la venue, ce qu’il avait évité de faire connaître publiquement pendant sa vie. Mais la manière dont il fit cette entrée, étant monté sur un ânon, marquait sa douceur et son humilité et faisait voir que son règne n’aurait rien de commun avec celui des rois de la terre.

Comme la gloire de Jésus-Christ et la nature de son règne nous sont beaucoup mieux connues qu’elles ne l’étaient à ce peuple qui l’accompagna dans cette occasion, nous avons encore plus de sujet de nous réjouir et de louer Dieu de ce qu’il nous a envoyé ce grand Sauveur et de ce que son règne a été manifesté.

I. Il faut remarquer que dans le même jour, auquel Jésus-Christ fit son entrée royale, il se rendit au temple et qu’il en chassa ceux qui le profanaient afin de faire sentir aux Juifs son autorité divine et de leur montrer en agissant dans le temple comme maître qu’il était le fils de Dieu. De là nous devons apprendre à ne pas profaner, ni par l’hypocrisie, ni par l’impiété, ni par l’irrévérence les lieux où Dieu est adoré et invoqué.

Pour ce qui est du miracle du figuier séché, il faut savoir que cet arbre était une d’espèce particulière de figuiers qui conservaient pendant l’hiver leurs feuilles et leurs figues et dont le fruit murissait au printemps. Ainsi Jésus voyant ce figuier qui avait des feuilles et qui pouvait aussi avoir des figues y alla exprès chercher du fruit, quoi que ce ne fût pas la saison des figues communes et il le fit pour avoir occasion de le faire sécher par un miracle et de montrer par là à ses disciples, selon ce qu’il leur dit, que la foi et la prière obtiennent tout de Dieu. Mais il les avertit expressément que la prière doit être faite dans un esprit de charité et que quand nous nous présentons pour faire notre prière, nous devons nous pardonner les uns les autres.

La réponse que notre Seigneur fit aux pharisiens, qui lui demandaient de qui il tenait son autorité, avait pour but de leur faire sentir que leur incrédulité et leur aveuglement étaient volontaires et que son autorité venait du Ciel, aussi bien que celle de Jean-Baptiste. Mais nous serions encore plus coupables que les pharisiens, si, sachant que Jean-Baptiste et Jésus-Christ ont été envoyé de Dieu, nous ne nous soumettions pas à la doctrine qu’ils ont annoncée et de laquelle nous faisons profession. 

CHAPITRE XII VERSETS 1 A 27

Jésus-Christ propose la parabole des vignerons. Il répond à la demande qu’on lui fit, s’il fallait payer le tribut de l’empereur. Et à une autre demande que les sadducéens lui firent sur la résurrection. 

1 Jésus se mit ensuite à leur parler en paraboles : Un homme, dit-il, planta une vigne, il l’environna d’une haie, et y fit un creux pour un pressoir ; il y bâtit une tour, et il la loua à des vignerons, et s’en alla.

2 Et dans la saison il envoya un de ses serviteurs vers les vignerons, afin de recevoir d’eux du fruit de la vigne.

3 Mais l’ayant pris, ils le battirent, et le renvoyèrent à vide.

4 Il leur envoya encore un autre serviteur ; mais ils lui jetèrent des pierres, et lui meurtrirent toute la tête, et le renvoyèrent, après l’avoir traité outrageusement.

5 Et il en envoya encore un autre qu’ils tuèrent ; et plusieurs autres, dont ils battirent les uns et tuèrent les autres.

6 Enfin, ayant un fils qu’il chérissait, il le leur envoya encore le dernier, disant : Ils auront du respect pour mon fils.

7 Mais ces vignerons dirent entre eux : C’est ici l’héritier ; venez, tuons-le, et l’héritage sera à nous.

8 Et le prenant, ils le tuèrent, et le jetèrent hors de la vigne.

9 Que fera donc le maître de la vigne ? Il viendra et fera périr ces vignerons, et il donnera la vigne à d’autres.

10 Et n’avez-vous point lu cette parole de l’Écriture : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la principale pierre de l’angle ;

11 Cela a été fait par le Seigneur, et c’est une chose merveilleuse devant nos yeux ?

12 Alors ils tâchèrent de le saisir ; car ils connurent bien qu’il avait dit cette similitude contre eux ; mais ils craignirent le peuple ; c’est pourquoi le laissant, ils s’en allèrent.

13 Ensuite ils lui envoyèrent quelques-uns des Pharisiens et des Hérodiens, pour le surprendre dans ses discours.

14 Étant donc venus vers lui, ils lui dirent : Maître, nous savons que tu es sincère, et que tu n’as égard à qui que ce soit ; car tu ne regardes point à l’apparence des hommes, mais tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité. Est-il permis de payer le tribut à César, ou non ? Le payerons-nous, ou ne le payerons-nous pas ?

15 Mais lui, connaissant leur hypocrisie, leur dit : Pourquoi me tentez-vous ? Apportez-moi un denier, que je le voie.

16 Et ils lui en apportèrent un. Alors il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? Ils lui dirent : De César.

17 Et Jésus leur répondit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. Et ils furent remplis d’admiration pour lui.

18 Ensuite les Sadducéens, qui disent qu’il n’y a point de résurrection, le vinrent trouver, et lui firent cette question :

19 Maître, Moïse nous a laissé par écrit, que si le frère de quelqu’un meurt, et laisse sa femme sans enfants, son frère épousera sa veuve, pour susciter lignée à son frère.

20 Or, il y avait sept frères, dont le premier ayant épousé une femme, mourut et ne laissa point d’enfants.

21 Le second l’épousa aussi, et mourut, et ne laissa point non plus d’enfants ; et le troisième de même.

22 Tous les sept l’ont épousée, sans avoir laissé d’enfants. La femme mourut aussi la dernière de tous.

23 Duquel d’eux sera-t-elle donc femme quand ils ressusciteront ? car tous les sept l'ont eue pour femme.

24 Et Jésus, répondant, leur dit : N’êtes-vous pas dans l’erreur, parce que vous n’entendez pas les Écritures, ni quelle est la puissance de Dieu ?

25 Car quand on ressuscitera, ni les hommes ne prendront point de femmes, ni les femmes de maris ; mais ils seront comme les anges qui sont dans le ciel.

26 Et à l’égard des morts, pour vous montrer qu’ils doivent ressusciter, n’avez-vous point lu dans le livre de Moïse, comment Dieu lui parla dans le buisson, en disant : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ?

27 Dieu n’est point le Dieu des morts ; mais il est le Dieu des vivants. Vous êtes donc dans une grande erreur. 

REFLEXIONS

Le sens de la parabole des vignerons est que les Juifs, après avoir rejeté et persécuté les prophètes, feraient mourir le fils de Dieu, qu’à cause de cela Dieu les priverait de son alliance et les détruirait, qu’il ferait prêcher l’Évangile aux païens et que Jésus, qui avait été rejeté par les principaux des Juifs, deviendrait le chef et le roi de l’Église et serait élevé à la droite de Dieu. Il y a sur cela deux réflexions à faire :

L’une, que tout ce que Jésus-Christ avait prédit arriva peu de temps après par la ruine de Jérusalem, par la vocation des païens et par l’établissement de son règne ;

L’autre, que, comme Dieu fit une sévère vengeance de l’ingratitude des Juifs, il punira encore plus l’infidélité de ceux qui auront méprisé les offres de sa grâce et désobéi à l’Évangile.

II. Dans la réponse que Jésus-Christ fit à la question qu’on lui proposa sur le tribut, nous voyons que notre Seigneur découvrit le piège que les pharisiens lui tendaient et qu’il évita ce piège en leur disant : Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.

D’où nous devons recueillir qu’il faut se soumettre à l’autorité des rois et des princes et leur rendre tout ce qui leur est dû et s’acquitter aussi inviolablement des devoirs auxquels la religion nous engage envers Dieu.

III. Notre Seigneur eut en ce temps-là en entretien remarquable avec les sadducéens qui niaient la résurrection des morts et il répondit à la question qu’ils lui firent sur ce sujet d’une manière qui les confondit et qui leur fit voir qu’ils étaient dans une grande erreur. Cet endroit de l’Évangile mérite bien de l’attention. Jésus-Christ y instruit sur la vérité de la résurrection et sur l’état des personnes qui ressusciteront, ce qui doit nous affermir dans la croyance de cette grande et consolante vérité et nous porter à imiter la foi et la piété des patriarches dont le Seigneur s’est déclaré le Dieu, même après leur mort et à vivre d’une manière pure et spirituelle afin que nous puissions avoir part à la gloire d’une heureuse résurrection.

 CHAPITRE XII VERSETS 28 A 44

Jésus-Christ répond à un docteur de la Loi qui lui demandait quel était le plus grand commandement. II. Il demande aux pharisiens comment le Messie pouvait être tout à la fois le fils et le Seigneur de David. III. Il censure l’hypocrisie des docteurs de la Loi. IV. Il loue l’offrande d’une pauvre veuve.

28 Alors un des Scribes qui les avait ouïs disputer ensemble, voyant qu’il leur avait bien répondu, s’approcha et lui demanda : Quel est le premier de tous les commandements ?

29 Jésus lui répondit : Le premier de tous les commandements est celui-ci : Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur ;

30 tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, et de toute ta force. C’est là le premier commandement.

31 Et voici le second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n’y a point d’autre commandement plus grand que ceux-ci.

32 Et le Scribe lui répondit : Maître, tu as bien dit, et selon la vérité, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que lui,

33 et que l’aimer de tout son cœur, de toute son intelligence, de toute son âme, et de toute sa force, et aimer son prochain comme soi-même, c’est plus que tous les holocaustes et que tous les sacrifices.

34 Jésus voyant qu’il avait répondu en homme intelligent, lui dit : Tu n’es pas éloigné du royaume de Dieu. Et personne n’osait plus l’interroger.

35 Et comme Jésus enseignait dans le temple, il leur dit : Comment les Scribes disent-ils que le Christ est fils de David ?

36 Car David lui-même a dit par le Saint-Esprit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied.

37 Puis donc que David lui-même l’appelle son Seigneur, comment est-il son fils ? Et une grande multitude qui était là prenait plaisir à l’écouter.

38 Il leur disait aussi, en les enseignant : Gardez-vous des Scribes qui aiment à se promener en robes longues, et à être salués dans les places publiques ;

39 et qui aiment les premiers sièges dans les synagogues, et les premières places dans les festins ;

40 qui dévorent les maisons des veuves, et cela en affectant de faire de longues prières ; ils en recevront une plus grande condamnation.

41 Et Jésus, étant assis vis-à-vis du tronc, regardait comment le peuple mettait de l’argent dans le tronc.

42 Et plusieurs personnes riches y mettaient beaucoup ; et une pauvre veuve vint, qui y mit deux petites pièces, qui font un quadrin.

43 Alors, ayant appelé ses disciples, il leur dit : Je vous dis en vérité, que cette pauvre veuve a plus mis au tronc que tous ceux qui y ont mis.

44 Car tous les autres y ont mis de leur superflu ; mais celle-ci y a mis de son indigence tout ce qu’elle avait, tout ce qui lui restait pour vivre. 

REFLEXIONS

I.. Cette lecture nous donne une leçon très importante. C’est que le premier commandement et celui qui comprend tous les autres est d’aimer Dieu de tout notre cœur et notre prochain comme nous-mêmes, que c’est là ce que nous pouvons faire de plus agréable à Dieu et ce qui vaut mieux que toutes les cérémonies et tous les devoirs extérieurs de la religion. Ceux qui ont bien compris cette vérité et qui travaillent par-dessus toutes choses à remplir leur cœur de cet amour sincère de Dieu et du prochain sont dans la disposition où il faut être pour entrer dans le royaume de Dieu, selon que notre Seigneur le déclare expressément.

II. Jésus-Christ ayant demandé aux scribes comment David appelait le Messie son Seigneur au Psaume CX, puisque le Messie était son fils, ils furent réduits au silence et ne purent lui répondre. Par cette question le Seigneur voulut les convaincre de leur ignorance en présence du peuple, mais il ne leur expliqua pas cet oracle de David, parce qu’il ne voulait pas alors parler ouvertement de la dignité de sa personne et parce que d’ailleurs cela eût été inutile et que les pharisiens n’auraient pas cru ce qu’il leur aurait dit sur ce sujet. Mais cette question n’a rien d’obscur pour nous qui savons que Jésus-Christ est fils de David parce qu’il est descendu de lui à l’égard de sa nature humaine, mais qu’il est aussi son Seigneur en tant qu’il est le fils de Dieu.

III. Les reproches que Jésus-Christ fit aux docteurs de la Loi nous montrent que l’orgueil, l’hypocrisie et l’avarice sont des vices tout-à-fait condamnables, surtout dans ceux qui enseignent les autres et dans les personnes qui font profession d’avoir de la piété.

IV. Le jugement que notre Seigneur fit de l’offrande d’une pauvre veuve, qui jeta deux petites pièces de monnaie dans un tronc où l’on mettait ce qu’on voulait donner pour les usages du temple et du service divin, nous apprend que Dieu a principalement égard au cœur et à l’intention et que les contributions et les aumônes des pauvres, quoi qu’elles soient de petite valeur lui sont aussi agréables que celles des riches lorsque les pauvres donnent autant que leur pauvreté le leur permet et qu’ils le font par un principe de piété et de charité. 

CHAPITRE XIII

Jésus-Christ parle des signes qui précéderaient la destruction du temple et de la ville de Jérusalem et la fin du monde. Il dit qu’il paraîtrait de faux prophètes et de faux messies, que l’on verrait des guerres, des famines et toutes sortes de calamités, que ses disciples seraient persécutés et que l’Évangile serait annoncé par toute la terre. Il prédit que les idolâtres rentreraient bientôt dans la Judée et qu’ils assiègeraient Jérusalem, qu’il paraîtrait de tous côté des signes de la colère de Dieu, qu’alors le Fils de l’homme se montrerait dans sa gloire et que ces choses arriveraient avant que la génération d’alors fût passée. Il exhorte ses disciples à se retirer en ce temps-là de Jérusalem. Enfin il leur recommande de se tenir prêts et de veiller en attendant sa venue et pour les y engager, il leur dit que le temps précis de cette venue était inconnu et incertain. 

1 Comme Jésus sortait du temple, un de ses disciples lui dit : Maître, regarde quelles pierres et quels bâtiments !

2 Et Jésus, répondant, lui dit : Tu vois ces grands bâtiments ; il n’y restera pierre sur pierre qui ne soit renversée.

3 Et comme il était assis sur le mont des Oliviers, vis-à-vis du temple, Pierre, Jacques, Jean et André lui firent cette question à part, et lui dirent :

4 Dis-nous quand ces choses arriveront, et par quel signe on connaîtra que toutes ces choses devront s’accomplir.

5 Alors Jésus, leur répondant, se mit à leur dire : Prenez garde que personne ne vous séduise ;

6 car plusieurs viendront, qui prendront mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et ils en séduiront plusieurs.

7 Quand vous entendrez parler de guerres et de bruit de guerres, ne vous troublez point ; car il faut que ces choses arrivent ; mais ce ne sera pas encore la fin.

8 Car une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ; et il y aura des tremblements de terre en divers lieux, des famines, et des troubles ; et ces choses ne seront que des commencements de douleurs.

9 Mais prenez garde à vous-mêmes ; car ils vous livreront aux tribunaux et aux synagogues ; vous serez fouettés, et vous serez présentés devant les gouverneurs et devant les rois, à cause de moi, pour me rendre témoignage devant eux.

10 Mais il faut que l’Évangile soit auparavant prêché à toutes les nations.

11 Or, quand ils vous mèneront pour vous livrer, ne soyez point en peine par avance de ce que vous aurez à dire, et ne le méditez point ; mais dites tout ce qui vous sera inspiré à cette heure-là ; car ce ne sera pas vous qui parlerez, mais ce sera le Saint-Esprit.

12 Alors un frère livrera son frère à la mort, et le père son enfant ; et les enfants se lèveront contre leurs pères et leurs mères et les feront mourir.

13 Et vous serez haïs de tous à cause de mon nom ; mais celui qui persévérera jusqu’à la fin, c’est celui-là qui sera sauvé.

14 Or, quand vous verrez l’abomination qui cause la désolation, et dont le prophète Daniel a parlé, établie où elle ne doit pas être ; (que celui qui le lit y fasse attention) alors, que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient sur les montagnes ;

15 et que celui qui sera sur la maison, ne descende point dans sa maison, et n’y entre point pour s’arrêter à en emporter quoi que ce soit ;

16 et que celui qui sera aux champs, ne retourne point en arrière, pour emporter son habit.

17 Mais malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là.

18 Priez que votre fuite n’arrive point en hiver.

19 Car il y aura en ces jours-là une telle affliction, que, depuis le commencement de la création de toutes choses jusqu’à maintenant, il n’y en a point eu et qu’il n’y en aura jamais de semblable.

20 Et si le Seigneur n’avait abrégé ces jours-là, personne n’échapperait ; mais il a abrégé ces jours à cause des élus qu’il a choisis.

21 Alors, si quelqu’un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou : Il est là, ne le croyez point.

22 Car de faux Christs et de faux prophètes s’élèveront et feront des signes et des prodiges pour séduire même les élus, s’il était possible.

23 Mais prenez-y garde ; voici, je vous ai tout prédit.

24 En ces jours-là, après cette affliction, le soleil sera obscurci, la lune ne donnera point sa lumière ;

25 Les étoiles du ciel tomberont et les puissances qui sont dans les cieux seront ébranlées.

26 Et alors on verra le Fils de l’homme venir sur les nuées, avec une grande puissance et une grande gloire ;

27 Et il enverra ses anges pour rassembler ses élus des quatre vents, depuis les extrémités de la terre jusqu’aux extrémités du ciel.

28 Apprenez ceci par la comparaison d’un figuier : Quand ses branches commencent à être tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous connaissez que l’été est proche.

29 Vous aussi de même, quand vous verrez que ces choses arriveront, sachez qu’il est proche et à la porte.

30 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point, que toutes ces choses n’arrivent.

31 Le ciel et la terre passeront ; mais mes paroles ne passeront point.

32 Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, non pas même les anges qui sont dans le ciel, ni même le Fils ; mais seulement le Père.

33 Prenez garde à vous ; veillez et priez : car vous ne savez quand ce temps viendra.

34 Il en est comme d’un homme qui, allant en voyage, laisse sa maison, et en donne la conduite à ses serviteurs, marquant à chacun sa tâche, et qui ordonne au portier d’être vigilant.

35 Veillez donc ; car vous ne savez pas quand le maître de la maison viendra, si ce sera le soir, ou à minuit, ou à l’heure que le coq chante, ou le matin ;

36 De peur, qu’arrivant tout à coup, il ne vous trouve endormis.

37 Or, ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez.

 REFLEXIONS

Ce discours du fils de Dieu nous présente ces trois réflexions principales :

I. La première, que l’événement vérifia pleinement toutes ces prédictions de notre Seigneur peu après son départ de ce monde. Plusieurs séducteurs parurent en ce temps-là, les Juifs furent affligés par la guerre et par toutes sortes de fléaux, les apôtres et les chrétiens furent persécutés, l’Évangile se répandit en divers lieux du monde, Jérusalem fut assiégée et détruite avec son temple par les Romains, les chrétiens qui en sortirent furent garantis de cette désolation et enfin, tout cela arriva avant que les hommes qui vivaient du temps de Jésus-Christ fussent tous morts, comme il l’avait prédit formellement. Ce sont là des preuves de la vérité et de la divinité de l’Évangile auxquelles on ne saurait rien opposer et des marques visibles de la vengeance divine sur les Juifs.

II. Ceci doit nous persuader que ce que notre Seigneur a dit d’une manière qui n’est pas moins formelle de sa dernière venue, et de la punition des méchants, ne manquera pas d’arriver aussi.

III. La troisième réflexion est que le temps de cette venue nous est inconnu, de même que celui de notre mort, Dieu nous l’ayant caché par un effet de sa sagesse et de sa bonté, qu’ainsi nous devons y penser continuellement et nous y préparer par la prière, par une vie pure et par la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres, servant Dieu fidèlement chacun dans notre vocation afin que ce jour redoutable ne nous surprenne pas. C’est à quoi notre Seigneur nous exhorte lui-même par ces paroles qui se lisent à la fin de ce discours et qui en marquent le but et l’usage : Prenez garde à vous. Veillez et priez, car vous ne savez pas quand votre Seigneur viendra. Ce que je vous dis, je le dis à tous : Veillez. 

CHAPITRE XIV VERSETS 1-31

Saint Marc commence ici l’histoire de la passion de Jésus-Christ et il rapporte : I. Qu’une femme oignit notre Seigneur avec une huile précieuse. II. Que Judas promit aux Juifs de leur livrer son maître. III. Que Jésus-Christ célébra la pâque la veille de sa mort et que, pendant le souper il prédit la trahison de Judas, qu’il institua la sainte cène et qu’il prédit aussi que Saint Pierre le renierait. 

1 La fête de Pâque et des pains sans levain devait être deux jours après ; et les Scribes cherchaient comment ils pourraient se saisir de Jésus par finesse, et le faire mourir.

2 Mais ils disaient : Il ne faut pas que ce soit durant la fête, de peur qu’il ne se fasse quelque émotion parmi le peuple.

3 Et Jésus, étant à Béthanie, dans la maison de Simon, surnommé le lépreux, une femme vint à lui, lorsqu’il était à table, avec un vase d’albâtre, plein d’une huile odoriférante et de grand prix, qu’elle lui répandit sur la tête, ayant rompu le vase.

4 Et quelques-uns en furent indignés en eux-mêmes, et dirent : Pourquoi perdre ainsi ce parfum ?

5 Car on pouvait le vendre plus de trois cents deniers, et les donner aux pauvres. Ainsi ils murmuraient contre elle.

6 Mais Jésus dit : Laissez-la ; pourquoi lui faites-vous de la peine ? Elle a fait une bonne action à mon égard.

7 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; et toutes les fois que vous voudrez, vous pourrez leur faire du bien ; mais vous ne m’aurez pas toujours.

8 Elle a fait ce qui était en son pouvoir ; elle a embaumé par avance mon corps pour ma sépulture.

9 Je vous dis en vérité, que dans tous les endroits du monde où cet évangile sera prêché, ce qu’elle a fait sera aussi raconté en mémoire d’elle.

10 Alors Judas Iscariot, l’un des douze, s’en alla vers les principaux sacrificateurs, pour leur livrer Jésus.

11 Ils l’écoutèrent avec joie, et ils lui promirent de lui donner de l’argent ; après quoi il chercha une occasion propre pour le leur livrer.

12 Le premier jour des pains sans levain, auquel on immolait la Pâque, ses disciples lui dirent : Où veux-tu que nous allions te préparer ce qu’il faut pour manger la Pâque ?

13 Alors il envoya deux de ses disciples, et il leur dit : Allez à la ville, et vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le.

14 Et en quelque lieu qu’il entre, dites au maître de la maison : Notre maître demande : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?

15 Et il vous montrera une grande chambre haute, meublée et toute prête ; préparez-nous là la Pâque.

16 Ses disciples donc partirent, et vinrent à la ville, et trouvèrent les choses comme il leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

17 Quand le soir fut venu, il vint avec les douze apôtres.

18 Et comme ils étaient à table et qu’ils mangeaient, Jésus dit : Je vous dis en vérité, que l’un de vous, qui mange avec moi, me trahira.

19 Alors ils commencèrent à s’affliger ; et ils lui dirent, l’un après l’autre : Est-ce moi ?

20 Il leur répondit : C’est l’un de vous douze, qui met la main au plat avec moi.

21 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon ce qui a été écrit de lui ; mais malheur à cet homme par qui le Fils de l’homme est trahi ! il eût mieux valu pour cet homme de n’être jamais né.

22 Et comme ils mangeaient, Jésus prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit, et il le leur donna, et dit : Prenez, mangez, ceci est mon corps.

23 Ayant aussi pris la coupe et rendu grâces, il la leur donna, et ils en burent tous.

24 Et il leur dit : Ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, lequel est répandu pour plusieurs.

25 Je vous dis en vérité, que je ne boirai plus de ce fruit de la vigne jusqu’au jour que je le boirai nouveau dans le royaume de Dieu.

26 Et après qu’ils eurent chanté le cantique, ils s’en allèrent à la montagne des Oliviers.

27 Alors Jésus leur dit : Je vous serai cette nuit à tous une occasion de chute ; car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées.

28 Mais après que je serai ressuscité, j’irai devant vous en Galilée.

29 Et Pierre lui dit : Quand tous les autres seraient scandalisés, je ne le serai pourtant pas.

30 Alors Jésus lui dit : Je te dis en vérité, qu’aujourd’hui, cette même nuit, avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois.

31 Mais Pierre disait encore plus fortement : Quand même il me faudrait mourir avec toi, je ne te renierai point. Et tous les autres disaient la même chose. 

REFLEXIONS

La première réflexion qu’il faut faire ici, regarde l’action de cette femme qui répandit sur Jésus un parfum précieux. Notre Seigneur approuva cette action, il loua le zèle et les bonnes intentions de cette femme, il dit même que la mémoire de ce qu’elle avait fait serait conservée dans l’Église. Dès là nous ne pouvons douter qu’il n’ait aussi pour agréable tout ce que nous faisons en vue de l’honorer. Ce qu’il dit à ceux qui voulaient que le prix de ce parfum fût donné aux pauvres doit nous apprendre à éviter les jugements téméraires, à ne pas condamner facilement les actions des autres lorsqu’elles peuvent partir d’un bon principe et à faire du bien aux pauvres toutes les fois que nous le pourrons.

I. L’exemple de Judas montre que l’avarice endurcit et aveugle les hommes à un tel point qu’elle les pousse dans toutes sortes de crimes.

III. Puisque Jésus-Christ prédit la trahison de Judas, il paraît de là que rien ne lui était caché, qu’il connaissait les cœurs et les desseins des hommes et qu’il savait ce qui devait lui arriver et qu’ainsi il a souffert volontairement tout ce qu’il a souffert.

IV. Jésus-Christ célébra la pâque avec ses disciples suivant la coutume des Juifs, pour faire voir qu’il était religieux observateur de tout ce qui était prescrit par la loi divine, mais il le fit surtout parce que son dessein était d’instituer la sainte-cène et de la mettre à la place de la pâque des Juifs. C’est ce qui doit nous remplir d’un très grand respect pour cette divine cérémonie que notre Seigneur a établie comme un mémorial de sa mort et nous engager à la célébrer avec reconnaissance, conformément à ses intentions.

Enfin, la prédiction du reniement de St. Pierre suppose que notre Seigneur avait une parfaite connaissance du cœur des hommes et ce qu’il dit à cet apôtre, qui protestait qu’il ne l’abandonnerait jamais, doit nous inspirer une salutaire défiance de nous-mêmes et nous porter à profiter des avertissements que Dieu nous donne et à chercher dans l’humilité, dans la vigilance et dans la prière la fermeté nécessaire pour n’être pas surpris par les tentations.

CHAPITRE XIV VERSETS 32 A 72

Saint Marc rapporte ici : I. Ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin. II. Comment il fut pris par les Juifs qui étaient conduits par Judas. III. Ce qui se passa lorsque Jésus fut présenté au conseil. IV. La chute de Saint Pierre et sa repentance.

32 Ils allèrent ensuite dans un lieu appelé Gethsémané. Et Jésus dit à ses disciples : Asseyez-vous ici jusqu’à ce que j’aie prié.

33 Et il prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commença à être saisi de frayeur et fort agité.

34 Et il leur dit : Mon âme est saisie de tristesse jusqu’à la mort ; demeurez ici et veillez.

35 Et s’en allant un peu plus avant, il se prosterna contre terre, priant que, s’il était possible, cette heure s’éloignât de lui.

36 Et il disait : Mon Père, toutes choses te sont possibles ; détourne cette coupe de moi ; toutefois qu’il en soit, non ce que je voudrais, mais ce que tu veux.

37 Et il revint vers eux et les trouva endormis ; et il dit à Pierre : Simon, tu dors ! n’as-tu pu veiller une heure ?

38 Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation ; car l’esprit est prompt, mais la chair est faible.

39 Et il s’en alla encore, et il pria disant les mêmes paroles.

40 Et étant revenu, il les trouva encore endormis, car leurs yeux étaient appesantis ; et ils ne savaient que lui répondre.

41 Et il revint pour la troisième fois, et il leur dit : Vous dormez encore et vous vous reposez ! C’est assez ; l’heure est venue : voici, le Fils de l’homme s’en va être livré entre les mains des méchants.

42 Levez-vous, allons, voici, celui qui me trahit s’approche.

43 Et aussitôt, comme Jésus parlait encore, Judas qui était l’un des douze, vint, et avec lui une grande troupe de gens armés d’épées et de bâtons, de la part des principaux sacrificateurs, des Scribes et des sénateurs.

44 Et celui qui le trahissait avait donné ce signal : Celui que je baiserai, c’est lui ; saisissez-le, et l’emmenez sûrement.

45 Aussitôt, donc qu’il fut arrivé, il s’approcha de lui et lui dit : Maître, maître ; et il le baisa.

46 Alors ils mirent les mains sur Jésus, et le saisirent.

47 Et un de ceux qui étaient là présents tira son épée, et en frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui emporta une oreille.

48 Alors Jésus prit la parole et leur dit : Vous êtes sortis comme après un brigand, avec des épées et des bâtons pour me prendre.

49 J’étais tous les jours au milieu de vous, enseignant dans le temple, et vous ne m’avez point saisi ; mais tout ceci est arrivé, afin que les Écritures fussent accomplies.

50 Alors tous ses disciples l’ayant abandonné, s’enfuirent.

51 Et il y avait un jeune homme qui le suivait, ayant le corps couvert seulement d’un linceul ; et quelques jeunes gens l’ayant pris,

52 Il leur laissa le linceul, et s’enfuit nu de leurs mains.

53 Ils menèrent ensuite Jésus chez le souverain sacrificateur où s’assemblèrent tous les principaux sacrificateurs, les sénateurs et les Scribes.

54 Pierre le suivit de loin jusque dans la cour du souverain sacrificateur ; et étant assis auprès du feu avec les domestiques, il se chauffait.

55 Or, les principaux sacrificateurs et tout le conseil cherchaient quelque témoignage contre Jésus, pour le faire mourir ; et ils n’en trouvaient point.

56 Car plusieurs rendaient de faux témoignages contre lui ; mais leurs dépositions ne s’accordaient pas.

57 Alors quelques-uns se levèrent, qui portèrent un faux témoignage contre lui, disant :

58 Nous lui avons ouï dire : Je détruirai ce temple, qui a été bâti par la main des hommes, et dans trois jours j’en rebâtirai un autre, qui ne sera point fait de main d’homme.

59 Mais leur déposition ne s’accordait pas non plus.

60 Alors le souverain sacrificateur se levant au milieu du conseil, interrogea Jésus, et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Qu’est-ce que ces gens déposent contre toi ?

61 Mais Jésus se tut et ne répondit rien. Le souverain sacrificateur l’interrogea encore, et lui dit : Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ?

62 Et Jésus lui dit : Je le suis ; et vous verrez le Fils de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et venir sur les nuées du ciel.

63 Alors le souverain sacrificateur déchira ses vêtements, et dit : Qu’avons-nous plus à faire de témoins ?

64 Vous avez entendu le blasphème ; que vous en semble ? Alors tous le condamnèrent comme étant digne de mort.

65 Et quelques-uns se mirent à cracher contre lui, à lui couvrir le visage, et à lui donner des coups de poing ; et ils lui disaient : Devine qui t’a frappé. Et les sergents lui donnaient des coups de leurs bâtons.

66 Or, comme Pierre était en bas dans la cour, une des servantes du souverain sacrificateur y vint ;

67 Et voyant Pierre qui se chauffait, elle le regarda en face, et lui dit : Et toi, tu étais avec Jésus de Nazareth.

68 Mais il le nia, et dit : Je ne le connais point, et je ne sais ce que tu dis ; et il sortit au vestibule ; et le coq chanta.

69 Et cette servante l’ayant encore vu, elle se mit à dire à ceux qui étaient présents : Cet homme est de ces gens-là.

70 Mais il le nia encore. Et un peu après, ceux qui étaient présents dirent à Pierre : Tu es assurément de ces gens-là, car tu es Galiléen, et ton langage est semblable au leur.

71 Alors il commença à faire des imprécations et à jurer, disant : Je ne connais point cet homme dont tu parles.

72 Et le coq chanta pour la seconde fois ; et Pierre se ressouvint de la parole que Jésus lui avait dite : Avant que le coq ait chanté deux fois, tu me renieras trois fois. Et étant sorti promptement, il pleura.

REFLEXIONS

L’extrême tristesse que notre Seigneur ressentit dans le jardin est l’une des circonstances les plus remarquables de sa passion. Elle nous découvre bien clairement que c’était pour expier les péchés des hommes qu’il souffrait. Nous y voyons quelle est l’horreur du péché et de quel désespoir les méchants seront saisis lorsqu’ils seront rejetés de Dieu et qu’ils souffriront les peines dues à leurs péchés. Nous devons après cela, à l’imitation de Jésus-Christ, qui, dans son agonie, priait avec tant de ferveur et une si parfaite soumission à la volonté de son Père, invoquer Dieu avec persévérance lorsque nous sommes dans l’affliction et en même temps avec une entière résignation à sa volonté disant toujours : Seigneur, non point ce que je voudrais, mais ce que tu veux.

Jésus-Christ nous donne un avertissement bien important lorsqu’il dit : Veillez et priez, de peur que vous ne tombiez dans la tentation, car l’esprit est prompt mais la chair est faible.

Il nous apprend par-là que le moyen infaillible de ne pas tomber dans le péché est de nous défier de notre faiblesse, de veiller et de prier, mais que les tentations nous entrainent dès que nous nous négligeons de ce côté-là.

On voit dans ce qui se passa lorsque notre Seigneur fut pris et dans ce qu’il dit alors à Judas et aux Juifs qu’il ne fut pris et condamné que parce qu’il le voulait bien et parce que Dieu le permettait. C’est là pour nous un puissant engagement à aimer ardemment notre Sauveur qui s’est exposé volontairement à la mort pour nous et à acquiescer en toutes choses à la volonté du Seigneur.

On doit remarquer : que Jésus parut devant le conseil, qu’il fut examiné, qu’on entendit des témoins, mais qu’il ne put être convaincu d’aucun crime, quelques efforts que les Juifs fissent pour trouver des accusations et des faux témoignages contre lui et qu’il ne fut condamné que parce qu’il avoua qu’il était le fils de Dieu. Tout cela fut dispensé par la providence pour faire voir la parfaite innocence de notre Seigneur.

Cette grande douceur et cette patience qu’il fit paraître par ses discours et en souffrant toutes sortes d’indignités est une preuve bien sensible de sa soumission à la volonté de son Père et de son amour envers nous et un modèle de patience auquel nous devons nous conformer. Après cela, il est à remarquer que notre Seigneur avoua qu’il était le fils de Dieu et qu’il dit aux Juifs qu’ils le verraient bientôt assis à la droite de Dieu et venant dans sa gloire. Cela s’accomplit peu après, lorsque les Juifs furent détruits et qu’ils virent le règne de notre Seigneur s’établir dans le monde.

Nous devons enfin profiter de la chute de Saint Pierre qui renia son maître après avoir protesté si fortement qu’il ne l’abandonnerait jamais. Tout le monde et même les personnes qui ont du zèle et de bons sentiments peuvent voir ici combien grande est notre faiblesse et comment nous ne saurions jamais trop nous précautionner contre les tentations. La repentance de cet apôtre, qui fut si prompte et si amère, nous apprend que si nous avons fait quelque chute nous devons nous en relever incontinent, en avoir une vive douleur et la réparer par le recours à la miséricorde de Dieu et par une sincère conversion.

CHAPITRE XV

Jésus-Christ est présenté à Pilate qui, après avoir tâché de le délivrer, consent enfin à sa mort. Il est crucifié, il meurt et on l’ensevelit. 

1 Dès qu’il fut jour, les principaux sacrificateurs, avec les sénateurs et les Scribes, et tout le conseil, ayant délibéré ensemble, emmenèrent Jésus lié, et le livrèrent à Pilate.

2 Et Pilate l’interrogea et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? Jésus lui répondit : Tu le dis.

3 Et les principaux sacrificateurs l’accusaient de plusieurs choses ; mais il ne répondait rien.

4 Et Pilate l’interrogea encore et lui dit : Ne réponds-tu rien ? Vois combien de choses ils avancent contre toi.

5 Mais Jésus ne répondit plus rien, de sorte que Pilate en était tout surpris.

6 Or, il avait accoutumé de relâcher, à la fête de Pâque, celui des prisonniers que le peuple demandait.

7 Et il y en avait un, nommé Barabbas, qui était en prison avec d’autres séditieux qui avaient commis un meurtre dans une sédition.

8 Et le peuple se mit à demander, avec de grands cris, qu’il leur fît comme il leur avait toujours fait.

9 Pilate leur répondit : Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ?

10 Car il savait bien que c’était par envie que les principaux sacrificateurs l’avaient livré.

11 Mais les principaux sacrificateurs incitèrent le peuple à demander qu’il leur relâchât plutôt Barabbas.

12 Et Pilate, reprenant la parole, leur dit : Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ?

13 Et ils crièrent de nouveau : Crucifie-le.

14 Et Pilate leur dit : Mais quel mal a-t-il fait ? Et ils crièrent encore plus fort : Crucifie-le.

15 Pilate donc, voulant contenter le peuple, leur relâcha Barabbas ; et après avoir fait fouetter Jésus, il le livra pour être crucifié.

16 Alors les soldats l’emmenèrent dans la cour du prétoire, et ils y assemblèrent toute la compagnie des soldats ;

17 et ils le revêtirent d’un manteau de pourpre, et lui mirent sur la tête une couronne d’épines qu’ils avaient entrelacées.

18 Et ils se mirent à le saluer, en disant : Je te salue, roi des Juifs.

19 Et ils lui frappaient la tête avec une canne, et ils crachaient contre lui, et se mettant à genoux, ils se prosternaient devant lui.

20 Après s’être ainsi moqués de lui, ils lui ôtèrent le manteau de pourpre, et lui ayant remis ses habits, ils l’emmenèrent pour le crucifier.

21 Et un certain homme de Cyrène, nommé Simon, père d’Alexandre et de Rufus, passant par là en revenant des champs, ils le contraignirent de porter la croix de Jésus.

22 Et ils le conduisirent au lieu appelé Golgotha, c’est-à-dire la place du crâne.

23 Et ils lui présentèrent à boire du vin mêlé avec de la myrrhe ; mais il n’en but point.

24 Et après l’avoir crucifié, ils partagèrent ses habits, en les jetant au sort, pour savoir ce que chacun en aurait.

25 Il était la troisième heure quand ils le crucifièrent.

26 Et le sujet de sa condamnation était marqué par cet écriteau : LE ROI DES JUIFS.

27 Ils crucifièrent aussi avec lui deux brigands, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.

28 Ainsi cette parole de l’Écriture fut accomplie : Il a été mis au rang des malfaiteurs.

29 Et ceux qui passaient par là lui disaient des outrages, hochant la tête et disant : Hé ! toi, qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours,

30 sauve-toi toi-même, et descends de la croix.

31 De même aussi les principaux sacrificateurs et les Scribes disaient entre eux, en se moquant : Il a sauvé les autres, et il ne peut se sauver lui-même.

32 Que le Christ, le roi d’Israël, descende maintenant de la croix, afin que nous le voyions, et que nous croyions. Et ceux qui étaient crucifiés avec lui, lui disaient aussi des outrages.

33 Mais depuis la sixième heure il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu’à la neuvième heure.

34 Et à la neuvième heure Jésus cria à haute voix, disant : Éloï, Éloï, lamma sabachthani ? C’est-à-dire : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

35 Et quelques-uns de ceux qui étaient présents, l’ayant entendu, disaient : Voilà qu’il appelle Élie.

36 Et l’un d’eux courut, emplit une éponge de vinaigre, la mit au bout d’une canne, et la lui présenta pour boire, en disant : Laissez, voyons si Élie viendra l’ôter de la croix.

37 Alors Jésus ayant jeté un grand cri, rendit l’esprit.

38 Et le voile du temple se déchira en deux, depuis le haut jusqu’au bas.

39 Et le centenier qui était vis-à-vis de lui, voyant qu’il était expiré en criant ainsi, dit : Cet homme était véritablement Fils de Dieu.

40 Il y avait aussi des femmes qui regardaient de loin, entre lesquelles étaient Marie-Magdelaine, et Marie, mère de Jacques le petit et de Joses, et Salomé,

41 lesquelles le suivaient et le servaient lorsqu’il était en Galilée, et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem.

42 Comme il était déjà tard, et que c’était le jour de la préparation, c’est-à-dire la veille du sabbat,

43 Joseph d’Arimathée, qui était un sénateur de considération, et qui attendait aussi le règne de Dieu, vint avec hardiesse vers Pilate, et lui demanda le corps de Jésus.

44 Pilate s’étonna qu’il fût déjà mort ; et ayant appelé le centenier, il lui demanda s’il y avait longtemps qu’il était mort.

45 Et l’ayant appris du centenier, il donna le corps à Joseph.

46 Et Joseph ayant acheté un linceul, le descendit de la croix, l’enveloppa dans ce linceul, et le mit dans un sépulcre qui était taillé dans le roc ; et il roula une pierre à l’entrée du sépulcre.

47 Et Marie-Magdelaine et Marie, mère de Joses, regardaient où on le mettait. 

REFLEXIONS

Il y a quatre choses principales à remarquer dans ce qui se passa devant Pilate :

I. L’injustice et la fureur des Juifs que rien ne put apaiser et qui sollicitèrent avec tant d’instance la condamnation de Jésus, jusque-là qu’ils lui préférèrent un meurtrier.

II. L’humilité, le silence et la patience de notre Seigneur qui se soumit à la sentence de Pilate et qui souffrit sans se plaindre toutes les injustices qu’on lui fit. Ce sont là de fortes preuves de son amour pour les hommes qu’ils voulaient sauver et de sa soumission à la volonté de son Père et c’est aussi un exemple de résignation pour ceux qui sont exposés à la souffrance et à l’injustice des hommes.

III. Il faut remarquer que l’innocence de Jésus-Christ fut pleinement reconnue par Pilate, ce qui aggravait le crime des Juifs et celui de ce gouverneur.

IV. Et enfin que ce juge inique, après avoir refusé de faire ce que les Juifs voulaient et tâché de sauver Jésus-Christ, prononça enfin la sentence de sa mort. Pilate connaissait ce que la justice demandait, il avait même de bonnes intentions, mais il n’eut pas le courage de les suivre.

C’est ainsi qu’en usent ceux qui pèchent contre leur conviction, ils connaissent leur devoir, ils ont quelque bonne volonté, mais après avoir résisté quelques temps à la tentation, ils y succombent par la crainte qu’ils ont des hommes, par des vues de politique et d’intérêt ou par quelque autre principe de cette nature. Au lieu que les gens de bien sont toujours attachés à leur devoir et suivent avec fermeté ce que la conscience leur dicte, sans que les égards humains soient capables de les en empêcher.

Ce que l’on doit principalement considérer dans la passion de notre Seigneur, ce sont les douleurs de ce supplice cruel qu’il endura, la honte et l’ignominie à laquelle il fut exposé ayant été crucifié au milieu de deux brigands, les outrages et les insultes que les pharisiens et les sacrificateurs lui firent pendant qu’il était attaché à la croix et enfin la mort qui termina ses souffrances. On découvre en tout cela le profond abaissement du fils de Dieu, le grand amour qu’il nous a porté et l’exemple de la patience la plus parfaite.

Ainsi nous devons regarder cette mort comme le prix de notre rédemption et l’appui de notre foi, aimer ce bon Sauveur, qui nous a tant aimé, renoncer au péché qu’il est venu détruire par sa mort et apprendre, par son exemple, à porter notre croix et à souffrir patiemment lorsque nous y sommes appelés.

L’histoire de la sépulture de Jésus-Christ et les informations que Pilate fit prendre avant que d’accorder son corps à Joseph prouvent qu’il a été véritablement mort et qu’ainsi il est véritablement ressuscité. La considération de cette sépulture est aussi très propre pour dissiper la crainte que nous pourrions avoir de la mort et du sépulcre et pour nous élever à l’attente d’une meilleure vie. 

CHAPITRE XVI

Dans ce dernier chapitre de Saint Marc, on voit : I. L’histoire de la résurrection de Jésus-Christ. II. les ordres qu’il donna aux apôtres avant que de quitter le monde. III. Son ascension.

 1 Après que le sabbat fut passé, Marie-Magdelaine, Marie, mère de Jacques, et Salomé, achetèrent des drogues aromatiques pour venir embaumer le corps de Jésus.

2 Et elles vinrent au sépulcre de grand matin, le premier jour de la semaine, comme le soleil venait de se lever.

3 Et elles disaient entre elles : Qui nous ôtera la pierre qui ferme l’entrée du sépulcre ?

4 Et ayant regardé, elles virent que la pierre avait été ôtée ; or, elle était fort grande.

5 Puis, étant entrées dans le sépulcre, elles virent un jeune homme assis du côté droit, vêtu d’une robe blanche ; et elles en furent épouvantées.

6 Mais il leur dit : Ne vous effrayez point ; vous cherchez Jésus de Nazareth qui a été crucifié ; il est ressuscité, il n’est plus ici ; voici le lieu où on l’avait mis.

7 Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre qu’il s’en va devant vous en Galilée ; vous le verrez là, comme il vous l’a dit.

8 Elles sortirent aussitôt du sépulcre, et elles s’enfuirent ; car elles étaient saisies de crainte et d’étonnement. Et elles n’en dirent rien à personne, tant elles étaient effrayées.

9 Or, Jésus, étant ressuscité le matin, le premier jour de la semaine, apparut premièrement à Marie-Magdelaine, de laquelle il avait chassé sept démons.

10 Et elle s’en alla, et l’annonça à ceux qui avaient été avec lui, et qui étaient dans le deuil et dans les larmes.

11 Mais eux, lui ayant ouï dire qu’il était vivant, et qu’elle l’avait vu, ne le crurent point.

12 Après cela il se montra sous une autre forme à deux d’entre eux qui étaient en chemin pour aller à la campagne.

13 Et ceux-ci s’en allèrent le dire aux autres disciples ; mais ils ne les crurent pas non plus.

14 Enfin il se montra aux onze apôtres, comme ils étaient à table, et il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

15 Et il leur dit : Allez-vous-en par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature humaine.

16 Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé ; mais celui qui ne croira point sera condamné.

17 Et voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru : Ils chasseront les démons en mon nom ; ils parleront de nouvelles langues ;

18 ils chasseront les serpents ; quand ils auront bu quelque breuvage mortel, il ne leur fera point de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et ils seront guéris.

19 Le Seigneur Jésus, après leur avoir ainsi parlé, fut élevé au ciel, et il s’assit à la droite de Dieu.

20 Et eux, étant partis, prêchèrent partout ; le Seigneur opérant avec eux, et confirmant la parole par les miracles qui l’accompagnaient. 

REFLEXIONS

Ce qui est contenu dans ce chapitre établit premièrement la vérité et la certitude de la résurrection de Jésus-Christ, puisqu’elle a été confirmée par l’apparition et par le témoignage des anges et que notre Seigneur fut vu par les femmes qui étaient allées à son sépulcre et ensuite par les apôtres à diverses fois.

Nous devons considérer aussi combien cette résurrection fut glorieuse, Dieu ayant envoyé des anges pour annoncer aux hommes qu’il était ressuscité. Ce merveilleux événement prouve donc que Jésus est le fils de Dieu et nous assure qu’il nous a parfaitement réconcilié à Dieu par son sacrifice et qu’il a vaincu la mort et le sépulcre. Cette résurrection est aussi un gage certain de la nôtre, ce qui doit nous remplir de consolation et de confiance et nous exciter puissamment à la piété.

Les ordres que Jésus-Christ donna aux apôtres d’aller prêcher et baptiser par tout le monde et le pouvoir dont il les revêtit de faire toutes sortes de miracles montrent qu’il parlait comme le roi de l’Église et le Maître de toutes choses. Et l’événement ayant répondu à ce qu’il avait dit, cela prouve d’une manière incontestable qu’il a été élevé à une souveraine puissance et que l’Évangile est une doctrine céleste et divine.

Nous devons remarquer de plus que Jésus-Christ parle ici du baptême en des termes qui font voir que cette cérémonie est une institution divine, mais en même temps il déclare que le baptême ne peut sauver que lorsqu’il est accompagné d’une vraie foi.

Enfin l’ascension de Jésus-Christ nous engage à le regarder comme celui qui a un pouvoir souverain sur tout le monde et qui doit être notre juge. Et puisqu’il est aussi allé au Ciel pour nous y préparer place, nous devons par la piété et par les bonnes œuvres aspirer et tendre à ce glorieux séjour, où notre Rédempteur est entré et où il est assis à la droite de Dieu.

  

BROCHURE D'EVANGELISATION

COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?

Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.

Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).

L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.

Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.

Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.

Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.  

Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père, qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.

Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.  

Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).

Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.

Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui. 

Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).

Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?

Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.

Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.

Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).

L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la  perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes. 

Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)

Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;

Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent. 

Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)

Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !

 Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)

Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.

 Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)

 Amen !

LE SAINT EVANGILE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST SELON S. LUC

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Nouveau Testament
  • Evangile de St. Luc

ARGUMENT 

Cet Évangile a été écrit environ vingt ans après l’ascension de Jésus-Christ, par Saint Luc qui fut disciple et compagnon de Saint Paul et qui le suivit dans ses voyages. 

Chapitres   : Chapitre I.  Chapitre II.  Chapitre III.   Chapitre IV. Chapitre V.  Chapitre VI.  Chapitre VII.   Chapitre VIII. Chapitre IX.  Chapitre X.  Chapitre XI.  Chapitre XII.   Chapitre XIII.  Chapitre XIV.  Chapitre XV.   Chapitre XVI.  Chapitre XVII.  Chapitre XVIII.   Chapitre XIX. Chapitre XX.  Chapitre XXI. Chapitre XXII. Chapitre XXIII. Chapitre XXIV.  Livres du Nouveau Testament.

CHAPITRE I VERSET 1 A 38.

Un ange annonce à Zacharie la naissance de Jean-Baptiste, et six mois après, le même, annonce à la Sainte Vierge celle de notre Seigneur. 

1 Plusieurs ayant entrepris d’écrire l’histoire des choses dont la vérité a été connue parmi nous avec une entière certitude ;

2 Selon que nous les ont apprises ceux qui les ont vues eux-mêmes dès le commencement, et qui ont été les ministres de la Parole ;

3 J’ai cru aussi, très excellent Théophile, que je devais te les écrire par ordre, après m’en être exactement informé dès leur origine ;

4 Afin que tu reconnaisses la certitude des choses dont tu as été instruit.

5 Au temps d’Hérode, roi de Judée, il y avait un sacrificateur nommé Zacharie, du rang d’Abia ; sa femme était de la race d’Aaron, et elle s’appelait Elisabeth.

6 Ils étaient tous deux justes devant Dieu, et ils suivaient tous les commandements et toutes les ordonnances du Seigneur, d’une manière irrépréhensible.

7 Ils n’avaient point d’enfants, parce qu’Elisabeth était stérile, et qu’ils étaient tous deux avancés en âge.

8 Or, il arriva que Zacharie faisant les fonctions de sacrificateur devant Dieu, dans le rang de sa famille,

9 il lui échut par sort, selon la coutume établie parmi les sacrificateurs, d’entrer dans le temple du Seigneur, pour y offrir les parfums.

10 Et toute la multitude du peuple était dehors en prières, à l’heure qu’on offrait les parfums.

11 Alors un ange du Seigneur lui apparut, se tenant debout au côté droit de l’autel des parfums.

12 Et Zacharie, le voyant, en fut troublé, et la frayeur le saisit.

13 Mais l’ange lui dit : Zacharie, ne crains point, car ta prière est exaucée, et Elisabeth ta femme t’enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean.

14 Il sera pour toi un sujet de joie et de ravissement, et plusieurs se réjouiront de sa naissance.

15 Car il sera grand devant le Seigneur ; il ne boira ni vin ni cervoise, et il sera rempli du Saint-Esprit dès le ventre de sa mère.

16 Il convertira plusieurs des enfants d’Israël au Seigneur leur Dieu ;

17 Et il marchera devant lui dans l’esprit et dans la vertu d’Elie, pour tourner les cœurs des pères vers les enfants, et les rebelles à la sagesse des justes, afin de préparer au Seigneur un peuple bien disposé.

18 Et Zacharie dit à l’ange : À quoi connaîtrai-je cela ? Car je suis vieux, et ma femme est avancée en âge.

19 Et l’ange lui répondit : Je suis Gabriel qui assiste devant Dieu ; et j’ai été envoyé pour te parler et t’annoncer ces bonnes nouvelles.

20 Et voici, tu vas devenir muet, et tu ne pourras parler jusqu’au jour que ces choses arriveront, parce que tu n’as pas cru à mes paroles qui s’accompliront en leur temps.

21 Cependant, le peuple attendait Zacharie, et s’étonnait de ce qu’il tardait si longtemps dans le temple.

22 Et quand il fut sorti, il ne pouvait leur parler, et ils connurent qu’il avait eu quelque vision dans le temple, parce qu’il le leur faisait entendre par des signes, et il demeura muet.

23 Et lorsque les jours de son ministère furent achevés, il s’en alla en sa maison.

24 Quelque temps après, Elisabeth sa femme conçut ; et elle se cacha durant cinq mois, et disait :

25 C’est là ce que le Seigneur a fait en ma faveur, lorsqu’il a jeté les yeux sur moi, pour ôter l’opprobre où j’étais parmi les hommes.

26 Or, au sixième mois, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée, appelée Nazareth,

27 A une vierge fiancée à un homme nommé Joseph, de la maison de David ; et cette vierge s’appelait Marie.

28 Et l’ange, étant entré dans le lieu où elle était, lui dit : Je te salue, toi qui es reçue en grâce ; le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes.

29 Et ayant vu l’ange, elle fut troublée de son discours, et elle pensait en elle-même ce que pouvait être cette salutation.

30 Alors l’ange lui dit : Marie, ne crains point, car tu as trouvé grâce devant Dieu.

31 Et tu concevras et tu enfanteras un fils, à qui tu donneras le nom de JESUS.

32 Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père.

33 Il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et il n’y aura point de fin à son règne.

34 Alors Marie dit à l’ange : Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d’homme ?

35 Et l’ange lui répondit : Le Saint-Esprit surviendra en toi, et la vertu du Très-Haut te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé le Fils de Dieu.

36 Et voilà, Elisabeth ta cousine a aussi conçu un fils en sa vieillesse ; et c’est ici le sixième mois de la grossesse de celle qui était appelée stérile.

37 Car rien n'est impossible à Dieu.

38 Et Marie dit : Voici la servante du Seigneur ; qu’il m’arrive selon que tu m’as dit. Alors l’ange se retira d’avec elle. 

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à observer sur la première partie de la lecture regarde la naissance de Jean-Baptiste et son ministère.

Sur sa naissance, il est à remarquer qu’elle eut quelque chose d’extraordinaire et de surnaturel. Il naquit d’un père avancé en âge et d’une mère âgée et stérile. Dieu fit annoncer cette naissance par un ange et Zacharie qui ne pouvait la croire en fut assuré par un miracle que Dieu fit en le rendant muet. Tout cela tendait à faire voir que Jean-Baptiste serait un homme extraordinaire et envoyé de Dieu. Cette naissance était aussi une image et un prélude de celle de Jésus-Christ qui devait être encore plus miraculeuse, puisqu’il devait naître d’une vierge.

Pour ce qui est du ministère de Jean-Baptiste, il faut bien considérer ce que l’ange dit à Zacharie pour l’instruire de ce que son fils devait être un jour. Il lui annonça que son fils serait rempli du Saint-Esprit, qu’il irait devant le Seigneur, que comme un autre Élie, il ramènerait les hommes à Dieu et à la vie des justes, par l’austérité de sa vie, par son autorité, par son grand zèle et par la force de ses exhortations et qu’il les préparerait ainsi à recevoir le Messie dont il était le précurseur.

Recueillons de là cette instruction importante que le dessein de Dieu, en envoyant Jean-Baptiste et ensuite Jésus-Christ, a été de convertir les hommes, de les retirer de leurs péchés et d’en faire un peuple saint et adonné aux bonnes œuvres.

Dans ce que l’ange dit à la bienheureuse vierge lorsqu’il lui annonça qu’elle serait la mère de Jésus-Christ, nous avons principalement à remarquer ces deux choses.

L’une que le corps de notre Seigneur fut formé de la substance de la vierge par la vertu du Saint-Esprit et l’autre que ce Jésus qui devait naître de Marie serait le fils de Dieu, qu’on le verrait élevé à une très grande gloire et qu’il régnerait éternellement.

Ces paroles de l’ange nous enseignent donc que la naissance de Jésus-Christ a été miraculeuse et toute sainte, qu’il a véritablement pris notre nature, qu’il a été un homme semblable à nous, mais parfaitement saint et séparé des pécheurs.

Il est à remarquer enfin que la Sainte vierge eut d’abord de la peine à croire ce que l’ange vint lui annoncer, mais qu’après l’avoir entendu, elle ne douta pas que ce que Dieu lui avait dit n’arrivât. C’était là une preuve de sa foi et de sa piété et c’est ainsi que nous devons ajouter foi aux promesses que Dieu nous fait dans sa parole, étant pleinement persuadés qu’il ne manquera jamais de puissance et de moyens pour les accomplir, quelque difficulté que nous voyions dans leur exécution. 

CHAPITRE I VERSET 39 A 80.

Saint Luc rapporte :

I. La visite que la Sainte vierge fît à Élisabeth, et le cantique qu’elle prononça dans cette occasion.

II. La naissance de Jean-Baptiste et le cantique de Zacharie son père.

 39 Alors Marie se leva, et s’en alla en diligence au pays des montagnes, dans une ville de la tribu de Juda.

40 Et étant entrée dans la maison de Zacharie, elle salua Elisabeth.

41 Et aussitôt qu’Elisabeth eut entendu la salutation de Marie, le petit enfant tressaillit dans son sein, et Elisabeth fut remplie du Saint-Esprit.

42 Et élevant sa voix, elle s’écria : Tu es bénie entre les femmes, et le fruit que tu portes est béni.

43 Et d’où me vient ceci, que la mère de mon Seigneur vienne me visiter ?

44 Car la voix de ta salutation n’a pas plutôt frappé mes oreilles, que le petit enfant a tressailli de joie dans mon sein.

45 Et heureuse est celle qui a cru ; car les choses qui lui ont été dites de la part du Seigneur auront leur accomplissement.

46 Alors Marie dit : Mon âme magnifié le Seigneur ;

47 et mon esprit se réjouit en Dieu, qui est mon Sauveur ;

48 parce qu’il a regardé la bassesse de sa servante. Et voici que désormais tous les âges m’appelleront bienheureuse.

49 Car le Tout-Puissant m’a fait de grandes choses ; son nom est saint ;

50 et sa miséricorde est d’âge en âge sur ceux qui le craignent.

51 Il a déployé avec puissance la force de son bras ; il a dissipé les desseins que les orgueilleux formaient dans leur cœur ;

52 il a détrôné les puissants, il a élevé les petits ;

53 il a rempli de biens ceux qui avaient faim, et il a renvoyé les riches à vide ;

54 se souvenant de sa miséricorde, il a pris en sa protection Israël son serviteur ;

55 comme il en avait parlé à nos pères ; à Abraham et à sa postérité pour toujours.

56 Et Marie demeura avec elle environ trois mois ; puis elle s’en retourna en sa maison.

57 Cependant le terme d’Elisabeth étant venu, elle enfanta un fils.

58 Et ses voisins et ses parents, ayant appris que le Seigneur avait fait éclater sa miséricorde en sa faveur, s’en réjouissaient avec elle.

59 Et étant venus le huitième jour pour circoncire le petit enfant, ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père.

60 Mais sa mère prit la parole et dit : Non, mais il sera nommé Jean.

61 Ils lui dirent : Il n’y a personne dans ta parenté qui soit appelé de ce nom.

62 Alors ils firent signe à son père de marquer comment il voulait qu’il fût nommé.

63 Et Zacharie ayant demandé des tablettes, il écrivit : Jean est son nom ; et ils en furent tous surpris.

64 A l’instant sa bouche s’ouvrit, sa langue fut déliée, et il parlait en bénissant Dieu.

65 Et tous leurs voisins furent remplis de crainte, et toutes ces choses se divulguèrent par tout le pays des montagnes de Judée.

66 Et tous ceux qui les entendirent, les conservèrent dans leur cœur, et disaient : Que sera-ce de ce petit enfant ? Et la main du Seigneur était avec lui.

67 Alors Zacharie son père fut rempli du Saint-Esprit, et il prophétisa et dit :

68 Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, de ce qu’il a visité et racheté son peuple.

69 Et de ce qu’il nous a suscité un puissant Sauveur, dans la maison de David son serviteur ;

70 Comme il en avait parlé par la bouche de ses saints prophètes, qui ont été depuis longtemps ;

71 que nous serions délivrés de nos ennemis, et de la main de tous ceux qui nous haïssent ;

72 pour exercer sa miséricorde envers nos pères, et se souvenir de sa sainte alliance ;

73 selon le serment qu’il avait fait à Abraham notre père,

74 de nous accorder, qu’après avoir été délivrés de la main de nos ennemis, nous le servirions sans crainte,

75 dans la sainteté et dans la justice, en sa présence, tous les jours de notre vie.

76 Et toi, petit enfant, tu seras appelé le prophète du Souverain ; car tu marcheras devant la face du Seigneur, pour lui préparer ses voies,

77 et pour donner la connaissance du salut à son peuple, par la rémission de leurs péchés,

78 par les entrailles de la miséricorde de notre Dieu, par lesquelles le soleil levant nous a visités d’en haut ;

79 pour éclairer ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort, et pour conduire nos pas dans le chemin de la paix.

80 Et le petit enfant croissait et se fortifiait en esprit ; et il demeura dans les déserts jusqu’au jour qu’il devait être manifesté à Israël. 

REFLEXIONS

Il faut considérer sur cette lecture :

I. Que la Sainte vierge ayant été avertie par l’ange Gabriel qu’Elizabeth sa cousine était aussi enceinte par un miracle, elle alla incontinent la voir et qu’elle fut de plus en plus confirmée par ce moyen dans la croyance où elle était que le Messie naîtrait d’elle selon que Dieu lui avait fait dire.

Mais ce qui doit principalement être remarqué, c’est le cantique que Marie prononça alors. On voit dans ce cantique la reconnaissance et la joie dont elle était transportée, dans le sentiment de la grâce que Dieu lui avait faite de la choisir pour être la mère du Messie. On y découvre sa profonde humilité et en même temps sa foi et la ferme persuasion qu’elle avait que Dieu allait racheter son peuple et accomplir les promesses qu’il avait faites d’envoyer le Rédempteur.

Ceci nous engage à honorer la mémoire de la Sainte vierge et à célébrer son bonheur selon ce qu’elle le dit elle-même, à imiter sa piété, sa foi et ses autres vertus, à nous abaisser comme elle devant Dieu dans le sentiment de ses grâces et de notre indignité et surtout à louer Dieu de ce qu’il a envoyé au monde Jésus-Christ son fils notre sauveur selon les promesses qu’il en avait faites autrefois par les prophètes.

Pour ce qui est de la naissance de Jean-Baptiste, elle fut accompagnée de diverses circonstances très remarquables. Zacharie son père recouvra alors la parole par un miracle et le bruit de cette naissance se répandit de tous côtés, en sorte que chacun attendait avec impatience ce que serait un jour cet enfant.

Tous ces événements furent dispensés par la providence afin de préparer les Juifs à regarder Jean-Baptiste comme un homme envoyé de Dieu, à recevoir sa prédication et à croire au témoignage qu’il devait rendre à Jésus-Christ.

Enfin, dans le cantique que Zacharie prononça par l’inspiration du Saint-Esprit, on doit remarquer ces trois choses :

I. Sa joie, sa reconnaissance et les actions de grâce qu’il rendit à Dieu de ce que ce temps était venu auquel il délivrerait son peuple.

II. Zacharie fait voir ici une foi admirable. Quoi que le Messie ne fût pas encore né, il est pourtant fermement persuadé qu’il allait être manifesté et que le fils qui venait de lui naître serait son précurseur.

III. Enfin, Zacharie marque dans ce cantique le but de la venue de Jésus-Christ par ces mots : Après avoir été délivrés de nos ennemis, nous servirons Dieu sans crainte dans la sainteté et dans la justice tous les jours de notre vie.

Nous devons comme Zacharie, et même beaucoup plus que lui, bénir Dieu de ce qu’il nous a sauvé par Jésus-Christ et célébrer sa miséricorde aussi bien que sa fidélité et la vérité de ses promesses.

Et puisque notre Seigneur est venu pour nous consacrer au service de Dieu, il est de notre devoir de répondre au dessein de sa venue en servant Dieu fidèlement et en vivant dans la sainteté et dans la justice pendant tout le temps de notre vie.

 CHAPITRE II VERSETS 1 A 20

C’est ici l’histoire de la naissance de Jésus-Christ. 

1 En ce temps-là on publia un édit de la part de César Auguste, pour faire un dénombrement des habitants de toute la terre.

2 Ce dénombrement se fit avant que Quirinus fût gouverneur de Syrie.

3 Ainsi tous allaient pour être enregistrés, chacun dans sa ville.

4 Joseph aussi monta de Galilée en Judée, savoir, de la ville de Nazareth à la ville de David, nommée Bethléhem, parce qu’il était de la maison et de la famille de David ;

5 Pour être enregistré avec Marie son épouse, qui était enceinte.

6 Et pendant qu’ils étaient-là, le temps auquel elle devait accoucher arriva.

7 Et elle mit au monde son fils premier-né, et elle l’emmaillotta, et le coucha dans une crèche, parce qu’il n’y avait point de place pour eux dans l’hôtellerie.

8 Or, il y avait dans la même contrée des bergers qui couchaient aux champs, et qui y gardaient leurs troupeaux pendant les veilles de la nuit.

9 Et tout à coup un ange du Seigneur se présenta à eux, et la gloire du Seigneur resplendit autour d’eux, et ils furent saisis d’une grande peur.

10 Alors l’ange leur dit : N’ayez point de peur ; car je vous annonce une grande joie, qui sera pour tout le peuple :

11 C’est qu'aujourd’hui, dans la ville de David, le Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur, vous est né.

12 Et vous le reconnaîtrez à ceci, c’est que vous trouverez le petit enfant emmaillotté et couché dans une crèche.

13 Et au même instant il y eut avec l’ange une multitude de l’armée céleste, louant Dieu et disant :

14 Gloire soit à Dieu, au plus haut des cieux ; paix sur la terre, bonne volonté envers les hommes !

15 Et après que les anges se furent retirés d’avec eux dans le ciel, les bergers se dirent les uns aux autres : Allons jusqu’à Bethléhem, et voyons ce qui y est arrivé, et que le Seigneur nous a fait connaître.

16 Ils y allèrent donc en diligence, et ils trouvèrent Marie, et Joseph, et le petit enfant, qui était couché dans la crèche.

17 Et l’ayant vu, ils publièrent ce qui leur avait été dit touchant ce petit enfant.

18 Et tous ceux qui les entendirent, étaient dans l’admiration de ce que les bergers leur disaient.

19 Et Marie conservait toutes ces choses, et les repassait dans son cœur.

20 Et les bergers s’en retournèrent, glorifiant et louant Dieu de tout ce qu’ils avaient entendu et vu, conformément à ce qui leur avait été dit. 

REFLEXIONS

La première considération qu’il faut faire sur l’histoire de la naissance de notre Seigneur c’est que, le Messie devant naître à Bethléem suivant les prophéties, la providence y conduisit la Sainte vierge, de la Galilée où elle demeurait dans le temps qu’elle était prête à accoucher et cela par le moyen d’un édit de l’empereur auguste qui avait ordonné qu’on fit un dénombrement de tous ses sujets et que chacun se rendit pour cet effet dans la ville d’où il était originaire.

II. La seconde réflexion est que notre Seigneur naquît dans la bassesse et dans un état de pauvreté, étant né dans une écurie et ayant été couché dans une crèche. Dieu voulait faire connaître par-là, à l’avance, que Jésus-Christ ne vivrait et ne règnerait pas dans la gloire et la pompe, que son règne serait tout spirituel et que l’humilité et la pauvreté seraient son caractère.

III. Ce fut pour les mêmes raisons que cette naissance fut premièrement annoncée à des bergers qui étaient des gens simples et d’une condition obscure et non à des personnes riches et distinguées dans le monde.

En tout cela, les chrétiens ont de grandes leçons d’humilité. Il faut cependant remarquer que la naissance de Jésus fut rendue illustre par l’apparition des anges et par le cantique qu’ils firent entendre dans les airs.

Enfin, Dieu voulut que les bergers allassent à Bethléem pour voir l’enfant Jésus et pour informer la Sainte vierge de tout ce qu’ils avaient vu et entendu de merveilleux et qu’ensuite ils le publiassent partout afin que cela servit à exciter l’attente des Juifs et à les disposer à recevoir Jésus-Christ.

Toutes ces circonstances de la nativité de notre Seigneur doivent fortifier notre foi et nous remplir de consolation et de joie. Nous devons surtout joindre nos louanges à celles des bergers et des anges et bénir Dieu avec eux de ce que le Sauveur nous est né et de ce que par ce moyen la paix a été donnée à la terre et que la bonne volonté de Dieu envers les hommes a été si clairement manifestée.

 CHAPITRE II VERSETS 21 A 52

Saint Luc rapporte la circoncision de Jésus-Christ, sa présentation au temple et les actions de grâces que Siméon et Anne la prophétesse rendirent alors à Dieu.

Il récite ensuite comment Jésus-Christ, âgé de douze ans, fut trouvé dans le temple au milieu des docteurs. 

21 Quand les huit jours furent accomplis pour circoncire l’enfant, il fut appelé JESUS, qui est le nom qui lui avait été donné par l'ange, avant qu’il fût conçu dans le sein de sa mère.

22 Et les jours qu’elle devait se purifier, selon la loi de Moïse, étant accomplis, ils portèrent l’enfant à Jérusalem, pour le présenter au Seigneur,

23 (selon qu’il est écrit dans la loi : Que tout mâle premier-né sera consacré au Seigneur)

24 et pour offrir le sacrifice prescrit aussi dans la loi, savoir, une paire de tourterelles, ou deux pigeonneaux.

25 Il y avait à Jérusalem un homme qui s’appelait Siméon ; cet homme était juste et craignant Dieu ; il attendait la consolation d’Israël ; et le Saint-Esprit était sur lui.

26 Et il avait été averti divinement par le Saint-Esprit qu’il ne mourrait point, qu’auparavant il n’eût vu le Christ du Seigneur.

27 Il vint au temple par un mouvement de l’Esprit ; et comme le père et la mère apportaient le petit enfant Jésus, pour faire à son égard ce qui était en usage selon la loi,

28 il le prit entre ses bras, et bénit Dieu, et dit :

29 Seigneur, tu laisses maintenant aller ton serviteur en paix, selon ta parole ;

30 car mes yeux ont vu ton salut,

31 que tu as préparé pour être présenté à tous les peuples,

32 pour être la lumière qui doit éclairer les nations, et la gloire de ton peuple d’Israël.

33 Et Joseph et sa mère étaient dans l’admiration des choses qu’on disait de lui.

34 Et Siméon les bénit, et dit à Marie sa mère : Voici, cet enfant est mis pour être une occasion de chute et de relèvement à plusieurs en Israël, et pour être en butte à la contradiction ;

35 En sorte que les pensées du cœur de plusieurs seront découvertes ; et même une épée te transpercera l’âme.

36 Il y avait aussi Anne la prophétesse, fille de Phanuel, de la tribu d’Ascer ; elle était fort avancée en âge, et elle avait vécu avec son mari sept ans, depuis qu’elle l’avait épousé étant vierge.

37 Elle était veuve, âgée d’environ quatre-vingt-quatre ans, et elle ne sortait point du temple, servant Dieu nuit et jour en jeûnes et en prières.

38 Etant donc survenue en ce même instant, elle louait aussi le Seigneur, et elle parlait de Jésus à tous ceux de Jérusalem qui attendaient la délivrance d’Israël.

39 Et après qu’ils eurent accompli tout ce qui est ordonné par la loi du Seigneur, ils retournèrent en Galilée, à Nazareth, qui était leur ville.

40 Cependant l’enfant croissait et se fortifiait en esprit, étant rempli de sagesse ; et la grâce de Dieu était sur lui.

41 Or, son père et sa mère allaient tous les ans à Jérusalem, à la fête de Pâque.

42 Et quand il eut atteint l’âge de douze ans, ils montèrent à Jérusalem, selon la coutume de la fête.

43 Lorsque les jours de la fête furent achevés, comme ils s’en retournaient, l’enfant Jésus demeura dans Jérusalem ; et Joseph et sa mère ne s’en aperçurent point.

44 Mais pensant qu’il était en la compagnie de ceux qui faisaient le voyage avec eux, ils marchèrent une journée, et ils le cherchèrent parmi leurs parents, et ceux de leur connaissance ;

45 Et ne le trouvant point, ils retournèrent à Jérusalem pour l’y chercher.

46 Et au bout de trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et leur faisant des questions.

47 Et tous ceux qui l’entendaient étaient ravis de sa sagesse et de ses réponses.

48 Quand Joseph et Marie le virent, ils furent étonnés, et sa mère lui dit : Mon enfant, pourquoi as-tu ainsi agi avec nous ? Voilà ton père et moi qui te cherchions, étant fort en peine.

49 Et il leur dit : Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être occupé aux affaires de mon Père ?

50 Mais ils ne comprirent point ce qu’il leur disait.

51 Il s’en alla ensuite avec eux, et vint à Nazareth, et il leur était soumis. Et sa mère conservait toutes ces choses dans son cœur.

52 Et Jésus croissait en sagesse, en stature et en grâce, devant Dieu et devant les hommes. 

REFLEXIONS

Il faut remarquer en premier lieu ce qui est dit ici de la circoncision de Jésus-Christ, de sa présentation au temple, de la purification de la vierge et de l’offrande qu’elle fit selon la coutume. Dieu voulut que toutes ces choses fussent observées après que notre Seigneur fut né, parce qu’elles étaient prescrites par la Loi et afin qu’il n’y eût rien en lui d’où les Juifs pussent prendre avec raison occasion de le rejeter.

II. La grande joie que Siméon et Anne la prophétesse témoignèrent alors et les louanges qu’ils rendirent publiquement à Dieu sont une preuve de leur foi et de leur zèle. Surtout cela marque que la naissance de Jésus-Christ est l’événement le plus heureux et le plus salutaire qui soit jamais arrivé et qu’ainsi elle doit faire à jamais la matière de notre joie et de nos actions de grâce, d’autant plus que ce que Siméon avait dit dans son cantique a été accompli et que nous sommes de ces gentils dont le Messie devait être le salut et la lumière.

III. Ce que Siméon dit à la Sainte vierge de la gloire de son fils aussi bien que des contradictions et des souffrances auxquelles il serait exposé tendait à lui faire connaître que le règne de Jésus ne serait pas un règne temporel et à la préparer à le voir rejeté par les Juifs et mis à mort. Pour nous, nous devons apprendre de là que Jésus-Christ devait être reçu par les uns et rejeté par les autres et que si sa venue est salutaire à ceux qui le reçoivent avec foi, elle est une occasion de scandale et de ruine pour les incrédules.

IV. Ce qui arriva à Jésus-Christ à l’âge de douze ans lorsqu’il fut trouvé au temple au milieu des docteurs est la seule circonstance qui soit venue à notre connaissance de l’histoire de sa vie depuis sa naissance et son retour d’Égypte jusqu’au commencement de son ministère. Cette particularité a été conservée parce qu’elle montre qu’on voyait en lui dès sa première jeunesse des lumières, une sagesse et un zèle extraordinaire qui faisaient voir qu’il serait un jour revêtu de l’esprit de Dieu dans une mesure riche et abondante. Et par là Dieu voulait commencer à le faire connaître aux Juifs et les disposer à profiter de son ministère lorsqu’il l’exercerait au milieu d’eux. 

CHAPITRE III.

Ce chapitre comprend trois choses :

La prédication de Jean-Baptiste. Le baptême de Jésus-Christ et sa généalogie. 

1 La quinzième année de l’empire de Tibère César, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant tétrarque de la Galilée, Philippe son frère, tétrarque de l’Iturée et de la province de la Trachonite, et Lysanias, tétrarque d’Abilène,

2 Anne et Caïphe étant souverains sacrificateurs, la parole de Dieu fut adressée à Jean, fils de Zacharie, dans le désert.

3 Et il vint dans tout le pays qui est aux environs du Jourdain, prêchant le baptême de repentance, pour la rémission des péchés ;

4 selon qu’il est écrit au livre des paroles du prophète Esaïe : La voix de celui qui crie dans le désert, est : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers.

5 Toute vallée sera comblée, et toute montagne et toute colline sera abaissée, les chemins tortus seront redressés, et les chemins raboteux seront aplanis ;

6 Et toute chair verra le salut de Dieu.

7 Il disait donc au peuple qui venait pour être baptisé par lui : Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir ?

8 Faites donc des fruits convenables à la repentance ; et ne dites point en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car je vous dis que Dieu peut faire naître de ces pierres mêmes des enfants à Abraham.

9 Or, la cognée est déjà mise à la racine des arbres. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu.

10 Alors le peuple lui demanda : Que ferons-nous donc ?

11 Il leur répondit : Que celui qui a deux habits en donne à celui qui n’en a point ; et que celui qui a de quoi manger en fasse de même.

12 Il vint aussi des péagers pour être baptisés ; et ils lui dirent : Maître, que ferons-nous ?

13 Et il leur dit : N’exigez rien au-delà de ce qui vous a été ordonné.

14 Les gens de guerre lui demandèrent aussi : Et nous, que ferons-nous ? Il leur dit : N’usez point de violence ni de tromperie envers personne, mais contentez-vous de votre paie.

15 Et comme le peuple était dans l’attente, et que tous pensaient en eux-mêmes si Jean ne serait point le Christ ;

16 Jean prit la parole et leur dit à tous : Pour moi, je vous baptise d’eau ; mais il en vient un autre qui est plus puissant que moi ; et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers ; c’est lui qui vous baptisera du Saint-Esprit et de feu.

17 Il a son van dans ses mains, il nettoiera parfaitement son aire, et il amassera le froment dans son grenier ; mais il brûlera entièrement la balle, au feu qui ne s’éteint point.

18 Il adressait encore plusieurs autres exhortations au peuple, en lui annonçant l’Evangile.

19 Mais Hérode le tétrarque, ayant été repris par Jean, au sujet d’Hérodias, femme de Philippe son frère, et de toutes les méchantes actions qu’il avait faites,

20 ajouta encore à toutes les autres celle de faire mourir Jean en prison.

21 Or, comme tout le peuple se faisait baptiser, Jésus fut aussi baptisé ; et pendant qu’il priait, le ciel s’ouvrit,

22 Et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe ; et il vint une voix du ciel, qui dit : Tu es mon fils bien-aimé, en qui j’ai mis toute mon affection.

23 Et Jésus était alors âgé d’environ trente ans, et il était, comme on le croyait, fils de Joseph, fils d’Héli,

24 fils de Matthat, fils de Lévi, fils de Melchi, fils de Janna, fils de Joseph,

25 fils de Matthathie, fils d’Amos, fils de Nahum, fils d’Héli, fils de Naggé,

26 fils de Maath, fils de Matthathie, fils de Semeï, fils de Joseph, fils de Juda,

27 fils de Johanna, fils de Rhésa, fils de Zorobabel, fils de Salathiel, fils de Néri,

28 fils de Melchi, fils d’Addi, fils de Cosam, fils d’Elmodam, fils de Her,

29 fils de José, fils d’Eliézer, fils de Jorim, fils de Matthat, fils de Lévi,

30 fils de Siméon, fils de Juda fils de Joseph, fils de Jonan, fils d’Eliakim,

31 fils de Melca, fils de Maïnan, fils de Matthata, fils de Nathan, fils de David,

32 fils de Jessé, fils d’Obed, fils de Booz, fils de Salmon, fils de Naasson,

33 fils d’Aminadab, fils d’Aram, fils d’Esrom, fils de Pharez, fils de Juda,

34 fils de Jacob, fils d’Isaac, fils d’Abraham, fils de Tharé, fils de Nachor,

35 fils de Sarug, fils de Ragaü, fils de Phaleg, fils de Héber, fils de Sala,

36 fils de Caïnan, fils d’Arphaxad, fils de Sem, fils de Noé, fils de Lamech,

37 fils de Mathusala, fils d’Hénoch, fils de Jared, fils de Malaléel, fils de Caïnan,

38 fils d’Enos, fils de Seth, fils d’Adam, qui fut créé de Dieu.

 REFLEXIONS

Saint Luc nous apprend ici premièrement qu’avant que notre Seigneur parût, Jean-Baptiste fut envoyé, selon que les prophètes l’avaient prédit, pour préparer les Juifs à le recevoir. C’est ce qu’il fit en prêchant la repentance, en exhortant le peuple à croire en celui qui viendrait dans peu de temps après lui, en baptisant ceux qui recevaient sa doctrine et en dénonçant aux Juifs incrédules et impénitents que, quoiqu’ils fussent des enfants d’Abraham, ils n’éviteraient pas la colère à venir et que des pierres même Dieu susciterait d’autres enfants à Abraham, ce qui signifiait que les païens seraient appelés à leur place.

Tout cela tendait à faire comprendre aux Juifs que le règne du Messie allait être manifesté, mais que ce serait un règne tout spirituel et du Ciel et non un règne de la terre, comme ils l’avaient cru et que personne n’aurait part aux avantages de ce règne que ceux qui s’adonneraient à la sainteté et à la vertu.

Ces instructions nous regardent aussi bien que les Juifs, elles font voir que, sans l’amendement, on ne saurait être disciple de Jésus-Christ et qu’il ne reçoit dans son Église et dans son royaume que ceux qui font des fruits convenables à la repentance.

Jean-Baptiste déclare, outre cela, qu’il ne sert de rien d’appartenir à l’alliance de Dieu et de marquer même au dehors quelque zèle, mais qu’il faut montrer par les effets et par les œuvres la sincérité de sa foi et que les impénitents, non plus que les hypocrites n’échapperont pas à la vengeance divine.

L’exemple de ceux qui allaient écouter Jean-Baptiste et qui lui demandaient ses conseils nous instruit aussi de notre devoir. Le caractère des vrais pénitents est de confesser franchement leurs péchés, de rechercher les instructions dont ils ont besoin et de les suivre avec docilité.

Outre cela, les divers conseils que Jean-Baptiste donnait au peuple, aux péagers et aux soldats nous montrent que chacun de nous doit s’acquitter fidèlement des devoirs de sa vocation et éviter les péchés et les tentations dans lesquelles elle peut nous engager et qu’en particulier il faut exercer la charité et renoncer à l’avarice, à l’injustice, à la violence et à la tromperie.

Ce qu’il faut considérer sur le baptême de Jésus-Christ, c’est que Dieu voulut qu’il fût baptisé par Jean-Baptiste et que dans cette occasion le Saint-Esprit descendit sur lui et qu’on entendit une voix du Ciel afin que Jean-Baptiste lui-même, les Juifs et tous les hommes regardassent notre Seigneur comme le fils de Dieu et celui auquel il faut obéir.

Quant à la généalogie de Jésus-Christ que Saint Luc rapporte, il faut savoir qu’elle est différente de celle de St. Matthieu parce que St. Matthieu rapporte la généalogie de Joseph, l’époux de la Sainte vierge par Salomon, fils du roi David, au lieu que Saint Luc fait celle de la vierge par Nathan, aussi fils de David. Jésus passait pour fils de Joseph et il était tel selon la loi, mais il descendait d’Héli et il était son fils, c’est-à-dire son petit-fils par Marie sa mère qui était fille d’Héli. Mais ces deux généalogies s’accordent en ce qu’elles font descendre notre seigneur du roi David et du patriarche Abraham, ce qui est un des caractères auquel on devait reconnaître le Messie. 

CHAPITRE IV VERSET 1 A 15

Saint Luc fait ici l’histoire du jeûne et de la tentation de notre Seigneur et il rapporte de quelle manière il commença à exercer son ministère dans la Galilée. 

1 Jésus, étant plein du Saint-Esprit, revint des bords du Jourdain, et il fut conduit par l’Esprit dans le désert.

2 Et là il fut tenté par le diable pendant quarante jours, et il ne mangea rien durant ces jours-là ; mais après qu’ils furent passés, il eut faim.

3 Alors le diable lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, commande à cette pierre qu’elle devienne du pain.

4 Et Jésus lui répondit : Il est écrit que l’homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu.

5 Ensuite le diable le mena sur une haute montagne, et lui fit voir en un moment tous les royaumes du monde ;

6 Et le diable lui dit : Je te donnerai toute, la puissance de ces royaumes et leur gloire ; car elle m’a été donnée, et je la donne à qui je veux.

7 Si donc tu te prosternes devant moi, toutes ces choses seront à toi.

8 Mais Jésus lui répondit : Retire-toi de moi, Satan ; car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul.

9 Il le mena aussi à Jérusalem, et le mit sur le haut du temple, et lui dit : Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas ;

10 car il est écrit qu’il ordonnera à ses anges d’avoir soin de toi, pour te garder ;

11 et qu’ils te porteront dans leurs mains, de peur que ton pied ne heurte contre quelque pierre.

12 Mais Jésus lui répondit : Il est dit : Tu ne tenteras point le Seigneur ton Dieu.

13 Et le diable ayant achevé toute la tentation, se retira de lui pour un temps.

14 Et Jésus s’en retourna en Galilée par le mouvement de l’Esprit, et sa réputation courut dans tout le pays d’alentour.

15 Car il enseignait dans leurs synagogues, et il était honoré de tout le monde.

 REFLEXIONS

Le jeûne de Jésus-Christ fut pour lui une préparation à l’exercice de son ministère, en quoi il ressembla à Moïse qui avait jeûné quarante jours lorsque Dieu lui donna ses Lois sur le mont Sinaï. Si Jésus-Christ a voulu jeûner, lui qui n’avait pas besoin de le faire pour se mortifier, nous ne devons pas négliger une pratique aussi utile que celle-là, nous à qui l’abstinence et la mortification sont si nécessaires.

II. Il faut savoir que quand il est dit que le diable tenta Jésus-Christ, cela signifie qu’il voulut éprouver si Jésus était le fils de Dieu et Dieu permit que notre Seigneur fût ainsi tenté avant que de commencer à prêcher l’Évangile et à faire des miracles afin que le diable, étant convaincu que Jésus était véritablement le fils de Dieu, il reconnut sa puissance et que les démons obéissent aux ordres de notre Seigneur lorsque dans la suite il les chasserait de ceux qui en était possédés. Le but de cette tentation était donc de montrer que Jésus-Christ était le fils de Dieu et qu’il venait au monde pour détruire le règne du diable.

À cette condition générale il faut en ajouter deux particulières :

L’une que nous devons résister aux tentations et surtout ne nous laisser jamais tenter par la défiance du secours de Dieu ou par une présomption téméraire ou par l’amour de la gloire et des biens du monde.

L’autre considération regarde le moyen de résister aux tentations. La retraite de Jésus-Christ dans le désert, son jeûne et la manière dont il repoussa les assauts du démon nous enseignent que la retraite, le jeûne, la prière et la parole de Dieu sont les moyens les plus efficaces pour vaincre les tentations et pour rendre inutiles tous les efforts des ennemis de notre salut. 

CHAPITRE IV VERSET 16 A 44.

Notre Seigneur se trouvant à Nazareth un jour se sabbat dans la synagogue, il y lut un oracle d’Ésaïe qui marquait que Dieu enverrait le Messie et qu’il le remplirait de son Esprit pour annoncer aux hommes les bonnes nouvelles du salut et il dit que cet oracle était accompli en sa personne. Il reprocha ensuite aux habitants de cette ville-là leur incrédulité, ce qui les irrita tellement qu’ils voulurent le précipiter du haut d’une montagne, mais il échappa à leur fureur.

Il se rendit de là à Capernaüm où il guérit un homme possédé du démon, la belle-mère de Saint pierre, et plusieurs autres malades. Il parcourut ensuite la Galilée en faisant des miracles et en prêchant l’Évangile.

 16 Et Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé ; et il entra, selon sa coutume, le jour du sabbat, dans la synagogue, et il se leva pour lire.

17 Et on lui présenta le livre du prophète Esaïe ; et ayant ouvert le livre, il trouva l’endroit où il était écrit :

18 L’Esprit du Seigneur est sur moi, c’est pourquoi il m’a oint ; il m’a envoyé pour annoncer l’Evangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le cœur brisé ;

19 pour publier la liberté aux captifs, et le recouvrement de la vue aux aveugles ; pour renvoyer libres ceux qui sont dans l’oppression, et pour publier l’année favorable du Seigneur.

20 Et ayant replié le livre, et l’ayant rendu au ministre, il s’assit ; et les yeux de tous ceux qui étaient dans la synagogue étaient arrêtés sur lui.

21 Alors il commença à leur dire : Cette parole de l’Ecriture est accomplie aujourd’hui, et vous l’entendez.

22 Tous lui rendaient témoignage, et admiraient les paroles pleines de grâce qui sortaient de sa bouche, et ils disaient : N’est-ce pas là le fils de Joseph ?

23 Et il leur dit : Vous me direz sans doute ce proverbe : Médecin, guéris-toi toi-même ; fais aussi ici, dans ta patrie, tout ce que nous avons ouï dire que tu as fait à Capernaüm.

24 Mais je vous assure, ajouta-t-il, que nul prophète n’est reçu dans sa patrie.

25 Je vous dis en vérité, qu’il y avait plusieurs veuves en Israël au temps d’Elie, lorsque le ciel fut fermé trois ans et six mois, tellement qu’il y eut une grande famine par tout le pays.

26 Néanmoins Elie ne fut envoyé chez aucune d’elles ; mais il fut envoyé chez une femme veuve de Sarepta, dans le pays de Sidon.

27 Il y avait aussi plusieurs lépreux en Israël, au temps d’Elisée le prophète ; toutefois aucun d’eux ne fut guéri ; le seul Naaman, qui était Syrien, le fut.

28 Et tous ceux qui étaient dans la synagogue furent remplis de colère en entendant ces choses.

29 Et s’étant levés, ils le mirent hors de la ville, et le menèrent jusqu’au sommet de la montagne sur laquelle leur ville était bâtie, pour le précipiter.

30 Mais il passa par le milieu d’eux, et s’en alla.

31 Et il descendit à Capernaüm, qui était une ville de Galilée, où il les enseignait les jours de sabbat.

32 Et ils étaient étonnés de sa doctrine ; car il parlait avec autorité.

33 Or, il y avait dans la synagogue un homme possédé d’un esprit immonde, qui s’écria à haute voix :

34 Ah ! qu’y a-t-il entre nous et toi, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais qui tu es ; tu es le Saint de Dieu.

35 Et Jésus le menaçant, lui dit : Tais-toi et sors de cet homme. Et le démon, après l’avoir jeté au milieu de l’assemblée, sortit de lui sans lui faire aucun mal.

36 Et ils en furent tous épouvantés, et ils disaient entre eux : Qu’est-ce que ceci ? Il commande avec autorité et avec puissance aux esprits immondes, et ils sortent !

37 Et sa réputation se répandit dans tous les quartiers du pays d’alentour.

38 Jésus étant sorti de la synagogue, entra dans la maison de Simon ; la belle-mère de Simon avait une fièvre violente, et ils le prièrent de la guérir.

39 S’étant donc approché d’elle, il commanda à la fièvre, et la fièvre la quitta ; et incontinent elle se leva et les servit.

40 Quand le soleil fut couché, tous ceux qui avaient des malades de diverses maladies les lui amenèrent ; et il les guérit en imposant les mains à chacun d’eux.

41 Les démons sortaient aussi du corps de plusieurs, criant : Tu es le Christ, le Fils de Dieu ; mais il les censurait, et il ne leur permettait pas de dire qu’ils sussent qu’il était le Christ.

42 Et dès que le jour parut, il sortit et alla dans un lieu désert, et une multitude de gens qui le cherchaient, vinrent au lieu où il était, et ils voulaient le retenir, afin qu’il ne les quittât pas.

43 Mais il leur dit : Il faut que j’annonce aussi le règne de Dieu aux autres villes ; car c’est pour cela que j’ai été envoyé.

44 Et il prêchait dans les synagogues de la Galilée. 

REFLEXIONS

Voici quel était le sens et le but du discours que Jésus-Christ fit dans la synagogue de Nazareth.

C’était premièrement de montrer que, puisqu’il était revêtu des dons du Saint-Esprit et qu’il annonçait aux hommes l’heureuse nouvelle du salut, l’oracle d’Ésaïe qui est rapporté dans ce chapitre trouvait son accomplissement en lui.

II. Il voulait faire comprendre aux habitants de cette ville, parmi lesquels il avait été élevé, que leur incrédulité était cause qu’il ne faisait pas parmi eux les mêmes miracles qu’il avait fait ailleurs ; tout de même qu’autrefois les prophètes Élie et Elizée avaient fait des miracles en faveur des étrangers, plutôt qu’en faveur de ceux de leur nations.

Par là nous pouvons voir que ceux qui ont le plus d’occasion et de moyens de connaître la vérité sont souvent ceux qui en profitent le mois. Mais cela montre aussi que Dieu prive de sa grâce et de sa présence salutaire ceux qui s’en rendent indignes.

La résolution que les habitants de Nazareth prirent de précipiter Jésus-Christ est une nouvelle preuve de cette incrédulité qu’il leur avait reprochée et de leur ingratitude. C’est ainsi que les pécheurs s’irritent contre ceux qui leur disent la vérité et qui leur reprochent leurs vices. Cependant Jésus-Christ donna une marque de sa puissance infinie en échappant à la fureur de ces malheureux qui voulaient lui ôter la vie.

Enfin, les divers miracles dont nous avons le récit sur la fin de ce chapitre et par lesquels notre Seigneur commença à se faire connaître dans la Galilée et le soin qu’il eut de parcourir les villes de ce pays-là en annonçant l’Évangile sont des preuves sensibles de son grand zèle, de sa puissance sans borne, de la charité dont il était animé envers les hommes et de la divinité de sa doctrine. 

CHAPITRE V

Saint Luc fait le récit :

I. D’une pêche miraculeuse que notre Seigneur fit faire à Saint Pierre . II. De la guérison d’un lépreux. III. De celle d’un paralytique. IV. Il rapporte la vocation de Lévi qui était apôtre de Saint Matthieu ; et ce que Jésus répondit à ceux qui trouvaient mauvais qu’il mangeât avec les pécheurs et que ses disciples ne jeûnassent pas comme ceux de Jean-Baptiste. 

1 Comme Jésus était sur le bord du lac de Génézareth, il était pressé par la foule qui se jetait sur lui pour entendre la parole de Dieu.

2 Et ayant vu deux barques au bord du lac, dont les pêcheurs étaient descendus et lavaient leurs filets, il monta dans l’une de ces barques, qui était à Simon ;

3 Et il le pria de s’éloigner un peu du rivage ; et s’étant assis, il enseignait le peuple de dessus la barque.

4 Et quand il eut cessé de parler, il dit à Simon : Avance en pleine eau, et jetez vos filets pour pêcher.

5 Simon lui répondit : Maître, nous avons travaillé toute la nuit sans rien prendre ; toutefois, sur ta parole, je jetterai le filet.

6 Ce qu’ayant fait, ils prirent une si grande quantité de poissons, que leur filet se rompait.

7 De sorte qu’ils firent signe à leurs compagnons, qui étaient dans l’autre barque, de venir leur aider ; ils y vinrent, et ils remplirent les deux barques, tellement qu’elles s’enfonçaient.

8 Simon Pierre, ayant vu cela, se jeta aux pieds de Jésus et lui dit : Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur.

9 Car la frayeur l’avait saisi, et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la pêche des poissons qu’ils avaient faite ; de même que Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient compagnons de Simon.

10 Alors Jésus dit à Simon : N’aie point de peur, désormais tu seras pêcheur d’hommes vivants.

11 Et ayant ramené leurs barques à bord, ils abandonnèrent tout et le suivirent.

12 Comme Jésus était dans une ville de la Galilée, un homme tout couvert de lèpre, l’ayant vu, se jeta à terre sur son visage, et le pria, disant : Seigneur, si tu le veux, tu peux me nettoyer.

13 Et Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : Je le veux, sois nettoyé. Et au même instant la lèpre le quitta.

14 Et Jésus lui défendit de le dire à personne ; mais va, lui dit-il, montre-toi au sacrificateur, et offre pour ta purification ce que Moïse a commandé, afin que cela leur serve de témoignage.

15 Et sa réputation se répandait de plus en plus, et une foule de gens s’assemblaient pour l’entendre, et pour être guéris de leurs maladies.

16 Mais il se tenait retiré dans les déserts, et il priait.

17 Or, un jour qu’il enseignait et que des Pharisiens et des docteurs de la loi, qui étaient venus de tous les bourgs de la Galilée, et de la Judée, et de Jérusalem, étaient là assis, la puissance du Seigneur agissait pour guérir les malades.

18 Alors il survint des gens qui portaient sur un lit un homme perclus, et ils cherchaient à le faire entrer dans la maison, et à le mettre devant Jésus.

19 Et ne sachant par où le faire entrer, à cause de la foule, ils montèrent sur la maison, et le dévalèrent par les tuiles avec son lit, au milieu de l’assemblée, devant Jésus,

20 Qui, ayant vu leur foi, lui dit : O homme, tes péchés te sont pardonnés.

21 Alors les Scribes et les Pharisiens commencèrent à raisonner et à dire : Qui est celui-ci, qui prononce des blasphèmes ? Qui peut pardonner les péchés que Dieu seul ?

22 Mais Jésus, connaissant leurs pensées, prit la parole et leur dit : Quel raisonnement faites-vous dans vos cœurs ?

23 Lequel est le plus aisé, ou de dire : Tes péchés te sont pardonnés ; ou de dire : Lève-toi, et marche ?

24 Or, afin que vous sachiez que le Fils de l’homme a sur la terre l’autorité de pardonner les péchés : Lève-toi, dit-il au paralytique, je te le dis, emporte ton lit, et t’en va à ta maison.

25 Et à l’instant ce paralytique se leva en leur présence ; il emporta le lit sur lequel il avait été couché, et s’en alla à sa maison, donnant gloire à Dieu.

26 Et ils furent tous saisis d’étonnement, et ils glorifiaient Dieu ; ils furent remplis de crainte, et ils disaient : Certainement, nous avons vu aujourd’hui des choses qu’on n’eût jamais attendues.

27 Après cela il sortit, et il vit un péager nommé Lévi, assis au bureau des impôts, et il lui dit : Suis-moi.

28 Et lui, quittant tout, se leva et le suivit.

29 Et Lévi lui fit un grand festin dans sa maison, où il se trouva une grande assemblée de péagers et d’autres personnes qui étaient à table avec eux.

30 Et ceux d’entre eux qui étaient Scribes et Pharisiens murmuraient et disaient à ses disciples : Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec des péagers et des gens de mauvaise vie ?

31 Et Jésus, prenant la parole, leur dit : Ce ne sont pas ceux qui sont en santé qui ont besoin de médecin, mais ce sont ceux qui se portent mal.

32 Je suis venu pour appeler à la repentance, non les justes, mais les pécheurs.

33 Ils lui dirent aussi : Pourquoi les disciples de Jean jeûnent-ils souvent et font-ils des prières, de même que ceux des Pharisiens, au lieu que les tiens mangent et boivent ?

34 Il leur dit : Pouvez-vous faire jeûner les amis de l’époux, pendant que l’époux est avec eux ?

35 Mais les jours viendront que l’époux leur sera ôté ; ils jeûneront en ces jours-là.

36 Il leur dit aussi une similitude : Personne ne met une pièce d’un habit neuf à un vieux habit ; autrement, ce qui est neuf déchirerait, et la pièce du drap neuf ne convient point au vieux.

37 Personne aussi ne met le vin nouveau dans de vieux vaisseaux ; autrement, le vin nouveau romprait les vaisseaux, et se répandrait, et les vaisseaux seraient perdus.

38 Mais le vin nouveau doit être mis dans des vaisseaux neufs, et ainsi tous les deux se conservent.

39 Et il n’y a personne qui, buvant du vin vieux, veuille aussitôt du nouveau ; car, dit-il, le vieux est meilleur. 

REFLEXIONS

On doit admirer la sagesse de Jésus-Christ aussi bien que sa puissance dans la pêche miraculeuse dont nous avons ici l’histoire. Il fit ce miracle pour confirmer Saint Pierre et quelques-uns de ses collègues dans leur vocation à la charge d’apôtre et pour les assurer que leur ministère produirait de grands fruits. Ce miracle dût faire d’autant plus d’impression sur eux que notre Seigneur l’ayant fait dans une chose qui regardait leur profession, puisqu’ils étaient pêcheurs, ils sentirent mieux la grandeur de cette merveille. Ce fut aussi l’effet qu’elle produisit sur Saint Pierre qui, saisi d’admiration et de crainte à la vue de tout ce qui était arrivé, abandonna tout dès lors pour suivre notre Seigneur, ce que St. Jacques et St. Jean firent aussi.

Dans l’histoire du lépreux, on remarque que ce fut par sa foi et par ses prières qu’il obtint sa guérison et que notre Seigneur le renvoya au sacrificateur et lui ordonna de présenter ce qui était prescrit par la Loi de Moïse en pareil cas. Il en usa ainsi pour faire voir d’autant mieux aux sacrificateurs la certitude du miracle qu’il venait de faire et pour montrer qu’il observait tout ce que Dieu avait commandé dans sa Loi.

Il y a ceci de particulier dans l’histoire du paralytique que Jésus-Christ, avec la santé du corps, lui accorda le pardon de ses péchés et qu’il déclara qu’il avait le pouvoir de le faire. Nous devons reconnaitre par-là que Jésus-Christ a une souveraine autorité sur tous les hommes. Et comme ce fut la foi de ceux qui présentèrent ce paralytique à notre Seigneur qui l’engagea à le guérir, cela nous montre que la foi est d’une grande vertu. Celui qui veut ressentir les effets de la grâce de Dieu doit avoir de   la confiance et de toutes les grâces celle qui est la plus nécessaire et que l’on obtient le plus sûrement de Jésus-Christ, c’est le pardon et la délivrance des péchés.

La vocation de St. Matthieu, qui était péager ou receveur des impôts, fait voir que notre Seigneur se choisit des apôtres et des disciples parmi des personnes qui étaient regardées avec aversion par les Juifs, comme les péagers. À l’exemple de St. Matthieu qui quitta son emploi dès que Jésus l’appela, il faut suivre la vocation divine aussitôt qu’elle nous est adressée et renoncer sans hésiter à tout ce qui pourrait y être un obstacle.

Ce que Jésus-Christ dit aux pharisiens qui s’offensaient de le voir dans la compagnie des pécheurs nous enseigne que le salut des pécheurs a été le but de sa venue au monde, mais qu’ils ne peuvent être sauvés sans la repentance, que ceux qui sont animés de l’esprit de Jésus-Christ ont une grande joie lorsque Dieu ramène des pécheurs de leurs égarements et qu’ils recherchent avec empressement les occasions de les en retirer.

Enfin, il faut savoir que si notre Seigneur n’obligeait pas ses disciples à jeûner comme les disciples de Jean-Baptiste, on ne doit pas croire que Jésus-Christ et Jean-Baptiste fussent d’un sentiment différent sur le jeûne ou que ces jeûnes que les disciples de Jean-Baptiste pouvaient bien observer fussent au-dessus des forces de notre Seigneur. La différence qu’il y avait à cet égard venait uniquement de ce que Jésus-Christ fréquentait toutes sortes de personnes sans distinction et dans toutes les occasions qui se présentaient, au lieu que Jean-Baptiste menait une vie retirée. Mais cependant le Seigneur déclare qu’après son départ, ses disciples seraient appelés non seulement au jeûne, mais à de grandes souffrances et que s’il ne les appelait pas encore   à souffrir, c’était pour ménager leur faiblesse. De là nous devons recueillir que tant s’en faut que Jésus-Christ condamne le jeûne et une vie mortifiée et qu’il permette à ses disciples de chercher les plaisirs ou de satisfaire leurs sens, il les appelle au contraire à vivre dans la sobriété, dans la mortification et à porter leur croix. 

CHAPITRE VI 1 A 19

Notre Seigneur justifie ses disciples qui étaient blâmés d’avoir arraché et mangé des épis de blé un jour de sabbat ; il guérit un homme qui avait une main sèche, et il établit les douze apôtres. 

1 Il arriva, au jour du sabbat appelé second-premier, que, Jésus passant par des blés, ses disciples arrachaient des épis, et, les froissant entre leurs mains, ils en mangeaient.

2 Et quelques-uns des Pharisiens leur dirent : Pourquoi faites-vous ce qu’il n’est pas permis de faire les jours de sabbat ?

3 Alors Jésus, prenant la parole, leur dit : N’avez-vous donc pas lu ce que fit David, lorsque lui et ceux qui étaient avec lui furent pressés de la faim ;

4 Comment il entra dans la maison de Dieu, et prit les pains de proposition, et en mangea, et en donna même à ceux qui étaient avec lui, bien qu’il ne fût permis qu’aux seuls sacrificateurs d’en manger ?

5 Et il leur dit : Le Fils de l’homme est maître même du sabbat.

6 Il arriva aussi, un autre jour de sabbat, qu’il entra dans la synagogue, et qu’il y enseignait ; et il y avait là un homme duquel la main droite était sèche.

7 Or, les Scribes et les Pharisiens l’observaient, pour voir s’il le guérirait le jour du sabbat, afin de trouver un sujet de l’accuser.

8 Mais comme il connaissait leurs pensées, il dit à l’homme qui avait la main sèche : Lève-toi, et tiens-toi là au milieu. Et lui, s’étant levé, se tint debout.

9 Jésus leur dit ensuite : Je vous demanderai une chose : Est-il permis, dans les jours de sabbat, de faire du bien, ou de faire du mal, de sauver une personne, ou de la laisser périr ?

10 Et ayant regardé tous ceux qui étaient autour de lui, il dit à cet homme : Etends ta main. Et il le fit, et sa main devint saine comme l’autre.

11 Et ils en furent remplis de fureur, et ils s’entretenaient ensemble de ce qu’ils pourraient faire à Jésus.

12 En ce temps-là, Jésus alla sur une montagne pour prier ; et il passa toute la nuit à prier Dieu.

13 Et dès que le jour fut venu, il appela ses disciples ; et il en choisit douze d’entre eux, qu’il nomma apôtres,

14 Savoir, Simon, qu’il nomma aussi Pierre, et André son frère, Jacques et Jean, Philippe et Barthélemi,

15 Matthieu et Thomas, Jacques, fils d’Alphée, et Simon, appelé le Zélé,

16 Jude, frère de Jacques, et Judas Iscariot, qui fut celui qui le trahit.

17 Etant ensuite descendu avec eux, il s’arrêta dans une plaine avec la troupe de ses disciples, et une grande multitude de peuple de toute la Judée et de Jérusalem, et de la contrée maritime de Tyr et de Sidon, qui étaient venus pour l’entendre et pour être guéris de leurs maladies.

18 Ceux qui étaient tourmentés des esprits immondes étaient aussi guéris.

19 Et toute la multitude tâchait de le toucher, parce qu’il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous. 

REFLEXIONS

La réflexion que nous devons faire sur ce que notre Seigneur dit aux pharisiens qui se scandalisaient de ce que ses disciples avaient arraché des épis de blé en un jour de sabbat et de ce qu’il avait guéri lui-même en pareil jour un homme  qui avait la main sèche, c’est que les hypocrites et ceux que l’envie possède sont prompts à condamner les autres, ils blâment ce qui est innocent et permis et même quelquefois des actions nécessaires et louables et pendant qu’ils manquent aux devoirs les plus essentiels, qui sont toujours ceux de la piété et de la charité, ils sont scrupuleux dans les choses de petite importance. Nous devons donc apprendre d’ici à nous éloigner de l’hypocrisie, de la superstition et des jugements téméraires et à nous attacher toujours à ce que la religion a de plus important et à une piété solide, éclairée et accompagnée de charité. Cela nous montre de plus qu’il ne faut jamais omettre des œuvres saintes et nécessaires sous prétexte qu’il se trouve des personnes qui en jugent mal et que l’appréhension de scandaliser des gens mal disposés ne doit jamais nous empêcher de faire notre devoir.

C’est une chose bien remarquable que notre Seigneur, avant que de choisir et d’appeler les douze Apôtres, se retira sur une montagne et y passa toute la nuit à prier Dieu. Il nous donne en cela un bel exemple et une grande leçon de défiance de nous-même et de nos propres lumières. En sorte que nous n’entreprenions jamais rien d’important, sans avoir auparavant implorer le secours et la direction de l’esprit de Dieu. C’est ce que doivent surtout religieusement observer ceux qui sont appelés à conférer à d’autres le ministère de l’Evangile. Et à donner des pasteurs aux Eglises. Observons outre cela sur la vocation des Apôtres, c’est que ces Saints hommes que le Seigneur choisit pour être dépositaires de sa grâce et pour convertir le monde étaient des personnes simples et peu considérables. Ainsi l’on voit dans ce choix la vertu toute puissante de Jésus-Christ qui les revêtit des dons nécessaires pour un tel emploi et la divinité de sa doctrine.

La mémoire de ces premiers ministres de l’Évangile doit être précieuse parmi les chrétiens, nous devons louer Dieu des grandes choses qu’il a faites par leur moyen, recevoir la doctrine qu’ils ont enseignée et qui est contenue dans leurs écrits et pratiquer les saints commandements qu’il nous a laissés en qualité d’apôtres de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ auquel l’obéissance, la louange et la gloire doit être rendue aux siècles des siècles. Amen. 

CHAPITRE VI 20 A 49.

C’est ici un discours de notre Seigneur dans lequel il parle de ce qui fait le bonheur ou le malheur des hommes, de la charité, du soin qu’on doit avoir de conserver la paix, de l’amour pour ses ennemis, des jugements téméraires et de quelques autres devoirs. Et il conclut ce discours en montrant par une similitude qu’il ne sert de rien d’écouter sa parole si on ne fait pas ce qu’elle nous commande.

 20 Alors Jésus, levant les yeux vers ses disciples, il leur dit : Vous êtes bienheureux, vous pauvres, parce que le royaume de Dieu est à vous.

21 Vous êtes bienheureux, vous qui avez faim maintenant, parce que vous serez rassasiés. Vous êtes bienheureux, vous qui pleurez maintenant, parce que vous serez dans la joie.

22 Vous serez bienheureux, lorsque les hommes vous haïront, qu’ils vous retrancheront de leurs synagogues, qu’ils vous diront des outrages et rejetteront votre nom comme mauvais, à cause du Fils de l’homme.

23 Réjouissez-vous en ce temps-là, et tressaillez de joie ; car voilà que votre récompense sera grande dans le ciel, et c’est ainsi que leurs pères traitaient les prophètes.

24 Mais malheur à vous, riches, parce que vous avez déjà reçu votre consolation.

25 Malheur à vous qui êtes rassasiés, parce que vous aurez faim. Malheur à vous qui riez maintenant ; car vous vous lamenterez, et vous pleurerez.

26 Malheur à vous, lorsque tous les hommes diront du bien de vous ; car leurs pères en faisaient de même des faux prophètes.

27 Mais je vous dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis ; faites du bien à ceux qui vous haïssent ;

28 Bénissez ceux qui vous maudissent, et priez pour ceux qui vous outragent ;

29 Et à celui qui te frappe à une joue, présente-lui aussi l’autre ; et si quelqu’un t’ôte ton manteau, ne l’empêche point de prendre aussi l’habit de dessous.

30 Donne à tout homme qui te demande, et si quelqu’un t’ôte ce qui est à toi, ne le redemande pas.

31 Et ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur aussi de même.

32 Car si vous n’aimez que ceux qui vous aiment, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie aiment aussi ceux qui les aiment.

33 Et si vous ne faites du bien qu’à ceux qui vous font du bien, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie font la même chose.

34 Et si vous ne prêtez qu’à ceux de qui vous espérez de recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? puisque les gens de mauvaise vie, prêtent aussi aux gens de mauvaise vie, afin d’en recevoir la pareille.

35 C’est pourquoi aimez vos ennemis, faites du bien, et prêtez sans en rien espérer, et votre récompense sera grande, et vous serez les enfants du Très-Haut, parce qu’il est bon envers les ingrats et les méchants.

36 Soyez donc miséricordieux, comme aussi votre Père est miséricordieux.

37 De plus, ne jugez point, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés ; pardonnez, et on vous pardonnera ;

38 donnez, et on vous donnera ; on vous donnera dans le sein une bonne mesure, pressée et secouée, et qui se répandra par-dessus ; car on vous mesurera de la mesure dont vous vous servez envers les autres.

39 Il leur disait aussi une parabole : Un aveugle peut-il conduire un autre aveugle ? Ne tomberont-ils pas tous deux dans la fosse ?

40 Le disciple n’est point au-dessus de son maître ; mais tout disciple accompli sera comme son maître.

41 De plus, pourquoi regardes-tu une paille qui est dans l’œil de ton frère, et tu ne t’aperçois pas d’une poutre qui est dans ton propre œil ?

42 Ou, comment peux-tu dire à ton frère : Mon frère, souffre que j’ôte la paille qui est dans ton œil ; toi qui ne vois pas une poutre qui est dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors, tu verras comment tu ôteras la paille qui est dans l’œil de ton frère.

43 L’arbre qui produit de mauvais fruit n’est pas bon ; et l’arbre qui produit de bon fruit n’est pas mauvais.

44 Car chaque arbre se connaît par son propre fruit. On ne cueille pas des figues sur les épines, et on ne cueille pas des raisins sur un buisson.

45 L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.

46 Mais pourquoi m’appelez-vous : Seigneur, Seigneur ; tandis que vous ne faites pas ce que je dis ?

47 Je vous montrerai à qui ressemble tout homme qui écoute mes paroles, et qui les met en pratique :

48 Il est semblable à un homme qui bâtit une maison, et qui ayant foui et creusé profondément, en a posé le fondement sur le roc ; et quand il est survenu un débordement d’eaux, le torrent a donné avec violence contre cette maison, mais il ne l’a pu ébranler, parce qu’elle était fondée sur le roc.

49 Mais celui qui écoute mes paroles, et qui ne les met pas en pratique, est semblable à un homme qui a bâti sa maison sur la terre sans fondement, contre laquelle le torrent a donné avec violence, et aussitôt elle est tombée, et la ruine de cette maison-là a été grande. 

REFLEXIONS

Voici un discours qui renferme plusieurs belles instructions :

I. La première, que ceux qui sont pauvres, affligés, méprisés et persécutés et qui avec cela sont humbles, patients et pieux sont les vrais disciples de Jésus-Christ, qu’ils seront heureux en ce monde et en l’autre et qu’au contraire, ceux que l’on croit les plus heureux parce qu’ils vivent dans l’abondance et dans la joie et que le monde les aime et les estime sont très misérables.

II. La seconde instruction est que nous devons aimer tous les hommes, même ceux qui ne nous aiment pas, leur rendre le bien pour le mal et souffrir plutôt quelque injure ou quelque tort que de nous venger ou que d’avoir des disputes et des procès. Jésus-Christ nous dit encore sur ce sujet que si nous n’aimons que ceux qui nous aiment, nous ne valons pas mieux que les païens, mais que nous devons être miséricordieux et faire du bien à chacun afin de ressembler à notre Père céleste qui est bon envers les méchants et les ingrats.

III. Notre Seigneur défend les jugements téméraires et il dit que c’est une hypocrisie insigne que d’examiner et de censurer les défauts d’autrui pendant qu’on ne se corrige pas de ses propres défauts qui sont souvent plus grands que ceux des autres.

IV. La quatrième instruction est renfermée dans ces paroles : Que l’arbre se connait par son fruit et que c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle.

Cela veut dire que les hommes montrent par leur conduite et par leurs discours ce qu’ils sont et que si nous voulons que nos actions et nos paroles soient bien réglées, nous devons purifier notre cœur.

Enfin, Jésus-Christ déclare de la manière la plus forte et la plus expresse qu’il ne reconnait point pour ses disciples ceux qui l’appellent leur Seigneur et qui ne font pas ce qu’il commande. Il montre par la comparaison d’une maison bâtie sur le roc ou sur le sable qu’il n’y a rien qui puisse ébranler ceux qui joignent à la connaissance de l’Évangile la pratique de leurs devoirs au lieu que ceux qui se contentent d’écouter sa parole et qui ne font pas ce qu’elle ordonne ne sauraient résister aux tentations, ni parvenir au salut. Ce sont là les divines règles de la morale de Jésus-Christ, nous devons les avoir sans cesse devant les yeux et les faire servir à notre avancement dans la piété.

 CHAPITRE VII VERSETS 1 A 23

I. Jésus-Christ guérit le serviteur d’un capitaine païen ;

II. Il ressuscite le fils d’une femme veuve de la ville de Naïn ;

III. Et il répond aux disciples de Jean-Baptiste qui étaient venus lui demander s’il était le Messie. 

1 Après que Jésus eut achevé tous ces discours devant le peuple qui l’écoutait, il entra dans Capernaüm.

2 Et il y avait là un centenier dont le serviteur, qui lui était fort cher, était malade, et s’en allait mourir.

3 Et le centenier ayant entendu parler de Jésus, il envoya vers lui des anciens des Juifs, pour le prier de venir guérir son serviteur.

4 Étant donc venus vers Jésus, ils le prièrent instamment, disant, qu’il était digne qu’on lui accordât cela.

5 Car, disaient-ils, il aime notre nation, et c’est lui qui nous a fait bâtir la synagogue.

6 Jésus donc s’en alla avec eux. Et comme déjà il n’était plus guère loin de la maison, le centenier envoya vers lui de ses amis, lui dire : Seigneur, ne t’incommode point ; car je ne mérite pas que tu entres dans ma maison.

7 C’est pourquoi aussi je ne me suis pas jugé digne d’aller vers toi ; mais dis seulement une parole, et mon serviteur sera guéri.

8 Car, quoique je ne sois qu’un homme soumis à la puissance d’autrui, j’ai sous moi des soldats ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à l’autre : Viens, et il vient ; et à mon serviteur : Fais ceci, et il le fait.

9 Ce que Jésus ayant entendu, il l’admira, et se tournant, il dit à la troupe qui le suivait : Je vous dis que je n’ai pas trouvé une si grande foi, non pas même en Israël.

10 Et quand ceux qui avaient été envoyés furent de retour à la maison, ils trouvèrent le serviteur qui avait été malade, se portant bien.

11 Le jour suivant, Jésus allait à une ville appelée Naïn, et plusieurs de ses disciples et une grande troupe allaient avec lui.

12 Et comme il approchait de la porte de la ville, il arriva qu’on portait en terre un mort, fils unique de sa mère, qui était veuve, et il y avait avec elle un grand nombre de gens de la ville.

13 Et le Seigneur l’ayant vue, il fut touché de compassion pour elle, et il lui dit : Ne pleure point.

14 Et s’étant approché, il toucha la bière, et ceux qui la portaient s’arrêtèrent ; et il dit : Jeune homme, je te le dis : Lève-toi.

15 Et celui qui était mort s’assit et commença à parler. Et il le rendit à sa mère.

16 Et la crainte les saisit tous, et ils glorifièrent Dieu, en disant : Un grand prophète s’est élevé parmi nous, et Dieu a visité son peuple.

17 Et le bruit de ce miracle se répandit par toute la Judée, et dans tout le pays d’alentour.

18 Or, toutes ces choses furent rapportées à Jean par ses disciples.

19 Et Jean appela deux de ses disciples, et les envoya vers Jésus, pour lui dire : Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?

20 Ces hommes donc, étant venus vers Jésus, lui dirent : Jean-Baptiste nous a envoyés vers toi, pour te dire : Es-tu celui qui devait venir, ou devons-nous en attendre un autre ?

21 (Or, à cette même heure, Jésus guérit plusieurs personnes de leurs maladies, de leurs infirmités et des malins esprits, et il rendit la vue à plusieurs aveugles.)

22 Puis il répondit aux disciples de Jean : Allez et rapportez à Jean ce que vous avez vu et entendu ; que les aveugles recouvrent la vue, que les boiteux marchent, que les lépreux sont nettoyés, que les sourds entendent, que les morts ressuscitent, que l’évangile est annoncé aux pauvres.

23 Et il ajouta : heureux est celui qui ne se scandalisera pas de moi. 

REFLEXIONS

Dans la guérison du serviteur du centenier, on doit remarquer d’un côté l’humilité de cet officier, qui, étant païen de naissance, ne se croyait pas digne que Jésus-Christ entrât chez lui et de l’autre, la grandeur de sa foi qui paraît en ce qu’il était persuadé que notre Seigneur, quoi qu’absent, pouvait guérir son serviteur par une seule parole. L’éloge distingué que notre Seigneur fit de la foi de ce centenier en disant qu’il n’avait pas trouvé parmi les Juifs une foi semblable à la sienne et le miracle qu’il voulut bien faire en sa faveur font voir que rien ne lui est plus agréable que la foi et l’humilité et qu’une foi vive et un profond sentiment de notre indignité sont le sûr moyen d’obtenir de lui les effets de sa miséricorde.

L’autre miracle que notre Seigneur fit en ressuscitant le fils d’une veuve de Naïn est un événement où le pouvoir de Jésus-Christ paraît d’une manière encore plus éclatante, de même que sa bonté et la compassion qu’il avait des personnes affligées.

Ainsi nous avons dans cette histoire des motifs bien forts à la confiance, elle doit surtout nous remplir de consolation et nous persuader pleinement que notre Seigneur, ayant ressuscité en diverses occasions des personnes mortes, il a le pouvoir de nous rendre la vie après notre mort et qu’il le fera infailliblement au dernier jour selon ses promesses.

III.  La réponse que Jésus-Christ fit aux disciples de Jean-Baptiste est remarquable. Étant interrogé s’il était le Messie, il ne leur répondit pas directement, mais il se contenta de faire des miracles en leur présence, ce qui montrait plus clairement qu’on devait le regarder comme le Messie que s’il eût dit ouvertement qu’il l’était. On voit dans cette conduite de notre Seigneur une sagesse admirable puisqu’en ne prenant pas la qualité de Messie, ce qu’il a toujours évité de faire publiquement, il faisait cependant tout ce qu’il y avait de plus propre pour convaincre les hommes qu’il était ce grand rédempteur que Dieu avait promis d’envoyer et que les Juifs attendaient. 

CHAPITRE VII VERSETS 24 A 50

Notre Seigneur parle de Jean-Baptiste et il décrit la nature et l’excellence de son ministère.

Il se plaint que le plus grand nombre des Juifs et surtout les pharisiens et les docteurs de la Loi avaient rejeté le ministère de Jean-Baptiste et le sien.

Étant à table chez un pharisien, il pardonne à une femme pécheresse.

 24 Quand ceux que Jean avait envoyés furent partis, Jésus se mit à parler de Jean au peuple, et leur dit : Qu’êtes-vous allés voir dans le désert ? Etait-ce un roseau agité du vent ?

25 Mais encore, qu’êtes-vous allés voir ? Etait-ce un homme vêtu d’habits précieux ? Voilà, ceux qui sont magnifiquement vêtus, et qui vivent dans les délices, sont dans les maisons des rois.

26 Qu’êtes-vous donc allés voir ? Un prophète ? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète.

27 C’est celui de qui il est écrit : Voici, j’envoie mon messager devant ta face, qui préparera le chemin devant toi.

28 Car je vous dis qu’entre ceux qui sont nés de femme, il n’y a point de prophète plus grand que Jean-Baptiste ; et cependant, celui qui est le plus petit dans le royaume de Dieu est plus grand que lui.

29 Et tout le peuple qui l’a entendu, et même les péagers, ont justifié Dieu, ayant reçu le baptême de Jean.

30 Mais les Pharisiens et les docteurs de la loi, ne s’étant pas fait baptiser par lui, ont rejeté le dessein de Dieu à leur égard.

31 Alors le Seigneur dit : A qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui ressemblent-ils ?

32 Ils ressemblent aux enfants qui sont assis dans une place, et qui crient les uns aux autres, et disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n’avez point dansé ; nous nous sommes lamentés, et vous n’avez point pleuré.

33 Car Jean-Baptiste est venu, ne mangeant point de pain, et ne buvant point de vin ; et vous avez dit : Il a un démon.

34 Le Fils de l’homme est venu, mangeant et buvant, et vous avez dit : Voilà un mangeur et un buveur, un ami des péagers et des gens de mauvaise vie.

35 Mais la sagesse a été justifiée par tous ses enfants.

36 Un Pharisien ayant prié Jésus de manger chez lui, il entra dans la maison du Pharisien, et il se mit à table.

37 Et une femme de la ville, qui avait été de mauvaise vie, ayant su qu’il était à table dans la maison du Pharisien, elle y apporta un vase d’albâtre, plein d’une huile odoriférante.

38 Et se tenant derrière, aux pieds de Jésus, elle se mit à pleurer ; elle lui arrosait les pieds de ses larmes, et les essuyait avec ses cheveux ; elle lui baisait les pieds, et elle les oignait avec cette huile.

39 Le Pharisien, qui l’avait convié, voyant cela, dit en lui-même : Si cet homme était prophète, il saurait sans doute qui est cette femme qui le touche, et qu’elle est de mauvaise vie.

40 Alors Jésus, prenant la parole, lui dit : Simon, j’ai quelque chose à te dire. Et il dit : Maître, dis-le.

41 Un créancier avait deux débiteurs, dont l’un lui devait cinq cents deniers et l’autre cinquante.

42 Et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur quitta à tous deux leur dette. Dis-moi donc lequel des deux l’aimera le plus ?

43 Simon lui répondit : J’estime que c’est celui à qui il a le plus quitté. Jésus lui dit : Tu as fort bien jugé.

44 Alors se tournant vers la femme, il dit à Simon : Vois-tu cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m’as point donné d’eau pour me laver les pieds ; mais elle a arrosé mes pieds de larmes, et les a essuyés avec ses cheveux.

45 Tu ne m’as point donné de baiser ; mais elle, depuis qu’elle est entrée, n’a cessé de me baiser les pieds.

46 Tu n’as point oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds d’une huile odoriférante.

47 C’est pourquoi je te dis que ses péchés, qui sont en grand nombre, lui sont pardonnés ; et c’est à cause de cela qu’elle a beaucoup aimé ; mais celui à qui on pardonne moins, aime moins.

48 Puis il dit à la femme : Tes péchés te sont pardonnés.

49 Et ceux qui étaient à table avec lui se prirent à dire entre eux : Qui est celui-ci, qui même pardonne les péchés ?

50 Mais il dit à la femme : Ta foi t’a sauvée ; va-t’en en paix. 

REFLEXIONS

Le sens de ce que Jésus-Christ disait aux Juifs touchant le ministère de Jean-Baptiste était que tout de même qu’ils n’avaient pas vu en Jean-Baptiste un homme qui parût avec la pompe qui accompagne les ministres des rois de la terre, mais seulement un grand prophète, aussi ils ne devaient pas s’étonner de le voir lui-même dans la bassesse, ni le rejeter à cause de cela. Par où il voulait leur faire comprendre que le règne du Messie n’aurait rien de charnel, ni de mondain et les obliger à s’arrêter uniquement à ce qu’il y avait de spirituel et de divin dans sa doctrine.

II. Jésus-Christ dit dans cette occasion que, quelque grand que fût Jean-Baptiste, le moindre du royaume de Dieu, c’est-à-dire de ses vrais disciples, serait plus grand que lui. Notre Seigneur parlait ainsi parce que les chrétiens connaissent bien mieux le Messie et les raisons de sa venue que Jean-Baptiste ne les connaissait. Ces paroles qui nous instruisent de nos avantages doivent nous inciter à y répondre et à nous en rendre dignes.

III. On voit ici que les personnes qui étaient les plus méprisées et les plus décriées parmi les Juifs furent touchés des exhortations de Jean-Baptiste et de celles de notre Seigneur, mais que les pharisiens et ceux qui paraissaient les plus éclairés avaient rejeté ces exhortations, disant que la vie de Jean-Baptiste était trop austère et trouvant que celle de Jésus-Christ était trop relâchée, parce qu’il se rencontrait souvent avec les pécheurs. Cet exemple montre que les personnes qui ont le cœur mal disposé trouvent à redire à tout, avec quelque précaution qu’on se conduise, on ne saurait éviter d’être condamné par ces gens-là, mais ceux qui ont le cœur bon profitent avec empressement des moyens que Dieu leur présente pour leur édification et pour leur salut.

IV. L’histoire de la pécheresse est tout-à-fait remarquable. Elle nous instruit de la nature vraie repentance et de son efficace :

I. On voit dans cette femme pénitente le modèle de cette profonde humilité avec laquelle les grands pécheurs doivent déplorer leurs égarements et de cette vive douleur qui pénètre l’âme, qui paraît au dehors par la confession, par les larmes et par toutes les marques d’une sincère componction et d’une confusion salutaire et qui produit un entier renoncement au péché.

II. On remarque ici avec quelle bonté le Sauveur du monde reçoit les vrais pénitents et leur pardonne leurs fautes. Ce qu’il dit au pharisien qui croyait que Jésus n’était pas un prophète, puisqu’il souffrait que la pécheresse s’approchât de lui et lui baisât les pieds, tendait à lui faire connaître qu’il savait bien ce que cette femme était, mais qu’il ne rejetait pas les grands pécheurs lorsqu’il les voyait véritablement repentants et que l’on ne devait pas non plus les rejeter, ni les mépriser.

Il faut enfin faire une attention particulière à ces paroles de notre Seigneur : que celui à qui il est beaucoup pardonné l’aimera davantage.

Il nous apprend par-là que ceux à qui Dieu a pardonné de grands péchés doivent l’aimer avec plus d’ardeur et même qu’ils peuvent parvenir à un degré considérable de sainteté. C’est là une doctrine bien propre à encourager les pécheurs et qui doit les animer à l’amour de Dieu et à l’étude de la sainteté et des bonnes œuvres. 

CHAPITRE VIII VERSETS 1 A 25

Cette partie du chapitre VIII de Saint Luc renferme trois choses :

I. La parabole de la semence,

II. la déclaration que notre Seigneur fait que ses vrais disciples lui étaient aussi chers que ses plus proches parents,

III Le miracle qu’il fit en apaisant une tempête. 

1 Depuis ce temps-là, Jésus allait de ville en ville, et de village en village, prêchant et annonçant le royaume de Dieu ; et les douze apôtres étaient avec lui.

2 Il y avait aussi avec lui quelques femmes qui avaient été délivrées des malins esprits et de leurs maladies ; savoir, Marie qu’on appelait Magdelaine, de laquelle il était sorti sept démons ;

3 et Jeanne, femme de Chuzas, intendant d’Hérode, et Suzanne et plusieurs autres, qui l’assistaient de leurs biens.

4 Et comme une grande foule de peuple s’assemblait, et que plusieurs venaient à lui de toutes les villes, il leur dit en parabole :

5 Un semeur sortit pour semer, et en semant, une partie du grain tomba le long du chemin, et elle fut foulée, et les oiseaux du ciel la mangèrent toute ;

6 et l’autre partie tomba sur un endroit pierreux ; et quand elle fut levée, elle sécha, à cause qu’elle n’avait point d’humidité ;

7 et l’autre partie tomba parmi les épines, et les épines levèrent avec le grain, et l’étouffèrent ;

8 Et l’autre partie tomba dans une bonne terre ; et étant levée, elle rendit du fruit cent pour un. En disant ces choses, il criait : Que celui qui a des oreilles pour ouïr, entende !

9 Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole.

10 Et il répondit : Il vous est donné de connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais il n’en est parlé aux autres qu’en paraboles, de sorte qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point.

11 Voici donc ce que cette parabole signifie : La semence, c’est la parole de Dieu ;

12 ceux qui la reçoivent le long du chemin, ce sont ceux qui l’écoutent ; mais le diable vient, qui ôte cette parole de leur cœur, de peur qu’en croyant, ils ne soient sauvés ;

13 ceux qui la reçoivent dans des endroits pierreux, ce sont ceux qui ayant ouï la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine, et ils ne croient que pour un temps ; et quand la tentation survient, ils se retirent ;

14 et ce qui est tombé parmi les épines, sont ceux qui ont entendu la parole, mais qui, s’en allant, la laissent étouffer par les inquiétudes, par les richesses et par les voluptés de cette vie, de sorte qu’ils ne portent point de fruit qui vienne à maturité ;

15 mais ce qui est tombé dans une bonne terre, ce sont ceux qui, ayant ouï la parole avec un cœur honnête et bon, la retiennent et portent du fruit avec persévérance.

16 Personne, après avoir allumé une chandelle, ne la couvre d’un vaisseau, ni ne la met sous le lit ; mais il la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.

17 Car il n’y a rien de secret qui ne doive être manifesté, ni rien de caché qui ne doive être connu et venir en évidence.

18 Prenez donc garde de quelle manière vous écoutez ; car on donnera à celui qui a déjà, mais pour celui qui n’a pas, on lui ôtera même ce qu’il croit avoir.

19 Alors sa mère et ses frères vinrent le trouver ; mais ils ne pouvaient l’aborder à cause de la foule.

20 Et on vint lui dire : Ta mère et tes frères sont là dehors, qui désirent de te voir.

21 Mais il répondit : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique.

22 Il arriva un jour qu’il entra dans une barque avec ses disciples, et il leur dit : Passons de l’autre côté du lac ; et ils partirent.

23 Et comme ils voguaient, il s’endormit : et un vent impétueux s’éleva sur le lac, la barque s’emplissait d’eau, et ils étaient en danger.

24 Alors ils vinrent vers lui, et ils le réveillèrent en lui disant : Maître, maître, nous périssons. Mais lui, étant réveillé, parla avec autorité au vent et à la tempête, qui s’apaisèrent, et il se fit un grand calme.

25 Alors il leur dit : Où est votre foi ? Et eux, saisis de crainte et d’admiration, disaient entre eux : Mais qui est celui-ci, qu’il commande même aux vents et à l'eau, et ils lui obéissent.

 REFLEXIONS

Le dessein de Jésus-Christ dans la parabole de la semence était d’apprendre à ceux qui l’écoutaient que tous les hommes ne reçoivent pas la parole de Dieu de la même manière.

La semence qui tombe auprès d’un chemin représente les personnes qui sont entièrement endurcies et qui ne reçoivent du tout point cette parole.

Par la semence qui tombe parmi les pierres, notre Seigneur décrit l’état de ceux sur qui la parole fait quelque impression, qui la goûtent d’abord et la reçoivent avec joie, mais qui, n’étant pas bien affermis, ne persévèrent pas et succombent aux tentations.

La semence qui tombe parmi les épines nous met devant les yeux l’état de ces auditeurs en qui l’Évangile ne produit pas son effet parce que leur cœur est occupé par l’amour des richesses et des voluptés et possédés par les soins de cette vie.

Mais par la semence qui est reçue dans un bon champ et qui y produit beaucoup de fruit, notre Seigneur marque l’effet que la parole produit sur ceux qui la reçoivent dans un cœur honnête et bon et qui en rapportent les fruits avec persévérance.

C’est ici une similitude à laquelle nous devons faire une sérieuse et continuelle attention. Jésus-Christ en la proposant a voulu nous engager, comme il le dit lui-même, à prendre garde à la manière dont nous écoutons la parole de Dieu et à nous bien examiner pour voir si nous en faisons un bon usage. C’est à quoi nous oblige encore la déclaration que notre Seigneur fit lorsqu’on lui vint dire que sa mère et ses proches parents demandaient à lui parler. Nous devons voir par ce qu’il dit alors que ce qui nous fait surtout avoir part à son amour c’est une grande attention et un grand zèle à écouter sa parole et à faire sa volonté. Ce qui nous unit ainsi à Jésus-Christ est aussi ce qui doit nous unir le plus étroitement les uns avec les autres. Les liens de la piété sont encore plus forts que ceux de la nature et de tous les hommes ceux à qui il faut le plus donner son affection et son estime, ce sont ceux qui aiment véritablement le Seigneur Jésus-Christ et qui gardent ses commandements.

Nous voyons enfin ici que notre Seigneur, qui avait fait tant de miracles pour la délivrance des personnes affligées, voulut aussi en faire un en faveur de ses apôtres en les délivrant d’un grand danger lorsqu’ils étaient prêts à périr sur l’eau. Les apôtres craignirent dans cette occasion et le Seigneur voyant la faiblesse de leur foi les en reprit, mais il ne laissa pas de les délivrer.

Nos faiblesses n’empêchent pas que Dieu ne nous accorde les secours qui nous sont nécessaires, pourvu que nous ayons recours à lui avec sincérité et avec humilité. Ceux que Dieu aime peuvent se rencontrer dans de fâcheuses extrémités et leur faiblesse peut alors les jeter dans la crainte, mais le Seigneur ne les abandonne jamais et en quelque état qu’ils se trouvent, il les favorise toujours de son amour et de sa protection. 

CHAPITRE VIII VERSETS 26 A 56

Jésus-Christ fait trois miracles :

Il délivre un démoniaque. Il guérit une femme malade d’une perte de sang, Et il ressuscite une jeune fille. 

26 Ils abordèrent ensuite au pays des Gadaréniens, qui est vis-à-vis de la Galilée.

27 Et quand Jésus fut descendu à terre, il vint au-devant de lui un homme de cette ville-là, qui était possédé des démons depuis longtemps. Il ne portait point d’habit, et il ne demeurait point à la maison ; mais il se tenait dans les sépulcres.

28 Dès qu’il vit Jésus, il fit un grand cri, et se jetant à ses pieds, il dit à haute voix : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu très haut ? Je te prie, ne me tourmente point.

29 Car Jésus commandait à l’esprit immonde de sortir de cet homme, dont il s’était saisi depuis longtemps ; et bien qu’il fût gardé, lié de chaînes, et qu’il eût les fers aux pieds, il rompait ses liens, et il était emporté par le démon dans les déserts.

30 Et Jésus lui demanda : Comment t’appelles-tu ? Et il répondit : Je m’appelle Légion ; car plusieurs démons étaient entrés en lui.

31 Et ils le priaient de ne leur pas commander d’aller dans l’abîme.

32 Or, il y avait là un grand troupeau de pourceaux qui paissaient sur une montagne ; et ils le priaient qu’il leur permît d’entrer dans ces pourceaux, et il le leur permit.

33 Les démons étant donc sortis de cet homme, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita avec impétuosité dans le lac, et y fut noyé.

34 Et ceux qui les paissaient, voyant ce qui était arrivé, s’enfuirent et le racontèrent dans la ville et à la campagne.

35 Alors les gens sortirent pour voir ce qui s’était passé ; et étant venus vers Jésus, ils trouvèrent l’homme duquel les démons étaient sortis, assis aux pieds de Jésus, habillé et dans son bon sens ; et ils furent saisis de frayeur.

36 Et ceux qui avaient vu la chose leur racontèrent comment le démoniaque avait été délivré.

37 Alors tous ceux du pays des Gadaréniens le prièrent de se retirer de chez eux ; car ils étaient saisis d’une grande crainte. Il entra donc dans la barque pour s’en retourner.

38 Et l’homme duquel les démons étaient sortis le priait de lui permettre d’être avec lui ; mais Jésus le renvoya, en disant :

39 Retourne en ta maison, et raconte les grandes choses que Dieu t’a faites. Il s’en alla donc, publiant par toute la ville tout ce que Jésus avait fait en sa faveur.

40 Quand Jésus fut de retour, il fut reçu par une grande multitude ; car tous l’attendaient.

41 Et il vint à lui un homme qui s’appelait Jaïrus, lequel était chef de la synagogue, et se jetant aux pieds de Jésus, il le pria de venir dans sa maison ;

42 parce qu’il avait une fille unique, âgée d’environ douze ans, qui se mourait. Et comme Jésus y allait, il était pressé par la foule.

43 Alors une femme qui avait une perte de sang depuis douze ans, et qui avait dépensé tout son bien en médecins, sans avoir pu être guérie par aucun d’eux,

44 S’approchant de lui par derrière, toucha le bord de son vêtement ; et à l’instant sa perte de sang s’arrêta.

45 Alors Jésus dit : Qui est-ce qui m’a touché ? Et comme tous le niaient, Pierre et ceux qui étaient avec lui, lui dirent : Maître, la foule t’environne et te presse ; et tu dis : Qui est-ce qui m’a touché ?

46 Mais Jésus dit : Quelqu’un m’a touché ; car j’ai senti qu’une vertu est sortie de moi.

47 Cette femme donc voyant que cela ne lui avait point été caché, vint toute tremblante, et se jetant à ses pieds, elle déclara, devant tout le peuple, pour quel sujet elle l’avait touché, et comment elle avait été guérie à l’instant.

48 Et il lui dit : Ma fille, rassure-toi, ta foi t’a guérie ; va-t’en en paix.

49 Comme il parlait encore, quelqu’un vint de chez le chef de la synagogue, qui lui dit : Ta fille est morte, ne fatigue pas davantage le Maître.

50 Mais Jésus l’ayant entendu, dit au père de la fille : Ne crains point ; crois seulement, et elle sera guérie.

51 Et quand il fut arrivé dans la maison, il ne laissa entrer personne que Pierre, Jacques et Jean, et le père et la mère de la fille.

52 Et tous pleuraient et se lamentaient à cause d’elle ; mais il dit : Ne pleurez point ; elle n’est pas morte, mais elle dort.

53 Et ils se moquaient de lui, sachant qu’elle était morte.

54 Mais, les ayant tous fait sortir, il la prit par la main, et il cria : Ma fille, lève-toi.

55 Et son âme revint ; elle se leva à l’instant, et il commanda qu’on lui donnât à manger.

56 Et son père et sa mère furent tout étonnés ; mais il leur défendit de dire à personne ce qui était arrivé. 

REFLEXIONS

Ce qui est ici rapporté de l’état déplorable où était depuis longtemps ce démoniaque que Jésus-Christ délivra et les diverses circonstances de cette histoire font voir la certitude et la merveille du miracle que notre Seigneur fit dans cette occasion aussi bien que la grande miséricorde qu’il exerça envers lui. La permission que Jésus-Christ donna aux démons d’entrer dans les pourceaux est aussi une preuve de la grandeur et de la vérité de ce miracle et du pouvoir souverain que notre Seigneur avait sur les démons. On voit même ici que ces esprits malins le craignaient et le redoutaient comme leur juge. Jésus-Christ ayant délivré cet homme lui ordonna de raconter aux siens la grâce que Dieu lui avait faite. C’est ainsi que nous devons reconnaître et publier les bontés du Seigneur envers nous lorsqu’il nous accorde quelque délivrance ou quelque faveur particulière. Au reste, il faut considérer que si les hommes ne sont plus exposés au pouvoir du démon, comme l’étaient ceux que notre Seigneur délivrait, ils peuvent tomber d’une autre manière sous la puissance de cet ennemi de notre salut. C’est l’état funeste de ceux dont l’Écriture dit : que le diable agit en eux avec efficace et qu’ils sont pris dans ses pièges pour faire sa volonté.

Dans la guérison de cette femme qui était malade d’une perte de sang, l’on doit principalement faire attention à ses sentiments et à sa conduite. N’osant pas se présenter devant notre Seigneur pour lui demander sa guérison, elle se contenta de toucher son habit, ce qui marquait par là sa profonde humilité et en même temps la grandeur de sa foi et la haute opinion qu’elle avait de la puissance de Jésus-Christ. La délivrance prompte et miraculeuse que le Seigneur lui accorda ne manifeste pas seulement la vertu divine qui était en lui, elle nous apprend aussi qu’avec l’humilité et la foi nous trouverons toujours auprès de Jésus-Christ les secours nécessaires pour notre salut. Plus on se croit indigne d’avoir part à la grâce de Dieu et plus il est disposé à la répandre sur nous. C’est encore une chose digne d’être remarquée que notre Seigneur connut que cette femme l’avait touché, quoiqu’elle ne se fût pas adressée à lui. On voit par-là que rien n’est caché à Jésus-Christ et que les miracles qu’il opérait ne se faisait que par sa volonté.

La résurrection de la fille de Jaïrus est un effet plus considérable de la puissance infinie de notre Seigneur et ce miracle, de même que quelques autres semblables qu’il a faits, ne nous permettent pas de douter qu’il ne puisse ressusciter les morts et qu’il ne fasse un jour cette même merveille en notre faveur selon qu’il nous l’a promis. 

CHAPITRE IX VERSETS 1 A 27

Saint Luc rapporte :

I. L’envoi des douze apôtres dans la Judée et les instructions que notre Seigneur leur donna

II. L’opinion que le roi Hérode avait de Jésus-Christ,

III. Le miracle de la multiplication des cinq pains et des deux poissons,

IV. l’entretien que notre Seigneur eut avec les apôtres lorsqu’il leur demanda quels sentiments ils avaient de lui et ce qu’il leur dit pour les avertir de sa mort et pour les préparer eux-mêmes aux souffrances.

 1 Puis Jésus ayant assemblé ses douze disciples, il leur donna puissance et autorité sur tous les démons, et le pouvoir de guérir les maladies.

2 Il les envoya donc annoncer le règne de Dieu, et guérir les malades.

3 Et il leur dit : Ne portez rien pour le chemin, ni bâtons, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez point deux habits.

4 Et en quelque maison que vous entriez, demeurez-y jusqu’à ce que vous partiez.

5 Et partout où l’on ne vous recevra point, en partant de cette ville-là, secouez la poussière de vos pieds, en témoignage contre ces gens-là.

6 Etant donc partis, ils allaient de bourgade en bourgade, annonçant l’évangile et guérissant partout les malades.

7 Cependant, Hérode le tétrarque entendit parler de tout ce que Jésus faisait ; et il était fort en peine, parce que les uns disaient que Jean était ressuscité des morts ;

8 et d’autres, qu’Elie était apparu ; et d’autres, que quelqu’un des anciens prophètes était ressuscité.

9 Et Hérode disait : J’ai fait couper la tête à Jean ; qui est donc celui-ci, de qui j’entends dire de telles choses ? Et il souhaitait de le voir.

10 Les apôtres étant de retour, racontèrent à Jésus tout ce qu’ils avaient fait. Les ayant pris avec lui, il se retira à l’écart dans un lieu solitaire, près d’une ville appelée Bethsaïde.

11 Le peuple l’ayant appris, le suivit, et Jésus les ayant reçus, il leur parlait du règne de Dieu, et il guérissait ceux qui avaient besoin de guérison.

12 Comme le jour commençait à baisser, les douze s'approchèrent de lui et lui dirent : Renvoie cette multitude, afin qu’ils s’en aillent aux bourgs et aux villages qui sont aux environs, pour s’y retirer et pour trouver à manger ; car nous sommes ici dans un lieu désert.

13 Mais il leur dit : Vous-mêmes, donnez-leur à manger. Et ils dirent : Nous n’avons que cinq pains et deux poissons ; à moins que nous n’allions acheter des vivres pour tout ce peuple ;

14 car ils étaient environ cinq mille hommes. Alors il dit à ses disciples : Faites-les asseoir par rangs de cinquante personnes chacun.

15 Et ils firent ainsi, et les firent tous asseoir.

16 Alors Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et levant les yeux au ciel, il les bénit, et les rompit, et les donna aux disciples, afin qu’ils les missent devant le peuple.

17 Ils en mangèrent tous, et furent rassasiés, et on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restèrent.

18 Il arriva, comme il priait en particulier, et que les disciples étaient avec lui, qu’il leur demanda : Qui dit-on, parmi le peuple, que je suis ?

19 Eux, répondant, dirent : Les uns disent que tu es Jean-Baptiste ; les autres, Elie : et les autres, que quelqu’un des anciens prophètes est ressuscité.

20 Et vous, leur dit-il, qui dites-vous que je suis ? Et Pierre répondit : Tu es le CHRIST DE DIEU.

21 Et il leur défendit avec menaces de le dire à personne.

22 Puis il leur dit : Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les principaux sacrificateurs et par les Scribes, et qu’il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour.

23 Et il disait à tous : Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il renonce à soi-même, qu’il se charge chaque jour de sa croix, et qu’il me suive.

24 Car quiconque voudra sauver sa vie la perdra ; mais quiconque perdra sa vie pour l’amour de moi, celui-là la sauvera.

25 Et que servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s’il se détruisait lui-même et s'il se perdait lui-même ?

26 Car si quelqu’un a honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire, et dans celle du Père et des saints anges.

27 Et je vous dis en vérité, qu’il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne mourront point, qu’ils n’aient vu le règne de Dieu. 

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à considérer sur l’envoi des apôtres, c’est que Jésus-Christ leur ordonna d’aller devant lui dans la Judée afin de répandre partout la bonne nouvelle de la venue du Messie et de préparer les Juifs, par leur prédication et par leurs miracles, à le recevoir. Par là il voulait aussi les préparer eux-mêmes à aller dans la suite annoncer l’Évangile par toute la terre. Ce que l’on doit surtout remarquer dans ce que Jésus-Christ leur dit, c’est que le ministère des serviteurs de Dieu n’est utile qu’à ceux qui les reçoivent et que ceux qui les rejettent attirent sur eux une sévère mais juste condamnation.

Il parait d’ici, en second lieu, que l’on avait une haute opinion de notre Seigneur parmi les Juifs, puisqu’on croyait que c’était Élie ou quelque autre prophète, mais c’est une chose très remarquable qu’Hérode, qui était un prince impie et dans les sentiments des sadducéens qui niaient la résurrection, croyait que Jean-Baptiste, qu’il avait fait mourir, était ressuscité. On doit regarder cela comme un effet des remords que ce prince ressentait d’avoir fait mourir ce Saint homme. Quoique les impies rejettent les vérités de la religion, ils ne sont jamais bien affermis dans leurs sentiments et lorsque leur conscience se réveille, ils reconnaissent les mêmes vérités qu’ils avaient révoquées en doute et niées auparavant.

Le miracle que Jésus-Christ fit en multipliant cinq pains et deux poissons pour donner à manger à plusieurs milliers de personnes est l’un des plus illustres qu’il ait faits, puisque ces gens-là furent autant de témoins qui allèrent répandre tout le bruit de cette merveille, ce qui servit à confirmer puissamment la vérité de la doctrine de Jésus-Christ et sa mission divine et à disposer un grand nombre de personnes à croire en lui.

Ce que nous devons recueillir de l’entretien que notre Seigneur eut avec ses disciples sur les sentiments qu’on avait de lui et sur ce qu’ils en pensaient eux-mêmes, c’est :

  • Que la foi en Jésus-Christ consiste à le regarder comme le Messie et le fils du Dieu vivant,
  • Qu’il était venu au monde pour souffrir et pour mourir,
  • Que personne ne peut être chrétien s’il n’a premièrement appris à renoncer à soi-même et à porter sa croix et s’il n’est disposé à faire toujours une profession publique de sa foi.

Et enfin que le salut ou la perte de l’âme est la seule chose la plus importante de toutes et que bien loin de nous mettre en danger de perdre notre âme en voulant gagner le monde, il n’y a rien que nous ne devions être prêts à sacrifier pour la sauver.

CHAPITRE IX VERSETS 28 A 62

Notre Seigneur est transfiguré en présence de trois de ses apôtres.

Il guérit un lunatique que ses disciples n’avaient pu guérir, et il leur dit encore une fois qu’il serait condamné à la mort.

Il leur enseigne l’humilité et il les blâme d’avoir empêché un homme qui ne les suivait pas de chasser les démons en son nom.

Il censure le zèle inconsidéré de deux de ses apôtres, et il répond à trois personnes qui voulaient le suivre. 

28 Environ huit jours après ces discours, Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et monta sur une montagne pour prier.

29 Et pendant qu’il priait, son visage parut tout autre, et ses habits devinrent blancs et resplendissants comme un éclair.

30 En même temps on vit deux hommes qui s’entretenaient avec lui ; c’étaient Moïse et Elie,

31 qui apparurent avec gloire, et parlaient de son issue qu’il devait accomplir à Jérusalem.

32 Et Pierre et ceux qui étaient avec lui étaient accablés de sommeil, et quand ils furent réveillés, ils virent sa gloire, et les deux hommes qui étaient avec lui.

33 Et comme ces hommes se séparaient de Jésus, Pierre lui dit : Maître, il est bon que nous demeurions ici ; faisons-y trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, et une pour Elie ; car il ne savait pas bien ce qu’il disait.

34 Il parlait encore, lorsqu’une nuée les couvrit : et comme elle les enveloppait, ils furent saisis de frayeur.

35 Et une voix sortit de la nuée qui dit : C’est ici mon fils bien-aimé ; écoutez-le.

36 Et dans le temps que la voix se faisait entendre, Jésus se trouva seul ; et ils gardèrent le silence sur cela, et ne dirent rien alors à personne de ce qu’ils avaient vu.

37 Le jour suivant, comme ils descendaient de la montagne, une grande troupe vint au-devant de Jésus.

38 Et un homme de la troupe s’écria et dit : Maître, je te prie, jette les yeux sur mon fils ; car c’est mon fils unique.

39 Un esprit se saisit de lui, et aussitôt il jette de grands cris, il l’agite violemment, le fait écumer, et à peine le quitte-t-il, après l’avoir tout brisé.

40 Et j’ai prié tes disciples de le chasser ; mais ils n’ont pu.

41 Et Jésus, répondant, dit : O race incrédule et perverse, jusqu’à quand serai-je avec vous et vous supporterai-je ? Amène ici ton fils.

42 Et comme il approchait, le démon le jeta contre terre, et l’agita violemment ; mais Jésus reprit fortement l’esprit immonde, et guérit l’enfant, et le rendit à son père.

43 Et tous furent étonnés de la puissance magnifique de Dieu. Et comme ils étaient tous dans l’admiration de tout ce que Jésus faisait, il dit à ses disciples :

44 Pour vous, écoutez bien ces paroles : Le Fils de l’homme doit être livré entre les mains des hommes.

45 Mais ils n’entendaient point cette parole ; elle était si obscure pour eux, qu’ils n’y comprenaient rien ; et ils craignaient de l’interroger sur ce sujet.

46 Et il survint une dispute parmi eux, lequel d’entre eux serait le plus grand.

47 Mais Jésus, voyant les pensées de leur cœur, prit un enfant et le mit auprès de lui.

48 Et il leur dit : Quiconque reçoit cet enfant en mon nom, il me reçoit ; et quiconque me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé. Car celui d’entre vous tous qui est le plus petit, c’est celui-là qui sera grand.

49 Et Jean, prenant la parole, dit : Maître, nous avons vu un homme qui chassait les démons en ton nom ; et nous l’en avons empêché, parce qu’il ne te suit pas avec nous.

50 Et Jésus lui dit : Ne l’en empêchez point ; car celui qui n’est pas contre nous est pour nous.

51 Comme le temps auquel il devait être enlevé du monde approchait, il se mit en chemin, résolu d’aller à Jérusalem.

52 Et il envoya des gens devant lui, qui, étant partis, entrèrent dans un bourg des Samaritains, pour lui préparer un logement.

53 Mais les Samaritains ne le reçurent pas, parce qu’il paraissait aller à Jérusalem.

54 Et Jacques et Jean, ses disciples, voyant cela, lui dirent : Seigneur, veux-tu que nous disions que le feu du ciel descende sur eux et qu’il les consume, comme Elie le fit ?

55 Mais Jésus, se tournant vers eux, les censura et leur dit : Vous ne savez de quel esprit vous êtes animés ;

56 Car le Fils de l’homme n’est point venu pour faire périr les hommes ; mais il est venu pour les sauver. Et ils s’en allèrent à un autre bourg.

57 Et comme ils étaient en chemin, un homme lui dit : Je te suivrai, Seigneur, partout où tu iras.

58 Mais Jésus lui répondit : Les renards ont des tanières, et les oiseaux du ciel ont des nids : mais le Fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête.

59 Il dit à un autre : Suis-moi. Et il lui répondit : Seigneur, permets que j'aille auparavant ensevelir mon père.

60 Jésus lui dit : Laisse les morts ensevelir leurs morts, mais toi, va annoncer le règne de Dieu.

61 Un autre lui dit aussi : Je te suivrai, Seigneur ; mais permets-moi de prendre auparavant congé de ceux qui sont dans ma maison.

62 Mais Jésus lui répondit : Celui qui met la main à la charrue et regarde derrière lui, n’est point propre pour le royaume de Dieu. 

REFLEXIONS

Nous avons dans la transfiguration de notre Seigneur et dans l’état de gloire où les apôtres le virent alors une preuve convaincante de la vérité et de   la divinité de l’Évangile, comme Saint Pierre qui fut présent à cette transfiguration le remarque dans sa deuxième épître au chapitre un. Moïse et Élie furent vus dans cette occasion avec Jésus-Christ et les apôtres les entendirent s’entretenir avec lui de ce qu’il devait souffrir à Jérusalem, afin qu’il parût que c’était de lui que les prophètes avaient parlé. Dieu fit entendre une voix du Ciel, après que Moïse et Élie se furent retirés, pour apprendre aux apôtres et par leur moyen, à tous les hommes que désormais il ne fallait plus écouter que Jésus seul et qu’il était infiniment plus grand que Moïse, qu’Élie et que tous les prophètes. Enfin il parait que ces deux Saints hommes, qui n’étaient plus au monde depuis plusieurs siècles vivaient auprès de Dieu, d’où nous devons conclure que ceux qui ont servi Dieu fidèlement en cette vie ne sont pas détruits, ni anéantis par la mort.

On voit dans l’histoire du lunatique que la foi des apôtres était encore bien faible, comme notre Seigneur le leur reprocha, mais cette foi se fortifia dans la suite à mesure qu’ils furent mieux instruits et, que leurs préjugés se dissipaient. Comme le peu de foi des apôtres fut cause qu’ils ne purent délivrer le lunatique, nos chutes et nos manquements ne viennent que du défaut de foi, c’est pourquoi nous devons travailler à nous y affermir et prier le Seigneur qu’il l’augmente de plus en plus en nous.

Les leçons d’humilité que notre Seigneur donnait à ses disciples nous apprennent que les sentiments d’élévation et l’amour de la gloire du monde sont indignes des chrétiens, qu’ils doivent au contraire chercher leur gloire dans l’humilité et estimer tous ceux qui aiment Jésus-Christ quand même ils seraient petits et méprisés dans le monde.

La réponse que Jésus-Christ fit à Saint Jean, qui s’était opposé à un homme qui chassait les démons au nom de Jésus-Christ parce que cet homme n’était pas à l’ordinaire avec les apôtres, nous enseigne qu’on ne doit jamais s’opposer sous quelque prétexte que ce soit à ceux qui travaillent sincèrement à l’avancement du règne de notre Seigneur. Il faut faire cas de la piété partout où elle se trouve, puisque tout ce qui est bon ne peut venir que de Dieu.

Il y a d’importantes considérations à faire sur la censure que Jésus-Christ adressa à Saint Jacques et à Saint Jean, lesquels, emporté par un zèle indiscret et par l’aversion que les Juifs avaient pour les Samaritains, voulaient faire descendre le feu du Ciel sur ces samaritains qui n’avaient pas voulu loger leur maître. Cela nous avertit de ne nous jamais laisser surprendre par l’esprit de vengeance, ni par un zèle faux et aveugle tel qu’est toujours celui qui va faire du mal aux hommes, mais d’être animés comme Jésus-Christ l’a été, d’un esprit de douceur et de support envers tout le monde et en particulier envers ceux qui sont dans l’erreur et qui ont d’autres sentiments que nous sur la religion.

Par les réponses que notre Seigneur donna à ces trois personnes qui voulaient le suivre, il se proposait de leur faire connaître :

I. Qu’il ne promettait point les commodités de cette vie à ses disciples,

II. Qu’il faut être prêt à renoncer à tout pour l’amour de lui, même aux choses qui sont innocentes et légitimes lorsqu’elles nous sont un obstacle à faire notre devoir,

III. Que quand on s’est une fois engagé à son service, on doit suivre sa vocation et ne plus regarder du côté du monde. 

CHAPITRE X VERSETS 1 A 24

Jésus-Christ choisit soixante et dix disciples, il les envoie devant lui, il leur donne le pouvoir de faire des miracles et les instructions nécessaires pour leur emploi et il dénonce les jugements de Dieu aux villes où il avait prêché et fait des miracles et qui ne s’étaient pas amendées.

II. Les soixante et dix disciples rendent compte à Jésus-Christ du succès de leur voyage et de leur ministère et il prédit à cette occasion la chute du règne de satan.

III. Il loue Dieu de ce que l’Évangile était prêché et reçu par des personnes qui n’étaient pas distinguées, ni considérées dans le monde et il représente à ses disciples combien ils étaient heureux d’être instruits par lui des vérités de l’Évangile.

 1 Après cela, le Seigneur établit encore soixante et dix autres disciples, et il les envoya deux à deux devant lui, dans toutes les villes et dans tous les lieux où lui-même devait aller.

2 Et il leur disait : La moisson est grande ; mais il y a peu d’ouvriers ; priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.

3 Allez, je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups.

4 Ne portez ni bourse, ni sac, ni souliers ; et ne saluez personne en chemin.

5 Et dans quelque maison que vous entriez, dites en entrant : La paix soit sur cette maison.

6 S’il y a là quelque enfant de paix, votre paix reposera sur lui ; sinon, elle retournera à vous.

7 Et demeurez dans cette maison-là, mangeant et buvant de ce qu’on vous donnera, car l’ouvrier est digne de son salaire. Ne passez point d’une maison à une autre maison.

8 De même, dans quelque ville que vous entriez, si on vous y reçoit, mangez de ce qu’on vous présentera.

9 Guérissez les malades qui s’y trouveront, et dites-leur : Le règne de Dieu s’est approché de vous.

10 Mais dans quelque ville que vous entriez, si l’on ne vous y reçoit pas, sortez dans les rues, et dites :

11 Nous secouons contre vous la poussière qui s’est attachée à nous dans votre ville ; sachez pourtant que le règne de Dieu s’est approché de vous.

12 Je vous dis qu’en ce jour-là ceux de Sodome seront traités moins rigoureusement que cette ville-là.

13 Malheur à toi, Chorasin ; malheur à toi, Bethsaïde ! car si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps que ces villes se seraient converties, en prenant le sac et la cendre.

14 C’est pourquoi Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement au jour du jugement que vous.

15 Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu’au ciel, tu seras abaissée jusqu’en enfer.

16 Qui vous écoute, m’écoute ; et qui vous rejette, me rejette ; et qui me rejette, rejette celui qui m’a envoyé.

17 Or, les soixante et dix disciples revinrent avec joie, disant : Seigneur, les démons même nous sont assujettis par ton nom.

18 Et il leur dit : Je voyais Satan tomber du ciel comme un éclair.

19 Voici, je vous donne le pouvoir de marcher sur les serpents, sur les scorpions et sur toutes les forces de l’ennemi ; et rien ne pourra vous nuire.

20 Toutefois ne vous réjouissez pas seulement de ce que les esprits vous sont assujettis ; mais réjouissez-vous encore plus de ce que vos noms sont écrits dans les cieux.

21 En ce même instant, Jésus tressaillit de joie en son esprit et dit : Je te loue, ô Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux enfants ! Oui, mon Père, cela est ainsi, parce que tu l’as trouvé bon.

22 Toutes choses m’ont été mises entre les mains par mon Père ; et nul ne connaît qui est le Fils, que le Père, ni qui est le Père, que le Fils, et celui à qui le Fils le voudra révéler.

23 Puis se tournant vers ses disciples, il leur dit en particulier : Heureux les yeux qui voient ce que vous voyez !

24 Car je vous dis que plusieurs prophètes et plusieurs rois ont désiré de voir ce que vous voyez, et ne l’ont point vu ; et d’entendre ce que vous entendez, et ne l’ont point entendu.

REFLEXIONS

Jésus-Christ, qui avait déjà choisi douze apôtres, voulut encore choisir soixante et dix disciples qu’il envoya dans la Judée afin de répandre plus promptement l’heureuse nouvelle de la venue du règne de Dieu et afin qu’ils fussent dans la suite mieux en état d’aller prêcher sa doctrine dans tout le monde. Les instructions qu’il leur donna montrent que les serviteurs de Dieu doivent exercer leur charge avec fidélité, avec désintéressement et avec courage, que ceux qui ont le cœur bon et un esprit paisible les reçoivent et que ceux qui refusent de les écouter seront inexcusables.

II. Les plaintes et les menaces que Jésus-Christ fait contre ces villes de la Galilée où il avait prêché et fait des miracles nous avertissent que les peuples qui sont le plus favorisés des grâces du Ciel en abusent souvent d’une manière criminelle et que ceux à qui Dieu fait annoncer sa parole et qui n’en profitent pas doivent s’attendre à la punition la plus sévère.

III. Sur ce que Jésus-Christ dit aux soixante et dix disciples lorsqu’ils lui rendirent compte du succès de leur voyage et des miracles qu’ils avaient faits, il faut remarquer qu’il prédit la ruine prompte du règne de satan, ce qui arriva en effet peu après par la prédication de l’Évangile. Il leur déclara de plus que quoique ce fût un privilège bien plus glorieux pour eux de chasser les démons, ils doivent encore plus se réjouir de ce que leurs noms étaient écrits dans le Ciel, c’est-à-dire de ce qu’ils étaient disciples de Jésus-Christ et destiné à la gloire céleste. L’avantage d’appartenir à Dieu et d’être du nombre des vrais fidèles est infiniment plus considérable que le pouvoir de faire des miracles.

IV. On doit aussi faire bien attention aux louanges que Jésus-Christ rendait à Dieu de ce que l’Évangile était reçu par les petits et par les humbles, pendant que les grands et ceux qui étaient regardés comme les plus sages le rejetaient. Ce n’est pas aux mondains et aux personnes qui sont remplies de la bonne opinion d’elles-mêmes que Dieu se révèle, c’est aux humbles et à ceux qui ont le cœur simple et droit.

V. Il faut bien remarquer ce que notre Seigneur disait si fortement à ses disciples qu’ils étaient heureux d’être instruits par lui et de connaitre les vérités de l’Évangile que les anciens prophètes n’avaient pas connu comme eux. Cet avantage nous est commun avec les Apôtres ; mais si nous ne profitons pas de notre bonheur, nous n’en serons que plus misérables et il vaudrait mieux pour nous ne n’en avoir jamais joui. 

CHAPITRE X VERSETS 25 A 42

Jésus-Christ répond à un docteur de la Loi qui lui avait demandé ce qu’il fallait faire pour avoir la vie éternelle.

II. Pour apprendre à ce docteur qu’il n’y a point d’homme qui ne soit notre prochain, il lui propose la parabole d’un homme qui était tombé entre les mains des voleurs.

III. Jésus étant allé loger dans la maison de Marthe et de Marie, il loue la piété de Marie qui se tenait auprès de lui pour l’écouter 

25 Alors un docteur de la loi se leva et dit à Jésus, pour l’éprouver : Maître, que faut-il que je fasse pour hériter la vie éternelle ?

26 Jésus lui dit : Qu’est-ce qui est écrit dans la loi, et qu’y lis-tu ?

27 Il répondit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée, et ton prochain comme toi-même.

28 Et Jésus lui dit : Tu as bien répondu ; fais cela, et tu vivras.

29 Mais cet homme voulant paraître juste, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ?

30 Et Jésus, prenant la parole, lui dit : Un homme descendit de Jérusalem à Jérico, et tomba entre les mains des voleurs, qui le dépouillèrent ; et après l’avoir blessé de plusieurs coups, ils s’en allèrent, le laissant à demi mort.

31 Or, il se rencontra qu’un sacrificateur descendait par ce chemin-là ; et ayant vu cet homme, il passa outre.

32 Un lévite étant aussi venu dans le même endroit, et le voyant, passa outre.

33 Mais un Samaritain, passant son chemin, vint vers cet homme, et le voyant, il fut touché de compassion ;

34 et s’approchant, il banda ses plaies, et il y versa de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa monture, et le mena à une hôtellerie, et prit soin de lui.

35 Le lendemain, en partant, il tira deux deniers d’argent, et les donna à l’hôte, et lui dit : Aie soin de lui, et tout ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrai à mon retour.

36 Lequel donc de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs ?

37 Le docteur dit : C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui. Jésus lui dit : Va, et fais la même chose.

38 Comme ils étaient en chemin, il entra dans un bourg, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.

39 Elle avait une sœur nommée Marie, qui, se tenant assise aux pieds de Jésus, écoutait sa parole.

40 Mais comme Marthe était distraite par divers soins, elle vint et dit à Jésus : Seigneur, ne considères-tu point que ma sœur me laisse servir toute seule ? Dis-lui donc qu’elle m’aide aussi.

41 Et Jésus lui répondit : Marthe, Marthe, tu te mets en peine et tu t’embarrasses de plusieurs choses ;

42 mais une seule chose est nécessaire ; or, Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée. 

REFLEXIONS

Cette lecture nous donne ces trois instructions. La première, que le principal commandement de Dieu et même l’abrégé de toute la religion est d’aimer Dieu par-dessus toutes choses et d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, que c’est là le moyen d’accomplir toute la Loi et de s’acquitter de tous nos devoirs et qu’ainsi c’est à quoi il faut s’attacher si l’on veut parvenir à la vraie et solide piété et par ce moyen à la vie éternelle.

La seconde, qu’il n’y a aucun homme qui ne soit notre prochain et que nous ne devions aimer. C’est ce que Jésus-Christ enseigne par la parabole de ce Juif, qui, ayant été blessé par des voleurs, ne fut secouru, ni par un sacrificateur, ni par un Lévite qui étaient Juifs comme lui, mais qui fut assisté par un Samaritain qui était un étranger et même d’une nation que les Juifs haïssaient. Le but de Jésus-Christ était d’enseigner par-là que tous les hommes sans exception, même les étrangers et ceux qui ne nous aiment pas sont nos prochains, que nous devons les aimer tous, leur faire du bien et secourir les malheureux de tout notre pouvoir. C’était là une vérité claire et certaine, mais que les docteurs Juifs les plus éclairés ne comprenaient pas bien.

La troisième instruction est prise de ce qui est dit dans ce chapitre de Marthe et de Marie. Le jugement que le Seigneur fit de la conduite de ces deux sœurs nous enseigne que notre principal soin doit être de nous attacher à lui et d’écouter sa parole, que les occupations de cette vie, quelques légitimes qu’elles soient, ne doivent jamais nous faire négliger la chose la plus importante et la seule nécessaire et que pour être heureux, il faut choisir comme Marie la bonne part qui ne nous sera jamais ôtée. 

CHAPITRE XI VERSETS 1 A 28

I. Jésus-Christ instruit ses disciples sur la prière.

II. Il guérit un démoniaque et il répond aux pharisiens qui disaient que c’était par la puissance du diable qu’il chassait des démons.

III. Il propose la similitude d’un homme en qui le mauvais esprit rentre après en être sorti.

IV. l parle du bonheur de ceux qui écoutent sa parole et qui la gardent. 

1 Un jour que Jésus était en prière en un certain lieu, après qu’il eut achevé sa prière, un de ses disciples lui dit : Seigneur, enseigne-nous à prier, comme Jean l’a aussi enseigné à ses disciples.

2 Et il leur dit : Quand vous priez, dites : Notre Père qui est aux cieux ; ton nom soit sanctifié ; ton règne vienne ; ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

3 Donne-nous chaque jour notre pain quotidien.

4 Pardonne-nous nos péchés ; car nous pardonnons aussi à tous ceux qui nous ont offensés ; et ne nous abandonne point à la tentation ; mais délivre-nous du malin.

5 Puis il leur dit : Si quelqu’un de vous avait un ami qui vînt le trouver à minuit, et qui lui dît : Mon ami, prête-moi trois pains ;

6 car un de mes amis est venu me voir en passant ; et je n’ai rien à lui présenter ;

7 et que cet homme, qui est dans sa maison lui répondît : Ne m’importune pas, ma porte est fermée, et mes enfants sont avec moi au lit ; je ne saurais me lever pour t’en donner ;

8 je vous dis que quand même il ne se lèverait pas pour lui en donner, parce qu’il est son ami, il se lèverait à cause de son importunité, et lui en donnerait autant qu’il en aurait besoin.

9 Et moi, je vous dis : Demandez, et on vous donnera ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et on vous ouvrira ;

10 car quiconque demande, reçoit, et qui cherche, trouve, et on ouvrira à celui qui heurte.

11 Qui est le père d’entre vous, qui donne à son fils une pierre, lorsqu’il lui demande du pain ? Ou, s’il lui demande du poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d’un poisson ?

12 Ou s’il lui demande un œuf, lui donnera-t-il un scorpion ?

13 Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants ; combien plus votre Père céleste donnera-t-il le Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent ?

14 Jésus chassa aussi un démon qui était muet ; et le démon étant sorti, le muet parla ; et le peuple était dans l’admiration.

15 Et quelques-uns d’entre eux dirent : C’est par Béelzébul, le prince des démons, qu’il chasse les démons.

16 Mais d’autres, pour l’éprouver, lui demandaient quelque miracle qui vînt du ciel.

17 Mais Jésus connaissant leurs pensées leur dit : Tout royaume divisé contre lui-même sera réduit en désert ; et toute maison divisée contre elle-même tombera en ruine.

18 Si donc Satan est aussi divisé contre lui-même, comment son règne subsistera-t-il ? puisque vous dites que c’est par Béelzébul que je chasse les démons.

19 Que si je chasse les démons par Béelzébul, vos fils, par qui les chassent-ils ? C’est pourquoi ils seront vos juges.

20 Mais si je chasse les démons par le doigt de Dieu, il est donc vrai que le règne de Dieu est venu à vous.

21 Quand un homme fort et bien armé garde l’entrée de sa maison, tout ce qu’il a est en sûreté.

22 Mais s’il en vient un plus fort que lui, qui le vainque, il lui ôte toutes ses armes auxquelles il se confiait, et il partage ses dépouilles.

23 Celui qui n’est pas avec moi, est contre moi ; et celui qui n’assemble pas avec moi dissipe.

24 Lorsqu’un esprit immonde est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point ; et il dit : Je retournerai dans ma maison, d’où je suis sorti.

25 Et quand il y vient, il la trouve balayée et ornée.

26 Alors il s’en va et prend avec lui sept autres esprits pires que lui ; et ils y entrent et y demeurent ; et le dernier état de cet homme devient pire que le premier.

27 Comme Jésus disait ces choses, une femme de la troupe éleva sa voix et lui dit : Heureux les flancs qui t’ont porté, et les mamelles qui t’ont allaité.

28 Mais plutôt, reprit Jésus, heureux ceux qui écoutent la parole de Dieu, et qui la mettent en pratique ! 

REFLEXIONS

La première instruction que le Sauveur du monde nous donne ici concerne la prière et en particulier l’oraison dominicale. Cette divine prière ayant Jésus-Christ pour auteur et renfermant tout ce que nous devons demander de plus important, premièrement pour la gloire de Dieu et ensuite pour nos besoins, tant du corps que de l’âme, nous devons la présenter à Dieu avec un singulier respect et avec toute l’attention possible et en même temps avec une confiance toute particulière, puisqu’en demandant ce que notre Seigneur nous ordonne de demander, nous ne pouvons pas douter que nos prières ne soient conformes à la volonté de Dieu.

Jésus-Christ nous a enseigné de plus que si en priant les hommes avec instance on obtient d’eux ce qu’on souhaite, les prières obtiendront beaucoup plus de Dieu, qui est notre Père, les véritables biens qui sont les biens spirituels. Tout cela doit nous exciter fortement à prier avec zèle et à ne nous relâcher jamais dans ce saint exercice.

II. Nous voyons dans les pharisiens qui attribuaient au diable les miracles que Jésus faisait par la vertu de l’Esprit de Dieu que les gens qui ont un mauvais cœur rendent inutiles les moyens les plus efficaces que Dieu emploie pour surmonter leur endurcissement et que même ils ne font que s’affermir davantage dans leur malice.

III. La similitude du mauvais esprit qui rentre dans un homme après en être sorti signifie que les Juifs, pour n’avoir pas profité de la présence et des miracles de Jésus-Christ, tomberaient dans un plus grand endurcissement et qu’ils éprouveraient enfin la vengeance divine. C’est aussi ce qui arrive à tous ceux qui après avoir reçu la grâce de Dieu résistent à son opération et s’engagent de nouveau dans le péché.

Enfin, la réponse que notre Seigneur fit à cette femme qui admirait ses discours nous enseigne que ce qu’il y a de plus glorieux et de plus avantageux pour nous c’est d’entendre la parole de Dieu et d’en observer les préceptes. Cette importante instruction est renfermée dans ces paroles de Jésus-Christ : Heureux ceux qui entendent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique !

 CHAPITRE XI VERSETS 29 A 54

Notre Seigneur reprend l’incrédulité des Juifs en proposant l’exemple des Ninivites et celui de la reine de Séba.

II. Il dit que cette incrédulité n’empêcherait pas que sa doctrine, qui était comme une lumière qui devait éclairer les hommes, ne fût annoncée et il montre que pour en profiter, il faut avoir un œil pur et simple, c’est-à-dire l’esprit libre et dégagé de préjugés et de passions.

III. Étant prié à diner chez un pharisien, il parle contre les pharisiens et les docteurs de la Loi, il leur reproche leur hypocrisie, leur orgueil et leur incrédulité et il leur dénonce la malédiction de Dieu 

29 Comme le peuple s'amassait en foule, Jésus se mit à dire : Cette race est méchante ; elle demande un miracle, et il ne lui en sera point donné d’autre que celui du prophète Jonas.

30 Car, comme Jonas fut un miracle pour ceux de Ninive, le Fils de l’homme en sera un pour cette génération.

31 La reine du Midi s’élèvera au jour du jugement contre les hommes de cette génération, et les condamnera, parce qu’elle vint d’un pays éloigné pour entendre la sagesse de Salomon ; et voici, il y a ici plus que Salomon.

32 Les Ninivites s’élèveront au jour du jugement contre cette génération, et la condamneront, parce qu’ils s’amendèrent à la prédication de Jonas ; et voici, il y a ici plus que Jonas.

33 Personne n’allume une chandelle pour la mettre dans un lieu caché, ou sous un boisseau ; mais on la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière.

34 L’œil est la chandelle du corps ; si donc ton œil est sain, tout ton corps sera éclairé ; mais s’il est mauvais, ton corps sera dans les ténèbres.

35 Prends donc garde que la lumière qui est en toi ne soit que ténèbres.

36 Si donc tout ton corps est éclairé, et s’il n’a aucune partie qui soit dans les ténèbres, il sera tout éclairé, comme quand une chandelle t’éclaire par sa lumière.

37 Comme il parlait, un Pharisien le pria à dîner chez lui ; et Jésus y entra et se mit à table.

38 Mais le Pharisien s’étonna de ce qu’il vit qu’il ne s'était pas lavé avant le dîner.

39 Et le Seigneur lui dit : Vous autres Pharisiens, vous nettoyez le dehors de la coupe et du plat ; mais au dedans vous êtes pleins de rapine et de méchanceté.

40 Insensés ! celui qui a fait le dehors n’a-t-il pas fait aussi le dedans ?

41 Mais plutôt, donnez en aumônes ce que vous avez, et toutes choses vous seront pures.

42 Mais malheur à vous, Pharisiens, qui payez la dîme de la menthe, de la rue et de toutes sortes d’herbes, tandis que vous négligez la justice et l’amour de Dieu. Ce sont là les choses qu’il fallait faire, sans néanmoins négliger les autres.

43 Malheur à vous, Pharisiens, qui aimez à occuper les premiers rangs dans les synagogues, et à être salués dans les places publiques.

44 Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous ressemblez aux sépulcres qui ne paraissent point, et les hommes qui marchent dessus n’en savent rien.

45 Alors un des docteurs de la loi prit la parole et lui dit : Maître, en disant ces choses, tu nous outrages aussi.

46 Et Jésus dit : Malheur aussi à vous, docteurs de la loi, parce que vous chargez les hommes de fardeaux qu’ils ne peuvent porter, et vous-mêmes n’y touchez pas du doigt.

47 Malheur à vous, parce que vous bâtissez les sépulcres des prophètes que vos pères ont fait mourir.

48 Vous témoignez assez par-là que vous consentez aux actions de vos pères ; car ils les ont fait mourir, et vous bâtissez leurs tombeaux.

49 C’est pourquoi aussi la sagesse de Dieu a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; et ils feront mourir les uns et persécuteront les autres ;

50 Afin que le sang de tous les prophètes, qui a été répandu dès la création du monde, soit redemandé à cette nation,

51 Depuis le sang d’Abel jusqu’au sang de Zacharie, qui fut tué entre l’autel et le temple ; oui, vous dis-je, ce sang sera redemandé à cette nation.

52 Malheur à vous, docteurs de la loi, parce qu’ayant pris la clef de la connaissance, vous n’y êtes point entrés vous-mêmes, et vous avez encore empêché d’y entrer ceux qui voulaient le faire.

53 Et comme il leur disait cela, les Scribes et les Pharisiens se mirent à le presser fortement, en le faisant parler sur plusieurs choses,

54 Lui tendant des pièges, et tâchant de tirer quelque chose de sa bouche, pour avoir de quoi l’accuser. 

REFLEXIONS

Jésus-Christ nous enseigne ici par l’exemple de la reine de Séba et par celui des Ninivites que ceux à qui Dieu a accordé un plus grand degré de lumière et des avantages plus considérables pour le salut doivent s’attendre à une condamnation plus sévère s’ils négligent ces avantages et s’ils persévèrent dans l’incrédulité.

II. Ce que Jésus-Christ disait de la chandelle qu’on met sur le chandelier et de l’œil qui est la lumière du corps marquait deux choses : l’une qu’il avait donné la connaissance de sa doctrine à ses disciples afin qu’ils la répandissent partout et l’autre que pour recevoir cette doctrine et pour en connaître l’excellence, il faut que l’esprit soit bien disposé et que le cœur soit pur et sincère.

III. Notre Seigneur reprochait aux pharisiens d’observer une pureté extérieure, d’affecter de grandes apparences de vertu, de piété, d’humilité et de zèle et de témoigner un grand respect pour la mémoire des prophètes, pendant qu’ils avaient le cœur plein d’avarice et d’orgueil, qu’ils persécutaient ceux que Dieu leur envoyait et qu’ils empêchaient les hommes de croire en lui à cause de quoi il les menace d’une totale ruine.

Cela montre combien on se rend coupable lorsqu’on est possédé par l’avarice et par l’orgueil lorsqu’on rejette la parole de Dieu et qu’on en vient jusqu’à détourner les autres hommes de la foi et de la piété, ce qui est le comble de la malice.

Surtout, ce discours de notre Seigneur nous apprend que Dieu a en horreur l’hypocrisie et que ceux qui s’attachent à une pureté extérieure et qui négligent la pureté du cœur et de la conscience lui sont en abomination. Étudions-nous donc à la vraie sainteté, souvenons-nous que Dieu regarde principalement à l’intérieur et que le seul moyen de lui plaire est d’avoir un cœur droit et rempli de charité, d’être véritablement humbles, de recevoir sa parole avec soumission et de contribuer de tout notre pouvoir à amener les autres hommes à la foi et au salut.

 CHAPITRE XII VERSETS 1 A 34

Ce chapitre contient un excellent discours de notre Seigneur, dans lequel il exhorte ses disciples à ne pas dissimuler les vérités qu’ils avaient apprises de lui, mais à les annoncer publiquement. Et afin que la crainte des hommes ne les empêchât pas, il leur dit qu’ils ne devaient craindre que Dieu et il leur promet de les protéger et de les assister lorsqu’ils paraîtront devant les grands de ce monde.

II. À l’occasion d’un homme qui avait un différend avec un autre pour un héritage, il parle contre l’avarice. Il fait voir, par la parabole d’un homme riche, la folie de ceux qui ne songent qu’à amasser du bien. Il montre qu’on ne doit pas être en souci pour les nécessités de la vie, mais qu’il faut se reposer sur la providence et s’attacher principalement à ce qui concerne le royaume de Dieu. Enfin, il dit à ses disciples que quoi qu’ils fussent faibles et en petit nombre, ils ne devaient pas craindre de manquer de ce qui est nécessaire et il les exhorte à faire un bon usage des biens de la terre. 

1 Cependant, le peuple s’étant assemblé par milliers, en sorte qu’ils se pressaient les uns les autres, il se mit à dire à ses disciples : Gardez-vous sur toutes choses du levain des Pharisiens, qui est l’hypocrisie.

2 Car il n’y a rien de caché qui ne doive être découvert, ni rien de secret qui ne doive être connu.

3 Les choses donc que vous aurez dites dans les ténèbres seront entendues dans la lumière ; et ce que vous aurez dit à l’oreille dans les chambres, sera prêché sur les maisons.

4 Je vous dis donc, à vous qui êtes mes amis : Ne craignez point ceux qui tuent le corps, et qui, après cela, ne peuvent rien faire de plus.

5 Mais je vous montrerai qui vous devez craindre : craignez celui qui, après avoir ôté la vie, a le pouvoir d’envoyer dans la géhenne ; oui, je vous le dis, c’est celui-là que vous devez craindre.

6 Ne vend-on pas cinq petits passereaux pour deux pites ? Cependant Dieu n’en oublie pas un seul.

7 Et même tous les cheveux de votre tête sont comptés. Ne craignez donc point, vous valez plus que beaucoup de passereaux.

8 Or, je vous dis que quiconque me confessera devant les hommes, le Fils de l’homme le confessera aussi devant les anges de Dieu ;

9 mais celui qui me reniera devant les hommes, sera renié devant les anges de Dieu.

10 Et quiconque aura parlé contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné ; mais à celui qui aura blasphémé contre le Saint-Esprit, il ne lui sera point pardonné.

11 Quand on vous mènera dans les synagogues et devant les magistrats et les puissances, ne vous mettez point en peine de quelle manière vous répondrez pour votre défense, ni de ce que vous aurez à dire ;

12 car le Saint-Esprit vous enseignera en ce même instant ce qu’il faudra que vous disiez.

13 Alors quelqu’un de la troupe lui dit : Maître, dis à mon frère qu’il partage avec moi notre héritage.

14 Mais Jésus lui répondit : O homme, qui est-ce qui m’a établi pour être votre juge, ou pour faire vos partages ?

15 Puis il leur dit : Gardez-vous avec soin de l’avarice ; car quoique les biens abondent à quelqu’un, il n’a pas la vie par ses biens.

16 Il leur proposa là-dessus cette parabole : Les terres d’un homme riche avaient rapporté avec abondance ;

17 Et il disait en lui-même : Que ferai-je ? Car je n’ai pas assez de place pour serrer toute ma récolte.

18 Voici, dit-il, ce que je ferai : J’abattrai mes greniers, et j’en bâtirai de plus grands ; et j’y amasserai toute ma récolte et tous mes biens.

19 Puis je dirai à mon âme : Mon âme, tu as beaucoup de bien en réserve pour plusieurs années ; repose-toi, mange, bois et te réjouis.

20 Mais Dieu lui dit : Insensé, cette même nuit, ton âme te sera redemandée ; et ce que tu as amassé, pour qui sera-t-il !

21 Il en est ainsi de celui qui amasse des biens pour soi-même, et qui n’est point riche en Dieu.

22 Alors il dit à ses disciples : C’est pourquoi, je vous dis, ne soyez point en souci pour votre vie, de ce que vous mangerez, ni pour votre corps, de quoi vous serez vêtus.

23 La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement.

24 Considérez les corbeaux ; ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n’ont point de cellier ni de grenier, et toutefois Dieu les nourrit ; combien ne valez-vous pas plus que des oiseaux !

25 Et qui de vous peut, par ses inquiétudes, ajouter une coudée à sa taille ?

26 Si donc vous ne pouvez pas même faire les plus petites choses, pourquoi vous inquiétez-vous du reste ?

27 Considérez comment les lis croissent ; ils ne travaillent ni ne filent ; cependant, je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’a point été vêtu comme l’un d’eux.

28 Que si Dieu revêt ainsi une herbe qui est aujourd’hui dans les champs, et qui sera demain jetée dans le four, combien plus vous revêtira-t-il, gens de petite foi !

29 Ne vous mettez donc point en peine de ce que vous mangerez, ou de ce que vous boirez, et n’ayez point l’esprit inquiet.

30 Car ce sont les nations du monde qui recherchent toutes ces choses ; mais votre Père sait que vous en avez besoin.

31 Mais cherchez plutôt le royaume de Dieu, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.

32 Ne crains point, petit troupeau ; car il a plu à votre Père de vous donner le royaume.

33 Vendez ce que vous avez, et le donnez en aumônes ; faites-vous des bourses qui ne s’usent point, un trésor dans les cieux qui ne manque jamais, d’où les voleurs n’approchent point, et où la teigne ne gâte rien.

34 Car où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. 

REFLEXIONS

Notre Seigneur nous instruit ici sur la profession de la vérité et sur l’amour des biens du monde.

Sur le premier article, nous voyons dans ce chapitre que les chrétiens et surtout les ministres de Jésus-Christ doivent faire une profession publique de la vérité sans avoir peur des hommes, puisque les hommes ne peuvent tuer que le corps au lieu que Dieu peut envoyer le corps et l’âme en enfer. Par où notre Seigneur établit de la manière la plus claire la distinction de l’âme et du corps, l’immortalité de l’âme et les peines de la vie à venir. Il déclare de plus que Dieu veille pour ceux qui le craignent et qui souffrent à cause de lui, qu’il les assiste par son Esprit et qu’il reconnaîtra au dernier jour pour siens ceux qui auront eu le courage de se dire ses disciples, mais qu’il ne reconnaitra point ceux qui, par la crainte de la mort, n’auront pas osé faire une confession ouverte de leur foi. Ce sont là des considérations très fortes pour nous animer à une franche et sincère profession du christianisme.

II. Nous devons faire des réflexions sérieuses sur ce que notre Seigneur a dit touchant l’amour des biens du monde et en particulier sur la parabole de cet homme qui avait amassé de grands biens et qui mourut dans le temps qu’il croyait en jouir. Par-là Jésus-Christ a voulu montrer que c’est une grande folie de ne songer qu’à amasser des biens, qu’il faudra quitter bientôt en mourant et de négliger d’acquérir les biens du Ciel qui sont solides et éternels. Il nous exhorte de plus à n’être pas en inquiétude pour les besoins du corps, mais à nous confier en la providence qui pourvoit aux nécessités de toutes les créatures. Il nous dit enfin que notre grand soin doit être de chercher avant toutes choses le royaume de Dieu et qu’au lieu de donner tous nos soins aux biens de la terre et d’y mettre notre cœur, nous devons employer ces biens en aumônes afin de nous assurer par ce moyen la possession de biens éternels. 

CHAPITRE XII VERSETS 35 A 59

I. Jésus-Christ exhorte ses disciples à veiller et à se préparer continuellement à sa venue.

II. Il leur représente que les devoirs dont il avait parlé les regardaient d’une façon particulière puisqu’ils étaient comme des dispensateurs établis dans la maison de leur Maître pour instruire les autres et qu’ayant reçu une plus grande connaissance de la volonté de Dieu, ils seraient traités avec plus de sévérité s’ils ne la faisaient pas.

III. Il les avertit qu’il s’élèverait de grands troubles dans le monde à l’occasion de sa doctrine.

IV. Il déplore l’aveuglement des Juifs qui ne reconnaissaient pas que le temps de la venue du Messie était arrivé et il les exhorte à profiter de ce temps-là et à se réconcilier avec Dieu pendant qu’ils le pouvaient. 

35 Que vos reins soient ceints, et vos chandelles allumées.

36 Et soyez comme ceux qui attendent que leur maître revienne des noces ; afin que, quand il viendra et qu’il heurtera à la porte, ils lui ouvrent incontinent.

37 Heureux ces serviteurs que le maître trouvera veillant quand il arrivera ! Je vous dis en vérité, qu’il se ceindra, qu’il les fera mettre à table, et qu’il viendra les servir.

38 Que s’il arrive à la seconde ou à la troisième veille, et qu’il les trouve dans cet état, heureux ces serviteurs-là !

39 Vous savez que si un père de famille était averti à quelle heure un larron doit venir, il veillerait et ne laisserait point percer sa maison.

40 Vous donc aussi, soyez prêts, car le Fils de l’homme viendra à l’heure que vous ne penserez point.

41 Alors Pierre lui dit : Seigneur, est-ce seulement pour nous que tu dis cette parabole, ou est-ce aussi pour tous ?

42 Et le Seigneur lui dit : Mais qui est le dispensateur fidèle et prudent, que le maître a établi sur ses domestiques, pour leur donner dans le temps la mesure ordinaire de blé ?

43 Heureux est ce serviteur-là que son maître trouvera faisant ainsi son devoir, quand il arrivera !

44 Je vous dis en vérité, qu’il l’établira sur tout ce qu’il a.

45 Mais si ce serviteur dit en lui-même : Mon maître ne viendra pas sitôt ; et qu’il se mette à battre les serviteurs et les servantes, à manger, à boire et à s’enivrer ;

46 le maître de ce serviteur viendra au jour qu’il ne s’y attend pas, et à l’heure qu’il ne sait pas, et il le séparera, et lui donnera sa portion avec les infidèles.

47 Le serviteur qui a connu la volonté de son maître, et qui ne se sera pas tenu prêt et n’aura pas fait cette volonté, sera battu de plus de coups.

48 Mais celui qui ne l’a point connue, et qui a fait des choses dignes de châtiment sera battu de moins de coups. Et il sera beaucoup redemandé à quiconque il aura été beaucoup donné ; et on exigera plus de celui à qui on aura beaucoup confié.

49 Je suis venu mettre le feu sur la terre ; et qu’ai-je à désirer s’il est déjà allumé ?

50 Je dois être baptisé d’un baptême ; et combien ne suis-je pas pressé jusqu’à ce qu’il s’accomplisse !

51 Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, vous dis-je ; mais plutôt la division ;

52 Car désormais ils seront cinq dans une maison, divisés trois contre deux, et deux contre trois.

53 Le père sera en division avec le fils, et le fils avec le père ; la mère avec la fille, et la fille avec la mère ; la belle-mère avec sa belle-fille, et la belle-fille avec sa belle-mère.

54 Puis il disait au peuple : Quand vous voyez une nuée qui se lève du côté d’occident, vous dites d’abord : Il va pleuvoir ; et cela arrive ainsi.

55 Et quand le vent du midi souffle, vous dites qu’il fera chaud, et cela arrive.

56 Hypocrites ! vous savez bien discerner ce qui paraît au ciel et sur la terre ; et comment ne discernez-vous pas ce temps-ci ?

57 Et pourquoi ne discernez-vous pas aussi vous-mêmes ce qui est juste ?

58 Or, quand tu vas devant le magistrat avec ton adverse partie, tâche en chemin de sortir d’affaire avec elle, de peur qu’elle ne te tire devant le juge, que le juge ne te livre au sergent, et que le sergent ne te mette en prison.

59 Je te dis que tu ne sortiras point de là, que tu n’aies payé jusqu’à la dernière obole. 

REFLEXIONS

Ce discours de notre Seigneur tend à nous apprendre que puisque nous ignorons quand il viendra et qu’il n’y a aucun temps où nous ne puissions être appelés à lui rendre compte, nous devons toujours veiller à être sans cesse appliqués à notre devoir afin qu’il nous trouve occupés à bien faire.

II. Que ceux à qui Dieu a donné sa connaissance et principalement les ministres qu’il a établis sur son Église doivent s’en servir pour l’utilité des autres et pour la gloire de leur Maître s’ils ne veulent pas être punis comme des serviteurs infidèles, qu’en général celui qui a connu la volonté de Dieu et qui ne la fait pas sera traité avec plus de rigueur et que Dieu redemandera un plus grand compte à ceux à qui il aura accordé plus de lumière et plus de grâces.

III. Ce que notre Seigneur dit qu’il était venu mettre le feu et la division dans le monde ne signifie pas qu’il fût venu dans ce dessein, ni que l’Évangile tende à diviser les hommes, au contraire, la venue de Jésus-Christ et l’Évangile n’ont pour autre but que de faire régner la paix, mais il voulait dire que les hommes, par un effet de leur malice, prendraient occasion de sa doctrine de se haïr et de se persécuter.

Notre Seigneur en avertit ses disciples afin qu’ils ne fussent pas ébranlés quand la chose arriverait, ainsi nous ne devons pas non plus être surpris lorsque nous voyons qu’il s’élève des troubles dans le monde à l’occasion de la religion.

IV. Jésus-Christ disait aux Juifs qu’ils pouvaient facilement reconnaitre que les temps de la manifestation du Messie étaient venus, mais nous devons en être bien plus persuadés puisque nous en avons des preuves encore plus fortes dans tout ce qui est arrivé depuis ce temps-là.

Ainsi nous serions entièrement inexcusables si nous ne profitons pas mieux que les Juifs ne firent du bonheur que nous avons de vivre dans un temps où la miséricorde de Dieu est si clairement manifestée et si nous ne nous hâtions pas de faire notre paix avec lui et de prévenir son jugement avant que nous soyons appelés à y paraître.

 CHAPITRE XIII.

Notre Seigneur exhorte les Juifs à profiter de ce qui était arrivé à quelques Galiléens que Pilate avait fait mourir dans le temps qu’ils offraient leurs sacrifices et à dix-huit personnes qui avaient été écrasées par la chute d’une tour.

II. Il ajoute dans cette vue la similitude du figuier stérile.

III. Il rend la santé à une femme qui était malade et courbée depuis dix-huit ans.

IV. Il propose la similitude d’un grain de moutarde et celle du levain.

V. Il répond à ce qu’on lui demanda, s’il y aurait peu de gens qui fussent sauvés, il exhorte à entrer de bonne heure sur le chemin du salut et il dit que les Juifs incrédules, qui n’avaient pas profité de sa présence, seraient exclus du royaume de Dieu pendant que les autres peuples y seraient reçus.

VI. Sur l’avis qu’on lui donne qu’Hérode cherchait à le faire mourir, il déclare qu’il ne craignait point ce prince rusé et artificieux, il dit que son ministère allait finir et qu’il mourrait en effet bientôt, mais que ce serait à Jérusalem et non en Galilée où Hérode régnait, qu’il souffrirait la mort et il déplore à cette occasion l’ingratitude, l’endurcissement et la ruine de cette ville. 

1 En ce même temps, quelques personnes qui se trouvaient là, racontèrent à Jésus ce qui était arrivé à des Galiléens, dont Pilate avait mêlé le sang avec celui de leurs sacrifices.

2 Et Jésus, répondant, leur dit : Pensez-vous que ces Galiléens fussent plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, parce qu’ils ont souffert ces choses ?

3 Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous amendez, vous périrez tous aussi bien qu’eux.

4 Ou pensez-vous que ces dix-huit personnes sur qui la tour de Siloé est tombée, et qu’elle a tuées, fussent plus coupables que tous les habitants de Jérusalem ?

5 Non, vous dis-je ; mais si vous ne vous amendez, vous périrez tous aussi bien qu’eux.

6 Il leur dit aussi cette similitude : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne, et il y vint chercher du fruit, et n’y en trouva point.

7 Et il dit au vigneron : Voici, il y a déjà trois ans que je viens chercher du fruit à ce figuier, et je n’y en trouve point : coupe-le ; pourquoi occupe-t-il la terre inutilement ?

8 Le vigneron lui répondit : Seigneur, laisse-le encore cette année, jusqu’à ce que je l’aie déchaussé, et que j’y aie mis du fumier.

9 S’il porte du fruit, à la bonne heure, sinon tu le couperas ci-après.

10 Comme Jésus enseignait dans une synagogue un jour de sabbat,

11 il se trouva là une femme possédée d’un esprit qui la rendait malade depuis dix-huit ans, et qui était courbée, en sorte qu’elle ne pouvait du tout point se redresser.

12 Jésus la voyant, l’appela et lui dit : Femme, tu es délivrée de ta maladie.

13 Et il lui imposa les mains, et à l’instant elle fut redressée, et elle en donna gloire à Dieu.

14 Mais le chef de la synagogue, indigné de ce que Jésus avait fait cette guérison un jour de sabbat, prit la parole et dit au peuple : Il y a six jours pour travailler ; venez donc ces jours-là pour être guéris, et non pas le jour du sabbat.

15 Mais le Seigneur lui répondit : Hypocrite, chacun de vous ne détache-t-il pas son bœuf ou son âne de la crèche, le jour du sabbat, et ne le mène-t-il pas abreuver ?

16 Et ne fallait-il point, quoique en un jour de sabbat, délier de ce lien cette fille d’Abraham, que Satan tenait liée depuis dix-huit ans ?

17 Comme il parlait ainsi, tous ses adversaires étaient confus, et tout le peuple se réjouissait de toutes les choses glorieuses qu’il faisait.

18 Alors il dit : A quoi est semblable le royaume de Dieu, et à quoi le comparerai-je ?

19 Il est semblable à un grain de semence de moutarde, qu’un homme prit et mit dans son jardin ; et il crût et devint un grand arbre, de sorte que les oiseaux du ciel faisaient leurs nids sur ses branches.

20 Il dit encore : A quoi comparerai-je le royaume de Dieu ?

21 Il est semblable au levain qu’une femme prend, et qu’elle met parmi trois mesures de farine, jusqu’à ce que la pâte soit toute levée.

22 Et Jésus allait par les villes et par les bourgs, enseignant et tenant le chemin de Jérusalem.

23 Et quelqu’un lui dit : Seigneur, n’y a-t-il que peu de gens qui soient sauvés ?

24 Et il leur dit : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite ; car je vous dis que plusieurs chercheront à y entrer, et qu’ils ne le pourront.

25 Et quand le père de famille sera entré, et qu’il aura fermé la porte, et que vous, étant dehors, vous vous mettrez à heurter, et à dire : Seigneur, Seigneur, ouvre-nous, il vous répondra : Je ne sais d’où vous êtes.

26 Alors vous direz : Nous avons mangé et bu en ta présence, et tu as enseigné dans nos places publiques.

27 Et il vous répondra : Je vous dis que je ne sais d’où vous êtes ; retirez-vous de moi, vous tous qui faites métier de l’iniquité.

28 C’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents, quand vous verrez Abraham, Isaac et Jacob et tous les prophètes dans le royaume de Dieu, et que vous serez jetés dehors.

29 Et il en viendra d’orient et d’occident, du septentrion et du midi, qui seront à table dans le royaume de Dieu.

30 Et il y en a des derniers qui seront les premiers, et des premiers qui seront les derniers.

31 Ce même jour, quelques Pharisiens vinrent lui dire : Retire-toi d’ici, et t’en va ; car Hérode te veut faire mourir.

32 Et il leur dit : Allez et dites à ce renard : Voici, je chasse les démons et j’achève de faire des guérisons ; aujourd’hui et demain, et le troisième jour je finis ma vie.

33 Cependant, il me faut marcher aujourd’hui, demain et le jour suivant, parce qu’il n’arrive point qu’un prophète meure hors de Jérusalem.

34 Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu !

35 Voici, votre habitation va demeurer déserte ; et je vous dis en vérité, que vous ne me verrez plus jusqu’à ce que vous disiez : Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. 

REFLEXIONS

Notre Seigneur nous enseigne dans ce chapitre qu’on ne doit pas croire que ceux à qui il arrive quelque grand malheur soient toujours les plus criminels, ni que ceux que Dieu épargne soient meilleurs que les autres. Dieu supporte souvent, par des raisons de sagesse et de bonté, ceux qui sont plus coupables pendant qu’il en afflige d’autres qui le sont moins, ainsi, au lieu de nous flatter et de condamner ceux que Dieu châtie, nous devons profiter des malheurs qui leur arrivent et nous amender, de peur que nous ne soyons traités encore plus sévèrement qu’eux.

II. Le sens de la parabole du figuier stérile était que Dieu, qui avait déjà usé d’une longue patience envers les Juifs, employait alors les derniers moyens pour les convertir en les faisant appeler à la repentance par Jésus-Christ, après quoi ils devaient être détruits comme cela arriva en effet peu d’années après. On voit dans cette parabole que Dieu supporte les pécheurs avec beaucoup de patience, qu’il se sert des moyens les plus efficaces pour les amener à la repentance, mais que par leur impénitence ils attirent sur eux les derniers malheurs.

Jésus-Christ ayant guéri une femme qui était courbée depuis dix-huit ans, il y eu des personnes qui se scandalisèrent de ce qu’il avait fait ce miracle un jour de sabbat. Ce que Jésus-Christ dit pour convaincre ces gens-là de leur ignorance et de leur malice nous enseigne que l’exercice de la charité et des bonnes œuvres est ce qu’il y a de plus nécessaire dans la religion, que ces devoirs sont toujours de saison et que nous ne devons négliger aucune occasion de nous en acquitter, quand même il se trouverait des personnes assez mal disposées pour s’en scandaliser.

Les paraboles du grain de moutarde et du levain signifient que, quoi que l’Évangile fût reçu par peu de gens lorsque Jésus-Christ était au monde et que les commencements de son règne fussent bien faibles, on le verrait s’établir en tous lieux et cela dans fort peu de temps, ce qui arriva aussi.

On doit faire une très grande attention à ce que notre Seigneur répondit lorsqu’on lui demanda s’il y aurait peu de gens qui fussent sauvés : Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car je vous dis que plusieurs tâcheront d’entrer et qu’ils n’y pourront.

Ces paroles nous apprennent qu’au lieu de former des questions vaines et curieuses sur les choses dont Dieu se réserve la connaissance et sur le salut des autres, notre principal soin doit être d’y parvenir nous-mêmes, que nous devons faire de continuel efforts pour cela et y travailler de bonne heure, que quand l’occasion sera passée, on ne pourra plus y être admis et que les méchants n’auront alors pour partage que les remords et le désespoir de se voir exclus par leur faute de la béatitude céleste.

Ce que notre Seigneur dit qu’il ne craignait ni les ruses, ni la cruauté d’Hérode et que ce ne serait pas dans la Galilée, mais que ce serait à Jérusalem qu’on le ferait mourir nous montre que les méchants ne peuvent pas toujours exécuter leurs desseins, qu’ils ne sauraient empêcher ceux de Dieu et qu’on ne doit rien craindre quand on marche dans sa vocation.

Enfin, la tendresse avec laquelle notre Seigneur déplore l’ingratitude et la ruine de Jérusalem en disant qu’il avait voulu mettre les Juifs à couvert des jugements de Dieu, mais qu’ils ne l’avaient pas voulu montre bien clairement que Dieu n’a sur les hommes que des vues et des desseins d’amour et qu’il ne leur arrive de mal que celui qu’ils s’attirent eux-mêmes en méprisant sa bonté et en négligeant les offres de sa grâce. 

CHAPITRE XIV

I. Notre Seigneur mangeant chez un pharisien, guérit un hydropique et montre qu’on ne devait pas se scandaliser s’il avait fait ce miracle un jour de sabbat.

II. Il donne des leçons d’humilité et de charité à ceux qui étaient à table.

III. Il leur propose la similitude du festin auquel ceux qui étaient invités ne voulurent pas venir.

IV. Il déclare que ceux qui voulaient devenir ses disciples devaient être prêts à renoncer à ce qu’ils avaient de plus cher et même à leur vie et il montre par deux similitudes la nécessité de ce devoir. 

1 Un jour de sabbat, Jésus étant entré dans la maison d’un des principaux Pharisiens pour y manger, ceux qui étaient là l’observaient.

2 Et un homme hydropique se trouva devant lui.

3 Et Jésus, prenant la parole, dit aux docteurs de la loi et aux Pharisiens : Est-il permis de guérir au jour du sabbat ?

4 Et ils demeurèrent dans le silence. Alors prenant le malade, il le guérit et le renvoya.

5 Puis il leur dit : Qui est celui d’entre vous qui, voyant son âne ou son bœuf tombé dans un puits, ne l’en retire aussitôt le jour du sabbat ?

6 Et ils ne pouvaient rien répondre à cela.

7 Il proposait aussi aux conviés une parabole, remarquant qu’ils choisissaient les premières places, et il leur disait :

8 Quand quelqu’un t’invitera à des noces, ne te mets pas à la première place, de peur qu’il ne se trouve parmi les conviés une personne plus considérable que toi ;

9 Et que celui qui vous aura invités, et toi et lui, ne vienne et ne te dise : Cède la place à celui-ci ; et qu’alors tu n’aies la honte d’être mis à la dernière place.

10 Mais quand tu seras invité, va te mettre à la dernière place, afin que quand celui qui t’a invité viendra, il te dise : Mon ami monte plus haut. Alors cela te fera honneur devant ceux qui seront à table avec toi.

11 Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.

12 Il disait aussi à celui qui l’avait invité : Quand tu fais un dîner ou un souper, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni tes voisins qui sont riches, de peur qu’ils ne t’invitent à leur tour, et qu’on ne te rende la pareille.

13 Mais quand tu feras un festin, convie les pauvres, les impotents, les boiteux et les aveugles ;

14 Et tu seras heureux de ce qu’ils ne peuvent pas te le rendre ; car tu en recevras la récompense à la résurrection des justes.

15 Un de ceux qui étaient à table ayant ouï cela, lui dit : Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu !

16 Mais Jésus lui dit : Un homme fit un grand souper, et il y convia beaucoup de gens ;

17 et il envoya son serviteur, à l’heure du souper, dire aux conviés : Venez, car tout est prêt.

18 Mais ils se mirent tous comme de concert, à s’excuser. Le premier lui dit : J’ai acheté une terre, et il me faut nécessairement partir pour aller la voir ; je te prie de m’excuser.

19 Un autre dit : J’ai acheté cinq couples de bœufs, et je m’en vais les éprouver ; je te prie de m’excuser.

20 Un autre dit : J’ai épousé une femme, ainsi je n’y puis aller.

21 Le serviteur étant donc de retour, rapporta cela à son maître. Alors le père de famille en colère dit à son serviteur : Va-t’en promptement par les places et par les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les impotents, les boiteux et les aveugles.

22 Ensuite le serviteur dit : Seigneur, on a fait ce que tu as commandé, et il y a encore de la place.

23 Et le maître dit au serviteur : Va dans les chemins et le long des haies, et presse d’entrer ceux que tu trouveras, afin que ma maison soit remplie.

24 Car je vous dis qu’aucun de ceux qui avaient été conviés ne goûtera de mon souper.

25 Et comme une grande multitude de gens allaient avec lui, il se tourna vers eux et leur dit :

26 Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, et même sa propre vie, il ne peut être mon disciple.

27 Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne me suit pas, ne peut être mon disciple.

28 Car qui est celui d’entre vous qui, voulant bâtir une tour, ne s’asseye premièrement, et ne suppute la dépense, pour voir s’il a de quoi l’achever ?

29 De peur, qu’après qu’il en aura posé les fondements, et qu’il n’aura pu achever, tous ceux qui le verront ne viennent à se moquer de lui,

30 Et ne disent : Cet homme a commencé à bâtir, et n’a pu achever.

31 Ou, qui est le roi qui, marchant pour livrer bataille à un autre roi, ne s’asseye premièrement et ne consulte s’il pourra, avec dix mille hommes, aller à la rencontre de celui qui vient contre lui avec vingt mille ?

32 Autrement, pendant que celui-ci est encore loin, il lui envoie une ambassade, pour lui demander la paix.

33 Ainsi, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a ne peut être mon disciple.

34 C’est une bonne chose que le sel ; mais si le sel perd sa saveur, avec quoi l’assaisonnera-t-on ?

35 Il n’est propre, ni pour la terre, ni pour le fumier ; mais on le jette dehors. Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende. 

REFLEXIONS

La guérison que Jésus-Christ accorda à un hydropique montre qu’il était toujours prêt à faire du bien aux hommes et à soulager les misérables et qu’il n’y avait aucune sorte de maladie qu’il ne guérit. Et ce qu’il dit à ceux qui n’approuvaient pas qu’il eût fait ce miracle en un jour de sabbat fait voir qu’il faut éviter les jugements téméraires et l’hypocrisie et qu’on doit profiter de toutes les occasions qui se présentent de faire des œuvres de charité.

II. La seconde instruction que nous avons ici regarde l’humilité et la charité. Jésus-Christ nous recommande l’un et l’autre de ces devoirs lorsqu’il dit que ceux qui cherchent à s’élever seront abaissés devant Dieu et même devant les hommes, au lieu que ceux qui s’humilient et s’abaissent seront élevés et lorsqu’il nous exhorte à ne pas imiter les gens du monde qui ne font accueil qu’aux riches et à leurs amis et qui méprisent et négligent les pauvres et les misérables.

III. La parabole du festin signifie que les Juifs et surtout les plus considérables d’entre eux allaient être rejetés pour n’avoir pas profité des invitations que Dieu leur fit faire par Jésus-Christ et par les apôtres et que ceux qui étaient les plus méprisés et même les païens recevraient cette grâce que les Juifs avaient rejetée. Cette parabole regarde aussi les chrétiens qui ne répondent pas à leur vocation et qui, sur de frivoles excuses et surtout par l’attachement qu’ils ont pour les choses de la terre, négligent les offres de la miséricorde divine et perdent par ce moyen le droit qu’ils avaient au salut.

IV. Enfin, Jésus-Christ nous avertit très expressément que, pour être ses disciples, il faut avoir appris premièrement à renoncer à tout ce qui peut nous empêcher de le suivre. C’est à quoi tend la similitude d’un homme qui voudrait bâtir une tour et celle d’un roi qui voudrait combattre un autre roi. Par là il nous enseigne qu’il ne faut pas s’engager témérairement à son service et qu’avant que de prendre le nom de chrétien et d’en faire la profession et le vœu, nous devons nous examiner nous-mêmes pour voir si nous avons une résolution ferme de lui être fidèles et si nous aurons le courage de résister aux tentations, de porter notre croix et de travailler de toutes nos forces à amener les autres à la foi et à la piété par nos lumières et par nos bons exemples. 

CHAPITRE XV.

Les pharisiens se scandalisent de ce que Jésus-Christ mangeait avec les pécheurs.

Il propose trois paraboles : Celle de la brebis égarée ; celle de la drachme perdue ; celle du fils prodigue et débauché. Son dessein dans ces trois paraboles est de montrer que Dieu appelle les pécheurs à la repentance et qu’ainsi les pharisiens avaient tort de trouver mauvais qu’il fût dans la compagnie de ces gens-là. 

1 Tous les péagers et les gens de mauvaise vie s’approchaient de Jésus, pour l’entendre.

2 Et les Pharisiens et les Scribes en murmuraient et disaient : Cet homme reçoit les gens de mauvaise vie et mange avec eux.

3 Mais il leur proposa cette parabole :

4 Qui est l’homme d’entre vous, qui, ayant cent brebis, s’il en perd une, ne laisse les quatre-vingt-dix-neuf au désert, et n’aille après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ;

5 et qui l’ayant trouvée, ne la mette sur ses épaules avec joie ;

6 et étant arrivé dans la maison, n’appelle ses amis et ses voisins, et ne leur dise : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis qui était perdue ?

7 Je vous dis qu’il y aura de même plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui s’amende, que pour quatre-vingts et dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance.

8 Ou, qui est la femme qui, ayant dix drachmes, si elle en perd une, n’allume une chandelle, ne balaie la maison et ne cherche avec soin, jusqu’à ce qu’elle ait trouvé sa drachme ;

9 et qui, l’ayant trouvée, n’appelle ses amies et ses voisines, et ne leur dise : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue ?

10 Je vous dis qu’il y a de même de la joie, devant les anges de Dieu, pour un seul pécheur qui s’amende.

11 Il leur dit encore : Un homme avait deux fils,

12 dont le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part du bien qui me doit échoir. Ainsi, le père leur partagea son bien.

13 Et peu de jours après, ce plus jeune fils ayant tout amassé, s’en alla dehors dans un pays éloigné, et il y dissipa son bien en vivant dans la débauche.

14 Après qu’il eut tout dépensé, il survint une grande famine en ce pays-là ; et il commença à être dans l’indigence.

15 Alors il s’en alla, et se mit au service d’un des habitants de ce pays-là, qui l’envoya dans ses possessions pour paître les pourceaux.

16 Et il eût bien voulu se rassasier des carouges que les pourceaux mangeaient ; mais personne ne lui en donnait.

17 Etant donc rentré en lui-même, il dit : Combien y a-t-il de gens aux gages de mon père, qui ont du pain en abondance, et moi, je meurs de faim !

18 Je me lèverai et m’en irai vers mon père, et je lui dirai : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi ;

19 Et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes domestiques.

20 Il partit donc et vint vers son père. Et comme il était encore loin, son père le vit et fut touché de compassion, et courant à lui, il se jeta à son cou et le baisa.

21 Et son fils lui dit : Mon père, j’ai péché contre le ciel et contre toi, et je ne suis plus digne d’être appelé ton fils.

22 Mais le père dit à ses serviteurs : Apportez la plus belle robe, et l’en revêtez, et mettez-lui un anneau au doigt et des souliers aux pieds ;

23 et amenez un veau gras, et le tuez ; mangeons et réjouissons-nous ;

24 parce que mon fils, que voici, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, mais il est retrouvé. Et ils commencèrent à se réjouir.

25 Cependant, son fils aîné, qui était à la campagne, revint ; et comme il approchait de la maison, il entendit les chants et les danses.

26 Et il appela un des serviteurs, à qui il demanda ce que c’était.

27 Et le serviteur lui dit : Ton frère est de retour, et ton père a tué un veau gras, parce qu’il l’a recouvré en bonne santé.

28 Mais il se mit en colère, et ne voulut point entrer. Son père donc sortit et le pria d'entrer.

29 Mais il répondit à son père : Voici, il y a tant d’années que je te sers, sans avoir jamais contrevenu à ton commandement, et tu ne m’as jamais donné un chevreau pour me réjouir avec mes amis.

30 Mais quand ton fils que voilà, qui a mangé tout son bien avec des femmes débauchées, est revenu, tu as fait tuer un veau gras pour lui.

31 Et son père lui dit : Mon fils, tu es toujours avec moi, et tout ce que j’ai est à toi.

32 Mais il fallait bien faire un festin et se réjouir, parce que ton frère, que voilà, était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. 

REFLEXIONS

Les trois similitudes que ce chapitre contient tendent au même but qui est premièrement de nous mettre devant les yeux la grande miséricorde de Dieu envers les pécheurs et les soins qu’il prend pour les amener à la repentance et en second lieu de montrer que, comme leur conversion est très agréable à Dieu et qu’elle réjouit les saints anges, tous ceux qui aiment Dieu doivent aussi s’en réjouir et y contribuer de tout leur pouvoir et bien loin d’avoir de la jalousie et du chagrin comme les pharisiens qui s’offensaient de voir Jésus dans la compagnie des gens de mauvaise vie.

C’est ce que marque surtout la parabole du fils débauché. Par ce fils, notre Seigneur représente ceux qui étaient de grands pécheurs ou que l’on regardait comme tels. Le retour de ce fils à la maison paternelle marque la conversion de ces pécheurs-là. La tendresse avec laquelle son père le reçut montre que Dieu prend plaisir au retour des pécheurs qui s’amendent et qu’il est plein de bonté envers eux. La jalousie et le chagrin que le fils aîné de la maison témoigna de ce que son frère avait été reçu avec tant de bonté et de joie représente les sentiments de ces pharisiens qui se croyaient meilleurs que les autres et qui se scandalisaient de ce que notre Seigneur mangeait et conversait avec les péagers et les gens de mauvaise vie. C’est là le sens de cette belle parabole.

Elle nous fournit plusieurs réflexions très utiles. Nous y voyons l’égarement des pécheurs et l’abus criminel qu’ils font des grâces de Dieu, la bonté que Dieu a de les châtier pour les rappeler à leur devoir, le retour de ceux qui reviennent à Dieu par la repentance, le pardon que Dieu accorde toujours à ceux qui recourent à lui en confessant et en détestant leurs fautes et enfin la joie que leur conversion doit donner à tous ceux qui ont de la piété et de la charité.

Chacun doit faire les réflexions les plus sérieuses sur cette parabole en la relisant et en méditant attentivement toutes les parties, mais les pécheurs surtout doivent s’en faire l’application afin de s’encourager par là à retourner à Dieu par un prompt repentir et par une sincère conversion. 

CHAPITRE XVI

Jésus-Christ montre par la parabole de l’économe infidèle l’usage qu’on doit faire des biens du monde.

Il fait voir ensuite que l’amour des richesses est très dangereux et il censure les pharisiens qui étaient avares et qui dès le temps de Jean-Baptiste s’étaient opposés à l’établissement du règne de Dieu.

Enfin, pour éclaircir et pour confirmer ce qu’il avait dit de l’usage qu’il faut faire des richesses, il ajoute la parabole du mauvais riche. 

1 Jésus disait aussi à ses disciples : Un homme riche avait un économe qui fut accusé devant lui de lui dissiper son bien.

2 Et l’ayant fait venir, il lui dit : Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends compte de ton administration ; car tu ne pourras plus désormais administrer mon bien.

3 Alors cet économe dit en lui-même : Que ferai-je, puisque mon maître m’ôte l’administration de son bien ? Je ne saurais travailler à la terre, et j’aurais honte de mendier.

4 Je sais ce que je ferai, afin que quand on m’aura ôté mon administration, il y ait des gens qui me reçoivent dans leurs maisons.

5 Alors il fit venir séparément chacun des débiteurs de son maître, et il dit au premier : Combien dois-tu à mon maître ?

6 Il répondit : Cent mesures d’huile. Et l’économe lui dit : Reprends ton billet ; assieds-toi là, et écris-en promptement un autre de cinquante.

7 Il dit ensuite à un autre : Et toi, combien dois-tu ? Il dit : Cent mesures de froment. Et l’économe lui dit : Reprends ton billet, et écris-en un autre de quatre-vingts.

8 Et le maître loua cet économe infidèle de ce qu’il avait agi avec habileté ; car les enfants de ce siècle sont plus prudents dans leur génération que les enfants de lumière.

9 Et moi, je vous dis aussi : Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin que quand vous viendrez à manquer, ils vous reçoivent dans les tabernacles éternels.

10 Celui qui est fidèle dans les petites choses sera aussi fidèle dans les grandes ; et celui qui est injuste dans les petites choses sera aussi injuste dans les grandes.

11 Si donc vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables richesses ?

12 Et si vous n’avez pas été fidèles dans ce qui est à autrui, qui vous donnera ce qui est à vous ?

13 Nul serviteur ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre ; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.

14 Les Pharisiens, qui étaient avares, écoutaient tout cela, et se moquaient de lui.

15 Et il leur dit : Pour vous, vous voulez passer pour justes devant les hommes ; mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé devant les hommes est une abomination devant Dieu.

16 La loi et les prophètes ont eu lieu jusqu’à Jean ; depuis ce temps-là le royaume de Dieu est annoncé, et chacun le force.

17 Mais il est plus aisé que le ciel et la terre passent, qu’il n’est possible qu’un seul point de la loi soit aboli.

18 Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet adultère, et quiconque épouse celle que son mari a répudiée, commet adultère.

19 Il y avait un homme riche, qui se vêtait de pourpre et de fin lin, et qui se traitait bien et magnifiquement tous les jours ;

20 il y avait aussi un pauvre, nommé Lazare, qui était couché à la porte de ce riche, et qui était couvert d’ulcères ;

21 il désirait de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient lécher ses ulcères.

22 Or, il arriva que le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche mourut aussi et fut enseveli.

23 Et étant en enfer et dans les tourments, il leva les yeux, et vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein ;

24 et s’écriant, il dit : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, afin qu’il trempe dans l’eau le bout de son doigt, pour me rafraîchir la langue ; car je suis extrêmement tourmenté dans cette flamme.

25 Mais Abraham lui répondit : Mon fils, souviens-toi que tu as eu tes biens pendant ta vie, et Lazare y a eu des maux ; et maintenant il est consolé, et tu es dans les tourments.

26 Outre cela, il y a un grand abîme entre vous et nous, de sorte que ceux qui voudraient passer d’ici vers vous, ne le peuvent, non plus que ceux qui voudraient passer de là ici.

27 Et le riche dit : Je te prie donc, père Abraham, d’envoyer Lazare dans la maison de mon père ;

28 Car j’ai cinq frères, afin qu’il les avertisse, de peur qu’ils ne viennent aussi eux-mêmes dans ce lieu de tourments.

29 Abraham lui répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu’ils les écoutent.

30 Le riche dit : Non, père Abraham ; mais si quelqu’un des morts va vers eux, ils s’amenderont.

31 Et Abraham lui dit : S’ils n’écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne seraient pas non plus persuadés, quand même quelqu’un des morts ressusciterait. 

REFLEXIONS

Tout ce chapitre tend à nous apprendre comment il faut se servir des biens de ce monde.

Ce qui est dit de l’économe d’hôtel infidèle qui, pour se faire des amis, quitta aux débiteurs de son maître une partie de leur dette, ne doit pas être entendu comme si Jésus-Christ louait ce procédé de cet homme, puisqu’une telle action serait une infidélité et une in justice manifeste. Il a voulu simplement nous apprendre que, comme cet économe d’hôtel se procura des amis avec le bien de son maître avant que de sortir de son service, nous devons nous assurer l’entrée dans une meilleure vie en employant nos biens à des usages pieux et charitables. C’est pour nous porter à ce devoir que Jésus-Christ a dit que ceux qui ne savent pas faire un bon usage des biens périssables de cette vie montrent par là qu’ils sont indignes de possédé les biens du Ciel.

C’est dans cette même vue qu’il déclare que l’on ne peut servir Dieu et aimer les richesses en même temps et c’est ce qu’il prouve par l’exemple des pharisiens qui étaient avares et auxquels il dit que quoi qu’ils eussent une haute opinion d’eux-mêmes, ils étaient en abomination à Dieu et les ennemis déclarés de son règne.

Mais c’est surtout à quoi tend la parabole du mauvais riche et de Lazare par laquelle notre Seigneur représente ce qui arrive à ceux qui, au lieu d’assister les misérables, se servent de leurs biens pour satisfaire leur luxe et leur sensualité.

Le Seigneur marque clairement ici que le faste, la vie molle, l’amour des plaisirs et le manque de charité conduisent en enfer, quand même on ne commettrait pas de grand crime. Cette parabole nous présente outre cela diverses réflexions importantes. Nous y voyons que, si l’état des hommes en cette vie est bien différent, il le sera aussi après la mort et que ce n’est point par ce qui arrive aux hommes en ce monde qu’il faut juger de leur bonheur ou de leur malheur. Nous y découvrons que les justes jouissent après leur mort d’un doux repos, que les méchants sont dans les tourments et que l’état des uns et des autres est immuable et sans retour. Ce que le patriarche Abraham répondit au mauvais riche, qui le priait d’envoyer Lazare à ses frères, nous enseigne que Dieu nous donne pendant cette vie dans sa parole des moyens suffisants pour éviter la perdition, que ceux qui ne profitent pas de ces moyens n’ont aucune excuse, qu’ils ne doivent pas s’attendre que Dieu fasse des miracles pour les convertir et que quand même il en ferait, ces miracles ne les persuaderaient pas. Toutes ces instructions sont de la dernière importance et nous ne saurions rien faire de plus utile que de les biens méditer.

 CHAPITRE XVII

Jésus-Christ parle des scandales, du pardon des offenses, de l’efficace de la foi et de l’obligation où nous sommes de faire ce que Dieu nous commande, sans prétendre rien mériter par-là.

II. Il guérit dix lépreux.

III. Il répond aux pharisiens qui lui avaient demandé quand le règne de Dieu viendrait et il leur dit qu’ils avaient déjà ce règne au milieu d’eux quoi qu’ils ne le remarquaient pas.

IV. De là il prend occasion d’avertir ceux qui l’écoutaient de ne pas suivre les faux messies et il leur dit qu’ils regretteraient un jour l’avantage dont ils jouissaient alors et qu’ils se trouveraient surpris par le jugement de Dieu comme les hommes le furent autrefois par le déluge et les habitants de Sodome par l’embrasement de cette ville. 

1 Jésus dit aussi à ses disciples : Il ne se peut faire qu’il n'arrive des scandales ; toutefois, malheur à celui par qui ils arrivent.

2 Il vaudrait mieux pour lui qu’on lui mît au cou une meule de moulin, et qu’on le jetât dans la mer, que de scandaliser un de ces petits.

3 Prenez donc garde à vous. Si ton frère t’a offensé, reprends-le ; et s’il se repent, pardonne-lui.

4 Et s’il t’a offensé sept fois le jour, et que sept fois le jour il revienne vers toi et te dise : Je me repens ; pardonne-lui.

5 Alors les apôtres dirent au Seigneur : Augmente-nous la foi.

6 Et le Seigneur leur dit : Si vous aviez de la foi aussi gros qu’un grain de semence de moutarde, vous pourriez dire à ce mûrier : Déracine-toi, et va te planter dans la mer ; et il vous obéirait.

7 Qui de vous, ayant un serviteur qui laboure, ou qui paisse les troupeaux, et le voyant revenir des champs, lui dise aussitôt : Avance-toi et te mets à table.

8 Ne lui dira-t-il pas plutôt : Prépare-moi à souper, et ceins-toi, et me sers, jusqu’à ce que j’aie mangé et bu ; et après cela tu mangeras et tu boiras.

9 Sera-t-il redevable à ce serviteur, parce qu’il aura fait ce qui lui avait été commandé ? Je ne le pense pas.

10 Vous aussi de même, quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles, parce que nous n’avons fait que ce que nous étions obligés de faire.

11 Et comme il allait à Jérusalem, il passait par le milieu de la Samarie et de la Galilée.

12 Et, entrant dans un bourg, il rencontra dix hommes lépreux, qui se tenaient éloignés ;

13 et ils s’écrièrent : Jésus, notre Maître, aie pitié de nous.

14 Et dès qu’il les eut vus, il leur dit : Allez, montrez-vous aux sacrificateurs. Et il arriva qu’en s’en allant, ils furent nettoyés.

15 Et l’un d’entre eux, voyant qu’il était guéri, retourna sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix.

16 Et il se jeta aux pieds de Jésus, le visage contre terre, lui rendant grâces. Or, il était Samaritain.

17 Alors Jésus, prenant la parole, dit : Tous les dix n’ont-ils pas été guéris ? et les neuf autres, où sont-ils ?

18 Il ne s’est trouvé que cet étranger qui soit revenu pour en donner gloire à Dieu.

19 Alors il lui dit : Lève-toi, va, ta foi t’a sauvé.

20 Les Pharisiens lui ayant demandé quand le règne de Dieu viendrait, il leur répondit : Le règne de Dieu ne viendra point avec éclat ;

21 et on ne dira point : Le voici qui est ici, ou le voilà qui est là ; car voici, le règne de Dieu est au milieu de vous.

22 Il dit aussi à ses disciples : Le temps viendra que vous désirerez de voir l’un des jours du Fils de l’homme, et vous ne le verrez point.

23 Alors on vous dira : Le voici qui est ici, où le voilà qui est là ; mais n’y allez point, et ne les suivez point.

24 Car comme l’éclair brille et se fait voir depuis un côté du ciel jusqu’à l’autre, il en sera ainsi du Fils de l’homme dans son jour.

25 Mais il faut auparavant qu’il souffre beaucoup, et qu’il soit rejeté par cette génération.

26 Et ce qui arriva du temps de Noé, arrivera de même au temps du Fils de l’homme ;

27 on mangeait, on buvait, on prenait et on donnait en mariage, jusqu’au jour que Noé entra dans l’arche ; et le déluge vint qui les fit tous périr.

28 De même aussi, comme du temps de Lot, on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait et on bâtissait ;

29 mais le jour que Lot sortit de Sodome, il plut du ciel du feu et du soufre, qui les fit tous périr ;

30 il en sera de même au jour que le Fils de l’homme paraîtra.

31 En ce jour-là, que celui qui sera au haut de la maison, et qui aura ses meubles dans la maison, ne descende pas pour les emporter ; et que celui qui sera aux champs ne revienne point sur ses pas.

32 Souvenez-vous de la femme de Lot.

33 Quiconque cherchera à sauver sa vie la perdra ; et quiconque l’aura perdue la retrouvera.

34 Je vous dis qu’en cette nuit-là, de deux hommes qui seront dans un même lit, l’un sera pris et l’autre laissé ;

35 De deux femmes qui moudront ensemble, l’une sera prise et l’autre laissée ;

36 De deux hommes qui seront aux champs, l’un sera pris et l’autre laissé.

37 Et ses disciples lui dirent : Où sera-ce, Seigneur ? Et il leur dit : En quelque lieu que soit le corps mort, les aigles s’y assembleront. 

REFLEXIONS

Les instructions que ce chapitre renferme sont les suivantes.

I. Que les scandales sont un grand mal, que, de la manière dont les hommes sont disposés, les scandales sont une chose inévitable, mais que ceux qui en sont les auteurs en porteront la peine.

II. Que nous ne devons avoir aucun ressentiment contre ceux qui nous offensent, qu’il faut leur pardonner et leur pardonner toujours, quand même ils reviendraient très souvent à nous offenser.

III. Que la foi étant aussi nécessaire pour plaire à Dieu et pour être sauvé qu’elle l’était autrefois pour faire des miracles, nous devons nous y affermir de plus en plus et comme le firent les Apôtres, prier le Seigneur qu’il nous l’augmente.

IV. Qu’étant les serviteurs de Dieu, nous devons faire avec zèle tout ce qu’il nous commande et en même temps avec une profonde humilité, nous souvenant que nous ne sommes que d’indignes et d’inutiles serviteurs, que nous ne faisons qu’une partie de notre devoir, qu’ainsi nous ne méritons rien et que si Dieu veut bien récompenser notre obéissance, c’est de sa pure grâce.

V. La principale réflexion qu’il faut faire sur la guérison des dix lépreux, c’est qu’il n’y en eu qu’un qui vint remercier Jésus-Christ et qu’encore c’était un Samaritain qui eut plus de piété et de reconnaissance que les autres qui étaient Juifs.

Les hommes désirent d’être délivrés quand ils sont dans la souffrance, mais la plupart oublient bientôt les délivrances que Dieu leur a accordées et ils tombent dans l’ingratitude. Mais ceux qui sont véritablement touchés des faveurs que Dieu leur accorde en conservent le souvenir et lui marquent leur reconnaissance, non seulement par des actions de grâces continuelles, mais surtout par leur obéissance et par le bon usage qu’ils font de ses bienfaits.

VI. Ce que Jésus-Christ disait aux Juifs que le règne de Dieu ne viendrait pas avec éclat, que ce règne était déjà venu et qu’il était même parmi eux nous oblige à considérer que le règne de notre Seigneur est spirituel et céleste et que ceux qui, comme nous, ont l’avantage d’avoir ce règne au milieu d’eux doivent prendre garde qu’il ne leur arrive, comme aux Juifs, de ne pas reconnaitre leur bonheur et de ne s’en pas prévaloir, ce qui n’est pourtant pas trop ordinaire.

Jésus-Christ disait aux Juifs que bientôt ils se repentiraient de n’avoir pas profité de sa présence et que la vengeance divine les surprendrait comme le déluge avait surpris les habitants du premier monde et comme le feu du ciel surpris les habitants de Sodome.

Cet avertissement nous regarde aussi bien que les Juifs. Ceux qui auront négligé les précieux avantages dont nous jouissons et le temps de la patience et de la miséricorde de Dieu seront aussi surpris dans leurs aveuglements et dans leur sécurité et ils périront dans leur impénitence. Puisque notre Seigneur nous a averti de ces choses, c’est à nous à y penser continuellement et à vivre en attendant sa venue dans la vigilance, dans la prière et dans la pratique de toutes sortes de bonnes œuvres selon qu’il nous y exhorte. 

CHAPITRE XVIII VERSETS 1 A 18

Notre Seigneur :

  • Propose la parabole du juge inique,
  • Celle du pharisien et du péager,
  • Et il impose les mains à des petits enfants qu’on lui présente.

 1 Jésus leur dit aussi cette parabole, pour montrer qu’il faut toujours prier, et ne se relâcher point :

2 Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu, et qui n’avait aucun égard pour personne.

3 Il y avait aussi dans cette ville-là une veuve, qui venait souvent à lui, et qui lui disait : Fais-moi justice de ma partie.

4 Pendant longtemps il n’en voulut rien faire. Cependant, il dit enfin en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu, et que je n’aie nul égard pour aucun homme ;

5 Néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas toujours me rompre la tête.

6 Et le Seigneur dit : Ecoutez ce que dit ce juge injuste.

7 Et Dieu ne vengera-t-il point ses élus, qui crient à lui jour et nuit, quoiqu’il diffère sa vengeance ?

8 Je vous dis qu’il les vengera bientôt. Mais quand le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’il trouve de la foi sur la terre ?

9 Il dit aussi cette parabole, au sujet de quelques-uns qui présumaient d’eux-mêmes comme s’ils étaient justes, et méprisaient les autres :

10 Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était Pharisien, et l’autre péager.

11 Le Pharisien, se tenant debout, priait ainsi en lui-même : Ô Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ni même aussi comme ce péager ;

12 Je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tout ce que je possède.

13 Mais le péager, se tenant éloigné, n’osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : Ô Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur.

14 Je vous déclare que celui-ci s’en retourna justifié dans sa maison préférablement à l’autre ; car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé.

15 On lui présenta aussi de petits enfants, afin qu’il les touchât ; ce que les disciples voyant, ils reprenaient ceux qui les présentaient.

16 Mais Jésus les ayant appelés, dit : Laissez venir à moi ces petits enfants, et ne les en empêchez point : car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.

17 Je vous dis en vérité que quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un enfant, n’y entrera point. 

REFLEXIONS

Saint Luc nous dit dès l’entrée de ce chapitre que le but de la parabole du juge inique est de nous apprendre qu’il faut toujours prier et ne se relâcher jamais. C’est ce que Jésus-Christ nous enseigne en disant que si les hommes, même les méchants, tel que serait un juge injuste, se laissent enfin gagner par des prières et par des sollicitations réitérées, Dieu, qui est la justice et la bonté même, exaucera beaucoup plus les prières qu’on lui adresse avec ferveur et avec persévérance. Jésus-Christ a voulu nous apprendre plus particulièrement par-là que Dieu entend les cris et les prières de ses élus et qu’il exercera une sévère vengeance sur ceux qui les oppriment injustement.

Par la parabole du pharisien et du péager, Jésus-Christ voulait faire entendre que ceux qui avaient une opinion avantageuse d’eux-mêmes, comme les pharisiens, et qui méprisaient les autres étaient très odieux au Seigneur à cause de leur hypocrisie et de leur orgueil et que ceux que l’on regardaient comme les plus grands pécheurs devenaient l’objet de sa grâce lorsqu’ils étaient pénétrés d’une profonde humilité et d’une sincère repentance comme le péager qui se tenait loin et n’osait pas même lever les yeux au ciel, mais qui se frappait la poitrine et disait : Ô Dieu, sois apaisé envers moi qui suis pécheur !

Outre cela, l’exemple de ce pharisien, qui se glorifiait de n’être, ni ravisseur, ni injuste, ni adultère, de jeûner deux fois la semaine et de donner la dîme de tout ce qu’il possédait, mais qui ne fut pas justifié devant Dieu montre que les grands crimes ne sont pas les seuls obstacles au salut. On peut être exempt des péchés criants et avoir même des apparences de la piété et être cependant rejeté de Dieu si le cœur est possédé par la bonne opinion de soi-même, par l’orgueil, par l’avarice ou par d’autres passions cachées.

Il y a enfin trois réflexions à faire sur ce que Jésus-Christ imposa les mains aux enfants qu’on lui présenta et qu’il pria pour eux.

La première, que l’âge des petits enfants n’empêche pas que notre Seigneur ne les aime et ne les bénisse.

La seconde, qu’en les consacrant à Dieu par la prière et par la cérémonie du baptême on se conforme à ce que Jésus-Christ fit dans cette occasion.

La troisième, que le royaume de Dieu n’est destiné qu’à ceux qui sont des enfants en innocence, en douceur et en simplicité et qui reçoivent l’Évangile dans ces dispositions. 

CHAPITRE XVIII VERSETS 18 A 43

Notre Seigneur répond à un homme riche qui lui demandait ce qu’il fallait faire pour être sauvé et il prend occasion de là de dire que les richesses empêcheraient le salut de plusieurs personnes et de faire de glorieuses promesses à ceux qui abandonneraient leurs biens pour l’amour de lui. II. Il prédit ses souffrances. III Il rend la vue à un aveugle près de Jéricho. 

18 Alors un des principaux du lieu demanda à Jésus : Mon bon Maître, que dois-je faire pour obtenir la vie éternelle ?

19 Jésus lui dit : Pourquoi m’appelles-tu bon ? Il n’y a qu’un seul bon, c’est Dieu.

20 Tu sais les commandements : Tu ne commettras point adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; tu ne diras point de faux témoignage ; honore ton père et ta mère.

21 Cet homme lui dit : J’ai gardé toutes ces choses dès ma jeunesse.

22 Quand Jésus eut entendu cela, il lui dit : Il te manque encore une chose ; vends tout ce que tu as, et le distribue aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel ; après cela, viens, et suis-moi.

23 Mais cet homme, ayant entendu cela, devint tout triste ; car il était fort riche.

24 Jésus, voyant qu’il était devenu tout triste, dit : Qu’il est difficile que ceux qui ont beaucoup de biens entrent dans le royaume de Dieu !

25 Il est plus aisé qu’un chameau entre par le trou d’une aiguille, qu’il ne l’est à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu.

26 Et ceux qui l’entendaient, dirent : Et qui peut donc être sauvé ?

27 Et Jésus leur dit : Ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.

28 Et Pierre dit : Voici, nous avons tout quitté, et nous t’avons suivi.

29 Et il leur dit : Je vous dis en vérité, qu’il n’y a personne qui ait quitté maison, ou père, mère, frères, femme ou enfants, pour le royaume de Dieu,

30 Qui ne reçoive beaucoup plus en ce siècle-ci, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle.

31 Jésus prit ensuite à part les douze et leur dit : Voici, nous montons à Jérusalem, et toutes les choses qui ont été écrites par les prophètes, touchant le Fils de l’homme, vont être accomplies.

32 Car il sera livré aux nations, on se moquera de lui, il sera outragé, et on lui crachera au visage ;

33 Et après qu’ils l’auront fouetté, ils le feront mourir, et le troisième jour il ressuscitera.

34 Mais ils n’entendirent rien à tout cela ; ce discours leur était caché, et ils ne comprenaient point ce qu’il leur disait.

35 Comme il approchait de Jérico, un aveugle, qui était assis près du chemin, et qui demandait l’aumône,

36 entendant la foule du peuple qui passait, demanda ce que c’était ;

37 et on lui répondit que c’était Jésus de Nazareth qui passait.

38 Alors il se mit à crier : Jésus, Fils de David, aie pitié de moi !

39 Et ceux qui allaient devant le reprenaient pour le faire taire ; mais il criait encore plus fort : Fils de David, aie pitié de moi !

40 Et Jésus, s’étant arrêté, commanda qu’on le lui amenât ; et quand il se fut approché de lui, il lui demanda :

41 Que veux-tu que je te fasse ? Et il répondit : Seigneur, que je recouvre la vue.

42 Et Jésus lui dit : Recouvre la vue ; ta foi t’a guéri.

43 Et à l’instant il recouvra la vue, et il le suivait, donnant gloire à Dieu. Et tout le peuple, voyant cela, loua Dieu.

REFLEXIONS

Ce qu’il faut retenir de l’entretien que notre Seigneur eut avec cet homme riche qui s’adressa à lui, c’est :

I. Que l’on ne peut obtenir la vie éternelle qu’en gardant les commandements de Dieu ;

II. Qu’il y a des temps où l’on doit quitter tout ce que l’on possède et s’exposer à la pauvreté et à la persécution.

III. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, vérifie ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que les biens du monde sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont ordinairement le cœur attaché.

IV. Il paraît de là que si nous ne sommes pas appelés comme les apôtres à tout quitter pour suivre Jésus-Christ, nous devons éviter l’attachement aux biens périssables de cette vie et les employer pour assister les misérables et que ceux qui le feront auront part en cette vie et en l’autre aux récompenses que Jésus-Christ promet à ceux qui, pour l’amour de lui, auront renoncé à l’amour des biens de la terre.

Il est à remarquer ensuite qu’à mesure que le temps de la mort de Jésus-Christ approchait, il en parlait plus clairement aux apôtres afin qu’elle les surprenne moins, mais que les apôtres, nonobstant ce que leur maître leur avait dit en diverses occasions, ne pouvaient comprendre qu’il dû mourir, ce qui venait de leurs préjugés et de l’opinion où ils étaient que Jésus, étant le Messie, il règnerait dans le monde avec gloire.

Il faut enfin observer sur la guérison de l’aveugle, dont il est ici parlé, que Jésus-Christ en guérissant cet homme qui lui donnait la qualité de fils de David qui parmi les juifs, signifiait la même chose que celle de Messie faisait voir qu’il l’était véritablement.

Au reste, notre Seigneur faisait de nouveaux miracles sur la fin de sa vie et en approchant de Jérusalem afin de donner à ses disciples et au peuple de nouvelles preuves de sa mission divine et de diminuer le scandale que sa croix et sa mort devaient bientôt leur causer. 

CHAPITRE XIX VERSETS 1 A 28

Saint Luc rapporte ici :

I. L’histoire de la conversion de Zachée

II. La parabole des dix marcs.

 1 Jésus étant entré dans Jérico, passait par la ville.

2 Et un homme appelé Zachée, chef des péagers, qui était riche,

3 cherchait à voir qui était Jésus ; mais il ne le pouvait pas à cause de la foule, parce qu’il était de petite taille.

4 C’est pourquoi il courut devant et monta sur un sycomore pour le voir, parce qu’il devait passer par là.

5 Jésus étant venu en cet endroit, et regardant en haut, le vit et lui dit : Zachée, hâte-toi de descendre ; car il faut que je loge aujourd’hui dans ta maison.

6 Et il descendit promptement, et le reçut avec joie.

7 Et tous ceux qui virent cela, murmuraient, disant qu’il était entré chez un homme de mauvaise vie pour y loger.

8 Et Zachée, se présentant devant le Seigneur, lui dit : Seigneur, je donne la moitié de mes biens aux pauvres ; et si j’ai fait tort à quelqu’un en quelque chose, je lui en rends quatre fois autant.

9 Sur quoi Jésus lui dit : Le salut est entré aujourd’hui dans cette maison, parce que celui-ci est aussi enfant d’Abraham.

10 Car le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu.

11 Comme ils écoutaient ce discours, Jésus, continuant, proposa une parabole sur ce qu’il était près de Jérusalem, et qu’ils croyaient que le règne de Dieu allait paraître bientôt.

12 Il dit donc : Un homme de grande naissance s’en alla dans un pays éloigné pour prendre possession d’un royaume, et s’en revenir ensuite.

13 Et ayant appelé dix de ses serviteurs, il leur donna dix marcs d’argent, et leur dit : Faites-les valoir jusqu’à ce que je revienne.

14 Mais les gens de son pays le haïssaient ; et ils envoyèrent une ambassade après lui, pour dire : Nous ne voulons point que celui-ci règne sur nous.

15 Il arriva donc, lorsqu’il fut de retour, après avoir pris possession du royaume, qu’il commanda qu’on fît venir ces serviteurs auxquels il avait donné l’argent, pour savoir combien chacun l’avait fait valoir.

16 Et le premier se présenta et dit : Seigneur, ton marc a produit dix autres marcs.

17 Et il lui dit : Cela est bien, bon serviteur ; parce que tu as été fidèle dans peu de chose, tu auras le gouvernement des dix villes.

18 Et le second vint et dit : Seigneur, ton marc a produit cinq autres marcs.

19 Et il dit aussi à celui-ci : Et toi, commande à cinq villes.

20 Et un autre vint et dit : Seigneur, voici ton marc que j’ai gardé, enveloppé dans un linge ;

21 car je te craignais, parce que tues un homme sévère ; tu prends où tu n’as rien mis, et tu moissonnes où tu n’as point semé.

22 Et son maître lui dit : Méchant serviteur, je te jugerai par tes propres paroles ; tu savais que je suis un homme, sévère, qui prends où je n’ai rien mis, et qui moissonne où je n’ai point semé ;

23 et pourquoi n’as-tu pas mis mon argent à la banque ; et à mon retour je l’eusse retiré avec les intérêts ?

24 Et il dit à ceux qui étaient présents : Otez-lui le marc, et le donnez à celui qui a les dix marcs.

25 Et ils lui dirent : Seigneur, il a déjà dix marcs.

26 Aussi vous dis-je qu’on donnera à quiconque a déjà ; et que pour celui qui n’a pas, cela même qu’il a lui sera ôté.

27 Quant à mes ennemis, qui n’ont pas voulu que je régnasse sur eux, amenez-les ici, et faites-les mourir en ma présence.

28 Et après avoir dit cela, il marchait devant eux, montant à Jérusalem. 

REFLEXIONS

Il y a trois réflexions principales à faire sur l’histoire de Zachée.

La première, que notre Seigneur était venu pour appeler les pécheurs à la repentance et que les personnes que les Juifs regardaient comme très corrompues et avec lesquelles ils ne voulaient avoir aucun commerce, tels qu’étaient les péagers, seraient reçues dans l’alliance divine.

La seconde, que Jésus-Christ se communique à ceux qui le cherchent et que lorsqu’il se présente à nous et qu’il nous appelle, il faut obéir avec promptitude et avec joie à notre vocation, comme Zachée le fit.

La troisième, que ceux qui ont du bien mal acquis doivent le restituer et s’en défaire et que les riches sont particulièrement obligés d’exercer abondamment la charité envers les pauvres.

Pour ce qui est de la parabole de cet homme qui, allant partir pour un pays éloigné, donna des marcs, c’est-à-dire diverses sommes d’argent, à ses serviteurs, notre Seigneur la proposa comme Saint Luc le dit :

I. Pour désabuser ceux qui croyaient qu’il serait reconnu comme roi et que son règne allait être manifesté dans le monde avec éclat,µ

II. Pour leur faire comprendre qu’il serait au contraire rejeté, mais que ceux qui l’auraient servi fidèlement seraient élevés à une grande gloire, pendant que ceux qui ne se soumettraient pas à lui sentiraient les effets de sa puissance et souffriraient la peine de leur rebellions, ce qui marquait la ruine prochaine des Juifs.

L’usage que nous devons faire de cette parabole est d’y remarquer :

I. Que Dieu nous accorde ses lumières et sa grâce afin que nous les fassions valoir chacun selon notre état et notre portée pour sa gloire et pour le salut des autres hommes,

II. Que les uns font un bon usage de cette grâce et que les autres la rendent inutile par leur négligence,

III. que lorsque notre Seigneur viendra pour juger les hommes, il donnera de glorieuses récompenses à ceux qui auront employé ses dons d’une manière conforme à ses intentions, mais qu’il punira avec sévérité et avec justice l’infidélité et l’ingratitude de ceux qui en auront abusé. 

CHAPITRE XIX VERSETS 29 A 48

Jésus fait son entrée royale à Jérusalem ; il répand des larmes sur la ruine de cette ville et il chasse du temple ceux qui le profanaient 

29 Jésus étant arrivé près de Bethphagé et de Béthanie, vers la montagne qu’on appelle des Oliviers, il envoya deux de ses disciples,

30 Et leur dit : Allez à la bourgade qui est devant vous ; et quand vous y serez entrés, vous trouverez un ânon attaché, que personne n’a jamais monté ; détachez-le, et l’amenez.

31 Et si quelqu’un vous demande pourquoi vous le détachez, vous lui direz : Parce que le Seigneur en a besoin.

32 Et ceux qui étaient envoyés s’en allèrent, et trouvèrent comme il leur avait dit ;

33 Et comme ils détachaient l’ânon, ceux à qui il appartenait leur dirent : Pourquoi détachez-vous cet ânon ?

34 Et ils répondirent : Le Seigneur en a besoin.

35 Ils l’amenèrent donc à Jésus ; et ayant mis leurs vêtements sur l’ânon, ils firent monter Jésus dessus.

36 Et comme il passait, plusieurs étendaient leurs vêtements par le chemin.

37 Et lorsqu’il approchait de la descente de la montagne des Oliviers, toute la multitude des disciples, transportée de joie, se mit à louer Dieu à haute voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus.

38 Et ils disaient : Béni soit le Roi qui vient au nom du Seigneur ! Paix soit dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts !

39 Alors quelques-uns des Pharisiens qui étaient dans la troupe, lui dirent : Maître, reprends tes disciples.

40 Et Jésus, répondant, leur dit : Je vous dis que si ceux-ci se taisent, les pierres même crieront.

41 Et lorsqu’il fut proche de la ville, en la voyant, il pleura sur elle et dit :

42 Oh ! si tu avais reconnu, au moins en ce jour qui t’est donné, les choses qui regardent ta paix ! mais maintenant elles sont cachées à tes yeux.

43 Car les jours viendront sur toi, que tes ennemis t’environneront de tranchées, et t’enfermeront et te serreront de toutes parts ;

44 et ils te détruiront entièrement, toi et tes enfants qui sont au milieu de toi, et ils ne te laisseront pierre sur pierre, parce que tu n’as point connu le temps auquel tu as été visitée.

45 Ensuite, étant entré dans le temple, il se mit à chasser ceux qui y vendaient et qui y achetaient,

46 leur disant : Il est écrit : Ma maison est une maison de prière ; mais vous en avez fait une caverne de voleurs.

47 Et il enseignait tous les jours dans le temple. Et les principaux sacrificateurs, et les Scribes, et les principaux du peuple cherchaient à le faire périr.

48 Mais ils ne trouvaient aucun moyen de rien faire contre lui, parce que tout le peuple l’écoutait avec grande attention. 

REFLEXIONS

Jésus-Christ voulut faire son entrée à Jérusalem le dimanche avant sa mort pour montrer qu’il était ce roi dont les prophètes avaient parlé, mais il le fit d’une manière fort simple, monté sur un ânon afin qu’il parut que son règne n’était pas de ce monde. Ce qui arriva alors dut faire d’autant plus d’impression sur les apôtres que Jésus-Christ leur avait dit où ils trouveraient cet ânon, ils virent en cela une preuve de la connaissance qu’il avait de toutes choses. Nous devons faire une grande attention à cet événement où l’on voit si sensiblement la gloire de Jésus-Christ et en même temps sa parfaite douceur. Et comme ceux qui accompagnaient alors notre Seigneur louaient Dieu hautement pour tous les miracles qu’ils avaient vu faire à Jésus, nous devons aussi nous réjouir et bénir Dieu en considérant tout ce que notre Sauveur a fait pour racheter les hommes et pour établir son règne dans le monde.

Il faut remarquer ensuite que lorsque notre Seigneur s’en allait ainsi à Jérusalem, il déplora avec larmes la désolation de cette ville et les malheurs qui allaient tomber sur les Juifs parce qu’ils avaient méconnu et négligé le temps auquel Dieu les avait visités en sa grâce. C’est là une preuve bien claire de la bonté dont le Seigneur était animé même envers ceux qui l’avaient rejeté et qui devaient le crucifier cette semaine-là. Cela montre aussi que les hommes ne périssent que parce qu’ils ne profitent pas du temps auquel Dieu les visite et leur offre sa grâce. Ainsi nous devons reconnaitre les choses qui concernent notre paix avant qu’elles nous soient ôtées de devant les yeux.

Enfin, Jésus-Christ en chassant du temple ceux qui y vendaient et qui y trafiquaient fit paraître son autorité divine aussi bien que son grand zèle.

Il y a deux réflexions à faire sur cette action de notre Seigneur.

L’une, que c’est offenser Dieu grièvement et s’exposer à sa colère que d’assister avec irrévérence dans les lieux où il est adoré et invoqué et que de ne lui rendre qu’un culte faux et hypocrite, ce qui est infiniment plus odieux que l’abus qui s’était introduit parmi les Juifs de vendre et d’acheter dans l’enceinte du temple les choses qui étaient nécessaires pour les sacrifices.

L’autre réflexion est, qu’à l’imitation de Jésus-Christ, il faut s’opposer à l’irréligion, à l’impiété et soutenir toujours avec zèle les intérêts de la gloire de Dieu. 

CHAPITRE XX VERSETS 1 A 18

Jésus-Christ répond aux principaux des Juifs qui lui demandent d’où il tenait son autorité, et il leur propose la parabole des vignerons. 

1 Un jour que Jésus enseignait le peuple dans le temple, et qu’il annonçait l’évangile, les principaux sacrificateurs et les Scribes, avec les sénateurs, étant survenus,

2 lui parlèrent et lui dirent : Dis-nous par quelle autorité tu fais ces choses, et qui est celui qui t’a donné cette autorité !

3 Jésus leur répondit : Je vous demanderai aussi une chose ; dites-moi :

4 Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ?

5 Or, ils raisonnaient entre eux, disant : Si nous disons : Du ciel, il nous dira : Pourquoi donc n’y avez-vous pas cru !

6 Et si nous disons : Des hommes, tout le peuple nous lapidera ; car il est persuadé que Jean était un prophète.

7 C’est pourquoi ils répondirent qu’ils ne savaient d’où il venait.

8 Et Jésus leur dit : Je ne vous dirai pas non plus par quelle autorité je fais ces choses.

9 Alors il se mit à dire au peuple cette parabole : Un homme planta une vigne, et la loua à des vignerons, et fut longtemps absent.

10 Et la saison étant venue, il envoya un de ses serviteurs vers les vignerons, afin qu’ils lui donnassent du fruit de la vigne ; mais les vignerons, l’ayant battu, le renvoyèrent à vide.

11 Et il envoya encore un autre serviteur ; mais l’ayant aussi battu et traité outrageusement, ils le renvoyèrent à vide.

12 Il en envoya encore un troisième ; mais ils le blessèrent aussi, et le chassèrent.

13 Alors le maître de la vigne dit : Que ferai-je ? J’y enverrai mon fils bien-aimé ; peut-être, quand ils le verront, ils le respecteront.

14 Mais quand les vignerons le virent, ils dirent entre eux : Celui-ci est l’héritier ; venez, tuons-le, afin que l’héritage soit à nous.

15 Et l’ayant jeté hors de la vigne, ils le tuèrent. Que fera donc le maître de la vigne ?

16 Il viendra, et fera périr ces vignerons, et il donnera la vigne à d’autres. Ce que les Juifs ayant entendu, ils dirent : A Dieu ne plaise !

17 Alors il les regarda, et leur dit : Que veut donc dire ce qui est écrit : La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, est devenue la principale pierre de l’angle ?

18 Quiconque tombera sur cette pierre-là sera brisé, et elle écrasera celui sur qui elle tombera. 

REFLEXIONS

Il faut remarquer que, lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus d’où il avait reçu son autorité, le Seigneur voyant que ce n’était pas dans une intention sincère de s’instruire qu’ils lui demandaient cela, mais uniquement pour le surprendre, il ne trouva pas à propos de répondre à cette question. Cependant pour leur faire voir que leur ignorance était affectée et malicieuse et qu’il leur était facile de reconnaitre que son autorité venait de Dieu, il leur demanda si le baptême de Jean-Baptiste venait du Ciel ou des hommes, à quoi ils ne répondirent rien, n’osant pas dire leur pensée. Ce silence des pharisiens manifestait leur hypocrisie et leur malice et prouvait qu’ils n’auraient point été persuadés, quoi que Jésus-Christ eût pu leur dire.

Dieu ne refuse jamais de se faire connaître à ceux qui ont un cœur sincère et qui aiment la vérité, mais pour ce qui est de ceux qui ne cherchent que des prétextes pour la rejeter, il les abandonne à leurs ténèbres et à leur malice, surtout quand il leur a donné des moyens suffisants pour connaître la vérité et qu’ils ne s’y rendent pas.

Par la similitude des vignerons, notre Seigneur voulait marquer en termes figurés :

I. Que les principaux des Juifs le feraient crucifier, comme leurs pères avaient autrefois fait mourir les prophètes.

II. Que nonobstant cela il deviendrait le chef et le roi de l’Église et qu’il serait revêtu d’un pouvoir souverain.

III. Que les Juifs seraient dans peu accablés des jugements de Dieu et privés de son alliance.

IV. Que l’Évangile serait annoncé aux païens avec un succès admirable et qu’ils jouiront de tous les privilèges de l’alliance divine.

Cette parabole qui était prophétique fut parfaitement éclaircie par la gloire à laquelle Jésus-Christ fut élevé après sa résurrection et son ascension, par la destruction de Jérusalem, par la dispersion des Juifs et par la vocation des gentils. Cependant ce qui arriva aux Juifs doit nous servir d’exemple et nous convaincre pleinement que les chrétiens qui méprisent la grâce de Dieu et qui désobéissent à l’Évangile ne sauraient demeurer impunis, puisqu’ils ne rejettent pas moins Jésus-Christ que les Juifs le rejetèrent autrefois. 

CHAPITRE XX VERSETS 19 A 47

La seconde partie de ce chapitre renferme quatre chefs.

I. Sa réponse de Jésus-Christ à la demande qu’on lui fit s’il était permis de payer le tribut à l’empereur.

II. La réponse à une autre question que les sadducéens lui proposèrent sur la résurrection,

III. La question qu’il fit aux pharisiens sur ce que le Messie est appelé fils de David

IV. Un avertissement à se donner garde des pharisiens et des docteurs de la Loi. 

19 Alors les principaux sacrificateurs et les Scribes cherchèrent à l’heure même à se saisir de Jésus ; car ils avaient bien reconnu qu’il avait dit cette parabole contre eux ; mais ils craignirent le peuple.

20 C’est pourquoi, l’observant de près, ils envoyèrent des gens apostés, qui contrefaisaient les gens de bien, pour le surprendre dans ses paroles, afin de le livrer au magistrat et au pouvoir du gouverneur.

21 Ces gens lui firent donc cette question : Maître, nous savons que tu parles et que tu enseignes avec droiture, et que, sans acception de personne, tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité.

22 Nous est-il permis de payer le tribut à César, ou non ?

23 Mais Jésus, voyant leur artifice, leur dit : Pourquoi voulez-vous me surprendre ?

24 Montrez-moi un denier. De qui a-t-il l’image et l’inscription ? Ils répondirent : De César.

25 Et il leur dit : Rendez donc à César ce qui appartient à César, et à Dieu ce qui appartient à Dieu.

26 Ainsi ils ne purent rien reprendre dans ses paroles devant le peuple ; mais, tout étonnés de sa réponse, ils se turent.

27 Alors quelques-uns d’entre les Sadducéens, qui nient la résurrection, s’approchèrent, et lui firent cette question :

28 Maître, Moïse nous a laissé par écrit, que si quelqu’un a un frère marié qui vienne à mourir sans enfants, il doit épouser sa veuve, pour susciter lignée à son frère.

29 Or, il y avait sept frères, dont le premier ayant épousé une femme, mourut sans enfants.

30 Le second l’épousa aussi, et mourut aussi sans enfants.

31 Puis le troisième l’épousa ; et de même tous les sept ; et ils moururent sans laisser d’enfants.

32 Après eux tous, la femme mourut aussi.

33 Duquel donc sera-t-elle femme dans la résurrection ? car tous les sept l’ont épousée.

34 Jésus leur répondit : Les enfants de ce siècle épousent des femmes, et les femmes des maris ;

35 mais ceux qui seront jugés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des morts, ne se marieront point.

36 Car ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils seront semblables aux anges, et qu’ils seront enfants de Dieu, étant enfants de la résurrection.

37 Or, que les morts doivent ressusciter, Moïse même l’a fait connaître, lorsque rapportant ce qui lui arriva près du buisson, il nomme le Seigneur, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob.

38 Or, Dieu n’est point le Dieu des morts, mais il est le Dieu des vivants ; car tous vivent à lui.

39 Et quelques-uns d’entre les Scribes prenant la parole, lui dirent : Maître, tu as bien répondu.

40 Et ils n’osèrent plus lui faire aucune question.

41 Mais lui leur dit : Comment dit-on que le Christ doit être Fils de David ;

42 Puisque David même dit dans le livre des psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : Sieds-toi à ma droite,

43 jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour ton marchepied ?

44 David donc l’appelant son Seigneur, comment est-il son Fils ?

45 Et comme tout le peuple écoutait, il dit à ses disciples :

46 Gardez-vous des Scribes qui se plaisent à se promener en longues robes, et qui aiment à être salués dans les places, à être assis aux premiers rangs dans les synagogues, et à tenir les premières places dans les festins ;

47 qui dévorent les maisons des veuves, en affectant de faire de longues prières ; ils en recevront une plus grande condamnation. 

REFLEXIONS

Le but des pharisiens lorsqu’ils demandèrent à notre Seigneur s’il était permis de payer le tribut à l’empereur était de le surprendre. Ils cherchaient un prétexte de l’accuser ou d’être ennemi de l’empereur s’il disait qu’il ne fallait pas payer le tribut ou de n’aimer pas sa nation s’il disait qu’il fallait le payer. Mais Jésus, par un effet de sa profonde sagesse, découvrit et évita ce piège en leur disant : de rendre à César ce qui appartient à César et de rendre à Dieu ce qui appartient à Dieu.

Apprenons de là que Jésus-Christ veut qu’on reconnaisse l’autorité des princes et qu’on leur rende exactement l’obéissance et la fidélité qu’on leur doit et en même temps que l’on s’acquitte religieusement des devoirs auxquels on est obligé envers Dieu.

On remarque la même sagesse de Jésus-Christ dans la manière dont il répondit aux sadducéens qui croyaient l’embarrasser en lui proposant une question sur la résurrection. Il leur dit que cette question était vaine puisqu’après la résurrection les bienheureux seront immortels et semblables aux anges et que le mariage n’aura plus lieu dans la vie à venir. Après cela il leur prouva que les morts doivent ressusciter en leur disant que Dieu s’était déclaré le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob après leur mort, d’où il s’ensuit que Dieu ne pouvant pas être le Dieu des morts, ces Saints patriarches, de même que tous ceux qui sont imitateurs de leur foi subsisteront après leur mort et que Dieu les ressuscitera. Ce discours de notre Seigneur doit nous persuader pleinement que les morts ressusciteront et nous porter au reste à vivre d’une manière pure et saine afin que nous soyons de ceux qui, comme Jésus-Christ le dit, seront jugés dignes d’avoir part au siècle à venir et à la résurrection des justes.

III. La demande que Jésus-Christ fit aux docteurs de la Loi, comment le Messie pouvait être le fils et le Seigneur de David tendait à leur faire voir que la dignité de la personne du Messie était beaucoup plus grande qu’ils ne le croyaient et que, quoi qu’ils pensassent être les plus éclairés dans l’intelligence des anciens oracles, leur ignorance était très grande sur ce point, de même que sur plusieurs autres.

Au reste, il ne leur expliqua pas cette question parce que cela aurait été inutile et qu’ils n’avaient point de docilité. C’est ainsi que le Seigneur abandonne à leur ignorance ceux qui ne veulent pas en sortir.

IV. Enfin, ce que notre Seigneur dit contre les docteurs de la Loi et les pharisiens montre que l’avarice, l’orgueil et l’hypocrisie sont des vices que le Seigneur déteste et que nous devons nous donner garde de ceux en qui ils se rencontrent et éviter nous-mêmes ces vices avec grand soin. 

CHAPITRE XXI

On voit dans ce chapitre :

I. Le jugement que Jésus-Christ fit de l’offrande d’une pauvre veuve.

II. Ce qu’il dit à ses disciples touchant les signes de la ruine de Jérusalem et la fin du monde.

III. Il représente combien cette ruine serait terrible.

IV. Enfin, il exhorte ses disciples à veiller et à prier et à vivre dans la tempérance afin de ne pas être surpris par sa venue. 

1 Comme Jésus regardait ce qu’on mettait dans le tronc, il vit des riches qui y mettaient leurs offrandes.

2 Il vit aussi une pauvre veuve qui y mettait deux pites ;

3 et il dit : Je vous dis en vérité, que cette pauvre veuve a plus mis que tous les autres.

4 Car tous ceux-là ont mis, dans les offrandes de Dieu, de leur superflu ; mais celle-ci y a mis de sa disette tout ce qu’elle avait pour vivre.

5 Et comme quelques-uns lui disaient que le temple était orné de belles pierres et de beaux dons, il dit :

6 Est-ce là ce que vous regardez ? Les jours viendront qu’il n’y sera laissé pierre sur pierre, qui ne soit renversée.

7 Alors ils lui demandèrent : Maître, quand est-ce donc que ces choses arriveront, et par quel signe connaîtra-t-on qu’elles sont sur le point d’arriver ?

8 Et il dit : Prenez garde que vous ne soyez séduits ; car plusieurs viendront en prenant mon nom, disant : C’est moi qui suis le Christ ; et ce temps approche ; mais ne les suivez pas.

9 Et quand vous entendrez parler de guerres et de séditions, ne vous épouvantez pas ; car il faut que ces choses arrivent auparavant ; mais ce ne sera pas sitôt la fin.

10 Il leur dit aussi : Une nation s’élèvera contre une autre nation, et un royaume contre un autre royaume ;

11 Et il y aura de grands tremblements de terre en divers lieux et des famines et des pestes, et il paraîtra des choses épouvantables, et de grands signes dans le ciel.

12 Mais, avant tout cela, ils mettront les mains sur vous, et ils vous persécuteront, vous livrant aux synagogues, et vous mettant en prison ; et ils vous tireront devant les rois et devant les gouverneurs, à cause de mon nom.

13 Et cela vous servira de témoignage.

14 Mettez-vous donc dans l’esprit de ne point préméditer comment vous répondrez.

15 Car je vous donnerai une bouche et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront contredire, ni résister.

16 Vous serez même livrés par vos pères et mères, par vos frères, par vos parents et par vos amis ; et ils en feront mourir d'entre vous.

17 Et vous serez haïs de tout le monde, à cause de mon nom.

18 Mais il ne se perdra pas un cheveu de votre tête.

19 Possédez vos âmes par votre patience.

20 Et quand vous verrez Jérusalem environnée par les armées, sachez que sa désolation approche.

21 Alors, que ceux qui seront dans la Judée s’enfuient aux montagnes ; que ceux qui seront au milieu d’elle se retirent ; et que ceux qui seront à la campagne ne rentrent point dans la ville.

22 Car ce seront alors les jours de la vengeance, afin que toutes les choses qui sont écrites s’accomplissent.

23 Malheur aux femmes qui seront enceintes, et à celles qui allaiteront en ces jours-là ; car il y aura une grande calamité sur ce pays, et une grande colère sur ce peuple.

24 Ils tomberont sous le tranchant de l’épée, et ils seront menés captifs parmi toutes les nations, et Jérusalem sera foulée par les nations, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis.

25 Et il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles ; et sur la terre les peuples seront dans la consternation et ne sachant que devenir, la mer et les flots faisant un grand bruit.

26 Les hommes seront comme rendant l’âme de frayeur, dans l’attente des choses qui arriveront par tout le monde ; car les puissances des cieux seront ébranlées.

27 Et alors on verra venir le Fils de l’homme sur une nue, avec une grande puissance et une grande gloire.

28 Lors donc que ces choses commenceront d’arriver, regardez-en haut, et levez la tête, parce que votre délivrance approche.

29 Et il leur dit une similitude : Voyez le figuier et tous les autres arbres ;

30 quand ils commencent à pousser, vous jugez de vous-mêmes, en les voyant, que l'été est proche.

31 De même, lorsque vous verrez arriver ces choses, sachez que le règne de Dieu est près.

32 Je vous dis en vérité, que cette génération ne passera point, que toutes ces choses n’arrivent.

33 Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point.

34 Prenez donc garde à vous-mêmes, de peur que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise, par les excès du vin et par les inquiétudes de cette vie, et que ce jour-là ne vous surprenne subitement.

35 Car il surprendra comme un filet tous ceux qui habitent sur la face de la terre.

36 Veillez donc, et priez en tout temps, afin que vous soyez trouvés dignes d’éviter toutes ces choses qui doivent arriver, et de subsister devant le Fils de l’homme.

37 Or, il enseignait dans le temple pendant le jour, et sortant le soir, il passait les nuits sur la montagne appelée des Oliviers.

38 Et, dès le point du jour, tout le peuple venait à lui dans le temple, pour l’écouter. 

REFLEXIONS

Ce que Jésus-Christ dit à l’avantage de cette veuve qui mit deux petites pièces de monnaie dans un tronc où les particuliers jetaient ce qu’ils voulaient donner pour l’usage du temple nous apprend que tout ce que l’on consacre à des usages de piété ou de charité est agréable à Dieu quand on le donne volontairement et que les offrandes des pauvres, lorsqu’ils le font de bon cœur selon leur pouvoir, sont aussi bien reçues que celles des riches.

II. Il faut savoir que tout ce que notre Seigneur avait prédit en parlant des signes qui précéderaient la destruction de Jérusalem et du temple arriva de la manière et dans les temps qu’il l’avait marqué. On vit paraître des séducteurs qui prirent le titre de messie, la Judée fut désolée par la famine et par la peste, les Juifs excitèrent des persécutions contre les disciples de notre Seigneur, les Romains vinrent assiéger Jérusalem, la prirent et la détruisirent avec son temple. Les habitants de cette ville se virent réduits aux dernières extrémités, ils furent passés au fil de l’épée et ils souffrirent toutes les horreurs de la guerre. Les restes de ce peuple furent dispersés par tout le monde, ils le sont encore aujourd’hui et Jérusalem ne s’est jamais relevée de cette désolation.

Enfin, toutes ces choses arrivèrent dans le temps que Jésus-Christ l’avait dit, savoir environ quarante ans après sa mort. Des prédictions aussi claires et aussi formelles que celle-là et qui ont été et sont encore si exactement vérifiées par l’événement prouvent d’une manière invincible que Jésus-Christ était envoyé de Dieu et que sa doctrine est véritable et divine. Outre cela, cette destruction d’un peuple que Dieu avait tant aimé et d’une ville qu’il avait choisie pour y établir son service doit inspirer de la crainte à tout le monde et comme l’on ne peut attribuer cette ruine qu’au péché que les Juifs commirent en rejetant et en crucifiant notre Seigneur, cela montre bien clairement que Jésus est le Messie. On peut aussi reconnaitre par là à quoi doivent s’attendre les chrétiens qui le rejettent par leur incrédulité et par leur désobéissance.

III. Ce qu’on lit dans ce chapitre doit nous faire penser à la fin du monde et au jugement dernier, à l’effroi et au désespoir dont les méchants seront saisis et à la joie dont les justes seront remplis en ce jour-là.

Enfin, notre Seigneur nous enseigne que le moyen de ne pas être surpris par sa venue c’est de vivre dans la tempérance, dans la vigilance et de prier continuellement. C’est ce que Jésus-Christ nous recommande par ces paroles qui sont la conclusion de ce discours : Prenez garde à vous-mêmes, que vos cœurs ne soient appesantis par la gourmandise, par les excès du vin et par les inquiétudes de cette vie, de peur que ce jour-là ne vous surprenne subitement. Veillez donc et priez en tout temps afin que vous soyez trouvés dignes d’éviter toutes ces choses et de subsister devant le Fils de l’homme. 

CHAPITRE XXII VERSETS 1 A 38

Saint Luc commence ici l’histoire de la passion de Jésus-Christ et il rapporte :

I. Le traité que Judas fit avec les Juifs pour leur livrer notre Seigneur,

II. Comment Jésus-Christ célébra la pâque et institua la Sainte Cène,

III. La prédiction qu’il fit de la trahison de Judas,

IV. Ce qu’il dit aux apôtres sur ce qu’ils disputaient entre eux lequel serait le plus grand dans le royaume de leur maître.

V. Notre Seigneur prédit la chute de Saint Pierre et il avertit ses disciples que le temps de sa mort était venu. 

1 La fête des pains sans levain, appelée la Pâque, approchait.

2 Et les principaux sacrificateurs et les Scribes cherchaient comment ils pourraient faire mourir Jésus ; car ils craignaient le peuple.

3 Mais Satan entra dans Judas, surnommé Iscariot, qui était du nombre des douze apôtres ;

4 et il s’en alla, et parla avec les principaux sacrificateurs et les capitaines, sur la manière dont il le leur livrerait.

5 Ils en eurent de la joie, et ils convinrent de lui donner de l’argent.

6 Il promit donc de le leur livrer ; et il cherchait une occasion propre pour le faire sans tumulte.

7 Or, le jour des pains sans levain étant venu, auquel il fallait sacrifier la Pâque,

8 Jésus envoya Pierre et Jean, et leur dit : Allez nous préparer la Pâque, afin que nous la mangions.

9 Ils lui dirent : Où veux-tu que nous la préparions ?

10 Et il leur dit : Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau ; suivez-le dans la maison où il entrera.

11 Et dites au maître de la maison : Le maître t’envoie demander : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ?

12 Et il vous montrera une grande chambre haute, toute meublée ; préparez-y la Pâque.

13 Eux donc, s’en étant allés, trouvèrent les choses comme il leur avait dit ; et ils préparèrent la Pâque.

14 Et quand l’heure fut venue, il se mit à table, et les douze apôtres avec lui.

15 Et il leur dit : J’ai fort désiré de manger cette Pâque avec vous, avant que je souffre.

16 Car je vous dis, que je n’en mangerai plus, jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu.

17 Et ayant pris la coupe et rendu grâces, il dit : Prenez-la, et la distribuez entre vous ;

18 car je vous dis, que je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’à ce que le règne de Dieu soit venu.

19 Puis il prit du pain, et ayant rendu grâces, il le rompit et le leur donna, en disant : Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi.

20 De même, il leur donna la coupe après souper, en disant : Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui est répandu pour vous.

21 Au reste, voici, la main de celui qui me trahit est à table avec moi.

22 Pour ce qui est du Fils de l’homme, il s’en va, selon qu’il a été déterminé ; mais malheur à cet homme par qui il est trahi.

23 Alors ils commencèrent à se demander les uns aux autres, qui était celui d’entre eux qui ferait cela.

24 Il arriva aussi une contestation entre eux, pour savoir lequel d’entre eux devait être regardé comme le plus grand.

25 Mais il leur dit : Les rois des nations les maîtrisent, et ceux qui usent d’autorité sur elles sont nommés bienfaiteurs.

26 Il n’en doit pas être de même entre vous ; mais que celui qui est le plus grand parmi vous, soit comme le moindre ; et celui qui gouverne, comme celui qui sert.

27 Car qui est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? n’est-ce pas celui qui est à table ? et cependant je suis au milieu de vous comme celui qui sert.

28 Or, vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes épreuves.

29 C’est pourquoi je dispose du royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé pour moi ;

30 afin que vous mangiez et que vous buviez à ma table dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes, pour juger les douze tribus d’Israël.

31 Le Seigneur dit aussi : Simon, Simon, voici, Satan a demandé à vous cribler comme on crible le blé ;

32 mais j’ai prié pour toi, que ta foi ne défaille point. Toi donc, quand tu seras converti, affermis tes frères.

33 Et Pierre lui dit : Seigneur, je suis tout prêt d’aller avec toi, et en prison et à la mort.

34 Mais Jésus lui dit : Pierre, je te dis que le coq ne chantera point aujourd’hui, que tu n’aies nié trois fois de me connaître.

35 Puis il leur dit : Lorsque je vous ai envoyés sans bourse, sans sac, et sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Et ils répondirent : De rien.

36 Mais maintenant, leur dit-il, que celui qui a une bourse, la prenne ; et de même celui qui a un sac ; et que celui qui n’a point d’épée, vende sa robe, et en achète une.

37 Car je vous dis qu’il faut que cette parole qui est écrite soit accomplie en moi, savoir : Il a été mis au rang des malfaiteurs. Et les choses qui ont été prédites de moi vont arriver.

38 Et ils dirent : Seigneur, voici deux épées. Et il leur dit : Cela suffit. 

REFLEXIONS

La première réflexion qu’il faut faire ici est que Judas pris la résolution de livrer son Maître aux Juifs et que nonobstant que Jésus-Christ lui fit entendre qu’il connaissait son dessein, ce malheureux infidèle ne laissa pas de l’exécuter. Comme ce fut l’amour de l’argent qui porta Judas à une action si perfide, on voit par-là que cette passion, que les hommes ne croient pas fort dangereuse, les aveugle et les endurcit à un point qu’ils sont capables de tomber dans les derniers crimes et qu’ils résistent à tout ce qui devrait les en détourner.

II. Sur ce que notre Seigneur célébra la pâque avec ses disciples et institua le sacrement de la Cène, il faut faire deux considérations.

L’une, qu’il observa jusqu’à la fin de sa vie tout ce qui était prescrit par la religion des Juifs, ce qui nous apprend à ne mépriser et à ne négliger jamais aucune des institutions divines.

L’autre que nous devons regarder avec un grand respect ce Saint sacrement que le Sauveur du monde établit alors pour être un mémorial de sa passion et de sa mort et y participer avec une singulière dévotion toutes les fois que nous nous y présentons.

III. Il est à remarquer que comme Jésus-Christ avait parlé de la venue du règne de Dieu dans ce dernier repas, cela donna occasion à ses disciples de demander lequel d’entre eux serait le plus grand dans ce règne qu’ils croyaient devoir être un règne temporel. Mais le Seigneur les exhorta à se défaire des pensées charnelles qu’ils avaient sur le règne du Messie et à prendre des sentiments d’humilité, leur promettant cependant de les élever à une grande gloire s’ils lui étaient toujours fidèles.

Ces leçons d’humilité et de renoncement aux grandeurs du monde que Jésus-Christ a données tant de fois à ses disciples apprennent à tous les chrétiens qu’il ne leur est pas permis de rechercher la gloire et l’honneur et qu’étant les disciples d’un Maître qui a été l’humilité même, ils ne doivent point penser à s’élever les uns par-dessus les autres et qu’au reste, la véritable gloire à laquelle il faut aspirer est celle qui se trouve dans l’humilité et qui est réservée dans le royaume de Dieu à ceux qui imiteront Jésus-Christ et qui persévéreront dans son obéissance au milieu des épreuves auxquelles ils auront été exposés.

Notre Seigneur avertit dans ce temps-là Saint Pierre de sa chute, mais il l’assura en même temps qu’il avait prié pour lui afin que sa foi ne défaillît point. Le péché et la repentance de cet apôtre confirmèrent la vérité de cette prédiction et de cette promesse. Nous sommes extrêmement faibles, le plus souvent nous ne nous connaissons pas nous-mêmes et ce qui nous aveugle le plus et nous fait tomber, c’est la présomption, mais ce qui nous soutient et nous relève, c’est une sage défiance de nous-mêmes et la grâce du Seigneur. Ainsi nous devons implorer cette grâce avec beaucoup d’ardeur et d’humilité et le prier qu’il ne nous abandonne pas à notre propre faiblesse et qu’il nous affermisse dans la foi en sorte qu’elle ne défaille jamais.

 CHAPITRE XXII VERSETS 39 A 71

I. Jésus-Christ souffre dans le jardin. II. Il est pris par Judas. III. Saint Pierre le renie et pleure sa faute. IV. Jésus est condamné devant le conseil des Juifs. 

39 Puis Jésus partit et s’en alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers ; et ses disciples le suivirent.

40 Et quand il fut arrivé, il leur dit : Priez, afin que vous ne tombiez pas dans la tentation.

41 Alors il s’éloigna d’eux environ d’un jet de pierre ; et s’étant mis à genoux, il priait,

42 en disant : Mon Père, si tu voulais éloigner cette coupe de moi ! Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne.

43 Et un ange lui apparut du ciel pour le fortifier.

44 Et étant en agonie, il priait plus instamment ; et il lui vint une sueur comme des grumeaux de sang, qui coulaient jusqu’à terre.

45 Et s’étant levé après sa prière, il vint vers ses disciples, qu’il trouva endormis de tristesse.

46 Et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous, et priez, afin que vous ne tombiez point dans la tentation.

47 Comme il parlait encore, voici une troupe de gens, et celui qui s’appelait Judas, l’un des douze, marchait devant; et il s’approcha de Jésus pour le baiser ?

48 Mais Jésus lui dit : Judas, trahis-tu ainsi le Fils de l’homme par un baiser ?

49 Alors ceux qui étaient avec lui, voyant ce qui allait arriver, lui dirent : Seigneur, frapperons-nous de l’épée ?

50 Et l’un d'eux frappa un des serviteurs du souverain sacrificateur, et lui emporta l’oreille droite.

51 Mais Jésus prenant la parole, dit : Arrête-toi. Et ayant touché l’oreille de cet homme, il le guérit.

52 Puis Jésus dit aux principaux sacrificateurs, aux capitaines du temple, et aux sénateurs qui étaient venus pour le saisir : Vous êtes sortis avec des épées et des bâtons, comme après un brigand.

53 J’étais tous les jours dans le temple avec vous, et vous n’avez point mis les mains sur moi. Mais c’est ici votre heure et la puissance des ténèbres.

54 Aussitôt ils le saisirent et l’emmenèrent, et le firent entrer dans la maison du souverain sacrificateur. Et Pierre suivait de loin.

55 Et ayant allumé du feu au milieu de la cour, et s’étant assis ensemble, Pierre s’assit aussi parmi eux.

56 Et une servante, le voyant assis auprès du feu, et le regardant attentivement, dit : Celui-ci était aussi avec cet homme.

57 Mais il renia Jésus, disant : Femme, je ne le connais point.

58 Et un peu après, un autre, le voyant, dit : Tu es aussi de ces gens-là. Mais Pierre dit : O homme, je n’en suis point.

59 Environ une heure après, un autre assurait la même chose, et disait : Certainement, celui-ci était aussi avec lui ; car il est aussi Galiléen.

60 Et Pierre dit : O homme, je ne sais ce que tu dis. Et au même instant, comme il parlait encore, le coq chanta.

61 Le Seigneur s’étant retourné, regarda Pierre, et Pierre se ressouvint de la parole du Seigneur, et comment il lui avait dit : Avant que le coq chante, tu me renieras trois fois.

62 Alors Pierre étant sorti, pleura amèrement.

63 Or, ceux qui tenaient Jésus, se moquaient de lui et le frappaient ;

64 Et lui ayant bandé les yeux, ils lui donnaient des coups sur le visage, et lui disaient : Devine qui est celui qui t’a frappé.

65 Et ils disaient beaucoup d’autres choses contre lui, en l’outrageant de paroles.

66 Et dès que le jour fut venu, les sénateurs du peuple, les principaux sacrificateurs et les Scribes s’assemblèrent et le firent venir dans le conseil,

67 et ils lui dirent : Si tu es le Christ, dis-le-nous. Et il leur répondit : Si je vous le dis, vous ne le croirez point ;

68 et si je vous interroge aussi, vous ne me répondrez point, ni ne me laisserez point aller.

69 Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu.

70 Alors ils dirent tous : Es-tu donc le Fils de Dieu ? Et il leur dit : Vous le dites vous-mêmes ; je le suis.

71 Alors ils dirent : Qu’avons-nous plus besoin de témoignage, puisque nous l’avons ouï nous-mêmes de sa bouche ? 

REFLEXIONS

Dans le récit que Saint Luc fait de ce que Jésus-Christ souffrit dans le jardin, on doit remarquer la tristesse de notre Seigneur, ses prières et sa résignation. Sa tristesse fait voir qu’il était sujet aux faiblesses innocentes de notre nature, la vue de cette mort qu’il allait endurer pour les péchés des hommes l’étonna, il eut même besoin d’être fortifié par un ange, mais ce trouble n’avait rien que d’innocent, ainsi l’on ne doit pas penser que Jésus-Christ souffrit des peines semblables à celles des méchants, ni que Dieu fût irrité contre lui. Ses prières nous enseignent à chercher notre consolation et notre force dans le recours à Dieu lorsque nous sommes dans la détresse et la résignation à la volonté de son Père nous apprend à nous soumettre en toutes choses, même dans les événements les plus fâcheux à ce qu’il plait à Dieu de faire de nous.

Au reste, après cet état de délaissement par où Jésus-Christ a passé, nous ne devons jamais perdre courage dans nos maux pourvu que, comme lui, nous nous abandonnons entièrement à Dieu.

II. La manière dont notre Seigneur fut pris montre que quoi qu’il connût le dessein de Judas et qu’il eût pu éviter la mort, il se livra lui-même entre les mains des Juifs, parce qu’il était résolu de mourir pour accomplir les desseins de son Père.

III. Ce que fit Saint Pierre lorsqu’il frappa avec l’épée un des serviteurs du souverain sacrificateur marque l’attachement que cet apôtre avait pour son Maître, mais cette action procédait d’un zèle inconsidéré et d’un esprit de vengeance, c’est pourquoi notre Seigneur l’en censura.

La violence et la vengeance déplaisent à Jésus-Christ et sont indignes de ses disciples, ainsi nous devons nous en éloigner et imiter toujours la grande douceur de notre Seigneur qui, pouvant punir ceux qui venaient le saisir, ne le fit pas et donna même une preuve de sa bonté aussi bien que de sa puissance en guérissant celui que Saint Pierre avait blessé.

IV. On voit ici que Saint Pierre, qui avait témoigné tant de zèle pour Jésus-Christ, le renia par trois fois, étant entraîné par la crainte de la mort. La chute de cet apôtre fait voir que notre inconstance est grande et que les tentations peuvent facilement nous surprendre lorsque nous n’employons pas la vigilance et la prière pour les éviter. Cependant, cet apôtre se releva de sa chute, au lieu que Judas tomba dans le désespoir. On revient plus facilement des fautes où l’on tombe par surprise que de celles que l’on commet de propos délibérés.

Enfin, ce qui se passa lorsque notre Seigneur parut devant le conseil des Juifs fait voir qu’il ne fut condamné pour aucun crime et qu’il était entièrement innocent, puisque la sentence de sa condamnation ne fut fondée que sur ce qu’il avoua qu’il était le fils de Dieu. Il fit pourtant cet aveu et il se soumit à cette sentence si injuste, en quoi nous avons la preuve la plus convaincante qu’il eût pu nous donner de son amour et un exemple de zèle et de patience que nous devons toujours avoir devant les yeux. 

CHAPITRE XXIII VERSETS 1 A 25

Jésus-Christ paraît et est accusé devant Pilate et ensuite devant Hérode, l’un et l’autre le déclarent innocent.

Pilate tâche de le délivrer, mais enfin, vaincu par les instances des principaux des Juifs, il le condamne à mort. 

1 Puis toute l’assemblée, s’étant levée, le mena à Pilate.

2 Et ils commencèrent à l’accuser, en disant : Nous avons trouvé cet homme séduisant la nation et défendant de donner le tribut à César, et se disant le Christ, le roi.

3 Alors Pilate l’interrogea et lui dit : Es-tu le roi des Juifs ? Et Jésus lui répondit : Tu le dis.

4 Et Pilate dit aux principaux sacrificateurs et au peuple : Je ne trouve aucun crime en cet homme.

5 Mais ils insistaient encore plus fortement, en disant : Il soulève le peuple, enseignant par toute la Judée, ayant commencé depuis la Galilée, jusqu’ici.

6 Quand Pilate entendit parler de la Galilée, il demanda si Jésus était Galiléen.

7 Ayant appris qu’il était de la juridiction d’Hérode, il le renvoya à Hérode, qui était aussi alors à Jérusalem.

8 Quand Hérode vit Jésus, il en eut une grande joie ; car il y avait longtemps qu’il souhaitait de le voir, parce qu’il avait ouï dire beaucoup de choses de lui ; et il espérait qu’il lui verrait faire quelque miracle.

9 Il lui fit donc plusieurs questions ; mais Jésus ne lui répondit rien.

10 Et les principaux sacrificateurs et les Scribes étaient là, qui l’accusaient avec grande véhémence.

11 Mais Hérode, avec les gens de sa garde, le traita avec mépris ; et pour se moquer de lui, il le fit vêtir d’un habit éclatant, et le renvoya à Pilate.

12 En ce même jour, Pilate et Hérode devinrent amis ; car auparavant ils étaient ennemis.

13 Alors Pilate ayant assemblé les principaux sacrificateurs, et les magistrats, et le peuple, leur dit :

14 Vous m’avez présenté cet homme comme soulevant le peuple ; et cependant, l’ayant interrogé en votre présence, je ne l’ai trouvé coupable d’aucun des crimes dont vous l’accusez ;

15 Ni Hérode non plus ; car je vous ai renvoyés à lui, et on ne lui a rien fait qui marque qu’il soit digne de mort.

16 Ainsi, après l’avoir fait châtier, je le relâcherai.

17 Or, il était obligé de leur relâcher un prisonnier à la fête,

18 de sorte qu’ils s’écrièrent tous ensemble : Fais mourir celui-ci, et nous relâche Barabbas.

19 (Or, Barabbas avait été mis en prison pour une sédition qui s’était faite dans la ville, et pour un meurtre.)

20 Pilate leur parla de nouveau, ayant envie de délivrer Jésus.

21 Mais ils s’écrièrent : Crucifie-le, crucifie-le.

22 Et il leur dit pour la troisième fois : Mais quel mal a-t-il fait ? je n’ai rien trouvé en lui qui soit digne de mort. Ainsi, après l’avoir fait châtier, je le relâcherai.

23 Mais ils faisaient de nouvelles instances, en demandant avec de grands cris qu’il fût crucifié ; et leurs cris et ceux des principaux sacrificateurs redoublaient.

24 Alors Pilate prononça que ce qu’ils demandaient fût fait.

25 Et il leur relâcha celui qui avait été mis en prison pour sédition et pour meurtre, et qu’ils demandaient ; et il abandonna Jésus à leur volonté. 

REFLEXIONS

On découvre d’abord ici l’injustice et la haine des principaux des Juifs, qui, après avoir condamné notre Seigneur, l’accusèrent faussement devant Pilate d’avoir voulu soulever le peuple et se faire roi et qui demandèrent sa mort malgré tout ce que Pilate leur put dire pour les apaiser, jusque-là qu’ils aimèrent mieux qu’on sauvât la vie à un meurtrier et un séditieux qu’à Jésus-Christ.

II. Dieu permit que Pilate envoya Jésus vers le Hérode afin que la parfaite innocence de notre Seigneur fût d’autant mieux reconnue, ce prince n’ayant pas trouvé qu’il eût rien fait qui méritât la mort.

III. Jésus-Christ paraissant devant Hérode ne lui parla point et ne lui fit aucune réponse parce que les questions que ce prince lui faisait ne procédaient pas d’aucun dessein qu’il eût de s’instruire, mais qu’elles ne venaient que d’une vaine curiosité et du désir qu’il avait de voir faire quelque miracle à notre Seigneur.

Dieu se fait connaître à ceux qui cherchent la vérité de bonne foi, mais pour ce qui est de ceux qui ne s’informent de la vérité que par curiosité et dans un esprit profane, il les laisse dans leur aveuglement.

En quatrième lieu, et surtout, on doit faire attention à l’injustice de Pilate. Il était convaincu qu’on accusait Jésus à tort, il souhaitait de le délivrer, il le pouvait, mais il n’osa pas le faire et après quelque résistance, il le condamna pour complaire aux Juifs.

C’est ainsi que se conduisent les juges iniques et en général tous ceux qui pèchent contre leurs lumières, ils ont plus d’égard aux hommes, à la politique, à l’intérêt et à l’ambition qu’à ce que Dieu, la justice et la conscience demandent. Cet exemple montre qu’il ne sert de rien d’avoir de bons sentiments et quelque désir de faire son devoir, qu’il serait inutile de résister pendant quelque temps à la tentation si l’on vient à y succomber, qu’au contraire, on n’en est que plus coupable, et qu’ainsi en toutes occasions, il faut consulter uniquement la conscience et suivre ce qu’elle nous inspire sans qu’aucune sollicitation ni aucun motif que ce puisse être nous en empêche jamais.

 CHAPITRE XXIII VERSETS 26 A 56

Saint Luc récite :

I. Ce qui se passa lorsque Jésus fut conduit au supplice, et pendant qu’il était sur la croix et sa mort.

II. Les prodiges qui arrivèrent.

III. Sa sépulture.

 26 Et comme ils le menaient au supplice, ils prirent un homme de Cyrène, nommé Simon, qui revenait des champs, et le chargèrent de la croix, pour la porter après Jésus.

27 Et une grande multitude de peuple et de femmes le suivaient, qui se frappaient la poitrine et se lamentaient.

28 Mais Jésus se tournant vers elles, leur dit : Filles de Jérusalem, ne pleurez point sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants.

29 Car les jours viendront auxquels on dira : Heureuses les stériles, les femmes qui n’ont point enfanté, et les mamelles qui n’ont point allaité !

30 Alors ils se mettront à dire aux montagnes : Tombez sur nous, et aux coteaux : Couvrez-nous.

31 Car si l’on fait ces choses au bois vert, que fera-t-on au bois sec ?

32 On menait aussi deux autres hommes, qui étaient des malfaiteurs, pour les faire mourir avec lui.

33 Et quand ils furent au lieu appelé Calvaire, ils le crucifièrent là, et les malfaiteurs, l’un à sa droite, et l’autre à sa gauche.

34 Mais Jésus disait : Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. Puis faisant le partage de ses vêtements, ils les jetèrent au sort.

35 Le peuple se tenait là et regardait. Et les principaux se moquaient de lui avec le peuple, en disant : Il a sauvé les autres ; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu.

36 Les soldats l’insultaient aussi, et s’étant approchés, ils lui présentaient du vinaigre.

37 Et ils lui disaient : Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même.

38 Et il y avait cette inscription au-dessus de sa tête, en grec, en latin, et en hébreu : CELUI-CI EST LE ROI DES JUIFS.

39 L’un des malfaiteurs qui étaient crucifiés l’outrageait aussi, en disant : Si tu es le Christ, sauve-toi toi-même, et nous aussi.

40 Mais l’autre, le reprenant, lui dit : Ne crains-tu point Dieu, puisque tu es condamné au même supplice ?

41 Et pour nous, nous le sommes avec justice, car nous souffrons ce que nos crimes méritent ; mais celui-ci n’a fait aucun mal.

42 Puis il disait à Jésus : Seigneur, souviens-toi de moi quand tu seras entré dans ton règne.

43 Et Jésus lui dit : Je te dis en vérité, que tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis.

44 Il était environ la sixième heure, et il se fit des ténèbres sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure.

45 Le soleil s’obscurcit, et le voile du temple se déchira par le milieu.

46 Alors Jésus, criant à haute voix, dit : Mon Père, je remets mon esprit entre tes mains. Et ayant dit cela, il expira.

47 Le centenier, voyant ce qui était arrivé, donna gloire à Dieu, et dit : Certainement, cet homme était juste.

48 Et tout le peuple qui s’était assemblé à ce spectacle, voyant les choses qui étaient arrivées, s’en retournait en se frappant la poitrine.

49 Or, tous ceux qui étaient de sa connaissance, et les femmes qui l’avaient suivi de la Galilée, se tenaient loin, regardant ce qui se passait.

50 Et un homme, appelé Joseph, qui était sénateur, homme de bien et juste,

51 Qui n’avait point consenti au dessein des autres, ni à ce qu’ils avaient fait, qui était d’Arimathée, ville de Judée, et qui attendait aussi le règne de Dieu,

52 Etant venu vers Pilate, il lui demanda le corps de Jésus.

53 Et l’ayant descendu de la croix, il l’enveloppa d’un linceul, et le mit dans un sépulcre taillé dans un roc, où personne n’avait encore été mis.

54 C’était le jour de la préparation, et le sabbat allait commencer.

55 Et les femmes qui étaient venues de Galilée avec Jésus, ayant suivi Joseph, remarquèrent où était le sépulcre, et comment le corps de Jésus y avait été mis.

56 Et s’en étant retournées, elles préparèrent des drogues aromatiques et des parfums, et elles se reposèrent le jour du sabbat, selon la loi.

 REFLEXIONS

Voici les réflexions qu’il faut faire sur les diverses particularités de la passion de notre Seigneur qui sont rapportées par Saint Luc.

I. On voit dans ce que Jésus dit aux femmes de Jérusalem qui pleuraient sa mort que dans le même temps qu’on le conduisait au supplice et qu’on le faisait mourir si injustement, il était plus sensible aux malheurs qui allaient tomber sur les Juifs qu’à ce qu’il souffrait lui-même.

C’est là un exemple bien touchant de douceur et de patience qui doit nous convaincre de la parfaite charité de Jésus-Christ et nous engager à pardonner à ceux qui nous traitent avec injustice et à nous intéresser pour les autres encore plus que pour nous-mêmes.

II. Ce sont des sentiments qui doivent nous inspirer cette prière que Jésus fit dans le temps qu’on le crucifiait, Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.

III. Une troisième circonstance qui est digne de toute notre attention est ce que Saint Luc rapporte de ces deux voleurs qui furent crucifiés avec Jésus-Christ. On voit dans l’un de ces voleurs un exemple qui montre jusqu’où les hommes peuvent porter l’impiété, la méchanceté et l’endurcissement. Mais on remarque dans l’autre, qui repris son compagnon et qui invoqua Jésus-Christ comme son Sauveur et son Roi quoi qu’il le vît sur une croix, une foi admirable, une belle repentance et une grande humilité. La promesse que notre Seigneur lui fit : Tu seras aujourd’hui avec moi dans le paradis est un exemple illustre de la miséricorde de Dieu envers les pécheurs repentants. Il ne faut pourtant pas abuser de cet exemple en s’imaginant que l’on peut, sans hasarder son salut, attendre de se convertir à la fin de sa vie. Cette promesse nous assure aussi que ceux qui meurent dans la grâce de Dieu sont dans un état de bonheur immédiatement après leur mort.

IV. La mort de Jésus-Christ et sa sépulture doivent être considérés comme le dernier degré de son abaissement et l’accomplissement du sacrifice qu’il a offert à Dieu pour l’expiation de nos péchés. Ainsi nous y trouvons le fondement de notre foi et de notre confiance et de puissants motifs à ne point craindre la mort.

Enfin, les divers prodiges qui arrivèrent lorsque notre Seigneur fut crucifié et qu’il mourut étaient destinés à faire voir qu’il était véritablement le fils de Dieu. Ce fut aussi l’effet qu’ils produisirent sur le centenier qui gardait la croix, sur le peuple qui assista à ce spectacle et en particulier sur les personnes qui avaient eu de l’attachement pour Jésus-Christ pendant sa vie. Mais ce fut ce qui parut encore plus clairement lorsqu’il ressuscita le troisième jour après sa mort.

 CHAPITRE XXIV

Jésus étant ressuscité, des anges l’annoncent aux femmes qui étaient allées à son sépulcre, il se fit voir ensuite à deux de ses disciples qui allaient à Emmaüs, et enfin aux douze apôtres.

Saint Luc fini son Évangile en rapportant les derniers ordres que notre Seigneur donna aux apôtres et son ascension. 

1 Mais le premier jour de la semaine, ces femmes, et quelques autres avec elles, vinrent de grand matin au sépulcre, apportant les parfums qu’elles avaient préparés.

2 Et elles trouvèrent que la pierre qui était à l’entrée du sépulcre avait été ôtée.

3 Et y étant entrées, elles n’y trouvèrent point le corps du Seigneur Jésus.

4 Et comme elles ne savaient qu’en penser, voici, deux hommes parurent devant elles, avec des habits brillants comme un éclair.

5 Et comme elles étaient tout effrayées, et qu’elles baissaient le visage contre terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?

6 Il n’est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée,

7 Disant : Il faut que le Fils de l’homme soit livré entre les mains des méchants, et qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour.

8 Et elles se souvinrent de ses paroles.

9 Et étant revenues du sépulcre, elles racontèrent toutes ces choses aux onze apôtres, et à tous les autres.

10 C’était Marie-Magdelaine, Jeanne, et Marie, mère de Jacques, et les autres qui étaient avec elles, qui dirent ces choses aux apôtres.

11 Mais ce qu’elles leur disaient leur parut une rêverie, et ils ne les crurent point.

12 Toutefois, Pierre se leva et courut au sépulcre, et s’étant baissé pour regarder, il ne vit que les linceuls qui étaient à terre ; puis il s’en alla, admirant en lui-même ce qui était arrivé.

13 Ce jour-là même, deux d’entre eux s’en allaient à un bourg nommé Emmaüs, qui était éloigné de Jérusalem de soixante stades.

14 Et ils s’entretenaient entre eux de tout ce qui était arrivé.

15 Comme ils s’entretenaient, et qu’ils raisonnaient ensemble, Jésus lui-même, s’étant approché, se mit à marcher avec eux.

16 Mais leurs yeux étaient retenus, en sorte qu’ils ne le reconnaissaient point.

17 Et il leur dit : De quoi vous entretenez-vous dans le chemin, et pourquoi êtes-vous si tristes ?

18 L’un d’eux, nommé Cléopas, lui répondit : Es-tu seul si étranger à Jérusalem, que tu ne saches pas les choses qui s’y sont passées ces jours-ci ?

19 Et il leur dit : Et quoi ? Ils lui répondirent : Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, qui était un prophète, puissant en œuvres et en paroles devant Dieu et devant tout le peuple ;

20 et comment les principaux sacrificateurs et nos magistrats l’ont livré pour être condamné à mort, et l’ont crucifié.

21 Or, nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël ; et cependant, voici déjà le troisième jour que ces choses sont arrivées.

22 Il est vrai que quelques femmes, de celles qui étaient avec nous, nous ont fort étonnés ; car, ayant été de grand matin au sépulcre,

23 Et n’y ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur ont apparu et leur ont dit qu’il est vivant.

24 Et quelques-uns des nôtres sont allés au sépulcre, et ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais ils ne l’ont point vu.

25 Alors il leur dit : O gens sans intelligence, et d’un cœur tardif à croire tout ce que les prophètes ont dit !

26 Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu’il entrât ainsi dans sa gloire ?

27 Puis, commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur expliquait dans toutes les Ecritures ce qui le regardait.

28 Ainsi ils approchèrent du bourg où ils allaient ; mais Jésus faisait semblant d’aller plus loin.

29 Et ils le contraignirent de s’arrêter, en lui disant : Demeure avec nous, car le soir commence à venir, et le jour est sur son déclin. Il entra donc pour demeurer avec eux.

30 Et comme il était à table avec eux, il prit du pain et rendit grâces ; puis l’ayant rompu, il le leur donna.

31 En même temps leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant eux.

32 Et ils se dirent l’un à l’autre : Notre cœur ne brûlait-il pas en nous, lorsqu’il nous parlait en chemin, et qu’il nous expliquait les Ecritures ?

33 Et se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem ; et ils trouvèrent les onze apôtres, et tous ceux qui étaient avec eux, assemblés,

34 Qui disaient : Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon.

35 Et ceux-ci racontèrent ce qui leur était aussi arrivé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu lorsqu’il avait rompu le pain.

36 Comme ils tenaient ces discours, Jésus lui-même se présenta au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous.

37 Mais eux, tout troublés et tout épouvantés, croyaient voir un esprit.

38 Et il leur dit : Pourquoi êtes-vous troublés, et pourquoi s’élève-t-il des pensées dans vos cœurs ?

39 Voyez mes mains et mes pieds ; car c’est moi-même. Touchez-moi et regardez-moi ; car un esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’ai.

40 En leur disant cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

41 Mais comme ils ne le croyaient point encore, tant ils étaient transportés de joie et d’admiration, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ?

42 Et ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et d’un rayon de miel.

43 Et l’ayant pris, il en mangea en leur présence.

44 Puis il leur dit : C’est là ce que je vous disais lorsque j’étais encore avec vous, qu’il fallait que tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse et dans les prophètes, et dans les psaumes, fût accompli.

45 Alors il leur ouvrit l’esprit, pour leur faire entendre les Ecritures.

46 Et il leur dit : C’est ainsi qu’il est écrit et qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât des morts le troisième jour,

47 et qu’on prêchât en son nom la repentance et la rémission des péchés, parmi toutes les nations, en commençant par Jérusalem.

48 Or, vous êtes témoins de ces choses ; et voici, je vais vous envoyer ce que mon Père vous a promis.

49 En attendant, demeurez dans la ville de Jérusalem, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la vertu d’en haut.

50 Il les mena ensuite hors de la ville, jusqu’à Béthanie ; puis, élevant ses mains, il les bénit.

51 Et il arriva, comme il les bénissait, qu’il se sépara d’avec eux, et fut élevé au ciel.

52 Et eux, l’ayant adoré, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie.

53 Et ils étaient toujours dans le temple, louant et bénissant Dieu. Amen.

 REFLEXIONS

Saint Luc nous apprend dans ce chapitre que Jésus-Christ étant ressuscité, sa résurrection fut annoncée par des anges aux femmes qui étaient allées à son sépulcre et qu’après cela il se fit voir à deux disciples et à tous les apôtres qui s’assurèrent pleinement de sa résurrection en lui parlant, en touchant son corps et en le voyant manger en leur présence. Ces diverses apparitions de notre Seigneur confirment qu’il est ressuscité et elles doivent puissamment fortifier notre foi et nos espérances qui sont toutes fondées sur cette résurrection.

L’entretien que Jésus-Christ eut avec les deux disciples qui allaient à Emmaüs est remarquable. On y voit que quoi que ces disciples conservassent un tendre souvenir pour leur Maître et qu’ils eussent même quelque espérance de sa résurrection, ils ne la croyaient pas encore et que leur foi était bien faible, ce qui prouve qu’ils n’ont crû cette résurrection que sur des fondements certains et après en avoir été parfaitement convaincus.

D’un autre côté, on remarque que Jésus-Christ les instruits sur le mystère de sa mort et de sa résurrection en leur expliquant les prophéties qui en avaient parlé. Cela doit nous inciter à lire et à méditer les oracles des prophètes puisque nous y trouvons des prédictions si propres à nous confirmer dans la foi et surtout puisque l’événement a si bien éclairci et vérifié ces oracles.

Nous avons dans les derniers ordres que Jésus-Christ donna à ses disciples l’abrégé de la doctrine de l’Évangile qui revient à ceci : C’est que Jésus-Christ est mort, qu’il est ressuscité et qu’il a envoyé ses apôtres pour annoncer partout le monde la rémission des péchés et pour exhorter les hommes à la repentance.

Enfin, l’ascension de notre Seigneur doit nous persuader pleinement qu’il est le fils de Dieu. Et comme les apôtres, lorsqu’ils le virent monter au Ciel, l’adorèrent et s’en retournèrent à Jérusalem remplis de joie et bénissant Dieu, nous devons aussi adorer Jésus-Christ comme notre Dieu et notre Sauveur, nous soumettre à lui et nous réjouir continuellement en pensant à la gloire où il est élevé à la droite de son Père et dans l’espérance ferme d’y être reçus un jour.

 

BROCHURE D'EVANGELISATION

COMMENT HERITER LA VIE ETERNELLE ?

Le Seigneur Jésus-Christ nous a apporté au travers de sa parole, les réponses à cette question si cruciale pour notre salut. Jésus-Christ lui-même a exhorté ses disciples : à sonder les Écritures, car, dit-il, c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle et ce sont elles qui rendent témoignage de moi. Le Seigneur nous recommande par-là d’être assidu à la lecture et la méditation de la bible, parce que l’Écriture Sainte est le don le plus précieux que Dieu nous ait fait avec celui de son Fils. C’est un trésor où il a mis tout ce qui peut nous enrichir et nous rendre heureux. Il importe aussi de se recueillir avant de commencer cette lecture et d’y mettre toute notre attention. Dieu nous parle et que c’est par le moyen de sa parole qu’il veut nous conduire à la vie éternelle et faire de nos des Hommes bienheureux.

Et voici, quelqu’un s’approchant lui dit : Mon bon maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle ? (Matthieu 19,16 ; Matthieu 25, 46 ; Marc 10, 17 ; Luc 10, 25 ; Luc 18, 18).

L’entretien que notre Seigneur Jésus-Christ a eu avec cet homme riche, dont il est parlé dans ce verset ci-dessus, est que l’on ne saurait entrer dans la vie éternelle si l’on ne garde les commandements de Dieu. Autrement dit hériter la vie éternelle c’est mettre en pratique dans notre vie quotidienne les préceptes de la parole de Dieu, les recommandations et commandements de notre Seigneur Jésus-Christ. Se convertir au Seigneur Jésus, c’est une étape indispensable mais il faut en plus garder les commandements de notre Seigneur. Il y a des situations où l’on peut-être appeler à quitter tout ce que l’on possède et même s’exposer à la pauvreté et à la persécution pour le suivre. Et dans certains cas, il faut outre cela, abandonner ses biens et tout ce que l’on possède en ce monde, qu’en général, les chrétiens ne doivent pas s’attacher aux richesses et que si Dieu leur en donne, ils doivent les employer à des usages de charité. Nous recueillons de plus du discours de notre Seigneur que ce renoncement aux biens du monde, quelque difficile qu’il paraisse d’abord, n’est point un devoir impossible à pratiquer, non plus que nos autres devoirs et que ceux qui auront ainsi renoncé aux biens de la terre, comme les apôtres le firent autrefois, en seront abondamment récompensés en cette vie et en l’autre. La surprise et la tristesse dont ce jeune homme fut saisi après avoir entendu Jésus-Christ, confirme ce que le Seigneur dit dans cette occasion, c’est que l’amour du monde et ses richesses sont souvent un grand obstacle au salut parce que ceux qui les possèdent y ont généralement le cœur très attaché.

Il faut donc élargir cela en évitant toute occasion de chute. Car où est votre trésor, là sera aussi votre cœur. Le Seigneur Jésus-Christ nous exhorte dans ses enseignements de ne pas rechercher avec ardeur à amasser les biens de ce monde qui sont vains et inconstants et dont diverses circonstances de la vie peuvent nous en priver, mais de travailler plutôt à acquérir les biens du Ciel qui sont les plus excellents et que rien ne saurait nous ravir. Jésus-Christ nous avertit sur ce sujet qu’il est dangereux d’aimer les richesses, que cet amour nous aveugle et attache nos inclinaisons à la terre et qu’il n’est pas possible de servir Dieu et d’avoir le cœur libre et élevé à lui pendant qu’on est possédé de l’amour des biens de ce monde.

Bien comprendre que notre Seigneur ne condamne pas seulement l’amour des richesses, il défend même de s’inquiéter et de se donner trop de soins pour les choses nécessaires à la vie. Il nous exhorte à nous confier en la providence, qui, ayant soin des oiseaux et des autres créatures, pourvoira beaucoup plus aux besoins de ses enfants qui sont d’une nature plus excellente et qu’il destine à l’éternité. Il nous dit que les soins temporels qui sont excessifs et accompagnés d’inquiétude et de défiance sont inutiles et d’ailleurs indignes des chrétiens.

Enfin, il nous exhorte à chercher avant toutes choses ce qui peut plaire à Dieu et nous faire parvenir au royaume céleste et il promet que si nous le faisons, Dieu nous accordera tout ce qui nous est nécessaire pour la vie du corps. Ce sont là des instructions que nous devons toujours avoir présentes au milieu des occupations de cette vie afin qu’elles nous garantissent de l’attachement aux biens de la terre et qu’elles nous engagent à rechercher principalement les biens éternels qui nous sont réservés dans le ciel.  

Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui ; (Jean 3,36) Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre 3 de l’evangile de l’Apôtre Jean par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. S’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père, qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté.

Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.  

Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour ; (Jean 6, 54).

Nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.

Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui. 

Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; (Jean 6, 68).

Notre foi doit-être sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi l’Apôtre Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?

Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.

Ne perdons jamais de vue que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres.

Comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés ; (Jean 17, 2).

L’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la  perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes. 

Qui rendra à chacun selon ses œuvres ; savoir, la vie éternelle à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’immortalité ; (Romains 2, 6-7)

Que Dieu rendra un jour à tous les hommes selon leurs œuvres, qu’il donnera la vie éternelle à ceux qui auront fait le bien avec persévérance, mais que l’affliction et le désespoir seront le partage des méchants ;

Cela doit nous faire regarder Jésus-Christ comme celui en qui nous trouvons la délivrance de tous nos maux et qui est l’auteur et la source de la vie spirituelle et de la vie éternelle pour tous ceux qui croient en lui et qui lui obéissent. 

Mais ayant été maintenant affranchis du péché, et étant devenus esclaves de Dieu, vous avez pour votre fruit la sanctification, et pour fin la vie éternelle ; (Romains 6, 22)

Que tous les hommes sans exception étaient naturellement dans la corruption et dans la condamnation, morts dans leurs fautes et dans leurs péchés, mais qu’ils ont été retirés d’un état si funeste et élevés à l’espérance de la vie éternelle par la grande miséricorde de Dieu et par la mort et la résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ.

La charge de conserver fidèlement le dépôt de la pure doctrine qui lui avait été confié doit engager tous ceux qui sont dans le ministère sacré à redoubler de plus en plus leur zèle et à s’acquitter de tous leurs devoirs avec tant de fidélité : qu’ayant combattu dans le bon combat de la foi, ils obtiennent la vie éternelle et qu’ils soient irrépréhensibles à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ, laquelle le bienheureux et le seul Prince, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs manifestera en son temps, lui qui possède seul l’immortalité qui habite une lumière inaccessible, que nul homme n’a vu, ni ne peut voir et auquel appartient l’honneur et la puissance éternellement, amen !

 Quiconque hait son frère est meurtrier ; et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui. (1 Jean 3, 15)

Il enseigne que la vérité de l’Évangile a été confirmée du Ciel par le témoignage du Père, du Fils et du Saint-Esprit et sur la terre par l’Esprit, par l’eau et par le sang. D’où il conclut que la doctrine de l’Évangile et les promesses de la vie éternelle qui nous y sont faites en Jésus-Christ doivent être reçues avec une pleine certitude de foi.

 Et voici quel est ce témoignage, c’est que Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils. (1 Jean 5 : 11)

 Amen !

LE SAINT EVANGILE DE NOTRE SEIGNEUR JESUS-CHRIST SELON S. JEAN

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Nouveau Testament
  • Evangile de St Jean

ARGUMENT

Cet évangile a été écrit longtemps après les autres par l’apôtre Saint Jean, environ soixante ans, comme l’on croit, après l’ascension de Jésus-Christ. On y trouve plusieurs discours de notre Seigneur et diverses particularités remarquables de sa vie, de sa passion et de sa résurrection que les trois autres évangélistes ne rapportent pas.

  Chapitres :  Chapitre I.  Chapitre II.   Chapitre III. Chapitre IV.  Chapitre V.   Chapitre VI   Chapitre VII. Chapitre VIII.  Chapitre IX.  Chapitre X.   Chapitre XI.   Chapitre XII.   Chapitre XIII.   Chapitre XIV.   Chapitre XV.   Chapitre XVI. Chapitre XVII.   Chapitre XVIII.  Chapitre XIX.  Chapitre XX. Chapitre XXI.. Livres du Nouveau Testament.

CHAPITRE I.

Ce chapitre a trois parties :

I. Saint Jean enseigne que Jésus-Christ est Dieu, qu’il s’est fait homme et qu’il est venu au monde pour sauver les hommes et pour rendre enfants de Dieu tous ceux qui croiraient en lui. II. Il rapporte le témoignage que Jean-Baptiste rendit à notre Seigneur en faisant connaitre aux Juifs la dignité de la personne de Jésus-Christ et la nature de son ministère. III. Jésus se fait connaitre à André, à Pierre, à Philippe et à Nathanaël. 

1 La Parole était au commencement, la Parole était avec Dieu, et cette parole était Dieu.

2 Elle était au commencement avec Dieu.

3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans elle.

4 C’est en elle qu’était la vie, et la vie était la lumière des hommes.

5 Et la lumière luit dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont point reçue.

6 Il y eut un homme, appelé Jean, qui fut envoyé de Dieu.

7 Il vint pour être témoin et pour rendre témoignage de la lumière, afin que tous crussent par lui.

8 Il n’était pas lui-même la lumière, mais il était envoyé pour rendre témoignage à la lumière.

9 C’était la véritable lumière qui éclaire tous les hommes, en venant au monde.

10 Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle ; mais le monde ne l’a pas connue.

11 Il est venu chez soi ; et les siens ne l’ont point reçu.

12 Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il leur a donné le droit d’être faits enfants de Dieu, savoir, à ceux qui croient en son nom ;

13 qui ne sont point nés du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais qui sont nés de Dieu.

14 Et la Parole a été faite chair, et a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité et nous avons vu sa gloire, une gloire telle qu’est celle du Fils unique venu du Père.

15 C’est de lui que Jean rendait témoignage, lorsqu’il criait : C’est ici celui dont je disais : Celui qui vient après moi m’est préféré, parce qu’il est plus grand que moi.

16 Et nous avons tous reçu de sa plénitude, et grâce sur grâce.

17 Car la loi a été donnée par Moïse, mais la grâce et la vérité sont venues par Jésus-Christ.

18 Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, est celui qui nous l’a fait connaître.

19 C’est ici le témoignage que Jean rendit, lorsque les Juifs envoyèrent de Jérusalem des sacrificateurs et des Lévites, pour lui demander : Qui es-tu ?

20 Il le confessa, et ne le désavoua point ; il le confessa en disant : Je ne suis point le Christ.

21 Qu’es-tu donc, lui demandèrent-ils ? Es-tu Elie ? Et il dit : Je ne le suis point. Es-tu le prophète ? Et il répondit : Non.

22 Ils lui dirent : Qui es-tu donc ? afin que nous rendions réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu de toi-même ?

23 Il dit : Je suis la voix de celui qui crie dans le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Esaïe.

24 Or, ceux qui avaient été envoyés vers lui, étaient d’entre les Pharisiens.

25 Ils lui demandèrent encore : Pourquoi donc baptises-tu, si tu n’es point le Christ, ni Elie, ni le prophète ?

26 Jean leur répondit et leur dit : Pour moi, je baptise d’eau, mais il y a un homme au milieu de vous, que vous ne connaissez point.

27 C’est celui qui vient après moi, qui m’est préféré, et je ne suis pas digne de délier la courroie de ses souliers.

28 Ces choses se passèrent à Béthabara, au-delà du Jourdain, où Jean baptisait.

29 Le lendemain, Jean vit Jésus qui venait à lui, et il dit : Voici l’agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde.

30 C’est celui dont je disais : Il vient après moi un homme qui m’est préféré, car il est plus grand que moi.

31 Et pour moi, je ne le connaissais pas, mais je suis venu baptiser d’eau, afin qu’il soit manifesté à Israël.

32 Jean rendit encore ce témoignage, et dit : J’ai vu l’Esprit descendre du ciel comme une colombe, et il s’est arrêté sur lui.

33 Pour moi, je ne le connaissais pas ; mais celui qui m’a envoyé baptiser d’eau, m’avait dit : Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et s’arrêter, c’est celui qui baptise du Saint-Esprit.

34 Et je l’ai vu, et j’ai rendu témoignage que c’est lui qui est le Fils de Dieu.

35 Le lendemain, Jean étant encore là avec deux de ses disciples,

36 et voyant Jésus qui marchait, il dit : Voilà l’agneau de Dieu.

37 Et ses deux disciples, l’ayant ouï parler ainsi, suivirent Jésus.

38 Jésus s’étant retourné, et voyant qu’ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi (c’est-à-dire maître), où demeures-tu ?

39 Il leur dit : Venez et voyez. Ils y allèrent et virent où il logeait, et ils demeurèrent avec lui ce jour-là, car il était environ la dixième heure du jour.

40 André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu ce que Jean disait, et qui avaient suivi Jésus.

41 Celui-ci trouva le premier Simon son frère, et lui dit : Nous avons trouvé le Messie (c’est-à-dire le Christ).

42 Et il l’amena à Jésus. Jésus l’ayant regardé, lui dit : Tu es Simon, fils de Jona ; tu seras appelé Céphas (c’est-à-dire Pierre).

43 Le lendemain, Jésus voulut s’en aller en Galilée, et il trouva Philippe et lui dit : Suis-moi.

44 Or, Philippe était de Bethsaïde, qui était aussi la ville d’André et de Pierre.

45 Philippe rencontra Nathanaël et lui dit : Nous avons trouvé celui de qui Moïse a écrit dans la loi, et dont les prophètes ont parlé ; c’est Jésus de Nazareth, le fils de Joseph.

46 Nathanaël lui dit : Peut-il venir quelque chose de bon de Nazareth ? Philippe lui dit : Viens et vois.

47 Jésus, voyant venir Nathanaël, dit de lui : Voici un véritable Israélite, en qui il n’y a point de fraude.

48 Nathanaël lui dit : D’où me connais-tu ? Jésus lui répondit : Avant que Philippe t’appelât, je t’ai vu quand tu étais sous un figuier.

49 Nathanaël lui répondit : Maître, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël.

50 Jésus lui répondit : Parce que je t’ai dit que je t’avais vu sous un figuier, tu crois ; tu verras de plus grandes choses que ceci.

51 Il lui dit aussi : En vérité, en vérité, je vous dis, que désormais vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l’homme.


REFLEXIONS

I. La première partie de ce chapitre nous instruit de la dignité infinie de la personne de Jésus-Christ et du but de sa venue au monde. Pour ce qui est de sa personne, Saint Jean nous enseigne que Jésus-Christ qui est ici appelé : la parole est Dieu, que cette parole a été faite chair, c’est-à-dire que Jésus s’est fait homme et qu’il a pris notre nature. Ainsi l’une des premières et des plus importantes vérités de la foi chrétienne est de croire que Jésus-Christ est Dieu et homme tout ensemble. Et la divinité de sa personne doit nous convaincre de la divinité de sa doctrine et nous faire reconnaitre combien Dieu nous a aimés, de nous donner son propre Fils pour nous racheter.

II. Nous apprenons ici que le but pour lequel Jésus-Christ est venu au monde a été d’en être la lumière, d’éclairer les hommes de la connaissance de Dieu et de donner à tous ceux qui le recevraient et qui croiraient véritablement en lui le droit de devenir enfants de Dieu. Par là nous voyons quelle est l’excellence de l’Évangile, combien nos privilèges sont glorieux et l’obligation où nous sommes de recevoir avec foi et avec joie cette salutaire doctrine qui a été annoncée par le Fils unique de Dieu et de montrer par notre obéissance que nous sommes de ceux qui ont part à l’adoption divine.

III. Saint Jean nous apprend que Dieu envoya Jean-Baptiste pour faire connaitre Jésus-Christ aux Juifs et pour les disposer à le regarder, non comme un roi temporel, mais comme un roi spirituel et un sauveur qui expierait leurs péchés et qui répandrait sur eux les dons de l’esprit de Dieu. C’est dans cette vue que Jean-Baptiste disait que : Jésus-Christ était l’agneau de Dieu qui ôte les péchés du monde et que ce serait lui qui baptiserait du Saint-Esprit.

Le pardon des péchés et la vertu d’Esprit Saint qui nous régénère et qui nous sanctifie sont donc les deux principales grâces que Jésus-Christ nous a acquises et auxquelles nous devons aspirer.

IV. Il faut faire attention à l’humilité, au zèle et à la fidélité que Jean-Baptiste fit paraître en déclarant qu’il n’était pas le Messie, mais qu’il n’en était que le précurseur et en s’abaissant si fort au-dessous de Jésus-Christ. C’est ainsi que nous devons avoir des sentiments humbles de nous-mêmes, ne chercher jamais notre propre gloire, mais chercher uniquement celle de notre Seigneur et travailler chacun dans sa vocation et de tout notre pouvoir à le faire connaitre aux hommes et à les amener à lui.

V. Jésus-Christ entrant dans son ministère se choisit d’abord des disciples parce qu’il voulait se servir d’eux dans la suite pour annoncer l’Évangile par toute la terre et pour rendre témoignage de sa vie, de sa doctrine, de ses miracles, de sa mort et de sa résurrection. La grande joie que ces premiers apôtres ressentirent d’avoir trouvé le Messie et l’empressement qu’ils eurent de le suivre nous montre que notre plus grand bonheur est de connaitre Jésus-Christ et de nous attacher à lui.

L’éloge que le Seigneur fit de Nathanaël en disant : que c’était un vrai Israélite en qui il n’y avait point de fraude, nous apprend que Jésus-Christ a une parfaite connaissance de tous les hommes et que la disposition à laquelle il regarde principalement et qu’il demande de ses disciples, c’est la simplicité et la droiture du cœur, un grand éloignement pour l’hypocrisie et un vrai amour pour la vérité et pour la piété.

CHAPITRE II.

Jésus-Christ change de l’eau en vin aux noces de Cana. Ensuite il va à Jérusalem, il chasse du temple ceux qui le profanaient et il fait quelques miracles dans cette ville-là à la fête de pâque.

1 Trois jours après, on faisait des noces à Cana en Galilée, et la mère de Jésus y était.

2 Et Jésus fut aussi convié aux noces, lui et ses disciples.

3 Le vin ayant manqué, la mère de Jésus lui dit : Ils n’ont plus de vin.

4 Mais Jésus lui répondit : Femme, qu’y a-t-il entre moi et toi ? Mon heure n’est pas encore venue.

5 Sa mère dit à ceux qui servaient : Faites tout ce qu’il vous dira.

6 Or, il y avait là six vaisseaux de pierre, mis pour servir aux purifications des Juifs, et qui tenaient chacun deux ou trois mesures.

7 Jésus leur dit : Emplissez d’eau ces vaisseaux ; et ils les emplirent jusqu’au haut.

8 Et il leur dit : Puisez-en maintenant, et portez-en au maître d’hôtel. Et ils lui en portèrent.

9 Quand le maître d’hôtel eut goûté l’eau qui avait été changée en vin (or il ne savait pas d’où ce vin venait, mais les serviteurs qui avaient puisé l’eau le savaient bien), il appela l’époux,

10 Et il lui dit : Tout homme sert d’abord le bon vin, et ensuite le moindre, après qu’on a beaucoup bu ; mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à présent.

11 Jésus commença ainsi à faire des miracles à Cana, ville de Galilée, et il manifesta sa gloire ; et ses disciples crurent en lui.

12 Après cela, il descendit à Capernaüm avec sa mère, ses frères et ses disciples ; et ils n’y demeurèrent que peu de jours ;

13 car la Pâque des Juifs était proche ; et Jésus monta à Jérusalem.

14 Il trouva dans le temple des gens qui vendaient des taureaux, des brebis et des pigeons, avec des changeurs qui y étaient assis.

15 Et ayant fait un fouet de petites cordes, il les chassa tous du temple, et les brebis et les taureaux ; il répandit la monnaie des changeurs, et renversa leurs tables.

16 Et il dit à ceux qui vendaient les pigeons : Ôtez tout cela d’ici, et ne faites pas de la maison de mon Père une maison de marché.

17 Alors ses disciples se souvinrent de ce qui est écrit : Le zèle de ta maison m’a dévoré.

18 Les Juifs, prenant la parole, lui dirent : Par quel signe nous montres-tu que tu as le pouvoir de faire de telles choses ?

19 Jésus répondit et leur dit : Abattez ce temple, et je le relèverai dans trois jours.

20 Les Juifs lui dirent : On a été quarante-six ans à bâtir ce temple, et tu le relèveras dans trois jours ?

21 Mais il parlait du temple de son corps.

22 Après donc qu’il fut ressuscité des morts, ses disciples se souvinrent qu’il leur avait dit cela ; et ils crurent à l’Écriture et à cette parole que Jésus avait dite.

23 Pendant qu’il était à Jérusalem, à la fête de Pâque, plusieurs crurent en lui, voyant les miracles qu’il faisait.

24 Mais Jésus ne se fiait point à eux, parce qu’il les connaissait tous,

25 et qu’il n’avait pas besoin que personne ne lui rendît témoignage d’aucun homme ; car il connaissait par lui-même ce qui était dans l’homme.

REFLEXIONS

Le miracle que Jésus-Christ fit en changeant l’eau en vin aux noces de Cana a ceci de remarquable que ce fut son premier miracle et qu’il commença par là à manifester sa puissance et sa vocation divine en présence de la Sainte vierge sa mère, de ses disciples et de plusieurs autres personnes, ce qui fit que sa réputation se répandit dans toute la Galilée et que ses disciples crurent en lui.

II. Ce fut pour les mêmes raisons qu’étant arrivé à Jérusalem, il chassa de l’enceinte du temple ceux qui y vendaient et qui y achetaient, ce qu’il fit encore environ trois ans après, peu avant sa mort. Jésus-Christ agissant ainsi dans le temple, qu’il appelait la maison de son Père, voulut donner, dès le commencement de son ministère, des marques de son autorité divine aussi bien que de son grand zèle, ce que les apôtres reconnurent en lui appliquant ces paroles : Le zèle de ta maison m’a dévoré.

Ce que nous devons apprendre de là, c’est d’un côté à être animé d’un grand zèle pour la gloire de Dieu et à nous opposer à tout ce qui y est contraire et de l’autre, à avoir un grand respect pour les lieux qui sont consacrés au service divin et en général pour tout ce qui appartient à la religion.

III. Il est à remarquer que les Juifs demandant à Jésus-Christ des preuves de son autorité, il leur dit : Abattez ce temple et je le relèverai dans trois jours.

Il voulait dire par là que la preuve la plus illustre par laquelle il ferait voir qu’il avait reçu de Dieu son autorité serait qu’il ressusciterait au troisième jour, mais il dit cela en termes figurés et obscurs parce qu’il n’était pas encore à propos qu’il parla clairement de sa mort et de sa résurrection.

La dernière chose que Saint Jean rapporte ici c’est que diverses personnes crurent en Jésus-Christ en voyant ses miracles, mais qu’il ne se fiait pas à eux parce qu’il les connaissait tous et parce qu’il savait ce qui était dans l’homme.

Il faut bien remarquer cet endroit et en tirer cette instruction que Jésus-Christ connait tout ce qui se passe dans le cœur des hommes, qu’il ne regarde pas comme ses vrais disciples tous ceux qui en prennent le nom et qu’ainsi nous ne devons pas prétendre être approuvé de lui à moins que la profession que nous faisons de croire en lui ne soit sincère et que nous n’en montrions la vérité par notre obéissance.

CHAPITRE III.

Saint Jean rapporte un entretien que Jésus-Christ eut avec Nicodème, dans lequel, sous la figure d’une seconde naissance et de l’eau, il montre que pour devenir ses disciples et pour entrer au royaume de Dieu il faut être renouvelé et sanctifié intérieurement par le Saint-Esprit. II. Il lui parle ensuite d’une manière figurée de sa mort, il l’instruit du but de sa venue au monde et il montre quelle est la cause de l’incrédulité et de la perdition des hommes. III. Jean Baptiste étant informé par ses disciples qu’un grand nombre de personnes suivaient notre Seigneur, il en témoigne une grande joie et il déclare ouvertement que Jésus était plus excellent que lui, que c’était le Fils de Dieu et qu’il n’y avait que ceux qui croyaient en lui qui pussent être sauvés.

1 Il y avait un homme, d’entre les Pharisiens, nommé Nicodème, l’un des principaux des Juifs.

2 Cet homme vint, de nuit, trouver Jésus et lui dit : Maître, nous savons que tu es un docteur venu de la part de Dieu ; car personne ne saurait faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui.

3 Jésus lui répondit : En vérité, en vérité, je te dis, que si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu.

4 Nicodème lui dit : Comment un homme peut-il naître quand il est vieux ? Peut-il rentrer dans le ventre de sa mère, et naître une seconde fois ?

5 Jésus répondit : En vérité, en vérité, je te dis, que si un homme ne naît d’eau et d’esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu.

6 Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’esprit est esprit.

7 Ne t’étonne point de ce que je t’ai dit : Il faut que vous naissiez de nouveau.

8 Le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit ; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est de même de tout homme qui est né de l’esprit.

9 Nicodème lui dit : Comment ces choses se peuvent-elles faire ?

10 Jésus lui répondit : Tu es un docteur en Israël, et tu ne sais pas ces choses ?

11 En vérité, en vérité, je te dis, que nous disons ce que nous savons, et que nous rendons témoignage de ce que nous avons vu ; mais vous ne recevez point notre témoignage.

12 Si je vous ai parlé des choses terrestres, et que vous ne les croyiez point, comment croirez vous, quand je vous parlerai des choses célestes ?

13 Aussi personne n’est monté au ciel, que celui qui est descendu du ciel, savoir, le Fils de l’homme qui est dans le ciel.

14 Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé,

15 Afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

16 Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle.

17 Car Dieu n’a point envoyé son Fils dans le monde, pour condamner le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui.

18 Celui qui croit en lui ne sera point condamné, mais celui qui ne croit point est déjà condamné, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu.

19 Or, voici la cause de la condamnation, c’est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises.

20 Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient reprises.

21 Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites selon Dieu.

22 Après cela, Jésus s’en alla en Judée avec ses disciples ; et il y demeura avec eux, et y baptisait.

23 Et Jean baptisait aussi à Enon, près de Salim, parce qu’il y avait là beaucoup d’eau, et on y allait pour être baptisé.

24 Car Jean n’avait pas encore été mis en prison.

25 Or, il y eut une dispute des disciples de Jean avec les Juifs, touchant le baptême.

26 Et ils vinrent à Jean, et lui dirent : Maître, celui qui était avec toi au-delà du Jourdain, auquel tu as rendu témoignage, le voilà qui baptise, et tous vont à lui.

27 Jean leur répondit : Personne ne peut rien recevoir, s’il ne lui a été donné du ciel.

28 Vous m’êtes vous-mêmes témoins que j’ai dit, que ce n’est pas moi qui suis le Christ, mais que j’ai été envoyé devant lui.

29 Celui qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux, qui est présent et qui l’écoute, est ravi de joie d’entendre la voix de l’époux ; et c’est là ma joie qui est parfaite.

30 Il faut qu’il croisse, et que je diminue.

31 Celui qui est venu d’en haut est au-dessus de tous ; celui qui est venu de la terre est de la terre, et parle comme étant de la terre ; celui qui est venu du ciel est au-dessus de tous ;

32 Et il rend témoignage de ce qu’il a vu et entendu ; mais personne ne reçoit son témoignage.

33 Celui qui a reçu son témoignage a scellé que Dieu est véritable.

34 Car celui que Dieu a envoyé annonce les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l’Esprit par mesure.

35 Le Père aime le Fils et lui a donné toutes choses entre les mains.

36 Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; mais celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.

REFLEXIONS

L’entretien que Jésus-Christ eut avec Nicodème nous apprend :

I. Que les hommes charnels ne sauraient entrer dans le royaume de Dieu et que pour y être reçu il faut devenir des hommes nouveaux et avoir des sentiments et des inclinaisons qui nous portent à la connaissance de la vérité et à la recherche des choses spirituelles et célestes.

II. Que ce n’est que par le moyen de l’esprit de Dieu que nous pouvons être ainsi régénérés, ce qui nous oblige à demander sans cesse et avec ardeur la grâce de cet esprit saint et à en faire un bon usage, lorsque Dieu nous l’accorde.

III. Jésus-Christ nous donne ici un abrégé de l’Évangile en disant que : Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique afin que quiconque croit en lui ne périsse point mais ait la vie éternelle.

Ces paroles et celles que Jésus-Christ ajoute montrent clairement que le don que Dieu a fait aux hommes de son Fils est la plus grande marque qu’il leur ait jamais donnée de son amour, elles nous apprennent que la foi en Jésus-Christ est l’unique moyen d’être sauvé et que s’il y a des personnes qui ne croient pas et qui rejettent la lumière de l’Évangile, cela vient de ce qu’elles aiment le péché et qu’elles ont le cœur gâté et corrompu par leurs passions, mais que ceux qui ont de l’amour pour la vertu goûtent infailliblement la doctrine de notre Seigneur. Ce discours du Fils de Dieu fait voir de quelle importance il est de se défaire de ses passions et de purifier son cœur par un amour sincère de la vérité et de la vertu.

Le témoignage que Jean-Baptiste rendit à notre Seigneur en déclarant publiquement que Jésus était plus grand que lui et la joie qu’il ressentit lorsqu’on vint lui dire que la gloire de Jésus-Christ commençait à se répandre sont des preuves de la profonde humilité et du grand zèle de ce précurseur du Messie.

C’est ainsi que nous devons toujours rendre témoignage à la vérité et chercher non notre propre gloire, mais celle de notre sauveur, en sorte que l’avancement de son règne et le salut des hommes soit le principal objet de nos désirs et fasse notre plus grande joie.

Ce discours de Jean-Baptiste nous enseigne après cela que Jésus-Christ étant le Fils de Dieu et ayant reçu de son père une puissance sans borne, ce n’est que par la foi et par une sincère obéissance à sa doctrine qu’on peut obtenir le salut et que ceux qui lui désobéissent demeurent dans la condamnation et dans la mort. C’est ce qui est exprimé dans le dernier verset de ce chapitre par ces mots qui contiennent la substance de la doctrine chrétienne : Celui qui croit au Fils a la vie éternelle, mais celui qui ne croit point au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.

CHAPITRE IV.

Jésus-Christ s’en allant de la Judée en Galilée et passant par la Samarie s’entretient avec une femme samaritaine, il se fait connaître à elle et cette femme crut en lui, de même que plusieurs Samaritains. Ensuite, étant arrivé dans la Galilée il y guérit le fils d’un seigneur de ce pays-là. Pour entendre ce chapitre, il faut savoir que les Samaritains étaient en partie Israélites et en partie païens d’origine, qu’ils adoraient le vrai Dieu dans un temple qui était bâti sur le mont de Garisim, mais qu’ils ne le servaient pas dans le temple de Jérusalem, ni de la manière que Dieu l’avait commandé, à cause de quoi il y avait une grande inimitié entre eux et les Juifs.

1 Le Seigneur ayant donc appris que les Pharisiens avaient ouï dire qu’il faisait et baptisait plus de disciples que Jean,

2 (toutefois ce n’était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais c’étaient ses disciples),

3 il quitta la Judée, et s’en retourna en Galilée.

4 Or, il fallait qu’il passât par la Samarie.

5 Il arriva donc à une ville de Samarie, nommée Sichar, qui est près de la possession que Jacob donna à Joseph son fils.

6 C’était là qu’était le puits de Jacob. Jésus donc, étant fatigué du chemin, s’assit près du puits ; c’était environ la sixième heure du jour.

7 Une femme samaritaine étant venue pour puiser de l’eau, Jésus lui dit : Donne-moi à boire.

8 Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres.

9 Cette femme samaritaine lui répondit : Comment toi, qui es Juif, me demandes-tu à boire, à moi qui suis une femme samaritaine ? car les Juifs n’ont point de communication avec les Samaritains.

10 Jésus répondit et lui dit : Si tu connaissais la grâce que Dieu te fait, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, tu lui en aurais demandé toi-même, et il t’aurait donné une eau vive.

11 La femme lui dit : Seigneur, tu n’as rien pour puiser, et le puits est profond ; d’où aurais-tu donc cette eau vive ?

12 Es-tu plus grand que Jacob notre père, qui nous a donné ce puits et qui en a bu lui-même, aussi bien que ses enfants et ses troupeaux ?

13 Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ;

14 mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, mais l’eau que je lui donnerai deviendra dans lui une source d’eau qui jaillira jusqu’à la vie éternelle.

15 La femme lui dit : Seigneur, donne-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus ici pour en puiser.

16 Jésus lui dit : Va, appelle ton mari, et viens ici.

17 La femme répondit : Je n’ai point de mari. Jésus lui dit : Tu as fort bien dit : Je n’ai point de mari ;

18 car tu as eu cinq maris ; et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari ; tu as dit vrai en cela.

19 La femme lui dit : Seigneur, je vois que tu es un prophète.

20 Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous dites, vous juifs, que le lieu où il faut adorer est à Jérusalem.

21 Jésus lui dit : Femme, crois-moi, le temps vient que vous n’adorerez plus le Père ni sur cette montagne, ni à Jérusalem.

22 Vous adorez ce que vous ne connaissez point ; pour nous, nous adorons ce que nous connaissons ; car le salut vient des Juifs.

23 Mais le temps vient et il est déjà venu, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité, car le Père demande de tels adorateurs.

24 Dieu est esprit et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité.

25 Cette femme lui répondit : Je sais que le Messie, c’est-à-dire le Christ, doit venir ; quand il sera venu, il nous annoncera toutes choses.

26 Jésus lui dit : Je le suis, moi, qui te parle.

27 Sur cela ses disciples arrivèrent, et ils furent surpris de ce qu’il parlait avec une femme ; néanmoins aucun d’eux ne lui dit : Que lui demandes-tu ? ou : Pourquoi parles-tu avec elle ?

28 La femme laissa donc sa cruche, et s’en alla à la ville, et dit aux gens du lieu :

29 Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait ; ne serait-ce point le Christ ?

30 Ils sortirent donc de la ville, et vinrent vers lui.

31 Cependant, ses disciples lui disaient, en l’en priant : Maître, mange.

32 Jésus leur dit : J’ai à manger d’une viande que vous ne connaissez pas.

33 Les disciples donc se disaient l’un à l’autre : Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ?

34 Jésus leur dit : Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre.

35 Ne dites-vous pas qu’il y a encore quatre mois jusqu’à la moisson ? Mais moi je vous dis : Levez vos yeux, et regardez les campagnes qui sont déjà blanches et prêtes à être moissonnées.

36 Celui qui moissonne en reçoit la récompense, et amasse le fruit pour la vie éternelle, en sorte que celui qui sème et celui qui moissonne en ont ensemble de la joie.

37 Car en ceci, ce qu’on dit est vrai, que l’un sème et que l’autre moissonne.

38 Je vous ai envoyé moissonner où vous n’avez pas travaillé ; d’autres ont travaillé, et vous êtes entrés dans leur travail.

39 Or, plusieurs des Samaritains de cette ville-là crurent en lui, à cause de cette parole de la femme qui avait rendu ce témoignage : Il m’a dit tout ce que j’ai fait.

40 Les Samaritains étant donc venus vers lui, le prièrent de demeurer chez eux ; et il demeura là deux jours.

41 Et il y en eut beaucoup plus qui crurent en lui, après l’avoir entendu.

42 Et ils disaient à la femme : Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit, que nous croyons ; car nous l’avons entendu nous-mêmes, et nous savons que c’est lui qui est véritablement le Christ, le Sauveur du monde.

43 Deux jours après, il partit de là, et s’en alla en Galilée,

44 Quoique Jésus eût déclaré lui-même qu’un prophète n’est point honoré en son pays.

45 Lorsqu’il fut arrivé en Galilée, il fut bien reçu des Galiléens, qui avaient vu tout ce qu’il avait fait à Jérusalem le jour de la fête ; car ils étaient aussi allés à la fête.

46 Jésus donc vint encore à Cana en Galilée, où il avait changé l’eau en vin. Et il y avait un seigneur de la cour, dont le fils était malade à Capernaüm.

47 Ce seigneur, ayant appris que Jésus était venu de Judée en Galilée, s’en alla vers lui et le pria de descendre pour guérir son fils, qui s’en allait mourir.

48 Jésus lui dit : Si vous ne voyez des signes et des miracles, vous ne croyez point.

49 Ce seigneur de la cour lui dit : Seigneur, descends, avant que mon fils meure.

50 Jésus lui dit : Va, ton fils se porte bien. Cet homme crut ce que Jésus lui avait dit, et s’en alla.

51 Et comme il s’en retournait, ses serviteurs vinrent au-devant de lui, qui lui dirent : Ton fils se porte bien.

52 Il leur demanda à quelle heure il s’était trouvé mieux. Et ils lui dirent : Hier, environ la septième heure du jour, la fièvre le quitta.

53 Et le père reconnut que c’était à cette même heure-là que Jésus lui avait dit : Ton fils se porte bien ; et il crut, lui et toute sa maison.

54 Jésus fit ce second miracle à son retour de Judée en Galilée.

 REFLEXIONS

I. La première réflexion qu’il faut faire ici est que Jésus-Christ, par un effet de sa bonté et de sa sagesse, s’étant rencontré près d’un puits avec une femme samaritaine, se servit de cette occasion pour l’instruire et pour l’amener à sa connaissance en lui parlant de soi-même et de sa doctrine sous l’image de l’eau. La manière dont notre Seigneur parla à cette femme de cette eau spirituelle et des effets salutaires qu’elle produit nous enseigne que la connaissance de Jésus-Christ et de sa grâce est le don le plus précieux que Dieu ait jamais fait aux hommes et que c’est ce que nous devons désirer avec le plus d’ardeur.

II. Ce que Jésus-Christ dit à la Samaritaine nous apprend que la grâce de Dieu et son alliance n’est plus attachée à un peuple ou à un lieu particulier, comme les Juifs et les Samaritains le prétendaient, mais que tous les hommes sans distinction peuvent y avoir part.

III. La troisième instruction que ce discours de notre Seigneur nous donne c’est que le vrai culte que Dieu demande n’est pas le culte qui n’est qu’extérieur et sensible, mais que c’est celui du cœur et que comme Dieu est esprit, il veut que nous le servions en esprit et en vérité.

IV. Les disciples de notre Seigneur le pressant de prendre de la nourriture, il leur répondit que sa nourriture était de faire la volonté de son Père et qu’ils devaient se disposer à travailler eux-mêmes, comme lui, à la conversion des hommes. C’est ce qu’il voulait leur faire comprendre par l’image de la moisson qui était prochaine. Recueillons de là qu’il n’y a rien à quoi nous devions trouver plus de douceur et de satisfaction qu’à faire la volonté de Dieu et à édifier le prochain et que c’est à quoi nous devons tous nous employer avec un grand zèle.

V. La conversion de la Samaritaine et de plusieurs habitants de la ville de Sichar est un événement qui montrait que le Messie n’était pas venu pour les Juifs seuls, mais que d’autres peuples allaient aussi être rendus participants des fruits de sa venue. Cette conversion et l’empressement que cette femme eut d’aller avertir les habitants de sa ville et de les amener à Jésus-Christ nous montrent aussi que nous devons recevoir avec promptitude l’Évangile lorsqu’il nous est annoncé et attirer, outre cela, notre prochain à la foi par nos exhortations et par nos bons exemples.

Enfin, Saint Jean rapporte que Jésus étant de retour dans la Galilée, il y guérit le fils d’un seigneur de Capernaüm et cela par sa seule parole et quoiqu’il fût éloigné de ce jeune homme malade. Ce fut ainsi que le Sauveur voulut donner en ce pays-là de nouvelles preuves de sa puissance et de sa bonté, afin d’engager les Juifs à croire en lui.

CHAPITRE V.

Jésus-Christ guérit un paralytique qui était malade depuis trente-huit ans. Et comme les Juifs le blâmaient d’avoir fait ce miracle un jour de sabbat, il leur représente qu’ils avaient tort de le condamner et voici la substance de son discours. Il leur dit qu’il faisait ses miracles par la puissance de Dieu, qu’ils ne devaient pas s’étonner s’il s’attribuait tant d’autorité et s’il appelait Dieu son Père, qu’il ferait dans la suite des merveilles plus grandes, que même il ressusciterait les morts, qu’il jugerait le monde, qu’il donnerait la vie éternelle à ceux   qui croiraient en lui et qu’il condamnerait ceux qui l’auraient rejeté. Notre Seigneur ajoute qu’on ne devait pas croire sur sa simple parole qu’il était envoyé de Dieu, mais que les Juifs pouvaient s’en convaincre par le témoignage que Jean-Baptiste lui avait rendu et qui était d’un grand poids sur leur esprit, que par les miracles qu’il faisait et par les oracles de Moïse et des prophètes. Enfin, il se plaint de l’incrédulité des Juifs qui ne voulaient pas venir à lui pour avoir la vie et il leur dit que cette incrédulité procédait de ce que leur cœur était vide de l’amour de Dieu et plein de l’amour d’eux-mêmes et de la gloire du monde. 

1 Après cela, comme les Juifs avaient une fête, Jésus monta à Jérusalem.

2 Or, il y avait à Jérusalem, près de la porte des brebis, un réservoir d’eau, appelé en hébreu Béthesda, qui avait cinq portiques,

3 où étaient couchés un grand nombre de malades, d’aveugles, d’impotents et de gens qui avaient les membres secs, et qui attendaient le mouvement de l’eau.

4 Car un ange descendait, en un certain temps, dans le réservoir, et en troublait l’eau ; et le premier qui descendait dans le réservoir, après que l’eau avait été troublée, était guéri, de quelque maladie qu’il fût détenu.

5 Or, il y avait là un homme qui était malade depuis trente-huit ans.

6 Jésus le voyant couché, et sachant qu’il était malade depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ?

7 Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans le réservoir quand l’eau est troublée ; car, pendant que j’y viens, un autre y descend avant moi.

8 Jésus lui dit : Lève-toi, emporte ton lit et marche.

9 Et incontinent l’homme fut guéri ; et il prit son lit et se mit à marcher. Or, ce jour-là était un jour de sabbat.

10 Alors les Juifs dirent à celui qui avait été guéri : C’est aujourd’hui le sabbat ; il ne t’est pas permis d’emporter ton lit.

11 Il leur répondit : Celui qui m’a guéri, m’a dit : Emporte ton lit, et marche.

12 Et ils lui demandèrent : Qui est cet homme qui t’a dit : Emporte ton lit, et marche ?

13 Mais celui qui avait été guéri ne savait qui c’était ; car Jésus s’était échappé au travers de la foule qui était en ce lieu-là.

14 Depuis, Jésus le trouva dans le temple, et lui dit : Voilà, tu as été guéri ; ne pèche plus désormais, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pire.

15 Cet homme s’en alla et rapporta aux Juifs que c’était Jésus qui l’avait guéri.

16 À cause de cela, les Juifs poursuivaient Jésus, et cherchaient à le faire mourir, parce qu’il avait fait cela le jour du sabbat.

17 Mais Jésus leur dit : Mon Père agit jusqu’à présent, et j’agis aussi.

18 À cause de cela, les Juifs cherchaient encore plus à le faire mourir, non-seulement parce qu’il avait violé le sabbat, mais encore parce qu’il disait que Dieu était son propre Père, se faisant égal à Dieu.

19 Jésus prenant la parole, leur dit : En vérité, en vérité je vous dis, que le Fils ne peut rien faire de lui-même, à moins qu’il ne le voie faire au Père ; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement.

20 Car le Père aime le Fils, et il lui montre tout ce qu’il fait, et il lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci, en sorte que vous en serez remplis d’admiration.

21 Car comme le Père ressuscite les morts et leur donne la vie, de même aussi le Fils donne la vie à ceux qu’il veut.

22 Le Père ne juge personne, mais il a donné au Fils tout pouvoir de juger,

23 afin que tous honorent le Fils, comme ils honorent le Père. Celui qui n’honore pas le Fils n’honore pas le Père qui l’a envoyé.

24 En vérité, en vérité je vous dis, que celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle, et il ne sera point sujet à la condamnation, mais il est passé de la mort à la vie.

25 En vérité, en vérité je vous dis, que le temps vient, et qu’il est déjà venu, que les morts entendront la voix du Fils de Dieu, et que ceux qui l’auront entendue vivront.

26 Car, comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d’avoir la vie en lui-même.

27 Et il lui a aussi donné l’autorité d’exercer le jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme.

28 Ne soyez pas surpris de cela : car le temps viendra que tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix ;

29 et ceux qui auront fait de bonnes œuvres en sortiront et ressusciteront pour la vie ; et ceux qui en auront fait de mauvaises ressusciteront pour la condamnation.

30 Je ne puis rien faire de moi-même ; je juge selon que j’entends, et mon jugement est juste, car je ne cherche point ma volonté, mais je cherche la volonté du Père qui m’a envoyé.

31 Si je me rends témoignage à moi-même, mon témoignage n’est pas digne de foi.

32 Il y en a un autre qui me rend témoignage, et je sais que le témoignage qu’il me rend est digne de foi.

33 Vous avez envoyé vers Jean, et il a rendu témoignage à la vérité.

34 Pour moi, je ne cherche point le témoignage des hommes, mais je dis ceci, afin que vous soyez sauvés.

35 Jean était une chandelle allumée et luisante, et vous avez voulu, pour un peu de temps, vous réjouir à sa lumière.

36 Mais moi, j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean ; car les œuvres que mon Père m’a donné le pouvoir d’accomplir, ces œuvres-là que je fais rendent ce témoignage de moi, que mon Père m’a envoyé.

37 Et le Père qui m’a envoyé a lui-même rendu témoignage de moi. Vous n’avez jamais entendu sa voix, ni vu sa face.

38 Et sa parole ne demeure pas en vous, puisque vous ne croyez point à celui qu’il a envoyé.

39 Sondez les Ecritures ; car c’est par elles que vous croyez avoir la vie éternelle, et ce sont elles qui rendent témoignage de moi.

40 Mais vous ne voulez point venir à moi, pour avoir la vie.

41 Je ne cherche point ma gloire de la part des hommes ;

42 mais je sais que vous n’avez point en vous l’amour de Dieu.

43 Je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez.

44 Comment pouvez-vous croire, vu que vous aimez à recevoir de la gloire les uns des autres, et que vous ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ?

45 Ne pensez point que ce soit moi qui doive vous accuser devant mon Père ; Moïse, en qui vous espérez, est celui qui vous accusera.

46 Car si vous croyiez à Moïse, vous croiriez aussi en moi ; car il a écrit de moi.

47 Mais si vous ne croyez pas à ses écrits, comment croirez-vous à mes paroles ?

REFLEXIONS

On voit dans la guérison de ce paralytique, dont St. Jean fait ici l’histoire, l’admirable puissance de notre Seigneur qui par sa seule parole rétablit parfaitement un homme perclus de ses membres depuis trente-huit ans, ce qui était une merveille aussi grande que celle qui se faisait alors dans le lavoir de Bethesda. Jésus eut compassion de ce paralytique, il lui demanda s’il voulait être guéri et il le guérit en effet d’une manière à laquelle il ne s’attendait pas. Par là nous devons reconnaître que ce Sauveur charitable est toujours prêt à faire part aux hommes de sa grâce et à les délivrer de leurs misères, il les prévient même et il leur présente cette grâce, mais personne n’en est fait participant que ceux qui désirent de la recevoir et qui, comme le paralytique, profitent des offres qu’il a la bonté de leur faire.

II. Il faut bien remarquer ce que Jésus-Christ dit à ce paralytique : Tu as été guéri, ne pèche plus désormais, de peur qu’il ne t’arrive quelque chose de pis. Cela avertit ceux que Dieu a retirés de quelque maladie ou à qui il a été accordé quelque autre délivrance, d’éviter à l’avenir de retomber dans le péché, de peur d’engager Dieu à les punir plus sévèrement. Le discours que Jésus-Christ fit aux Juifs en leur prouvant par diverses considérations qu’il était envoyé de Dieu nous montre que notre foi est fondée sur des raisons solides et sur des preuves convaincantes et incontestables, ainsi pour nous fortifier dans la foi, nous devons bien considérer les preuves que ce chapitre contient et y ajouter celles que les Juifs n’avaient pas alors et qui se tirent de la résurrection de Jésus-Christ, de l’établissement de sa religion et du témoignage des apôtres.

Outre cette réflexion générale, il faut en faire ici trois particulières :

I. Que Dieu a donné à notre Seigneur une puissance sans borne et que, comme il la déployait autrefois en faisant des miracles, il la déploiera encore plus magnifiquement lorsqu’il viendra ressusciter les morts et juger tous les hommes, tant les bons que les méchants. Nous devons donc révérer cette puissance du fils de Dieu, lui obéir et l’honorer comme nous honorons Dieu son père, afin que nous ressuscitions un jour pour la vie éternelle et non pour être condamné.

II. Puisque Jésus-Christ allègue le témoignage de l’Écriture sainte et de Moïse et qu’il voulait que les Juifs sondassent et examinassent les Écritures, il s’ensuit que pour être confirmé dans la foi et pour obtenir la vie éternelle, il faut lire souvent et méditer attentivement les écrits du Vieux Testament aussi bien que ceux du Nouveau.

III. Ce que Jésus-Christ disait aux Juifs de leur incrédulité et de ses causes nous apprend que s’il y a des gens qui ne veulent pas venir à notre Seigneur pour avoir la vie, cela vient de ce qu’ils n’ont pas l’amour de Dieu en eux-mêmes et de ce que leur cœur est possédé par leurs passions. Surtout Jésus-Christ déclare que l’amour du monde et de sa gloire et le désir d’être approuvé et estimé des hommes est un des plus grands obstacles à la foi et au salut.

CHAPITRE VI VERSETS 1 A 21.

Jésus-Christ donne à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons, il va vers ses disciples en marchant sur l’eau et il fait cesser une tempête. 

1 Après cela, Jésus passa au-delà de la mer de Galilée, qui est aussi appelée la mer de Tibériade.

2 Et une grande foule de peuple le suivait, parce qu’ils voyaient les miracles qu’il faisait sur ceux qui étaient malades.

3 Mais Jésus monta sur une montagne, où il s’assit avec ses disciples.

4 Or, le jour de Pâque, qui est la principale fête des Juifs, était proche.

5 Jésus donc, ayant levé les yeux, et voyant une grande foule de peuple qui venait à lui, dit à Philippe : D’où achèterons-nous des pains, afin que ces gens-ci aient à manger ?

6 Or, il disait cela pour l’éprouver, car il savait bien ce qu’il devait faire.

7 Philippe lui répondit : Pour deux cents deniers de pain ne suffirait pas pour en donner un peu à chacun.

8 Un autre de ses disciples, savoir, André, frère de Simon Pierre, lui dit :

9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons ; mais qu’est-ce que cela pour tant de gens ?

10 Alors Jésus dit : Faites asseoir ces gens ; et il y avait beaucoup d’herbe dans ce lieu-là. Ces gens s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille.

11 Et Jésus prit les pains et, ayant rendu grâces, il les distribua à ses disciples, et ses disciples, à ceux qui étaient assis ; et il leur donna de même des poissons, autant qu’ils en voulurent.

12 Après qu’ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui sont restés, afin que rien ne se perde.

13 Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze paniers des morceaux des cinq pains d’orge, qui étaient restés à ceux qui en avaient mangé.

14 Et ces gens, ayant vu le miracle que Jésus avait fait, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète qui devait venir au monde.

15 Mais Jésus ayant connu qu’ils allaient venir pour l’enlever, afin de le faire roi, se retira encore seul sur la montagne.

16 Quand le soir fut venu, ses disciples descendirent au bord de la mer.

17 Et étant entrés dans une barque, ils voulaient passer la mer pour aller à Capernaüm ; il faisait déjà obscur, et Jésus n’était pas encore venu à eux.

18 Et la mer élevait ses vagues par un grand vent qui soufflait.

19 Mais quand ils eurent ramé environ vingt-cinq ou trente stades, ils virent Jésus qui marchait sur la mer, et qui était près de la barque ; et ils eurent peur.

20 Mais il leur dit : C’est moi : n’ayez point de peur.

21 Ils le reçurent donc avec plaisir dans la barque, et incontinent la barque aborda au lieu où ils allaient.

REFLEXIONS

Jésus-Christ en donnant à manger à cinq mille personnes avec cinq pains et deux poissons fit un miracle auquel les apôtres ne s’attendaient pas, quoiqu’ils lui en eussent vu faire plusieurs autres et il le fit autant pour augmenter leur foi et pour les convaincre plus pleinement de sa toute puissance que pour subvenir aux besoins du peuple qui l’avait suivi. Ainsi ce miracle est l’un des plus illustres que notre Seigneur ait faits, surtout par le grand nombre de ceux qui en furent les témoins. St. Jean remarque que ces gens-là furent tellement frappés de cette merveille que, non seulement ils disaient que Jésus était le prophète et le Messie que les Juifs attendaient, mais qu’ils voulurent le déclarer roi, ce qui fit que notre Seigneur se retira dans un lieu écarté, ne voulant pas qu’il arrivât aucun trouble à son occasion.

Cette démarche des Juifs était un effet de l’opinion qu’ils avaient que le Messie serait un roi temporel, mais la retraite de Jésus-Christ marquait que son règne n’était point de la terre. Cela doit nous apprendre à ne point chercher notre gloire en ce monde et surtout à fuir l’éclat et à nous contenir toujours dans une grande humilité.

Jésus-Christ fit en ce temps-là un autre miracle en faveur des apôtres et qui dut faire une grande impression sur eux lorsqu’il vint vers eux en marchant sur la mer. Il fit aussi voir dans cette occasion le soin qu’il avait de ses chers disciples et l’amour qu’il leur portait, les laissant exposés à l’orage afin de les éprouver et de les délivrer ensuite d’une manière plus magnifique et plus consolante que s’il eût d’abord été avec eux.

Telle est l’issue que les épreuves et les afflictions ont ordinairement pour ceux que Dieu aime, il vient tôt ou tard à leur secours et les maux qu’il leur envoie ne servent qu’à manifester l’amour qu’il leur porte et qu’à augmenter leur consolation et leur joie.

 CHAPITRE VI VERSETS 22 A 71.

Notre seigneur ayant nourri miraculeusement le peuple avec cinq pains et deux poissons et voyant que ce peuple le suivait avec empressement prend de là occasion de les exhorter à rechercher la nourriture spirituelle qui fait vivre éternellement, plutôt que la nourriture du corps. Il leur dit ensuite qu’il était lui-même cette nourriture et le vrai pain du Ciel et que ceux qui mangeraient de ce pain auraient la vie éternelle. Il ajoute pour expliquer plus particulièrement sa pensée que cette nourriture était sa chair et son sang qu’il donnerait pour la vie du monde, par où   il voulait marquer les fruits de sa mort, mais il s’exprima figurément et avec quelque obscurité parce qu’il ne voulait pas dire alors clairement qu’on le ferait mourir. Quelques-uns de ses disciples étant choqués de ce discours, le Seigneur leur dit que ses paroles devaient s’entendre dans un sens spirituel, mais cela n’empêcha pas que plusieurs d’entre eux ne se retirassent d’avec lui. 

22 Le lendemain, la troupe qui était demeurée de l’autre côté de la mer, voyant qu’il n’y avait point eu là d’autre barque que celle dans laquelle ses disciples étaient entrés, que Jésus n’y était point entré avec eux, et que ses disciples s’en étaient allés seuls ;

23 (mais il était arrivé d’autres barques de Tibériade près du lieu où ils avaient mangé le pain, après que le Seigneur eut rendu grâces) ;

24 cette troupe donc voyant que Jésus n’était point-là, ni ses disciples, ils entrèrent dans les barques, et allèrent à Capernaüm, chercher Jésus.

25 Et l’ayant trouvé de l’autre côté de la mer, ils lui dirent : Maître, quand es-tu arrivé ici ?

26 Jésus leur répondit et leur dit : En vérité, en vérité je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains, et que vous avez été rassasiés.

27 Travaillez pour avoir, non la nourriture qui périt, mais celle qui demeure jusqu’à la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera ; car le Père qui est Dieu, l’a marqué de son sceau.

28 Ils lui dirent : Que ferons-nous pour faire les œuvres de Dieu ?

29 Jésus leur répondit : C’est ici l’œuvre de Dieu, que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.

30 Alors ils lui dirent : Quel miracle fais-tu donc, afin que nous le voyions, et que nous croyions en toi ? Quelle œuvre fais-tu ?

31 Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon qu’il est écrit : Il leur a donné à manger le pain du ciel.

32 Et Jésus leur dit : En vérité, en vérité je vous le dis, Moïse ne vous a point donné le pain du ciel ; mais mon Père vous donne le vrai pain du ciel.

33 Car le pain de Dieu est celui qui est descendu du ciel, et qui donne la vie au monde.

34 Ils lui dirent : Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là.

35 Et Jésus leur dit : Je suis le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura point de faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif.

36 Mais je vous l’ai déjà dit, que vous m’avez vu, et cependant vous ne croyez point.

37 Tout ce que le Père me donne viendra à moi, et je ne mettrai point dehors celui qui viendra à moi.

38 Car je suis descendu du ciel, pour faire, non ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.

39 Et c’est ici la volonté du Père, qui m’a envoyé, que je ne perde aucun de ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour.

40 C’est ici la volonté de celui qui m’a envoyé, que quiconque contemple le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour.

41 Mais les Juifs murmuraient contre lui de ce qu’il avait dit : Je suis le pain descendu du ciel.

42 Et ils disaient : N’est-ce pas là Jésus, le fils de Joseph, dont nous connaissons le père et la mère ? Comment donc dit-il : Je suis descendu du ciel ?

43 Jésus leur répondit : Ne murmurez point entre vous.

44 Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et je le ressusciterai au dernier jour.

45 Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous enseignés de Dieu. Quiconque donc a écouté le Père et a été instruit par lui, vient à moi.

46 Ce n’est pas que personne n’ait vu le Père, si ce n’est celui qui vient de Dieu ; c’est lui qui a vu le Père.

47 En vérité, en vérité je vous le dis : Celui qui croit en moi a la vie éternelle.

48 Je suis le pain de vie.

49 Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts.

50 C’est ici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point.

51 Je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, que je donnerai pour la vie du monde.

52 Les Juifs donc disputaient entre eux, disant : Comment cet homme peut-il nous donner sa chair à manger ?

53 Jésus leur dit : En vérité, en vérité je vous le dis : Si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez son sang, vous n’aurez point la vie en vous-mêmes.

54 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, a la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour.

55 Car ma chair est véritablement une nourriture, et mon sang est véritablement un breuvage.

56 Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.

57 Comme le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mangera vivra par moi.

58 C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de la manne que vos pères ont mangée, et ils sont morts ; celui qui mangera ce pain vivra éternellement.

59 Jésus dit ces choses, enseignant dans la synagogue à Capernaüm.

60 Plusieurs de ses disciples l’ayant ouï, dirent entre eux : Cette parole est dure ; qui peut l’écouter ?

61 Mais Jésus, connaissant en lui-même que ses disciples murmuraient de cela, leur dit : Ceci vous scandalise-t-il ?

62 Que sera-ce donc si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant ?

63 C’est l’esprit qui vivifie ; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous dis sont esprit et vie.

64 Mais il y en a quelques-uns d’entre vous qui ne croient point. Car Jésus savait des le commencement qui seraient ceux qui ne croiraient pas, et qui serait celui qui le trahirait.

65 Et il dit : C’est à cause de cela que je vous ai dit que personne ne peut venir à moi, s’il ne lui a été donné par mon Père.

66 Dès cette heure-là plusieurs de ses disciples se retirèrent, et n’allaient plus avec lui.

67 Jésus dit donc aux douze : Et vous, ne voulez-vous point aussi vous en aller ?

68 Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ;

69 Et nous avons cru, et nous avons connu que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.

70 Jésus leur répondit : Ne vous ai-je pas choisis, vous douze ? et l’un de vous est un démon.

71 Or, il disait cela de Judas Iscariot, fils de Simon ; car c’était celui qui devait le trahir, quoiqu’il fût l’un des douze. 

REFLEXIONS

La première et la principale instruction que ce discours de Jésus-Christ nous donne, c’est que nous devons travailler avec beaucoup plus d’empressement à nous procurer la nourriture qui fait vivre éternellement que celle qui ne sert qu’à entretenir cette vie temporelle et périssable.

Il nous apprend ensuite qu’il est lui-même ce pain céleste, que cette nourriture de l’âme ne se trouve qu’en lui et dans sa doctrine et que : la volonté de Dieu son Père, qui l’avait envoyé, était que tous ceux qui croiraient en lui eussent la vie éternelle et qu’il les ressusciterait au dernier jour. Ce que notre Seigneur dit dans cette occasion avait de l’obscurité pour ceux qui l’entendirent. Les Juifs ne pouvaient comprendre comment Jésus était un pain descendu du Ciel et comment il fallait manger sa chair et boire son sang pour avoir la vie éternelle. Mais ces paroles de notre Sauveur sont faciles à entendre pour nous qui savons que la mort de Jésus-Christ est la vraie nourriture de l’âme et l’unique principe de la vie spirituelle et de l’immortalité. Il nous dit lui-même que ses paroles sont esprit et vie, c’est-à-dire qu’elles doivent s’entendre d’une manière spirituelle et que manger sa chair et boire son sang ne veut dire autre chose sinon venir à lui et croire en lui.

Il faut seulement que cette foi soit sincère et accompagnée d’amour, de confiance, d’obéissance et qu’elle nous attache et nous unifie si étroitement à notre Seigneur que rien ne puisse nous en séparer. Plusieurs des disciples de Jésus-Christ s’étant retirés d’avec lui, il demanda aux apôtres s’ils voulaient aussi le quitter, à quoi St. Pierre répondit : À qui irions-nous Seigneur ?

Jésus-Christ ne contraint personne de s’attacher à son service, il demande une obéissance libre et volontaire, mais nous ne devons jamais l’abandonner, puisqu’il a lui seul les paroles de la vie éternelle et qu’étant le fils du Dieu vivant, il est l’unique auteur du salut.

Les dernières paroles de ce chapitre où il est dit que Jésus-Christ savait dès le commencement que Judas, qui était du nombre des douze apôtres, le trahirait, nous apprennent que notre Seigneur connait tous ceux qui se disent ses disciples et qu’il discerne ceux qui ne croient pas sincèrement en lui d’avec ceux qui lui sont fidèles. Une profession extérieure du christianisme ne suffit pas et il n’y a qu’une vraie foi et une obéissance constante qui puisse assurer notre conscience devant Dieu et nous rendre approuvé de celui qui connait les cœurs de tous les hommes et qui leur rendra à tous selon leurs œuvres. 

CHAPITRE VII VERSETS 1 A 30.

St. Jean rapporte ici un voyage que Jésus-Christ fit à Jérusalem pour la fête des tabernacles, Les divers jugements qu’on faisait de lui. Et ce qu’il dit aux Juifs qui avaient trouvé mauvais qu’il eût guéri un paralytique quelques mois auparavant à la fête de pâque, un jour de sabbat. 

1 Après ces choses, Jésus se tenait en Galilée, car il ne voulait pas demeurer dans la Judée, parce que les Juifs cherchaient à le faire mourir.

2 Or, la fête des Juifs, appelée des tabernacles, approchait.

3 Et ses frères lui dirent : Pars d’ici et t’en va en Judée, afin que tes disciples voient aussi les œuvres que tu fais.

4 Car personne ne fait rien en cachette, quand il veut agir franchement. Puisque tu fais ces choses, montre-toi toi-même au monde.

5 Car ses frères même ne croyaient pas en lui.

6 Jésus leur dit : Mon temps n’est pas encore venu ; mais le temps est toujours propre pour vous.

7 Le monde ne vous peut haïr ; mais il me hait, parce que je rends ce témoignage contre lui, que ses œuvres sont mauvaises.

8 Pour vous, montez à cette fête ; pour moi, je n’y monte pas encore, parce que mon temps n’est pas encore venu.

9 Et leur ayant dit cela, il demeura en Galilée.

10 Mais, lorsque ses frères furent partis, il monta aussi à la fête, non pas publiquement, mais comme en cachette.

11 Les Juifs donc le cherchaient pendant la fête, et disaient : Où est-il ?

12 Et on tenait plusieurs discours de lui parmi le peuple. Les uns disaient : C’est un homme de bien ; et les autre disaient : Non, mais il séduit le peuple.

13 Toutefois personne ne parlait librement de lui, à cause de la crainte qu’on avait des Juifs.

14 Comme on était déjà au milieu de la fête, Jésus monta au temple, et il y enseignait.

15 Et les Juifs étaient étonnés, et disaient : Comment cet homme sait-il les Écritures, ne les ayant point apprises ?

16 Jésus leur répondit : Ma doctrine n’est pas de moi, mais elle est de celui qui m’a envoyé.

17 Si quelqu’un veut faire la volonté de Dieu, il reconnaîtra si ma doctrine est de Dieu, ou si je parle de mon chef.

18 Celui qui parle de son chef cherche sa propre gloire ; mais celui qui cherche la gloire de celui qui l’a envoyé, est digne de foi, et il n’y a point d’injustice en lui.

19 Moïse ne vous a-t-il pas donné la loi ? et néanmoins aucun de vous n’observe la loi. Pourquoi cherchez-vous à me faire mourir ?

20 Le peuple lui répondit : Tu es possédé du démon ; qui est-ce qui cherche à te faire mourir ?

21 Jésus répondit et leur dit : J’ai fait une œuvre, et vous en êtes tous étonnés.

22 Moïse vous a ordonné la circoncision (non pas qu’elle vienne de Moïse, mais elle vient des pères), et vous circoncisez un homme au jour du sabbat.

23 Si donc un homme reçoit la circoncision au jour du sabbat, afin que la loi de Moïse ne soit pas violée, pourquoi vous irritez-vous contre moi, parce que j’ai guéri un homme dans tout son corps le jour du sabbat ?

24 Ne jugez point selon l’apparence, mais jugez selon la justice.

25 Et quelques-uns de ceux de Jérusalem disaient : N’est-ce pas celui qu’ils cherchent à faire mourir ?

26 Et le voilà qui parle librement, et ils ne lui disent rien. Les chefs auraient-ils en effet reconnu qu’il est véritablement le Christ ?

27 Mais nous savons d’où est celui-ci ; au lieu que, quand le Christ viendra, personne ne saura d’où il est.

28 Et Jésus criait à haute voix dans le temple, en enseignant, et il disait : Vous me connaissez, et vous savez d’où je suis. Je ne suis pas venu de moi-même, mais celui qui m’a envoyé est véritable, et vous ne le connaissez point.

29 Mais moi, je le connais ; car je viens de sa part, et c’est lui qui m’a envoyé.

30 Ils cherchaient donc à se saisir de lui ; mais personne ne mit la main sur lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à remarquer dans ce chapitre, c’est que notre Seigneur ne voulut pas aller à Jérusalem publiquement et dans la compagnie de ses parents. Il en usa ainsi par prudence afin d’éviter l’éclat et de ne pas s’exposer à la fureur des Juifs qui cherchaient à le faire mourir.

Ce qu’il dit à quelques-uns de ses parents que le monde, c’est-à-dire les Juifs incrédules, ne pouvaient les haïr, mais que le monde le haïssait lui parce qu’il condamnait ses œuvres qui étaient mauvaises renferme une vérité constante, c’est que les gens du monde aiment leurs semblables, mais qu’ils haïssent ceux dont la vie et les discours condamnent leurs mauvaises actions.

On voit ici les divers jugements que le peuple faisait de Jésus-Christ, mais on y remarque surtout l’aveuglement et la malice des Juifs, qui, sans faire attention aux preuves que notre Seigneur donnait de sa mission divine par les miracles qu’il faisait et sans être touchés de ce qu’il leur disait avec tant de force et tant de douceur pour justifier ce qu’il avait fait et pour les convaincre que sa doctrine était céleste, l’accusaient d’avoir violé la Loi de Moïse et d’être possédé du démon et voulaient même le faire mourir. Cette résistance et cet endurcissement des Juifs montre que les préjugés et les passions peuvent aveugler les hommes à un tel point que rien n’est capable de les désabuser et qu’ils se scandalisent de ce qui devrait le plus les édifier. On doit bien considérer sur ce sujet ce que Jésus-Christ dit dans cette occasion : Si quelqu’un veut faire la volonté de mon Père, il connaitra si ma doctrine est de Dieu ou si je parle de mon chef.

Ces paroles contiennent une leçon qui est de la dernière importance, savoir que la principale disposition où il faut être pour connaître la doctrine de Jésus-Christ et pour en sentir la vérité et la beauté, c’est d’avoir le cœur bon et une intention sincère de faire la volonté de Dieu autant qu’elle peut être connue. Mais ceux à qui cette disposition manque ne sauraient jamais parvenir à la connaissance de la vérité.

Enfin, il est à remarquer que, quoique les Juifs eussent formés le dessein de faire mourir notre Seigneur, ils ne purent lui faire aucun mal et que nul n’osa mettre la main sur lui. Les méchants ne peuvent nuire aux gens de bien qu’autant que Dieu le leur permet et quoique les hommes puissent entreprendre, ce que Dieu a résolu s’accomplit toujours. 

CHAPITRE VII VERSETS 31 A 53

Les pharisiens, indignés de ce que le peuple était touché des discours et des miracles de notre Seigneur, envoient des gens pour le saisir, mais il continua de parler avec  tant d’autorité et d’évidence et  il adressa au peuple des exhortations si touchantes, que plusieurs reconnurent qu’il était prophète, il y en eut même qui crurent qu’il était le Messie et ceux qui avaient ordre de le saisir s’en retournèrent sans oser mettre la main sur lui, de quoi les pharisiens furent extrêmement irrités. 

31 Cependant plusieurs du peuple crurent en lui, et disaient : Quand le Christ viendra, fera-t-il plus de miracles que n’en fait celui-ci ?

32 Les Pharisiens ayant appris ce que le peuple disait sourdement de lui, ils envoyèrent, de concert avec les principaux sacrificateurs, des sergents pour se saisir de lui.

33 Jésus, continuant à parler au peuple, lui dit : Je suis encore avec vous pour un peu de temps ; puis je m’en vais à celui qui m’a envoyé.

34 Vous me chercherez, et vous ne me trouverez point, et vous ne pourrez venir où je serai.

35 Sur quoi les Juifs dirent entre eux : Où ira-t-il donc, que nous ne le trouverons point ? Doit-il aller vers ceux qui sont dispersés parmi les Grecs, et enseigner les Grecs ?

36 Que signifie ce qu’il a dit : Vous me chercherez et ne me trouverez point, et vous ne pourrez venir où je serai ?

37 Le dernier et le grand jour de la fête, Jésus se trouva là, et dit à haute voix : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive.

38 Qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de lui, comme l’Écriture le dit.

39 (Or, il disait cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui ; car le Saint-Esprit n’avait pas encore été donné, parce que Jésus n’était pas encore glorifié).

40 Plusieurs de la troupe ayant entendu ces paroles, disaient : Celui-ci est véritablement le prophète.

41 D’autres disaient : Celui-ci est le Christ. Et quelques autres disaient : Mais le Christ viendra-t-il de la Galilée ?

42 L’Écriture ne dit-elle pas que le Christ sortira de la race de David, et du bourg de Bethléhem, d’où était David ?

43 Le peuple était donc partagé sur son sujet.

44 Et quelques-uns d’entre eux voulaient le saisir ; mais personne ne mit la main sur lui.

45 Les sergents retournèrent donc vers les principaux sacrificateurs et les Pharisiens, qui leur dirent : Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ?

46 Les sergents répondirent : Jamais homme n’a parlé comme cet homme.

47 Les Pharisiens leur dirent : Avez-vous aussi été séduits ?

48 Y a-t-il quelqu’un des chefs ou des Pharisiens, qui ait cru en lui ?

49 Mais cette populace, qui n’entend point la loi, est exécrable.

50 Nicodème (celui qui était venu de nuit vers Jésus, et qui était l’un d’entre eux), leur dit :

51 Notre loi condamne-t-elle un homme sans l’avoir ouï auparavant, et sans s’être informé de ce qu’il a fait ?

52 Ils lui répondirent : Es-tu aussi Galiléen ? Informe-toi, et tu verras qu’aucun prophète n’a été suscité de la Galilée.

53 Et chacun s’en alla dans sa maison. 

REFLEXIONS

Ce que Saint Jean rapporte ici fait voir :

I. Que les discours et les miracles de Jésus-Christ produisaient un effet bien différent puisque le peuple en était touché et rempli d’admiration et que les pharisiens au contraire en conçurent tant de dépit qu’ils voulurent faire saisir notre Seigneur. Voilà comment la parole de Dieu est diversement reçue, les uns en profitent et ouvrent leurs yeux et leurs cœurs à la vérité et les autres la rejettent et passent même jusqu’à haïr ceux qui la proposent et à s’irriter contre eux.

II. On doit remarquer dans les discours de Jésus-Christ l’évidence, la douceur et l’autorité avec laquelle il parlait aux Juifs et surtout ces invitations pleines de bonté qu’il leur adressait en disant : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. Par où il leur offrait sa grâce et les dons du Saint-Esprit qu’il était prêt de répandre sur ceux qui croiraient en lui. Il nous a fait encore les mêmes offres dans l’Évangile, c’est à nous à les recevoir comme nous le devons et à en profiter avec empressement et avec reconnaissance.

III. Il faut faire réflexion sur ce que Saint Jean dit, que ceux qui avaient ordre de saisir Jésus-Christ n’osèrent pas exécuter leur commission et qu’ils répondirent aux pharisiens

Jamais homme n’a parlé comme cet homme. En cela on voit d’un côté la vertu et l’efficace de la parole de Dieu et de l’autre que Dieu, quand il lui plaît, rend vains et inutiles les desseins des méchants.

IV. Enfin, c’est une chose remarquable que les pharisiens, au lieu de reconnaître qu’en s’opposant à Jésus-Christ ils s’opposaient à Dieu même et d’être frappé de voir tant de gens qui rendaient témoignage à notre Seigneur, s’irritèrent de plus en plus contre lui et même contre le peuple qui parlait avantageusement de lui et de sa doctrine. Cet exemple nous montre que les personnes les plus éclairées et les plus distinguées selon le monde sont souvent moins disposées que les gens simples et du commun à recevoir l’Évangile parce qu’elles sont possédées par leurs passions et surtout parce qu’elles sont remplies d’orgueil et de bonne opinion d’elles-mêmes et qu’elles ne cherchent pas sincèrement et en simplicité de cœur à s’instruire et à connaître la vérité. 

CHAPITRE VIII VERSETS 1 A 29.

Saint Jean rapporte ici :

I. L’histoire de la femme adultère. II. Un entretien que Jésus-Christ eut avec les Juifs dans lequel il leur dit qu’il était la lumière du monde et qu’ils devaient ajouter foi à tout ce qu’il disait de soi-même. III. Il leur reproche leur aveuglement et leur incrédulité et il leur parle de son départ de ce monde et de sa mort, mais il le fait en des termes figurés et qu’ils ne purent bien entendre.

1 Jésus s’en alla ensuite sur la montagne des Oliviers.

2 Et à la pointe du jour il retourna au temple, et tout le peuple vint à lui ; et s’étant assis, il les enseignait.

3 Alors les Scribes et les Pharisiens lui amenèrent une femme qui avait été surprise en adultère, et l’ayant mise au milieu,

4 ils lui dirent : Maître, cette femme a été surprise sur le fait, commettant adultère.

5 Or, Moïse nous a ordonné dans la loi, de lapider ces sortes de personnes ; toi donc, qu’en dis-tu ?

6 Ils disaient cela pour l’éprouver, afin de le pouvoir accuser. Mais Jésus s’étant baissé, écrivait avec le doigt sur la terre.

7 Et comme ils continuaient à l’interroger, s’étant redressé, il leur dit : Que celui de vous qui est sans péché, jette le premier la pierre contre elle.

8 Et s’étant encore baissé, il écrivait sur la terre.

9 Quand ils entendirent cela, se sentant repris par leur conscience, ils sortirent l’un après l’autre, commençant depuis les plus vieux jusqu’aux derniers, et Jésus demeura seul avec la femme qui était là au milieu.

10 Alors Jésus s’étant redressé, et ne voyant personne que la femme, il lui dit : Femme, où sont ceux qui t’accusaient ? Personne ne t’a-t-il condamnée ?

11 Elle dit : Personne, Seigneur. Et Jésus lui dit : Je ne te condamne point non plus ; va-t’en et ne pèche plus à l’avenir.

12 Jésus parla encore au peuple, et dit : Je suis la lumière du monde ; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.

13 Les Pharisiens lui dirent : Tu rends témoignage de toi-même ; ton témoignage n’est pas véritable.

14 Jésus leur répondit : Quoique je rende témoignage de moi-même, mon témoignage est véritable, car je sais d’où je suis venu, et où je vais ; mais vous, vous ne savez d’où je viens, ni où je vais.

15 Vous jugez selon la chair ; moi, je ne juge personne.

16 Et quand je jugerais, mon jugement serait digne de foi, car je ne suis pas seul, mais le Père qui m’a envoyé est avec moi.

17 Il est même écrit dans votre loi que le témoignage de deux hommes est digne de foi.

18 C’est moi qui rends témoignage de moi-même ; et le Père qui m’a envoyé, me rend aussi témoignage.

19 Ils lui dirent : Où est ton Père ? Jésus répondit : Vous ne connaissez ni moi ni mon Père. Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père.

20 Jésus dit ces paroles dans le lieu où était le trésor, enseignant dans le temple ; et personne ne se saisit de lui, parce que son heure n’était pas encore venue.

21 Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché ; vous ne pouvez venir où je vais.

22 Les Juifs donc disaient : Se tuera-t-il lui-même, puisqu’il dit : Vous ne pouvez venir où je vais ?

23 Et il leur dit : Vous êtes d’ici-bas ; et moi, je suis d’en haut. Vous êtes de ce monde ; et moi, je ne suis pas de ce monde.

24 C’est pourquoi je vous dis, que vous mourrez dans vos péchés ; car si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés.

25 Alors ils lui dirent : Toi, qui es-tu ? Et Jésus leur dit : Ce que je vous ai dit dès le commencement.

26 J’ai beaucoup de choses à dire de vous et à condamner en vous ; mais celui qui m’a envoyé est véritable, et les choses que j’ai entendues de lui, je les dis dans le monde.

27 Ils ne comprirent point qu’il leur parlait du Père.

28 Et Jésus leur dit : Lorsque vous aurez élevé le Fils de l’homme, alors vous connaîtrez ce que je suis, et que je ne fais rien de moi-même, mais que je dis ce que mon Père m’a enseigné.

29 Celui qui m’a envoyé est avec moi, et le Père ne m’a point laissé seul, parce que je fais toujours ce qui lui est agréable. 

REFLEXIONS

Pour entendre l’histoire de la femme adultère et pour en profiter, il faut remarquer :

I. Que les pharisiens en amenant cette femme à Jésus-Christ lui tendaient un piège et que leur dessein était, s’il eût dit qu’il ne fallait pas la faire mourir, de l’accuser de violer la Loi de Dieu et s’il l’eût condamnée, de le déférer au gouverneur comme, un homme qui violait les droits du souverain magistrat.

II. Que, bien que le crime de cette femme fût très grand et digne de mort, le Seigneur ne voulut rien prononcer sur ce que les scribes et les pharisiens lui avaient proposé, ce qu’il fit par des raisons de prudence et pour faire voir qu’il ne cherchait que le salut des pécheurs.

III. Il est surtout à remarquer que notre Seigneur dit à cette femme : Va-t’en et ne pèche plus.

Cela montre que, quoi qu’il donnât en cette occasion des marques de sa miséricorde envers les pécheurs, il était bien éloigné d’autoriser ou d’excuser en aucune façon le crime. Dieu ne pardonne aux pécheurs que lorsqu’ils se repentent sincèrement et à condition qu’ils ne retomberont plus dans leurs péchés.

Dans l’entretien de Jésus-Christ avec les Juifs, nous avons à considérer premièrement qu’il leur parla de soi-même en ces termes : Je suis la lumière du monde, celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie.

Ce sont là des paroles qui doivent être sans cesse méditées par les chrétiens et qui les engagent bien fortement à profiter de cette lumière céleste qui les éclaire, à suivre toujours Jésus-Christ et à marcher dans la voie qu’il leur a tracée tant par sa doctrine que par son exemple et qui les conduira sûrement à la vie et à l’immortalité.

Après cela, comme les pharisiens reprochaient à notre Seigneur de parler de soi-même d’une manière trop avantageuse, il leur dit diverses choses pour les faire revenir de la prévention où ils étaient contre lui et pour les engager à croire qu’il leur parlait de la part de Dieu. Ce que le Sauveur du monde disait dans cette occasion doit avoir encore plus de force pour nous convaincre qu’il est le fils de Dieu et que sa doctrine vient du Ciel, Dieu en ayant rendu un témoignage authentique, non seulement par les miracles que Jésus-Christ a faits, mais aussi par ce qui a suivi sa mort, sa résurrection et son élévation dans la gloire céleste.

L’on voit enfin ici que, quoique notre Seigneur parlât aux pharisiens avec tant de force et tant de bonté, ils ne profitèrent point de ses instructions et qu’ils demeurèrent dans l’incrédulité, à cause de quoi il leur déclara qu’ils mourraient dans leurs péchés.

C’est ainsi que les hommes qui sont attachés au monde et à leurs passions résistent à l’évidence et à la force de la vérité lorsqu’elle leur est proposée et que, refusant de croire en Jésus-Christ et de lui obéir, ils demeurent dans leurs péchés et par ce moyen dans la condamnation et dans la mort.

CHAPITRE VIII VERSETS 30 A 59.

Jésus-Christ exhorte ceux d’entre les Juifs qui avaient cru en lui à persévérer dans sa doctrine et il leur promet la véritable liberté. Il dit aux Juifs incrédules qui se glorifiaient d’être libres, étant de la postérité d’Abraham, qu’ils n’étaient pas les enfants de ce patriarche, puisqu’ils ne l’imitaient pas dans sa foi et il leur reproche leur incrédulité, ce qui les irrita tellement qu’ils s’emportèrent jusqu’à lui dire des injures atroces et à vouloir le lapider, mais il évita leur fureur et se retira d’avec eux.

30 Comme Jésus disait ces choses, plusieurs crurent en lui.

31 Jésus dit donc aux Juifs qui avaient cru en lui : Si vous persistez dans ma doctrine, vous serez véritablement mes disciples ;

32 Et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous affranchira.

33 Ils lui répondirent : Nous sommes la postérité d’Abraham, et nous ne fûmes jamais esclaves de personne ; comment donc dis-tu : Vous serez affranchis ?

34 Et Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous dis que quiconque s’adonne au péché, est esclave du péché.

35 Or, l’esclave ne demeure pas toujours dans la maison ; mais le fils y demeure toujours.

36 Si donc le Fils vous affranchit, vous serez véritablement libres.

37 Je sais que vous êtes la postérité d’Abraham ; mais vous cherchez à me faire mourir, parce que ma parole ne trouve point d’entrée en vous.

38 Je vous dis ce que j’ai vu chez mon Père ; et vous, vous faites aussi ce que vous avez vu chez votre père.

39 Ils lui répondirent : Notre père, c’est Abraham. Jésus leur dit : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham.

40 Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir, moi qui suis un homme qui vous ai dit la vérité, que j’ai apprise de Dieu ; Abraham n’a point fait cela.

41 Vous faites les œuvres de votre père. Et ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants bâtards ; nous n’avons qu’un seul Père, qui est Dieu.

42 Jésus leur dit : Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez sans doute, parce que je suis issu de Dieu, et que je viens de sa part ; car je ne suis pas venu de moi-même, mais c’est lui qui m’a envoyé.

43 Pourquoi ne comprenez-vous point mon langage ? C’est parce que vous ne pouvez écouter ma parole.

44 Le père dont vous êtes issus, c’est le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il n’a point persisté dans la vérité, parce que la vérité n’est point en lui. Toutes les fois qu’il dit le mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur, et le père du mensonge.

45 Mais parce que je dis la vérité, vous ne me croyez point.

46 Qui de vous me convaincra de péché ? Et si je dis la vérité, pourquoi ne me croyez-vous pas ?

47 Celui qui est de Dieu, écoute les paroles de Dieu ; c’est pourquoi vous ne les écoutez pas, parce que vous n’êtes point de Dieu.

48 Les Juifs lui répondirent : N’avons-nous pas raison de dire que tu es un Samaritain, et que tu es possédé du démon ?

49 Jésus répondit : Je ne suis point possédé du démon, mais j’honore mon Père, et vous me déshonorez.

50 Je ne cherche point ma gloire, il y en a un autre qui la cherche, et qui en jugera.

51 En vérité, en vérité je vous dis, que si quelqu’un garde ma parole, il ne mourra jamais.

52 Les Juifs lui dirent : Nous voyons bien maintenant que tu es possédé du démon ; Abraham est mort, et les prophètes aussi, et tu dis : Si quelqu’un garde ma parole, il ne mourra jamais.

53 Es-tu plus grand que notre père Abraham, qui est mort ? Les prophètes aussi sont morts ; qui prétends-tu être ?

54 Jésus répondit : Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui, dont vous dites qu’il est votre Dieu.

55 Cependant, vous ne l’avez point connu ; mais moi je le connais ; et si je disais que je ne le connais pas, je serais un menteur comme vous ; mais je le connais et je garde sa parole.

56 Abraham votre père s’est réjoui de voir mon jour ; il l’a vu, et il en a eu de la joie.

57 Les Juifs lui dirent : Tu n’as pas encore cinquante ans, et tu as vu Abraham !

58 Jésus leur dit : En vérité, en vérité, je vous dis : Avant qu’Abraham fût, j’étais.

59 Alors ils prirent des pierres pour les jeter contre lui ; mais Jésus se cacha et sortit du temple, passant au milieu d’eux, et ainsi il s’en alla.


REFLEXIONS

Le Sauveur du monde nous enseigne dans ce discours :

I. Que quand on a eu le bonheur de le connaître et de croire en Lui, on doit persévérer constamment dans la vérité et s’y attacher de plus en plus, que ceux qui le font sont véritablement ses disciples et qu’ils jouissent de la vraie liberté des enfants de Dieu, laquelle consiste, comme notre Seigneur l’a dit, à être affranchis de l’esclavage du péché.

II. Jésus-Christ disait aux Juifs dans les mêmes vues qu’ils n’étaient pas les enfants de Dieu, ni de la postérité d’Abraham, puisqu’ils n’imitaient pas la foi de ce patriarche, mais qu’ils étaient plutôt les enfants du diable, puisqu’ils faisaient ses œuvres.

Ces paroles sont d’un grand poids. Elles nous apprennent que la plus sûre marque à laquelle on reconnaisse les enfants de Dieu, c’est qu’ils font sa volonté et qu’ils aiment ceux que Dieu aime, mais que ceux qui s’opposent à la vérité et à ceux qui l’annoncent sont les enfants et les imitateurs du diable qui est menteur, meurtrier et ennemi de la vérité.

III. Nous voyons dans ce discours de notre Seigneur combien ceux qui reçoivent sa doctrine et qui s’y soumettent sont heureux, puisqu’il déclare qu’ils ne demeureront point sous la puissance de la mort.

IV. Il faut remarquer que dans le temps que le Fils de Dieu parlait ainsi, les Juifs, au lieu d’être touchés de ce qu’il leur représentait avec tant de force et de charité, en furent irrités et qu’ils en vinrent jusqu’à cet excès de fureur que de le traiter de Samaritain et d’homme possédé du démon. C’est là l’exemple de l’aveuglement le plus déplorable et de la malice la plus noire, par où l’on peut voir combien il est dangereux de se livrer à ses passions et de s’engager dans l’incrédulité.

Enfin, nous avons dans ce chapitre une preuve remarquable de la gloire et de la divinité de Jésus-Christ, en ce qu’il déclara qu’il était déjà avant Abraham. La dignité infinie de sa personne doit nous persuader d’autant plus de la divinité de l’Évangile et de l’obligation où nous sommes de lui obéir, comme à celui qui est tout ensemble et notre sauveur et notre Dieu. 

CHAPITRE IX.

Ce chapitre contient l’histoire de la guérison d’un aveugle né. 

1 Comme Jésus passait, il vit un homme aveugle dès sa naissance.

2 Et ses disciples lui demandèrent : Maître, qui est-ce qui a péché ? est-ce cet homme, ou son père, ou sa mère, qu’il soit ainsi né aveugle ?

3 Jésus répondit : Ce n’est point qu’il ait péché, ni son père, ou sa mère ; mais c’est afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui.

4 Pendant qu’il est jour, il me faut faire les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, dans laquelle personne ne peut travailler.

5 Pendant que je suis au monde, je suis la lumière du monde.

6 Ayant dit cela, il cracha à terre, et de sa salive il fit de la boue, et il oignit de cette boue les yeux de l’aveugle.

7 Et il lui dit : Va, et te lave au réservoir de Siloé (ce qui signifie Envoyé). Il y alla donc et se lava, et il en revint voyant clair.

8 Or, les voisins et ceux qui avaient vu auparavant qu’il était aveugle, disaient : N’est-ce pas là celui qui se tenait assis, et qui demandait l’aumône ?

9 Les uns disaient : C’est lui ; d’autres disaient : Il lui ressemble ; lui disait : C’est moi-même.

10 Ils lui dirent : Comment tes yeux ont-ils été ouverts ?

11 Il répondit : Cet homme qu’on appelle Jésus a fait de la boue, et en a oint mes yeux, et m’a dit : Va au réservoir de Siloé, et t’y lave. J’y suis donc allé, et m’y suis lavé, et je vois.

12 Il lui dirent : Où est cet homme ? Il dit : Je ne sais.

13 Ils amenèrent aux Pharisiens celui qui avait été aveugle.

14 Or c’était le jour du sabbat que Jésus avait fait de la boue, et qu’il lui avait ouvert les yeux.

15 Les Pharisiens lui demandèrent aussi eux-mêmes comment il avait reçu la vue ? Et il leur dit : Il m’a mis de la boue sur les yeux, et je me suis lavé, et je vois.

16 C’est pourquoi quelques-uns d’entre les Pharisiens disaient : Cet homme n’est point de Dieu, puisqu’il ne garde pas le sabbat. Mais d’autres disaient : Comment un méchant homme pourrait-il faire de tels miracles ? Et ils étaient divisés entre eux.

17 Ils dirent encore à l’aveugle : Et toi, que dis-tu de lui, de ce qu’il t’a ouvert les yeux ? Il répondit : C’est un prophète.

18 Mais les Juifs ne crurent point que cet homme eût été aveugle, et qu’il eût reçu la vue, jusqu’à ce qu’ils eussent fait venir son père et sa mère.

19 Et ils les interrogèrent et leur dirent : Est-ce ici votre fils, que vous dites être né aveugle ? Comment donc voit-il maintenant ?

20 Son père et sa mère répondirent : Nous savons que c’est ici notre fils, et qu’il est né aveugle ;

21 mais nous ne savons comment il voit maintenant. Nous ne savons point non plus qui lui a ouvert les yeux. Il a de l’âge, interrogez-le ; il parlera pour lui-même.

22 Son père et sa mère dirent cela, parce qu’ils craignaient les Juifs ; car les Juifs avaient déjà arrêté que, si quelqu’un reconnaissait Jésus pour être le Christ, il serait chassé de la synagogue.

23 C’est pour cela que son père et sa mère répondirent : Il a de l’âge, interrogez-le.

24 Ils appelèrent donc pour la seconde fois l’homme qui avait été aveugle, et ils lui dirent : Donne gloire à Dieu, nous savons que cet homme est un méchant.

25 Il répondit : Je ne sais si c’est un méchant ; je sais bien une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois.

26 Ils lui dirent encore : Que t’a-t-il fait ? comment t’a-t-il ouvert les yeux ?

27 Il leur répondit : Je vous l’ai déjà dit, et ne l’avez-vous pas entendu ? Pourquoi voulez-vous l’entendre encore une fois ? Voulez-vous aussi être de ses disciples ?

28 Alors ils se mirent à l’injurier, et ils lui dirent : Toi, sois son disciple ; pour nous, nous sommes disciples de Moïse.

29 Nous savons que Dieu a parlé à Moïse ; mais pour celui-ci, nous ne savons d’où il est.

30 Cet homme répondit : C’est une chose étrange, que vous ne sachiez pas d’où il est, et cependant il m’a ouvert les yeux.

31 Or, nous savons que Dieu n’exauce point les méchants ; mais si quelqu’un honore Dieu et fait sa volonté, il l’exauce.

32 On n’a jamais ouï dire que personne n’ait ouvert les yeux à un aveugle-né.

33 Si celui-ci n’était pas de Dieu, il ne pourrait rien faire de semblable.

34 Ils lui répondirent : Tu es entièrement né dans le péché, et tu veux nous enseigner ! Et ils le chassèrent de la synagogue.

35 Jésus apprit qu’ils l’avaient chassé, et l’ayant rencontré, il lui dit : Crois-tu au Fils de Dieu ?

36 Il répondit : Qui est-il, afin que je croie en lui ?

37 Et Jésus lui dit : Tu l’as vu, et c’est lui-même qui te parle.

38 Et il dit : Je crois, Seigneur, et il se prosterna devant lui.

39 Et Jésus dit : Je suis venu dans le monde pour exercer ce jugement : que ceux qui ne voient point, voient ; et que ceux qui voient, deviennent aveugles.

40 Et quelques-uns des Pharisiens qui étaient avec lui, entendirent cela et lui dirent : Et nous, sommes-nous aussi des aveugles ?

41 Jésus leur dit : Si vous étiez aveugles, vous n’auriez point de péché, mais maintenant vous dites : Nous voyons ; c’est à cause de cela que votre péché subsiste.

REFLEXIONS

L’histoire qui est contenue dans ce chapitre est des plus remarquables. Outre les preuves de la puissance et de la bonté de Jésus-Christ qui paraissent dans la guérison de l’aveugle né, de même dans tous les miracles de notre Seigneur, on voit ici trois choses qui méritent une considération particulière.

I. Les démarches des pharisiens, les divers efforts qu’ils firent pour nier ce miracle et ce qu’ils dirent dans cette vue au père et à la mère de l’aveugle et ensuite à l’aveugle lui-même pour savoir s’il était bien vrai qu’il eût été aveugle et comment il avait été guéri. Les pharisiens en prenant toutes ces informations ne cherchaient pas la vérité, ils cherchaient plutôt à la supprimer et à la combattre et lorsqu’elle se présenta à eux, ils la rejetèrent, ils calomnièrent Jésus-Christ et enfin, ne pouvant plus rien opposer à la certitude de ce miracle et ne sachant que répondre aux discours de l’aveugle, ils s’emportèrent en injures contre lui et ils l’excommunièrent. Ce sont là les caractères de la passion la plus violente et de la malice la plus obstinée et c’est ainsi que les méchants ferment les yeux à la vérité et que ce qui devrait les toucher et les convertir ne fait que les endurcir davantage. Cependant, c’est une chose remarquable que les pharisiens en faisant tous leurs efforts pour rendre ce miracle suspect ne firent que le rendre plus connu et plus indubitable.

II. Il faut remarquer dans le discours de l’aveugle né l’ingénuité avec laquelle il parlait aux pharisiens et les confondit en soutenant qu’il avait été bien guéri et que puisque Jésus-Christ lui avait rendu la vue, il ne pouvait être un méchant et un séducteur comme ils l’en accusaient. En lisant ce récit, on y voit que la vérité a beaucoup de force, que les personnes les plus simples jugent souvent mieux des choses que ceux que l’on croit avoir bien des lumières et que Dieu se sert de ces personnes-là pour confondre les sages de ce monde.

Enfin, St. Jean rapporte que Jésus-Christ ayant su que cet homme avait été excommunié par les pharisiens pour avoir dit la vérité en leur présence, il se fit connaître à lui en lui disant qu’il était les Fils de Dieu et qu’il   lui déclara que ceux qui passaient pour être les plus éclairés, tels qu’étaient les pharisiens, demeureraient dans leur aveuglement pendant que ceux, qu’on regardait comme des ignorants, mais qui avaient de l’humilité et un bon cœur, profiteraient de sa doctrine.

Notre Seigneur reçoit toujours avec bonté ceux qui aiment la vérité et que le monde persécute, il leur accorde de nouvelles lumières et de nouveaux dons, pendant que ceux qui présument d’eux-mêmes et qui rejettent avec obstination la vérité lorsqu’elle se présente à eux demeurent dans leur incrédulité et périssent dans leurs ténèbres.

CHAPITRE X.

Ce qui est ici rapporté est arrivé en deux temps différents :

La première partie de ce chapitre contient un discours que notre Seigneur fit aux Juifs après qu’il eût guéri l’aveugle né, il s’y compare à un bon berger. Il y parle aussi des faux bergers et des mercenaires, par où il désigne les séducteurs et en particulier les pharisiens. Il dit que ces gens-là n’avaient en vue que leur intérêt et leur orgueil, au lieu qu’il n’était venu au monde que pour le bien et le salut ses brebis et qu’il donnerait même sa vie pour elles.

Quelques mois après, Jésus étant à Jérusalem à la fête de la dédicace du temple, les Juifs lui demandèrent s’il était le Messie, à quoi il répondit que ses miracles montraient assez ce qu’il était, que s’ils ne le connaissaient pas, cela ne venait que de leur endurcissement, mais que ses brebis le connaissaient, qu’il leur donnerait la vie éternelle et que Dieu ne permettrait jamais qu’elles périssent puisque lui et Dieu son Père étaient un. Les Juifs voulurent le lapider, prétendant qu’il avait prononcé un blasphème, mais notre Seigneur ne voulant pas parler ouvertement de sa divinité se contenta de leur dire que si l’Écriture appelai Dieu et fils de Dieu les princes et les magistrats, il pouvait bien prendre le titre de Fils de Dieu sans blasphème, puisque Dieu l’avait envoyé au monde avec le pouvoir de faire des miracles. Après cela notre Seigneur se retira de Jérusalem.

1 En vérité, en vérité je vous dis, que celui qui n’entre pas par la porte dans la bergerie des brebis, mais qui y monte par un autre endroit, est un larron et un voleur.

2 Mais celui qui entre par la porte est le berger des brebis.

3 Le portier lui ouvre, les brebis entendent sa voix, et il appelle ses propres brebis par leur nom, et les mène dehors.

4 Et quand il a mis dehors ses propres brebis, il marche devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix.

5 Mais elles ne suivront point un étranger ; au contraire, elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent point la voix des étrangers.

6 Jésus leur dit cette similitude, mais ils ne comprirent point ce qu’il leur voulait dire.

7 Jésus donc leur dit encore : En vérité, en vérité je vous dis, que je suis la porte des brebis.

8 Tous ceux qui sont venus avant moi ont été des larrons et des voleurs, et les brebis ne les ont point écoutés.

9 Je suis la porte ; si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé ; il entrera et sortira, et trouvera de la pâture.

10 Le larron ne vient que pour dérober, pour tuer et pour détruire ; mais moi, je suis venu, afin que mes brebis aient la vie, et qu’elles l’aient même avec abondance.

11 Je suis le bon berger ; le bon berger donne sa vie pour ses brebis.

12 Mais le mercenaire, celui qui n’est point le berger, et à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, et il abandonne les brebis et s’enfuit ; et le loup ravit les brebis et les disperse.

13 Le mercenaire s’enfuit, parce qu’il est mercenaire, et qu’il ne se soucie point des brebis.

14 Je suis le bon berger, et je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent ;

15 comme mon père me connaît, et comme je connais mon Père ; et je donne ma vie pour mes brebis.

16 J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie ; il faut aussi que je les amène ; et elles entendront ma voix, et il n’y aura qu’un seul troupeau et qu’un seul berger.

17 C’est pour cela que mon Père m’aime, parce que je donne ma vie, pour la reprendre.

18 Personne ne me l’ôte, mais je la donne de moi-même ; j’ai le pouvoir de la quitter, et j’ai le pouvoir de la reprendre ; j’ai reçu cet ordre de mon Père.

19 Alors il y eut encore de la division entre les Juifs, à cause de ce discours.

20 Et plusieurs d’entre eux disaient : Il est possédé du démon, et il est hors de sens, pourquoi l’écoutez-vous ?

21 Les autres disaient : Ce ne sont pas là les discours d’un démoniaque. Le démon peut-il ouvrir les yeux des aveugles ?

22 Or, on célébrait à Jérusalem la fête de la dédicace, et c’était l’hiver.

23 Comme Jésus se promenait au temple, dans le portique de Salomon,

24 les Juifs s’assemblèrent autour de lui, et lui dirent : Jusqu’à quand nous tiendras-tu l’esprit en suspens ? Si tu es le Christ, dis-le-nous franchement.

25 Jésus leur répondit : Je vous l’ai dit, et vous ne le croyez pas ; les œuvres que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi.

26 Mais vous ne croyez pas, parce que vous n’êtes point de mes brebis, comme je vous l’ai dit.

27 Mes brebis entendent ma voix, et je les connais, et elles me suivent.

28 Je leur donne la vie éternelle, elles ne périront jamais, et nul ne les ravira de ma main.

29 Mon père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne les peut ravir de la main de mon Père.

30 Moi et mon Père, nous ne sommes qu’un.

31 Alors les Juifs prirent encore des pierres, pour le lapider.

32 Jésus leur répondit : J’ai fait devant vous plusieurs bonnes œuvres de la part de mon Père ; pour laquelle me lapidez-vous ?

33 Les Juifs lui répondirent : Ce n’est point pour une bonne œuvre que nous te lapidons, mais c’est à cause de ton blasphème, et parce qu’étant homme, tu te fais Dieu.

34 Jésus leur répondit : N’est-il pas écrit dans votre loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ?

35 Si elle a appelé dieux ceux à qui la parole de Dieu était adressée, et si l’Écriture ne peut être rejetée,

36 Dites-vous que je blasphème, moi que le Père a sanctifié et qu’il a envoyé dans le monde, parce que j’ai dit : Je suis Fils de Dieu ?

37 Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez point.

38 Mais si je les fais, et que vous ne vouliez pas me croire, croyez à mes œuvres, afin que vous connaissiez, et que vous croyiez que le Père est en moi, et que je suis en lui.

39 Ils cherchaient donc encore à se saisir de lui ; mais il échappa de leurs mains.

40 Et il s’en alla de nouveau au-delà du Jourdain, au lieu où Jean avait d’abord baptisé ; et il demeura là.

41 Et il vint à lui beaucoup de gens qui disaient : Jean n’a fait aucun miracle ; mais tout ce que Jean a dit de cet homme-ci était vrai.

42 Et il y en eut là plusieurs qui crurent en lui.

REFLEXIONS

Ce que Jésus-Christ disait en parlant de soi-même sous l’image d’un berger est beaucoup plus clair pour nous qu’il ne l’était pour les Juifs. Nous savons parfaitement que notre Seigneur est le vrai berger qui a donné sa vie pour ses brebis, c’est-à-dire pour tous ses fidèles et qui est venu pour rassembler dans son Église tous ceux d’entre les Juifs et d’entre les païens qui croiraient en lui. Cela nous engage à reconnaître d’un côté l’amour infini de Jésus notre bon berger qui nous a si tendrement aimés et qui a souffert la mort pour nous acquérir le salut et la vie et de l’autre combien notre bonheur est grand d’être du nombre de ces brebis qu’il a rachetées par son sang et à qui il destine la vie éternelle.

Il y a quatre considérations à faire sur la seconde partie de ce chapitre.

I. La première regarde l’étrange aveuglement et la malice des Juifs qui, après tant de miracles que Jésus-Christ avait faits lui demandèrent encore s’il était le Messie et voulurent le lapider comme un blasphémateur. Notre Seigneur remarque lui-même que cette incrédulité des Juifs procédait de ce qu’ils n’aimaient pas la vérité et de ce qu’ils n’avaient pas une intention sincère de la connaître. Si donc il arrive que les hommes ne profitent pas de la doctrine de Jésus-Christ et qu’au milieu de la lumière qui les éclaire, ils soient encore dans l’ignorance et dans l’égarement, cela vient du défaut de docilité et d’amour pour la vérité et pour la vertu.

II. La deuxième considération est que la marque et le caractère des brebis de Jésus-Christ, c’est-à-dire de ses vrais disciples, est d’écouter la voix de leur divin berger, de le suivre et de lui obéir.

III. Nous voyons dans ce discours de notre Seigneur que le bonheur et le salut des vrais fidèles est assuré puisqu’il déclare : qu’il les connait, qu’il leur donne la vie éternelle, qu’ils ne périront jamais et que personne ne les ravira d’entre ses mains.

Ces paroles doivent remplir tous ceux qui aiment le Seigneur Jésus-Christ d’une grande consolation et d’une ferme attente de la gloire et de la félicité qu’il leur réserve dans son royaume.

IV. Ce que Jésus-Christ dit sur la fin de ce chapitre qu’il pouvait prendre avec justice le titre de Fils de Dieu doit nous convaincre pleinement de sa divinité et de l’excellence de sa charge, surtout puisque nous savons d’ailleurs qu’il est Dieu et homme tout ensemble. En quoi nous avons les plus grands motifs à croire en lui et à lui rendre l’obéissance que nous lui devons si justement à cause de l’autorité qu’il a sur nous et de l’amour qu’il nous porte. 

CHAPITRE XI.

Ce chapitre contient l’histoire de la résurrection de Lazare. 

1 Il y avait un homme malade, appelé Lazare, qui était de Béthanie, le bourg de Marie et de Marthe sa sœur.

2 Cette Marie était celle qui oignit le Seigneur d’une huile de parfum, et qui essuya ses pieds avec ses cheveux ; et Lazare, qui était malade, était son frère.

3 Ses sœurs donc envoyèrent dire à Jésus : Seigneur, celui que tu aimes est malade.

4 Jésus, ayant entendu cela, dit : Cette maladie n’est point à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu en soit glorifié.

5 Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur, et Lazare.

6 Et quoiqu’il eût appris qu’il était malade, il demeura cependant encore deux jours au lieu où il était.

7 Puis il dit à ses disciples : Retournons en Judée.

8 Les disciples lui dirent : Maître, il n’y a que peu de temps que les Juifs cherchaient à te lapider, et tu y retournes encore !

9 Jésus répondit : N’y a-t-il pas douze heures au jour ? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne bronche point, parce qu’il voit la lumière de ce monde.

10 Mais si quelqu’un marche pendant la nuit, il bronche, parce qu’il n'a point de lumière.

11 Il parla ainsi, et après cela il leur dit : Lazare notre ami dort, mais je m’en vais l’éveiller.

12 Ses disciples lui dirent : Seigneur, s’il dort, il sera guéri.

13 Or, Jésus avait dit cela de la mort de Lazare ; mais ils crurent qu’il parlait d’un véritable sommeil.

14 Jésus donc leur dit alors ouvertement : Lazare est mort.

15 Et je me réjouis à cause de vous, de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez ; mais allons vers lui.

16 Thomas donc, appelé Didyme, dit aux autres disciples : Allons-y aussi, afin de mourir avec lui.

17 Jésus étant arrivé, trouva qu’il y avait déjà quatre jours qu’il était dans le sépulcre.

18 Or, Béthanie était environ à quinze stades de Jérusalem.

19 Et plusieurs des Juifs étaient venus voir Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère.

20 Quand Marthe ouït dire que Jésus venait, elle alla au-devant de lui ; mais Marie demeura assise à la maison.

21 Et Marthe dit à Jésus : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort ;

22 mais je sais que maintenant même, tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera.

23 Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera.

24 Marthe lui répondit : Je sais qu’il ressuscitera en la résurrection, au dernier jour.

25 Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort.

26 Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point pour toujours. Crois-tu cela ?

27 Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, qui devait venir au monde.

28 Quand elle eut dit cela, elle s’en alla et appela Marie, sa sœur, en secret, et lui dit : Le Maître est ici et il t’appelle.

29 Ce que Marie ayant entendu, elle se leva promptement, et vint vers lui.

30 Or, Jésus n’était pas encore entré dans le bourg, mais il était au même endroit où Marthe était venue au-devant de lui.

31 Alors les Juifs, qui étaient avec Marie dans la maison, et qui la consolaient, voyant qu’elle s’était levée si promptement, et qu’elle était sortie, la suivirent, disant : Elle s’en va au sépulcre, pour y pleurer.

32 Mais Marie étant arrivée au lieu où était Jésus, dès qu’elle le vit, elle se jeta à ses pieds et lui dit : Seigneur, si tu eusses été ici, mon frère ne serait pas mort.

33 Quand Jésus vit qu’elle pleurait, et que les Juifs qui étaient venus avec elle pleuraient aussi, il frémit en lui-même, et fut ému ;

34 et il dit : Où l’avez-vous mis ? Ils lui répondirent : Seigneur, viens et vois.

35 Et Jésus pleura.

36 Sur quoi les Juifs dirent : Voyez comme il l’aimait.

37 Et quelques-uns d’eux dirent : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût pas ?

38 Alors Jésus, frémissant de nouveau en lui-même, vint au sépulcre ; c’était une grotte, et on avait mis une pierre dessus.

39 Jésus dit : Ôtez la pierre. Marthe, sœur du mort, lui dit : Seigneur, il sent déjà mauvais ; car il est là depuis quatre jours.

40 Jésus lui répondit : Ne t’ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ?

41 Ils ôtèrent donc la pierre du lieu où le mort était couché. Et Jésus élevant les yeux au ciel, dit : Mon Père, je te rends grâces de ce que tu m’as exaucé.

42 Je savais bien que tu m’exauces toujours, mais je dis ceci à cause de ce peuple, qui est autour de moi, afin qu’il croie que tu m’as envoyé.

43 Quand il eut dit cela, il cria à haute voix : Lazare, sors de là.

44 Et le mort sortit, ayant les mains et les pieds liés de bandes, et le visage enveloppé d’un linge. Jésus leur dit : Déliez-le, et le laissez aller.

45 Plusieurs donc des Juifs qui étaient venus voir Marie, et qui avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui.

46 Mais quelques-uns d’entre eux s’en allèrent trouver les Pharisiens, et leur rapportèrent ce que Jésus avait fait.

47 Alors les principaux sacrificateurs et les Pharisiens, assemblèrent le conseil, et dirent : Que ferons-nous ? Car cet homme fait beaucoup de miracles.

48 Si nous le laissons faire, tout le monde croira en lui ; et les Romains viendront, qui détruiront et ce lieu et notre nation.

49 Mais Caïphe, l’un d’entre eux, qui était souverain sacrificateur de cette année-là, leur dit : Vous n’y entendez rien ;

50 et vous ne considérez pas qu’il est à propos qu’un homme seul meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse pas.

51 Or, il ne dit pas cela de son propre mouvement, mais, étant le souverain sacrificateur de cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation ;

52 Et non-seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler en un seul corps les enfants de Dieu qui sont dispersés.

53 Depuis ce jour-là donc ils consultèrent ensemble, pour faire mourir Jésus.

54 C’est pourquoi Jésus ne paraissait plus ouvertement parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans une contrée voisine du désert, à une ville appelée Éphraïm ; et il se tint là avec ses disciples.

55 Or, la Pâque des Juifs était proche, et beaucoup de gens du pays étaient montés à Jérusalem avant la Pâque, pour se purifier.

56 Ils cherchaient donc Jésus, et ils se disaient les uns aux autres, étant dans le temple : Que vous en semble ? Ne viendra-t-il point à la fête ?

57 Or, les principaux sacrificateurs et les Pharisiens avaient donné ordre que, si quelqu’un savait où il était, il le déclarât, afin de se saisir de lui.

REFLEXIONS

Voici les principales réflexions qu’il faut faire sur cette histoire qui est l’une des plus remarquables de tout cet Évangile.

I. Quoi que notre Seigneur aimât beaucoup Lazare, il n’alla cependant à Béthanie qu’après que Lazare fût mort, afin de faire un miracle plus éclatant en lui rendant la vie qu’il n’aurait fait en le guérissant. Ceux que Dieu aime peuvent être exposés à divers maux, il diffère même de venir à leur secours, mais il en use ainsi afin que sa puissance et son amour paraissent avec plus d’éclat dans leur délivrance.

II. On voit dans ce que les sœurs de Lazare dirent à notre Seigneur, leur piété, leur amour et leur attachement pour Jésus-Christ, aussi bien la haute opinion qu’elles avaient de sa puissance. On y remarque surtout qu’elles étaient fermement persuadées que leur frère ressusciterait au dernier jour.

Nous avons encore plus de sujet que ces deux femmes pieuses n’en avaient d’aimer notre Seigneur, d’avoir une parfaite confiance en lui, d’attendre tout de sa puissance et en particulier de croire que les morts ressusciteront à la fin du monde.

III. La bonté avec laquelle Jésus-Christ parla aux sœurs de Lazare pour les consoler et pour les préparer au miracle qu’il se proposait de faire, l’émotion qu’il ressentit et les larmes qu’il répandit prouvent bien sensiblement à quel point il aimait ces deux femmes et leur frère et combien il était charitable et plein de compassion.

On est animé de l’esprit de Jésus-Christ à proportion qu’on est touché des maux d’autrui et disposé à consoler les malheureux.

Mais ce qu’il y a de principal à remarquer ici, c’est que notre Seigneur rendit la vie à Lazare qui était depuis quatre jours dans le tombeau. Ce grand miracle que Jésus-Christ fit peu de jours avant sa mort et à la vue d’un grand nombre de Juifs, dont plusieurs crurent même en lui, est l’une des preuves les plus illustres qu’il ait donné pendant sa vie pour montrer qu’il était le fils de Dieu. Cette résurrection de Lazare confirme surtout pleinement la doctrine de la résurrection des morts et la vérité de ce que notre Seigneur dit dans ce chapitre : Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort.

Enfin, St. Jean nous dit que les pharisiens, au lieu de se rendre à un miracle si éclatant, conçurent tant de dépit de voir que le peuple se déclarait pour Jésus-Christ, qu’ils résolurent alors de le faire mourir, ce qui l’obligea de se retirer dans un lieu écarté jusqu’à la fête de pâque.

C’est ainsi que les ennemis de notre Seigneur s’obstinent toujours d’avantage, ils résistèrent jusqu’à la fin à ses miracles et tout ce que ce Sauveur charitable fit pour les gagner et pour les adoucir ne servit qu’à les irriter de plus en plus contre lui. Dieu permit cependant qu’ils prissent la résolution dans leur conseil de faire mourir Jésus-Christ afin que, contre leur dessein il souffrit la mort, non seulement pour la nation des Juifs, mais aussi pour rassembler en un seul corps tous les enfants de Dieu et pour établir par ce moyen dans le monde sa doctrine et son règne.

CHAPITRE XII VERSETS 1 A 19.

I. Marie oint les pieds de notre Seigneur.

II. Plusieurs personnes viennent à Béthanie pour voir Jésus-Christ et Lazare qui était ressuscité.

III. Notre Seigneur fait son entrée royale à Jérusalem.

1 Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie, où était Lazare qui avait été mort, et qu’il avait ressuscité.

2 On lui fit là un souper, et Marthe servait, et Lazare était un de ceux qui étaient à table avec lui.

3 Alors Marie ayant pris une livre d’une huile de senteur de nard pur, qui était de grand prix, en oignit les pieds de Jésus, et les essuya avec ses cheveux ; et la maison fut remplie de l’odeur de ce parfum.

4 Alors Judas Iscariot, fils de Simon, l’un de ses disciples, celui qui devait le trahir, dit :

5 Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers d’argent, pour les donner aux pauvres ?

6 Il disait cela, non qu’il se souciât des pauvres, mais parce qu’il était larron et qu’il avait la bourse, et qu’il portait ce qu’on y mettait.

7 Mais Jésus lui dit : Laisse-la faire ; elle a gardé ce parfum pour le jour de ma sépulture.

8 Car vous aurez toujours des pauvres avec vous ; mais vous ne m’aurez pas toujours.

9 Alors une grande multitude de Juifs, ayant su que Jésus était là, y vinrent, non-seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir Lazare, qu’il avait ressuscité.

10 Et les principaux sacrificateurs délibérèrent de faire aussi mourir Lazare,

11 parce que plusieurs des Juifs se retiraient d’avec eux à cause de lui, et croyaient en Jésus.

12 Le lendemain, une grande troupe, qui était venue à la fête, ayant ouï dire que Jésus venait à Jérusalem,

13 prit des branches de palmes, et sortit au-devant de lui, en criant : Hosanna ! béni soit le roi d’Israël, qui vient au nom du Seigneur !

14 Et Jésus ayant trouvé un ânon, s’assit dessus, selon ce qui est écrit :

15 Ne crains point, fille de Sion ; voici ton roi, qui vient monté sur le poulain d’une ânesse.

16 Ses disciples n’entendirent pas cela d’abord ; mais quand Jésus fut glorifié, alors ils se souvinrent que ces choses avaient été écrites de lui, et qu’elles lui étaient arrivées.

17 Et la troupe qui était avec lui rendait témoignage qu’il avait appelé Lazare du sépulcre, et qu’il l’avait ressuscité des morts.

18 C’est aussi pour cela que le peuple alla au-devant de lui, parce qu’ils avaient appris qu’il avait fait ce miracle.

19 De sorte que les Pharisiens disaient entre eux : Vous voyez que vous ne gagnez rien ; voilà que tout le monde va après lui.

REFLEXIONS

Il y a trois choses à considérer dans le premier article de cette lecture, savoir l’action de Marie qui oignit les pieds de Jésus-Christ, le jugement que Judas fit de cette action et ce que notre Seigneur dit pour la défendre.

Marie oignit notre Seigneur avec un parfum précieux suivant la coutume de ce temps-là pour marquer son respect et son amour. À l’exemple de cette femme pieuse, nous devons aussi témoigner à Jésus-Christ notre zèle par tous les moyens qui dépendent de nous et qui lui sont agréables.

Les murmures de Judas qui, étant larron et avare, se plaignait de ce qu’on n’avait pas donné aux pauvres le prix de ce parfum font bien voir que le cœur de ce faux disciple était entièrement corrompu. On voit aussi en cela combien l’avarice a de force sur ceux qu’elle possède et comment les méchants couvrent quelquefois leurs passions du prétexte de la religion et de la piété.

Et ce que Jésus-Christ dit pour la défense de Marie nous montre qu’il reçoit favorablement tout ce qu’on fait en vue de l’honorer et particulièrement les œuvres de charité.

II. L’arrivée du peuple qui vint à Béthanie pour voir Lazare que notre Seigneur avait ressuscité et le dessein que les sacrificateurs formèrent de faire mourir Lazare aussi bien que Jésus-Christ prouvent d’un côté la vérité de ce miracle et font voir de l’autre que la méchanceté des principaux des Juifs était à son comble et qu’il n’y avait plus rien à espérer d’eux.

III. On a une autre preuve de cette résurrection de Lazare dans les acclamations du peuple qui alla au-devant de Jésus-Christ lorsqu’il entra à Jérusalem puisque Saint Jean remarque que cette troupe rendait témoignage qu’il avait tiré Lazare du tombeau. Notre Seigneur voulut alors recevoir des hommages qu’il avait refusé auparavant et il souffrit qu’on le reconnu publiquement pour le Messie. Mais il parut dans cette occasion dans une grande simplicité, n’ayant à sa suite que des personnes du commun et étant monté sur un âne, selon que Zacharie l’avait prédit. Il en usa de la sorte afin qu’aucune des marques que les prophètes avaient données au Messie ne lui manquât et pour faire voir que l’humilité et la douceur était son caractère et que le règne qu’il allait établir serait spirituel et céleste.

Au reste, si les disciples de Jésus-Christ et le peuple firent éclater leur joie et leur reconnaissance en l’accompagnant à Jérusalem, nous sommes encore plus obligés à adorer ce grand Rédempteur et à bénir Dieu continuellement à la vue de tant de merveilles qu’il a faites et tant de preuves qu’il nous a données de sa puissance et de son amour.

CHAPITRE XII VERSETS 20 A 50.

Saint Jean rapporte ici quatre choses :

I. Ce que Jésus-Christ dit lorsque de certains étrangers qui étaient venus à Jérusalem pour la fête de pâque demandèrent à le voir. II. Que Dieu fit entendre alors une voix du Ciel et qu’à cette occasion notre Seigneur parla de sa mort et de l’établissement de son règne, mais que les Juifs ne comprirent pas ses discours. III. Saint Jean remarque que, bien que notre Seigneur eût fait tant de miracles, les Juifs ne crurent point en lui et que cette incrédulité avait été prédite par le prophète Ésaïe. IV. Enfin, l’évangéliste rapporte quelques exhortations que Jésus-Christ adressa aux Juifs avant sa mort, dans lesquelles il marque ce qui arriverait à ceux qui recevraient sa doctrine et ceux qui la rejetteraient.

20 Or, quelques Grecs, de ceux qui étaient montés pour adorer pendant la fête,

21 vinrent vers Philippe, qui était à Bethsaïde en Galilée, et ils lui dirent, en le priant : Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus.

22 Philippe vint et le dit à André, et André et Philippe le dirent à Jésus.

23 Et Jésus leur répondit : L’heure est venue que le Fils de l’homme doit être glorifié.

24 En vérité, en vérité, je vous le dis : Si le grain de froment ne meurt, après qu’on l’a jeté dans la terre, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit.

25 Celui qui aime sa vie la perdra ; et celui qui hait sa vie en ce monde la conservera pour la vie éternelle.

26 Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et où je serai, celui qui me sert y sera aussi ; et si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

27 Maintenant mon âme est troublée ; et que dirai-je ? Mon Père, délivre-moi de cette heure ; mais c’est pour cette heure même que je suis venu.

28 Mon Père, glorifie ton nom. Alors il vint une voix du ciel, qui dit : Et je l’ai glorifié, et je le glorifierai encore.

29 Et la troupe qui était là, et qui avait entendu cette voix, disait qu’il s’était fait un tonnerre ; d’autres disaient : Un ange lui a parlé.

30 Jésus prit la parole et dit : Cette voix n’est pas pour moi, mais elle est pour vous.

31 C’est maintenant que se fait le jugement de ce monde ; c’est maintenant que le prince de ce monde va être chassé.

32 Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi.

33 Or, il disait cela pour marquer de quelle mort il devait mourir.

34 Le peuple lui répondit : Nous avons appris par la loi que le Christ doit demeurer éternellement : comment donc dis-tu qu’il faut que le Fils de l’homme soit élevé ? Qui est ce Fils de l’homme ?

35 Jésus leur dit : La lumière est encore avec vous pour un peu de temps ; marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent ; car celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va.

36 Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla et se cacha d’eux.

37 Et bien qu’il eût fait tant de miracles devant eux, ils ne crurent point en lui.

38 De sorte que cette parole d’Ésaïe le prophète fut accomplie : Seigneur, qui a cru à notre prédication, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ?

39 Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu’Ésaïe a dit encore :

40 Il a aveuglé leurs yeux, et a endurci leur cœur, de sorte qu’ils ne voient point des yeux, qu’ils ne comprennent point du cœur, qu’ils ne se convertissent point, et que je ne les guéris point.

41 Ésaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui.

42 Cependant il y en eut plusieurs, des principaux même, qui crurent en lui ; mais ils ne le confessaient point, à cause des Pharisiens, de peur d’être chassés de la synagogue.

43 Car ils aimaient plus la gloire qui vient des hommes, que la gloire de Dieu.

44 Or, Jésus cria à haute voix et dit : Celui qui croit en moi, ne croit pas en moi, mais il croit en celui qui m’a envoyé ;

45 et celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé.

46 Je suis venu au monde, moi qui suis la lumière, afin que quiconque croit en moi ne demeure point dans les ténèbres.

47 Et si quelqu’un entend mes paroles, et ne croit pas, je ne le juge point, car je ne suis pas venu pour juger le monde, mais pour le sauver.

48 Celui qui me rejette et ne reçoit point mes paroles, il a déjà qui le juge ; la parole que j’ai annoncée, c’est elle qui le jugera au dernier jour.

49 Car je n’ai point parlé par moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé, m’a prescrit ce que j’ai à dire, et de quoi je dois parler.

50 Et je sais que son commandement est la vie éternelle. Les choses donc que je dis, je les dis comme mon Père me les a dites.

REFLEXIONS

Le sens de ce que Jésus-Christ répondit lorsque des étrangers demandèrent à le voir était qu’il se ferait bientôt connaître à tous les hommes, mais qu’auparavant il devait mourir, tout de même que le froment doit être mis dans la terre et y germer avant qu’il puisse pousser et produire du grain en abondance. Le Seigneur ajouta qu’il en serait de ses disciples comme de lui-même et que tous ceux qui voulaient le suivre devaient se disposer aux souffrances et à la mort, mais il promet aussi d’élever ceux qui croiraient en lui et qui le serviraient fidèlement à la même gloire où il allait être élevé. Les Juifs ne comprirent pas bien ce discours de notre Seigneur, mais il n’a rien d’obscur pour nous.

II. En ce temps-là, Jésus frappé de l’horreur de la mort qu’il était sur le point d’endurer pria Dieu son Père de faire voir sa gloire d’une manière éclatante et de montrer qu’il était son fils. Sur quoi Dieu fit entendre une voix du Ciel qui déclara que ce que Jésus venait de demander s’accomplirait. Ce prodige arriva dans le temps que notre Seigneur allait être crucifié pour lever le scandale de sa croix et pour faire connaître qu’il était véritablement le fils de Dieu. C’est pourquoi aussi Jésus-Christ dit alors que le règne de satan allait être détruit, qu’il attirerait bientôt tous les hommes à lui et que ce serait là un des fruits de sa mort. L’événement ne tarda pas à vérifier la divinité de cette prédiction.

III. Saint Jean faisant réflexion sur l’incrédulité des Juifs remarque que la plupart ne crurent point en Jésus-Christ et que de ceux qui le regardaient comme le Messie, il y en eut plusieurs qui n’osèrent pas le témoigner ouvertement parce qu’ils craignaient les pharisiens et qu’ils aimaient mieux la gloire qui vient des hommes que celle de Dieu. C’est là ce qui arrive ordinairement lorsque l’Évangile est annoncé aux hommes. Il y en a qui le rejettent, d’autres qui sont touchés en quelque manière de son excellence, mais ils n’osent pas faire une profession ouverte de la vérité et de la piété, étant retenus par la crainte, par une mauvaise honte ou par d’autres passions.

Enfin, nous devons faire bien attention à ce que Jésus-Christ déclara aux Juifs sur la fin de sa vie et dans le temps qu’ils allaient être privés de sa présence. Il leur dit qu’il était venu pour les éclairer et pour les conduire à la vie, qu’ils devaient marcher dans la lumière avant que les ténèbres les surprissent et que ceux qui n’écouteraient pas sa parole seraient jugés par cette même parole qu’ils auraient rejetée.

C’est là une déclaration qui s’adresse à tous ceux à qui Jésus-Christ a donné la connaissance de son Évangile et qui nous avertit de profiter de cette divine lumière pendant qu’elle nous éclaire de peur que nous ne soyons surpris par les ténèbres et que l’Évangile qui nous a été annoncé ne soit un jour le fondement de notre condamnation.

CHAPITRE XIII.

Jésus-Christ lave les pieds à ses apôtres et il les exhorte à l’humilité et à la charité.Il déclare que Judas le livrerait aux Juifs. Il parle à ses disciples de son départ, il leur recommande de s’aimer les uns les autres, et il prédit que Saint Pierre le renierait.

1 Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde à son Père, comme il avait aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’à la fin.

2 Et après le souper (le diable ayant déjà mis au cœur de Judas Iscariot, fils de Simon, de le trahir),

3 Jésus sachant que le Père lui avait remis toutes choses entre les mains, et qu’il était venu de Dieu, et qu’il s’en allait à Dieu,

4 se leva du souper et ôta sa robe, et ayant pris un linge, il s’en ceignit.

5 Ensuite il mit de l’eau dans un bassin, et se mit à laver les pieds de ses disciples, et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.

6 Il vint donc à Simon Pierre, qui lui dit : Toi, Seigneur, tu me laverais les pieds !

7 Jésus répondit et lui dit : Tu ne sais pas maintenant ce que je fais ; mais tu le sauras dans la suite.

8 Pierre lui dit : Tu ne me laveras jamais les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave, tu n’auras point de part avec moi.

9 Simon Pierre lui dit : Seigneur, non-seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête.

10 Jésus lui dit : Celui qui est lavé n’a besoin, sinon qu’on lui lave les pieds ; puis il est entièrement net. Or, vous êtes nets, mais non pas tous.

11 Car il savait qui était celui qui le trahirait ; c’est pour cela qu’il dit : Vous n’êtes pas tous nets.

12 Après donc qu’il leur eut lavé les pieds, et qu’il eut repris sa robe, s’étant remis à table, il leur dit : Savez-vous ce que je vous ai fait ?

13 Vous m’appelez Maître et Seigneur, et vous dites vrai ; car je le suis.

14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi qui suis le Seigneur et le Maître, vous devez aussi vous laver les pieds les uns aux autres.

15 Car je vous ai donné un exemple, afin que vous fassiez comme je vous ai fait.

16 En vérité, en vérité, je vous dis que le serviteur n’est pas plus que son maître, ni l’envoyé plus que celui qui l’a envoyé.

17 Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux, pourvu que vous les pratiquiez.

18 Je ne parle point de vous tous, je sais qui sont ceux que j’ai choisis ; mais il faut que cette parole de l’Écriture soit accomplie : Celui qui mange du pain avec moi, a levé le pied contre moi.

19 Je vous le dis dès à présent, avant que la chose arrive ; afin que, quand elle sera arrivée, vous me reconnaissiez pour ce que je suis.

20 En vérité, en vérité je vous le dis : Quiconque reçoit celui que j’aurai envoyé, me reçoit, et qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.

21 Quand Jésus eut dit cela, il fut ému en son esprit, et il dit ouvertement : En vérité, en vérité, je vous dis que l’un de vous me trahira.

22 Et les disciples se regardaient les uns les autres, étant en peine de qui il parlait.

23 Or, il y avait un des disciples de Jésus, celui que Jésus aimait, qui était couché vers son sein.

24 Simon Pierre lui fit signe de demander qui était celui de qui il parlait.

25 Lui donc, s’étant penché sur le sein de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ?

26 Jésus répondit : C’est celui à qui je donnerai un morceau trempé. Et ayant trempé un morceau, il le donna à Judas Iscariot, fils de Simon.

27 Et après que Judas eut pris le morceau, Satan entra dans lui ; Jésus donc lui dit : Fais au plus tôt ce que tu as à faire.

28 Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui disait cela.

29 Car quelques-uns pensaient que, comme Judas avait la bourse, Jésus lui avait voulu dire : Achète ce qu’il nous faut pour la fête ; ou, qu’il donnât quelque chose aux pauvres.

30 Après donc que Judas eut pris le morceau, il sortit tout aussitôt. Or, il était nuit.

31 Quand il fut sorti, Jésus dit : Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié par lui.

32 Et si Dieu est glorifié par lui, Dieu lui-même aussi le glorifiera, et il le glorifiera bientôt.

33 Mes petits-enfants, je suis encore avec vous pour un peu de temps ; vous me chercherez, et, comme je l’ai dit aux Juifs, je vous le dis aussi maintenant, vous ne pouvez venir où je vais.

34 Je vous donne un commandement nouveau, que vous vous aimiez les uns les autres ; que, comme je vous ai aimés, vous vous aimiez aussi les uns les autres.

35 C’est à cela que tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.

36 Simon Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu ? Jésus lui répondit : Tu ne saurais maintenant me suivre où je vais ; mais tu me suivras ci-après.

37 Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je mettrai ma vie pour toi.

38 Jésus lui répondit : Tu mettras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te dis qu’avant que le coq ait chanté, tu me renieras trois fois.

REFLEXIONS

Lorsque le fils de Dieu lava les pieds à ses apôtres peu avant sa mort, le but de cette action si extraordinaire et si surprenante était de leur montrer combien il les aimait et de leur donner un exemple d’humilité afin de leur apprendre à s’aimer mutuellement, à se regarder tous comme égaux et à ôter de leurs esprits toutes les pensées d’un règne temporel et de la gloire du monde. C’est là un exemple de charité et d’humilité que nous devons bien considérer et qui est d’une grande efficace pour nous rendre véritablement humbles et pour nous inciter à nous aimer sincèrement les uns les autres. Si Jésus-Christ, qui est le Maître et le Seigneur, s’est abaissé jusqu’à laver les pieds à ses disciples, ce qui était l’office des serviteurs et des esclaves, il n’y a rien que nous devions estimer trop bas lorsqu’il s’agit de s’acquitter des devoirs de la charité et d’édifier le prochain. C’est à quoi le sauveur du monde nous appelle par ces paroles qu’il prononça dans cette occasion : Je vous ai donné un exemple afin que vous fassiez comme je vous ai fait. Si vous savez ces choses, vous êtes heureux, pourvu que vous les fassiez.

II. Notre Seigneur trouva à propos de déclarer, en présence des apôtres, que l’un d’eux le livrerait aux Juifs, afin que lorsque Judas le trahirait, ils reconnussent que cela devait arriver pour accomplir les desseins de la providence. Cependant Jésus-Christ ne donna pas à connaître Judas à tous les apôtres parce qu’il ne voulait pas qu’on l’empêchât d’exécuter son entreprise. De là il paraît clairement que Jésus-Christ n’ignorait rien de ce qui devait lui arriver et qu’il connaissait les pensées des hommes les plus secrètes. Il prévoit la trahison de Judas, mais il n’en est point l’auteur. C’est l’avarice de ce disciple perfide qui le pousse à une action si noire et il ne laisse pas d’achever ce qu’il avait résolu, quoique Jésus l’eût averti et lui eût fait comprendre qu’il connaissait son dessein.

C’est ainsi que Dieu prévoit les péchés que les hommes sont sur le point de commettre, sans que pourtant il en soit la cause, il les avertit, mais quand ils s’obstinent, il les laisse faire.

III. Nous voyons ici que Jésus-Christ, étant sur le point de quitter ses disciples, leur recommanda sur toutes choses de s’aimer les uns les autres. Il leur dit que c’était là son grand commandement, qu’il allait leur donner l’exemple de cet amour en souffrant la mort pour eux et que la charité serait la marque à laquelle on les reconnaîtrait pour ses disciples. Notre principal devoir est donc de nous aimer cordialement et de vivre dans la paix et dans la concorde, à moins de quoi il ne nous appartient pas de porter le glorieux nom de chrétiens.

IV. Enfin, la prédiction que Jésus-Christ fit du reniement de Saint Pierre est une nouvelle preuve qui fait voir que rien n’est caché à notre Seigneur et qu’il connait mieux les hommes qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Saint Pierre ne se croyait pas capable de cette infidélité, il y tomba pourtant cette même nuit-là. Après un tel exemple, il n’y a personne qui ne doive être dans une continuelle défiance de soi-même et dans les sentiments d’une profonde humilité.

CHAPITRE XIV.

Ce chapitre et les deux suivants contiennent l’entretien que Jésus-Christ eut avec ses disciples le soir avant sa passion. Son but dans ces discours était de les consoler, d’affermir leur foi et de les remplir de courage et de zèle afin qu’ils ne fussent pas scandalisés de sa mort et que dans la suite ils fussent en état d’annoncer l’Évangile sans craindre la haine du monde. Dans le chapitre XIV Jésus-Christ parle aux apôtres de la gloire où il allait être élevé et où il les élèverait un jour. II. Il leur dit que ses miracles devaient les convaincre que Dieu l’avait envoyé et qu’ils feraient eux-mêmes des miracles aussi grands que les siens. III. Il les exhorte à garder ses commandements, il leur promet de leur envoyer le Saint-Esprit, il les assure qu’ils le reverraient bientôt et il leur parle du bonheur de ceux qui persévéreront dans son amour et qui garderont sa parole. IV. Enfin, il leur donne sa bénédiction et sa paix et il les exhorte à se réjouir de son départ. Ce discours étant achevé, il sortit de Jérusalem et il s’en alla avec les apôtres vers le mont des oliviers.

1 Que votre cœur ne se trouble point ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.

2 Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père ; si cela n’était pas, je vous l’aurais dit. Je m’en vais vous préparer le lieu.

3 Et quand je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai, et vous prendrai avec moi, afin qu’où je serai, vous y soyez aussi.

4 Et vous savez où je vais, et vous en savez le chemin.

5 Thomas lui dit : Seigneur, nous ne savons où tu vas, et comment pourrions-nous en savoir le chemin ?

6 Jésus lui dit : Je suis le chemin, la vérité et la vie ; personne ne vient au Père que par moi.

7 Si vous me connaissiez, vous connaîtriez aussi mon Père ; et dès à présent vous le connaissez, et vous l’avez vu.

8 Philippe lui dit : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit.

9 Jésus lui répondit : Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne m’as pas connu ! Philippe, celui qui m’a vu, a vu mon Père. Comment donc dis-tu : Montre-nous le Père ?

10 Ne crois-tu pas que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ? Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même, mais le Père qui demeure en moi, est celui qui fait les œuvres que je fais.

11 Croyez-moi que je suis en mon Père, et que mon Père est en moi ; sinon, croyez-moi à cause de ces œuvres.

12 En vérité, en vérité, je vous le dis : Celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes que celles-ci, parce que je m’en vais à mon Père.

13 Et quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié par le Fils.

14 Si vous demandez quelque chose en mon nom, je le ferai.

15 Si vous m’aimez, gardez mes commandements.

16 Et je prierai mon Père, qui vous donnera un autre Consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous ;

17 savoir, l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point et ne le connaît point ; mais vous le connaissez, parce qu'il demeure avec vous, et qu’il sera en vous.

18 Je ne vous laisserai point orphelins ; je viendrai à vous.

19 Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus, mais vous me verrez ; parce que je vis, vous vivrez aussi.

20 En ce jour-là vous connaîtrez que je suis en mon Père, et que vous êtes en moi, et que je suis en vous.

21 Celui qui a mes commandements, et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, et je l’aimerai, et je me ferai connaître à lui.

22 Jude, non pas l’Iscariot, lui dit : Seigneur, d’où vient que tu te feras connaître à nous, et non pas au monde ?

23 Jésus lui répondit : Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.

24 Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles ; et la parole que vous entendez n'est pas de moi, mais elle est du Père qui m’a envoyé.

25 Je vous ai dit ces choses, tandis que je suis avec vous.

26 Mais le Consolateur, qui est le Saint-Esprit, que mon Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses, et vous remettra en mémoire toutes celles que je vous ai dites.

27 Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne. Que votre cœur ne se trouble point, et ne craignez point.

28 Vous avez entendu que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens à vous. Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que j’ai dit : Je m’en vais à mon Père ; car mon Père est plus grand que moi.

29 Et je vous le dis maintenant, avant que la chose arrive, afin que, quand elle sera arrivée, vous croyiez.

30 Je ne vous parlerai plus guère, car le prince de ce monde vient ; mais il n’a rien en moi ;

31 Mais c’est afin que le monde connaisse que j’aime mon Père, et que je fais ce que mon Père m’a commandé. Levez-vous, partons d’ici.

REFLEXIONS

On voit en général dans ce chapitre et dans les suivants le grand amour que Jésus-Christ avait pour ses disciples et dont il est aussi animé envers tous ceux qui l’aiment et croient en lui.

Voici les devoirs à quoi ce discours de notre Sauveur nous engage. C’est :

I. De penser sans cesse à la gloire où il a été élevé dans le Ciel et où il a déclaré qu’il voulait nous recevoir, d’aspirer à cette gloire en suivant le chemin qui y conduit et de nous attacher inviolablement à lui, puisqu’il est lui-même le vrai chemin qui mène à la vie.

II. Le second devoir, qui est aussi l’abrégé de toute la religion, est d’aimer ardemment notre Seigneur et de montrer la sincérité de cet amour en gardant ses commandements.

III. La promesse que Jésus-Christ faisait d’envoyer son Esprit après son départ ne regardait pas les seuls apôtres à qui cet Esprit saint devait communiquer le don de faire des miracles, elle regarde aussi tous les fidèles dans le cœur desquels notre Seigneur envoie son Esprit de sainteté et de consolation. Ainsi, nous devons implorer l’assistance et la conduite de cet Esprit et afin que nous puissions l’obtenir, purifier nos cœurs de l’amour du monde, Jésus-Christ ayant déclaré que le monde ne peut connaître, ni recevoir l’Esprit de Dieu.

IV. Il faut considérer que, comme notre Seigneur promettait à ses disciples de revenir à eux après sa résurrection, il reviendra aussi au dernier jour, qu’alors ses élus seront remplis de consolation et de joie et qu’en attendant ce retour glorieux, notre grand soin doit être de persévérer dans son amour et dans l’obéissance à ses divins préceptes.

Jésus-Christ nous apprend sur la fin de ce chapitre qu’il se communique et qu’il s’unit d’une manière tout à fait intime et salutaire à tous ceux qui l’aiment et qui gardent sa parole, qu’il les comble de ses grâces et qu’il leur accorde sa bénédiction et sa paix.

La considération de tous ces précieux avantages doit nous enflammer d’amour pour ce rédempteur charitable et nous persuader que tout notre bonheur dépend de lui être fidèles, de l’aimer et de demeurer à jamais dans sa communion.

CHAPITRE XV

Notre Seigneur fait quatre choses dans ce chapitre. I. Il représente par la comparaison d’un cep et des sarments la communion qu’il y a entre lui et ses disciples. II. Il les exhorte à persévérer dans cette communion et dans son amour, à garder ses commandements et particulièrement à s’aimer les uns les autres. III. Il leur dit qu’il les avait choisis pour aller annoncer l’Évangile par toute la terre avec un merveilleux succès. IV. Il les avertit qu’ils seraient exposés à la persécution et à la haine du monde, mais pour les encourager, il leur représente qu’il avait lui-même éprouvé cette haine et il leur promet l’assistance de son Saint-Esprit qu’il voulait leur envoyer après son départ.

 1 Je suis le vrai cep, et mon Père est le vigneron.

2 Il retranche tout sarment qui ne porte point de fruit en moi ; et il émonde tout celui qui porte du fruit, afin qu’il porte encore plus de fruit.

3 Vous êtes déjà nets, à cause de la parole que je vous ai annoncée.

4 Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous. Comme le sarment ne saurait de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, vous n’en pouvez porter aussi, si vous ne demeurez en moi.

5 Je suis le cep, et vous en êtes les sarments. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruit ; car hors de moi, vous ne pouvez rien faire.

6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il sera jeté dehors comme le sarment ; il sèche, puis on le ramasse et on le jette au feu, et il brûle.

7 Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et il vous sera accordé.

8 C’est en ceci que mon Père sera glorifié, si vous portez beaucoup de fruit, et alors vous serez mes disciples.

9 Comme mon Père m’a aimé, je vous ai aussi aimés ; demeurez dans mon amour.

10 Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.

11 Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie demeure en vous, et que votre joie soit accomplie.

12 C’est ici mon commandement : que vous vous aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés.

13 Personne n’a un plus grand amour que celui de donner sa vie pour ses amis.

14 Vous serez mes amis, si vous faites tout ce que je vous commande.

15 Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que son maître fait ; mais je vous ai appelés mes amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai entendu de mon Père.

16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et qui vous ai établis, afin que vous alliez et que vous portiez du fruit, et que votre fruit soit permanent ; afin, aussi, que tout ce que vous demanderez à mon Père en mon nom, il vous le donne.

17 Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres.

18 Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous.

19 Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait à lui ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que je vous ai choisis dans le monde, c'est pour cela que le monde vous hait.

20 Souvenez-vous de la parole que je vous ai dite, que le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont observé ma parole, ils observeront aussi la vôtre.

21 Mais ils vous feront tout cela à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent point celui qui m’a envoyé.

22 Si je n'étais pas venu, et que je ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché.

23 Celui qui me hait, hait aussi mon Père.

24 Si je n’eusse pas fait d’entre eux les œuvres qu’aucun autre n’a faites, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils les ont vues, et ils ont haï et moi et mon Père.

25 Mais c’est ainsi que la parole qui est écrite dans leur loi a été accomplie : Ils m’ont haï sans cause.

26 Lorsque le Consolateur sera venu, lequel je vous enverrai de la part de mon Père, savoir, l’Esprit de vérité, qui procède de mon Père, c’est lui qui rendra témoignage de moi.

27 Et vous aussi, vous en rendrez témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi.

REFLEXIONS

Voici les réflexions qu’il y a à faire sur les quatre parties de ce chapitre :

I. La première qui contient la similitude du cep et des sarments tend à nous apprendre combien l’union que les fidèles ont avec Jésus-Christ est étroite et avantageuse. Elle marque que tout notre bonheur dépend de cette union, qu’il faut avoir part à l’esprit et à la vie de Jésus pour porter des fruits qui tendent à la gloire de Dieu et qui répondent à l’avantage que nous avons d’être ses disciples et que ceux qui ne lui sont pas unis par la foi et qui ne portent point de fruit seront retranchés et jetés au feu comme des sarments inutiles.

II. La seconde partie de ce chapitre nous enseigne que notre grand et principal devoir est de demeurer dans l’amour de Jésus-Christ, de garder ses commandements et surtout de nous aimer les uns les autres, nous proposant pour cet effet sans cesse l’exemple du grand amour qu’il nous a porté et qui l’a engagé à donner sa vie pour nous.

III. Ce que Jésus-Christ disait aux apôtres qu’il les avait choisis pour aller établir son règne dans tout le monde est une preuve bien claire de la divinité de l’Évangile, puisque la prédication des Apôtres a été suivie de la conversion de tant de peuples. Mais nous devons aussi considérer que Jésus-Christ nous a élus et appelés afin que nous portions les fruits de la sainteté et que nous travaillions chacun de nous de tout notre pouvoir à avancer sa connaissance et son règne.

  1. La dernière partie de ce chapitre nous apprend deux choses :
  • L’une que le monde hait souvent ceux qui aiment Jésus-Christ et qui vivent selon la piété, mais qu’il ne faut pas le trouver étrange puisque notre Seigneur a aussi été exposé à cette haine du
  • L’autre, qu’après que Jésus-Christ a parlé et que l’Évangile a été annoncé aux hommes, ceux qui demeurent dans l’incrédulité et dans la corruption n’ont aucune excuse puisqu’ils rejettent le témoignage du fils de Dieu, celui du Saint-Esprit et celui des apôtres et qu’ils ferment volontairement les yeux à la vérité.

CHAPITRE XVI

Jésus-Christ continue à avertir les apôtres qu’ils devaient se préparer à être persécutés et même à souffrir la mort. II. Pour les consoler de la tristesse que son départ leur causait, il leur promet le Saint-Esprit et il leur dit que cet Esprit Saint condamnerait le monde incrédule et les mettrait en état de connaître plus parfaitement les vérités qui leurs avaient été enseignées, et de les annoncer aux hommes. III. Il ajoute à cela qu’il allait les quitter pour un peu de temps, mais qu’il reviendrait bientôt à eux lorsqu’il serait ressuscité, qu’alors ils seraient comblés de joie, qu’il leur accorderait de nouvelles grâces et qu’il leur ferait obtenir les dons les plus précieux. Ce discours de Jésus consola les apôtres et servit à l’affermissement de leur foi.

1 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ne vous scandalisiez point.

2 Ils vous chasseront des synagogues ; même le temps vient que quiconque vous fera mourir croira rendre service à Dieu.

3 Et ils vous feront tout cela, parce qu’ils n’ont connu ni mon Père, ni moi.

4 Mais je vous ai dit ces choses, afin que quand ce temps sera venu, vous vous souveniez que je vous les ai dites ; toutefois, je ne vous ai pas dit ces choses dès le commencement, parce que j’étais avec vous.

5 Mais maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé, et aucun de vous ne me demande : Où vas-tu ?

6 Mais, parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre cœur.

7 Toutefois, je vous dis la vérité, il vous est avantageux que je m’en aille ; car si je ne m’en vais, le Consolateur ne viendra point à vous ; et si je m’en vais, je vous l’enverrai.

8 Et quand il sera venu, il convaincra le monde de péché, de justice et de jugement.

9 De péché, parce qu’ils n’ont pas cru en moi ;

10 de justice, parce que je m’en vais à mon Père, et que vous ne me verrez plus ;

11 de jugement, parce que le prince de ce monde est déjà jugé.

12 J’aurais encore plusieurs choses à vous dire ; mais elles sont encore au-dessus de votre portée.

13 Mais quand celui-là sera venu, savoir, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera point par soi-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et vous annoncera les choses à venir.

14 C’est lui qui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera.

15 Tout ce que mon Père a, est à moi ; c’est pourquoi je vous ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera.

16 Dans peu de temps vous ne me verrez plus ; et un peu de temps après, vous me reverrez, parce que je m’en vais à mon Père.

17 Et quelques-uns de ses disciples se dirent les uns aux autres : Qu’est-ce qu’il nous veut dire : Dans peu de temps vous ne me verrez plus ; et : Un peu de temps après vous me reverrez ; et : Parce que je m’en vais à mon Père ?

18 Ils disaient donc : Qu’est-ce qu’il veut dire : Dans peu de temps ? Nous ne savons ce qu’il veut dire.

19 Jésus donc connaissant qu’ils voulaient l’interroger, leur dit : Vous vous demandez les uns aux autres ce que signifie ce que j’ai dit : Dans peu de temps vous ne me verrez plus, et un peu de temps après vous me reverrez.

20 En vérité, en vérité je vous dis, que vous pleurerez, et vous vous lamenterez, et le monde se réjouira ; vous serez dans la tristesse, mais votre tristesse sera changée en joie.

21 Quand une femme accouche, elle a des douleurs, parce que son terme est venu ; mais dès qu’elle est accouchée d’un enfant, elle ne se souvient plus de son travail, dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde.

22 De même, vous êtes maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau, et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie.

23 Et en ce jour-là vous ne m’interrogerez plus de rien. En vérité, en vérité je vous dis, que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera.

24 Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en mon nom ; demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit accomplie.

25 Je vous ai dit ces choses par des similitudes ; mais le temps vient que je ne vous parlerai plus par des similitudes, mais je vous parlerai ouvertement de mon Père.

26 En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai le Père pour vous.

27 Car mon Père lui-même vous aime, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis venu de Dieu.

28 Je suis venu du Père, et je suis venu dans le monde ; maintenant je laisse de nouveau le monde, et m’en vais au Père.

29 Ses disciples lui dirent : C’est maintenant que tu parles ouvertement, et tu ne dis point de similitude.

30 Nous voyons présentement que tu sais toutes choses, et que tu n’as pas besoin que personne ne t’interroge ; c’est pour cela que nous croyons que tu es venu de Dieu.

31 Jésus leur répondit : Croyez-vous maintenant ?

32 Voici, l’heure vient, et elle est déjà venue, que vous serez dispersés chacun de son côté, et que vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, parce que mon Père est avec moi.

33 Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi ; vous aurez des afflictions dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde.

REFLEXIONS

On doit considérer sur ce chapitre :

Premièrement, que comme les apôtres devaient être exposés à de grandes persécutions, les vrais fidèles doivent s’attendre à ressentir les effets de la haine de ceux qui ne connaissent et qui n’aiment pas Jésus-Christ.

II. Qu’il a été nécessaire pour notre bien que Jésus-Christ quittât le monde afin qu’il entrât dans sa gloire, qu’il envoyât le Saint-Esprit et qu’il établît son règne.

III. Ce que notre Seigneur disait : que le Saint-Esprit convaincrait le monde de péché, de justice et de jugement signifie que la venue du Saint-Esprit et la prédication des apôtres convaincrait les Juifs d’une incrédulité volontaire et les rendrait inexcusables, qu’elle montrerait que Jésus était le fils de Dieu et qu’elle détruirait le règne du diable. Tout cela arriva en effet après l’ascension de notre Seigneur et fit voir à toute la terre que sa doctrine venait de Dieu.

IV. Les excellentes promesses que Jésus-Christ faisait aux apôtres de les remplir abondamment des dons du Saint-Esprit et de ses lumières furent aussi accomplies dans ces temps-là et l’on en vit les effets par les fruits merveilleux de leur prédication.

V. Les apôtres ne comprirent pas ce que Jésus-Christ voulait marquer lorsqu’il leur disait que bientôt ils ne le verraient plus, mais que dans peu ils le reverraient, qu’il s’en irait à son Père et qu’alors ils seraient pleinement consolés. Mais ces paroles, de même que les précédentes, furent parfaitement éclaircies par sa résurrection, par son ascension et par les suites glorieuses qu’elle eut.

Ces promesses qui affermirent la foi des apôtres doivent aussi fortifier la nôtre et nous faire penser que quoique Jésus-Christ soit maintenant absent de nous, ce n’est pas pour toujours, que si nous persévérons dans son amour, il nous fera obtenir de Dieu les grâces les plus salutaires et que comme il revint à ses apôtres après sa résurrection, il reviendra aussi à nous lors de son second et dernier avènement pour nous introduire dans la gloire de son royaume.

CHAPITRE XVII

C’est ici la prière que Jésus-Christ adressa à Dieu son Père avant que de souffrir la mort et elle a trois parties : I. Jésus-Christ prie pour soi-même et il demande d’être reçu dans la gloire céleste afin que Dieu en fût glorifié. II. Il prie pour les apôtres qu’il allait quitter et il demande à son Père de les protéger et de les sanctifier afin qu’ils pussent persévérer dans la foi et prêcher l’Évangile par tout le monde sans crainte des persécutions. III. Il prie pour tous ceux qui croiraient en lui et qui recevraient la prédication des apôtres et il souhaite que tant les apôtres que tous les fidèles soient toujours unis avec lui et entre eux par la foi et par la charité et qu’ils soient un jour reçus dans la gloire où il était sur le point d’entrer pour être éternellement avec lui.

1 Jésus dit ces choses ; puis levant les yeux au ciel, il dit : Mon Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie ;

2 comme tu lui as donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés.

3 (Et c’est ici la vie éternelle, qu’ils te connaissent, toi qui es le seul vrai Dieu, et Jésus-Christ que tu as envoyé.)

4 Je t’ai glorifié sur la terre ; j’ai achevé l’ouvrage que tu m’avais donné à faire.

5 Et maintenant, glorifie-moi, toi mon Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’ai eue vers toi, avant que le monde fût fait.

6 J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient à toi, et tu me les as donnés, et ils ont gardé ta parole.

7 Ils ont connu maintenant que tout ce que tu m’as donné vient de toi.

8 Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données, et ils les ont reçues ; et ils ont reconnu véritablement que je suis venu de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé.

9 Je prie pour eux ; je ne prie point pour le monde, mais je prie pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi.

10 Et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi, et je suis glorifié en eux.

11 Et maintenant je ne suis plus au monde, mais eux sont au monde, et je vais à toi. Père saint, gardes-en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un, comme nous.

12 Pendant que j’ai été avec eux dans le monde, je les ai gardés en ton nom. J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Ecriture fût accomplie.

13 Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses, étant encore dans le monde, afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux.

14 Je leur ai donné ta Parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde.

15 Je ne te prie pas de les ôter du monde, mais de les préserver du mal.

16 Ils ne sont pas du monde, comme je ne suis pas du monde.

17 Sanctifie-les par ta vérité ; ta Parole est la vérité.

18 Comme tu m’as envoyé dans le monde, je les ai aussi envoyés dans le monde.

19 Et je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité.

20 Or, je ne prie pas seulement pour eux ; mais je prie aussi pour ceux qui croiront en moi par leur parole ;

21 Afin que tous ne soient qu’un, comme toi, ô mon Père ! tu es en moi, et que je suis en toi ; qu’eux aussi soient en nous, et que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé.

22 Je leur ai fait part de la gloire que tu m’as donnée, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un.

23 Je suis en eux, et tu es en moi ; afin qu’ils soient perfectionnés dans l’unité, et que le monde connaisse que c’est toi qui m’as envoyé, et que tu les aimes, comme tu m’as aimé.

24 Père, mon désir est que là où je suis, ceux que tu m’as donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée, parce que tu m’as aimé avant la création du monde.

25 Père juste, le monde ne t’a point connu ; mais moi, je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que c’est toi qui m’as envoyé.

26 Et je leur ai fait connaître ton nom, et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que je sois moi-même en eux.

REFLEXIONS

Il y a deux considérations à faire sur la première partie de cette prière que le Sauveur du monde fit avant que d’être crucifié.

Il nous y apprend que la religion chrétienne consiste : à connaître le seul vrai Dieu et Jésus-Christ qu’il a envoyé

Et que c’est là le seul moyen d’obtenir la vie éternelle, par où nous voyons que la foi en Dieu et en Jésus-Christ est d’une absolue nécessité pour parvenir au salut.

On voit de plus ici le grand zèle de notre Seigneur pour la gloire de Dieu et la glorieuse récompense qu’il attendait après ses souffrances.

À l’exemple de notre Sauveur, nous devons être animés du même zèle et glorifier Dieu sur la terre autant que nous en sommes capables afin qu’il nous reçoive dans la gloire qu’il a préparée à ses élus avant la création du monde.

II. On découvre dans cette prière le grand amour que notre Seigneur portait à ses disciples et avec combien d’ardeur et de tendresse il les recommandait à la protection de Dieu son Père avant que de les quitter. L’événement fit voir que les prières de notre Seigneur furent exaucées, puisqu’à la réserve de Judas, dont Jésus-Christ avait prévu l’infidélité, les apôtres persévérèrent tous dans la vérité qu’ils avaient embrassée et qu’ils s’employèrent avec un zèle et un succès admirable à la conversion des hommes.

III. Ce que nous devons surtout remarquer ici et qui nous regarde principalement, c’est que notre Seigneur priait non seulement pour les apôtres, mais aussi pour tous ceux qui croiraient en lui et qui recevraient leur prédication. L’on voit en cela combien les vrais fidèles sont chers à Jésus-Christ, le soin qu’il prend d’eux et le désir qu’il a de les rendre participants de la gloire où il est présentement, ce qui doit remplir tous ceux qui aiment véritablement le Seigneur Jésus d’une ferme confiance et d’une joie indicible. Mais il faut bien remarquer que Jésus-Christ ne priait ainsi que pour les vrais fidèles et qu’il a déclaré qu’il ne priait point pour les gens du monde et pour les incrédules. Si donc nous voulons être du nombre de ceux pour lesquels Jésus-Christ a fait cette prière et pour qui il intercède dans le Ciel, il faut se séparer du monde et être unis à notre Seigneur par une vraie foi et avec nos prochains par une sincère charité et persévérer ainsi dans la communion de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre sauveur jusqu’à la fin de notre vie.

CHAPITRE XVIII

Jésus-Christ est pris dans le jardin. Il est ensuite conduit devant le conseil des Juifs, et, après cela, devant Pilate, qui refusa d’abord de le condamner. On voit enfin dans ce chapitre le reniement de Saint Pierre.

1 Après que Jésus eut dit ces choses, il s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent de Cédron, où il y avait un jardin, dans lequel il entra avec ses disciples.

2 Judas, qui le trahissait, connaissait aussi ce lieu-là, parce que Jésus s’y était souvent assemblé avec ses disciples.

3 Judas ayant donc pris une compagnie de soldats et des sergents, de la part des principaux sacrificateurs et des Pharisiens, vint là avec des lanternes, des flambeaux et des armes.

4 Et Jésus, qui savait tout ce qui lui devait arriver, s’avança et leur dit : Qui cherchez-vous ?

5 Ils lui répondirent : Jésus de Nazareth. Jésus leur dit : C’est moi. Et Judas, qui le trahissait, était aussi avec eux.

6 Et dès qu’il leur eut dit : C’est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre.

7 Il leur demanda encore une fois : Qui cherchez-vous ? Et ils répondirent : Jésus de Nazareth.

8 Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci.

9 C’était afin que cette parole qu’il avait dite fût accomplie : Je n’ai perdu aucun de ceux que tu m’as donnés.

10 Alors Simon Pierre ayant une épée, la tira et frappa un serviteur du souverain sacrificateur, et lui coupa l’oreille droite ; et ce serviteur s’appelait Malchus.

11 Mais Jésus dit à Pierre : Remets ton épée dans le fourreau : ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a donnée à boire ?

12 Alors les soldats, le capitaine et les sergents des Juifs prirent Jésus et le lièrent.

13 Et ils l’emmenèrent premièrement à Anne, parce qu’il était beau-père de Caïphe, qui était le souverain sacrificateur cette année-là.

14 Et Caïphe était celui qui avait donné ce conseil aux Juifs, qu’il était à propos qu’un seul homme mourût pour le peuple.

15 Or, Simon Pierre, avec un autre disciple, avait suivi Jésus ; et ce disciple était connu du souverain sacrificateur ; et il entra avec Jésus dans la cour de la maison du souverain sacrificateur.

16 Mais Pierre était demeuré hors de la porte. Et cet autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit et parla à la portière, qui fit entrer Pierre.

17 Et cette servante, qui était la portière, dit à Pierre : N’es-tu pas aussi des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis point.

18 Et les serviteurs et les sergents étaient là, et ayant fait du feu, parce qu’il faisait froid, ils se chauffaient. Pierre était aussi avec eux, et se chauffait.

19 Et le souverain sacrificateur interrogea Jésus touchant ses disciples, et touchant sa doctrine.

20 Jésus lui répondit : J’ai parlé ouvertement à tout le monde, j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où les Juifs s’assemblent de toutes parts, et je n’ai rien dit en cachette.

21 Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge ceux qui ont entendu ce que je leur ai dit ; ces gens-là savent ce que j’ai dit.

22 Lorsqu’il eut dit cela, un des sergents qui était présent donna un soufflet à Jésus, en lui disant : Est-ce ainsi que tu réponds au souverain sacrificateur ?

23 Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, fais voir ce que j’ai dit de mal ; et si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ?

24 Or, Anne l’avait envoyé lié à Caïphe, le souverain sacrificateur.

25 Et Simon Pierre était là, et se chauffait ; et ils lui dirent : N’es-tu pas aussi de ses disciples ? Il le nia et dit : Je n’en suis point.

26 Et l’un des serviteurs du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, lui dit : Ne t’ai-je pas vu dans le jardin avec lui ?

27 Pierre le nia encore une fois ; et aussitôt le coq chanta.

28 Ils menèrent ensuite Jésus de Caïphe au prétoire ; c’était le matin ; et ils n’entrèrent point dans le prétoire, de peur de se souiller, et afin de pouvoir manger la Pâque.

29 Pilate donc sortit vers eux, et leur dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ?

30 Ils lui répondirent : Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré.

31 Sur quoi Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes, et le jugez selon votre loi. Les Juifs lui dirent : Il ne nous est pas permis de faire mourir personne.

32 Et ce fut ainsi que s’accomplit ce que Jésus avait dit, en marquant de quelle mort il devait mourir.

33 Pilate rentra dans le prétoire, et ayant fait venir Jésus, il lui dit : Es-tu le roi des Juifs ?

34 Jésus lui répondit : Dis-tu ceci de ton propre mouvement, ou si d’autres te l’ont dit de moi ?

35 Pilate répondit : Suis-je Juif ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ?

36 Jésus répondit : Mon règne n’est pas de ce monde ; si mon règne était de ce monde, mes gens combattraient, afin que je ne fusse pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon règne n’est point d’ici-bas.

37 Alors Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis ; je suis roi, je suis né pour cela, et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est pour la vérité écoute ma voix.

38 Pilate lui dit : Qu’est-ce que cette vérité ? Et quand il eut dit cela, il sortit encore pour aller vers les Juifs, et leur dit : Je ne trouve aucun crime en lui.

39 Mais vous avez une coutume, que je vous relâche un prisonnier à la fête de Pâque ; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ?

40 Alors tous crièrent de nouveau : Non, pas celui-ci ; mais Barabbas. Or, Barabbas était un brigand.

REFLEXIONS

Il y a quatre choses principales à considérer dans ce chapitre.

I. La première que Jésus-Christ renversa par terre d’une seule parole qu’il prononça ceux qui venaient pour le prendre. St. Jean remarque que notre Seigneur donna cette preuve de sa puissance pour mettre en sûreté ses apôtres qui étaient avec lui et pour obliger ceux qui venaient le saisir à les laisser aller sans leur faire aucun mal. Il fit aussi voir par là qu’il aurait pu, s’il l’eût voulu, éviter la mort.

II. La deuxième réflexion regarde la conduite de St. Pierre qui mit l’épée à la main pour défendre son Maître et qui peu après le renia. Voilà qui marque que cet apôtre avait du zèle, mais que ce zèle n’était, ni assez éclairé, ni assez affermi. D’où il faut tirer ces deux instructions.

L’une que si notre Seigneur blâma ce que Saint Pierre fit dans cette occasion qui paraissait si légitime, s’agissant de s’opposer à ceux qui voulaient ôter injustement la vie à son Maître. Toutes les actions de violence et de vengeance sont défendues, qu’il n’y a rien qui puisse les autoriser et que la patience et la douceur sont le caractère des disciples de Jésus-Christ.

L’autre instruction est que ceux qui ont du zèle et de bonnes intentions sont capables de faire de très grandes chutes lorsqu’ils présument d’eux-mêmes et qu’ils n’ont pas recours à la vigilance et à la prière pour se garantir des tentations. C’est ce qu’il faut aussi observer sur le reniement de St. Pierre.

III. Dans la manière dont on procéda contre notre Seigneur lorsqu’il parut devant le conseil des Juifs, on voit bien clairement que Jésus-Christ était innocent et que les Juifs ne cherchaient que des prétextes pour le condamner. Mais on y remarque aussi que notre Seigneur voulut bien se soumettre à leur jugement, quoiqu’injuste, qu’il souffrit tous les outrages qu’on lui fit et qu’il marqua dans cette occasion une patience et une douceur admirables. C’est là un grand exemple de patience et de résignation pour tous les chrétiens.

IV. Il faut remarquer enfin que lorsque Jésus-Christ fut présenté à Pilate, ce gouverneur ne voulut pas d’abord le condamner et qu’ayant demandé à notre Seigneur s’il était le roi des Juifs, Jésus répondit qu’il était roi, mais que son règne n’était point de ce monde. Ces circonstances servent à faire voir l’innocence de Jésus-Christ. Outre cela, cet aveu qu’il fit en présence de Pilate nous apprend qu’il faut toujours faire une franche confession de la vérité, quand même nous devrions attirer par-là la haine du monde, imitant en cela le Seigneur Jésus-Christ, lequel comme St. Paul le remarque : fit cette belle confession devant Ponce Pilate et dit : qu’il était venu au monde pour rendre témoignage à la vérité quoique cet aveu dût être la cause de sa condamnation et de sa mort.


CHAPITRE XIX VERSETS 1 A 16

Pilate condamne Jésus-Christ à être fouetté et il le fait traiter avec indignité et avec mépris par les soldats, croyant apaiser par-là les sacrificateurs et les principaux des Juifs. Il leur déclare qu’il le trouvait innocent et il tâche de lui sauver la vie, mais les Juifs continuant à demander sa mort, il consent enfin qu’il soit crucifié. 

1 Alors Pilate fit prendre Jésus, et le fit fouetter.

2 Et les soldats plièrent une couronne d’épines, et la lui mirent sur la tête, et le vêtirent d’un manteau de pourpre.

3 Et ils lui disaient : Roi des Juifs, nous te saluons ; et ils lui donnaient des soufflets.

4 Pilate sortit encore une fois et leur dit : Le voici, je vous l’amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve aucun crime en lui.

5 Jésus donc sortit, portant la couronne d’épines et le manteau de pourpre ; et Pilate leur dit : Voici l’homme.

6 Mais quand les principaux sacrificateurs et les sergents le virent, ils s’écrièrent : Crucifie-le, crucifie-le ! Pilate leur dit : Prenez-le vous-mêmes et le crucifiez ; car je ne trouve aucun crime en lui.

7 Les Juifs lui répondirent : Nous avons une loi, et selon notre loi il doit mourir, parce qu’il s’est fait Fils de Dieu.

8 Quand Pilate eut entendu ces paroles, il eut encore plus de crainte.

9 Il rentra donc dans le prétoire, et il dit à Jésus : D’où es-tu ? Et Jésus ne lui fit aucune réponse.

10 Alors Pilate lui dit : Tu ne me dis rien ? Ne sais-tu pas que j’ai le pouvoir de te faire crucifier, et le pouvoir de te délivrer ?

11 Jésus lui répondit : Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi, s’il ne t’avait été donné d’en haut ; c’est pourquoi celui qui m’a livré à toi est coupable d’un plus grand péché.

12 Depuis ce moment Pilate cherchait à le délivrer ; mais les Juifs criaient : Si tu délivres cet homme, tu n’es pas ami de César ; car quiconque se fait roi se déclare contre César.

13 Quand donc Pilate eut entendu cette parole, il mena Jésus dehors, et s’assit dans son tribunal au lieu appelé le Pavé, et en hébreu Gabbatha.

14 Or, c’était alors la préparation de Pâque, et environ la sixième heure ; et Pilate dit aux Juifs : Voilà votre roi.

15 Mais ils criaient : Ôte-le, ôte-le, crucifie-le ! Pilate leur dit : Crucifierai-je votre roi ? Les principaux sacrificateurs répondirent : Nous n’avons point d’autre roi que César.

16 Alors il le leur livra pour être crucifié. Ils prirent donc Jésus et l’emmenèrent. 

REFLEXIONS

Dans l’histoire de la condamnation de Jésus-Christ, nous devons considérer la conduite de Pilate, celle des Juifs et celle de notre Seigneur.

On voit dans la conduite de Pilate, le caractère d’un juge inique. Quoi qu’il crût Jésus innocent, il le fit fouetter et traiter avec indignité. Il pensait contenter par-là, les Juifs et à les engager à consentir que Jésus ne fût pas crucifié. Mais les Juifs voyant la mollesse de Pilate et les égards qu’il avait pour eux le pressèrent davantage et ce fut ainsi que ce gouverneur, après avoir déjà commis une injustice en condamnant Jésus au fouet, s’engagea à en commettre une autre encore plus criante en le condamnant à mort.

Les égards que l’on a pour les méchants les rendent plus entreprenant et plus hardis, quand on a une fois commencé à faire le mal, on va toujours plus loin, un péché conduit à un autre péché encore plus grand et l’on en vient enfin aux derniers degrés du crime. Tout cela nous montre combien il y a de danger d’agir contre les lumières et la conviction de sa conscience, d’avoir des complaisances dans des choses mauvaises et de chercher des ménagements et des accommodements lorsqu’il s’agit de faire son devoir et de s’opposer au mal.

II. La conduite des Juifs qui ne purent être apaisés, ni par les remontrances de Pilate, ni par ce que Jésus avait souffert et qui continuèrent à demander qu’il fût crucifié, prouve leur fureur et leur injustice et fait voir que quand les hommes se laissent aller à leur passion et qu’ils ont pris un parti, quelque méchant qu’il soit, ils n’écoutent plus rien et qu’ils s’y affermissent de plus en plus jusqu’à ce qu’ils soient venus à bout de leurs desseins.

III. Enfin, la grande patience, la modération et la douceur avec laquelle notre Seigneur se soumit à tout ce que Pilate et les Juifs firent d’injuste et de cruel contre lui doivent faire bien de l’impression sur nous. C’est là une preuve de son grand amour et un exemple qui a beaucoup de force pour nous rendre patients, doux, modérés et soumis à la volonté de Dieu dans tous les maux qui pourraient nous arriver et même lorsque souffririons par un effet de la malice et de l’injustice des hommes.

CHAPITRE XIX VERSETS 17 A 42

Saint Jean fait ici le récit du crucifiement, de la mort et de la sépulture de notre Seigneur. 

17 Et Jésus, portant sa croix, vint au lieu appelé le Calvaire, qui se nomme en hébreu Golgotha ;

18 où ils le crucifièrent, et deux autres avec lui, l’un d’un côté, et l’autre de l’autre, et Jésus au milieu.

19 Pilate fit aussi faire un écriteau et le fit mettre au-dessus de la croix ; et on y avait écrit : JÉSUS DE NAZARETH, ROI DES JUIFS.

20 Plusieurs donc des Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu où Jésus était crucifié était près de la ville ; et il était écrit en hébreu, en grec et en latin.

21 Et les principaux sacrificateurs des Juifs dirent à Pilate : N’écris pas : Le roi des Juifs ; mais qu’il a dit : Je suis le roi des Juifs.

22 Pilate répondit : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit.

23 Après que les soldats eurent crucifié Jésus, ils prirent ses habits, et ils en firent quatre parts, une part pour chaque soldat ; ils prirent aussi la robe ; mais la robe était sans couture, d’un seul tissu, depuis le haut jusqu’au bas.

24 Ils dirent donc entre eux : Ne la mettons pas en pièces, mais tirons au sort à qui l’aura ; de sorte que cette parole de l’Écriture fut accomplie : Ils ont partagé mes vêtements entre eux, et ils ont jeté le sort sur ma robe. C’est ce que firent les soldats.

25 Or, la mère de Jésus, et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléopas, et Marie-Magdelaine, se tenaient près de sa croix.

26 Jésus donc voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : Femme, voilà ton fils.

27 Puis il dit au disciple : Voilà ta mère. Et dès cette heure-là ce disciple la prit chez lui.

28 Après cela Jésus, voyant que tout était accompli, dit, afin que l’Écriture fût accomplie : J’ai soif.

29 Et il y avait là un vaisseau plein de vinaigre. Ils emplirent donc de vinaigre une éponge, et ils mirent de l’hysope autour, et la lui présentèrent à la bouche.

30 Et quand Jésus eut pris le vinaigre, il dit : Tout est accompli. Et baissant la tête, il rendit l’esprit.

31 Or, les Juifs, de peur que les corps ne demeurassent sur la croix le jour du sabbat, (car c’en était la préparation, et ce sabbat était un jour fort solennel) prièrent Pilate de leur faire rompre les jambes, et qu’on les ôtât.

32 Les soldats vinrent donc, et rompirent les jambes au premier, et ensuite à l’autre qui était crucifié avec lui.

33 Mais lorsqu’ils vinrent à Jésus, voyant qu’il était déjà mort, ils ne lui rompirent point les jambes.

34 Mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau.

35 Et celui qui l’a vu en a rendu témoignage, (et son témoignage est véritable, et il sait qu’il dit vrai) afin que vous le croyiez.

36 Or, cela arriva ainsi, afin que cette parole de l’Écriture fût accomplie : Aucun de ses os ne sera rompu.

37 Et ailleurs l’Écriture dit encore : Ils verront celui qu’ils ont percé.

38 Après cela, Joseph d’Arimathée, qui était disciple de Jésus, mais en secret, parce qu’il craignait les Juifs, pria Pilate qu’il pût ôter le corps de Jésus ; et Pilate le lui permit. Il vint donc et emporta le corps de Jésus.

39 Nicodème, qui au commencement était venu de nuit vers Jésus, y vint aussi, apportant environ cent livres d’une composition de myrrhe et d’aloès.

40 Ils prirent donc le corps de Jésus, et l’enveloppèrent de linges, avec des drogues aromatiques, comme les Juifs ont accoutumé d’ensevelir.

41 Or, il y avait un jardin au lieu où il avait été crucifié ; et dans ce jardin un sépulcre neuf, où personne n’avait été mis.

42 Ils mirent donc là Jésus, à cause que c’était le jour de la préparation du sabbat des Juifs, parce que le sépulcre était proche.

REFLEXIONS

L’histoire de la passion et de la mort de notre Sauveur doit être considérée et méditée dans ces trois vues principales :

I. Comme un sacrifice qu’il a offert à Dieu pour expier nos péchés, et pour nous acquérir le droit à la vie éternelle,

II. Comme un engagement à aimer ce Rédempteur charitable qui nous a tant aimé et à renoncer au péché qu’il s’est proposé de détruire par sa mort,

III. Comme un exemple de patience et d’humiliation que nous devons nous proposer sans cesse pour modèle.

Outre ces considérations générales, il faut faire ces quatre réflexions particulières sur les circonstances de cette histoire :

I. Que l’écriteau qui fut mis sur la croix de Jésus-Christ en trois langues faisait connaître à tout le monde la cause de sa condamnation et par ce moyen son innocence,

II. Que les diverses circonstances de sa passion et de sa mort, comme le partage de ses habits, sa soif, ses os qui ne furent point brisés, son côté percé, avaient été marquées dans les oracles du Vieux Testaments. Ainsi les Juifs devaient reconnaître par tout ce qui se passait alors que Jésus était le Messie promis par les prophètes et c’est de quoi nous devons être pleinement convaincus par cette admirable conformité qu’il y a entre les prédictions du Vieux Testament et ce qui est arrivé à notre Seigneur.

III. Ce que Jésus-Christ dit de dessus la croix pour recommander la Sainte vierge à St. Jean marque la tendresse et les soins de notre Seigneur envers sa bienheureuse mère et en même temps son amour pour cet apôtre. On doit remarquer dans le récit de la sépulture de Jésus-Christ le courage et la hardiesse de Joseph, qui dans le temps que Jésus vient d’être condamné et de mourir, se déclare hautement pour lui, de même que Nicodème qui avait autrefois été timide. Les circonstances de cette sépulture servent aussi à prouver la vérité de sa mort et de sa résurrection.

IV. Enfin, la pensée que Jésus-Christ a été enseveli doit nous apprendre à ne craindre, ni la sépulture, ni la mort puisque nous savons que si nous mourons comme lui, nous ressusciterons aussi comme il ressuscita le troisième jour après sa mort.

CHAPITRE XX

Jésus étant ressuscité se montre premièrement à Marie Magdeleine. Ensuite aux apôtres en l’absence de Thomas. Et après cela à Thomas lui-même. 

1 Le premier jour de la semaine, Marie-Magdelaine vint le matin au sépulcre comme il faisait encore obscur ; et elle vit que la pierre était ôtée de l’entrée du sépulcre.

2 Elle courut donc trouver Simon Pierre, et l’autre disciple que Jésus aimait ; et elle leur dit : On a enlevé du sépulcre le Seigneur, et nous ne savons où on l’a mis.

3 Alors Pierre sortit avec l’autre disciple, et ils allèrent au sépulcre.

4 Et ils couraient tous deux ensemble ; mais cet autre disciple courut plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre.

5 Et s’étant baissé, il vit les linges qui étaient à terre ; mais il n’y entra point.

6 Mais Simon Pierre, qui le suivait, étant arrivé, entra dans le sépulcre, et vit les linges qui étaient à terre.

7 Et le linge qu’on lui avait mis sur la tête n’était pas avec les autres linges ; mais il était plié en un lieu à part.

8 Alors cet autre disciple, qui était arrivé le premier au sépulcre, y entra, et il vit, et il crut.

9 Car ils n’avaient pas encore bien entendu ce que l’Écriture dit, qu’il fallait que Jésus ressuscitât des morts.

10 Après cela, les disciples retournèrent chez eux.

11 Mais Marie se tenait dehors, près du sépulcre, en pleurant ; et comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le sépulcre.

12 Et elle vit deux anges vêtus de blanc, assis l’un à la tête et l’autre aux pieds, au lieu où le corps de Jésus avait été couché.

13 Et ils lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? Elle leur dit : Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis.

14 Et ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus qui était là ; mais elle ne savait point que ce fût Jésus.

15 Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Elle, croyant que c’était le jardinier, lui dit : Seigneur, si tu l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et je l’irai prendre.

16 Jésus lui dit : Marie ! Et elle, s’étant retournée, lui dit : Rabboni ! c’est-à-dire, mon Maître !

17 Jésus lui dit : Ne me touche point, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais va vers mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu.

18 Marie-Magdelaine vint annoncer aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit cela.

19 Le soir de ce même jour, qui était le premier de la semaine, les portes du lieu où les disciples étaient assemblés étant fermées, parce qu’ils craignaient les Juifs, Jésus vint, et il fut là au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous !

20 Et quand il leur eut dit cela, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples donc voyant le Seigneur, eurent une grande joie.

21 Il leur dit encore : La paix soit avec vous ! Comme mon Père m’a envoyé, je vous envoie aussi de même.

22 Et quand il eut dit cela, il souffla sur eux et leur dit : Recevez le Saint-Esprit.

23 Ceux à qui vous pardonnerez les péchés, ils leur seront pardonnés ; et ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus.

24 Or, Thomas, l’un des douze, appelé Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus y était venu.

25 Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois la marque des clous dans ses mains, et si je ne mets mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté, je ne croirai point.

26 Huit jours après, comme ses disciples étaient encore dans la maison, et que Thomas était avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et il fut là au milieu d’eux et leur dit : La paix soit avec vous !

27 Puis il dit à Thomas : Mets ici ton doigt, et regarde mes mains ; avance aussi ta main, et la mets dans mon côté, et ne sois plus incrédule, mais crois.

28 Thomas répondit et lui dit : Mon Seigneur, et mon Dieu !

29 Jésus lui dit : Parce que tu m’as vu, Thomas, tu as cru. Heureux ceux qui n’ont pas vu, et qui ont cru !

30 Jésus fit encore en présence de ses disciples plusieurs autres miracles, qui ne sont pas écrits dans ce livre.

31 Mais ces choses ont été écrites, afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant vous ayez la vie par son nom.

REFLEXIONS

Nous apprenons dans ce chapitre que Jésus-Christ, étant ressuscité, se fit voir premièrement à Marie Magdelaine et après à tous les apôtres. Marie Magdelaine fut d’abord informée de la résurrection de notre Seigneur par l’apparition des anges et elle eut la première la consolation de le voir ressuscité. Ce fut là une récompense de sa piété et de son attachement à Jésus-Christ et c’est ainsi que Dieu a accoutumé de se communiquer à ceux qui l’aiment et qui le cherchent sincèrement.

I. Il parait par le récit de St. Jean que les apôtres ne crurent pas d’abord la résurrection de notre Seigneur et qu’ils n’en furent pleinement persuadés qu’après qu’il leur eut donné des preuves certaines et réitérées. C’est ce que l’on voit surtout par l’exemple de Thomas qui ne voulut pas croire que Jésus fut ressuscité à moins qu’il ne le vît et qu’il ne touchât ses mains et son côté, mais qui fut ensuite convaincu de cette vérité qu’il avait d’abord refusé de croire et qui reconnut Jésus-Christ comme son Seigneur et comme son Dieu. Toutes ces différentes apparitions de notre Seigneur servent à prouver la vérité de sa résurrection et à confirmer la sincérité du témoignage que les apôtres ont rendu sur ce sujet.

Jésus-Christ étant ainsi ressuscité, nous ne pouvons pas douter qu’il ne soit le Fils de Dieu et qu’il n’ait parfaitement expié nos péchés par sa mort. Nous avons surtout dans cette résurrection une image et un gage certain de la nôtre, ce qui doit fortifier puissamment notre foi et nous remplir d’espérance et de joie. Il faut aussi que la foi en Jésus-Christ ressuscité nous purifie et nous sanctifie et qu’à l’imitation de Marie et des apôtres qui eurent une si grande joie de le revoir et qui marquèrent tant de zèle et tant d’amour pour lui, nous l’adorions comme notre Seigneur et notre Dieu, en sorte que, marquant par notre obéissance la sincérité de notre foi, nous parvenions par ce moyen au bonheur qu’il promet à tous ceux qui auront véritablement cru en lui.

CHAPITRE XXI.

Jésus se manifeste aux apôtres près de la mer de Tibériade et il leur donne des preuves de sa résurrection. Il confirme St. Pierre dans l’apostolat et il lui prédit ce qui devait lui arriver et à St. Jean et c’est par là que finit l’Évangile.

1 Après cela Jésus se fit encore voir aux disciples près de la mer de Tibériade, et il se fit voir de cette manière :

2 Simon Pierre, et Thomas, appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres de ses disciples étaient ensemble.

3 Simon Pierre leur dit : Je m’en vais pêcher. Ils lui dirent : Nous y allons aussi avec toi. Ils y allèrent donc aussitôt ; et ils entrèrent dans une barque ; mais ils ne prirent rien cette nuit-là.

4 Le matin étant venu, Jésus se trouva sur le rivage ; mais les disciples ne savaient pas que c’était Jésus.

5 Jésus leur dit : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non.

6 Et il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque, et vous en trouverez. Ils le jetèrent donc ; mais ils ne pouvaient plus le tirer, à cause de la grande quantité de poissons.

7 Alors le disciple que Jésus aimait, dit à Pierre : C’est le Seigneur. Et quand Simon Pierre eut entendu que c’était le Seigneur, il se ceignit de sa robe de dessus, car il était nu, et il se jeta dans la mer.

8 Mais les autres disciples vinrent avec la barque, tirant le filet plein de poissons, car ils n’étaient éloignés de terre que d’environ deux cents coudées.

9 Quand ils furent descendus à terre, ils virent de la braise qui était là, et du poisson mis dessus, et du pain.

10 Jésus leur dit : Apportez de ces poissons que vous venez de prendre.

11 Simon Pierre remonta dans la barque, et tira le filet à terre, plein de cent cinquante-trois grands poissons, et quoiqu’il y en eût tant, le filet ne se rompit point.

12 Jésus leur dit : Venez et dînez. Et aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant que c’était le Seigneur.

13 Jésus donc s’approcha, et prenant du pain, il leur en donna, et du poisson aussi.

14 Ce fut déjà la troisième fois que Jésus se fit voir à ses disciples, après être ressuscité.

15 Après qu’ils eurent dîné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Pais mes agneaux.

16 Il lui demanda encore une seconde fois : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu ? Il lui répondit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Il lui dit : Pais mes brebis.

17 Il lui demanda pour la troisième fois : Simon, fils de Jona, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui dit : Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Pais mes brebis.

18 En vérité, en vérité, je te le dis, lorsque tu étais jeune, tu te ceignais toi-même, et tu allais où tu voulais ; mais lorsque tu seras vieux, tu étendras tes mains, et un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudrais pas.

19 Jésus dit cela pour marquer de quelle mort Pierre devait glorifier Dieu. Et après avoir ainsi parlé, il lui dit : Suis-moi.

20 Et Pierre s’étant tourné, vit venir après lui le disciple que Jésus aimait, celui qui, pendant le souper, était penché sur le sein de Jésus, et lui avait dit : Seigneur, qui est celui qui te trahira ?

21 Pierre donc l’ayant vu, dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, que lui arrivera-t-il ?

22 Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? Toi, suis-moi.

23 Ce qui fit courir le bruit parmi les frères que ce disciple ne mourrait point. Cependant Jésus n’avait pas dit : Il ne mourra point ; mais il avait seulement dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?

24 C’est ce disciple qui rend témoignage de ces choses, et qui les a écrites ; et nous savons que son témoignage est véritable.

25 Il y a aussi beaucoup d’autres choses que Jésus a faites, et si elles étaient écrites en détail, je ne pense pas que le monde pût contenir les livres qu’on en écrirait. Amen. 

REFLEXIONS

On voit premièrement dans ce chapitre que notre Seigneur voulut assurer les apôtres de sa résurrection, non seulement en se montrant à eux et en mangeant en leur présence, mais en leur faisant voir des marques de sa puissance divine. Cela doit nous persuader de plus en plus de cette grande vérité de laquelle toute notre consolation dépend.

II. Jésus-Christ, avant que de confirmer Saint Pierre dans la charge d’apôtre, lui demanda par trois fois s’il l’aimait. Il exigea de lui ces trois déclarations afin que cet apôtre sentît d’autant mieux le péché qu’il avait commis en le reniant par trois fois, qu’il réparât le scandale qu’il avait donné par sa chute.

Cette conduite de notre Seigneur montre qu’il ne nous reçoit en grâce que lorsque nous confessons nos péchés, que nous les réparons et que nous rentrons dans notre devoir. Mais ce qu’il demande de nous sur toutes choses, c’est que nous l’aimions de tout notre cœur et l’on ne mérite pas d’être appelé son disciple si l’on ne peut lui dire comme Saint Pierre : Seigneur, tu sais toutes choses, tu sais que je t’aime.

III. Après que cet apôtre eut fait cette déclaration, Jésus-Christ le confirma dans l’apostolat. Il lui dit de paître ses brebis et il lui prédit même qu’il souffrirait le martyre, ce qui marquait que la fidélité de Saint Pierre serait désormais à tout épreuve.

Dieu pardonne toujours à ceux qui se repentent véritablement, il leur accorde même de nouvelles grâces, mais le devoir de ceux à qui il a ainsi pardonné c’est de lui marquer leur fidélité pendant toute leur vie par un zèle et par un attachement inviolable.

Enfin, le Seigneur prédit que St. Jean demeurerait jusqu’au temps de sa venue, cela signifiait que cet apôtre vivrait jusqu’à ce qu’il eût vu la destruction de Jérusalem et la ruine des Juifs.

Ce fut là un privilège que Jésus-Christ voulut accorder à ce disciple qu’il aimait. Cette promesse fut accomplie, St. Jean parvint à une vieillesse fort avancée, il vécut longtemps après tous les autres apôtres et environ trente ans après la ruine de Jérusalem et il vit avant sa mort l’accomplissement de tout ce qu’il avait entendu dire à notre Seigneur touchant cette ruine et l’établissement de son règne.

LES ACTES DES SAINTS APOTRES

Détails
Catégorie parente: Bible
Catégorie : Nouveau Testament
  • Actes des Saints Apôtres

ARGUMENT 

St. Luc raconte dans ce livre comment la religion chrétienne s’établit après l’ascension de Jésus-Christ, premièrement à Jérusalem et ensuite en divers autres lieux par le moyen des apôtres et principalement par le ministère de Saint Pierre et de Saint Paul. Cette histoire comprend le temps qui s’est écoulé depuis l’ascension de Jésus-Christ jusqu’au premier emprisonnement de St. Paul à Rome, ce qui fait l’espace d’environ vingt-huit ans. 

 Chapitres  Chapitre I.   Chapitre II.  Chapitre III.   Chapitre IV.   Chapitre V.   Chapitre VI.   Chapitre VII. Chapitre VIII.  Chapitre IX. Chapitre X.  Chapitre XI.   Chapitre XII.  Chapitre XIII.   Chapitre XIV. Chapitre XV.  Chapitre XVI.  Chapitre XVII.  Chapitre XVIII.  Chapitre XIX.   Chapitre XX.   Chapitre XXI.  Chapitre XXII.   Chapitre XXIII.   Chapitre XXIV.   Chapitre XXV.   Chapitre XXVI. Chapitre XXVII.  Chapitre XXVIII.  Livres du Nouveau Testament.

CHAPITRE I.

Dans le premier chapitre, Saint Luc rapporte deux choses : I. L’ascension de notre Seigneur. II. L’établissement de Saint Matthias dans la charge d’apôtre. 

1 J’ai parlé dans mon premier livre, ô Théophile, de toutes les choses que Jésus a faites et a enseignées,

2 Jusqu’au jour qu’il fut élevé dans le ciel, après avoir donné ses ordres, par le Saint-Esprit, aux apôtres qu’il avait choisis ;

3 auxquels aussi, après qu’il eut souffert, il se montra lui-même vivant, et leur en donna plusieurs preuves, se faisant voir à eux pendant quarante jours, et leur parlant de ce qui regarde le royaume de Dieu.

4 Et les ayant assemblés, il leur commanda de ne point partir de Jérusalem, mais d’y attendre la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez ouïe de moi.

5 Car Jean a baptisé d’eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit dans peu de jours.

6 Eux donc, étant assemblés, lui demandèrent : Seigneur, sera-ce en ce temps que tu rétabliras le royaume d’Israël ?

7 Mais il leur dit : Ce n’est pas à vous de savoir les temps ou les moments dont le Père a réservé la disposition à sa propre puissance.

8 Mais vous recevrez la vertu du Saint-Esprit, qui descendra sur vous ; et vous me servirez de témoins, tant à Jérusalem que dans toute la Judée, et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre.

9 Et après qu’il eut dit ces paroles, il fut élevé pendant qu’ils le regardaient, et une nuée l’emporta de devant leurs yeux.

10 Et comme ils avaient les yeux attachés au ciel pendant qu’il y montait, deux hommes se présentèrent devant eux en vêtements blancs,

11 Et leur dirent : Hommes Galiléens, pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel ? Ce Jésus, qui a été enlevé d’avec vous dans le ciel, en reviendra de la même manière que vous l’y avez vu monter.

12 Alors ils s’en retournèrent à Jérusalem, de la montagne qu’on appelle des Oliviers, qui est près de Jérusalem, l’espace du chemin d'un sabbat.

13 Et quand ils furent arrivés, ils montèrent dans une chambre haute, où demeuraient Pierre, Jacques, Jean, André, Philippe, Thomas, Barthélemi, Matthieu. Jacques, fils d’Alphée, Simon Zélote, et Jude, frère de Jacques.

14 Tous ceux-là persévéraient d’un commun accord dans la prière et dans l’oraison, avec les femmes, et Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.

15 En ces jours-là Pierre se leva au milieu des disciples, qui étaient assemblés au nombre d’environ cent vingt personnes, et il leur dit :

16 Mes frères, il fallait que ce que le Saint-Esprit a prédit dans l’Ecriture, par la bouche de David, touchant Judas, qui a été le conducteur de ceux qui ont pris Jésus, fût accompli.

17 Car il était de notre nombre, et il avait eu sa part à ce ministère.

18 Mais, après avoir acquis un champ, du salaire de son crime, il s’est précipité, il a crevé par le milieu, et toutes ses entrailles ont été répandues ;

19 ce qui a été si connu de tous les habitants de Jérusalem, que ce champ-là a été appelé en leur propre langue, Haceldama, c’est-à-dire, le champ du sang.

20 Aussi est-il écrit dans le livre des psaumes : Que sa demeure devienne déserte, et qu’il n’y ait personne qui l’habite ; et : Qu’un autre prenne sa charge.

21 Il faut donc que de ceux qui ont été avec nous pendant tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu parmi nous,

22 depuis le baptême de Jean, jusqu’au jour que le Seigneur a été enlevé d’avec nous, il y en ait un qui soit témoin avec nous de sa résurrection.

23 Alors ils en présentèrent deux : Joseph, appelé Barsabas, surnommé Juste, et Matthias.

24 Et priant, ils dirent : Toi, Seigneur, qui connais les cœurs de tous, montre-nous lequel de ces deux tu as choisi ;

25 afin qu’il ait part au ministère et à l’apostolat que Judas a abandonné pour s’en aller en son lieu.

26 Et ils jetèrent le sort sur eux ; et le sort tomba sur Matthias, qui, d’un commun accord, fut mis au rang des onze apôtres. 

REFLEXIONS

La première partie de ce chapitre nous apprend que notre Seigneur, étant ressuscité, demeura pendant quarante jours sur la terre pour persuader d’autant mieux les apôtres de la vérité de sa résurrection et pour leur donner les instructions qui leur étaient nécessaires. Au bout de ces quarante jours, il fut élevé au Ciel en leur présence parce qu’ils devaient être tous témoins de cet événement et des anges leur apparurent alors qui les assurèrent que Jésus était monté au Ciel et qu’il en reviendrait au dernier jour. Nous avons en cela des preuves très convaincantes de l’ascension de Jésus-Christ et de la certitude   de son dernier retour. Ces vérités étant attestées par le témoignage des apôtres, par celui des anges aussi bien que par des effets merveilleux qui suivirent l’élévation de Jésus-Christ dans la gloire céleste. Notre Seigneur étant ainsi monté au Ciel, tous les hommes doivent reconnaître qu’il a une souveraine puissance sur toutes choses et que son règne est spirituel et céleste. Cela doit aussi nous engager à avoir sans cesse nos pensées et nos désirs élevés vers ce séjour glorieux où notre Seigneur est à la droite de Dieu son Père et où il nous prépare des demeures éternelles et à vivre une pratique continuelle de la piété en attendant son retour.

Dans la seconde partie de ce chapitre, il y a deux choses principales à remarquer :

L’une que les assemblées religieuses sont autorisées par l’exemple des apôtres et des premiers disciples de Jésus-Christ, lesquels, après que notre Seigneur fut monté au Ciel, étaient ordinairement assemblés pour vaquer à la prière et à l’oraison.

L’autre que, comme Jésus avait choisi douze apôtres, l’un des premiers soins de St. Pierre et de ses collègues fut d’établir un apôtre à la place de Judas, que pour cet effet ils présentèrent deux hommes qui avaient été les témoins de la vie et de la résurrection de Jésus-Christ, mais qu’ils jetèrent le sort sur eux et qu’ils prièrent le Seigneur de montrer lequel des deux il avait élu, parce que les apôtres devaient être choisis immédiatement par Jésus-Christ lui-même.

CHAPITRE II.

Saint Luc rapporte quatre choses dans ce chapitre : I. Comment les apôtres reçurent le Saint-Esprit le jour de la Pentecôte. II. Le discours que Saint Pierre fit aux Juifs ce jour-là. III. L’effet de ce discours qui fut la conversion de trois milles personnes. IV. L’état où était alors l’église de Jérusalem. 

1 Le jour de la Pentecôte étant arrivé, ils étaient tous d’un accord dans un même lieu.

2 Alors il se fit tout à coup un bruit qui venait du ciel, comme le bruit d’un vent qui souffle avec impétuosité ; et il remplit toute la maison où ils étaient.

3 Et ils virent paraître des langues séparées les unes des autres, qui étaient comme de feu, et qui se posèrent sur chacun d’eux.

4 Et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils commencèrent à parler des langues étrangères, selon que l’Esprit les faisait parler.

5 Or, il y avait alors à Jérusalem des Juifs craignant Dieu, de toutes les nations qui sont sous le ciel.

6 Après donc que le bruit s’en fut répandu, il s’assembla une multitude de gens, qui furent tout étonnés de ce que chacun d’eux les entendait parler en sa propre langue.

7 Et ils en étaient tous hors d’eux-mêmes et dans l’admiration, se disant les uns aux autres : Ces gens-là qui parlent, ne sont-ils pas tous Galiléens ?

8 Comment donc les entendons-nous parler chacun la propre langue du pays où nous sommes nés ?

9 Parthes, Mèdes, Elamites, ceux qui habitent la Mésopotamie, la Judée, la Cappadoce, le Pont et l’Asie,

10 la Phrygie, la Pamphylie, l’Egypte, les quartiers de la Libye qui est près de Cyrène, et ceux qui sont venus de Rome ;

11 tant Juifs que Prosélytes, Crétois et Arabes, nous les entendons parler en nos langues des choses magnifiques de Dieu.

12 Ils étaient donc tous étonnés, et ne savaient que penser, se disant l’un à l’autre : Que veut dire ceci ?

13 Et les autres, se moquant, disaient : C’est qu’ils sont pleins de vin doux.

14 Mais Pierre, se présentant avec les onze, éleva sa voix, et leur dit : Hommes Juifs, et vous tous qui habitez à Jérusalem, sachez ceci, et écoutez avec attention mes paroles :

15 Ces gens-ci ne sont point ivres, comme vous le pensez, puisqu’il n’est encore que la troisième heure du jour.

16 Mais c’est ici ce qui a été prédit par le prophète Joël :

17 Il arrivera dans les derniers jours, dit Dieu, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair ; vos fils prophétiseront, et vos filles aussi ; vos jeunes gens auront des visions, et vos vieillards auront des songes.

18 Et dans ces jours-là, je répandrai de mon Esprit sur mes serviteurs et sur mes servantes, et ils prophétiseront ;

19 et je ferai des prodiges en haut dans le ciel, et des signes en bas sur la terre, du sang et du feu, et une vapeur de fumée ;

20 le soleil sera changé en ténèbres, et la lune en sang, avant que le grand et illustre jour du Seigneur vienne ;

21 et il arrivera que quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé.

22 Hommes Israélites, écoutez ceci : Jésus le Nazarien, homme approuvé de Dieu parmi vous par les effets de sa puissance, par les merveilles et par les miracles que Dieu a faits par lui au milieu de vous, comme vous le savez vous-mêmes ;

23 ce Jésus ayant été livré par la volonté déterminée et selon la prescience de Dieu, vous l’avez pris, et vous l’avez fait mourir par les mains des méchants, l’ayant attaché à la croix.

24 Mais Dieu l’a ressuscité, ayant rompu les liens de la mort, parce qu’il n’était pas possible qu’il y fût retenu.

25 Car David dit de lui : Je voyais toujours le Seigneur devant moi, parce qu’il est à ma droite, afin que je ne sois point ébranlé.

26 C’est pour cela que mon cœur s’est réjoui, et que ma langue a fait éclater sa joie, et même ma chair reposera dans l’espérance ;

27 parce que tu ne me laisseras point dans le sépulcre, et tu ne permettras point que ton Saint sente la corruption.

28 Tu m’as fait connaître le chemin de la vie : tu me rempliras de joie en me faisant voir ta face.

29 Mes frères, je puis bien vous dire avec assurance, touchant le patriarche David, qu’il est mort, et qu’il a été enseveli, et que son sépulcre est encore aujourd’hui parmi nous.

30 Mais étant prophète, et sachant que Dieu lui avait promis avec serment qu’il ferait naître le Christ de sa postérité selon la chair, pour le faire asseoir sur son trône ;

31 prévoyant cela, il a parlé de la résurrection du Christ, disant, qu’il n’a point été laissé dans le sépulcre, et que sa chair n’a point senti la corruption.

32 Dieu a ressuscité ce Jésus ; et nous en sommes tous témoins.

33 Après donc qu’il a été élevé par la droite de Dieu, et qu’il a reçu de son Père le Saint-Esprit qui avait été promis, il a répandu ce que vous voyez et que vous entendez maintenant.

34 Car David n’est point monté au ciel, mais il a dit lui-même : L’Eternel a dit à mon Seigneur : Assieds-toi à ma droite,

35 jusqu’à ce que j’aie mis tes ennemis pour te servir de marchepied.

36 Que toute la maison d’Israël sache donc certainement que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que vous avez crucifié.

37 Ayant ouï ces choses, ils furent touchés de componction en leur cœur, et ils dirent à Pierre et aux autres apôtres : Hommes frères, que ferons-nous ?

38 Et Pierre leur dit : Convertissez-vous ; et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ, pour obtenir la rémission des péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit.

39 Car la promesse a été faite à vous et à vos enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur notre Dieu en appellera.

40 Et il les pressait par plusieurs autres discours, et les exhortait, en leur disant : Sauvez-vous du milieu de cette race perverse.

41 Ceux donc qui reçurent de bon cœur sa parole, furent baptisés ; et il y eut environ trois mille personnes qui furent ajoutées ce jour-là à l’Eglise.

42 Or, ils persévéraient tous dans la doctrine des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain et dans les prières.

43 Et tout le monde avait de la crainte, et il se faisait beaucoup de miracles et de prodiges par les apôtres.

44 Et tous ceux qui croyaient, étaient ensemble dans un même lieu, et avaient toutes choses communes ;

45 ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon le besoin que chacun en avait.

46 Et ils étaient tous les jours assidus au temple d’un commun accord ; et rompant le pain de maison en maison, ils prenaient leurs repas avec joie et simplicité de cœur ;

47 louant Dieu, et étant agréables à tout le peuple ; et le Seigneur ajoutait tous les jours à l’Eglise des gens pour être sauvés.

REFLEXIONS

Il faut remarquer en premier lieu sur ce chapitre que Jésus-Christ, en faisant descendre le Saint-Esprit sur les apôtres, accomplit les promesses qu’il leur avait faites de leur envoyer cet Esprit après son départ et qu’il leur donna en cela des preuves certaines et indubitables de son élévation au Ciel. Il leur communiqua le don de parler toutes sortes de langues pour leur montrer qu’ils devaient annoncer l’Évangile à tous les peuples du monde et pour les mettre en état de le faire. Et cette merveille arriva un jour solennel et en présence d’une grande multitude de personnes qui étaient venues à Jérusalem de divers pays étrangers, afin que le bruit de cet événement miraculeux se répandît de tous côtés et que cela servit à faire recevoir la prédication des apôtres.

II. Le but de ce discours que St. Pierre fit aux Juifs était de leur apprendre que ce qui venait d’arriver avait été prédit par le prophète Joël, que ce Jésus qu’ils avaient crucifié était ressuscité, que Dieu l’avait élevé au Ciel, que c’était lui qui venait de répandre sur les apôtres le don de parler diverses langues et que tous les hommes devaient le regarder comme le Messie et comme leur Seigneur et leur Roi. C’est aussi là la substance de l’Évangile et ce qu’il faut croire touchant Jésus-Christ.

III. La conversion de ces trois mille Juifs qui reçurent le baptême en ce jour-là fut une preuve admirable de l’efficace de la prédication de Saint Pierre et leur exemple nous montre qu’une vive componction de cœur et une humble docilité qui dispose le pécheur à suivre tout ce qu’il plaira à Dieu de lui prescrire est le caractère des vrais pénitents et le sûr moyen de s’amender et d’entrer dans les voies du salut.

IV. Enfin, on doit faire l’attention la plus sérieuse à ce que Saint Luc rapporte dans ce chapitre de la piété de ces premiers chrétiens, de leur assiduité à la prière, à la célébration de l’eucharistie et aux autres exercices religieux, de l’union admirable qu’il y avait entre eux, de leur charité et en général de l’innocence et de la simplicité de leurs mœurs. À tous ces égards, ces anciens fidèles qui composaient l’église de Jérusalem doivent servir de modèle à toutes les églises et à apprendre aux chrétiens de tous les temps à être zélés et assidus à la prière et à toutes les parties du service divin, à vivre dans la paix et dans la concorde, à pratiquer les œuvres de charité et à se rendre agréable à Dieu et aux hommes par des mœurs pures et par la sainteté de leur conduite. 

CHAPITRE III.

Ce chapitre contient : Le récit d’un miracle que Saint Pierre fit en guérissant un homme perclus de ses membres. Ce que cet apôtre dit aux Juifs pour leur apprendre que ce miracle avait été fait au nom de Jésus-Christ.

 1 Quelques jours après, Pierre et Jean montaient ensemble au temple à l’heure de la prière, qui était la neuvième du jour.

2 Et il y avait un homme qui était impotent dès sa naissance, qu’on portait, et qu’on mettait tous les jours à la porte du temple appelée la belle porte, pour demander l’aumône à ceux qui entraient dans le temple.

3 Cet homme, voyant Pierre et Jean qui allaient entrer dans le temple, les pria de lui donner l’aumône.

4 Mais Pierre et Jean ayant les yeux arrêtés sur lui, Pierre lui dit : Regarde-nous.

5 Et il les regardait attentivement, s’attendant à recevoir quelque chose d’eux.

6 Alors Pierre lui dit : Je n’ai ni argent, ni or ; mais ce que j’ai, je te le donne ; au nom de Jésus-Christ de Nazareth, lève-toi et marche.

7 Et l’ayant pris par la main droite, il le leva ; et à l'instant les plantes et les chevilles de ses pieds devinrent fermes ;

8 et il se leva debout en sautant, il marcha, et il entra avec eux dans le temple, marchant, sautant et louant Dieu.

9 Et tout le peuple le vit qui marchait et qui louait Dieu.

10 Et ils reconnurent que c’était celui-là même qui était à la belle porte du temple, pour demander l’aumône ; et ils furent remplis d’admiration et d’étonnement de ce qui lui était arrivé.

11 Et comme l’impotent qui avait été guéri, tenait par la main Pierre et Jean, tout le peuple étonné courut à eux au portique qu'on appelle de Salomon.

12 Mais Pierre, voyant cela, dit au peuple : Hommes Israélites, pourquoi vous étonnez-vous de ceci ? ou pourquoi avez-vous les yeux arrêtés sur nous, comme si c’était par notre propre puissance, ou par notre piété que nous eussions fait marcher cet homme ?

13 Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son Fils Jésus, que vous avez livré et renié devant Pilate, quoiqu’il jugeât qu’il devait être relâché.

14 Mais vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accordât un meurtrier ;

15 et vous avez fait mourir le Prince de la vie, que Dieu a ressuscité des morts : de quoi nous sommes témoins.

16 C’est par la foi en son nom, que son nom a raffermi cet homme que vous voyez et que vous connaissez ; et c’est la foi que nous avons en lui qui a opéré dans cet homme cette parfaite guérison en présence de vous tous.

17 Et maintenant, mes frères, je sais que vous l’avez fait par ignorance, aussi bien que vos conducteurs.

18 Mais c’est ainsi que Dieu a accompli ce qu’il avait prédit par la bouche de tous ses prophètes, que le Christ devait souffrir.

19 Amendez-vous donc et vous convertissez, afin que vos péchés soient effacés.

20 Quand les temps du rafraîchissement seront venus de la part du Seigneur, et qu’il aura envoyé Jésus-Christ, qui vous a été annoncé auparavant,

21 lequel il faut que le ciel contienne jusqu’au temps du rétablissement de toutes les choses, dont Dieu a parlé par la bouche de tous ses saints prophètes, dès le commencement.

22 Car Moïse a dit à nos pères : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera, d’entre vos frères, un prophète comme moi, écoutez-le en tout ce qu’il vous dira.

23 Et quiconque n’écoutera pas ce prophète, sera exterminé du milieu de son peuple.

24 Tous les prophètes qui ont parlé depuis Samuel, et ceux qui l’ont suivi, ont aussi prédit ces jours-ci.

25 Vous êtes les enfants des prophètes, et de l’alliance que Dieu a traitée avec nos pères, en disant à Abraham : Toutes les familles de la terre seront bénies en ta postérité.

26 C’est pour vous premièrement que Dieu, ayant suscité son Fils Jésus, l'a envoyé pour vous bénir, en retirant chacun de vous de vos iniquités. 

REFLEXIONS

L’histoire de la guérison de cet homme qui était perclus montre qu’aussitôt après l’ascension de notre Seigneur, les apôtres firent voir aux yeux de tous les Juifs par des miracles éclatants que Jésus-Christ était élevé au Ciel et qu’il leur avait donné le pouvoir de faire des miracles semblables aux siens. Ce fut par ce moyen que l’Évangile continua à faire de grands progrès dans la ville de Jérusalem, tout le peuple ayant été rempli d’admiration à la vue de cette guérison miraculeuse.

II. On doit remarquer après cela dans le discours de St. Pierre le zèle et la hardiesse avec laquelle cet apôtre reprocha aux Juifs le crime qu’ils avaient commis en crucifiant Jésus-Christ et leur déclara ouvertement que ce Jésus était le Messie dont tous les prophètes avaient prédit la venue. C’est ainsi qu’il faut toujours confesser le nom de notre Seigneur et rendre un témoignage authentique à la vérité.

III. On voit ici que bien que les Juifs eussent crucifié le fils de Dieu, Pierre ne laissa pas de les exhorter à la repentance et qu’il leur promet que leurs péchés seraient effacés pourvu qu’ils se convertissent et qu’ils ne s’obstinassent pas dans leur incrédulité. D’où nous devons recueillir que le retour à la grâce de Dieu est ouvert à tous ceux qui se repentent et qui s’amendent, quelques coupables qu’ils soient.

IV. Enfin, Saint Pierre nous apprend que Jésus est ce grand prophète dont Moïse avait parlé et duquel Dieu a dit : qu’on doit l’écouter en tout ce qu’il dira et que ceux qui refuseront de l’écouter seront retranchés de son peuple.

C’est cela même que Saint Pierre marque dans le dernier verset de ce chapitre en disant : que Dieu a envoyé son fils Jésus pour nous bénir en nous retirant chacun de nous de nos péchés.

Le but de l’envoi du fils de Dieu a donc été de retirer les hommes de leurs vices et ce n’est que par là qu’ils peuvent avoir part à la bénédiction que ce grand Sauveur a apportée au monde. 

CHAPITRE IV.

Saint Luc rapporte : I. L’emprisonnement de St. Pierre et de St. Jean. II. Leur comparution devant le conseil des Juifs, et ce qui s’y passa. III. Une prière qu’ils firent à Dieu après qu’on leur eut défendu avec de sévères menaces de plus parler au nom de Jésus-Christ. IV. L’état de l’église de Jérusalem et surtout de l’admirable charité qui y régnait. 

1 Mais comme Pierre et Jean parlaient au peuple, les sacrificateurs, le capitaine du temple et les sadducéens survinrent,

2 étant fort en peine de ce qu’ils enseignaient le peuple, et de ce qu’ils annonçaient la résurrection des morts au nom de Jésus.

3 Et s’étant saisis d’eux, ils les mirent en prison jusqu’au lendemain, parce qu’il était déjà tard.

4 Cependant, plusieurs de ceux qui avaient entendu la parole, crurent, et le nombre de ces personnes fut d’environ cinq mille.

5 Mais il arriva, le lendemain, que les chefs du peuple, les sénateurs et les scribes s’assemblèrent à Jérusalem,

6 Avec Anne, le souverain sacrificateur, Caïphe, Jean, Alexandre et tous ceux qui étaient de la race sacerdotale ;

7 et ayant fait paraître au milieu d’eux Pierre et Jean, ils leur dirent : Par quel pouvoir, ou au nom de qui avez-vous fait ceci ?

8 Alors Pierre, rempli du Saint-Esprit, leur dit : Chefs du peuple, et vous, sénateurs d’Israël,

9 puisque nous sommes aujourd’hui recherchés pour avoir fait du bien à un homme impotent, afin de savoir par quel moyen il a été guéri ;

10 sachez, vous tous, et tout le peuple d’Israël, que c’est au nom de Jésus-Christ de Nazareth, que vous avez crucifié et que Dieu a ressuscité des morts ; c’est par lui que cet homme se présente guéri devant vous.

11 C’est cette pierre qui a été rejetée par vous qui bâtissez, qui a été faite la principale pierre de l’angle.

12 Et il n’y a point de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné aux hommes, par lequel nous devions être sauvés.

13 Eux voyant la hardiesse de Pierre et de Jean, et sachant que c’étaient des hommes sans lettres et du commun peuple, ils étaient dans l’étonnement, et ils reconnaissaient qu’ils avaient été avec Jésus.

14 Et voyant que l’homme qui avait été guéri était présent avec eux, ils n’avaient rien à opposer.

15 Alors leur ayant commandé de sortir du conseil, ils consultèrent entre eux,

16 disant : Que ferons-nous à ces gens-ci ? car c’est une chose connue à tous les habitants de Jérusalem, qu’ils ont fait un miracle ; cela est évident, et nous ne pouvons pas le nier.

17 Mais afin que cela ne se répande pas davantage parmi le peuple, défendons-leur, avec de grandes menaces, de parler à qui que ce soit en ce nom-là.

18 Et les ayant rappelés, ils leur défendirent absolument de parler, ni d’enseigner en aucune manière au nom de Jésus.

19 Mais Pierre et Jean leur répondirent : Jugez vous-mêmes s’il est juste devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu.

20 Car pour nous, nous ne pouvons pas ne point parler des choses que nous avons vues et que nous avons entendues.

21 Ils les renvoyèrent donc avec de grandes menaces, ne trouvant pas le moyen de les punir à cause du peuple ; parce que tous glorifiaient Dieu de ce qui était arrivé.

22 Car l’homme sur qui cette miraculeuse guérison avait été faite, avait plus de quarante ans.

23 Après qu’on les eut laissés aller, ils vinrent vers leurs frères, et leur racontèrent tout ce que les principaux sacrificateurs et les sénateurs leur avaient dit.

24 Ce qu’ayant entendu, ils élevèrent tous d’un accord leur voix à Dieu, et dirent : Seigneur, tu es le Dieu qui a fait le ciel, la terre, et la mer, et toutes les choses qui y sont ;

25 et qui a dit par la bouche de David ton serviteur : Pourquoi les nations se sont-elles émues, et pourquoi les peuples ont-ils projeté des choses vaines ?

26 Les rois de la terre se sont soulevés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur et contre son Oint.

27 Car en effet, Hérode et Ponce-Pilate, avec les Gentils et le peuple d’Israël, se sont assemblés contre ton saint Fils Jésus, que tu as oint,

28 Pour faire toutes les choses que ta main et ton conseil avaient auparavant déterminé devoir être faites.

29 Maintenant donc, Seigneur, regarde à leurs menaces, et donne à tes serviteurs d’annoncer ta parole avec une pleine hardiesse ;

30 en étendant ta main, afin qu’il se fasse des guérisons, des miracles et des merveilles par le nom de ton Saint Fils Jésus.

31 Lorsqu’ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ; et ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse.

32 Or, la multitude de ceux qui avaient cru n’était qu’un cœur et qu’une âme ; et personne ne disait que ce qu’il possédait fût à lui en particulier ; mais toutes choses étaient communes entre eux.

33 Et les apôtres rendaient témoignage, avec beaucoup de force, de la résurrection du Seigneur Jésus ; et il y avait une grande grâce sur eux tous.

34 Car il n’y avait personne parmi eux qui fût dans l’indigence ; parce que tous ceux qui possédaient des fonds de terre, ou des maisons, les vendaient, et apportaient le prix de ce qu’ils avaient vendu.

35 Ils le mettaient aux pieds des apôtres ; et on le distribuait à chacun selon qu’il en avait besoin.

36 Ainsi Joses, surnommé par les apôtres Barnabas, c’est-à-dire fils de consolation, qui était lévite et originaire de Chypre,

37 ayant un fonds de terre, le vendit, et en apporta le prix, et le mit aux pieds des apôtres. 

REFLEXIONS

On voit premièrement dans ce chapitre l’accomplissement de ce que Jésus-Christ avait prédit aux apôtres, savoir qu’ils seraient mis en prison et menés devant les magistrats à cause de lui, mais on remarque aussi que les rigueurs qu’on exerçait contre eux n’ébranlaient point leur confiance et que le nombre de chrétiens croissait chaque jour nonobstant les oppositions des Juifs.

II. Les apôtres paraissant devant le conseil y parlèrent avec sainte hardiesse et avec tant de force que leurs ennemis en étaient étonnés et qu’ils n’avaient rien à leur opposer. C’est là un effet de la vertu divine dont les apôtres étaient revêtus et des promesses que Jésus-Christ leur avaient faites de les fortifier et de leur donner une sagesse à laquelle personne ne pourrait résister.

III. St. Pierre et St. Jean firent encore paraître leur zèle lorsque le magistrat leur ayant défendu de plus annoncer l’Évangile, ils répondirent : qu’il n’était pas juste d’obéir aux hommes plutôt qu’à Dieu.

Cette généreuse résolution des apôtres montre qu’il n’y a rien au monde qui doive nous empêcher d’obéir à Dieu et qu’en particulier les ministres du Seigneur, qui par des égards mondains ou par la crainte des hommes n’osent pas dire et faire tout ce que Dieu leur commande, sont des lâches et des prévaricateurs.

IV. On voit dans l’ardente prière que les apôtres présentèrent à Dieu pour implorer son secours, le courage et la confiance dont ils étaient animés. Et les marques que Dieu leur donna de sa présence et de sa faveur en faisant trembler le lieu où ils étaient assemblés les assurèrent que Dieu agréait et exauçait leur prière et qu’il les couvrirait de sa protection. On a toujours un secours puissant et une ressource sûre dans la prière lorsqu’on craint Dieu et qu’on n’a en vue que sa gloire. Dieu ne manque jamais d’exaucer ceux qui l’invoquent ainsi et quand on défend sa cause, on doit se mettre peu en peine des vains efforts des hommes.

V. Ce qui est dit sur la fin de ce chapitre de l’union qu’il y avait entre les fidèles de Jérusalem et de l’usage qu’ils faisaient de leurs biens fait voir que l’esprit du christianisme est un esprit de paix et de concorde, que les vrais chrétiens ne sont qu’un cœur et qu’une âme et qu’ils exercent avec plaisir et libéralement la charité envers les nécessiteux. 

CHAPITRE V.

St Luc fait l’histoire du péché d’Ananias et de Saphira et de la punition que Dieu en fit. II. Il parle ensuite des miracles des apôtres et des progrès merveilleux que l’Évangile faisait à Jérusalem. III. Les apôtres sont mis en prison une seconde fois, mais Dieu les en délivre par un ange et ils continuent à annoncer l’Évangile. IV. Ils paraissent encore devant le conseil qui les condamne à être fouettés et qui leur défend de plus parler de Jésus-Christ et de sa doctrine. 

1 Mais un certain homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une possession ;

2 et il retint une partie du prix, du consentement de sa femme, et il en apporta le reste, et le mit aux pieds des apôtres.

3 Mais Pierre lui dit : Ananias, pourquoi Satan s’est-il emparé de ton cœur, pour te faire mentir au Saint-Esprit, et détourner une partie du prix de ce fonds de terre ?

4 Si tu l’eusses gardé, ne te demeurait-il pas ? et l’ayant vendu, n’était-il pas en ton pouvoir d’en garder le prix ? Comment cela a-t-il pu entrer dans ton cœur ? Ce n’est pas aux hommes que tu as menti, mais c’est à Dieu.

5 Ananias, à l’ouïe de ces paroles, tomba, et rendit l’esprit ; ce qui causa une grande crainte à tous ceux qui en entendirent parler.

6 Et quelques jeunes gens se levant, le prirent, l’emportèrent, et l’ensevelirent.

7 Environ trois heures après, sa femme ne sachant rien de ce qui était arrivé, entra.

8 Et Pierre prenant la parole, lui dit : Dis-moi, avez-vous vendu le fonds de terre autant ? Et elle dit : Oui, nous l’avons vendu autant.

9 Alors Pierre lui dit : Pourquoi vous êtes-vous accordés ensemble pour tenter l’Esprit du Seigneur ? Voilà, ceux qui ont enseveli ton mari sont à la porte, et ils t’emporteront.

10 Au même instant elle tomba à ses pieds et rendit l’esprit. Et ces jeunes gens étant entrés, ils la trouvèrent morte, et ils l’emportèrent, et l’ensevelirent auprès de son mari.

11 Cela donna une grande crainte à toute l’Eglise et à tous ceux qui en entendirent parler.

12 Et il se faisait beaucoup de miracles et de prodiges parmi le peuple, par le moyen des apôtres, et ils étaient tous d’un accord dans le portique de Salomon.

13 Et aucun des autres n’osait se joindre à eux, mais le peuple leur donnait de grandes louanges.

14 Et la multitude de ceux qui croyaient au Seigneur, tant des hommes que des femmes, s’augmentait de plus en plus ;

15 jusque-là qu’on apportait les malades dans les rues, et on les mettait sur des lits et sur des couchettes, afin que quand Pierre viendrait à passer, son ombre du moins en couvrît quelques-uns.

16 Le peuple des villes voisines venait aussi en foule à Jérusalem ; et on y apportait les malades, et ceux qui étaient tourmentés par les esprits immondes, et tous étaient guéris.

17 Alors le souverain sacrificateur et tous ceux qui étaient avec lui, lesquels étaient de la secte des sadducéens, se levèrent et furent remplis d’envie.

18 Et ils se saisirent des apôtres, et les mirent dans la prison publique.

19 Mais un ange du Seigneur ouvrit, pendant la nuit, les portes de la prison, et les ayant fait sortir, il leur dit :

20 Allez, et vous présentant dans le temple, annoncez au peuple toutes les paroles de cette doctrine de la vie.

21 Ce qu’ayant ouï, ils entrèrent, dès le point du jour, dans le temple, et ils y enseignaient. Cependant le souverain sacrificateur étant arrivé, et ceux qui étaient avec lui, ils assemblèrent le conseil et tous les sénateurs du peuple d’Israël ; et ils envoyèrent à la prison pour faire amener les apôtres.

22 Mais les sergents y étant allés, ils ne les trouvèrent point dans la prison ; ainsi ils s’en retournèrent, et firent leur rapport,

23 Disant : Nous avons trouvé la prison bien fermée, et les gardes dehors, devant les portes ; mais l’ayant ouverte, nous n’avons trouvé personne dedans.

24 Le souverain sacrificateur, le capitaine du temple et les principaux sacrificateurs, ayant ouï cela, furent fort en peine au sujet des apôtres, ne sachant ce qui arriverait de tout cela.

25 Mais quelqu’un survint, qui leur fit ce rapport : Voilà ces gens que vous aviez mis en prison, qui sont dans le temple, et qui enseignent le peuple.

26 Alors le capitaine du temple, avec les huissiers, s’en alla, et il les amena, mais sans violence ; car ils craignaient d’être lapidés par le peuple.

27 Et les ayant amenés, ils les présentèrent au conseil. Et le souverain sacrificateur les interrogea, et leur dit :

28 Ne vous avons-nous pas défendu expressément d’enseigner en ce nom-là ? et vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire venir sur nous le sang de cet homme.

29 Mais Pierre et les autres apôtres répondirent : Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.

30 Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir, le pendant au bois.

31 C’est lui que Dieu a élevé à sa droite, pour être le Prince et le Sauveur, afin de donner à Israël la repentance et la rémission des péchés.

32 Et nous lui sommes témoins de ces choses, aussi bien que le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui obéissent.

33 Eux entendant cela, grinçaient les dents, et ils délibéraient de les faire mourir.

34 Mais un Pharisien, nommé Gamaliel, docteur de la loi, honoré de tout le peuple, se levant dans le conseil, commanda qu’on fît retirer les apôtres pour un peu de temps.

35 Et il leur dit : Hommes Israélites, prenez garde à ce que vous avez à faire à l’égard de ces gens.

36 Car il y a quelque temps que Theudas s’éleva, se disant être quelque chose ; auquel un nombre d’environ quatre cents hommes se joignit ; mais il fut tué, et tous ceux qui l’avaient cru furent dissipés et réduits à rien.

37 Après lui, s’éleva Judas le Galiléen, du temps du dénombrement, et il attira à lui un grand peuple ; mais il périt aussi, et tous ceux qui le crurent furent dispersés.

38 Je vous dis donc maintenant : Ne poursuivez plus ces gens-là, mais laissez-les en repos ; car si ce dessein est un ouvrage des hommes, il se détruira de lui-même ;

39 mais s’il vient de Dieu, vous ne pouvez le détruire, et prenez garde qu’il ne se trouve que vous avez fait la guerre à Dieu. Et ils furent de son avis.

40 Et ils firent rentrer les apôtres ; et après les avoir fait fouetter, ils leur défendirent de parler au nom de Jésus ; et ils les laissèrent aller.

41 Ils sortirent donc de devant le conseil, remplis de joie d’avoir été trouvés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus.

42 Et ils ne cessaient tous les jours d’enseigner et d’annoncer Jésus-Christ, dans le temple et de maison en maison. 

REFLEXIONS

Il y a trois réflexions à faire sur l’histoire d’Ananias.

I. La première, que Dieu frappa de mort cet homme et sa femme pour avoir menti à St. Pierre, afin de donner de la crainte à tous les membres de l’église, de soutenir l’autorité des apôtres dans les commencements de la prédication de l’Évangile et de faire voir la divinité de la doctrine qu’ils annonçaient.

II. La seconde, que Dieu connait les cœurs et les choses cachées, que quand même on pourrait tromper les hommes, on ne saurait le tromper et que ceux qui mentent aux hommes et en particulier à leurs conducteurs spirituels dans des occasions où l’on est obligé de dire la vérité, mentent à Dieu et s’exposent à sa vengeance.

III. La troisième, que c’est un très grand péché d’user de mensonge et de tromperie dans l’exercice de la charité. On est libre de donner ou de ne pas donner, mais quand on a consacré une chose à Dieu et à des usages de charité, il n’est pas permis de la reprendre, ni même d’en retenir la moindre partie.

Ce que St. Luc dit des miracles surprenants que les apôtres faisaient, de l’accroissement merveilleux de l’église de Jérusalem aussi bien que de l’amour et du respect que tout le monde avait pour les chrétiens est tout à fait remarquable. C’étaient là des preuves authentiques de la divinité de la doctrine chrétienne et de son efficace. Et puisque ces progrès de l’Évangile étaient le fruit, non seulement des miracles des apôtres, mais aussi de l’union qui régnait parmi les fidèles et de l’innocence de leurs mœurs, on voit par-là combien la bonne vie des chrétiens contribue à rendre la religion de Jésus-Christ honorable et à l’établir dans le monde.

Les apôtres furent emprisonnés pour la seconde fois en ce temps-là, mais Dieu leur fit ouvrir miraculeusement les portes de la prison par un ange. Cette nouvelle marque de la protection de Dieu devait les remplir d’assurance et faire voir à leurs ennemis que c’était en vain qu’ils s’opposaient à la prédication de l’Évangile. Après que les apôtres furent sortis de prison, ils allèrent enseigner dans le temple, nonobstant les défenses qui leur avaient été faites et étant appelés pour cela devant le conseil, ils y parlèrent avec beaucoup de sagesse et de fermeté en déclarant : qu’il fallait plutôt obéir à Dieu qu’aux hommes.

Ce courage et ce zèle des apôtres nous apprennent qu’il faut toujours suivre les mouvements de sa conscience sans s’effrayer des menaces des hommes et que les ordres où les défenses des magistrats ne doivent jamais nous arrêter quand il s’agit d’obéir à Dieu et de faire ce qu’il commande.

Il faut remarquer ensuite que le conseil étant irrité contre les apôtres voulait les faire mourir, mais que Dieu se servit des sages avis de Gamaliel pour les garantir du danger qui les menaçait. La manière dont ce sénateur parla dans le conseil doit nous faire reconnaitre que les avis modérés et pieux doivent être suivis, qu’il ne faut jamais rien faire par passion et par un zèle inconsidéré, surtout en matière de religion, que les entreprises dont Dieu n’est pas l’auteur se dissipent tôt ou tard d’elles-mêmes, mais que celles qui viennent de lui s’accomplissent infailliblement, malgré l’opposition des hommes et que ceux qui s’y opposent font la guerre à Dieu.

Enfin, l’on voit ici que les apôtres ayant été condamnés à être fouettés se réjouirent d’avoir eu l’honneur de souffrir cet opprobre pour Jésus-Christ et qu’ils continuèrent à prêcher l’Évangile. C’est ainsi qu’il faut souffrir constamment et même avec joie les maux auxquels on pourrait être exposés en faisant son devoir et s’en acquitter toujours avec persévérance. 

CHAPITRE VI.

Ce chapitre a deux parties : I. On lit dans la première l’établissement des diacres dont la charge était d’administrer les aumônes de l’église, et dans la seconde comment St. Étienne fut accusé devant le conseil des Juifs. 

1 En ce temps-là, comme les disciples se multipliaient, il s’éleva un murmure des Grecs contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans la distribution qui se faisait chaque jour.

2 C’est pourquoi les douze apôtres, ayant convoqué la multitude des disciples, leur dirent : Il n’est pas raisonnable que nous laissions la prédication de la parole de Dieu, pour servir aux tables.

3 Choisissez donc, frères, sept hommes d’entre vous, de qui l’on ait un bon témoignage, et qui soient pleins du Saint-Esprit et de sagesse, afin que nous leur commettions cet emploi.

4 Et pour nous, nous continuerons à vaquer à la prière et au ministère de la parole.

5 Cette proposition plut à toute l’assemblée ; et ils élurent Etienne, homme plein de foi et du Saint-Esprit, Philippe et Procore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas, prosélyte antiochien ;

6 et ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains.

7 Et la parole de Dieu se répandait, et le nombre des disciples se multipliait fort à Jérusalem. Il y avait même un grand nombre de sacrificateurs qui obéissaient à la foi.

8 Or, Etienne, plein de foi et de force, faisait de grands prodiges et de grands miracles parmi le peuple.

9 Mais quelques-uns de la synagogue, qu’on appelle la synagogue des affranchis, et de celle des Cyrénéens, des Alexandrins, et de ceux de Cilicie et d’Asie, s’élevèrent et disputaient contre Etienne.

10 Et ils ne pouvaient résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait.

11 Alors ils subornèrent des hommes, pour dire : Nous lui avons ouï proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu.

12 Et ils émurent le peuple, et les sénateurs, et les Scribes ; et se jetant sur lui, ils le saisirent par force et l’emmenèrent au conseil ;

13 Et ils produisirent de faux témoins, qui disaient : Cet homme-ci ne cesse de proférer des paroles blasphématoires contre ce saint lieu et contre la loi.

14 Car nous lui avons ouï dire que ce Jésus de Nazareth détruira ce lieu, et changera les ordonnances que Moïse nous a données.

15 Et comme tous ceux qui étaient assis au conseil avaient les yeux arrêtés sur lui, son visage leur parut semblable à celui d’un ange.

REFLEXIONS

On voit dans ce chapitre l’institution de la charge des diacres qui furent établis par les apôtres pour dispenser les charités des fidèles. Quoi que cette charge soit aujourd’hui abolie dans la plupart des églises chrétiennes par la faute des hommes et par le désordre qui y règne à divers égards, elle ne laisse pas d’être une institution divine et très utile pour l’édification de l’église.

II. Puisque Dieu voulut que l’administration des aumônes fut confiée à des gens sages et remplis du Saint-Esprit, il parait de là que la charité est un devoir très important, que les aumônes des fidèles doivent être distribuées avec beaucoup de prudence et de sagesse, que, pour cet effet, l’église doit commettre des gens intègres et craignant Dieu qui soient chargés de ce soin et qu’en général on ne doit mettre dans les charges ecclésiastiques que des personnes qui aient un bon témoignage et qui soient d’une probité reconnue.

III. L’on voit ici que St. Étienne, l’un des sept diacres qui était illustre par sa foi, par son zèle et par les miracles qu’il faisait ne tarda pas à éprouver la haine des Juifs. Il fut accusé d’être un ennemi de Dieu et de la loi de Moïse et amené devant le conseil pour y être condamné. Mais il y parut avec une sainte hardiesse et d’une manière qui étonna les juges.

C’est de tout temps que les gens de bien ont été exposés à la haine des méchants et à leurs calomnies, mais l’injustice et la violence dont on use contre eux ne les empêchent jamais de s’acquitter courageusement de leur devoir et de satisfaire aux engagements de leur vocation et de leur conscience. 

CHAPITRE VII.

Ce chapitre contient premièrement le discours que St. Étienne fit devant le conseil des Juifs. II. Le récit de son martyre et de sa mort. 

1 Alors le souverain sacrificateur dit à Etienne : Ces choses sont-elles ainsi ?

2 Et Etienne dit : Mes frères et mes pères, écoutez-moi. Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il demeurât à Carran ;

3 et il lui dit : Sors de ton pays et de ta parenté et viens dans le pays que je te montrerai.

4 Alors, étant sorti du pays des Chaldéens, il vint demeurer à Carran. De là, après que son père fut mort, Dieu le fit passer dans ce pays que vous habitez maintenant,

5 où il ne lui donna aucun fonds, non pas même un pied de terre ; mais il lui promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, lorsqu’il n’avait point encore d’enfant.

6 Et Dieu lui parla ainsi : Ta postérité habitera dans une terre étrangère pendant quatre cents ans ; et on la réduira en servitude, et on la maltraitera.

7 Mais je jugerai la nation qui les aura asservis, dit le Seigneur, et après cela ils sortiront, et me serviront en ce lieu-ci.

8 Puis il lui donna l’alliance de la circoncision ; et ensuite Abraham eut pour fils Isaac, qu’il circoncit le huitième jour, et Isaac eut Jacob, et Jacob les douze patriarches.

9 Et les patriarches, étant émus d’envie, vendirent Joseph pour être mené en Égypte ; mais Dieu fut avec lui.

10 Il le délivra de toutes ses afflictions, et, par la sagesse qu’il lui donna, il le rendit agréable à Pharaon, roi d’Égypte, qui l’établit gouverneur d’Égypte et de toute sa maison.

11 Alors il arriva une famine dans tout le pays d’Égypte, et en Canaan, et une grande misère, en sorte que nos pères ne pouvaient trouver des vivres.

12 Mais Jacob, ayant appris qu’il y avait du blé en Égypte, y envoya nos pères une première fois.

13 Et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères, et Pharaon sut quelle était l’extraction de Joseph.

14 Alors Joseph envoya quérir Jacob son père, et toute sa famille, qui consistait en soixante et quinze personnes.

15 Jacob donc descendit en Égypte et y mourut, lui et nos pères,

16 Qui furent transportés en Sichem, et mis dans le sépulcre qu’Abraham avait acheté à prix d’argent, des fils d’Hémor de Sichem.

17 Mais, comme le temps approchait, auquel devait s’accomplir la promesse que Dieu avait faite avec serment à Abraham, le peuple s’accrut et se multiplia beaucoup en Égypte,

18 Jusqu’à ce qu’il vint un autre roi en Égypte, qui n’avait point connu Joseph.

19 Ce roi, usant d’artifice contre notre nation, traita durement nos pères, jusqu’à leur faire exposer leurs enfants, afin d’en faire périr la race.

20 En ce temps-là Moïse naquit, qui était parfaitement beau, et qui fut nourri trois mois dans la maison de son père.

21 Ensuite, ayant été exposé, la fille de Pharaon le fit emporter, et le fit élever comme son fils.

22 Et Moïse fut instruit dans toutes les sciences des Égyptiens ; et il était puissant en paroles et en œuvres.

23 Mais quand il eut atteint l’âge de quarante ans, la pensée lui vint d’aller visiter ses frères, les enfants d’Israël.

24 Et voyant qu’on en maltraitait un sans sujet, il prit sa défense, et vengea celui qui était outragé, en tuant l’Égyptien.

25 Or, il croyait que ses frères comprendraient que Dieu les voulait délivrer par son moyen ; mais ils ne le comprirent point.

26 Le lendemain, il en vit quelques-uns d’eux qui se battaient, et il tâcha de les mettre d’accord, en leur disant : Ô hommes, vous êtes frères ; pourquoi vous maltraitez-vous l’un l’autre ?

27 Mais celui qui maltraitait son prochain, repoussa Moïse, en lui disant : Qui t’a établi prince et juge sur nous ?

28 Veux-tu me tuer, comme tu tuas hier l’Égyptien ?

29 A cette parole Moïse s’enfuit, et il demeura comme étranger au pays de Madian, où il eut deux fils.

30 Quarante ans après, l’ange du Seigneur lui apparut au désert de la montagne de Sina, dans la flamme d’un buisson qui était en feu.

31 Et quand Moïse le vit, il fut étonné de ce qu’il voyait ; et comme il s’approchait pour considérer ce que c’était, la voix du Seigneur lui fut adressée,

32 Qui lui dit : Je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, et le Dieu de Jacob. Et Moïse, tout tremblant, n’osait considérer ce que c’était.

33 Alors le Seigneur lui dit : Ôte les souliers de tes pieds ; car le lieu où tu es est une terre sainte.

34 J’ai vu, j’ai vu l’affliction de mon peuple qui est en Egypte, et j’ai entendu leur gémissement, et je suis descendu pour les délivrer. Viens donc maintenant, et je t’enverrai en Egypte.

35 Ce Moïse qu’ils avaient rejeté, en disant : Qui t’a établi prince et juge ? c’est celui que Dieu envoya pour prince et pour libérateur, sous la conduite de l’ange qui lui était apparu dans le buisson.

36 C’est celui qui les tira de là, en faisant des prodiges et des miracles en Egypte, dans la mer Rouge, et au désert, pendant quarante ans.

37 C’est ce Moïse qui a dit aux enfants d’Israël : Le Seigneur votre Dieu vous suscitera un prophète comme moi, d’entre vos frères ; écoutez-le.

38 C’est lui qui, lorsque le peuple fut assemblé au désert, s’entretenait avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sina, c’est lui qui fut avec nos pères et qui a reçu des paroles de vie pour nous les donner.

39 Nos pères ne voulurent point lui obéir, mais ils le rejetèrent, et retournèrent de leur cœur en Egypte,

40 Disant à Aaron : Fais-nous des dieux qui marchent devant nous ; car pour ce Moïse qui nous a tirés du pays d’Egypte, nous ne savons ce qui lui est arrivé.

41 Alors ils firent un veau d'or, et ils offrirent des sacrifices à l’idole, et se réjouirent dans les ouvrages de leurs mains.

42 C’est pourquoi Dieu se détourna d’eux, et les abandonna à servir l’armée du ciel, comme il est écrit dans le livre des prophètes, : Maison d’Israël, est-ce à moi que vous avez offert des victimes et des sacrifices durant quarante ans au désert ?

43 Vous avez porté le tabernacle de Moloch, et l’astre de votre dieu Remphan, qui sont des figures que vous avez faites pour les adorer ; c’est pourquoi je vous transporterai au-delà de Babylone.

44 Le tabernacle du témoignage a été avec nos pères au désert, comme l’avait ordonné celui qui avait dit à Moïse de le faire selon le modèle qu’il avait vu.

45 Et nos pères, l'ayant reçu, l’emportèrent, sous la conduite de Josué, au pays qui était possédé par les nations que Dieu chassa de devant nos pères, jusqu’aux jours de David,

46 qui trouva grâce devant Dieu, et qui lui demanda qu’il pût bâtir une demeure au Dieu de Jacob.

47 Et Salomon lui bâtit un temple.

48 Mais le Très-Haut n’habite point dans des temples faits par la main des hommes, comme le prophète le dit :

49 Le ciel est mon trône, et la terre est mon marchepied. Quelle maison me bâtiriez-vous, dit le Seigneur, ou quel serait le lieu de mon repos ?

50 Ma main n’a-t-elle pas fait toutes ces choses ?

51 Gens de cou raide, et incirconcis de cœur et d’oreilles, vous vous opposez toujours au Saint-Esprit ; vous êtes tels que vos pères.

52 Quel est le prophète que vos pères n’aient pas persécuté ? Ils ont même tué ceux qui ont prédit l’avènement du Juste, que vous avez livré, et dont vous avez été les meurtriers ;

53 Vous qui avez reçu la loi par le ministère des anges, et qui ne l’avez point gardée.

54 Entendant ces choses, ils étaient transportés de rage dans leurs cœurs, et ils grinçaient les dents contre lui.

55 Mais Etienne, étant rempli du Saint-Esprit, et ayant les yeux attachés au ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus qui était à la droite de Dieu ;

56 et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme qui est à la droite de Dieu.

57 Alors ils poussèrent de grands cris, ils se bouchèrent les oreilles, et ils se jetèrent tous ensemble sur lui ;

58 Et l’ayant traîné hors de la ville, ils le lapidèrent, et les témoins mirent leurs habits aux pieds d’un jeune homme nommé Saul.

59 Et pendant qu’ils lapidaient Etienne, il priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit.

60 Puis s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit. 

REFLEXIONS

Le but du discours que St. Étienne fit devant le conseil était de faire voir :

I. Qu’il n’était pas un ennemi de Dieu et de la loi comme on l’en accusait, mais qu’il adorait le Dieu d’Abraham et des patriarches ;

II. Que Jésus était le Messie qui devait naître de la postérité d’Abraham et dont Moïse et les prophètes avaient marqué la venue ;

III. Que l’alliance de Dieu et son service n’étaient pas attachés à la nation des Juifs, ni au temple de Jérusalem, non plus qu’au service cérémoniel que Moïse avait prescrit ;

IV. Que les Juifs avaient été de tout temps rebelles à Dieu, qu’ils avaient rejeté et persécuté les prophètes et qu’ainsi il n’était pas surprenant qu’ils eussent rejeté Jésus-Christ et qu’ils persécutassent ses serviteurs.

On remarque dans tout ce discours de St. Étienne le grand zèle dont il était animé et la sainte liberté avec laquelle il reprocha aux Juifs leur endurcissement, quoi qu’il vît bien qu’en parlant ainsi il s’exposait à leur fureur et au danger de perdre la vie. Les Juifs transportés de rage condamnèrent ce fidèle serviteur de Dieu à être lapidé, mais Dieu lui fit voir pour l’encourager les Cieux ouverts et Jésus-Christ assis à sa droite, après quoi St. Étienne souffrit cette mort cruelle avec constance en invoquant le Seigneur Jésus jusqu’au dernier soupir et en priant pour ceux qui le faisaient mourir.

Cette mort du premier martyr de l’Église apprend à tous les chrétiens à souffrir courageusement tous les maux que la profession de la vérité peut attirer sur eux et même la mort s’ils y étaient appelés, à pardonner à ceux qui leur font le plus mal et à prier pour eux.

On voit encore dans ce récit combien la mort des vrais fidèles est douce et de quelles consolations elle est accompagnée, ce qui doit nous animer fortement à la piété, afin qu’à notre dernière heure, nous puissions aussi remettre notre esprit entre les mains du Seigneur Jésus-Christ et nous endormir paisiblement dans l’espérance d’une meilleure vie. 

CHAPITRE VIII.

St. Luc rapporte ici : I. La persécution qui s’éleva contre l’église de Jérusalem après la mort de St. Étienne. II. Comment St. Philippe prêcha l’Évangile à Samarie. III. L’histoire de la conversion d’un seigneur étranger qui était trésorier de Candace, reine d’Éthiopie. 

1 Or, Saul avait consenti à la mort d’Etienne ; et en ce temps-là, il s’éleva une grande persécution contre l’Eglise de Jérusalem ; et tous les fidèles, excepté les apôtres, furent dispersés par les quartiers de la Judée et de la Samarie.

2 Et quelques hommes pieux emportèrent Etienne pour l’ensevelir, et ils firent un grand deuil sur lui.

3 Mais Saul ravageait l’Eglise, entrant dans les maisons ; et traînant par la force les hommes et les femmes, il les faisait mettre en prison.

4 Ceux donc qui furent dispersés, allaient de lieu en lieu, et ils annonçaient la parole de Dieu.

5 Philippe donc, étant descendu à la ville de Samarie, leur prêcha Christ.

6 Et le peuple était attentif, d’un commun accord, à ce que Philippe disait, en écoutant, et en voyant les miracles qu’il faisait.

7 Car les esprits immondes sortaient de plusieurs qui en étaient possédés, en jetant de grands cris ; et beaucoup de paralytiques et d’impotents furent guéris.

8 Ce qui causa une grande joie dans cette ville.

9 Or, il y avait auparavant, dans la même ville, un homme nommé Simon, qui exerçait la magie et remplissait d’étonnement le peuple de Samarie, se faisant passer pour un grand personnage.

10 Tous lui étaient attachés, depuis le plus petit jusqu’au plus grand ; et ils disaient : Celui-ci est la grande puissance de Dieu.

11 Et ils étaient attachés à lui, parce que depuis longtemps il leur avait renversé l’esprit par ses enchantements.

12 Mais quand ils eurent cru à Philippe, qui leur annonçait ce qui concerne le royaume de Dieu et le nom de Jésus-Christ, ils furent baptisés, tant les hommes que les femmes.

13 Et Simon lui-même crut aussi, et après avoir été baptisé, il ne quittait point Philippe ; et voyant les prodiges et les grands miracles qui se faisaient, il était tout hors de lui-même.

14 Cependant, les apôtres qui étaient à Jérusalem, ayant appris que ceux de Samarie avaient reçu la parole de Dieu, ils leur envoyèrent Pierre et Jean,

15 qui, y étant descendus, prièrent pour eux, afin qu’ils reçussent le Saint-Esprit.

16 Car il n’était point encore descendu sur aucun d’eux ; mais ils avaient été seulement baptisés au nom du Seigneur Jésus.

17 Alors les apôtres leur imposèrent les mains, et ils reçurent le Saint-Esprit.

18 Mais Simon voyant que le Saint-Esprit était donné par l’imposition des mains des apôtres, il leur offrit de l’argent, et leur dit :

19 Donnez-moi aussi ce pouvoir, que tous ceux à qui j’imposerai les mains reçoivent le Saint-Esprit.

20 Mais Pierre lui dit : Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait avec de l’argent.

21 Tu n’as point de part, ni rien à prétendre en cette affaire ; car ton cœur n'est pas droit devant Dieu.

22 Repens-toi donc de cette méchanceté, et prie Dieu, afin que, s’il est possible, cette pensée de ton cœur te soit pardonnée.

23 Car je vois que tu es dans un fiel très amer, et dans les liens de l’iniquité.

24 Alors Simon répondit, et leur dit : Priez vous-mêmes le Seigneur pour moi, afin qu’il ne m’arrive rien de ce que vous avez dit.

25 Eux donc, après avoir ainsi rendu témoignage à la parole du Seigneur, et l’avoir annoncée, retournèrent à Jérusalem, et prêchèrent l’évangile en plusieurs bourgs des Samaritains.

26 Et un ange du Seigneur parla à Philippe, et lui dit : Lève-toi et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de Jérusalem à Gaza la déserte.

27 Et il se leva, et s’en alla. Or, un Ethiopien, eunuque, qui était un puissant seigneur a la cour de Candace, reine d’Ethiopie, surintendant de tous ses trésors, était venu à Jérusalem pour adorer Dieu.

28 Comme il s’en retournait, étant assis dans son chariot, il lisait le prophète Esaïe.

29 Alors l’Esprit dit à Philippe : Approche-toi, et joins ce chariot.

30 Et Philippe accourut, et entendit qu’il lisait le prophète Esaïe ; et il lui dit : Entends-tu bien ce que tu lis ?

31 Il lui répondit : Et comment le pourrais-je entendre, si quelqu’un ne me guide ? Et il pria Philippe de monter, et de s’asseoir auprès de lui.

32 Or, le passage de l’Ecriture qu’il lisait, était celui-ci : Il a été mené comme une brebis à la boucherie ; et de même qu’un agneau muet devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche.

33 Sa condamnation a été levée dans son abaissement. Mais qui pourra compter sa durée ? Car sa vie a été retranchée de la terre.

34 Alors l’eunuque prit la parole et dit à Philippe : Je te prie, de qui le prophète dit-il cela ? Est-ce de lui-même, ou de quelque autre ?

35 Là-dessus, Philippe, prenant la parole, et commençant par cet endroit de l'Ecriture, il lui annonça Jésus.

36 Et comme ils allaient par le chemin, ils arrivèrent à un endroit où il y avait de l’eau ; et l’eunuque dit : Voici de l’eau ; qu’est-ce qui empêche que je ne sois baptisé ?

37 Et Philippe lui dit : Si tu crois de tout ton cœur, cela t’est permis. Et l’eunuque, répondant, dit : Je crois que Jésus-Christ est le Fils de Dieu.

38 Et il commanda qu’on arrêtât le chariot ; et ils descendirent tous deux dans l’eau, Philippe et l’eunuque ; et Philippe le baptisa.

39 Et quand ils furent remontés hors de l’eau, l’Esprit du Seigneur enleva Philippe, et l’eunuque ne le vit plus, et il continua son chemin plein de joie.

40 Mais Philippe se trouva dans Azot ; et il annonça l'évangile par toutes les villes où il passa, jusqu’à ce qu’il vint à Césarée. 

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce chapitre que la mort de St Étienne et la persécution qui fut suscitée contre l’église de Jérusalem tournèrent à l’avancement de l’Évangile, puisque les fidèles qui furent dispersés annoncèrent en divers lieux la parole de Dieu. Voilà comment les persécutions, que les premiers ennemis de l’église excitèrent contre elle, servirent à étendre davantage la religion de Jésus-Christ.

II. Ce qu’on lit ici de la créance que le peuple de Samarie donnait à Simon le magicien fait voir que les personnes qui ne connaissent pas la vérité se laissent aisément séduire par des imposteurs. Mais le changement qui arriva dans cette ville après que Philippe y eut annoncé l’Évangile montre que la vérité triomphe de l’erreur et du mensonge. St Luc remarque que Simon lui-même se fit baptiser et qu’il était tout ravi de voir les miracles que Philippe faisait. Cet exemple prouve que les méchants sont quelquefois touchés de l’excellence de l’Évangile et qu’ils en embrassent même la profession, mais ne le faisant pas par de bons motifs, leur conversion n’est pas sincère. Sur ce qui est ajouté que Simon offrit de l’argent à St. Pierre pour obtenir le don de communiquer le Saint-Esprit et de faire des miracles et que St. Pierre, rempli d’indignation lui dénonça le jugement de Dieu, il faut remarquer que c’est une impiété détestable de faire servir la religion à l’avarice ou à l’ambition et de prétendre acheter ou vendre les choses saintes en quelque manière que cela se fasse. Cependant, St. Pierre exhorta Simon à se repentir et Simon effrayé pria les apôtres d’intercéder pour lui auprès de Dieu. Cela nous apprend qu’il ne faut jamais abandonner entièrement les plus grands pécheurs, ni leur refuser le secours de nos exhortations et de nos prières.

III. Dieu appela en ce temps-là un officier de la reine Candace à la foi en Jésus-Christ afin de montrer que l’Évangile serait bientôt annoncé à tous les peuples et afin de répandre par le moyen de cet homme la vraie religion dans l’Éthiopie. Ce seigneur, qui était du nombre des prosélytes païens qui avaient renoncé à l’idolâtrie, venait adorer le vrai Dieu à Jérusalem et il était occupé à la lecture des livres sacrés lorsque Dieu lui adressa Philippe pour l’instruire. On voit par-là que la providence prend un soin particulier de ceux qui ont de bonnes intentions et que Dieu accorde une nouvelle mesure de ses grâces à ceux qui font un bon usage de celles qu’ils ont déjà reçues et qui cherchent sincèrement la vérité. Le désir que cet officier fit paraître d’entendre le sens du passage d’Ésaïe qu’il lisait et la docilité avec laquelle il écouta Philippe montrent que chacun doit travailler à s’instruire des vérités du salut, tant par soi-même que par le secours d’autrui et qu’on ne doit pas négliger les instructions des ministres que Dieu a établis. L’officier ayant ouï Philippe souhaita d’être baptisé et après qu’il eût fait une profession ouverte de la foi, il reçût le baptême. C’est ainsi qu’en usent ceux qui aiment la vérité aussitôt qu’elle est connue, ils en embrassent la profession et ils ne renvoient jamais à s’acquitter de leur devoir.

IV. Enfin, comme ce seigneur après avoir été baptisé s’en retourna plein de joie dans son pays, il faut aussi que nous estimions par-dessus toutes choses le bonheur que nous avons de croire en Jésus-Christ et que l’avantage d’être de son église fasse toute notre consolation et toute notre joie. 

CHAPITRE IX VERSETS 1 A 22

C’est ici l’histoire de la conversion de Paul. 

1 Cependant, Saul ne respirant toujours que menace et que carnage contre les disciples du Seigneur, s’adressa au souverain sacrificateur,

2 Et il lui demanda des lettres pour les synagogues de Damas, afin que s'il trouvait quelques personnes de cette secte, hommes ou femmes, il les amenât liés à Jérusalem.

3 Et comme il était en chemin, et qu’il approchait de Damas, tout d’un coup une lumière venant du ciel resplendit comme un éclair autour de lui.

4 Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?

5 Et il répondit : Qui es-tu, Seigneur ? Et le Seigneur lui dit : Je suis Jésus que tu persécutes ; il te serait dur de regimber contre les aiguillons.

6 Alors, tout tremblant et effrayé, il dit : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et entre dans la ville, et là on te dira ce qu’il faut que tu fasses.

7 Or, les hommes qui faisaient le voyage avec lui s’arrêtèrent tout épouvantés, entendant bien une voix, mais ne voyant personne.

8 Et Saul se leva de terre, et ayant ouvert les yeux, il ne voyait personne, de sorte qu’ils le conduisirent par la main, et le menèrent à Damas,

9 Où il fut trois jours, sans voir, et sans manger ni boire.

10 Il y avait alors à Damas un disciple, nommé Ananias, à qui le Seigneur dit dans une vision : Ananias. Et il répondit : Me voici, Seigneur.

11 Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et t’en va dans la rue qu’on appelle la rue droite, et cherche dans la maison de Judas un nommé Saul, de Tarse ; car il est présentement en prières.

12 (Au même temps, Saul vit en vision un homme, nommé Ananias, qui entrait et qui lui imposait les mains, afin qu’il recouvrât la vue.)

13 Ananias répondit : Seigneur, j’ai ouï dire à plusieurs personnes combien cet homme a fait de maux à tes Saints dans Jérusalem.

14 Il est même ici, avec pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom.

15 Mais le Seigneur lui dit ; Va ; car cet homme est un instrument que j’ai choisi pour porter mon nom devant les Gentils, devant les rois, et devant les enfants d’Israël ;

16 et je lui montrerai combien il faudra qu’il souffre pour mon nom.

17 Ananias donc s’en alla, et étant entré dans la maison, il lui imposa les mains, et lui dit : Saul mon frère, le Seigneur Jésus, qui t’est apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé afin que tu recouvres la vue, et que tu sois rempli du Saint-Esprit.

18 Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles, et à l’instant il recouvra la vue ; puis il se leva, et fut baptisé.

19 Et ayant mangé, il reprit ses forces. Et Saul fut quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas.

20 Et il prêcha incontinent dans les synagogues, que Christ était le Fils de Dieu.

21 Et tous ceux qui l’entendaient étaient hors d’eux-mêmes et disaient : N’est-ce pas là celui qui persécutait dans Jérusalem ceux qui invoquaient ce nom, et qui est venu ici exprès, afin de les emmener liés aux principaux sacrificateurs ?

22 Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et il confondait les Juifs qui habitaient à Damas, démontrant que Jésus était le Christ. 

REFLEXIONS

On doit faire une grande attention à cette histoire et y considérer en premier lieu que St. Paul, qui fut un si excellent Apôtre, était avant sa conversion et dans le temps qu’il était encore Juif un ennemi déclaré de la religion de Jésus-Christ et un ardent persécuteur des chrétiens. Cet Apôtre nous dit lui-même sur cela que Dieu l’appela dans cet état afin de donner en sa personne un exemple illustre de sa miséricorde envers les pécheurs. Cependant il faut se souvenir que si Saul persécutait l’église, il le faisait par ignorance et par un faux zèle, croyant même faire une chose agréable à Dieu, mais qu’il était du reste d’une vie irréprochable. Quand on ne pèche pas par malice et par un effet de corruption du cœur, mais par ignorance et par la force des préjugés, on peut en revenir plus facilement et avoir part à la miséricorde de Dieu.

II. Le moyen dont le Seigneur se servit pour convertir Saul est remarquable. Dans le temps qu’il allait à Damas pour persécuter les chrétiens, Jésus-Christ l’arrêta près de cette ville par une apparition qui le rempli de frayeur. Il lui parla des Cieux, il le renversa par terre et il le frappa d’aveuglement. Notre Seigneur en usa ainsi parce que dans les dispositions où Saul était, il fallait quelque chose d’extrêmement fort pour vaincre ses préjugés et pour le rendre docile.

C’est ainsi que Dieu, par un effet de sa bonté et de sa sagesse, emploie les moyens les plus propres pour retirer les pécheurs de leurs égarements.

III. Ces paroles : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? marquent que Jésus-Christ regarde ce que l’on fait contre ses membres et contre son église comme s’il était fait contre lui-même et ce que Saul répondit en disant : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? exprime les sentiments d’humilité et de docilité qui se rencontrent dans les pécheurs qui sont salutairement touchés. Ils obéissent sans délai à la vocation céleste, ils s’abandonnent entièrement à Dieu et ils sont prêts à suivre tous les conseils qu’il leur donne.

IV. Il faut remarquer que Dieu après avoir mis Saul en état d’écouter et de recevoir ce qui lui serait dit le renvoya à Ananias pour apprendre de lui ce qu’il devait faire et que cependant il prépara Ananias par une vision à aller voir Saul et à l’instruire. C’est ainsi que Dieu disposait les choses avec une grande sagesse pour achever l’ouvrage de la conversion de Saul.

V. Enfin, Saul après avoir été en jeûne et en prière pendant trois jours, recouvra la vue, il fut instruit et baptisé par Ananias et incontinent après il commença à prêcher l’Évangile dans les synagogues des Juifs. L’on doit admirer la puissance et la bonté de Dieu dans cet événement qui fut si salutaire à Paul et si avantageux à toute l’église et ce grand et prompt changement qui se fit dans cet apôtre fait voir que ceux qui sont véritablement convertis changent entièrement de sentiments et de conduite et qu’ils donnent de marques publiques et certaines de la sincérité de leur repentance. 

CHAPITRE IX, VERSETS 23 A 43

Saul, après sa conversion, étant persécuté par les Juifs à Damas, s’en va à Jérusalem d’où la persécution l’oblige encore à se retirer pour aller à Césarée et de là à Tarse. St. Luc rapporte ensuite lieu l’heureux état des églises de la Judée et des lieux voisins, et enfin, le miracle de la guérison d’Énée et celui de la résurrection de Tabitha. 

23 Quelque temps après, les Juifs délibérèrent de faire mourir Saul.

24 Mais il fut averti de leur complot. Or, ils gardaient les portes de la ville jour et nuit, pour le faire mourir.

25 Mais les disciples, le prenant pendant la nuit, le descendirent par la muraille, dans une corbeille.

26 Et quand Saul fut arrivé à Jérusalem, il tâchait de se joindre aux disciples ; mais tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût un disciple.

27 Mais Barnabas le prit et le mena aux apôtres, et leur raconta comment le Seigneur lui était apparu sur le chemin et lui avait parlé ; et comment il avait parlé ouvertement à Damas au nom de Jésus.

28 Ainsi il allait et venait avec eux dans Jérusalem.

29 Et parlant avec hardiesse au nom du Seigneur Jésus, il parlait et disputait avec les Grecs ; mais ils tâchaient de lui ôter la vie.

30 Ce que les frères ayant découvert, ils le menèrent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse.

31 Cependant les Eglises étaient en paix par toute la Judée, la Galilée et la Samarie, étant édifiées et marchant dans la crainte du Seigneur, et elles étaient multipliées par la consolation du Saint-Esprit.

32 Il arriva, comme Pierre les visitait toutes, qu’il vint aussi vers les saints qui demeuraient à Lydde.

33 Et il y trouva un homme, nommé Enée, qui était couché dans un petit lit depuis huit ans, et qui était paralytique.

34 Et Pierre lui dit : Enée, Jésus, qui est le Christ, te guérit : lève-toi, et accommode ton lit. Et incontinent il se leva.

35 Et tous ceux qui demeuraient à Lydde et à Saron le virent, et ils se convertirent au Seigneur.

36 Il y avait aussi à Joppe une certaine femme qui était des disciples, nommée Tabitha, c’est-à-dire, en grec, Dorcas, laquelle était remplie de bonnes œuvres, et qui faisait beaucoup d’aumônes.

37 Elle tomba malade en ce temps-là, et elle mourut. Et après l’avoir lavée, ils la mirent dans une chambre haute.

38 Et comme Lydde était près de Joppe, les disciples ayant appris que Pierre y était, ils envoyèrent vers lui deux hommes, pour le prier de venir chez eux sans tarder.

39 Pierre donc se leva, et s’en alla avec eux. Et lorsqu’il fut arrivé, ils le menèrent à la chambre haute ; et toutes les veuves se présentèrent à lui en pleurant, et en lui montrant combien Dorcas faisait de robes et d’habits lorsqu’elle était avec elles.

40 Et Pierre, après les avoir tous fait sortir, se mit à genoux et pria, puis se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi. Et elle ouvrit les yeux, et ayant vu Pierre, elle s’assit.

41 Et Pierre lui donnant la main, la leva ; et ayant appelé les saints et les veuves, il la leur présenta vivante.

42 Cela fut connu de toute la ville de Joppe ; et plusieurs crurent au Seigneur.

43 Et Pierre demeura plusieurs jours à Joppe, chez un certain Simon, corroyeur. 

REFLEXIONS

Il faut considérer ici :

I. Qu’aussitôt que St. Paul eut été converti et eut commencé à annoncer l’Évangile il fut persécuté par les Juifs. Dieu voulut par-là éprouver la fidélité de cet apôtre et lui apprendre à souffrir pour Jésus-Christ. Voilà ce qui arrive ordinairement à ceux qui prennent la résolution de suivre le Seigneur et de vivre dans la piété, ils ressentent les effets de la haine du monde et ils sont exposés à des traverses, mais ces oppositions ne les étonnent point comme elles n’étonnèrent pas St. Paul qui, malgré la fureur des Juifs, continua à annoncer l’Évangile, même dans la ville de Jérusalem.

II. Ce que St. Luc dit de l’heureux état des églises de la Judée, de la Galilée et de la Samarie nous présente ces deux réflexions.

L’une, que, si Dieu permet que l’église soit persécutée, il lui donne aussi du relâche.

L’autre, que, ce qui rend les églises heureuses et florissantes, c’est quand elles marchent dans la crainte du Seigneur et que les dons du Saint-Esprit s’y multiplient.

III. Les deux miracles qui sont récités sur la fin de ce chapitre prouvent que les apôtres faisaient des miracles semblables à ceux que notre Seigneur avait faits pendant qu’il était au monde, ce qui contribuait à la conversion d’un grand nombre de personnes. Nous avons dans l’histoire de la maladie et de la mort de Tabitha un bel exemple qui doit inciter tous les chrétiens et principalement les personnes de son sexe à la piété et aux œuvres de la charité et la résurrection de cette femme doit être considérée comme une récompense que Dieu voulut accorder à sa foi et comme une preuve qui doit nous confirmer dans la croyance de la résurrection et dans l’espérance de la vie éternelle.  

CHAPITRE X.

Ce chapitre contient l’histoire de la conversion du centenier Corneille à la religion chrétienne. Cet homme était païen de naissance, mais il adorait le vrai Dieu. 

1 Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centenier d’une compagnie de la légion appelée Italique.

2 Il était religieux et craignant Dieu, lui et toute sa famille, faisant aussi beaucoup d’aumônes au peuple, et priant Dieu continuellement.

3 Il vit clairement dans une vision, environ la neuvième heure du jour, un ange de Dieu qui vint à lui, et lui dit : Corneille !

4 Et Corneille, ayant les yeux attachés sur lui, et tout effrayé, dit : Qu’y a-t-il, Seigneur ? Et l’ange lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées en mémoire devant Dieu.

5 Envoie donc présentement des gens à Joppe, et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre.

6 Il est logé chez un certain Simon, corroyeur, qui a sa maison près de la mer ; c’est lui qui te dira ce qu’il faut que tu fasses.

7 Quand l’ange qui parlait à Corneille se fut retiré, il appela deux de ses domestiques et un soldat craignant Dieu, d’entre ceux qui se tenaient près de lui.

8 Et leur ayant tout raconté, il les envoya à Joppe.

9 Le lendemain, comme ils étaient en chemin, et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le haut de la maison, environ la sixième heure, pour prier.

10 Et ayant faim, il voulut prendre son repas ; et comme on le lui apprêtait, il lui survint un ravissement d’esprit.

11 Il vit le ciel ouvert, et un vaisseau qui descendait sur lui comme une grande nappe, liée par les quatre coins, et qui s’abaissait sur la terre ;

12 Dans lequel il y avait de toutes sortes d’animaux terrestres à quatre pieds, et de bêtes sauvages, de reptiles, et d’oiseaux du ciel.

13 Et il y eut une voix qui lui dit : Pierre, lève-toi, tue, et mange.

14 Mais Pierre répondit : Non, Seigneur : car je n’ai jamais rien mangé d’impur ou de souillé.

15 La voix lui parlant encore pour la seconde fois, lui dit : Ne regarde pas comme souillé ce que Dieu a purifié.

16 Et cela arriva par trois fois ; après quoi le vaisseau fut retiré dans le ciel.

17 Comme Pierre était en peine de ce que pouvait signifier cette vision qu’il avait eue, les hommes envoyés de la part de Corneille, s’étant informés de la maison de Simon, arrivèrent à la porte.

18 Et ayant appelé quelqu’un, ils demandèrent si Simon, surnommé Pierre, était logé là ?

19 Et comme Pierre pensait à la vision qu’il avait eue, l’Esprit lui dit : Voilà trois hommes qui te demandent.

20 C’est pourquoi, lève-toi et descends, et t’en vas avec eux, sans en faire difficulté ; car c’est moi qui les ai envoyés.

21 Pierre étant donc descendu vers ces hommes qui lui étaient envoyés de la part de Corneille, il leur dit : Me voici, je suis celui que vous cherchez ; pour quel sujet êtes-vous venus ?

22 Ils lui dirent : Corneille, centenier, homme juste et craignant Dieu, et à qui toute la nation des Juifs rend un bon témoignage, a été averti de Dieu par un saint ange, de te faire venir dans sa maison, pour entendre ce que tu lui diras.

23 Pierre les ayant donc fait entrer, les logea ; et le lendemain il s’en alla avec eux, et quelques-uns des frères de Joppe l’accompagnèrent.

24 Le jour suivant ils entrèrent à Césarée. Or, Corneille les attendait avec ses parents et ses plus intimes amis, qu’il avait assemblés chez lui.

25 Et comme Pierre entrait, Corneille alla au-devant de lui, et se jetant à ses pieds, il l’adora.

26 Mais Pierre le releva, lui disant : Lève-toi ; je ne suis qu’un homme, non plus que toi.

27 Et s’entretenant avec lui, il entra, et trouva plusieurs personnes qui étaient là assemblées.

28 Et il leur dit : Vous savez qu’il n’est pas permis à un Juif d’avoir aucune liaison avec un étranger, ni d’aller chez lui ; mais Dieu m’a fait voir que je ne devais appeler aucun homme souillé ou impur.

29 C’est pourquoi, ayant été appelé, je suis venu sans aucune difficulté. Je vous demande donc pour quel sujet vous m’avez fait venir ?

30 Alors Corneille lui dit : Il y a maintenant quatre jours que j’étais en jeûne et en prières dans ma maison à la neuvième heure, et tout d’un coup un homme, vêtu d’un habit resplendissant, se présenta devant moi,

31 Et me dit : Corneille, ta prière est exaucée, et Dieu s’est souvenu de tes aumônes.

32 Envoie donc à Joppe, et fais venir Simon, surnommé Pierre ; il est logé dans la maison de Simon, corroyeur, près de la mer ; quand il sera venu, il te parlera.

33 C’est pourquoi j’ai incontinent envoyé vers toi, et tu as bien fait de venir. Nous voici donc tous maintenant présents devant Dieu, pour entendre ce que Dieu t’a commandé de nous dire.

34 Alors Pierre prenant la parole, dit : En vérité, je reconnais que Dieu n’a point d’égard à l’apparence des personnes ;

35 mais qu’en toute nation, celui qui le craint et qui s’adonne à la justice, lui est agréable.

36 C’est ce qu’il a fait entendre aux enfants d’Israël, en leur annonçant la paix par Jésus-Christ qui est le Seigneur de tous.

37 Vous savez ce qui est arrivé dans toute la Judée, et qui a commencé par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché ;

38 comment Dieu a oint du Saint-Esprit et de puissance Jésus de Nazareth, qui allait de lieu en lieu, en faisant du bien, et guérissant tous ceux qui étaient opprimés par le diable ; parce que Dieu était avec lui.

39 Et nous sommes témoins de toutes les choses qu’il a faites, tant au pays des Juifs qu’à Jérusalem. Cependant ils l’ont fait mourir, le pendant au bois.

40 Mais Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et il a voulu qu’il se fît voir,

41 non à tout le peuple, mais aux témoins qui avaient été auparavant choisis de Dieu ; à nous qui avons mangé et bu avec lui, après qu’il a été ressuscité des morts.

42 Et il nous a commandé de prêcher au peuple, et d’attester que c’est lui qui est établi de Dieu pour être le juge des vivants et des morts.

43 Tous les prophètes rendent de lui ce témoignage, que quiconque croira en lui, recevra la rémission de ses péchés par son nom.

44 Comme Pierre tenait encore ce discours, le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient ce qu’il disait.

45 Et tous les fidèles circoncis, qui étaient venus avec Pierre, furent étonnés de ce que le don du Saint-Esprit était aussi répandu sur les Gentils.

46 Car ils les entendaient parler diverses langues, et glorifier Dieu.

47 Alors Pierre prit la parole et dit : Quelqu’un pourrait-il empêcher qu’on ne baptise ceux qui ont reçu le Saint-Esprit, aussi bien que nous ?

48 Et il commanda qu’on les baptisât au nom du Seigneur. Après cela ils le prièrent de demeurer quelques jours avec eux.

 REFLEXIONS

Cette histoire a été rédigée par écrit pour nous apprendre de quelle manière l’Évangile commença d’être annoncé aux païens. Il faut admirer ici les voies dont la providence se servit pour la conversion de Corneille. Dieu lui envoya un ange pour lui dire de faire venir St. Pierre et dans ce même temps, il disposait cet apôtre à aller chez Corneille, ce qu’il n’aurait pas fait si Dieu ne lui eût fait connaître qu’il n’y avait point d’homme qu’il fallût regarder comme souillé et que l’Évangile devait être annoncé aux païens aussi bien qu’aux Juifs. C’est à quoi tendait la vision de ce vaisseau dans lequel il y avait des bêtes dont la loi défendait aux Juifs de manger.

II. Il est à remarquer que Corneille, quoi qu’engagé dans la profession des armes, était un homme dévot, charitable et craignant Dieu. À cause de cela, Dieu lui envoya un ange pour l’assurer qu’il s’était souvenu de ses prières et de ses aumônes et il l’amena à la connaissance de Jésus-Christ par le moyen de St. Pierre. On voit par-là que les œuvres de charité et de piété sont très agréables à Dieu et qu’il accorde de nouvelles lumières et de nouvelles grâces à ceux qui ont le cœur bon, qui l’invoquent et qui le craignent.

III. Le discours que St. Pierre fit chez Corneille renferme la substance de la doctrine que les apôtres prêchaient, savoir que Dieu avait envoyé son fils pour annoncer le salut aux Juifs, que les Juifs l’avaient fait mourir, mais qu’il était ressuscité et qu’il devait être le juge des vivants et des morts. Ce sont là les vérités les plus importantes de la religion et qui doivent être reçues par tous les chrétiens. Elles tendent à nous apprendre que la foi en Jésus-Christ et la sainteté de la vie sont l’unique moyen d’être sauvé et c’est ce qui est surtout marqué par ces paroles de Saint Pierre : Que Dieu n’a point d’égard à l’apparence des personnes, mais qu’en tout nation, celui qui le craint et qui fait ce qui est juste lui est agréable et que quiconque croit en Jésus-Christ recevra la rémission des péchés par son nom.

IV. L’attention, la soumission et l’obéissance avec laquelle Corneille et tous ceux de sa maison écoutèrent St. Pierre doit nous apprendre à recevoir la parole de Dieu avec les mêmes dispositions quand elle nous est annoncée.

V. Dans le temps que l’apôtre parlait à Corneille, le Saint-Esprit descendit sur ceux qui l’écoutaient et ils reçurent le don de parler diverses langues. Dieu en faisant alors en faveur des païens une merveille semblable à celle qu’il avait faite en envoyant le Saint-Esprit aux apôtres le jour de la Pentecôte marquait de la manière la plus claire qu’il voulait aussi faire part de sa grâce aux Gentils et c’est ce qui nous oblige, nous qui étions autrefois païens, à rendre grâce à Dieu de ce qu’il voulut ainsi recevoir dans son alliance ces peuples idolâtres et répandre son Esprit et sa grâce sur eux aussi bien que sur les Juifs. 

CHAPITRE XI.

Ce chapitre a deux parties : I. Les Juifs de Jérusalem qui s’étaient convertis à la religion chrétienne ayant trouvé mauvais que St. Pierre fut allé chez Corneille qui était païen, cet apôtre les informa de la manière dont Dieu lui avait fait connaître qu’il devait annoncer l’Évangile à Corneille et du succès de sa prédication, de quoi les chrétiens de Jérusalem eurent une grande joie. II. St. Luc rapporte comment l’Évangile se répandit en divers lieux et particulièrement à Antioche, il parle aussi d’un prophète nommé Agabus qui prédit une famine. 

1 Les apôtres et les frères qui étaient en Judée, apprirent que les Gentils avaient aussi reçu la parole de Dieu.

2 Et lorsque Pierre fut de retour à Jérusalem, les fidèles circoncis disputaient contre lui,

3 et lui disaient : Tu es entré chez des incirconcis, et tu as mangé avec eux.

4 Mais Pierre commença à leur raconter par ordre ce qui s’était passé, et leur dit :

5 J’étais en prière dans la ville de Joppe, lorsqu’étant ravi en extase, j’eus une vision : je vis descendre du ciel un vaisseau comme une grande nappe, liée par les quatre coins, et qui vint jusqu’à moi.

6 Et l’ayant considéré avec attention, j’y vis des animaux terrestres à quatre pieds, des bêtes sauvages, des reptiles et des oiseaux du ciel.

7 J’entendis aussi une voix qui me dit : Pierre, lève-toi, tue, et mange.

8 Et je répondis : Non, Seigneur ; car jamais rien d’impur ni de souillé n’entra dans ma bouche.

9 La voix me parla du ciel une seconde fois, et me dit : Ne regarde pas comme souillé ce que Dieu a purifié.

10 Et cela se fit jusqu’à trois fois, après quoi tout fut retiré dans le ciel.

11 Au même instant, trois hommes, qui m’avaient été envoyés de Césarée, se présentèrent à la porte de la maison où j’étais.

12 Et l’Esprit me dit que j’allasse avec eux, sans en faire aucune difficulté. Ces six de nos frères, que voilà, vinrent aussi avec moi, et nous entrâmes dans la maison de cet homme,

13 qui nous raconta comment il avait vu un ange dans sa maison, qui s’était présenté à lui, et lui avait dit : Envoie des gens à Joppe, et fais venir Simon, surnommé Pierre,

14 qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison.

15 Et comme j’eus commencé à leur parler, le Saint-Esprit descendit sur eux, ainsi qu’il était aussi descendu sur nous au commencement.

16 Alors je me souvins de cette parole du Seigneur : Jean a baptisé d’eau ; mais vous serez baptisés du Saint-Esprit.

17 Puis donc que Dieu leur a donné le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus-Christ, qui étais-je, moi, pour m’opposer à Dieu ?

18 Alors, ayant entendu ces choses, ils s’apaisèrent et glorifièrent Dieu, en disant : Dieu a donc aussi donné aux Gentils même la repentance, afin qu’ils aient la vie.

19 Pour ce qui est de ceux qui avaient été dispersés par la persécution arrivée à l’occasion d’Etienne, ils passèrent jusqu’en Phénicie, en Chypre et à Antioche, n’annonçant la parole à personne qu’aux Juifs seulement.

20 Mais quelques-uns d’entre eux, qui étaient de Chypre et de Cyrène, étant entrés dans Antioche, parlèrent aux Grecs, leur annonçant le Seigneur Jésus.

21 Et la main du Seigneur était avec eux, de sorte qu’il y en eut un grand nombre qui crurent et se convertirent au Seigneur.

22 Or, le bruit en vint jusqu’à l’Eglise de Jérusalem ; c’est pourquoi ils envoyèrent Barnabas pour passer jusqu’à Antioche ;

23 qui y étant arrivé, et ayant vu la grâce de Dieu, se réjouit, et les exhorta tous à demeurer attachés au Seigneur avec un cœur ferme.

24 Car c’était un homme de bien, plein du Saint-Esprit et de foi, et une grande multitude se joignit au Seigneur.

25 Barnabas s’en alla ensuite à Tarse, pour chercher Saul.

26 Et l’ayant trouvé, il l’amena à Antioche ; et pendant toute une année, ils s’y assemblèrent avec l’Eglise, et instruisirent un grand peuple, de sorte que ce fut à Antioche que les disciples commencèrent à être nommés Chrétiens.

27 En ce temps-là, quelques prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche.

28 Et l’un d’eux, nommé Agabus, se leva, et prédit par l’Esprit qu’il y aurait une grande famine par toute la terre ; ce qui arriva en effet sous l’empereur Claude.

29 Et les disciples résolurent d’envoyer, chacun selon son pouvoir, quelques secours aux frères qui demeuraient en Judée.

30 Ce qu’ils firent aussi, l’envoyant aux anciens par les mains de Barnabas et de Saul. 

REFLEXIONS

La première partie de ce chapitre nous apprend que les chrétiens de Jérusalem se scandalisèrent d’abord de ce que St. Pierre avait été chez Corneille, parce qu’il n’était pas permis aux Juifs d’aller chez les païens et d’avoir un commerce familier avec eux. Mais quand ils eurent appris que cet apôtre y était allé par l’ordre de Dieu et que même le Saint-Esprit avait été donné à Corneille et à ceux qui étaient avec lui, ils s’apaisèrent et ils se réjouirent de ce que Dieu appelait aussi les Gentils au salut et à la vie.

Jamais il ne faut être jaloux des grâces que Dieu fait aux autres, au contraire, nous devons nous en réjouir, surtout lorsqu’il les appelle à la repentance et au salut.

Au reste, cet heureux événement qui causa tant de joie aux fidèles de Jérusalem et qui leur fit dire : Dieu a donc aussi donné la repentance aux Gentils afin qu’ils aient la vie !

Doit aussi faire à jamais la matière de notre joie et de nos louanges puisqu’il nous regarde directement.

Il y a trois considérations à faire sur la seconde partie de ce chapitre :

I. La première, que la dispersion de l’église de Jérusalem et la persécution qu’on avait suscitée contre les chrétiens contribua à répandre l’Évangile en divers lieux et à établir plusieurs belles églises et particulièrement l’église d’Antioche où les disciples de Jésus-Christ commencèrent à être appelé chrétiens.

II. La deuxième, que ces églises furent fondées et entretenues par le ministère de Barnabas, de St. Paul et des autres personnes qui s’employèrent à leur édification. Cela montre que le ministère des serviteurs de Dieu est d’une grande utilité dans l’église, pourvu qu’il soit exercé par des personnes qui soient gens de bien et remplis de foi et de Saint-Esprit, tels qu’étaient ceux dont St. Luc parle.

III La prédiction que fit Agabus d’une famine qui devait arriver montre que Dieu, outre le pouvoir de faire des miracles accordait en ces temps-là à ses serviteurs le don de prédire l’avenir et qu’il n’arrive rien dans le monde que par la providence et par la volonté de Dieu. Et la résolution que les chrétiens prirent de faire une collecte pour leurs frères qui étaient en Judée est un exemple qui doit nous inciter à secourir les personnes qui se trouvent dans la nécessité et surtout ceux qui sont nos frères et les membres de Jésus-Christ et même à prévenir leurs besoins.

CHAPITRE XII

St. Luc récite trois choses dans ce chapitre. I. Le martyre de St. Jacques frère de St Jean. II. L’emprisonnement de St. Pierre et sa délivrance miraculeuse. III. La mort du roi Hérode qui mourut frappé par un ange. 

1 En ce même temps, le roi Hérode se mit à maltraiter quelques-uns de l’Eglise.

2 Il fit mourir par l'épée Jacques, frère de Jean ;

3 et voyant que cela était agréable aux Juifs, il fit aussi arrêter Pierre.

4 C’était pendant les jours des pains sans levain. L’ayant donc fait arrêter, il le fit mettre en prison, et le donna à garder à quatre bandes, de quatre soldats chacune, dans le dessein de l’exposer au supplice devant le peuple, après la fête de Pâque.

5 Pierre était donc gardé dans la prison ; mais l’Eglise faisait sans cesse des prières à Dieu pour lui.

6 Et la nuit de devant le jour qu’Hérode devait l’envoyer au supplice, Pierre dormait entre deux soldats, étant lié de deux chaînes ; et les gardes qui étaient devant la porte gardaient la prison.

7 Et un ange du Seigneur survint tout à coup, une lumière resplendit dans la prison, et l’ange, poussant Pierre par le côté, l’éveilla, et lui dit : Lève-toi promptement. Et les chaînes tombèrent de ses mains.

8 Et l’ange lui dit : Ceins-toi, et attache tes souliers ; ce qu’il fit. Puis l’ange ajouta : Mets ta robe et suis-moi.

9 Et Pierre étant sorti, le suivait sans savoir que ce que l’ange faisait se fît réellement, mais il croyait qu’il avait une vision.

10 Et quand ils eurent passé la première et la seconde garde, ils vinrent à la porte de fer, qui conduit à la ville, et la porte s’ouvrit à eux d’elle-même ; et étant sortis, ils allèrent le long d’une rue, et aussitôt l’ange se retira d'avec lui.

11 Alors Pierre, étant revenu à soi, dit : Je reconnais maintenant véritablement que le Seigneur a envoyé son ange, et qu’il m’a délivré de la main d’Hérode, et de tout ce que le peuple juif attendait.

12 Et après y avoir réfléchi, il alla à la maison de Marie, mère de Jean, surnommé Marc, où plusieurs personnes étaient assemblées et faisaient des prières.

13 Quand il eut frappé à la porte du vestibule, une servante, nommée Rhode, vint pour savoir qui c’était.

14 Et ayant reconnu la voix de Pierre, de la joie quelle eut, elle n’ouvrit point la porte ; mais elle courut annoncer que Pierre était devant la porte.

15 Et ils lui dirent : Tu es folle. Mais elle assurait que la chose était ainsi ; et eux disaient : C’est son ange.

16 Cependant, Pierre continuait à frapper, et quand ils eurent ouvert, ils le virent et furent ravis hors d’eux-mêmes.

17 Mais lui, leur ayant fait signe de la main de faire silence, leur raconta comment le Seigneur l’avait fait sortir de la prison ; et il leur dit : Faites savoir ceci à Jacques et à nos frères ; après quoi il sortit, et s’en alla à un autre lieu.

18 Quand il fut jour, il y eut un grand trouble parmi les soldats, pour savoir ce que Pierre était devenu.

19 Et Hérode, l’ayant fait chercher sans qu’on le pût trouver, il fit faire le procès aux gardes, et il commanda qu’on les menât au supplice. Puis il descendit de Judée à Césarée, où il s’arrêta.

20 Or, Hérode avait dessein de faire la guerre aux Tyriens et aux Sidoniens. Mais ils vinrent le trouver d’un commun accord, et ayant gagné Blaste, qui était chambellan, ils demandèrent la paix, parce que leur pays tirait sa subsistance de celui du roi.

21 Hérode donc, leur ayant donné jour pour leur parler, se revêtit de ses habits royaux, s’assit sur son trône, et les harangua.

22 Et le peuple s’écria : Voix d’un Dieu, et non point d’un homme !

23 Et à l’instant un ange du Seigneur le frappa, parce qu’il n’avait pas donné gloire à Dieu, et il mourut, rongé des vers.

24 Mais la parole du Seigneur faisait de grands progrès, et se répandait de plus en plus.

25 Et Barnabas et Saul, après s’être acquittés de leur ministère, revinrent de Jérusalem, ayant aussi pris avec eux Jean, surnommé Marc. 

REFLEXIONS

On voit d’abord dans ce chapitre que l’apôtre St. Jacques de même que St. Étienne scella la vérité de l’Évangile par son sang et qu’ainsi la religion chrétienne s’est établie par les souffrances de ceux qui l’annonçaient, ce qui en fait voir la vérité et la divinité.

II. Dieu qui avait permis que St. Jacques fût mis à mort permit aussi que le roi Hérode mit St. Pierre en prison, mais le Seigneur délivra miraculeusement cet apôtre en envoyant un ange qui lui ouvrit les portes de la prison et le mis en liberté. Cette merveilleuse délivrance nous donne lieu de reconnaître que si Dieu souffre quelques fois que les méchants exécutent leurs desseins, il ne leur permet pas toujours de faire tout le mal qu’ils avaient résolu et qu’il veille pour ses fidèles serviteurs. Mais on voit aussi en cela combien la prière a d’efficace puisque l’église de Jérusalem obtint la délivrance de St. Pierre par les prières qu’elle fit à Dieu.

III. La mort du roi Hérode, qui fut rongé de vers pour punition de son orgueil, est digne d’attention. Cet événement, qui est aussi rapporté par Josephe, historien juif, montre que Dieu confond les orgueilleux, que les persécuteurs de l’église font d’ordinaire une fin funeste et que les princes cruels et superbes reçoivent tôt ou tard la peine due à leur méchanceté.

CHAPITRE XIII

Paul et Barnabas vont d’Antioche à Chypre et de là à Paphos où St. Paul frappe d’aveuglement un imposteur juif et où il convertit à la foi le proconsul Serge Paul qui était le premier magistrat de cette île. Après cela, St. Paul, étant arrivé à Antioche de Pisidie, fait un discours aux Juifs de cette ville-là dans lequel il leur montre que Dieu, selon les promesses qu’il avait faites à leurs pères avait envoyé Jésus-Christ, que ce Jésus qui avait été crucifié était ressuscité et que tous ceux qui croiraient en lui obtiendraient le salut. Plusieurs, tant Juifs que Gentils, ayant cru à la prédication de St. Paul, les Juifs s’irritèrent contre lui et   le firent même chasser avec Barnabas, mais ces apôtres leur déclarèrent que puisqu’ils rejetaient l’Évangile, ils l’annonceraient aux païens, et ils se retirèrent. 

1 Il y avait dans l’Eglise d’Antioche quelques prophètes et docteurs, savoir, Barnabas, Siméon appelé Niger, Lucius le Cyrénéen, Manahem, qui avait été élevé avec Hérode le tétrarque, et Saul.

2 Comme donc ils vaquaient au service du Seigneur, et qu’ils jeûnaient, le Saint-Esprit leur dit : Séparez-moi Barnabas et Saul, pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés.

3 Après donc qu’ils eurent jeûné et prié, ils leur imposèrent les mains, et les firent partir.

4 Eux donc, étant envoyés par le Saint-Esprit, descendirent à Séleucie, où ils s’embarquèrent pour aller en Chypre.

5 Et lorsqu’ils furent arrivés à Salamine, ils annoncèrent la parole de Dieu dans les synagogues des Juifs, et ils avaient Jean avec eux, pour les aider.

6 Ayant ensuite traversé l’île jusqu’à Paphos, ils trouvèrent un certain Juif, magicien et faux prophète, nommé Barjésu,

7 qui était avec le proconsul Serge Paul, homme sage et prudent. Celui-ci, ayant fait appeler Barnabas et Saul, désirait d’entendre la parole de Dieu.

8 Mais Elymas, c’est-à-dire le magicien, car c’est ce que signifie ce nom, leur résistait, tâchant de détourner le proconsul de la foi.

9 Mais Saul, qui est aussi appelé Paul, étant rempli du Saint-Esprit, ayant les yeux fixés sur lui, lui dit :

10 O homme, rempli de toute sorte de fraude et de méchanceté, enfant du diable, ennemi de toute justice, ne cesseras-tu point de pervertir les voies du Seigneur, qui sont droites ?

11 C’est pourquoi, voici, dès maintenant la main du Seigneur sera sur toi, et tu seras aveugle, sans voir le soleil, jusqu’à un certain temps. Et à l’instant l’obscurité et les ténèbres tombèrent sur lui ; et tournant de tous côtés, il cherchait quelqu’un qui le conduisît par la main.

12 Alors le proconsul, voyant ce qui était arrivé, crut, étant rempli d’admiration pour la doctrine du Seigneur.

13 Et quand Paul et ceux qui étaient avec lui, furent partis de Paphos, ils vinrent à Perge en Pamphylie. Mais Jean, s’étant séparé d’eux, s’en retourna à Jérusalem.

14 Pour eux, étant partis de Perge, ils vinrent à Antioche de Pisidie ; et étant entrés dans la synagogue, au jour du sabbat, ils s’assirent.

15 Et après la lecture de la loi et des prophètes, les principaux de la synagogue leur envoyèrent dire : Hommes frères, si vous avez quelque exhortation à faire au peuple, faites-la.

16 Alors Paul s’étant levé, et ayant fait signe de la main qu’on fît silence, il dit : Hommes Israélites, et vous qui craignez Dieu, écoutez.

17 Le Dieu de ce peuple d’Israël choisit nos pères, et rendit ce peuple illustre, lorsqu’ils demeuraient dans le pays d’Egypte, et il les en fit sortir à bras élevé.

18 Et il supporta leur conduite dans le désert, l’espace d’environ quarante ans.

19 Et ayant détruit sept nations au pays de Canaan, il leur distribua leur pays par le sort.

20 Et environ quatre cent cinquante ans après cela, il leur donna des juges, jusqu'au prophète Samuel.

21 Et ensuite ils demandèrent un roi, et Dieu leur donna Saül, fils de Kis, de la tribu de Benjamin, et ainsi se passèrent quarante ans.

22 Et Dieu l’ayant ôté, il leur suscita David pour roi, à qui aussi il rendit témoignage, en disant : J’ai trouvé David, fils de Jessé, un homme selon mon cœur, qui exécutera toutes mes volontés.

23 C’est de sa postérité que Dieu a suscité Jésus, selon sa promesse, pour être le Sauveur d’Israël.

24 Avant qu’il parût, Jean avait prêché le baptême de repentance à tout le peuple d’Israël.

25 Et lorsque Jean achevait sa course, il disait : Qui pensez-vous que je sois ? Je ne suis pas le Christ ; mais il en vient un après moi, dont je ne suis pas digne de délier les souliers de ses pieds.

26 C’est à vous, mes frères, qui êtes de la race d’Abraham, et à ceux d’entre vous qui craignent Dieu, que cette parole de salut est adressée.

27 Car les habitants de Jérusalem et leurs magistrats, n’ayant point reconnu Jésus, ont accompli, en le condamnant, les paroles des prophètes, qui se lisent chaque jour de sabbat.

28 Et bien qu’ils ne trouvassent rien en lui qui fût digne de mort, ils demandèrent à Pilate de le faire mourir.

29 Et après qu’ils eurent accompli tout ce qui avait été écrit de lui, on l'ôta du bois, et on le mit dans le sépulcre.

30 Mais Dieu l’a ressuscité des morts.

31 Et il a été vu, pendant plusieurs jours, de ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, qui sont ses témoins devant le peuple.

32 Et nous aussi, nous vous annonçons qu’à l’égard de la promesse qui avait été faite à nos pères,

33 Dieu l’a accomplie pour nous qui sommes leurs enfants, lorsqu’il a suscité Jésus ; comme il est écrit dans le second psaume : Tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui.

34 Et pour montrer qu’il l’a ressuscité des morts, pour ne devoir plus retourner au sépulcre, il a parlé ainsi : Je vous tiendrai fidèlement les promesses sacrées que j’ai faites à David.

35 C’est pourquoi il dit aussi dans un autre endroit : Tu ne permettras point que ton Saint sente la corruption ;

36 car pour David, après avoir servi en son temps aux desseins de Dieu, il est mort, et a été mis avec ses pères, et il a senti la corruption ;

37 mais celui que Dieu a ressuscité, n’a point senti la corruption.

38 Sachez donc, mes frères, que c’est par lui que la rémission des péchés vous est annoncée ;

39 et que c’est par lui que tous ceux qui croient sont justifiés de toutes les choses dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse.

40 Prenez donc garde qu’il ne vous arrive ce qui a été dit dans les prophètes :

41 Voyez, vous qui me méprisez, et soyez étonnés, et pâlissez d’effroi ; car je vais faire une œuvre en vos jours, une œuvre que vous ne croirez point, si quelqu’un vous la raconte.

42 Après qu’ils furent sortis de la synagogue des Juifs, les Gentils les prièrent de leur annoncer les mêmes choses le sabbat suivant.

43 Et quand l’assemblée fut séparée, plusieurs Juifs et prosélytes, craignant Dieu, suivirent Paul et Barnabas, qui les exhortèrent à persévérer dans la grâce de Dieu.

44 Le sabbat suivant, presque toute la ville s’assembla pour entendre la parole de Dieu.

45 Mais les Juifs, voyant la foule, furent remplis d’envie, et s’opposaient à ce que Paul disait, en contredisant et en blasphémant.

46 Alors Paul et Barnabas leur dirent hardiment : C’était bien à vous les premiers qu’il fallait annoncer la parole de Dieu, mais puisque vous la rejetez, et que vous vous jugez vous-mêmes indignes de la vie éternelle, voici, nous nous tournons vers les Gentils.

47 Car le Seigneur nous l’a ainsi commandé quand il a dit : Je t’ai établi pour être la lumière des Gentils, afin que tu sois leur salut jusqu’aux extrémités de la terre.

48 Les Gentils, entendant cela, s’en réjouissaient, et donnaient gloire à la parole du Seigneur ; et tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle, crurent.

49 Ainsi la parole du Seigneur se répandait par tout le pays.

50 Mais les Juifs animèrent quelques femmes dévotes et de qualité, et les principaux de la ville, et ils excitèrent une persécution contre Paul et Barnabas, et les chassèrent de leur pays.

51 Mais Paul et Barnabas, ayant secoué la poudre de leurs pieds contre eux, allèrent à Icone.

52 Cependant, les disciples étaient remplis de joie et du Saint-Esprit. 

REFLEXIONS

Saint Luc rapporte au commencement de ce chapitre que Paul et Barnabas étant allés en divers lieux de l’Asie et de la Grèce par l’ordre du Saint-Esprit et après que les prophètes et les ministres de l’église d’Antioche eurent prié et jeûné, ils annoncèrent l’Évangile dans tous ces lieux-là avec succès. Ce sont là des marques de la divinité de leur vocation, mais nous en avons surtout une preuve remarquable dans la conversion du gouverneur de Paphos et dans la punition miraculeuse d’Elymas qui voulait détourner ce gouverneur d’embrasser la religion chrétienne. On voit en ces deux hommes, dont l’un crut à la prédication de St. Paul et l’autre s’y opposait de toutes ses forces, que si la parole de Dieu sauve ceux qui la reçoivent, elle condamnera ceux qu’elle ne convertit pas et que ceux qui s’opposent à la vérité et qui détournent les autres de la foi et de la piété attirent sur eux les jugements de Dieu les plus sévères.

Le discours que St. Paul fit dans la synagogue d’Antioche est un abrégé de la doctrine chrétienne. Cet apôtre y montre aux Juifs que Jésus est né de la race de David et que c’est lui qui est le Messie promis, ce qu’il prouve par le témoignage de Jean-Baptiste et par les prédictions des prophètes. Il leur déclare ensuite que ce Jésus qu’on avait crucifié à Jérusalem était ressuscité conformément aux oracles du Vieux Testament. Enfin, il leur apprend que le but de la venue de Jésus-Christ a été d’obtenir aux hommes la rémission de leurs péchés, qu’ainsi tous ceux qui croiraient en lui seraient justifiés, mais que ceux qui le rejetteraient seraient exclus du salut.

Puisque c’est là la substance de la religion chrétienne, nous y devons faire une sérieuse et continuelle attention et reconnaître par-là que ce n’est que par le moyen de la foi en Jésus-Christ et par l’obéissance à l’Évangile que nous pouvons être sauvés.

Pour ce qui est de l’effet que produisit la prédication de St. Paul, St. Luc nous apprend que plusieurs la reçurent, mais que le plus grand nombre des Juifs s’obstinèrent dans leur incrédulité, ce qui fit que cet apôtre leur déclara qu’il allait se tourner vers les Gentils.

La doctrine de l’Évangile produit des effets bien différents quand elle est prêchée. Il y en a qui en profitent, mais il y en a d’autres qui la rejettent et qui, au lieu de céder à la vérité, s’y opposent même avec fierté. Mais s’il y a des incrédules qui demeurent dans l’aveuglement et dans la perdition, ils en sont eux seuls la cause, personne n’étant exclus de la vie éternelle que ceux qui s’en jugent eux-mêmes indignes. 

CHAPITRE XIV

Paul et Barnabas prêchent à Icône. De là ils vont à Lystre où, ayant guéri un impotent, les habitants de ce lieu-là les prirent pour des dieux, ce qui donna à St. Paul de les exhorter à renoncer à l’idolâtrie. Peu après cet apôtre fut lapidé par le peuple de cette ville que les Juifs avaient soulevé, mais Dieu lui ayant conservé la vie, il s’en alla en d’autres lieux et il revint à Antioche. 

1 Paul et Barnabas étant arrivés à Icone, ils entrèrent ensemble dans la synagogue des Juifs, et ils parlèrent de telle sorte qu’il y eut une grande multitude de Juifs et de Grecs qui crurent.

2 Mais les Juifs incrédules excitèrent et irritèrent les esprits des Gentils contre les frères.

3 Paul et Barnabas demeurèrent cependant là assez longtemps, parlant hardiment du Seigneur, qui rendait témoignage à la parole de sa grâce, en faisant par leurs mains des prodiges et des miracles.

4 Mais le peuple de la ville fut partagé ; et les uns étaient pour les Juifs, et les autres pour les apôtres.

5 Et comme il se fit une émeute des Gentils et des Juifs, avec leurs principaux chefs, pour outrager les apôtres et pour les lapider,

6 eux l’ayant appris, s’enfuirent aux villes de Lycaonie, savoir, à Lystre et à Derbe, et au pays d’alentour ;

7 et ils y annoncèrent l’évangile.

8 Il y avait à Lystre un homme impotent de ses jambes, qui était assis ; il était perclus dès sa naissance, et il n’avait jamais marché.

9 Il entendit parler Paul, qui, ayant arrêté les yeux sur lui, et voyant qu’il avait la foi pour être guéri,

10 Dit à haute voix : Lève-toi, et tiens-toi droit sur tes pieds. Et il se leva en sautant, et il marcha.

11 Et le peuple, ayant vu ce que Paul avait fait, s’écria, et dit en langue lycaonienne : Des dieux, ayant pris une forme humaine, sont descendus vers nous.

12 Et ils appelaient Barnabas, Jupiter, et Paul, Mercure, parce que c’était lui qui portait la parole.

13 Et même le sacrificateur de Jupiter, qui était à l’entrée de leur ville, vint avec des taureaux et des couronnes, et voulait leur sacrifier avec la multitude.

14 Mais les apôtres, Barnabas et Paul, l’ayant appris, déchirèrent leurs vêtements, et se jetèrent au milieu de la foule en s’écriant,

15 et disant : Hommes, pourquoi faites-vous cela ? Nous ne sommes que des hommes, sujets aux mêmes infirmités que vous ; et nous vous annonçons, qu’en quittant ces choses vaines, vous vous convertissiez au Dieu vivant, qui a fait le ciel, la terre et la mer, et toutes les choses qui y sont ;

16 qui dans les temps passés a laissé marcher toutes les nations dans leurs voies.

17 Quoiqu’il n’ait point cessé de donner des témoignages de ce qu’il est, en nous faisant du bien, en nous envoyant les pluies du ciel, et les saisons fertiles, en nous donnant la nourriture avec abondance, et en remplissant nos cœurs de joie.

18 Et en disant cela, à peine purent-ils empêcher le peuple de leur sacrifier.

19 Alors, quelques Juifs survinrent d’Antioche et d’Icone, qui gagnèrent le peuple, en sorte qu’ayant lapidé Paul, ils le traînèrent hors de la ville, croyant qu’il était mort.

20 Mais les disciples s’étant assemblés autour de lui, il se leva et rentra dans la ville, et le lendemain il s’en alla avec Barnabas à Derbe.

21 Et après avoir annoncé l’évangile dans cette ville-là, et y avoir fait plusieurs disciples, ils retournèrent à Lystre, à Icone et à Antioche ;

22 fortifiant l’esprit des disciples, les exhortant à persévérer dans la foi, et leur représentant que c’est par plusieurs afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu.

23 Et après avoir prié et jeûné, ils établirent des anciens dans chaque Église, et ils les recommandèrent au Seigneur, en qui ils avaient cru.

24 Puis, ayant traversé la Pisidie, ils vinrent en Pamphylie.

25 Et ayant annoncé la parole à Perge, ils descendirent à Attalie.

26 Et de là ils s’embarquèrent pour Antioche, d’où ils étaient partis, après avoir été recommandés à la grâce de Dieu, pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie.

27 Et quand ils furent arrivés et qu’ils eurent assemblé l’Église, ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites par eux, et comment il avait ouvert aux Gentils la porte de la foi.

28 Et ils demeurèrent là longtemps avec les disciples. 

REFLEXIONS

On voit ici en général que les apôtres ont exercés leur ministère avec un grand zèle et au milieu des persécutions et que St. Paul en particulier a éprouvé partout la fureur des Juifs puisqu’il fut en danger d’être lapidé à Icone avec Barnabas et qu’ensuite on le lapida à Lystre et qu’il fut même laissé pour mort. Mais on remarque aussi que Dieu garantissait les apôtres dans les périls continuels auxquels ils étaient exposés, qu’il faisait par leur moyen des miracles surprenant et que s’ils avaient le déplaisir de voir les Juifs s’opposer à eux, ils avaient d’un autre côté la consolation d’amener plusieurs païens à la foi.

II. St. Paul fit paraître un zèle admirable lorsqu’après qu’il eut guéri un impotent, les habitants de Lystre le prirent lui et Barnabas pour des dieux et qu’ils voulurent leur rendre des honneurs divins.

Ceux qui craignent Dieu et qui ont un vrai zèle ne cherchent jamais leur propre gloire et leur grand but est que Dieu seul soit glorifié et que les hommes le connaissent et l’adorent.

III. Le discours que St. Paul fit aux Lycaoniens qui étaient des peuples idolâtres nous enseigne que Dieu s’est fait connaître de tout temps aux hommes par les œuvres de la nature et de la providence et qu’il leur a toujours donné des témoignages de sa bonté.

Sur quoi nous devons considérer que si les bienfaits que Dieu accorde aux hommes dans la nature doivent les engager à l’aimer et à le servir, nous y sommes beaucoup plus obligés, nous à qui il s’est révélé par l’Évangile et à qui il a donné des témoignages si convainquant de son amour en envoyant Jésus-Christ au monde.

St. Luc remarque sur la fin de ce chapitre que les apôtres avaient un soin particulier d’aller en divers lieux pour exhorter les chrétiens et surtout pour établir des pasteurs en chaque église. Cette conduite des apôtres montre que les fidèles ont toujours besoin d’être instruits et exhortés, qu’en particulier le ministère de pasteur est tout-à-fait nécessaire et que la volonté de Dieu est que partout où il y a des chrétiens il y ait des ministres pour enseigner, pour exhorter et pour conduite l’église. 

CHAPITRE XV.

Une dispute s’étant élevée dans l’église d’Antioche sur ce que quelques Juifs qui s’étaient fait chrétiens soutenaient que les païens qui se convertissaient à la religion chrétienne devaient être circoncit comme les Juifs et garder les cérémonies de la loi de Moïse, Paul et Barnabas furent envoyés à Jérusalem pour consulter les apôtres sur cette question-là. Les apôtres étant assemblés déclarèrent que les païens n’étaient pas obligés d’observer la circoncision et les cérémonies de la loi et qu’ils suffisait qu’ils crussent en Jésus-Christ, qu’ils obéissent à l’Évangile et qu’ils s’abstinssent de ce qui pourrait les entraîner dans l’idolâtrie. C’est ce que les apôtres firent savoir à l’église d’Antioche par une lettre qui fut portée par Paul et Barnabas.Après quoi ces deux serviteurs de Dieu allèrent en d’autres pays pour y annoncer l’Évangile. 

1 Or, quelques-uns qui étaient venus de Judée, enseignaient les frères, et leur disaient : Si vous n’êtes circoncis selon l’usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés.

2 Sur quoi une grande contestation et une dispute s’étant élevée entre Paul et Barnabas et eux, il fut résolu que Paul et Barnabas, avec quelques-uns d’entre eux, monteraient à Jérusalem, pour consulter les apôtres et les anciens sur cette question.

3 Etant donc envoyés de la part de l’Église, ils traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant la conversion des Gentils ; et ils donnèrent une grande joie à tous les frères.

4 Et étant arrivés à Jérusalem, ils furent bien reçus par l’Église, par les apôtres et par les anciens, et ils racontèrent toutes les choses que Dieu avait faites par eux.

5 Mais, dirent-ils, quelques-uns de la secte des Pharisiens, qui ont cru, se sont élevés, disant, qu’il fallait circoncire les Gentils, et leur ordonner de garder la loi de Moïse.

6 Alors, les apôtres et les anciens s’assemblèrent pour examiner cette affaire.

7 Et après une grande dispute, Pierre se leva, et leur dit : Mes frères, vous savez qu’il y a longtemps que Dieu m’a choisi d’entre nous, afin que les Gentils entendissent par ma bouche la parole de l’évangile, et qu’ils crussent.

8 Et Dieu qui connaît les cœurs, leur a rendu témoignage, leur donnant le Saint-Esprit aussi bien qu’à nous.

9 Et il n’a point fait de différence entre nous et eux, ayant purifié leurs cœurs par la foi.

10 Maintenant donc, pourquoi tentez-vous Dieu en voulant imposer aux disciples un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter ?

11 Mais nous croyons que nous serons sauvés par la grâce du Seigneur Jésus-Christ, de même qu’eux.

12 Alors, toute l’assemblée se tut, et ils écoutaient Barnabas et Paul, qui leur racontaient quels miracles et quelles merveilles Dieu avait faits par eux parmi les Gentils.

13 Et après qu’ils eurent cessé de parler, Jacques prit la parole, et dit : Mes frères, écoutez-moi :

14 Simon a recité comment Dieu a commencé de visiter les Gentils, pour en faire un peuple consacré à son nom.

15 Et c’est à quoi les paroles des prophètes s’accordent, selon qu’il est écrit :

16 Après cela, je reviendrai, et je rebâtirai le tabernacle de David, qui est tombé ; je réparerai ses ruines, et je le redresserai ;

17 afin que le reste des hommes, et toutes les nations parmi lesquelles mon nom est invoqué, cherchent le Seigneur ; c’est ce que dit le Seigneur, qui a fait toutes ces choses.

18 Toutes les œuvres de Dieu lui sont connues de toute éternité.

19 C’est pourquoi j’estime qu’il ne faut point inquiéter ceux d’entre les Gentils qui se convertissent à Dieu ;

20 mais qu’il faut leur écrire de s’abstenir des souillures des idoles, de la fornication, des choses étouffées et du sang.

21 Car, pour ce qui est de Moïse, il y a depuis plusieurs siècles, des gens qui le prêchent dans les synagogues, où on le lit tous les jours de sabbat.

22 Alors, les apôtres et les anciens, avec toute l’Eglise, jugèrent à propos d’envoyer à Antioche des personnes choisies d’entre eux, avec Paul et Barnabas, savoir, Jude, surnommé Barsabas, et Silas, qui étaient des principaux d’entre les frères ;

23 en écrivant par eux en ces termes : Les apôtres, les anciens et les frères, à nos frères d’entre les Gentils qui sont à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut.

24 Comme nous avons appris que quelques-uns qui sont partis d’entre nous, vous ont troublés par leurs discours, et ont ébranlé vos âmes, en disant qu’il faut être circoncis et garder la loi ; de quoi nous ne leur avions donné aucun ordre ;

25 nous avons été d’avis, après nous être assemblés d’un commun accord, de vous envoyer des personnes choisies, avec nos chers frères Barnabas et Paul,

26 qui sont des hommes qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ.

27 Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous feront aussi entendre les mêmes choses de bouche :

28 C’est qu’il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous, de ne vous point imposer d’autre charge que ces choses qui sont nécessaires ;

29 savoir, que vous vous absteniez de ce qui a été sacrifié aux idoles, du sang, des choses étouffées, et de la fornication ; desquelles choses vous ferez bien de vous garder. Adieu.

30 Ayant donc été envoyés, ils vinrent à Antioche ; et ayant assemblé la multitude des fidèles, ils leur rendirent cette lettre.

31 Et après qu’elle eut été lue, ils se réjouirent de la consolation qu’elle leur donna.

32 Jude et Silas, qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent et fortifièrent aussi les frères par plusieurs discours.

33 Et après qu’ils eurent demeuré là quelque temps, les frères les renvoyèrent en paix vers les apôtres.

34 Toutefois, Silas jugea à propos de demeurer à Antioche.

35 Et Paul et Barnabas y demeurèrent aussi, enseignant et annonçant avec plusieurs autres la parole du Seigneur.

36 Quelques jours après, Paul dit à Barnabas : Retournons visiter nos frères, par toutes les villes où nous avons annoncé la parole du Seigneur, pour voir en quel état ils sont.

37 Et Barnabas était d’avis de prendre avec eux Jean, surnommé Marc.

38 Mais il ne semblait pas raisonnable à Paul de prendre avec eux celui qui les avait quittés en Pamphylie, et qui ne les avait pas accompagnés dans l’œuvre de leur ministère.

39 Il y eut donc entre eux une contestation, en sorte qu’ils se séparèrent l’un de l’autre, et que Barnabas, ayant pris Marc avec lui, s’embarqua pour aller en Chypre.

40 Mais Paul, ayant choisi Silas, partit, après avoir été recommandé à la grâce de Dieu par les frères ;

41 et il traversa la Syrie et la Cilicie, confirmant les Eglises. 

REFLEXIONS

C’est ici un chapitre qui mérite une attention particulière.

La doctrine de la justification y est parfaitement éclaircie et ce qui y est dit sert à l’intelligence des endroits du Nouveau Testament où cette doctrine est traitée. Il faut se souvenir en premier lieu que la question qui fut proposée n’était pas de savoir si les païens pour être sauvés devaient garder les commandements de Jésus-Christ, et faire des bonnes œuvres, personne ne doutait alors de cette vérité là et il n’y avait aucune dispute là-dessus. Mais la question était si les païens devaient se soumettre à la circoncision et aux cérémonies de la loi de Moïse comme certains Juifs convertis à la foi chrétienne le prétendaient.

Après cela, il faut remarquer que les apôtres décidèrent deux choses sur cette question-là.

La première qu’il ne fallait point obliger les païens qui se convertissaient à être circoncis et à pratiquer les cérémonies des Juifs, mais qu’il suffisait pour le salut qu’ils crussent sincèrement en Jésus-Christ.

C’est ce que les apôtres prouvent :

I. Parce que Dieu avait répandu son Esprit sur les païens aussi bien que sur les Juifs et qu’il leur avait donné la foi.

II. Par la nature même des cérémonies mosaïques et enfin par les oracles des prophètes.

C’est aussi la doctrine que St. Paul établit dans ses épîtres où il enseigne : que nous sommes justifiés par la foi en Jésus-Christ, sans les œuvres de la loi.

L’autre chose que les apôtres déclarèrent fut que les païens doivent cependant s’abstenir de ce qui avait été sacrifié aux idoles, du sang, des choses étouffées et de la fornication. La raison de cette défense était que l’usage de ces viandes, de même que l’impureté faisaient une partie du culte et des festins idolâtres des païens et qu’ainsi, si les chrétiens ne s’étaient pas abstenus de ces choses-là, cela aurait pu les entraîner dans l’idolâtrie, scandaliser les Juifs et confirmer les païens dans leur fausse religion.

Il parait donc clairement d’ici que les apôtres n’ont point dispensé les hommes de la loi morale, mais qu’ils ne les ont dispensés que de la loi des cérémonies et que même en enseignant que nous sommes justifiés par la foi, ils ont établi de la manière la plus forte la nécessité des bonnes œuvres puisque la foi ne peut être sincère si elle ne produit l’étude de la sainteté et l’obéissance à l’Évangile.

Pour ce qui est de la séparation de Saint Barnabas d’avec Saint Paul dont il est fait mention sur la fin de ce chapitre, on y voit à la vérité quelque différence de sentiments entre ces deux excellents serviteurs de Dieu, mais cela ne les désunit point et ne les empêcha pas d’aller toujours à leur devoir et de travailler sans relâche à l’avancement du règne de Jésus-Christ. 

CHAPITRE XVI.

Saint Paul appelle Timothée au ministère et après avoir été en divers lieux, il va dans la Macédoine et il arrive dans la ville de Philippes où il prêche l’Évangile et où une femme nommée Lydie embrasse la religion chrétienne. Pendant que St Paul était à Philippes, il se fit une émeute contre lui parce qu’il avait délivré une servante d’un mauvais esprit dont elle était possédée, il fut fouetté avec Silas et mis en prison, mais Dieu les délivra miraculeusement, le geôlier fut converti à la foi et les magistrats de Philippe prièrent St. Paul et Silas de se retirer après leur avoir fait des excuses du mauvais traitement qu’ils avaient reçu. 

1 Paul arriva à Derbe et à Lystre, et il y avait là un disciple nommé Timothée, fils d’une femme Juive fidèle, mais d’un père Grec ;

2 et comme les frères qui étaient à Lystre et à Icone, lui rendaient un bon témoignage,

3 Paul voulut qu’il l’accompagnât ; et l’ayant pris avec lui, il le circoncit, à cause des Juifs qui étaient en ces lieux-là ; car tous savaient que son père était Grec.

4 Et comme ils allaient de ville en ville, ils recommandaient aux fidèles de garder les ordonnances qui avaient été établies par les apôtres et par les anciens de Jérusalem.

5 Ainsi, les Eglises étaient confirmées dans la foi, et elles croissaient en nombre de jour en jour.

6 Puis, ayant traversé la Phrygie et la Galatie, le Saint-Esprit leur défendit d’annoncer la Parole en Asie.

7 Et étant venus en Mysie, ils se disposaient à aller en Bithynie ; mais l’Esprit ne le leur permit pas.

8 Ils traversèrent ensuite la Mysie, et descendirent à Troas.

9 Et Paul eut une vision pendant la nuit : un homme macédonien se présenta devant lui, et le pria, disant : Passe en Macédoine et viens nous secourir.

10 Aussitôt qu’il eut vu cette vision, nous nous disposâmes à passer en Macédoine, concluant de là que le Seigneur nous y rappelait, pour leur annoncer l’Evangile.

11 Etant donc partis de Troas, nous tirâmes droit vers Samothrace, et le lendemain à Néapolis ;

12 et de là à Philippes, qui est la première ville de ce quartier de la Macédoine, et une colonie romaine ; et nous y séjournâmes quelques jours.

13 Le jour du sabbat nous sortîmes de la ville ; et nous allâmes près de la rivière, où l’on avait accoutumé de faire la prière, et nous étant assis, nous parlions aux femmes qui s’y étaient assemblées.

14 Et une certaine femme nommée Lydie, de la ville de Thyatire, marchande de pourpre, qui craignait Dieu, nous écouta ; et le Seigneur lui ouvrit le cœur, pour faire attention aux choses que Paul disait.

15 Et quand elle eut été baptisée avec sa famille, elle nous fit cette prière : Si vous m’avez crue fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et y demeurez ; et elle nous y obligea.

16 Or, un jour que nous allions à la prière, une servante qui avait un esprit de Python, et qui apportait un grand profit à ses maîtres en devinant, nous rencontra.

17 Elle nous suivait, Paul et nous, en criant : Ces hommes sont des serviteurs du Dieu très haut, et ils vous annoncent la voie du salut.

18 Elle fit cela pendant plusieurs jours ; mais Paul, en étant importuné, se retourna, et dit à l’esprit : Je te commande, au nom de Jésus-Christ, de sortir de cette fille. Et il en sortit au même instant.

19 Mais ses maîtres, voyant qu’ils avaient perdu l’espérance de leur gain, se saisirent de Paul et de Silas, et les traînèrent à la place publique, devant les magistrats.

20 Et ils les présentèrent aux magistrats, et leur dirent : Ces hommes-ci, qui sont Juifs, troublent notre ville ;

21 et ils enseignent une manière de vivre qu’il ne nous est pas permis de recevoir, ni de suivre, à nous qui sommes Romains.

22 Et le peuple en foule s’éleva contre eux, et les magistrats, ayant fait déchirer leurs robes, ordonnèrent qu’ils fussent battus de verges.

23 Et après qu’on leur eut donné plusieurs coups, ils les firent mettre en prison ; et ils ordonnèrent au geôlier de les garder sûrement.

24 Ayant reçu cet ordre, il les mit au fond de la prison, et leur serra les pieds dans des entraves.

25 Sur le minuit, Paul et Silas, étant en prières, chantaient les louanges de Dieu, et les prisonniers les entendaient.

26 Et tout d’un coup il se fit un grand tremblement de terre, en sorte que les fondements de la prison en furent ébranlés, et en même temps toutes les portes furent ouvertes, et les liens de tous les prisonniers furent rompus.

27 Alors le geôlier, étant réveillé, et voyant les portes de la prison ouvertes, tira son épée, et allait se tuer, croyant que les prisonniers s’étaient sauvés.

28 Mais Paul lui cria à haute voix : Ne te fais point de mal ; nous sommes tous ici.

29 Alors le geôlier, ayant demandé de la lumière, entra promptement, et tout tremblant il se jeta aux pieds de Paul et de Silas.

30 Et les ayant menés dehors, il leur dit : Seigneurs, que faut-il que je fasse pour être sauvé ?

31 Ils lui dirent : Crois au Seigneur Jésus-Christ, et tu seras sauvé, toi et ta famille.

32 Et ils lui annoncèrent la parole du Seigneur, et à tous ceux qui étaient dans sa maison.

33 Et les ayant pris à cette même heure de la nuit, il lava leurs plaies ; et aussitôt il fut baptisé, lui et tous les siens.

34 Et les ayant menés dans son logement, il leur fit servir à manger ; et il se réjouit de ce qu’il avait cru en Dieu, avec toute sa famille.

35 Le jour étant venu, les magistrats envoyèrent des sergents, pour dire au geôlier : Laisse aller ces gens-là.

36 Aussitôt le geôlier rapporta ces paroles à Paul, et lui dit : Les magistrats ont envoyé dire qu’on vous laissât aller ; sortez donc maintenant, et vous en allez en paix.

37 Mais Paul dit aux sergents : Après nous avoir battus de verges publiquement, sans forme de jugement, nous qui sommes Romains, ils nous ont mis en prison ; et maintenant ils nous font sortir en secret ; il n’en sera pas ainsi ; mais qu’ils viennent eux-mêmes, et nous mettent en liberté.

38 Et les sergents rapportèrent cela aux magistrats, qui eurent peur, ayant appris qu’ils étaient Romains.

39 C’est pourquoi ils vinrent vers eux, et leur firent des excuses, et les ayant mis hors de la prison, ils les prièrent de se retirer de la ville.

40 Et eux, étant sortis de la prison, entrèrent chez Lydie ; et ayant vu les frères, ils les consolèrent, et ensuite ils partirent.

 REFLEXIONS

Il y a deux choses à remarquer sur la vocation de Timothée au saint ministère.

I. La première, que Timothée, qui fut un si grand serviteur de Dieu, avait été élevé dans la piété et que bien qu’il fût jeune, tout le monde lui rendait un bon témoignage, par où l’on voit qu’il ne faut établir dans le ministère que des personnes qui craignent Dieu dès leur jeunesse et qui aient le témoignage d’une bonne et sainte vie.

II. La seconde, que St. Paul, qui condamnait la circoncision lorsqu’on voulait l’imposer aux païens, comme un devoir nécessaire, fit pourtant circoncire Timothée par des raison de prudence, de peur que les Juifs ne rejetassent son ministère sous prétexte qu’il était né d’un père païen. C’est là un exemple de condescendance et de charité qui nous apprend que dans les choses indifférentes il faut s’accommoder autant qu’il est possible aux personnes faibles, éviter ce qui pourrait les scandaliser et avoir toujours égard à ce qui peut le plus contribuer à la paix et à l’édification de l’église.

III. Sur ce que Saint Luc dit que le Saint-Esprit ne permit pas à Saint Paul d’aller en Asie et qu’il fut averti par une vision d’aller annoncer l’Évangile dans la Macédoine, nous devons considérer que c’était Dieu qui conduisait les apôtres dans les lieux où ils pouvaient faire le plus de fruit et où leur présence était la plus nécessaire. Dieu ne trouve pas toujours à propos que l’Évangile soit prêché en toutes sortes de lieux, mais il le fait annoncer à certains peuples plutôt qu’à d’autres pour de justes raisons.

IV. Saint Luc rapporte qu’une femme nommée Lydie écouta Saint Paul et que Dieu ouvrit le cœur de cette femme pour croire ce que cet apôtre disait. Cela nous montre que la foi se produit par l’ouïe de la parole de Dieu et par l’efficace de la grâce qui ouvre le cœur et le fléchi.

V. Saint Paul ayant délivré une servante qui était possédée d’un mauvais esprit, les maîtres de cette servante au lieu d’être touché de ce miracle, soulevèrent le magistrat contre lui parce qu’ils perdaient le profit qu’elle leur apportait en devinant. Cela fait voir combien l’intérêt a de pouvoir pour exciter les passions des hommes et pour les empêcher de connaître et de recevoir la vérité. Saint Paul et Silas furent fouettés et emprisonnés par ordre du magistrat de Philippes, mais ils firent paraître une constance admirable en souffrant cette peine et cette ignominie et en chantant les louanges de Dieu dans la prison.

C’est ainsi que les chrétiens reçoivent non seulement avec patience, mais même avec joie les maux auxquels ils sont exposés pour Jésus-Christ. Dieu ouvrit par un tremblement de terre les portes de    la prison où Paul et Silas étaient renfermés et ils eurent même la joie de convertir le geôlier. Cela marquait bien sensiblement que Dieu protégeait ses fidèles serviteurs et tout ce que l’on faisait contre les apôtres tournait à la gloire de Dieu, à l’avancement de l’Évangile et à leur plus grande consolation.

Enfin on doit remarquer que Saint Paul allégua qu’il était bourgeois de Rome pour obliger les magistrats de la ville de Philippes à reconnaître le tort qu’ils avaient eu de l’avoir fait fouetter et emprisonner lui et Silas sans aucune forme de jugement. Il en usa ainsi pour faire voir son innocence et pour l’honneur de l’Évangile qu’il annonçait. Du reste, il parait par cela même que St. Paul ne craignait point les souffrances puisque s’il eût d’abord dit qu’il était bourgeois de Rome, il aurait évité le fouet et la prison. Ainsi l’on voit qu’il joignait une grande prudence à une patience admirable et à une profonde humilité.

 CHAPITRE XVII

St. Paul et Silas annoncent l’Évangile avec succès à Thessalonique, mais les Juifs ayant soulevés le magistrat et le peuple de cette ville contre eux, ils vont à Bérée et y convertissent plusieurs personnes. Y étant encore persécutés par les Juifs, St. Paul se retira de Bérée et s’en alla à Athènes qui était une ville célèbre de la Grèce. Il y annonça l’Évangile et il y convertit quelques personnes. 

1 Paul et Silas, ayant passé par Amphipolis et par Apollonie, vinrent à Thessalonique, où il y avait une synagogue de Juifs.

2 Et Paul, selon sa coutume, entra vers eux, et il les entretint des Ecritures, pendant trois jours de sabbat,

3 leur découvrant et leur faisant voir qu’il avait fallu que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât des morts ; et ce Christ, leur disait-il, est Jésus que je vous annonce.

4 Et quelques-uns d’entre eux crurent, et se joignirent à Paul et à Silas, comme aussi une grande multitude de Grecs craignant Dieu, et plusieurs femmes de qualité.

5 Mais les Juifs incrédules, étant émus d’envie, prirent avec eux quelques hommes méchants et fainéants ; et ayant excité un tumulte, ils troublèrent toute la ville, et faisant violence à la maison de Jason, ils cherchaient Paul et Silas, pour les mener vers le peuple.

6 Mais ne les y ayant pas trouvés, ils traînèrent Jason et quelques-uns des frères devant les magistrats de la ville, en criant : Ces gens, qui ont troublé tout le monde, sont aussi venus ici.

7 Et Jason les a reçus chez lui ; et ils sont tous rebelles aux ordonnances de César, en disant qu’il y a un autre roi, qu’ils nomment Jésus.

8 Il émurent donc la populace, et même les magistrats de la ville, qui les écoutèrent.

9 Mais ayant reçu caution de Jason et des autres, ils les laissèrent aller.

10 Et incontinent les frères firent partir de nuit Paul et Silas, pour aller à Bérée, où étant arrivés, ils entrèrent dans la synagogue des Juifs.

11 Ceux-ci eurent des sentiments plus nobles que ceux de Thessalonique, et ils reçurent la parole avec beaucoup de promptitude, examinant tous les jours les Écritures, pour savoir si ce qu’on leur disait y était conforme.

12 Plusieurs donc d’entre eux crurent, et des femmes grecques de qualité, et des hommes en assez grand nombre.

13 Mais, quand les Juifs de Thessalonique surent que la parole de Dieu était annoncée à Bérée par Paul, ils y vinrent et émurent le peuple.

14 Et aussitôt les frères en firent sortir Paul, comme pour aller du côté de la mer ; mais Silas et Timothée demeurèrent encore à Bérée.

15 Et ceux qui s’étaient chargés de mettre Paul en sûreté, le menèrent jusqu’à Athènes, et après avoir reçu ordre de lui de dire à Silas et à Timothée de venir le trouver au plus tôt, ils partirent.

16 Pendant que Paul les attendait à Athènes, il avait le cœur outré, en voyant cette ville toute plongée dans l’idolâtrie.

17 Il s’entretenait donc dans la synagogue avec les Juifs et avec ceux qui craignaient Dieu, et tous les jours en la place avec ceux qui s’y rencontraient.

18 Et quelques philosophes épicuriens et stoïciens conférèrent avec lui ; et les uns disaient : Que veut dire ce discoureur ? Et les autres disaient : Il semble qu’il annonce des divinités étrangères ; c’était parce qu’il leur annonçait Jésus et la résurrection.

19 Et l’ayant pris, ils le menèrent à l’aréopage, en lui disant : Pourrions-nous savoir quelle est cette nouvelle doctrine que tu annonces ?

20 Car nous t’entendons dire certaines choses fort étranges ; nous voudrions donc bien savoir ce que c’est.

21 Or, tous les Athéniens et les étrangers qui demeuraient à Athènes, ne s’occupaient qu’à dire et à écouter quelque nouvelle.

22 Alors Paul, se tenant au milieu de l’aréopage, dit : Hommes athéniens, je remarque qu’en toutes choses vous êtes, pour ainsi dire, dévots jusqu’à l’excès.

23 Car en passant et en regardant vos divinités, j’ai trouvé même un autel sur lequel il y a cette inscription : AU DIEU INCONNU. Celui donc que vous honorez sans le connaître, c’est celui que je vous annonce.

24 Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans les temples bâtis par la main des hommes.

25 Il n’est point servi par les mains des hommes, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration et toutes choses.

26 Il a fait naître d’un seul sang tout le genre humain, pour habiter sur toute l’étendue de la terre, ayant déterminé les temps précis et les bornes de leur habitation ;

27 afin qu’ils cherchent le Seigneur, et qu’ils puissent comme le toucher de la main et le trouver, quoiqu’il ne soit pas loin de chacun de nous.

28 Car c’est par lui que nous avons la vie, le mouvement et l’être ; selon que quelques-uns de vos poètes ont dit, que nous sommes aussi la race de Dieu.

29 Etant donc la race de Dieu, nous ne devons pas croire que la divinité soit semblable à de l’or, ou à de l’argent, ou à de la pierre taillée par l’art et l’industrie des hommes.

30 Dieu donc, ayant laissé passer ces temps d’ignorance, annonce maintenant à tous les hommes, en tous lieux, qu’ils se convertissent ;

31 parce qu’il a arrêté un jour, auquel il doit juger le monde avec justice, par l’Homme qu’il a établi pour cela, de quoi il a donné à tous les hommes une preuve certaine, en le ressuscitant des morts.

32 Et quand ils entendirent parler de la résurrection des morts, les uns s’en moquèrent, et les autres dirent : Nous t’entendrons là-dessus une autre fois.

33 Ainsi Paul sortit du milieu d’eux.

34 Il y en eut cependant quelques-uns qui se joignirent à lui, et qui crurent ; entre lesquels était Denis, juge de l’Aréopage, et une femme nommée Damaris, et d’autres avec eux. 

REFLEXIONS

L’arrivée de Saint Paul et de Silas à Thessalonique et à Bérée, leur prédication dans ces deux villes et    la sédition que les Juifs excitèrent contre eux nous montrent que St. Paul ne se relâchait point, que les Juifs qui étaient les plus ardents ennemis de l’Évangile le persécutaient en tous lieux, mais qu’il avait aussi la consolation de gagner partout des âmes à Jésus-Christ.

II. Ce qui est dit ici à la louange des fidèles de Bérée est remarquable, c’est qu’ils reçurent promptement la parole de Dieu et qu’ils examinaient les saintes Écritures pour voir si ce que St. Paul leur annonçait y était conforme. Nous devons apprendre de là qu’il faut recevoir la vérité avec docilité et avec promptitude et en même temps avec connaissance et discernement et que tous les chrétiens ont le droit d’examiner par la parole de Dieu la doctrine qu’on leur annonce afin de ne rien croire qui ne s’accorde avec cette divine parole qui est l’unique règle de la foi et de se soumettre avec obéissance à tout ce qui y est conforme.

III. On remarque dans ce chapitre le grand zèle de St. Paul. Affligé de voir la ville d’Athènes engagée dans l’idolâtrie, il prit la résolution d’y annoncer l’Évangile et, étant prié par quelques philosophes de les informer de la doctrine qu’il enseignait, il ne fit point difficulté de leur parler de la vraie religion.

À l’imitation de St. Paul, nous devons être vivement touché lorsque nous voyons les hommes engagés dans l’erreur et dans l’égarement et profiter de toutes les occasions qui se présentent de les en retirer.

On découvre, dans le discours que St. Paul fit aux Athéniens, d’un côté la sagesse  et  la  prudence de cet Apôtre qui prit occasion des superstitions mêmes où ils étaient engagés, de leur parler du vrai Dieu et de l’autre, l’évidence et la force avec laquelle il leur fit voir par les raisons les plus convaincantes et par le témoignage de leurs propres poètes qu’il y a un Dieu tout puissant et tout bon qui a créé toutes choses et que c’est une folie extrême et le dernier égarement de servir des idoles d’or, d’argent ou de pierre comme faisaient les païens. Ce discours de St. Paul renferme les principaux articles de la religion, qu’il n’y a qu’un seul Dieu, créateur et conservateur du monde, que ce Dieu n’est pas loin de chacun de nous, qu’il n’a point besoin de notre service, ni d’aucune chose puisqu’il nous donne à tous la vie, le mouvement et l’être. Mais nous devons surtout faire attention à ces paroles qui sont l’abrégé de la doctrine et des devoirs de l’Évangile : Que Dieu fait annoncer maintenant à tous les hommes en tous lieux qu’ils se convertissent et qu’il y a un jour auquel il doit juger le monde par notre Seigneur Jésus-Christ.

Ces vérités que St. Paul enseigna autrefois dans une ville idolâtre sont celles que nous faisons profession de croire, mais elles ne peuvent nous devenir salutaires qu’autant qu’elles nous portent à servir Dieu, à le craindre et à obéir à l’Évangile.

Enfin, le discours de St. Paul fut suivi de la conversion de quelques personnes, mais la plupart de ceux qui l’avaient ouï demeurèrent dans l’incrédulité et même il y en eut qui se moquèrent de la doctrine de cet Apôtre. C’est ainsi que la prédication de la parole de Dieu opère la conversion des uns pendant que les autres la rejettent avec fierté et mépris. 

CHAPITRE XVIII

St. Paul demeure à Corinthe un an et demi, il y convertit un grand nombre de personnes et il y est accusé par les Juifs devant le magistrat. De là il s’en alla à Éphèse, à Jérusalem, à Antioche et en d’autres lieux pour visiter les églises et les confirmer dans la foi. Sur la fin de ce chapitre, Il est parlé d’Apollos qui était un ministre de l’Évangile, illustre par son zèle et par ses grands dons. 

1 Après cela, Paul étant parti d’Athènes, vint à Corinthe.

2 Et y ayant trouvé un Juif, nommé Aquilas, originaire du Pont, qui était nouvellement venu d’Italie avec Priscille sa femme, parce que Claude avait ordonné à tous les Juifs de sortir de Rome, il s’adressa à eux.

3 Et comme il était du même métier qu’eux, il demeura chez eux, et y travaillait ; et leur métier était de faire des tentes.

4 Il discourait dans la synagogue, tous les jours de sabbat, et il persuadait les Juifs et les Grecs.

5 Quand Silas et Timothée furent venus de Macédoine, Paul, étant pressé en son esprit, rendait témoignage aux Juifs que Jésus était le CHRIST.

6 Mais, comme ils s’opposaient à lui, et qu’ils blasphémaient, il secoua ses habits et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ; j’en suis net ; dès à présent je m’en irai vers les Gentils.

7 Et étant sorti de là, il entra chez un homme, nommé Juste, craignant Dieu, et dont la maison tenait à la synagogue.

8 Et Crispe, chef de la synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison ; et plusieurs autres Corinthiens, ayant ouï Paul, crurent aussi, et furent baptisés.

9 Et le Seigneur dit à Paul, durant la nuit, en vision : Ne crains point, mais parle, et ne te tais point ;

10 car je suis avec toi, et personne ne mettra les mains sur toi, pour te faire du mal ; car j’ai un grand peuple dans cette ville.

11 Il y demeura donc un an et demi, enseignant parmi eux la parole de Dieu.

12 Mais lorsque Gallion était proconsul d’Achaïe, les Juifs s’élevèrent d’un commun accord contre Paul, et l’amenèrent au tribunal,

13 en disant : Celui-ci veut persuader aux hommes de servir Dieu d'une manière contraire à la loi.

14 Et comme Paul allait ouvrir la bouche pour parler, Gallion dit aux Juifs : S’il s’agissait, ô Juifs, de quelque injustice ou de quelque crime, je vous écouterais patiemment, autant qu’il serait raisonnable ;

15 mais s’il est question de disputes de mots, et de noms, et de votre loi, vous y pourvoirez vous-mêmes, car je ne veux point être juge de ces choses.

16 Et il les fit retirer du tribunal.

17 Alors tous les Grecs, ayant saisi Sosthène, chef de la synagogue, le battaient devant le tribunal, et Gallion ne s’en mettait point en peine.

18 Quand Paul eut encore demeuré là assez longtemps, il prit congé des frères, et s’embarqua pour aller en Syrie, avec Priscille et Aquilas, s’étant fait auparavant couper les cheveux à Cenchrée, à cause d’un vœu.

19 Puis il arriva à Ephèse, et il les y laissa ; et étant entré dans la synagogue, il conféra avec les Juifs,

20 qui le prièrent de demeurer plus longtemps avec eux ; mais il n’y consentit pas.

21 Et il prit congé d’eux, en leur disant : Il faut absolument que je fasse la fête prochaine à Jérusalem ; mais je reviendrai vous voir, s’il plaît à Dieu ; et ainsi il partit d’Ephèse.

22 Et étant débarqué à Césarée, il monta à Jérusalem, et après avoir salué l’Eglise, il descendit à Antioche.

23 Et y ayant fait quelque séjour, il en partit, et parcourut de suite la Galatie et la Phrygie, fortifiant tous les disciples.

24 En ce temps-là, un Juif, nommé Apollos, natif d’Alexandrie, homme éloquent et puissant dans les Ecritures, arriva à Ephèse.

25 Il était en quelque sorte instruit dans la voie du Seigneur ; il parlait avec ferveur d’esprit, et enseignait soigneusement ce qui regardait le Seigneur, bien qu’il n’eût connaissance que du baptême de Jean.

26 Il commença donc à parler hardiment dans la synagogue. Et quand Aquilas et Priscille l’eurent ouï, ils le prirent avec eux, et l’instruisirent plus exactement de la voie de Dieu.

27 Et comme il voulut passer en Achaïe, les frères qui l’y avaient exhorté, écrivirent aux disciples de le recevoir. Quand il fut arrivé, il servit beaucoup, par la grâce de Dieu, à ceux qui avaient cru.

28 Car il convainquait publiquement les Juifs, avec une grande force, prouvant par les Ecritures que Jésus était le Christ. 

REFLEXIONS

Dans ce que Saint Luc rapporte du séjour que Saint Paul fit à Corinthe, nous avons à remarquer l’ardeur avec laquelle cet Apôtre travaillait partout à l’avancement du règne de Jésus-Christ, son désintéressement et sa prudence qui paraissaient en ce qu’il aima mieux travailler de ses mains pour subsister que de vivre aux dépends de l’église, les travers que les Juifs lui suscitèrent et enfin la protection dont Dieu le couvrit et la consolation qu’il eut de convertir un grand peuple dans cette ville là et d’y fonder une très belle église. Voilà comment la religion chrétienne s’établissait de plus en plus par la prédication des apôtres et malgré les oppositions des Juifs et des autres ennemis de la vérité.

II. divers voyages de Saint Paul qui sont rapportés dans ce chapitre font voir qu’il était continuellement occupé aux fonctions de sa charge et qu’il travaillait avec une application infatigable à l’édification des églises. C’est ainsi que tous les vrais et sincères chrétiens, mais particulièrement les fidèles ministres de Jésus-Christ, s’emploient de toutes leurs forces pour la gloire de Dieu et pour le salut des hommes et qu’ils y consacrent avec plaisir tout leur temps et toute leur vie.

III. Le témoignage avantageux que Saint Luc rend à Apollos et la manière dont il parle de son zèle, de son éloquence, de ses grands dons et des fruits admirables de son ministère, doit nous faire reconnaître que Dieu accorde une grâce très précieuse aux églises lorsqu’il envoie des docteurs et des ministres zélés, habiles dans les divines Écritures et revêtus des talents et des dons nécessaires pour instruire et pour édifier et cela doit aussi nous engager à prier Dieu qu’il en suscite toujours de semblables. 

CHAPITRE XIX.

Saint Paul annonce l’Évangile dans la vile d’Éphèse et il y fait plusieurs miracles. Certains Juifs voulant chasser les esprits malins au nom de Jésus sont maltraités par ceux qui étaient possédés de ces esprits. Plusieurs personnes qui s’étaient adonnées à la magie se convertissent et donnent des marques publiques de leur repentance. Saint Luc ajoute l’histoire d’une sédition qui fut excitée contre St. Paul par un orfèvre nommé Démétrius. Cet homme gagnait beaucoup en vendant de petits temples en argent qui étaient faits sur le modèle d’un temple fameux qu’il y avait à Éphèse et qui était consacré à une déesse des païens nommée Diane. Comme il vit que St. Paul en prêchant contre l’idolâtrie lui faisait perdre tout son profit, il souleva le peuple contre lui, mais cette émeute fut apaisée par le greffier de la ville. 

1 Pendant qu’Apollos était à Corinthe, Paul, après avoir parcouru les provinces supérieures de l’Asie mineure, vint à Ephèse ; où, ayant trouvé quelques disciples, il leur dit :

2 Avez-vous reçu le Saint-Esprit, lorsque vous avez cru ? Mais ils lui répondirent : Nous n’avons pas même ouï dire qu’il y ait un Saint-Esprit.

3 Et il leur dit : De quel baptême avez-vous donc été baptisés ? Ils répondirent : Du baptême de Jean.

4 Alors Paul leur dit : Il est vrai que Jean a baptisé du baptême de la repentance, en disant au peuple qu’ils devaient croire en celui qui venait après lui, c’est-à-dire, en Jésus, qui est le CHRIST.

5 Ce qu’ayant ouï, ils furent baptisés au nom du Seigneur Jésus.

6 Et après que Paul leur eut imposé les mains, le Saint-Esprit descendit sur eux, et ils parlaient diverses langues et prophétisaient.

7 Et tous ces hommes-là étaient environ douze.

8 Puis il entra dans la synagogue, et il y parla avec hardiesse pendant trois mois, discourant, pour leur persuader ce qui regarde le royaume de Dieu.

9 Mais, comme quelques-uns s’endurcissaient, et étaient incrédules, décriant la voie du Seigneur devant la multitude, il se retira, et sépara les disciples d’avec eux, enseignant tous les jours dans l’école d’un nommé Tirannus.

10 Et cela continua durant deux ans, de sorte que tous ceux qui demeuraient en Asie, tant Juifs que Grecs, entendirent la parole du Seigneur Jésus.

11 Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul ;

12 en sorte qu’on portait même sur les malades les mouchoirs et les linges qui avaient touché son corps ; et ils étaient guéris de leurs maladies, et les malins esprits sortaient.

13 Alors quelques-uns des exorcistes Juifs, qui couraient de lieu en lieu, entreprirent d’invoquer le nom du Seigneur Jésus sur ceux qui étaient possédés des malins esprits, en disant : Nous vous conjurons par Jésus que Paul prêche.

14 Ceux qui faisaient cela, étaient sept, et fils de Scéva, Juif, l’un des principaux sacrificateurs.

15 Mais le malin esprit leur répondit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul ; mais vous, qui êtes-vous ?

16 Et l’homme qui était possédé de cet esprit malin, se jeta sur eux, et s’en étant rendu maître, il les maltraita si fort qu’ils s’enfuirent de la maison tout nus et blessés.

17 Ce qui ayant été connu de tous les Juifs et de tous les Grecs qui demeuraient à Ephèse, ils furent tous saisis de crainte ; et le nom du Seigneur Jésus était glorifié.

18 Et plusieurs de ceux qui avaient cru, venaient confesser et déclarer ce qu’ils avaient fait.

19 Il y en eut aussi beaucoup de ceux qui avaient exercé des arts curieux, qui apportèrent leurs livres, et les brûlèrent devant tout le monde ; et quand on en eut supputé le prix, on trouva qu’il montait à cinquante mille deniers d’argent.

20 Ainsi la parole du Seigneur se répandait, et devenait de plus en plus efficace.

21 Après cela, Paul se proposa, par un mouvement de l’Esprit, de passer par la Macédoine et par l’Achaïe, et d’aller à Jérusalem, disant : Lorsque j’aurai été là, il faut aussi que je voie Rome.

22 Et ayant envoyé en Macédoine deux de ceux qui le servaient dans le ministère, savoir, Timothée et Eraste, il demeura encore quelque temps en Asie.

23 Mais il arriva en ce temps-là un grand trouble à l’occasion de la doctrine du Seigneur.

24 Car un orfèvre, nommé Démétrius, qui faisait de petits temples d’argent de Diane, et qui donnait beaucoup à gagner aux ouvriers de ce métier,

25 Les assembla avec d’autres qui travaillaient à ces sortes d’ouvrages, et leur dit : O hommes, vous savez que tout notre gain vient de cet ouvrage ;

26 et, cependant, vous voyez et vous entendez dire, que non-seulement à Ephèse, mais presque par toute l’Asie, ce Paul, par ses persuasions, a détourné du culte des dieux un grand nombre de personnes, en disant que les dieux qui sont faits par les mains des hommes, ne sont pas des dieux.

27 Il n’y a pas seulement du danger pour nous que notre métier ne soit décrié, mais il est même à craindre que le temple de la grande Diane ne tombe dans le mépris, et que sa majesté, que toute l’Asie et tout le monde révère, ne s’anéantisse aussi.

28 Ayant entendu cela, ils furent tous transportés de colère, et ils s’écrièrent : Grande est la Diane des Ephésiens !

29 Et toute la ville fut remplie de confusion ; et ils coururent tous ensemble avec fureur au théâtre, et enlevèrent Gaïus et Aristarque, Macédoniens, compagnons de voyage de Paul.

30 Sur quoi Paul voulut se présenter devant le peuple ; mais les disciples ne le lui permirent pas.

31 Quelques-uns aussi des Asiarques, qui étaient ses amis, l’envoyèrent prier de ne point se présenter au théâtre.

32 Cependant, les uns criaient d’une manière, et les autres d’une autre ; car l’assemblée était tumultueuse, et plusieurs ne savaient même pas pourquoi ils s’étaient assemblés.

33 Alors Alexandre fut tiré de la foule par les Juifs qui le poussaient devant eux ; et Alexandre faisant signe de la main, voulait parler au peuple pour leur défense.

34 Mais, dès qu’ils eurent reconnu qu’il était Juif, ils s’écrièrent tout d’une voix, durant près de deux heures : Grande est la Diane des Ephésiens !

35 Alors le greffier, ayant apaisé le peuple, dit : Ô Ephésiens, et qui est l’homme qui ne sache que la ville des Ephésiens est dédiée au service de la grande déesse Diane, et à son image descendue de Jupiter ?

36 Cela étant donc incontestable, vous devez vous apaiser, et ne rien faire avec précipitation.

37 Car ces gens que vous avez amenés ici, ne sont ni sacrilèges, ni coupables de blasphème contre votre déesse.

38 Que si Démétrius et les ouvriers qui sont avec lui ont quelque plainte à faire contre quelqu’un, on tient la cour, et il y a des proconsuls ; qu’ils s’y fassent appeler les uns les autres.

39 Et si vous avez quelque autre affaire à proposer, on pourra la décider dans une assemblée légitime.

40 Car nous sommes en danger d’être accusés de sédition pour ce qui s’est passé aujourd’hui, ne pouvant alléguer aucune raison, pour justifier ce concours de peuple. Et quand il eut dit cela, il congédia l’assemblée. 

REFLEXIONS

Ce chapitre nous met devant les yeux la continuation des merveilleux succès du ministère de St. Paul. Il baptisa à Éphèse certains disciples qui jusqu’alors n’avaient été instruits que dans la doctrine de Jean Baptiste et aussitôt qu’ils eurent été baptisés au nom de Jésus-Christ et que St. Paul leur eut imposé les mains, ils reçurent les dons miraculeux du Saint-Esprit. Il y convertit outre cela un grand peuple malgré les oppositions des Juifs, il y fit des miracles surprenants et plusieurs personnes qui avaient été adonnées à la magie renoncèrent à leur superstition et à leur impiété. C’est ainsi que cet Apôtre établissait partout le règne de Jésus-Christ et détruisait celui du diable.

II. Ce qui arriva à ces exorcistes juifs qui, pensant chasser les démons au nom de Jésus, furent maltraités par ceux qui étaient possédés de ces esprits malins, tendait à montrer aux Juifs et à tout le monde qu’il n’y avait que les apôtres et ceux qui croyaient en Jésus-Christ qui pussent véritablement faire des miracles et commander aux démons.

La vertu divine de la religion de notre Seigneur ne se manifeste que par les gens de bien, mais il n’appartient pas aux méchants et aux hypocrites de prendre le nom du Seigneur dans leur bouche.

III. Saint Luc rapporte que plusieurs habitants d’Éphèse, touchés par la prédication de Saint Paul, vinrent confesser leurs péchés et qu’ils y en eu qui étant adonnés à la magie et aux arts illicites aimèrent mieux brûler publiquement leurs livres qui traitaient de ces arts-là que de les vendre, quoiqu’ils en eussent pu tirer des sommes très considérables.

Cet exemple est remarquable, il nous apprend que les vrais pénitents ne font point de difficulté de confesser leurs fautes, de donner des marques publiques de leur repentance et de renoncer à tout ce qui a été pour eux ou qui pourrai être pour les autres une occasion de péché et de scandale, quelque précieux et quelque cher qu’il leur pût être et quelque profit qu’ils pussent en tirer.

Ce qu’il y a principalement à remarquer sur la sédition qui s’émut à Éphèse contre St. Paul, c’est qu’elle fut excitée par des ouvriers qui craignaient que si l’on cessait d’adorer les idoles, leur métier ne fut décrié et que leur gain ne diminuât et que ces gens-là pour animer le peuple se servirent d’un prétexte de religion et de zèle pour la déesse Diane. Rien n’a plus de force sur l’esprit des hommes que l’amour du gain, c’est ce qui allume le plus leur passion, ils ne peuvent souffrir la vérité lorsqu’elle est contraire à leurs intérêts et ils couvrent cet intérêt, lorsqu’ils le peuvent, d’un zèle apparent pour la religion. Au reste, ce tumulte qui s’était excité fut apaisé, quoi qu’avec peine, par le greffier de la ville et par ce moyen Saint Paul fut préservé du danger qui le menaçait. Cette histoire fait voir que les émeutes et les séditions sont très dangereuses, qu’ainsi l’on doit éviter tout ce qui pourrait les exciter et que les gens sages doivent les prévenir et les apaiser par tous les moyens possibles. 

CHAPITRE XX.

Saint Paul part d’Éphèse et se rend à Troas où il annonce l’Évangile aux chrétiens de cette ville-là et il ressuscite un mort. De là il s’en va à Millet, où ayant fait venir les pasteurs de l’église d’Éphèse, il leur adresse, une grave exhortation, après quoi il prend congé d’eux. 

1 Après que le tumulte fut apaisé, Paul fit venir les disciples, et ayant pris congé d’eux, il partit pour aller en Macédoine.

2 Et quand il eut parcouru ces quartiers-là, et qu’il eut fait plusieurs exhortations aux fidèles, il vint en Grèce.

3 Quand il y eut demeuré trois mois, les Juifs lui ayant dressé des embûches, lorsqu’il devait s’embarquer pour aller en Syrie, on fut d’avis qu’il s’en retournât par la Macédoine.

4 Et il fut accompagné jusqu’en Asie par Sopater de Bérée, par Aristarque et Second de Thessalonique, par Gaïus de Derbe, par Timothée, et aussi par Tychique et Trophime, qui étaient d’Asie.

5 Ceux-ci, étant allés devant, nous attendirent à Troas.

6 Mais pour nous, après les jours des pains sans levain, nous nous embarquâmes à Philippes, et dans cinq jours nous les joignîmes à Troas, où nous demeurâmes sept jours.

7 Et le premier jour de la semaine, les disciples étant assemblés pour rompre le pain, Paul, devant partir le lendemain, leur fit un discours qu’il étendit jusqu’à minuit.

8 Or, il y avait beaucoup de lampes dans la chambre haute où ils étaient assemblés.

9 Et un jeune homme, nommé Eutyche, qui était assis sur une fenêtre, fut accablé d’un profond sommeil, pendant le long discours de Paul, et s’étant endormi, il tomba du troisième étage en bas, et fut levé mort.

10 Mais Paul étant descendu, se pencha sur lui, et l’ayant embrassé, il leur dit : Ne vous troublez point, car son âme est en lui.

11 Et étant remonté, et ayant rompu le pain et mangé, il parla longtemps jusqu’au point du jour, après quoi il partit.

12 Or, on ramena le jeune homme vivant, de quoi ils furent extrêmement consolés.

13 Pour nous, étant montés sur un vaisseau, nous fîmes voile vers Asson, où nous devions reprendre Paul ; car il l’avait ainsi ordonné, parce qu’il voulait faire le chemin à pied.

14 Quand donc il nous eut rejoints à Asson, nous le prîmes avec nous et nous vînmes à Mitylène.

15 Puis, étant partis de là, nous arrivâmes le lendemain vis-à-vis de Chio. Le jour suivant, nous abordâmes à Samos, et nous étant arrêtés à Trogylle, le jour d’après, nous vînmes à Milet.

16 Car Paul avait résolu de passer Ephèse sans y débarquer, pour ne pas s’arrêter en Asie, parce qu’il se hâtait d’être le jour de la Pentecôte à Jérusalem, s’il lui était possible.

17 Mais il envoya de Milet à Ephèse, pour faire venir les pasteurs de cette Eglise.

18 Et lorsqu’ils furent venus vers lui, il leur dit : Vous savez de quelle manière je me suis toujours conduit avec vous, depuis le premier jour que je suis entré en Asie ;

19 servant le Seigneur avec toute humilité, avec beaucoup de larmes, et parmi les épreuves qui me sont survenues par les embûches des Juifs ;

20 et que je ne vous ai rien caché des choses qui vous étaient utiles, et n’ai pas manqué de vous les annoncer et de vous en instruire, et en public, et de maison en maison ;

21 prêchant tant aux Juifs qu’aux Grecs, la repentance envers Dieu, et la foi en Jésus-Christ notre Seigneur.

22 Et maintenant étant lié par l’Esprit, je m’en vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m’y doit arriver ;

23 si ce n’est que le Saint-Esprit m’avertit de ville en ville, que des liens et des afflictions m’attendent.

24 Mais je ne me mets en peine de rien, et ma vie ne m’est point précieuse, pourvu que j’achève avec joie ma course et le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus, pour rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu.

25 Et maintenant, je sais qu’aucun de vous tous, parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, ne verra plus mon visage.

26 C’est pourquoi je proteste aujourd’hui devant vous, que je suis net du sang de vous tous.

27 Car je n’ai point évité de vous annoncer tout le dessein de Dieu.

28 Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Eglise de Dieu, qu’il a acquise par son propre sang.

29 Car je sais qu’après mon départ, il entrera parmi vous des loups ravissants, qui n’épargneront point le troupeau ;

30 Et que d’entre vous-mêmes il se lèvera des gens qui annonceront des choses pernicieuses, afin d’attirer les disciples après eux.

31 C’est pourquoi veillez, en vous souvenant que durant trois ans, je n’ai cessé, nuit et jour, d’avertir chacun de vous avec larmes.

32 Et maintenant, mes frères, je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, lequel peut vous édifier encore et vous donner l’héritage avec tous les saints.

33 Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne.

34 Et vous savez vous-mêmes que ces mains ont fourni à tout ce qui m’était nécessaire, et à ceux qui étaient avec moi.

35 Je vous ai montré en toutes choses, que c’est ainsi, qu’en travaillant, il faut s’accommoder aux faibles, et se souvenir des paroles du Seigneur Jésus, qui a dit lui-même, qu'il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir.

36 Quand il eut dit cela, il se mit à genoux, et pria avec eux tous.

37 Alors tous fondirent en larmes, et se jetant au cou de Paul, ils le baisaient,

38 étant principalement affligés de ce qu'il avait dit, qu'ils ne verraient plus son visage. Et ils le conduisirent jusqu'au vaisseau. 

REFLEXIONS

Ce qu’il y a à observer ici, c’est :

I. Que Saint Paul étant arrivé à Troas, il se rendit dans le lieu où les chrétiens de cette ville-là étaient assemblés le premier jour de la semaine pour rompre le pain, c’est-à-dire pour célébrer la Sainte-Cène et qu’il étendit son discours bien avant dans la nuit. D’ici nous recueillons que les apôtres et les premiers chrétiens s’assemblaient pour servir Dieu et pour s’édifier, que le jour du dimanche était destiné à cela, qu’on célébrait la Sainte-Cène dans ces assemblées et qu’on y faisait des discours pour instruire et pour exhorter les fidèles et qu’ainsi ces pratiques sont aussi anciennes que le christianisme et d’institution divine.

II. Saint Paul rendit la vie à un jeune homme qui était tombé du haut de la maison où les fidèles étaient assemblés. Ce fut là un miracle tout à fait remarquable qui dût consoler les chrétiens de Troas et les affermir puissamment dans la religion de Jésus-Christ.

Mais ce qui doit surtout être considéré dans ce chapitre, c’est le discours que Saint Paul fit aux pasteurs d’Éphèse avant que de les quitter. On y remarque son intégrité, son zèle et son désintéressement dans l’exercice de son ministère, sa constance dans les afflictions, sa grande piété, le soin qu’il avait eu, pendant trois ans, d’exhorter et d’enseigner les fidèles d’Éphèse, tant en public que par les maisons et la résolution ferme où il était de servir le Seigneur jusqu’à la fin et même de donner sa vie avec joie pour l’Évangile. On y voit encore les graves et touchantes exhortations qu’il adressa aux pasteurs de l’église d’Éphèse et les vœux ardents et tendres par lesquels il les recommanda à Dieu, eux et tout le troupeau sur lequel ils étaient établis. Les ministres de l’Évangile doivent apprendre d’ici à s’acquitter fidèlement de leur charge, à en remplir tous les devoirs avec zèle et avec sincérité, à veiller soigneusement sur les troupeaux du Seigneur, à prendre garde qu’il ne s’y glisse de fausses doctrines ou des scandales, à ne jamais rien taire de ce qui peut être utile à ceux qui sont commis à leurs soins et à les avertir, non seulement en public, mais aussi en particulier. Ils doivent encore, à l’exemple de Saint Paul souffrir patiemment les traverses auxquelles ils sont exposés, prier continuellement pour leurs troupeaux et enfin, n’avoir point d’égard à eux-mêmes, à leur intérêt particulier, ni même à leur propre vie, pourvu qu’ils aient la joie d’achever leur course et de s’acquitter fidèlement du ministère qu’ils ont reçu du Seigneur Jésus.

Ce que Saint Paul dit dans cette occasion apprend aussi à tous les chrétiens que la charge du St. ministère est de la dernière importance, que Dieu accorde une grande grâce aux églises lorsqu’il leur envoie de fidèles ministres et que, quand les pasteurs se sont acquittés de leur devoir, ils ne seront pas responsables du salut de ceux qui périront.

Les larmes que les pasteurs et les chrétiens d’Éphèse répandirent en se séparant de Saint Paul montrent à quel point ils le chérissaient et par là on voit bien combien l’amour qui unit les pasteurs avec leurs troupeaux est tendre et combien les chrétiens doivent craindre d’être privés du ministère des fidèles serviteurs de Dieu. 

CHAPITRE XXI

Saint Paul étant parti de Milet arrive à Tyr et de là à Césarée où un prophète l’avertit qu’il serait emprisonné à Jérusalem et livrés aux païens. Cette prédiction n’étonna point St. Paul, il témoigna qu’il ne craignait, ni les liens, ni la mort et il partit pour Jérusalem.

Y étant arrivé, il entra dans le temple avec quatre personnes qui avaient fait le vœu de naziréat pour observer ce que la loi de Moïse prescrivait en pareil cas, il fit cela par avis de l’Apôtre St. Jacques et des anciens de l’église de Jérusalem afin de montrer qu’il n’était pas ennemi de la loi, comme on l’en accusait. Cependant, les Juifs ne laissèrent pas d’exciter une sédition contre lui et ils lui auraient ôté la vie si le capitaine des gardes du temple ne l’eût délivré de leurs mains. 

1 Nous étant donc embarqués, après nous être séparés d’eux, nous vînmes droit à Cos, et le jour suivant à Rhodes, et de là à Patara.

2 Et ayant trouvé un vaisseau qui passait en Phénicie, nous montâmes dessus et nous partîmes.

3 Puis, ayant découvert l’île de Chypre, et l’ayant laissée à gauche, nous fîmes route vers la Syrie, et nous abordâmes à Tyr, parce que le vaisseau devait y laisser sa charge.

4 Et ayant trouvé des disciples, nous y demeurâmes sept jours. Ils disaient par l’Esprit à Paul, qu’il ne montât point à Jérusalem.

5 Mais ces jours étant passés, nous partîmes de Tyr, et ils nous accompagnèrent tous, avec leurs femmes et leurs enfants, jusque hors de la ville, où, nous étant mis à genoux sur le rivage, nous fîmes la prière.

6 Et après nous être embrassés, nous montâmes sur le vaisseau ; et ils retournèrent chez eux.

7 Ainsi, continuant notre navigation, de Tyr nous abordâmes à Ptolomaïde, et après avoir salué les frères, nous demeurâmes un jour avec eux.

8 Le lendemain, Paul et nous qui étions avec lui, étant partis de là, nous vînmes à Césarée ; et étant entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, qui était l’un des sept diacres, nous logeâmes chez lui.

9 Il avait quatre filles vierges, qui prophétisaient.

10 Comme nous demeurâmes là plusieurs jours, il y vint de Judée un prophète nommé Agabus,

11 Qui, nous étant venu voir, prit la ceinture de Paul, et s’en liant les mains et les pieds, il dit : Voici ce que dit le Saint-Esprit : C’est ainsi que les Juifs lieront dans Jérusalem l’homme à qui est cette ceinture ; et ils le livreront entre les mains des Gentils.

12 Et quand nous eûmes entendu cela, nous priâmes Paul, tant nous que ceux du lieu, de ne point monter à Jérusalem.

13 Mais Paul répondit : Que faites-vous en pleurant et m’attendrissant le cœur ? Car pour moi, je suis prêt, non-seulement d’être lié, mais même de mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus.

14 Ainsi, n’ayant pu le persuader, nous ne le pressâmes pas davantage et nous dîmes : Que la volonté du Seigneur soit faite.

15 Quelques jours après, nous étant préparés pour partir, nous montâmes à Jérusalem.

16 Et quelques-uns des disciples vinrent aussi de Césarée avec nous, amenant avec eux un certain Mnason, qui était de l’île de Chypre, ancien disciple, chez qui nous devions loger.

17 Quand nous fûmes arrivés à Jérusalem, les frères nous reçurent avec joie.

18 Et le lendemain, Paul vint avec nous chez Jacques ; et tous les anciens s’y assemblèrent.

19 Et après les avoir embrassés, il leur raconta en détail tout ce que Dieu avait fait parmi les Gentils, par son ministère.

20 Ce qu’ayant ouï, ils glorifièrent le Seigneur, et ils lui dirent : Frère, tu vois combien il y a de milliers de Juifs qui ont cru, et ils sont tous zélés pour la loi.

21 Or, ils ont été informés que tu enseignes à tous les Juifs qui sont parmi les Gentils de renoncer à Moïse, en leur disant qu’ils ne doivent pas circoncire leurs enfants, ni vivre selon les cérémonies de la loi.

22 Que faut-il donc faire ? Il faut absolument assembler toute la multitude ; car ils entendront dire que tu es arrivé.

23 Fais donc ce que nous allons te dire : Nous avons quatre hommes qui ont fait un vœu ;

24 prends-les avec toi, purifie-toi avec eux, et contribue à la dépense avec eux, afin qu’ils se rasent la tête, et que tous sachent qu’il n’est rien de tout ce qu’ils ont ouï dire de toi, mais que tu continues à garder la loi.

25 Quant aux Gentils qui ont cru, nous leur avons écrit que nous avions jugé qu’ils ne devaient rien observer de semblable, mais qu’ils devaient seulement se garder de ce qui est sacrifié aux idoles, du sang, des choses étouffées et de la fornication.

26 Alors, Paul, ayant pris ces hommes avec lui, et s’étant purifié avec eux, entra dans le temple le jour suivant, déclarant les jours auxquels la purification s’accomplirait, et quand l’offrande devait être présentée pour chacun d’eux.

27 Et comme les sept jours allaient s’accomplir, les Juifs d’Asie, l’ayant vu dans le temple, émurent toute la multitude, et se saisirent de lui,

28 en criant : Hommes Israélites, aidez-nous. Voici cet homme qui prêche partout, à tout le monde, contre la nation, contre la loi, et contre ce lieu ; il a même encore amené des Grecs dans le temple, et a profané ce saint lieu.

29 Car ils avaient vu auparavant dans la ville Trophime d’Ephèse avec lui, et ils croyaient que Paul l’avait mené dans le temple.

30 Et toute la ville fut émue, et il se fit un concours de peuple ; et ayant saisi Paul, ils le traînèrent hors du temple ; et incontinent les portes en furent fermées.

31 Mais, comme ils cherchaient à le tuer, le bruit vint au tribun de la compagnie qui gardait le temple, que toute la ville de Jérusalem était en trouble.

32 A l’instant il prit des soldats et des centeniers avec lui, et courut à eux ; et voyant le tribun et les soldats, ils cessèrent de battre Paul.

33 Alors le tribun s’approcha, et se saisit de lui, et commanda qu’on le liât de deux chaînes ; puis il demanda qui il était, et ce qu’il avait fait.

34 Les uns criaient d’une manière, et les autres d’une autre, dans la foule ; et comme il n’en pouvait rien apprendre de certain, à cause du tumulte, il commanda qu’on le menât dans la forteresse.

35 Et quand Paul fut sur les degrés, il fut porté par les soldats, à cause de la violence de la populace.

36 Car une foule de peuple le suivait, en criant : Ôte-le du monde.

37 Comme Paul était sur le point d’entrer dans la forteresse, il dit au tribun : M’est-il permis de te dire quelque chose ? Et il répondit : Tu sais donc parler grec ?

38 N es-tu point cet Égyptien, qui ces jours passés a excité une sédition, et mené avec lui au désert quatre mille brigands ?

39 Paul lui dit : Je suis Juif, de Tarse, citoyen de cette ville célèbre de Cilicie ; je te prie, permets-moi de parler au peuple.

40 Et quand il le lui eut permis, Paul se tenant sur les degrés fit signe de la main au peuple ; et après qu’on eut fait un grand silence, il leur parla en langue hébraïque, et leur dit : 

REFLEXIONS

La prédiction d’Agabus qui avertit Saint Paul qu’on le ferait prisonnier à Jérusalem montre qu’il n’arriverait rien à cet Apôtre que par la volonté de Dieu et que c’était le Seigneur qui l’exposait à ces persécutions et qu’il voulait qu’il fût livré aux païens et ensuite conduit   à Rome afin qu’il rendît témoignage à l’Évangile en tous lieux.

La belle résolution que St. Paul fit paraître, lorsque les fidèles le conjurant avec larmes de ne pas aller à Jérusalem, et qu’il déclara qu’il était prêt, non seulement à d’être lié, mais de souffrir la mort pour le nom de Jésus, marque que ce fidèle serviteur de Dieu était entièrement dévoué à Jésus-Christ et que rien n’était capable d’ébranler sa constance. Ce sont là les sentiments dont tous les chrétiens, mais particulièrement les ministres du Seigneur doivent être animés. Et comme les chrétiens de Césarée, voyant la résolution de Saint Paul ne s’opposèrent plus à son voyage, mais se résignèrent à tout ce qu’il plairait à Dieu d’ordonner, nous devons aussi nous soumettre à tout ce que Dieu veut et sacrifier nos inclinaisons les plus chères à sa volonté aussitôt qu’il nous la manifeste. Ce que Saint Paul fit lorsqu’il alla dans le temple de Jérusalem et qu’il se purifia suivant l’usage des Juifs était une action de prudence et de charité qui tendait à leur montrer qu’on l’accusait à tort d’avoir du mépris pour leur religion. Cette sage conduite de St. Paul nous apprend à nous accommoder autant que nous le pouvons, surtout dans les choses indifférentes, à ceux qui sont prévenus contre nous et à ne rien négliger pour les faire revenir de leurs préjugés. On voit pourtant que, nonobstant ce que Saint Paul avait pensé faire pour s’accommoder aux Juifs, Ils se soulevèrent contre lui jusque-là qu’ils voulurent lui ôter la vie. Voilà l’effet ordinaire de la prévention et de la passion, elle aveugle tellement ceux qui en sont possédés qu’il n’y a rien qui soit capable de les désabuser.

Enfin, il est à remarquer que la providence délivra St. Paul de la fureur des Juifs par le moyen du tribun et qu’elle se servit cependant de ce que cet Apôtre avait fait par égard pour les Juifs, pour le faire arrêter par ces Juifs mêmes et pour le livrer entre les mains des païens comme le prophète Agabus le lui avait prédit à Césarée. C’est ainsi que Dieu fait garantir ceux qui le servent et que ce que les hommes pensent faire contre eux ne sert qu’à accomplir les desseins de la providence.

CHAPITRE XXII.

C’est ici un discours dans lequel St. Paul, pour se justifier de ce que les Juifs l’accusaient d’être ennemi de leur nation et de leur loi, fait l’histoire de sa vie et de sa conversion. Mais les Juifs continuant à demander qu’on le fit mourir, le tribun ordonna qu’on lui donnât la question en le fouettant, ce qui ne fut pourtant pas exécuté parce que cet Apôtre dit qu’il était bourgeois de Rome, mais il fut renvoyé à paraître devant le conseil des Juifs. 

1 Mes frères et mes pères, écoutez-moi dans ce que j’ai à vous dire maintenant pour ma défense.

2 Et quand ils entendirent qu’il leur parlait en langue hébraïque, ils firent encore plus de silence. Alors il dit :

3 Je suis Juif, né à Tarse en Cilicie, mais élevé dans cette ville aux pieds de Gamaliel, ayant été instruit dans la manière la plus exacte de garder la loi de nos pères, étant zélé pour Dieu, comme vous l’êtes tous aujourd’hui.

4 J’ai persécuté cette secte jusqu’à la mort, liant et mettant dans les prisons tant les hommes que les femmes,

5 comme le souverain sacrificateur m’en est témoin, et toute l’assemblée des anciens ; car ayant pris des lettres d’eux pour les frères, j’allai à Damas, pour amener aussi liés à Jérusalem ceux qui étaient là, afin qu’ils fussent punis.

6 Or, il arriva, comme j’étais en chemin, et que j’approchais de Damas, environ midi, que tout à coup une grande lumière, venant du ciel, resplendit autour de moi.

7 Et étant tombé par terre, j’entendis une voix qui me dit : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ?

8 Et je répondis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me dit : Je suis Jésus de Nazareth, que tu persécutes.

9 Or, ceux qui étaient avec moi, virent bien la lumière, et ils en furent effrayés ; mais ils n’entendirent point la voix de celui qui me parlait.

10 Alors je dis : Seigneur, que ferai-je ? Et le Seigneur me répondit : Lève-toi, et t’en va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire.

11 Et comme je ne voyais goutte, à cause du grand éclat de cette lumière, ceux qui étaient avec moi, me menèrent par la main, et je vins à Damas.

12 Or, un certain homme, religieux selon la loi, nommé Ananias, de qui tous les Juifs qui demeuraient à Damas rendaient bon témoignage, vint vers moi ;

13 et s’étant approché de moi, il me dit : Saul, mon frère, recouvre la vue. Et au même instant je le vis.

14 Et il me dit : Le Dieu de nos pères t’a destiné pour connaître sa volonté, pour voir le Juste, et pour entendre les paroles de sa bouche.

15 Car tu lui serviras de témoin devant tous les hommes, des choses que tu as vues et entendues.

16 Et maintenant, que tardes-tu ? Lève-toi, et sois baptisé et lavé de tes péchés, après avoir invoqué le nom du Seigneur.

17 Depuis, il arriva qu’étant retourné à Jérusalem, comme je priais dans le temple, je fus ravi en extase ;

18 et je vis Jésus, qui me disait : Hâte-toi, et pars promptement de Jérusalem ; car ils ne recevront point le témoignage que tu leur rendras de moi.

19 Et je dis : Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais fouetter dans les synagogues ceux qui croyaient en toi.

20 Et lorsque le sang d’Etienne, ton martyr, fut répandu, j’étais aussi présent, je consentais à sa mort, et je gardais les vêtements de ceux qui le faisaient mourir.

21 Mais il me dit : Va-t’en ; car je t’enverrai bien loin vers les Gentils.

22 Les Juifs l’écoutèrent jusqu’à ce mot ; mais alors ils élevèrent leurs voix, disant : Ote du monde un tel homme ; car il n’est pas juste de le laisser vivre.

23 Et comme ils criaient, et qu’ils secouaient leurs habits, et faisaient voler la poussière en l’air,

24 le tribun commanda qu’il fût mené dans la forteresse, et ordonna qu’on lui donnât la question par le fouet, afin de savoir pour quel sujet ils criaient ainsi contre lui.

25 Mais quand ils l’eurent lié avec des courroies, Paul dit au centenier qui était présent : Vous est-il permis de fouetter un citoyen romain, sans qu’il soit condamné ?

26 Ce que le centenier ayant entendu, il en alla avertir le tribun, et lui dit : Prends garde à ce que tu feras ; car cet homme est citoyen romain.

27 Et le tribun vint à Paul, et lui dit : Dis-moi, es-tu citoyen romain ? Et il répondit : Oui, je le suis.

28 Le tribun lui dit : J’ai acquis cette bourgeoisie pour une grande somme d’argent. Et moi, lui dit Paul, je le suis par ma naissance.

29 Et ceux qui devaient lui donner la question se retirèrent aussitôt d’auprès de lui ; et le tribun craignit aussi quand il sut que Paul était citoyen romain, parce qu’il l’avait fait lier.

30 Le lendemain, voulant savoir au vrai pour quel sujet il était accusé des Juifs, il le fit délier, et ayant ordonné que les principaux sacrificateurs et tout le conseil s’assemblassent, il amena Paul, et le présenta devant eux. 

REFLEXIONS

Le dessein de St. Paul dans le discours qui est ici rapporté était de montrer aux Juifs qu’ils avaient tort de le regarder comme l’ennemi de leur religion, que bien loin de là il avait lui-même un grand zèle pour cette religion dans laquelle il avait été élevé à Jérusalem, jusque-là qu’il était autrefois le plus ardent persécuteur des chrétiens et que s’il avait embrassé la religion de Jésus-Christ et s’il l’annonçait partout, il le faisait pour obéir à la vocation que le Seigneur lui avait adressée du Ciel. Cette conduite de Saint Paul envers les Juifs marque qu’il tâchait de se justifier et de les apaiser, mais qu’il ne dissimulait pourtant pas sa croyance.

Il faut toujours parler et agir avec douceur et prudence, surtout lorsqu’on a à faire à des personnes prévenues, mais en même temps avec courage et avec fermeté, sans jamais user de déguisement et sans que la crainte nous fasse supprimer la vérité.

L’irritation et la fureur dans laquelle les Juifs entrèrent lorsque St. Paul dit que le Seigneur l’avait envoyé vers les Gentils montre que la principale cause de la haine qu’ils lui portaient c’était l’aversion qu’ils avaient contre les païens, ce procédé des Juifs fait aussi voir que rien n’est capable de ramener et d’apaiser des gens qui sont fortement prévenus.

Enfin, St. Paul étant sur le point d’être mis à la question et fouetté jugea à propos de se faire prévaloir cette fois-là de sa qualité de bourgeois de Rome, pour éviter cette peine, ce qu’il n’avait pas fait dans une autre occasion. Il en usa de la sorte parce que c’était là un moyen légitime de se garantir de la violence et de l’injustice qu’on lui aurait faite. De là on peut conclure qu’il est permis de se servir de son droit et d’employer toutes les voies justes et raisonnables pour se défendre quand on est en danger d’être opprimé ou d’être traité injustement. 

CHAPITRE XXIII.

Ce chapitre a deux parties : On y voit premièrement comment St. Paul parut devant le conseil des Juifs. I. Le récit d’une conspiration que quelques Juifs firent pour ôter la vie à cet apôtre et la manière dont il en fut préservé. 

1 Paul, ayant les yeux arrêtés sur le conseil, parla ainsi : Mes frères, j’ai vécu jusqu’à présent devant Dieu en toute bonne conscience.

2 Sur cela, le souverain sacrificateur Ananias commanda à ceux qui étaient près de lui, de le frapper sur le visage.

3 Alors Paul lui dit : Dieu te frappera, muraille blanchie ; car tu es assis pour me juger selon la loi ; et en transgressant la loi, tu commandes qu’on me frappe.

4 Et ceux qui étaient présents, lui dirent : Injuries-tu ainsi le souverain sacrificateur de Dieu ?

5 Paul leur répondit : Mes frères, je ne savais pas que ce fût le souverain sacrificateur ; car il est écrit : Tu ne maudiras point le prince de ton peuple.

6 Et Paul sachant qu’une partie de ceux qui étaient là étaient Sadducéens, et l’autre Pharisiens, il s’écria devant le conseil : Mes frères, je suis Pharisien, fils de Pharisien ; je suis tiré en cause pour l’espérance et la résurrection des morts.

7 Et quand il eut dit cela, il s’émut une dissension entre les Pharisiens et les Sadducéens ; et l’assemblée fut divisée.

8 Car les Sadducéens disent qu’il n’y a point de résurrection, ni d’ange, ni d’Esprit ; mais les Pharisiens reconnaissent l’un et l’autre.

9 Et il se fit un grand bruit. Et les Scribes du parti des Pharisiens se levèrent, et ils disputaient contre les autres, disant : Nous ne trouvons aucun mal en cet homme ; mais si un esprit ou un ange lui a parlé, ne combattons point contre Dieu.

10 Et comme le tumulte s’augmentait, le tribun, craignant que Paul ne fût mis en pièces par ces gens-là, commanda que les soldats descendissent, pour l’enlever du milieu d’eux, et le ramener dans la forteresse.

11 La nuit suivante, le Seigneur s’apparut à lui et lui dit : Paul, aie bon courage ; car comme tu as rendu témoignage de moi à Jérusalem, il faut aussi que tu me rendes témoignage à Rome.

12 Lorsqu’il fut jour, quelques Juifs s’assemblèrent, et firent vœu avec des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire qu’ils n’eussent tué Paul.

13 Ils étaient plus de quarante qui avaient fait cette conjuration.

14 Et ils s’adressèrent aux principaux sacrificateurs et aux sénateurs, et leur dirent : Nous avons fait vœu, avec des imprécations contre nous-mêmes, de ne rien manger que nous n’ayons tué Paul.

15 Vous donc, faites maintenant savoir au tribun, de la part du conseil, qu’il le fasse amener demain devant vous, comme si vous vouliez vous informer plus exactement de son affaire ; et nous serons prêts pour le tuer avant qu’il arrive.

16 Mais le fils de la sœur de Paul, ayant entendu ce complot, vint, et entra dans la forteresse, et en donna avis à Paul.

17 Et Paul, ayant appelé un des centeniers, lui dit : Mène ce jeune homme vers le tribun, car il a quelque chose à lui rapporter.

18 Il le prit donc, et le mena vers le tribun, et lui dit : Paul, qui est prisonnier, m’a appelé et m’a prié de t’amener ce jeune homme, qui a quelque chose à te dire.

19 Et le tribun, le prenant par la main, et l’ayant tiré à part, lui demanda : Qu’as-tu à me déclarer ?

20 Ce jeune homme lui dit : Les Juifs ont résolu de te prier d’envoyer demain Paul au conseil, sous prétexte de s’informer plus exactement de son affaire.

21 Mais ne les crois point ; car plus de quarante d’entre eux lui dressent des embûches, et ont fait vœu, avec des imprécations contre eux-mêmes, de ne manger ni boire, qu’ils ne l’aient tué ; et maintenant ils sont tous prêts, attendant ta réponse.

22 Le tribun renvoya ce jeune homme, après lui avoir défendu de dire à personne qu’il lui eût donné cet avis.

23 Et ayant appelé deux centeniers, il leur dit : Tenez prêts deux cents soldats, soixante et dix cavaliers et deux cents archers, pour aller jusqu’à Césarée dès la troisième heure de la nuit ;

24 et qu’il y ait des montures prêtes, afin qu’ayant fait monter Paul, ils le mènent sûrement au gouverneur Félix.

25 Et il lui écrivit une lettre, en ces termes :

26 Claude Lysias, au très excellent gouverneur Félix, salut !

27 Les Juifs s’étant saisis de cet homme, et étant sur le point de le tuer, je suis survenu avec la garnison, et je l’ai tiré de leurs mains, ayant appris qu’il était citoyen romain.

28 Et voulant savoir de quoi ils l’accusaient, je le menai dans leur conseil,

29 où j’ai trouvé qu’il était accusé sur des questions de leur loi, mais qu’il n’avait commis aucun crime qui méritât la mort, ni même la prison.

30 Et ayant été averti des embûches que les Juifs lui avaient dressées, je te l’ai aussitôt envoyé, ayant fait savoir à ses accusateurs de dire devant toi ce qu’ils ont à proposer contre lui. Adieu.

31 Les soldats donc, selon l’ordre qu’ils avaient reçu, prirent Paul, et le menèrent de nuit à Antipatris.

32 Et le lendemain, ayant laissé les cavaliers pour aller avec lui, ils s’en retournèrent à la forteresse.

33 Etant arrivés à Césarée, et ayant rendu la lettre au gouverneur, ils lui présentèrent aussi Paul.

34 Et quand le gouverneur l’eut lue, il lui demanda de quelle province il était ; et ayant appris qu’il était de Cilicie,

35 il lui dit : Je t’entendrai quand tes accusateurs seront venus. Et il ordonna qu’on le gardât dans le palais d’Hérode.

REFLEXIONS

Il faut faire quatre réflexions sur ce chapitre :

I. La première que St. Paul étant frappé injustement par l’ordre du souverain sacrificateur Ananias, il lui dénonça le jugement de Dieu, mais qu’il marquât cependant le respect qu’il avait pour le caractère d’Ananias lorsqu’on l’eut averti que celui qui l’avait fait ainsi frapper était le souverain sacrificateur, ce qu’il n’avait pas su d’abord.

L’instruction que cela nous donne est qu’il faut parler avec respect de nos supérieurs, mais aussi que Dieu punira les juges injustes et ceux qui abusent de leur autorité.

II. St. Paul mit la division entre les pharisiens et les sadducéens en disant qu’il était exposé en jugement parce qu’il croyait la résurrection des morts. Il en usa ainsi par prudence afin de ne pas être opprimé par les Juifs et pour montrer qu’en annonçant l’Évangile il enseignait ce que les Juifs et les pharisiens eux-mêmes croyaient touchant la résurrection.

III. Dieu apparut de nuit à Saint Paul et lui dit de ne rien craindre et de se disposer à aller lui rendre témoignage à Rome. Cela était nécessaire pour soutenir cet Apôtre au milieu des traverses que les Juifs lui suscitaient, pour l’instruire des desseins de la providence et pour l’encourager à faire partout une profession publique de la vérité.

IV. Quarante Juifs firent en ce temps-là une conjuration pour tuer St. Paul, mais il fut préservé de ce danger par le moyen d’un jeune garçon, son neveu, qui avertit le tribun de ce complot. On voit en cela jusqu’où allait la fureur des Juifs et à quels excès la haine, jointe au faux zèle de religion, est capable de porter les hommes. On y remarque aussi combien il est dangereux d’agir par passion et de faire des vœux et des serments téméraires.

Enfin, l’on doit admirer dans cet événement les moyens dont la providence se sert pour préserver les innocents et les gens de bien des dangers qui les menacent. 

CHAPITRE XXIV.

St. Paul étant accusé par les Juifs devant le gouverneur Félix rend raison de sa conduite et de sa foi. Ensuite Félix ayant souhaité d’entendre St. Paul, cet Apôtre parla en sa présence des devoirs de la justice et de la continence et du jugement dernier d’une manière qui le rempli de frayeur. Cependant St. Paul demeura prisonnier à Césarée pendant deux ans. 

1 Cinq jours après, Ananias, le souverain sacrificateur, descendit à Césarée, avec des sénateurs et un certain orateur, nommé Tertulle, qui comparurent devant le gouverneur contre Paul.

2 Et Paul ayant été appelé, Tertulle commença à l’accuser, et il dit :

3 Très excellent Félix, nous reconnaissons en toutes rencontres, en tous lieux, et avec toutes sortes d’actions de grâces, que nous jouissons d’une grande paix, par ton moyen et par les règlements que tu as établis pour ce peuple, selon ta prudence.

4 Mais, pour ne pas t’arrêter plus longtemps, je te prie d’écouter, avec ton équité ordinaire, ce que nous avons à te dire en peu de mots :

5 C’est que nous avons trouvé cet homme, qui est une peste publique, qui excite des séditions parmi tous les Juifs, par tout le monde, et qui est le chef de la secte des Nazaréens.

6 Il a même attenté de profaner le temple, de sorte que nous l’avions saisi, et nous voulions le juger selon notre loi.

7 Mais le tribun Lysias, étant survenu, nous l’ôta des mains avec grande violence,

8 Ordonnant que ses accusateurs vinssent devant toi. Tu pourras, en en prenant information, savoir de lui la vérité de toutes les choses dont nous l’accusons.

9 Ce que les Juifs confirmèrent, en disant que les choses étaient ainsi.

10 Mais Paul, après que le gouverneur lui eut fait signe de parler, répondit : Sachant que tu es juge de cette nation depuis plusieurs années, je parle pour ma défense avec plus de confiance.

11 Tu peux savoir qu’il n’y a pas plus de douze jours que je suis monté à Jérusalem pour adorer Dieu.

12 Ils ne m’ont point trouvé disputant avec personne dans le temple, ni attroupant le peuple dans les synagogues, ou dans la ville ;

13 et ils ne sauraient prouver les choses dont ils m’accusent maintenant.

14 Or, je t’avoue bien ceci, que, conformément à la voie qu’ils appellent secte, je sers le Dieu de mes pères, croyant tout ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes ;

15 ayant cette espérance en Dieu, que la résurrection des morts, tant des justes que des injustes, qu’ils attendent aussi eux-mêmes, arrivera.

16 C’est pourquoi aussi je travaille à avoir toujours la conscience sans reproche, devant Dieu et devant les hommes.

17 Or, après plusieurs années d’absence, je suis venu pour faire des aumônes à ma nation et pour présenter des offrandes.

18 Et comme je vaquais à cela, certains Juifs d’Asie m’ont trouvé purifié dans le temple, sans attroupement et sans tumulte.

19 Ils devaient eux-mêmes comparaître devant toi et m’accuser, s’ils avaient quelque chose à dire contre moi.

20 Mais que ceux-ci même déclarent s’ils m’ont trouvé coupable de quelque chose, lorsque j’ai paru devant le conseil ;

21 à moins que ce ne soit de cette seule parole que j’ai dite hautement, étant au milieu d’eux : Je suis aujourd’hui tiré en cause pour la résurrection des morts.

22 Félix, ayant ouï cela, les remit à une autre fois, en disant : Après que je me serai plus exactement informé de cette secte, et que le tribun Lysias sera descendu, je prendrai connaissance de votre affaire.

23 Et il commanda à un centenier de garder Paul, mais en le tenant moins resserré, et sans empêcher aucun des siens de le servir ou de le visiter.

24 Quelques jours après, Félix vint avec Drusille sa femme, qui était Juive, et il envoya querir Paul, et il l’entendit parler de la foi en Christ.

25 Et comme Paul parlait de la justice, de la continence et du jugement à venir, Félix, effrayé, lui dit : Va-t’en, pour cette fois, et quand j’aurai la commodité, je te rappellerai.

26 Il espérait aussi que Paul lui donnerait de l’argent, afin qu’il le mît en liberté ; c’est pourquoi il l’envoyait querir souvent, et s’entretenait avec lui.

27 Deux ans s’étant passés, Félix eut pour successeur Portius Festus ; et voulant faire plaisir aux Juifs, il laissa Paul en prison.

REFLEXIONS

Il faut remarquer sur ce chapitre que :

I. St. Paul, étant accusé très injustement par les Juifs devant le gouverneur Félix, il se défendit par un discours plein de force et de gravité dans lequel en se justifiant des accusations dont on le chargeait et en niant ce que les Juifs lui imputaient faussement il fait pourtant une confession ouverte de sa croyance et de la doctrine qu’il enseignait.

Voilà une conduite pleine de sincérité et de zèle qui nous montre que jamais la crainte ne doit nous fermer la bouche lorsque nous sommes appelés à confesser la vérité.

II. C’est une chose remarquable que l’Apôtre, rendant raison de sa foi et de sa conduite devant Félix, dit qu’il croyait et qu’il enseignait ce qui est écrit dans la loi et dans les prophètes et particulièrement la résurrection des morts, tant des bons que des méchants.

On voit par ce que St. Paul dit sur ce sujet quel rang la doctrine de la résurrection tient dans la religion chrétienne et l’effet que cette doctrine doit produire sur ceux qui font profession de la croire, c’est de les faire vivre dans la pureté de la conscience devant Dieu et devant les hommes.

On doit faire enfin une grande attention à la frayeur que Félix ressentit lorsque St. Paul lui parla de la justice, de la continence et du dernier jugement et à l’endurcissement de ce gouverneur païen qui se sentant recadré en sa conscience parce qu’il était coupable d’injustice, d’impureté et de divers autres crimes, ne voulut pas que l’Apôtre continuât de parler.

On voit ici la force de la parole de Dieu et l’effet que les vérités de l’Évangile et en particulier la doctrine du jugement universel produisent même sur les méchants. On y voit d’un autre côté comment les pécheurs résistent cette parole et aux mouvements de leur propre conscience.

Ainsi la conduite de Félix nous avertit de ne pas endurcir nos cœurs et de ne jamais renvoyer notre conversion lorsque Dieu nous fait entendre sa voix et que nous nous sentons touchés. La méchanceté de ce gouverneur paraît encore en ce qu’il laissa Saint Paul en prison pendant deux ans. Il en usa ainsi, non qu’il le crût coupable, mais parce qu’il espérait de tirer de lui de l’argent. Voilà comment l’avarice et les égards pour les hommes font commettre de grandes injustices et empêchent de parvenir à la connaissance de la vérité. 

CHAPITRE XXV.

Les Juifs prient Festus, qui avait succédé à Félix dans le gouvernement de la Judée, d’envoyer St. Paul de Césarée où il était prisonnier depuis deux ans à Jérusalem, leur dessein était de le tuer en chemin, mais Festus ne leur accorda pas leur demande et leur dit qu’ils pouvaient venir l’accuser à Césarée, ce qu’ils firent. Sur cela St. Paul dit qu’il en appelait à l’empereur et Festus résolut de l’envoyer à Rome. En ce temps-là, le roi Agrippa étant arrivé à Césarée et ayant ouï parler de St. Paul, il souhaita de le voir et de l’entendre. 

1 Festus étant arrivé dans la province, monta trois jours après, de Césarée à Jérusalem.

2 Et le souverain sacrificateur, et les premiers d’entre les Juifs, comparurent devant lui contre Paul ;

3 et ils lui demandaient, comme une grâce, qu’il le fît venir à Jérusalem, lui ayant dressé des embûches pour le tuer en chemin.

4 Mais Festus répondit que Paul était bien gardé à Césarée, et qu’il devait y aller bientôt lui-même.

5 Que ceux d’entre vous, dit-il, qui le peuvent faire, y descendent avec moi, et si cet homme a commis quelque crime, qu’ils l’accusent.

6 Festus n’ayant demeuré parmi eux que dix jours, il descendit à Césarée, et le lendemain, étant assis sur le tribunal, il commanda qu’on amenât Paul.

7 Quand on l’eut amené, les Juifs qui étaient descendus de Jérusalem se mirent autour du tribunal, chargeant Paul de plusieurs grands crimes qu’ils ne pouvaient prouver.

8 Paul disait pour sa défense : Je n’ai rien fait, ni contre la loi des Juifs, ni contre le temple, ni contre César.

9 Mais Festus, voulant faire plaisir aux Juifs, répondit à Paul, et lui dit : Veux-tu monter à Jérusalem, et y être jugé sur ces choses devant moi ?

10 Et Paul dit : Je comparais devant le tribunal de César, où il faut que je sois jugé ; je n’ai fait aucun tort aux Juifs, comme tu le sais bien.

11 Que si je leur ai fait quelque tort, ou si j’ai commis quelque crime digne de mort, je ne refuse pas de mourir ; mais s’il n’est rien des choses dont ils m’accusent, personne ne peut me livrer à eux ; j’en appelle à César.

12 Alors Festus, après en avoir conféré avec son conseil, répondit : tu en as appelé à César, tu iras à César.

13 Quelques jours après, le roi Agrippa et Bérénice arrivèrent à Césarée, pour saluer Festus.

14 Et comme ils y demeurèrent plusieurs jours, Festus informa le roi de l’affaire de Paul, en lui disant : Il y a ici un homme que Félix a laissé prisonnier.

15 Les principaux sacrificateurs et les anciens des Juifs le vinrent accuser devant moi, lorsque j’étais à Jérusalem, demandant sa condamnation.

16 Mais je leur répondis que ce n’était pas la coutume des Romains de livrer qui que ce soit, pour le faire mourir, avant que celui qui est accusé ait ses accusateurs présents, et qu’il ait la liberté de se justifier du crime dont on l’accuse.

17 Après donc qu’ils furent venus ici, je m’assis sans aucun délai, dès le lendemain, sur le tribunal, et je commandai qu’on amenât cet homme.

18 Ses accusateurs étaient présents ; mais ils n’alléguèrent aucun des crimes dont je pensais qu’ils l’accuseraient.

19 Ils avaient seulement quelques disputes avec lui touchant leur superstition, et touchant un certain Jésus mort, que Paul assurait être vivant.

20 Ne sachant donc que prononcer sur cela, je lui demandai s’il voulait aller à Jérusalem, et être jugé sur ces choses.

21 Mais Paul en ayant appelé, et demandant que sa cause fût réservée à la connaissance de l’empereur, j’ai ordonné qu’on le gardât jusqu’à ce que je l’envoyasse à César.

22 Sur quoi Agrippa dit à Festus : Je voudrais bien aussi entendre cet homme. Demain, lui dit-il, tu l’entendras.

23 Le lendemain donc, Agrippa et Bérénice vinrent avec grande pompe, et étant entrés dans le lieu de l’audience, avec les tribuns et les principaux de la ville, Paul fut amené par l’ordre de Festus.

24 Alors Festus dit : Roi Agrippa, et vous tous qui êtes ici présents avec nous, vous voyez cet homme, contre lequel toute la multitude des Juifs m’est venue solliciter, tant à Jérusalem qu’ici, ne cessant de crier qu’il ne fallait pas le laisser vivre.

25 Mais ayant trouvé qu’il n’avait rien fait qui fût digne de mort, et lui-même ayant appelé à l’empereur, j’ai résolu de l’y envoyer.

26 Mais comme je n’ai rien de certain à en écrire à l’empereur, je l’ai fait venir en votre présence, et principalement devant toi, roi Agrippa, afin qu’étant mieux informé, je sache ce que j’en dois écrire.

27 Car il ne me semble pas raisonnable d’envoyer un prisonnier, sans marquer de quoi on l’accuse. 

REFLEXIONS

Les réflexions qu’il faut faire ici sont :

I. Premièrement que les Juifs ayant comploté pour tuer Saint Paul par une noire trahison, Dieu ne permit pas qu’ils exécutassent leur dessein cruel et injuste, en quoi nous devons reconnaître la protection dont Dieu couvre ses fidèles serviteurs.

II. Que Saint Paul étant accusé par les Juifs devant Festus, il continua à soutenir qu’il était innocent et demanda d’être envoyé à l’empereur. Ce procédé de l’Apôtre montre qu’un chrétien peut, lorsqu’il est accusé injustement, avoir recours aux tribunaux et se servir de tous les moyens légitimes de défense que la providence lui présente.

III. Il faut considérer que Dieu disposait ainsi les choses, non seulement afin que St. Paul ne tombât pas entre les mains des Juifs, mais aussi afin qu’il eût occasion d’aller à Rome et d’annoncer l’Évangile dans cette grande ville, selon que notre Seigneur le lui avait prédit.

IV. La conduite que Festus tint envers Saint Paul montre que ce gouverneur, quoi que païen, avait plus de droiture et d’équité que les Juifs et même les sacrificateurs et les magistrats de Jérusalem n’en avaient. Enfin, Saint Luc rapporte que le roi Agrippa étant venu en ce temps-là à Césarée souhaita de voir et d’entendre St. Paul. Ce fut là une occasion que la providence fournit à cet Apôtre de parler en présence de ce prince et d’un grand nombre de personnes considérables, ce qui tourna à la justification de St. Paul et de la doctrine qu’il annonçait comme cela se voit dans le chapitre suivant. 

CHAPITRE XXVI.

St. Paul parlant en présence du roi Agrippa, de Bérénice, du gouverneur Festus et d’un grand nombre d’officiers et de personnes de distinction, fait l’histoire de sa vie, de sa conversion et de la manière dont il avait exercé son ministère jusqu’alors. 

Il fut interrompu par Festus qui le traita d’insensé et le roi Agrippa témoigna d’être ébranlé par son discours.

Enfin, ce prince, le gouverneur et tous ceux qui étaient présents reconnurent l’innocence de St. Paul, mais il fut résolu que, puisqu’il en avait appelé à l’empereur, on l’enverrait à Rome. 

1 Alors Agrippa dit à Paul : Il t’est permis de parler pour toi-même. Paul donc ayant étendu la main, parla ainsi pour sa défense :

2 Roi Agrippa, je m’estime heureux de ce que je dois me défendre aujourd’hui devant toi de toutes les choses dont les Juifs m’accusent ;

3 et surtout, parce que je sais que tu as une pleine connaissance de toutes les coutumes des Juifs, et de toutes les questions qu’ils ont entre eux ; c’est pourquoi je te supplie de m’écouter avec patience.

4 Pour ce qui est de la vie que j’ai menée, dès le commencement de ma jeunesse, parmi ceux de ma nation, dans Jérusalem, elle est connue de tous les Juifs.

5 Car ils savent, il y a longtemps, s’ils veulent en rendre témoignage, que j’ai vécu Pharisien, selon cette secte, qui est la plus exacte de notre religion.

6 Et maintenant je parais en jugement, à cause de l’espérance que j’ai en la promesse que Dieu a faite à nos pères ;

7 à l’accomplissement de laquelle nos douze tribus, qui servent Dieu continuellement nuit et jour, espèrent de parvenir. C’est à cause de cette espérance, ô roi Agrippa, que je suis accusé par les Juifs.

8 Quoi ! jugez-vous incroyable que Dieu ressuscite les morts ?

9 Il est vrai que pour moi, j’avais cru qu’il n’y avait rien que je ne dusse faire contre le nom de Jésus de Nazareth.

10 C’est aussi ce que j’ai fait dans Jérusalem ; car j’ai mis en prison plusieurs des saints, en ayant reçu le pouvoir des principaux sacrificateurs ; et lorsqu’on les faisait mourir, j’y donnais mon suffrage.

11 Souvent même, dans toutes les synagogues, je les contraignais de blasphémer en les punissant ; et étant transporté d’une extrême rage contre eux, je les persécutais jusque dans les villes étrangères.

12 Et comme j’allais aussi à Damas, dans ce dessein, avec un pouvoir et une commission des principaux sacrificateurs,

13 Je vis, ô roi, étant en chemin, en plein midi, une lumière qui venait du ciel, plus éclatante que celle du soleil, et qui resplendit autour de moi et de ceux qui m’accompagnaient.

14 Et étant tous tombés par terre, j’entendis une voix qui me parla, et qui me dit, en langue hébraïque : Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il te serait dur de regimber contre les aiguillons.

15 Alors je dis : Qui es-tu, Seigneur ? Et il me répondit : Je suis Jésus que tu persécutes.

16 Mais lève-toi, et te tiens sur tes pieds, car je te suis apparu pour t’établir ministre et témoin, tant des choses que tu as vues, que de celles pour lesquelles je t’apparaîtrai encore,

17 En te délivrant de ce peuple et des Gentils, vers lesquels je t’envoie maintenant,

18 Pour ouvrir leurs yeux, et les faire passer des ténèbres à la lumière, et de la puissance de Satan à Dieu, afin que par la foi qu’ils auront en moi, ils reçoivent la rémission de leurs péchés, et qu’ils aient part à l’héritage des saints.

19 Ainsi, ô roi Agrippa, je ne résistai point à la vision céleste ;

20 mais je prêchai premièrement à ceux de Damas, et ensuite à Jérusalem, et par toute la Judée, et aux Gentils, qu’ils se repentissent, et qu’ils se convertissent à Dieu, en faisant des œuvres convenables à la repentance.

21 C’est là le sujet pour lequel les Juifs, m’ayant pris dans le temple, ont tâché de me tuer.

22 Mais, ayant été secouru par l’aide de Dieu, j’ai subsisté jusqu’à aujourd’hui, rendant témoignage de Jésus aux petits et aux grands, et ne disant autre chose que ce que les prophètes et Moïse ont prédit devoir arriver ;

23 savoir, que le Christ devait souffrir, et qu’étant ressuscité le premier d’entre les morts, il devait annoncer la lumière à ce peuple et aux Gentils.

24 Comme il parlait ainsi pour sa défense, Festus dit à haute voix : Tu as perdu le sens, Paul, ton grand savoir te met hors du sens.

25 Et Paul dit : Je n’ai point perdu le sens, très excellent Festus ; mais ce que je dis est vrai et de bon sens.

26 Car le roi est bien informé de ces choses ; c’est pourquoi je lui parle avec hardiesse, parce que je suis persuadé qu’il n’ignore rien de ce que je dis ; car ces choses ne se sont pas passées en cachette.

27 Roi Agrippa, ne crois-tu pas aux prophètes ? Je sais que tu y crois.

28 Et Agrippa répondit à Paul : Il s’en faut peu que tu ne me persuades d’être chrétien.

29 Paul lui dit : Plût à Dieu qu’il s’en fallût peu, et même qu’il ne s’en fallût rien du tout, que non-seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’écoutent aujourd’hui, ne devinssiez tels que je suis, à la réserve de ces liens !

30 Paul ayant dit cela, le roi se leva, et le gouverneur, et Bérénice, et ceux qui étaient assis avec eux.

31 Et s’étant retirés à part, ils dirent entre eux : Cet homme n’a rien fait qui soit digne de la mort, ni même de la prison.

32 Et Agrippa dit à Festus : Cet homme pouvait être renvoyé absous, s’il n’eût point appelé à César. 

REFLEXIONS

Dans le discours que Saint Paul fit en présence du roi Agrippa pour rendre raison de la conduite qu’il avait eue avant et après sa conversion, on découvre un caractère de sagesse et de modération et en même temps d’ingéniosité, de fermeté et de courage qui marque bien clairement l’innocence et le zèle de ce grand Apôtre. La manière douce et respectueuse, mais aussi franche et sincère dont il parla dans cette occasion doit nous apprendre à répondre toujours comme Saint Pierre nous y exhorte avec douceur et modestie à tous ceux qui nous demandent raison de l’espérance qui est en nous et à ne jamais taire, ni dissimuler la vérité.

On doit remarquer en second lieu sur ce discours que, si Saint Paul avait persécuté l’église avant sa conversion, il l’avait fait par ignorance et croyant bien faire, mais que du reste sa vie avait été sans reproche et qu’après que le Seigneur l’eut appelé, il le servit avec un grand zèle. Ce qu’il faut observer sur cela, c’est que, lorsqu’on a péché par ignorance, il est plus facile d’obtenir le pardon de ses fautes et de s’en relever, que Dieu se fait connaître tôt ou tard à ceux qui ont le cœur bon et que dès qu’il nous appelle, nous devons suivre notre vocation et lui obéir.

III. Nous voyons dans le jugement que Festus fit de Saint Paul en le traitant d’insensé que les choses les plus graves paraissent une folie aux mondains et la réponse sage et respectueuse que Saint Paul fit à Festus nous donne un bel exemple de modération et de fermeté.

IV. Saint Luc rapporte une particularité remarquable : C’est que le roi Agrippa entendant parler St. Paul lui dit : Peu s’en faut que tu ne me persuades d’être chrétien.

À quoi l’Apôtre répondit en souhaitant que ce prince et tous ceux qui étaient présents devinssent chrétiens en effet. Sur cela on doit remarquer qu’Agrippa faisait profession de la religion des Juifs et qu’il croyait aux prophètes, ce qui fit qu’il trouva de la vraisemblance dans le discours de l’Apôtre, mais cette impression ne fut pas salutaire puisque ce roi ne se soucia pas de s’instruire plus avant.

Il est inutile d’être un peu touché de la parole de Dieu et d’être chrétien à demi et à peu près, il faut le devenir tout-à-fait et de tout son cœur.

Enfin, le roi Agrippa et le gouverneur Festus après avoir entendu St. Paul et examiné les accusations que l’on formait contre lui jugèrent qu’il était innocent et ils l’auraient même renvoyé absous s’il n’en eût pas appelé à l’empereur. Par ce moyen, cet Apôtre fut justifié et si on l’envoya à Rome, il n’y fut pas envoyé comme un criminel, ce qui aurait été un obstacle à la prédication de l’Évangile qu’il devait annoncer dans cette ville-là. Ainsi St. Paul éprouva dans cette occasion une protection particulière de Dieu et le Seigneur accomplit en sa faveur la promesse qu’il avait faite aux apôtres lorsqu’il leur disait : qu’ils seraient menés devant les gouverneurs pour lui rendre témoignage, mais qu’il les assisterait par son esprit et qu’il leur mettrait dans la bouche ce qu’ils auraient à dire pour leur défense. 

CHAPITRE XXVII.

Ce chapitre contient le récit du voyage que St. Paul fit par mer, de Césarée à Rome, où l’on doit principalement remarquer qu’il fut en danger de périr, le vaisseau sur lequel il était ayant fait naufrage. 

1 Après qu’il eut été résolu que nous irions par mer en Italie, ils remirent Paul et quelques autres prisonniers à un nommé Jules, centenier d'une compagnie de la légion appelée Auguste ;

2 et étant montés sur un vaisseau d’Adrumette, nous partîmes, prenant notre route vers les côtes d’Asie ; Aristarque, Macédonien de Thessalonique, étant avec nous.

3 Le jour suivant, nous arrivâmes à Sidon ; et Jules, traitant Paul avec humanité, lui permit d’aller voir ses amis, afin qu’ils eussent soin de lui.

4 Puis étant partis de là, nous passâmes sous l’île de Chypre, parce que les vents étaient contraires.

5 Et après avoir traversé la mer de Cilicie et de Pamphylie, nous arrivâmes à Myre, ville de Lycie,

6 où le centenier trouva un vaisseau d’Alexandrie, qui allait en Italie, sur lequel il nous fit monter.

7 Et comme pendant plusieurs jours nous avancions fort peu, et que nous n’étions arrivés qu’avec peine vis-à-vis de Gnide, parce que le vent ne nous permettait pas d’aller droit, nous passâmes au-dessous de l’île de Crète, vers Salmone ;

8 et la côtoyant avec difficulté, nous abordâmes un lieu appelé Beaux-Ports, près duquel est la ville de Lasée.

9 Comme il s’était écoulé beaucoup de temps, et que la navigation devenait dangereuse, puisque le temps du jeûne était déjà passé, Paul les avertit,

10 et leur dit : Je vois que la navigation sera fâcheuse, et qu’il y a un grand danger, non-seulement pour le vaisseau et pour sa charge, mais aussi pour nos personnes.

11 Mais le centenier ajoutait plus de foi au pilote et au maître du vaisseau qu’à ce que Paul disait.

12 Et comme le port n’était pas propre pour hiverner, la plupart furent d’avis de partir de là, pour tâcher de gagner Phénice, qui est un port de Crète, qui regarde le vent d’Afrique et le couchant septentrional, afin d’y passer l’hiver.

13 Alors le vent du midi commençant à souffler doucement, ils crurent être venus à bout de leur dessein, et étant partis, ils côtoyèrent de plus près l’île de Crète.

14 Mais un peu après il se leva un vent impétueux, qu’on appelle Euroclydon, qui nous écartait de l'île.

15 Ainsi le vaisseau étant emporté par la violence de la tempête, et ne pouvant résister, nous nous laissâmes aller au gré du vent ;

16 et ayant été poussés au-dessous d’une petite île appelée Clauda, nous eûmes bien de la peine d’être maîtres de la chaloupe.

17 Mais l’ayant tirée à nous, les matelots mirent en usage toutes sortes de moyens, liant le vaisseau par-dessous avec des cordes ; et comme ils craignaient d’être jetés sur des bancs de sable, ils abaissèrent le mât, et se laissèrent emporter par le vent.

18 Comme nous étions fortement battus de la tempête, le jour suivant ils jetèrent une partie de la charge du vaisseau dans la mer.

19 Le troisième jour, nous jetâmes de nos propres mains les agrès de rechange du vaisseau.

20 Pendant plusieurs jours, ni le soleil, ni les étoiles ne parurent point, et la tempête était toujours si violente que nous perdîmes toute espérance de nous sauver.

21 Et comme il y avait longtemps qu’on n’avait mangé, Paul se leva au milieu d’eux, et leur dit : Certes, il fallait me croire, et ne pas partir de Crète, et nous aurions évité cette tempête et cette perte.

22 Mais je vous exhorte maintenant à prendre courage, car aucun de vous ne perdra la vie, et il n’y aura de perte que celle du vaisseau.

23 Car un ange de Dieu, à qui je suis et que je sers, m'est apparu cette nuit, et m’a dit :

24 Paul, ne crains point ; il faut que tu comparaisses devant César ; et même, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi.

25 C’est pourquoi, mes amis, prenez courage ; car j’ai cette confiance en Dieu, que la chose arrivera de la manière qu’il m’a été dit.

26 Mais il faut que nous soyons jetés sur quelque île.

27 La quatorzième nuit étant venue, comme nous étions jetés çà et là dans la mer Adriatique, les matelots, vers le minuit, estimèrent qu’ils approchaient de quelque terre.

28 Et ayant jeté la sonde, ils trouvèrent vingt brasses ; puis étant passés un peu plus loin, ils la jetèrent encore, et ils trouvèrent quinze brasses.

29 Alors, craignant de donner contre quelque écueil, ayant jeté quatre ancres de la poupe, ils attendaient que le jour vînt.

30 Mais comme les matelots cherchaient à se sauver du vaisseau, et qu’ils mettaient la chaloupe à la mer, sous prétexte de jeter les ancres du côté de la proue,

31 Paul dit aux centeniers et aux soldats : Si ces gens ne demeurent dans le vaisseau, vous ne sauriez-vous sauver.

32 Alors les soldats coupèrent les cordes de la chaloupe, et la laissèrent tomber.

33 Et en attendant que le jour vînt, Paul les exhorta tous à prendre de la nourriture, en leur disant : C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous êtes sans manger, et que vous n’avez rien pris, en attendant que le temps change.

34 Je vous exhorte donc à prendre de la nourriture, car cela est nécessaire pour votre conservation ; et il ne tombera pas un cheveu de la tête d’aucun de vous.

35 Ayant dit cela, il prit du pain, et rendit grâce à Dieu en présence de tous ; et l’ayant rompu, il se mit à manger.

36 Alors tous les autres, ayant pris courage, mangèrent aussi.

37 Or, nous étions en tout, dans le vaisseau, deux cent soixante et seize personnes.

38 Et quand ils eurent mangé suffisamment, ils allégèrent le vaisseau en jetant le blé dans la mer.

39 Le jour étant venu, ils ne reconnaissaient point la terre, mais ayant aperçu un golfe qui avait un rivage, ils résolurent d’y faire échouer le vaisseau, s’ils pouvaient.

40 Ayant donc retiré les ancres, ils abandonnèrent le vaisseau à la mer, lâchant en même temps les attaches du gouvernail ; et ayant mis au vent la voile de l’artimon, ils tâchaient de gagner le rivage.

41 Mais étant tombés dans un endroit qui avait la mer des deux côtés, le vaisseau y échoua, et la proue y étant engagée, demeurait immobile, pendant que la poupe se rompait par la violence des vagues.

42 Alors les soldats furent d’avis de tuer les prisonniers, de peur que quelqu’un d’eux, s’étant sauvé à la nage, ne s’enfuît.

43 Mais le centenier, voulant sauver Paul, les détourna de ce dessein, et ordonna que ceux qui savaient nager se jetassent dans l’eau les premiers, et se sauvassent à terre ;

44 et que les autres se missent, les uns sur des planches, et les autres sur quelques pièces du vaisseau. Ainsi tous se sauvèrent à terre. 

REFLEXIONS

Cette histoire nous présente quatre réflexions :

I. La première regarde les dangers continuels auxquels St. Paul était exposé. Après avoir échappé à la fureur des Juifs, il manqua de périr sur la mer en allant à Rome et outre cela d’être tué par les soldats.

II. La seconde, que Dieu, qui l’avait garanti jusque alors, le préserva de l’un et de l’autre de ces dangers et qu’ainsi rien ne peut nuire à ceux que Dieu favorise de sa protection et qui le servent fidèlement.

III. La troisième que Dieu ne sauva pas seulement la vie à St. Paul, mais qu’à cause de lui il garantit tous ceux qui étaient dans le vaisseau, en sorte que quoi qu’ils fissent naufrage, il n’en périt pas un seul.

Cette merveilleuse délivrance que St. Paul leur avait prédite dût leur faire reconnaître que cet Apôtre était un vrai serviteur de Dieu. Elle nous apprend aussi que c’est toujours un grand avantage d’être dans la compagnie des gens de bien et qu’à cause d’eux, Dieu épargne souvent les autres et leur accorde des délivrances et des grâces très considérables.

Il faut remarquer enfin, que quoi que Dieu eût promis par un ange à St. Paul qu’aucun de ceux qui étaient embarqués avec lui ne périrait, cet Apôtre leur dit pourtant que si les matelots ne demeuraient dans le vaisseau on ne pourrait se sauver. Les promesses que Dieu nous a faites n’empêchent pas qu’il ne faille se servir des moyens que la prudence prescrit et qu’il a lui-même établis et jamais la confiance en Dieu ne doit être accompagnée de témérité ni de négligence. 

CHAPITRE XXVIII.

St Paul ayant fait naufrage sur les côtes de l’île de Malte, il y séjourna trois mois et il y fit divers miracles. Il en partit ensuite et il arriva à Rome. 

1 Après s’être ainsi sauvés, ils reconnurent que l’île s’appelait Malte.

2 Et les barbares nous traitaient avec beaucoup d’humanité ; car ils allumèrent un grand feu, et ils nous reçurent tous chez eux, à cause de la pluie qui tombait sur nous, et du froid.

3 Alors Paul ayant ramassé quelque quantité de sarments, et les ayant mis au feu, une vipère en sortit à cause de la chaleur, et s’attacha à sa main.

4 Et quand les barbares virent cette bête qui pendait à sa main, ils se dirent les uns aux autres : Assurément, cet homme est un meurtrier, puisque, après qu’il a été sauvé de la mer, la vengeance ne permet pas qu’il vive.

5 Mais lui, ayant secoué la vipère dans le feu, n’en reçut aucun mal.

6 Les barbares s’attendaient qu’il enflerait, ou qu’il tomberait mort subitement ; mais, après avoir attendu longtemps, lorsqu’ils virent qu’il ne lui en arrivait aucun mal, ils changèrent de sentiment, et dirent que c’était un dieu.

7 Il y avait dans cet endroit-là des terres qui appartenaient au plus considérable de l’île, nommé Publius, qui nous reçut et nous logea fort affectueusement durant trois jours.

8 Et il se rencontra que le père de Publius était au lit, malade de la fièvre et de la dysenterie. Paul l’alla voir ; et ayant prié, il lui imposa les mains, et le guérit.

9 Cela étant arrivé, tous ceux de l’île qui étaient malades, vinrent à lui, et ils furent guéris.

10 Ils nous firent aussi de grands honneurs, et, à notre départ, ils nous pourvurent de ce qui nous était nécessaire.

11 Trois mois après, nous partîmes sur un vaisseau d’Alexandrie, qui avait passé l’hiver dans l’île, et qui portait pour enseigne Castor et Pollux.

12 Et étant arrivés à Syracuse, nous y demeurâmes trois jours.

13 De là, en côtoyant la Sicile, nous arrivâmes à Rhège. Et un jour après, le vent du midi s’étant levé, nous vînmes en deux jours à Pouzzoles,

14 où ayant trouvé des frères, ils nous prièrent de demeurer avec eux sept jours ; et ensuite nous partîmes pour Rome.

15 Et les frères qui y étaient, ayant appris de nos nouvelles, vinrent au-devant de nous jusqu’au marché d’Appius et aux trois hôtelleries ; et Paul les voyant, rendit grâces à Dieu, et prit courage.

16 Quand nous fûmes arrivés à Rome, le centenier mit les prisonniers entre les mains du préfet du prétoire ; mais à l’égard de Paul, il lui permit de demeurer en son particulier, avec un soldat qui le gardait.

17 Trois jours après, Paul assembla les principaux des Juifs ; et quand ils furent venus, il leur dit : Mes frères, quoique je n’eusse rien commis contre le peuple, ni contre les coutumes de nos pères, toutefois j’ai été fait prisonnier à Jérusalem, et mis entre les mains des Romains,

18 Qui, après m’avoir examiné, voulaient me relâcher, parce que je n’avais rien fait qui méritât la mort.

19 Mais les Juifs s’y opposant, j’ai été contraint d’en appeler à César, sans que j’aie dessein néanmoins d’accuser ma nation.

20 C’est pour ce sujet que je vous ai appelés, pour vous voir et pour vous parler ; car c’est à cause de l’espérance d’Israël que je suis lié de cette chaîne.

21 Et ils lui répondirent : Nous n’avons point reçu de lettres de Judée sur ton sujet ; et il n’est venu aucun de nos frères qui ait rapporté ou dit aucun mal de toi.

22 Néanmoins nous voudrions bien apprendre de toi quels sont tes sentiments ; car à l’égard de cette secte, nous savons qu’on s’y oppose partout.

23 Lui ayant assigné un jour, plusieurs vinrent le trouver dans son logis ; et depuis le matin jusqu’au soir, il leur annonçait le règne de Dieu, confirmant ce qu’il disait par divers témoignages, et tâchant de leur persuader par la loi de Moïse et par les prophètes ce qui regarde Jésus.

24 Les uns furent persuadés de ce qu’il disait ; mais les autres ne crurent point.

25 Et comme ils n’étaient pas d’accord entre eux, ils se retirèrent, après que Paul leur eut dit cette parole : C’est avec raison que le Saint-Esprit a parlé à nos pères par Esaïe le prophète, et a dit :

26 Va vers ce peuple, et dis-lui : Vous écouterez de vos oreilles, et vous n’entendrez point ; et en voyant vous verrez, et vous n’apercevrez point.

27 Car le cœur de ce peuple est appesanti ; ils ont ouï dur de leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.

28 Sachez donc que le salut de Dieu est envoyé aux Gentils, et qu’ils l’écouteront.

29 Et quand il eut dit cela, les Juifs s’en allèrent, ayant de grandes contestations entre eux.

30 Mais Paul demeura deux ans entiers dans une maison qu’il avait louée, où il recevait tous ceux qui le venaient voir ;

31 prêchant le règne de Dieu, et enseignant les choses qui regardent le Seigneur Jésus-Christ, avec toute liberté et sans aucun empêchement. 

REFLEXIONS

L’humanité avec laquelle les habitants de l’île de Malte reçurent Saint Paul et ceux qui avaient fait naufrage avec lui doit apprendre aux chrétiens à exercer l’hospitalité et à assister avec cordialité les malheureux.

Le jugement que les gens de cette île firent de St. Paul lorsqu’il fût mordu d’une vipère montre que les hommes et même les peuples barbares ont toujours cru que la vengeance céleste ne laisse pas les crimes impunis, ce qui est une vérité certaine. Cependant, l’exemple de St. Paul prouve que ce serait un jugement téméraire de croire que tous ceux à qui il arrive quelque malheur soient poursuivis par la justice divine. L’opinion que les habitants de Malte eurent de St. Paul le prenant pour un dieu lorsqu’ils virent qu’il ne lui arrivait aucun mal doit être considéré comme un effet de l’ignorance de ces peuples idolâtres, mais nous devons reconnaître par ce miracle aussi bien que par la guérison du père de Publius et des autres malades de cette île l’accomplissement de cette promesse que Jésus-Christ avait faite aux apôtres : Ils chasseront des serpents, quand ils auront bu quelque breuvage mortel il ne leur nuira point, ils imposeront les mains sur les malades et ils se porteront bien.

Enfin St. Paul étant arrivé à Rome vit non seulement les chrétiens qu’il y avait dans cette grande ville, mais aussi les Juifs. Il les informa des raisons qu’il avait eues de faire le voyage de Rome et d’en appeler à l’empereur. Il parla de leur nation et des Juifs de Jérusalem avec toute sorte de modération. Il tâcha ensuite de les porter à croire en Jésus-Christ et enfin voyant que plusieurs d’entre eux demeuraient dans l’incrédulité, il leur déclara que vu leur endurcissement il annoncerait l’Évangile aux Gentils.

Cette conduite sage et pleine de charité montre qu’on ne doit rien négliger pour édifier tout le monde et pour ramener ceux qui sont prévenus contre la vérité et que si après cela il y a des gens qui demeurent obstinés, ils n’ont aucune excuse.

C’est ici que fini l’histoire de St. Luc et le livre des Actes des Apôtres.

Il faut savoir au reste que St. Paul fut prisonnier à Rome deux ans, que durant ce temps-là il écrivit diverses épîtres qui ont été conservées dans le Nouveau Testament, qu’au bout de deux ans il fut délivré et fit divers voyages et qu’étant revenu à Rome environ cinq ans après il y souffrit le martyre et eu la tête tranchée sous l’empire de Néron. 

  1. EPITRE DE PAUL APÔTRE AUX ROMAINS
  2. PREMIERE EPITRE DE PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS
  3. SECONDE EPITRE DE PAUL APÔTRE AUX CORINTHIENS
  4. EPITRE DE PAUL APÔTRE AUX EPHESIENS

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